(Huit heures deux minutes)
M. Arseneau : Alors, bonjour.
Aujourd'hui, je voudrais attirer votre attention sur un vote par appel nominal
sur notre proposition déposée hier, notre motion concernant la mise en oeuvre d'une
commission d'enquête publique indépendante sur le scandale des CHSLD lors de la
première vague de la pandémie.
On a eu l'occasion de débattre hier, et
malheureusement le trou noir continue d'exister, sur la douzaine de jours où le
gouvernement a pris en charge le CHSLD Herron et n'a pas agi pour protéger la
vie de ses résidents. Il faut impérativement remonter la chaîne de
commandement. On a aussi fait valoir le fait qu'il y a des contradictions dans
ce que le premier ministre, notamment, disait en point de presse et ce qui se
passait sur le terrain, qui savait quoi, à quel moment et pourquoi on n'a pas
agi. Ça demeure la grande question que l'on pose.
Alors, aujourd'hui, bien, évidemment, tous
les députés de l'Assemblée nationale seront appelés à se prononcer, on pourra
voir qui recherche véritablement la vérité. Ça commence sérieusement à
ressembler à la période où le Parti libéral et l'ensemble de sa députation
refusaient obstinément une commission d'enquête, la Commission Charbonneau, en
fait, une commission d'enquête sur la construction. Alors, c'est à suivre. Là-dessus,
je laisse la parole à mon collègue Pascal Bérubé.
M. Bérubé : Merci.
Bonjour, tout le monde. On va parler de culture. Je commencerais par vous
évoquer une adaptation libre d'une fable de La Fontaine.
La ministre de la Culture, s'étant particulièrement
dispersée, se trouve maintenant fort dépourvue et sa promesse non tenue. Je
parle des lois sur le statut de l'artiste, des lois fondamentales pour protéger
les créateurs partout au Québec, les créateurs qui font notre fierté, qui sont
aussi le socle de notre identité. C'est les revendications principales des
artistes au Québec. C'était le cas avant la pandémie, c'est toujours le cas
pendant la pandémie, ce sera le cas après.
L'engagement de la CAQ, c'était d'adopter,
de déposer et d'adopter une loi ou des lois avant la fin de cette session
parlementaire. Nous mettons au défi, mais surtout nous rappelons à la ministre de
la Culture qu'elle a jusqu'au 15 mai prochain pour déposer un projet de
loi qui pourrait être adopté dans la présente session. Elle peut compter sur
notre concours, sur notre pleine collaboration. C'est une demande unanime des
grands groupes culturels, d'artisans de la culture, de professionnels de la
culture, que ce soit l'Union des artistes, que ce soit l'Union des écrivains du
Québec.
D'ailleurs, c'est le 13 avril
dernier, il n'y a pas tellement longtemps, c'est hier, on apprenait dans La
Presse les résultats d'un grand sondage qui montre essentiellement qu'il y
a un fort appui, dans la population québécoise, pour assurer une meilleure
protection des artistes, une meilleure rémunération. Et c'est ce qu'ils
plaident depuis le début, je les accompagne depuis le début de cette démarche.
Le gouvernement, quand je dis qu'il s'est
dispersé... Écoutez, la ministre de la Culture procède à des inaugurations d'Espaces
bleus. On l'a vu à Percé il y a quelques jours. La priorité, ce n'est pas ça,
ce n'est pas le legs du premier ministre du Québec, parce que je vous rappelle
que Les Espaces bleus, c'est, nommément, le legs du premier ministre du Québec.
Il est en mode legs, là, c'est quelque chose. Et la ministre répond à la
demande du premier ministre. Mais sa priorité, c'est de livrer ces lois-là sur
le statut de l'artiste. Je vous rappelle qu'elle avait nommé deux anciennes
ministres de la Culture pour monter une consultation. C'était Louise Beaudoin
et Liza Frulla, qui ont quitté en cours de route. Vous leur demanderez
pourquoi.
Et là on arrive en fin de session
parlementaire, et ça ressemble drôlement à la réforme du mode de scrutin, où
ils ne vont pas tenir leurs engagements. Et je m'attends à ce qu'ils vous disent :
Bien, on va déposer quelque chose. Mais ce n'est pas ça, l'engagement, c'est
déposer et adopter. Et encore ce matin, dans mes communications avec l'Union
des artistes, c'est ce qu'on me rappelle.
Donc, il y aura une motion dans ce sens-là
aujourd'hui, on a consacré ça, où on va demander à la ministre, au gouvernement
de la CAQ de déposer et d'adopter, d'ici la fin de la session, cette réforme
des lois sur le statut de l'artiste. S'ils disent oui, tant mieux, on va y
travailler. S'ils disent non, bien, vous aurez un engagement qui est brisé.
C'est aussi clair que ça.
Donc, je m'arrêterais là, je suis sûr que
vous avez d'autres sujets. Joël et moi, on s'est parlé; dépendamment des
sujets, bien, on va y répondre au meilleur de notre connaissance.
M. Laforest (Alain) : J'aurais
deux questions pour M. Arseneau, pour revenir sur hier. Parce que vous
attendiez une décision de la Santé publique, qui est tombée, c'est-à-dire statu
quo pour Pâques. Sauf que, ce matin, à notre collègue Louis Lacroix, Dr Boileau
a laissé entendre qu'il songeait sérieusement à extensionner le port du masque
pour deux semaines après le 1er mai. Compte tenu de la montée des cas,
est-ce qu'on devrait être plus proactif ou on laisse aller les choses puis on
dit aux gens : Gérez-vous?
M. Arseneau : Bien,
définitivement, l'approche de la Santé publique et l'approche gouvernementale,
c'est de laisser les gens se responsabiliser par rapport à la propagation du
virus. Nous, ce qu'on dit, c'est que le gouvernement devrait quand même
continuer ses campagnes de sensibilisation pour s'assurer que les Québécois
soient, justement, responsables dans leurs comportements par rapport aux
rassemblements, au port du masque, qu'il soit obligatoire ou pas, pour,
justement, atténuer les effets de la sixième vague.
D'autre part, ce qu'on constate aussi,
c'est que le gouvernement n'a pas de réponse quand il est question de
l'augmentation du nombre d'hospitalisations, de cas aux soins intensifs. Les
hôpitaux ne sont pas mieux équipés pour faire face à l'augmentation du nombre
de cas. Le système n'est pas plus robuste, et on voit que le personnel de la
santé est à bout de souffle. Quel est le plan du gouvernement? Moi, je pense
qu'il devrait aujourd'hui répondre, parce qu'une fois qu'on a adopté l'attitude
du laisser-faire, du laisser-aller, bien, quel est le plan de match pour,
justement, que les hôpitaux puissent...
M. Laforest (Alain) : Le
laisser-faire, comme vous le dites, là, est-ce que vous avez l'impression que
le gouvernement s'est placé dans ce mode-là parce qu'on approche de l'élection
et que ce n'est pas payant de continuer comme il le faisait?
M. Arseneau : Oui. Bien,
je pense qu'on peut conclure que le gouvernement, justement, ne veut pas
imposer de règles parce que c'est impopulaire. Donc, il est extrêmement timide
de ce côté-là, il n'en parle plus. Il est allé d'un bout du spectre, où il
contrôlait nos vies, à l'autre bout du spectre, où c'est le laisser-faire le
plus complet. Je pense qu'il y a un équilibre qu'on pourrait trouver entre les
deux, au moins sur le plan de la sensibilisation et au moins sur le plan, là,
des stratégies à développer pour que le système hospitalier puisse faire face à
la musique.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
le projet de loi n° 11, M. Arseneau, vous êtes en commission, là,
vous avez participé à la première partie de l'étude détaillée. Est-ce que vous,
vous prévoyez déposer des amendements au sujet, vraiment, de la communication
des données sur les médecins de famille, là? Parce qu'on voyait ce matin que la
FMOQ, ça ne fait pas leur affaire, ils menacent même peut-être de poursuivre si
on va de l'avant.
M. Arseneau : Oui. Bien,
tout d'abord, personnellement, moi, j'ai le chapeau, effectivement, de
porte-parole en matière de santé. Hier, j'étais en débat sur la motion du
mercredi concernant les CHSLD. Donc, je n'ai pas participé à une partie, là,
des débats là-dessus. Mais il est clair que la communication des informations
et à savoir si on peut dénominaliser l'information, le ministre, là-dessus,
veut avoir des données. Qu'est-ce qu'il va en faire et, justement, est-ce qu'on
peut identifier, là, chacun des médecins par rapport à sa prestation de travail
et tout ça, c'est la préoccupation de la FMOQ. C'est notre préoccupation
également.
Le ministre se veut rassurant. On continue
d'en discuter aujourd'hui, là. Vous faites sûrement référence au fait que la
FMOQ parle de poursuites judiciaires. Je pense qu'on n'en est pas là. Donc,
c'est un rappel qu'il faut s'assurer, en fait, que le projet de loi respecte,
justement, là, la protection des données dénominalisées.
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
est-ce que vous vous rangez derrière la FMOQ dans leur position sur le projet
de loi n° 11?
M. Arseneau : Bien, en
fait, dans l'ensemble, pas nécessairement, là, c'est-à-dire que leur
positionnement est plus vaste que ça. Ce qu'on cherche à savoir… si on peut
avoir un meilleur portrait de la situation à travers des données dénominalisées,
pour nous, c'est tout à fait acceptable. Si on le fait pour appliquer des
mesures coercitives à des individus, à certains professionnels de la santé,
évidemment, ce n'est pas notre approche.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur
les caribous, M. Bérubé, vous êtes aussi responsable des Premières
Nations.
M. Bérubé : Non.
Mme Lévesque (Fanny) : Non,
plus maintenant?
M. Bérubé : Non, mais
responsable des caribous gaspésiens, oui. Je vais vous ramener...
Mme Lévesque (Fanny) : Ah!
O.K. Bon, bien, qu'est-ce que vous avez pensé de la sortie de M. Dufour,
hier, qui pointe du doigt les pratiques des Innus?
M. Bérubé : Bon, le
ministre Pierre Dufour, disons, qui n'est pas pas le chef de file, là, de la
protection des caribous... Parce qu'il y a comme deux groupes de caribous :
vous connaissez bien les caribous forestiers, compte tenu que vous êtes de la
Côte-Nord, et les caribous gaspésiens dans ma région. Donc, il y a une
consultation faite par le ministre présentement, qui, manifestement, ne sera
pas suffisante pour rassurer les acteurs. Et de façon générale, ce qui est
gênant, c'est que le gouvernement fédéral nous menace de venir protéger mieux
que nous des espèces en péril.
Quand le ministre dit : Il y a eu de
l'abattage, par les Innus, d'un certain nombre de caribous, je veux dire, ce
n'est pas du nouveau, là, ça fait partie des droits historiques, ça se fait à
chaque année. Les images peuvent choquer, mais ça existe. Ce n'est pas ça,
l'enjeu. L'enjeu, c'est le leadership qu'on fait pour s'assurer que les hardes
de caribous puissent continuer à croître, à se maintenir, à vivre, à faire
partie de la diversité culturelle. Donc, quand il dit ça, c'est comme quand le
premier ministre, dans un dossier sensible comme celui qui était juste avant la
pandémie, sur le blocage ferroviaire, dit, à un moment donné : Puis, en
passant, ils ont des AK-47. Pour moi, ça concourt exactement dans le même style
d'intervention. Ce n'est pas nécessaire, ça braque indûment les nations
autochtones.
Et j'ai eu la réflexion, ce matin, je ne
sais pas ce qu'on va retenir de ce gouvernement en matière de nations
autochtones. Moi, je sais quel est notre héritage en matière de relations :
la reconnaissance des 11 nations autochtones, financer un hôpital en
territoire mohawk par René Lévesque, la «Paix des Braves», le premier député
autochtone à l'Assemblée nationale — je pourrais continuer longtemps — notre
motion sur la sécurisation culturelle dans le domaine hospitalier qu'on a
proposée, qui était dans le rapport, qui n'a pas été retenue. Je veux dire, Ian
Lafrenière, qui est un chic type, qui est un gars attentionné, qui est un
professionnel, a dû être découragé d'entendre ça hier, je le connais assez pour
vous le dire. Mais c'est le bilan de son gouvernement, donc il y a de très
mauvaises relations.
Si ce n'était pas de la représentation
régionale, Pierre Dufour ne serait pas ministre. C'est ça, la vérité. Alors,
j'ai l'impression... prédiction, j'ai l'impression que la CAQ cherche fort pour
avoir un candidat à Rouyn-Noranda qui sera son prochain ministre régional. Je
dis ça puis je ne dis rien.
Mme Lévesque (Fanny) : Puis
il a jeté de l'huile sur le feu, à votre avis, donc, hier, en parlant des...
M. Bérubé : Ce n'était
pas nécessaire, je veux dire, ça n'apportait pas grand-chose. Ce n'est pas ce
prélèvement-là. Tu sais, je le sais que les images sont saisissantes, puis on
n'aime pas ça, voir ça. Tu sais, on n'aime pas savoir aussi qu'il existe de la
chasse sur un territoire comme le mien ou de l'abattage dans le domaine
agricole, mais c'est comme ça. Mais la vérité, c'est qu'ils ont des droits
qu'on doit respecter, puis on a toujours respecté ça. Alors, ce n'est pas ça,
l'enjeu. L'enjeu, c'est qu'est ce que le gouvernement peut faire en termes de
protection puis en termes d'arbitrage avec les compagnies forestières. Parce
que c'est ça, si ce n'est pas les caribous, c'est les compagnies forestières. C'est
comme ça que ça fonctionne chez nous.
Dans les Chic-Chocs, on en a 30,
maintenant, caribous, ce n'est pas beaucoup. Puis là, ils veulent mettre un
enclos autour, puis là, ils ont comme renoncé. Méganne et moi, on a, en garde
partagée, ces caribous, qui passent de sa circonscription à la mienne, surveillez
ça de près, même s'il y a des groupes forestiers qui, tu sais, ne sont pas
contents qu'on intervienne là-dessus. Mais moi, je trouve que, pour la suite du
monde, ça fait partie des interventions qu'un député doit faire.
M. Duval (Alexandre) : Le
ministre a l'air un petit peu déchiré entre sa responsabilité de protéger la
faune puis sa responsabilité d'exploiter la forêt.
M. Bérubé : Ah! Qu'on le
scinde en deux.
M. Leduc (Alexandre) : Faut-il
le faire?
M. Bérubé : Bien, qu'on
le scinde en deux, c'est notre proposition. On en a parlé, ce matin, de ça.
SNAP-Québec, qui propose ça, que ça soit d'un côté la faune puis d'un côté
l'industrie, ça va de soi. Alors, on peut s'imaginer, sans présumer de la
plateforme électorale du Parti québécois, que, dans un éventuel gouvernement du
Parti québécois et dans une actuelle plateforme qui sera déposée, bien, la
faune ne sera plus avec la coupe forestière. C'est une évidence. Est-ce que ça
serait l'Environnement, par exemple, qui pourrait récupérer la faune ou un
ministère en soi? Ça a déjà été le cas sous le Parti québécois. Quelqu'un comme
Yves Duhaime, comme Guy Chevrette, comme d'autres, ont fait ça de façon
magistrale. Un vrai ministère de la Faune, pourquoi pas? Puis un vrai ministère,
aussi, de la Protection animale, c'est un autre enjeu qu'on ne parle pas assez
à l'Assemblée nationale, mais qui anime beaucoup l'Occident. En France, par
exemple, ils viennent d'adopter une réforme considérable qui devrait nous
inspirer au Québec. Et je termine en disant : Gandhi disait qu'on pouvait
beaucoup dire d'un peuple de la façon dont il traitait les animaux. Je suis de
cet avis aussi.
M. Carabin (François) : ...qu'on
peut présumer que ça sera dans la plateforme du Parti québécois?
M. Bérubé : C'est un
souhait que j'émets personnellement.
M. Lachance (Nicolas) : Puis
2,3 millions par classe pour les lab-écoles...
M. Bérubé : Rimouski? Eh
boy!
M. Lachance (Nicolas) : À
Rimouski, à Shefford, ça ne cesse de croître. Bon, on met ça sur le dos de la
surchauffe dans le milieu de la construction. Est-ce que l'argent va à la bonne
place en éducation?
M. Bérubé : 47 millions
pour l'école de Rimouski. Je passe régulièrement à côté. Je vais vous raconter
une histoire que j'ai vécue en début de mandat. Il y a une école anglophone, il
y en a une dans mon comté, qui est l'école Metis Beach à Métis-sur-Mer. M
Christopher Skeete était venu l'inaugurer avec moi, puis j'avais vu qu'elle
avait coûté une fortune, puis qui elle était à la haute pointe de la
technologie. Puis je suis sorti de là triste. Pourquoi? Parce que je me suis
dit : Les autres enfants, ils vont apprendre qu'elle existe, cette
école-là, avec ses tableaux numériques, il n'y a pas de chaises, c'était
futuriste. Puis ces enfants-là vont dire à leurs parents puis à leurs
enseignants : Pourquoi, nous, on n'a pas ces écoles-là? Je suis sorti de
là immensément triste pour les enfants de ma région, en disant : Je suis
content pour ces 100, 120 enfants, mais ils en méritent tous.
Le message qu'on envoie avec les
lab-écoles, c'est que certains enfants auront des écoles qui valent 47, 50
millions de dollars et d'autres ont des systèmes d'aération qui sont
déficients, que l'ameublement est défraîchi, que l'école est laide. Puis là je
ne parle pas de l'éclairage, je parle de son apparence générale. Donc, c'est
ça, l'enjeu. Est-ce que ça vaut la peine d'en mettre autant? Est-ce que les
lab-écoles sont les maisons des aînés de l'éducation? Tu sais, ils sont comme
la vitrine, là, où on se dit : Bien, voici, on fait du beau. Je veux bien,
mais qui sont éligibles à ce beau, seulement une minorité? C'est la question
que je me pose. Puis c'est sur mon territoire, puis je parle d'une circonscription
qui n'est pas la mienne. Mais mon collègue Harold LeBel sait ce que j'en pense.
M. Bossé (Olivier) : Donc,
c'est mieux d'égaliser par le bas?
M. Bérubé : C'est mieux
de s'assurer qu'on ait des critères objectifs. Par exemple, l'école la plus
maganée, c'est elle qu'on répare en premier. On peut-u faire ça? Elles sont
cotées, les écoles, là. Moi, j'ai accès aux chiffres, je les demande, je le
sais, là, les écoles les plus maganées. Bien, allons-y en priorité pour celles-là.
Tu as comme un parc immobilier, hein, d'une certaine façon.
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
justement, si on n'est pas capable de le contrôler, les sommes, pour une simple
classe d'école de 2,5 millions... comment on va faire pour s'assurer qu'un
troisième lien ou qu'un tramway ne dépassa pas les coûts qui sont...
M. Bérubé : Ah! bien,
là, c'est Joël.
M. Lachance (Nicolas) : Parce
qu'on semble s'enligner vers des coûts qui ne pourront pas être... il ne pourra
pas y avoir de dépassements de coûts pour ces mégaprojets-là.
M. Bérubé : Joël s'est
préparé à cette question-là, mais juste avant...
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
ça me fait plaisir de vous la poser.
M. Bérubé : Et juste
avant, on va parler beaucoup aujourd'hui de la vision… c'est le collègue
d'Alain Laforest, Félix Séguin, qui dit ça souvent, la vision tunnel du
gouvernement ou ce que j'appelle familièrement l'engagement électoral pour
sauver le siège d'Éric Caire. Alors, là-dessus, je vous laisse Joël Arseneau.
Des voix : ...
M. Bérubé : Vous trouvez
ça bon? Vous en redemandez?
Journaliste
: ...
M. Bérubé : Bien,
d'abord, on va régler une chose, ce n'est pas un dossier pour l'Est du Québec.
J'ai entendu ça souvent. Non. C'est un dossier pour... c'est un engagement
électoral dont le principal attrait, ce n'est pas son côté écologique, ce n'est
pas son côté innovant, ce n'est pas sa nécessité, c'est sa rentabilité
électorale. C'est le premier critère, d'accord? Ceci étant dit, ça, c'est à
l'époque que le premier ministre allait à Radio X, il y a encore des photos de
ça. Puis les ministres y allaient tous. Ils n'y vont plus maintenant, mais les
photos existent encore. Et c'était pour...
Journaliste
: ...
M. Bérubé : Il y va. Bien,
il est même chroniqueur. Moi, je pense qu'il est chroniqueur avant d'être chef
du Parti conservateur, parce qu'il est plus assidu là qu'il l'est dans d'autres
enjeux. Ce qui va me valoir qu'il parle de moi tout à l'heure.
Ceci étant dit, bien, sur le troisième
lien, je veux dire, c'est un engagement électoral qui s'est avéré rentable.
Moi, je pense que la CAQ aurait gagné même malgré le troisième lien — mon
impression personnelle. Et là ils vont nous expliquer comment ils vont réussir
à honorer cet engagement-là pour consolider le siège de qui? De Marc Picard, de
François Paradis, de Chaudière-Appalaches et d'un député qui s'adonne à être
ministre, qui a dit que, si vous ne faites pas la première pelletée de terre,
je m'en vais. Ça coûte cher, on en a vraiment besoin. Je m'entends très bien
avec Éric, ça fait 15 ans qu'on fait de la politique ici, mais il n'y a
aucun député qui va voir sa réélection valoir autant que lui. Ça vaut cher,
hein?
M. Laforest (Alain) : Éric
Caire est le ministre à 7 milliards.
M. Bérubé : Il y avait
l'homme de 6 millions à l'époque.
Journaliste : Et maintenant
il y a...
M. Bérubé : La
réélection de 7 milliards.
Mme Senay (Cathy) : Est-ce
qu'on peut avoir le... de l'homme de 6 milliards?
M. Bérubé : Vous vous
souvenez de ça, vous? Vous êtes bien trop jeune pour avoir vécu ça.
Mme Senay (Cathy) : Pas
du tout. Eh! Wo, wo, wo!
M. Bérubé : Bien là, je
vous honore en disant ça.
Mme Senay (Cathy) : Bien,
merci.
M.
Bérubé
: ...
M. Arseneau : Non, non,
mais, en fait, la question porte sur le coût ou sur la révision du projet. Mais
c'est du grand n'importe quoi, c'est de l'improvisation, on nous présente un
tunnel en deux tubes. Oui, la CAQ voit double, voit grand, mais voit de façon
irréaliste un projet qui est inutile. Que ce soit 10 milliards, 7 milliards,
c'est impossible de prévoir les coûts au final. Le gouvernement se prépare,
justement, à l'élection en voulant maintenir sa promesse de 2018. Et on a
toujours dit que ce projet-là, il était non seulement irréaliste, tant sur le
plan financier que sur le plan technique, c'est pour ça qu'on l'a changé, mais
il demeure inutile, il demeure contraire aux objectifs qu'on devrait se donner
quant à la mobilité dans la région de Québec, quant à l'étalement urbain pour
la lutte à la production de gaz à effet de serre.
Donc, ce projet-là est franchement
inutile, et c'est dommage de voir qu'on s'obstine de cette façon-là plutôt
qu'entendre raison. Puis c'est un gaspillage de fonds publics éhonté, là, évidemment,
que ce soit 7, 8 ou 10 milliards.
M. Bossé (Olivier) : Vous
dites qu'on ne peut pas prévoir...
M. Arseneau : Pardon?
M. Bossé (Olivier) : Vous
dites qu'on ne peut pas prévoir les coûts, mais, s'ils ne donnaient pas de
coût, vous diriez : C'est scandaleux, ils ne donnent même pas de chiffres.
M. Arseneau : Ah! non,
non, mais ils doivent donner des chiffres, mais c'est de l'argent de Monopoly.
Évidemment, ces chiffres-là... Bien, vous voyez, les classes… regardez les
maternelles quatre ans, les maisons des aînés, là, on parle aujourd'hui des
lab-écoles, qu'est-ce que vous pensez qu'on va arriver comme chiffres, comme
facture finale, pour deux tunnels pour traverser le fleuve entre Lévis et
Québec? Ça sera certainement astronomique, il ne faut pas que ça se réalise.
Mme Senay
(Cathy) :Can I jump
in? Sorry. Questions about Bill 96, and the Liberals are trying…
M. Bérubé : The Liberals.
Mme Senay
(Cathy) : Yes. Would you… What is your
position about their own position on… it's not three French courses anymore…
M.
Bérubé
: Oh my God!
Mme Senay
(Cathy) : …optional, and then you have three
more courses as French as a second language.
M. Bérubé : Yes. They want me to protect them from themselves, that's basically
what they want me to do. Yesterday, they proposed a new amendment to make sure
they're getting out of shit and… Did I say «shit»?
Journaliste
: Of trouble?
M. Bérubé : Yes. Choose another word, anyone. And I don't have anything to say.
This is not our main matters about language, it's about colleges being involved
in Bill 101, Charter of «la langue française», it's about immigration in French, it's about to make sure that
we don't have anymore bilingual cities when they're under 50% of Anglophones.
This is what we propose. The question that you have is about the relationship
between the Liberals and CAQ, they talk about that to each other, but I don't
really matter.
Mme Senay (Cathy) : They need the support of all…
M. Bérubé : No. Not anymore.
Mme Senay (Cathy) : Not anymore, O.K.
M. Bérubé : There is a twist. Yes, there is a twist, so they just need a vote.
So, we are going to vote against, and the CAQ was going to vote exactly like
the Liberals, which is something.
Mme Senay (Cathy) : With the Liberals' amendment, what do we lose with Bill 96, on the
specific amendment?
M. Bérubé : The Liberals know what they lose : a lot of people. And this is
why they try to fix it. So, I don't want to be involved in those kinds of
intern relationship between the Anglophones community and the Liberal Party.
They took for granted the community for so long, maybe it's a wake-up call for
them and it seems that they have to choose. If they want to be nationalists, be
nationalists for real. If you want to save a few seats in Montréal's area, just do so, like you did in
the last year. So, it's not about us, it's about them, and I want Dominique
Anglade to get all the exposure she can get to explain you that.
Mme Senay (Cathy) : And just one last question on the third link or the…
M. Bérubé : It's going to be my colleague.
Mme Senay (Cathy) : …two tunnels. I mean, like, you said that it's not a project for
the Eastern part of Québec, but
then, are you sure that this is the last version you'll see of that project
ever?
M. Bérubé : The new thing is… now, it's double trouble.
M. Arseneau : Well, no, it's definitely not the last version, you know? They'll
have to try and come up with all sorts of proposals to try and
convince Quebeckers
and they'll have to work much harder for that, you know? This is, you know,
like a movie, you know, trying to save soldier Caire. But, you know, it doesn't
matter what kind of plan, it's not worth it, it's not necessary and it's a
waste of money and time.
M. Grillo (Matthew) :
Mr. Bérubé, I just want to hear you on
Bill 96 again. This latest amendment, this change, maybe the Liberals are
trying to meet people halfway. What do you think this actually does to the
bill, though? Does it weaken the bill?
M. Bérubé : I don't have any opinion on this. It's about the Liberals' minding,
it's not our main concern. So, I'm going to let the Liberals explain you that,
so…
Yesterday, we had a
strange discussion about the heritage of Camille Laurin. The «Directeur général des élections» asked the
Minister to not change the riding of Bourget to «Camille Laurin» because it's
against the law, and it's a problem. And we all love Camille Laurin and want to
make sure that he's getting real homage all around Québec. And the Minister of Justice decides, after the judge in chief, to
attack the «Directeur général des élections», say : I don't care; you ask me not to do so, I'm the
Minister. That's why he told us yesterday.
So, in French, I'm going
to say : «C'est l'exécutif, le législatif et le
judiciaire.» For him, it's not equal. It's like «roche, papier, ciseaux.» Him, he's the scissors, and that's the paper. It's stronger than
the justice. It's unbelievable. And I had to remember him that he's a lawyer,
he's a Minister of Justice, and, when he became a member of Parliament, he had
to do an oath. So, that was strange. I'm not a lawyer and I had to remember
this to the Minister. So, it's a pretty serious thing, and I'm pretty sure
you're going to hear about it in a few hours. It's unbelievable.
So, he decides that the «Directeur général des élections» is no
longer in charge of the election, in some way, because the CAQ, because there's
a majority, they're going to name every name they want. They're going to
instrumentalize this life of Camille Laurin. What's going to be next, someone
who works at CAQ? There's a majority.
And I'm ending on this.
He told me yesterday : The MNA for Bourget, M. Campeau, asked me for that.
And, since we're a majority, we can do so. But the «Directeur
général des élections» writes you a letter saying not
to do so. We're a majority, we do whatever we want. That's unacceptable. And
I'm asking you to look what happened yesterday, it's pretty serious.
M. Carabin
(François) : ...rapidement, M. Bérubé, revenir sur l'amendement des
libéraux. Vous vous attendez à quoi comme réaction du gouvernement?
M. Bérubé : Rien. Et c'est
eux qui l'ont écrit. La réalité, c'est que l'amendement pour les sortir du
trouble a été écrit par le gouvernement, pour les sortir du trouble, pour accélérer
le projet de loi. Le but du ministre, c'est qu'on termine rapidement.
Probablement qu'il va nous manquer un peu de temps. Aujourd'hui, on va être
presque à la fin parce qu'il veut aller sur le projet de loi n° 2
sur la réforme du droit de la famille. Il veut que ça se termine rapidement.
Pour y arriver, il faut sortir les libéraux du trouble. Alors, c'est la seule
raison. Donc, ils ont écrit l'amendement. Moi, je l'ai testé, hier, sur la
recevabilité, je croyais qu'il ne l'était pas. Finalement, il l'est. Donc, on
va rouler là-dessus aujourd'hui. Puis ça ne m'intéresse pas, cet enjeu-là. Ce n'est
pas ça. C'est l'application de la loi 101 aux collèges.
Édouard-Montpetit, là, ils viennent de
voter, puis là Vieux-Montréal, on est rendus à 25 collèges qui ont voté en
faveur, puis ils ne veulent pas le faire. Puis il y a d'autres mesures qu'ils
ne veulent pas le faire. Alors, ce n'est pas costaud, c'est mollo, tu sais,
comme projet de loi. Ça fait que, si c'est pour être ça, qu'on en finisse au
plus vite, il ne passera pas à l'histoire là-dessus, M. Jolin-Barrette.
Puis peut-être que d'aventure, un jour, il y a quelqu'un qui proposera qu'il y
ait son nom aussi pour un comté, rendu là. C'est peut-être comme ça que ça va
se faire, c'est la majorité.
M. Lachance (Nicolas) :
...vite, vite. Terre-Neuve-Labrador, là, est-ce que ça fait partie maintenant
du Québec?
M. Bérubé :
Terre-Neuve-et-Labrador est un territoire qu'on nous a volé en 1927. Vous
tombez bien, parce que je connais l'histoire par coeur. C'est un territoire qu'on
nous a volé, et aucun gouvernement, depuis l'époque, n'a concédé ce territoire.
C'est très sérieux. Je sais qu'il y a des gens que ça fait sourire. René
Lévesque, dans une vidéo que j'ai placée sur Twitter aujourd'hui, le rappelle
de bon droit. Même dans les livres de géographie, mon père étant géographe, je
peux vous dire, dans chacun des livres des années 70 et 80, il y a un
avertissement sur la première page. J'en ai placé un en ligne ce matin sur
Twitter, indiquant que le tracé de 1927 n'a jamais été reconnu par le Québec.
Il serait bien de réitérer quelle est la position du gouvernement du Québec sur
cet enjeu-là. C'est sérieux, d'autant plus que là, le gouvernement fédéral
finance, pour la première fois, l'hydroélectricité dans une province, pas le
Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, donc il nous fait la concurrence avec notre
argent sur un territoire qu'on nous a volé suite à une décision unilatérale du
Conseil privé de Londres.
Alors, moi, je ne ris pas là-dessus, je trouve
que c'est sérieux et que c'est un territoire qu'on a volé au Québec et qu'on
n'a jamais cédé. Et on pourrait s'imaginer, un jour, qu'un gouvernement du
Québec aille en cour sur cet enjeu-là. Et Lévesque l'explique très bien dans la
vidéo que j'ai mise. Et jusqu'à maintenant, à moins qu'on me dise que ce n'est
pas le cas, la cession du Labrador, tout comme l'acceptation, ça va faire
40 ans, là, dans les prochains jours, là, de la nouvelle constitution
canadienne, n'est pas reconnue par le gouvernement du Québec, par aucun
gouvernement.
Alors, pourquoi ça a été ramené à
l'actualité? Si vous ne le savez pas, parce qu'hier il y a eu une infographie
du Parti québécois où la carte, c'était la main au complet, incluant le
Labrador. Alors c'était... était-ce une erreur? Était-ce un clin d'œil à
l'histoire? Bien, les questions territoriales nous intéressent.
M. Laforest (Alain) : …vous
faites appel au nationalisme de M. Legault?
M. Bérubé : Lequel? Le nationalisme
homéopathique de M. Legault? Quel? Il commence quand? Moi, je ne le vois
pas. Je ne le vois pas. Tu sais, mettre un chandail du Canadien, là, ce n'est
pas du nationalisme, là, c'est vouloir passer à la TV, tu sais? Donner des
bonbons dans une cour d'école, ce n'est pas du nationalisme. J'ai vu ça lundi.
(Fin à 8 h 32)