(Treize heures deux minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Bienvenue à ce point de presse au cours duquel
prendront la parole, dans l'ordre, Manon Massé, porte-parole de Québec
solidaire, Gregory Kelley, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière d'affaires
autochtones, Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations
Québec-Labrador, Kevin Deer, aîné et gardien du savoir de la communauté de
Kahnawake, Grand Chief Sky-Deer, grande cheffe du Conseil mohawk de Kahnawake,
et finalement John Martin, chef du conseil micmac de Gesgapegiag.
Alors, on va commencer par les prises de
parole et ensuite on va passer à la période de questions. Comme on est très
nombreux, je vous demanderais de vous limiter à une question, une sous-question
et nommer la personne à qui s'adresse votre question. Alors, sans plus tarder,
je cède la parole à Manon Massé.
Mme Massé : Oui. Bonjour,
tout le monde. Merci d'être là. En fait, aujourd'hui, pour moi, l'important d'être
là, c'est que, depuis des mois, je tente de toutes les façons possibles de dire
au gouvernement du Québec qu'il est temps qu'il écoute les gens des Premières
Nations, notamment lorsqu'il est question de protection de leurs langues.
J'ai fait adopter, en octobre 2019, une
motion où le gouvernement de la CAQ, où le premier ministre du Québec a accepté
de reconnaître que les principes de la Déclaration des Nations unies pour les
droits des peuples autochtones soient son guide pour l'avenir, et ce n'est pas
ça qu'on a vu, notamment dans l'adoption du projet de loi n° 96. On n'y
est pas encore rendus.
Nos frères et soeurs autochtones ont crié
de toutes sortes de façons. On les a représentés pour essayer de faire entendre
raison à M. Jolin-Barrette. Il y a maintenant un rendez-vous de la dernière
chance que M. Jolin-Barrette ne peut pas manquer. Il doit rencontrer les
gens des Premières Nations… et d'écouter ce qu'ils ont à dire sur ce qu'ils
vivent, eux, sur la disparition de leurs langues.
Protéger la langue française, c'est sûr, c'est
clair, il n'a jamais été question d'autre chose que ça. Mais on ne peut pas
faire fi qu'il y a des gens, sur le territoire, que leur langue est beaucoup
plus menacée, et donc il est essentiel que le gouvernement du Québec se mette à
leur écoute. Donc, pour moi, c'était important, avec Gregory, qu'on leur laisse
la place.
Et je vais laisser la place à Gregory pour
qu'il puisse leur laisser la place à son tour.
M. Kelley : Merci, Manon.
Bienvenue, tout le monde. Moi, je veux juste passer un message sur la réussite
scolaire des élèves autochtones, je veux juste lire une couple de chiffres.
La proportion des personnes autochtones
sans diplôme est de 27 %, ce qui inclut les Premières Nations et les
Inuits vivant hors communauté. Ce taux est double de celui des personnes non
autochtones sans diplôme, qui est 13 %. Il y a aussi un écart quand on
parle de la scolarité de niveau universitaire : 11 % des autochtones
comparativement à 26 % des non-autochtones. Je veux aussi parler plus
précisément des Inuits, où environ 54 % sont sans diplôme universitaire ou
baccalauréat, et seulement 2 % des Inuits sont présentement dans les
institutions, selon leur population. Ça m'inquiète beaucoup.
Dans mon comté, au cégep de John-Abbott,
il y a environ une centaine d'élèves inuits qui sont là, puis j'espère que le
projet de loi n° 96 ne va pas mettre aucune, aucune barrière dans leur
réussite scolaire. Chaque étudiant autochtone qui réussit, c'est important pour
leur communauté, ça peut faire un changement énorme.
Alors, j'espère que le ministre Simon
Jolin-Barrette est à l'écoute de trouver toutes les solutions possibles. S'il
est modifié, le projet de loi, présentement, dans les prochains jours… ou quand
même de prendre des mesures après, c'est très important, très, très important.
Alors, moi, je suis ici aujourd'hui pour
parler des élèves et des enfants autochtones qui, c'est possible, avec les
ajouts de cours de français, vont avoir moins de succès dans nos cégeps, où ça
va… plus longtemps, puis il faut prendre eux autres en considération.
Mais maintenant je vais passer la parole
au grand chef M. Picard pour parler... pour dire une couple de mots.
M. Picard (Ghislain) :
«Kwe, kwe.»(S'exprime dans une
langue autochtone). Merci à tous et à toutes d'être ici aujourd'hui. Je
voudrais d'abord reconnaître que nous sommes sur un territoire autochtone non
cédé qui inclut la maison où nous sommes aujourd'hui. Et je voudrais aussi
remercier Manon Massé, de Québec solidaire, et Gregory Kelley, du Parti
libéral, pour nous donner cette opportunité aujourd'hui de passer le message
que nous voulons passer.
I certainly want to
acknowledge today the leadership with me, Grand Chief Sky-Deer and a few of her
council members, some… Mohawk Council of Kahnawake, the
traditional leadership as well, Mr. Deer, and the chief from the Micmac
community ofGesgapegiag, who
are standing with us today.
Écoutez, je
voudrais juste rapidement, peut-être, insister sur un aspect que je trouve
extrêmement important. M. Legault, en recevant le rapport de la commission
Viens, le 2 octobre 2019, avait dit, et je me permets de citer : «L'État
québécois ne vous imposera pas ses solutions.» Et c'est exactement ce que le
gouvernement du Québec est en train de faire aujourd'hui avec le projet de loi
n° 96.
I think it's important to
remind everyone that, when Mr. Legault, in acknowledging the Viens report, back
in October of 2019, and giving an apology on behalf of the Québec Government,
stated, and I will quote him, he said : «The Québécois Government will not
impose its solutions.» And that's exactly what this Government is doing by
forcing the adoption of Bill 96.
I think it's very
important that we be reminded that our peoples have played by the rules of the
Government. We presented before a parliament commission, we presented
amendments to Bill 96, to no avail. It's very important that we be reminded
that, even when we play by their rules, we are becoming the victims, because
none of it is being acknowledged, accepted, with the results that we have
today. We have a bill that's being rushed without any consideration for indigenous
peoples' rights.
So, I think it's very
important that we be mindful of the situation today, and I'm glad that we have
chiefs today standing with us to make that point. And what we are asking is
simply, in terms of the adversity that we face, that we be exempt from 96 and
we have a sit-down with the Minister responsible, Mr. Jolin-Barrette, sooner
than later.
Donc, en
terminant, je pense que le message que nous portons aujourd'hui, c'est d'être
exemptés de la loi… du projet de loi n° 96, et nous demandons instamment au ministre
de la Justice, M. Jolin-Barrette, d'avoir l'opportunité d'avoir ces
discussions-là avec lui aujourd'hui. Merci.
M. Deer (Kevin) : (S'exprime
dans une langue autochtone). So, I like to follow the ancient
treaty protocols that, when you, people, came to this land, way back, we talked
about treaty agreements, we didn't have no written language, and your ancestors
and our ancestors agreed that we would follow three principles of peace,
friendship and respect. Here is a covenant chain that says that, if we ever had
a problem, we would sit down and smoke the peace pipe to resolve our
differences. Us, in our canoe, and you, in your big ship with sails. So, Québec
and Canada can never forget, because we said that this treaty agreement would
endure as long as the sun shines, the grass grows and the water flows.
So, we are still here
today, our ceremonies, our languages, our creation story, everything that makes
us unique in the world. Just like Québec they talk about their distinctness,
well, we are too, and we're here now to talk about this ancient relationship
and how we have to follow those three principles as we move forward. «Nia:wen
kowa.» «Merci beaucoup.» Thank you very much.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
(S'exprime dans une langue autochtone). I'm Kahsennenhawe Sky-Deer, the grand chief
of the Mohawk Council of Kahnawake, Wolf clan. Very honored to be here today.
«Nia:wen kowa», Mme Massé and Mr. Kelley, for allowing us to have this space
today to address you all in this press conference.
Bill 96 is not just
an issue that impacts indigenous youth when it comes to education. The more we
looked at this bill, it is going to have impacts in every sector of our lives
as indigenous people.
You know, we're trying to
move forward in this space now, in a time when everybody is talking about
reconciliation. We've been trying to create a relationship with Québec, and
now, as some of the words that were said by the people who spoke before me, this
kind of goes against that nation-to-nation and that kind of equality
relationship that we're looking for in being able to address things in a
meaningful way through dialog.
We do not want to see
this bill move forward without any kind of exemption or consideration of indigenous
people, our languages, our cultures that have been here since time immemorial.
And the way that this Government is conducting itself is very dismissive, and
it disregards us, and our long history, and our presence on these lands.
So, what we're asking for
is for Minister Jolin-Barrette to delay, give us the space, give us that
respect to at least have dialog and hear of our concerns with this bill, because
we see it as being rather sweeping, impacting numerous legislations, amending
Bill 101.
And I'm going to tell you,
there is an action taking place in Kahnawake right now, and, when push comes to
shove, Kahnawake is going to continue to be the leader in this region for First
Nations to set the bar on the way. Unfortunately, it seems like we have to take
action to get attention. We don't want to take these kinds of actions, but
that's what we feel like, when our backs are pushed against the wall, and it's
only going to continue to happen in this way if we don't get that ability to
have dialog, respectful dialog, and hearing our concerns, and hearing our
voices. (S'exprime dans une langue autochtone).«Nia:wen».
M. Martin (John) : (S'exprime
dans une langue autochtone). Good afternoon, everybody. My
name is John Martin, chief of the Gesgapegiag First Nation, Micmac Nation, and
I'm happy that you're here to listen to what we have to say.
I think I will reiterate
the words that were said before me : The Québec Government has to listen.
Right now, it has totally ignored everything that we have brought forward. This
bill is going to have an impact much more severe than the previous
Bill 101. 101, we struggled with that bill, that law
from the very beginning. It
increased our dropout rates, our students are not able to access graduation
with their credits at high school because of the French credits that are
required under Bill 101. And this bill now includes the CEGEP level, so it
makes it very difficult for our students to be able to succeed in high school,
and now even harder if they pass high school and get to CEGEP. It requires that
they have three to five courses in French.
If our communities are
going to be able to flourish, education is a key component. But remember also
that education has been used as one of the key factors in the assimilation of
our people, and the destruction of our cultures, and the destruction of our
languages, and that is why this Government needs to sit down and listen to us. We are not just talking about
language, we're talking about every aspect of our lives that's affected by this
bill in the communities. Our growth is important.
We wish to be part of Québecsociety, we want to contribute to the growth of Québecsociety, we want a
future in Québec, this is where
we have been for thousands of years, and we'd like to see our children
flourish. But with these kinds of actions by the QuébecGovernment against
our people, without due consideration to our situation and the languages that we have, it is a destructive bill, it is a
continuation of the kind of colonialism, paternalistic and extinguishment
activities that governments
successively have conducted since their establishment on these territories, and
it has to stop. They need to sit down with us, and talk to us, and hear how
this bill really affects us. (S'exprime dans une langue autochtone).
La Modératrice : Merci. On va
prendre les questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît.
M. Carabin (François) : Bonjour.
Ma première question va être pour Mme Massé et M. Kelley, peut-être à
tour de rôle, là. Diriez-vous que le projet de loi n° 96 menace de
perpétuer ou de créer un génocide culturel?
Mme Massé : Non, non,
pas du tout. Je veux dire, les impacts sur la culture dont viennent de vous
expliquer les personnes qui vivent la situation sont bien avant, bien avant
l'arrivée du projet de loi n° 96. Et je pense qu'aujourd'hui, pour moi,
d'avoir laissé cet espace aux Premières Nations, c'est aussi vous laisser
l'espace de les questionner sur comment eux autres vivent ça. Alors, dans ce
sens-là, pour moi, c'est clair. Le projet de loi n° 96, pour moi, doit
être adopté. Il faut protéger les langues autochtones... oui, les langues
autochtones. Mais, je veux dire, il faut protéger la langue française, certes,
je sais que mes amis sont aussi d'accord avec ça, mais pas au détriment des
droits des Premières Nations.
M. Kelley : Et juste
ajouter à ça, je pense que c'est important pour le ministre de prendre le temps
pour rencontrer les gens ici puis les autres communautés, si c'est nécessaire,
pour rassurer eux autres que ce n'est pas un génocide culturel, que ce n'est
pas qu'est-ce que ça arrive. Puis on parle, oui, de la protection de la langue
française, mais toutes les préoccupations qui étaient soulevées par des
personnes ici, il y a un vrai dialogue là-dessus, puis on voit qu'est-ce qu'on
peut faire après la suite, parce qu'on sait le projet de loi va être adopté pas
mal dans les prochaines semaines. Alors, je pense, ça, c'est très important, c'est
de continuer le dialogue et d'avoir une rencontre rapidement.
M. Carabin (François) : Pour
revenir à vous, Mme Massé, vous avez dit que vous alliez voter en faveur
du projet de loi.
Mme Massé : Oui.
M. Carabin (François) : Comment
est-ce que la réaction du ministre à ces demandes qui lui sont faites
aujourd'hui pourrait changer ou non votre position sur le projet de loi?
Mme Massé : Écoutez,
nous… moi, j'ai défendu bec et ongles les amendements qui avaient été apportés
par Chief Martin, Chief Picard, et la fermeture complète du ministre
Jolin-Barrette, elle était là. Ce que je lui laisse aujourd'hui, c'est un
rendez-vous de la dernière chance, c'est : Il n'a pas dialogué avec les
Premières Nations, il n'a pas voulu entendre les demandes qu'ils ont faites
pour amenuiser l'impact, dans leurs vies, du projet de loi n° 96, alors
qu'il prenne la balle au bond, qu'il les rencontre, qu'il travaille réellement
de nation à nation au lieu de constamment répondre : ça ne relève pas de
lui.
M. Carabin (François) : …juste
pour être clair, est-ce que c'est possible que votre position sur le projet de
loi change chez Québec solidaire?
Mme Massé : Non, pas du
tout. Nous, on va... et mes amis le savent, on va voter pour. On pense qu'il
est fondamental de protéger la langue française, mais on veut laisser une
dernière chance à M. Jolin-Barrette de respecter les gens des Premières
Nations.
M. Carabin (François) : Merci.
Mme Lévesque (Fanny) : M. Picard
— si vous voulez vous approcher au micro — j'aimerais comprendre
vraiment, de façon spécifique, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi
n° 96 qui menace vos langues?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, c'est… pour
nous, là, comme je le disais plus tôt, avec le chef Martin, on s'est présentés.
Je veux dire, l'instant d'une comparution devant la commission parlementaire,
on a pilé sur notre orgueil et on a dit : Bon, on donne une chance à ce gouvernement-là,
on propose des options qui vont rendre le projet de loi n° 96 plus
acceptable de la réalité des Premières Nations. Et ce qu'on constate
aujourd'hui, c'est qu'il n'y a rien qui a été retenu. Et là-dessus le projet de
loi n° 96 n'est pas singulier, parce que sur le p.l. n° 15,
comme vous le savez sans doute, la même chose, la réaction du Dr Carmant, la
porte est complètement fermée. Donc, on se dit que, s'il y avait vraiment une
opportunité de rencontrer celui qui tient, finalement, la destinée du projet de
loi, bien, peut-être qu'on réussira à lui faire entendre raison, une
opportunité qui ne nous a pas été donnée jusqu'à maintenant.
Et ce que j'ajoute, c'est que le temps
qu'on a pris à développer des positions, à proposer des avenues de solution, ce
n'est pas du temps qu'on a en trop, et même je pourrais aller jusqu'à dire que,
nous, je veux dire, on tend la main malgré le fait que ce même gouvernement là
fait la promotion de la relation de nation à nation. Donc, les commissions
parlementaires, ce n'est vraiment pas la porte d'entrée que nous privilégions,
mais, si c'est le seul choix qui nous est donné, bien, on va l'utiliser.
Et donc tout ce que j'aurais à dire, c'est
que, les chefs l'ont expliqué tantôt, l'adoption du projet de loi n° 96 va
forcer l'exode de nos étudiants vers d'autres avenues, d'autres écoles à
l'extérieur du Québec, et c'est totalement... je veux dire, c'est une ironie
renversante, là, que, finalement, les premiers occupants du territoire au
Québec, là, soient forcés d'aller étudier à l'extérieur de leur territoire, et
c'est quelque chose que nous jugeons tout à fait inacceptable.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
pour comprendre, c'est surtout les articles, là, à propos des cours de français
au collège, là, qui…
M. Picard
(Ghislain) :Tout à fait, tout à fait, ça
inclus. Mais ce que j'ajouterais, c'est que, comme le projet de loi prétend ne
pas modifier la Charte de la langue française, ce qu'il faut reconnaître, c'est
qu'il y a déjà une exemption, au niveau de la Charte de la langue française,
pour les nations dites conventionnées. En tout respect avec ces nations-là, il
faut aussi comprendre que, nous aussi, ce n'est pas parce qu'on n'a pas signé
sur la ligne pointillée qu'on a moins de droits, et ça aussi, il faut le considérer.
Donc, il y a aussi un aspect discriminatoire au fait de reconnaître un certain
groupe et de ne pas reconnaître les autres groupes qui ont essentiellement les
mêmes droits.
Mme Lévesque (Fanny) : Qu'est-ce
que vous répondez au Parti québécois ce matin? Bien, ils ne sont pas présents
aujourd'hui, mais, en gros, ils trouvaient l'utilisation du terme «génocide
culturel» trop fort et que d'aller suivre des cours en anglais, c'était aussi
suivre des cours dans une langue coloniale, là, si on veut, donc… Parce qu'ils
disent : S'ils prennent des cours en anglais, ils peuvent aussi prendre
des cours en français. Qu'est-ce que ça vous dit sur cette réaction-là?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, je vais dire au Parti
québécois de retourner dans leur histoire. En 1985, l'Assemblée nationale a
voté à l'unanimité une résolution qui reconnaît des droits linguistiques aux
Premières Nations. Et ce que disait M. Legault en 2019, René Lévesque a dit la
même chose avant l'adoption de la résolution de 1985, que le gouvernement du
Québec n'imposerait pas ses solutions. Donc, je pense qu'un petit retour dans
l'histoire, ça ferait du bien de temps à autre.
Mme Lévesque (Fanny) : Merci.
M. Lacroix (Louis) : M. Picard,
je vous inviterais à rester là, s'il vous plaît. Mais je veux juste vous
entendre, parce que, là, vous allez vous faire dire, puis ce n'est pas moi qui
le dis, là, j'entends déjà les commentaires, là, dire : Ils ne veulent pas
apprendre le français, mais tout ce qui se passe est en anglais, et, eux, leur
vie est en anglais, qui est une langue coloniale aussi. Alors, de quelle façon
ça protège les langues autochtones que d'aller dans des institutions anglophones?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, allez faire un
tour du côté de la Nouvelle-Écosse, qui vient d'adopter une loi qui met la
langue micmaque en premier lieu et qui engage le gouvernement de la
Nouvelle-Écosse d'adopter des mesures pour faire la promotion de la langue micmaque,
qui est la langue autochtone dans ce territoire-là.
Et ceci dit, il faut aussi insister sur le
fait qu'on a le choix. Je vous rappelle ce que je disais un peu plus tôt sur la
résolution de 1985, parce qu'il y a des principes qui sont associés à ça. À peu
près toutes les nations se sont présentées devant une commission parlementaire
spéciale, à ce moment-là, pour indiquer comment elles voient la relation entre
leur nation et l'État québécois. Tout a été à peu près dit, à ce moment-là, ce
qui a donné lieu à la résolution de 1985 qui reconnaît des droits acquis
linguistiques aux Premières Nations. Donc, pourquoi on reculerait sur ces
acquis-là?
Je pense qu'il y a une référence ici qui
est importante, c'est qu'écoutez vous êtes ici chez nous et vous imposez vos
lois. Donc, c'est ça qu'il faut aussi servir comme rappel ici.
M. Lacroix (Louis) : Mais...
Des voix : …
M. Lacroix (Louis) : Oui,
oui, allez-y. Mais vous comprenez, c'est parce que pour...
M. Martin (John) : Je
voudrais répondre à un commentaire que vous avez fait…
M. Lacroix (Louis) : Allez-y…
M. Martin (John) : ...qui dit
qu'ils ne veulent pas apprendre le français. Ce n'est pas vrai du tout,
premièrement. Toutes nos écoles, dans nos communautés, qu'on gère, enseignent
le français. On vise tous à essayer d'aider nos enfants d'être capables de
réussir et aller chercher les crédits qu'ils ont besoin. On comprend très bien
qu'on vit dans le Québec. Le français, c'est la langue majoritaire. Ça, ce n'est
pas une question de ne pas vouloir apprendre le français, c'est l'approche,
l'imposition, le manque de respect au niveau des Premières Nations qui sont ici
depuis des millénaires et les impacts de l'imposition de cette façon-là. Ça a
des impacts très significatifs au niveau de nos communautés. C'est pour ça
qu'on est icitte. C'est parce qu'on est en train de rajouter des choses qui
aident à déconstruire nos cultures, qui dévalorisent nos langues, puis ça, ça a
des gros impacts.
M. Lacroix (Louis) : Mais
l'anglais, ce n'est pas une langue traditionnelle non plus.
M. Martin (John) : C'est une
langue colonialiste, comme d'autres qui ont été apportées icitte. Ce n'est pas
nous autres qui a fait le choix, c'est des missionnaires qui sont venus, ils nous
ont baptisés, ils ont dit : Tiens, vous allez parler anglais, «that's it».
Nous autres, on est ici pour nos communautés, nos peuples. On veut fleurir, on
veut grandir comme tout le monde, puis ce n'est pas en imposant des actions
comme celles-là qui obligent nos enfants d'aller à l'extérieur…
M. Lacroix (Louis) : Mais il
n'y a rien dans le...
M. Martin (John) : …qui met
des barrières à être capable de réussir au niveau scolaire.
M. Lacroix (Louis) : Je
comprends. Mais mon questionnement, c'est... Je comprends, là, les droits
auxquels vous faisiez référence, M. Picard, etc., qui sont un peu remis en
question avec ce projet de loi là. Mais qu'est-ce qui vient faire en sorte que
vos langues traditionnelles sont menacées par ça? C'est ça, mon questionnement.
M. Martin (John) : La
question de...
M. Lacroix (Louis) : Je
voudrais que vous me donniez l'exemple de ça pour que je puisse l'illustrer.
M. Martin (John) : La
question… la communauté qui va grandir, qui va se développer, elle a besoin
d'un peuple qui est fier de lui-même, qui est fier de sa culture, fier de ses
langues, pas regarder sa langue comme deuxième ou troisième dans la file. Puis
c'est ça qui arrive, là. Avec ça, on impose que le français, c'est la langue
supérieure, au détriment de nos langues. Comme Premières Nations, on devrait
avoir le droit de choisir, de continuer à fleurir. Parce que, là, présentement,
dans nos communautés, où on a des exodes d'étudiants qui s'en vont à
l'extérieur, on manque du développement. C'est des personnes-ressources, c'est la
capacité qui va être moindre tantôt, un résultat direct de ça. Une perception
moindre de sa culture, ça ne motive pas beaucoup pour aller apprendre sa
langue.
M. Lacroix (Louis) : Mais
l'autre choix que vous avez, c'est une autre langue coloniale, parce qu'il n'y
a pas d'universités, il n'y a pas de cégeps qui sont dans vos langues
respectives, malheureusement.
M. Martin (John) : Que ça
soit colonial ou pas, la question, c'est l'imposition d'une langue. Je ne sais
pas si c'est un complexe de supériorité ou quoi. Mais moi, quand je suis venu
ici, là, je suis passé par le Nouveau-Brunswick, là, je suis arrêté à
Saint-Léonard, à Saint-Quentin, au Nouveau-Brunswick, là, je vais à Moncton, là,
je vais à Dieppe, tout le monde parle français. Il n'y a pas de loi qui oblige
le monde là-bas pour parler français, puis le français continue à fleurir puis
à grandir dans ces provinces-là. Pourquoi qu'on l'impose sur nous, au détriment
de nos langues et de nos cultures? Et on met nos enfants sur la table. Ils ne
sont pas capables de réussir des crédits qu'il faut aller chercher. Ce n'est
pas de notre faute, l'anglais est arrivé ici, dans nos communautés, mais on est
pris avec ça aujourd'hui.
M. Lacroix (Louis) : Vous
êtes pris avec l'anglais, là?
La Modératrice : Est-ce qu'il
y a d'autres questions en français? On va faire les questions en anglais après.
Journaliste : Juste une
petite question en français.
La Modératrice : Oui,
allez-y.
Journaliste : Juste pour
comprendre. À l'école secondaire, il y a des cours de langue seconde, français,
que vos enfants apprennent. Donc, pour se rendre au cégep, il faut qu'il y ait
un minimum de français qui soit acquis. Une fois au cégep, il y a aussi des
exigences de français, langue seconde au même titre que pour la communauté
anglophone. Alors, à ce titre-là, je me demande exactement il est où, le
problème de faire en sorte que du français, langue seconde soit enseigné au
cégep.
M. Martin (John) : Le
problème auquel qu'on fait face… dans nos communautés, le français, ce n'est
pas une langue qui est utilisée. Chez nous, on parle le micmac et on parle
l'anglais. Mais on a quelques personnes dans la communauté, quand même, qui
sont allées à l'école en français puis ils parlent français. Mais pour les
jeunes qui ont étudié en anglais et en micmac, «all right», c'est un effort
monumental que ça prend pour être capables de réussir puis aller chercher ses
crédits.
Journaliste : O.K., ça fait
une troisième langue à apprendre et puis ça, c'est difficile.
M. Martin (John) : Tu
sais, c'est aussi simple que ça. Puis là la situation est aggravée parce que,
là, si le jeune réussit à passer, là, au cégep, il va être obligé de prendre
des cours à temps plein, trois à cinq cours. Écoute,
«you're being set up to fail. You definitely have an impact on the success rate
of our students.» Puis c'est notre futur, le développement de nos
communautés, l'épanouissement de nos communautés, le développement de nos
cultures et nos langues, la façon qu'on perçoit nos langues. Il faut être fiers
de qu'est-ce qu'on est. Mais, si l'outil... si la loi dit qu'écoute, non, non,
c'est le français qui est supérieur, oui, oui, tu peux parler ta langue, pas de
problème, reste chez vous, parle ta langue, c'est imposé.
Journaliste : Sauf que c'est
le français, langue seconde, quand même, donc ce n'est pas... C'est l'anglais
qui est supérieur au cégep anglais.
M. Martin (John) : C'est
la façon de faire aussi, le fait que le gouvernement n'écoute pas pantoute, ne porte
pas attention à qu'est-ce qui se passe dans nos communautés et les impacts de
sa loi sur les membres de nos communautés. C'est profond. On veut essayer de
restreindre le budget au niveau des langues, mais c'est beaucoup plus que ça.
Merci.
La Modératrice : Allez-y.
M. Carabin (François) : ...la
rencontre avec le ministre Jolin-Barrette?
La Modératrice : Il y avait
quelqu'un qui attendait pour une question.
M. Carabin (François) : O.K.
La Modératrice : Je vais
juste lui laisser poser sa question.
Journaliste : ...question à
Ghislain Picard en innu pour commencer. (S'exprime dans une langue autochtone).
Alors, on a appris le français comme si c'était notre langue maternelle, c'est
ce que je dis à M. Picard. Il y a une façon d'apprendre une langue seconde, et
nous, on l'a apprise comme si c'était notre langue maternelle, le français. La
question : Qu'est-ce qu'APNQL est prête à faire par rapport la façon
d'apprendre à nos enfants cette langue seconde qu'est le français?
M. Picard
(Ghislain) :(S'exprime dans une langue
autochtone). Ma réponse à la question, elle est quand même simple, parce que Mme
Rock, je veux dire, touche tout à fait la cible en disant que nous, on a grandi…
une certaine génération, à tout le moins, où les enseignants, qui étaient
beaucoup les curés et les soeurs, à l'époque, insistaient sur le fait que le
français
devait être vu comme la langue primaire au sein de
nos communautés. Au diable, les langues autochtones! Donc, c'est toute la façon
de l'enseigner qui est en train de changer… qui a changé, à cette époque-là,
parce qu'elle était imposée par une idéologie, essentiellement, qui n'était pas
la nôtre.
Donc, le fait de pouvoir réintroduire les
langues autochtones dans nos cours, dans notre enseignement, bien, ça se relève
comme étant un défi extrêmement important parce qu'il faut tout réapprendre,
nous, et ne pas utiliser les valeurs occidentales pour l'enseignement des
langues autochtones, et revenir à nos propres valeurs. Extrêmement contraignant,
je dirais. Mais ceci, je pense que ça fait, oui, un défi, mais également une
opportunité pour nos propres instances. Et, à ce titre-là, bien, le projet de
loi n° 96 ralentit ces initiatives-là et présente des écueils extrêmement,
extrêmement importants.
La Modératrice : Merci.
Rapidement, il y avait François Carabin qui avait une question, puis après on
va passer en anglais. Est-ce qu'il y a toujours une question?
M. Carabin (François) : C'était
juste une précision. Je voulais juste savoir si le ministre Jolin-Barrette ou
son bureau vous avait conviés à une rencontre ou s'il n'y a pas encore eu de
réponse de leur part.
M. Picard
(Ghislain) :Bien, en fait, ça fait des
mois qu'on a présenté une demande avec le ministre pour discuter, évidemment,
de justice, mais de plein d'autres choses aussi, notamment les projets de loi
qui sont sur la table actuellement, et on n'a pas réussi, à date, à avoir une
minute avec le ministre. Les demandes ont été faites.
M. Carabin (François) : Merci.
La Modératrice : Patrick
Bellerose, avant qu'on passe en anglais.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
bonjour. Pour Mme Sky-Deer. Bonjour. Vous parlez français, anglais?
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
English, please.
M. Bellerose
(Patrick) : English. You spoke about a cultural
genocide. Those words made quite a turmoil in the Québecsociety. I'd like
to hear you about, you know,
why you use those words. What did you mean? Because it's one thing to say :
Now, it's going to be more
difficult to access higher education, but «cultural genocide» is quite an important term. Could you explain how you
envision the impact?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : It's because it's not just
coming from our experience in being in this province, it is the experience that
we have in being in this country. So, most of you must have seen now, since
last year, with the rise of the first 215, and the residential school
experience, and what our people have been through. So, right now, we are in
this phase of having to rebuild our languages, rebuild our cultures because of
this attempted assimilation and genocide of our people.
Now, if people want to
turn a blind eye and try to ignore that part of the history of this country,
and even of this province, what I'm saying is that we see these kind of bills
that perpetuate this kind of attitude of having, you
know, a paternalistic… or supremacy over ours. And
that's why I said it was important for us even to bring a traditional leader to talk about the important relationship that we established when
people first came here, the settlers first came here, and how we feel that
those relationship principles are being dismissed and, even to some degree,
violated. And therefore, we see any kind of attack on our indigenous languages,
on our culture by, you know,
having this kind of attitude of superiority or supremacy that ours don't
matter, that we don't matter.
And that goes contrary to
everything we've been hearing, in the last couple of years, about
reconciliation, you know, there
is no greater relation than that of First Nations, and we need to coexist, and
we need to work together. Well, this doesn't fall into that kind of alignment.
And therefore, sometimes,
using harsh, strong words like that, you know, makes people really question : Well, why are they saying things like that? And that's just
sometimes how we feel. And we're going to continue to push the agenda and hope that we'll be heard.
And again, I don't think
it's up to Québec to also
propose legislation that protects indigenous languages, that's our
responsibility to protect. What the Government should be doing is recognizing and respecting indigenous languages
and cultures that have been here long before Québec. Thank you.
M. Bellerose
(Patrick) : ...you want more autonomy, no
matter the French or English language, you're just asking for more autonomy for
your community?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : More what?
M.
Bellerose (Patrick) : Autonomy.
Mme Sky-Deer (Kahsennenhawe) :
Autonomy? Yes, of course.
M. Bellerose
(Patrick) : You also spoke about actions that
might be taken by the youth, in Kahnawake especially. What kind of actions do
you have in mind?
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) : Well, I'm sure you'll see it
on the news tonight, but more to come. If we can't get... Like I said, we're
hoping for some kind of announcement, we're hoping for some kind of a delay.
Let's hope that this bill does not pass tomorrow or
Thursday and that they really hear our pleas here today in asking for more time
and for them to actually sit and hear the concerns and find ways that we can
either be exempt from or find ways to... Yes, I think the exemption is really
what we're looking for, but dialog is really key and important right now, and I
think any gesture of goodwill on behalf of the
Government will go a long way that the actions don't
get more extreme. Thank you.
M. Bellerose
(Patrick) : Thanks.
Mme Greig (Kelly) :
…to stay for one moment? I have a question for you. Would you like to be
exempt from the entirety of Bill 96? Is it specifically the CEGEP courses? What
aspects of the bill would you like to see...
Mme Sky-Deer
(Kahsennenhawe) :
All of it, all of it. Because what we've seen is that, even in
justice, you know, we have a lot of people who have go to court for different
things. I mean, part of what we notice about the
Government is that they don't want to recognize
indigenous people as being our own nation, as having our own government, as
having our own laws and our own jurisdiction. So therefore, there is always
this kind of imposition or dismissive of us being able to do things for
ourselves. So, of course, now, we have to go to courts in Longueuil and around us. And what we see in
the bill… And I'll touch on multiple areas. So, in justice, court proceedings
will have to be done in the French language, and then, if we need to be
translated...
I mean, I'm standing
here, I'm sure, with the rest of my colleagues, we can pick up bits and pieces,
but we're not fluent in the French language. Our community, Kahnawake, has been
English speaking… you know, the
foreign language that has impacted our people and that we've become accustomed
to using, but other First Nations are more prevalent using the French language.
It's just the way it is.
So, to put another burden
of a third language for us to have to learn and be proficient in, when we're
trying to revitalize our indigenous languages after all of these, you know, Indian day school, Indian residential
school and all the things that happened to our people, you
know, it's a challenge.
And then, we're trying to
build our economies. You know,
we have a location where business is very important to us, people coming to the
community. If all of the requirements for businesses… to have to do everything
in the French language would be completely detrimental to the business
community. And then orders. So, let's talk about doctors, lawyers, nurses. We
have people, because of our proximity to Montréal, young people with aspirations who want to become whatever it is
they choose, you know, with
this language barrier now of a third language, like I said, of us being, you know, English speaking but also speaking
our Kanyen'kéha language, becomes another
challenge in itself.
So, it's like it always
feels like all these barriers are thrown in front of us when we're trying to, you know, become a more independent people. You know, we're trying to reclaim and stake
our place in this region, and it seems like it's constant, you know, roadblocks or things that are not
recognizing us and what we need to do. So, that's why I'm asking for, you know, this kind of relationship. I was
hopeful that we were on that track in trying to develop a political table with
the AFNQL and for the nations, and it seems to be falling in on deaf ears. So,
we need more political will and we need them to work collaboratively with our
nations.
Mme Greig (Kelly) : I do have a question for Mr. Kelley, it's a bit more procedural
nature. But the clause by clause reading of 96 is finish. To add this exemption
now, what would have to be done?
M. Kelley
: It's a good question for the leader of our parliamentary group, André Fortin. I've
always kind of believed that, in our parliamentary system, anything is possible
if everyone has a consentment to do it. But, if that's not possible, the Minister
always has tools at its disposal, whether it is, you
know, using a decree, changing a regulation, so maybe there's
other tools in his toolbox that he can use. But what's really important is that he takes the time to sit
down with indigenous leadership to talk about his bill and the impacts it could
and will have on the communities across this province. I think that's what's really
important. But I'll always have
hope and I know they're going
to be discussing. Manon Massé has amendments that she had tabled in committee
at some points too. So, what tools we have in our arsenal? There always seems
to be tricks up everyone sleeves. So, hopefully we can find a way to listen and
to put into place what's being asked here today. If not, the Government is going to have a lot of
work to do to try to explain how this is all going to work exactly.
Mme Greig (Kelly) :
Thank you.
M. Authier (Philip) :
…question for Mr. Picard. The
Government's response on Bill 96, for you, has been that you're not affected by
the bill, they've said that numerous times that you would not be affected by
the bill. But, the other day, they spoke of perhaps 300… 200 or 300 CEGEP
students being affected by Bill 96 and offering some kind of administrative
arrangement. When we pressed, we didn't get any further details, we did ask
further. Would that be helpful? And how would you proceed in that way? Because
it seems pretty clear that they're not going to withdraw all of Bill 96.
M. Picard (Ghislain) : Well, as I said earlier, it seems to me, my understanding is that
this bill doesn't affect the charter, French language charter. But yet, that
charter already exempts those nations that are under treaty, that's three
nations : Naskapi, the Cree and the Inuit. And, with all due respect to
those nations, why can't the other nations get the same consideration
provision? I think that's the key point. And there's a lot of details in what
you're referring to, and those details have to be discussed on a one to one
basis, you know, it's…
Like I said, you know, we've done our homework, we
presented what we felt were very reasonable amendments to the bill and we were
met by, you know, a shut door,
essentially. So, what are we to do? And, you know, we've seen this kind of situations before, and we're really forced
to say exactly what we're saying today : Ultimately, well, just take us
away from it, you know, as
First Nations, and let's have another discussion at another level.
But essentially this Government is not interested, you know? But yet this Premier has said,
back in October of 2019 : Well, this Government will not impose its solutions, and they even adopted a resolution
on October 8th, presented by Québec solidaire, to sit down with us and start discussing the UN declaration on the
rights of indigenous peoples, and they shut the door on that as well.
M. Authier (Philip)
: So, even if they say they're possibly open to administrative
arrangements, they have never delivered that message to you?
M. Picard (Ghislain) : Well, we need to have the time and space to talk about it. If we're
not provided that opportunity, what are we to do, what are we to understand?
M. Authier (Philip)
:Thank you.
La
Modératrice : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à cette conférence
de presse. Bonne journée à tous et à toutes.
(Fin à 13 h 48)