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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française

Version finale

Tuesday, May 24, 2022, 15 h 55

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-quatre minutes)

M. Bérubé : Bonjour. Alors, vient d'être adoptée la loi n° 96, la loi de la CAQ sur le français. C'est une immense déception pour tous ceux qui, comme nous, croient que le français est en déclin. Il fallait poser des gestes forts. Je réalise que, pour tous ceux qui ont le français à cœur, qui souhaitent assurer son avenir, sa promotion, sa protection, il ne reste qu'une alternative, c'est le Parti québécois. J'avais prévenu le ministre à plusieurs reprises que les mesures pour freiner le déclin étaient connues.

Il y a eu des batailles à l'intérieur du caucus que le ministre a perdues, et c'était très particulier de voir, tout à l'heure, les ministres qui ont contribué à faire en sorte d'éliminer toute mesure forte se lever pour applaudir le ministre. C'est un échec. Simon Jolin-Barrette n'a pas réussi, comme Camille Laurin avait réussi à le faire, à convaincre son premier ministre d'avoir un projet de loi fort pour la suite. À la CAQ, le français, ce n'est pas une conviction, c'est une considération tactique. L'objectif, c'est de dire : Écoutez, il devrait n'y avoir qu'un seul parti nationaliste, c'est nous; c'est nous, la laïcité, c'est nous, le français. Bien non, justement.

Alors, imaginez-vous, au début, l'étalon de mesure, c'était le Parti libéral qui était en faveur du projet de loi no 96, jusqu'à tant qu'il change d'idée. J'ai vu Québec solidaire indiquer toutes les raisons pour lesquelles ils étaient contre et voter quand même. Nous, on s'assume, on a des convictions inaliénables. Et on a voté contre, parce qu'au même titre que les valeureux députés de la cohorte de 73 à 76, on ne peut pas cautionner un projet de loi qui ne reconnaît pas le déclin du français.

À titre d'exemple, la communauté anglophone, c'est 9 % de la population du Québec, on vient consacrer le double dans les institutions collégiales. Pas d'obligation d'avoir une immigration française, municipalités bilingues, ça se poursuit. On retrouve, à l'intérieur de ce projet de loi, je dirais, essentiellement, plein d'éléments surtout pour embrouiller les relations avec la communauté anglophone et les nations autochtones.

Et je réalise aujourd'hui que ce gouvernement, qui est toujours prompt à dire lui-même que tout ce qu'il fait est historique, hein, tout est historique — la théorie, là, des tiers crédibles, ils ne connaissent pas ça, alors tout est historique — ce n'est pas historique, ça ne sera pas ce gouvernement qui fera adopter une loi digne de mention pour faire en sorte de freiner le déclin du français au Québec. Alors, je serai prêt à répondre à vos questions si vous en avez.

M. Carabin (François) : M. Bérubé, le premier ministre Trudeau, plus tôt aujourd'hui, n'a pas exclu de contester cette loi nouvellement adoptée. Considérant que vous avez voté contre, comment vous vous positionnez face à une potentielle contestation de la loi par le fédéral?

M. Bérubé : Je vais me positionner exactement comme ça, et je vais regarder le gouvernement de François Legault puis je vais leur dire : Comment vous allez faire, là? Vous avez voté une loi, vous êtes contestés. Vous êtes dans le Canada, vous avez choisi le Canada. Bien, c'est ça, continuez à faire ce que vous faites, là. Nous, on a tiré des conclusions politiques depuis longtemps. Alors, si vous pensez que vous allez réformer le Canada, bien, détrompez-vous, ils ont avantage sur vous depuis longtemps. Alors, c'est comme ça que je vais me positionner, exactement comme ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais vous allez quand même appuyer la loi si elle fait l'objet de contestations de l'extérieur du Québec?

M. Bérubé : Bien sûr. Bien sûr. Et la loi n° 21, on a voté pour, on la défend, mais il faut défendre toutes les lois. Il faut poser la question à ceux qui votent contre des lois s'ils le font. Je ne suis pas convaincu que Québec solidaire et le Parti libéral vont défendre en toutes circonstances la loi n° 21. Est-ce que le Parti libéral va défendre la loi n° 96? Je ne le sais pas. Mais ce n'est pas... C'est une loi... c'est service minimum, et, non, il n'y a pas d'héritier de Camille Laurin à l'Assemblée nationale.

M. Duval (Alexandre) : M. Jolin-Barrette vous reproche de faire des sparages en disant que l'ancien projet de loi n° 14 du gouvernement Marois, dont vous faisiez partie, était loin d'aller aussi loin que celui qui a été adopté aujourd'hui.

M. Bérubé : Ah! ça, c'est fascinant.

M. Duval (Alexandre) : Faites-vous des sparages?

M. Bérubé : Bien, le projet de loi n° 14, M. Jolin-Barrette n'était pas là à ce moment-là. Je pense qu'il travaillait à la ville de Montréal. Il faudrait lui rappeler que la CAQ était contre parce que ça allait trop loin. Alors, il trouve que ça ne va pas loin, mais c'était trop pour eux autres. Simon Jolin-Barrette s'est fait humilier au sein du Conseil des ministres. Je le sais de plusieurs de ses collègues. Ils lui ont dit : Non, tu n'iras pas pas plus loin. L'aile fédéraliste de la CAQ, elle est bien connue. Je vous ai dit, ce matin, que vous avez trois collègues de la presse parlementaire, de Radio-Canada, qui ont, le 14 décembre dernier, indiqué les débats importants qui avaient lieu à l'intérieur. Il a perdu, il est humilié. Et là, bien, ils ne l'ont pas applaudi tant que ça, hein, il y a des gens qui avaient hâte de se rasseoir. J'observe ça, moi, ça me dit des choses après quinze ans. Alors, ce n'est pas des sparages, il ne passera pas à l'histoire. Puis, de toute façon, l'idée, ce n'est pas que les hommes ou les femmes passent à l'histoire, c'est que, le français, on freine son déclin. Et vous allez voir des sorties de groupes importants au cours des prochaines heures et des prochains jours qui vont lui dire ça. Et il est clair qu'il n'y a pas de cible, il n'y a pas de cible quant aux transferts linguistiques. C'est un problème. Alors, il n'y a rien qui va changer : les municipalités bilingues vont demeurer bilingues, on va avoir encore accès aux cégeps anglais pour les jeunes issus de l'immigration qu'on voulait socialiser, éduquer avec la loi 101, et puis pour l'immigration, bien, on ne contrôle rien. Alors, il y a des conclusions politiques à en tirer. Et, pour la suite, pour tous ceux qui ont à cœur la langue française, bien, ce n'est pas la suite de la loi 101, la loi n° 96, c'est la suite de la loi n° 22, et c'était avant d'arriver avec une loi encore plus forte, et c'est ce qu'on déposera.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, vous allez transporter ce débat-là, notamment, sur l'élargissement de la portée de la loi 101 en campagne électorale?

M. Bérubé : Absolument. Notamment. Notamment. On a déjà un plan qui est connu, qu'on vous a présenté l'an dernier, mais on va aller plus loin que ça. D'ailleurs, il y a une majorité de la population québécoise sondée qui est en accord avec cette mesure. Et bien sûr que, l'enjeu de la langue, on va l'amener. Alors, pour M. Legault, c'est juste de dire : Là, on a un plan de précampagne, là, bon, un petit peu de langue, laïcité, économie, bon, toi, mets ton épinglette de fleur de lys, oui, un drapeau là. C'est un gouvernement de symboles, c'est un nationalisme homéopathique, un nationalisme d'opérette, de vitrine, et ça donne une loi comme celle-là. Alors, je ne sais pas si, comme le veut la tradition de la CAQ, là, ils vont se dépêcher de traverser chez le lieutenant-gouverneur pour faire signer ça puis être bien excités. Moi, je ne suis pas excité de ça. Moi, je suis plus que déçu, j'accuse ce gouvernement de non-assistance à une loi en danger... à une langue en danger.

M. Bélair-Cirino (Marco) : N'est-il pas temps de renforcer l'aile nationaliste de la CAQ?

M. Bérubé : Mais c'est quoi, ce parti-là? Je veux dire, c'est fait de quoi? Tout ce qui les unit, c'est le pouvoir, essentiellement. Il y a de tout, hein? Si tu veux te faire élire, là, présentement, là, je vais là. Je peux avoir eu des convictions. Non, tu ne les as plus, tu rentres là. Je veux dire, ce n'est pas ça. Ça prend un gouvernement ou une formation politique pour qui il n'y a personne à convaincre de l'importance de poser des gestes forts pour l'avenir du français. Moi, dans mon caucus puis dans mon parti, il n'y a personne à convaincre de ça. À la CAQ, il y a beaucoup de monde à convaincre que, le français, c'est important. Puis ils l'acceptent pourquoi? Bien, ils leur ont expliqué en caucus que, là, pour la campagne, pour leur positionnement, il fallait un peu de nationalisme là, un peu d'économie, un peu de symboles. Ceux qui peuvent faire de l'émotion, faites-en. Je veux dire, ce n'est pas un gouvernement, c'est une compagnie de relations publiques.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais ça fonctionne, ils sont premiers dans les intentions de vote.

M. Bérubé : Oui, mais c'est... Oui, pour l'instant. Mais, je veux dire, il n'y a aucune conviction, là. Moi, je n'y crois pas, moi, à la conviction profonde de la CAQ sur le français puis le nationalisme. Quand ils ont commencé, en 2011, je le sais, ils m'ont appelé, bien, ce n'était pas là pantoute. C'était l'éducation, la santé. Puis là, après, ils ont vu des thèmes, là, qui, tu sais, qui pourraient être intéressants. Non, sincèrement, ce n'est pas un projet de loi qui va passer à l'histoire. Mais vous savez quoi? Ce n'est même pas moi qui vais le dire. On va laisser le soin à des gens qui sont totalement extérieurs de l'Assemblée nationale d'en juger. Puis vous savez quoi? Je pense que, dans les prochaines heures, vous allez en entendre.

La Modératrice : Dernière en français.

M. Duval (Alexandre) : Est-ce que vous ne craignez pas d'être confondu dans quelques années? Parce que M. Jolin-Barrette dit que c'est un projet de loi qui agit sur tous les aspects de la société, qu'il y a un commissaire indépendant qui va se charger de mesurer tout ça, les entreprises, l'éducation, les cégeps.

M. Bérubé : ...plein de monde, ça ne veut pas dire que ça va marcher.

M. Duval (Alexandre) : Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a quand même là matière à inverser une partie de la tendance actuelle?

M. Bérubé : Ne le prenez pas de moi, prenez-le de Guy Rocher, du Pr Castonguay, de Marc Termote, de grands spécialistes qui sont venus nous dire qu'on frappait un mur. Guy Rocher, 97 ans, qui a coécrit la loi 101, a dit que c'était une idée absurde et bancale de ne pas appliquer la loi 101 aux cégeps. Je veux dire, ils l'applaudissent à chaque fois qu'ils entendent parler de Guy Rocher, mais quand il leur demande de poser un geste fort, ici, à l'Assemblée nationale, bien là, Simon Jolin-Barrette, il va voir son équipe puis : Non, non, tu sais, notre digue de nationalistes, c'est le maximum qu'on peut aller. On vous l'a dit l'autre jour : Pas plus que ça. Bien, c'est ça que ça donne. Alors, le geste à poser, c'était de voter contre. Il est passé quand même, mais on n'a pas voté en faveur, pas pour les mêmes raisons que les libéraux, parce que c'est clair que ça ne va pas assez loin, et que, si on est sérieux face au déclin du français, on pose des gestes forts. Alors, ça, c'est une stratégie préélectorale. Il faut avoir l'air nationaliste.

M. Carabin (François) : Est-ce que c'est vous qui avez convaincu les membres du caucus de voter contre? Parce que vous aviez dit que, vous, personnellement, vous étiez contre en commission.

M. Bérubé : Ah on! ça s'est bien passé. On a eu deux caucus là-dessus, assez complets, et puis on a discuté, mais ça s'est rallié rapidement. 

M. Bélair-Cirino (Marco) : À l'unanimité? C'est une position unanime?

M. Bérubé : Bien, on ne discute pas les enjeux du caucus, mais dans ce cas-là, je peux vous dire oui.

La Modératrice : On va passer en anglais.

Une voix : ...

M. Bérubé : Oui, c'est clair. Et, dans tous les cas, il peut y avoir des avantages aux deux, mais moi, je préfère l'honnêteté et l'authenticité. Et, si ce n'est pas bon, pourquoi on voterait pour?

M. Authier (Philip) : We know that the CAQ is...

M. Bérubé : Hello.

M. Authier (Philip) : Hello, sir. We know the CAQ is chasing a lot of your PQ voters in mainly Francophone ridings. How do you think this will play in the election, since you voted against the bill? They may make a lot of hay out of the fact that you did not vote for the...

M. Bérubé : It's surely not good news for them, for their strategy, which is to make sure that there are no longer any PQ MNAs in the National Assembly. They want us to disappear, so they feel that they're only light nationalist party forever. They whish they could do what Maurice Duplessis did, being there for decades, just saying : We're nationalists and we're blue, that's all. That's what they're looking for. And now, it's bad news today for the Minister because I don't think he was expecting that, that we're going to… He thought we were supposed to follow him and say : Hey! I'm Simon Jolin-Barrette, I'm in straight line of Camille Laurin. Not really. I knew Camille Laurin, Camille Laurin was a friend. He is no Camille Laurin.

M. Authier (Philip) : It would have looked better for them to have your support, right?

M. Bérubé : Sure. He won't tell you that, but I know for sure. I don't know what he tells you with the Premier a few minutes ago, but he was supposed to unify people with this law. He doesn't have the Liberals, that's not a surprise, but he doesn't have the real nationalists, the real thing and that's us. So, see you next Fall, we're going to think about… we're going to talk about those topics.

M. Authier (Philip) :

M. Bérubé : We got to talk about those topics, language.

La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne journée.

(Fin à 16 h 6)

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