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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole du troisième groupe d’opposition pour les relations Québec-Canada

Version finale

Friday, May 27, 2022, 9 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures six minutes)

Mme Hivon : Bonjour. Alors, aujourd'hui, on procède à la dernière interpellation de cette session et de cette législature, ma dernière interpellation, aussi, avec le sujet suivant : L'échec de l'approche provincialiste du gouvernement fédéraliste de la CAQ pour faire avancer ses revendications face au gouvernement canadien.

Écoutez, aujourd'hui, c'est l'occasion de faire le bilan de l'approche qui avait été présentée par la CAQ trois ans avant d'accéder au pouvoir, cette approche qu'elle décrivait comme étant autonomiste. Alors, voici ce qui était promis : un Québec ambitieux, un nouveau projet pour les nationalistes du Québec, avec pas moins de 21 revendications. Et ce qui a été obtenu, c'est ça, un gros zéro, absolument aucune des 21 revendications de ce document de l'époque n'a été obtenue.

Je vous rappelle même que le gouvernement s'est tellement fait claquer la porte au visage rapidement, dès qu'il a commencé à demander des choses au début du mandat, qu'il s'est retrouvé à ne pratiquement plus rien demander, tellement effrayé d'essuyer d'autres échecs. Je vous rappelle simplement : rapport d'impôt unique, 24 heures... moins de 24 heures après, Justin Trudeau a dit non, il ne s'est même pas arrêté pour parler aux journalistes, il l'a dit en continuant à marcher. C'était de toute beauté et très respectueux du Québec.

Deuxièmement, les pouvoirs en matière d'immigration. Bien, vous vous rappellerez qu'en avril dernier le premier ministre, lors de l'étude des crédits, a dit qu'il réclamait tous les pouvoirs en immigration. Encore une fois, moins de 24 heures plus tard, qu'est-ce qui s'est passé? Justin Trudeau a fermé la porte. Et, bien sûr, les entreprises à charte fédérale, l'assujettissement à la loi 101, même rengaine, porte fermée, toujours pas de oui, évidemment, du gouvernement fédéral. Alors, des 21 revendications, on n'a eu aucun gain, au Québec, et, en plus, les trois petites qui ont été rappelées au cours des dernières années ont reçu une fin de non-recevoir.

Je pourrais aussi vous rappeler la dernière lettre que le premier ministre a envoyée pendant la campagne électorale fédérale, donc en octobre dernier, avec une liste de demandes : quelques-unes, transfert en santé; aussi, bien sûr, toute la question de la souveraineté environnementale, respect de la souveraineté environnementale du Québec — nous, on a déposé, d'ailleurs, un projet de loi, le projet de loi n° 391 de mon collègue, Sylvain Gaudreault, aucunement tenu en compte par le fédéral; transfert en bloc des fonds fédéraux pour la lutte aux changements climatiques, évidemment, pas de suivi; conclusion d'une entente pour reconnaître le droit de retrait complet du Québec dans ses champs de compétence par rapport au pouvoir fédéral de dépenser, aucune suite; rapport d'impôt unique, le gouvernement est revenu avec ça, évidemment refus à nouveau.

Et, en plus, on n'est même plus du tout à l'offensive du côté du gouvernement, on ne fait qu'être sur la défensive face à des intrusions qui se multiplient. Là, je veux juste vous donner quelques exemples, dans les dernières années, d'intrusions : 20 millions du fédéral pour un institut national de recherche sur la santé des femmes, 15 millions pour une stratégie nationale pour le trouble du spectre de l'autisme. Ensuite, même chose pour le cancer pédiatrique, cadre national sur le diabète, stratégie nationale en matière de soins palliatifs, tout ça dans les compétences du Québec en matière de santé et services sociaux. Donc, non seulement à l'offensive il n'y a absolument rien qui se produit, mais on n'est même pas capable de préserver le respect de nos champs de compétence avec ce gouvernement qui est devenu résolument provincialiste.

Et, en terminant, juste vous dire que c'est encore plus grave, et on l'a vu cette semaine, même dans ce qui est au cœur de la souveraineté parlementaire du Québec, dans l'adoption de lois par l'Assemblée nationale du Québec, que l'on pense à la loi n° 21 ou à la loi n° 96, on est maintenant face à un gouvernement fédéral qui remet même en question le principe fondamental de la souveraineté parlementaire dans nos champs de compétence de lois adoptées au Québec, de manière, évidemment, tout à fait démocratique.

Alors, c'est une désolation complète de voir l'absence complète de résultats de ce gouvernement qui est devenu totalement rangé, totalement assumé comme fédéraliste et provincialiste. Et c'est sûr que, sans indépendance, sans revendication pour avoir l'ensemble de nos pouvoirs, c'est ce à quoi le Québec est condamné.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, Mme Hivon.

Mme Hivon : Bonjour.

M. Laforest (Alain) : Ça me fait plaisir d'avoir un entretien avec vous ce matin...

Mme Hivon : Ça me fait plaisir, moi aussi.

M. Laforest (Alain) : ...pour le plaisir de mes collègues. Comment vous expliquez ce que vous venez de dire que, dans la population, ça ne percole pas? Le gouvernement est à 46 % ce matin, vous êtes à 8 %. Malgré ce que vous venez de dire, ça ne percole pas.

Mme Hivon : En fait, je pense que le gouvernement de la CAQ se pose plus souvent qu'autrement en spectateur de sa propre impuissance. Il se pose indigné du piètre bilan, de l'absence de résultats, comme s'il était étranger, comme s'il était spectateur de sa propre impuissance et de sa propre absence de résultats. Il est fâché des volontés de contestation. Il est fâché des intrusions. Il est fâché des fins de non-recevoir du gouvernement fédéral par rapport à ses demandes. Oui, mais, excusez, là, qui qui est aux commandes au Québec en ce moment? Qui qui a cette responsabilité-là? C'est le gouvernement du Québec. Quand tu es aux commandes depuis quatre ans, que tu as fait miroiter 21 revendications constitutionnelles, tu ne peux pas te poser en spectateur. Et c'est pour ça que, moi, je pense que, là, un deuxième tour de roue... Là, c'est ça que le gouvernement offre, un deuxième tour de roue avec des demandes grandement diminuées. Là, il amène la question des pouvoirs en immigration. C'était là, là, c'était là il y a sept ans. Il a eu une fin de non-recevoir. Là, il dit, il va faire campagne là-dessus. On la connaît tous, la réponse, c'est non. Mais il ne dit pas ça aux Québécois, il joue le bon allié qui va se battre. Oui, mais le fait est qu'à un moment donné il va falloir rendre des comptes. Ça fait que c'est ça, le but de l'exercice aujourd'hui.

Puis je pense aussi qu'il y a ce défi constant par rapport à l'indépendance aussi de montrer que le rêve de changer les choses à l'intérieur du Canada, il ne s'est jamais concrétisé. Mais c'est un rêve. C'est comme les gens qui espèrent toujours que leur conjoint ou leur conjointe va changer, mais, à un moment donné, ils essaient, ils essaient, ils essaient, ça ne fonctionne pas. Puis on sait, en général, comment ça se termine. Bien, c'est un peu face à ça qu'on est. Mais notre défi, c'est de faire ce pont-là entre ces échecs-là et les répercussions concrètes pour les gens. Ça a des répercussions extrêmement concrètes de ne pas avoir de transfert en matière de santé à la hauteur des besoins puis du vieillissement de la population. Ça a des répercussions extrêmement concrètes de ne pas avoir tous nos pouvoirs en immigration, de ne pas avoir tous nos pouvoirs en environnement, et, ça, c'est notre défi.

Mais, moi, ce qui m'encourage, c'est que, dans tous les sondages, il y a encore de 33 % à 35 % minimalement de gens qui se disent indépendantistes. Et ça, c'est dans un contexte où, en près de 20 ans, il y a eu un seul gouvernement indépendantiste au pouvoir pendant 18 mois, le gouvernement duquel je faisais partie avec Mme Marois. Donc, on ne peut pas dire que ça a été à l'avant-plan. Et, malgré ça, il y a une conviction profonde chez les Québécois, chez une bonne partie des Québécois, que c'est un enjeu qui est tout à fait pertinent encore. Et c'est à nous de faire ce lien-là entre cette pertinence-là... Parce que c'est pertinent pour eux, mais ce n'est pas leur priorité quand ils viennent faire leur vote. Et c'est à nous de montrer comment c'est une priorité concrète quand on l'articule dans le concret des gens.

M. Laforest (Alain) : Mais tout ce que vous venez de faire comme démonstration, puis je reviens à ma question, là, vous avez fait un grand, grand détour...

Mme Hivon : Oui, ça me passionne, vous comprenez.

M. Laforest (Alain) : Oui, je le sais. Quand même, le gouvernement, ce matin, puis c'est une photographie, le 22 mai, est à 43 %. Votre parti est à 8 %. Malgré ce que vous dites, les avancées... pas faites à l'endroit du fédéral. Pourquoi ça ne percole pas? Pourquoi la population... C'est parce que vous travaillez mal? C'est parce que vous vous faites mal entendre? C'est parce que les gens sont désabusés? Parce qu'ils ne croient plus en votre parti?

Mme Hivon : Non, je ne dirais pas ça. Puis moi, je dirais que le Québec a résolument besoin d'un parti résolument indépendantiste. Puis on le voit, parce que si, pour encore 33 % à 35 % des gens, c'est un enjeu dans lequel ils se reconnaissent, ils se définissent comme indépendantistes, on a une responsabilité de faire en sorte que cet enjeu-là se maintienne, évidemment, et qu'il ait un porteur fort et qu'il en fasse sa raison d'être.

Moi, le défi que je pense, c'est qu'on sort d'une pandémie, on sort d'années extrêmement contraignantes pour les Québécois, où on était dans la gestion du quotidien. On est dans un cycle d'inflation, il y a énormément de préoccupations concrètes. Et le gouvernement a été omniprésent dans tout ça, alors que nous, on est arrivés avec un nouveau chef qui est arrivé pendant ce temps-là, qui venait à l'extérieur du sérail de l'Assemblée nationale. Donc, ce n'étaient pas des circonstances gagnantes.

Mais je crois que notre défi, puis on en a, des défis devant nous, il n'y a personne qui les minimise, c'est de faire ce lien-là entre, O.K... mais un Québec qui aurait tous ses pouvoirs par rapport à ce qui se passe concrètement pour la santé, ce qui se passe concrètement pour l'environnement, ce qui se passe concrètement pour la réalité des gens au quotidien, les conditions de travail, tout ça. Je pense qu'on est capables de ramener cette connexion-là entre les deux.

M. Laforest (Alain) : Bon, là, vous partez, puis ça va être ma dernière question : Êtes-vous découragée que votre chef ait 8 %?

Mme Hivon : Je ne suis pas découragée du tout, dans le sens que je sais que les défis sont très grands, mais Paul St-Pierre Plamondon a démontré à plusieurs reprises qu'il était capable de rebondir. Et moi, je pense... on voit tous les partis d'opposition à peu près dans les mêmes eaux, stagner à peu près... il n'y a pas de mouvement qui se dessine. Je pense que le prochain moment, c'est la campagne électorale. Moi, je crois que les campagnes électorales servent à quelque chose. On l'a vu à plusieurs reprises dans la dernière décennie, elles font une différence. Et je pense que Paul St-Pierre Plamondon peut juste surprendre.

M. Laforest (Alain) : Même si plus d'un électeur sur deux a dit que son vote était décidé, définitif?

Mme Hivon : Oui, mais, vous savez, on a vu ça dans le passé, hein? On a vu toutes sortes de mouvements. Je pourrais vous en parler parce que nous-mêmes, on les a vécus comme formation politique, positivement ou négativement...

M. Laforest (Alain) : ...Jean-François Lisée.

Mme Hivon : Donc, une campagne électorale, ça sert à quelque chose en démocratie. En tout cas, du moins, je l'espère. Donc, on ne peut pas penser que les dés sont joués.

M. Laforest (Alain) : Merci.

Mme Hivon : Merci.

(Fin à 9 h 17)

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