(Huit heures une minute)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Aujourd'hui, je me pose une question que de nombreux Québécois et
Québécoises se posent : Est-ce qu'on essaie d'acheter la prochaine
élection? Juste le titre, hier, qui indique qu'il y aura un nouveau chèque,
après l'élection, évidemment, si la CAQ est réélue. Pourtant, on est à même de
constater la baisse de pouvoir d'achat des Québécois dans le domaine de l'essence,
de l'épicerie, de l'hydroélectricité. Hier, justement, on a proposé au
gouvernement de remplir son engagement, de faire en sorte que la totalité des
trop-perçus d'Hydro-Québec pouvait être remboursée aux utilisateurs. Refusé. C'était
pourtant leur engagement, puis Hydro-Québec fait des profits records. Notre
chef a proposé de regarder la question du pétrole, puis il y a plusieurs
formules possibles. Non plus. Le gouvernement veut lui-même être celui qui va
envoyer un chèque aux Québécois. Mais là on a poussé plus loin, plus loin le
cynisme : Si on est réélus, vous allez avoir de l'argent. Ça fait 25 ans
que je suis engagé en politique, 15 ans comme député, je n'ai jamais vu
une telle chose. Donc, est-ce qu'on veut acheter les Québécois?
Et le défi qu'on lui lance, au premier
ministre… C'est que les gens souffrent présentement, ils souffrent du prix de l'essence,
ils souffrent du panier d'alimentation qui augmente, ils souffrent des tarifs d'électricité
qui ont augmenté de 2,7 %, le 1er avril dernier. Donc, si les gens
souffrent et si c'est important, faites-le maintenant. Mais on ne peut pas dire
aux Québécois qui souffrent : Bien, on sait que vous souffrez, mais il va
falloir nous élire pour avoir accès à de l'argent, ce n'est pas correct, tu
sais, je vais le dire comme ça, pour utiliser un terme approprié, Paul aura l'occasion
de poursuivre là-dessus. Mais on ne peut pas dire aux gens qui souffrent, qui
nous écrivent, qui nous appellent, à nos bureaux de comté : Qu'est-ce qui
arrive, là? J'ai des prestations fixes, je suis rentière, je suis sur la
pension de vieillesse, je suis sur l'aide sociale. Oui, mais il va falloir
voter CAQ pour avoir un montant. On est rendus à leur donner cette
information-là, que c'est ça qui s'en vient, de l'action gouvernementale. Je
veux dire, c'est épouvantable. Votez CAQ, recevez plus tard, c'est
épouvantable. Et ce genre de technique là, je ne sais pas qui les imagine, mais
je sais qui a le culot de les mettre de l'avant, puis c'est le gouvernement de
la CAQ. Paul y reviendra.
Jacques Parizeau, personnage important de
notre histoire, je suis devenu membre le 14 février 1994, grâce à Jacques
Parizeau. J'avais son affiche dans ma chambre, j'ai commencé à militer pour le
Parti québécois. Je l'ai très bien connu, je l'ai rencontré à de multiples
reprises, et je lui demandais souvent conseil, puis je vais vous raconter une
anecdote. En 2002, je suis le président du comité national des jeunes, donc ça
fait 20 ans. M. Parizeau, croyez-le ou non, a un bureau qui lui est prêté
par l'État aux Archives nationales, dans le Vieux-Montréal, sur la rue Viger.
Alors, on arrive là, il y a son adjoint qui s'appelle Pierre, il y a M.
Parizeau qui nous attend, puis il faut convenir du plan de discussion.
Alors, croyez-le ou non, là, j'étais assez
fringant comme président du comité national des jeunes, je n'ai pas tout à fait
suivi le plan. Alors, on est le lundi, puis je lui dis : M. Parizeau,
en fin de semaine, à Drummondville, on a un camp de formation des jeunes, puis
vous savez comment les jeunes vous aiment, puis on aimerait ça vous avoir, puis
je vous envoie ça comme ça. M. Parizeau se recule, puis il dit :
Écoutez, là, vous n'y pensez pas, c'est dans quelques jours, puis ça ne se fait
pas vraiment, puis tout ça. Bon. Ça avait terminé un peu froidement, puis là j'étais
très triste de ça, j'ai dit : Est-ce que j'ai manqué de respect à
M. Parizeau? Tout ça. Je quitte.
L'adjoint, qui s'appelle Pierre, me dit,
la main sur l'épaule : M. Bérubé, ne désespérez pas, gardez votre
téléphone ouvert. Le téléphone sonne en fin de journée. M. Parizeau
accepte, à une condition, il faut qu'un de vos collaborateurs, qui le connaît
bien, qui connaît ses habitudes, aille le chercher à Fulford, à sa ferme, et l'amène
à Drummondville, où il sera caché, il sera la surprise des gens. Alors, on fait
ça. Le parti ne le savait pas. Bernard Landry ne le savait pas, comme premier
ministre, j'allais le savoir assez durement un peu plus tard. Et Jacques
Parizeau apparaît devant les jeunes, les jeunes étaient en liesse. Et qu'est-ce
qu'il nous dit, à l'époque où l'ADQ était en forte montée, puis on ne les
connaissait pas, ce parti-là, qui n'était ni le Parti libéral ni le Parti
québécois? Il dit : Si vous êtes convaincus qu'on a la meilleure option,
qu'on est capables de faire les choses, que c'est ce qu'il y a de mieux pour le
Québec, pourquoi on dévierait?
Ce que je retiens de Jacques Parizeau, c'est
notamment cette phrase-là, c'est que cet homme, qui était déjà septuagénaire,
nous disait, à nous, les jeunes : N'ayez pas peur, ne lâchez pas. Il nous
parlait des pionniers qui se réunissaient dans des salles, ils étaient peu
nombreux, de lui, chaque fin de semaine, qui faisait, dans une petite voiture
avec un trou dans le fond, de Montréal à Matane, entre autres, pour rencontrer
des militants puis revenir à temps pour donner ses cours aux HEC. C'était ça,
son message. Si on est convaincus qu'on a la meilleure option, pourquoi on
dévierait? L'authenticité. Et M. Parizeau s'est fait dire plein de choses,
là, en politique, mais il n'a jamais dévié, et c'est un peu pour ça, et pour
beaucoup, qu'on lui rend hommage aujourd'hui. Un homme droit, un homme qui n'a
jamais dévié et un homme qui est convaincu, qui est un gagnant de notre
histoire, qu'on est capables de faire des grandes choses.
Alors, je vous livre cette anecdote-là
parce qu'elle me suit encore aujourd'hui. Jacques Parizeau, c'est ça, pour moi.
Je ne sais pas comment le premier ministre va le décrire tout à l'heure. C'est
embêtant de faire abstraction du fait qu'il était indépendantiste. Je vais
quand même être attentif au discours, mais il est de notre famille politique, c'est
une personnalité importante. Et, encore aujourd'hui, ses héritiers sont
nombreux à dire : Ce n'est pas l'option la plus facile, mais c'est la plus
responsable. Et ces phrases que M. Parizeau a prononcées, à Drummondville,
il y a 20 ans, sont largement responsables du fait que je sois toujours
ici, devant vous, à vous parler du projet d'indépendance, qui est un projet
exigeant mais exaltant. Et c'est cet homme d'un autre siècle, d'une certaine
façon, qui a étudié à Londres, qui n'avait rien à voir avec les jeunes que je
fréquentais, qui m'a motivé à faire le pays.
Alors, aujourd'hui, on va honorer un grand
homme politique du Québec, un grand bâtisseur. Et je suis très ému de ça, moi.
Je suis allé voir la statue, tout à l'heure, puis je lui parlais. Ça peut
paraître... Ce n'est pas mon genre, habituellement, je peux vous le dire, puis
je suis bien ému de ça. Alors, quand je dis souvent, dans des discours, de ne
pas renoncer à ses rêves de jeunesse pour le Québec : M. Parizeau, on
continue.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci, Pascal. Sur Jacques Parizeau, j'ajouterais simplement que... C'est
une anecdote qui revient souvent, dans le giron du Parti québécois, une
anecdote où Jacques Parizeau reprend les rênes du Parti québécois. Et, lorsqu'il
se rend à travers le Québec à la rencontre de militants, à certains endroits,
il y a plus d'accompagnateurs de Jacques Parizeau qu'il y a de militants qui l'attendent,
et c'est pour dire que, dans les années 80, il y a eu une période où tout
le monde s'entendait pour dire que l'idée d'indépendance, elle était terminée,
morte et enterrée. Et il y a un entêtement, il y a une forme de détermination
inconditionnelle dans l'action de Jacques Parizeau qui doit, à mon avis, nous
inspirer. C'est une forme de courage et une forme d'intégrité intellectuelle,
que, peu importent les circonstances, on met de l'avant la solution qui est
vraie et qui est la seule solution qui est viable, qui est durable.
Il y a plusieurs autres anecdotes, dont un
Bye bye 1988 ou 1989, un sketch où Jacques Parizeau est tout seul dans
une pièce à parler d'indépendance, puis il n'y a pas de militants, toutes
sortes d'anecdotes sur des discours. Bref, il y avait beaucoup, beaucoup plus d'adversité
que ce dont on se souvient, lorsque Jacques Parizeau a décidé, malgré
l'ambiance des années 80, suite à la défaite du premier référendum… une
ambiance qui suggérait que l'indépendance, comme idée, n'avait aucun avenir.
Et moi aussi, comme Pascal, je vais
surveiller de près si on célèbre la mémoire de Jacques Parizeau de manière
intègre sur le plan intellectuel, à savoir que sa carrière a été dédiée à ce
que le Québec devienne un pays puis accomplisse son plein potentiel, comme il a
encouragé les jeunes à accomplir leur plein potentiel à travers leurs études, à
travers leur engagement politique, comme il a espéré que la Caisse de dépôt
nous permette d'accomplir notre plein potentiel sur le plan économique. L'idée
de Jacques Parizeau, c'est que le plein potentiel du Québec doit se réaliser, et
cette idée-là, je pense qu'elle est plus actuelle que jamais.
La Modératrice : On va
prendre les questions. Une question, une sous question, s'il vous plaît.
Mme Côté (Claudie) : Bien,
peut-être, sur le 500 $. Vous, est-ce que vous proposez quelque chose aux
Québécois en vue de l'élection?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui. Mais ce ne sera pas conditionnel...
M. Bérubé : 505 $.
Mme Côté (Claudie) : 505 $
disait M. Bérubé. C'est ça, on va assister à des enchères de chèques?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
505,50 $, exactement. Oui, mais ce ne sera pas conditionnel aux
résultats de l'élection et ça ne devrait jamais l'être, là, sinon, ça devient
grotesque. Et je rappelle que les Québécois ont déjà eu 500 $ qui est
passé dans leur poche l'espace de quelques secondes, quelques minutes, le temps
de remettre ça dans la pompe, en profits aux pétrolières, parce qu'on n'agit
pas sur la concurrence, on n'agit pas sur les prix. Donc, le 500 $ est
rentré dans la poche des Québécois aussi vite qu'il est ressorti pour aller
dans la poche de multinationales. Puis c'est ça, là, la proposition.
Mme Côté (Claudie) : Mais
clairement ça a plu aux Québécois, le 500 $. Les gens l'ont apprécié.
Personne n'est contre la vertu, là, les gens aiment ça recevoir un montant
d'argent. C'est une méthode qui semble fonctionner. Est-ce que vous le décriez,
vous pensez qu'il faut aller vers d'autres options, ou c'est efficace?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, un coup parti, si on part de la prémisse que redonner de l'argent à
coup de chèques, c'est populaire, bien, on va prendre les fonds publics puis on
va envoyer juste des chèques à tout le monde, on va cesser la mission de
l'État. Je pense qu'il faut voir la valeur de cette approche électoraliste là
pour ce qu'elle est, c'est une façon très, très incomplète et très, très
douteuse de régler des problèmes sérieux, c'est-à-dire celui du coût de la vie.
Nous, on va arriver avec des solutions intelligentes pour aider les Québécois
au niveau du coût de la vie dans son ensemble. On a déjà parlé du prix de
l'énergie, mais on va parler d'autres prix qui pourraient être différents,
plutôt que de pelleter des fonds publics qui ne font que transiter quelques
instants dans la poche des gens pour ensuite s'en aller en profits aux multinationales.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que vous avez pensé de ce qu'a dit M. Legault hier, pendant la période de
questions, au sujet de Saul Paulo, entre autres, en disant qu'il était une
anecdote? Parce que monsieur... il y en a quoi, sept, députés, je pense, qui
sont issus de la diversité, et dont la langue maternelle n'était pas le
français, et qui l'ont appris, etc. Donc, M. Legault dit que ce sont des
anecdotes.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Moi, je pense qu'à chaque fois qu'on a l'exemple de quelqu'un qui apprend
le français et s'intègre en français au Québec, bien, on doit célébrer cette
réussite-là. Pour autant, on ne peut pas seulement prendre des anecdotes, on
doit regarder les données statistiques dans leur ensemble. Et peu importe l'indicateur
qu'on choisit, donc ça peut être langue d'usage, langue parlée à la maison,
langue du travail, services en français ou en anglais à Montréal, peu importe
l'indicateur, on a des signes convaincants du recul de la langue française.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
c'est vrai que ce sont des anecdotes, pour vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Non, ce ne sont pas des anecdotes, ce sont des exemples de réussite, mais
il faut plus d'exemples, il faut plus de réussites. Quand on regarde l'ensemble
de la trajectoire des Québécois d'adoption par rapport à la langue, il faudrait
que ces exemples-là soient plus nombreux. Donc, il faut célébrer les réussites,
mais se fixer des objectifs plus ambitieux sur le plan des données statistiques
qui nous révèlent que près d'un allophone sur deux, 45 %, environ,
choisira l'anglais à moyen, long terme.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que c'est une minorité de gens qui sont des réussites ou est-ce une
majorité de gens?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Les données sur les transferts linguistiques chez les allophones nous
disent qu'environ 55 % des allophones vont choisir le français comme
langue d'usage à moyen, long terme contre 45 % vers l'anglais. Et il est
là, le recul de la langue française, dans la grande région de Montréal, c'est
que les transferts linguistiques, pour que ce soit durable, il faudrait que ce
soit autour de 90 % vers le français et 10 % vers l'anglais.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
M. Legault a raison, en partie, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, je ne veux pas cautionner... Comme je vous le dis, à mon avis, il
faut célébrer les exemples de personnes qui choisissent le français et
fonctionnent en français. Donc, je ne ferai pas miennes les déclarations de
François Legault, je le laisse s'organiser avec ces déclarations-là. Nous, ce
qu'on dit, c'est qu'il faut garder un oeil sur les transferts linguistiques. Et
malheureusement les quatre ans de la CAQ auront permis très peu de changements
significatifs par rapport à ces transferts linguistiques, même que la CAQ
refuse de mesurer l'évolution de ces transferts linguistiques là. On se
contente d'un projet de loi n° 96 nettement insuffisant en disant :
On ne veut même pas mesurer ce qui va se passer par la suite. Ça, c'est
inquiétant.
Mme Lajoie (Geneviève) : Je
veux savoir c'est quoi, maintenant, la position du Parti québécois sur
l'augmentation des seuils d'immigration, parce que, la semaine passée, si je ne
me trompe pas, M. Joël Arseneau disait quand même qu'il faut les hausser. Je voudrais
savoir exactement quelle est la position, puis c'est quoi, la hausse idéale.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Non,
il n'est pas question de hausse des seuils d'immigration, au contraire. La
position que j'ai toujours défendue, puis ça fera partie de notre plateforme
électorale, c'est que, dans les facteurs qui influencent la langue française,
ce qu'on n'a pas fait, c'est d'exiger 100 % des immigrants économiques qui
ont la maîtrise du français. On ne l'exige pas. Donc, ça, c'est un facteur
important.
Dans ce qu'on ne fait pas non plus,
c'est on n'a aucun contrôle sur la situation au chemin Roxham, aucun
contrôle sur l'immigration temporaire non plus. Ce sont des facteurs
d'anglicisation. Et, sur les seuils d'immigration, moi, je pense qu'à la lumière
des données qu'on a on doit considérer un recul, de baisser les seuils
d'immigration en fonction de la capacité d'accueil en français du Québec, c'est
dans le programme du Parti québécois.
M. Laberge (Thomas) : Combien?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Ça,
ça fera partie de notre campagne électorale, de notre plateforme électorale,
qu'on va dévoiler ultérieurement.
Mme Côté (Claudie) : ...capacité
d'accueil en français, c'est ce que vous dites, notre capacité est limitée?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On
excède, en ce moment, notre capacité d'accueil en français, nettement.
M. Duval (Alexandre) : Comment
vous êtes capables de déterminer ça? Quels sont vos indicateurs qui vous
permettent de dire qu'on dépasse notre capacité d'intégration en français?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le
recul du français, parce qu'il est lié aux changements démographiques, première
chose, quand on regarde des comparables également. Supposons qu'on prend les
États-Unis ou la France, bien, ça nous indique que, si on appliquait les mêmes
ratios per capita, on est nettement par-dessus ce que fait la France et les
États-Unis, alors qu'on n'a même pas notre propre pays, et on n'est pas
capables de légiférer sur la langue française dans plusieurs endroits, comme la
loi 101 aux entreprises à charte fédérale.
M. Lacroix (Louis) : Alors,
on excède de combien des seuils, dans ce cas-là? La capacité d'accueil, on
l'excède de combien?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : C'est
ça. Il essaie d'avoir mon chiffre, avec une soustraction. Non, mais c'est
habile, c'est habile.
M. Bérubé : Je peux compléter
là-dessus. Je vois où il veut aller, mais je vais tenter…
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
vais juste terminer, là. On ne vous donnera pas nos chiffres aujourd'hui, ça
fera partie de notre plateforme. Ce que je vous dis, c'est qu'on va aller vers
une baisse des seuils en fonction de ce qu'on déterminera, et de notre capacité
d'accueil en français au Québec, et en fonction de ce qu'un économiste comme
Pierre Fortin nous disait la semaine passée. Il était très clair à RDI économie :
La pénurie de main-d'oeuvre, c'est faux d'affirmer qu'elle est comblée, elle
est réglée par des seuils d'immigration élevés. Ce qu'on constate, en fait,
c'est que l'impact de l'immigration sur la pénurie de main-d'oeuvre est nul,
presque invisible. Par contre, ça a des enjeux sur une question comme la crise
du logement. Donc, il va falloir trouver un juste milieu. On va utiliser des
comparables à l'étranger, on va également utiliser les données qu'on a à l'interne
sur les transferts linguistiques, notre but étant de trouver quelque chose de
juste et raisonnable en fonction de la capacité d'accueil en français au
Québec.
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
c'est moins que 50 000,
là, on descend?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.
M. Bérubé : Je veux juste, si
vous permettez, compléter. Parce qu'à partir du moment où le gouvernement fait
ses demandes… On peut regarder qu'est-ce qu'il contrôle présentement. Campagne
électorale, en 2018, il vous dit, à plusieurs d'entre vous : C'est 40 000, c'est le seuil. Une fois
au pouvoir, ça devient 50 000,
même 52 000. Ça, c'est
les cibles de Jean Charest, exactement. On monte à 70 000. Là, on dépasse Jean Charest. On revient à 50 000. Donc, on normalise, coup
de génie, on normalise le 50 000,
qui est déjà beaucoup trop. Et là ça monte à 58 000,
jeudi. Il reçoit un appel du bureau du premier ministre : Jean, on avait
dit 50 000. Oui, mais ça
prend... On avait dit 50 000.
Ça revient à 50 000.
Alors, c'est de la numérologie, dans ce temps-là.
À la dernière élection, on avait dit qu'il
fallait analyser ça selon la capacité d'intégration en français, la
francisation, l'emploi, le logement, et tout ça, puis demander à une instance
indépendante. Ça, c'était en 2018. On est en train de proposer un mécanisme
sérieux, une analyse sérieuse de notre capacité d'accueil qui tient compte,
effectivement, des pénuries de main-d'oeuvre, de la francisation, du logement
aussi, parce qu'il faut loger les gens, quelle que soit leur origine. Donc,
c'est ça. Mais je veux juste... je trouve ça assez ironique que ceux qui
proposaient 40 000 puis qui en veulent moins d'Ottawa, bien là, acceptent
maintenant 50 000.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais si vous baissez les seuils, là, M. St-Pierre Plamondon, là, mettons que
vous baissez les seuils en bas de 50 000, le fédéral, lui, va continuer à faire
entrer des immigrants avec ses propres seuils. Ça équivaut à dire qu'on va
laisser un plus grand pourcentage d'immigration au fédéral.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bon,
la part du fédéral, c'est à peu près 20 000 sur les 50 000, le pouvoir fédéral
en matière... Par exemple, pour la question des réfugiés et réunification
familiale, c'est à peu près 20 000 qui vient du fédéral. Quand j'ai envoyé une
lettre à François Legault, il y a quelques mois, pour lui dire : Avez-vous
été consultés avant que Justin Trudeau décide de rehausser les seuils
d'immigration à l'échelle nationale canadienne? Ça a été le silence radio. Il
n'a jamais été consulté, il ne s'est pas non plus insurgé, il n'a fait aucune
sortie publique pour dire à Justin Trudeau : Vous devez me consulter à
titre de gouvernement du Québec. Et c'est là qu'il y a un enjeu pour François
Legault, il n'est pas capable d'évoquer le mot «indépendance».
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous évitez ma question, M. St-Pierre Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je
veux répondre, puis après on reprend la deuxième ronde, là. Mais François
Legault met sous le tapis le fait qu'en effet le modèle fédéral n'est pas
tenable pour la situation du Québec, parce que, vu qu'il n'est pas capable de
dire le mot «indépendance», bien, il préfère mettre sous le tapis ces échecs-là
et ensuite faire des sorties sur la louisianisation pour créer diversion. La
vérité, c'est qu'il n'a aucun pouvoir de négociation et que la seule solution
par rapport aux frontières et par rapport à l'immigration, c'est l'indépendance
du Québec.
M. Lacroix (Louis) : Ma
question, c'est : Vous, comme premier ministre du Québec, vous accepteriez
que le fédéral occupe une plus grande place dans l'immigration au Québec,
c'est-à-dire que le fédéral décide d'un plus grand pourcentage d'immigrants qui
entreraient au Québec? C'est ça que ça équivaut à dire.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui,
mais ça équivaut également à dire qu'il y aurait un gouvernement
indépendantiste qui s'adresserait au fédéral en disant : On renégocie,
mais, en passant, l'option de l'indépendance du Québec, elle est activement sur
la table, parce que vous ne nous respectez pas, parce que vous ne nous
consultez pas, parce que vous n'avez aucun intérêt pour la pérennité du
français au Québec. Alors qu'en ce moment on a un gouvernement fédéraliste et
à-plat-ventriste qui n'ose même pas poser ces questions-là parce qu'il connaît
la réponse. En général, maintenant, on peut dire que c'est une règle, ça prend
moins de 48 heures à Justin Trudeau pour dire non au Québec, pour chacune
des demandes. On peut appeler ça un service express.
M. Bérubé : Ce qui devrait
être la règle pour les passeports.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui.
M. Bérubé : 48 heures.
La Modératrice : Dernière
question en français, s'il vous plaît.
Mme Morin-Martel (Florence) : Sur
un autre sujet. J'aimerais vous entendre sur la décriminalisation des drogues
dures en Colombie-Britannique. Est-ce que le Québec devrait aussi aller dans
cette direction-là pour freiner les surdoses?
M. Bérubé : Je pense que
c'est dans le Eastside à Vancouver. Bon, c'est les petites quantités d'opioïdes
et de cocaïne, entre autres. C'est une réalité qui est très circonscrite au
centre-ville de Vancouver. Évidemment, encore une fois, c'est un débat qu'on
n'a pas fait au Québec, celui… compte tenu d'une situation particulière, là, de
décriminaliser des quantités de drogue qu'on n'est pas habitués à discuter. Je
ne sais pas on en est où au Québec, mais il est clair qu'il y a une crise
d'opioïdes à Montréal, notamment au centre-ville et dans l'est de Montréal. Il
faudrait poser la question aux cliniques, il faudrait poser la question à
Réjean Thomas, à L'Actuel, et à d'autres médecins qui voient arriver ces
personnes-là, qui sont capables de mesurer l'impact des overdoses, les décès.
On m'a dit qu'en temps de pandémie ça a augmenté considérablement, ajoutant à
ça du désespoir, de l'isolement. Donc, je ne crois pas qu'on soit prêts à faire
ce débat-là, mais, si les chiffres devaient nous donner des indications
similaires à ce qu'on retrouve au centre-ville de Vancouver, bien, il faudra certainement
aborder la question.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On
peut regarder les résultats qu'ils obtiennent aussi.
M. Bérubé : Mais ça commence,
là, hein, c'est...
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
sur l'aide médicale à mourir, là, je sais que Mme Hivon n'est pas là, mais hier
on a appris, finalement, que les demandes anticipées, ça ne se peut pas, dans
le Code criminel. Donc, la loi, si on l'adopte, au Québec, elle devient comme
inapplicable et même que les médecins s'exposent à des poursuites au criminel
s'ils administraient une demande anticipée.
M. Bérubé : Tu es avocat,
toi?
Mme Lévesque (Fanny) : Que ça
sorte comme ça, en commission parlementaire, est-ce qu'on était mal préparés
dans le projet de loi de M. Dubé? Qu'est-ce que...
M. Bérubé : Je cède la parole
à mon avocat.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Reprenez...
Mme Lévesque (Fanny) : Parce
que le Code criminel ne permet pas de faire des demandes anticipées d'aide
médicale à mourir, donc d'administrer les demandes. Là, on apprend ça, en
commission parlementaire, il reste sept jours. Le Barreau dit que les médecins
s'exposent à des poursuites au criminel. Comment ça, on en arrive là, à ce
moment-ci?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) : La
superposition entre la compétence fédérale en matière criminelle et la
compétence civile au niveau du Québec, elle est tout le temps problématique
parce que ce n'est pas un système intégré. Quand on précipite des projets de
loi à la dernière seconde, et c'est vraiment le cas, là, depuis les derniers
mois, il y a une avalanche de projets de loi où est-ce que, parce qu'on veut,
avant les élections, arriver à des résultats, on précipite également la
rédaction, la considération de ces questions-là. Ça donne ce genre de résultat là
où la seule façon d'avoir le cœur net pour s'assurer qu'il n'y a pas,
justement, d'accusation ou de dérapage, c'est d'aller obtenir des avis formels
des intervenants, dont le Barreau du Québec.
Ça prend du temps, bien faire les choses,
ce n'est pas ça qu'on a fait. Et on se retrouve, à la fin, à garrocher un
paquet de projets de loi, et il y a ce genre de risque là, où moi, je n'ai pas
vu d'opinion juridique de la part des intervenants sur cette question-là qui
n'a peut-être même pas été soulevée tellement qu'on a fait rapidement. Mais,
oui, c'est un enjeu, puis ce l'est tout le temps, la superposition entre la
compétence fédérale au criminel et les droits civils au Québec.
La Modératrice :
On va y aller en anglais.
Mme Senay (Cathy) : On the check of $500, we saw this coming. Mr. Legault repeated that
he would make an announcement during the election campaign to help Quebeckers coping with the rising cost of
living.
M. Bérubé : You're going to have to deal with me.
Mme Senay (Cathy) : OK. So, do you think he's buying votes, literally?
M. Bérubé : He tries to buy out the election, he tries to make sure that people
vote for him for money, and this is not a good idea in democracy. A lot of
people are suffering right now
because of the price of the gas, or the grocery, or the electricity. So,
they're suffering right now,
and we're pretty aware about that.
But what Mr. Legault says :
Keep on suffering, but, by the way, there's an election in Fall, and, if you vote for us, there's a
check for you, $500. How do you like me now? This is the way he treats people.
So, it's not correct, it's not fair. You cannot buy an election when people are
suffering, and you're just, like, exposing... There is no longer a $500 bill in
Canada, since 2021, but a check
of $500, it's caricatural, it's not a good thing for democracy and it's
shameful in a way. If people are suffering right now, help them right now.
Mme Senay (Cathy) : As we are now speaking, at the same time, Bill 96 is about to
receive royal assent. There are lot of concerns of organisations to see how it
will take place, how it will be put in place. So, there are so many unknown
zones.
M. Bérubé : Well, Simon Jolin-Barrette is living the dream today because he's
becoming the minister of French language. So, good for
him. But what is good for us, for language in Québec? I told you before, I'm
going to tell you again, Bill 96 is weak, is not going to solve any major
problem about the future of the French language. We told you that for weeks,
and it's not enough to make sure that we stop the decline of the French in
Québec.
And if we don't want to
become New Brunswick — there is kind of a scale before going to Louisiana, there is kind of
a scale, let's start with New Brunswick or Laval, and then we go down — if we don't want to become this
kind of territory, put some great measures. And it's funny — I'm ending with that — we voted a bill last
week, Bill 96, that was not enough. A lot of people say that. And now Mr.
Legault says : OK, I'm concerned with French, but the problem is those
6,000 people coming with reunion with their families. That's crazy.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, yes. That's where it just doesn't work. François Legault
has many powers in immigration and on the French language, he failed to take
any of the structural measures. But it's as if the mere fact that, after four
years, he says something about the topic is sufficient to... is a substitute to
actually making the right policies. And, when you look at the evolution of the
question of immigration, «les seuils», the number of people we...
Une voix :
Threshold.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : The threshold, he did use that topic for electoral purposes
in 2018, saying : We need to lower them. He did that for only one year, to
bring them back to Charest and Couillard's level, he did raise them to 70,000.
Last week, they said 58,000, oh! no, 50,000. What credibility is there? Like, clearly, they are using that topic for electoral purposes, but
they're not rigorous and they're not objective, they're not serious about it.
They…
M. Bérubé : Numerology.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : Yes, it's just playing with numbers,
and it's not responsible. We should be very careful about that topic, and come
with precise and solid reasonings before saying things like that.
La Modératrice
: Une dernière question en anglais, s'il vous plaît.
Mme Senay (Cathy) :
One last clarification about what if
Montréal mayor Valérie Plante is asking the federal
Government the same system than Vancouver and having
decriminalisation of small amounts of illicit drugs.
M. Bérubé :
It's a new debate for us, it's a new
debate for Québec as well, because we're not in the situation where Downtown
Eastside in Vancouver is right now, where you have hundreds, maybe thousands of
people dying from overdose since years. But we need to be aware of what's going
on there, and watch if it works, and I'm sure that a lot of doctors and nurses
in downtown Montréal can give you numbers of how many overdoses since the
pandemic era, and even before. So, there's evolution on how we deal with the consummation
of drugs, and I don't have that much to say.
M. St-Pierre Plamondon
(Paul) : We'll keep an eye on it.
M. Bérubé : We'll keep an eye on it. This is the kind of phenomenon that you
can find in Toronto, Vancouver and maybe Montréal, so let's be pretty cautious
about what's going on, it's not going to be this year, but if we can talk about
this topic later this year or another year, we can save lives, maybe.
La Modératrice
:
Merci. Bonne fin de journée.
(Fin à 8 h 30)