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Conférence de presse de M. Joël Arseneau, chef du troisième groupe d’opposition

Présentation du Plan santé du Parti Québécois

Version finale

Monday, June 6, 2022, 10 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures trente-trois minutes)

Le Modérateur : Bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du Parti québécois à la salle Evelyn-Dumas. Il y a ici, donc, le chef parlementaire du Parti québécois, M. Joël Arseneau, accompagné du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, de Camille Pellerin-Forget, physiothérapeute au CISSS de l'Outaouais, Dr Lucien Rodrigue, urgentiste à l'Hôtel-Dieu de Québec ainsi que Sylvie Tanguay, infirmière-chef adjointe en pédiatrie au CIUSSS de l'Estrie-CHUS. Alors, je vous cède la parole. Ce sera suivi d'une période de questions. Allez-y.

M. Arseneau : Bien, merci beaucoup, merci d'être là aujourd'hui. Vous vous en souviendrez, le Parti québécois avait déposé à l'hiver… en fait, dès le début de la session parlementaire, un plan pour redresser le réseau de la santé, en fait, c'était l'architecture du plan qu'on vous dépose aujourd'hui, c'étaient les 12 travaux du Parti québécois, donc les grands principes, les grands défis, les grands chantiers que le Parti québécois veut mettre en œuvre pour redresser le système de santé. Aujourd'hui, après avoir fait nos devoirs, rencontré, évidemment, de nombreux groupes, des gens du terrain, bien, on vous propose le plan du Parti québécois pour la santé et les services sociaux. Je vais laisser le chef Paul St-Pierre Plamondon faire l'introduction du plan et on arrivera avec les détails par la suite.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Merci beaucoup, Joël. Et on est très contents de vous présenter notre plan, qu'on peut qualifier de complet, qui s'intitule La santé à votre porte. Avant de vous dévoiler les détails de ce plan-là, j'insiste sur le fait qu'on a consulté non seulement beaucoup de groupes, avant de compléter ce plan-là, mais dans notre équipe, au Parti québécois, on s'est assurés d'avoir une diversité de professionnels parce que c'est la vision qu'on a pour l'avenir de notre système de santé. Donc, on a Lucien Rodrigue, qui est médecin, mais on a également Sylvie Tanguay, qui est assistante-infirmière en chef et Camille Pellerin-Forget, qui est physiothérapeute en pédiatrie. C'est pour vous dire que notre mentalité, c'est de valoriser chacune des professions et que chacune de ces professions-là se pose la question : Comment est-ce qu'on peut être au service du patient, et surtout de la santé du patient, et non pas un système qui, de changement de structure en changement de structure, est tourné vers lui-même?

Donc, justement, au cours des dernières années, les réformes se sont succédé. Ce sont des changements de structure qui ont demandé énormément d'efforts dans le système; on a mis beaucoup d'énergie et d'emphase sur les changements de structure et très peu sur comment on peut s'améliorer pour desservir le mieux possible le plus grand nombre. On n'est pas un exemple d'accessibilité aux soins au Québec, c'est le moins qu'on puisse dire. Et quand on regarde le bilan des années de la CAQ, il faut le dire, il y a plusieurs promesses qui n'ont pas été tenues. Il y a plusieurs lumineux rouges qui sont allumés au tableau, notamment : on est très loin du 90 minutes d'attente dans les urgences; le pourcentage de patients sur une civière est passé de 17 % à 24 % durant l'ère de la CAQ; 60 % des consultations à l'urgence sont pour des urgences mineures, la prise en charge de la première ligne, donc, est nettement insuffisante; des services qui ont carrément fermé, qui sont inaccessibles, particulièrement dans les régions, et ça, à nos yeux, c'est vraiment inacceptable, on veut y remédier. La CAQ n'aura pas réussi non plus à implanter un système qui attire des professionnels dans le réseau public : depuis 2015, le recours au privé aura bondi de 306 % et ça nous coûte 1 milliard de trop de plus par année. Ça, c'est beaucoup de sous. Évidemment, également, on mentionne qu'on n'aura pas réussi, durant les quatre années de la CAQ, à aller chercher les 6 milliards en santé qui sont toujours manquants. Ça aussi, ça fait une énorme différence.

Ce qui nous amène, au lieu de proposer une autre vague de grandes réformes dans les structures, à axer sur l'essentiel, sur des mesures simples, concrètes, toujours dans le but d'améliorer l'accès aux soins, d'améliorer la première ligne. Et on le fait autour de trois priorités que vous voyez ici : des soins accessibles et près de chez vous, notamment, en revalorisant chacune des professions, mais en revalorisant la notion de CLSC, les CLSC qui sont là et qui peuvent vraiment jouer un rôle de plus en plus grand, des soins directement à la maison, donc on revient, évidemment, avec l'engagement très ferme du Parti québécois d'au moins tripler l'offre de soins à domicile et on explique comment on peut y arriver, et du personnel en soins qui sont respectés et qui sont au service de la population.

Donc, il y a plusieurs réformes, puis je laisserai Joël aller dans le détail là-dessus, mais il y a plusieurs réformes qu'on n'aura pas faites pendant quatre ans et ça nous amène dans un système de santé où nos professionnels ne sont pas assez valorisés et où, malheureusement, comme je le disais, là, le privé aura fait trop souvent concurrence à un réseau public qui a grandement besoin de tous ses professionnels.

Donc, je le répète, ce n'est pas normal d'aller à l'urgence pour des bobos mineurs et il y a une façon de concevoir notre système de santé pour donner des soins de première ligne à tous, ça passe par les CLSC, ça passe par tous les professionnels de la santé. Et financièrement, c'est viable, comme on le démontre, parce que notre plan, évidemment, il est chiffré, il est détaillé; financièrement, c'est viable si on fait des choix qui sont cohérents. Et ça se transformera donc par la santé à votre porte, c'est-à-dire un point de service où il y a un professionnel de la santé pas loin de chez vous qui vous attend. Ce ne sera pas toujours un médecin, mais il y aura toujours quelqu'un qui s'occupe de vous et qui s'assure du suivi en fonction non pas de l'acte médical, mais de la santé de nos gens. Et, ça aussi, on change l'orientation en parlant beaucoup plus, dans ce plan-là, de prévention et de suivi de la santé plutôt que d'actes médicaux comme on l'a fait au cours des dernières années.

Et, en dernier lieu, bien, évidemment que vous allez voir plusieurs des messages qu'on a répétés au cours des dernières années sur le temps supplémentaire, sur les ratios sécuritaires dans le milieu de la santé, sur l'autonomie régionale, sur le fait de faire confiance à nos gens, sur une forme, également, d'omerta qu'on voit de plus en plus dans le système de santé qui, à notre avis, est vraiment nuisible aux améliorations qu'on veut mettre de l'avant. Donc, on a fait notre travail, on a fait le tour, plusieurs consultations, on a mis en valeur plusieurs professions à titre de conseillers, on est allés chercher l'opinion de gens qui n'ont pas le même bagage, mais qui sont tous commis à ce qu'on ait un système de santé public accessible à travers des solutions qui sont simples et faisables, et c'est ce qu'on vous présente aujourd'hui. Je laisse la parole à Joël pour aller dans le détail.

M. Arseneau : Oui, merci beaucoup, Paul. Bien, je vais faire du pouce sur ce que Paul vient de dire. En fait, le plan qu'on dépose aujourd'hui, il est tiré de certains constats. Le système de santé n'a plus comme préoccupation, là... au cœur de ses préoccupations l'usager. Les Québécois sont perdus dans le système de santé, ne peuvent plus avoir accès à des services de santé de façon efficace et à proximité de chez eux. Regardez les fermetures des CLSC un peu partout en région, la première victime, là, lorsqu'on manque de personnel, c'est les services à domicile ou les services de proximité, c'est le monde à l'envers. Il faut sortir de cette vision de la santé du haut vers le bas, c'est d'abord les besoins des gens et des communautés qu'il faut prendre en compte, et ça passe donc par un redressement complet de la première ligne.

Et, pour nous, la première ligne, ce sont les CLSC, les véritables cliniques de proximité, avec une interdisciplinarité qui est effective. On va pouvoir accueillir les gens, que ce soit pour, évidemment, des urgences mineures, mais que ce soit aussi pour des problèmes de santé mentale également. On a tendance à mettre ça dans une case séparée, la santé des gens, au Québec, il faut la voir de façon intégrale et intégrée et les cliniques comme les CLSC peuvent donc traiter les gens, que ce soit avec des travailleurs sociaux, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec des médecins, que ce soit avec des IPS, que ce soit avec des physiothérapeutes, des ergothérapeutes. Il faut pouvoir avoir des véritables cliniques multidisciplinaires. Ça ne veut pas dire qu'on fait fi des GMF, il faut travailler avec les GMF, mais il faut revoir aussi les conventions pour que les GMF soient au service des CLSC et de la communauté plutôt que des entreprises privées qui fonctionnent à profit selon leurs propres intérêts.

Alors, l'approche de proximité est fondamentale. On veut et on va décentraliser, gérer de façon à rendre les directions, les gestionnaires imputables devant les usagers et leur communauté plutôt que devant les hauts fonctionnaires, et que le ministère… C'est un changement de culture fondamental, qu'on va proposer, parce qu'à l'heure actuelle la déconnexion entre le ministère, entre ses hauts fonctionnaires et le terrain, c'est du jamais vu, il faut donc absolument modifier complètement la culture institutionnelle du ministère de la Santé, rendre les gens imputables, responsables.

Et ça va, par exemple... et je vais compléter sur les CLSC, il faut leur donner des budgets conséquents; les doter de ressources, oui, mais ces ressources-là, elles sont nécessaires, mais il faut surtout orienter les services en fonction des besoins de la population. Et comment on va le faire, bien, en séparant les CLSC de cette structure, là, hypercentralisée que sont les CISSS et les CIUSSS, qui sont tournés vers le ministère, dont les gestionnaires sont d'ailleurs nommés par le ministre, et responsables devant le ministre. Il faut changer, évidemment, le portrait pour qu'on puisse être responsables devant un C.A., un C.A. démocratiquement élu qui puisse aussi compter un plus grand nombre d'usagers. Quand est-ce qu'on a entendu les usagers avoir voix au chapitre durant les deux dernières années de la crise sanitaire? Jamais, ils ne sont plus présents dans l'organigramme, ils ne sont plus présents dans le réseau d'aucune façon. Et les CLSC, donc, seront séparés avec des structures démocratiques aussi qui vont véritablement représenter les besoins de la communauté et des besoins qui peuvent être variables d'une région à l'autre. Ce n'est pas vrai que le CLSC d'Hochelaga-Maisonneuve doit offrir le même type de services que celui de Gaspé, d'Abitibi-Témiscamingue ou des Îles-de-la-Madeleine ou la Basse-Côte-Nord. Et il faut pouvoir, quand on parle de décentralisation, là, véritablement avoir un plan qui passe par la démocratisation du système, la responsabilisation des gestionnaires envers les communautés desservies.

Des soins à domicile, des soins à la maison, oui, pour personnes aînées, on en a déjà parlé abondamment, mais aussi pour les autres usagers qui pourraient en avoir besoin. On pourra compléter tout à l'heure avec nos experts, mais l'idée, c'est que c'est toujours plus rentable pour l'État et beaucoup plus intéressant pour l'usager d'avoir des services à la maison. Et ce virage-là, avec des sommes conséquentes, doit enfin être entrepris maintenant.

Le troisième élément, c'est le personnel. Je pourrais élaborer longuement là-dessus, mais comment peut-on redresser le système public de santé en investissant dans des agences de placement qui viennent vampiriser le système? C'est ce à quoi on assiste depuis des années, de façon exacerbée depuis le début de la pandémie, et le gouvernement, timidement, dit qu'il aimerait ça s'affranchir tout en payant 1 milliard de dollars de fonds publics par année pour continuer à avoir recours à ces agences-là.

Et parallèlement, si on veut véritablement... et je pense que je vais compléter là-dessus parce que je commence à déborder le temps qui est imparti, si on veut redresser le système de santé public, on ne peut pas miser sur le privé. Il faut pouvoir aller rapatrier les gens qui ont quitté le système parce qu'ils n'en pouvaient plus, et ça, ça passe par la définition du réseau de la santé et des services sociaux comme étant le meilleur employeur; le meilleur employeur qui va respecter les ressources humaines, le personnel soignant, qui va les reconnaître, les considérer et leur donner la valorisation, nécessaire dans l'exercice de leur profession, à la hauteur de leurs compétences. C'est ce qu'on entend sur le terrain depuis des années, encore de façon plus exacerbée depuis des mois, le temps est venu de faire ce virage.

Là-dessus, je vais passer la parole à Paul pour compléter.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Juste rajouter un point. Des fois, il faut prendre une perspective sur ce qui s'est produit au cours des dernières années. Sous Philippe Couillard, on a vu une centralisation sans précédent puis des changements de structure, sous la CAQ, ça n'a pas changé. Non seulement ça n'a pas changé, mais on a vu un changement de comportement un peu similaire à ce qu'on voit avec les députés et l'Assemblée nationale : sous la CAQ, un député caquiste, c'est un représentant de la CAQ dans sa région et non pas un représentant des gens de sa région à l'Assemblée nationale.

On a vu les CISSS et les CIUSSS prendre ce même virage là où non seulement c'est centralisé, mais la gestion de l'image du gouvernement fait en sorte que les personnes qui sont à la tête de notre réseau de santé se préoccupent davantage de l'image du gouvernement et du maintien des messages officiels que de la santé du réseau puis de leur monde. Et ça, ça devrait nous inquiéter énormément, et je le mentionne parce qu'on a eu plusieurs témoignages dans diverses régions du Québec à cet effet-là. Donc, quand on vous parle de décentralisation, c'est parce qu'on pense que les régions ont droit au même traitement, aux mêmes services, c'est également parce qu'on s'inquiète de la capacité des gens à lever la main quand il y a une aberration dans un système de plus en plus contrôlant et centralisé. C'est un problème.

M. Arseneau : En complétant, avant de laisser la parole à Camille, je voulais quand même attirer l'attention sur le fait qu'on va aussi présenter une politique nationale de prévention et de promotion de la santé. C'est la clé, il faut agir en amont du système hospitalocentriste qu'on a aujourd'hui. L'autre élément qui était aussi dans nos 12 travaux, qu'on n'a pas oublié, mais je ne veux pas insister là-dessus aujourd'hui, toute la question de la santé publique. On devra y investir, on devra revoir la Loi sur la santé publique et s'assurer que le directeur national soit complètement indépendant. Les détails sont dans le plan puis on a une foule de mesures également.

Mais, là-dessus, je passerais la parole à Camille.

Le Modérateur : Bien, juste avant, vous rappeler d'essayer d'être concis parce qu'il y a quand même une période de questions qui suit par la suite. Donc, Mme Pellerin-Forget, s'il vous plaît.

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Bonjour. Camille Pellerin-Forget. Alors, comme on l'a mentionné, je suis physiothérapeute en pédiatrie DI-DP-TSA, précisément, au CISSS de l'Outaouais. Écoutez, avant de... petite parenthèse, j'ai envie de vous dire, là-dedans, là, ce sont vos professionnels de la santé qui vous parlent. On est ici, il y en a plusieurs qui ont participé à ce projet-là, donc, vraiment, faites-nous confiance puis écoutez-nous, ça vaut vraiment la peine.

Ça fait des années que je le dis, Joël l'a évoqué, Paul l'a évoqué aussi un petit peu, je ne sais pas pourquoi aucun gouvernement n'a pris ça comme cheval de bataille, mais pour désengorger le système de santé, il faut absolument donner… augmenter les actes professionnels de chacun des 200 000 professionnels qui travaillent dans le réseau; souvent, on parle de gens qui ont des maîtrises dans leur domaine, c'est des gens extrêmement compétents qui sont coincés dans une espèce de cercle vicieux où ils sont toujours dépendants du médecin et qui ralentit les procédures de prise en charge puis qui ralentit l'efficacité du réseau.

Je vous donne un exemple qui s'applique très bien à ce qu'on vient de proposer. Vous vous faites une entorse de cheville, bon : Ah non, je vais être obligé d'aller me taper 12 heures à l'urgence. Bien non, si votre CLSC est ouvert 12 heures par jour comme on le propose, vous vous rendez là, vous êtes pris en charge par un physiothérapeute qui, grâce à des actes médicaux, peut vous prescrire un rayon X : Ah, madame, heureusement, votre cheville n'est pas fracturée, je vais vous prendre en charge, je vais m'occuper de votre cheville jusqu'à la fin de... jusqu'à tant que l'entorse soit résorbée, ou : Hé, c'est cassé à quatre places, autre acte médical, je vous réfère à un orthopédiste puis je vais travailler de pair avec l'orthopédiste : voilà, le médecin n'a même pas eu à être dérangé pour ça.

Des exemples comme ça, on a deux minutes, je pourrais vous en donner pendant deux heures : des ergothérapeutes qui prescrivent des études de déglutition pour la dysphagie, un pharmacien qui voit un enfant arriver avec une éruption d'herbe à puce peut prescrire le corticostéroïde tout de suite. Il y a tellement d'actes médicaux qui sont coincés puis qui sont indisponibles pour les professionnels de la santé, je sais, il faudrait faire une statistique, mais ça ralentit le système. Moi, je travaille en pédiatrie, savez-vous que pour avoir des petites orthèses tibiopédieuses en L pour un enfant qui a une paralysie cérébrale, ça me prend six mois; il faut que je couraille une signature de médecin spécialiste, cet enfant-là est prêt à marcher aujourd'hui. Donc, ça, il y en a partout dans le réseau.

On est 200 000 professionnels hypercompétents, il faut mettre la main à la pâte, rencontrer les... c'est tous des gens qui sont régis par des ordres professionnels, on s'assoit avec les ordres professionnels. C'est très, très facile à actualiser, ce programme-là, et ça va faire une immense différence. Notre réseau de la santé, c'est notre milieu, notre réseau public, c'est un bijou, mais il a été fracturé, il été amputé. Pardonnez le champ lexical médical, hein, déformation professionnelle. On se remet à peine de l'hémorragie Barrette que, pendant ce temps-là, François Legault essaie d'abolir toute forme de contre-pouvoir; dans le réseau de la santé, on ne peut plus critiquer de l'intérieur, on ne peut critiquer de l'extérieur. Ça ne fonctionne pas.

Au Parti québécois, ce qu'on a fait, on s'est assis à la table à dessin puis on a mis quelque chose de concret, par des professionnels de la santé, actualisable maintenant, puis on a écouté la voix des gens sur le terrain et j'en suis une, j'ai ma voix sur le terrain. Donc, vraiment, j'ai envie de vous dire : Sortons du cynisme politique, ce n'est pas de la langue de bois, c'est vraiment un plan qui fonctionne, faites-nous confiance. Puis, à la limite, je vais citer Jean-François Lisée : Prenez-les, nos idées, au pire.

M. Arseneau : Là-dessus, Dr Rodrigue, vous pouvez continuer.

M. Rodrigue (Lucien) : Bonjour à tous. Lucien Rodrigue, je suis urgentiste. Je travaille de l'autre côté de la rue, ça fait que, si vous êtes malades, vous pouvez venir me voir, là, à l'Hôtel-Dieu, mais, dans le contexte actuel, ça se peut que vous attendiez. De fait, j'étais de garde hier soir, j'ai fini à 1 heure cette nuit, il y avait beaucoup de monde; quand je suis parti, il y avait une douzaine de patients encore et je n'avais pas soupé. Et moi, je finissais mon quart un peu plus tard, normalement, c'est huit, neuf heures, donc j'ai commencé, là, à peu près à 4 heures, un petit peu avant 4 heures, j'ai fini à 1 heure, mais les infirmières qui étaient là, bien, il y en a beaucoup qui devaient faire du temps supplémentaire obligé, tu sais, puis ce n'était pas... il y en a qui en avaient fait la veille, puis d'autres, l'avant-veille. Donc, moi, j'étais très fatigué, tu sais, c'est des gros quarts, tu sais, mais j'étais un peu triste pour le personnel, de voir, tu sais, qu'il était obligé de rester comme ça. Donc, tout ça pour dire que c'est le temps qu'il se passe un changement spécifique, là, complet.

Je veux juste vous parler, moi, une autre petite chose, des soins à domicile. Personnellement, je traite une patiente, là, qui a un gros déficit et qui a besoin de soins à tous les trois mois, alors je vais la voir à son domicile, je fais le traitement, je vérifie s'il y a d'autres choses. Mais j'ai... en tout cas, on a la chance... J'ai la chance de connaître la famille, donc c'est facile pour eux autres, là, mais ce n'est pas beaucoup de gens qui ont une possibilité comme ça. À un moment donné, on a dû l'amener à l'urgence, ma patiente, puis elle était nerveuse, elle était très anxieuse, elle criait. Ça a été très difficile, il a fallu peu-être un peu isoler une partie de l'urgence. Donc, tout ça pour dire que, pour moi, les soins à domicile, présentement, c'est sous-financé, puis ça devrait être beaucoup mieux, là, organisé, puis structuré, puis financé. Donc, merci de votre attention.

M. Arseneau : Sylvie.

Mme Tanguay (Sylvie) : Bonjour. Moi, je m'appelle Sylvie Tanguay, je suis infirmière... assistante-infirmière-chef au CHU, à Fleurimont, en pédiatrie. En fait, je suis vraiment fière de collaborer avec le Parti québécois qui reconnaît toute l'importance de miser sur ses travailleurs de la santé pour offrir aux patients le meilleur des soins.

Alors, évidemment, il y a le ratio personnel-patient. C'est inacceptable qu'une infirmière, infirmière auxiliaire ou préposée aux bénéficiaires doive s'occuper de plus de 50 patients, et là, c'est minimum, toute seule dans les CHSLD ou aux résidences de personnes aînées. Donc, ça, c'est vraiment inacceptable, mais ce n'est pas sécuritaire non plus. Évidemment, le fameux TSO, on en entend parler, mais comment le régler, comment l'abolir? Et ça, c'est mon cheval de bataille, évidemment, parce que, pour moi, la santé des travailleurs de la santé, c'est très, très important. On l'a vu en pandémie, on dirait… ça avait déjà commencé il y a longtemps, mais ça s'est empiré dans les deux dernières années. Juste au CIUSSS, je dirais des chiffres qui ont sorti : il y a plus de 1 000 personnes… 1 000 infirmières qui ont quitté le réseau de la santé dans la dernière année. En pédiatrie, nous, juste sur mon département, il y a une dizaine de personnes - et je parle d'infirmières de cinq ans et moins, hein, qui sont, en passant, notre relève - qui ont quitté en maladie, qui s'est terminée par une démission, parce que c'est trop lourd, c'est trop difficile, ils ne se voient pas fonder une famille ou ne serait-ce que juste avoir une vie tout simplement.

Donc, au Parti québécois, on travaille aussi conciliation travail-famille, qui est importante. Comment le faire? Bien, évidemment, ça va de soi, Joël l'a dit tantôt, on ne peut pas combiner, surtout en soins infirmiers, le privé et le public, c'est impossible, donc c'est d'abolir les agences privées. Nous, on a perdu extrêmement de gens, malgré la règle que les filles qui quittent le réseau public ne peuvent pas travailler pendant trois mois pour aller en agence privée, elles quittent pareil le réseau public, c'est inacceptable. Donc, une personne qui quitte au privé, ça enlève un personnel de la santé au public, puis ça, on en a besoin. Donc, c'est de créer… d'aller réintégrer ces personnes-là en abolissant les agences et de leur offrir des conditions de travail qui sont adéquates, avec conciliation travail-famille, gérer les horaires aussi. Parce que ça se fait, là. Moi, quand je suis arrivée dans le réseau, il y a 20 ans, il n'en manquait pas, d'infirmières, au contraire, on était sur des listes d'attente, on était un peu sur la pagette, ce qui est irréaliste aujourd'hui, là. Mais c'est ça, ça s'est dégradé énormément dans les 20 dernières années, donc il faut vraiment le remonter, puis lui redonner sa valeur pour avoir un réseau public vraiment adéquat, puis avoir le meilleur réseau public également.

M. Arseneau : Période de questions.

Le Modérateur : Merci. Nous en sommes à la période de questions. Puisqu'on a des nouveaux parmi nous, nous allons commencer avec Florence Morin-Martel, Le Devoir.

Mme Morin-Martel (Florence) : Oui, bonjour. En fait, j'aimerais vous entendre davantage, là, sur les soins à la maison pour les autres usagers, là. C'est quoi, les cas de figure qui sont envisagés?

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Oui, bien, en fait, le soutien… ce qui n'est pas connu, c'est qu'il existe déjà peut-être certaines petites sphères de soutien à domicile… je m'approche du micro, mais... au soutien à domicile, mais toutes les… C'est que ce n'est pas assez bonifié puis on n'en a pas assez. Donc, en DI-DP-TSA, de l'enfance à 99 ans...

M. Arseneau : ...

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Ah oui, pardon : déficience intellectuelle, déficience physique et trouble du spectre de l'autisme. Ça, c'est le jargon du réseau, hein? Donc, ça, c'est une clientèle qui ne fonctionne pas bien en institution. Même moi, en pédiatrie, 90 % de mon service, je le fais à domicile parce qu'un enfant de trois ans avec une paralysie cérébrale et une déficience intellectuelle, ça ne réagit pas dans un milieu stérile, ça ne réagit pas bien alors qu'à la maison bien j'ai beaucoup plus de collaboration. Donc, tous mes collègues, c'est comme ça qu'on offre nos services dans la communauté.

Toute personne qui n'est pas mobile devrait bénéficier... pas mobile ou pour qui c'est très, très compliqué. Je ne sais pas si vous avez déjà commandé du transport adapté… demandé le transport adapté, il faut le demander trois jours… deux jours avant, en tout cas, en Outaouais, il va arriver deux heures avant le temps puis vous allez poireauter trois heures après votre rendez-vous. Ce n'est vraiment pas évident, donc ces gens-là seraient beaucoup mieux desservis en soutien à domicile.

Maintenant, on en a parlé, pour les aînés, est-ce que vous voulez dire aussi que... et vous vous voulez que j'en parle pour… Parce qu'en fait ça aussi, ça existe. Ça, c'est tous des services qui existent depuis belle lurette, mais ils ne sont tellement pas bonifiés qu'on n'est pas capables d'offrir un nombre d'heures suffisant.

M. Arseneau :

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Pardon?

M. Arseneau : Il y a la notion de compétition : il faut faire valoir, quand on est professionnel en soins, lequel des cas est le plus urgent. Il y a une espèce d'absence de ressources qui fait en sorte qu'on va faire… on va tirer à la courte paille lequel va avoir le service.

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Qui est le plus demandant. Par exemple, pour le chèque emploi-service, là… on va parler plus de choses concrètes, chèque emploi-service, c'est un chèque que le bénéficiaire peut avoir pour engager quelqu'un à la maison - pas obligé d'être un professionnel de la santé - pour l'aider à sa cuisine. Disons que, moi, je suis un quadriplégique, là, de 46 ans, mais j'ai envie de rester à la maison, bien, je veux avoir quelqu'un qui va faire mon lavage, qui va me donner mon bain dans des moments clés de la journée. C'est beaucoup mieux que d'habiter dans une ressource intermédiaire, on est à la maison avec... Mais ça, c'est un budget très, très, très fixe puis les travailleuses sociales doivent s'asseoir autour d'une table puis défendre à leur gestionnaire pourquoi son client en a plus besoin - pourquoi mon client en a plus besoin que le tien - pour, finalement, retourner avec : Ah bien, désolé, j'ai juste obtenu 12 heures. Moi, j'ai des petits patients, là, qui sont gavés, sous oxygène, non mobiles puis le parent réussit à avoir quatre heures de soutien à domicile par semaine, par semaine. Donc, c'est ça qu'on veut, on... c'est assez? C'est bon. Je m'emporte, je m'emporte.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Oui, parce qu'à la page 5 du plan, c'est un réinvestissement de 2,7 milliards sur cinq ans. Donc, quand Camille parle de… l'offre est insuffisante, là, l'offre va devenir suffisante. Et la raison, sur le plan humain, elle est évidente; la raison, sur le plan financier, c'est que, sauf quelques exceptions, en général, les soins à domicile sont financièrement plus viables à moyen et long terme que l'institutionnalisation qui coûte une fortune à faire fonctionner. Et c'est le virage qu'un paquet de pays européens ont pris depuis longtemps. Donc, on s'entête, dans un ancien système, à coups d'annonces de béton puis de... mais ce n'est pas l'orientation qu'on doit prendre, si on veut avoir les moyens de soigner tout le monde, au cours des prochaines décennies.

Le Modérateur : ...Mme Morin-Martel, en complémentaire? Ça va? M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous. Justement, parlons de la page 5. À ce que je sache, il n'y a pas de référendum en 2023. Le 6 milliards, vous le prenez où? 3,5, parce que vous dites que la moitié, c'est de l'argent neuf, vous le prenez où?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : La CAQ nous a promis que son fédéralisme nous permettrait d'obtenir ces résultats-là. Ce n'est pas le cas, ils l'ont budgété dans un premier temps, il y a un an et demi, pour ensuite le retirer de leur budget. Un gouvernement indépendantiste va s'assurer de rapatrier ces sommes-là, d'une manière ou d'une autre, parce que c'est à nous, cet argent-là, et on en a besoin.

M. Laforest (Alain) : Oui, mais ce n'est pas... c'est parce que, ça, on est dans l'imaginaire, là, on est au pays des licornes, là. La porte est fermée depuis 2003 pour le... depuis 1970, la porte est fermée sur le rapatriement des...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Le pays des licornes, c'est la CAQ qui dit : Notre fédéralisme va nous permettre de rapatrier les 6 milliards, et si vous nous donnez 15 députés de plus, on va obtenir ce qu'on n'a pas obtenu au cours des quatre dernières années. Ça, c'est le pays des licornes, parce qu'ils ne sont pas capables de nommer, même, le mot «indépendance». Nous, on va avoir un rapport de force que la CAQ n'a pas. Mais les licornes, c'est tout ce que la CAQ a tenté de nous faire gober au cours des quatre dernières années.

M. Laforest (Alain) : Ma seconde question, c'est pour le Dr Rodrigue : Pourquoi vous présenter pour le Parti québécois cette année?

M. Rodrigue (Lucien) : Bien, moi, justement, pour la réforme de la santé premièrement. Puis deuxièmement, bien, moi, je suis aussi, là, souverainiste et j'ai été militant, là, au cours des dernières années dans mon comté, Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et donc, on a discuté ensemble, j'ai fait quelques interventions pour, justement, les personnes âgées, les résidences qui étaient en train de fermer, puis que, malheureusement, la politique actuelle de la CAQ, là, dit : Bien, on a une politique puis ça va bien, tandis qu'à Charlevoix depuis environ cinq ans, il y a une centaine de places pour personnes âgées, là, qui ont fermé, puis il y en a d'autres résidences qui sont sur le respirateur. Donc, c'est un des dossiers… Il y a d'autres dossiers locaux dans mon comté que je veux... pour lesquels je trouve que la politique actuelle de la CAQ n'est pas adéquate et je voudrais qu'on puisse les débattre puis les défendre.

M. Laforest (Alain) : La reconstruction de l'Hôpital de La Malbaie, c'est-u encore un besoin pour vous?

M. Rodrigue (Lucien) : Bien, c'est en cours, effectivement. D'autres besoins… par exemple, si vous me parlez de la santé, bien, il y a un projet, présentement, là, qui est à l'étude sur une résonance magnétique nucléaire. C'est-à-dire que les gens… par exemple, si je vois un patient à Baie-Saint-Paul, il a besoin d'une résonance pour le genou, bien, il faut qu'il vienne à Québec, même chose à La Malbaie, ou soit à Chicoutimi, ou, donc, à Québec. Alors, il y a un projet. Puis moi, bien, auparavant, j'ai été chef de service, là, dans les urgences à Portneuf, on a développé ensemble, là, un projet de TDM qui va être inauguré officiellement le 22 juin. Et je pourrais... Moi, je pense qu'un complément d'appareil médical comme ça dans mon comté serait utile pour la population puis éviterait beaucoup, beaucoup de déplacements. Donc, il y a plusieurs dossiers comme ça qui m'intéressent et que je pense qui pourraient être mieux gérés que présentement. C'est…

Le Modérateur : Oui?

M. Rodrigue (Lucien) : Merci.

Le Modérateur : Alexandre Duval, Radio-Canada.

M. Duval (Alexandre) : Bonjour à vous cinq. M. Dubé veut s'affranchir des agences de santé sur un horizon de trois ans. Dans son plan santé, il parlait de plus d'autonomie pour les pharmaciens, les IPS, propose aussi d'accélérer le virage des soins à domicile, meilleur accès à la première ligne avec le guichet d'accès. En quoi votre plan est-il vraiment si différent de celui de la CAQ?

M. Arseneau : Bien, en fait, on est contents de voir que la CAQ a repris plusieurs des idées qu'on avait amenées dès la campagne électorale de 2018, notamment, là, pour l'interdisciplinarité puis le décloisonnement des professions. Mais il y a aussi toute la question… vous parlez, en fait, de ce qu'il présente maintenant, au bout de quatre ans, avec toutes les propositions constructives qu'on a pu faire. Que le gouvernement annonce maintenant qu'il a un plan pour redresser le système de santé qui s'inspire, largement, des douze travaux qu'on a déposés en janvier, on s'en réjouit.

Mais moi, je vous dis que la grande différence, à l'heure actuelle, c'est l'approche du bas vers le haut. Dans le plan de la CAQ, je vous mets au défi de savoir comment on va pouvoir mettre en œuvre une décentralisation alors qu'on n'en a pas la moindre idée et qu'on en parle depuis la prorogation de la session; c'est-à-dire, l'automne dernier c'était le maître mot, et dans le plan qui a été déposé il y a un mois, il n'y avait absolument aucun détail. Et en réponse, on a dit : On a confié le dossier à Mme Savoie. Alors, moi, je n'ai pas été impressionné par le plan : quand on a 50 priorités, c'est comme si on n'en avait pas une. En fait, ce qu'on veut offrir, là, c'est une espèce de mosaïque de solutions pour tous pour faire oublier qu'on n'a rien fait pendant quatre ans.

M. Rodrigue (Lucien) : Il y a une différence fondamentale aussi, c'est la médecine privée. Tu sais, la CAQ favorise, là, l'accessibilité… favorise la médecine privée. Moi, j'ai des patients qui viennent, là… après avoir dépensé 500 $, 600 $, qui viennent dans le service public, qui ont payé les taxes, pareil comme vous autres, pareil comme nous autres, puis n'ont rien de réglé. Puis nous autres, le plan, ce n'est pas… c'est la médecine publique, puis je suis entièrement derrière ça, moi.

M. Arseneau : Il y a un petit complément ici.

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Oui, bien, je voudrais juste rajouter que la technique Legault, puis Sylvie pourra probablement en témoigner, c'est la coercition envers les infirmières, donc pour arriver à ses fins, il utilise la coercition. C'est écrit partout, nous, on veut faire en sorte que le réseau de la santé, ce soit le meilleur employeur du Québec, donc on veut qu'on ait envie de venir travailler chez nous. Donc, ça, c'est une des grosses différences entre la technique Parti québécois puis la technique CAQ.

M. Duval (Alexandre) : Sur un sujet connexe, mais qui est davantage lié à l'actualité du jour, M. St-Pierre Plamondon, on voit que les médecins-chefs aux urgences, là, estiment que la qualité puis la sécurité des soins est menacée pour la période estivale. On demande davantage d'ouvertures de lits d'hospitalisation plutôt que des fermetures. Qu'est-ce que le ministère de la Santé doit faire, à ce moment-ci, à votre avis?

M. Arseneau : Bien, en fait, là, je ne sais pas si Paul peut compléter, là, mais j'avais prévu que vous alliez peut-être poser la question. Puis on trouve que c'est une belle illustration du fait qu'on est toujours, à la CAQ, à rebours sur l'actualité et sur les problèmes, on n'a aucune capacité d'anticipation. Et j'en profite pour rappeler que, si on prenait en charge les cas non urgents dans les cliniques de proximité que sont les CLSC, on n'en serait pas là, c'est parce que tout le monde se dirige à l'urgence parce que c'est la seule porte d'entrée. Ça justifie d'autant plus le plan qu'on dépose aujourd'hui.

Maintenant, ils sont aux prises avec une situation qu'ils ont eux-mêmes contribué à créer. Alors, vous nous demandez : Quelle est la solution? C'est sûr qu'aujourd'hui la solution, elle a été exprimée par le Dr Rodrigue, c'est qu'on fait travailler davantage le personnel en temps supplémentaire obligatoire, parce que le système des primes puis la petite révolution qu'on nous a proposée ne fonctionnent pas; parce qu'on ne collabore avec les médecins sur le terrain et avec les infirmières ou avec le personnel, on tente de leur imposer des solutions qui ne collent pas à la réalité.

M. Duval (Alexandre) : Mais on ouvre plus de lits et on donne moins de congés cet été?

M. Arseneau : Bien, écoutez, moi, je n'ai pas de solution à proposer au ministre à ce stade-ci. Effectivement, il y a un besoin d'ouvrir des lits, puis on manque de personnel, puis les solutions qui ont été mises en place par le gouvernement au cours de la dernière année n'ont pas fonctionné, c'est le constat d'échec de la CAQ. Malheureusement, on ne peut pas laisser tomber les Québécois, on s'entend, et il va devoir falloir miser sur une collaboration puis encore une fois sur la bienveillance des employés qui vont encore en donner un peu plus pour sauver le système, et c'est bien malheureux.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Si je peux me permettre. On a répété… on a discuté, au cours des quatre dernières années, à plusieurs reprises, de la question du temps supplémentaire et des agences privées. La CAQ, comme dans plusieurs dossiers, y est allée d'une demi-mesure. On s'est exprimés sur-le-champ en disant : Mais ça ne permettra pas le changement nécessaire, les résultats ne seront pas au rendez-vous, un peu comme on le voit sur d'autres sujets, là, le français, l'environnement. Et la CAQ se préoccupe davantage de de quoi ça a l'air. Donc, ils vont qualifier de grande ou petite révolution, moment historique. Il n'y en a pas, de résultat de ce qu'ils ont mis en place, et on l'avait dit, le jour de leur annonce, qu'il fallait aller beaucoup plus loin pour véritablement mettre fin au temps supplémentaire, mettre fin aux agences privées.

Et là, bien, c'est un peu facile, au terme de quatre ans, dire : Écoutez, voici, on a ramassé tout ce qu'on pouvait, là, on l'a mis dans un document puis, d'ici trois, quatre ans, on se donne des objectifs, il y a un moment donné aussi, un gouvernement doit se porter responsable, garant de ce qu'il a fait ou pas fait durant les quatre dernières années. Et ça entraîne des situations comme on voit en ce moment, donc d'où la pertinence d'un vrai plan, d'un plan complet.

Mme Tanguay (Sylvie) : Si je peux me permettre.

M. Arseneau : Oui.

Mme Tanguay (Sylvie) : Pour poursuivre avec votre question, ouvrir des lits, c'est beau, c'est sûr que c'est ce qu'il faut qu'on fasse, mais on va prendre où les infirmières, qui sont déjà, comme M. Rodrigue disait, en 16 heures? Essayez de travailler 16 heures, concentré. On joue avec des... on a la vie humaine entre nos mains, la médication… surtout à l'urgence, c'est des situations d'urgence, ça le dit; pas tous, malheureusement, mais quand il y en a une, bien, il faut se mettre dans la peau que, si c'est vous ou votre famille, bien, vous avez l'intention qu'il soit soigné avec des infirmières en santé. Abolir les agences privées, c'est un peu ça. Parce que les infirmières des agences privées ne pourront pas aller à l'urgence, malheureusement, parce que c'est une spécialité. Donc, les agences privées, souvent, les infirmières… si elles sont chanceuses, elles vont en avoir de formées, mais c'est rare; elles vont aller sur les unités de médecine, les débordements, des trucs plus simples comme ça, de base, mais, à l'urgence, il n'y en aura pas, d'infirmière des agences privées. Donc, on est un peu dans un tunnel finalement.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Bourassa (Simon) : Bonjour. Concernant les soins dentaires, là, et d'étendre la couverture jusqu'à 18 ans et pour les aînés à faibles revenus, est-ce que vous avez chiffré cette mesure-là?

M. Arseneau : Oui, on l'a chiffrée, en fait, il y a plusieurs des mesures qui ont été chiffrées. Et là, je vais chercher les chiffres puis probablement que je ne les trouverai pas, mais je vais vous fournir le montant, là. Parce qu'en fait il y a des mesures qu'on pouvait aisément chiffrer, j'ai en tête 10 millions, mais je ne suis pas sûr que c'est cet élément-là qui coûtait véritablement 10 millions. Mais on pourra vous le fournir, oui. 

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On vous reviendra avec le chiffre. Évidemment, tout ce qu'on propose fera partie d'un cadre budgétaire dans le contexte de l'élection, tout sera chiffré et cadré dans un budget.

M. Bourassa (Simon) : Pour ce qui est de revoir la rémunération des médecins, là, c'est souvent évoqué, est-ce qu'il n'y a pas une certaine crainte, là, de voir des médecins se désaffilier du système public pour se tourner vers le privé, vu qu'on a changé leur mode de rémunération? Parce qu'on sent quand même une réticence, là, corporative chez les médecins pour leur mode de rémunération.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il faut aller voir ce qu'il se passe dans plusieurs autres juridictions; dans le Canada, en Europe. On est un des rares systèmes à être aussi dépendants de l'acte médical dans la façon de fonctionner. Essentiellement, c'est la CAQ qui n'a juste pas respecté ses engagements électoraux. On nous a vendu, à plusieurs égards, des grands changements puis quand il est arrivé le temps de le faire, bien, on a coupé la poire en deux, on a fait des mesurettes pour bien paraître. Bien, ça a des conséquences sur le fonctionnement de notre système et sur les finances dont on disposerait, si on complète ces réformes-là qui sont discutées depuis des décennies et qui nous amèneraient dans une situation très comparable à plusieurs autres juridictions dans le Canada, en Europe. C'est nous qui sommes à la traîne.

M. Arseneau : Je vais compléter en disant que, la rémunération des médecins, on devait la revoir, c'était une proposition qu'on avait faite. Et la CAQ avait aussi fait cette proposition-là. Le résultat, au bout de quatre ans, il est nul, on n'a pas travaillé sur ce dossier-là d'aucune façon.

Mais, moi, là où je trouve qu'il y a des signes qui sont encourageants du point de vue des médecins, qui veulent négocier, qui veulent collaborer, c'est qu'ils étaient aussi plutôt réticents à l'interdisciplinarité, à l'idée que la porte d'entrée puisse être ailleurs que strictement dans le cabinet des médecins. Alors, moi... nous, ce qu'on va faire, c'est qu'on va les inviter à continuer dans la même logique, s'ils veulent maximiser leur pratique et véritablement, là, être à la hauteur des attentes des citoyens. Ils ont besoin de personnel, ils ont besoin de... bien, en fait, non pas de personnel, mais de collaboration interprofessionnelle, et c'est le geste qu'on doit poser maintenant. C'est de pouvoir aller jusqu'à une meilleure répartition des ressources financières du gouvernement pour qu'il y en ait pour tout le monde, pas seulement pour les médecins. Et là, actuellement, ce rattrapage-là, il est absolument nécessaire dans toutes les professions.

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il faut cesser de démoniser les médecins, là-dedans, j'insiste sur ce point-là. Ça a été fait par la CAQ à quelques reprises. Il y a eu une évolution chez les médecins. Il y a plusieurs jeunes médecins qui se disent : Moi, la santé des gens, c'est pour ça que je suis venu dans le système et il y a des réformes qui nous permettraient de nous améliorer. Donc, il faut les voir comme des partenaires, là-dedans, parce qu'il y a plein de signes que les mentalités à ce niveau-là ont changé un peu partout dans le système.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, Journal de Québec.

M. Lachance (Nicolas) : Oui, bonjour. Je vais commencer avec une question sur le sujet du jour. Vous dites que vous voulez revoir la rémunération des médecins, O.K., mettre fin à l'incorporation, mais vous allez où avec ça? Est-ce que vous voulez, quoi, que les médecins deviennent des salariés de l'État, par exemple, ou ils vont continuer à être payés à l'acte?

M. Arseneau : Ah bien, c'est clair qu'il faut s'éloigner du paiement à l'acte, et ce qu'on va proposer, et c'est sujet à négociation, c'est sûr que c'est une rémunération hybride. Ça se fait dans nombre de juridictions, et ici, bien, on est encore, là, avec un modèle qui a été élaboré au début des années 70 et qui nous coûte les yeux de la tête, alors c'est là où je pense qu'on se dirige. On ne va pas abolir la rémunération à l'acte, mais il faut migrer vers le salariat ou le forfaitaire ou vers une formule qui est davantage hybride, mixte et adaptée aux besoins du jour.

M. Lachance (Nicolas) : Vous, M. Rodrigue, par exemple, vous seriez prêt à être salarié de l'État et non à l'acte?

M. Rodrigue (Lucien) : Moi, je suis d'accord que les ressources sont limitées puis ça prend une rationalisation, hein? Et puis, oui, je suis d'accord, oui, oui, certain, il faut que le système change.

M. Lachance (Nicolas) : M. St-Pierre Plamondon, on ne vous a pas entendu encore sur l'arrivée de M. Drainville en politique québécoise... le retour de monsieur Drainville en politique québécoise, publiquement. Est-ce que c'est... si les souverainistes s'en vont à la CAQ, qui reste au Parti québécois?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Les gens qui s'engagent pour l'indépendance du Québec. Je pense que la sortie de M. Drainville, officiellement, elle a lieu demain?

M. Lachance (Nicolas) : Oui, bien...

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bon, bien, on va le laisser faire sa sortie. Je vais vous laisser lui poser la question, s'il est indépendantiste et s'il vient en politique pour l'indépendance du Québec, parce que c'est ce qu'il a dit tout au long de sa carrière. Je vais lui laisser répondre à ces questions fondamentales là et ça me fera plaisir de commenter après.

M. Lachance (Nicolas) : Bien, dans la même lignée, là, la sœur de René Lévesque vient d'écrire une lettre pour critiquer M. Bouchard... Lucien Bouchard, qui est sorti la semaine dernière, qui, justement, a affirmé que le véhicule du Parti québécois n'était peut-être plus le bon véhicule. Elle le critique sévèrement. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de lire cette lettre d'opinion. Est-ce que, vous aussi, vous avez envie de le critiquer sévèrement, M. Bouchard?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je vais prendre connaissance de la lettre et je vais vous revenir là-dessus, mais pour l'instant, là, on a un point de presse sur la santé ce matin. Puis vous allez m'avoir en point de presse toute la semaine, donc, si vous voulez me poser des questions, il y aura mardi, mercredi, jeudi et vendredi.

M. Lachance (Nicolas) : ...M. Bouchard?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est-à-dire que, là, on fait référence à une lettre, j'aimerais juste...

Des voix : ...

M. Lachance (Nicolas) : Mais en même temps, M. Bouchard est sorti publiquement, là, donc... il parle de vous au passé... il parle du Parti québécois au passé, littéralement, en disant que ce n'est peut-être plus le bon véhicule pour ramener l'indépendance. La soeur de René Lévesque sort, elle le critique sévèrement, elle, elle est prête à le faire. Est-ce que vous, vous êtes prêt à critiquer l'ancien chef du Parti québécois, M. Bouchard, et dire quelque chose par rapport à ce qu'il a déclaré publiquement, pas seulement une fois, mais deux fois, et même dans un article complet de Radio-Canada?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Il y a un seul véhicule politique en ce moment qui est dédié à ce que l'indépendance du Québec devienne une réalité, ce véhicule-là, il est renouvelé, il est bien financé puis il est d'attaque pour les prochaines élections, ça me semble être très clair. Que le 100e anniversaire de René Lévesque soit utilisé pour décourager la population québécoise d'une consultation populaire sur l'indépendance du Québec, je trouve ça difficile à expliquer, mais ce sont des questions qui devraient être posées aux organisateurs du 100e ainsi qu'à M. Bouchard. Est-ce que…

M. Lachance (Nicolas) : M. Bouchard est le président d'honneur, là, de ça, est-ce que ça aurait dû être quelqu'un d'autre, s'il ne croit plus, finalement, à ce parti-là?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Je ne commenterai pas sur les choix qui ont été faits, sur ces déclarations-là. Moi, ce que je vous dis, c'est qu'en 2022 il y a une seule formation politique qui continue à prôner l'indépendance du Québec comme un projet réalisable, pas comme un rêve diffus, pas pour quelque chose peut-être dans 30 ans, mais comme un projet urgent et nécessaire, et ce sera à la population de faire son choix tout simplement. Mais le Parti québécois, il est ici, là, et on est d'attaque et on a hâte aux prochaines élections.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui, bonjour. Je vais poursuivre dans la même lignée pour mes questions. Parce que, justement, comme vous l'avez souligné, c'est la dernière semaine de session qui commence, à un moment qui, selon les pronostics actuels, va très mal pour le Parti québécois. Est-ce que nous assistons... ou pouvons-nous assister, cette semaine, aux dernières interventions du Parti québécois au salon bleu?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : Bien, c'est sûr que, si on voit la politique comme du pari sportif, basée sur les sondages, ça nous empêche de se pencher sur ce que chaque parti politique propose. Ce matin, le Parti québécois arrive avec un plan qui est complet sur un sujet qui a été gravement négligé au cours des quatre dernières années, c'est-à-dire le système de santé, donc, moi, je n'ai pas de commentaires à faire sur les multiples hypothèses au cours des prochaines élections. Et je rappelle que la politique, la démocratie, ce n'est pas que de l'anticipation sur les résultats de chaque parti, mais bien de dresser un bilan du gouvernement actuel et de voir si d'autres partis politiques proposent mieux ou proposent différemment.

Et ce qui est très frappant ce matin, c'est que notre plan, il est très différent. Au niveau de la philosophie et des objectifs qu'on veut atteindre, au Parti québécois, c'est complètement différent de ce que la CAQ propose. Et ça adonne également que, ce matin, on lance un site qui s'appelle levraibilan.com dans le cadre duquel on met en valeur à quel point nos propositions sont distinctives de celles de la CAQ. Donc, laissons les gens évaluer chaque parti politique pour la qualité de leurs candidatures, mais pour ce qu'il propose en termes de politiques publiques.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Il y a quand même des mots qui ont été prononcés dans la conférence de presse, même ce matin, où on nous a dit : À la limite, prenez-les, nos idées. Est-ce que le Parti québécois est condamné à ça, pour l'instant, implorer les autres partis de reprendre ses idées?

M. St-Pierre Plamondon (Paul) : On a toujours dit que, si de bonnes idées permettent d'aider les Québécoises et les Québécois, nos idées sont disponibles. C'est triste que la CAQ ait attendu quatre ans avant de faire un méli-mélo d'idées en disant : Ça va être pour dans trois, quatre ans, parce que si vous... En faites, vous l'avez suivi, là, nos interventions, sur ce sujet-là comme sur d'autres sujets, régulièrement, il y a... les éléments de ce plan-là ont été suggérés, mentionnés, en disant : Il faudrait vraiment faire ça de manière urgente. On a eu peu d'écoute du gouvernement, mais on ne peut pas nous reprocher de ne pas avoir rendu nos idées disponibles, les 12 travaux qu'on avait ici, ça, c'est la suite logique. Donc, nous, on est là, en politique, pour l'indépendance du Québec puis parce qu'on aime notre monde, on aime le Québec. Donc, n'importe quoi qu'on propose ce matin qui est susceptible d'aider les gens, d'aider un système de santé gravement malade, qui a été négligé et dans le cadre duquel il y a une omerta qui empêche les gens de lever la main, n'importe quoi qu'on fait aujourd'hui qui peut être utile, nous, on est là pour le Québec, pour les gens.

M. Pilon-Larose (Hugo) : La structure financière de votre plan, je veux juste bien la comprendre, là. Parce qu'il y a, effectivement, donc... c'est un plan de 7 milliards qui repose sur un rattrapage du fédéral de 6 milliards. Si le 6 milliards d'Ottawa n'arrive pas et si vous ne faites pas l'indépendance, est-ce que votre plan, il ne marche pas?

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Il y a de l'argent dans les maisons des aînés.

M. Arseneau : Oui, oui, c'est ça que j'allais dire. En fait, nous, ce qu'on souhaite, c'est effectivement qu'on puisse utiliser l'argent des Québécois qui a été envoyé à Ottawa pour les besoins de santé des Québécois. Et je pense que les Québécois, en majorité, seraient totalement d'accord avec ça. Puis on voit que la méthode caquiste ne fonctionne pas. Cela dit, il y a aussi des choix qui ont été faits et qui continuent d'être faits, par le gouvernement, d'investir, comme Paul le disait tout à l'heure, dans le béton, dans les infrastructures, dans les maisons des aînés, dont les… à chaque fois qu'on se penche sur le dossier, les coûts explosent, une fois, c'est 40 %, une fois, c'est 20 %. Ce dossier-là, les derniers chiffres que j'ai entendus, c'étaient 7,4 milliards de dollars. On arrive exactement à ça avec les chiffres qu'on vous présente aujourd'hui. Alors, il y a certainement une réaffectation des budgets qui peut être faite, mais d'abord et avant tout, de réclamer de l'argent qui nous appartient, on pense que c'était la chose à faire ce matin.

M. Rodrigue (Lucien) : Un tunnel par exemple.

M. Arseneau : On ne changera pas de sujet.

Le Modérateur : Oliver Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Vous mettriez fin, donc… les maisons des aînés, ça serait terminé à partir du 4 octobre?

M. Arseneau : Clairement, clairement, on l'a dit à plusieurs reprises. Celles qui sont à moitié construites… on ne va quand même pas laisser un chantier incomplet, mais parce qu'évidemment l'erreur serait, encore pire, de ne pas compléter ce qui a été amorcé comme chantier. Mais de continuer à s'enfoncer dans un puits sans fond, dans un projet ruineux alors que les besoins sont ailleurs, bien, ce serait poursuivre dans la mauvaise voie.

M. Bossé (Olivier) : L'autre question était pour les trois candidats, je crois. Vous êtes cinq candidats, là. Mais vous êtes dans le milieu de la santé, vous allez vous retirer pour faire campagne, vous allez soit prendre un sans solde ou des vacances, est-ce que déjà votre milieu de travail dit : Oui, mais là, on ne pourra pas te emplacer, c'est un problème, il nous manque quelqu'un, tu vas être parti combien de temps? Est-ce que c'est un problème?

M. Arseneau : On va commencer avec Camille.

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Je peux commencer, si vous voulez. Bien, d'abord, on ne prendra pas beaucoup de sans solde, pas beaucoup de congés; pour ma part, c'est juste un mois en septembre, mon employeur est au courant. En fait, ce que je vous dirais, c'est que nos employeurs, ils sont fiers d'avoir une tribune pour leurs idées, c'est ce que j'ai entendu le plus. Puis je vais vous le dire en rigolant, mais la gestion chez nous a dit : bien, présente-toi à la CAQ, tu pourrais gagner. Bien, j'ai dit : Non, j'ai quand même un système de valeurs qui est très, très profondément ancré, puis c'est sûr que la CAQ ne me représente pas du tout. Bien, c'est pour démontrer à quel point ils sont heureux que tout ça... parce que nous, on est tous de comités, dans nos CISSS, là, respectifs - moi, j'étais sur le comité des maisons des aînés, j'ai été délestée en zone rouge - on est des personnes très vivantes dans nos organigrammes puis ils sont contents de savoir qu'on aura cette tribune-là. En tout cas…

M. Arseneau : Et si on veut changer les choses?

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Si on veut changer les choses, ça prend la tribune puis il faut être entendus.

M. Arseneau : Avec le Parti Québécois.

Mme Pellerin-Forget (Camille) : Bien, si on veut changer les choses, c'est avec le Parti québécois. Non, mais blague à part, là, ce Québec progressiste dans lequel j'ai grandi, je le dois au Parti québécois. Puis, si ce qu'on cherche, c'est juste le pouvoir, bien, parfait, on peut se présenter à la CAQ, mais si on cherche la tribune pour nos idées, ce n'est pas parce qu'on va mourir, c'est parce que nos idées sont les meilleures.

M. Arseneau : Sylvie?

M. Bossé (Olivier) : Mme Tanguay, vous aviez l'air à avoir une réponse, oui?

Mme Tanguay (Sylvie) : Bien, oui, évidemment, j'ai une réponse. C'est sûr que ça a été un choix… une grande réflexion parce que je suis consciente qu'il manque d'infirmières dans le réseau de la santé. Étant assistante infirmière-chef, j'ai une équipe à gérer qui est très jeune, qui compte sur moi puis mon expertise. Par contre, de voir aller le système de santé, ce n'est pas un cadeau, de leur faire, de les laisser comme ça. Donc, pour moi, c'était le moment opportun, j'ai toujours milité pour le Parti québécois, ça a toujours représenté mes valeurs. Et mon organisation, bien, c'est sûr que je fais partie des grands CIUSSS, j'ai un peu d'omerta sur mes épaules, je ne sais pas s'ils sont heureux, mais ça, ça ne me dérange pas vraiment. Moi, je suis très fière d'être ici pour représenter mes collègues puis l'avenir des soins infirmiers en service de santé.

M. Bossé (Olivier) : Vous n'avez pas eu d'encouragement comme votre collègue?

Mme Tanguay (Sylvie) : Bien, de la part de mes... bien, mon infirmière-chef, oui, malgré la structure d'horaire. Mais, encore là, je prends la campagne électorale, c'est tout, je travaille encore; je travaillais hier soir, d'ailleurs, je travaille demain, bref, on continue de travailler, on est sur le terrain quand même. Puis c'est ce qui me nourrit, de toute façon, aussi, d'être encore avec mes collègues, puis de prendre leurs idées, puis de les ramener, puis de pouvoir représenter...

M. Laforest (Alain) : ...vous, c'est Saint-François ou Sherbrooke?

Mme Tanguay (Sylvie) : Oui, Saint-François.

M. Laforest (Alain) : Saint-François?

Mme Tanguay (Sylvie) : Oui.

Le Modérateur : D'autres questions?

M. Rodrigue (Lucien) : C'est à mon tour.

Le Modérateur :

M. Rodrigue (Lucien) : Moi, j'ai pris trois semaines de vacances, fin août, début septembre, puis, par la suite, j'ai commencé à échanger des gardes, là, pour ne plus travailler puis… c'est-à-dire, pour me libérer pour la campagne. Et c'est un peu moins difficile que pour les infirmières, tu sais, il y a des gens qui vont me remplacer. Ça fait que c'est à peu près ça. Donc, puis après, bien, le 3 octobre, bien, je vais être obligé de démissionner.

Mme Tanguay (Sylvie) : Effectivement.

Le Modérateur : Voilà. Donc, c'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 11 h 29)

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