(Dix heures trente-trois minutes)
Le Modérateur : Bonjour et
bienvenue à cette conférence de presse du Parti québécois à la salle Evelyn-Dumas.
Il y a ici, donc, le chef parlementaire du Parti québécois, M. Joël
Arseneau, accompagné du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, de
Camille Pellerin-Forget, physiothérapeute au CISSS de l'Outaouais, Dr Lucien
Rodrigue, urgentiste à l'Hôtel-Dieu de Québec ainsi que Sylvie Tanguay,
infirmière-chef adjointe en pédiatrie au CIUSSS de l'Estrie-CHUS. Alors, je
vous cède la parole. Ce sera suivi d'une période de questions. Allez-y.
M. Arseneau : Bien,
merci beaucoup, merci d'être là aujourd'hui. Vous vous en souviendrez, le Parti
québécois avait déposé à l'hiver… en fait, dès le début de la session
parlementaire, un plan pour redresser le réseau de la santé, en fait, c'était l'architecture
du plan qu'on vous dépose aujourd'hui, c'étaient les 12 travaux du Parti
québécois, donc les grands principes, les grands défis, les grands chantiers
que le Parti québécois veut mettre en œuvre pour redresser le système de santé.
Aujourd'hui, après avoir fait nos devoirs, rencontré, évidemment, de nombreux
groupes, des gens du terrain, bien, on vous propose le plan du Parti québécois
pour la santé et les services sociaux. Je vais laisser le chef Paul St-Pierre
Plamondon faire l'introduction du plan et on arrivera avec les détails par la
suite.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Merci beaucoup, Joël. Et on est très contents de vous présenter notre plan,
qu'on peut qualifier de complet, qui s'intitule La santé à votre porte.
Avant de vous dévoiler les détails de ce plan-là, j'insiste sur le fait qu'on a
consulté non seulement beaucoup de groupes, avant de compléter ce plan-là, mais
dans notre équipe, au Parti québécois, on s'est assurés d'avoir une diversité
de professionnels parce que c'est la vision qu'on a pour l'avenir de notre
système de santé. Donc, on a Lucien Rodrigue, qui est médecin, mais on a
également Sylvie Tanguay, qui est assistante-infirmière en chef et Camille
Pellerin-Forget, qui est physiothérapeute en pédiatrie. C'est pour vous dire
que notre mentalité, c'est de valoriser chacune des professions et que chacune
de ces professions-là se pose la question : Comment est-ce qu'on peut être
au service du patient, et surtout de la santé du patient, et non pas un système
qui, de changement de structure en changement de structure, est tourné vers
lui-même?
Donc, justement, au cours des dernières
années, les réformes se sont succédé. Ce sont des changements de structure qui
ont demandé énormément d'efforts dans le système; on a mis beaucoup d'énergie
et d'emphase sur les changements de structure et très peu sur comment on peut
s'améliorer pour desservir le mieux possible le plus grand nombre. On n'est pas
un exemple d'accessibilité aux soins au Québec, c'est le moins qu'on puisse
dire. Et quand on regarde le bilan des années de la CAQ, il faut le dire, il y
a plusieurs promesses qui n'ont pas été tenues. Il y a plusieurs lumineux
rouges qui sont allumés au tableau, notamment : on est très loin du
90 minutes d'attente dans les urgences; le pourcentage de patients sur une
civière est passé de 17 % à 24 % durant l'ère de la CAQ; 60 %
des consultations à l'urgence sont pour des urgences mineures, la prise en
charge de la première ligne, donc, est nettement insuffisante; des services qui
ont carrément fermé, qui sont inaccessibles, particulièrement dans les régions,
et ça, à nos yeux, c'est vraiment inacceptable, on veut y remédier. La CAQ
n'aura pas réussi non plus à implanter un système qui attire des professionnels
dans le réseau public : depuis 2015, le recours au privé aura bondi de
306 % et ça nous coûte 1 milliard de trop de plus par année. Ça,
c'est beaucoup de sous. Évidemment, également, on mentionne qu'on n'aura pas
réussi, durant les quatre années de la CAQ, à aller chercher les
6 milliards en santé qui sont toujours manquants. Ça aussi, ça fait une
énorme différence.
Ce qui nous amène, au lieu de proposer une
autre vague de grandes réformes dans les structures, à axer sur l'essentiel,
sur des mesures simples, concrètes, toujours dans le but d'améliorer l'accès
aux soins, d'améliorer la première ligne. Et on le fait autour de trois
priorités que vous voyez ici : des soins accessibles et près de chez vous,
notamment, en revalorisant chacune des professions, mais en revalorisant la
notion de CLSC, les CLSC qui sont là et qui peuvent vraiment jouer un rôle de
plus en plus grand, des soins directement à la maison, donc on revient,
évidemment, avec l'engagement très ferme du Parti québécois d'au moins tripler
l'offre de soins à domicile et on explique comment on peut y arriver, et du
personnel en soins qui sont respectés et qui sont au service de la population.
Donc, il y a plusieurs réformes, puis je
laisserai Joël aller dans le détail là-dessus, mais il y a plusieurs réformes
qu'on n'aura pas faites pendant quatre ans et ça nous amène dans un système de
santé où nos professionnels ne sont pas assez valorisés et où, malheureusement,
comme je le disais, là, le privé aura fait trop souvent concurrence à un réseau
public qui a grandement besoin de tous ses professionnels.
Donc, je le répète, ce n'est pas normal d'aller
à l'urgence pour des bobos mineurs et il y a une façon de concevoir notre
système de santé pour donner des soins de première ligne à tous, ça passe par
les CLSC, ça passe par tous les professionnels de la santé. Et financièrement,
c'est viable, comme on le démontre, parce que notre plan, évidemment, il est
chiffré, il est détaillé; financièrement, c'est viable si on fait des choix qui
sont cohérents. Et ça se transformera donc par la santé à votre porte,
c'est-à-dire un point de service où il y a un professionnel de la santé pas
loin de chez vous qui vous attend. Ce ne sera pas toujours un médecin, mais il
y aura toujours quelqu'un qui s'occupe de vous et qui s'assure du suivi en
fonction non pas de l'acte médical, mais de la santé de nos gens. Et, ça aussi,
on change l'orientation en parlant beaucoup plus, dans ce plan-là, de
prévention et de suivi de la santé plutôt que d'actes médicaux comme on l'a
fait au cours des dernières années.
Et, en dernier lieu, bien, évidemment que
vous allez voir plusieurs des messages qu'on a répétés au cours des dernières
années sur le temps supplémentaire, sur les ratios sécuritaires dans le milieu
de la santé, sur l'autonomie régionale, sur le fait de faire confiance à nos
gens, sur une forme, également, d'omerta qu'on voit de plus en plus dans le
système de santé qui, à notre avis, est vraiment nuisible aux améliorations
qu'on veut mettre de l'avant. Donc, on a fait notre travail, on a fait le tour,
plusieurs consultations, on a mis en valeur plusieurs professions à titre de
conseillers, on est allés chercher l'opinion de gens qui n'ont pas le même
bagage, mais qui sont tous commis à ce qu'on ait un système de santé public
accessible à travers des solutions qui sont simples et faisables, et c'est ce
qu'on vous présente aujourd'hui. Je laisse la parole à Joël pour aller dans le
détail.
M. Arseneau : Oui, merci
beaucoup, Paul. Bien, je vais faire du pouce sur ce que Paul vient de dire. En
fait, le plan qu'on dépose aujourd'hui, il est tiré de certains constats. Le
système de santé n'a plus comme préoccupation, là... au cœur de ses
préoccupations l'usager. Les Québécois sont perdus dans le système de santé, ne
peuvent plus avoir accès à des services de santé de façon efficace et à
proximité de chez eux. Regardez les fermetures des CLSC un peu partout en
région, la première victime, là, lorsqu'on manque de personnel, c'est les
services à domicile ou les services de proximité, c'est le monde à l'envers. Il
faut sortir de cette vision de la santé du haut vers le bas, c'est d'abord les
besoins des gens et des communautés qu'il faut prendre en compte, et ça passe
donc par un redressement complet de la première ligne.
Et, pour nous, la première ligne, ce sont
les CLSC, les véritables cliniques de proximité, avec une interdisciplinarité
qui est effective. On va pouvoir accueillir les gens, que ce soit pour,
évidemment, des urgences mineures, mais que ce soit aussi pour des problèmes de
santé mentale également. On a tendance à mettre ça dans une case séparée, la
santé des gens, au Québec, il faut la voir de façon intégrale et intégrée et
les cliniques comme les CLSC peuvent donc traiter les gens, que ce soit avec
des travailleurs sociaux, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec
des médecins, que ce soit avec des IPS, que ce soit avec des physiothérapeutes,
des ergothérapeutes. Il faut pouvoir avoir des véritables cliniques
multidisciplinaires. Ça ne veut pas dire qu'on fait fi des GMF, il faut
travailler avec les GMF, mais il faut revoir aussi les conventions pour que les
GMF soient au service des CLSC et de la communauté plutôt que des entreprises
privées qui fonctionnent à profit selon leurs propres intérêts.
Alors, l'approche de proximité est
fondamentale. On veut et on va décentraliser, gérer de façon à rendre les
directions, les gestionnaires imputables devant les usagers et leur communauté
plutôt que devant les hauts fonctionnaires, et que le ministère… C'est un
changement de culture fondamental, qu'on va proposer, parce qu'à l'heure
actuelle la déconnexion entre le ministère, entre ses hauts fonctionnaires et le
terrain, c'est du jamais vu, il faut donc absolument modifier complètement la
culture institutionnelle du ministère de la Santé, rendre les gens imputables,
responsables.
Et ça va, par exemple... et je vais
compléter sur les CLSC, il faut leur donner des budgets conséquents; les doter
de ressources, oui, mais ces ressources-là, elles sont nécessaires, mais il
faut surtout orienter les services en fonction des besoins de la population. Et
comment on va le faire, bien, en séparant les CLSC de cette structure, là,
hypercentralisée que sont les CISSS et les CIUSSS, qui sont tournés vers le
ministère, dont les gestionnaires sont d'ailleurs nommés par le ministre, et
responsables devant le ministre. Il faut changer, évidemment, le portrait pour
qu'on puisse être responsables devant un C.A., un C.A. démocratiquement élu qui
puisse aussi compter un plus grand nombre d'usagers. Quand est-ce qu'on a
entendu les usagers avoir voix au chapitre durant les deux dernières années de
la crise sanitaire? Jamais, ils ne sont plus présents dans l'organigramme, ils
ne sont plus présents dans le réseau d'aucune façon. Et les CLSC, donc, seront
séparés avec des structures démocratiques aussi qui vont véritablement
représenter les besoins de la communauté et des besoins qui peuvent être
variables d'une région à l'autre. Ce n'est pas vrai que le CLSC
d'Hochelaga-Maisonneuve doit offrir le même type de services que celui de
Gaspé, d'Abitibi-Témiscamingue ou des Îles-de-la-Madeleine ou la
Basse-Côte-Nord. Et il faut pouvoir, quand on parle de décentralisation, là,
véritablement avoir un plan qui passe par la démocratisation du système, la
responsabilisation des gestionnaires envers les communautés desservies.
Des soins à domicile, des soins à la
maison, oui, pour personnes aînées, on en a déjà parlé abondamment, mais aussi
pour les autres usagers qui pourraient en avoir besoin. On pourra compléter
tout à l'heure avec nos experts, mais l'idée, c'est que c'est toujours plus
rentable pour l'État et beaucoup plus intéressant pour l'usager d'avoir des
services à la maison. Et ce virage-là, avec des sommes conséquentes, doit enfin
être entrepris maintenant.
Le troisième élément, c'est le personnel.
Je pourrais élaborer longuement là-dessus, mais comment peut-on redresser le
système public de santé en investissant dans des agences de placement qui
viennent vampiriser le système? C'est ce à quoi on assiste depuis des années,
de façon exacerbée depuis le début de la pandémie, et le gouvernement,
timidement, dit qu'il aimerait ça s'affranchir tout en payant
1 milliard de dollars de fonds publics par année pour continuer à
avoir recours à ces agences-là.
Et parallèlement, si on veut
véritablement... et je pense que je vais compléter là-dessus parce que je
commence à déborder le temps qui est imparti, si on veut redresser le système
de santé public, on ne peut pas miser sur le privé. Il faut pouvoir aller
rapatrier les gens qui ont quitté le système parce qu'ils n'en pouvaient plus, et
ça, ça passe par la définition du réseau de la santé et des services sociaux
comme étant le meilleur employeur; le meilleur employeur qui va respecter les
ressources humaines, le personnel soignant, qui va les reconnaître, les
considérer et leur donner la valorisation, nécessaire dans l'exercice de leur
profession, à la hauteur de leurs compétences. C'est ce qu'on entend sur le
terrain depuis des années, encore de façon plus exacerbée depuis des mois, le
temps est venu de faire ce virage.
Là-dessus, je vais passer la parole à Paul
pour compléter.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Juste rajouter un point. Des fois, il faut prendre une perspective sur ce
qui s'est produit au cours des dernières années. Sous Philippe Couillard, on a
vu une centralisation sans précédent puis des changements de structure, sous la
CAQ, ça n'a pas changé. Non seulement ça n'a pas changé, mais on a vu un
changement de comportement un peu similaire à ce qu'on voit avec les députés et
l'Assemblée nationale : sous la CAQ, un député caquiste, c'est un
représentant de la CAQ dans sa région et non pas un représentant des gens de sa
région à l'Assemblée nationale.
On a vu les CISSS et les CIUSSS prendre ce
même virage là où non seulement c'est centralisé, mais la gestion de l'image du
gouvernement fait en sorte que les personnes qui sont à la tête de notre réseau
de santé se préoccupent davantage de l'image du gouvernement et du maintien des
messages officiels que de la santé du réseau puis de leur monde. Et ça, ça
devrait nous inquiéter énormément, et je le mentionne parce qu'on a eu plusieurs
témoignages dans diverses régions du Québec à cet effet-là. Donc, quand on vous
parle de décentralisation, c'est parce qu'on pense que les régions ont droit au
même traitement, aux mêmes services, c'est également parce qu'on s'inquiète de
la capacité des gens à lever la main quand il y a une aberration dans un
système de plus en plus contrôlant et centralisé. C'est un problème.
M. Arseneau : En
complétant, avant de laisser la parole à Camille, je voulais quand même attirer
l'attention sur le fait qu'on va aussi présenter une politique nationale de
prévention et de promotion de la santé. C'est la clé, il faut agir en amont du
système hospitalocentriste qu'on a aujourd'hui. L'autre élément qui était aussi
dans nos 12 travaux, qu'on n'a pas oublié, mais je ne veux pas insister
là-dessus aujourd'hui, toute la question de la santé publique. On devra y
investir, on devra revoir la Loi sur la santé publique et s'assurer que le
directeur national soit complètement indépendant. Les détails sont dans le plan
puis on a une foule de mesures également.
Mais, là-dessus, je passerais la parole à
Camille.
Le Modérateur : Bien, juste
avant, vous rappeler d'essayer d'être concis parce qu'il y a quand même une
période de questions qui suit par la suite. Donc, Mme Pellerin-Forget,
s'il vous plaît.
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Bonjour. Camille Pellerin-Forget. Alors, comme on l'a mentionné, je suis
physiothérapeute en pédiatrie DI-DP-TSA, précisément, au CISSS de l'Outaouais.
Écoutez, avant de... petite parenthèse, j'ai envie de vous dire, là-dedans, là,
ce sont vos professionnels de la santé qui vous parlent. On est ici, il y en a
plusieurs qui ont participé à ce projet-là, donc, vraiment, faites-nous
confiance puis écoutez-nous, ça vaut vraiment la peine.
Ça fait des années que je le dis, Joël l'a
évoqué, Paul l'a évoqué aussi un petit peu, je ne sais pas pourquoi aucun
gouvernement n'a pris ça comme cheval de bataille, mais pour désengorger le
système de santé, il faut absolument donner… augmenter les actes professionnels
de chacun des 200 000 professionnels qui travaillent dans le réseau;
souvent, on parle de gens qui ont des maîtrises dans leur domaine, c'est des
gens extrêmement compétents qui sont coincés dans une espèce de cercle vicieux
où ils sont toujours dépendants du médecin et qui ralentit les procédures de
prise en charge puis qui ralentit l'efficacité du réseau.
Je vous donne un exemple qui s'applique
très bien à ce qu'on vient de proposer. Vous vous faites une entorse de
cheville, bon : Ah non, je vais être obligé d'aller me taper
12 heures à l'urgence. Bien non, si votre CLSC est ouvert 12 heures
par jour comme on le propose, vous vous rendez là, vous êtes pris en charge par
un physiothérapeute qui, grâce à des actes médicaux, peut vous prescrire un
rayon X : Ah, madame, heureusement, votre cheville n'est pas
fracturée, je vais vous prendre en charge, je vais m'occuper de votre cheville
jusqu'à la fin de... jusqu'à tant que l'entorse soit résorbée, ou : Hé,
c'est cassé à quatre places, autre acte médical, je vous réfère à un
orthopédiste puis je vais travailler de pair avec l'orthopédiste : voilà,
le médecin n'a même pas eu à être dérangé pour ça.
Des exemples comme ça, on a deux minutes,
je pourrais vous en donner pendant deux heures : des ergothérapeutes
qui prescrivent des études de déglutition pour la dysphagie, un pharmacien qui
voit un enfant arriver avec une éruption d'herbe à puce peut prescrire le
corticostéroïde tout de suite. Il y a tellement d'actes médicaux qui sont
coincés puis qui sont indisponibles pour les professionnels de la santé, je
sais, il faudrait faire une statistique, mais ça ralentit le système. Moi, je
travaille en pédiatrie, savez-vous que pour avoir des petites orthèses
tibiopédieuses en L pour un enfant qui a une paralysie cérébrale, ça me prend
six mois; il faut que je couraille une signature de médecin spécialiste, cet
enfant-là est prêt à marcher aujourd'hui. Donc, ça, il y en a partout dans le
réseau.
On est 200 000 professionnels
hypercompétents, il faut mettre la main à la pâte, rencontrer les... c'est tous
des gens qui sont régis par des ordres professionnels, on s'assoit avec les
ordres professionnels. C'est très, très facile à actualiser, ce programme-là,
et ça va faire une immense différence. Notre réseau de la santé, c'est notre
milieu, notre réseau public, c'est un bijou, mais il a été fracturé, il été
amputé. Pardonnez le champ lexical médical, hein, déformation professionnelle.
On se remet à peine de l'hémorragie Barrette que, pendant ce temps-là, François
Legault essaie d'abolir toute forme de contre-pouvoir; dans le réseau de la
santé, on ne peut plus critiquer de l'intérieur, on ne peut critiquer de
l'extérieur. Ça ne fonctionne pas.
Au Parti québécois, ce qu'on a fait, on
s'est assis à la table à dessin puis on a mis quelque chose de concret, par des
professionnels de la santé, actualisable maintenant, puis on a écouté la voix
des gens sur le terrain et j'en suis une, j'ai ma voix sur le terrain. Donc,
vraiment, j'ai envie de vous dire : Sortons du cynisme politique, ce n'est
pas de la langue de bois, c'est vraiment un plan qui fonctionne, faites-nous
confiance. Puis, à la limite, je vais citer Jean-François Lisée :
Prenez-les, nos idées, au pire.
M. Arseneau : Là-dessus,
Dr Rodrigue, vous pouvez continuer.
M. Rodrigue (Lucien) : Bonjour
à tous. Lucien Rodrigue, je suis urgentiste. Je travaille de l'autre côté de la
rue, ça fait que, si vous êtes malades, vous pouvez venir me voir, là, à
l'Hôtel-Dieu, mais, dans le contexte actuel, ça se peut que vous attendiez. De
fait, j'étais de garde hier soir, j'ai fini à 1 heure cette nuit, il y
avait beaucoup de monde; quand je suis parti, il y avait une douzaine de
patients encore et je n'avais pas soupé. Et moi, je finissais mon quart un peu
plus tard, normalement, c'est huit, neuf heures, donc j'ai commencé, là, à peu
près à 4 heures, un petit peu avant 4 heures, j'ai fini à
1 heure, mais les infirmières qui étaient là, bien, il y en a beaucoup qui
devaient faire du temps supplémentaire obligé, tu sais, puis ce n'était pas...
il y en a qui en avaient fait la veille, puis d'autres, l'avant-veille. Donc,
moi, j'étais très fatigué, tu sais, c'est des gros quarts, tu sais, mais
j'étais un peu triste pour le personnel, de voir, tu sais, qu'il était obligé
de rester comme ça. Donc, tout ça pour dire que c'est le temps qu'il se passe
un changement spécifique, là, complet.
Je veux juste vous parler, moi, une autre
petite chose, des soins à domicile. Personnellement, je traite une patiente,
là, qui a un gros déficit et qui a besoin de soins à tous les trois mois, alors
je vais la voir à son domicile, je fais le traitement, je vérifie s'il y a
d'autres choses. Mais j'ai... en tout cas, on a la chance... J'ai la chance de
connaître la famille, donc c'est facile pour eux autres, là, mais ce n'est pas
beaucoup de gens qui ont une possibilité comme ça. À un moment donné, on a dû
l'amener à l'urgence, ma patiente, puis elle était nerveuse, elle était très
anxieuse, elle criait. Ça a été très difficile, il a fallu peu-être un peu
isoler une partie de l'urgence. Donc, tout ça pour dire que, pour moi, les
soins à domicile, présentement, c'est sous-financé, puis ça devrait être
beaucoup mieux, là, organisé, puis structuré, puis financé. Donc, merci de
votre attention.
M. Arseneau : Sylvie.
Mme Tanguay (Sylvie) : Bonjour.
Moi, je m'appelle Sylvie Tanguay, je suis infirmière... assistante-infirmière-chef
au CHU, à Fleurimont, en pédiatrie. En fait, je suis vraiment fière de
collaborer avec le Parti québécois qui reconnaît toute l'importance de miser
sur ses travailleurs de la santé pour offrir aux patients le meilleur des
soins.
Alors, évidemment, il y a le ratio
personnel-patient. C'est inacceptable qu'une infirmière, infirmière auxiliaire
ou préposée aux bénéficiaires doive s'occuper de plus de 50 patients, et
là, c'est minimum, toute seule dans les CHSLD ou aux résidences de personnes
aînées. Donc, ça, c'est vraiment inacceptable, mais ce n'est pas sécuritaire
non plus. Évidemment, le fameux TSO, on en entend parler, mais comment le
régler, comment l'abolir? Et ça, c'est mon cheval de bataille, évidemment,
parce que, pour moi, la santé des travailleurs de la santé, c'est très, très
important. On l'a vu en pandémie, on dirait… ça avait déjà commencé il y a
longtemps, mais ça s'est empiré dans les deux dernières années. Juste au
CIUSSS, je dirais des chiffres qui ont sorti : il y a plus de 1 000 personnes… 1 000 infirmières
qui ont quitté le réseau de la santé dans la dernière année. En pédiatrie,
nous, juste sur mon département, il y a une dizaine de personnes - et je parle
d'infirmières de cinq ans et moins, hein, qui sont, en passant, notre relève -
qui ont quitté en maladie, qui s'est terminée par une démission, parce que
c'est trop lourd, c'est trop difficile, ils ne se voient pas fonder une famille
ou ne serait-ce que juste avoir une vie tout simplement.
Donc, au Parti québécois, on travaille
aussi conciliation travail-famille, qui est importante. Comment le faire? Bien,
évidemment, ça va de soi, Joël l'a dit tantôt, on ne peut pas combiner, surtout
en soins infirmiers, le privé et le public, c'est impossible, donc c'est
d'abolir les agences privées. Nous, on a perdu extrêmement de gens, malgré la
règle que les filles qui quittent le réseau public ne peuvent pas travailler
pendant trois mois pour aller en agence privée, elles quittent pareil le
réseau public, c'est inacceptable. Donc, une personne qui quitte au privé, ça
enlève un personnel de la santé au public, puis ça, on en a besoin. Donc, c'est
de créer… d'aller réintégrer ces personnes-là en abolissant les agences et de
leur offrir des conditions de travail qui sont adéquates, avec conciliation
travail-famille, gérer les horaires aussi. Parce que ça se fait, là. Moi, quand
je suis arrivée dans le réseau, il y a 20 ans, il n'en manquait pas,
d'infirmières, au contraire, on était sur des listes d'attente, on était un peu
sur la pagette, ce qui est irréaliste aujourd'hui, là. Mais c'est ça, ça s'est
dégradé énormément dans les 20 dernières années, donc il faut vraiment le
remonter, puis lui redonner sa valeur pour avoir un réseau public vraiment
adéquat, puis avoir le meilleur réseau public également.
M. Arseneau : Période de
questions.
Le Modérateur : Merci. Nous
en sommes à la période de questions. Puisqu'on a des nouveaux parmi nous, nous
allons commencer avec Florence Morin-Martel, Le Devoir.
Mme Morin-Martel (Florence) :
Oui, bonjour. En fait, j'aimerais vous entendre davantage, là, sur les
soins à la maison pour les autres usagers, là. C'est quoi, les cas de figure
qui sont envisagés?
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Oui, bien, en fait, le soutien… ce qui n'est pas connu, c'est qu'il existe
déjà peut-être certaines petites sphères de soutien à domicile… je m'approche
du micro, mais... au soutien à domicile, mais toutes les… C'est que ce n'est
pas assez bonifié puis on n'en a pas assez. Donc, en DI-DP-TSA, de l'enfance à
99 ans...
M. Arseneau : ...
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Ah oui, pardon : déficience intellectuelle, déficience physique et
trouble du spectre de l'autisme. Ça, c'est le jargon du réseau, hein? Donc, ça,
c'est une clientèle qui ne fonctionne pas bien en institution. Même moi, en
pédiatrie, 90 % de mon service, je le fais à domicile parce qu'un enfant
de trois ans avec une paralysie cérébrale et une déficience
intellectuelle, ça ne réagit pas dans un milieu stérile, ça ne réagit pas bien
alors qu'à la maison bien j'ai beaucoup plus de collaboration. Donc, tous mes
collègues, c'est comme ça qu'on offre nos services dans la communauté.
Toute personne qui n'est pas mobile
devrait bénéficier... pas mobile ou pour qui c'est très, très compliqué. Je ne
sais pas si vous avez déjà commandé du transport adapté… demandé le transport
adapté, il faut le demander trois jours… deux jours avant, en tout
cas, en Outaouais, il va arriver deux heures avant le temps puis vous
allez poireauter trois heures après votre rendez-vous. Ce n'est vraiment
pas évident, donc ces gens-là seraient beaucoup mieux desservis en soutien à
domicile.
Maintenant, on en a parlé, pour les aînés,
est-ce que vous voulez dire aussi que... et vous vous voulez que j'en parle
pour… Parce qu'en fait ça aussi, ça existe. Ça, c'est tous des services qui
existent depuis belle lurette, mais ils ne sont tellement pas bonifiés qu'on
n'est pas capables d'offrir un nombre d'heures suffisant.
M. Arseneau : …
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Pardon?
M. Arseneau : Il y a la
notion de compétition : il faut faire valoir, quand on est professionnel
en soins, lequel des cas est le plus urgent. Il y a une espèce d'absence de
ressources qui fait en sorte qu'on va faire… on va tirer à la courte paille
lequel va avoir le service.
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Qui est le plus demandant. Par exemple, pour le chèque emploi-service, là…
on va parler plus de choses concrètes, chèque emploi-service, c'est un chèque
que le bénéficiaire peut avoir pour engager quelqu'un à la maison - pas obligé
d'être un professionnel de la santé - pour l'aider à sa cuisine. Disons que,
moi, je suis un quadriplégique, là, de 46 ans, mais j'ai envie de rester à
la maison, bien, je veux avoir quelqu'un qui va faire mon lavage, qui va me
donner mon bain dans des moments clés de la journée. C'est beaucoup mieux que
d'habiter dans une ressource intermédiaire, on est à la maison avec... Mais ça,
c'est un budget très, très, très fixe puis les travailleuses sociales doivent
s'asseoir autour d'une table puis défendre à leur gestionnaire pourquoi son
client en a plus besoin - pourquoi mon client en a plus besoin que le tien -
pour, finalement, retourner avec : Ah bien, désolé, j'ai juste obtenu 12 heures.
Moi, j'ai des petits patients, là, qui sont gavés, sous oxygène, non mobiles
puis le parent réussit à avoir quatre heures de soutien à domicile par
semaine, par semaine. Donc, c'est ça qu'on veut, on... c'est assez? C'est bon.
Je m'emporte, je m'emporte.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Oui, parce qu'à la page 5 du plan, c'est un réinvestissement de 2,7 milliards
sur cinq ans. Donc, quand Camille parle de… l'offre est insuffisante, là,
l'offre va devenir suffisante. Et la raison, sur le plan humain, elle est évidente;
la raison, sur le plan financier, c'est que, sauf quelques exceptions, en
général, les soins à domicile sont financièrement plus viables à moyen et long
terme que l'institutionnalisation qui coûte une fortune à faire fonctionner. Et
c'est le virage qu'un paquet de pays européens ont pris depuis longtemps. Donc,
on s'entête, dans un ancien système, à coups d'annonces de béton puis de...
mais ce n'est pas l'orientation qu'on doit prendre, si on veut avoir les moyens
de soigner tout le monde, au cours des prochaines décennies.
Le Modérateur : ...Mme Morin-Martel,
en complémentaire? Ça va? M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. Justement, parlons de la page 5. À ce que je sache, il n'y a pas
de référendum en 2023. Le 6 milliards, vous le prenez où? 3,5, parce
que vous dites que la moitié, c'est de l'argent neuf, vous le prenez où?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
La CAQ nous a promis que son fédéralisme nous permettrait d'obtenir ces
résultats-là. Ce n'est pas le cas, ils l'ont budgété dans un premier temps, il
y a un an et demi, pour ensuite le retirer de leur budget. Un gouvernement
indépendantiste va s'assurer de rapatrier ces sommes-là, d'une manière ou d'une
autre, parce que c'est à nous, cet argent-là, et on en a besoin.
M. Laforest (Alain) : Oui,
mais ce n'est pas... c'est parce que, ça, on est dans l'imaginaire, là, on est
au pays des licornes, là. La porte est fermée depuis 2003 pour le... depuis
1970, la porte est fermée sur le rapatriement des...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Le pays des licornes, c'est la CAQ qui dit : Notre fédéralisme va nous
permettre de rapatrier les 6 milliards, et si vous nous donnez
15 députés de plus, on va obtenir ce qu'on n'a pas obtenu au cours des
quatre dernières années. Ça, c'est le pays des licornes, parce qu'ils ne sont
pas capables de nommer, même, le mot «indépendance». Nous, on va avoir un
rapport de force que la CAQ n'a pas. Mais les licornes, c'est tout ce que la
CAQ a tenté de nous faire gober au cours des quatre dernières années.
M. Laforest (Alain) : Ma
seconde question, c'est pour le Dr Rodrigue : Pourquoi vous présenter
pour le Parti québécois cette année?
M. Rodrigue (Lucien) : Bien,
moi, justement, pour la réforme de la santé premièrement. Puis deuxièmement,
bien, moi, je suis aussi, là, souverainiste et j'ai été militant, là, au cours
des dernières années dans mon comté, Charlevoix—Côte-de-Beaupré. Et donc, on a
discuté ensemble, j'ai fait quelques interventions pour, justement, les personnes
âgées, les résidences qui étaient en train de fermer, puis que,
malheureusement, la politique actuelle de la CAQ, là, dit : Bien, on a une
politique puis ça va bien, tandis qu'à Charlevoix depuis environ cinq ans, il y
a une centaine de places pour personnes âgées, là, qui ont fermé, puis il y en
a d'autres résidences qui sont sur le respirateur. Donc, c'est un des dossiers…
Il y a d'autres dossiers locaux dans mon comté que je veux... pour lesquels je
trouve que la politique actuelle de la CAQ n'est pas adéquate et je voudrais
qu'on puisse les débattre puis les défendre.
M. Laforest (Alain) : La
reconstruction de l'Hôpital de La Malbaie, c'est-u encore un besoin pour vous?
M. Rodrigue (Lucien) : Bien,
c'est en cours, effectivement. D'autres besoins… par exemple, si vous me parlez
de la santé, bien, il y a un projet, présentement, là, qui est à l'étude sur
une résonance magnétique nucléaire. C'est-à-dire que les gens… par exemple, si
je vois un patient à Baie-Saint-Paul, il a besoin d'une résonance pour le
genou, bien, il faut qu'il vienne à Québec, même chose à La Malbaie, ou soit à
Chicoutimi, ou, donc, à Québec. Alors, il y a un projet. Puis moi, bien,
auparavant, j'ai été chef de service, là, dans les urgences à Portneuf, on a
développé ensemble, là, un projet de TDM qui va être inauguré officiellement le
22 juin. Et je pourrais... Moi, je pense qu'un complément d'appareil
médical comme ça dans mon comté serait utile pour la population puis éviterait
beaucoup, beaucoup de déplacements. Donc, il y a plusieurs dossiers comme ça
qui m'intéressent et que je pense qui pourraient être mieux gérés que
présentement. C'est…
Le Modérateur
: Oui?
M. Rodrigue (Lucien) : Merci.
Le Modérateur : Alexandre
Duval, Radio-Canada.
M. Duval (Alexandre) : Bonjour
à vous cinq. M. Dubé veut s'affranchir des agences de santé sur un horizon
de trois ans. Dans son plan santé, il parlait de plus d'autonomie pour les
pharmaciens, les IPS, propose aussi d'accélérer le virage des soins à domicile,
meilleur accès à la première ligne avec le guichet d'accès. En quoi votre plan
est-il vraiment si différent de celui de la CAQ?
M. Arseneau : Bien, en
fait, on est contents de voir que la CAQ a repris plusieurs des idées qu'on
avait amenées dès la campagne électorale de 2018, notamment, là, pour
l'interdisciplinarité puis le décloisonnement des professions. Mais il y a
aussi toute la question… vous parlez, en fait, de ce qu'il présente maintenant,
au bout de quatre ans, avec toutes les propositions constructives qu'on a pu
faire. Que le gouvernement annonce maintenant qu'il a un plan pour redresser le
système de santé qui s'inspire, largement, des douze travaux qu'on a déposés en
janvier, on s'en réjouit.
Mais moi, je vous dis que la grande
différence, à l'heure actuelle, c'est l'approche du bas vers le haut. Dans le
plan de la CAQ, je vous mets au défi de savoir comment on va pouvoir mettre en
œuvre une décentralisation alors qu'on n'en a pas la moindre idée et qu'on en
parle depuis la prorogation de la session; c'est-à-dire, l'automne dernier
c'était le maître mot, et dans le plan qui a été déposé il y a un mois, il n'y
avait absolument aucun détail. Et en réponse, on a dit : On a confié le
dossier à Mme Savoie. Alors, moi, je n'ai pas été impressionné par le plan :
quand on a 50 priorités, c'est comme si on n'en avait pas une. En fait, ce
qu'on veut offrir, là, c'est une espèce de mosaïque de solutions pour tous pour
faire oublier qu'on n'a rien fait pendant quatre ans.
M. Rodrigue (Lucien) : Il
y a une différence fondamentale aussi, c'est la médecine privée. Tu sais, la
CAQ favorise, là, l'accessibilité… favorise la médecine privée. Moi, j'ai des
patients qui viennent, là… après avoir dépensé 500 $, 600 $, qui
viennent dans le service public, qui ont payé les taxes, pareil comme vous
autres, pareil comme nous autres, puis n'ont rien de réglé. Puis nous autres,
le plan, ce n'est pas… c'est la médecine publique, puis je suis entièrement
derrière ça, moi.
M. Arseneau : Il y a un
petit complément ici.
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Oui, bien, je voudrais juste rajouter que la technique Legault, puis Sylvie
pourra probablement en témoigner, c'est la coercition envers les infirmières,
donc pour arriver à ses fins, il utilise la coercition. C'est écrit partout, nous,
on veut faire en sorte que le réseau de la santé, ce soit le meilleur employeur
du Québec, donc on veut qu'on ait envie de venir travailler chez nous. Donc,
ça, c'est une des grosses différences entre la technique Parti québécois puis
la technique CAQ.
M. Duval (Alexandre) : Sur
un sujet connexe, mais qui est davantage lié à l'actualité du jour, M. St-Pierre
Plamondon, on voit que les médecins-chefs aux urgences, là, estiment que la
qualité puis la sécurité des soins est menacée pour la période estivale. On
demande davantage d'ouvertures de lits d'hospitalisation plutôt que des
fermetures. Qu'est-ce que le ministère de la Santé doit faire, à ce moment-ci,
à votre avis?
M. Arseneau : Bien, en
fait, là, je ne sais pas si Paul peut compléter, là, mais j'avais prévu que
vous alliez peut-être poser la question. Puis on trouve que c'est une belle
illustration du fait qu'on est toujours, à la CAQ, à rebours sur l'actualité et
sur les problèmes, on n'a aucune capacité d'anticipation. Et j'en profite pour
rappeler que, si on prenait en charge les cas non urgents dans les cliniques de
proximité que sont les CLSC, on n'en serait pas là, c'est parce que tout le
monde se dirige à l'urgence parce que c'est la seule porte d'entrée. Ça
justifie d'autant plus le plan qu'on dépose aujourd'hui.
Maintenant, ils sont aux prises avec une
situation qu'ils ont eux-mêmes contribué à créer. Alors, vous nous demandez :
Quelle est la solution? C'est sûr qu'aujourd'hui la solution, elle a été
exprimée par le Dr Rodrigue, c'est qu'on fait travailler davantage le
personnel en temps supplémentaire obligatoire, parce que le système des primes
puis la petite révolution qu'on nous a proposée ne fonctionnent pas; parce
qu'on ne collabore avec les médecins sur le terrain et avec les infirmières ou
avec le personnel, on tente de leur imposer des solutions qui ne collent pas à
la réalité.
M. Duval (Alexandre) : Mais
on ouvre plus de lits et on donne moins de congés cet été?
M. Arseneau : Bien,
écoutez, moi, je n'ai pas de solution à proposer au ministre à ce stade-ci.
Effectivement, il y a un besoin d'ouvrir des lits, puis on manque de personnel,
puis les solutions qui ont été mises en place par le gouvernement au cours de
la dernière année n'ont pas fonctionné, c'est le constat d'échec de la CAQ.
Malheureusement, on ne peut pas laisser tomber les Québécois, on s'entend, et
il va devoir falloir miser sur une collaboration puis encore une fois sur la
bienveillance des employés qui vont encore en donner un peu plus pour sauver le
système, et c'est bien malheureux.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Si je peux me permettre. On a répété… on a discuté, au cours des quatre
dernières années, à plusieurs reprises, de la question du temps supplémentaire
et des agences privées. La CAQ, comme dans plusieurs dossiers, y est allée
d'une demi-mesure. On s'est exprimés sur-le-champ en disant : Mais ça ne
permettra pas le changement nécessaire, les résultats ne seront pas au
rendez-vous, un peu comme on le voit sur d'autres sujets, là, le français,
l'environnement. Et la CAQ se préoccupe davantage de de quoi ça a l'air. Donc,
ils vont qualifier de grande ou petite révolution, moment historique. Il n'y en
a pas, de résultat de ce qu'ils ont mis en place, et on l'avait dit, le jour de
leur annonce, qu'il fallait aller beaucoup plus loin pour véritablement mettre
fin au temps supplémentaire, mettre fin aux agences privées.
Et là, bien, c'est un peu facile, au terme
de quatre ans, dire : Écoutez, voici, on a ramassé tout ce qu'on
pouvait, là, on l'a mis dans un document puis, d'ici trois, quatre ans, on
se donne des objectifs, il y a un moment donné aussi, un gouvernement doit se
porter responsable, garant de ce qu'il a fait ou pas fait durant les quatre
dernières années. Et ça entraîne des situations comme on voit en ce moment, donc
d'où la pertinence d'un vrai plan, d'un plan complet.
Mme Tanguay (Sylvie) : Si
je peux me permettre.
M. Arseneau : Oui.
Mme Tanguay (Sylvie) : Pour
poursuivre avec votre question, ouvrir des lits, c'est beau, c'est sûr que
c'est ce qu'il faut qu'on fasse, mais on va prendre où les infirmières, qui
sont déjà, comme M. Rodrigue disait, en 16 heures? Essayez de
travailler 16 heures, concentré. On joue avec des... on a la vie humaine
entre nos mains, la médication… surtout à l'urgence, c'est des situations
d'urgence, ça le dit; pas tous, malheureusement, mais quand il y en a une,
bien, il faut se mettre dans la peau que, si c'est vous ou votre famille, bien,
vous avez l'intention qu'il soit soigné avec des infirmières en santé. Abolir
les agences privées, c'est un peu ça. Parce que les infirmières des agences
privées ne pourront pas aller à l'urgence, malheureusement, parce que c'est une
spécialité. Donc, les agences privées, souvent, les infirmières… si elles sont
chanceuses, elles vont en avoir de formées, mais c'est rare; elles vont aller
sur les unités de médecine, les débordements, des trucs plus simples comme ça,
de base, mais, à l'urgence, il n'y en aura pas, d'infirmière des agences
privées. Donc, on est un peu dans un tunnel finalement.
Le Modérateur : Simon
Bourassa, Noovo.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour.
Concernant les soins dentaires, là, et d'étendre la couverture jusqu'à
18 ans et pour les aînés à faibles revenus, est-ce que vous avez chiffré
cette mesure-là?
M. Arseneau : Oui, on
l'a chiffrée, en fait, il y a plusieurs des mesures qui ont été chiffrées. Et
là, je vais chercher les chiffres puis probablement que je ne les trouverai
pas, mais je vais vous fournir le montant, là. Parce qu'en fait il y a des
mesures qu'on pouvait aisément chiffrer, j'ai en tête 10 millions, mais je
ne suis pas sûr que c'est cet élément-là qui coûtait véritablement
10 millions. Mais on pourra vous le fournir, oui.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On vous reviendra avec le chiffre. Évidemment, tout ce qu'on propose fera
partie d'un cadre budgétaire dans le contexte de l'élection, tout sera chiffré
et cadré dans un budget.
M. Bourassa (Simon) : Pour
ce qui est de revoir la rémunération des médecins, là, c'est souvent évoqué, est-ce
qu'il n'y a pas une certaine crainte, là, de voir des médecins se désaffilier
du système public pour se tourner vers le privé, vu qu'on a changé leur mode de
rémunération? Parce qu'on sent quand même une réticence, là, corporative chez
les médecins pour leur mode de rémunération.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il faut aller voir ce qu'il se passe dans plusieurs autres juridictions;
dans le Canada, en Europe. On est un des rares systèmes à être aussi dépendants
de l'acte médical dans la façon de fonctionner. Essentiellement, c'est la CAQ
qui n'a juste pas respecté ses engagements électoraux. On nous a vendu, à
plusieurs égards, des grands changements puis quand il est arrivé le temps de
le faire, bien, on a coupé la poire en deux, on a fait des mesurettes pour bien
paraître. Bien, ça a des conséquences sur le fonctionnement de notre système et
sur les finances dont on disposerait, si on complète ces réformes-là qui sont
discutées depuis des décennies et qui nous amèneraient dans une situation très
comparable à plusieurs autres juridictions dans le Canada, en Europe. C'est
nous qui sommes à la traîne.
M. Arseneau : Je vais
compléter en disant que, la rémunération des médecins, on devait la revoir,
c'était une proposition qu'on avait faite. Et la CAQ avait aussi fait cette
proposition-là. Le résultat, au bout de quatre ans, il est nul, on n'a pas
travaillé sur ce dossier-là d'aucune façon.
Mais, moi, là où je trouve qu'il y a des
signes qui sont encourageants du point de vue des médecins, qui veulent
négocier, qui veulent collaborer, c'est qu'ils étaient aussi plutôt réticents à
l'interdisciplinarité, à l'idée que la porte d'entrée puisse être ailleurs que
strictement dans le cabinet des médecins. Alors, moi... nous, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va les inviter à continuer dans la même logique, s'ils
veulent maximiser leur pratique et véritablement, là, être à la hauteur des
attentes des citoyens. Ils ont besoin de personnel, ils ont besoin de... bien, en
fait, non pas de personnel, mais de collaboration interprofessionnelle, et
c'est le geste qu'on doit poser maintenant. C'est de pouvoir aller jusqu'à une
meilleure répartition des ressources financières du gouvernement pour qu'il y
en ait pour tout le monde, pas seulement pour les médecins. Et là,
actuellement, ce rattrapage-là, il est absolument nécessaire dans toutes les
professions.
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il faut cesser de démoniser les médecins, là-dedans, j'insiste sur ce
point-là. Ça a été fait par la CAQ à quelques reprises. Il y a eu une évolution
chez les médecins. Il y a plusieurs jeunes médecins qui se disent : Moi,
la santé des gens, c'est pour ça que je suis venu dans le système et il y a des
réformes qui nous permettraient de nous améliorer. Donc, il faut les voir comme
des partenaires, là-dedans, parce qu'il y a plein de signes que les mentalités
à ce niveau-là ont changé un peu partout dans le système.
Le Modérateur : Nicolas
Lachance, Journal de Québec.
M. Lachance (Nicolas) : Oui,
bonjour. Je vais commencer avec une question sur le sujet du jour. Vous dites
que vous voulez revoir la rémunération des médecins, O.K., mettre fin à
l'incorporation, mais vous allez où avec ça? Est-ce que vous voulez, quoi, que
les médecins deviennent des salariés de l'État, par exemple, ou ils vont
continuer à être payés à l'acte?
M. Arseneau : Ah bien,
c'est clair qu'il faut s'éloigner du paiement à l'acte, et ce qu'on va
proposer, et c'est sujet à négociation, c'est sûr que c'est une rémunération
hybride. Ça se fait dans nombre de juridictions, et ici, bien, on est encore,
là, avec un modèle qui a été élaboré au début des années 70 et qui nous
coûte les yeux de la tête, alors c'est là où je pense qu'on se dirige. On ne va
pas abolir la rémunération à l'acte, mais il faut migrer vers le salariat ou le
forfaitaire ou vers une formule qui est davantage hybride, mixte et adaptée aux
besoins du jour.
M. Lachance (Nicolas) : Vous,
M. Rodrigue, par exemple, vous seriez prêt à être salarié de l'État et non
à l'acte?
M. Rodrigue (Lucien) : Moi,
je suis d'accord que les ressources sont limitées puis ça prend une
rationalisation, hein? Et puis, oui, je suis d'accord, oui, oui, certain, il
faut que le système change.
M. Lachance (Nicolas) : M. St-Pierre
Plamondon, on ne vous a pas entendu encore sur l'arrivée de M. Drainville
en politique québécoise... le retour de monsieur Drainville en politique
québécoise, publiquement. Est-ce que c'est... si les souverainistes s'en vont à
la CAQ, qui reste au Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Les gens qui s'engagent pour l'indépendance du Québec. Je pense que la
sortie de M. Drainville, officiellement, elle a lieu demain?
M. Lachance (Nicolas) : Oui,
bien...
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bon, bien, on va le laisser faire sa sortie. Je vais vous laisser lui poser
la question, s'il est indépendantiste et s'il vient en politique pour
l'indépendance du Québec, parce que c'est ce qu'il a dit tout au long de sa
carrière. Je vais lui laisser répondre à ces questions fondamentales là et ça
me fera plaisir de commenter après.
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
dans la même lignée, là, la sœur de René Lévesque vient d'écrire une lettre
pour critiquer M. Bouchard... Lucien Bouchard, qui est sorti la semaine
dernière, qui, justement, a affirmé que le véhicule du Parti québécois n'était
peut-être plus le bon véhicule. Elle le critique sévèrement. Je ne sais pas si
vous avez eu le temps de lire cette lettre d'opinion. Est-ce que, vous aussi,
vous avez envie de le critiquer sévèrement, M. Bouchard?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je vais prendre connaissance de la lettre et je vais vous revenir là-dessus,
mais pour l'instant, là, on a un point de presse sur la santé ce matin. Puis
vous allez m'avoir en point de presse toute la semaine, donc, si vous voulez me
poser des questions, il y aura mardi, mercredi, jeudi et vendredi.
M. Lachance (Nicolas) : ...M. Bouchard?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est-à-dire que, là, on fait référence à une lettre, j'aimerais
juste...
Des voix : ...
M. Lachance (Nicolas) : Mais
en même temps, M. Bouchard est sorti publiquement, là, donc... il parle de
vous au passé... il parle du Parti québécois au passé, littéralement, en disant
que ce n'est peut-être plus le bon véhicule pour ramener l'indépendance. La
soeur de René Lévesque sort, elle le critique sévèrement, elle, elle est prête
à le faire. Est-ce que vous, vous êtes prêt à critiquer l'ancien chef du Parti
québécois, M. Bouchard, et dire quelque chose par rapport à ce qu'il a
déclaré publiquement, pas seulement une fois, mais deux fois, et même dans un
article complet de Radio-Canada?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Il y a un seul véhicule politique en ce moment qui est dédié à ce que
l'indépendance du Québec devienne une réalité, ce véhicule-là, il est
renouvelé, il est bien financé puis il est d'attaque pour les prochaines
élections, ça me semble être très clair. Que le 100e anniversaire de René
Lévesque soit utilisé pour décourager la population québécoise d'une
consultation populaire sur l'indépendance du Québec, je trouve ça difficile à
expliquer, mais ce sont des questions qui devraient être posées aux
organisateurs du 100e ainsi qu'à M. Bouchard. Est-ce que…
M. Lachance (Nicolas) : M. Bouchard
est le président d'honneur, là, de ça, est-ce que ça aurait dû être quelqu'un
d'autre, s'il ne croit plus, finalement, à ce parti-là?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Je ne commenterai pas sur les choix qui ont été faits, sur ces déclarations-là.
Moi, ce que je vous dis, c'est qu'en 2022 il y a une seule formation
politique qui continue à prôner l'indépendance du Québec comme un projet
réalisable, pas comme un rêve diffus, pas pour quelque chose peut-être dans
30 ans, mais comme un projet urgent et nécessaire, et ce sera à la
population de faire son choix tout simplement. Mais le Parti québécois, il est
ici, là, et on est d'attaque et on a hâte aux prochaines élections.
Le Modérateur : Hugo
Pilon-Larose.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui,
bonjour. Je vais poursuivre dans la même lignée pour mes questions. Parce que,
justement, comme vous l'avez souligné, c'est la dernière semaine de session qui
commence, à un moment qui, selon les pronostics actuels, va très mal pour le
Parti québécois. Est-ce que nous assistons... ou pouvons-nous assister, cette
semaine, aux dernières interventions du Parti québécois au salon bleu?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
Bien, c'est sûr que, si on voit la politique comme du pari sportif, basée
sur les sondages, ça nous empêche de se pencher sur ce que chaque parti
politique propose. Ce matin, le Parti québécois arrive avec un plan qui est
complet sur un sujet qui a été gravement négligé au cours des quatre dernières
années, c'est-à-dire le système de santé, donc, moi, je n'ai pas de
commentaires à faire sur les multiples hypothèses au cours des prochaines
élections. Et je rappelle que la politique, la démocratie, ce n'est pas que de
l'anticipation sur les résultats de chaque parti, mais bien de dresser un bilan
du gouvernement actuel et de voir si d'autres partis politiques proposent mieux
ou proposent différemment.
Et ce qui est très frappant ce matin,
c'est que notre plan, il est très différent. Au niveau de la philosophie et des
objectifs qu'on veut atteindre, au Parti québécois, c'est complètement
différent de ce que la CAQ propose. Et ça adonne également que, ce matin, on
lance un site qui s'appelle levraibilan.com dans le cadre duquel on met en
valeur à quel point nos propositions sont distinctives de celles de la CAQ.
Donc, laissons les gens évaluer chaque parti politique pour la qualité de leurs
candidatures, mais pour ce qu'il propose en termes de politiques publiques.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Il
y a quand même des mots qui ont été prononcés dans la conférence de presse,
même ce matin, où on nous a dit : À la limite, prenez-les, nos idées.
Est-ce que le Parti québécois est condamné à ça, pour l'instant, implorer les
autres partis de reprendre ses idées?
M. St-Pierre Plamondon (Paul) :
On a toujours dit que, si de bonnes idées permettent d'aider les
Québécoises et les Québécois, nos idées sont disponibles. C'est triste que la
CAQ ait attendu quatre ans avant de faire un méli-mélo d'idées en disant :
Ça va être pour dans trois, quatre ans, parce que si vous... En faites, vous
l'avez suivi, là, nos interventions, sur ce sujet-là comme sur d'autres sujets,
régulièrement, il y a... les éléments de ce plan-là ont été suggérés,
mentionnés, en disant : Il faudrait vraiment faire ça de manière urgente.
On a eu peu d'écoute du gouvernement, mais on ne peut pas nous reprocher de ne
pas avoir rendu nos idées disponibles, les 12 travaux qu'on avait ici, ça,
c'est la suite logique. Donc, nous, on est là, en politique, pour l'indépendance
du Québec puis parce qu'on aime notre monde, on aime le Québec. Donc, n'importe
quoi qu'on propose ce matin qui est susceptible d'aider les gens, d'aider un
système de santé gravement malade, qui a été négligé et dans le cadre duquel il
y a une omerta qui empêche les gens de lever la main, n'importe quoi qu'on fait
aujourd'hui qui peut être utile, nous, on est là pour le Québec, pour les gens.
M. Pilon-Larose (Hugo) : La
structure financière de votre plan, je veux juste bien la comprendre, là. Parce
qu'il y a, effectivement, donc... c'est un plan de 7 milliards qui repose
sur un rattrapage du fédéral de 6 milliards. Si le 6 milliards
d'Ottawa n'arrive pas et si vous ne faites pas l'indépendance, est-ce que votre
plan, il ne marche pas?
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Il y a de l'argent dans les maisons des aînés.
M. Arseneau : Oui, oui,
c'est ça que j'allais dire. En fait, nous, ce qu'on souhaite, c'est
effectivement qu'on puisse utiliser l'argent des Québécois qui a été envoyé à
Ottawa pour les besoins de santé des Québécois. Et je pense que les Québécois,
en majorité, seraient totalement d'accord avec ça. Puis on voit que la méthode
caquiste ne fonctionne pas. Cela dit, il y a aussi des choix qui ont été faits
et qui continuent d'être faits, par le gouvernement, d'investir, comme Paul le
disait tout à l'heure, dans le béton, dans les infrastructures, dans les
maisons des aînés, dont les… à chaque fois qu'on se penche sur le dossier, les
coûts explosent, une fois, c'est 40 %, une fois, c'est 20 %. Ce
dossier-là, les derniers chiffres que j'ai entendus, c'étaient
7,4 milliards de dollars. On arrive exactement à ça avec les chiffres
qu'on vous présente aujourd'hui. Alors, il y a certainement une réaffectation
des budgets qui peut être faite, mais d'abord et avant tout, de réclamer de
l'argent qui nous appartient, on pense que c'était la chose à faire ce matin.
M. Rodrigue (Lucien) : Un
tunnel par exemple.
M. Arseneau : On ne
changera pas de sujet.
Le Modérateur : Oliver Bossé,
Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Vous
mettriez fin, donc… les maisons des aînés, ça serait terminé à partir du 4 octobre?
M. Arseneau : Clairement,
clairement, on l'a dit à plusieurs reprises. Celles qui sont à moitié
construites… on ne va quand même pas laisser un chantier incomplet, mais parce
qu'évidemment l'erreur serait, encore pire, de ne pas compléter ce qui a été
amorcé comme chantier. Mais de continuer à s'enfoncer dans un puits sans fond,
dans un projet ruineux alors que les besoins sont ailleurs, bien, ce serait
poursuivre dans la mauvaise voie.
M. Bossé (Olivier) : L'autre
question était pour les trois candidats, je crois. Vous êtes cinq candidats, là.
Mais vous êtes dans le milieu de la santé, vous allez vous retirer pour faire
campagne, vous allez soit prendre un sans solde ou des vacances, est-ce que
déjà votre milieu de travail dit : Oui, mais là, on ne pourra pas te
emplacer, c'est un problème, il nous manque quelqu'un, tu vas être parti
combien de temps? Est-ce que c'est un problème?
M. Arseneau : On va
commencer avec Camille.
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Je peux commencer, si vous voulez. Bien, d'abord, on ne prendra pas
beaucoup de sans solde, pas beaucoup de congés; pour ma part, c'est juste un
mois en septembre, mon employeur est au courant. En fait, ce que je vous
dirais, c'est que nos employeurs, ils sont fiers d'avoir une tribune pour leurs
idées, c'est ce que j'ai entendu le plus. Puis je vais vous le dire en
rigolant, mais la gestion chez nous a dit : bien, présente-toi à la CAQ,
tu pourrais gagner. Bien, j'ai dit : Non, j'ai quand même un système de
valeurs qui est très, très profondément ancré, puis c'est sûr que la CAQ ne me
représente pas du tout. Bien, c'est pour démontrer à quel point ils sont
heureux que tout ça... parce que nous, on est tous de comités, dans nos CISSS,
là, respectifs - moi, j'étais sur le comité des maisons des aînés, j'ai été
délestée en zone rouge - on est des personnes très vivantes dans nos
organigrammes puis ils sont contents de savoir qu'on aura cette tribune-là. En
tout cas…
M. Arseneau : Et si on
veut changer les choses?
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Si on veut changer les choses, ça prend la tribune puis il faut être
entendus.
M. Arseneau : Avec le
Parti Québécois.
Mme Pellerin-Forget (Camille) :
Bien, si on veut changer les choses, c'est avec le Parti québécois. Non,
mais blague à part, là, ce Québec progressiste dans lequel j'ai grandi, je le
dois au Parti québécois. Puis, si ce qu'on cherche, c'est juste le pouvoir,
bien, parfait, on peut se présenter à la CAQ, mais si on cherche la tribune
pour nos idées, ce n'est pas parce qu'on va mourir, c'est parce que nos idées
sont les meilleures.
M. Arseneau : Sylvie?
M. Bossé (Olivier) : Mme Tanguay,
vous aviez l'air à avoir une réponse, oui?
Mme Tanguay (Sylvie) : Bien,
oui, évidemment, j'ai une réponse. C'est sûr que ça a été un choix… une grande
réflexion parce que je suis consciente qu'il manque d'infirmières dans le
réseau de la santé. Étant assistante infirmière-chef, j'ai une équipe à gérer
qui est très jeune, qui compte sur moi puis mon expertise. Par contre, de voir
aller le système de santé, ce n'est pas un cadeau, de leur faire, de les
laisser comme ça. Donc, pour moi, c'était le moment opportun, j'ai toujours
milité pour le Parti québécois, ça a toujours représenté mes valeurs. Et mon
organisation, bien, c'est sûr que je fais partie des grands CIUSSS, j'ai un peu
d'omerta sur mes épaules, je ne sais pas s'ils sont heureux, mais ça, ça ne me
dérange pas vraiment. Moi, je suis très fière d'être ici pour représenter mes
collègues puis l'avenir des soins infirmiers en service de santé.
M. Bossé (Olivier) : Vous
n'avez pas eu d'encouragement comme votre collègue?
Mme Tanguay (Sylvie) : Bien,
de la part de mes... bien, mon infirmière-chef, oui, malgré la structure
d'horaire. Mais, encore là, je prends la campagne électorale, c'est tout, je
travaille encore; je travaillais hier soir, d'ailleurs, je travaille demain, bref,
on continue de travailler, on est sur le terrain quand même. Puis c'est ce qui
me nourrit, de toute façon, aussi, d'être encore avec mes collègues, puis de
prendre leurs idées, puis de les ramener, puis de pouvoir représenter...
M. Laforest (Alain) : ...vous,
c'est Saint-François ou Sherbrooke?
Mme Tanguay (Sylvie) : Oui,
Saint-François.
M. Laforest (Alain) :
Saint-François?
Mme Tanguay (Sylvie) :
Oui.
Le Modérateur : D'autres
questions?
M. Rodrigue (Lucien) : C'est
à mon tour.
Le Modérateur
: …
M. Rodrigue (Lucien) :
Moi, j'ai pris trois semaines de vacances, fin août, début septembre, puis,
par la suite, j'ai commencé à échanger des gardes, là, pour ne plus travailler
puis… c'est-à-dire, pour me libérer pour la campagne. Et c'est un peu moins
difficile que pour les infirmières, tu sais, il y a des gens qui vont me
remplacer. Ça fait que c'est à peu près ça. Donc, puis après, bien, le 3 octobre,
bien, je vais être obligé de démissionner.
Mme Tanguay (Sylvie) :
Effectivement.
Le Modérateur : Voilà. Donc,
c'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci beaucoup. Bonne fin de
journée.
(Fin à 11 h 29)