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Conférence de presse de M. Eric Girard, ministre des Finances

Version finale

Monday, August 15, 2022, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures cinquante-huit minutes)

M. Girard (Groulx) : Bien, merci beaucoup et merci d'être là. Bonjour à tous. Alors, le ministère des Finances a déposé le rapport préélectoral sur l'état des finances publiques du Québec ce matin. C'est un portrait complet de l'économie du Québec et de sa situation financière. C'est un document qui est rigoureux, avec des prévisions raisonnables, des hypothèses solides, qui est certifié par la Vérificatrice générale, qui a fait une analyse exhaustive et qui a confirmé que les hypothèses et les prévisions étaient plausibles. J'aimerais remercier le ministère des Finances, qui a fait un travail rigoureux mais exigeant.

Et maintenant j'aimerais vous donner les principaux constats du rapport. D'abord, la progression de l'activité économique du Québec va se poursuivre. Comme vous le savez, 2021 a été une année remarquable où le Québec a surperformé l'économie canadienne, l'économie américaine. Et, pour 2022, nous augmentons la prévision de croissance à 3,4 % — c'était 2,7 % au budget — principalement en raison de la force du premier trimestre. Pour 2023, la prévision économique est abaissée de 2 % à 1,7 %, on a donc une décélération de l'économie entre le début de l'année 2022 et l'année 2023.

Au niveau de l'inflation, pour 2022, la prévision est de 6,5 %, mais la situation se normalise et la prévision est à 3,2 % pour 2023. La bonne performance de l'économie, la force du PIB nominal en 2021, en 2022 engendre des améliorations au cadre financier. Alors, il y a une amélioration moyenne du cadre financier de 2,3 milliards par année, le cadre financier est prudent et responsable, la saine gestion des finances publiques est une priorité du gouvernement. Et j'aimerais souligner que : les principales missions de l'État sont financées à long terme, adéquatement; que le coût de reconduction des programmes complet est prévu; que les hausses du coût des services, du coût des infrastructures sont prévues; que les contributions au Fonds des générations atteindront 5 milliards de dollars en 2026-2027; et que nous avons 10 milliards de provisions sur l'ensemble du cadre financier, donc approximativement 2 milliards par année.

En excluant ces provisions, l'équilibre budgétaire est atteint sur l'ensemble du cadre financier, après contribution au Fonds des générations. C'est important, parce que le Québec a une définition plus stricte, plus rigoureuse de l'équilibre budgétaire que les autres provinces canadiennes, par exemple, ou le gouvernement fédéral.

En conclusion, en dépit du contexte difficile, de l'incertitude qui entoure la croissance de l'économie mondiale, le Québec poursuit sa croissance. Nous ne prévoyons pas de récession, ce n'est pas le scénario le plus probable. La croissance ralentit, nous prévoyons 3,4 % en 2022 et 1,7 % en 2023.

En campagne électorale, nous proposerons aux Québécois de continuer le travail avec une approche équilibrée, prudente et responsable. La saine gestion des finances publiques est une priorité. Le financement adéquat des principales missions de l'État : la Santé, l'Éducation, l'Environnement, l'Enseignement supérieur, c'est important. Alors, ces missions-là sont financées adéquatement, nous allons continuer de le faire.

Nous avons des lois. Nous devons revenir à l'équilibre budgétaire et c'est ce que nous allons faire. Nous avons prévu le retour à l'équilibre budgétaire en 2027-2028 lors du dernier budget. La poursuite de la réduction du poids de la dette, nous avons également des obligations en ce sens en vertu de la loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations. Et, bien sûr, nous voulons réduire le fardeau fiscal des Québécois avec une baisse d'impôt, parce que les Québécois sont les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord. Alors, on parle de viser une baisse d'impôt qui viserait l'impôt sur le revenu des particuliers, mais ça devra être fait de façon ordonnée et responsable. Alors, merci beaucoup, il me ferait plaisir de prendre des questions.

Le Modérateur : Alors, nous commençons aujourd'hui avec Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Oui. Bonjour, M. Girard. On comprend donc que vous avez ajouté des marges de manœuvre dans votre cadre financier. Est-ce qu'un observateur raisonnable, rationnel pourrait penser que c'est la marge de manœuvre que vous vous mettez de côté pour financer les promesses électorales de votre parti?

M. Girard (Groulx) : On n'a pas ajouté de marge de manœuvre. Ce qu'on a, c'est des provisions pour les risques économiques et les risques pandémiques. Il y a toujours de l'incertitude, lorsqu'on fait des prévisions, mais dans le contexte actuel de l'économie mondiale, c'est important d'avoir des provisions un peu plus élevées pour faire face à l'incertitude.

D'ailleurs, le scénario le plus probable est un scénario de croissance, mais on ne peut pas complètement rejeter le scénario d'une récession, puis c'est pour ça qu'on explique que, s'il y avait une récession, en moyenne, nous anticipons... ce serait une baisse du PIB de 4 %, du PIB réel, et ça aurait un impact de 8 milliards sur les finances publiques.

M. Lavallée (Hugo) : Bien, laissez-moi poser la question autrement, parce qu'évidemment c'est un exercice qui permet de donner l'heure juste à tous les partis politiques en vue de la campagne électorale.

M. Girard (Groulx) : Exactement.

M. Lavallée (Hugo) : Lorsqu'on regarde ça, de quelle marge de manœuvre disposent les partis politiques, comme la CAQ, mais d'autres partis, pour faire des promesses électorales, des promesses, des dépenses, des engagements pour la population?

M. Girard (Groulx) : Bien, le but du rapport préélectoral, c'est vraiment de donner un portrait complet de l'économie québécoise et des finances publiques. Chaque parti, chaque citoyen pourra juger ce qui peut être accompli avec ça, et c'est certain que nous, on aura des propositions, mais toujours avec une saine gestion des finances publiques, là, c'est important.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, M. le ministre. Je comprends, j'ai bien entendu, à la fin de votre allocution, que vous venez de prendre un engagement de baisser les impôts?

M. Girard (Groulx) : Effectivement, c'est notre intention de réduire le fardeau fiscal. Lorsqu'on observe, là, que ce soit la... on prend un document de référence, par exemple, de la Chaire en fiscalité des finances publiques de l'Université de Sherbrooke, là, les Québécois supportent un fardeau fiscal qui est approximativement 4% à 5 % supérieur en proportion du PIB que la moyenne des autres provinces canadiennes. Alors, c'est important, c'est important que ce soit bien fait, de manière ordonnée et responsable, pour stimuler notamment l'offre de travail, encourager l'offre de travail et que l'impôt sur le revenu des particuliers soit diminué.

M. Laforest (Alain) : Compte tenu de votre rapport préélectoral, vous dites que vous atteignez l'équilibre budgétaire en 2027—2028, mais cette année, l'équilibre budgétaire, il est atteint, là, on n'est plus à un déficit de 6 milliards, si on calcule le Fonds des générations, 3 milliards, si on exclut le Fonds des générations, on est à un déficit de 700 millions ou un surplus, avec le Fonds des générations, de 1,7 %. Donc, vous êtes à l'équilibre budgétaire cette année, là. Vous avez été trop pessimiste?

M. Girard (Groulx) : Pas du tout. Notre prévision est centrée, c'est-à-dire qu'il est possible que l'économie soit plus forte, il est possible que l'économie soit plus faible. C'est vraiment une prévision qui est centrée, en ligne avec les prévisions du secteur privé. Et, étant donné l'incertitude au niveau de l'économie mondiale, c'était important d'avoir des provisions plus importantes, alors des provisions de l'ordre de 2 milliards par année sur l'ensemble du cadre financier, mais si ces provisions-là n'étaient pas nécessaires, nous serions effectivement à l'équilibre budgétaire.

Le Modérateur : Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Oui. Bonjour, M. Girard. Bon, concernant la baisse d'impôt, est-ce qu'il faut comprendre que vous écartez le versement d'un montant forfaitaire ou bien est-ce que la baisse d'impôt va s'ajouter au versement d'un montant forfaitaire pour contrer les effets de l'inflation?

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense que c'est important de faire une distinction entre l'inflation, qui a atteint son sommet, on le souhaite, en juin, en tout cas, c'était le cas pour les États-Unis, puis on aura les statistiques sur l'inflation, je pense, dès demain, au Canada, pour le mois de juin... Et donc nous avions prévu 4,7 % d'inflation en 2022, et la prévision est révisée à 6,5 %. Alors, il y a toujours un choc au niveau du coût de la vie en 2022.

La réduction du fardeau fiscal, ça doit être vu dans l'ensemble de nos responsabilités : financer adéquatement la Santé, l'Éducation, l'Enseignement supérieur, la Lutte aux changements climatiques, revenir à l'équilibre budgétaire, réduire le poids de la dette, mais aussi reconnaître que les Québécois ont un fardeau fiscal plus élevé. Dans le premier mandat, on a fait des gestes ciblés qui totalisaient près de 3 milliards par année, mais, dans un deuxième mandat, nous allons proposer de faire des réductions sur l'impôt sur le revenu des particuliers.

M. Dutrisac (Robert) : Maintenant, là, je vois que, justement, si on parle d'équilibre budgétaire, là, il est atteint, même après versement du Fonds des générations, à partir de 2023-2024.

M. Girard (Groulx) : Si on exclut les provisions. Il faut exclure les provisions pour...

M. Dutrisac (Robert) : Oui, évidemment, si on exclut les provisions, si on exclut les provisions, mais disons qu'on peut le considérer. Là, vous envisagez des baisses d'impôt, c'est-à-dire que, donc, les baisses d'impôts vont se faire sur... vont creuser un déficit pour les années à venir alors qu'on était à l'équilibre?

M. Girard (Groulx) : C'est à dire que c'est de là l'importance de faire ça de façon ordonnée et responsable, puis on aura l'occasion de présenter ça aux Québécois, de montrer un cadre financier crédible, prudent, d'expliquer comment tout cela va s'échelonner dans le temps. Mais, si je prends l'horizon de la réduction du poids de la dette, on a un horizon de 10 ans. Pour l'équilibre budgétaire, on a un horizon cinq ans, en vertu de nos lois. Alors, c'est important que ce soit fait de façon ordonnée et responsable, la saine gestion des finances publiques, c'est très... Les finances publiques appartiennent aux Québécois. On a fait d'énormes progrès, au Québec, depuis la Loi sur l'équilibre budgétaire, en 1996, depuis la loi sur la gestion de la dette et le Fonds des générations en 2006. Il faut poursuivre, il faut maintenir cette bonne situation financière, alors c'est important d'avoir une vision à long terme.

M. Dutrisac (Robert) : Et ça impliquerait le Fonds des générations, évidemment, de revoir les mécanismes, des choses comme ça?

M. Girard (Groulx) : Bien, j'aurai l'occasion d'expliquer tout ça en temps et lieu.

Le Modérateur : Jocelyne Richer, La Presse canadienne.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. Girard. On arrive en fin de mandat, donc, hypothétiquement, peut-être, la fin de votre règne comme ministre des Finances. J'aimerais savoir si vous estimez laisser la maison en ordre autant que vous l'auriez souhaité et qu'est-ce que vous voulez qu'on retienne le plus de votre règne si jamais il s'achève.

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense qu'on a vécu une période extraordinaire. Le crédit revient aux Québécois, aux entreprises québécoises. L'économie québécoise, les Québécois ont été extrêmement résilients. On a vécu la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, en 2020, on a eu un rebond exceptionnel en 2021. Notre gouvernement, on avait des cibles extrêmement ambitieuses pour l'économie du Québec, et on a réussi à fermer l'écart de richesse de 3 % sur quatre ans par rapport à l'Ontario, puis ça, c'est un bel accomplissement, mais il reste du travail, là. C'est estimé que l'écart serait autour de 13,4 % à la fin de 2022. L'Ontario vient de réviser sa prévision économique pour 2022.

Je pense que ce qu'on doit retenir, c'est que nous avions des objectifs ambitieux, il y a eu un contexte difficile, je pense que tout le monde en convient, et qu'on a fait des progrès au niveau de la fermeture de l'écart de richesse avec l'Ontario. On veut continuer. On a démontré... Pour ma part, j'ai participé, avec l'ensemble du gouvernement, à une saine gestion des finances publiques.

Mme Richer (Jocelyne) : Qu'est-ce que vous craignez le plus, dans les toutes prochaines années, sur le plan financier? La Vérificatrice générale parlait de différents problèmes à venir, de récession, évidemment, l'inflation, la guerre en Ukraine, la pandémie, la pénurie de main-d'oeuvre. Vous, qu'est-ce que vous craignez le plus qui pourrait menacer la santé des finances publiques dans les toutes prochaines années?

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense que notre défi, au Québec, c'est de stimuler la productivité et l'investissement des entreprises. C'est là, au niveau de la productivité. Si on regarde les 10 années qui ont précédé notre arrivée au pouvoir, le Québec a eu une performance au niveau de l'emploi qui est intéressante, mais pas au niveau de la productivité puis de l'investissement des entreprises. Et c'est vraiment là que ça va se jouer.

Alors, ce n'est pas que je le crains, mais c'est impératif que le Québec soit plus... que nos entreprises soient plus productives, que la croissance demeure plus élevée. On parle souvent d'augmenter le potentiel économique du Québec à long terme. Ça va se faire par la productivité, par plus d'investissements privés.

Bien sûr, le gouvernement a un rôle à jouer. On a un plan québécois des infrastructures — et, pour faire ça, ça prend des bonnes finances publiques — toutes proportions gardées, qui est à peu près une fois et demie le programme d'infrastructures de l'Ontario. Alors, on fait aussi un rattrapage au niveau des investissements publics. Ça va aider pour la productivité, ça améliore les conditions. Mais ce n'est pas tant... Vous avez utilisé le mot «crainte». C'est vraiment impératif que de poursuivre l'augmentation de la productivité de l'économie du Québec.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, Le Journal de Québec.

M. Lachance (Nicolas) : Oui. Bonjour.

M. Girard (Groulx) : Bonjour.

M. Lachance (Nicolas) : Est-ce que cette baisse d'impôt sera effective dès la première année du prochain mandat?

M. Girard (Groulx) : Aujourd'hui, je voulais simplement vous dire que c'était important pour nous, de façon équilibrée, responsable, ordonnée, de réduire le fardeau fiscal. Je vous ai donné le moyen, par l'impôt sur le revenu des particuliers, c'est tout ce que je vais dire aujourd'hui.

M. Lachance (Nicolas) : On voit, là, que, bon, les revenus de l'État augmentent, mais, bon, on sent que, dans la population, l'impact de l'inflation... donc, à court terme, on attend peut-être encore, dans la population, que le gouvernement intervienne. Donc, vous êtes incapable aujourd'hui de promettre… de nous dire c'est quand exactement que ça sera effectif, cette baisse d'impôt là.

M. Girard (Groulx) : Je ne désire pas aujourd'hui donner tous les détails, non.

M. Lachance (Nicolas) : Est-ce que le retour budgétaire... Le retour à l'équilibre budgétaire, pour vous, bon, on voit que c'est un horizon de cinq ans. Vous avez, là, la chance, peut-être, de l'atteindre, donc, mais vous gardez le même cap, c'est ce qu'on comprend. C'est que, malgré la situation actuelle des finances publiques du Québec, ça sera 2027-2028, le retour à l'équilibre budgétaire. Donc, l'argent qui est disponible présentement servira certainement à des promesses électorales.

M. Girard (Groulx) : C'est important, je veux être bien clair, les prévisions économiques sont centrées, c'est-à-dire que c'est le scénario le plus probable. Il est possible que l'économie soit plus forte, il est possible que l'économie soit moins forte. C'est l'évolution de l'économie, des revenus autonomes qui vont nous permettre de savoir l'ampleur des marges de manœuvre. Et, si on ne veut pas mettre à risque le financement des principales missions de l'État, nos responsabilités envers le réseau de l'éducation, la santé, la lutte aux changements climatiques, bien, on ne peut pas précipiter une réduction du fardeau fiscal sans connaître l'environnement dans lequel on évolue.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La Presse.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. le ministre. Vous allez me permettre peut-être une question sur un autre sujet. Pourquoi votre gouvernement a avalisé le transfert de la société de contrôle de la Davie d'un paradis fiscal à un autre? Puis est-ce que ce n'est pas, finalement, une façon de tolérer le recours à des paradis fiscaux, ce que vous avez fait?

M. Girard (Groulx) : O.K. J'ai pris connaissance de l'article ce matin. De ce que j'ai pu en prendre connaissance, parce que je n'ai pas été impliqué, personnellement, parce que c'est le gouvernement fédéral qui donne les contrats, il y a eu une revue diligente qui a été faite, et on s'est assuré que la compagnie paierait des impôts au Québec et au Canada s'il y a des profits.

M. Lecavalier (Charles) : Au budget de mars dernier, bon, vous parliez d'un déficit structurel de 2,8 milliards. Est-ce qu'on comprend que ce déficit structurel là, il n'existe plus aujourd'hui?

M. Girard (Groulx) : Bien, avec les provisions, on pourrait dire que le déficit structurel est de l'ordre de 2 milliards. Si on n'utilise pas les provisions, ça, c'est l'avenir qui va nous dire qu'est-ce qui va se passer.

M. Lecavalier (Charles) : ...qu'un déficit structurel, la définition, c'était davantage qu'on a des dépenses de programmes qui sont plus élevées que nos revenus, puis là, une provision, c'est plus...

M. Girard (Groulx) : Bien, on est quand même... Je tiens à vous dire que la période que nous vivons, où on a eu la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale, en 2020, on a eu un rebond synchronisé, en 2021, en 2022, on a eu de l'inflation comme nous n'en avions pas eu depuis 40 ans, alors cette volatilité économique là engendre une volatilité au niveau des revenus autonomes, au niveau des dépenses. Et donc c'est important d'avoir des provisions à la hauteur plus importante que ce à quoi nous sommes habitués pour faire face à cette incertitude. Alors, je pense que les provisions sont là, sont justifiées. Et, si on inclut les provisions, on peut dire que le déficit structurel est de l'ordre de 2 milliards. Si on exclut les provisions, on peut dire que nous sommes à l'équilibre budgétaire.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Bourassa (Simon) : Bonjour, M. Girard. Concernant l'inflation, là, on dit que l'inflation a plus d'impact sur les revenus autonomes que sur les dépenses. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, me donner un exemple? Vous êtes bon là-dedans, vulgariser.

M. Girard (Groulx) : Bien, l'inflation a de l'impact sur les revenus et sur les dépenses. Au net, ce qu'on a vu, c'est qu'on a eu des croissances du PIB nominal. En 2021, 12,5 % de PIB nominal, 2022, la prévision de PIB nominal est augmentée de 3,2 % par rapport au budget, à 9,6 %. Alors, l'accélération des revenus est plus élevée que l'accélération des dépenses.

Mais il y a une accélération, je pense, au niveau des coûts des infrastructures, c'est indéniable. Une des très bonnes choses qu'on a faites, c'est de prévoir les coûts de reconduction de programmes. Dans le rapport préélectoral de 2018, il y avait ce qu'on appelait des écarts à résorber, et ça, c'est comme des gestes inexpliqués à faire, alors nous, on a prévu le coût de reconduction de programmes.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour, M. Girard. Est-ce qu'on comprend aujourd'hui que, si la CAQ est réélue, il n'y aura pas de nouveau chèque envoyé à la fin de l'année, ce sera plutôt des baisses d'impôts, de façon ordonnée et raisonnable? Est-ce qu'un exclut l'autre?

M. Girard (Groulx) : Non. Non, parce que je vous rappelle que le régime fiscal est indexé à 2,7 %. L'indexation du régime fiscal a été finalisée avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ce qui fait que l'indexation de 2,7 %, lorsqu'on la compare au niveau d'inflation de 6,5 %, elle n'est pas suffisante. Et, au budget, l'inflation était de 4,7 %, on a compensé 2 % sur un panier de consommation de base de 25 000 $.

Le Modérateur : On va passer aux questions en anglais. Nous aurons probablement le temps pour une deuxième ronde de questions en français par la suite. Tout d'abord, en anglais, Phil Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Good morning, Minister.

M. Girard (Groulx) : Good morning.

M. Authier (Philip) : Do you feel that this document… As you say in your release, it is a verified foundation of the state of the finances, of the books, of the province's books. Do you think this will make the election campaign fairer because everybody has the same base information or how do you see that playing?

M. Girard (Groulx) : The objective is to provide a complete, honest, transparent, rigorous assessment of the Québec economy and the Québec public finance, and this will be helpful to Québec citizens and to all political parties. So, the objective was to demonstrate or to present with some transparency the economic and the financial situation, and we do this.

M. Authier (Philip) : You're now the third party promising to reduce the fiscal burden of Quebeckers. Is this election going to turn into one-upmanship, every party has to promise a tax cut in order to win votes? Is that how this is going to play out?

M. Girard (Groulx) : You know, in 2018, we promised to reduce the fiscal burden of Quebeckers. We did, to the magnitude of $3 billion per year, but we did not touch the personal income tax. What we would like to do, in a second mandate, would be to reduce the gap between the personal income tax burden of Quebeckers versus the rest of North America or Canadians.

Le Modérateur : Je vais poser une question pour un média membre de la tribune, mais vous pouvez répondre à la salle, donc une question pour CBC News : Almost four years after your Government was first elected, this is the financial state the province is in as you ask citizens for a second mandate. How would you rate your government's performance?

M. Girard (Groulx) : Well, I think it's more helpful to comment or to list how others are rating us. Moody's and S&P are giving us a AA credit. This is a recognition of the resilience of the Québec economy and the solid foundation of our public finance. Le directeur parlementaire du budget fédéral… What's the English version of «directeur parlementaire»?

Le Modérateur : Maybe Phil knows.

M. Girard (Groulx) : Le directeur parlementaire…

M. Authier (Philip) : The parliamentary financial officer, no?

M. Girard (Groulx) : …at the federal level said that Québec was the province with the best fiscal outlook, after the federal Government. So, investors… I do meet a lot of investors and rating agencies and I can tell you that the resilience of our economy and the soundness of our public finance is appreciated.

Le Modérateur : Alors, il nous reste quelques minutes pour une deuxième ronde de questions en français. Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Si je comprends bien, là, si vous n'utilisez pas la marge de manœuvre que vous vous donnez, vous allez payer ces baisses d'impôt là avec la carte de crédit.

M. Girard (Groulx) : J'aurai l'occasion de présenter un cadre financier. J'ai vécu ça, en 2018, de bien expliquer où sont nos priorités, le coût de ce qui est...

M. Laforest (Alain) : ...les chiffres, vous les avez, là. Vous venez de présenter un rapport.

M. Girard (Groulx) : Oui.

M. Laforest (Alain) : L'argent, comme M. Legault l'a dit souvent, ne pousse pas dans les arbres, donc cette baisse d'impôt là — vous vous privez de revenus de consommation, de revenus de taxes parce que vous allez baisser ça — vous la prenez où? Est-ce que vous coupez dans les services?

M. Girard (Groulx) : Votre question est excellente. Il ne faut pas couper dans les services, c'est pour ça. Il ne faut surtout pas revenir à l'austérité, le «stop-and-go» budgétaire. Les dépenses de missions de l'État sont financées adéquatement et à long terme, le cadre financier est solide. Et c'est pour ça que les baisses d'impôt doivent être faites de façon ordonnée et responsable, parce que tout doit être fait, tout doit converger vers l'équilibre budgétaire, la réduction de la dette, le financement des missions de l'État et une réduction du fardeau fiscal via l'impôt du revenu des particuliers dans le temps.

Le Modérateur : Charles Lecavalier, La Presse.

M. Lecavalier (Charles) : Je veux juste revenir sur l'histoire de la Davie. Vous, ce que vous me dites, bon, vous avez été informé, puis que… ça a été décidé à Ottawa. Donc, vous, ce que vous me dites, c'est que le gouvernement du Québec n'a pas avalisé le transfert d'un paradis fiscal à un autre?

M. Girard (Groulx) : Ce que je vous dis, c'est que, premièrement, c'est Investissement Québec qui a été impliqué pour le gouvernement du Québec. Investissement Québec est sous la responsabilité du ministre de l'Économie. Alors, personnellement, moi, je n'ai pas été impliqué dans ce dossier, mais ce que j'ai entendu du gouvernement fédéral, c'est qu'une vérification diligente a été faite, puisque c'est le gouvernement fédéral qui donne des contrats, et qu'on s'est assuré que l'entreprise, si elle fait des profits, va payer des impôts au Québec et au Canada.

M. Lecavalier (Charles) : Est-ce que vous avez un malaise à ce qu'une entreprise avec qui vous faites affaire s'installe dans un paradis fiscal?

M. Girard (Groulx) : Bien, je n'ai pas eu l'occasion d'étudier la structure fiscale avant, après. Là, je ne suis pas en mesure de commenter sur la base seule de l'article que j'ai lu ce matin.

Le Modérateur : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Pardonnez-moi de revenir à la charge, là, mais c'est parce que ce n'est pas très clair. En ce moment, de ce qu'on voit dans les chiffres, c'est que, si on oublie la provision, là, on est à l'équilibre budgétaire. Il n'y a pas de surplus, non plus, faramineux, là. Donc, si on baisse les impôts, on va prendre l'argent où? Parce qu'il n'y en a pas, là, de marge de manœuvre, on va être à l'équilibre. Puis, si ça se trouve, même, il va y avoir des risques, ils vont avoir besoin de la provision. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, là.

M. Girard (Groulx) : Bien, je rappelle que nous avons une définition plus stricte de l'équilibre budgétaire que les autres juridictions, que notre définition de l'équilibre budgétaire est après contribution au Fonds des générations, que les contributions au Fonds des générations vont atteindre 5 milliards de dollars en 2026-2027, que la prévision économique est centrée — on a abaissé la prévision pour 2023 — que, si l'économie est plus forte, il y aura plus de revenus, plus de marge de manœuvre.

M. Lavallée (Hugo) : Votre gouvernement s'était targué, ces derniers temps, d'avoir une croissance économique supérieure à celle de l'Ontario, mais, quand on regarde les chiffres, on voit que ce ne sera pas le cas en 2022 ni en 2023, puis on explique, en fait, c'est parce qu'il y a eu un retard, là, en Ontario, comme dans d'autres provinces. Est-ce qu'alors, à ce moment-là, vraiment, on peut dire que le Québec rattrape l'Ontario ou c'est juste qu'il y a eu un petit délai, puis, en fait, l'Ontario va continuer d'être en avance? C'est un feu de paille, un peu, cette idée que le Québec avait battu l'Ontario au chapitre de la croissance.

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense qu'il faut regarder les quatre ans de notre gouvernement. L'écart de richesse, mesuré par le PIB par habitant, était estimé à 16,4 %. Il sera maintenant, à la fin de 2022, de 13,4 %. Donc, une amélioration de 3 %. C'est significatif, là, 3 % en quatre ans. Je pense que c'est très bon.

Et, pour ce qui est de 2022, ce qu'on avait dit, c'est que l'Ontario avait eu des problèmes avec les microprocesseurs pour l'industrie de l'automobile en 2021. Alors, on avait indiqué qu'il y aurait sûrement un rebond de l'industrie automobile en 2022, en Ontario, et que ça aiderait l'Ontario. Le ministère des Finances de l'Ontario a révisé sa prévision pour 2022 à 3,5 %. Notre prévision est à 3,4 % pour le Québec, donc une croissance similaire, ce qui serait un très bon résultat s'il y a, effectivement, rebond de l'industrie de l'automobile en Ontario.

Le Modérateur : Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Oui. Cette idée de baisse d'impôt là, est-ce que ça n'affaiblit pas votre position à l'égard de votre revendication pour une hausse des transferts fédéraux en santé? Puis quelle justification allez-vous présenter au gouvernement fédéral?

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense que nous, notre... on a des responsabilités en santé. C'est une responsabilité du gouvernement du Québec, la santé, et on a un plan en santé. Il y aura sûrement des éléments qui vont s'ajouter. On a un plan, on sait où on s'en va, et il est financé adéquatement. Nos responsabilités, on les assume. Et les Québécois supportent les finances publiques. Ils ont un fardeau fiscal plus élevé. C'est estimé entre 4 % et 5 % par rapport au PIB lorsqu'on compare à la moyenne canadienne. Et donc, à long terme, au même titre que, sur l'horizon cinq ans, on doit revenir à l'équilibre budgétaire, que, sur l'horizon 10 ans, on doit réduire le poids de la dette, qu'on doit financer les dépenses à long terme, bien, c'est important de réduire le fardeau fiscal via l'impôt sur le revenu des particuliers, parce qu'on veut notamment stimuler l'offre de travail. Il y a un impact économique à ça, là.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Girard (Groulx) : Et, peut-être, j'aimerais ajouter une précision. Le gouvernement fédéral a prévu des sommes en campagne électorale. Ces sommes-là ne sont pas dans le cadre financier parce qu'elles n'ont pas été budgétées dans un budget fédéral.

M. Bourassa (Simon) : Est-ce que vous appelez à la prudence, M. Girard, dans les promesses électorales, autant dans votre parti que pour les autres partis, en raison des nombreux facteurs d'incertitude dans l'économie?

M. Girard (Groulx) : Bien, je pense qu'être prudent, être responsable, c'est un élément d'un bon gouvernement et c'est certainement ce qu'on veut proposer aux Québécois.

Le Modérateur : Alors, la prochaine question sera pour Nicolas Lachance, du Journal de Québec.

M. Lachance (Nicolas) : Oui. Vous avez répété que, bon, vous avez une définition plus stricte, à cause des lois, du déficit et du retour à l'équilibre budgétaire. Est-ce qu'on comprend, là-dedans, souvent... Bien, comme la Vérificatrice générale l'a dit, elle ramenait ça au Fonds des générations. Est-ce que pour, justement, financer ces baisses d'impôts là, vous pourriez réduire les montants qui y sont versés ou piger directement dedans?

M. Girard (Groulx) : Aujourd'hui, mon objectif était de commenter le rapport préélectoral qui a été déposé ce matin à 10 heures, et, en temps et lieu, j'aurai l'occasion de présenter, j'espère, notre formation aura l'occasion de présenter le cadre financier de nos promesses électorales.

M. Lachance (Nicolas) : Bien, la Vérificatrice générale a quand même insisté sur le fait que ça aurait été utile qu'il y ait des scénarios autres que celui que vous présentez aujourd'hui. On comprend que vous ne croyez pas à la récession, là, vous l'avez souligné, que...

M. Girard (Groulx) : Bien, j'ai...

M. Lachance (Nicolas) : Non, mais vous ne le voyez pas dans votre...

M. Girard (Groulx) : Ce n'est pas le scénario le plus probable.

M. Lachance (Nicolas) : Ce n'est pas le scénario, mais pourquoi ne pas en avoir fait un, justement, pour rassurer la population et pour être prêt en cas de récession? Il y a quand même des spécialistes qui le mettent dans leurs calculs, là, c'est une possibilité.

M. Girard (Groulx) : Oui, mais voici ce qu'on a fait, on a fourni un encadré qui explique que les trois dernières récessions au Québec ont eu, en moyenne, un impact de 4 % du PIB réel, un impact de 8 milliards sur les revenus. Alors, on a fourni l'information en vertu de l'expérience historique. On a aussi utilisé trois méthodes économétriques pour estimer l'impact d'une récession. Les résultats étaient similaires. Alors, la Loi du ministère des Finances ne demandait pas de scénario alternatif, le scénario le plus probable n'est pas un scénario de récession, alors c'est pour ça qu'il n'y a pas de scénario alternatif.

Le Modérateur : Et, en terminant, dernière question de ce point de presse, Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Juste dans cette lignée-là, est-ce que, dans vos scénarios, vous aviez prévu un taux d'inflation aussi élevé, comme on le vit actuellement, des 30 dernières années?

M. Girard (Groulx) : Dans quel scénario?

M. Laforest (Alain) : Bien, vous dites que vous avez prévu, puis c'est pour ça que vous n'avez pas présenté de scénario… vous dites : Nous, on se fie sur ce qui s'est passé, les trois dernières récessions. Est-ce que vous avez pris en compte celle qui nous ramène à aujourd'hui, c'est-à-dire des années 80? On n'a pas vu ça depuis 30 ans, là, des augmentations aussi élevées d'inflation, là.

M. Girard (Groulx) : Ce qu'on a, c'est une prévision d'inflation à 6,5 % pour 2022. C'est très élevé. Et ce que j'ai eu l'occasion d'expliquer lors de la dernière publication des statistiques sur l'inflation, et puis il y en aura d'autres demain, c'est que, normalement, ce que la plupart des économistes anticipent, et c'est amorcé aux États-Unis, parce que les chiffres ont été publiés la semaine dernière, c'est que l'inflation va rester élevée au troisième trimestre, mais va être plus basse qu'au deuxième trimestre et va amorcer une descente plus significative au quatrième trimestre.

Le Modérateur : C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.

M. Girard (Groulx) : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 35)

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