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Point de presse de M. Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes

Version finale

Tuesday, March 13, 2012, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quatre minutes)

M. Drainville: Merci. Alors, merci d'être là, tout le monde. L'agenda rétrograde du Canada de Stephen Harper a franchi une autre étape aujourd'hui. En fait, c'est hier, hein, que ça a été confirmé, cette adoption de C-10. Ça va faire reculer le Québec, il n'y a pas de doute là-dessus. Ça va faire reculer le modèle québécois de justice pénale et ça va coûter au moins 1 milliard au cours des cinq prochaines années. Et la question qui se pose, ce matin, c'est: Qui va payer pour ce milliard sur cinq ans?
Vous avez vu que la facture a encore augmenté. Dans les tout derniers chiffres que nous a fournis M. le ministre, jusqu'à maintenant, il disait que ça allait coûter entre 500 et 600 millions pour construire les nouvelles prisons. Ce matin, il nous parle de 750 millions pour les immobilisations et il a fait monter le chiffre également pour ce qui est de l'application de C-10, là. Ça va coûter jusqu'à 80 millions par année. Alors, les chiffres ne cessent de monter, la facture ne cesse d'augmenter, et puis on ne sait toujours pas qui va payer pour ça.
Et je vous rappelle les déclarations de M. Fournier quand il est allé à Ottawa. Il a dit: On ne paiera pas. Je ne sais pas si c'est assez clair: On ne paiera pas. C'est ce qu'il a dit, le 1er novembre, il l'a répété aujourd'hui, il a dit que le Québec ne paierait pas, que c'est Ottawa qui devait payer pour ça. Sauf qu'à Ottawa ils nous disent qu'ils ne paieront pas eux non plus. Je vous rappelle aussi, je pense que c'est important de le dire, que C-10, ça s'inscrit dans une stratégie qui est à l'oeuvre présentement, le plan C, le plan C de M. Harper qui vise à affaiblir le Québec sur tous les fronts, y compris le front juridique. Alors, aujourd'hui, on a un bel exemple avec C-10 de l'affaiblissement juridique du Québec qui s'inscrit dans ce fameux plan C qui est un bulldozage tous azimuts des intérêts, des valeurs du Québec.
Alors, M. Charest, son gouvernement ont fait la preuve à nouveau que le Québec n'a plus de rapport de force face à Ottawa. D'ailleurs, M. Charest, vous ne l'avez pas beaucoup vu et beaucoup entendu sur C-10, hein? Il a envoyé M. Fournier au front, mais vous n'avez pas entendu Jean Charest prendre la défense des valeurs québécoises et prendre la défense du modèle québécois dans toute cette bataille sur C-10. Il est resté passablement silencieux, et ça, c'est un aveu de faiblesse.
Quand vous êtes à Ottawa, et puis vous êtes le premier ministre Harper, et vous ne voyez pas le premier ministre québécois se lever pour défendre le modèle québécois puis pour défendre les valeurs québécoises, le signal que ça envoie, c'est que le Québec, dans le fond, il ne tient pas tant que ça à cette bataille sur C-10. M. Fournier dit que c'est important, mais le premier ministre Charest dit que ce ne l'est pas en se taisant et en ne posant pas des gestes forts pour défendre le Québec, pour défendre nos valeurs, pour défendre notre modèle québécois.
Alors, voilà. Qui va payer? C'est la question que je vous pose. Mais on n'a pas de réponse à cette question-là après le point de presse de M. Fournier. Et je suis évidemment prêt à prendre vos questions.

M. Chouinard (Tommy): J'aimerais savoir, si le Parti québécois est élu aux prochaines élections, j'aimerais connaître le... Le comportement d'un gouvernement péquiste devant une telle situation, ce serait quoi? Qu'est-ce que vous feriez ou qu'est-ce que vous auriez fait à la place du gouvernement, outre les hauts cris, là?

M. Drainville: Bien, moi, je vais vous dire, là, d'abord, si on avait été là, on ne se serait pas contentés de faire des déclarations puis faire deux petites visites à Ottawa. Il y avait beaucoup, beaucoup de gens au Québec qui étaient prêts à se mobiliser puis à prendre, comment dire, à prendre le taureau par les cornes puis à mener une bonne bataille pour bloquer C-10. Il y avait pas mal de monde au Québec, il y a pas mal de monde actuellement, là, au Québec, là, qui sont extrêmement attristés de ce qui s'est passé aujourd'hui, parce qu'il va y avoir beaucoup de victimes, hein, qui vont être créées, si vous voulez, par l'adoption de ce projet de loi là. Les jeunes, hein, les jeunes contrevenants vont payer le prix de C-10. Je ne suis pas sûr que la sécurité des Québécois va en sortir renforcée parce que le modèle québécois fonctionne plutôt bien. On est une des sociétés où il y a le moins de crimes violents, et les contribuables également vont faire les frais de cette décision-là.
Alors, si on avait été là, nous, on aurait mené une bataille politique, et je peux vous garantir une chose, la première ministre du Québec s'en serait occupée. Elle aurait envoyé un signal fort, plutôt que d'envoyer un signal de faiblesse comme l'a fait M. Charest en ne s'en occupant pas, en ne faisant pas la bataille, en laissant Fournier au front. Si ça avait été Pauline Marois qui avait été là, si ça avait été un gouvernement du Parti québécois, on s'en serait occupés puis on aurait une bonne bataille, puis, les Québécois, ils nous auraient appuyés parce qu'ils sont très majoritairement opposés à C-10, puis...

M. Chouinard (Tommy): Ça aurait fait plier Ottawa, selon vous?

M. Drainville: Bien, en tout cas, il y a juste une façon de le savoir, hein, si ça aurait fait plier Ottawa, puis c'est de la mener, la bataille. Mais quand tu ne la mènes pas, quand ton premier ministre reste assis puis il laisse aller son ministre de la Justice, ça envoie un message de faiblesse, ça dit à Ottawa: Dans le fond, ce n'est pas si important que ça pour nous autres.
Alors, avant de poser la question: Qu'est-ce qu'on fera si jamais on est là? Moi, je vais vous dire: Il y a un gouvernement actuellement qui est en place, et le gouvernement doit répondre à une question aujourd'hui, une question: Qui va payer? Qui va payer? Les mesures qui ont été annoncées aujourd'hui, là, elles vont coûter de l'argent, là. Ça découle directement, ça, de l'adoption de C-10.
M. Fournier nous a dit, quand il est allé à Ottawa, il a dit au gouvernement Harper: On ne paiera pas, le Québec ne paiera pas. Bien, qu'il nous dise qui va payer d'abord. Parce que, si le Québec ne paie pas, puis Ottawa ne paie pas, qui va payer? Puis ça, on n'a pas la réponse à ça, là.
Aujourd'hui, on a une annonce, hein, on a le ministre qui fait, dans le fond, son travail, il fait ce qu'il a à faire, c'est-à-dire il annonce des mesures pour essayer de mitiger les dégâts, pour essayer de contenir les dégâts. Mais il ne nous dit pas qui va payer la facture, puis on ne va pas le laisser partir avec les mesures sans qu'il nous dise qui va payer la facture, et c'est pour ça que je suis devant vous aujourd'hui. Il va falloir qu'il nous le dise à un moment donné qui va payer pour ça.

M. Bergeron (Patrice): Donc, c'est une défaite du gouvernement et c'est une défaite aussi de toute la stratégie que le gouvernement avait mise en place pour essayer d'atténuer les effets de C-10 ou de bloquer C-10?

M. Drainville: Absolument. C'est une défaite pour le Québec, c'est une défaite pour nos valeurs, c'est une défaite pour notre modèle de justice. Puis c'est une immense défaite également pour le gouvernement du Québec qui n'a plus de rapport de force avec Ottawa, qui est tellement à genoux qu'il n'est plus capable de faire quoi que ce soit pour empêcher des mesures qui sont extrêmement dommageables, qui vont nous coûter une fortune et qui sont opposées par une vaste majorité de Québécois. Il y a une vaste majorité de Québécois qui sont contre cette mesure-là, puis le gouvernement du Québec, notre gouvernement, a été incapable de freiner le rouleau compresseur des conservateurs.
Et la raison pour laquelle il n'est pas capable de le faire, c'est que ça fait tellement d'années maintenant qu'on est... qu'on laisse aller Ottawa, ça fait tellement d'années maintenant qu'on est incapables de les arrêter sur quoi que ce soit qu'à un moment donné, Harper et compagnie, ils pensent qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent avec le Québec. Nous n'existons plus pour eux. Le Québec n'existe plus pour Ottawa.
M. Vallières, vous savez, il a fait une déclaration, M. Vallières, hein, fort intéressante. Je ne sais pas si vous l'avez vue passer. M. Vallières, il a déclaré au Record, c'est le journal anglophone de la communauté de la communauté des Cantons-de-l'Est: «It seems like Ottawa as forgotten us». Yvon Vallières: «In the past three months, we have not been able to communicate on anything, and that concerns us. Last year, we had a strong relationship. Now, there is nothing but a malaise.» Yvon Vallières dans le Record du 9 Mars 2012, ça fait quelques jours de ça.
«It seems like Ottawa has forgotten us.» Ça a tout l'air qu'Ottawa nous a oubliés. Mais exactement, exactement, Ottawa nous a oubliés sur C-10 comme ils nous ont oubliés sur tout le reste. Je ne vous ferai pas la liste, là, vous lirez le texte que j'ai publié dans Le Devoir en fin de semaine, là, c'est ça, le plan C. Le plan C des conservateurs, c'est d'affaiblir le Québec sur tous les fronts, et, aujourd'hui, c'est sur le front juridique qu'on est affaiblis. Il y a une couple de semaines de ça, c'était le front financier, il y a eu le front économique, il y a eu le front identitaire. C'est tout ça, le plan C.
Alors, c'est quoi la réponse de notre gouvernement à ça? C'est d'annoncer des mesures mitigatrices. C'est très bien, il fait son travail, mais il ne nous dit pas qui va payer pour ça, et c'est son travail de nous dire qui va payer pour ça, surtout à quelques jours à peine de la présentation du budget. 1 milliard que ça va coûter, l'application de C-10 puis la construction des prisons qui vont en découler. 1 milliard, à quelques jours de la présentation du budget, puis le ministre de la Justice n'a pas de réponse à nous donner sur qui va payer la facture? Inacceptable, inacceptable. Il nous doit au moins une réponse à ça.

M. Chouinard (Tommy): Selon vous, qui doit payer, donc?

M. Drainville: Bien, c'est évident que c'est Ottawa qui doit payer, tu sais.

M. Chouinard (Tommy): Quand Ottawa a décidé de...

M. Drainville: Bien, Ottawa, les avez-vous entendu dire qu'ils allaient payer? Moi, ce que j'ai entendu, c'est le contraire. J'ai entendu le porte-parole de Vic Toews dire: Qu'ils prennent l'argent dans les budgets de santé puis d'éducation. La réponse qu'on a eue d'Ottawa, jusqu'à maintenant, c'est qu'ils ne paieront pas.
Alors, Ottawa dit: On ne paiera pas. Québec dit: On ne paiera pas. Alors, je vous pose la question: Qui va payer?

M. Chouinard (Tommy): On va payer les avocats, peut-être?

M. Drainville: Vous poserez la question à M. le ministre. Mais c'est son travail, c'est son travail.

M. Chouinard (Tommy): Pensez-vous contester devant les tribunaux le paiement de ces mesures-là si vous avez...

M. Drainville: Bien, écoutez. M. Fournier, je l'ai... vous l'avez entendu comme moi, il y a un instant. Il a réitéré ce qu'il a déclaré quand il est allé à Ottawa, il a dit: On ne paiera pas. Il a dit: C'est à Ottawa de payer pour ces mesures-là. O.K. Alors, tu vas faire quoi, mon cher M. le ministre, pour qu'Ottawa paie la facture? C'est quoi les mesures, c'est quoi les moyens que tu vas prendre?
Est-ce que le premier ministre Charest va finalement faire quelque chose dans ce dossier-là? Est-ce qu'on va l'entendre, le premier ministre des Québécois défendre le modèle québécois, défendre les contribuables québécois? Est-ce qu'on va l'entendre? Est-ce qu'il va en mener une, finalement, une bataille contre Ottawa? Tu sais, il serait temps, là. Il serait temps parce qu'on se fait manger la laine sur le dos dans tous les dossiers: Bas-Churchill, le militaire, le monarchique, les juges unilingues anglophones, le VG anglophone, les paiements de transferts. You name it!
33 milliards pour les contrats navals, le Québec perd bataille, après bataille, après bataille sur tous les fronts. On recule, on recule, on recule puis on a bien hâte que le premier ministre Charest dise: Enough is enough, c'est assez! On va prendre maintenant la défense... moi, comme premier ministre, je vais me lever, je vais prendre la défense des valeurs puis des intérêts du Québec. Mais il ne le fait pas. Pourquoi il ne le fait pas? Parce qu'il n'est pas capable de le faire? Parce qu'il sait qu'il va se faire dire non? Parce qu'il sait que c'est perdu d'avance? Oui, M. Plouffe.

M. Plouffe (Robert): En tout cas, vous parlez beaucoup d'anglais ce matin. M. Drainville, on ne peut pas reprocher quand même à M. Harper de faire ce qu'il avait dit qu'il ferait en campagne électorale. Puis il y a des Marc Bellemare ici, au Québec, qui sont un peu d'accord aussi avec ce qu'il a proposé.

M. Drainville: J'ai parlé de consensus québécois. J'ai parlé de consensus québécois.

M. Plouffe (Robert): Oui. Donc, il y a quand même... on ne peut pas...

M. Drainville: Vous savez ce qu'il a répondu, M. Fournier?

M. Plouffe (Robert): Allez-y.

M. Drainville: Regardez...

M. Plouffe (Robert): On ne peut pas reprocher à M. Harper de faire ce qu'il a annoncé.

M. Drainville: Non, non. Vous avez raison. Vous avez raison, sauf que... Vous avez raison de dire qu'il a pris un engagement, là, de faire passer un projet de loi comme celui-là. Vous savez ce qu'il a dit, Jean-Marc Fournier, quand il est allé à Ottawa? Je le cite: «On n'est pas les banquiers de leurs engagements électoraux. On n'est pas les banquiers des engagements électoraux de Stephen Harper et de son parti.» Bien oui, c'est ça, on est d'accord. Le Québec n'est pas le banquier des engagements électoraux de Stephen Harper.
Alors, M. Fournier nous dit qu'il ne paiera pas. M. Harper dit qu'il ne paiera pas. Mais qui est-ce que c'est qui payer d'abord?

M. Plouffe (Robert): Ma question, c'était pour vous amener sur le fait que, donc, M. Harper, lui, tient ses engagements. M. Charest avait promis, en 2003, une réingénierie de l'État. On voit encore ce matin, là, il y a un exercice qui a été fait, et on se rend compte que... Selon vous, est-ce que la réingénierie a été livrée aux Québécois, M. Drainville?

M. Drainville: Le seul endroit, mon cher M. Plouffe, le seul endroit où la réingénierie a été essayée, c'est avec le ministère des Transports, quand le gouvernement a décidé de confier aux firmes privées, là, le travail que faisait auparavant le ministère des Transports. Vous avez vu ce qui est arrivé au ministère des Transports? C'est la réingénierie... La réingénierie a été un échec, puis là... En fait, le seul endroit, le seul endroit où M. Charest a essayé de faire de la réingénierie, c'est au ministère des Transports, en confiant aux firmes privées les mandats d'évaluer les infrastructures puis de s'occuper des infrastructures, puis ça a été un échec. Elles nous tombent sur la tête. Ça fait que la réingénierie, là, «made in Charest», là, on repassera, là. C'est un échec.

M. Dutrisac (Robert): M. Drainville, sur un autre sujet, qu'est-ce que vous pensez du ralliement tardif de Bernard Landry à Pauline Marois?

M. Drainville: Bien, M. Landry dit qu'il faut s'unir. On est d'accord, hein? Il faut s'unir. Il faut s'unir autour du Parti québécois, il faut s'unir autour de Pauline Marois. C'est ça qu'il dit. Alors, on est d'accord. C'est une excellente idée.

M. Dutrisac (Robert): Même s'il a critiqué d'une manière très, très sévère la démarche de Mme Marois, la gouvernance souverainiste, tous ces moyens-là, vous trouvez que des gens qui pensent comme lui devraient se rallier malgré ça?

M. Drainville: M. Landry est un ancien premier ministre du Parti québécois. Ce matin, il dit qu'il faut se rallier autour du Parti québécois de Pauline Marois. Alors, je pense qu'il a raison, je pense que c'est une excellente idée et je pense qu'effectivement tous les souverainistes et le plus grand nombre de nationalistes possible doivent se rallier au Parti québécois. M. Landry, je pense qu'il y était déjà, mais, bon, s'il souhaite le réaffirmer, le réitérer, c'est très bien, et tous ceux et celles qui veulent venir au Parti québécois sont les bienvenus.

M. Bergeron (Patrice): Vous êtes d'accord pour revoir vos anciens collègues, les brebis égarées, M. Curzi, Mme Lapointe, dans votre parti?

M. Drainville: Mme Marois a toujours dit: Les portes sont grandes ouvertes, tous ceux et celles qui veulent venir au Parti québécois sont les bienvenus. Alors, tous ceux et celles qui veulent venir au Parti québécois sont les bienvenus.

M. Plouffe (Robert): M. Drainville, peut-être une dernière question. Je voudrais revenir, parce que ce que je comprends de vos propos, c'est que la seule façon que la réingénierie a marché ou a été tentée, c'est avec le ministère des Transports. Ça a été un échec. Donc, ce que je comprends de vous, c'est que, non, il ne faut pas réduire la taille de l'État. C'est comme ça qu'il faut le comprendre?

M. Drainville: Non, non, non. Absolument, pas. Absolument pas, attention. Si la réingénierie vise à débureaucratiser, si la réingénierie vise à améliorer la qualité des services, vise à améliorer, par exemple, les services aux aînés, je ne peux pas être contre ça. Mais la réingénierie, telle qu'elle a été tentée par M. Charest au ministère des Transports, ça a été un échec. Quand il a confié les services de l'État aux firmes privées, ça n'a pas marché. La preuve, c'est que nos infrastructures nous ont laissé tomber, là. Tu sais, il y a eu...

M. Plouffe (Robert): En 2003, il a promis une réingénierie, une réforme de l'État. Est-ce que vous considérez qu'il a livré la marchandise?

M. Drainville: Bien non. Le seul endroit où Jean Charest a vraiment essayé sa réingénierie, c'est au ministère des Transports quand il a confié le ministère... une partie des activités du ministère aux firmes privées, et ça n'a pas fonctionné. La preuve, c'est l'état des infrastructures. La preuve, c'est également tous les scandales, tous les scandales qui tournent autour de la construction puis de la collusion.

M. Plouffe (Robert): Donc, s'il y a échec là, tu es mieux de ne pas faire de réingénierie.

M. Drainville: Bien, il faut voir ce qu'on veut dire par réingénierie. Si la réingénierie vise à... comment dire, si, par réingénierie, tu veux dire diminuer la bureaucratie, bien sûr qu'on est d'accord. Mais si, par réingénierie, tu dis: On va tout donner au privé puis on va, comment dire, se délester des missions de l'État, comme s'occuper de nos aînés par exemple, bien là on n'est pas d'accord. Alors, il faut voir ce qu'on met là-dedans. Si on dit: Réingénierie, c'est moins de bureaucratie, réingénierie, c'est des meilleurs services pour la population, on prend soin de notre monde, on s'occupe de nos aînés, on est d'accord. Mais si l'idée, c'est de tout donner au privé puis perdre le contrôle après ça des missions essentielles de l'État, bien là on n'est pas d'accord.

M. Duboyce (Tim): Can we come back to C-10 for a second?

M. Drainville: Sure.

M. Duboyce (Tim): So, what's the impact of the, sort of, judicial landscape in Québec, with this piece of legislation in place?

M. Drainville: Well, this is going to cost us a bundle. This is going to cost us a bundle, and M. Fournier just repeated what he said when he went to Ottawa, he just said it a few minutes ago. He said Québec is not going to pay for C-10. Well, if Québec is not going to pay for C-10, who is going to pay for C-10? If Mr. Harper doesn't want to pay, and if the Government of Québec doesn't want to pay, tell me who is going to pay for C-10? And we have yet to get an answer to this very important question, particularly in light of the fact that the numbers have just gone up, yet, again. Now, he's talking about $750 million for the construction of new prisons, and up to $80 million just to get the new model to function, the new system to function.
So, you're talking about, from the day we're going to be moving forward with this new system, you could... we could easily be paying over a billion dollars over three years, from the time you start building these new prisons. So, who's going to pay for that billion dollars? I'm asking you? So, it's going to be... there's a financial cost involved, there's a human cost involved, because, you know, the youth are going to pay a huge price, a steep price for this. And Québec is paying a price as well. We have a good system. Our system is not perfect but it's working. We have a... How do you say «rate of criminality» or...

Une voix: ...

M. Drainville: Un taux de criminalité.

M. Dougherty (Kevin): Crime rate or... of offenders. What we're talking about?

M. Drainville: Bien, le...

Une voix: ...récidives, ou... That's repeated offenders.

M. Drainville: Oui, bien, récidives. Mais si... If you look at the statistics on violent crimes, for example, Québec has one of the best records. So, our system is working. Why is Harper attacking it, and why can't the Québec's Government stop them? We have lost our «rapport de force», we have lost our leverage, we have lost our capacity to stop the Harper bulldozer because Charest is weak, and the Government of Québec is weak.
And you have yet another example today of a minister doing his job, you know, assuming his responsibilities, but he's not telling us who's going to pay for the price tag attached to these measures. He should be telling us what the price tag is, who will be paying for the price tag. And he, himself, put on the table the discussion over a cost. He is the one who said, when he went to Ottawa: Québec is not going to pay for this. He said that to the face of the Harper Government. He repeated it again today.
I'm asking you the question: Who will pay for C-10? Who will pay for that billion dollars?

M. Duboyce (Tim): ...risk of asking perhaps a facile question...

M. Drainville: A what?

M. Duboyce (Tim): A facile question.

M. Drainville: You mean a sideshow question?

M. Duboyce (Tim): No, not at all, it's on the subject. But do you see this as an example of something that only goes to support the argument that Québec should, in fact, separate from Canada?

M. Drainville: I'll tell you: If we were a sovereign nation, we wouldn't be paying for that billion dollar, and we would have preserved the Québec model, you know, we would have preserved it. So, I think it goes to prove that Ottawa is not giving up on its strategy to weaken Québec on all fronts. I talked about a «plan C», a C plan following the B plan. I think there is a C plan on the way, and that C plan has one major purpose, and it's to weaken Québec on all fronts: financial, economic, on the identity front, on the whole issue of our political weight within Canada and also on its identity.

M. Duboyce (Tim): On what purpose? But why would they do that?

M. Drainville: Pour le remettre à sa place. To put Québec back into its place. How do you say that?

Une voix: Get on track.

M. Drainville: Hein? C'est ça. Weaken it, put it back into its... make it a province like any other. Well, we will never be a province like any other. We're the home of a nation and we will fight to preserve that nation.

M. Dougherty (Kevin): Wait, don't go away. Now, you're talking about a plan C, and you talked about this specifically, I mean, another series of things that the federal Government has done, but sovereignty is still not over 50%, you know. It's about between 35% and 40% support. It still... You know, people are not mobilizing over this. What do you see in that?

M. Drainville: Yes, we have work to do and we're, you know, we're being very persistent. The cause is good, the arguments are good. We have a new argument now, you know, an argument that is being piled up, you know, over all of these other arguments. So, you know, we've got work to do, but I think the events that we are witnessing coming from Ottawa these days are making a very, very strong case for Québec's independence. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 27)

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