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Point de presse de M. Jean-Marc Fournier, ministre de la Justice et de M. Jean Charest, premier ministre du Québec

Version finale

Wednesday, September 12, 2012, 12 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures quarante minutes)

M. Charest: Ah! Je vois qu'on m'a préparé des notes: «Bonjour. Mon nom est Jean-Marc Fournier.»

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Charest: Mesdames et messieurs, merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. Moi, j'ai une très agréable tâche aujourd'hui, d'autant plus que ça a été ma dernière réunion de caucus avec la nouvelle aile parlementaire libérale constituée de 50 députés suite à l'élection générale du 4 septembre dernier, où on a fait un score très respectable, suite aux choix qu'ont formulé les Québécois. C'était donc aujourd'hui pour moi l'occasion d'accompagner les nouveaux élus dans leur dernier caucus... dans mon dernier caucus, pardon, et, pour ce dernier caucus, nous avions la tâche de choisir un chef par intérim pour le Parti libéral du Québec, qui deviendra donc le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.
La démarche dans le choix a été cadrée par la constitution du Parti libéral du Québec, qui prévoit que l'Exécutif du Parti libéral du Québec fait une recommandation. J'ai rencontré l'Exécutif lundi soir dernier, et, après nos échanges, la recommandation que nous avions formulée, c'était de demander à Jean-Marc Fournier, député de Saint-Laurent, ministre actuel de la Justice, de devenir le nouveau chef de l'opposition officielle du Québec, et donc le chef par intérim du Parti libéral du Québec.
J'ai le plaisir de vous annoncer que le caucus a adopté de manière unanime aujourd'hui cette recommandation, et j'ai donc l'honneur de vous présenter le chef du Parti libéral du Québec et le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale du Québec: Jean-Marc Fournier.

Des voix: Bravo!

M. Fournier: Merci. Merci beaucoup. J'ai eu l'occasion de faire quelquefois la tournée sur l'autobus et je sais combien le premier ministre prend toujours soin d'aviser toutes les personnes qui sont au point de presse qu'il est préférable de peut-être ne pas applaudir tout de suite. Alors, on le fera peut-être un peu plus tard.
Mais, dans un premier temps, je voudrais, si vous me le permettez, remercier du fond du coeur le premier ministre du Québec, lui rendre hommage personnellement pour toute la joie et la confiance qu'il m'a données au cours des nombreuses dernières années où on a été ensemble, le remercier au nom de nos collègues qui sont ici présents pour non seulement la merveilleuse campagne qu'il a faite, mais je pense aussi de pouvoir m'associer à eux puis encore pouvoir dire au nom des Québécois combien nous avons été honorés et chanceux de pouvoir compter sur lui comme premier ministre du Québec depuis 2003. Ceux qui regardent 2003 et qui regardent aujourd'hui s'aperçoivent que le Québec, au plan social et au plan économique, a progressé, et on ne peut pas passer sous silence la contribution de Jean Charest comme premier ministre du Québec, et je tiens à le remercier du fond du coeur.

Des voix: Bravo!

M. Fournier: Je voudrais remercier, évidemment, l'Exécutif du parti et le caucus pour leur soutien. Je dois vous avouer, quand le premier ministre m'a présenté tantôt, ça m'a fait un petit frisson que je résorbe tout de suite, mais j'en suis très honoré et très fier, et je les remercie du fond du coeur. Je vous annonce à l'avance que je vais assumer la fonction de chef de l'opposition officielle par intérim dans le plus grand respect de nos institutions.
C'est avec honneur et humilité que j'assumerai la fonction de chef intérimaire du Parti libéral du Québec. Parce qu'il faut bien voir qu'il y a aussi le travail parlementaire, mais il y a aussi le parti politique, le Parti libéral du Québec, le Parti libéral qui est un grand parti, qui a été le moteur de nombreux changements, qui a amené le Québec moderne là où il est. Et je peux vous dire qu'en tant que parti, que militant, parce que députés ou tous les autres qui oeuvrent dans le parti, nous sommes d'abord et avant tout des militants de ce parti-là, je peux vous dire que nous allons nous mettre au travail dès maintenant pour aller regagner la confiance de la population à la prochaine occasion.
Nous allons assumer notre mandat dans l'opposition officielle, animés par les valeurs libérales et avec la clarté des convictions qui nous sont connues. Comme les Québécois l'ont exprimé à travers le vote de la semaine dernière, nous formerons une opposition forte. Nous nous montrerons dignes de la confiance qui nous a été accordée. Sans surprise - je ne vais pas étonner personne ici - je tiens à réaffirmer que nous assumerons ce rôle d'opposition officielle en priorisant l'économie. Nous sommes convaincus que c'est le progrès économique qui permet le progrès social.
Lors de la dernière campagne, nous avons proposé aux Québécois un ambitieux plan économique, proposé notamment de créer 250 000 emplois. Nous demeurons convaincus que la création d'emplois est non seulement un puissant moteur économique, ça va de soi, mais c'est probablement le meilleur programme de lutte contre la pauvreté. Le Plan Nord est sans contredit le plus grand projet de développement économique et de protection environnementale de l'histoire du Québec. Le Plan Nord, c'est tout un territoire qui nous appartient et qu'il nous appartient de saisir. L'opposition que nous formerons s'assurera que le nouveau gouvernement poursuive le déploiement de ce plan.
Soyez assurés que nous supporterons les mesures gouvernementales qui s'inscriront dans le sens de la croissance économique. Par ailleurs, nous nous opposerons à celles qui lui nuiraient. Toute mesure qui cherchera à diviser les Québécois entre eux ou toute mesure qui s'inscrira dans une démarche visant à favoriser la séparation du Québec sera combattue vigoureusement. Nous ne nous opposerons pas simplement pour nous opposer. Nous acceptons la cohabitation et nous allons collaborer pour la création d'emplois et la croissance économique.
Comme chef intérimaire, en collaboration avec le parti, mon rôle sera également de m'assurer du bon déroulement de la course à la direction de notre parti qui, évidemment, va prendre forme. À cet égard, je peux déjà vous informer qu'en vertu de nos statuts le comité exécutif se réunira au cours des prochaines semaines afin de proposer des règles pour la course à la direction. Il y a déjà des règles qui sont prévues par la constitution, il y a certains éléments qui doivent s'ajouter pour l'adapter à la course qui vient. Donc, le comité exécutif se réunira, les proposera probablement en octobre à un Conseil général pour soumettre ces nouvelles règles à l'assentiment des militants. Les dates seront communiquées ultérieurement, mais je tiens à vous dire que nous procéderons assez rapidement.
En terminant, je souhaite remercier à nouveau le Parti libéral, mes collègues députés de la confiance qu'ils m'offrent.
I would like to add to that, that certainly we'll be a strong opposition, we'll be an economic opposition, we'll be there to collaborate with the government when it's... measures about job creation and economy... but we'll be there also to oppose them if ever they want to try some «astuces» taking us, bringing us to some scheme of separation.
Merci. Merci beaucoup. Et je suis prêt à prendre vos questions, quelques questions.

Le Modérateur: Merci, M. Fournier. On va débuter la période de questions avec Robert Plouffe, TVA.

M. Plouffe (Robert): Oui. Bonjour. On nous dit qu'on ne peut pas poser de questions à M. Charest, mais il fait-u bien ça?
M. Fournier, on vous a vu - d'ailleurs, à voir l'accueil que vos collègues vous ont réservé, je ne sais pas si vous regrettez de ne pas être allé dans la course - mais on vous a vu souvent dans l'autobus du chef. Est-ce que, oui ou non, on préparait quand même un scénario en se disant: Peut-être que ça peut arriver qu'on perde. Est-ce qu'on préparait, donc, Jean-Marc Fournier à assumer l'intérim, le temps qu'il y ait une course à la chefferie?

M. Fournier: La réponse est simple. En 2008, j'ai passé les 33 jours dans l'autobus. Là, j'en ai passé un peu moins, à mon plus grand regret d'ailleurs. J'aurais voulu être tellement là plus souvent. Et, en 2008, j'ai passé toute la campagne là.
Alors, forcément, c'est pour vous dire qu'on ne préparait pas, à ce moment-là, un intérim de 2012, forcément. On a fait une campagne où chacun de mes collègues qui est ici, et, au premier titre, le premier ministre visions d'avoir la confiance des Québécois pour former le gouvernement. Force est d'admettre que nous sommes arrivés à, quoi, 30 000 voix du parti qui forme le gouvernement. On a bien travaillé. On a encore du travail à faire pour aller chercher la confiance, et c'est ce qu'on va faire. Il n'y avait vraiment là-dedans rien d'autre que le désir de travailler en équipe les uns avec les autres. C'est ce qu'on a fait dans l'autobus, c'est ce qu'on va faire en opposition avec les gens qui sont derrière moi.

M. Plouffe (Robert): Maintenant, je ne sais pas si vous avez hâte, justement, déjà de passer le flambeau au prochain, mais il y a déjà des dossiers. On entendait M. Bachand aujourd'hui dire que le prochain budget du Parti québécois risque d'être catastrophique pour l'économie du Québec, qu'il faut se dépêcher d'avoir un chef pour bloquer ce budget-là.
Mais il y a déjà, là... On parle déjà de Gentilly, fermeture de Gentilly. Avez-vous déjà une position là-dessus, M. Fournier? Est-ce qu'on doit fermer la centrale Gentilly?

M. Fournier: Bien, Gentilly, vous connaissez notre position. C'est beau d'avoir de nouvelles informations qui arrivent à l'occasion, mais encore faut-il avoir le portrait global. Et on a toujours dit, à l'égard de Gentilly, qu'il y avait des évaluations, notamment au niveau des coûts de réparation, qui devaient être connues, il y a des impacts régionaux vécus en matière... honnêtement, là, en matière économique. Ce n'est pas simplement de fermer une centrale nucléaire, c'est de voir quelles en sont les conséquences économiques. C'est une préoccupation qu'on doit avoir en tout temps. La réponse ne peut pas toujours être un gel, un moratoire, une fermeture. C'est la réponse facile. Il faut essayer de voir l'ensemble beaucoup plus large, et on va le faire à l'égard de Gentilly comme à l'égard de toutes les autres matières.
Mon collègue M. Bachand a tout à fait raison: Si on écoute les engagements ou les annonces de la campagne électorale, il y a des risques que le choix que le Parti québécois voudrait faire au plan budgétaire puisse ne pas être à l'avantage de la croissance économique. Nous y veillerons avec des propositions constructives et nous espérons que Mme Marois saura les entendre.

Le Modérateur: Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain): Bonjour, M. Fournier. Est-ce que vous avez l'impression que cette course au leadership ne risque pas de distraire un peu les travaux qui vont se faire à l'Assemblée nationale?

M. Fournier: Écoutez, on est capables de, selon la vieille expression, de mâcher de la gomme et de marcher en même temps. On a une équipe exceptionnelle derrière nous, je vous... En tout cas, je n'ai pas besoin de vous «spinner», là, là-dessus, là; juste à regarder les visages qui sont là, vous en connaissez un bon nombre. Et on est capables de faire notre travail parlementaire, et on va le faire.
Imaginez-vous, on vient de sortir d'une élection où on a un appui substantiel de la population, on a des convictions, on a des idées sur ce qui doit être fait pour l'avenir, on va en faire la promotion. Je vous ai dit tantôt qu'on n'allait pas juste s'opposer, puis, vous allez voir, on a des idées à mettre de l'avant.
Ceci étant, il est possible de faire une course à la direction, de pouvoir aller vers le plus de Québécois possible, d'essayer d'avoir plus de membres, de se faire entendre, d'avoir différentes propositions qui sont mises sur la table aussi. Ça sert aussi à ça, ces moments comme ceux-là, alors on va les vivre à plein.
On est déçus, je vous le dis bien franchement, de perdre notre chef. Il a été pour nous un compagnon d'armes et un leader extraordinaire pendant toutes ces années. La démocratie fait en sorte qu'à un moment donné on doit se diriger vers le prochain. Moi, mon mandat, c'est de m'assurer que tout soit prêt pour que le prochain puisse continuer ce que celui qui m'a précédé aura fait pour faire en sorte que les Québécois bénéficient d'un gouvernement dédié entièrement à l'économie.

M. Laforest (Alain): Vous avez été le gardien des valeurs libérales de M. Charest comme leader. Qui sera votre leader?

M. Fournier: Chaque chose en son temps.

Le Modérateur: Julie Dufresne, Radio-Canada.

Mme Dufresne (Julie): Bonjour, M. Fournier.

M. Fournier: Bonjour.

Mme Dufresne (Julie): On a beaucoup entendu parler des élus libéraux, de renouveau, de possibilité de renouveau avec cette course à la direction. Alors, vous, qu'est-ce que ça signifie pour vous, comment vous voyez cette course à la direction?
M. Fournier: Bien, d'abord, c'est une occasion d'aller vers plein de personnes qui, parfois, ne se sentent pas directement concernées par la chose politique. Si nous ne sommes pas dans une course à la direction, on fait notre travail parlementaire, on crée nos réseaux à des fins de collaboration ou d'idées pour faire notre travail parlementaire, pour soutenir soit une position d'opposition ou, lorsqu'on est au gouvernement, pour soutenir les positions gouvernementales. Là, ça nous permet, pour certains de ceux qui vont décider de se lancer dans la course - en tout cas, je souhaite qu'il y en ait un certain nombre - ça va permettre d'aller avec une optique bien différente, une optique d'aller cueillir des nouvelles idées, de les porter dans différentes régions de manière différente que ce qui se fait lorsqu'on n'est pas dans une période de course. Et donc, on est en mesure, je crois, d'offrir aux Québécois une équipe très déterminée, très respectueuse, très claire sur ses convictions à l'Assemblée nationale et, en même temps, tendre la main aux Québécois pour qu'ils se joignent à nous pour la prochaine aventure qui s'ouvrira lors de la prochaine élection.

Mme Dufresne (Julie): Et vous avez dit tout à l'heure que toute démarche qui pourrait mener à la séparation du Québec sera combattue. Vous pensez à quoi, par exemple?

M. Fournier: Écoutez, j'ai fait quelques années dans l'opposition. Je me souviens de l'époque de M. Parizeau, je me souviens du «grand jeu», je me souviens des astuces, je me souviens de la «trappe à homards». Enfin, on pourrait en nommer. Il y en a quelques-uns parmi vous qui... pour qui ça rappelle. Des fois, je me fais dire qu'il y en a plusieurs qui ne se souviennent pas de tous ces éléments parce que ça fait déjà de l'histoire ancienne. Pourtant, ça ne fait pas si longtemps que ça, c'était 1995.
Je crois que le gouvernement du Parti québécois, qui sera formé très, très bientôt, ne peut pas faire reposer une démarche visant à inventer des conflits, à s'inventer des non à des demandes québécoises simplement dans le but d'attiser une fièvre artificielle visant à soutenir un mouvement vers la séparation.
Alors, si on se comprend tous et qu'on comprend qu'on est dans une assemblée de cohabitation, je crois qu'on devrait tous avoir l'économie comme principale priorité et travailler tous ensemble là-dessus. C'est ma conviction profonde et celle de mes collègues ici. Là-dessus, on est très clairs. M. Legault peut nous envier cette clarté. Pour nous, la séparation est un péril... met en péril l'économie. Alors, c'est évident que, si je vous dis que la priorité principale, c'est l'économie, je ne vais pas vous dire que je vais appuyer des mesures qui favorisent la séparation du Québec.

Le Modérateur: Josée Thibeault, Radio-Canada.

Mme Thibeault (Josée): Bonjour, M. Fournier. Vous l'avez vu par les résultats de l'élection, les Québécois sont divisés. Ils sont presque divisés en trois, et vous avez dit que vous n'alliez pas supporter aucune mesure qui allait diviser les Québécois, mais ils le sont déjà. Alors, est-ce que je comprends que tout ce qui n'est pas économie va faire l'objet d'opposition de la part de votre direction?

M. Fournier: Bien, d'abord, précisons. Je crois qu'il nous revient de supporter les mesures qui permettent la création d'emplois, toutes les mesures qui favorisent le développement économique, parce que c'est par le progrès économique qu'on permet le progrès social. Ce n'est pas une vision simplement d'économie, mais d'économie parce que cela rend tout le reste possible, comme quelqu'un a déjà dit tout près de moi. Et nous y croyons fermement.
Alors, on va s'assurer que toutes les mesures économiques qui rendent tout le reste possible puissent être mises de l'avant. Dans un débat démocratique, qu'il y ait différents choix, ça va de soi, c'est bien normal. Mais je ne crois pas qu'on doive envisager que le développement de notre société, ou même comme moyen de soutenir l'économie, ou même de soutenir des mesures sociales passe par la division des Québécois les uns contre les autres, sur une base linguistique ou autre. C'est en rassemblant tous les Québécois et en essayant d'avoir des objectifs communs... Plutôt que de tenter de trouver ce qui nous sépare les uns des autres, plutôt trouver les points communs et bâtir le Québec qu'on veut tous pour ceux qui vont nous suivre, un Québec meilleur pour les autres.

Mme Thibeault (Josée): Et pourquoi ne vouliez-vous être que le chef par intérim du Parti libéral du Québec?

M. Fournier: Je l'ai dit la semaine dernière: J'avais... Puis j'imagine que mes collègues ont tous eu cette réflexion-là. À partir du moment où le premier ministre a annoncé ce qu'il a annoncé, on se pose la question sur ce qu'on veut faire. Moi, je savais que je ne voulais pas me lancer dans la course. Écoutez, c'est une question de ce qu'on peut sentir, de ce qu'on peut... du goût, de l'ambition qu'on a. J ne m'en excuse pas, mais j'ai peut-être des ambitions contrôlées, appelons ça ainsi, je n'ambitionne pas cela.
Ceci étant, je suis un parlementaire depuis un bon nombre d'années. On a un travail de parlementaires à faire et on peut le faire, on doit le faire et on va le faire, comme je le disais tantôt, dans le respect, mais avec - je le dis à l'avance pour ceux qui se posent la question - avec énergie.

Le Modérateur: Antoine Robitaille, Le Devoir.

M. Robitaille (Antoine): Donc, vous faites de la rétention d'ambition, si je comprends bien.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Fournier: C'est de l'autocontrôle. Je n'ai pas besoin de faire de la retenue.

M. Robitaille (Antoine): Il y en a plusieurs dans le groupe ici qui ont déjà été ministres. On sait que le travail d'opposition est ingrat, difficile. Est-ce que vous souhaitez que tout le monde ici termine son mandat ou soit là pour... jusqu'au prochain rendez-vous, jusqu'au prochain scrutin?

Des voix: Oui, oui, oui!

M. Fournier: Je pense que - ils sont en train de répondre pour moi - ...mais je peux vous dire ceci, et on l'a senti pas juste aujourd'hui, dans le caucus que nous avons eu, on l'a senti la semaine dernière aussi: Il y a un caucus qui a le goût de faire le travail qui est devant nous. Nous avons la... nous sommes assez convaincus qu'il reste pour nous peut-être un peu de travail à faire, sans doute, sans doute qu'il nous reste du travail à faire, mais il y a de la place pour que ce caucus-ci ajoute... voit ajouter à la prochaine élection d'autres parlementaires et que nous puissions former le gouvernement la prochaine fois.
Alors, que ce soit des anciens ministres, des anciens députés, des nouveaux députés, nous formons maintenant le même collège de l'opposition, très décidés à faire notre travail d'opposition sérieuse, déterminée, très correctement, mais nous préparer aussi à la prochaine... et la course au leadership est déjà une étape, là-dedans.

M. Robitaille (Antoine): Il y a un élu libéral qui n'est pas là aujourd'hui, Jacques Chagnon. Est-ce que vous souhaitez qu'il demeure président de l'Assemblée nationale?

M. Fournier: M. Chagnon va faire ses démarches auxquelles je crois qu'il souhaite faire, c'est ce que je comprends, et lorsque viendra le moment venu, les parlementaires décideront du choix de la présidence. Alors, je vais réserver mes commentaires pour le jour de ce choix-là.

Le Modérateur: Paul Journet, La Presse.

M. Journet (Paul): Bonjour, M. Fournier. Élire le prochain chef au suffrage universel au lieu du système de délégués qu'on connaît actuellement au Parti libéral, est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être considéré ou est-ce que c'est exclu d'emblée?

M. Fournier: Il y a des directions qui... des décisions et des discussions qui sont... qui ont été entamées à l'Exécutif, qui vont se poursuivre. Il y a différentes contraintes qui interviennent, et là je ne vous dis pas le sens de la décision qui sera prise. Mais il est évident que, si on change le mode, il faut changer la constitution, donc il faut un congrès précongrès, donc deux congrès.
Là, il y a une question de délais dans tout ça. Il faut analyser les choses. Alors, il y aura des décisions qui seront prises, mais, comme je vous ai déjà annoncé dans la suite des choses, l'Exécutif se réunira, il y aura un Conseil général qui verra à prendre des décisions sur les propositions de l'Exécutif et, à ce moment-là, on sera plus en mesure d'avoir plus de précisions pour vous sur la suite des choses. On n'est pas là encore, il y a un mois qui nous sépare de ce moment-là.

M. Journet (Paul): Mais c'est quelque chose qui serait possible, donc, d'organiser un précongrès en octobre, avant celui qui a été annoncé? C'est possible, à tout le moins, et c'est considéré?

M. Fournier: C'est plus complexe d'avoir un congrès qui précède un autre congrès que de faire un Conseil général. Alors, il y a un ensemble de variables à considérer. Il n'y a rien qui est impossible dans le monde, mais il y a beaucoup de variables à mettre sur la table, et les décisions ne sont pas prises à cet effet. Pour l'instant, la constitution que nous avons nous permet de faire une élection avec des délégués. C'est un système qui a déjà fonctionné et qui fonctionne. Alors, on verra les aménagements qui peuvent y être faits.

Le Modérateur: Simon Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon): Oui, bonjour, M. Fournier. On vous a souvent entendu, au cours des dernières années, déplorer le ton qui était adopté en Chambre lors des échanges à la période de questions. Quel sera le ton que vous comptez adopter dans ces circonstances?

M. Fournier: Respectueux, déterminé. C'est clair que la façon dont nous allons nous comporter sera, entre autres, d'être dans un mode de proposition. Je ne vous cacherai pas qu'on considère - mais ça ne va peut-être pas vous surprendre - qu'on pense que nos idées pour le Québec sont un peu plus prometteuses pour les Québécois que ce que le gouvernement a dans sa besace. Alors, on ne se cachera pas qu'on a la possibilité de les réitérer, de les réexpliquer, de les reproposer, on va le faire. Alors, ce ne sera pas de l'opposition pour s'opposer.
Maintenant, il y a un rôle d'opposition qui revient à l'opposition, on va l'assumer. Le ton sera respectueux. Je vais vous faire une petite confidence, mais, franchement, on a eu, dans les dernières années, de la part de l'opposition officielle, un ton et une méthode qui étaient plutôt durs. Je ne pense pas qu'on peut appeler ça respectueux et je ne pense pas que ça a donné de la confiance du public à l'égard de leur parti.
Alors, chacun a toujours son post-mortem à faire. Les Québécois souhaitent que nous puissions faire de la politique dans le respect des uns et des autres et du fait que nous ayons des idées différentes. La démocratie appelle que des gens aient des idées différentes, sinon ce n'est plus de la démocratie. Donc, il faut chérir ces moments-là.
Ceci étant, il ne faut pas non plus qu'un camp décide de se lancer dans des opérations de salissage en s'attendant qu'il est le seul qui peut le faire. Il faut donc éviter de se lancer là-dedans. Je souhaite que nous puissions faire... des gens appellent la cohabitation; on l'a déjà fait, la cohabitation. On va collaborer, on va cohabiter, mais on va défendre nos points de vue. Il y a des choses sur lesquelles on est diamétralement opposés avec le Parti québécois, notamment sur la question de l'accession à la souveraineté en passant par la séparation du Québec. Ce n'est pas... et, là-dessus, on est très clairs. On a l'avantage de la clarté de nos convictions au Parti libéral du Québec. Alors, quand j'entends Mme Marois qui, encore la semaine dernière, lançait dans des procédures où elle souhaitait alimenter un feu vers la séparation, qui va brûler tous les Québécois, on ne pense pas que c'est à l'avantage. On va s'opposer.

M. Boivin (Simon): En tout respect pour vos nouvelles fonctions, si c'était possible, j'apprécierais de profiter de la dernière occasion qu'on a d'avoir M. Charest avec nous pour lui en poser une petite dernière.

M. Fournier: Bien, je vais vous dire quelque chose: On a déjà eu l'avantage de répondre à des périodes de questions où il était, et c'est avec grand plaisir que je vais lui permettre de répondre à une de vos questions.

M. Charest: Bien, essayez-vous.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Charest: À l'avance, je me dis: C'est la journée de Jean-Marc. Mais posez votre...

Journaliste: Vous avez parlé tout à l'heure d'un certain intérêt qui était montré à votre égard déjà. J'imagine que, possiblement, le téléphone a commencé à sonner de votre côté. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur ce qui s'en vient pour vous dans un... dans le court, moyen terme.

M. Fournier: J'aurais pu répondre, hein?

M. Charest: Merci.

M. Fournier: Que de bonnes choses.

M. Charest: Je suis... On est dans une période de transition, Michèle et moi puis la famille. On fait nos boîtes puis on fait ça avec beaucoup d'émotion mais... et avec beaucoup de sérénité également. Et, pour la suite des choses, oui, il y a des gens qui se sont manifestés, et, quand les décisions... quand je prendrai des décisions - puis je n'ai pas de décision de prise puis je n'ai pas vraiment eu de discussion sérieuse - mais, lorsqu'il y en aura, bien, on vous les annoncera, évidemment.

Le Modérateur: Régys. Régys Caron.

M. Boivin (Simon):...

M. Charest: Pardon?

M. Boivin (Simon): Le retour au droit est envisagé?

M. Charest: Ah! Il y a plein de scénarios qui sont possibles, mais j'ai l'intention d'être très heureux et de demeurer très heureux.

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Modérateur: On va terminer en français avec Régys Caron, Journal de Québec.

M. Caron (Régys): Bonjour. Vous serez... Votre priorité sera l'économie, M. Fournier. M. Bachand nous disait ce matin qu'il voyait une catastrophe économique dans le cadre financier du gouvernement qui s'apprête à entrer en fonction. Est-ce que vous pourriez renverser le gouvernement dès le dépôt du budget, au mois de mars, s'il ne vous satisfait pas?

M. Fournier: On n'est pas à l'étape d'imaginer ce qu'ils vont mettre dans leur budget pour eux. Ils ont la possibilité de faire un budget, ils sont au gouvernement. On a déjà été au gouvernement, puis on faisait nos choix, puis on les soumettait à l'Assemblée puis aux Québécois. Alors, ils feront le budget qu'ils voudront faire. Je crois qu'ils doivent prendre acte du fait que nous sommes dans un Parlement de cohabitation. J'ose espérer qu'ils sauront écouter un peu ce que nous allons, de notre côté, mettre de l'avant.

M. Caron (Régys): C'est un avertissement?

M. Fournier: Ce n'est pas un avertissement, c'est une façon de procéder dans ce Parlement, surtout dans des cas où le parti au pouvoir est minoritaire, il n'a pas le choix, pour faire adopter son budget, que d'aller chercher l'appui des autres parlementaires. Alors, forcément, je suis simplement en train de vous dire que le b. a.-ba de notre système, c'est qu'ils doivent tenir compte de ceux qui sont dans l'Assemblée et... Alors, ils connaissent déjà où on loge, puis on va rappeler les propositions qu'on peut leur faire.

Le Modérateur: Kevin Dougherty, The Gazette.

M. Dougherty (Kevin): Mr. Fournier, maybe this is the time to talk about what happened in the election. Usually, in an election, when there is a change of government, the up going government is totally defeated, they're gone. But, this time, you have 50 seats; you almost have as many votes. What was the message? What were Quebeckers saying in this... and they didn't give the other guys a big majority. What were the people saying, you think?

M. Fournier: Certainly that the Liberal Party of Québec is linked directly to the future of Québec, was linked with the past and the history, but also to the future of Québec.
Last time we lost by more than 1 % was in 1981. In 1994, we lost by 0,35 %, and this one by 0,70 %. So, just to say that the Liberal Party, when we look at the history, is more than useful for Québec: it has built the Québec that we know, and I think that when you look at the results of the last election, you could say that the Liberal Party has not just a history, but a beautiful future for Québec.

M. Dougherty (Kevin): And in the convention, we understood correctly, you have... the party statued to call for a choice of a leader by delegates, the old way, the way it was done in 1983. But you talked about some changes, if I understand correctly, the Executive... I mean, is there an element of suffrage?

M. Fournier: There are two steps. If you want to change the constitution, you've got to have a «congrès». If you want to precise the rules that are in the constitution, not to change them, just decide of the date and the place where you're going to hold that «congrès», well, you need a «Conseil général» for that. So, the way we are going through is from the Executive to make a proposition to the «Conseil général» to have a leadership respectful of our constitution.

Le Modérateur: Tim Duboyce, CBC.

M. Duboyce (Tim): Mr. Fournier, how are you going to be a different leader than Jean Charest?

Des voix: Ha, ha, ha!

Une voix: We're listening.

M. Fournier: Well... No. I'm... Mr  Charest - I was thinking about «was», but «is» - Mr. Charest is a... I think, for us, member of the Liberal Party, but, if you think and talk with everybody since last week, citizens of our society will recognize that Mr. Charest is a strong leader that we had, with qualities that I don't think I would hope to have. The determination he had, the charisma he had, the way he can build a team and fix the place where we had to go is, for us... bring us a lot of respect to him. But, more than that, we're proud to call ourselves friends of Jean Charest.
So, modestly, I'll do my job in the interim to be sure that we do the things we've got to do in this Parliament, because that's what people ask us by the election of 50 MNAs. And we will do that at the same time as we'll continue to work and build the confidence of people supporting the Liberal Party for the next time. We can do that and we'll try to do our best to match what Mr. Charest showed us the way to do.

M. Duboyce (Tim): My other question is for M. Charest, if I can get you to come to the podium for a second.

M. Fournier: I learned from the last question that I'll wait for the question before looking at him.

M. Duboyce (Tim): Oh! Yes.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Duboyce (Tim): Yes, you'll see it on TV tonight.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Duboyce (Tim): My other question is for Mr. Charest...

M. Fournier: Yes.

M. Duboyce (Tim): ...if I can get you to come to the podium. And the question is simply this one: You know, you've been the leader of this party for almost 15 years. This is kind of the first moment that you're actually not. What's that like for you?

M. Charest: I feel very good. I feel very confident in the leadership of Jean-Marc Fournier. I think it's an outstanding choice. And he was very modest, a few moments ago, about his own leadership, but he is chosen because of his great qualities that are very well known, his leadership abilities and his... the fact that he is also, I think... has the experience and is wise in his choices.
And so I feel that the party is in good hands, and that the party is in good shape, and that Québec is in good shape. And so I'm very confident about the future with Jean-Marc at the helm.

M. Fournier: I would like to say that the question was very good, and the answer also.

Le Modérateur: Rhéal Séguin, Globe and Mail.

M. Séguin (Rhéal): Mr. Fournier, why do you feel the need, why does the party feel the need to choose a new leader before the next budget? Why rushing to this process now?

M. Fournier: That decision is not already taken. We don't have the date yet when is going to be that leadership... and the decision will be made about who's going to be the next leader. That will be up of the Executive to make a proposition to the «Conseil général». So, let's wait for a month before that.

M. Séguin (Rhéal): But do you fear that if... You talked earlier about the whole idea of sovereignty, of separatism and that the PQ will push its agenda forward, you would be there to fight it. Would you go as far as to want to defeat the Government on that agenda, should that come even early on in the mandate?

M. Fournier: Well, let's say you have forty confident votes, there's certainly the one about the budget that exists. I already answered to that, that we will wait for the budget and we'll try to have the budget going in the direction that our convictions are. So, we will wait for that.
As for the rest, we'll let the PQ govern, they have the right to govern, we'll respect that. We'll be there to assure them of our collaboration, we'll wait. But, surely... I cannot see that they will think they have got a mandate to start fires... artificial fires against Ottawa, just to show Quebeckers that it will be a good option to make separation.
Our convictions are very clear: we think that separation is bad for the economy and the social progress of Québec. So, we'll be there to fight against that.

Le Modérateur: Elysia Bryan-Baynes, Global.

M. Séguin (Rhéal): When do you think it's going to be?

M. Fournier: We'll wait for the decision they take and, after that, we will address that.

Le Modérateur: Elysia Bryan-Baynes, Global.

Mme Bryan-Baynes (Elysia): The results of the elections were very close. Nevertheless, do you think your party has a long way to go to gain back the confidence of Quebeckers?

M. Fournier: We didn't win the last time, some... it was a week ago. There's time for us to gain the confidence of more Quebeckers. Not that we lost by so much. A loss is a loss, but, we were near the front runner, let's say that. But we've got to work, we accept that, we accept the fact that we are in the opposition. So, we have the opportunity to go back to the citizens, find new members, bring people to our party, and, in fact, to democracy.
We had many speeches made on the fact that democracy is with the political parties that it works. It's in this Parliament that it works. Democracy is not just shouting in the streets. And so, if we can bring people to us, it's good not just for the Liberal Party; it's good for democracy, it's good for Québec.

Mme Bryan-Baynes (Elysia): And I am just wondering what your game plan will be if any language tension should bubble up. What your game plan is?

M. Fournier: It's not time to divide ourselves between French, and English, and... You know, we are all Quebeckers, and... I remember Mme Marois, last time, and it was last week, I guess, and Mr. Bouchard, that we saw yesterday, coming back, when he was, in 1996, 1997, saying that we were in a space of peace, linguistic peace in Québec. And I thought that that peace should bring us together, not divide us, one again the other. If we want to make progress, we should always keep in mind that it's not by dividing us that we will be stronger economically or socially.
So, I think that those conceptions and convictions should be shared by everyone, even the Parti québécois. So, let's hope that they'll forget that division.

Le Modérateur: Angelica Montgomery, CJAD.

Mme Montgomery (Angelica): Yes. We all remember when the Conservatives were in a minority situation. The federal Liberals had no leader and they were stuck in a situation where they were forced to support every single or nearly every law that the Conservatives brought forward because they could not go to election at that point.
Are you concerned about being in the same situation right now? What will stop you from being forced to prop up a PQ government?

M. Fournier: We will think about those things. Of course, we know that the situation exists, and it will be part of the discussions and the decision process that we're going to take about the moment of the leadership. We know that. At the same time, it won't be... it would not be advised for Mme Marois, le Parti québécois, to try to pass into our throat - I was saying «our throat»... not just the Liberals, but Quebeckers - some propositions that will be very bad for Québec, and she doesn't have that mandate.

Le Modérateur: Annie DeMelt, CTV. Last question.

Mme DeMelt (Annie): Yes. Mr. Fournier, I'd just like to hear you in English on... Do you plan to fight the PQ's plan for Gentilly-2?

M. Fournier: Well, the first thing first, you know, when you take those decisions, you've got to have all the elements in the picture. You cannot just say: Oh! It's going to be a freeze, moratorium or dismantle. What are the effects? What are the costs of reparation? We know that... we were looking at New Brunswick, what they were doing. Let's have that into account, let's look at the economic context and the effects of that decision. It's not just because something is popular for the moment that you go into that. It's easy to say: Freeze. It's easy to say: Dismantle. What are the effects on the energy means that we've got in our hands? What are the effects on the economy of those who are working there?
We were proposing, at the last election, to create jobs, not to lose jobs. That was Mr. Legault's business. We aren't creating jobs. So, when you take those decisions, you've got to keep in mind that those people need work, and I'll take advantage of that last question to just conclude by saying: Don't be surprised, we'll talk about economy. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 18)

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