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« Rimouskifié »

Terme(s) anglais :
Rimouskified

Définition

Expression apparue à la suite de la victoire de Robert Baldwin dans la circonscription de Rimouski le 30 janvier 1843. Les circonstances particulières entourant cette élection partielle font alors dire à la presse anglophone que « Baldwin has been Rimouskified1 ».

Le terme fait référence à un candidat prestigieux qui, défait dans son comté, se présente aussitôt dans une autre circonscription, libérée exprès pour lui, où il remporte la victoire2 .

Voir également parachutage.

Historique

Chef adjoint du Parti réformiste avec Louis-Hippolyte LaFontaine, Baldwin est nommé procureur général en septembre 1842. À l'époque, toutefois, et jusqu'en 1927, un député qui accède au Cabinet doit aussitôt démissionner, puis se faire réélire pour être habile à occuper sa nouvelle fonction de ministre3. Baldwin se présente de nouveau, mais est défait (17 octobre 1842) à la fois dans Hastings et dans 2nd York, deux circonscriptions du Haut-Canada4. Il ne peut donc faire partie du Cabinet.

Pour y remédier, LaFontaine lui offre de se présenter dans Rimouski, circonscription libérée le 15 décembre 1842 avec la démission de Michel Borne5. Le 30 janvier 1843, Baldwin y est élu sans opposition6. Les deux hommes avaient utilisé cette stratégie après la défaite de LaFontaine dans Terrebonne en 1841. Baldwin lui a cédé son siège dans la circonscription de 4th York, du Haut-Canada, où LaFontaine a remporté la victoire7.

Selon Leclaire (1871), l'expression « rimouskified » apparaît dans la presse anglophone après la victoire de Baldwin8. James Macpherson LeMoine la reprend en 1898 dans son explication de l'origine du toponyme Rimouski, rapportant que Baldwin « was Rimouskified into Parliament9 ».

Il existe plusieurs exemples de ce genre qui, sans avoir été qualifiés de « rimouskifiages », ont permis à des personnalités politiques de premier plan défaites à une élection d'être rapidement élues dans une autre circonscription10. Tel est le cas du premier ministre Robert Bourassa, battu dans Bertrand aux élections générales du 2 décembre 1985 et élu dans Saint-Laurent le 20 janvier 1986. Le député Germain Leduc a d'abord démissionné de ce siège en faveur de son chef, et l'opposition officielle n'a pas présenté d'adversaire contre lui.

Pour citer cet article

« Rimouskifié », Encyclopédie du parlementarisme québécois, Assemblée nationale du Québec, 29 août 2013.

Faites-nous part de vos commentaires à : encyclopedie@assnat.qc.ca

Notes

1 

Alphonse Leclaire, Revue Canadienne, Montréal, E. Sénécal, 1871, p. 186. Cet auteur écrit erronément « rimouskifield ». Nous avons tenté sans succès de retrouver le premier usage de cette expression dans cinq journaux, soit Le Journal de Québec, le Quebec Gazette, le Montreal Gazette, le Toronto Mirror et le Quebec Mercury (décembre 1842 à mars 1843).

2 

A. Leclaire, op. cit., p. 181; André Lapierre, « À l'onomastique au Canada français », Actes du XVIe congrès international des sciences onomastiques, Québec, Presses de l'Université Laval, 1990, p. 368.

3 

Michael S. Cross et Robert Lochiel Fraser, « Baldwin, Robert », Dictionnaire biographique du Canada, http://www.biographi.ca/

4 

Au Québec, il était possible d'être candidat simultanément dans deux circonscriptions jusqu'en 1952. Loi modifiant la Loi électorale de Québec, S.Q. 1952, c. 19, art. 2-3.

5 

Francis-J. Audet, Les législateurs du Bas-Canada de 1760 à 1867, Montréal, 1940, 3 vol.

6 

M. S. Cross et R. L. Fraser, op. cit.

7 

F.-J. Audet, op. cit.

8 

A. Leclaire, op. cit., p. 186.

9 

James Macpherson LeMoine, The Legends of the St. Lawrence : Told During a Cruise of the Yacht Hirondelle from Montreal to Gaspe, Québec, C. E. Holiwell, 1898, p. 174.

10 

Louis Massicotte et André Blais, « "Me voilà. Trouvez-moi un comté!" Expériences canadiennes en matière de parachutage politique », p. 262-264, dans Bernard Dolez et Michel Hastings (dirs), Le parachutage politique, Paris, L'Harmattan, 2003.  (Logiques politiques).