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Introduction historique-en

17th Legislature, 2nd Session
(January 8, 1929 au April 4, 1929)

Par Aryane Babin

Le monde, le Canada et le Québec de 1929

Les « années folles » et la fièvre spéculative en Bourse atteignent leur apogée en 1929. À la veille du krach boursier de Wall Street, aucun indice ne laisse présager des difficultés économiques que le monde connaîtra à l'automne.

Aux États-Unis, le nouveau système d'achat à crédit amplifie la poussée spéculative. Dès le début de 1929, l'économie montre des signes de fatigue avec le ralentissement de la production industrielle.

Élu le 6 novembre 1928, le républicain Herbert Hoover devient le 31e président des États-Unis. Entré en fonction le 4 mars 1929, il crée le Federal Farm Board, dès le 15 juin, pour aider les sociétés agricoles à lutter contre l'affaiblissement des cours.

À Rome, le 11 février 1929, le pape Pie XI et le dictateur italien Benito Mussolini signent un traité de paix. Les Accords de Latran mettent fin à la « question romaine1 » en limitant le pouvoir temporel du pape à l'État du Vatican. En contrepartie, le catholicisme devient religion d'État en Italie. À l'Assemblée législative de Québec, le 12 février, le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau qualifie ces événements comme étant d'une « importance mondiale ».

Le prix Nobel de la paix de 1929 revient à l'Américain Frank Billings Kellogg pour le pacte Briand-Kellogg2. La même année, les deux universitaires Marc Bloch et Lucien Febvre fondent la revue historique des Annales d'histoire économique et sociale.

Généralissime des armées alliées durant la Première Guerre mondiale, Ferdinand Foch, maréchal de France, de Grande-Bretagne et de Pologne, s'éteint à Paris, le 20 mars 1929. Le jour même, une dépêche d'Europe fait part de la nouvelle à la Chambre. Taschereau déclare que le Canada et la province de Québec ne sauraient « rester insensibles à cette perte qui est celle de toute l'humanité ». À la fin de l'année une autre légende de la politique française disparaîtra.  Le « tigre », Georges Clémenceau meurt le 24 novembre à l'âge de 88 ans.

Le Québec s'est modernisé. Depuis la fin des années 1920, la province s'est transformée en une société urbaine et industrielle. Le Parti libéral, au pouvoir depuis 1897, favorise toujours le développement des richesses naturelles par l'investissement de capitaux étrangers. La province profite encore d'une véritable période de prospérité économique grâce au développement du secteur industriel. Le chômage est à un très bas niveau; pour les six premiers mois de 1929, le taux moyen est de 7,3 %3.

Le secteur de l'électricité progresse rapidement, mais c'est sans contredit l'industrie des pâtes et papiers qui se classe au premier rang de la production provinciale. Les usines produisent 1 672 339 tonnes de pulpe, utilisent 2 105 095 cordes de bois et fabriquent 1 176 733 tonnes de papier, dont un million de tonnes en papier journal4. En 1929, la valeur des pâtes et papiers atteint des sommets avec 130 millions de dollars, comparativement à cinq millions en 19005. Cependant, la surproduction et l'absence de prix de vente fixe sont à l'origine de la crise qui secoue ce secteur depuis 1928.

Pareillement, la croissance de l'industrie hydroélectrique est affectée par la « tragédie du Lac-Saint-Jean ». Pour maîtriser la ressource hydraulique et produire de l'électricité, des barrages avaient été construits afin d'élever le niveau du lac. Mais voilà, au printemps de 1928, des pluies diluviennes augmentent la crue des eaux entraînant avec elles l'inondation des terres agricoles de la région. Dès après le sinistre, les agriculteurs réclament une compensation du gouvernement et de la compagnie Duke-Price pour les pertes encourues.

Sur la scène politique fédérale, un jugement défavorable à la nomination des femmes au Sénat est rendu, le 23 avril 1928, par la Cour suprême du Canada. Le verdict s'appuie sur une interprétation voulant que les femmes ne soient pas des « personnes » au sens des dispositions de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique6. Le 8 octobre 1929, le Conseil privé de Londres renverse ce jugement. Cette mince victoire incite les femmes à poursuivre leurs revendications.

Au Québec, le Comité provincial pour le suffrage féminin, fondé en 1921, se réorganise pour devenir la Ligue des droits de la femme en 1929. Avec Marie-Thérèse Casgrain comme présidente, le mouvement milite activement pour l'obtention du suffrage féminin.

À la même époque, la littérature québécoise est surtout l'affaire des essayistes. En 1928, Marie-Clara-Joséphine-Marguerite Taschereau, la nièce du premier ministre, publie Les pierres de mon champ, où elle émet des idées sur la politique. En 1929, le journaliste Olivar Asselin fait paraître L'œuvre de l'abbé Groulx. L'historien et bibliothécaire Gérard Malchelosse poursuit l'édition posthume des travaux de Benjamin Sulte (1841-1923) et publie son essai historique intitulé La Saint-Jean-Baptiste, 1636-1852.

Les amateurs de sport montréalais sont choyés en 1928. Le 5 mai, après 11 années d'absence, les Royaux de Montréal font un retour dans la ligue internationale professionnelle de baseball et s'installent au stade de Lorimier. Le 14 octobre, la ville accueille le plus célèbre joueur de baseball en Amérique, Babe Ruth, pour participer à un match hors concours7. Ruth est accompagné de Lou Gehrig, un de ses coéquipiers au sein des Yankees de New York. Au mois d'octobre, les Canadiens inaugurent leur saison avec une victoire de 3 à 1 sur les Maroons. Le 11 novembre, les Redmen de l'Université McGill remportent le titre universitaire canadien de football pour la cinquième fois de son histoire.

 

Les parlementaires

Le 8 janvier 1929, le lieutenant-gouverneur Narcisse Pérodeau procède à l'ouverture de la 2e session de la 17e Législature, en présence d'une assistance distinguée8. Son mandat étant arrivé à terme, il accomplit son dernier geste officiel en tant que lieutenant-gouverneur. Son successeur, l'ancien premier ministre sir Lomer Gouin, âgé de 68 ans, prête serment le 10 janvier.

Trois nouveaux députés prennent place sur les banquettes de l'Assemblée législative. Le 14 juillet 1928, des élections partielles se sont tenues dans le comté des Îles-de-la-Madeleine afin de remplacer le ministre de l'Agriculture, Joseph-Édouard Caron, qui a été nommé au Conseil législatif. Son fils, Amédée Caron, est élu par acclamation. Les deux autres élections partielles se déroulent le 24 octobre 1928. Dans Québec-Est, Oscar Drouin est élu pour remplacer Louis-Alfred Létourneau qui a, lui aussi, été nommé à la Chambre haute. Le conservateur Camillien Houde reprend le comté de Sainte-Marie laissé vacant depuis l'annulation de l'élection du libéral Joseph Gauthier en 1927.

Au total, au Salon vert, en 1929, 73 sièges sont occupés par les libéraux, 10 par le Parti conservateur, et un par le seul représentant du Parti ouvrier, William Tremblay.

Au Conseil législatif, le siège de la division de Lanaudière demeure vacant pendant toute la session de 1929 à la suite de la mort du libéral Gaspard De Serres, le 20 décembre 1928. Le nouveau conseiller Joseph-Ferdinand Daniel sera nommé le 30 octobre 1929. Les libéraux occupent 21 sièges sur un total de 24.

Deux ministres du cabinet Taschereau siègent au Salon rouge. Joseph-Édouard Caron, ministre de l'Agriculture, représente la division de Kennebec et Joseph-Léonide Perron, ministre de la Voirie, celle de Montarville. Les conservateurs sont minoritaires, tant à l'Assemblée qu'au Conseil législatif avec deux conseillers : Thomas Chapais dans la division des Laurentides et Jean Girouard, pour celle de Lorimier.

Le Conseil des ministres ne subit aucun changement. Le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau cumule toujours les fonctions de procureur général et de ministre des Affaires municipales. Joseph-Édouard Caron, ministre de l'Agriculture; Honoré Mercier fils, ministre des Terres et Forêts; Antonin Galipeault, ministre des Travaux publics et du Travail; Joseph-Édouard Perrault, ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries; et Joseph-Léonide Perron, ministre de la Voirie, conservent tous leur portefeuille; même chose pour le secrétaire Athanase David et pour le trésorier Jacob Nicol. Il en va pareillement pour les quatre ministres sans portefeuille, Émile Moreau, Lauréat Lapierre, Joseph Henry Dillon et Alfred Leduc.

 

Louis-Alexandre Taschereau, le Parti libéral et son programme

Avocat de formation, Louis-Alexandre Taschereau a été élu pour la première fois en 1900 dans le comté de Montmorency. En 1920, le premier ministre Lomer Gouin s'est retiré et a laissé la succession à Taschereau, alors ministre des Travaux publics et du Travail. Réélu sans opposition aux élections générales de 1923 et de 1927, le premier ministre dispose d'une forte majorité à l'Assemblée législative pour accomplir le travail qui lui « tient à cœur ». (5 mars)

Le 5 mars 1929, Taschereau fête son 62e anniversaire de naissance. Les ministériels profitent de l'occasion pour lui réitérer leur confiance. Le nouveau député des Îles-de-la-Madeleine, Amédée Caron, félicite ce « chef suprême » qui anime les députés par son « prestige » et son « inlassable activité ». (9 janvier) Au sein du Parti libéral, le leadership de Taschereau est à son zénith.

Les membres de l'opposition ne sont pas en reste. Le député de Trois-Rivières, Maurice Le Noblet Duplessis, mentionne que les adversaires du premier ministre comme ses collègues le perçoivent comme un « homme d'énergie et de talent » qui travaille depuis des années « au succès des causes qu'il croit juste ». (5 mars)

S'inscrivant dans la continuité de Simon-Napoléon Parent et de Lomer Gouin, Taschereau priorise le développement économique de la province par la mise en valeur des richesses naturelles. Au début de la session de 1929, la conjoncture économique est favorable au Parti libéral qui entend instituer de nouvelles politiques axées sur l'investissement de capitaux étrangers dans les grandes entreprises. Le gouvernement souhaite, par le fait même, stopper l'émigration massive des Canadiens français vers les États-Unis.

Se situant une fois encore dans le prolongement de la politique de Gouin – qui percevait le développement du réseau routier comme un facteur clé de l'expansion économique9 –, en 1929, un programme de voirie, s'échelonnant sur six ans, est mis en œuvre pour compléter le réseau des routes. À ces travaux s'ajoute la volonté de Taschereau de faire disparaître les passages à niveau où de « nombreux et désastreux » accidents surviennent régulièrement. La construction de grands ponts est aussi nécessaire pour relier les principales routes, afin d'assurer une circulation « rapide et facile ». (10 janvier)

À l'Assemblée législative, durant l'adresse en réponse au discours du trône, Caron, représentant des Îles-de-la-Madeleine, résume les principales réalisations du gouvernement qui servent de guide à l'administration libérale :

Les écoles d'agriculture augmentées, plus largement subventionnées, reçoivent plus d'élèves et donnent un cours plus complet. […] La colonisation, sœur aînée de l'agriculture, continue à faire de rapides progrès. […] L'exploitation forestière a pris depuis quelques années une extension considérable, au point que le revenu de cette source a plus que doublé depuis 10 ans. […] Le développement rapide de nos pouvoirs hydrauliques et la réserve de notre énergie électrique pour le bénéfice de la province sont deux mesures qui ont éminemment contribué à la naissance de nouvelles industries chez nous. L'instruction publique et l'hygiène sont deux des principales questions qui occupent l'activité de l'un des plus brillants membres du Cabinet. […] La loi de l'assistance publique, par exemple, est, au plus haut degré, un bienfait d'ordre économique et social […]. En instruction publique, il convient de noter le progrès accompli dans toutes les branches. (9 janvier)

 

En éducation, pour donner une nouvelle impulsion à ce secteur, le gouvernement annonce l'octroi de crédits pour l'instruction agricole et l'établissement d'un poste de radio. Taschereau explique que :

si le gouvernement de Québec avait son poste émetteur, nos esprits dirigeants et nos éducateurs pourraient, à des jours et à des heures fixes, parler à nos familles groupées autour du foyer. Que n'y aurait-il pas à leur dire sur l'hygiène, les soins à donner aux enfants, les meilleures méthodes d'agriculture, l'instruction, la protection de la forêt, la voirie, l'industrie laitière et avicole, les marchés de produits agricoles, et tant d'autres thèmes instructifs? (10 janvier)

 

Comme de juste, la radio s'est répandue très rapidement depuis le début du XXe siècle. Mais l'information provient essentiellement des États-Unis et « s'accorde mal », dit-on, avec les traditions de la province. Selon le premier ministre, un programme de radiodiffusion au service de la population favoriserait la « formation d'un esprit national, canadien et québécois ». (10 janvier)

La préoccupation du gouvernement en matière d'éducation se confirme également avec l'aide financière d'un million de dollars attribuée à l'Université de Montréal pour la reconstruction de ses installations. De l'avis du premier ministre, l'université contribue à assurer la formation de l'élite intellectuelle, « remparts qui protègent les œuvres dont nous sommes le plus fiers, les traditions qui nous sont si chères et que nous tenons à conserver ». (10 janvier)

Le programme de Taschereau prévoit enfin s'attaquer au problème de la presse, grand instrument de diffusion des connaissances.

 

Arthur Sauvé et le Parti conservateur

Député du comté de Deux-Montagnes depuis 1908, le journaliste Arthur Sauvé est nommé chef du Parti conservateur en 1916. À 54 ans, il entame, en 1929, sa dernière session à la tête du parti.

Pendant la campagne électorale de 1927, Sauvé avait annoncé qu'il démissionnerait comme leader conservateur s'il ne parvenait pas à obtenir la majorité au Parlement. Après la défaite des conservateurs, il respecta sa promesse et annonça son départ. Or, ses confrères lui demandèrent de rester, du moins jusqu'au prochain congrès conservateur prévu pour l'été suivant. C'est donc sur « l'insistance » de ses collègues que Sauvé consent à demeurer en poste comme chef de l'opposition parlementaire.

Aldéric Blain, le député de Montréal-Dorion, déclare que « la plus parfaite harmonie règne dans les rangs de l'opposition conservatrice ». (23 janvier) Il ajoute que l'opposition forme une « belle famille unie ». Sans contredit, le retour en Chambre de Camillien Houde, devenu maire de Montréal le 2 avril 1928, donne un second souffle au Parti conservateur.

Élu pour la première fois à la Législature aux élections de 1923, Houde avait été défait dans son comté de Montréal-Sainte-Marie en 1927. Cependant, l'élection du libéral Joseph Gauthier avait été annulée, le 12 décembre, pour cause de manœuvres frauduleuses. Aux élections partielles du 24 octobre 1928, Houde est réélu avec une majorité de 780 voix sur le candidat libéral Ernest Langlois. L'opposition conservatrice compte donc dix députés à l'Assemblée législative en 1929.

L'acuité de Maurice Duplessis et l'attitude populiste de Houde infusent un regain de vie aux conservateurs10. Même le député libéral de Saint-Sauveur, Charles-Édouard Cantin, remarque ce changement :

 L'opposition me semblait toute petite et toute humble, l'an dernier. Cette année, tout est changé; on parle en maître dans l'opposition. […] L'honorable député de Sainte-Marie (M. Houde), plus fougueux que les autres, veut sauter par-dessus la table du greffier. L'élection du maire de Montréal dans Sainte-Marie a fait croire à nos amis qu'un arc-en-ciel est apparu à l'horizon bleu pour assurer que le déluge de 1927 ne se répéterait pas. (24 janvier)

 

Autre chose, Houde et Taschereau ne s'apprécient guère l'un l'autre. Selon l'historien Bernard Vigod, le premier ministre considère qu'il n'y a pas de place en Chambre pour le député de Sainte-Marie, cet « homme dépourvu de culture et encore plus de manières11 ». Des prises de bec opposent parfois ces deux parlementaires.

Sur un autre flanc, en réponse aux libéraux qui reprochent à l'opposition de ne pas avoir de programme, Sauvé, dans son discours sur l'adresse, décrit le programme qui guide le Parti conservateur : il y a la demande d'un inventaire national et d'une commission pour contrôler l'immigration et l'émigration des « nôtres » dans notre province; la réclamation d'une justice mieux administrée et moins d'interventions politiques en cette matière; une politique de voirie au bénéfice de la population; l'adhésion à la politique fédérale des pensions de vieillesse; et la réclamation d'une attitude franche et complète au sujet du repos dominical. (10 janvier)

L'opposition souhaiterait également adopter une meilleure façon de rendre compte des dépenses des deniers publics. Dans l'administration des budgets des différents ministères, les conservateurs se plaignent que les libéraux disposent de montants globaux, sans le moindre détail, laissant à l'exécutif la discrétion d'affecter les dépenses « à sa guise », contrairement au principe du contrôle des subsides par les parlementaires. (Guertin, 28 mars)

En retour, les conservateurs se prononcent rarement contre les mesures proposées par le gouvernement, d'autant qu'ils accusent très souvent les libéraux d'utiliser leurs propres idées. Ils contestent plutôt certaines dispositions contenues dans la nouvelle législation, ce qui ouvre la voie aux débats durant l'étude détaillée des projets de loi.

 

Le discours du trône

Dans le discours du trône, le lieutenant-gouverneur Narcisse Pérodeau transmet aux députés et à leur famille ses meilleurs vœux pour le Nouvel An et annonce ensuite «avec un vif regret » son départ prochain. Il est certain que son successeur, l'ancien premier ministre Lomer Gouin, recevra un « chaleureux accueil », ajoute-t-il.

Après d'autres formules d'usage, le lieutenant-gouverneur trace un bilan positif de la Législature en cours : « Peu d'années ont été plus prospères que celle que nous venons de terminer. » Les agriculteurs ont connu de bonnes récoltes et bénéficié d'un marché lucratif. La province a maintenu son effort industriel et commercial. La Commission des accidents du travail, instaurée en 1928, a commencé à siéger en septembre. Les travaux de la voirie n'ont pas ralenti et les régions minières continuent leur développement. De grands progrès ont été accomplis en colonisation et dans le domaine de l'hygiène publique.

Pour assurer le bon développement de la province, annonce Pérodeau, plusieurs projets de loi seront soumis en Chambre au cours de la session. L'opinion publique réclame une loi de presse, qui « tout en protégeant les journaux contre des poursuites parfois vexatoires, les empêche[ra] cependant d'abuser de la plus grande mesure de liberté qui pourrait leur être accordée ». Le gouvernement veut aussi établir un poste de radio qui diffusera des programmes « agréables » et « instructifs », inspirés de sujets québécois et canadiens.

Deux projets concernent le département de la Voirie. Le premier vise à compléter le réseau des routes provinciales avec des matériaux qui en assureront la permanence, tandis que le deuxième concerne la construction de grands ponts.

Le lieutenant-gouverneur attire l'attention de la Chambre sur plusieurs autres projets que le gouvernement a l'intention de soumettre à l'étude :

L'expérience démontre que les cours abrégés d'agriculture qui se donnent l'hiver produisent d'excellents résultats, de même que le travail des agronomes et les fermes de démonstration. Vous aurez à étudier un projet qui tend à développer ce mode d'enseignement agricole. Mon gouvernement vous demandera de rendre plus efficaces les lois qui régissent actuellement la vente des actions et obligations par les compagnies. […] Le temps est venu d'aider l'Université de Montréal à se relever de ses ruines et à se loger convenablement. […] Vous serez invités à créer un bureau de géologie, […] à considérer les moyens de mieux protéger le poisson de nos lacs et de nos rivières, et de conserver les arbres qui longent nos grandes routes et en font le charme.

 

Amédée Caron a l'honneur de proposer l'adoption de l'adresse en réponse au discours du trône. (9 janvier) Après avoir remercié ses électeurs, il dresse un bilan positif de l'administration libérale, au pouvoir depuis les 33 dernières années. La Patrie affirme que le député Caron « s'est très bien acquitté de la tâche qu'il avait mission de remplir pour la première fois12». Le Canada, quotidien d'allégeance libérale, ajoute pour sa part qu'il a fait « bonne impression13».

Joseph Cohen14, député de Montréal-Saint-Laurent, seconde la motion. Dans son allocution prononcée en anglais15, Cohen donne un conseil à Camillien Houde, député de Montréal-Sainte-Marie, sur la façon dont il devra s'acquitter de sa tâche : « Si M. Houde veut critiquer bonnement les actes du gouvernement, il remplira son devoir, mais, s'il emploie d'autres méthodes, il sera jugé à la barre de l'opinion publique! » (9 janvier)

Quant au chef de l'opposition, Arthur Sauvé, il reproche au gouvernement que « le discours du trône contient beaucoup de paragraphes, mais bien peu de réforme ». (10 janvier) Au premier chef, la crise qui affecte le secteur du papier fournit l'occasion de critiquer la politique industrielle dont le gouvernement est si fier16.

Après plus de 10 jours de débat, l'adresse est adoptée le 24 janvier.

 

Les finances publiques

Le 29 janvier 1929, l'honorable Jacob Nicol, trésorier de la province depuis maintenant huit ans, prononce le discours sur le budget. Il souligne les constants progrès financiers de la province : « La nouvelle année a commencé sous d'heureux auspices, […] les récoltes ont été bonnes, […] l'industrie minière s'est développée, […] les manufacturiers ont fait une bonne année, […] les aciéries, fabriques de laine, de coton et d'instruments ont été très actives, […] la construction a été exceptionnellement active et il y a eu moins de chômage, cette année, qu'il n'y en a eu pendant plusieurs années. »

Seule l'industrie du papier fait exception. Le rendement a augmenté, les moulins ont fonctionné, mais les compagnies ont fait moins de profits, en raison de la « réduction du prix de la pulpe et du papier ».

La bonne situation de la province, attestée par les financiers qui « partagent tous un même enthousiasme, en ce qui regarde l'avenir du Canada », ne fournit aucun signe de l'effondrement prochain de l'économie. Nicol émet néanmoins un commentaire avant-coureur : « Des avertissements ont été donnés par des hommes bien renseignés, par des citoyens qui font autorité; mais on n'a aucunement tenu compte de ces avertissements. Il est évident que cette spéculation ne peut se prolonger indéfiniment et je crains que quelques-uns, qui seraient incapables de subir une perte, ne soient en définitive victimes de leur imprudence. »

En rétrospective, les surplus de l'année financière de 1927-1928 sont mis en évidence par Nicol pour attester de la période de prospérité. Les revenus ordinaires ont surpassé les prévisions. L'excédent s'élève à 1,9 million de dollars, comparativement à la prévision de 250 000 $.

En ce qui concerne l'année fiscale se terminant le 30 juin 1929, aucun détail n'est donné par le trésorier. La première moitié de la période prenant fin le 31 décembre 1928 montre que les recettes provenant du revenu ordinaire sont très satisfaisantes et qu'elles seront probablement plus grandes que prévu. En retour, Nicol annonce une augmentation des dépenses ordinaires et extraordinaires. Il espère toutefois que cette situation sera compensée avec la hausse des revenus.

Le trésorier soumet ensuite les prévisions budgétaires pour l'année financière de 1929-1930. Les revenus ordinaires sont estimés à environ 30,7 millions de dollars, tandis que les dépenses ordinaires sont chiffrées approximativement à 29,5 millions de dollars. La province bénéficierait d'un surplus probable de 1,2 million de dollars.

Pour l'avenir, le gouvernement entend poursuivre son œuvre d'amélioration dans tous les champs d'activité. La Voirie et la politique des bons chemins obtiennent 6,2 millions de dollars, soit 21 % des dépenses totales. Près de 4,6 millions de dollars sont consacrés au remboursement de la dette publique, ce qui équivaut à 15 % de l'enveloppe budgétaire. L'instruction publique et l'administration de la justice se partagent respectivement 2,3 millions de dollars (7,5 %) et 2,7 millions de dollars (8,8 % du budget). Quant au ministère de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, il dispose de 6,5 % du budget avec l'octroi de 2 millions de dollars. L'Agriculture récolte 1,6 million de dollars, soit 5,2 % de l'assiette fiscale.

Les conservateurs critiquent essentiellement les surplus annoncés qu'ils attribuent aux taxes imposées par le gouvernement. Sauvé affirme que les excédents sont le gage d'une mauvaise administration : « Ils sont le résultat de 25 années de taxes majorées ou nouvelles qui pèsent sur tout le peuple. […] Vous avez un surplus parce que vous ne payez pas les sommes que vous devez à des municipalités. […] Le gouvernement a un surplus parce qu'il refuse de répondre aux besoins de l'agriculture, de la colonisation. » (31 janvier) Après une semaine de discussion, le budget est adopté sur division le 6 février.

L'opposition soulève davantage de questions et de critiques lors de l'étude détaillée des crédits. Sauvé, Duplessis et Guertin s'allient pour dénoncer l'absence de détails dans la manière de dépenser l'argent de la province. Les bleus reprochent également au gouvernement de ratifier des transactions avec des compagnies avant même d'avoir fait approuver les montants nécessaires en Chambre. Les critiques les plus vives portent sur les procédés employés pour la construction de grands ponts. À quelques reprises, le vote de certains subsides est même reporté à des séances ultérieures, notamment ceux pour l'aide à la colonisation et à la construction de chemins de colonisation.

 

Les faits marquants de la session

Sur plusieurs questions, les ministériels et les membres de l'opposition trouvent un terrain d'entente. Mais plus la session avance, plus les conservateurs adoptent une attitude belliqueuse17.

La conduite de Camillien Houde perturbe le déroulement des travaux. À quelques reprises, Taschereau soulève des points d'ordre à la suite d'insinuations que porte surtout le député de Montréal-Sainte-Marie à propos des membres de son gouvernement ou encore à propos de l'utilisation de mots jugés non parlementaires. Les séances du 6 et du 28 mars sont particulièrement animées.

Sur les 175 projets de loi inscrits au Feuilleton, 156 obtiennent la sanction du lieutenant-gouverneur. Le 19 mars, soit 16 jours avant la prorogation, le premier ministre Taschereau propose que la Chambre siège trois fois par jour, tous les jours excepté le dimanche, pour arriver à étudier tous les projets annoncés. La loi sur la radiodiffusion, la loi sur la presse et un nouveau programme de développement des services de voirie ont notamment retenu l'attention de la Chambre.

 

Loi sur la radiodiffusion

En 1927, 230 000 postes récepteurs étaient recensés au Canada, dont 40 000 au Québec18. La radio connaît un essor croissant et divers groupes d'intérêts réclament des lignes directrices19. Pour l'heure, le manque de législation sur le contrôle de la radiophonie favorise la pénétration de la radio américaine.

Le gouvernement Taschereau ne peut plus négliger l'impact de ce populaire instrument de communication. En 1929, Honoré Mercier fils, député de Châteauguay et ministre des Terres et Forêts, présente le bill 41 relatif à la radiodiffusion dans la province. La mesure a pour objet de « donner quelque chose de canadien, de québécois » à la population et de « combattre l'infiltration américaine ». Car, selon Mercier, ces émissions américaines ne sont pas conformes aux besoins et à la « mentalité » de la province. (19 mars)

Le projet de loi à l'étude autorise le gouvernement à établir et à exploiter sa propre station, de même qu'à produire des émissions. Mais, avant de se lancer dans la construction d'un poste, le gouvernement tentera de s'entendre avec des postes existants pour fournir des renseignements aux cultivateurs, aux pêcheurs, à la classe ouvrière et aux gens de métier. La radiodiffusion pourra ainsi « commencer modestement et tranquillement afin de sonder l'opinion publique et de juger si la population apprécie cette innovation ». Si un « bon accueil » est fait à la programmation, un poste sera construit. (19 mars)

L'opposition craint que le gouvernement cherche à dominer les ondes dans un but politique20. Les libertés civiles seraient ainsi menacées, dit-on. Déjà, le problème avait été soulevé par le chef de l'opposition, lors de son discours sur l'adresse. Tout en approuvant le principe de la législation, il soulignait que la radio pouvait être un « nouveau moyen pour le gouvernement de fausser l'éducation du peuple, de faire une propagande dangereuse et vexatoire »; bref, qu'il approuverait l'application de la loi, à « condition que la radio ne serve pas seulement à prôner les vertus et les gloires du gouvernement ». (10 janvier) À la fin, Athanase David, secrétaire de la province, assure que la radio sera plutôt utilisée à des fins éducatives.

Les résolutions relatives au projet de loi, d'un montant de 200 000 $, sont adoptées sur division le 20 mars. Le lendemain, Aldéric Blain, député de Montréal-Dorion, propose un amendement spécifiant que le poste de radio du gouvernement ne pourra pas servir à des fins politiques fédérales, provinciales ou municipales. Mise aux voix, la modification est rejetée à 53 voix contre 8. La même journée, le bill 41 est adopté sur division et obtient la sanction royale le 4 avril.

Dès la fin de la session, la province loue les ondes de CKAC pour présenter l'émission L'heure provinciale qui traite de problèmes agricoles, d'hygiène publique, de sécurité routière et d'alimentation. Cette émission sera diffusée jusqu'en 193921.

 

La loi de la presse

Au cours de la décennie de 1920, des journaux à grand tirage – indépendants financièrement – se sont émancipés de la tutelle cléricale qui, au début du XXe siècle, exerçait encore un contrôle sur les consciences dans le milieu journalistique. La presse d'opinion devient progressivement une presse d'information axée sur la nouvelle22.

La presse à grand tirage tente de rejoindre un plus vaste public en mettant l'accent sur la politique partisane, les faits divers et les reportages à sensation23. Les insinuations malveillantes ou les attaques personnelles sont vite lancées afin d'attirer l'attention du lectorat24. En 1929, l'influence de ce média est en nette croissance; il apparaît nécessaire de légiférer en ce domaine.

Réclamé par les journalistes, le bill 23 relatif à la loi sur la presse est lu en Chambre pour la première fois le 24 janvier 1929. En deuxième lecture, le 21 mars, le premier ministre Taschereau annonce qu'il permettra aux journalistes de faire des suggestions, puisque les courriéristes parlementaires eux-mêmes estimaient que la législation en vigueur ne les protégeait pas suffisamment.

La mesure, qui vise à protéger la presse, doit respecter deux objectifs : « ne pas restreindre la liberté de la presse et ne pas enlever la protection due aux citoyens », tout en ne substituant pas le respect de la loi civile. (21 mars)

Concrètement, lorsqu'une personne se sent lésée par la publication d'un article et veut réclamer des dommages et intérêts, on institue l'obligation, avant d'engager des poursuites, d'en donner avis au journal afin de lui donner l'occasion de se rétracter. Un délai de trois jours est accordé au journal pour publier une rétractation ou pour donner des explications. La partie lésée aura aussi un droit de réponse qu'elle adressera au journal qui l'a attaquée, qui, lui, sera forcé de publier cette réponse. En plus, si le journal publie cette réponse et donne acte à la partie lésée, « les choses en resteront là et il n'y aura pas de poursuite. La réfutation publiée après un avis de trois jours sera une fin de non-recevoir complète, sauf en ce qui concerne les dommages réels que la partie lésée a le droit de réclamer. Si la rétractation est complète, la partie lésée a droit aux dommages vindicatifs ». (21 mars)

Arthur Sauvé, journaliste de profession, se réjouit du projet. Il donne son aval à cette réforme législative qui « arrive à son heure » et qui « s'imposait ». (21 mars) Sauvé tente, bien sûr, d'attribuer au Parti conservateur le mérite d'avoir demandé une loi de la presse dès 1907 ainsi qu'en 1922 : « Nous avons fait valoir […] le manque de cohérence de la législation qui va à l'encontre des intérêts des journalistes. Nous avons dit que la jurisprudence en cette matière était incohérente et tout à fait abusive. » (21mars)

Taschereau fait remarquer que cette motion de Sauvé a été présentée il y a sept ans et que le chef de l'opposition n'a pas parlé de cette loi depuis. Selon le premier ministre, le Parti conservateur « n'a rien fait alors que nous avons travaillé, nous ». (21 mars)

Le député conservateur Aldéric Blain se prononce également en faveur du bill 23 tout en ajoutant qu'il y a « des points faibles dans la loi ». Sans proposer d'amendement, il suggère deux améliorations, d'abord, pour qu'il soit interdit aux journaux de rapporter les détails scandaleux des procès criminels et, ensuite, pour que la partie lésée ne puisse choisir qu'un seul quotidien pour se rétracter, afin de ne pas occasionner trop de frais. Blain reconnaît néanmoins que la loi est appelée à donner « plus de justice à ceux qui parlent en public ». (21 mars)

Le bill 23 est adopté à l'unanimité et obtient la sanction royale le 4 avril 1929.

 

Programme de développement des services de voirie

L'administration Gouin avait institué la politique des bons chemins, en 1912, et l'administration Taschereau poursuit cette politique avec une série de programmes de développement de la voirie; à plus forte raison, puisque de plus en plus de Québécois sillonnent les routes à bord d'automobiles, sans compter les touristes qui affluent dans la province pendant la belle saison. En 1929, 169 100 véhicules sont immatriculés au Québec comparativement à 41 500, en 192025. La hausse de la circulation a nécessairement des répercussions sur la qualité du réseau routier.

Quatre bills sont présentés à l'Assemblée législative par Antonin Galipeault, député de Bellechasse et ministre des Travaux publics et du Travail, au cours de la session. Toutes ces mesures ont pour objectif la construction de ponts et de routes ainsi que la modification de la loi des travaux publics.

Discuté en Chambre le 18 février, le bill 26 annonce la construction du pont Scott sur la rivière Saint-Charles, à Québec. Camillien Houde se demande si le gouvernement sera « aussi généreux » en aidant tout autant la Ville de Montréal pour la reconstruction des ponts Viau et Lachapelle, sur la rivière des Prairies. Le député de Montréal-Sainte-Marie ajoute que ces deux ponts « sont nécessaires à un plus gros trafic à Montréal que le pont Scott ». Néanmoins, les conservateurs sont prêts à construire ce dernier. Le bill est adopté sans amendement et obtient la sanction royale le 4 avril.

Le bill 30 modifiant la loi des travaux publics suscite de vives discussions lors de la deuxième lecture. (18 février) Le but de cette nouvelle législation est d'autoriser le ministre des Travaux publics à ordonner l'exécution, en tout temps, des travaux que le gouvernement juge nécessaires pour l'entretien, la réparation, la modification, le déplacement et la reconstruction de tout pont municipal excédant 20 pieds (6,1 mètres), ainsi que les chemins d'approche. En clair, si la municipalité n'agit pas, le ministre peut faire exécuter les travaux et ensuite en exiger le paiement par la municipalité.

Se posant en défenseur de l'autonomie municipale, Duplessis est d'avis que le ministre des Travaux publics « veut se substituer aux municipalités » parce qu'il va prendre les décisions entourant les ponts de la province. Le député de Trois-Rivières en rajoute : « Le Code municipal dit que les ponts font partie des chemins. Par conséquent, le gouvernement se chargeant de l'entretien des chemins devrait entretenir les ponts. » À son avis, la loi est « arbitraire, injuste et rétrograde » et il la combat de toutes ses forces. (18 février)

Le débat se poursuit le 21 février. L'opposition conservatrice continue de dénoncer l'intrusion du gouvernement dans l'autonomie des municipalités. Quoi qu'il en soit, le bill 30 est adopté la même journée et il obtient la sanction royale le 4 avril 1929.

Pour sa part, le bill 25 accorde 400 000 $ pour la construction de chemins carrossables sur le pont de Québec. En deuxième lecture, le 19 mars, Aldéric Blain, député conservateur de Montréal-Dorion, considère une fois encore que le gouvernement « agit de façon irrégulière » en privilégiant la construction d'une route carrossable sur le pont de Québec alors qu'il refuse de contribuer à la reconstruction des ponts Viau et Lachapelle à Montréal, tant réclamée par Houde. Galipeault se défend de privilégier la capitale et Blain se dit « prêt à accepter la parole du ministre ». (19 mars) Le bill est adopté sans amendement, le 19 mars, et sanctionné le 4 avril.

Quant au bill 24 pourvoyant à la construction de ponts sur certaines rivières de la province, il est débattu en Chambre le 21 mars. Cette mesure prévoit la construction de grands ponts par des compagnies privées en remplacement du gouvernement et des municipalités. Cette politique permettrait la construction de grands ponts devenus nécessaires tout en évitant à la province d'emprunter. Les compagnies, à leur tour, se rembourseraient en percevant des péages.

 Duplessis conseille au gouvernement de retirer ce bill parce qu'un journal, dit-il, « a publié un reportage en ce sens ». En effet, le 16 mars 1929, Le Devoir avait révélé des informations qui avaient coulé du caucus ministériel. Il semble que les discussions aient été dès plus vives au sujet du bill 24. Un ministre et plusieurs députés se seraient carrément prononcés contre le projet de Galipeault. Mais, dit-on, ce serait l'intention du gouvernement de faire marche arrière et de retirer le bill. Il semble que des libéraux considèrent qu'il est trop dangereux de le soumettre pendant la session, parce qu'il indisposerait l'opinion publique.

En réplique, Galipeault mentionne que le gouvernement, avant de légiférer, veut simplement consulter l'opinion publique et attirer l'attention de la Chambre et des municipalités sur le sujet. (21 mars) Duplessis rétorque que le principe du bill est mauvais et qu'il n'est pas nécessaire de confier la construction des ponts à des compagnies. Au reste, les conservateurs rappellent que les libéraux eux-mêmes dénonçaient l'utilisation des ponts à péage. Le lendemain, sans plus de discussion, les résolutions sont retirées, appuyé par Galipeault et Taschereau.

Le 12 mars, au nom de Joseph-Léonide Perron, ministre de la Voirie qui siège au Conseil législatif, Joseph-Édouard Perrault, ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, présente le bill 9 modifiant la loi de la voirie. Les résolutions prévoient qu'une somme de 17 millions de dollars, prélevée du fonds consolidé, soit spécialement affectée à l'exécution du programme de renouvellement du revêtement des chaussées. Pour assurer la permanence du réseau routier, le gouvernement entend voir à la réparation des routes au fur et à mesure que le débit de circulation augmente. Les travaux seront exécutés sur une période de six ans à compter du 1er juillet 1929.

Loin de condamner le programme libéral de la voirie, le chef de l'opposition soutient que c'est l'opposition qui a forcé le gouvernement à assumer l'entretien des routes de la province26. Quant à lui, Duplessis dénonce l'octroi de subsides pour une période de six ans, qui lui semble une « porte ouverte au patronage ». (12 mars) Et le député ouvrier de Maisonneuve, William Tremblay, accuse le ministre de la Voirie de faire partie des compagnies qui font affaire avec le gouvernement27. Sur cette insinuation, le premier ministre le rappelle à l'ordre et exige qu'il retire ses paroles, ce à quoi Tremblay consent. Après une assez longue discussion qui a donné lieu à de vigoureux débats, les résolutions sont finalement adoptées, le 12 mars, et le bill est sanctionné le 4 avril.

En bref, si les diverses mesures présentées pour améliorer les services de voirie suscitent des réactions parfois énergiques28 de la part des conservateurs, au fond, ils s'objectent davantage sur la façon de procéder des libéraux qu'aux projets eux-mêmes.

 

Institutions d'assistance publique

Le secrétaire de la province, Athanase David, soumet le bill 52 permettant l'emploi annuel d'une somme d'un million de dollars provenant de la vente des liqueurs alcooliques, pour aider au maintien des institutions d'assistance publique. Le gouvernement demande cette somme pour donner un nouvel essor à la politique d'hygiène, si « bienfaisante » pour la population29. Le gouvernement veut ajouter 1 200 lits en plus de contribuer à augmenter le nombre d'hôpitaux dans les centres ruraux.

Les conservateurs appuient le gouvernement. Le « but de la loi est excellent », souligne Duplessis, et il ajoute qu'il n'y a « pas de doute que le gouvernement fait du bien avec l'assistance publique ». Sauvé félicite aussi le gouvernement « de faire quelque chose enfin de pratique », mais, en sa qualité de chef de l'opposition, il reproche aux libéraux de « manquer d'organisation » au service d'hygiène pour la lutte contre la tuberculose et la mortalité infantile. (19 mars)

Le bill 52 est adopté sans opposition, le 19 mars, et sanctionné par le lieutenant-gouverneur le 4 avril.

 

Loi sur les liqueurs alcooliques

Jacob Nicol présente, le 18 mars, le bill 59 modifiant la loi des liqueurs alcooliques. Le bill contient deux principes : l'un concernant une augmentation du coût des permis, l'autre se rapportant à l'arrestation sans mandat d'un individu dans les débits clandestins de boissons, pourvu qu'il soit conduit sans délai devant un magistrat. Cette dernière clause est celle qui suscite le plus de débats30. William Tremblay, député de Maisonneuve, considère que c'est un « abus de pouvoir » d'accepter une telle mesure, c'est-à-dire que la Commission des liqueurs aurait trop de pouvoir et ceci pourrait créer des abus. (19 mars)

Nicol affirme qu'il s'agit d'un principe qui est déjà prévu dans la loi. Selon lui, « si on refuse aux officiers le droit d'arrêter sans mandat, voici ce qui arrivera. On découvrira un débit clandestin, on surprendra des individus en train de violer la loi et, comme il faudra attendre au lendemain pour avoir un mandat, ils auront disparu. Si nous n'adoptons pas ce projet, nous ne pourrons faire observer la loi. » La deuxième lecture est adoptée par un vote de 40 contre 11 voix.

À la troisième lecture, le député de Montréal-Dorion, Aldéric Blain, propose que le bill soit renvoyé de nouveau au comité plénier avec instruction de l'amender en retranchant l'article 3 concernant l'arrestation, sans mandat, des contrevenants. Cette proposition est rejetée par un vote de 45 voix contre 12. Ce vote divise les forces libérales parce que les députés Joseph Samson, de Québec-Centre, Charles-Édouard Cantin, de Saint-Sauveur, Joseph Cohen, de Montréal-Saint-Laurent, Peter Bercovitch, de Montréal-Saint-Louis, et Joseph-Ignatius Power, de Québec-Ouest, votent à deux reprises avec les membres de l'opposition.

Le bill 59 obtient la sanction royale le 4 avril 1929.

 

Loi des mines

De 1898 à 1929, la production minière au Québec passe de 1,6 million à 46,5 millions de dollars31. Tel qu'annoncé dans le discours du trône, le gouvernement propose la création d'un bureau de géologie destiné à « faciliter l'exploitation » de la richesse minérale.

Joseph-Édouard Perrault, ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries, parraine le bill 35 modifiant la loi des mines du Québec. Le bureau de géologie qui sera institué permettra le développement des mines et l'accélération de la prospection en simplifiant le travail des prospecteurs lorsqu'ils arrivent sur un nouveau gisement. Les fonctions de ce bureau seront de faire des explorations et des études sur le terrain, pour exécuter des levées géologiques et minéralogiques, et de publier des cartes pour rendre publics les résultats de ces travaux.

Le député de Trois-Rivières reproche au gouvernement de ne pas avoir établi le bureau de géologie auparavant, ce qui aurait favorisé le développement minier. Il félicite toutefois le ministre d'avoir présenté « cette heureuse mesure, qui est un pas dans la bonne direction ». (19 février) Son intervention représente la seule critique conservatrice sur le sujet. La proposition est adoptée par les députés et obtient la sanction royale le 4 avril.

 

Le droit de vote des femmes

Le 27 février, de nombreuses dames sont présentes dans les tribunes du Salon vert pour assister à la présentation du bill 162 relativement au droit de vote des femmes et à leur éligibilité en Chambre32. Le député ouvrier de Maisonneuve, William Tremblay, défend de nouveau cette mesure, comme il l'avait fait à la session de 1928.

Tremblay rappelle que les femmes de Québec ont le droit de vote aux élections fédérales et aux élections municipales, à certaines conditions. Comme elles ont déjà ce droit dans toutes les autres provinces du dominion, « pourquoi ne pas leur donner le même droit dans la province? » Prétendre que les femmes ne sont pas « suffisamment intelligentes » pour prendre part aux affaires provinciales « sonne faux », dit-il. Les femmes réclament ce droit depuis longtemps et de nombreuses requêtes lui sont parvenues; « elles ont nécessairement leur mot à dire aux élections provinciales ». (27 février)

Le député d'Abitibi, Hector Authier, répond au député de Maisonneuve que les parlementaires ont été maintes fois témoins des débats sur la question du suffrage féminin. La Chambre a déjà rejeté la mesure et elle n'a « aucune raison nouvelle » de changer d'avis cette année après avoir voté contre un bill semblable en 1928. Après un discours de quelques minutes, il suggère que la motion soit renvoyée à six mois, ce qui a pour conséquence de faire mourir le projet au Feuilleton33. Cette proposition est entérinée par un vote de 50 contre 16.

Selon La Presse, la question du droit de vote des femmes a été vidée en quelques instants34. Par contre, les partisans du suffrage féminin ont gagné des appuis avec un gain de cinq voix de plus qu'à la session précédente.

 

Fraude dans les transactions des valeurs mobilières

Bien qu'étant annoncé dans le discours du trône et considéré par Taschereau comme le projet de législation qui soit « l'un des plus importants de la session », le bill 68 visant à prévenir la fraude dans les transactions se rapportant aux valeurs mobilières est présenté à la toute fin de la session, soit le 26 mars. Selon le premier ministre, cette étude tardive s'explique par le fait que « le gouvernement lui a donné toute son attention et a voulu la préparer avec grand soin. » (26 mars)

Cette mesure définit ce que sont les vendeurs de valeurs mobilières et la fraude. L'Exécutif obtient désormais l'autorisation d'annuler les certificats ou les permis du vendeur. Sur dénonciation du procureur général, cette mesure autorise un juge de la Cour supérieure à arrêter les opérations d'un vendeur qui induit ses clients en erreur. Enfin, les compagnies seront obligées, à l'avenir, de produire, au secrétaire provincial, des rapports complets sur leurs opérations, afin de s'assurer que tout soit conforme et sécuritaire.

Une loi semblable est en vigueur en Ontario depuis 1928. De l'avis de Taschereau, les rapports sont à l'effet « qu'elle constitue un remède effectif et donne satisfaction à la population ». Toutefois, la province voisine doit étudier de nombreux amendements au cours de 1929 afin de rendre la loi plus sévère. C'est pourquoi il se dit prêt à discuter de la mesure, mais que son parti n'aurait pas d'hésitation à retarder le bill à l'an prochain.

Sauvé, en faveur de la loi, dénonce la manière de procéder de Taschereau :

L'honorable premier ministre sait que nous sommes à la veille de la prorogation et, dans les circonstances, je suis d'opinion que nous ne sommes pas prêts à étudier cette loi si importante et que l'on devrait attendre à la prochaine session pour passer le bill. Ce n'est pas que la loi ne s'impose pas, mais elle arrive à une heure trop tardive. (26 mars)

 

Duplessis croit que la prudence des investisseurs devrait avoir préséance sur la loi. Il dénonce plusieurs clauses du bill qui sont, explique-t-il, des entraves à la liberté du commerce des valeurs mobilières. En outre, il soutient les positions de son chef et suggère que le bill soit reporté à l'année suivante.

Le 27 mars, Taschereau, appuyé par Mercier, suggère que la résolution soit retirée de l'ordre du jour.

 

Attentat contre le premier ministre

Lorsque Louis-Alexandre Taschereau entre dans son bureau le 26 février 1929, il pose le pied sur un bâton de dynamite dont la mèche a été allumée, puis éteinte. Deux jours plus tard, le premier ministre informe ses collègues de l'incident :

Je crois devoir à la Chambre quelques explications sur un incident qui s'est produit avant-hier soir. Si j'étais seul concerné, j'aurais préféré que le public l'ignore et il est probable que je n'en dirais rien. Mais, comme l'incident concerne aussi la propriété de la province, je crois qu'il est de mon devoir de faire part à la Chambre des faits qui se sont produits. […] Mardi soir, quelqu'un s'est introduit dans mon bureau. En revenant de la séance du comité des bills privés, j'ai trouvé, en y entrant, une cartouche de dynamite capable, si l'on en croit les experts, de faire sauter toute la partie de l'aile du parlement où se trouvent mes bureaux et qui aurait pu avoir des conséquences désastreuses pour la vie des personnes occupant la bâtisse. Une bonne Providence a bien voulu souffler sur la mèche peu de temps après qu'elle eut été allumée et elle s'est éteinte. Je lui en suis reconnaissant. Quelle que soit la personne qui a déposé la dynamite dans mon bureau, quel que soit son nom, quel que soit son but ou ses intentions, elle peut être sûre d'une chose. Si elle veut, en aucune manière, influencer la politique […] et lui donner une orientation autre que celle qui convient à cette dernière et dont elle a besoin, je puis lui dire qu'elle se trompe gravement.

 

Sauvé exprime au premier ministre les « sympathies et les regrets qu'il convient en pareilles circonstances ». Il souhaite que la police découvre le coupable. Ernest Gault, député de Montréal-Saint-Georges, appuie les propos de son chef et exprime à son tour ses « regrets les plus sincères ».

Camillien Houde ajoute son grain de sel : « Savez-vous ce qu'on a dit au sujet de la bombe qui a été trouvée au bureau du premier ministre au parlement? La rumeur circule partout à l'effet que l'attentat a été perpétré par la police provinciale. » (28 mars) Cette allusion donnera lieu à de vives discussions entre le député de Sainte-Marie et le premier ministre35.

Taschereau juge que « l'homme qui fait courir le bruit que c'est la police provinciale qui a commis l'attentat est précisément celui qui a mis la bombe » dans son bureau, mais qu'il n'est toujours pas arrêté. Dans le vif du débat, Taschereau suggère qu'après les dernières élections de Sainte-Marie neuf des hommes faisant partie de l'équipe de Houde se soient retrouvés en prison.

Le maire de Montréal perd son sang-froid et traite le premier ministre de menteur. Un point d'ordre est soulevé sur ces propos non parlementaires. Le président du comité des subsides, Charles-Édouard Cantin, demande au député de Sainte-Marie de retirer ses paroles, mais celui-ci s'y objecte farouchement : « Je refuse absolument de retirer les paroles que j'ai dites en réponse à la déclaration du premier ministre. Non seulement je refuse de les retirer, mais je répète que le premier ministre a menti, et sciemment, en faisant cette déclaration. » (28 mars)

Le président fait rapport à l'Orateur, Hector Laferté, qui intervient:

M. l'Orateur: Pour la seconde et la dernière fois, je demande à l'honorable député de Sainte-Marie de se conformer aux règles de la Chambre et de retirer ses paroles. S'il ne le fait pas, je me verrai forcé de lui imposer les sanctions et les peines prévues par les règlements de cette Chambre en pareil cas.

M. Houde (Montréal-Sainte-Marie): M. le Président, quelles que soient les conséquences, pour la deuxième et la dernière fois, non seulement je ne retire pas mes paroles, mais je les maintiens de nouveau.

M. l'Orateur: Le député de Sainte-Marie a refusé de retirer ses paroles. En vertu des règlements de cette Chambre, M. le député de Sainte-Marie, je vous rappelle à l'ordre et je vous nomme, M. Houde.

M. Houde (Montréal-Sainte-Marie): Je n'ai pas honte de mon nom.

Selon La Presse, la fin des travaux législatifs est marquée par cette « scène violente36 ».

Cette sanction est imposée pour la seconde fois au député de Sainte-Marie. En 1927, il avait été nommé dans des circonstances semblables par le président d'alors, Napoléon Francoeur. Après cet incident, Houde peut demeurer à son siège, mais il lui est interdit d'intervenir pour le reste de la séance. Le premier ministre en rajoute. Pour s'assurer que son adversaire ne reprenne pas la parole pour le reste de la session, Taschereau propose que les travaux ne soit pas ajournés, mais plutôt suspendus. Une suspension avait pour effet d'interdire à Houde toute autre participation au débat37.

Somme toute, plusieurs rumeurs ont circulé à propos de la personne qui a perpétré l'attentat. À la fin de la session, aucun suspect n'avait été montré du doigt par la police provinciale. L'historien Bernard Vigod attribue cet incident à « un farceur [qui] a inconsciemment donné un avant-goût de l'impact de Houde sur l'atmosphère politique38 ».

 

L'Université de Montréal

Le 6 mars, la Chambre prend en considération le projet de résolution relatif au bill 29 qui prévoit l'octroi d'un million de dollars pour aider à l'établissement et à la reconstruction d'édifices pour l'Université de Montréal. Depuis qu'un incendie a détruit les anciens bâtiments, en 1919, la direction de l'université demande l'aide du gouvernement pour construire un nouvel immeuble sur le flanc du Mont-Royal.

Camillien Houde, ardent défenseur de la population montréalaise, critique l'emplacement choisi. L'Université aurait dû être établie, dit-il, dans un centre où toutes les classes de la société auraient été portées vers elle. À ses yeux, « jamais le site choisi ne fera de l'Université un centre populaire canadien-français ». (6 mars) Il n'est toutefois pas opposé au principe de la résolution. Sauvé approuve lui aussi l'aide généreuse octroyée à l'Université pour qu'elle se développe « convenablement ».

Adopté à l'unanimité le 6 mars, le bill 29 obtient la sanction royale le 4 avril 1929.

 

Les pensions de vieillesse

En 1927, le gouvernement fédéral avait institué un programme de pensions de vieillesse pour protéger les personnes âgées de 70 ans et plus vivant dans le besoin. Les provinces devaient adhérer préalablement à ce programme et défrayer le coût des pensions qui, par la suite, serait remboursé à 50 % par le fédéral. La participation au programme allait coûter près de trois millions de dollars à la province39. Mais, au cours de la session de 1928 et encore en 1929, Taschereau avait refusé la mise en application du programme des pensions de vieillesse, au nom de l'autonomie provinciale40. On table également sur le fait que le Québec a déjà sa propre loi de l'assistance publique depuis 1921.

Athanase David exprime son désaccord quant au principe émanant de loi sur les pensions de vieillesse. À son avis, il ne faut pas faire naître l'idée dans l'esprit d'un homme « qu'il n'a pas besoin de travailler pour assurer ses vieux jours » et que « l'État le prendra à sa charge quand il sera vieux ». Il ne faut pas perdre « l'idée du dévouement familial » et le sentiment de respect et d'amour des enfants pour leurs parents. La loi, dit-il, « menace les fondements de la famille ». (23 janvier)

Au contraire, l'opposition conservatrice soutient le programme fédéral et réclame l'adhésion de la province. Le 13 février, dans une motion de demande de documents, Aimée Guertin, député conservateur de Hull, soutient que la loi fédérale est « d'une grande importance » pour le Québec. Il ne voit pas pourquoi le gouvernement libéral n'approuve pas cette législation alors que les partis se sont unis pour l'adopter à Ottawa. Son intervention soulève un débat entre les parlementaires. Les deux partis s'accordent sur le fait que l'on doit venir en aide aux vieillards, mais on ne s'accorde pas sur la manière de le faire.

Taschereau reprend le débat sur la motion, le 5 mars, pour « que la Chambre comprenne la position du gouvernement en cette matière ». Selon lui, « le principe et le but de la loi fédérale sont bons. Il est juste et équitable d'aider les démunis ». Il croit, en revanche, que la loi ne semble pas constitutionnelle parce que « ce sont les provinces qui ont le droit de faire la charité. Ottawa, dit-il, se doit d'aider à cette charité, mais ce sont les provinces qui doivent en fixer le mode ». Le premier ministre conclut que son gouvernement doit encore étudier la bonne façon de mettre en application la loi fédérale au Québec.

Le 22 mars, Sauvé propose la formation d'un comité spécial afin d'adopter la loi pour protéger les vieillards, sans injustice et sans affecter la situation économique de la province. Il reconnaît l'importance de cette mesure sociale, mais il n'est pas « prêt à admettre la loi fédérale telle qu'elle est ».

Le député de Lotbinière, Joseph-Napoléon Francoeur, soutient que la province n'a pas besoin d'un tel comité, parce que la décision revient au gouvernement provincial de concert avec Ottawa. Il soumet un amendement selon lequel la Chambre est satisfaite des déclarations sur le sujet et que l'on procède maintenant à l'ordre du jour. Sur un vote de 31 voix contre 5, l'amendement est adopté, de même que la motion amendée.

La question des pensions de vieillesse demeure donc en suspens à la session de 1929. Elle sera de nouveau soumise aux parlementaires qui, sous la gouverne de Taschereau, vont finalement accepter d'adhérer au programme fédéral en 1936.

 

Crise dans l'industrie du papier

Les premiers soubresauts de la crise du papier commencent à se faire sentir dans la province en 1928. La surexpansion rapide de l'industrie a des effets négatifs. La capacité de production dépasse la demande et la concurrence entre les compagnies crée une guerre des prix depuis 192541. Sur les conseils de ses fonctionnaires, le gouvernement Taschereau a commencé, dès 1928, à ne plus accorder de concessions de bois de coupe. Cette décision a été difficile pour les libéraux qui favorisaient l'investissement massif de capitaux américains dans la province42.

Le premier ministre aborde le problème dans son discours sur l'adresse au discours du trône. Sans toutefois proposer de législation, il défend ses interventions dans l'industrie et rejette la faute sur les grandes entreprises : « Les manufacturiers portent aujourd'hui le poids des péchés de leur vie passée. » De l'avis de Taschereau, la crise, phase cyclique du système capitaliste, va se résorber « si l'on procède avec sagesse et mesure ». (10 janvier)

Le 17 janvier, William Pierre Grant, député de Champlain – et l'oncle de Maurice Duplessis –, résume bien la pensée libérale à propos de périodes plus creuses de l'économie : « Toutes les industries de la province, de temps à autre, ont subi des crises au cours des dernières années. La production est une chose que nous ne pouvons pas contrôler. La crise est temporaire et sera bientôt réglée […]. [C]ette industrie redeviendra aussi florissante qu'elle l'a été par le passé. » (17 janvier)

Pour l'opposition, la crise du papier est l'occasion idéale pour attaquer le gouvernement sur sa politique de développement industriel. Les conservateurs accusent Taschereau de défendre les intérêts de ses « amis » les manufacturiers et d'avoir manqué de prévoyance en ayant trop encouragé la création de nouvelles usines.

Notons qu'en février 1929 la stabilité dans cette industrie revient temporairement avec la signature d'un nouveau contrat entre de grandes compagnies.

 

L'affaire du Labrador

Un litige existe entre le Québec et la colonie britannique de Terre-Neuve concernant les frontières du Labrador. Le problème est soulevé pour la première fois en 1888, mais c'est lorsque le gouvernement de Terre-Neuve accorde, en 1902, le droit de couper du bois dans la région de la rivière Hamilton que le gouvernement du Québec réagit véritablement. Le Québec considère que cette région lui appartient. En 1920, la cause est soumise au Conseil privé de Londres par le Canada et par Terre-Neuve43. Le 1er mars 1927, le Conseil rend son jugement. Le Canada et le Québec perdent, au profit de Terre-Neuve – qui ne fait pas encore partie de la Confédération –, plus de 100 000 milles carrés de territoire (160 000 km carrés) correspondant au bassin hydrographique de la côte du Labrador.

En 1929, pendant une discussion portant sur le vote de subsides pour l'administration de la justice, Duplessis soulève la question du Labrador alors qu'il constate que certaines dépenses se rapportent à cette affaire. Le député de Trois-Rivières demande au gouvernement s'il n'a pas reçu de Terre-Neuve « une offre très raisonnable pour le Labrador » et s'il est vrai qu'il « a refusé de payer $15,000,000 pour des limites forestières là-bas. » (28 mars)

Taschereau déplore que le député attire l'attention de la Législature sur cette question importante dans les tout derniers moments de la session, puisqu'il « faudrait une très longue séance de la Chambre pour discuter l'affaire du Labrador ». À son avis, la province ne pouvait accepter l'offre faite par Terre-Neuve pour racheter un territoire que le Québec considère encore comme sien. D'ailleurs, ce n'est pas le gouvernement de Québec qui aurait pu acheter cette partie du Labrador, mais Ottawa. Si Terre-Neuve avait une offre à faire, c'est au gouvernement fédéral qu'elle devait la faire.

Pour sa part, Camillien Houde déplore que le gouvernement ait perdu cet immense territoire aux richesses naturelles abondantes. Les représentants ont manqué de « précaution élémentaire » en présentant la cause; ils se sont peu et mal défendus, argue-t-il. Le Labrador a été perdu « par la faute des gouvernements d'Ottawa et de Québec ». (28 mars)

La discussion se termine abruptement alors que Taschereau ramène les parlementaires sur la question des subsides.

 

La succession d'Arthur Sauvé

La session de 1929 est la dernière d'Arthur Sauvé en tant que chef du Parti conservateur. Les rumeurs vont bon train quant à celui qui prendra la tête du parti. Duplessis se lève sur une question de privilège pour rectifier un billet publié par Edmond Chassé, dans L'Événement.

Dans sa chronique du 30 janvier 1929, le journaliste affirme que le député de Trois-Rivières allait se porter candidat lors du prochain congrès conservateur prévu à l'été de 1929. Duplessis est catégorique : « J'ai déjà dit l'an dernier que je ne serais pas candidat et, pour qu'il n'y ait pas l'ombre d'un doute à ce sujet, j'affirme que je ne suis pas et que je ne serai pas candidat au poste de chef de l'opposition lors de la prochaine convention de mon parti. […] J'espère que cette déclaration mettra les choses au point. » (31 janvier)

 

Mort de sir Lomer Gouin

Naguère de robuste constitution, Lomer Gouin n'est plus en très bonne santé depuis quelques années44. À son assermentation comme lieutenant-gouverneur, le 10 janvier 1929, il est déjà malade.

Le 28 mars, à 16 h 35, la Chambre termine ses travaux45. Les députés sont convoqués dans la salle du Conseil législatif pour la sanction royale des projets de loi par le lieutenant-gouverneur. Sir Lomer Gouin entre au Parlement dans son uniforme chamarré d'or, l'épée sur le côté et son chapeau à plumes blanches. Ayant subi un malaise un peu plus tôt dans la journée, il gravit avec peine l'escalier menant à son bureau. Subitement, il est victime d'une nouvelle attaque d'angine.

À 16 h 55, les parlementaires apprennent que Gouin est gravement malade. Convaincu que son état va se stabiliser, le lieutenant-gouverneur annonce qu'il va procéder à la prorogation à partir de son bureau. Mais, foudroyé par une troisième attaque, il rend l'âme à 17 h 22 précisément.

Arthur Saint-Jacques, le gentilhomme huissier à la verge noire, se rend dans la salle du Conseil législatif pour annoncer la funèbre nouvelle aux parlementaires qui, selon L'Événement, furent frappés de stupeur46. Les travaux de la session sont ensuite ajournés. Le 1er avril, les funérailles de Gouin se déroulent en présence d'une foule considérable malgré la violente tempête de neige47.

Gouin décédé, la prorogation devient impossible tant que son successeur n'est pas entré officiellement en fonction. Henry George Carroll est désigné à ce titre et il est assermenté le 4 avril. À la demande du nouveau lieutenant-gouverneur, la cérémonie se déroule le plus simplement possible, afin de respecter le deuil récent causé par la mort de son prédécesseur48. La même journée, il sanctionne les lois adoptées pendant la session laquelle est aussitôt prorogée49.

 

Critique des sources

Par Aryane Babin

Les membres de la Tribune de la presse

Du 8 janvier au 4 avril 1929, la Tribune de la presse est présidée par Abel Vineberg, du Montreal Gazette. Il est appuyé par le vice-président Georges Léveillé, du Devoir. Le poste de secrétaire est occupé par le représentant du Soleil, Irénée Masson, tandis que Romuald Tremblay, du Canada, est le bibliothécaire de la Tribune.

Les autres courriéristes parlementaires connus sont : Edmond Chassé, de L'Événement; Ewart E. Donovan, du Globe and Mail; Calixte Dumas, de L'Action catholique; Gilbert W. G. Hewey et Henri Saint-Pierre, du Montreal Daily Star; J.-Alfred Hardy, de La Patrie; J. Mc Gill, du Chronicle Telegraph; Jean-Thomas Perron, du Progrès du Saguenay; Damase Potvin, de La Presse; Georges Roberts, du Toronto Star; et Maurice Turgeon, du Nouvelliste50.

 

Une mise au point

Le 22 janvier, Anatole Plante, député libéral de Montréal-Mercier, veut apporter une correction au sujet de son discours en réponse au chef de l'opposition quelques jours auparavant. Sans nommer de journaux en particulier, il explique que ceux-ci lui ont placé dans la bouche des paroles qu'il n'aurait pas prononcées : Plante aurait dit que le chef de l'opposition « a parlé et tonitrué à la radio avec la même violence que le député de Sainte-Marie », lors du banquet en l'honneur de Houde. Selon lui, il s'est plutôt plu à reconnaître que le chef conservateur, Arthur Sauvé, a parlé avec modération, qu'il s'était montré loyal envers ses adversaires et qu'il l'en félicitait. Plante tient donc à rectifier le tout.

 

William Tremblay et la commission scolaire de Montréal

Le 26 février, le député ouvrier de Maisonneuve, William Tremblay, se lève sur une question de privilège. Il tient à rectifier des erreurs qui se sont glissées dans les comptes rendus de deux journaux de Québec, Le Soleil et L'Événement, quant à son attitude sur le bill de la commission scolaire de Montréal.

Précisons que l'opposition avait réclamé le report de l'étude du bill pour permettre à Houde, absent ce jour-là, d'être présent. Le Soleil fait dire à Tremblay des paroles qu'il nie avoir prononcées lorsqu'il aurait déclaré « que le devoir du député de Sainte-Marie était d'être en Chambre » lors de la discussion.

Toujours est-il que Le Canada et L'Événement ont également rapporté les mêmes propos dans leur chronique parlementaire. Tremblay ajoute que L'Événement le présente comme étant opposé au bill de la Commission des écoles catholiques de Montréal. Il assure que c'est précisément le contraire, puisqu'il l'approuve. ( 26 février)

 

L'opposition, Camillien Houde et Le Soleil

Journal de Québec franchement libéral et partisan avoué du gouvernement Taschereau51, Le Soleil est la cible des conservateurs qui, durant la session de 1929, réagissent aux commentaires que publie le quotidien. Plus particulièrement, Camillien Houde considère qu'on s'en prend à sa réputation.

Le 1er mars, les questions de privilège se succèdent quant aux propos rapportés dans Le Soleil. Le député de Sainte-Marie se lève le premier pour dénoncer le journal qui avait qualifié la séance du 28 février de « comédie » et de « farce monumentale » en raison de l'attitude de l'opposition. Houde vocifère : « Voici comment Le Soleil traite les représentants du peuple qui font des efforts pour éviter les abus de pouvoir […]. [J]e proteste énergiquement contre l'affirmation du Soleil qui dit que les députés de l'opposition sont des farceurs. » Comme le journal est financé, selon Houde, par les deniers publics, il demande au premier ministre « de bien vouloir dire à ses amis du Soleil de respecter mieux les représentants du peuple ».

Le maire de Montréal relève une autre « fausse affirmation » du quotidien au commencement de la session. Le Soleil aurait alors écrit qu'à son arrivée il était traîné par un carrosse tiré par deux chevaux, ce qui n'est pas vrai. Il prétend que le journal veut le faire passer pour un aristocrate.

À son tour, Tremblay s'attaque au Soleil. Il accuse un journaliste d'avoir écrit un article sur lui, article dans lequel il est décrit une scène qui n'a pas eu lieu. Il s'accorde également avec Houde en disant que l'expression « farceur » était inadéquate. (1er mars) Le député de Maisonneuve se déclare contre cette façon d'agir de la part d'un membre de la galerie de presse qui, selon lui, n'est pas un journaliste.

Le député de Hull, Aimée Guertin, renchérit sur le même sujet. Il proteste contre ce manque de respect à la Chambre. D'après Le Soleil, il aurait joué le premier rôle dans la « comédie politique » du 28 février. À son avis, l'opposition se bat pour les libertés du peuple et le fait de vouloir savoir comment l'argent des contribuables est dépensé est de leur devoir.

 

Aldéric Blain proteste contre les propos de la Gazette

Le 15 mars, le député de Montréal-Dorion exprime son désaccord contre le résumé des débats, tel que paru dans le journal de langue anglaise The Gazette. Au compte rendu du discours du député de Témiscouata, Léon Casgrain, au sujet du barrage du lac Témiscouata, le journal donne comme sous-titre : « Race cry is again raised in Assembly by member for Dorion ». Dans le récit des événements, la même chose est répétée. Il tient à protester qu'il n'a pas soulevé le cri de la race. Blain critique ensuite le journal :

[L]a Gazette ne pense pas ce qu'elle a dit et [elle] ne l'a jamais pensé. C'est une manifestation de la politique étroite et étrange de ce journal. […] Ce journal n'est pas un organe conservateur, c'est un organe de financiers, dont un des principaux officiers est un sénateur prétendu conservateur, et tout cela pour masquer sa politique à double jeu. […] La Gazette est le journal qui s'est spécialisé dans les appels étroits, mais toujours au profit de sa caisse, et la raison de ces articles éditoriaux, toujours à la louange du gouvernement, deux ou trois fois par semaine. Le $14,000 qu'elle reçoit a une grande influence sur ces articles. (15 mars)

 

Les débats reconstitués

Bien que quelques débats aient manifestement été résumés par les journalistes de la Tribune de la presse, ceux-ci font en sorte de transmettre, le plus fidèlement possible, les propos tenus par les parlementaires en Chambre. Dans son ensemble, malgré les nombreuses critiques de Camillien Houde envers Le Soleil, les débats de la session de 1929 semblent avoir été bien couverts. Les journaux du temps ont su offrir un portrait assez fidèle de cette session parlementaire.

 

Notes de l'introduction historique et de la critique des sources

1. La question romaine est le problème des relations entre l'Église catholique et l'État italien. Elle a débuté au XIXe siècle, lorsque l'Italie, en réalisant son unification, a enlevé au pape les territoires des États pontificaux.

2. Signé par 63 pays et entré en vigueur le 24 juillet 1929, le pacte condamne le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renonce en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles.

3. Jacques Lacoursière, Histoire populaire du Québec : 1896 à 1960, tome 4, Sillery, Septentrion, 1997, p. 184.

4. Ibid., p. 167.

5. Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain : de la Confédération à la crise (1867-1919), Montréal, Boréal compact, 1989, p. 415.

6. « Le sénat aujourd'hui », http://www.parl.gc.ca/, consulté le 9 septembre 2010.

7. Bilan du siècle, Université de Sherbrooke, http://www.bilan.usherb.ca/, consulté le 20 juillet 2010.

8. « Pour assurer la permanence de nos routes », Le Canada, 9 janvier 1929, p. 1.

9. P.-A. Linteau, R. Durocher, J.-C. Robert, Histoire du Québec contemporain… p. 670.

10. Robert Rumilly, Histoire de la province de Québec : Camillien Houde, tome XXX, Montréal, Fides, 1958, p. 179.

11. Bernard Vigod, Taschereau, Septentrion, Sillery, 1996, p. 219.

12. « Poste qui nous affranchira de la sujétion américaine », La Patrie, 10 janvier 1929, p. 3.

13. « Les débuts parlementaires de M. A. Caron », Le Canada, 10 janvier 1929,

14. Selon La Patrie, Cohen a « maintenu sa réputation d'excellent orateur, et comme toujours il a su créer une excellente impression parmi ses collègues ». Voir : « Poste qui nous affranchira de la sujétion américaine », La Patrie, 10 janvier 1929, p. 3.

15.  « Le député des Îles de la Madeleine et celui de S-Laurent font leurs débuts, à l'Assemblée législative », La Presse, 10 janvier 1929, p. 3.

16. R. Rumilly, Histoire de la province de Québec…, p. 183.

17. « La chambre siège pendant une partie de la nuit », Le Devoir, 1er mars 1929, p.1.

18. R. Rumilly, Histoire de la province de Québec…, p. 192.

19. Michel Filion, Le problème de l'américanisation et la radiodiffusion québécoise depuis ses origines jusqu'à la réglementation du contenu canadien (1922-1959), Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, 1992, p. 58.

20. Marc Raboy, Occasions ratées : Histoire de la politique canadienne de radiodiffusion, Liber – Presses de l'Université Laval, 1996, p. 41.

21. Pierre Pagé, « Édouard Montpetit et Henri Letondal, les créateurs d'une radio éducative: "L'Heure Provinciale" (1929-1939) » dans Frequence/Frequency, no.3-4, Montréal, AERTC, 1995, p. 55-86.

22.  Pierre Godin, La lutte pour l'information : Histoire de la presse écrite au Québec, Montréal, Le Jour, 1981, p. 41.

23. P.-A.Linteau, R. Durocher, J.-C. Robert, Histoire du Québec contemporain…, p. 458.

24. R. Rumilly, Histoire de la province…, p. 191.

25. Département des Affaires municipales, Annuaire statistique de Québec 1930, Québec, 1930, p. 370.

26. « Politique qu'approuve M. Sauvé », Le Canada, 16 mars 1929, p. 4.

27. « Le gouvernement veut 17 millions pour refaire les routes », Le Devoir, 13 mars 1929, p. 1.

28. Voir : « Les 17 millions de dollars demandés par le gouvernement pour la voirie ont donné lieu a un vigoureux débat », L'Action catholique, 13 mars, p. 1 et L'Événement, 13 mars, p. 1; « Le gouvernement veut 17 millions pour refaire les routes », Le Devoir, 13 mars 1929, p. 1.

29. «Le gouvernement dépensera un autre million pour aider à l'établissement des hôpitaux», Le Soleil, 20 mars, p. 3.

30. « Séance au parlement », L'Action catholique, 19 mars 1929, p. 1.

31. P.-A. Linteau, R. Durocher, J.-C. Robert, Histoire du Québec contemporain…, p. 423.

32. « La chambre refuse aux femmes le droit de vote mais le vote leur laisse un espoir », L'Action catholique, 28 février 1929, p. 1.

33. « Le droit de vote refusé aux femmes », Le Devoir, 28 février 1929, p. 2.

34.   « Le droit de vote est de nouveau refusé aux femmes de la province », La Presse, 28 février 1929, p. 11.

35. « Une orageuse et dramatique fin de session. Le président impose une dure sanction à M. C. Houde », L'Action catholique, 30 mars 1929, p. 16.

36. « Le député de Sainte-Marie…», La Presse, 28 mars 1929,

37.  « Pierre Valois n'aurait pas dû s'occuper de l'élection de Sainte-Marie et, à l'avenir, il restera tranquille ainsi que les autres policiers provinciaux », Le Devoir, 30 mars 1929, p. 2.

38. B. Vigod, Taschereau…, p. 219.

39.  R. Rumilly, Histoire de la province de Québec…, p. 197.

40. B. Vigod, Taschereau…, p. 206.

41. P.-A. Linteau, R. Durocher, J.-C. Robert, Histoire du Québec contemporain…, p. 417.

42. B. Vigod, Taschereau…, p. 210.

43. L'Atlas du Canada, « Évolution territoriale, 1927 », http://atlas.nrcan.gc.ca

44.  Frédéric Lemieux, Christian Blais et Pierre Hamelin, L'histoire du Québec à travers ses lieutenants-gouverneurs, Québec, Les Publications du Québec, 2005, p. 179.

45.  « Le jour tragique », La Presse, 30 mars 1929, p. 36.

46.  « Le deuil de la province », L'Événement, 29 mars 1929, p. 1.

47. « L'Église et l'État s'unissent pour rendre un suprême et respectueux hommage à la mémoire de Sir Lomer Gouin », Le Soleil, 1er avril 1929, p.1.

48. Henry George Carroll, Journal personnel de Henry George Carroll, vol. I, p. 2. Fonds Henry George Carroll, 1888-1939, Archives de l'Assemblée nationale du Québec, P22.

49. Voir : F. Lemieux, C. Blais et P. Hamelin, L'histoire du Québec…, p. 174-191.

50.  Jocelyn Saint-Pierre, Les membres de la Tribune de presse : liste chronologique, 1871-1989, Québec, Bibliothèque de l'Assemblée nationale, 1990, Bibliographie et documentation, no 34.

51.  Jocelyn Saint-Pierre, Les écoles juives et les débats parlementaires de l'Assemblée législative du Québec, http://pi.library.yorku.ca/ojs/index.php/cjs/article/viewFile/19933/18637, Consulté le 6 août 2010.