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Version finale

37th Legislature, 2nd Session
(March 14, 2006 au February 21, 2007)

Tuesday, February 20, 2007 - Séance extraordinaire

Aller directement au contenu du Journal des débats

Table des matières

Dépôt d'une lettre du premier ministre demandant
que l'Assemblée se réunisse d'urgence

Affaires courantes

Affaires du jour

Ajournement

Annexes

Sommaire des opérations financières consolidées ? Année financière 2006-2007

Sommaire des opérations financières consolidées ? Prévisions 2007-2008

Revenus budgétaires du fonds consolidé du revenu ? Prévisions 2007-2008

Dépenses budgétaires du fonds consolidé du revenu ? Prévisions 2007-2008

Opérations non budgétaires consolidées ? Prévisions 2007-2008

Opérations de financement consolidées ? Prévisions 2007-2008

Annexes du discours sur le budget

Renseignements additionnels sur les mesures du budget

Section A: Mesures affectant les revenus

Section B: Mesures affectant les dépenses

Section C: Impacts financiers des mesures fiscales et budgétaires

Plan budgétaire 2007-2008

Section A: Sommaire du cadre financier et des perspectives économiques

Section B: L'économie du Québec: évolution récente et

perspectives pour 2007 et 2008

Section C: Orientations budgétaires et financières du gouvernement

Section D: La dette, le financement et la gestion de la dette

Section E: Réduction de l'impôt des particuliers et

développement économique durable

Section F: Rapport sur l'application de la Loi sur l'équilibre budgétaire

Section G: Rapport sur l'application de la Loi sur la réduction de la dette

et instituant le Fonds des générations

Section H: Informations additionnelles ? Données historiques

Stratégie pour le développement de toutes les régions ? Des moyens accrus,

une autonomie renforcée

Stratégie d'action en faveur des aînés ? Un milieu de vie amélioré,

une participation encouragée

Un Québec plus prospère

Favoriser la retraite progressive

 

Note de l'éditeur: Dissolution de l'Assemblée le 21 février 2007, à 11 h 40.

 

Journal des débats

(Neuf heures sept minutes)

Le Président: Bonjour, Mmes et MM. les députés. Nous allons nous recueillir quelques instants.

Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.

Alors, au nom de tous les collègues, je voudrais souhaiter un bon anniversaire, aujourd'hui, à M. le député de Bertrand.

Dépôt d'une lettre du premier ministre demandant
que l'Assemblée se réunisse d'urgence

Avant de procéder aux affaires courantes, je vous rappelle que nous sommes réunis, ce matin, à la suite de la lettre que m'a adressée M. le premier ministre, me demandant de prendre les dispositions pour que l'Assemblée se réunisse en séances extraordinaires à compter de 9 heures, le mardi 20 février 2007, selon le calendrier et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée, et ce, afin de permettre au ministre des Finances de prononcer le discours du budget conformément aux dispositions du premier alinéa de l'article 271 du règlement de l'Assemblée nationale et de permettre au critique financier de l'opposition officielle et à un député indépendant de faire leurs commentaires selon les modalités qui seront déterminées par une motion. Je dépose cette lettre.

Affaires courantes

Aux affaires courantes, aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.

Il n'y a pas de dépôt de documents.

Dépôt de rapports de commissions

Dépôt de rapports de commissions. M. le président de la Commission des finances publiques et député de Louis-Hébert.

Consultation générale sur la protection
des épargnants au Québec

M. Hamad: Merci, M. le Président. C'est avec honneur que je dépose le rapport intérimaire de la Commission des finances publiques qui, les 30, 31 janvier ainsi que les 6 et 7 février 2007, a procédé à une consultation générale et a tenu des auditions publiques dans le cadre de son mandat d'initiative sur la protection des épargnants au Québec. Ce rapport contient 24 recommandations adoptées à l'unanimité.

La commission s'est également réunie en séance de travail le 11 septembre 2003, les 24 mars et 1er novembre 2005, les 1er février et 2 février et 15 mars 2006 ainsi que les 30 janvier et 7 février 2007 relativement à ce mandat.

Le Président: Ce rapport est déposé. M. le président de la Commission des affaires sociales et député de Notre-Dame-de-Grâce.

Audition des dirigeants des agences de la santé
et des services sociaux dans le cadre de l'examen
de leurs rapports annuels 2002-2003, 2003-2004
et 2004-2005 conformément à la Loi sur les
services de santé et les services sociaux

M. Copeman: M. le Président, c'est un honneur pour moi de déposer 10 rapports de la Commission des affaires sociales qui, les 13, 20, 27 et 28 septembre, le 18 octobre ainsi que les 8, 15 et 22 novembre 2006, a procédé à l'audition des agences de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, de Laval, du Saguenay?Lac-Saint-Jean, de l'Abitibi-Témiscamingue, de la Gaspésie?Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord, de Montréal, des Laurentides, de Lanaudière et de la Montérégie dans le cadre de l'étude de leurs rapports annuels de gestion ou rapports d'activité 2002-2003, 2003-2004 et 2004-2005, en application de l'article 392 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.

n (9 h 10) n

Le Président: Alors, ces rapports sont déposés. M. le président de la Commission de l'éducation et député de Westmount?Saint-Louis.

Visites effectuées dans certaines communautés
concernant la réussite scolaire des autochtones

M. Chagnon: M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de l'éducation sur la réussite scolaire des autochtones. Au cours de ce mandat d'initiative entrepris en mars 2006, les membres de la commission ont effectué une mission qui leur a permis de visiter les écoles des communautés suivantes: les Inuits de Kuujjuaq, les Naskapis de Kawawachikamach, les Innus de Matimekosh, les Cris de Chisasibi et les Algonquins de Lac-Simon. Nous avons également visité le Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, le Centre de la petite enfance Abinodjic-Miguam et le Pavillon des premières nations de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Les membres de la commission ont aussi rencontré la communauté huronne à Wendake et reçu, à l'Assemblée nationale, plusieurs experts des questions autochtones.

Nous nous sommes de plus réunis en séance de travail à 15 reprises. Le rapport contient 18 recommandations adoptées à l'unanimité.

Le Président: Ces rapports sont déposés. Oui, M. le député de Westmount?Saint-Louis.

Audition des dirigeants d'établissements
d'enseignement de niveau universitaire
conformément à la Loi sur les établissements
d'enseignement de niveau universitaire

M. Chagnon: J'en ai un autre. M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de l'éducation qui a siégé à 11 reprises, au cours des mois de novembre 2006, janvier et février 2007, afin d'entendre les dirigeants des universités conformément aux dispositions de la Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire. La commission s'est également réunie en séance de travail à cinq reprises.

Le rapport contient 11 recommandations adoptées à l'unanimité. Il ne contient malheureusement pas les résumés de chacune des auditions et la synthèse que nous aurions souhaité faire. Nous avons néanmoins donné le mandat aux recherchistes de la commission de faire ce travail, de le transmettre aux membres au début de la Trente-huitième Législature en souhaitant qu'il soit déposé à l'Assemblée.

Je tiens à souligner que, pour la première fois, l'ensemble des documents transmis par les universités ont été versés dans la page Web de la commission et je tiens à remercier tous les membres de la commission, qui ont travaillé très fort sur les deux rapports que je viens de déposer. Merci.

Le Président: Ces rapports sont déposés. M. le président de la Commission de la culture et député de Shefford.

Consultation générale sur la mise en œuvre
de la Loi sur le Conseil des aînés

M. Brodeur: M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de la culture qui a siégé les 13 et 14 février 2007 afin de procéder à une consultation générale et de tenir des auditions publiques sur le rapport sur la mise en oeuvre de la Loi sur le Conseil des aînés 1999-2004. La commission s'est également réunie en séance de travail, notamment sur ce mandat, les 26 août et 23 novembre 2004, le 16 mars 2005 ainsi que les 30 mars et 16 novembre 2006.

Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la présidente de la Commission de l'administration publique et députée de Rosemont.

Audition de certains sous-ministres
et dirigeants d'organismes en vertu
de la Loi sur l'administration publique

Mme Dionne-Marsolais: M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de l'administration publique qui a siégé afin de procéder aux auditions énumérées ci-dessous en vertu de la Loi sur l'administration publique. La première: le 18 octobre 2006, audition du sous-ministre des Ressources naturelles et de la Faune concernant la réforme cadastrale. Et j'invite les membres à le lire attentivement.

Le 7 février 2007, audition du sous-ministre de la Santé et des Services sociaux, du président-directeur général de la Régie de l'assurance maladie du Québec, du directeur général de l'Institut de réadaptation en déficience physique de Québec et du directeur général de l'Institut de réadaptation de Montréal concernant les programmes d'aides techniques pour les personnes handicapées. Aussi un rapport fort intéressant, M. le Président.

Et, le 13 février 2007, l'audition du sous-ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation concernant le rapport annuel de gestion 2005-2006 du ministère. À lire également.

Le rapport contient 16 recommandations.

Le Président: Merci, Mme la députée. Ce rapport est déposé.

Dépôt de pétitions

Dépôt de pétitions. Mme la députée de Terrebonne.

Assurer la couverture complète des frais reliés
à la procréation médicalement assistée

Mme Caron: Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition conforme adressée à l'Assemblée nationale, signée par 196 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Considérant que le Québec connaît une décroissance constante de son taux de natalité et que son impact sur la démographie a des conséquences considérables sur le taux de remplacement des générations, compromettant ainsi le développement normal de la population active;

«Considérant que la cause des couples infertiles est louable et doit recevoir l'appui de l'État, comme c'est le cas présentement pour l'interruption volontaire d'une grossesse, la ligature tubaire, la déligature tubaire, la vasectomie, la vasovasectomie, et qu'il faut offrir à ces couples le même traitement, soit le remboursement des frais reliés aux techniques de procréation médicalement assistée, tels la fécondation in vitro, l'insémination artificielle et autres actes reliés;

«Considérant que l'État doit donner accès à la procréation assistée sans égard à la capacité financière des personnes impliquées et qu'il doit être chargé de l'entière responsabilité financière et professionnelle de cet acte médical;

«Considérant que l'État québécois doit garder la juridiction exclusive de cette pratique médicale et que la loi fédérale sur la procréation assistée risque de lui enlever cette responsabilité propre au domaine de la santé;

«L'intervention réclamée se résume ainsi:

«C'est pourquoi nous, citoyennes et citoyens du Québec, demandons à l'Assemblée nationale de bien vouloir exiger du gouvernement du Québec qu'il soit responsable de la couverture complète des frais reliés à la procréation médicalement assistée.»

Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à l'original de la pétition.

Le Président: Merci, Mme la députée. Cette pétition est déposée. M. le député d'Abitibi-Ouest et vice-président de l'Assemblée nationale.

M. Gendron: Je demande le consentement de cette Assemblée pour déposer une pétition non conforme.

Le Président: Il y a consentement? Consentement. M. le vice-président de l'Assemblée nationale et député d'Abitibi-Ouest.

Assurer des services d'interprétariat pour les
personnes ayant une déficience auditive
ou vocale en Abitibi-Témiscamingue

M. Gendron: Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 915 pétitionnaires. Les désignations suivantes: citoyennes et citoyens du comté d'Abitibi-Ouest.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Attendu que les sourds de l'Abitibi-Témiscamingue veulent être respectés et que nous les appuyons;

«L'intervention réclamée se résume ainsi:

«[En demandant] aux institutions et organismes gouvernementaux, paragouvernementaux, municipaux et autres organismes de prendre leurs responsabilités.

«[Que l'on] les consulte et [on] consulte [l'association régionale] lorsque les autorités ou autres prennent des décisions qui concernent les personnes vivant avec une déficience auditive [...] ou vocale.

«Que le service d'interprétariat pour les personnes vivant avec une déficience auditive et/ou vocale soit remis au CLSC.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

Le Président: Merci, M. le député. Cette pétition est déposée. M. le député d'Abitibi-Ouest et vice-président de l'Assemblée nationale.

M. Gendron: Je demande à nouveau le consentement de cette Assemblée pour déposer une pétition non conforme.

Le Président: Il y a consentement? Consentement. M. le député.

Amender la Loi électorale concernant
le modèle de bulletin de vote

M. Gendron: Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 86 pétitionnaires. Désignation: citoyens et citoyennes du comté d'Abitibi-Ouest.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Attendu que, dans une démocratie, l'accès au droit de vote est essentiel à l'exercice de la citoyenneté pleine et entière de tous;

«Attendu que la Fédération des mouvements Personne d'abord du Québec a présenté à la Commission spéciale sur la Loi électorale un mémoire contenant une recommandation pour un bulletin de vote adapté;

«Attendu que plusieurs organismes, le comité citoyen de la commission et la Commission spéciale sur la Loi électorale se sont prononcés en faveur d'une telle recommandation;

«L'intervention [...] se résume ainsi:

«Les soussignés demandent à l'Assemblée nationale de déposer et d'adopter un bulletin de vote avec photographie des candidats, inscription des noms en gros caractères et logo des partis politiques avant la tenue [de la prochaine élection provinciale] et que la Loi modifiant la Loi électorale pour favoriser l'exercice du droit de vote soit amendée en ce sens.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

Le Président: Merci, M. le député. Cette pétition est déposée. M. le député d'Abitibi-Ouest et vice-président de l'Assemblée nationale.

M. Gendron: Je demande le consentement de cette Assemblée pour déposer une pétition non conforme.

Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Consentement. M. le vice-président de l'Assemblée nationale.

Financer adéquatement les organismes
communautaires Famille

M. Gendron: Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 76 pétitionnaires. Désignation: citoyens et citoyennes du comté d'Abitibi-Ouest.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Attendu que les 220 membres de la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille soutiennent quelque 90 000 familles dans les 17 régions du Québec. Ils constituent un des secteurs de l'action communautaire les plus pauvres du Québec avec une moyenne de financement de la mission de 44 000 $. Si on considère des organismes de secteurs comparables, les groupes de jeunes et les centres de femmes ont une moyenne respective de financement de 72 000 $ et 125 000 $. Depuis leur transfert au ministère de la Famille, en 2004, une injection de 1,5 million a été insuffisante pour assumer leur rattrapage. De plus, aucun argent neuf n'a été consenti pour 2005-2006 et 2006-2007 pour rehausser le financement de la mission, et les OCF ? ce qui veut dire organismes communs familiaux ? n'ont même pas eu d'indexation, contrairement aux 2 600 groupes en santé et services sociaux. En plus d'être inéquitable, cette situation compromet la survie d'un nombre de plus en plus important d'organismes;

«Attendu que les organismes communautaires Famille constituent une des rares ressources disponibles et accessibles pour soutenir les parents québécois dans leur quotidien. On ne peut constamment réclamer des parents qu'ils assument leurs responsabilités, dans une société de plus en plus complexe, sans leur [en donner les moyens];

«L'intervention réclamée [est la suivante]:

«L'adoption d'une véritable politique familiale globale incluant la reconnaissance et le financement des OCF comme une mesure de soutien des parents dans leur rôle.

«L'ajout de 15 millions au cours des cinq prochaines années afin que l'ensemble des OCF atteignent un seuil de financement de la mission équivalent à celui des organismes [...] comparables.

n(9 h 20)n

«[Et] le respect des engagements préalables au transfert des OCF du ministère de la Santé et des Services sociaux vers le ministère de la Famille relativement au fait qu'il n'y aurait pas de financement pour des projets ou des ententes de services tant que le financement de base des OCF ne serait pas consolidé; en conséquence, que le financement spécifique dédié au soutien des activités de halte-garderie accordé en 2006-2007 soit alloué aux OCF de manière récurrente en financement de [leur] mission.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original.

Le Président: Merci, M. le député. Cette pétition est déposée. M. le député de L'Assomption.

M. St-André: Alors, M. le Président, je demande le consentement de l'Assemblée pour déposer une pétition non conforme.

Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Consentement. M. le député de L'Assomption.

Assurer la couverture complète des frais reliés
à la procréation médicalement assistée

M. St-André: Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 274 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Considérant que le Québec connaît une décroissance constante de son taux de natalité et que son impact sur la démographie a des conséquences considérables sur le taux de remplacement des générations, compromettant ainsi le développement normal de la population active;

«Considérant que la cause des couples infertiles est louable et doit recevoir l'appui de l'État, comme c'est le cas présentement pour l'interruption volontaire d'une grossesse, la ligature tubaire, la déligature tubaire, la vasectomie, et qu'il faut offrir à ces couples le même traitement, soit le remboursement des frais reliés aux techniques de procréation médicalement assistée, tels la fécondation in vitro, l'insémination artificielle et autres actes reliés;

«Considérant que l'État doit donner accès à la procréation assistée sans égard à la capacité financière des personnes impliquées et qu'il doit être chargé de l'entière responsabilité financière et professionnelle de cet acte médical;

«Considérant que l'État québécois doit garder la juridiction exclusive de cette pratique médicale et que la loi fédérale sur la procréation assistée risque de lui enlever cette responsabilité propre au domaine de la santé;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi:

«C'est pourquoi nous, citoyennes et citoyens du Québec, demandons à l'Assemblée nationale de bien vouloir exiger du gouvernement du Québec qu'il soit responsable de la couverture complète des frais reliés à la procréation médicalement assistée.»

Et je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

Le Président: Merci, M. le député. Cette pétition est déposée. Mme la députée de Prévost.

Mme Papineau: Merci, M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour déposer une pétition non conforme.

Le Président: Il y a consentement? Consentement. Mme la députée de Prévost.

Soustraire le massif des escarpements de Prévost,
de Piedmont et de Saint-Hippolyte de tout
développement immobilier et en garantir
l'intégrité écologique et l'accès
aux activités de plein air

Mme Papineau: M. le Président, permettez-moi de saluer des citoyens de Prévost qui sont avec nous ici, aujourd'hui.

Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 10 879 pétitionnaires, citoyens et citoyennes du Québec.

«Les faits invoqués sont les suivants:

«Attendu que le massif garantit un rechargement de qualité de la nappe phréatique, une source d'eau potable pour les populations riveraines;

«Attendu que des études confirment la présence de 26 des 27 espèces de rapaces du Québec, qu'on y relève une faune diversifiée et que l'inventaire aérien de 2004 a révélé la présence de deux héronnières et de huit orignaux, qu'on y retrouve une flore exceptionnelle, entre autres l'Arabis holbielli variété retrofracta, espèce menacée, vestige de la dernière glaciation, et que la Société de la faune et des parcs reconnaît l'importance de protéger ce site;

«Attendu que ce site est sillonné de sentiers tracés il y a plus de 100 ans, héritage culturel de Hermann Smith Johannsen, dit "Jack Rabbit", que des activités de plein air sont toujours pratiquées grâce à la tolérance et aux permissions accordées par certains propriétaires et que les impacts économiques de ces activités appuient la première orientation du schéma d'aménagement de la MRC des Pays-d'en-Haut (2005), consolider et diversifier la vocation récréotouristique de la MRC;

«Attendu que la seconde orientation du schéma d'aménagement de la MRC des Pays-d'en-Haut affirme protéger la qualité du milieu naturel et favoriser sa régénération, que la charte des paysages naturels et bâtis des Laurentides confirme que ce paysage est une ressource d'intérêt collectif, que ce projet contribue à l'atteinte de l'objectif du gouvernement du Québec visant à protéger 8 % du territoire ? plan d'action 2002-2007;

«Attendu que la région des Basses-Laurentides est dépourvue de parc témoignant de sa spécificité écologique et phytogéographique et que l'intégrité écologique du massif est menacée par le développement immobilier;

«Et l'intervention réclamée se résume ainsi:

«Nous demandons au ministre du Développement durable, de la Faune et des Parcs du Québec de soustraire le massif des escarpements de Prévost, Piedmont, [...] Saint-Hippolyte de tout développement immobilier et d'utiliser les ressources dont il dispose pour en garantir l'intégrité écologique ainsi que l'accès démocratique aux activités de plein air compatibles avec l'écotourisme.»

Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.

Le Président: Merci, Mme la députée. Cette pétition est déposée.

Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.

Questions et réponses orales

Nous en sommes maintenant à la période de questions et réponses orales, et je reconnais, en question principale, M. le chef de l'opposition officielle.

Investissement prévu pour
l'enseignement postsecondaire

M. André Boisclair

M. Boisclair: Bonjour, M. le Président. Samedi dernier, le premier ministre du Québec a annoncé son intention de dégeler les frais de scolarité et de les augmenter de 30 %. Il a fait le choix de taxer la matière grise. Pourtant, lorsqu'on regarde un peu plus loin quels sont les faits, on remarque que, malgré le chiffre de 1 milliard que le premier ministre a annoncé comme investissement neuf dans le réseau de l'éducation postsecondaire pour justifier l'augmentation des frais de scolarité, on remarque que, bien loin du milliard, ce ne sont que 200 millions d'argent neuf que le gouvernement du Québec s'engage à injecter dans le réseau de l'éducation postsecondaire, et en particulier 120 millions dans le réseau universitaire. Quand on regarde quels sont les chiffres, M. le Président, ce n'est pas, comme le laissait entendre le premier ministre, pour chaque dollar qu'il allait puiser dans la poche des étudiants, 10 qu'il allait réinvestir dans le réseau de la santé; pour chaque dollar qu'il ira puiser dans la poche des étudiants, c'est à peine un seul dollar qu'il s'engage à réinvestir dans le réseau.

M. le Président, est-ce que le premier ministre peut confirmer que le seul argent neuf qui ira dans le réseau de la santé, c'est de l'argent qui vient de la poche des étudiants et que son milliard qu'il a annoncé samedi dernier, ce n'est qu'un écran de fumée?

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: Bien, M. le Président, d'abord permettez-moi de répondre sur le dossier de l'éducation d'abord en rappelant au chef de l'opposition officielle que 1 milliard de dollars d'argent dans le réseau de l'éducation, c'est de l'argent des contribuables québécois et que je crois, moi, qu'il faut faire preuve de respect envers les contribuables québécois. Si on investit 1 milliard de dollars dans le réseau de l'éducation, il ne faut pas présenter ça comme étant une chose qui n'a pas été faite ou qui n'est pas significative. D'ailleurs, on le fait pour maintenir les services dans l'ensemble du système d'éducation, contrairement à ce qu'a fait le chef de l'opposition officielle quand il était au gouvernement.

J'ai-tu besoin de lui rappeler qu'il avait, lui, au 25 août dernier, dit ceci en entrevue? Il avait dit que, dans le domaine de l'éducation, il faisait partie d'un gouvernement où il aurait souhaité qu'il en fasse davantage: «L'équipe à laquelle j'appartenais, je le cite, n'a pas accordé suffisamment d'importance aux questions d'éducation ? c'est toujours le chef de l'opposition officielle qui parle. Ça aurait dû se traduire par des sous, ça aurait dû se traduire sur un objectif de société, au-delà des budgets, des sommes supplémentaires qu'on doit donner à un ministère. J'aurais aimé ça qu'on soit capables de poser comme urgence, comme priorité pour le Québec la question de l'éducation.»

Non seulement vous ne l'avez pas fait, mais vous avez coupé dans l'éducation quand vous étiez au gouvernement. Vous n'avez même pas maintenu les budgets au niveau où ils étaient d'une année à l'autre. On a investi trois fois plus en l'espace de quatre ans ? puis il y aura un nouveau budget aujourd'hui ? que vous avez fait pendant une période de neuf ans, M. le Président.

Alors, aujourd'hui, comment peut-il, à l'Assemblée nationale, nous reprocher le fait qu'on a réinvesti en éducation, que nous allons continuer à le faire...

Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.

M. Charest: ...que nous avons proposé une politique qui est juste et raisonnable, qui est reconnue par tous les commentateurs, sauf, sauf le chef de l'opposition officielle?

Le Président: En question complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.

M. André Boisclair

M. Boisclair: M. le Président, on a tous entendu le premier ministre, samedi dernier, dire que, pour chaque dollar qu'il allait puiser dans la poche des étudiants, il allait en injecter 10.

Est-ce qu'il peut avoir, M. le Président, le courage de dire les choses comme elles sont et de dire, avec ce programme qu'il a rendu public et qu'il propose aux Québécois, que le seul argent neuf qui va aller dans le réseau, faire en sorte que nos étudiants aient accès à une éducation de meilleure qualité, que le seul argent neuf qui va venir dans le réseau, il va venir de la poche des étudiants puis qu'il n'y a pas une cenne d'argent neuf dans son budget?

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! La parole est à M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: Merci, M. le Président. Là, je pense que les Québécois comprennent mieux les décisions du gouvernement du Parti québécois antérieur, celui dont le bilan est celui d'un gouvernement qui n'a même pas réinvesti dans ce qu'il appelle les coûts de système. Alors, on comprend pourquoi ils ont pris ces décisions-là. À leurs yeux à eux, aux yeux du chef de l'opposition officielle, cet argent-là ne comptait pas, ce n'était pas de la vraie argent, alors que 1 milliard de dollars, pour un contribuable québécois c'est beaucoup d'argent, et c'est de l'argent qu'on a investi que nous n'avez pas investi.

Mais non seulement le chef de l'opposition officielle est seul dans sa position, aux yeux d'un grand nombre d'observateurs, mais, dans son propre caucus, M. le Président, il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec lui. J'ai-tu besoin de lui rappeler qu'au mois de juin dernier le député de Richelieu disait ceci: «Il y a des choses qui doivent être dites. [...]Je ne crois pas que ce soit dans l'intérêt des étudiants du Québec...

n(9 h 30)n

Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.

M. Charest: ...de la recherche et du monde de l'éducation», et qui disait: «Aller en campagne électorale avec une position de gel des frais de scolarité m'apparaît personnellement très dangereux»? Le député de Richelieu disait ça pas plus tard que le mois de juin dernier. Même dans votre propre groupe, M. le Président, il y a des députés qui ne sont pas d'accord avec le chef de l'opposition officielle.

Le Président: En question complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.

M. André Boisclair

M. Boisclair: M. le Président, tous les Québécois réalisent jusqu'à quel point la parole du premier ministre ne vaut pas grand-chose en ce moment. On l'a vu à l'occasion, en 2003...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition officielle, je vous demande de faire attention. La prudence.

M. Boisclair: Parfait. Mais tous les Québécois ont bien vu, M. le Président, le chef du Parti libéral, en campagne électorale, dire une chose puis, retrouvé au pouvoir, en faire une autre. On l'a vu nous annoncer samedi dernier que, pour chaque piastre qu'il allait chercher dans la poche des étudiants, il allait en mettre 10. Aujourd'hui, il n'est pas capable d'affirmer la même chose dans cette Assemblée. Il se rend compte lui-même qu'il a déjà commis une première erreur.

Le Président: Votre question.

M. Boisclair: Puis je veux aller plus en détail avec lui. Quand on regarde les chiffres de l'enseignement universitaire, on se rend compte que c'est 200 millions d'argent neuf. Comme par hasard, ce 200 millions d'argent neuf, c'est le même montant qui reste à être versé pour les années 2006-2007, 2007-2008, annoncé par le ministre de l'Éducation à l'automne, réannoncé, signé officiellement, en décembre, avec les recteurs. En somme, il s'agit du même argent, du même 200 millions.

Alors, je veux demander au premier ministre: Le 200 millions d'argent qu'il veut injecter dans la campagne électorale, est-ce que c'est le même argent qui va figurer dans son bilan? En somme, est-ce que l'argent qui est dans son bilan va aussi figurer dans ses promesses électorales? Est-ce que c'est ça, M. le Président, de la transparence?

Le Président: M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: Alors, M. le Président, on a fait preuve de transparence. On a justement rendu public le programme que nous allons proposer. Il a été approuvé par les instances de notre parti. Ça s'est bien passé, aussi. Et nous allons réinvestir, pour chaque dollar qu'un étudiant ? ça représente 2 $ par semaine, soit dit en passant ? pour chaque dollar, nous allons réinvestir 10 $.

Mais on n'est pas les seuls à avoir ce point de vue là. J'ai cité tantôt le député de Richelieu, permettez-moi de citer le député de Vachon qui, ce matin, donnait une entrevue à la radio. Et, à la radio, M. Homier-Roy, qui l'interviewait, dit: «Oui, mais vous refusez ? il semble en tout cas ? l'idée même du dégel, alors qu'on sait bien ? puis on est d'accord, je pense, là-dessus ? que la somme qui est exigée par les étudiants n'est quand même pas déraisonnable, il pourrait y avoir ? je ne sais pas, le mot vous déplaît peut-être, mais ? un dégel relatif. Il pourrait y avoir une augmentation étalée. C'est un peu ce que M. Charest propose.» Le député de Vachon, ce matin, répond ceci: «Écoutez, [écoutez, moi,] je ne demanderais pas mieux que de croire une augmentation étalée, puis [...] une augmentation de 30 %...»

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre!

M. Charest: Mais il continue en disant ceci: «Mais, regardez, nous, ce qu'on dit, c'est: Gelons... maintenons le gel des frais de scolarité. Éventuellement, si on veut discuter de cette question, invitons les étudiants, les administrateurs et le gouvernement à la même table...

Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.

M. Charest: ...et ouvrons toute la table. Parce qu'il y a un peu d'hypocrisie dans le système, entre vous et moi.» De qui parlait-il au juste, M. le Président?

Le Président: En question principale, monsieur...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! En question...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!

Des voix:

Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, une dernière question complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.

M. André Boisclair

M. Boisclair: Bravo! Bravo au député de Vachon! Puis, l'hypocrisie dans le système, on va la battre à la prochaine campagne électorale.

Le Président: Votre question, M. le chef de l'opposition.

M. Boisclair: Et je reviens sur la question de fond. Le premier ministre et le ministre de l'Éducation ont annoncé des ententes d'un investissement de 320 millions dans le réseau d'enseignement. Ils nous l'ont annoncé en fin, à la toute fin de leur mandat, alors qu'ils s'étaient engagés à le faire au début, ils annoncent de l'argent neuf dans le réseau de l'éducation.

Quels sont ces chiffres qu'ils nous annoncent à peu près à trois, quatre reprises? D'abord l'annonce, le budget, la signature avec les recteurs, trois, quatre fois la même nouvelle. Les chiffres, c'est que, pour 2007-2008, ils prévoient 120 millions; pour 2009-2010, 80 millions. 120, 80, ça fait 200; c'est le même 200 millions qu'ils ont annoncé dans leur plateforme électorale. En somme, est-ce que le premier ministre peut mettre fin à ses exercices de comptabilité créatrice puis nous dire que le 200 millions qu'il a annoncé, qu'il va mettre dans son bilan, ça n'a pas de bon sens de le mettre non plus dans ses engagements électoraux?

Le Président: M. le ministre de l'Éducation.

M. Jean-Marc Fournier

M. Fournier: Si le chef de l'opposition regarde le programme et les chiffres, parce qu'il y en a qui expliquent ce que nous allons faire, il va voir, par exemple, que, pour les élèves en difficulté, le 1 000 professionnels de plus que nous allons chercher, nous ne l'avons pas établi comme prix à payer parce qu'on avait déjà annoncé ces montants-là.

À l'égard du 200 millions pour les universités et les collèges, c'est au-delà des sommes déjà annoncées et au-delà des coûts de système. Il faut les payer, les coûts de système, M. le Président, parce que, si on ne les paie pas, on recule.

Voici le portrait du Parti québécois lorsqu'il était au gouvernement, et le chef du Parti québécois était membre du gouvernement. Lorsque le Parti libéral a quitté, en 1994, il y avait un montant de 1,7 milliard pour les universités à toutes les années, une après l'autre: 1995, 1996, 1997, 1998. C'est toujours en dessous de l'année 1994. Pas juste qu'ils n'ont pas couvert les coûts de système, ils ont coupé les montants qu'il y avait au départ. Ça, c'est la gouverne du Parti québécois. Aujourd'hui, ils nous disent que les coûts de système, ça ne compte pas, M. le Président; les coûts de système, c'est les salaires des professeurs, c'est les abonnements dans les bibliothèques. Avec le Parti québécois, ce qu'on nous annonce, c'est quoi? Des professeurs qui s'en vont? Des bibliothèques dégarnies? Ils sont les alliés des étudiants ou leurs ennemis, M. le Président?

Le Président: En question principale, M. le député de Rousseau.

Hausse des tarifs de services publics

M. François Legault

M. Legault: M. le Président, parlant d'hypocrisie, tout le monde se souvient que le premier ministre avait promis 5 milliards de baisses d'impôt pour se faire élire en 2003. M. le Président, la semaine dernière, c'est la présidente du Conseil du trésor qui a fait le bilan du premier ministre. Ce qu'elle nous a dit, c'est que le gouvernement n'a pas pu baisser les impôts de 5 milliards, il a livré seulement 754 millions. Si vous faites un petit calcul, M. le Président, ça veut dire un bulletin, ça, une note de 15 %, et là-dessus on va se mettre d'accord avec la présidente du Conseil du trésor.

Mais, M. le Président, ça ne s'arrête pas là. Non seulement le premier ministre n'a pas respecté sa promesse concernant les baisses d'impôt, mais il a augmenté à peu près tous les tarifs au Québec: quatre fois en électricité, la hausse des coûts des services de garde malgré l'autre promesse qui avait été faite en 2003...

Le Président: Votre question.

M. Legault: ...hausse des taxes scolaires, etc. Je comprends que c'est long, M. le Président, mais les Québécois aussi trouvent que la liste est longue, d'augmentation des tarifs.

Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous dire: Depuis quatre ans, de combien a-t-il augmenté les tarifs à la population du Québec?

Le Président: M. le ministre des Finances.

M. Michel Audet

M. Audet: M. le Président, je comprends que le député de Rousseau a bien hâte que je lise mon troisième budget. Je vais le livrer ce soir. Il peut d'ailleurs, s'il va au huis clos, dès maintenant voir des chiffres qui vont justement confirmer que nous avons baissé les impôts des Québécois de 2,9 milliards jusqu'à présent, sans même tenir compte du prochain budget, M. le Président, et que d'autre part, d'autre part...

Des voix: ...

M. Audet: ...et que d'autre part nous avons, nous, indexé le régime fiscal pour tenir compte de l'inflation, depuis le début. Le Parti québécois, qu'est-ce qu'il a fait pendant qu'il était là? Mon collègue de l'Éducation l'évoquait tantôt: on pourrait avoir une liste aussi longue. 1995, qu'est-ce qu'ils ont fait avec l'indexation? Zéro indexation. 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2001, ils ont fait quoi? Ils ont financé, n'est-ce pas, sur le dos des contribuables les dépenses en n'indexant pas les impôts. Nous, on les a indexés. M. le Président, c'est 1,5 milliard que nous avons donné en indexation des impôts. Nous, nous l'avons retourné aux contribuables, M. le Président. C'est ça, de la gestion rigoureuse.

n(9 h 40)n

Le Président: En question complémentaire, M. le député de Rousseau.

M. François Legault

M. Legault: Est-ce que le ministre des Finances pourrait avoir une petite discussion avec la présidente du Conseil du trésor? Peut-être qu'elle lui dirait que les tarifs ont augmenté de 2,2 milliards depuis quatre ans. M. le Président, je vais prendre un exemple, qui est dans la plateforme du Parti libéral. Est-ce que le ministre des Finances peut nous dire, pour une famille moyenne avec deux enfants, deux revenus, 30 000 $ et 45 000 $, l'allégement fiscal qui a été donné, c'est 1 186 $, est-ce qu'il pourrait nous dire, pour la même famille, de combien les tarifs ont augmenté depuis quatre ans pour cette famille moyenne?

Le Président: M. le ministre...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: Mme la présidente du Conseil du trésor.

Mme Jérôme-Forget: M. le Président, comme le...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Mme la présidente.

Mme Monique Jérôme-Forget

Mme Jérôme-Forget: M. le Président, comme le député de Richelieu est muet, je profite de l'occasion de répondre parce qu'il a mentionné mon nom. M. le Président... j'ai dit Richelieu, c'est ça? Non, non, j'ai parlé tantôt de M. Richelieu.

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît.

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît. Mme la présidente du Conseil du trésor, adressez-vous à la présidence, ça va mieux. À l'ordre, s'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! Vous vous adressez à la présidence.

Mme Jérôme-Forget: M. le Président, c'est parce que je faisais référence au député de Richelieu, celui qui est pour le dégel des frais de scolarité, là, mais qui n'a jamais posé de question.

Alors, je profite de l'occasion pour dire au député de Rousseau, M. le Président, que, contrairement à ce qu'il affirme, quand j'ai mentionné les baisses d'impôt, j'ai toujours mentionné également ce qu'on donnait au soutien aux enfants, l'indexation et tous les volets, parce que, nous, on a fait le choix des familles, M. le Président. Croyez-le ou non, les familles à faibles revenus...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! En conclusion, rapidement, Mme la présidente.

Mme Jérôme-Forget: M. le Président, croyez-le ou non, nous, on trouve que c'est important, les jeunes familles, au Parti libéral du Québec. Nous, on estime que les jeunes familles à faibles revenus, c'est là où on a mis 2 milliards de dollars, et on s'en vante, M. le Président.

Le Président: Alors, dernière question complémentaire, M. le député de Rousseau.

Revenu disponible des ménages

M. François Legault

M. Legault: Oui, M. le Président. Est-ce que la présidente du Conseil du trésor réalise qu'elle a l'air un petit peu du capitaine Bonhomme qui me dit: Croyez-moi, cette fois-ci, je vous dis la vérité?

M. le Président, je repose ma question: Est-ce que le ministre des Finances peut nous confirmer que, pour une famille de deux enfants avec deux revenus, 30 000 $ et 45 000 $, que l'allégement fiscal, depuis quatre ans, incluant le soutien au revenu dont parle la présidente du Conseil du trésor, au total, ça représente 1 186 $?

Mais je vais lui dire le chiffre concernant l'augmentation de tarifs: c'est 2 190 $. Donc, ce que ça veut dire, c'est que la famille moyenne a sorti 1 000 $ de plus de sa poche avec ce gouvernement-là.

Le Président: Je considère cette question comme une question principale. Monsieur...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre! Question principale. M. le ministre des Finances.

M. Michel Audet

M. Audet: M. le Président, puisque le député de Rousseau a évoqué des chiffres, je vais lui donner les chiffres qui sont officiels, et il va voir que l'augmentation du revenu des ménages est une augmentation réelle, même avec ces chiffres d'augmentation de tarifs qu'il nous sort de nulle part. Voici, M. le Président. Avec un revenu familial... Je m'excuse, oui.

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! M. le ministre des Finances.

M. Audet: Avec un revenu familial de 25 000 $, l'augmentation, le gain pour la famille depuis 2003, depuis 2003, est de 5 400 $, M. le Président, 5 400 $. Toujours donc, au net, après impôt et inflation, le gain pour les familles d'un revenu familial de 50 000 $ est de 3 273 $, M. le Président. Et peut-être ça intéressera plus... ça intéressera les députés, pour un revenu de 75 000 $, donc...

Le Président: En conclusion.

M. Audet: ...pour un revenu familial de 75 000 $, le gain net pour les familles est de 4 267 $, M. le Président.

Le Président: En conclusion.

M. Audet: C'est ça, notre politique familiale.

Le Président: En question principale, M. le député de Rivière-du-Loup.

État des finances publiques

M. Mario Dumont

M. Dumont: Oui. M. le Président, dans les premiers gestes de son mandat, l'actuel premier ministre avait demandé à l'ancien Vérificateur général, Guy Breton, de faire une revue du budget qui avait été laissé par l'ancien gouvernement, pour y découvrir qu'on laissait... le budget de veille d'élection de l'ancien gouvernement laissait un trou de 4,3 milliards. Le premier ministre avait justifié son geste par son souci personnel de transparence, de donner l'heure juste sur l'état des finances publiques. Ce trou de 4,3 milliards a été son prétexte en or pour manquer à ses engagements semaine après semaine, mois après mois, durant tout un mandat, en santé, sur les baisses d'impôt. Tout au cours de ce mandat, le député des Chutes-de-la-Chaudière comme moi-même avons demandé au premier ministre d'être sérieux et de refaire à la fin du mandat le même exercice qu'au début, parce que ce n'est pas après l'élection qu'on veut savoir l'état réel des finances publiques, mais c'est avant de voter que les gens veulent le savoir...

Le Président: Alors, votre question.

M. Dumont: Oui. Ma question: Est-ce que le premier ministre se souvient des propos du Vérificateur général, qui dit: «Une comptabilité plus rigoureuse révélerait que le solde budgétaire est déficitaire. [...]le solde budgétaire cumulé aux fins de la Loi sur l'équilibre budgétaire affiche un déficit d'au moins 5,3 milliards de dollars»? Est-ce que le premier ministre est prêt à faire, sur le budget qui va être déposé dans les prochaines heures, le même exercice qu'il a fait en début de mandat, pour que les Québécois aient l'heure juste sur le trou qu'il laisse au moment de voter?

Le Président: M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: D'abord, M. le Président, la question du député de Rivière-du-Loup tombe bien, le jour d'un budget, où on pourra justement faire le point là-dessus. Je veux commencer avec un premier fait qu'il a évoqué aujourd'hui, ce trou de 4,3 milliards de dollars qui nous a été laissé par le gouvernement précédent, malgré le fait qu'ils avaient déposé un budget à la veille du déclenchement des élections générales. Et rappelons-nous, M. le Président, que Pauline Marois avait avoué par la suite qu'au mois de novembre 2002 elle avait dit à ses collègues, incluant le chef de l'opposition officielle, qu'il y avait un trou, au mois de novembre 2002 ? on ne parle pas de mars 2003 ? de 3,4 milliards de dollars dans les finances publiques et que le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, le 1er novembre dernier, disait ceci: «Les baisses d'impôt, on est d'accord, mais on ne peut pas en faire une grande priorité, disait-il. On connaissait la réalité de finances publiques», et qu'il a passé aux aveux au mois de novembre dernier.

Cela étant dit, M. le Président, le chef de l'ADQ doit savoir aussi qu'on a déposé, nous, un programme qui est chiffré, contrairement au programme que le chef de l'ADQ a déposé. On connaît, on connaît sa seule proposition-phare, là, ce serait de transférer de l'argent à des familles en allant piger dans les poches des gens qui sont à l'aide sociale. Disons que ce n'est pas la trouvaille du siècle, mais ça ressemble à l'ADQ. Alors que, sous notre gouvernement, il y a 52 000 personnes de moins à l'aide sociale, 10 % de moins de personnes à l'aide sociale.

Mais la vraie réponse à votre question puis à la question de tous les Québécois, elle ne viendra pas du chef de l'ADQ, ne viendra pas de l'opposition officielle, ne viendra pas non plus du côté du gouvernement, elle est donnée par les maisons de cotation de crédit...

Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.

M. Charest: ...qui, à deux reprises, ont rehaussé la cote de crédit du Québec au niveau maintenant où elle était en 1975.

Le Président: En question complémentaire, M. le député de Rivière-du-Loup.

M. Mario Dumont

M. Dumont: Oui. Est-ce que le premier ministre se prend au sérieux lorsqu'il parle de programme chiffré, alors que le même rapport du Vérificateur général dit que, s'il arrive au déficit zéro, c'est à cause de certaines méthodes comptables discutables qui donnent des résultats avantageux? C'est ça que le Vérificateur général dit de la comptabilité du gouvernement et c'est pour ça qu'on a une dette qui s'est accélérée en augmentation, qui va dépasser les 120 milliards.

Et est-ce que son refus de faire le même exercice, en fin de mandat, qui avait été fait en début de mandat ne tient pas au fait qu'il est couvert de ridicule parce qu'il s'est plaint d'avoir ramassé un trou de 4,3 milliards, puis il laisse aujourd'hui un trou de 5,3 milliards, d'après les chiffres du Vérificateur général?

n(9 h 50)n

Le Président: M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: M. le Président, ce serait plus convaincant, lorsque le chef de l'ADQ parle de chiffres, si lui-même était capable d'en produire, surtout à ce moment-ci. D'ailleurs, on a été habitués: du côté de l'opposition officielle, ils devaient produire le budget de l'an 1 il y a six mois, puis ils ne l'ont toujours pas produit. Le député de Rousseau n'a toujours pas donné un seul chiffre. Et là, du côté de l'ADQ, il n'y a pas un seul chiffre, alors qu'on a produit un programme chiffré, M. le Président.

L'autre chose que dit le chef de l'ADQ, c'est un commentaire sur nos engagements. Je lui fais remarquer que ceux qui se sont penchés justement là-dessus, pas plus tard qu'au mois de novembre 2006, des professeurs d'université, 27 profs d'université disaient: Le gouvernement Charest, bien noté. Dans l'ensemble, ils ont réalisé leurs engagements. En particulier en santé, ils disaient ceci, et je cite: «Soulignons que la santé est l'un des secteurs où le gouvernement a le mieux performé.»

M. le Président, on a respecté nos engagements. Et je reviens à ce que je mentionnais il y a une seconde...

Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.

M. Charest: ...le jugement porté par les maisons de cotation de crédit, c'est la plus absolue... Là, je comprends...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le premier ministre, je vous invite à conclure.

M. Charest: M. le Président, je comprends que l'opposition officielle est déçue, eux qui sont les auteurs du métro de Laval, puis la Gaspésia, puis les pertes à la SGF.

Le Président: En conclusion.

M. Charest: Quand on rehausse la cote de crédit à deux reprises dans l'espace d'une seule année, si le député de Rivière-du-Loup sait ce que ça veut dire, il saurait que c'est le jugement le plus absolu qui puisse être porté sur la gestion d'un gouvernement.

Le Président: Dernière question complémentaire, M. le député de Rivière-du-Loup.

M. Mario Dumont

M. Dumont: Oui, M. le Président. En rappelant au premier ministre que les firmes de cotation ne rembourseront pas la dette du Québec, c'est nos enfants qui vont être pris avec...

Est-ce que... Est-ce que le...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Rivière-du-Loup.

M. Dumont: Est-ce que le premier ministre, aujourd'hui, n'est pas en train de reconnaître que ce rapport Breton ne relevait pas du tout de son souci de transparence mais relevait de sa nécessité de se trouver, au lendemain des dernières élections, une excuse universelle pour manquer systématiquement à ses engagements durant tout un mandat? Et est-ce qu'aujourd'hui il se rend compte que ce que les Québécois voulaient comme changement, ce n'est pas des changements de méthode de calcul comme le ministre des Finances nous a faits puis, comme le ministre de la Santé a fait, changer la façon de calculer les délais d'attente, changer la façon de calculer le nombre de personnes dans les urgences?

Le Président: En conclusion, M. le député.

M. Dumont: Il avait promis des changements dans la vie des citoyens du Québec, il a livré des changements dans les méthodes de calcul. C'est rire en pleine face de la population.

Le Président: M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: J'invite tous les citoyens du Québec, M. le Président, à aller relire les remarques qui ont été formulées par les deux maisons de cotation de crédit qui se sont penchées sur les finances publiques au Québec. Ils retrouveront dans ces remarques les grands faits d'armes de ce gouvernement sur la question des finances publiques, entre autres un contrôle très rigoureux, hein, en deçà de 4 %, en moyenne, d'augmentation de programmes de dépenses par année. C'est en deçà de la moyenne des autres provinces et territoires, en deçà de la moyenne du gouvernement fédéral.

Mais en plus ils ont fait une remarque très importante à mes yeux: ils ont rehaussé la cote de crédit du Québec, M. le Président, parce qu'on a inclus et ce ministre des Finances a inclus un plan de réduction de la taille de la dette, qui s'appelle le Fonds des générations.

Or, le député de Rivière-du-Loup est contre le Fonds des générations, le chef de l'opposition officielle est contre le Fonds des générations, alors que la cote de crédit du Québec a été rehaussée grâce au Fonds des générations. Ça permet aux citoyens du Québec ? en voulez-vous un, résultat tangible? ? d'économiser 50 millions de dollars par année parce qu'on a fait notre travail. Ça, ce n'est pas un discours, ça, c'est des vrais chiffres, des vraies économies pour tous les citoyens du Québec, et c'est exactement ce que les Québécois voudront continuer après la prochaine élection générale.

Le Président: En question principale, Mme la leader de l'opposition officielle.

Dépenses électorales de la coalition
du Non au référendum de 1995

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, l'opposition officielle a mis la main sur deux documents du gouvernement canadien qui portent la mention «Secret».

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre! La parole est à Mme la leader de l'opposition officielle.

Mme Lemieux: Le premier document est une note datée du 6 juillet 1995 et qui était destinée à Mme Lucienne Robillard. La seconde note est datée du 19 juillet 1995 et elle était destinée au premier ministre du Canada, Jean Chrétien.

Dans la première note ? et je demande le consentement pour la déposer ? on y lit la chose suivante: «Après discussion avec nos partenaires de la coalition du Non, nous proposons de retenir les services d'une compagnie de production vidéo sécuritaire et fiable, Les Productions Harvey-Gagnon, pour les fins suivantes: [...]suivre et filmer les chefs fédéralistes[...]; filmer en région des témoignages de gens ordinaires, vox pop, qui expliquent pourquoi ils voteront non ou qui expriment leurs craintes face à la séparation...» On y lit, M. le Président, également que ce contrat sera passé par l'entremise de la firme BCP, sous le couvert de la campagne sur les rôles et services gouvernementaux du Canada. Et on conclut que l'ajout de 300 000 $ au contrat de BCP Publicité couvrira les frais de repérage, de tournage et de production pour la coalition du Non.

Le Président: Votre question, Mme la leader.

Mme Lemieux: On lit, M. le Président, dans le deuxième document, que je voudrais déposer et qui était destiné à Jean Chrétien, que «chaque partenaire principal serait garant du tiers des coûts du contrat; le gouvernement du Canada sera garant de 100 000 $, [et] le Conseil pour l'unité canadienne et le Parti libéral du Québec couvriraient le solde. [Et] le contrat serait passé par l'entremise de BCP».

Le Président: Votre question.

Mme Lemieux: Alors, M. le Président, c'est comme si le gouvernement du Québec, sous le couvert d'une campagne sur l'alcool au volant, faisait préparer du matériel électoral pour sa propre campagne.

M. le Président, est-ce que le premier ministre a été informé de cette manoeuvre?

Documents déposés

Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour les documents? Consentement. Les documents sont déposés.

M. le ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes.

M. Benoît Pelletier

M. Pelletier: Oui. Alors, M. le Président, comme vous le savez, il y a une enquête présentement qui a cours et qui est commandée par le Directeur général des élections. Cette enquête donc est tenue par le juge Grenier. Éventuellement, il rendra son rapport. Alors, j'encourage l'opposition officielle à communiquer toute information pertinente au D.G.E. et en même temps en profiter pour communiquer au D.G.E. les informations en ce qui concerne les dépenses du Conseil sur la souveraineté.

Le Président: En question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Mme Lemieux: M. le Président, ce qu'il est question ici, c'est de détournement de fonds. Alors, M. le Président...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le leader du gouvernement.

M. Dupuis: M. le Président, tout le monde sait qu'il y a actuellement une enquête importante qui se tient sur ce sujet-là. La leader de l'opposition doit être extrêmement prudente dans ses questions.

Le Président: Alors, Mme la leader de l'opposition, vous êtes en question complémentaire. Si vous voulez poser votre question.

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: Est-ce que j'ai besoin de rappeler au premier ministre qu'en 1995 le directeur général du Parti libéral du Québec était M. Stéphane Bertrand et que M. Bertrand est maintenant directeur de cabinet du premier ministre?

Alors, je repose ma question: Est-ce que le premier ministre a été mis au fait de cette manoeuvre et de ce détournement de fonds en 1995?

Le Président: M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: M. le Président, c'est triste que la leader de l'opposition termine cette session comme le Parti québécois l'a commencée en cette Chambre, par une campagne de salissage à la suite de faits non prouvés, non fondés. Il y a une enquête qui se tient actuellement, qui vérifie toutes ces questions-là.

Mais allez-vous, vous autres, procéder devant la commission pour dire ce que vous avez dépensé avant le référendum de 1995? Allez-vous le dire?

Le Président: En question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Financement d'activités de la coalition
du Non au référendum de 1995

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, ce qui est dommage et dommageable, c'est que le premier ministre du Québec ait délibérément choisi de déclencher des élections générales au Québec avant que toute la lumière soit faite...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! Alors, vous êtes...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! Alors, Mme la leader, vous êtes en question principale.

n(10 heures)n

Mme Lemieux: Alors, le premier ministre a choisi délibérément de tenir des élections générales avant que le rapport du juge Grenier soit connu. Nous déposons, ce matin, des documents nouveaux qui amènent des informations extrêmement importantes, des informations à l'effet qu'un détournement de fonds aurait eu lieu, qu'une facture aurait été partagée par le gouvernement fédéral, le Conseil de l'unité canadienne et le Parti libéral du Québec.

Je repose ma question au premier ministre: Le directeur du Parti libéral du Québec, en 1995, était Stéphane Bertrand. M. Bertrand est maintenant son directeur de cabinet. Je veux savoir s'il a été informé de cette manoeuvre.

Le Président: M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: M. le Président, s'il devait y avoir des élections, ce ne serait pas une surprise pour le chef de l'opposition qui dit, depuis je ne sais pas combien de temps, qu'il attend des élections, hein? Ça sent les élections pour André Boisclair, à pleines pages.

Mais, dans le programme du Parti québécois, M. le Président, en parlant de dépense de fonds publics, je pense que c'est important que la population sache qu'au lendemain de son élection le gouvernement du Parti québécois se limitera à poser uniquement les gestes absolument indispensables pour donner suite à son engagement de réaliser la souveraineté et qu'il engagera, M. le Président, des fonds publics pour la réalisation de ses objectifs. Ça, c'est important que la population sache ça, M. le Président.

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! En question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, je voudrais déposer une facture qui est à l'attention de Stéphane Bertrand qui est alors directeur général du Parti libéral du Québec, qui a été produite par la firme Harvey-Gagnon pour le tournage d'un vox pop, tel que prévu à cette entente dans les documents secrets que j'ai déposés il y a quelques minutes.

Est-ce que je dois comprendre, M. le Président, au silence du premier ministre, alors que se déroule une enquête sur les opérations illégales du comité du Non pendant la campagne référendaire, alors que le directeur général du Parti libéral du Québec était Stéphane Bertrand et qu'il est maintenant son directeur de cabinet, que M. Bertrand n'a pas pris soin d'informer le premier ministre de cette manoeuvre?

Document déposé

Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt du document? Consentement. Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: Je pense que la leader de l'opposition, M. le Président, qui se lève, aujourd'hui, sur ces questions-là, a la mémoire bien, bien courte, a la mémoire très courte relativement aux votes qui avaient été annulés suite au référendum de 1995, hein, des votes qui ont été annulés dans le comté de Chomedey entre autres, d'une part.

D'autre part, la dernière fois qu'il y a eu une enquête... Là, là, on ne sera pas dans les suppositions, on ne sera pas dans les campagnes de salissage de réputation. La dernière fois qu'un juge s'est penché, s'est penché sur les contributions illégales à un parti politique, il en a conclu que le Parti québécois avait reçu des contributions illégales. Le rapport du juge Moisan, ça vous dit quelque chose? Mme Boivin, ça vous dit quelque chose, hein? Renaud, ça vous dit quelque chose?

Le Président: Dernière question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, devant ces éléments nouveaux, est-ce que le premier ministre peut prendre l'engagement solennel qu'en sortant de ce salon bleu il lira les documents en cause et qu'il demandera des comptes à son directeur de cabinet sur le rôle qu'il a joué dans cette manoeuvre en 1995, impliquant ainsi le Parti libéral du Québec?

Le Président: M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: M. le Président, l'instance la plus objective qui soit pour toutes ces questions-là, c'est bien sûr l'instance du Directeur général des élections, qui a confié un mandat à un juge de regarder toutes ces questions-là. Le juge Grenier va regarder toutes ces questions-là de façon objective, de façon impartiale, il rendra un rapport, puis on verra à ce moment-là.

En attendant, en attendant, M. le Président, ce que la leader de l'opposition mentionne ne sont que des suppositions, une campagne de salissage de réputation, et je répète que les seules réputations qui ont été entachées dans cette Chambre, c'est la réputation du Parti québécois dans la dernière enquête relativement aux contributions illégales.

Le Président: En question principale, Mme la leader de l'opposition officielle.

Enquête du Directeur général des
élections sur Option Canada

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: Alors, parlons-en, de cette enquête du juge Grenier, M. le Président, sur les opérations illégales d'Option Canada. Cette enquête concerne plusieurs membres du personnel politique de l'actuel gouvernement. Ainsi, il y a trois personnes à l'emploi du cabinet du premier ministre, deux au cabinet du ministre des Finances, un au bureau du whip, un autre au cabinet du ministre des Affaires municipales, un auprès du ministre de la Santé ? il y a même un candidat libéral, M. le Président ? qui sont interpellés par cette enquête du juge Grenier, 11 personnes, et je ne compte pas le délégué du Québec à Toronto ni Alfred Pilon, un haut fonctionnaire qui est toujours en poste. Ces personnes ont été rémunérées par Option Canada et elles sont actuellement sous enquête. Le premier ministre a choisi donc de tenir ses élections générales avant la publication du rapport du juge Grenier, en l'absence de ce rapport, M. le Président.

Est-ce que le premier ministre peut nous affirmer, de son siège, que les personnes mentionnées n'ont pas enfreint les lois électorales du Québec?

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: Je ne sais pas quel commentateur disait, M. le Président, que cette campagne électorale allait être dure et sale, mais ce commentateur qui disait ça pensait sûrement, entre autres, à la leader de l'opposition officielle, et elle le prouve...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le leader du gouvernement, je vous demanderais de retirer les derniers propos que vous avez utilisés vis-à-vis... Très bien. M. le leader du gouvernement.

M. Dupuis: Page 21 du rapport de la commission d'enquête du juge Moisan, versé le 12 juin 2006, Conclusions générales sur les faits, je lis verbatim: «Par l'entremise de dons ou d'achat de billets par ses employés, Groupaction a versé des contributions au Parti québécois, à hauteur de 96 400 $. Le parti connaissait cette situation et il fermait les yeux.» C'est ça, les faits. Ça, c'est prouvé, c'est avéré, il n'y a aucun doute là-dessus.

Le Président: En question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, je demande au premier ministre... Il y a 11 personnes dans ses cabinets ? et je ne compte pas des gens qui occupent des hautes fonctions dans la fonction publique québécoise ? qui sont sous enquête, qui ont été rémunérées par Option Canada. Je demande simplement au premier ministre, dans le cadre de cette prochaine campagne électorale, s'il peut nous donner la garantie que ces personnes ? à défaut d'avoir le rapport du juge Grenier ? n'ont pas enfreint les lois électorales du Québec.

Est-ce qu'il a pris des mesures pour garantir aux Québécois que ces personnes n'ont pas enfreint la Loi électorale du Québec?

Le Président: M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: Ce que la leader de l'opposition est en train de faire, M. le Président, c'est le pire affront à nos principes de justice naturelle, fondamentale de notre système de justice. M. le Président, elle affirme des choses, en cette Chambre, qui ne sont que des suppositions, qui ne sont pas prouvées, qui ne sont pas avérées, et elle cherche strictement à salir des réputations. Ce serait tellement facile, M. le Président, ce serait tellement facile de répondre à la leader de l'opposition officielle: Pourquoi est-ce que c'est elle qui fait ce travail-là ce matin? Pourquoi c'est elle qui fait ce travail-là et pas la personne qui est à sa gauche?

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! En question complémentaire, Mme la leader de l'opposition officielle.

Respect de la Loi électorale par des
membres du personnel politique

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, ce qui serait tellement facile pour le premier ministre, c'est de dire aux Québécois: Je suis conscient qu'il y a 11 personnes dans mes cabinets qui sont interpellées par cette enquête, y compris, également, deux hauts fonctionnaires, et je suis conscient que je dois donner des garanties, à défaut d'avoir à notre disposition un rapport clair, net et précis, de donner des garanties que ces personnes n'ont pas enfreint la Loi électorale.

M. le Président, je comprends, au silence du premier ministre, qu'il est incapable de nous donner ces garanties. Considérant, M. le Président, qu'il ne peut donner ces garanties, qu'il s'agit... Ce qui est en cause, c'est des manquements à nos lois électorales, c'est aussi une affaire de détournement de fonds dont aurait été au coeur son directeur de cabinet.

Est-ce que le premier ministre convient que la seule solution qu'il nous reste à ce moment-ci, c'est d'indiquer aux Québécois que, ni de près ni de loin, ces personnes ne seront impliquées dans la prochaine campagne électorale?

Le Président: Alors, c'était une question principale. M. le leader du gouvernement et vice-premier ministre.

M. Jacques P. Dupuis

M. Dupuis: M. le Président, M. le Président, je suis totalement, complètement dérouté, scandalisé par la question de la leader de l'opposition officielle qui a le front, M. le Président, de se lever aujourd'hui, en cette Chambre, de poser des questions qui ne sont que des suppositions, des questions qui ne sont faites que pour salir des réputations, des questions qui sont faites au sujet de gens qui ont le droit, comme tous les citoyens du Québec... tous les citoyens du Québec ont le droit à la présomption d'innocence.

Il y a actuellement une enquête qui se tient devant un juge réputé, devant un juge impartial, devant un juge, M. le Président, qui tient une enquête tout à fait objective. Et, si la leader de l'opposition officielle était le moindrement... avait le moindrement d'honnêteté intellectuelle, elle regarderait, elle regarderait...

n(10 h 10)n

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le leader...

Des voix: ...

Le Président: À l'ordre! À l'ordre! Je vous demande de...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! Je vous demanderais de retirer vos derniers propos. Très bien. Et en conclusion.

M. Dupuis: Si la leader de l'opposition officielle, si la leader de l'opposition officielle voulait regarder à sa droite et à sa gauche, et à sa droite et à sa gauche, elle verrait des gens qui ont enfreint la Loi électorale et des gens qui ont enfreint le Code criminel. C'est ça qu'elle verrait.

Le Président: Alors, ceci met fin à la période de questions et réponses orales.

Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis. M. le leader du gouvernement.

Motions sans préavis

Définir le cadre de la séance extraordinaire

M. Dupuis: Oui, M. le Président. Permettez-moi de présenter la motion suivante qui a pour objectif évidemment de fixer le cadre temporel de cette séance extraordinaire. Donc, M. le Président:

«Que, dès l'adoption de la présente motion, se tienne le débat restreint sur les motifs de la convocation;

«Qu'au terme du débat restreint, l'Assemblée mette immédiatement fin aux affaires courantes pour procéder aux affaires du jour;

«Qu'au tout début des affaires du jour, sous réserve du paragraphe suivant, il soit permis à certains députés de s'adresser à l'Assemblée pour une durée maximale de cinq minutes chacun;

«Qu'à 16 heures, il soit permis au ministre des Finances de prononcer le discours du budget;

«Qu'immédiatement après, le critique financier de l'opposition officielle puisse faire [ses] commentaires pour une durée maximale de 20 minutes;

«Qu'ensuite, un député indépendant puisse faire des commentaires pour une durée maximale de 10 minutes;

«Qu'au terme de ces commentaires, les séances extraordinaires prennent fin;

«Qu'à tout moment des séances extraordinaires, le président puisse suspendre les travaux à la demande d'un ministre ou d'un leader adjoint du gouvernement;

«Que l'Assemblée puisse poursuivre ses travaux nonobstant les heures prévues pour les suspensions et l'ajournement;

«Que l'Assemblée puisse siéger tous les jours à compter de 9 heures jusqu'à ce qu'elle décide d'ajourner ses travaux et qu'elle débute ses séances pour la période des affaires courantes;

«Que les dispositions du règlement inconciliables avec la présente motion ne puissent s'appliquer;

«[Et] je propose donc que cette motion devienne un ordre de l'Assemblée.»

Mise aux voix

Le Président: Cette motion, est-elle adoptée? Cette motion, est-elle adoptée? Adopté.

Débat restreint sur le motif de la
convocation en séance extraordinaire

Conformément à l'article 27 de notre règlement, nous allons entamer le débat restreint sur le motif de la convocation en séances extraordinaires. Et le partage du temps sera le suivant: 10 minutes sont allouées aux députés indépendants; les deux groupes parlementaires se partageront également le reste de la période consacrée à ce débat. Dans ce cadre, le temps non utilisé par l'un des groupes pourra être utilisé par l'autre groupe, tandis que le temps non utilisé par les députés indépendants sera redistribué également entre les deux groupes parlementaires, étant entendu que cette répartition ne pourra être effectuée avant que le temps dévolu aux deux groupes parlementaires ne soit entièrement écoulé. Et les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.

Je suis prêt à reconnaître un premier intervenant. Alors, M. le député de Hull.

M. Roch Cholette

M. Cholette: Merci, M. le Président. C'est un moment important, aujourd'hui, à cette assemblée où le premier ministre nous a convoqués pour une séance extraordinaire de notre Assemblée. Comme vous le savez, les règles parlementaires font en sorte que c'est la prérogative du premier ministre qui fait en sorte que nous nous retrouvons, aujourd'hui, entre autres, pour cette période de questions, mais aussi pour le discours du budget qui aura lieu plus tard, aujourd'hui, un budget qui va marquer, comme tous les budgets marquent, l'histoire de notre gouvernement, l'histoire du Québec, quand on pense, par exemple, aux avancées importantes, réalisées par le ministre actuel des Finances, concernant la création du Fonds des générations. Soit dit en passant, Fonds des générations qui est accueilli très largement de façon positive par l'ensemble des chroniqueurs du monde financier, malheureusement pas accueilli de la même façon par le chef de l'Action démocratique du Québec, par le chef du Parti québécois, qui... Pour eux, la dette: pas tout à fait importante au Québec. D'ailleurs, on voit, avec les programmes politiques présentés par ces formations politiques, que l'endettement du Québec n'est vraiment pas une préoccupation des premiers instants.

Mais, vous savez, M. le Président, j'aurai la chance, ce matin, de faire le tour de quelques éléments qui font en sorte que le budget d'aujourd'hui va marquer en fait la fin de la boucle d'un bilan de gouvernement extrêmement impressionnant au bénéfice des citoyens du Québec, un bilan d'ailleurs qu'on va utiliser, qu'on va pouvoir débattre dans les 33 prochains jours, bilan qui mérite, mérite d'être connu parce qu'il sera le gage donc de la réussite et de la réalisation des engagements à venir par notre formation politique.

Alors, M. le Président, je partagerai ce matin, avec d'autres collègues du parti ministériel, le temps qui nous est imparti pour commenter justement cette convocation spéciale de l'Assemblée nationale quelques semaines précédemment la date prévue pour notre retour.

Évidemment, plusieurs mots viennent à l'esprit lorsqu'on parle du bilan du gouvernement du Parti libéral et du premier ministre actuel. Plusieurs mots caractérisent les réalisations et le genre de gestion que nous avons réussie au cours des quatre dernières années: le mot «courage», le mot «rigueur» et le mot «responsabilité».

Courage parce que c'est un gouvernement qui n'a pas eu peur de prendre des décisions difficiles. Pensons aux nombreuses décisions qui ont dû être prises, notamment en matière de santé, en matière de finances publiques, en matière de relations de travail, en matière de gestion de l'État. Ce sont toutes des décisions qui ont nécessité un large élan de courage de la part d'une administration. D'ailleurs, fait qui est très à noter ? et je suis content de voir que le chef de l'opposition officielle est toujours parmi nous ? c'est que l'ensemble de ces décisions qui ont suscité beaucoup de commentaires mais qui ont nécessité beaucoup de courage, d'un côté de la bouche, ont été décriées par le chef de l'opposition officielle, et, de l'autre côté de la bouche, il ne veut revenir sur aucune de ces décisions. Parlez-en à Marc Laviolette.

Le chef de l'opposition officielle va décrire, dans les 33 prochains jours, un bilan du gouvernement qu'il va qualifier de peu reluisant, alors que, de l'autre côté de la bouche, il va refuser de revenir sur un seul accomplissement de ce gouvernement, que ce soit la modification de l'article 45 du Code du travail, que ce soient la création des conférences régionales des élus, la création du Fonds des générations, la diminution du nombre d'accréditions syndicales dans le milieu hospitalier, que ce soient la création de l'Agence des partenariats public-privé, la diminution de la taille de l'État, la réorganisation de nos conseils d'administration sur les organismes gouvernementaux, sur les différents conseils d'administration des organismes gouvernementaux.

Pas une fois, vous n'allez entendre le chef de l'opposition officielle dire: Je suis tellement contre, c'était tellement mauvais que je vais revenir en arrière. Non, il va vouloir continuer, faisant fi... et versant des larmes de crocodile pour dire: Ah, c'était épouvantable, prendre ces décisions-là! Mais, d'un autre côté, il va vivre avec. D'un autre côté, il va dire en campagne: Non, non, non, je ne suis pas pour revenir en arrière. Non. J'ai déchiré ma chemise lorsqu'on a modifié l'article 45 du Code du travail, mais jamais je ne reviendrai en arrière. C'est ce qu'il va nous dire. Et ça, ça prouve une seule chose: c'est un manque de courage, c'est un manque de conviction. En Outaouais, on dirait: Les bottines ne suivent pas les babines. Malheureusement, le chef de l'opposition va faire campagne en disant quelque chose de la main gauche et son inverse de la main droite. Et ça, ça va caractériser la campagne du chef de l'opposition officielle. En fait, c'est une caractéristique que l'Action démocratique partage: la notion de girouette. Un matin, c'est blanc, le lendemain matin, bien c'est noir.

n(10 h 20)n

Lorsqu'on parle de responsabilité, on parle aussi d'un gouvernement qui a su prendre les décisions qui ont été difficiles mais nécessaires, pas pour la cause souverainiste, mais pour le bien de la population du Québec. Prenons des exemples concrets. Le Parti québécois, lorsqu'il a été là, a ruiné ? et je pèse mes mots ? a mis à terre un système de santé en mettant à la retraite ces hommes et ces femmes qui offrent des soins. Parce que c'est bien beau, dire: On va mettre de l'argent dans le système de santé. C'est bien beau, dire: On va bâtir des hôpitaux, on va rééquiper nos hôpitaux, on va changer la façon de fonctionner à l'urgence. C'est bien facile de dire ça, mais, au bout de la ligne, ça prend des hommes et des femmes pour soigner les patients du Québec. Ce sont des hommes et des femmes qui font le sacrifice d'une vie, presque, pour aller soigner au chevet donc de ces malades.

Qu'est-ce que le Parti québécois a fait en matière de santé? Quel est l'item le plus important que l'on se souvient, en neuf ans de pouvoir du Parti québécois, en matière de santé? Il a mis à la porte 4 000 infirmières ? 4 000 infirmières ? et il a mis à la porte 1 500 médecins. Il leur a dit: Nous, on n'a plus besoin de vous au Québec. Votre contribution, c'est fini, ça, merci beaucoup, bonjour. Les Québécois ne sont pas assez malades pour mériter 1 500 médecins. Dehors! Ça, par régions, c'est 100 médecins. Imaginez ce qu'on pourrait faire en Outaouais avec 100 médecins de plus. Imaginez le nombre de patients qui auraient un médecin de famille si ces 100 médecins de plus étaient toujours en poste. Ça, c'est l'héritage du Parti québécois. Ça, c'est l'héritage que vous nous avez laissé après neuf ans de règne où l'objectif de la souveraineté a passé en avant de l'objectif de la santé des citoyens du Québec.

Et là on est en train de réparer les pots cassés grâce au ministre de la Santé, au premier ministre, à toute l'équipe qui en a fait une priorité. Et je vois le chef de l'opposition acquiescer à ce que je dis, évidemment. Je le vois hocher de la tête. Bien, la différence, c'est que, nous, on en fait une priorité, et, pour le Parti québécois, il nous a laissé cette priorité, constatant leur échec évidemment, constatant qu'ils n'ont aucune crédibilité. Je peux m'imaginer, moi, au caucus du Parti québécois, dire: Oui, bien, la santé, ce serait bien important qu'on essaie de réparer ça dans un programme politique. Puis là il y a des gens d'expérience comme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve qui a dit: Oui, mais, M. le chef, on n'est pas très crédibles en santé. On n'est pas capables de faire accroire au monde que tout à coup c'est une priorité. On en a mis 1 500 à la porte, des médecins, puis on a mis 4 000 infirmières à la porte. On ne peut pas dire que c'est une priorité au Parti québécois. Il faudrait inventer quelque chose d'autre.

Ah, je le sais, moi! On va inventer l'éducation comme priorité. Ah! C'est ça. Puis là on va faire accroire qu'on croit ça, nous autres, au gel des frais de scolarité. Ah! le Parti québécois s'est dit ça en caucus, puis là il y a de la chicane. Le député de Richelieu a dit: Ça n'a pas grand bon sens, M. le chef, ça n'a pas grand bon sens, prévoir des gels de frais de scolarité. Ça fait 13 ans que c'est gelé. Les universités sont en train d'étouffer grâce à ça. C'est irresponsable de faire ça. C'est irresponsable de promettre ça pour gagner quelques votes.

Oui, mais le chef a probablement dit: Oui, bien, écoute, il faut bien offrir quelque chose. Là, les libéraux vont être responsables, eux autres. Ils vont dire que 2 $ par semaine, c'est responsable d'augmenter ça, puis c'est une part raisonnable. On va inventer un slogan. On va dire que les frais de scolarité, bien, dans le fond, il y a des coûts de système là-dedans puis ce n'est pas de la vraie argent puis... Mais, moi, dans mon comté, là, la vraie argent, c'est l'impôt que le monde paie, puis là on va mettre 1 milliard de plus en éducation par rapport à 1 $ ou 2 $ par semaine pour les étudiants. Ça, ça fait quoi? C'est un ratio de 1 $ pour 10.

Mais, pour revenir à la santé, le Parti québécois a abdiqué cette responsabilité-là. Pour le Parti québécois, c'est probablement la dernière page du programme ? qu'ils ne nous ont pas dévoilé encore. Ce sera probablement la page 150, bien après la page 1, parce qu'on sait que la page 1 du Parti québécois, je peux l'annoncer tout de suite, chers collègues, la page 1, ce serait la souveraineté du Québec, en tout cas, s'ils sont conséquents, là. Par magie, la souveraineté du Québec va tout régler. Les 1 500 médecins, là, que vous avez mis à la porte, ils reviennent le jour de la souveraineté. C'est ça? C'est ça? Vous allez inventer 1 500 médecins puis vous allez tout à coup inventer 4 000 infirmières que vous avez mises à la porte, suite à la souveraineté.

Donc, page 1 du programme, c'est la souveraineté; page 100, ce sera la santé, ce sera la dernière responsabilité ou priorité du gouvernement... d'un futur gouvernement du Parti québécois, j'imagine. Pourquoi? Bien, parce qu'il faut bien en parler. Mais là vous n'allez pas revenir sur les décisions courageuses qu'on a prises comme, par exemple, revoir l'organisation du travail dans les milieux de santé, diminuer le nombre d'unités d'accréditation syndicale pour faciliter la gestion, un petit peu moins de présidents de syndicats puis un petit plus de travailleurs sur le plancher, entre autres, pour nettoyer nos hôpitaux, pour offrir des soins aux patients, pour aider les patients, pour avoir plus de services.

On a fait quoi, aussi? Bien, on a investi. Parce que là il y avait eu de graves carences en termes d'investissement, parce qu'on se rappelle que la seule chose que le Parti québécois va faire au pouvoir, puis ils l'ont fait durant neuf ans, ce sont juste les éléments qui sont essentiels à une cause: la souveraineté. Puis mettre de l'argent dans les CLSC puis soins à domicile, ça ne fait pas partie de la liste des priorités, ça, ce n'est pas important. Puis, soigner le monde, ce n'est pas important, ce n'est pas important, ça. Bien, nous, on va mettre... on a mis de l'argent, pas «on va mettre», on a mis de l'argent.

Les marges de manoeuvre que le gouvernement s'est dégagées, c'est-à-dire que les citoyens du Québec se sont dégagées, les contributions qu'ils ont mises, bien ça, on a pris ça puis on a mis ça en grande partie en santé, parce que, pour nous, c'était la seule ou la première priorité. Donc, deux tiers des marges de manoeuvre, on a mis ça en santé. Ça a permis quoi? On a plus d'étudiants en facultés de médecine, on a embauché plus de médecins, plus de médecins étrangers, plus d'équipements, des nouveaux locaux. On a mis de l'argent, de l'oxygène dans le réseau de santé. Est-ce que c'est parfait? Bien non, ce n'est pas parfait puis c'est pour ça qu'on a besoin de quatre autres années, parce que ce n'est pas parfait.

Mais imaginez deux minutes le retour du Parti québécois. Imaginez ça alors que ce n'est même pas une priorité. Il arrive quoi? Imaginez ça. Il arrive quoi en santé? On ne vous a pas entendus encore, de l'autre côté. Expliquez-nous ça. On va faire quoi en santé? Juste deux minutes. Je regarde l'organisateur en chef, qui a un beau sourire, j'imagine qu'il n'a pas été dans les conventions, récemment, de son parti, avec un large sourire comme ça. Il n'est pas capable de faire passer un seul de ses candidats, pas un seul de ses candidats. Alors, je vois ça. Ça peut bien rire, de l'autre côté.

En santé, qu'est-ce qu'on a fait aussi? On a fait passer les délais d'attente en radio-oncologie... Lorsqu'on a pris le pouvoir, les gens attendaient. Il y avait 400 personnes qui attendaient plus de quatre semaines pour avoir des traitements de radio-oncologie. Puis je sais de quoi je parle, j'ai vécu ça de près, moi, les traitements de radio-oncologie dans ma famille. C'est l'enfer, attendre pour des traitements lorsque tu as le cancer. Sérieusement, là, c'est carrément inacceptable. Non seulement, avant, ils les mettaient dans un autobus, puis ils s'en allaient à Plattsburgh pour se faire soigner, non seulement ça, mais il y en avait 400 qui attendaient plus qu'un mois pour recevoir un premier traitement. Bien, avec notre gouvernement, il n'y a plus personne qui attend plus de quatre semaines pour recevoir leurs traitements en radio-oncologie. Ça, ce n'est pas rien. Ça, là, c'est des gestes concrets pour le bien-être des citoyens du Québec.

On avait 17 groupes de médecine familiale sous le Parti québécois, 17; on en a maintenant 121. Ça veut dire quoi? C'est des beaux termes, ça veut dire qu'il y a plus de gens qui sont pris en charge par un médecin de famille qui assure le suivi. Il y avait 9 600 personnes au Québec, sous le PQ, qui avaient un médecin de famille, il y en a maintenant 955 000, chers collègues. On est parti de 9 600 à 955 000 et on compte toujours. Ça, c'est des gestes concrets.

Il y a de l'assurance médicaments gratuite pour 300 000 personnes de plus au Québec grâce à l'équipe libérale. Ça, c'est simplement un bref tableau de ce qu'on a fait en matière de santé, sans parler du nombre de personnes, beaucoup plus de personnes, 20 % de plus d'opérations au niveau du genou, de la hanche, des cataractes, l'accès garanti, les soins garantis pour ces opérations-là grâce à un projet de loi qui, encore là... Vous avez voté contre, vous avez été en désaccord avec un projet de loi qui garantit l'accès aux soins de santé. Et ça, c'est le bilan, ça, c'est le bilan d'un Parti québécois qui non seulement a délaissé la santé lorsqu'ils étaient au pouvoir, mais qui l'a délaissée également lorsqu'ils étaient dans l'opposition.

En matière de prospérité maintenant. Parce que la compassion, ça a été une marque de commerce de l'équipe libérale, de toute l'équipe libérale, mais maintenant, au niveau de la prospérité, bien, le premier ministre l'a dit tantôt, en matière de gestion des finances publiques, je pense qu'on a fait les preuves, la cote de... Puis la meilleure façon de voir ça, c'est qu'il y a quelqu'un d'indépendant qui a regardé ça, qui a regardé les finances publiques du gouvernement puis il a dit: Honnêtement, là, c'est le meilleur portrait des finances publiques depuis 30 ans. Pas trois, 30 ans. La cote de crédit, c'est la meilleure, depuis René Lévesque, qu'on a au gouvernement du Québec. Je comprends les gens rire, l'autre côté, soit parce qu'ils ne le comprennent pas ou parce qu'ils sont gênés. Mais 30 ans, une cote de crédit, il faut le faire. On a le plus bas taux de chômage depuis 30 ans au Québec.

Les régions vont mieux, il y a moins de monde qui quitte les régions. Il y a moins de monde qui quitte les régions, mais on a aussi pris des décisions difficiles en matière de régions. Pour préserver la ressource, notamment au niveau de la forêt, bien on a fait ce que le PQ n'a jamais eu le courage de faire, surtout lorsque le chef de l'opposition était ministre de l'Environnement... n'a jamais été capable de convaincre ses collègues au Conseil des ministres de protéger la ressource. Ça, c'est le bilan environnemental du Parti québécois lorsqu'on se souvient que le député de Gouin était ministre de l'Environnement. Un poids faible autour de la table du Conseil des ministres, il est rendu leur chef.

n(10 h 30)n

En matière d'éducation, on a fait plus en un mandat... En fait, on a fait plus en un mandat que le Parti québécois a fait en neuf ans de pouvoir, en deux mandats. On a mis plus d'argent réinvesti en une seule année que le PQ a fait en neuf ans. Ça donne des proportions. Ce n'est pas toujours plaisant de parler de chiffres, parce que c'est compliqué, mais, comme barème, là, comme étalon de mesure, on a fait plus en un an qu'ils ont fait en neuf ans. Puis l'ADQ, bien on ne le sait pas parce qu'ils ne nous ont rien dit encore sur la question de l'éducation.

On a fait quoi aussi pour l'éducation? Non seulement on a mis de l'argent, mais on a mis de l'argent pour quoi? Pas pour des structures, pour donner une heure et demie de plus d'enseignement au primaire. Moi, j'ai un gars au primaire, je vous dis que ça fait une différence. Une heure et demie de plus au primaire. L'anglais dès la première année.

On s'est occupés notamment des jeunes en difficulté, alors que, vous, dans la lignée des mises à la retraite, hein, vous avez décidé quoi? Vous avez mis 4 000 infirmières... J'espère que vous allez me répondre là-dessus, l'affaire des 4 000 infirmières puis 1 500 médecins. Peut-être que vous allez être capables de me dire que ce n'est pas vrai, vous allez inventer des chiffres nouveaux. Mais il y a eu ça. Ça, c'est des gens qui ont été mis à la retraite. Vous avez mis 1 500 spécialistes des écoles à la retraite également, hein? On a mis ça dehors. Des spécialistes qui s'occupent des enfants en difficulté, ce n'était pas important. Ils ne votent pas, eux autres. J'imagine que ça n'aidait pas la cause souverainiste. Alors, dehors, dans la foulée du déficit zéro, un autre 1 500 personnes, qui aidaient les plus vulnérables d'ailleurs. Le député de Vachon dit oui à ça. J'imagine qu'il dit oui, il était dans le réseau, il voyait ça. Alors, 1 500 personnes à l'extérieur qui aidaient les plus démunis.

Et, nous, ce qu'on a fait, on a renversé la vapeur. Non seulement on a réembauché ou on est en train de réembaucher ces 1 500 personnes là, mais on l'a augmenté de 300, on est rendus à 1 800. Alors, évidemment, en matière d'éducation, ce sont tous des constats qui font en sorte que notre bilan est plus que positif, sans compter ce qu'on a investi en région. Je pourrais vous parler de l'Outaouais. J'aurai la chance de le faire à un autre moment donné. Mais évidemment l'éducation a été la deuxième grande priorité de ce gouvernement, et les argents, les efforts qu'on a consentis témoignent de cette réalité.

Il est clair également qu'en matière d'environnement le Parti québécois va avoir pas mal de gêne à parler de ça avec crédibilité, alors que les efforts environnementaux ont été à peu près nuls sous le député de Gouin comme ministre de l'Environnement. Ça a été la consternation dans le domaine de l'agriculture. Chez nous, le plan vert a été largement accueilli. Pensez aux tiers qui corroborent ce genre de plan, le plan vert, le gouvernement fédéral qui vient d'accepter de contribuer d'ailleurs, une avancée importante également au niveau du transport en commun. Alors, ce sont tous des éléments qui vont dans le sens de s'occuper de notre planète et de notre province.

Évidemment, les intérêts du Québec, c'est sous l'équipe libérale, le premier ministre actuel que le Québec a été reconnu comme une nation. Ça a pris presque trois jours pour voir le chef de l'opposition officielle se réjouir de cette reconnaissance comme nation. Un peu coincé dans son habit souverainiste, comment peut-il réagir? Dois-je me réjouir que le gouvernement fédéral reconnaît le Québec comme une nation? Dois-je me réjouir, lorsque je suis dans les souliers du chef de l'opposition, ou est-ce que, par idéologie, je dois dire: Non, ça n'a pas de bon sens, ça vient m'enlever des munitions lors du référendum?

Alors, coincé, en trois jours, dansant d'une jambe à l'autre, un peu comme dans d'autres dossiers, alors, finalement, il se joint à l'Assemblée pour avoir une motion unanime pour reconnaître justement un geste historique pour le Québec, la reconnaissance de la nation, soit dit en passant, où les citoyens du Québec y gagnent, y gagnent pourquoi? Parce que cette reconnaissance-là n'est pas seulement que symbolique, mais fait le prélude à de nombreuses ententes qui ont été conclues entre l'équipe libérale et le gouvernement fédéral, pour plus de 14 milliards de dollars. Ça, c'est bien des mots, c'est bien de l'argent, c'est bien des chiffres, mais 14 milliards de dollars... 1 milliard, c'est 1 000 millions. 1 000 millions. Et c'est des ententes historiques pour plus de 14 milliards de dollars sous le règne de l'équipe libérale. Alors, 14 fois 1 000 millions. Et ça, évidemment, c'est au bénéfice des citoyens du Québec, c'est au bénéfice des citoyens, qui en bénéficient.

Puis je pense, moi, quand je fais le tour du Québec, je pense qu'ultimement c'est ça qu'on souhaite, avoir de l'harmonie, cesser les chicanes. Parce que ça, c'est un autre thème qui revient, au niveau du Parti québécois, le mot «chicane». Ça, par exemple, vous êtes bons là-dedans. Ah, ça, là, La chicane au Québec, ça devrait être le titre de votre document de réflexion parce que, ça, vous êtes bons là-dedans, au niveau de la chicane à l'intérieur de votre parti, au niveau de la chicane dans vos instances, au niveau de la chicane avec les alliés fédéralistes. Au niveau de la chicane, ça, on vous laisse ça, vous êtes top. Mais je pense que les Québécois en ont soupé de ces chicanes. D'ailleurs, lorsque tu es en chicane, c'est dur de faire des ententes. Lorsque tu es en harmonie... bien, on en a signé pour 14 milliards.

Alors, M. le Président, je terminerai cette présentation évidemment en souhaitant que les Québécois puissent comparer. Ils auront à comparer le bilan que je viens de dresser très sommairement, parce qu'il est tellement important comme bilan, c'est difficile de faire le tour de tout cela. Mais ce que j'invite les citoyens à faire, c'est évidemment de comparer. Comparer l'équipe, comparer l'équipe de candidats et de candidates vraiment enracinés dans les comtés du Québec. À comparer le programme. Encore faut-il voir le programme de nos adversaires. Nous, on l'a mis sur la table. Nous, on l'a mis sur la table, bien évidemment. Puis on a fait des gestes courageux, là-dedans. Les frais de scolarité, on a eu des discussions, c'est bien évidemment qu'on a fait ça, puis on est arrivés à un consensus en disant que c'est un geste courageux, responsable de dire que 2 $ par semaine c'est un geste modéré, raisonnable qui va permettre un peu plus d'oxygène dans le système. Au profit de qui, en passant? Au profit des étudiants eux-mêmes.

Alors, comparons donc l'équipe, comparons donc les programmes, où c'est clair, c'est très clair, pour le Parti québécois, le programme est sous-jacent à une seule chose, la souveraineté. Et seuls les gestes qui vont mener à la souveraineté vont être dans le programme. Donc, j'imagine que la santé ne sera pas là. Et finalement on va comparer les gens qui mènent ces formations politiques, le leadership de ces gens, le courage de ces gens et le jugement de ces gens, de ces trois chefs. J'imagine que c'est un mot qui ne reviendra pas souvent dans le vocabulaire de nos amis d'en face, le «jugement» des chefs, parce qu'à date ce n'est pas l'apanage du Parti québécois, le jugement. À la fin de la journée, les Québécois auront à choisir quel homme, quelle femme veulent-ils pour mener encore le Québec pour quatre ans et ultimement qui s'est mieux placé pour montrer un jugement nécessaire à mener les destinées du Québec. Ultimement, c'est la question qu'il faut poser. Moi, je connais déjà la réponse. Merci beaucoup.

Le Vice-Président (M. Cusano): Je vous remercie, M. le député de Hull. Je reconnais maintenant M. le chef de l'opposition officielle.

M. André Boisclair

M. Boisclair: Merci, M. le Président. Dans quelques heures, M. le Président, le gouvernement déposera un budget. Dans quelques heures, il déclenchera des élections. Le premier ministre et les gens de l'équipe du Parti libéral du Québec nous ont indiqué qu'ils souhaitaient faire la campagne sur le thème de la continuité. Je pense qu'à ce moment-ci une question est sur toutes les lèvres des Québécois, sur toutes les lèvres des Québécoises: Si le gouvernement de M. le premier ministre veut faire dans la continuité, que vaut la parole du premier ministre, chef du Parti libéral du Québec?

Les Québécois connaissent ce que signifie la valeur de la parole du premier ministre quand ils pensent à toutes les promesses qui ont été rompues par le Parti libéral du Québec. Cette baisse d'impôt de 5 milliards de dollars jamais venue. Non seulement cette promesse n'a pas été respectée, mais en plus le gouvernement a ajouté pour plus de 2 milliards en droits et tarifs de toutes sortes, faisant en sorte d'alourdir le fardeau fiscal de bien des familles et en particulier des familles de la classe moyenne.

Les Québécois se souviennent d'avoir entendu un premier ministre, chef du Parti libéral du Québec, avoir promis de geler les frais de services de garde à 5 $. Pourtant, peu de temps après son élection, celui-ci rompait son engagement, cassait sa parole et les augmentait à 7 $.

Les Québécois se souviennent d'un premier ministre qui s'était engagé à régler la question du mont Orford dans le respect des populations locales: une lettre signée de sa main. Qui sont aujourd'hui les gens, M. le Président, qui appuient la vente du mont Orford?

Où est la parole du premier ministre qui en catimini a tenté de faire financer des écoles à statut particulier, à confession religieuse particulière? Il a dû être rappelé à l'ordre très rapidement par son caucus et par la population pour faire marche arrière.

Qu'avait dit le premier ministre du Québec au sujet des coupures de 103 millions dans le régime des prêts et bourses pendant la campagne électorale? Pas un seul mot, M. le Président, si ce n'était qu'à l'époque pour avoir des propos généreux sur l'avenir de ce régime de prêts et bourses.

n(10 h 40)n

Où était le premier ministre, en campagne électorale, celui qui a augmenté les tarifs d'électricité de plus de 13 %, plus de 1 milliard d'argent puisé dans la poche des contribuables québécois? Nous sommes bien loin, M. le Président, de la baisse d'impôt de 5 milliards de dollars promise par le chef du Parti libéral du Québec.

Je pense que les Québécois comprennent que l'équipe libérale n'a pas la crédibilité pour, aujourd'hui, prendre de nouveaux engagements auprès de la population, qu'après avoir constamment, dossier après dossier, rompu la parole qu'ils avaient pourtant donnée aux Québécois, il est temps que ce gouvernement retourne sur les banquettes de l'opposition et aille réfléchir sur ce que signifient les engagements et la valeur des engagements que nous contractons en campagne électorale. Je pense que la parole manquée, je pense que les demi-vérités, je pense que les fausses réponses seront sanctionnées à l'occasion de la prochaine campagne électorale. Et ce sera particulièrement tentant pour les Québécois de le faire dans le secteur qui était prioritaire pour le Parti libéral du Québec, le secteur de la santé, où le gouvernement, malgré toutes ses belles paroles, a rompu jour après jour les engagements qu'il avait contractés auprès de la population.

Tous se souviennent, en 2003, d'avoir entendu le chef du Parti libéral du Québec dire de façon claire, franche, à la télévision, qu'au lendemain d'une élection du Parti libéral du Québec la situation dans les urgences serait réglée. Il avait dit que le mot «attente» serait banni du vocabulaire des Québécois et des Québécoises. Il avait promis de régler la situation de l'attente et de régler la situation dans les urgences. Quel est le résultat aujourd'hui, après quatre ans de gouvernement libéral? Le système de santé, M. le Président, est dans un pire état aujourd'hui qu'il ne l'était en 2003. Et j'appuie cette affirmation sur des chiffres qui nous viennent du ministère de la Santé, M. le Président. Ce n'est pas sorti, là, d'un chapeau de magicien. Le système de santé est dans un pire état aujourd'hui qu'il ne l'était en 2003. Et je vous donne des exemples.

30 000 personnes sont, au Québec, en attente d'une chirurgie hors délai médicalement acceptable. Et ce nombre, M. le Président, serait encore plus élevé si le gouvernement n'avait pas fait passer de trois à six mois la façon de comptabiliser les listes d'attente. Ils ont trafiqué la méthodologie. Et, malgré ce changement, aujourd'hui, aujourd'hui...

Des voix: ...

M. Boisclair: M. le Président...

Le Vice-Président (M. Cusano): À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre! Je demanderais de faire attention au langage qui est employé, de ne pas...

Des voix: ...

Le Vice-Président (M. Cusano): Un instant! Alors, vous pouvez poursuivre, M. le chef de l'opposition.

M. Boisclair: Tous les Québécois savent que les chiffres d'attente, aujourd'hui, ne disent pas toute la vérité. Parce que, si la méthodologie qui était celle appliquée dans le passé avait été appliquée, si on n'avait pas fait passer de trois mois à six mois ce qui est acceptable, jamais on n'aurait les chiffres qu'on a là, ils seraient encore pires que ceux que je vous présente, M. le Président. Puis ça, les Québécois le savent, puis ça va leur donner une raison de plus de sanctionner le gouvernement libéral.

La situation des urgences, M. le Président. Elles continuent de déborder. Les taux d'occupation des urgences varient entre 140 % et 150 %. Et puis, pour cacher cette réalité, M. le Président, quelle a été l'invention du gouvernement libéral? Des unités de débordement. Et ces unités de débordement, elles aussi, ne disent pas toute la vérité sur la réalité des urgences parce que dans les faits les durées de séjour de plus de 48 heures à l'urgence seraient beaucoup plus élevées si ce n'était de cette stratégie pour tenter de se donner bonne image qu'a choisie le ministre de la Santé, bien plus soucieux de son image et de sa réputation que de servir les intérêts des Québécois et des Québécoises, M. le Président. On l'a vu dans le dossier des délais d'attente puis on le voit dans le cas de la création des unités de débordement.

Dans le secteur de la santé, M. le Président, 1,6 million de Québécois âgés de 12 ans et plus n'ont pas accès à un médecin de famille. S'il y en a bien une priorité des Québécois au-delà de tout, c'est bien d'avoir accès à un médecin. Puis c'était ça, la priorité du Parti libéral du Québec, la santé. Aujourd'hui, 1,6 million de Québécois âgés de plus de 12 ans n'ont pas accès à un médecin de famille. Bien, M. le Président, s'il y en a encore qui pensent qu'au Parti libéral leur priorité, c'était la santé, bien qu'ils regardent ces chiffres, puis il n'y a pas un Québécois puis il n'y a pas une Québécoise qui va pouvoir véritablement penser, quand il y a plus de 1,6 million de personnes de plus de 12 ans qui n'ont pas accès à un médecin de famille, que c'est une vraie priorité pour le Parti libéral, que le dossier de la santé.

La situation de nos aînés, M. le Président. On se souvient, alors qu'on était au gouvernement, j'entends encore les paroles du député de Sherbrooke, de la députée de Saint-Henri?Sainte-Anne nous dire: Les centres d'accueil puis les centres pour personnes âgées, on va en faire notre priorité, puis on va régler... puis on va agir là où les péquistes n'ont pas agi. Quelle est la réalité? Aujourd'hui, plus de gens attendent aujourd'hui, dans les CHSLD, qu'il y a quatre ans. Dans les faits, il y a 10 % de plus de gens qui attendent aujourd'hui qu'en 2003. Et pire, le gouvernement libéral a coupé de 1 200 places en CHSLD pendant son mandat, 1 200 places coupées dans des centres d'accueil de longue durée, coupées sous le mandat du Parti libéral du Québec. C'était ça, M. le Président, la priorité en matière de santé?

Continuons, M. le Président, ce bilan dans le secteur de la santé. Je me souviens, moi, en campagne électorale, d'avoir entendu le premier ministre, député de Sherbrooke, nous dire, au sujet de l'assurance médicaments, que jamais il n'y aurait une contribution des Québécois plus importante que celle du prix payé en 2003 plus l'inflation. Il ne s'était pas engagé à geler, il s'est dit: Mais jamais les augmentations pour l'assurance médicaments n'iront au-dessus de l'inflation. Sur la période de quatre ans, on peut parler d'à peu près quelque chose comme 8 %. Quelle est la réalité, M. le Président, quand on regarde le bilan libéral? Le coût de l'assurance médicaments a augmenté, M. le Président, de 17 %. C'est plus que deux fois l'inflation. Une autre parole donnée et ensuite retirée aux Québécois et aux Québécoises.

Les admissions en médecine, on en a fait grand cas à plusieurs reprises à l'occasion des débats de l'Assemblée nationale. Le Parti libéral du Québec avait promis d'augmenter de 750 le nombre d'admissions en médecine. Quel est le résultat, quatre ans plus tard? 167 étudiants de plus qu'en 2003, 22 % de l'objectif. Nous sommes bien loin de la note de passage.

Quand je regarde un bilan comme celui-ci, je ne peux que me rappeler une parole du premier ministre qui déclarait à la presse, le 8 mars 2003 ? et je le cite au texte ? au sujet de la santé, sa priorité, il disait: «Je propose un pacte à la population du Québec. Je veux que mon gouvernement et moi soyons jugés là-dessus. Au bout de notre mandat, la population aura à évaluer si on a livré ou non les engagements qu'on a pris en santé.»

«Je dis aux Québécois: Faites-moi confiance, je vais remettre sur pied le système de santé. Jugez-moi sur ces résultats. Et, si je n'y arrive pas, vous saurez quoi faire!»

M. le Président, aujourd'hui, il y a 30 000 personnes qui sont en attente de chirurgie, qui savent quoi faire à la prochaine campagne électorale. Aujourd'hui, il y a plus de 1,6 million de Québécois qui attendent un médecin de famille, qui savent quoi faire à la prochaine campagne électorale. Aujourd'hui, ce sont des gens dans les urgences qui débordent ? 140 %, 150 %, les taux d'occupation ? qui savent quoi faire à la prochaine campagne électorale. Aujourd'hui, ce sont des personnes âgées qui ont vu le coût de l'assurance augmenter deux fois au-dessus de l'inflation, qui savent quoi faire à la prochaine campagne électorale. Il y a des gens aussi qui sont inquiets de voir le nombre de médecins ne pas augmenter aussi rapidement qu'ils l'avaient promis; ces gens-là savent quoi faire à la prochaine campagne électorale. En somme, M. le Président, les Québécois et Québécoises vont juger le gouvernement de M. Charest sur son bilan sur la santé. Ils savent quoi faire, puis c'est un gouvernement du Parti québécois qu'ils vont élire.

n(10 h 50)n

Puis, M. le Président, ce qui est encore frappant, c'est quand on regarde le bilan du Parti libéral du Québec. On a entendu, ces dernières semaines, à peu près la moitié des membres du Conseil des ministres parler de leur bilan et, ce faisant, vanter la qualité des réalisations qui sont celles non pas du Parti libéral du Québec, mais bien des réalisations, des projets qui ont été menés par le Parti québécois alors qu'il n'y a pas si longtemps nous étions au pouvoir.

Les 200 000 places dans les services de garde, M. le Président. C'est qui qui a mis le réseau des centres à la petite enfance sur pied? C'est le gouvernement du Parti québécois qui a mis sur pied ce réseau. Puis s'il n'y avait pas eu le PQ, puis s'il n'y avait pas eu les lois qu'on a fait adopter, jamais le réseau des centres à la petite enfance n'existerait puis ne serait au service des familles.

La Loi sur l'équité salariale, M. le Président. J'ai entendu la présidente du Conseil du trésor, le premier ministre se féliciter de l'équité salariale. Mais la Loi sur l'équité salariale, c'est une loi du gouvernement du Parti québécois, puis nous en sommes fiers, puis nous allons le rappeler aux Québécoises à l'occasion de la prochaine campagne électorale.

L'assurance parentale, M. le Président, grand élément qui figure au bilan des réalisations du Parti libéral du Québec. Bien, la Loi sur l'assurance parentale, c'est le Parti québécois qui l'a fait adopter, qui a mené des négociations avec le fédéral, qui est allé jusqu'en cour, jusqu'à la Cour d'appel puis, de mémoire, jusqu'en Cour suprême pour défendre notre compétence. Cette loi, c'est une réalisation d'un gouvernement du Parti québécois, puis nous allons nous en féliciter pendant la prochaine campagne électorale.

Et puis d'ailleurs, alors que le premier ministre, en campagne électorale, se moquait des sommets de toutes sortes... Il a dit: C'est fini, la concertation, c'est fini, les sommets. C'était un mot qui les rendait allergiques en 2003. Bien, savez-vous d'où elle vient? Parce que soyons de bon compte puis donnons du crédit à d'autres gens qu'à des gens du Parti québécois. La loi sur les congés parentaux, c'est une des grandes décisions du Sommet de l'économie et de l'emploi qu'avait présidé Lucien Bouchard, c'est une décision des Québécoises puis des Québécois impliqués à la table, des milieux communautaires, des gens d'affaires, du milieu syndical puis du gouvernement. Puis le Parti libéral devrait au moins avoir la décence de reconnaître ça aujourd'hui.

La situation des finances publiques, M. le Président. Qui a fait adopter la loi sur le déficit zéro? Qui avait traité cette loi, à l'époque, d'une loi antiservices? C'est un gouvernement du Parti québécois qui a fait adopter la loi contre les déficits, qui a fait le déficit zéro. Puis vous savez pourquoi on l'a fait, M. le Président? Vous vous en souvenez parce que vous étiez député aussi à cette époque-là. Parce que Robert Bourassa, en quittant, et Daniel Johnson, qui lui a succédé, avaient laissé au gouvernement du Parti québécois un déficit record de 6 milliards de dollars. Puis c'est un gouvernement du Parti québécois qui a redressé les finances publiques, qui a fait adopter la loi sur le déficit zéro, puis nous en sommes fiers. Ceux qui ont contribué au redressement des finances publiques, c'était un gouvernement du Parti québécois, M. le Président.

Là où le premier ministre pousse sa chance un peu, c'est quand je l'ai entendu dire, samedi dernier, qu'il ne faut plus jamais réélire un gouvernement péquiste. Je pense, M. le Président, que l'histoire va rattraper l'actuel premier ministre, et les Québécois et les Québécoises ont bien plus de mémoire qu'il ne le pense. S'il n'y avait pas eu le Parti québécois, jamais on n'aurait mis fin à la corruption qui existait au Québec avant 1976. S'il n'y avait pas eu le gouvernement du Parti québécois, il n'y aurait pas eu la loi 101, il n'y aurait pas eu la loi sur le financement des partis politiques, il n'y aurait pas eu la Société d'assurance auto du Québec, il n'y aurait pas eu la CSST, il n'y aurait pas eu la loi antiscab, il n'y aurait pas eu la loi sur le zonage agricole, il n'y aurait pas eu le ministère de l'Environnement, il n'y aurait pas eu le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement puis il n'y aurait pas eu la création de parcs nationaux comme nous en avons mis sur pied. Ce sont de grandes réalisations du Parti québécois, nous en sommes fiers. Ce parti a marqué l'histoire puis il a encore beaucoup à donner aux Québécois puis aux Québécoises.

Puis, M. le Président, les Québécois vont aussi se rappeler que c'est le gouvernement libéral qui a gouverné dans la confrontation puis qui a refusé de négocier avec ses employés. Il leur a dit, pendant toutes les semaines et les mois qui ont précédé la négociation, qu'il n'y avait pas un rond à Québec puis ils se sont servi de cet argument pour imposer une loi spéciale dans un bâillon, la loi n° 142. Puis qu'est-ce qui est arrivé depuis six mois? Soudainement, ils se sont mis à dépenser des milliards en faisant des promesses pour gagner la prochaine campagne électorale.

Il n'y a pas si longtemps, M. le Président, il y avait des sondages au Québec. Je revois encore la une du Devoir: Jean Charest doit partir. Qu'est-ce qui est arrivé entre ce moment puis aujourd'hui? Il a soudainement ouvert les vannes, il a trouvé de l'argent, de l'argent qu'il n'avait pas pour négocier avec les employés de l'État. Les Québécois vont se souvenir, M. le Président, ils ne se laisseront pas acheter par ce gouvernement qui a déjà trop... je ne peux pas dire le mot, ça commence par un m, il y a un t puis un i à la fin.

M. le Président, les Québécois aussi vont se rappeler de la piètre performance du gouvernement en économie: produit intérieur brut parmi... le plus bas au Canada, 1,8 %; chute des investissements privés dans le non-résidentiel. C'est une catastrophe. Le premier ministre aura bien beau nous dire que sa cote de crédit a augmenté, bien, moi, je mets au défi n'importe quel député libéral qui interviendra après moi de me donner, au Québec, une province qui a une cote de crédit aussi faible que celle du Québec. La réalité, c'est qu'avec les derniers ajustements qui ont été apportés à la cote de crédit on est passé de la septième position, au Canada, à la 10e position, c'est un recul relatif du Québec sur la cote de crédit, M. le Président.

Et finalement je veux dire à nouveau combien je suis fier d'appartenir à une équipe qui a fait le choix d'accorder toute l'attention nécessaire au dossier de l'éducation. Je condamne la hausse des frais de scolarité de 30 %. Je l'ai fait, M. le Président, à la course à la chefferie, je l'ai fait depuis que je suis chef du Parti québécois, je le fais encore aujourd'hui. Il y a un choix de société qu'il nous faut aujourd'hui respecter et qui est un bon choix. Puis, si j'écoute les arguments qui sont ceux du Parti libéral, on pourrait le pousser plus loin, puis, si c'est juste 2 $ par semaine, bien pourquoi, tant qu'à ça, ne pas le faire au cégep, pourquoi ne pas le faire à l'école secondaire, pourquoi ne pas le faire à l'école primaire? Il y a, derrière cette décision bien québécoise, un choix de société que nous allons défendre à la prochaine campagne électorale.

Le débat, il est bien mal engagé, M. le Président. Chaque piastre qu'ils vont chercher dans la poche des étudiants, ils vont en mettre 10 $? C'est faux! La preuve est faite. Du 1 milliard, il y a 800 millions qui est en frais d'augmentation qui suivent essentiellement... des coûts de système, puis l'inflation, puis la progression des échelles salariales des enseignants. Ça fait 200 millions qu'il reste. Sur le 200 millions, ça fait 120 millions uniquement qui vont au réseau universitaire sur cinq ans. Vous voyez ce que ça donne? Pas grand-chose.

Et, comme par hasard, ils annoncent aujourd'hui le même argent qu'ils vont mettre dans leur bilan. Parce que vous vous souvenez qu'en décembre ils ont signé avec les universités, puis ils ont signé sur 2007-2008, 2008-2009. Savez-vous, 2007-2008 puis 2008-2009, 120 millions plus 80 millions, ça fait 200 millions au réseau d'enseignement postsecondaire, le même 200 millions, M. le Président, qu'ils mettent dans la plateforme électorale. Bien là il va falloir que le Parti libéral du Québec se décide: soit qu'il comptabilise dans la colonne des bilans ou qu'il comptabilise dans la colonne des engagements, mais ils ne peuvent pas le mettre des deux bords, le 200 millions, M. le Président, ça ne tient pas la route. C'est ce que j'ai appelé le premier mensonge du Parti libéral du Québec.

Le Vice-Président (M. Cusano): M. le chef de l'opposition...

Une voix: ...

Le Vice-Président (M. Cusano): Oui, oui, vous allez le retirer, n'est-ce pas?

M. Boisclair: En tout cas, c'est...

Des voix: ...

n(11 heures)n

M. Boisclair: Ah! Je retire, M. le Président. Vous voyez donc, quand je vois qu'on ose dire, de l'autre côté, sans broncher, puis c'est la présidente de la campagne du Parti libéral du Québec qui dit que c'est essentiellement, le gel des frais de scolarité, une subvention aux riches, bien, moi, je ne sais pas dans quel monde vit la ministre de la Culture. Elle représente pourtant l'est de Montréal, elle devrait connaître ça un peu plus qu'elle ne nous le dit. Parce que la réalité, c'est que ceux qui seront pénalisés par la décision du gouvernement, ce sont essentiellement des gens de classe à faibles et moyens revenus qui sont déjà, on le sait tous ici, très lourdement taxés.

La réalité, M. le Président, c'est que 68 % des jeunes provenant des milieux à faibles ou moyens revenus fréquentent les universités. La réalité, M. le Président, c'est que les étudiants, contrairement à ce que dit le premier ministre, ne paient pas 6 % du coût de leurs études, ils en paient 16 %. Puis, avec les frais afférents et puis les frais de toutes sortes, on peut facilement monter ça à 18 %. Le débat, il est bien mal engagé sur cette question. La question que nous allons, nous, soulever, c'est encore celle de l'accessibilité, de l'accessibilité pour des familles à moyens et faibles revenus, de l'accessibilité aux études universitaires et collégiales pour des femmes chefs de famille monoparentale qui sont aujourd'hui à l'aide sociale. Nous allons défendre les familles, puis c'est pour cette raison que nous sommes favorables au gel des frais de scolarité puis à une accessibilité accrue pour les études postsecondaires, M. le Président.

Et, en terminant, M. le Président, nous sommes des souverainistes. Nous en sommes fiers. Nous ne tentons pas de maquiller qui nous sommes. Nous ne tentons pas, par des subterfuges quelconques, de cacher nos convictions profondes. Jamais je n'aurai vu un Parti libéral du Québec s'engager en campagne électorale sans avoir aucune plateforme constitutionnelle. Pas un mot sur le rapatriement indigne de la Constitution canadienne que nous subissons ici encore, nous de l'Assemblée nationale qui avons refusé à l'unanimité la décision de Pierre Elliott Trudeau de 1982. Par le silence libéral, M. le Président, qu'on n'a jamais vu... Sous aucun chef qui a précédé l'actuel chef du Parti libéral du Québec nous n'avons vu une aussi faible défense, une aussi grande incapacité à parler du Québec dans ce qu'il est.

Ah! Le premier ministre va nous dire: On est reconnus comme une nation. Grand bien nous fasse! Mais ça change quoi, ça, à l'ordre constitutionnel? On avait-u besoin d'une motion de la Chambre des communes pour se rappeler que nous sommes ici dans l'Assemblée nationale du Québec, puis qu'à deux pas du parlement il y a le musée national du Québec, puis que nous avons une bibliothèque nationale au Québec? On avait-u besoin d'Ottawa pour se faire dire que nous formons une nation? Non. Les Québécois puis les Québécoises le savent. Mais ce que les gens de la nation québécoise veulent savoir cependant de tous leurs élus politiques, c'est qu'est-ce qu'ils pensent de l'avenir de cette nation dans un cadre constitutionnel qui nous a été imposé par le gouvernement fédéral. Nous avons une position claire, puis je mets au défi le premier ministre d'en faire autant à l'occasion de la prochaine campagne électorale.

(Applaudissements)

Vous voyez, M. le Président, nous avons encore beaucoup d'énergie à offrir. Nous avons de l'énergie à offrir aux Québécois. Et nous avons cet amour profond du Québec, qu'on va leur communiquer pendant la campagne, et en particulier cet amour profond des régions du Québec. Nous avons une équipe de gens talentueux qui travailleront avec nous à mériter la confiance des Québécois et des Québécoises. Puis j'ai confiance que, lorsque les Québécois écouteront, lorsque les Québécois se regarderont puis réfléchiront à leur histoire, ils n'auront aucune difficulté à conclure qu'il faut reconstruire le Québec, ils n'auront aucune difficulté à conclure qu'il faut gagner plus d'espace de liberté pour notre nation, ils n'auront aucune difficulté à conclure que la voie de la liberté et de la responsabilité que propose le Parti québécois, c'est la voie que nous devons suivre pour l'avenir du Québec, pour l'avenir des jeunes générations. Faisons le choix, à la prochaine campagne électorale, de soutenir le Parti québécois.

(Applaudissements)

Le Vice-Président (M. Cusano): Je reconnais maintenant M. le député de Marguerite-D'Youville.

M. Pierre Moreau

M. Moreau: Merci. Merci, M. le Président. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les propos du chef de l'opposition et je présume qu'il ne doit y avoir que lui, au Québec, aujourd'hui, pour remettre en question la position constitutionnelle du Parti libéral du Québec. La position constitutionnelle du Parti libéral du Québec, elle est connue. Elle est la même depuis la création du Parti libéral du Québec, le seul parti d'ailleurs qui a franchi tout le XXe siècle avec une position constitutionnelle qui est claire. Et je pense qu'il n'y a personne au Québec, sauf peut-être le chef de l'opposition, pour estimer que le Parti libéral du Québec tenterait de maquiller d'une quelconque façon sa position quant à la progression du Québec à l'intérieur de la fédération canadienne. C'est une position que nous avons toujours défendue avec beaucoup de clarté, que tous les chefs du Parti libéral du Québec ont défendue avec beaucoup de clarté et beaucoup de vigueur, et c'est une position que le chef actuel et premier ministre du Québec défend avec beaucoup de vigueur, et nous en sommes tous très fiers, M. le Président.

J'entendais également dans le discours du chef de l'opposition... qui déchirait sa chemise sur certaines situations, notamment dans le système de santé en se plaignant du fait qu'il n'y avait pas, au Québec, suffisamment de médecins de famille. Mais j'aurais une question pour le chef de l'opposition à cet égard: Est-ce que la stratégie du Parti québécois, lorsqu'il formait le gouvernement, de mettre prématurément à la retraite 1 500 médecins, c'était, pour lui, une stratégie gagnante pour faire en sorte qu'aujourd'hui, en 2007, M. le Président, on ait suffisamment de médecins au Québec? J'aurais une autre question pour le chef de l'opposition: Est-ce que, lorsqu'il était ici, au gouvernement, et qu'ils ont pris la décision de réduire les admissions dans les facultés de médecine, ça faisait partie de la stratégie du Parti québécois afin de doter le Québec de plus de médecins? Est-ce que, lorsque le Parti québécois, alors qu'il formait le gouvernement, ont décidé de mettre à la retraite prématurément 4 000 infirmières, ça faisait partie de leur stratégie pour remettre sur pied le système de santé?

M. le Président, la réalité, c'est que le chef de l'opposition ne peut pas intelligemment répondre à ces questions parce que ça ne se défend pas, cette attitude-là, lorsque aujourd'hui on voudrait se faire le défenseur d'un système de santé qui soit des plus performants.

Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, M. le Président, le Parti libéral du Québec s'est employé à augmenter les admissions dans les facultés de médecine. De fait, les cohortes qui seront graduées des facultés de médecine sont les cohortes les plus importantes dans l'histoire des facultés de médecine au Québec depuis les décisions courageuses qui ont été prises par le ministre de la Santé du gouvernement du Parti libéral du Québec. De fait, nous formons plus d'infirmières afin justement de pallier à ces erreurs historiques qui ont été commises par le Parti québécois alors qu'il formait le gouvernement et qui ont amené au bord du gouffre le système de santé du Québec.

En réalité, M. le Président, lorsque le chef de l'opposition déchire sa chemise sur des éléments qu'il voudrait voir s'améliorer, ce qu'il oublie, c'est qu'il était membre du gouvernement qui a créé ces situations inacceptables que notre gouvernement s'est employé à réparer. Et, le jour où les Québécois et les Québécoises seront appelés aux urnes, ils auront à se poser la question suivante: À qui dois-je faire confiance, à ceux qui ont amené au bord du gouffre le système de santé au Québec ou à ceux qui, depuis 2003, s'évertuent pour faire en sorte que les Québécois et les Québécoises puissent être soignés rapidement, que les listes d'attente soient réduites, que le nombre de médecins soit augmenté et que les facultés de médecine soient correctement subventionnées et financées pour assurer les meilleures cohortes et le développement du secteur médical au Québec? Et je pense, M. le Président, que, lorsque les Québécois auront à se poser cette question-là, ils n'hésiteront pas un seul instant et ils choisiront le Parti libéral du Québec.

M. le Président, usant de sa prérogative, la prérogative qui lui a été accordée par la Loi sur l'Assemblée nationale et par notre règlement, le premier ministre a choisi de nous réunir en séance extraordinaire aujourd'hui pour la lecture du discours sur le budget. M. le Président, depuis 2003, nous avons géré de façon responsable les finances du Québec, et je n'ai aucun doute que le discours que nous entendrons sur le budget en fin de journée aujourd'hui s'inscrira en droite ligne dans la position ferme, dans la position rigoureuse et dans la position courageuse qui a été celle du gouvernement depuis 2003: de remettre nos finances publiques dans un état acceptable, de les améliorer.

n(11 h 10)n

Le chef de l'opposition, lorsqu'il est intervenu, a également dit avec beaucoup d'emphase que c'était le Parti québécois qui avait adopté la loi sur le déficit zéro. La triste réalité, M. le Président, c'est que, lorsque le gouvernement du Parti libéral du Québec est arrivé au pouvoir en 2003, il a constaté que le gouvernement du Parti québécois n'avait pas respecté les principes, la lettre et l'esprit de cette loi, puisqu'en réalité ce que nous avons découvert à partir d'un rapport qui avait été commandé par le premier ministre du Québec auprès de M. Breton, l'ancien Vérificateur général du Québec, c'est que l'administration précédente avait laissé derrière la façade d'une loi sur le déficit zéro une réalité qui était beaucoup plus sombre et qui était celle d'un déficit de 4,3 milliards de dollars. C'est la réalité avec laquelle ce gouvernement a dû composer depuis 2003. Et c'est la réalité avec laquelle non seulement nous avons composé, mais c'est la réalité avec laquelle, avec beaucoup de courage, de détermination de la part du ministre des Finances, de la part de la présidente du Conseil du trésor, de la part du premier ministre du Québec et de l'ensemble de l'équipe ministérielle, nous avons pu faire en sorte qu'aujourd'hui le Québec aille bien, le Québec aille mieux.

M. le Président, nous sommes arrivés aux commandes avec des priorités claires, celles de recentrer l'État sur ses missions essentielles, la santé et l'éducation, d'abord. Et, en éducation, j'entendais le chef de l'opposition dire qu'il voulait en faire sa première priorité en campagne électorale. Je lui rappellerai pour mémoire que nous avons investi en éducation en quatre ans, en fait, plus que ce que le gouvernement précédent n'avait investi dans l'ensemble des deux mandats qui lui avaient été confiés.

Nous avons également limité au strict minimum la croissance des dépenses dans les autres domaines et nous avons réduit les impôts des Québécois, M. le Président. Et j'aurai l'occasion de vous indiquer la hausse du revenu disponible des Québécois après les budgets successifs qui ont été adoptés par notre gouvernement depuis 2003.

Je le disais tantôt, nous avons été confrontés à une impasse de 4,3 milliards de dollars et nous avons dû donc prendre des décisions difficiles et courageuses. Et l'une de ces décisions difficiles et courageuses, M. le Président, ça aura été de maintenir une pression à la baisse sur les dépenses de l'État. Et je suis très heureux, M. le Président, de constater qu'après quatre ans nous avons pu maintenir la croissance annuelle moyenne des dépenses à 3,9 %. Et je vous donne des exemples, 3,9 %, pour les gens qui nous écoutent, ça signifie quoi. Il faut être en mesure de se comparer aux autres. La croissance des dépenses fédérales, pendant la même période, a été de 6,5 %, près du double, et celle des provinces, excluant le Québec, de 6,8 % par année. Aujourd'hui, nous avons pu, en maintenant une pression à la baisse sur la croissance des dépenses du gouvernement, dégager des marges de manoeuvre importantes.

Et ces marges de manoeuvre, M. le Président, nous les avons utilisées tel que nous avions indiqué aux Québécois que nous le ferions. Nous avions dit aux Québécois que notre première priorité, c'était la santé. Or, M. le Président, 70 % des marges de manoeuvre dégagées dans les finances de l'État ont été consacrées au système de santé, 70 %, et ça, M. le Président, c'est des chiffres que personne ne peut, aujourd'hui, remettre en question.

Tout en contrôlant les dépenses et les priorités de l'État, nous avons retourné 3,1 milliards de dollars dans les poches des citoyens en instaurant notamment les programmes suivants: l'allocation Soutien aux enfants, la Prime au travail et une déduction de 1 000 $ pour tous les travailleurs. Nous avons, ce faisant, augmenté les revenus disponibles dans les poches des Québécois.

Et j'aimerais, M. le Président, avec le temps qui m'est alloué, vous donner certains exemples qui sont probants, parce qu'on a tendance ? et c'est, je pense, la politique d'un parti d'opposition ? de venir dire: Oui, mais vous avez haussé les tarifs. Si l'on considère la hausse des tarifs, les indexations nécessaires, on constate qu'il y a un gain net du revenu disponible, M. le Président.

Et je vous donne des exemples pour un couple avec deux enfants. Alors, pour un couple avec deux enfants dont le revenu de travail est de 30 000 $, la hausse du revenu disponible est de 3 805 $, et ça, c'est après avoir tenu compte des augmentations tarifaires dont nous a parlé avec beaucoup d'emphase le chef de l'opposition. Toujours pour un couple avec deux enfants dont le revenu de travail est de 50 000 $, la hausse du revenu disponible est de 1 846 $. Et cette hausse de revenu disponible est de 1 746 $ pour un couple avec deux enfants dont le revenu est de 75 000 $. Ce dont on se rend compte, M. le Président, c'est que les ménages qui ont bénéficié le plus des mesures sont les familles à faibles et moyens revenus, soit celles dont les revenus totaux varient entre 30 000 $ et 75 000 $.

Ça, M. le Président, c'est la réalité. Ce n'est peut-être pas livré de façon aussi éclatante que ce que nous a dit le chef de l'opposition, mais, vous savez, souvent la réalité, M. le Président, elle n'est pas aussi éclatante. Mais elle est très importante parce que, pour un couple dont les revenus disponibles ont augmenté et un couple à faibles et moyens revenus, cette réalité-là, elle se mesure au quotidien. Et ça, M. le Président, c'est un héritage qui appartient tout droit au ministre des Finances, au premier ministre du Québec et à l'équipe libérale.

M. le Président, les gains ont été également réalisés pour des familles monoparentales avec un enfant. Et, en ce cas-là, lorsqu'on prend la même fourchette, entre 30 000 $ et 75 000 $ de revenus, les gains sont de l'ordre de 1 015 $ à 1 638 $. Nous avons donc géré avec rigueur l'argent des Québécois et nous avons fait en sorte qu'aujourd'hui ces gens qui travaillent fort puissent bénéficier des efforts du gouvernement. Mais, M. le Président, nous n'avons pas travaillé que pour les gens qui aujourd'hui sont au travail. Nous avons également travaillé pour ceux qui demain seront au travail, pour les générations qui nous suivent.

Et, lorsque le chef de l'opposition semblait tourner à la rigolade l'augmentation de la cote de crédit du Québec, je vous rappellerai, M. le Président, que les cotes de crédit des États ne sont pas fixées par des gens qui sont teintés par la partisanerie politique. Les cotes de crédit sont fixées par des agences qui sont des observateurs libres, des observateurs neutres et des observateurs qui ont une distance de la scène politique et qui n'ont aucun intérêt partisan à faire en sorte que le jugement qu'ils portent sur l'état des finances publiques favorise ou non une formation politique. C'est ce que le premier ministre indiquait plus tôt, en période de questions: un jugement sûr et incontestable. Et ce jugement sûr et incontestable, M. le Président, il a conclu à deux reprises à une augmentation de la cote de crédit du Québec. En réalité, la cote de crédit du Québec se retrouve aujourd'hui au niveau où elle était en 1975, donc avant la première élection au gouvernement du Parti québécois.

C'est non pas une agence, mais deux agences. Et j'ai ici les éléments qui ont été pris en considération par les agences de cotation pour rehausser la cote de crédit du Québec. La première de ces agences, qui est probablement dans l'opinion publique l'une des plus connues, l'agence Moody's, indique les raisons pour lesquelles elle a, le 14 juin 2006, choisi de rehausser la cote de crédit du Québec.

L'amélioration importante de la situation financière au cours des dernières années et l'engagement du gouvernement à poursuivre sur cette voie, premier motif. Deuxième motif, la gestion rigoureuse des dépenses, notamment par le règlement des conventions collectives jusqu'en 2010.

Permettez-moi de faire ici une parenthèse, M. le Président. Le chef de l'opposition disait à hauts cris tantôt que nous avions imposé sous le bâillon la loi n° 142. Il est bien mal placé, dans cette formation politique, pour nous faire la leçon, puisque le gouvernement du Parti québécois, pas une fois, mais deux fois, après avoir négocié des conventions collectives dans le secteur public, a par la suite passé une loi pour couper notamment de 20 % les gains qui avaient été négociés avec les syndiqués des secteurs public et parapublic au Québec. Alors, je pense que, dans ce contexte-là, M. le Président, on a peu de leçons à recevoir du chef de l'opposition et de sa formation politique.

n(11 h 20)n

Troisième motif invoqué par Moody's pour relever la cote de crédit du Québec, le développement d'une stratégie claire de réduction du fardeau de la dette par la création du Fonds des générations, qui permettra de diminuer le ratio dette-produit intérieur brut de 43 % à 38 % d'ici cinq ans. M. le Président, grâce au Fonds des générations, nous pourrons constituer en 30 ans un fonds d'une valeur de 90 milliards de dollars sans alourdir le fardeau fiscal des contribuables. Ainsi, les prochaines générations n'auront pas à supporter ce fardeau qui s'est accumulé depuis 30 ans. Autre motif invoqué par Moody's, la taille et la diversification de l'économie québécoise. Ça, c'était le 14 juin 2006.

Le 19 juin 2006, la firme DBRS s'est basée sur les éléments suivants: efforts pour limiter la croissance des dépenses, notamment par le règlement des conventions collectives jusqu'en 2010 ? c'est la première fois que les conventions collectives dans le secteur public sont réglées pour une aussi longue période ? création du Fonds des générations et perspectives positives à l'égard des transferts fédéraux.

M. le Président, en usant de sa prérogative, le premier ministre nous invite aujourd'hui à entendre la lecture du discours du budget. Le discours qui sera livré aujourd'hui sera le troisième livré par l'actuel ministre des Finances. Et, avec une feuille de route semblable à celle que je viens de tracer, qui est le bulletin du ministre des Finances non pas donné par l'opposition officielle, mais par des firmes indépendantes, je suis confiant, M. le Président, qu'il saura montrer la même rigueur dans le discours actuel et que, lorsque le temps sera venu, les Québécois sauront reconnaître les efforts, la rigueur, le courage et la détermination de ce gouvernement et qu'ils sauront nous reporter au pouvoir pour un second mandat, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, je reconnais M. le député de Vanier pour son intervention. À vous la parole, M. le député.

M. Sylvain Légaré

M. Légaré: Merci, M. le Président. Alors, la semaine passée, on a été convoqués à venir ici pour faire le débat d'urgence sur le budget et aussi pour la suite des choses. Est-ce qu'il était vraiment urgent de faire tout ça? M. le Président, je crois que la réponse est oui, il était urgent de faire ce débat-là. Il est urgent de déposer le budget tantôt et il est urgent aussi éventuellement de s'en aller en campagne électorale.

M. le Président, lorsqu'on arrive à une fin de mandat comme ça, on se doit évidemment de faire un bilan et de tracer ce qui s'est fait dans les quatre dernières années. Puis on entend des choses sur la santé depuis tantôt, sur les changements qu'on a eus. J'ai entendu évidemment parler des médecins de famille. Moi, je mets au défi une famille de venir ici, demeurer au Québec, et de se trouver un médecin de famille, M. le Président. C'est une chose qui est extrêmement difficile, et c'est devenu, au Québec, la perle rare. Lorsqu'on a un médecin de famille, il y en a tellement peu qui en ont qu'ils ne veulent pas s'en départir. Alors, c'est une drôle de discussion qu'on a aujourd'hui, ici.

Les délais d'attente, les unités de débordement, les chiffres sont les mêmes, M. le Président. Il y a une chose qu'on a changée, par contre, c'est qu'on a changé les régies en agences. Le papier à lettres et les cartes d'affaires, tout ça a changé. Mais, si je regarde dans les quatre dernières années, au niveau de ce bilan-là, c'est la même chose, M. le Président.

Évidemment, la promesse-cadre qu'on entendait il y a de ça quatre ans: les fameuses baisses d'impôt de 1 milliard par année sur cinq ans. Moi, je me rappelle, j'étais impliqué à cette époque-là comme militant, et on voyait ça dans les journaux locaux. C'était la promesse-cadre du Parti libéral, ces fameuses baisses d'impôt là dont on attend toujours les résultats à la veille d'une future élection.

Pourquoi qu'on n'a pas fait ça? Bien, on parle de réingénierie. Mais d'ailleurs je pense que je suis le seul à en parler ici encore, à l'Assemblée nationale, parce qu'on ne parle plus de ça, la réingénierie de l'État, qui était un sujet tellement important au début d'un mandat, dont, là, présentement on n'entend plus parler.

Entre-temps, par contre, M. le Président, les tarifs d'Hydro, les tarifs d'Hydro qui ont monté, les garderies à 5 $ qui sont passées à 7 $, bon, l'assurance médicaments, les primes de la SAAQ et le dossier ? j'en ai parlé ici ? mon plus gros dossier dans mon bureau de comté où les gens sont venus me voir pour me parler, les fameuses taxes scolaires. Je me rappelle encore de la fameuse conférence de presse du ministre de l'Éducation qui essayait d'expliquer, par tous bords, tous côtés, M. le Président, les fameuses hausses de taxes scolaires. Ça, ça a été le dossier le plus important pour moi dans mon bureau de comté. Et, bon, on a reculé un petit peu, là, quand on a vu que les gens étaient mécontents de ça. On s'est repris par une deuxième façon puis une troisième façon, de sorte que ça a été un dossier très important pour moi.

Évidemment, les dossiers... Bon. Les écoles juives, le Suroît, le mont Orford, ce fameux dossier du mont Orford dont on a passé énormément de temps ici, à l'Assemblée nationale... des débats qui n'en finissaient plus, les scandales, l'Abattoir Colbex, et j'en passe, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps.

Pour moi, M. le Président, le dossier, je dirais, le dossier où c'est la plus grande farce que j'aie vue, pour moi, c'est le Fonds des générations, M. le Président. J'essaie, j'essaie d'expliquer ça aux citoyens, j'essaie d'expliquer ça aux entrepreneurs, j'essaie de transposer ce Fonds des générations là lorsque je parle aux entrepreneurs, puis je dis: Comment vois-tu ça, toi, dans ton entreprise? Et c'est une vraie joke, M. le Président. On a mis un petit peu d'argent dans un fonds qui peut-être, éventuellement, va servir à payer la dette. Alors ça, pour moi, c'est le dossier... c'est la plus grande farce depuis que je suis ici, à l'Assemblée nationale, ce fameux Fonds des générations là, où on ne met même pas assez d'argent pour payer les intérêts pour l'année un. Alors, ça n'a pas de sens. J'essaie de le transposer dans mon bilan personnel, dans mon budget, ça n'a pas aucun sens.

Et on a fait semblant avec ça, M. le Président, on a fait semblant ? parce que ce gouvernement-là, c'est le gouvernement du faire semblant ? de s'attaquer à la dette. Hein? On a fait semblant de s'attaquer à la dette. On a passé des beaux dépliants par la poste pour faire semblant de faire ça. On a fait semblant de s'occuper de la santé, M. le Président, en changeant les régies en agences. Alors, ce gouvernement-là des quatre dernières années, c'est un gouvernement de faire semblant.

Alors, aujourd'hui, évidemment, est-ce que c'est urgent de faire ce débat-là? Oui, c'est urgent de le faire. Est-ce que c'est urgent de déposer le budget, tantôt? Oui, c'est urgent de le faire. Et est-ce que c'est urgent de faire une campagne électorale qui va être déclenchée probablement dans les prochaines heures? Oui, c'est urgent, M. le Président, de le faire. Merci.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, merci, M. le député de Vanier. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. À vous maintenant la parole, Mme la députée.

Mme Louise Harel

Mme Harel: Alors, merci, M. le Président. J'interviens sur ce débat concernant la convocation spéciale de l'Assemblée nationale à la veille d'un déclenchement précipité d'une élection. Je dis «précipité», M. le Président, et j'insiste, puisqu'en entrevue, à Noël, le premier ministre déclarait que jamais il n'y aurait de déclenchement d'élection avant le budget fédéral. M. le Président, il en faisait même un reproche véhément, il en faisait un reproche au chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, lui reprochant de brandir une hypothèse d'une élection à Ottawa avant le budget fédéral. Il faut croire, M. le Président, que le lieutenant de Stephen Harper... Parce que c'est de ça dont il s'agit, le premier ministre du Québec agit comme un aide de camp, suivi de près d'ailleurs par le chef de l'ADQ qui voudrait être lieutenant second. Mais il faut croire que le premier ministre du Québec a précipité cette élection pour servir les intérêts de Stephen Harper, alors qu'il avait clairement affirmé que jamais il ne déclencherait lui-même une élection au Québec avant le budget fédéral. Ce sera un autre manquement à sa parole, M. le Président, un de plus à tous ceux qui, durant ce mandat, se sont ajoutés. Et ce sera sans doute le dernier de ce mandat, avant que l'élection, une fois déclenchée, ne l'amène, une fois de plus, à promettre à la population, alors qu'il n'a pas livré, M. le Président, et je pense qu'en santé en particulier on peut malheureusement le démontrer.

Je voudrais, ce matin, entre autres, parler de cette tragédie qui s'est produite à Saint-Hyacinthe, à l'Hôpital Honoré-Mercier, et de l'enquête du coroner qui se déroule aujourd'hui, hier et dans les semaines qui viennent. Il me semble, M. le Président, qu'il s'agit là d'une démonstration de cet aveuglement, de cette insensibilité que le ministre de la Santé a manifestés au cours de son mandat, cette insensibilité, cet aveuglement technocratique.

M. le Président, j'ai interrogé à plusieurs reprises le ministre de la Santé, notamment en 2004, au moment où le Dr Pépin, de Sherbrooke, avait sonné l'alarme et qu'il avait été rabroué par le ministre de la Santé, en octobre. Je demandais au ministre de la Santé du Québec: Mais pourquoi ne pas déclarer cette maladie nosocomiale, particulièrement le C. difficile, comme maladie à déclaration obligatoire? La rougeole, la rubéole, la coqueluche, les oreillons... M. le Président, le ministre lui-même, en 2003, avait ajouté le SARM à la déclaration obligatoire, et pourtant le SARM, à ce que je sache, n'a pas provoqué de décès.

n(11 h 30)n

J'ai ici les chiffres de la tragédie. La tragédie, M. le Président, c'est, en 2004, 7 020 décès liés et associés au C. difficile, alors qu'en 2002 et 2003 il y en avait eu la moitié moins, 3 294. Ça a été une tragédie et ça le demeure, M. le Président, et je ne comprends pas l'entêtement du ministre de la Santé à refuser de faire que cette maladie soit à déclaration obligatoire.

Alors, le ministre s'est cantonné dans une position technocratique, durant tout ce mandat. Il a brassé des structures, évidemment. Mon collègue le député de Vanier vient d'ailleurs de le démontrer, ça. Il y a eu un gros brassage de structures, mais quels sont les résultats pour les gens, M. le Président? Des décès dus à une maladie qui dans le fond aurait dû être à déclaration obligatoire pour qu'en temps réel les patients, leur famille leurs amis sachent quelle était la situation dans les hôpitaux où il se présentaient pour être soignés. Encore aujourd'hui, M. le Président, il y a une éclosion à Saint-Jérôme. On n'en connaît pas la portée. Ce ne sera que dans deux à trois mois. C'est d'ailleurs ce que disait le directeur de l'institut de la santé publique encore hier qui en fait reconnaissait qu'il y avait un retard d'un mois, deux mois, trois mois pour obtenir l'information sur les cas d'éclosion qui se sont produits dans un établissement de santé. J'ai moi-même appelé lorsque ça s'est produit, l'automne dernier, à Saint-Hyacinthe. J'ai appelé en novembre et pour comprendre qu'on avait la réalité et le portrait de juin précédent, cinq mois avant.

Encore cette semaine, M. le Président, j'ai refait le même exercice, et on a la situation qui régnait il y a trois mois. C'est en temps réel. C'est une tragédie et, à mon point de vue, c'est une faute lourde, une faute lourde parce que le responsable de la santé publique, c'est le ministre de la Santé du Québec et des Services sociaux. Et, M. le Président, c'est bien évident que cette question du C. difficile va rester comme une tache sur le mandat du ministre de la Santé et de son gouvernement. Un bilan, M. le Président? Un bilan désastreux, un bilan où on avait promis d'éliminer l'attente, on avait promis d'offrir les soins à toute heure du jour dans les jours, les mois, les semaines qui suivaient l'élection. Alors, je les reprends rapidement: 30 000 de nos concitoyens et concitoyennes qui sont en attente hors délai médicalement acceptable, et, pour 90 % d'entre elles, il s'agit d'une chirurgie avec hospitalisation ou d'une chirurgie d'un jour. Faut-il rappeler le rapport de l'Institut Fraser qui démontre qu'entre 2001 et 2006 il y a deux semaines d'attente qui se sont additionnées à la première visite chez l'omnipraticien et au traitement qui en a suivi, deux semaines de plus d'attente d'un traitement?

Les urgences. M. le Président, je reprends justement cette question des unités de débordement. J'ai posé la question ici, à l'Assemblée, le 22 novembre, et j'ai mis au défi le ministre de la Santé de compiler les civières dans les unités de débordement où on déplace les patients après 48 heures, dans les corridors des urgences, mais on les relocalise, M. le Président, dans des unités sans installation sanitaire, dans une promiscuité qui est propice à la transmission des maladies qu'on attrape à l'hôpital, qu'on appelle nosocomiales, et ce sont finalement des patients qui ne sont pas comptabilisés. Il m'a dit: Je les comptabiliserai. Tous les jours, tous les jours, l'opposition officielle, au cours des dernières semaines, a communiqué avec le cabinet du ministre. Nous serons à trois mois de cet engagement du ministre de la Santé, et, pour tout de suite, M. le Président, et pour maintenant, nous n'avons aucun portrait de ce qui se passe, dans les corridors des unités de débordement, pour les patients qu'on retient plus de 48 heures dans les urgences.

D'ailleurs, je voudrais citer le Dr Vadeboncoeur, qui est président de l'Association des spécialistes en médecine d'urgence du Québec et qui disait: «C'est clair ? je le cite; c'est clair ? que ça se détériore.» Parce que c'est l'échec de la première ligne, M. le Président. Pourquoi c'est l'échec de la première ligne, les civières dans les corridors des urgences? Parce qu'on y retrouve les aînés de 75 ans et plus principalement et des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale. Les aînés de 75 ans et plus ne devraient pas être sur des civières dans les corridors des urgences, M. le Président. Et, quand je dis: C'est l'échec, c'est l'échec de la première ligne, ce que j'entends par là, c'est l'échec, pour le gouvernement libéral, du maintien à domicile.

Je retrouvais les efforts qui ont été faits au cours des dernières années, en termes d'investissement dans le maintien à domicile. En 2001-2002, le Québec dépensait 83,93 $, presque 84 $, M. le Président, pour le maintien à domicile. Alors, six ans plus tard, en 2006, il s'agit de 86 $ par année, en maintien à domicile. En dollars constants, le gouvernement libéral dépense 2,50 $ par habitant de moins dans le maintien à domicile. Où retrouve-t-on les personnes vulnérables en perte d'autonomie? On les retrouve dans les corridors des urgences, M. le Président, alors que 1 258 lits d'hébergement de longue durée pour des personnes aînées ont été finalement fermés par le gouvernement libéral. Oui, les urgences continuent de déborder, mais en plus on a voulu cacher les patients qui se trouvent à l'urgence pour plus de 48 heures.

On l'a dit, je le reprends, Statistique Canada, n'est-ce pas, dans son dernier rapport, déclare que 1,6 million de Québécoises et de Québécois de plus de 12 ans n'ont pas de médecin de famille. Si on ajoute les enfants, c'est plus de 2 millions. M. le Président, nous avions engagé une action concertée pour mettre en place les groupes de médecins de famille, nous nous étions engagés, comme gouvernement, à en mettre en place 300. Le gouvernement a fait le tiers seulement et parce qu'il a arrêté l'implantation de ces groupes de médecins de famille en arrivant, en se disant: C'est le gouvernement précédent, ça ne doit pas être bon. Mais tout ça a privé la population de médecins de famille.

J'aimerais, M. le Président, rappeler également que les admissions en médecine, là... Il faut se rappeler qu'en 2003, en septembre 2003 ? vous savez, les admissions en médecine, dans les facultés, ça se décide longtemps d'avance ? hein, bien les admissions, en 2003, elles étaient de 734 jeunes étudiants inscrits en médecine; elles sont, en 2006-2007, 778. Il y en a 44, admissions, de plus. Et je voudrais, M. le Président, qu'on arrête de nous parler de ceux qui volontairement ont quitté la profession de médecin ou d'infirmière il y a 10 ans. La moyenne d'âge des médecins spécialistes était de 65 ans. Alors, on peut bien en parler jusqu'à 100 ans, mais, pour tout de suite, ils auraient 80 puis 90 ans.

Alors, que faut-il, M. le Président, ajouter de plus? Ce gouvernement va être jugé sur la santé et bien certainement il va payer le juste prix pour son cynisme, pour son mépris à l'égard de la population. Je vous remercie.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, merci, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, et je cède maintenant la parole au ministre du Développement durable et de l'Environnement. M. le ministre, à vous la parole.

M. Claude Béchard

M. Béchard: Oui. Merci beaucoup, M. le Président. M. le Président, c'est un plaisir de prendre la parole ce matin sur cette motion pour rappeler l'Assemblée nationale pour déposer un budget et que notre collègue le ministre des Finances puisse déposer un budget, un budget qui s'inscrira dans la continuité, un budget qui s'inscrira dans la rigueur que nous avons depuis que nous sommes au gouvernement, en 2003, et un budget qui, comme on l'a fait en équipe, depuis que nous sommes là, placera, d'abord et avant tout, les citoyens au coeur de nos priorités, les régions au coeur de nos priorités et non pas la souveraineté au coeur de nos priorités, et ça, je crois que c'est un élément marquant qu'on doit tout de suite relever.

Je veux revenir sur quelques-unes des déclarations qu'on a entendues depuis ce matin, parce que d'abord, là, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve s'est levée en disant qu'on allait dans une élection précipitée. Moi, ça fait des mois, des mois, des mois... Premièrement, on n'est pas en élection, à ce que je sache. Mais, deuxièmement, ça fait des mois qu'on entend le chef de l'opposition nous dire qu'il est prêt à aller en élection, qu'il veut aller en élection. Je ne veux pas reprendre l'exemple de mon collègue de Roberval au sujet du chef de l'opposition, mais on a l'impression, là, que, là, il sent ça arriver, là, puis qu'il ne veut plus, là. Il aimerait mieux voir un autre scénario, il aimerait mieux voir d'autre chose. Nous, peu importe le scénario que le premier ministre va décider, on a une équipe, on est prêts à faire face à la population, on est prêts à défendre notre bilan parce que nous avons un bon bilan.

Juste pour donner un exemple, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve parlait de la santé, à quel point selon elle c'est épouvantable en santé. Est-ce qu'ils ont oublié les médecins qu'ils ont mis à la retraite? Est-ce qu'ils ont oublié les infirmières qu'ils ont mises à la retraite, des décisions pour lesquelles son collègue le député de Rousseau, dans son pamphlet, au moment où il pensait devenir chef, disait vouloir publiquement s'excuser de ce genre de décisions là? Ils les ont mis dehors, ils voulaient s'excuser de le faire. Ils ont oublié ce passage-là.

n(11 h 40)n

Un autre exemple. Oui, il y a plus de médecins au Québec, oui, il y a plus de médecins en formation, mais il y a aussi une grande différence: à leur époque, il y avait cinq médecins étrangers par année, à peu près, qui étaient acceptés au Québec, on est rendus à au-delà de 60 par année, pour 217. On a amélioré le réseau de la santé, et savez-vous quoi, M. le Président? On va continuer parce que, dans le programme que nous avons déposé en fin de semaine, parce que nous avons un programme, nous, chiffré, un programme crédible, un programme sérieux qui est chiffré. On va continuer, M. le Président, à engager des médecins, à engager des infirmières, à faire en sorte que les gens puissent être soignés au Québec, parce qu'à leur époque les gens, ce n'est pas une ambulance qu'ils prenaient pour aller se faire soigner, M. le Président, c'était un autobus pour aller aux États-Unis. C'est ça, la grande différence entre nous et entre eux.

D'ailleurs, quand on parle de gestion, inutile de vous rappeler, M. le Président, que la gestion sous le Parti québécois, ça se résume en quelques exemples. La Gaspésia; il y a eu une série de ministres qui sont allés annoncer. Des années plus tard, qu'est-ce qu'il en reste? Quelques emplois, des surveillants, des gardiens de sécurité qui surveillent la bâtisse qui est vide. On se souvient tous de Montréal Mode, les 13 milliards de la Caisse de dépôt, le métro de Laval: 200 millions seulement pour le métro de Laval. La sortie du métro de Laval, sous le Parti québécois, était en plein milieu de la rivière des Prairies. C'est ça, la gestion du Parti québécois à l'époque. Les gens n'ont pas oublié ça. Le redressement qu'on a fait dans les dernières années a fait en sorte que maintenant on peut parler de gestion sérieuse, de gestion rigoureuse, ce qui n'était pas le cas.

Mais, M. le Président, quand on regarde ce qui se passe, quand on regarde le budget qui va être déposé aujourd'hui, quand on regarde en face, malheureusement, on ne voit pas, aujourd'hui, de programme. On a entendu un autre long discours du chef de l'opposition qui est passé par toutes sortes de propos, qui a parlé beaucoup ? c'est son habitude ? mais on n'a pas entendu quelque chose de nouveau. Avez-vous entendu une nouvelle proposition sur quelque chose, vous autres? Je n'ai pas entendu rien de nouveau, autre que son habituel discours et...

Une voix: Référendum.

M. Béchard: ...autre que son référendum, effectivement. «Référendum le plus tôt possible», ça, on l'entend. C'est la seule chose qui est claire avec le chef de l'opposition.

Pour le reste, pour le programme du Parti québécois, à ce que je sache, l'article 1 est toujours là. S'il y a une chose sur laquelle tous les courants de pensée au Parti québécois, présentement, parce qu'il y en a plusieurs... Je vais vous dire une chose, il y en a de tous bords tous côtés. On a hâte de voir ce qui va sortir à la fin, quel genre de recette ça va faire avec tous les ingrédients qu'il y a dedans, qu'est-ce que ça va goûter. Mais à date la seule chose qui ne change pas, c'est que l'article 1 du Parti québécois, c'est toujours le référendum le plus vite possible, la souveraineté le plus vite possible, et ça, malheureusement ? on a tous des comtés, là ? même un peu partout sur le territoire, ce n'est pas dans les priorités dont les gens nous font mention. Les gens ne nous parlent pas à quel point ils sont impatients d'avoir un référendum. Ce n'est pas de ça dont les gens parlent. Les gens veulent que le travail continue, veulent faire en sorte que l'équipe qui est là, actuellement, que les députés qui sont là, que les ministres qui sont là, avec le premier ministre du Québec... que le travail puisse continuer de se faire et qu'on puisse aller encore plus loin.

Mais, s'il y a un conseil, s'il y a une chose que je peux recommander à tous nos collègues ici... En fin de semaine, samedi, à moins que je ne me trompe, il va y avoir le Conseil national du Parti québécois, et je ne sais pas ce qu'on va faire samedi, je ne sais pas où est-ce qu'on va être samedi, mais il faudrait presque prendre quelques minutes pour regarder ça, parce que, là, d'un côté, il va y avoir la gauche, l'autre côté, il va y avoir le député de Rousseau, le député de Richelieu. Entre tout ça, il y a le chef de l'opposition, qui ne sait pas trop où est-ce qu'il va. Et là il y a le SFQ libre, il y a le je ne sais pas trop quoi libre, il y a l'autre gang qui ne sont pas trop libres, mais ils ont tous des idées différentes puis là ils ont tous des propositions différentes, M. le Président. Et là ils vont essayer de rabouter ça, ça va être la grande opération Scotch tape, comment on peut réussir, une fois l'article 1 identifié, qu'on veut un référendum le plus vite possible, comment on peut faire en sorte que tous ceux qui pas nécessairement disent ce qu'ils pensent mais disent plutôt tout ce qui leur passe par la tête, en face, vont réussir à mettre ça dans un programme pour essayer de faire en sorte que ça va avoir l'air cohérent.

Moi, je vous dis, M. le Président, là, je ne sais pas s'il y a du hockey en fin de semaine, à la télé, je ne sais pas c'est quoi, le film, samedi après-midi, mais je fais une recommandation aux gens: Écoutez ça, ça va être bon. Non, mais, moi, j'ai hâte de voir Marc Laviolette déchirer sa chemise, d'un bord; j'ai hâte de voir le député de Rousseau essayer de remettre son «sport jacket», de l'autre côté. J'ai hâte de voir ça. Qu'est-ce que ça va donner à la fin? Comment il va être habillé, le chef de l'opposition, à la fin de la journée? Avec un veston carreauté, une chemise bleue? Ça va être tout mélangé, M. le Président. Et ça, ils vont essayer de nous faire croire, M. le Président, qu'ils vont s'en aller en élection avec ce programme-là. Ils vont essayer de nous faire croire ça. On ne sait pas ça va être quand, les élections. Mais imaginez, là: L'image, samedi, que les Québécois et Québécoises vont avoir du Parti québécois, c'est quoi qu'il va en rester? Référendum le plus vite possible, chicanes le plus souvent possible, et ils vont en avoir un bel exemple.

Nous, on peut se vanter. Dans nos relations avec le gouvernement fédéral, on a eu au-delà de 280 ententes, 14 milliards, des ententes majeures, on pourrait presque dire: Une entente majeure à tous les six mois. Ça fait changement avec dans votre temps. Dans votre temps, c'était une chicane, à toutes les semaines, avec le gouvernement fédéral. Nous, on s'entend. On s'entend pour quoi? On s'entend pour qui? On s'entend pour les Québécois. Plus de 14 milliards qu'on est allés chercher à Ottawa, depuis qu'on est là. Continuez de compter puis d'y réfléchir, vous allez voir que votre référendum le plus vite possible, nous, on ne souhaite qu'une chose, en fin de semaine, c'est que ça reste dans votre programme. Il faut que ça reste là. Si jamais le député de Vachon a un doute, qu'il n'est pas sûr que le référendum le plus vite possible va rester dans le programme, appelez-nous, on va aller voter, on va vous appuyer pour ça. Il faut que ça reste dans votre programme, M. le Président, on ne peut pas se permettre de perdre ça.

Et, M. le Président, juste pour vous donner un exemple, tantôt le chef de l'opposition disait qu'on ne faisait pas notre travail face à Ottawa, qu'on n'allait pas en chercher assez ? 14 milliards et plus, 280 ententes. Il dit que pour lui la nation, ça ne change rien. C'est drôle, Gilles Duceppe a voté pour puis il était bien content à Ottawa. Et son prédécesseur, Bernard Landry, proposait justement que Stephen Harper ait une motion qui reconnaisse la nation québécoise. C'est fait; là, ce n'est plus bon.

L'UNESCO. Grâce à notre collègue des Relations internationales, c'est fait.

Les congés parentaux sont là. Puis ils parlaient des congés parentaux en face. Je m'excuse, là, mais les congés parentaux, qui a réussi à signer avec le gouvernement fédéral les congés parentaux?

Une voix: ...

M. Béchard: Bien, voyons donc, ce n'est pas vrai. Qui a signé avec le gouvernement fédéral sur les congés parentaux? Qui s'est entendu pour avoir le programme qui fait en sorte que le Québec est le paradis des enfants? C'est le Parti libéral du Québec. C'est nous qui avons signé ça. Puis on est le parti des familles au Québec.

M. le Président, je vous vois presque hocher de la tête tellement vous avez l'air d'accord avec nous. Je veux juste continuer sur un autre élément encore dans nos relations avec le gouvernement fédéral. Écoutez, comme ministre de l'Environnement, on a déposé un plan qui est le meilleur plan au Canada pour lutter contre les changements climatiques, qui est reconnu par tout le monde. David Suzuki était à Québec, il y a 15 jours. Il a dit: Dieu merci, en cette matière-là, nous avons le Québec. Et on se souvient que les gens d'en face nous ont tourné le dos quand on a formé une coalition pour aller chercher de l'argent à Ottawa. Pourquoi ils ne voulaient pas? Ils ne voulaient pas parce qu'ils voulaient qu'on inscrive dans la lettre qu'on allait aller chercher 328 millions à Ottawa. Nous, on ne voulait pas l'inscrire, on s'est dit: Tout d'un coup qu'on a un peu plus, on n'est toujours pas pour dire non. Bien non, on veut que vous mettiez le 328 millions dedans, sinon on n'est pas dans la coalition. Donc, ils se sont isolés, ils sont restés seuls de leur côté, ils ont affaibli la position du Québec. Et là qu'est-ce qui est arrivé la semaine dernière? Ils avaient raison, M. le Président. Les gens d'en face avaient raison: on n'est pas allés chercher 328 millions à Ottawa pour notre plan pour lutter contre les changements climatiques, on s'en excuse.

On s'en excuse, M. le Président. Ce n'est pas 328 millions qu'on est allés chercher, c'est 350 millions qu'on est allés chercher à Ottawa pour lutter contre les changements climatiques. Et là on a bien hâte de voir. Est-ce que Gilles Duceppe, à Ottawa, qui voit ça dans le budget fédéral, va voter contre le budget fédéral parce qu'il y en a trop? Après avoir passé des années à dire que le fédéral ne nous donnait pas assez, là il dirait qu'il y en aurait trop.

M. le Président, le chef de l'opposition officielle a même dit cette journée-là que ça n'a pas bon sens, cette entente-là était trop flexible, il n'y avait pas assez de conditions dedans, que le gouvernement fédéral devrait en mettre plus. Je vais vous dire une chose, il devrait relire certains textes de ses prédécesseurs au Parti québécois parce qu'il est complètement de l'autre côté de ce que tous les chefs du Parti québécois et que tous les premiers ministres du Québec ont toujours demandé: plus d'autonomie pour le Québec, que le Québec prenne sa place, le moins de conditions possible. C'est ce que nous avons eu, et les gens d'en face ne semblaient pas contents de ça.

n(11 h 50)n

Mais ce qui est plus important que tout ça aujourd'hui, M. le Président, c'est qu'avec le budget que notre collègue va déposer, avec éventuellement des élections, au Québec, qu'est-ce qui est important? Qu'est-ce qui est important pour les Québécois et les Québécoises? D'avoir d'un côté, de ce côté ici, une équipe, une équipe complète de gens, oui, qui ont de l'expérience, de gens qui sont dévoués, de gens qui travaillent pour leurs comtés, additionnée avec de nouveaux candidats partout au Québec, dans toutes les régions, qui veulent travailler pour leurs concitoyens, qui veulent travailler pour leurs comtés à faire avancer des dossiers. C'est ça que nous offrons à la population.

De l'autre côté, qu'est-ce qu'il y a? Une opposition qui se chicane encore sur son programme, une opposition ? écoutez, je ne veux pas revenir là-dessus, ce n'est pas de nos affaires ? mais supposément des candidats vedettes de l'autre bord. Le chef de l'opposition nous a dit, à un moment donné, qu'il voulait une équipe de rêve. Mais, à voir la tournure que prend son idée d'équipe de rêve, quand on regarde les conventions qui se passent en face, c'est en train de virer en cauchemar, cette affaire-là. Là, là, il n'est plus avec son équipe de rêve, là, là, il est tombé dans le cauchemar puis bientôt va se mettre à rêver d'avoir une équipe. C'est ça qui s'en vient au Parti québécois. Mais il ne sera pas tout seul dans son rêve parce que dans son rêve il va aussi avoir avec lui le chef de l'Action démocratique du Québec, qui, lui aussi, de plus en plus, rêve d'une équipe. Et il y a certains députés, que, nous, on apprécie en Chambre, de l'Action démocratique, mais on va voir, dans les rêves de votre chef, quels sont les projets.

Mais à date il y a une équipe au Québec. On n'est même pas à savoir c'est qui, la meilleure des équipes. Non. À date, il y en a une, c'est l'équipe du Parti libéral du Québec, c'est l'équipe du gouvernement et c'est l'équipe qui est la seule à avoir un programme chiffré, un programme crédible, un programme qui a été adopté par ses membres, adopté par ses membres. Ça vous rend jaloux, ça, en face, hein? Non, nous autres, ça n'a pas fini en chicane, non, non. Je ne sais pas si vous avez vu ça à la TV, mais ça a plutôt bien fini, les gens avaient l'air bien contents d'être là. Et nos gens sont contents pourquoi? Parce qu'on a un programme qui leur ressemble, on a un programme qui fait en sorte qu'il reflète les réalités de la population, les réalités des régions du Québec. Nous, quand on rédige un programme, M. le Président, contrairement aux gens d'en face, on ne se parle pas entre nous autres, non, on parle aux Québécois et aux Québécoises. On n'essaie pas de se convaincre entre nous autres qu'on est les meilleurs, non, on essaie de convaincre les Québécois de travailler avec nous, de travailler avec nous parce qu'on travaille pour eux aussi, et c'est ça qu'on va continuer à faire, M. le Président.

Le programme qu'on a déposé, le budget qu'on va déposer aujourd'hui sont des outils responsables. Il y a un principe qui est à la base: la rigueur, la rigueur dans les dépenses, la gestion de l'État. Oui, ce sont des principes importants qui ont été reconnus par Moody's.

En face, ça les faisait rire aujourd'hui, quand le premier ministre parlait du fait qu'on avait la meilleure cote de crédit depuis 1975. On essayait de faire des comparaisons puis de dire: Trouvez-nous un gouvernement, à un moment donné, au Canada, qui n'avait pas une meilleure cote de crédit que ce que vous avez aujourd'hui. Bien oui, c'est facile à trouver, c'est vous autres. C'est la première chose qui vous est arrivée en 1995, quand Jacques Parizeau est arrivé. Vous avez été décotés en partant, puis ça n'a pas arrêté depuis ce temps-là.

Voici pourquoi le choix va être clair, voici pourquoi on a rappelé l'Assemblée nationale pour déposer un budget qui va faire en sorte que les Québécois vont avoir plus d'outils en région et vont surtout avoir une bonne équipe pour les défendre, pour faire avancer le Québec encore et davantage.

Le Vice-Président (M. Gendron): Je reconnais maintenant M. le député de Beauce-Nord pour son intervention. M. le député de Beauce-Nord, à vous la parole.

M. Janvier Grondin

M. Grondin: Merci, M. le Président. Alors, on a parlé beaucoup de santé. Moi, je vais parler un petit peu de ça aussi parce que, dans les bureaux de comté, j'imagine que tous les députés sont un peu pris avec le même problème. C'est qu'il y a beaucoup de citoyens qui viennent nous voir, puis aujourd'hui c'est un problème d'avoir un médecin de famille pour remplir les dossiers. Mettons, moi, je prends les dossiers de l'assurance automobile du Québec; les médecins de famille ne veulent même plus remplir ces dossiers-là tellement c'est complexe. Alors, c'est un problème que, moi, je vis dans mon côté. J'imagine qu'il doit y en avoir plusieurs autres qui le vivent aussi.

Au courant de ces années, on a parlé beaucoup de ça, de la santé. On a eu un jugement, là, le jugement Chaoulli, qui a dit que les citoyens, au Québec, avaient le droit de se faire soigner avec leurs sous, et puis on semble avoir pas mal minimisé ce jugement-là. Et, moi, quand on regarde qu'est-ce qui se passe dans les médias... Et puis, encore la semaine passée, on nous montrait qu'il y a des hôpitaux qui se développent dans les pays européens, à Cuba, et nos Québécois s'en vont se faire soigner dans ces pays-là. Alors, moi, je pense que ce serait encore plus important qu'on prenne en considération ce jugement-là qu'on a eu de la Cour suprême pour permettre aux citoyens du Québec qui ont les moyens de se faire soigner en clinique privée, ici, au Québec. Et puis, tout en faisant ça, ça ne pénalise pas les gens qui n'ont pas les moyens. Ceux-là qui ont les moyens, ça les enlève de sur la liste d'attente, au moins.

Et puis on pourrait, dans ce sens-là, utiliser nos équipements qu'on a, qui coûtent une fortune. On pourrait les utiliser 24 heures par jour, s'il le faut. Alors ça, c'est un problème que, moi, je pense que ce serait important qu'on aille dans le sens de ce jugement-là.

Je ne peux pas m'empêcher aussi de penser à la Société d'assurance automobile du Québec. On sait que, l'assurance automobile du Québec, autant les libéraux comme les péquistes ont pigé au-delà de 2 milliards dans cette société-là, dans le temps où il y avait des fonds, et, en 2005, on a transféré la société, on l'a sortie des périmètres comptables du gouvernement avec une dette de 800 millions. Alors, il va falloir y penser parce qu'on va avoir les augmentations de la Société d'assurance automobile, là, je pense, juste après les élections. Ça va commencer. C'est comme par hasard. Et puis je pense que tous les citoyens, il va falloir qu'ils le calculent, là, sur le montant d'argent qui supposément va revenir, là. Il va falloir calculer cette augmentation-là.

Moi aussi, je veux parler de l'énergie verte parce qu'on a beaucoup de problèmes avec l'environnement, mais il y a beaucoup de choses dans l'environnement qu'on pourrait utiliser pour faire de l'énergie. J'ai eu la chance avec ici, l'Assemblée nationale, de recevoir des gens de l'Allemagne qui sont venus nous voir à quelques reprises, et puis ils nous parlaient, eux autres, dans leur pays, de quelle manière ils peuvent utiliser tout ce qu'il y a d'énergie autant dans les lisiers, dans les gras animaux, pour faire de l'électricité, pour faire des gaz, pour chauffer les villages au complet avec ce genre d'énergie. Ici, au Québec, on est pris, on dirait qu'on ne voit pas ça. On attend, on attend et puis on n'a pas encore essayé de développer ça. Et pourtant on sait très bien qu'il y a plusieurs personnes, à l'heure actuelle, qui auraient des projets, qui viennent nous proposer des solutions pour utiliser cette énergie-là, mais on a une réglementation tellement compliquée au Québec que c'est impossible d'utiliser ça. Même il y a des compagnies qui sont venues me voir, moi, puis ils sont capables de vendre leur technologie en Europe, ils sont capables de la vendre aux États-Unis, mais on n'est pas capables de l'appliquer au Québec: notre réglementation est trop forte. Alors, moi, je pense qu'il va falloir ouvrir les yeux là-dessus dans les années à venir.

En parlant d'environnement, on a aussi tout intérêt à essayer, dans les années qui s'en viennent ? même on le vit aujourd'hui ? essayer d'encourager, dans le monde agricole ? parce que c'est un monde que je connais très bien ? encourager nos citoyens à prendre, à essayer d'acheter nos produits québécois. Parce qu'on est rendus qu'on achète à un prix, on achète des produits qui viennent de l'extérieur du Québec souvent, mais dites-vous que je pense qu'on fait une erreur parce que, quand on achète tout de l'extérieur, on n'a pas les mêmes contrôles qu'on a au Québec et puis on se met en trouble. Vous savez ça, M. le ministre? Alors, c'est des choses de même.

Puis, quand on parle, là, beaucoup des baisses d'impôt qu'on a eues au courant des années, bien je dis aux citoyens: C'est beau, les baisses d'impôt, c'est vrai que peut-être il y a des gens qui en ont eu, mais regardez aussi que, depuis 2003, la dette a augmenté de 109 milliards à 120 milliards. Alors, c'est tout. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Gendron): Je vous remercie, M. le député de Beauce-Nord, et je reconnais maintenant M. le député de Vachon. M. le député de Vachon, à vous la parole.

M. Camil Bouchard

M. Bouchard (Vachon): Merci, M. le Président. J'aimerais, pour commencer, faire un petit retour sur l'intervention du député de Kamouraska-Témiscouata. Il nous a vendu son «punch line» de la fin de semaine, à savoir que déjà il sait qu'il va dire aux journalistes que le Conseil national du Parti québécois a appliqué une opération de Scotch tape, on va voir apparaître ça dans les journaux, c'est tout prêt, là, mais, à écouter le député de Kamouraska-Témiscouata, je lui suggérerais bien respectueusement, étant donné toutes les balivernes que nous avons entendues, d'appliquer l'opération Scotch tape à ses propres lèvres, ça lui irait très bien et ça nous dispenserait de discours échevelés, non rigoureux et farcis d'affirmations loufoques. Alors, ce serait très bien, l'opération. D'ailleurs, ce gouvernement d'en face, l'opération Scotch tape, il connaît ça. Il nous a imposé le bâillon tellement souvent qu'on n'a pas besoin d'avoir trop d'annonces des opérations Scotch tape en question.

n(12 heures)n

M. le Président, j'aimerais qu'on puisse parler de cette hausse des frais de scolarité en vérité. Le gouvernement nous a annoncé, enfin le Parti libéral nous a annoncé, il y a quelques jours, une hausse des frais de scolarité en disant: Écoutez, ce ne sera pas vraiment très important, puisqu'à chaque 10 $ qu'on investira dans le dans le système, qu'on rajoutera au budget de l'éducation, on demandera 1 $ aux étudiants. Bon. Depuis lors et en s'appuyant sur la plateforme du Parti libéral, on a bien vu que cette affirmation était tout à fait fautive, sinon erronée. L'affirmation qu'il aurait fallu entendre, c'est ceci: c'est que, pour chaque dollar que le gouvernement va investir, nous demandons aux étudiants d'investir 0,93 $. Pour chaque 1,20 $, contrepartie, 0,93 $, ce qui revient à dire que les étudiants vont payer bien au-delà de 75 % du réinvestissement annoncé par le Parti libéral au niveau des universités. C'est ça, la vérité. C'est ça, la vérité.

La vérité, c'est que, sur 1 milliard annoncé, il y en a 800 millions sur les coûts de système que l'on doit assumer et 200 millions de nouvel argent, M. le Président, dont à peu près 60 % va vers les universités. C'est 120 millions de nouvel argent vers les universités, à terme. Et à terme c'est 93 ou 95 millions qu'on demande aux étudiants. C'est loin du rapport 1 $ étudiants sur 10 $ gouvernemental. C'est 1 $ étudiants pour à peu près 1 $ gouvernemental ou un peu plus. Alors, M. le Président, c'est ça, la vérité. L'autre vérité à laquelle on aimerait croire, étant donné la promesse du Parti libéral, on aimerait bien croire ce que le Parti libéral nous dit maintenant, à savoir: ce ne sera pas très grave, ce sera une augmentation de 30 %. On aimerait bien croire que c'est vrai. On aimerait bien croire ça.

Alors, qu'est-ce qui s'est passé ce matin, en Chambre, à l'Assemblée nationale? J'ai vu le premier ministre citer un extrait d'une entrevue que j'ai donnée, ce matin, à M. Homier-Roy, à Radio-Canada, et, M. le Président, je vais vous donner la copie intégrale de cet extrait de l'entrevue. J'ai vu le premier ministre citer un extrait sans toutefois en respecter l'intégralité. Voici ce que dit le premier ministre en me citant: «Écoutez, je ne demanderais pas mieux que de croire ? et là je reprends les paroles de l'animateur ? à une augmentation étalée [et] à une augmentation de 30 %, mais...» Et là le premier ministre s'est arrêté avant le «mais». Il a omis la phrase suivante: «...mais rappelez-vous, quand même, il faut appeler un chat un chat. M. Charest, avant les dernières élections, nous a promis solennellement ? ou le premier ministre ? de ne pas augmenter les frais des services de garde. La première chose qu'il a faite ? et je poursuis la citation lors de mon entrevue avec M. Homier-Roy; la première chose qu'il a faite ? suite aux élections, c'est de les augmenter de 40 %. Et, [je continue,] quasiment en catimini, d'augmenter les frais des services de garde à l'école de 40 %. Souvenez-vous de ça, M. Homier-Roy.»

Toute cette partie de mon intervention, le premier ministre l'a ignorée, l'a omise pour ensuite me citer dans une autre réponse. Il va à une autre réponse à une autre question pour me citer, disant: «Nous avons déjà très clairement affirmé que nous allons maintenir le gel. Mais nous avons aussi indiqué antérieurement, avec les étudiants, que ce dossier du financement des universités devra faire partie d'une conversation que nous aurons avec eux et les administrations universitaires.» Et je poursuivais: «Toujours ce qu'on fait au Québec, et ça, je pense que ce n'est pas correct, on décide, entre administrateurs et gouvernement, d'augmenter les frais de scolarité.» Et je poursuivais ? et là le premier ministre évidemment ne l'a pas cité: «La dernière fois [que l'on a fait ça], d'ailleurs, c'était sous le régime libéral, [dans les] années quatre-vingt-dix, on avait triplé les frais de scolarité et on avait diminué la part que l'État investissait dans les universités en compensation.»

Tout ce bout-là, là, ce matin, le premier ministre ne l'a pas cité. Et, biffant ce passage, il a poursuivi en me citant: «...il y a un peu d'hypocrisie dans le système, entre vous et moi...»

Alors, M. le Président, je dépose, avec votre permission, cet extrait intégral de l'entrevue, et les membres de cette Assemblée pourront comparer ce qu'en a fait le premier ministre ce matin, me citant à partir de cette entrevue, et tous les bouts qu'il a biffés et omis, et tout le montage, le montage qu'il a fabriqué à partir de cette entrevue. Alors, M. le Président, si vous permettez, je vais...

Document déposé

Le Vice-Président (M. Gendron): ...consentement pour le dépôt? Alors, il y a consentement.

M. Bouchard (Vachon): Alors, M. le Président, alors que nous entamons une campagne électorale, j'aurais vraiment souhaité, j'aurais vraiment souhaité que le premier ministre, dans son intervention dans ce dossier, me citant dans cette entrevue, fasse preuve de plus de droiture intellectuelle, plus de rigueur, plus de respect à l'endroit du parlementaire que je suis.

M. le Président, au moment où on se parle, étant donné le comportement du premier ministre ce matin, qui a utilisé des parties de l'entrevue qui faisaient son affaire pour les accoler les unes aux autres et donc me citer de façon tout à fait incorrecte et fautive, j'imagine que le premier ministre en ce moment n'est pas très content de lui. Le nez doit lui allonger, pas à peu près. Et là je trouve ça outrageux qu'un premier ministre, qui prétend occuper un statut de chef d'État, puisse se comporter de la sorte envers un parlementaire.

M. le Président, autre affirmation. Autre affirmation. Il y a plusieurs de mes collègues d'en face, ministres, qui ont affirmé: Ce n'est pas grave, c'est 2 $ par semaine. Ils n'ont pas dit: La première année, hein; 4 $, la deuxième; 6 $, la troisième; 8 $, la quatrième; 10 $, la cinquième. Ils ne l'ont pas dit, ça. 2 $. Ça paraît bien. Puis, à la seconde, ça fait combien? Bien, des poussières sans doute puis... Alors, c'est quoi, cette attitude, hein? Ils ont choisi le 50 $ pourquoi? Pour pouvoir dire «2 $ par semaine». Mais, d'année en année, on ajoute au montant qui sera demandé aux familles de classe moyenne et aux étudiants, mais ça, on ne l'indique pas. Alors, c'est le genre d'intervention qui m'afflige alors qu'on est en train, en pleine campagne électorale, de vouloir discuter d'un sujet aussi sérieux que celui du financement des universités.

M. le Président, notre approche est très claire là-dessus: nous avons opté pour favoriser l'accessibilité à l'éducation à partir des tout-petits jusqu'à l'université. Nous avons opté pour ne pas surendetter les étudiants. Et il y a là-dessus une étude fort intéressante qui compare les étudiants de l'Université Concordia à des établissements semblables en Ontario. On y voit que les étudiants ontariens sont endettés deux fois plus que nos étudiants du campus de Concordia. Nous avons décidé, nous avons opté de ne pas taxer la matière grise dont on a tant besoin dans le contexte actuel. Nous avons opté pour ne pas alourdir le fardeau de la classe moyenne. Il y a 40 % au moins des étudiants, M. le Président, qui sont de la classe moyenne et qui n'ont pas accès facilement aux bourses dans le programme actuel, et ce n'est pas l'investissement annoncé par le Parti libéral qui corrigera la situation. Mais nous avons aussi annoncé que nous voulons intégrer désormais, inviter désormais les étudiants à discuter avec les administrateurs et notre prochain gouvernement sur toute la question du financement des universités et des collèges plutôt que de les braquer avec des annonces comme celle que le Parti libéral a faite, M. le Président. Merci.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, j'indique qu'il restera à un prochain intervenant de la formation de l'opposition officielle 7 min 40 s. Alors, est-ce que... Alors, si c'est vous... Alors, Mme la leader de l'opposition officielle, pour son intervention.

Mme Diane Lemieux

Mme Lemieux: M. le Président, nous sommes, aujourd'hui, en séance extraordinaire parce que le gouvernement a décidé donc de déclencher des élections générales, et je ne crois pas que je dise un grand secret en présumant que ces élections seront déclenchées dès demain.

M. le Président, le leader du gouvernement a à plusieurs reprises, aujourd'hui, d'ailleurs cherchant à se défiler à une question simple, évoqué le fait que le chef du Parti québécois, et le Parti québécois, avait déjà signifié son intention de se présenter aux élections générales au moment où le premier ministre déciderait de les déclencher. Alors, il n'y a pas de doute sur le fait que, nous, nous sommes bien au clair: des élections générales vont être déclenchées demain, et on a posé les gestes qu'il fallait pour pouvoir se présenter devant les Québécois avec le propos, l'organisation, etc. Donc, il n'y a pas de doute sur le fait qu'on sait qu'on s'en va en élection générale, puis on est prêts à aborder cette étape-là avec les Québécois.

n(12 h 10)n

Ceci étant dit, M. le Président, je voudrais, dans les quelques minutes qui me sont attribuées, revenir quand même sur un élément, parce que de décider de déclencher des élections générales, c'est une décision qui est difficile, qui est lourde de conséquences, et, dans notre système démocratique, c'est le premier ministre qui prend cette décision. Or, je veux revenir sur les dilemmes que le premier ministre a dû résoudre pour pouvoir décider de cette date du déclenchement des élections générales. Et à l'évidence le premier ministre du Québec, chef du Parti libéral, a les yeux rivés sur le calendrier depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Je ne crois pas non plus révéler un grand secret d'État en disant qu'il n'est pas impossible, en émettant l'hypothèse que le premier ministre a eu les yeux rivés sur le calendrier à l'automne dernier... On a tous compris que le premier ministre, depuis l'automne dernier, espérait qu'une fenêtre s'ouvre et qu'elle lui permette de déclencher des élections générales à l'automne, mais cette fenêtre s'est refermée. Alors, il s'est remis à être obsédé par le calendrier ces dernières semaines et il a dû résoudre des dilemmes.

Quand? Bien, M. le Président, il est évident qu'il y a toutes sortes d'éléments qu'il a soupesés, qu'il a considérés pour prendre cette décision. Mais il y en a un que je voudrais apporter à l'attention de nos concitoyens et de nos concitoyennes: le fait que le premier ministre devait, dans le choix de cette date, considérer qu'il dirige un gouvernement qui est sous enquête à plusieurs niveaux et qu'il aurait intérêt à ne pas avoir ces résultats d'enquête dans le paysage au moment où il serait en élection générale.

M. le Président, dans le choix de cette date, il m'apparaît évident que le premier ministre a dû se dire: On n'a pas intérêt à ce que l'appel d'offres pour Orford soit complété au moment où on se présentera devant les Québécois pour solliciter à nouveau leur confiance, parce qu'on connaît la lourdeur, le poids que représente pour le gouvernement libéral ce dossier d'Orford. Donc, il s'est dit: Je n'ai pas intérêt à ce que cet appel d'offres soit complété, c'est mieux que ce soit en cours au moment des élections que complété.

Il s'est certainement dit: Je n'ai pas intérêt à ce que l'enquête sur le viaduc, l'effondrement du viaduc, à Laval, soit dans le paysage au moment où on sera en mode électoral. Et, beau hasard, le rapport a été reporté, le rapport final a été reporté. M. le Président, nous avions dit, au sujet du rapport sur le viaduc, qu'une bonne enquête du coroner, une institution qui a été prouvée, qui a du métier, où il y a des professionnels, où une infrastructure existe déjà, ferait en sorte que peut-être qu'on aurait des résultats préliminaires, aujourd'hui, au moment où on se parle, sur les causes expliquant l'effondrement de ce viaduc. Donc, le premier ministre, il est fort probable qu'il se soit dit: Je n'ai pas intérêt à avoir ça en plein visage.

Il a dû se dire aussi: L'enquête sur C. difficile, à Saint-Hyacinthe, je n'ai pas intérêt à avoir ça dans le paysage. Ce serait après la date du 26 mars que ce rapport serait disponible. Je n'ai pas intérêt à ce que, durant une période électorale, on discute des responsabilités qu'un gouvernement doit porter face à l'éclosion et à la gestion de cette maladie terrible qui a occasionné des décès.

Il a dû se dire aussi: Je n'ai pas intérêt à ce que l'enquête du Vérificateur général du Québec concernant une transaction qui soulève toutes sortes de questions à Hydro-Québec soit au grand jour. M. le Président, je vous rappelle qu'il y a une transaction qui soulève toutes sortes de questions, que le vérificateur interne d'Hydro-Québec avait dit jusqu'à tout récemment: Je vais être capable de vérifier ça sous ma propre gouverne, mais que finalement il demande l'aide du Vérificateur général du Québec. C'est sûr que le premier ministre a dû se dire: Je n'ai pas intérêt à ce que cette affaire-là soit étalée, les résultats de cette enquête, durant une période électorale ou juste avant le déclenchement de l'élection générale.

Il a dû se dire: Je n'ai vraiment pas intérêt à ce que l'enquête du juge Grenier au sujet des opérations illégales d'Option Canada soit dans le paysage, à l'évidence, M. le Président, à l'évidence. Et il est bien connu que ce rapport pourrait être vraisemblablement déposé à la fin du mois de mars. C'est les indications qu'on a jusqu'à maintenant. Le premier ministre a bien pris soin de faire en sorte que le scrutin ait lieu le 26 mars. Et, quand on voit l'attitude, les silences, les silences de ce matin lorsque nous avons évoqué de nouvelles informations qui d'ailleurs interpellent directement le directeur de cabinet du premier ministre, on comprend que, lorsqu'il a eu les yeux fixés sur le calendrier, il a conclu qu'il n'avait pas intérêt à ce que le rapport du juge Grenier sur les opérations illégales d'Option Canada soit dans le paysage au moment où les Québécois feraient leur choix quant à un nouveau gouvernement.

Et, M. le Président, il a dû également se dire que tenir des élections dans les environs de mi-avril ou du mois de mai alors que nous allons signaler fortement l'exclusion du Québec de la Constitution canadienne depuis 25 ans, alors que le Parti libéral du Québec n'a aucune position constitutionnelle ? et ça ne s'est jamais vu ? il a dû se dire: Cet anniversaire, lourd de conséquences pour les Québécois, je ne le veux pas dans le paysage à l'occasion des élections générales parce que ça va paraître que, comme chef du Parti libéral, je n'ai rien à proposer aux Québécois, je n'ai rien à proposer pour faire en sorte que le Québec occupe tout l'espace dans le Canada, se permettant ainsi de nous reprocher de vouloir proposer un projet aux Québécois. Ça aurait paru beaucoup, M. le Président, qu'il y ait des élections aux environs du 17 avril, qu'il y a un silence, qu'il y a un vide total, de la part d'un gouvernement fédéraliste, quant à la position constitutionnelle.

Alors, voilà, M. le Président, pourquoi je crois que, demain, le Québec sera dans une démarche d'élection générale, parce que c'est un gouvernement sous enquête et un gouvernement qui est en fuite.

Le Vice-Président (M. Gendron): Alors, je vous remercie, Mme la leader de l'opposition officielle.

Affaires du jour

Retrait de la vie politique de certains députés

Alors, ceci termine le temps imparti pour la motion sur le débat restreint, et nous poursuivons nos travaux avec ce qui était prévu à l'ordre de la Chambre, c'est-à-dire la motion pour souligner le départ d'un certain nombre de collègues qui ne seront plus de retour, quel que soit le résultat de ce qui va arriver dans le futur. Et en conséquence je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle pour ses hommages.

M. André Boisclair

M. Boisclair: Je vais changer de ton, M. le Président, je vous le dis tout de suite.

Le Vice-Président (M. Gendron): Vous avez le droit.

M. Boisclair: Je vais changer de ton, M. le Président, parce que nous sommes, aujourd'hui, conviés par la présidence, le leader du gouvernement, la leader de l'opposition, le premier ministre et moi-même, pour saluer la contribution de nos collègues aujourd'hui députés à l'Assemblée nationale mais qui nous ont annoncé qu'ils ne seraient pas du prochain rendez-vous électoral.

Je veux rapidement souligner le nom de chacune de ces personnes: notre collègue Cécile Vermette, élue, en 1985, à l'Assemblée nationale; Solange Charest, députée de Rimouski, élue, en 1994, à l'Assemblée nationale; Michel Létourneau, député d'Ungava, élu en 1994; Hélène Robert, députée de Deux-Montagnes, élue en 1994; Stéphan Tremblay, député de Lac-Saint-Jean, élu, lui, en 2002; Jonathan Valois, député de Joliette, élu en 2003.

Et je ne voudrais pas manquer l'occasion de souligner aussi la contribution de députés libéraux qui ne se représentent pas. Je voudrais les nommer: Yvan Bordeleau, député d'Acadie, élu en 1989. Depuis ce temps, nous partageons les banquettes de l'Assemblée nationale, lui et moi. Margaret Delisle, députée de Jean-Talon, élue en 1994. Et, M. le Président, permettez-moi de saluer de façon particulière notre ami Bill Cusano, député de Viau et vice-président de l'Assemblée nationale, élu, lui, en 1981.

Je souligne aussi des gens qui ont contribué au Parti libéral, que nous n'entendrons pas, si j'ai bien compris, aujourd'hui, mais Réjean Lafrenière, député de Gatineau, élu en 1989, et Nicole Loiselle, députée de Saint-Henri?Sainte-Anne, élue, elle, en 1989.

J'aurais bien des choses à dire, M. le Président, sur chacune de ces personnes et je n'aurais certainement pas assez des quelque 10 minutes pour souligner leur contribution.

Je voudrais, d'abord et avant tout, M. le Président, parler quelques instants aux gens de mon équipe et j'adresserai aussi quelques mots particuliers aux députés libéraux. Chacune des personnes du Parti québécois dont je souligne, aujourd'hui, la contribution ont eu le privilège de servir les gens de leurs circonscriptions, mais je voudrais, comme chef du Parti québécois, aussi vous dire jusqu'à quel point je suis fier de leurs états de service comme représentants du Parti québécois dans chacune de ces circonscriptions.

n(12 h 20)n

Les gens qui se sont fait élire ici, à l'Assemblée nationale, y sont entrés, bien sûr avant toute chose, parce qu'ils avaient réussi à gagner la confiance des membres du Parti québécois dans chacune de leurs circonscriptions, et je sais jusqu'à quel point cette entrée en politique, particulièrement au Parti québécois, peut être, dans certains cas, un dur baptême de feu. Parlez-en à la députée de Marie-Victorin qui pourrait vous dire combien elle a travaillé fort pour mériter la confiance des membres de notre parti. Je veux donc dire, avant toute chose, à chacune de ces personnes combien je suis fier de les avoir eues comme représentants et représentantes du Parti québécois à l'Assemblée nationale, et c'est parce qu'elles avaient su bien s'incruster dans la population, auprès des membres du parti, que ces personnes ont pu gagner la confiance de la population. Elles ont, chacune à leur façon, livré des témoignages importants à la fois dans leurs comtés et à l'Assemblée nationale, et je voudrais souligner quelques-unes de ces contributions.

D'abord, je voudrais parler à ma collègue Solange Charest et je veux remercier Solange, qui nous avait indiqué, il y a un certain temps, qu'elle quittait la vie politique, qu'elle ne serait pas sur nos rangs. Mais, jusqu'à la toute dernière minute, Solange a représenté les gens de Rimouski avec brio, efficacité. Et je me souviendrai longtemps de ses contributions au caucus de notre parti et aussi dans ses débats en commission parlementaire et à l'Assemblée nationale, dans tout le débat entourant l'adoption de la nouvelle Loi sur la protection de la jeunesse. Solange Charest a réussi à laisser une trace indélébile dans les travaux de cette Assemblée, et je pense qu'elle peut être fière d'avoir réussi à contribuer, comme une députée d'opposition, comme une femme engagée en particulier auprès de la jeunesse québécoise et des familles québécoises... qu'elle peut être fière de cette contribution. Solange est une batailleuse bien connue chez nous, une femme de tête, et je pense que ce sera un défi pour nous non pas de la remplacer, parce qu'elle est, d'une certaine façon, irremplaçable, mais la personne qui aura à lui succéder aura certainement le privilège de rentrer dans une circonscription qu'elle connaît bien, et je sais qu'elle pourra compter sur son appui. Merci à Solange Charest.

Je veux parler d'Hélène Robert et lui dire: Hélène, on avait le privilège de se connaître avant la politique, on s'est connus un peu à travers la politique aussi. Et je veux dire jusqu'à quel point j'ai été ému de voir les témoignages nombreux qui lui ont été rendus dans sa circonscription. J'y ai moi-même contribué, mais je pense que, depuis qu'elle a annoncé son retrait de la vie politique, il a dû y avoir trois ou quatre cérémonies pour lui rendre hommage dans sa circonscription, au caucus. Hélène, tu as, de façon très digne, représenté les gens de Deux-Montagnes. Je tiens à te remercier. Je tiens à dire à la population de la circonscription de Deux-Montagnes combien ils ont été privilégiés de pouvoir t'avoir comme députée.

Je veux parler de mes deux amis mousquetaires, Stéphan Tremblay et Jonathan Valois, qui ont réussi à insuffler une énergie nouvelle dans notre parti. Le travail qu'ils ont fait auprès de la jeunesse québécoise, la qualité des débats qu'ils ont menés... Je pense que le Parti québécois a su incarner les espoirs de la jeune génération en grande partie grâce à leur travail, grâce au travail d'Alexandre Bourdeau qui reste parmi nous. Mais ils y ont contribué de façon puissante non seulement sur l'organisation, mais je vois la contribution des débats sur les questions d'environnement. Stéphan Tremblay, député de Lac-Saint-Jean, a su imprimer un élan nouveau au Parti québécois sur les questions d'environnement, et je tiens à l'en remercier.

Puis, tous les débats de Jonathan Valois, vraiment on va s'ennuyer de son accent à lui, de sa cravate un peu défaite puis de son style bien à lui. Mais quelle ne fut pas, M. le Président, mon grand plaisir lorsque je l'ai entendu, à la radio, nous dire récemment qu'il ne faisait que prendre une pause de la politique. Il a insisté. Donc, que les Québécois qui ont eu autant d'admiration pour lui que, moi, j'ai pu en avoir puis que nos collègues ont pu en avoir se le tiennent pour dit, Jonathan Valois reviendra en politique, et ce sera au Parti québécois, du côté de la famille souverainiste. Merci, Jonathan, de ta contribution. Merci.

Je veux, aujourd'hui, aussi saluer le travail de Cécile Vermette. Siéger à l'Assemblée nationale, vous l'imaginez, M. le Président, depuis 1985, c'est tout un contrat. On s'émeut parfois que des gens quittent après un mandat, mais quitter après plus de 20 ans de vie politique active à l'Assemblée nationale... Je comprends que, lorsque Cécile Vermette est entrée en politique, sa fille avait, de mémoire, 12 ans et qu'aujourd'hui c'est sa petite-fille qui a, aujourd'hui, 12 ans. Et je pense, Cécile, qu'on peut dire sans aucun doute que la boucle est bouclée. J'imagine tous ces moments de vie partagés avec les tiens puis avec les gens de la circonscription de Marie-Victorin. Je voudrais dire jusqu'à quel point aussi on a été honorés de la façon dont tu as contribué à faire en sorte qu'une relève compétente se joigne à notre équipe. Le travail que tu as fait pour notre formation politique jusqu'à la toute fin, Cécile, est un travail remarquable, et je veux te dire merci pour ce travail.

Il y en a un chez nous qui en a fait, des kilomètres, M. le Président, ces dernières années. Imaginez, représenter la circonscription d'Ungava. Moi, je trouve ça long parfois, faire les 2 h 30 min de route de Montréal vers Québec, mais imaginez si je partais de Chibougamau à chaque semaine pour venir à Québec siéger à l'Assemblée nationale. Je peux vous dire qu'il en fallait, de la conviction, puis il en fallait, de la persévérance pour représenter les gens de la circonscription d'Ungava, la plus grande des circonscriptions du Québec, et Michel va laisser la trace de la qualité de son engagement.

Mais tous doivent se souvenir de la contribution déterminante du député d'Ungava, de Michel Létourneau dans la «Paix des Braves». Michel a été un des artisans de la «Paix des Braves» qui a su véritablement, à partir des réalités de sa circonscription, influencer tout le Québec et pour ça, jusqu'à la fin, dans des contextes parfois difficiles de tensions qui sont vécues entre les différentes communautés de sa circonscription, qui a su, avec hauteur, élévation et beaucoup d'élégance, mener le débat public. Michel Létourneau passera, aura laissé, lui aussi, une trace indélébile à l'Assemblée nationale, et je tiens à l'en remercier.

Et il y en a un, et ce n'est pas le petit dernier, M. le Président, mais c'est celui qui est derrière moi. Chaque fois que je me lève, tout ce qu'il voit, c'est mon dos. Je me sens en sécurité derrière lui. Mais ce n'est pas pour rien si physiquement, à l'Assemblée nationale, il est derrière moi. Michel a toujours été derrière ses chefs, il a toujours été derrière son équipe. Il l'a fait de façon digne, avec énormément de droiture. Occuper la fonction de whip au Parti québécois, je vais vous dire, M. le Président, sans trahir de secret de notre caucus, que c'est toute une job. Si vous pensez que c'est dur, diriger les travaux de l'Assemblée nationale, là, être whip au Parti québécois, c'est toute une tâche. Et je veux le remercier pour la sincérité dans son engagement. Je veux le remercier pour les services qu'il a rendus aux gens de sa circonscription. Je veux dire à Michel Morin mes meilleurs voeux, mon amitié qui sera sans fin pour Michel Morin. Michel, merci pour ton travail.

Puis, ce que je veux souligner aussi, c'est la droiture avec laquelle chacune de ces personnes s'est acquittée de ses responsabilités. Ces gens ont agi comme députés et ils ont bien servi la population, mais je pense aussi qu'ils ont, de façon remarquable, bien servi l'intérêt national du Québec. Je veux saluer ici la qualité de leur engagement souverainiste. Je sais combien les souverainistes sont exigeants auprès de leurs élus. Parlent-ils assez ou pas de souveraineté? De façon claire ou pas? Est-ce que le mot est prononcé dans chacun de leurs discours? Dans notre jargon à nous, dans notre culture politique, chez nous, M. le Président, au Parti québécois, ce genre de choses sont importantes. Puis je veux dire à toute la famille souverainiste, je veux dire combien chacune de ces personnes ont joué un rôle important dans la promotion de la souveraineté et dans la défense de l'intérêt national du Québec et combien ils ont servi la patrie de façon remarquable, dans des contextes pas toujours faciles, mais avec constance, en sachant regarder quels étaient les intérêts supérieurs du Québec. Ils ont porté le fardeau de la souveraineté du Québec, et je veux leur dire merci de l'avoir si bien fait.

M. le Président, je veux parler de mes amis libéraux aussi parce qu'au-delà du débat contradictoire il y a des gens et il y a des amitiés qui se tissent. Ce n'est pas vrai que je connais personnellement chacune des personnes que j'ai nommées tout à l'heure, et incluant le ministre des Finances, mais je vais me permettre quand même quelques mots auprès de certaines d'entre elles que je connais davantage puis je veux commencer à parler de mon ami Bill Cusano, député de Viau.

n(12 h 30)n

Je me sens un peu responsable de son... je ne dirais pas de son départ, mais Bill a réussi, avec vous, M. le Président, à faire une équipe remarquable à la présidence, et je suis donc content d'avoir été aux côtés du député de Viau quand il a sollicité la confiance des députés du Parti québécois pour accéder à cette importante fonction qui est celle de vice-président de l'Assemblée nationale. Je vous ai, à ce moment-là, M. le député de Viau, offert non seulement mon amitié, mais ma confiance, puis je veux vous dire qu'au nom de toute l'équipe du Parti québécois il n'y a personne qui regrette ce choix. Bien au contraire, vous vous êtes acquitté de vos fonctions de vice-président de l'Assemblée nationale de façon impeccable, et je tiens à vous dire merci pour la qualité de ce travail, la qualité de cet engagement. J'aurais peut-être de temps en temps souhaité que, dans la circonscription de Viau, on puisse faire élire un député du Parti québécois. On a tout fait, mais on s'est aperçu qu'il était indélogeable. Maintenant qu'il s'en va, peut-être de nouveaux espoirs sont-ils permis. Mais, en homme sage qu'il est, je suis convaincu que le député de Viau a bien préparé sa relève et que les gens de sa circonscription s'apprêtent à nous livrer une dure bataille dans la circonscription de Viau.

Je veux le remercier, le remercier pour son travail, et je sais, pour avoir connu le député de Viau dans des moments plus difficiles de sa vie, Bill fait partie un peu de... je n'oserais pas dire... je ne voudrais pas que ce soit pris au mauvais sens, vous savez combien chacun de nos mots seront pesés puis regardés de tous bords, tous côtés, mais Bill Cusano, ça faisait quasiment partie du mobilier de l'Assemblée nationale. Et on a vécu près de vous, M. le député de Viau, entre autres au moment des difficultés qui ont été les vôtres au niveau de votre santé, puis on a été à vos côtés. Et le combat que vous avez mené pour les dons d'organes au Québec, c'était un bon combat, puis, moi, je veux vous dire que, chacun à notre façon, on va tenter d'honorer cet engagement puis de poursuivre sur la voie que vous avez ouverte. Je pense que vous avez soulevé des questions importantes à l'Assemblée nationale, puis on va, chacun à notre façon, se faire le relais de vos préoccupations. Je vous souhaite de la bonne vie, je vous souhaite de l'amour, je vous souhaite des bons moments avec les vôtres. Merci à Bill Cusano de nous avoir si bien représentés comme vice-président de l'Assemblée nationale.

Là, bien il faut qu'on se dévoile des secrets quand même, il faut qu'on se dévoile des secrets ici, aujourd'hui. Il y a des députés de l'Assemblée nationale, même s'ils ne sont pas de la même formation politique que la nôtre, pour lesquels on a toujours beaucoup d'affection puis, dans certains cas, je dirais même un peu de tendresse puis d'affection, puis c'est le cas de la députée Margaret Delisle, à qui je veux vraiment dire merci pour sa contribution à la vie publique. Je veux la remercier pour la façon dont elle a servi constamment, dans sa vie, les gens de Sillery à la fois comme députée à l'Assemblée nationale, mais comme mairesse aussi, qui l'a sans doute par la suite dirigée vers la vie politique nationale. Je veux saluer son courage et sa ténacité, entre autres dans la réforme sur la Loi de la protection de la jeunesse. Elle a, M. le Président, réussi à mériter notre confiance sur cette question, et ce n'était pas une mince tâche. Je veux lui dire merci. Je veux lui souhaiter, à elle aussi, beaucoup d'affection. Je m'ennuierai parfois de ses petits sourires en coin, parfois de ses regards très désapprobateurs, très critiques, parce qu'elle avait parfois le talent de m'accrocher dans le corridor pour me dire: Ça n'a pas de bon sens, ça, André, ce que tu viens de dire là. Mais elle savait aussi, le temps venu, elle savait, le temps venu, elle savait, le temps venu, me faire le clin d'oeil de l'amitié puis de cette complicité qu'on a su partager, les uns les autres. Et je veux donc lui souhaiter, à elle, beaucoup de santé et lui dire toute mon affection. Bonne chance à Margaret Delisle pour la suite des choses.

(Applaudissements)

M. Boisclair: Je connais moins le député de Gatineau et le député de l'Acadie. Je veux les saluer. Je veux les remercier aussi pour leur travail. Je pense au député de l'Acadie, Yvan Bordeleau. Mon Dieu, que des fois, quand, lui, il était dans l'opposition, il nous a fait suer! Je le revois encore soulever, puis arriver, puis mener des vrais débats à l'Assemblée nationale. Lui seul en avait le secret. Je ne sais pas si toute son équipe l'avait désigné pour monter au front sur des questions plus difficiles, mais il a accepté des mandats qui n'étaient pas simples, je dois vous le dire. Et je suis convaincu que les gens de la circonscription de l'Acadie salueront son travail. Je me souviens que le député de l'Acadie m'a rappelé à ma mémoire qu'à quelques reprises il a croisé mon père au centre-ville, qu'il avait eu des mots gentils pour la famille puis qu'il avait engagé une conversation dont mon père me parle encore aujourd'hui. Je veux le remercier pour son humanité puis sa délicatesse. Je m'en souviendrai, M. le Président.

Il y a quelques personnes qui ne sont pas dans cette Assemblée ? je me permets de le souligner ? mais je vais quand même parler un peu d'eux. Le ministre des Finances qui, jusqu'à la toute dernière minute, je comprends, planche à répondre aux questions des journalistes, à expliquer son budget. Ça doit être compliqué, M. le Président! Je ne voudrais pas être dans ses souliers aujourd'hui. Mais, jusqu'à la toute fin, je pense qu'il aura bien servi le Québec. J'ai souvenir aussi de discussions nombreuses, avant qu'il fasse le choix de l'engagement politique, que lui et moi avions eues sur le développement du Québec. Je sais cet homme passionné du service public. Il aura, à la fois comme fonctionnaire, comme administrateur public de haut niveau, bien servi le Québec. Et, d'avoir eu le privilège d'occuper la responsabilité de ministre des Finances après un Gérard D. Levesque, après un Jacques Parizeau, après un Bernard Landry, une Pauline Marois, après le député de Laporte aussi, qui avait occupé ces fonctions, M. Bourbeau, je veux lui dire que cet honneur lui était certainement bien mérité et je veux saluer sa contribution.

J'aurais aimé personnellement saluer la députée de Saint-Henri?Sainte-Anne, Mme Loiselle. Ça, c'est quelqu'un aussi qui en a occupé, de la place à l'Assemblée nationale. Elle laisse sans doute un vide assez grand. J'aurais aimé pouvoir lui dire personnellement mon respect et mon admiration pour la façon dont elle a servi les gens de Saint-Henri?Sainte-Anne. Je me tiendrai loin de tout commentaire plus partisan, mais je veux qu'elle sache, M. le Président, mon admiration puis mon affection, entre autres pour l'importance bataille qu'elle a faite pour les personnes âgées à l'Assemblée nationale. Elle l'a fait avec brio, avec beaucoup d'intelligence. Son engagement pour les plus vulnérables, pour les gens qui sont à la sécurité du revenu... Je me souviens de son engagement derrière la loi contre la pauvreté, sans doute parce qu'elle-même imprégnée de ces réalités dans le quotidien des choses, dans sa circonscription de Saint-Henri?Sainte-Anne. Tous reconnaîtront que cette députée a constamment parlé vrai à l'Assemblée nationale.

Donc, je veux saluer chacune de ces personnes. Puis je termine en disant une chose: Il y a quand même quelque chose d'assez exceptionnel, M. le Président, qu'à chaque fois qu'il y a des gens qui quittent l'Assemblée nationale on est, dans chacune des circonscriptions visées, puis nous-mêmes ici, comme députés à l'Assemblée nationale, on est relativement élogieux à l'endroit de ces gens qui quittent. Et parfois des gens pourraient penser que, là-dedans, il y a une espèce de spectacle, de bonnes manières, et que c'est dans l'ordre des choses de les faire, puis qu'on s'abriait derrière ce langage de circonstance pour tenter finalement, les uns les autres, d'envoyer un message positif d'amitié, et tout le reste. Ce message, M. le Président, je veux que les Québécois sachent qu'il est sincère. Puis, depuis que je suis chef de parti, je fais partie encore plus de la vie de chacun de mes collègues. Je connais leurs histoires familiales, je connais parfois les joies et les malheurs qui peuvent les habiter, le dévouement de chacune des personnes que nous nommons ici, des deux côtés de la Chambre. Ça tient du vrai dénouement... du vrai dévouement, pardon. Ça tient du vrai engagement.

Et je ne comprends toujours pas pourquoi, alors que, lorsque les députés quittent, on souligne leur contribution dans leurs circonscriptions, qu'on fait des albums-souvenirs, qu'on fait des témoignages très éloquents, comment il se fait que, lorsqu'ils sont en poste, on ait des propos parfois aussi durs à l'endroit de la classe politique. Ces gens, que je salue et que je respecte aujourd'hui, sont les mêmes que j'ai salués puis que j'ai respectés tout au long de leur mandat.

Et j'espère simplement qu'à chacune des fêtes qui seront organisées, qui ont sans doute, dans bien des cas, déjà eu lieu, qu'on se rappelle de ce qui aura été dit sur ces hommes et ces femmes qui ont fait le choix de l'engagement politique. Et j'espère que ces honneurs puis ces hommages qu'on leur rendra et qu'on leur a rendus, bien, qu'ils percolent aussi un peu dans l'opinion. Parce qu'on ne peut pas, le jour où quelqu'un quitte la politique, dire: Mon Dieu que cette personne était dévouée et généreuse, qu'elle a fait des grandes choses, puis, lorsqu'on se retrouve dans un autre contexte, penser que les politiciens, c'est tout une gang de pas bons, déconnectés de la population, qui se prennent pour d'autres, qui ne voient pas le monde puis déconnectés des réalités du monde.

Les députés de l'Assemblée nationale, ils sont ancrés dans la réalité du monde. Il n'y a pas personne d'autre que les députés qui voient autant de monde dans une journée puis dans une semaine, qui sont exposés à autant de réalités de la vie du monde de tous les jours. Et je veux, alors que nous engagerons, dans les prochaines heures, un débat électoral, saluer tous ceux et celles qui seront sur les rangs puis qui ont fait le choix de l'engagement politique.

n(12 h 40)n

L'engagement politique, c'est encore quelque chose de grand. Puis je pense, M. le Président, qu'à l'heure où on voit combien le monde bouge, combien l'économie vient façonner nos vies, combien on vit dans un monde de plus en plus complexe, la thèse que j'ai le goût de défendre alors qu'on souligne le départ de certaines personnes, c'est qu'il faut encore dans nos vies plus de politique avec le grand P. Sinon, si nous ne parlons pas, si nous ne menons pas des débats ici, qui va mener ces débats-là? Les seules forces du marché? Les seuls intérêts particuliers de quelques-uns? Ce n'est pas ça le Québec dont personne ici, dans cette Assemblée, rêve. Nous avons un bel outil entre les mains, c'est la parole. Certains trouvent parfois qu'on en abuse, il arrive parfois que la langue nous glisse, il arrive ce genre de choses. Mais, si ce n'était pas de la parole de chacune de ces personnes qu'on souligne ici, nous ne pourrions pas nous vanter de la qualité de notre démocratie.

Et je veux donc remercier sincèrement l'engagement de ces gens, que les bonnes pensées qu'on ait aujourd'hui... qu'elles reflètent, qu'elles inspirent, qu'elles imprègnent la réalité, aussi, de chacun des hommes et des femmes qui sont députés à l'Assemblée nationale.

Donc, voilà, M. le Président. Je souhaite à ces personnes des moments heureux dans leur famille. Je sais que les députés qui nous quittent, de notre formation politique, ne seront pas très loin derrière nous. Nous n'avons pas, chez nous, dans notre formation politique, un candidat homme puis un candidat femme qui, côte à côte, seront candidats pour la prochaine campagne électorale, mais je sais que chacune des personnes qui quittent sera derrière le candidat du Parti québécois qui va les remplacer. Ce sera notre façon à nous d'encourager leur implication. Je sais qu'ils seront sur nos rangs pour la prochaine campagne électorale lorsque viendra le temps de débattre de la question nationale.

Donc, simplement, M. le Président, merci de nous donner cette occasion. Salutations à ces amis, à ces collègues d'armes. Salutations aux députés du gouvernement du Parti libéral du Québec qui quittent, pour qui j'ai aussi un immense respect. Je pense que le Québec vous doit beaucoup, nous vous devons beaucoup. Et que ces mots, que cette parole... que cette estime que nous vous portons, je souhaite qu'elle percole dans l'opinion, qu'elle inspire toutes celles et ceux qui, dans les prochaines semaines, nous regarderont débattre de l'avenir du Québec. Je sais que chacune des personnes qui est ici, dans cette Assemblée, le fera avec coeur, courage et conviction et que le Québec, en bout de course, sortira grandi de cet exercice. Merci, M. le Président.

Le Président: M. le premier ministre.

M. Jean Charest

M. Charest: Merci, M. le Président. Et à mon tour, M. le Président, je veux saluer les collègues parlementaires qui siègent aujourd'hui pour la dernière fois à l'Assemblée nationale du Québec et qui nous rendent... qui nous ont rendus très fiers mais qui en même temps ont été pour nous une source d'inspiration puis également une source d'amitié. Aujourd'hui... Bien, nos sentiments sont toujours partagés lorsqu'un collègue quitte l'enceinte de l'Assemblée. Inévitablement, on est rejoint par nos émotions. Quand cela arrive sur la fin, également, de la vie d'un Parlement, eh bien ça ajoute beaucoup à cette perspective que nous avons sur notre vie ici comme parlementaires et sur tout ce que nous avons partagé ensemble depuis que nous connaissons ces collègues.

Et, aujourd'hui, bien on fait la part des choses, dans le bon sens du mot, puisqu'il y a des collègues du côté de l'opposition officielle qui quittent puis il y a des collègues également du côté parlementaire, du gouvernement, qui vont quitter. Forcément, on ne les connaît pas tous de la même façon, puisqu'on s'est regardés différemment pendant quatre ans ? à la Chambre, à l'Assemblée, ici, on est un devant l'autre. Mais, malgré ce regard, ce que le chef de l'opposition officielle a dit il y a quelques minutes est très juste: on apprend à connaître ces hommes et ces femmes que nous côtoyons régulièrement, et on apprend à les apprécier, et, lorsqu'un collègue quitte, c'est toujours l'occasion de se rappeler l'essentiel dans le fond, puis l'essentiel, c'est qu'on a toujours davantage en commun, beaucoup, beaucoup plus en commun que de choses qui nous séparent comme parlementaires.

Et c'est un peu... Ce n'est pas tout à fait ce que les gens voient quand ils voient les débats à l'Assemblée nationale, hein, parce qu'on est face un à l'autre, on est dans un environnement où, oui, il y a, au sens noble du terme, des partis politiques, des familles politiques et un élément de partisanerie, mais ça existe pour une très bonne raison: ça permet ce choc des idées qui justement nous permet de faire de meilleurs choix et cela permet à ceux et celles qui nous ont fait confiance, qui nous ont confié un mandat de mieux distinguer les choix, de mieux comprendre le sens des enjeux qui ont un impact sur leur vie.

Et mon souhait serait que, oui, tous les citoyens du Québec puissent voir tout le travail qui se fait à l'extérieur de l'Assemblée nationale ou à l'extérieur de la période des questions. Je pense, entre autres, aux commissions parlementaires, qui sont, on le sait, là, des endroits où il se fait beaucoup, beaucoup de travail. L'essentiel, je dirais, du travail parlementaire se fait à cet endroit-là. Ça se fait souvent dans un contexte de collégialité. C'est très valorisant pour les députés qui participent à ces travaux, soit dit en passant, de pouvoir contribuer aux débats, d'avoir ce contact privilégié avec des hommes et des femmes qui sont parmi les plus grands penseurs du Québec, sur certaines questions, qui viennent échanger avec nous sur des enjeux qui auront un impact non seulement sur nos vies, mais la vie de nos enfants. Tout ça est très, très, très valorisant. Ce n'est pas par accident qu'il ne manque jamais de candidats aux élections et que, malgré ce qu'on décrit comme étant une vie qui est difficile, compliquée, une vie qui peut être très dure, on est ici et que nous y participons de plein coeur puis avec beaucoup de passion. Parce qu'il y a dans ce métier de parlementaire et de député, à mes yeux à moi, je pense, un des métiers les plus valorisants au monde. Et on est aux premières loges de tout ce qui se passe dans la société québécoise. Je le redis à nouveau, je le dis presque, je pense, à chaque fois, mais j'ai rarement rencontré un ancien parlementaire pour qui la période où il aura été à l'Assemblée nationale du Québec ou dans un autre Parlement n'aura pas été la période la plus exaltante de leur vie, malgré les difficultés. D'ailleurs, c'est un petit peu notre secret à nous, hein? D'ailleurs, aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de médias, ça va rester entre nous. Alors, on a dans le fond, là, une des meilleures jobs au monde ? et au Québec ? on le sait, puis on se sent privilégiés de cette confiance que nous ont témoignée nos citoyens.

Sauf qu'aujourd'hui on est témoins d'une des règles non écrites, là, on va vivre une des règles non écrites de la politique, que ceux qui quittent aujourd'hui connaissent mieux aujourd'hui qu'hier, c'est la suivante, c'est que c'est très difficile de se faire élire à l'Assemblée nationale du Québec, c'est très difficile de se faire élire à n'importe quel poste, c'est très difficile d'entrer en politique, puis c'est encore plus difficile de sortir de la politique une fois qu'on est entré. C'est encore plus compliqué de faire ce choix un jour et de dire: Je tourne la page, je vais franchir la porte et je vais dorénavant faire ma vie autrement. C'est une décision qui est très compliquée.

Je prends à témoin Cécile Vermette, qui avait une fille, si j'ai bien compris, de 12 ans au moment de son élection, qui a dû expliquer à sa fille de 12 ans pourquoi elle entrait en politique et qui, 20 ans plus tard, réexplique à une jeune fille de 12 ans pourquoi elle décide de quitter la politique. Et je serais curieux d'être... de voir alignés les deux événements côte à côte et d'écouter ce que Cécile Vermette a dû raconter à ces deux jeunes filles de 12 ans qui sont témoins d'une décision importante dans la vie de Mme Vermette.

Aujourd'hui, je veux commencer, moi, par saluer le passage des collègues du Parti québécois. Mme Vermette, que j'ai eu l'occasion de nommer, est une personne que je ne connais pas beaucoup mais que j'aime beaucoup parce qu'elle est assise juste en face de moi. Et, à chaque période de questions, M. le Président, je veux vous dire qu'elle m'a conseillé dans chacune des réponses...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Charest: Et je pense qu'une des raisons qui l'a amenée à quitter, c'est qu'elle n'a jamais réussi à me faire donner la réponse qu'elle espérait...

Des voix: ...

M. Charest: Elle s'est dit: Bon, bien, finalement, là, j'en ai assez. Alors, Mme Vermette, je vous souhaite beaucoup de chance, avec votre famille, dans votre nouvelle vie.

La deuxième personne dont je veux parler, c'est une personne qui porte mon nom de famille, c'est Mme Charest, Solange Charest, qui est la députée de Rimouski. Alors là, on a fait un record à l'Assemblée nationale du Québec, il y en a trois, Charest: Nancy Charest, députée de Matane, et évidemment Solange Charest. Moi, je trouve que deux Charest à l'Assemblée nationale du Québec, c'était assez. Mais lequel des deux, hein? On aurait pu imposer un choix. Vous avez choisi, vous, de continuer votre vie. Et vous êtes dans un comté où vous êtes très bien connue, où Mme Charest est très bien connue. Je peux en témoigner, quand j'ai passé dans Rimouski, elle est appréciée. Vous êtes appréciée, également. Les gens qui ont eu l'occasion de vous côtoyer ont toujours dit beaucoup de bien de vous.

n(12 h 50)n

Et Mme Solange Charest a aussi une bonne voix qui porte quand elle décide d'intervenir. Je me rappelle une intervention que j'avais faite, j'étais dans l'opposition officielle, et Mme Charest était intervenue après une excellente question que je venais de poser, et il avait fallu que je me tourne vers le président pour dire: Écoutez, M. le Président, un Charest à la fois à l'Assemblée nationale! Et donc, Mme Charest, je vous souhaite beaucoup, beaucoup de chance dans votre nouvelle vie.

Il y a Hélène Robert également, qui est parmi celles, dans les premières rangées de l'autre côté, qui me conseillent beaucoup aussi, la députée de Deux-Montagnes, qui a connu une très belle carrière, qui est appréciée également dans son comté. Je peux vous en témoigner, j'ai eu l'occasion de travailler un peu, de passer chez vous, et de vous dire que vous avez été également beaucoup, beaucoup appréciée. Vous avez connu une belle carrière. Quand on parle de députés qui contribuent à tous les travaux, eh bien vous êtes un exemple de cela, et je vous souhaite beaucoup, beaucoup de chance dorénavant dans vos choix de carrière.

Je veux également parler de Jonathan Valois, qu'on n'a pas eu l'occasion de connaître beaucoup ? un passage d'un mandat, ce n'est pas long, hein, pour entrer et sortir ? un jeune député qui est plein d'énergie puis plein de fougue, dans un comté qui est très coloré également, le comté de Joliette, qui est un comté un peu fétiche sur le plan politique. Mais M. Valois a eu l'occasion de toucher à des dossiers qui sont au coeur de l'identité québécoise, les dossiers d'unité et de fédéralisme, des dossiers qui, soit dit en passant, évoquent souvent des sentiments très forts, et on a senti ça chez vous des fois. Et je veux vous féliciter pour le travail que vous avez fait, M. Valois, comme parlementaire, parce qu'on a senti que, sur ces questions-là, ça vous tenait beaucoup à coeur. Et on vous souhaite beaucoup de chance, surtout comme jeune homme, je me permets de le dire, là ? pour moi, ce doit être parce que je vieillis. Et M. le chef de l'opposition officielle, M. le Président, prenait la peine de dire que ce n'est pas votre dernier passage. Je le crois. Je le crois, je pense que vous allez continuer à demeurer actif et je vous souhaite beaucoup de chance à l'avenir, à vous puis à tous ceux qui vous entourent.

Stéphan Tremblay, bien, moi, c'est un député que j'ai croisé à la Chambre des communes. Bien, il faut dire que je n'étais pas là très souvent entre 1993 et 1997, on ne s'est pas croisés souvent. Mais qui peut oublier l'épisode, très rare, de M. Tremblay qui, en guise de protestation ? on avait le sentiment ? contre le monde entier à l'époque, que ce n'était pas seulement une manifestation ou une déclaration qu'il faisait à l'endroit d'un Parlement, mais c'était celui d'un jeune homme élu qui avait décidé symboliquement de transporter son fauteuil de la Chambre des communes à l'extérieur? Et ça a marqué l'imaginaire. On a compris, en tout cas, que vous aviez une certaine passion pour les questions politiques et que vous étiez prêt à laisser votre marque et à vous exprimer. M. Tremblay, vous vous rappelez, M. le Président, a eu un épisode où il a eu un accident d'avion, où miraculeusement il a survécu, et ça veut dire qu'il y a un certain destin dans tout ça. Il est également un jeune père de famille.

J'ai eu l'occasion de croiser son... ? j'allais dire son successeur, ce n'est pas moi qui vais décider ça; mais ? la personne qui portera les couleurs du Parti libéral du Québec dans le comté de Lac-Saint-Jean, qui lui a fait un témoignage d'estime rare, hein ? ça, ça n'arrive pas souvent en politique ? et spontané, il ne s'est pas fait prier pour le dire, et donc c'est donc dire à quel point on mesure l'estime qu'il a gagnée pour les gens qui l'accompagnent. Il s'est intéressé aux questions d'environnement. Et je tiens à soulever le fait que vous n'avez jamais été un collègue qui a fait un excès de partisanerie ? moi, ça ne m'arrive jamais, en passant ? et ça, je l'ai remarqué aussi, et je vous souhaite beaucoup de chance pour vos projets futurs.

Il y a, dans les collègues dont je veux souligner également le passage au Parti québécois, Michel Morin, le député d'Ungava. C'est peut-être...

Des voix: ...

M. Charest: Létourneau, excusez. Je suis en train de... Je ne suis pas sur le bon Michel, là, Michel Létourneau. Michel Létourneau, c'est un des députés qui est le plus apprécié à l'Assemblée nationale, je pense que je peux le dire, en tout cas de notre côté de la Chambre ? j'espère...

Des voix: ...

M. Charest: ...non, mais j'espère que je ne vous embarrasse pas puis que vos collègues ne l'apprennent pas pour la première fois ? et pour toutes les bonnes raisons: c'est un homme loyal, c'est un homme qui a travaillé beaucoup mais qui, par exemple, a eu l'occasion... je le sais, il participait aux équipes de hockey, et c'est un collègue qui a été beaucoup, beaucoup apprécié, qui a travaillé beaucoup dans son comté.

C'est un des collègues du Parti québécois que j'ai eu l'occasion de fréquenter peut-être un peu plus parce que, quand je me déplaçais dans son comté, un comté immense, hein, c'est presque un pays en soi, le comté d'Ungava, ça a été l'occasion pour moi de le connaître un peu mieux. D'ailleurs, on avait fait un voyage, en 1999, ensemble, un événement triste, suite à une avalanche dans le Nord québécois. Alors, ça a été pour moi l'occasion de le connaître davantage et de l'apprécier. Alors, je vous souhaite beaucoup de chance, M. Morin, dans ce que vous allez entreprendre...

Des voix: ...

M. Charest: Létourneau! Excusez-moi. J'ai Michel Morin en tête, que j'ai réservé délibérément pour la fin. Votre chef, avec raison, a voulu souligner que vous étiez assis derrière lui parce que vous êtes whip. Le poste de whip, c'est un poste de confiance puis c'est un poste d'estime. La personne qui assume les responsabilités de whip dans un parti politique l'assume parce qu'il a cette qualité qui lui donne une autorité morale, une certaine aura auprès de ses collègues. C'est un travail extrêmement difficile et c'est un talent... C'est rare, le talent, ce type de talent, peu importe l'endroit où on se trouve. Mais Michel Morin a toujours été un parlementaire courtois, gentil. Spontanément, c'est un homme, on le sent, qui est beaucoup apprécié parce que c'est un homme bon. Et je voulais vous dire, M. Morin, que...

Des voix: ...

M. Charest: C'est un conservateur, en plus, au fédéral. Voulez-vous, on n'entrera pas là-dedans aujourd'hui? Juste pour aujourd'hui. Mais c'est un homme qui a été beaucoup apprécié par ses collègues parce que forcément, dans ses responsabilités, il a été appelé à travailler avec nous. Alors, je vous souhaite beaucoup de chance également dans vos nouvelles fonctions.

J'aimerais maintenant vous parler des collègues avec qui j'ai eu le privilège de travailler pendant les dernières années, plusieurs années, en fait depuis 1998, dans mon cas à moi, mais ils sont à l'Assemblée nationale depuis plus longtemps que ça. Je vais commencer par celui qui est absent, Michel Audet, qui est ministre des Finances, qui livre aujourd'hui un troisième budget pour le gouvernement du Québec.

Michel Audet a connu une carrière absolument formidable, une carrière rare pour l'Assemblée nationale du Québec. Il est économiste de formation. Il a travaillé pour le gouvernement du Québec sur plusieurs années. En fait, il a commencé en 1965-1966. C'est donc dire qu'il a connu tous les gouvernements, là, de Jean Lesage à Daniel Johnson père, Jean-Jacques Bertrand, Robert Bourassa, René Lévesque. Il a servi sous tous les premiers ministres. Il a été sous-ministre adjoint aux politiques budgétaires fiscales, ministère des Finances, en 1974 à 1977 ? aujourd'hui, imaginez, il est ministre des Finances ? sous-ministre associé, également, au ministère d'Énergie, Mines et Ressources ? je ne nomme pas tout, là, j'en choisis ? sous-ministre, ministère de l'Industrie et du Commerce, de la Technologie de 1988 à 1992; c'étaient donc les années de M. Bourassa. Mais j'en profite pour dire: Quand il était sous-ministre associé aux questions économiques, aux sociétés d'État, c'était sous M. Lévesque, de 1979 à 1984.

Il a également été... Ah bien, il a eu une période d'égarement, qu'on lui a pardonnée, quand il a été directeur des pages éditoriales au journal Le Soleil. Mais ça n'a pas été permanent, il est revenu à une responsabilité de directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec, et c'est là où il est venu ensuite joindre notre équipe pour la campagne de 2003. Il est aujourd'hui ministre des Finances.

Il laisse derrière lui un legs exceptionnel. D'abord, comme ministre du Développement économique, il est celui qui a changé toute la structure des capitaux de risque au Québec. Il y avait un papier de publié, la semaine dernière, qui disait à quel point ça a été un grand succès, le changement que le gouvernement a fait, et c'est Michel Audet qui a piloté ça. Il a piloté les privatisations des Innovatech, entre autres, qui ont été un beau succès; c'est toujours dans le domaine du capital de risque. Il a fait une modernisation du ministère du Développement économique: il a réduit le nombre de programmes de 162 à 10. Il a aussi créé les fonds FIER. Il était le ministre au moment de la création des fonds FIER dans les régions du Québec. Il y en a une quarantaine, de fonds FIER, aujourd'hui, pour une capitalisation de 316 millions de dollars. Ça a été un beau succès.

Il est ensuite devenu ministre des Finances. Comme ministre des Finances, c'est lui qui a piloté tous les changements dans les règles de gouvernance des sociétés d'État. Et aujourd'hui le gouvernement du Québec, l'État québécois est un des seuls endroits au monde où il y a une politique de parité de femmes et d'hommes sur les conseils d'administration des sociétés d'État. C'est Michel Audet qui a piloté ça.

Il a également créé le Fonds des générations pour réduire la taille de la dette, une première dans l'histoire du Québec. Et, pour couronner tout ça, il est titulaire du ministère des Finances au moment où la cote de crédit du Québec est rehaussée à deux reprises, pour nous ramener au niveau où elle était en 1975.

En son absence, M. le Président, je tiens à lui dire merci de la part de tous les Québécois pour ses années de service exceptionnel à l'endroit de ses concitoyens.

n(13 heures)n

La deuxième personne à qui je veux rendre hommage, c'est une amie, Margaret Delisle, qui a été élue pour la première fois... c'était en 1994. Et elle a été élue avec une majorité écrasante de 25 voix dans le comté de Jean-Talon. Et, au moment où elle arrivait à l'Assemblée nationale, elle était déjà très connue puisqu'elle avait commencé sa carrière en politique municipale, comme conseillère municipale à Sillery, mais elle a également été mairesse. Elle a été présidente du Grand conseil de la Communauté urbaine de Québec, elle a été présidente du caucus québécois de la fédération canadienne des municipalités, et, moi, je l'ai rencontrée pour la première fois lorsqu'elle était présidente de la fédération canadienne des municipalités, en 1992-1993. C'est la plus haute fonction qu'un élu municipal peut atteindre au niveau canadien, et c'est donc dire l'estime que lui portaient tous ses collègues. Elle est venue servir à l'Assemblée nationale, mais avant ça elle avait même été membre du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme, entre 1987 et 1988.

Vous allez comprendre que je n'inclus pas chaque responsabilité qu'elle a assumée. Elle a quand même été whip de notre côté, ce qui témoigne également de l'estime et de la confiance que lui témoignaient ses collègues. Mais elle s'est surtout distinguée comme étant la ministre déléguée à la Protection de la jeunesse et à la Réadaptation. Et elle pourra dire un jour... pas juste un jour, elle peut dire dès maintenant qu'elle est l'auteure d'un projet de loi qui aura permis à plusieurs jeunes au Québec de recevoir les services auxquels ils ont droit, d'éviter le ballottage. Elle aura fait la réforme de cette Loi sur la protection de la jeunesse dans un contexte controversé, soit dit en passant. Mais Margaret a fait ça de manière magistrale.

Alors, Margaret, à toi et à ta famille, merci beaucoup, et bonne chance pour...

(Applaudissements)

M. Charest: La prochaine personne dont je veux parler est malheureusement absente aujourd'hui. C'est Nicole Loiselle. Nicole Loiselle est députée de Saint-Henri?Sainte-Anne. Elle est députée également depuis 1989. Nicole, c'est également une des députées les plus aimées à l'Assemblée, une députée très populaire dans le caucus libéral. Elle a connu un parcours de vie également assez rare et exceptionnel, puisque son père était député fédéral et un homme très populaire dans son comté, à Montréal. Elle a donc travaillé avec lui ? elle était issue d'une grande famille ? un homme qui était beaucoup respecté à la Chambre des communes, et c'est avec lui qu'elle a fait de la politique et qu'elle a appris. Elle m'a raconté des histoires très touchantes au sujet de son père, de ses années en politique fédérale.

Elle a par la suite servi un Canadien qui s'est distingué. Il est devenu secrétaire général de l'OCDE. Elle est allée travailler pour Don Johnston, député de Westmount au fédéral, Westmount, et ensuite ministre dans le gouvernement de M. Trudeau. M. Johnston était un des grands penseurs du Parti libéral du Canada, un homme qui a beaucoup contribué à plusieurs débats. Candidat à la succession de M. Trudeau, il a servi dans le Parlement après les années quatre-vingt-quatre, mais par la suite il est devenu secrétaire général de l'OCDE. Mais elle a travaillé avec lui puis elle a évidemment eu l'occasion de faire tout ce travail de comté qu'il lui confiait et l'a fait de manière si impressionnante qu'elle est venue chez nous comme candidate, en 1989, et s'est fait donc élire.

C'est une femme qui est très, très, très impliquée dans sa communauté. Il n'y a pas un amour plus important dans sa vie que celui de ses concitoyens dans son comté de Saint-Henri?Sainte-Anne. Lorsqu'elle était dans l'opposition, je suis sûr que mes collègues de l'opposition actuelle se rappelleront avec quelle passion elle défendait le dossier des aînés et avec quelle émotion elle défendait la cause de ceux et celles qui souffrent de pauvreté. Et elle a toujours été, chez nous, une conscience et une voix pour les plus démunis. Et elle a servi récemment comme whip adjointe également du gouvernement. C'est avec beaucoup d'émotion que nous la voyons quitter parce qu'elle est très jeune. Et nous savons qu'elle sera toujours près de nous et nous lui souhaitons beaucoup de chance, M. le Président.

Réjean Lafrenière, qui est le député actuel du comté de Gatineau, est parmi ces députés dont nous parlons souvent comme étant vraiment la cheville ouvrière d'un Parlement, de ceux qui participent à ses travaux, qui le font avec beaucoup de générosité, sans jamais attirer beaucoup l'attention parce qu'ils sont ici, de leur point de vue à eux, d'abord pour servir et pour collaborer avec les collègues. C'est un joueur d'équipe exceptionnel. C'est une personne à qui on demande souvent un coup de main. Quand on a besoin de quelqu'un autour de nous pour faire un projet, pour faire avancer un dossier, on se tourne vers Réjean Lafrenière. Dans mon cas à moi, j'avais besoin d'un coup de main lorsqu'on préparait l'élection générale de 2003 dans la région d'Abitibi-Témiscamingue. J'avais demandé à Réjean de donner un coup de main. Spontanément, il a répondu. Il a fait ce travail. Il l'a fait avec beaucoup, beaucoup d'énergie, et c'est à ce genre d'appel qu'il répondait fréquemment.

Mais il est également... c'est un homme d'affaires aguerri, qui vient d'une famille qui a été beaucoup impliquée dans les milieux d'affaires, dans l'Outaouais, mais aussi très impliquée sur le plan communautaire: membre fondateur du Foyer d'accueil de Gracefield, commissaire d'école aux commissions scolaires régionales Henri-Bourassa et de la Haute-Gatineau, gouverneur du Centre hospitalier de Maniwaki, il a été membre de la fondation de la Corporation du Centre hospitalier de Maniwaki, maire de la municipalité de Lac-Sainte-Marie. C'est une feuille de route, là... Et évidemment je ne vais pas citer chaque responsabilité qu'il a assumée, mais c'est une feuille de route très impressionnante. C'est un homme de famille, puis c'est surtout un collègue qui, encore une fois, a gagné l'affection de tous ceux et celles avec qui il a travaillé.

Alors, Réjean, bonne chance et...

(Applaudissements)

M. Charest: Je vais maintenant faire quelques commentaires sur Yvan Bordeleau. Yvan Bordeleau, j'étais heureux que le chef de l'opposition officielle souligne la contribution d'Yvan Bordeleau aux travaux parlementaires, parce qu'on a moins l'occasion de se lever quand on est au gouvernement que l'opposition officielle. Mais il faut se faire raconter les histoires et les occasions où Yvan Bordeleau se levait à l'Assemblée nationale, paraît-il, pour poser des questions au sujet d'un endroit qu'on avait baptisé l'«Élysette», et l'effet que ça avait, paraît-il, sur les gens à qui il adressait la question.

Et Yvan Bordeleau, c'est une personne, encore une fois ? c'est presque des secrets à l'Assemblée nationale ? qui a une feuille de route très impressionnante: un doctorat en psychologie industrielle et organisationnelle; il enseigne à l'Université de Montréal; il a été prof aux HEC; directeur du Département de psychologie, également à l'Université de Montréal; auteur et coauteur de plus d'une quarantaine de volumes et articles publiés au Canada, en France et au Mexique. Il a donc connu une carrière académique exceptionnelle. Et j'ai eu l'occasion d'en être témoin parce qu'il nous arrivait de croiser des gens avec qui Yvan avait travaillé et qui à chaque fois étaient très heureux de retrouver un ancien collègue.

C'est un joueur d'équipe exceptionnel qui a toujours fait sa contribution, qui, dans les commissions parlementaires, était présent et qui, dans nos travaux à nous, répondait toujours à l'appel lorsqu'on lui demandait un coup de main.

Il représente un très beau comté, celui de l'Acadie, qui est vraiment un comté de diversité. Et Yvan a résidé un petit peu dans les Cantons-de-l'Est aussi. Il est entouré d'une très belle famille, puis il y a des membres de sa famille qui sont ici avec lui, aujourd'hui, que je veux saluer et vous dire qu'on vous le remet. On sait qu'il est entre très bonnes mains. On espère qu'il reviendra souvent nous voir ici et qu'il restera près de nous. Merci beaucoup.

(Applaudissements)

M. Charest: M. le Président, William Cusano: Bill Cusano est le doyen du groupe de députés du Parti libéral du Québec qui quittent aujourd'hui. Élu pour la première fois en 1981, il avait avant ça connu une très belle carrière dans l'enseignement et directeur d'école. Et, quand on connaît Bill Cusano, on se ferme les yeux puis on essaie de l'imaginer directeur d'école, on se dit: Tiens, voilà une personne qui est au bon endroit. Et je peux imaginer, dans ma tête, Bill comme directeur d'école, avec ces jeunes enfants ou ces jeunes adolescents, avec toute la sagesse, avec le flegme qu'on lui connaît aussi, dans les corridors, avec ses profs, avec son équipe, diriger l'école de manière à aider ces jeunes-là à grandir, puis à faire leur vie, et à devenir de très bons citoyens. Moi, en tout cas, si mes enfants fréquentaient l'école de Bill Cusano, je sentirais que mes enfants étaient en sécurité et entre très bonnes mains.

n(13 h 10)n

Mais la carrière de Bill n'allait pas arrêter là. Il était très impliqué dans sa communauté, dans la communauté italienne également. Il s'est fait élire pour la première fois en 1981, il a participé à beaucoup de débats aussi de sa communauté, et il est entouré aussi d'une famille qui est demeurée très active en politique. J'ai eu l'occasion de rencontrer son épouse très souvent, parce que Bill s'est beaucoup intéressé à l'organisation politique. Je peux le dire aujourd'hui, c'est quelqu'un à qui on faisait appel, au Parti libéral du Québec; à chaque fois qu'il y avait une élection partielle, Bill prenait du temps pour travailler dans ces élections que nous avons réussies de manière assez magistrale dans certains cas.

Il a servi à l'Assemblée nationale à plusieurs titres, mais il a été whip, lui, également, ce qui à nouveau est un témoignage de confiance et d'estime de la part de ses collègues. Il a servi dans toutes les commissions politiques. Il s'est fait connaître, Bill, avec cet épisode de sa vie qui est très rare, d'un don d'organe dont il a été le récipiendaire, un coeur, il a été opéré lorsqu'il était député. Il est donc un transplanté du coeur, et, quand on le rencontre, bien, c'est toujours fascinant de croiser une personne comme ça, à qui on a redonné en quelque sorte la vie, parce que c'est une renaissance, c'est un privilège pour lui, mais, pour nous qui le connaissons, on se dit: C'est une grande chance qu'il ait eu ce don de la part d'une famille pour qu'il puisse continuer à faire le travail qu'il fait.

Bill et moi, on a eu une autre... moi, j'ai eu une autre chance: quand je suis arrivé à l'Assemblée nationale du Québec, on était voisins de bureau, alors je le voyais souvent, et Bill a été pour moi de très bon conseil, entre autres en 2000. En 2000, à la veille de la préparation d'un congrès des membres, où je garde un très beau souvenir de son appui puis de son amitié, parce qu'il fallait préparer ce congrès des membres qui, pour moi, personnellement, était très, très important, ça a été pour moi, dans ma carrière politique, un tournant, et Bill était très près de moi, dans cette période, et il a fait de ce congrès des membres une très belle réussite, mais il a surtout fait de cet événement-là, pour moi, un moment important dans ma vie.

Et je voulais te dire, Bill, à quel point tu vas nous manquer. Le dernier hommage qui t'a été rendu par tous tes collègues, ça a été de te confier une vice-présidence à l'Assemblée, que tu as faite de manière magistrale, et tes amis ici, à l'Assemblée nationale, vont te manquer. On va garder un bon souvenir de toi, mais on espère te voir souvent autour de nous. Merci, M. le Président.

Le Président: Je voudrais céder la parole maintenant à une bonne amie à tous, Mme la députée de Marie-Victorin. Je voudrais juste...

Des voix: ...

Le Président: Un instant. Excusez-moi. Est-ce que vous... Non, ça va?

Mme Cécile Vermette

Mme Vermette: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, le 20 février 2007, prenant la parole pour la dernière fois en cette Chambre, les mots me manquent pour exprimer toute ma reconnaissance aux militants et militantes de la circonscription de Marie-Victorin, ainsi qu'aux électeurs et électrices qui m'ont démontré plusieurs fois leur appui et leur confiance. Ce sont eux qui, en 1985, ont fait le choix de m'élire pour la première fois. La suite fut une histoire de confiance mutuelle, de reconnaissance, de respect et d'amitié. Ensemble, nous avons partagé une expérience politique et humaine à la dimension de notre originalité et de nos capacités respectives. Mes fonctions de députée et de législatrice, je les ai assumées avec dignité et compétence, en pensant d'abord à ceux qui m'ont fait confiance pendant tellement d'années et soucieuse d'apporter à la vie parlementaire l'expertise et la rigueur qu'exige de nous cette noble institution qu'est le Parlement.

Je désire exprimer ma gratitude envers mon personnel politique. Je garderai un excellent souvenir de tous ceux et celles qui ont travaillé à mes côtés, autant au bureau de la circonscription qu'au parlement. J'ai eu beaucoup de plaisir et de satisfaction personnelle à travailler en collaboration avec une excellente équipe. Je tiens à les remercier pour leur loyauté, leur écoute attentive et leur dévouement durant toutes ces années. Francisca, Caroline et Denyse, merci pour votre support et votre soutien.

Je désire également témoigner de mon amitié et de mon estime à tous mes collègues de l'Assemblée nationale avec qui j'ai eu le plaisir de travailler, d'échanger et parfois voyager. J'emporte avec moi de très bons souvenirs. Parmi ces souvenirs, il m'en restera un impérissable dans ma mémoire: le voyage que j'ai fait, en 1989, en Australie, avec Michel Bissonnet, Bill Cusano et Yvon Vallières.

Des voix: ...

Mme Vermette: C'est comme ça, c'est comme ça. Mais vous pouvez vous imaginer... Imaginez-vous, il faut voir, j'étais avec Bill Cusano, Michel Bissonnet et Yvon Vallières, trois types d'hommes complètement différents!

Au moment où je vous parle, 21 ans de vie parlementaire se déroulent dans ma tête, et, je peux vous dire, ça va vite. Je ne voudrais surtout pas oublier tout le personnel de l'Assemblée nationale, qui ne ménage pas les efforts à rendre la tâche des députés plus facile et qui sont toujours prêts à nous aider avec le sourire. Encore une fois, merci pour votre collaboration de tous les jours.

J'exprime également ma reconnaissance au personnel des relations interparlementaires pour leur solidarité manifestée à mon égard, tout particulièrement à MM. Richard Daignault et François Boutin. Un gros merci également à l'équipe du whip et au centre de recherche du Parti québécois; vous avez tous mon admiration et mon appréciation, ainsi que le personnel qui gravite autour de notre fonction.

À mes merveilleux enfants, Jean-Christian et Geneviève, qui m'avez supportée pendant toutes ces années avec votre amour indéfectible et votre précieux conseil. Je voyais de la fierté dans vos yeux. Je sais que ça n'a pas toujours été facile pour vous, mais je tiens à vous dire un gros merci. Ma petite fille, ma merveilleuse Claudel, comme je te dis souvent, lorsque j'ai ta petite main dans ma main, j'ai l'impression de tenir le monde dans ma main. C'est pour cette raison que je n'ai jamais voulu te décevoir.

M. le chef de l'opposition officielle, après cinq mandats bien remplis, je le crois, le moment est venu pour moi de tirer ma révérence. J'entreprends cette nouvelle étape de ma vie avec la joie au coeur et le sentiment du devoir accompli. Je garderai un regard attentif sur le Québec et son avenir comme seule nation francophone d'Amérique. En terminant, je vous souhaite, M. le chef de l'opposition officielle, tout le succès que vous méritez dans la lutte que vous engagez afin de ramener notre parti au pouvoir.

M. le Président, je quitte mon siège à l'Assemblée nationale et je tiens à vous dire que ce fut pour moi un plaisir et un honneur que de travailler avec vous. Vous avez su faire évoluer le parlementarisme québécois et, par le fait même, le rôle de député. Encore une fois, merci. Je salue également le travail de Mme Lise Grondin, votre directrice de cabinet.

En terminant, M. le premier ministre, je vous aurai encore à l'oeil. Ce sera dans un contexte complètement différent, et, cette fois-ci, il n'y aura pas de président pour me ramener à l'ordre lorsque j'aurai certains...

Des voix: ...

n(13 h 20)n

Le Président: Alors, merci. Merci à Cécile Vermette pour son témoignage. Alors, ce que je vous suggérerais, c'est que... Il y a plusieurs de nos collègues qui vont intervenir tantôt, alors peut-être qu'à la fin de toutes ces interventions on les félicitera comme ils le méritent, parce qu'ils ont tous été des députés accessibles, disponibles qui ont voulu revaloriser, tous et chacune, le rôle du député à l'Assemblée nationale.

Je cède maintenant la parole à un de mes grands amis, c'est comme mon frère, le vice-président de l'Assemblée nationale, M. le député de Viau, Bill Cusano.

M. William Cusano

M. Cusano: Merci, M. le Président. Mes chers collègues, je n'ai pas besoin de vous dire, vous, députés de l'Assemblée nationale, comment le travail d'un député peut être exigeant. Ce qui est malheureux, c'est que d'entendre des fois des journalistes nous dire, lorsque la Chambre, elle commence ses travaux, que les députés reviennent de vacances, hein? Si j'ai une demande à formuler auprès des journalistes, c'est d'arrêter de dire ça parce que vous savez autant que beaucoup de gens que le travail de député, ce n'est pas seulement que les travaux parlementaires ici, au salon bleu. C'est les commissions parlementaires, c'est le bureau de comté, c'est les visites chez les électeurs, et j'en passe, hein, j'en passe, et ça, ça requiert un minimum entre 65 et 70 heures par semaine. Et je vais vous dire que, même si mon état de santé est excellent ? vous savez, mon nouveau coeur est peut-être celui qui fonctionne le mieux ici, dans cette Assemblée ? c'est que je sens, à ce moment-ci, que je n'aurai pas toute l'énergie requise pour un autre mandat de quatre ans, avec un rythme de 65 à 70 heures par semaine. Et, puisqu'on n'a pas ? les députés, on invente bien des choses ? inventé un plan de préretraite pour les députés, alors j'ai décidé de tirer ma révérence ici, à l'Assemblée nationale.

C'est sûr que je ne serai pas ici présent, parmi vous, mais je ne serai pas loin. Je ne serai pas loin parce que, lorsqu'on dit: On a la piqûre de la politique ? moi, je pense que c'est plutôt le virus de la politique ? il reste dans le corps pendant longtemps, il reste pendant longtemps.

Je dois vous dire que, lorsque je suis arrivé ici, au Québec, il y a maintenant 55 ans, mes parents, on s'est installés sur la 1re Avenue, à Saint-Michel, qui est en plein comté de Viau. Ça ne s'appelait pas comme ça à l'époque. Je dois vous dire que les tempêtes de neige, les gros bancs de neige, le vent glacial étaient extrêmement hostiles. Même aujourd'hui, j'ai de la misère à faire face à ce vent-là, à cette neige. Mais je dois vous dire que ça ne m'a pas pris beaucoup de temps pour réaliser que ce vent glacial était très bien compensé par l'accueil extrêmement chaleureux des Québécois. Québec a démontré que c'est une terre d'accueil. J'en suis la preuve. Et j'ai grandi au Québec, je me suis marié au Québec, j'ai eu des enfants au Québec et j'ai été élu député. Et pour moi être élu comme député à l'Assemblée nationale, pour un immigrant, c'était tout un exploit. Et c'est vraiment, à ce moment-là, je peux vous dire, la fierté d'avoir été accepté dans une société totalement, totalement. Il n'y a pas beaucoup d'endroits au monde, sur cette planète, où cela se produit qu'un immigrant puisse aspirer... et de siéger à un endroit tellement privilégié qu'est l'Assemblée nationale.

Je ne voudrais pas, M. le Président, puisqu'on a fait beaucoup de choses ensemble depuis 1981 et même avant...

Une voix: ...Mme Vermette.

M. Cusano: Et Mme Vermette. Je ne voudrais pas commencer à raconter ce que j'ai fait ou ce que je n'ai pas fait, soit ici, à l'Assemblée nationale, ou dans le comté. J'en suis fier, de ce que j'ai accompli. Et, comme le dit très bien Frank Sinatra dans sa chanson qui était un peu ma chanson favorite, «I did it my way and regrets I have but a few.» Alors, je suis très fier de ce que j'ai accompli et je suis très fier d'avoir connu, au fil des ans, des gens extrêmement intéressants de tous les coins du Québec.

J'aimerais, par exemple... sans faire cette énumération de mes expériences ici, à l'Assemblée nationale, je voudrais vous raconter une petite anecdote sur ma première question à l'Assemblée nationale, en 1981 ? en 1981. On m'avait demandé... Vous savez, à l'époque, on a perdu les élections, on n'était pas tout à fait bien organisés. On avait décidé que j'allais poser une question sur un trou de 500 millions dans le domaine de l'éducation, et la raison qu'on m'avait choisi, c'est parce que j'avais été un directeur d'école, alors j'étais censé connaître ça.

Alors, j'ai posé la question, je pensais qu'elle était bonne, je pensais qu'elle était très bonne. Il y a eu une réponse. Et mes collègues m'encourageaient d'y aller pour une question complémentaire. Celle-là, je la trouvais brillante. Et, suite à la période de questions, je me rends à mon bureau, le téléphone sonne. C'était mon père. Ah! Il dit: Oui, il dit, j'ai regardé ça à la télévision cet après-midi. Il dit: Je ne veux pas te faire de la peine, mais je pense que tu n'auras pas une longue carrière politique.

Je veux remercier en premier lieu mon épouse, Connie, qui a toujours été à mes côtés dans tout ce que j'ai fait et aussi dans toutes les partielles que j'ai faites depuis 1991, toutes les partielles que j'ai faites depuis 1991. Je veux remercier Cristina, ma fille, et Michael Dominic, mon garçon, mon frère Frank, qui ont été d'un appui formidable dans les hauts et les bas d'une vie de politicien. Et je tiens à remercier particulièrement tous mes chefs ? vous savez, en 26 ans, on passe à travers plusieurs chefs ? et en premier lieu M. Claude Ryan, Gérard D. Levesque, qui a été chef par intérim, M. Robert Bourassa, Daniel Johnson. Et un merci très particulier à notre ? notre ? chef actuel ? vous allez certainement me rappeler à l'ordre, mais, je veux dire ? M. Charest, le premier ministre.

Vous êtes un homme extrêmement accessible. Vous êtes un homme de courage, à l'écoute et un homme d'un bon jugement, et je crois que vous avez fait un travail formidable depuis les quatre dernières années en tant que premier ministre du Québec. Et je suis très confiant que, lors de la prochaine législature, vous ferez un meilleur travail que vous avez fait depuis 2003.

n(13 h 30)n

Je veux remercier tous mes collègues pour la confiance que vous m'avez accordée, que ce soit au niveau de projets de loi que j'ai présentés, de l'appui que vous m'avez donné au niveau de la vice-présidence de l'Assemblée nationale.

Je voudrais remercier le secrétaire général et ceux qu'on appelle le monde de la table, Michel et Lucie. Merci pour leur expertise. J'ai eu l'opportunité de voir plusieurs Parlements canadiens et je peux témoigner que l'expertise que nous possédons au Québec, elle ne se retrouve dans aucun autre Parlement provincial.

Mon ami Michel, on a fait des bons coups, on a fait des mauvais coups ensemble. Je pense que les bons coups ont été meilleurs que les mauvais coups. Et je dois dire, Michel, que ça a été un honneur pour moi de travailler avec toi au niveau de la présidence. Ça a été même un plaisir parce que tu sais, comme moi, travailler et s'amuser en même temps, et ça, c'est très important dans la vie. J'ai toujours cru que tu es un grand homme. Je crois que tu es un grand président. Et je quitte cette Assemblée avec la satisfaction de vous avoir tous connus. Mais inquiétez-vous pas, je ne serai pas loin. Merci, M. le Président.

Le Président: Mme la députée de Rimouski, Solange Charest.

Mme Solange Charest

Mme Charest (Rimouski): Merci, M. le Président. Je vais peut-être m'ennuyer de ne plus dire: Merci, M. le Président. Depuis mon élection, le 12 septembre 1994, la base de mon engagement politique a été de bien servir le comté de Rimouski, sa population, ses entreprises, ses municipalités et ses organismes. Les électrices et les électeurs du comté m'ont accordé leur confiance en 1994, en 1998 et en 2003.

Comme députée, j'ai tenté d'être constamment présente et disponible partout dans le comté, tant en milieu rural qu'en milieu urbain. J'ai rencontré, lors de mes tournées de comté, les conseils municipaux, les comités de développement économique, les organismes communautaires, les clubs de l'âge d'or, les cercles de fermières, les chambres de commerce, les clubs sociaux, et j'en passe. J'ai assisté aux activités sociales organisées par les organismes et associations du comté, j'ai été à l'écoute des préoccupations et des besoins de la population régulièrement par des rencontres individuelles.

À titre de députée, j'ai fait avancer... parce que j'ai tenté par tous les moyens de faire avancer les dossiers qui m'ont été présentés. J'ai influencé positivement plusieurs décisions en faveur du comté par mon implication et mes responsabilités au sein du gouvernement et de l'opposition officielle. Dans plusieurs secteurs d'activité, j'ai posé des gestes concrets pour le développement du milieu et la qualité de vie des citoyens et des citoyennes du comté de Rimouski.

J'ai la grande satisfaction de vous rappeler que Rimouski est devenu le carrefour des sciences de la mer avec l'une des plus fortes concentrations d'institutions du savoir scientifique et technique en Amérique du Nord. Je tiens à dire avec conviction que, durant ces trois mandats, j'ai offert mes services de députée de Rimouski à la population en tenant compte de ce digne rôle de représentante du peuple et non de quelques privilégiés ou de mes partisans seulement. C'est pourquoi je dis avec joie que j'ai la conviction que les plus démunis, les plus dépourvus, les plus mal pris ont eu autant de place dans mon bureau que les gens d'affaires ou les organisations qui venaient me présenter leurs projets. Puis-je vous dire toutefois que j'aurais aimé qu'il y ait moins de gens mal pris? Et c'est pourquoi je resterai fière des lois comme la loi antipauvreté et toutes les lois sociales que le Parti québécois a votées, à commencer par la création des services de garde.

Dans le bilan que je fais, il est facile de faire ressortir que, pour la ville, plusieurs projets, comme une promenade de la mer, une salle de spectacle, un garage municipal, un centre de recherche en biotechnologie marine, sont maintenant des réalités. Je peux m'enorgueillir d'avoir priorisé les municipalités rurales à plusieurs moments, ne serait-ce que pour les travaux d'amélioration des routes rurales, où il n'y a pas eu de petits amis qui avaient tout et d'autres qui n'avaient rien. Toutes les municipalités y ont eu droit sans exception. La route 296, la 232, le Rang 4 de Saint-Valérien, par exemple, ont eu autant d'importance pour moi que l'autoroute 20, pour laquelle on a dépensé beaucoup de salive. Les réseaux d'aqueduc et d'égout dans les villages, les bibliothèques municipales, les réfections de bâtiments, l'achat d'équipement ont tous été traités avec la même fermeté que les gros projets, car ils étaient aussi grands que les autres.

M. le Président, M. le chef de l'opposition officielle, M. le premier ministre, M. le chef de l'ADQ et vous tous, les députés de tous les partis politiques, je salue chez vous la même passion du service public et les collaborations que nous avons réalisées au cours de ces années, et ce, pour le plus grand bénéfice de nos concitoyens et de nos concitoyennes.

Je veux porter une attention toute spéciale à toutes les personnes qui ont constitué ma garde rapprochée au cours de ces années, que ce soient les gens de mes comités électoraux, les exécutifs de mon parti, de comté qui se sont succédé ainsi que toutes les personnes qui ont fait partie de mon personnel de bureau. À Gaston, à Nancy, à Lyne, à François, à Marie-Josée, merci beaucoup. Je vous remercie, toutes et tous, pour votre fidélité à mon endroit. Je vous en suis reconnaissante.

Merci aussi aux recherchistes de l'opposition officielle, au personnel du centre de documentation du Parti québécois, au personnel de l'Assemblée nationale, M. le secrétaire général, les pages de l'Assemblée, le personnel des commissions parlementaires, le personnel de la bibliothèque, dont j'ai eu l'honneur de partager leurs services de très grande qualité avec mes collègues qui les utilisent régulièrement. Merci à vous tous.

Aujourd'hui, chers collègues du Parti québécois, c'est moi qui quitte, comme d'autres avant et d'autres qui suivront, mais je garderai de vous toutes et de vous tous un souvenir impérissable d'un groupe de personnes les plus dévouées et les plus aimantes, je dirais, de ce pays qu'est le Québec et de sa population. Que ce soit Louise, André, Normand, François, Rita, Lorraine, Richard, Michel ? puis là je pourrais tous vous nommer ? vous avez représenté pour moi une équipe formidable. Les électeurs du Québec attendent beaucoup de vous qui restez et qui serez encore là au début du mois d'avril prochain, avec des nouveaux élus qui viendront enrichir notre parti et l'Assemblée nationale.

Quant à ma famille, mes parents, mes frères et soeurs, ils n'avaient pas choisi d'avoir une députée dans la famille. Alors, je les remercie pour leur incroyable générosité à mon endroit, qui n'a pas fléchi tout au long de ces années.

André. Je veux dire à André: Tu as la lourde tâche de succéder aux Lévesque, aux Parizeau, aux Bouchard, aux Landry pour réaliser ce que le peuple du Québec attend de toi, la souveraineté du Québec, trop instinctivement encore pour certains, mais bientôt cela se matérialisera dans la boîte de scrutin, et on t'en sera redevables infiniment.

La relève est déjà là, dans Rimouski, et elle est disponible depuis longtemps. Alors, je n'ai pas de crainte, Rimouski sera de l'équipe du Parti québécois au début d'avril, et je veux souhaiter à André et à tous les collègues bonne chance.

J'ai été souverainiste, je le suis plus que jamais, j'y crois, j'y ai toujours cru et j'y travaillerai pour que nous y arrivions. Le monde mérite d'avoir le Québec comme pays autant que nous le méritons nous-mêmes. Faites un cadeau à la terre, donnez-lui un nouveau pays, le pays du Québec.

n(13 h 40)n

Le Président: Merci, Mme la députée de Rimouski. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Ungava, Michel Létourneau.

M. Michel Létourneau

M. Létourneau: Merci, M. le Président. Je représente la région Nord-du-Québec depuis le 12 septembre 1994. Après trois mandats consécutifs, c'est avec le sentiment du devoir accompli que, le 4 décembre dernier, j'annonçais mon intention de ne pas briguer les suffrages lors des prochaines élections générales du Québec.

C'est à la fois emballant et très exigeant de représenter une région qui compte trois nations qui habitent un territoire équivalant à 55 % de l'ensemble du Québec. D'une superficie égale à une fois et demie celle de la France, habitée par 40 000 personnes et de plus en plus reconnue pour son immense potentiel relié aux ressources naturelles, elle s'étend du 49e parallèle jusqu'à la limite septentrionale du Québec et est découpée en deux sous-régions: le Nunavik et la Baie-James. Pourtant, la circonscription d'Ungava demeure encore la plus méconnue des régions.

Je suis fier de mon passage en politique active, d'abord parce que je pense avoir contribué à l'avancement et à la reconnaissance de la spécificité du Nord-du-Québec et ensuite pour les avancées significatives en regard de l'harmonisation de nos relations avec nos voisins cris et inuits.

L'avenir du développement nordique du Québec ne peut que s'écrire à l'enseigne du dialogue, de la compréhension mutuelle et du respect. C'est dans cet esprit que, dans la foulée de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, nous avons entrepris la construction de notre région. D'abord, en 1981, la création de la circonscription électorale d'Ungava devenait réalité. Jusque-là, tout cet espace nordique était défini en termes de TNO, ce qui signifiait «territoire non organisé». En 1987, le Québec révise son découpage régional, et la 17e région administrative naît sous le nom du Nord-du-Québec. Trois groupes de citoyens habitent la région: les Cris, les Inuits et les Jamésiens. Chacun de ces groupes revendique une identité construite sur son histoire et sa culture propres ainsi que son appartenance au territoire.

Cette coexistence entre trois nations confère une spécificité sociopolitique incontestable à la région Nord-du-Québec. Il devient évident que toute politique gouvernementale s'adressant à cette région doit s'articuler en fonction de cette réalité. En 1998, la Commission parlementaire de l'aménagement du territoire, chargée de mener des consultations particulières sur l'étude globale du développement du Nord-du-Québec, formule des propositions aptes à fournir des outils appropriés à la gouverne québécoise pour ses interventions sur le territoire. En 2001, l'adoption de la Politique de développement du Nord-du-Québec nous confère une place particulière dans les priorités d'action du gouvernement. Pour réussir l'opération, il est indispensable d'instaurer un climat de confiance entre Cris, Inuits, Jamésiens et le gouvernement du Québec.

Au fur et à mesure de leur mise en oeuvre, les conventions nordiques ont amené l'implantation d'institutions, de programmes et de lieux permanents d'échange qui ont complètement changé tous les aspects de la vie publique des territoires de la Baie-James et du Nunavik. Cependant, de nombreuses contestations judiciaires portant sur l'interprétation et la mise en oeuvre de la Convention de la Baie James et du Nord québécois paralysaient tout le développement minier, forestier et hydroélectrique du territoire.

Le 7 février 2002, sous le leadership de MM. Bernard Landry et Ted Moses, le gouvernement du Québec et les Cris concluaient une entente politique et économique globale d'une durée de 50 ans. Cette entente, surnommée la «Paix des Braves», a marqué une nouvelle ère dans les relations entre le Québec et les Cris. Les principes de l'entente reposent sur une relation de nation à nation et un nouveau partenariat basé sur la coopération, la confiance et le respect mutuel visant à assurer le plein développement du territoire. Le 9 avril 2002, sous le leadership de MM. Bernard Landry et Pita Aatami, le Québec et les Inuits ont également conclu une entente de partenariat sur le développement économique et communautaire du Nunavik. D'une durée de 25 ans, cette entente vient consolider la relation harmonieuse qui unit le Québec et les Inuits du Nunavik.

Voilà, M. le Président, la toile de fond qui s'est tissée tout au long de mon parcours parlementaire. Je veux aussi souligner la construction, devant notre Assemblée nationale, d'un inuksuk, symbole de l'amitié qui lie le Québec et la nation inuite. Constitué de pierres provenant de toutes les communautés du Nunavik, ce repère, en droite ligne avec la statue de M. René Lévesque, trace la voie pour qu'un jour un Inuk siège à l'Assemblée nationale à titre de député du Nunavik.

J'ajoute aussi, M. le Président, que j'ai apprécié les nombreux échanges entre les partenaires québécois et européens dans le cadre des relations internationales de l'Assemblée nationale. J'ai été particulièrement à même de constater la richesse des expériences et des nombreux enseignements que nous pouvons notamment tirer des pays nordiques et du Parlement européen.

Je tiens, en terminant, à saluer et à remercier ma famille, mes collaborateurs au comté et ceux de mon cabinet ministériel d'alors, les militants, les résidents de ma région, Cris, Inuits et Jamésiens, les collègues et les membres de notre aile parlementaire, à qui je souhaite de changer de côté, ainsi qu'à tous les députés de cette Assemblée, vous, M. le Président, le secrétaire général, la Tribune de la presse et tout le dévoué personnel de l'Assemblée nationale. Merci beaucoup.

Le Président: M. le député de l'Acadie, Yvan Bordeleau.

M. Yvan Bordeleau

M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Dans le contexte de cette dernière intervention à l'Assemblée nationale du Québec, vous me permettrez, M. le Président, de remercier plusieurs personnes qui m'ont accompagné durant ces 18 dernières années consacrées à la politique et d'aborder rapidement deux sujets qui me tiennent particulièrement à coeur.

Je tiens d'abord à remercier sincèrement mes concitoyens, puisque je considère avoir été particulièrement honoré d'avoir pu représenter les concitoyens du comté de l'Acadie, qui à quatre reprises m'ont manifesté leur confiance en me confiant le mandat d'être leur porte-parole au sein de cette Assemblée nationale. Très peu de citoyens du Québec se voient investis d'une telle responsabilité, et je suis assuré que c'est conscient de cet honneur mais également des obligations et des devoirs que cela impose que chacun de nous, députés à l'Assemblée nationale, mesure quotidiennement la signification du mandat qui nous est confié.

Je veux également remercier tous les militants libéraux de la circonscription de l'Acadie qui m'ont donné un appui incroyable et qui ont été d'une fidélité fort appréciée. Un merci bien spécial à toutes les personnes qui se sont impliquées activement dans l'exécutif de l'association et particulièrement au président actuel, M. Terry Tatasciore. Je désire ici souligner toute la satisfaction que je retire de voir Mme Christine St-Pierre accepter d'être la candidate libérale pour la prochaine élection et, j'en suis confiant, la prochaine députée de l'Acadie. Je veux remercier les militants et les membres de l'exécutif de l'avoir accueillie d'une façon très chaleureuse.

Tous les membres de cette Assemblée savent que faire de la politique exige une implication importante de leur entourage immédiat. Je veux ici manifester toute ma reconnaissance à ma famille, mes frères, mes soeurs, mes parents, dont je souligne la présence de certains ici, aujourd'hui, pour leur encouragement. Comme le travail de député entraîne inévitablement la conjointe et les enfants dans un tourbillon qui n'est pas sans effet sur la qualité de la vie familiale, je veux remercier de façon, toute particulière ma conjointe, Louise, qui est présente aujourd'hui, dans les galeries, et mes enfants, Caroline et Éric, de même que leurs conjoints pour leur compréhension et leur support constant.

La qualité du travail de tous les députés est tributaire de l'excellence de leurs collaborateurs. Sur ce plan, j'ai été choyé de pouvoir compter sur des adjointes particulièrement efficaces et dévouées. Au cours de cette longue présence à l'Assemblée nationale, j'ai grandement apprécié l'appui, à Québec, de Colette Roy, Sylvie Blanchet et actuellement Denise Bernier; à Montréal, de Mireille Gagnon, Claire Couture, Martine Bastien, Véronique Coutu et actuellement Samia Sidawi et Diane Eng. Un grand merci à toutes.

M. le Président, j'ai eu le privilège, comme citoyen montréalais mais surtout comme député de l'Acadie, d'avoir été témoin de l'évolution du visage humain du Québec qui a accompagné la présence de plus en plus significative de nos concitoyens issus de multiples communautés culturelles. Je me suis toujours fait un honneur et une joie de rappeler que la circonscription de l'Acadie compte plus de 52 % d'électeurs issus de diverses communautés culturelles. De façon générale, l'intégration de ces personnes qui ont choisi de venir construire le Québec avec nous s'est faite harmonieusement. Avec leurs cultures, leurs traditions, leurs valeurs, ces concitoyens sont venus, plus particulièrement au cours des 40 dernières années, enrichir le Québec, et les manifestations de ce changement sont évidentes quand nous constatons l'ouverture actuelle du Québec sur le monde.

Le Québec a sans cesse évolué et continuera à évoluer. Le Québec de nos ancêtres n'est pas celui dans lequel nous vivons actuellement et ce n'est pas celui dans lequel vivront nos petits-enfants. Cette intégration des différences et cet enrichissement réciproque se sont réalisés dans le cadre des valeurs fondamentales que nous nous sommes données comme société et qui sont exprimées dans les chartes canadienne et québécoise des droits et des libertés. Si ce nouveau visage du Québec a été rendu possible, c'est essentiellement parce que nous tous, citoyens du Québec, de toutes origines, différents les uns des autres, avons fait preuve d'ouverture, de compréhension, de tolérance, de souplesse mais surtout de respect mutuel. Je me réjouis assurément qu'au cours de la prochaine année le premier ministre du Québec ait initié, dans un cadre sérieux et approprié, une réflexion sereine et généreuse sur cette question importante pour l'avenir du Québec.

n(13 h 50)n

Le second sujet que je veux enfin souligner est celui de la perception des femmes et des hommes politiques. Dans un communiqué de presse que j'ai émis le 15 janvier dernier pour annoncer mon intention de ne pas solliciter un cinquième mandat, j'ai soulevé certaines inquiétudes relativement à cette question. Je mentionnais alors que, dans le milieu de la politique, j'ai côtoyé, tout au long de ces années, des députés, peu importe leur formation politique, qui, forts de l'appui de leurs concitoyens et de leurs expériences diversifiées, font un travail exigeant à la fois sur les plans familial, de la disponibilité, et consacrent essentiellement leurs énergies à aider leurs concitoyens. Il est normal qu'ils défendent, auprès de leurs concitoyens, leur vision de l'avenir de la société québécoise. Par la suite, avec l'appui manifesté au moment de l'élection, les citoyens du Québec choisissent démocratiquement la personne qui va les représenter à l'Assemblée nationale du Québec. Tout cela exige un respect mutuel de la part des acteurs politiques et de la population en général.

Je regrette vivement, M. le Président, que le travail de ces représentants ne soit pas mieux apprécié et jugé plus objectivement, car ils méritent certainement un traitement plus équitable. Il ne faut pas généraliser à partir de cas isolés et porter des jugements gratuits, souvent sensationnalistes et simplistes mais surtout injustes pour tous ceux et celles qui agissent avec dévouement, conscience et honnêteté. En propageant et en entretenant une telle perception négative des femmes et des hommes politiques, il sera malheureusement plus difficile d'attirer à l'avenir des citoyens pour assumer des responsabilités politiques exigeantes, ce qui est pourtant fondamental pour la vie de notre démocratie que nous prenons trop souvent pour acquise.

M. le Président, au cours de ces 18 années de vie politique, j'ai eu l'honneur d'avoir pu collaborer avec trois premiers ministres de notre formation politique pour lesquels j'ai la plus grande admiration: MM. Robert Bourassa, Daniel Johnson et Jean Charest. Ce fut un grand privilège. Dans mon cas, quitter la vie politique ne signifie pas que la politique me quitte. Je serai évidemment, au cours des prochaines semaines, et demeurerai à l'avenir un observateur intéressé par les événements politiques et l'évolution du Québec. À toutes et à tous, je vous souhaite donc bonne chance pour la suite des choses tout en étant bien conscient que le dernier mot appartiendra toujours à l'ensemble de nos concitoyens, et il est bien qu'il en soit ainsi, puisque c'est l'essence de notre démocratie. Au moment de quitter, avec un certain pincement au coeur, cette enceinte témoin de notre histoire collective, je le ferai cependant avec sérénité et satisfaction personnelle, convaincu que je suis d'avoir donné le meilleur de moi-même pour bien servir mes concitoyens de la circonscription de l'Acadie et mériter leur confiance.

Je veux remercier également, M. le Président, le secrétaire général et tout le personnel de l'Assemblée nationale. Alors, M. le Président, au revoir et merci.

Le Président: Merci, M. le député de l'Acadie. Je cède maintenant la parole à M. le whip en chef de l'opposition officielle, le député de Nicolet-Yamaska, notre bon ami à tous, Michel Morin.

M. Michel Morin

M. Morin (Nicolet-Yamaska): Merci, M. le Président. Lorsque j'ai été élu le 12 septembre 1994, je ne pensais jamais que ce premier mandat serait renouvelé deux autres fois. J'en fus très heureux, très honoré, et je le suis encore, M. le Président. C'est pour ces raisons que mes premiers mots de mon dernier discours en cette belle Assemblée nationale seront des mots de remerciement aux gens du comté de Nicolet-Yamaska.

Merci à ces amis des 34 villages du beau comté de Nicolet-Yamaska et à ces habitants aussi des deux conseils de bande de mon comté qui m'ont fait confiance durant 12 ans. Ce fut un honneur et une très grande fierté d'être votre député à l'Assemblée nationale, peu importent vos opinions politiques, et d'être une de ces 125 personnes qui assument ici un rôle essentiel, exigeant mais combien gratifiant.

Merci à ceux et celles aussi qui ont partagé avec moi cette belle aventure, tous les organisatrices et organisateurs et membres du Parti québécois du comté de Nicolet-Yamaska, une organisation qui est toujours aussi efficace et besogneuse.

Grande reconnaissance aussi à mon personnel politique du comté de Nicolet-Yamaska, qui m'écoute sûrement actuellement, et à ceux aussi qui partagent le cabinet, ici, depuis six ans. Votre appui et votre patience m'ont comblé. Et je veux souligner le fait que j'ai été aidé par deux chefs de cabinet exceptionnels, soit Gaétan Duchesneau et Harold Le Bel, qui est dans nos galeries. Merci, Harold, puis merci à Gaétan Duchesneau.

Grand merci aussi à tous les membres de ma famille, en particulier à ma compagne, Dominique, à mes deux enfants, Yannick et Marie-Noëlle. Je veux vous remercier pour votre affection, votre support... Ça va aller.

Je veux aussi exprimer ici ma grande reconnaissance et mon admiration envers les chefs que j'ai eus depuis 1994: M. Jacques Parizeau, M. Lucien Bouchard. Un merci spécial aussi à M. Bernard Landry qui m'a nommé whip de mon parti, un rôle que j'assume toujours avec beaucoup d'humilité et de plaisir, et ce, grâce aussi à la confiance renouvelée de mon chef actuel, M. Boisclair, et de Mme Harel qui l'a précédé. Merci infiniment. Ce rôle de whip et ce rôle de conciliateur, de négociateur, je vous dirais, accompagné d'une bonne dose de tolérance, m'aura permis d'intervenir au nom de mes collègues en gardant toujours à l'esprit leurs qualités et leurs tempéraments propres. Merci de votre immense collaboration, mes collègues, et merci de votre affection.

Un des rôles du whip est aussi de côtoyer son vis-à-vis du gouvernement ou de l'opposition. Je me permets ici de saluer et de remercier ceux avec qui j'ai eu l'honneur d'échanger au nom de mes collègues et au nom des collègues respectifs de mon vis-à-vis, soit M. Jean-Marc Fournier, M. Yvon Vallières et le non moins coloré M. Norm MacMillan. Je salue également la collaboration de M. Marc Picard, de l'Action démocratique.

Je ne veux pas oublier d'exprimer ici ma gratitude envers vous, M. le Président, et vous, M. le secrétaire général, avec qui j'entretiens, depuis plus de six ans, des rapports cordiaux au Bureau de l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président, pour votre amabilité, votre affection, votre équité. Je veux exprimer ici, à travers votre rôle, M. le Président, et celui des vice-présidents, toute ma reconnaissance envers tous les employés de l'Assemblée nationale que je salue personnellement à tous les jours.

En terminant, M. le Président, permettez-moi d'exprimer encore une fois mon attachement et toute mon admiration envers cette noble Assemblée, envers ses chefs, envers M. le premier ministre, envers le chef de l'Action démocratique, envers M. Boisclair, à qui je renouvelle toute mon admiration et ma fidélité. Je vous souhaite, M. Boisclair, d'être le prochain premier ministre du Québec. Vous pouvez compter sur moi.

S'il y a une chose que j'ai toujours respectée ici, dans cette Chambre, dans cette enceinte, ce sont les députés, leur rôle et leur formation politique, et le respect de chacun, chacune. J'aimerais que l'on sache que le député de Nicolet-Yamaska fut un député d'équipe et qu'après tout son cheminement, depuis 1966, dans l'Union nationale, en passant par le «beau risque», il est un grand démocrate et aussi favorable à la souveraineté du Québec.

Je quitte cette Assemblée, M. le Président, avec la satisfaction du devoir accompli et je suis très content d'avoir représenté les gens de Nicolet-Yamaska. Je vous remercie tous et chacun de votre collaboration.

n(14 heures)n

Le Président: Merci, Michel. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Deux-Montagnes, Hélène Robert. Hélène, c'est à toi.

Mme Hélène Robert

Mme Robert: Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, chers collègues de l'Assemblée nationale, voici maintenant 12 ans que je siège parmi vous à titre de députée de la circonscription de Deux-Montagnes. L'heure est maintenant venue de vous faire mes adieux.

Ces 12 années, je les ai placées sous le signe du service à la population, aussi bien ici, dans cette Chambre, que sur le terrain, au coeur d'une magnifique circonscription que j'ai vu évoluer et se développer aux plans démographique, économique, communautaire et social. J'ai travaillé dans l'enthousiasme et avec détermination à tisser des liens étroits avec l'ensemble de la population et à faire avancer des dossiers qui nous tenaient à coeur, notamment au chapitre de l'éducation, de la santé, des municipalités, etc.

Ce mandat de députée que les gens m'ont confié puis renouvelé avec fidélité et confiance depuis 1994, ce mandat m'aura apporté beaucoup. En effet, fière du travail que j'y ai accompli, je ne suis pas moins fière de ce que cette responsabilité m'aura apporté de plus précieux, c'est-à-dire une meilleure connaissance de moi-même, donc une meilleure connaissance de qui nous sommes, les Québécois.

Le service à la population, tel que nous le vivons comme députés, soulève un étrange paradoxe à mes yeux: par la démocratie au sein de laquelle nous évoluons ici, nous participons à bâtir un monde que nous souhaitons sincèrement meilleur. Du même souffle, je constate que cette vie parlementaire qui est nôtre est faite de batailles et de divergences parfois fondamentales de points de vue et parfois dans une qualité de vie questionnable.

J'ai ici rencontré et côtoyé des gens extraordinaires des deux côtés de cette Chambre, des parlementaires consciencieux, des débatteurs redoutables, des collègues, députés ou ministres, avec qui j'ai échangé sur leur travail en circonscription et sur les défis qui les stimulaient. Ce contact réciproque nous aura enrichis, j'en suis convaincue, et nous aura aussi permis de mieux servir les populations que nous représentons.

À l'intérieur de ma formation politique, le Parti québécois, j'ai trouvé une volonté et une capacité de faire qui aura amené le Québec à franchir de grands pas. Je me suis associée à cette démarche à la fois souverainiste et de service à toute la population, convaincue de la qualité de notre apport. Nos réunions en caucus ont toujours été pour moi une occasion privilégiée de saisir le Québec dans son entier, avec ses points communs et ses traits distinctifs, ses valeurs et ses attentes. C'est dans ce contexte que, pendant 12 ans, j'ai prêché et j'ai travaillé sans relâche à la prise en charge du Québec et des citoyennes et des citoyens par eux-mêmes. J'ai toujours attaché une grande importance à mousser ce réflexe dans le milieu. Lorsque je remettais, au nom de la population, une aide financière à un organisme communautaire, je le faisais le plus souvent en conférence de presse, permettant ainsi à l'organisme de mieux faire connaître sa mission et de tirer parti d'une certaine visibilité auprès d'un large public.

Permettez maintenant que l'infatigable démocrate que je suis exprime le bémol suivant sur la carrière politique que nous partageons ici, toutes et tous. La démocratie est à mes yeux une valeur fondamentale de notre société. Elle passe clairement par la fonction de député. Je ne suis pas sûre, au moment où je vous parle, et ce, en dehors de toute partisanerie, que l'on accorde à cette fonction ni l'importance ni le respect qu'elle commande pourtant. À titre de représentante élue dans la circonscription de Deux-Montagnes, je défends les intérêts de toute sa population. Trop souvent, cet aspect s'est trouvé négligé au profit d'une démarche purement et étroitement partisane. Alors, j'invite cette Assemblée à y réfléchir. Je suis profondément convaincue que la valorisation du député commence par nous, les députés.

J'ai connu 12 ans de travaux législatifs sur ces banquettes, en commission parlementaire et sur le terrain: une expérience inoubliable. Cette responsabilité exigeante a été source d'évolution pour moi. Mon humble contribution au progrès de la société québécoise à titre de députée, j'en tire satisfaction et fierté. Je suis heureuse de ce que le Québec se soit ouvert sur le monde, je suis heureuse et fière des nombreuses, importantes mesures sociales et économiques mises de l'avant par les gouvernements qui se sont succédé à la barre du Québec.

Ma démarche souverainiste depuis 15 ans et mon parcours politique de ces 12 dernières années se résument en un mot: servir. Servir une population, servir un projet. Rien n'est encore acquis, il reste temps et énergie nouvelle à y consacrer. Voilà qui devrait bien m'occuper au cours des prochaines semaines, car j'ai encore et toujours le goût de servir; le comment se précisera bien assez tôt.

En terminant, je réitère mes remerciements à toutes les équipes au sein desquelles j'ai travaillé, actuelles et passées. Merci à vous, collègues parlementaires, de m'avoir fait partager les valeurs et les aspirations qui sont vôtres. Merci aussi aux membres du personnel de bureau de circonscription et de l'Assemblée qui, indispensables, m'ont appuyée sans relâche, quelles que furent mes humeurs, les conjectures planétaires et les conditions météo.

Je suis très fière d'avoir fait partie de l'Assemblée nationale du Québec, d'avoir contribué à ses réalisations remarquables, d'avoir défendu la démocratie et le respect des opinions qui furent ici débattues. Je ne doute pas de notre sincérité collective, dans cette Chambre, à donner le meilleur de nous-mêmes. Je pars certes, mais j'annonce que j'ai toujours le goût de servir. Avec la liberté toute nouvelle que j'acquiers maintenant, j'ouvre grand les yeux et les oreilles afin de voir là où je serai la plus utile possible.

Avec ce dernier tour de piste, chers collègues de l'Assemblée nationale, je vous dis à la prochaine et je vous remercie. Merci, M. le Président.

Le Président: Merci, Hélène. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Jean-Talon, Margaret Delisle. Margaret, la parole est à toi.

Mme Margaret F. Delisle

Mme Delisle: Alors, merci, M. le Président. C'est en toute sérénité, M. le premier ministre et chers collègues de l'Assemblée nationale, que j'ai pris ma décision, la décision de ne pas me représenter. 25 ans de vie publique! J'aurais pu en faire peut-être 30, 35, mais je vous avouerai bien candidement que j'ai des enfants qui souhaitaient retrouver un peu leur mère et des petits-enfants qui évidemment sont trop jeunes mais que j'ai vraiment le goût non seulement d'apprécier, mais avec lesquels je voudrais être un petit peu plus présente. J'ai par contre avisé mes enfants que je ne passerais pas mes journées à garder, ce n'est pas le but de l'exercice!

Des voix: Ha, ha, ha!

Mme Delisle: J'ai passé 12 ans absolument formidables. J'écoutais tout à l'heure les témoignages, j'avais l'impression d'avoir une espèce d'expérience extracorporelle. C'est bizarre que je dise ça, parce que, quand on nous fait des compliments, qu'on apprécie le travail... surtout les femmes, je pense qu'on a un peu de misère à accepter cette reconnaissance-là. Mais quelquefois je me dis: Je ne la mérite pas, parce que j'ai toujours fait mon travail avec beaucoup de passion. Il n'y a pas un matin où je me suis levée en me disant: Je n'ai pas le goût de partir travailler, je n'ai pas le goût de faire ce travail-là, je n'ai pas le goût de rencontrer ces organismes-là. Au contraire.

12 ans dans un comté absolument formidable, le comté de Jean-Talon, qui regroupe, je vous dirais, presque... en fait tous les éléments, toutes les facettes de la vie quotidienne: l'université, quatre cégeps, trois hôpitaux, 25 établissements d'enseignement primaire et secondaire, une multitude d'organismes communautaires. Et, même si les organismes communautaires n'avaient pas... je vous dirais, la plupart du temps, n'avaient pas leur siège social dans mon comté, je peux vous dire que j'ai reçu beaucoup d'organismes communautaires à mon bureau de comté, parce que j'ai été dans l'opposition pendant huit ans, comme vous le savez. Et, même lorsqu'on a pris le pouvoir, j'ai eu une belle collaboration, entre autres avec Agnès Maltais, on s'échangeait des informations et on s'est beaucoup aidées et appuyées.

n(14 h 10)n

12 ans à travailler avec des hommes et des femmes formidables. Je dis souvent aux gens que ce qu'ils voient ou entendent au salon bleu, c'est une chose, ça, c'est l'espèce de joute parlementaire. Mais le grand respect que nous avons l'un pour l'autre, on se l'exprime dans les corridors, en commission parlementaire. C'est vrai qu'il y a des commissions parlementaires qui sont un petit peu plus houleuses au moment où une formation politique n'est pas d'accord avec ce que le gouvernement présente, puis ça arrive évidemment à l'occasion, mais ce n'est pas 95 % du temps.

Après avoir travaillé avec des hommes et des femmes de qualité, avec les compétences et le talent que vous avez, ça m'a enrichie. D'avoir travaillé avec les gens de mon comté, avec... Je veux les nommer, parce que je travaille depuis bientôt 13 ans avec Claire St-Jean, avec Nicole Blanchard, avec Mélanie Gagnon. Je ne veux pas oublier Nicole Leblanc, qui a été mon attachée politique, au comté, de 1994 à 2001, avec Diane Saint-Laurent, qui a travaillé pour deux ans avec nous.

Je ne peux pas passer sous silence l'extraordinaire opportunité que vous m'avez donnée, M. le premier ministre, de siéger au Conseil des ministres, avec ma directrice de cabinet, Caroline Richard, Nathalie Gélinas, Hélène Robert, Johanne Boucher, les attachés politiques Harold Fortin et Jean-François Houde, et Nancy, qui s'est jointe il n'y a pas tellement longtemps à notre équipe.

Je me suis enrichie au contact de ces gens-là, je me suis enrichie aussi au contact non seulement des gens dans mon comté, mais avec ce dossier absolument extraordinaire, qui n'a pas été facile. Ce n'est pas plus facile pour... Ça n'a pas été plus facile pour Solange Charest, la porte-parole de l'opposition en matière de services sociaux, que ça l'a été pour moi, parce que ce dossier-là est un dossier qui, tous les jours, à tous les instants, nous ramène à cette réalité qui confronte les personnes les plus vulnérables de notre société.

Je remercie donc tous les organismes que j'ai rencontrés, qui ont pris le temps de m'inspirer, de me communiquer les difficultés qu'ils et elles éprouvent. Je pense avoir donné le meilleur de moi-même. Évidemment, je ne détiens pas les goussets de la banque et de l'argent, mais j'ai fait beaucoup d'efforts, avec tous nos collaborateurs au ministère, pour s'assurer qu'on puisse, d'année en année, augmenter les budgets, et on l'a fait.

Le travail de député, c'est une chose. Mais il faut aussi remercier nos familles. Moi, je peux vous dire qu'actuellement mes enfants, surtout mes gars et mes gendres, sont enchantés de ne pas être obligés de poser des pancartes. Parce qu'ils en ont posé, des pancartes, puis ils en ont réinstallé et réinstallé. Mais nos familles... Vous savez, on embarque en politique, mais, malgré nous, on embarque tout notre entourage, même nos amis. Alors, un grand merci à ma famille, à mon conjoint.

Je peux dire... Il y a quelqu'un qui m'a dit: Quelle est votre plus grande réalisation? C'est un peu gênant de parler de certaines choses, mais je vous dirais que je suis très contente d'avoir survécu à 12 ans et de célébrer bientôt mon 40e anniversaire de mariage. Pour moi, c'était...

Des voix: ...

Mme Delisle: ...dans les pionnières. Mais, pour moi, je pense que de concilier le travail, la famille, les activités politiques... C'est vrai que j'ai vécu dans un comté qui est tout près de l'Assemblée nationale. Donc ça aussi, ça aide les choses.

Je veux vous dire que je suis probablement celle, parmi vous tous et toutes qui partez, celle qui pourra le plus facilement revenir hanter les corridors du parlement. J'ai bien l'intention de le faire. Mais je pars... Ça a l'air d'un cliché, hein, dire: Je pars avec le sentiment du devoir accompli, mais on veut servir les gens. Hélène Robert le disait tout à l'heure plus éloquemment que moi, mais il n'y a pas personne dans cette Assemblée, il n'y a pas personne, dans les candidats et les candidates qui vont se présenter dans les semaines qui viennent et qui veulent évidemment représenter leurs concitoyens et concitoyennes ici, à l'Assemblée nationale, qui n'ont pas ce goût de servir, peu importe la formation politique. C'est ce qui nous gouverne, c'est ce qui nous anime et c'est ce qui nous passionne.

Je vous regarderai un peu de l'extérieur. Je vais probablement regarder à l'occasion la période de questions, mais avec un regard différent. Je vous dis au revoir, un grand merci. Et je peux vous dire que, si la Loi sur la protection de la jeunesse a pu être adoptée avec ? malheureusement, je ne peux pas dire unanimement, mais avec ? l'aval de l'opposition officielle, c'est parce qu'on a travaillé dans une très grande complicité et collaboration, et, vous allez vous reconnaître, je vous remercie infiniment. Je n'ai été que le porte-voix, mais ça m'a fait le plus grand des plaisirs, et c'est ce que je retiendrai, entre autres, de mon passage à l'Assemblée nationale.

M. le Président, merci beaucoup, et au plaisir, tout le monde. Merci, M. le premier ministre. Merci, chers collègues.

Le Président: Alors, merci, Margaret. Je cède maintenant la parole à M. le député du Lac-Saint-Jean, Stéphan Tremblay. À toi, Stéphan.

M. Stéphan Tremblay

M. Tremblay: M. le Président, il m'est difficile de croire que je prends la parole pour la dernière fois dans cette Assemblée. Après 11 ans de vie politique, six ans à Ottawa, cinq ans dans cette Assemblée, cinq élections, je sens que je dois prendre un certain recul, une pause, et aussi parce qu'à 33 ans je ne me souviens plus vraiment de ma vie adulte avant d'être député. Aussi, je dois dire que je suis enthousiaste à l'idée de retourner à la maison coucher tous les soirs et continuer à repeupler le Québec!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Tremblay: M. le Président, malgré que j'aurai été plus de 10 ans député dans l'opposition, je suis fier et satisfait de ma contribution et des influences que j'ai eues. Bien sûr, comme bien des députés, j'ai travaillé sur des dossiers de comté, amené des investissements en infrastructures, mais ma fierté locale a été celle de travailler comme un leader rassembleur qui ne cherchait pas la confrontation.

Sur l'échelle nationale, je crois avoir joué un rôle d'éveilleur de consciences par rapport à bien des enjeux de société, notamment la place des jeunes dans la société, les crédits d'impôt pour le retour des jeunes en région, le projet de loi sur l'investissement socialement responsable, à Ottawa, dont je suis très fier, les pratiques économiques des multinationales comme Wal-Mart, les questions autochtones. Et bien sûr le siège. Et, entre autres, je sais que c'est principalement ça que les gens se souviendront de moi, mais je persiste à être très fier d'avoir sonné l'alarme sur des questions comme la mondialisation, les impacts sociopolitiques d'une mondialisation économique mal encadrée, qui, encore aujourd'hui, sont des questions importantes d'actualité; et dernièrement ma contribution sur les questions environnementales: l'obtention des crédits d'impôt sur les voitures hybrides à faible consommation; contribuer à changer les moeurs en matière d'utilisation de sacs de plastique, par le projet de loi n° 390; et entraîner la certification de sacs biodégradables, et ce, à l'échelle canadienne, et par le fait même encourager le compostage; amener le gouvernement à interdire les bouteilles de 18 litres à usage unique; contribuer au projet de loi n° 118, de Thomas Mulcair; et finalement développer une vision globale versus l'économie et l'environnement; et le rapport des mousquetaires que nous avons développé, avec Alexandre et Jonathan, sur la révolution verte et bleue.

Je suis fier aussi d'avoir prêché par l'exemple en expérimentant sur ma propre vie des pratiques saines en matière de diminution de l'empreinte écologique. Ce dossier en environnement aura changé ma vie. Je dois dire que je veux remercier Bernard Landry, qui me l'a attribué. Je veux aussi remercier Bernard Landry, qui m'a incité à retourner à l'université, et c'est d'ailleurs ce que je vais faire dans les prochains mois, après l'élection, choisir et terminer mon mémoire de maîtrise, notamment en matière de bourse de carbone et de réduction de notre utilisation du pétrole, auprès du scientifique Claude Villeneuve de l'Université du Québec à Chicoutimi. Je devrai me trouver un travail par la suite, puisque ce n'est pas avec 4 000 $ de pension qu'on vit une pension dorée.

Je voudrais remercier ma famille, ma mère, qui m'a éveillé à la politique, mon père, qui m'a transmis des valeurs de courage, mes amis, qui m'ont permis de décrocher, mon personnel: Rose-Aimée Goulet, Pierre Laroche, qui a failli donner sa vie pour la politique, Johanne Savard, Marc Beausoleil, les nombreux bénévoles, mes chefs, Michel Gauthier, Gilles Duceppe, Bernard Landry, Louise Harel et André Boisclair, mais surtout les électeurs du comté Lac-Saint-Jean, qui, suite au départ de Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois, ont eu l'audace et le courage de faire confiance à un jeune de 22 ans.

n(14 h 20)n

Je serai un défenseur de la fonction de député. Je pense que c'est une fonction difficile. Il y a une expression ici, sur la colline, on dit souvent que faire de la politique, c'est comme tenter de rentrer la pâte à dent dans le tube, et je pense que c'est vrai. Je compare souvent la vie politique à une tempête de verglas: il y a des belles choses, comme celle de regarder la lumière à travers les glaçons sur les arbres, mais il y a aussi le déplaisir parfois qu'il faut enlever la glace sur la voiture pour mieux voir. Et, croyez-moi, j'expliquerai aux gens, et dans toutes les conférences que je donnerai, à quel point votre fonction est complexe, difficile mais combien importante.

Il est possible que je revienne un jour, peut-être dans une vingtaine d'années, où ma famille sera élevée et où je serai dans la cinquantaine, âge d'une certaine sagesse. J'ai un souhait par contre, je souhaite qu'il y ait trois ministres de plus dans cette Assemblée, si jamais je reviens: un ministre des Affaires étrangères, du Commerce international, et de la Coopération internationale. J'ai eu la chance de participer à de nombreux événements politiques internationaux pour réaliser à quel point notre nation, le Québec, a une contribution importante à faire à l'échelle nationale. Et je vous souhaite, chers collègues députés, de ne pas simplement être des députés de province, mais des députés de parti et d'assumer les responsabilités qui viennent avec.

La politique, c'est l'organisation de notre société, c'est complexe, c'est difficile, mais la sagesse m'impose de prendre un temps d'arrêt, de retourner dans mes terres du Lac-Saint-Jean, auprès de ma Julie, de ma petite Clara. Je quitte ce Parlement, je prends ce siège, que je laisse au futur député de Lac-Saint-Jean. Merci.

(Applaudissements)

Le Président: Alors, merci, Stéphan. Je cède maintenant la parole au député de Joliette, Jonathan Valois. Jonathan, la parole est à toi.

M. Jonathan Valois

M. Valois: Merci, M. le Président. C'est donc comme ça que ça se termine! Eh bien, j'ai cinq minutes pour faire mon bilan, cinq minutes pour faire mes remerciements. O.K., ça a été seulement quatre ans, mais quatre ans tellement intenses. Mais je vais prendre mes cinq dernières minutes comme j'ai fait mes quatre dernières années: en pensant à vous autres avant de penser à moi.

Mes premiers mots iront pour le premier ministre, les ministres, en particulier le ministre des Affaires intergouvernementales, pour qui j'ai le plus grand respect, et il le sait. Alors, premier ministre, les ministres, mais aussi les députés qui ne sont pas de ma formation politique: Votre courage vous honore, votre dévouement, votre passion pour le Québec méritent d'être soulignés. Si par contre j'ai blessé l'un d'entre vous lors de nos échanges et de nos débats... Je sais que j'ai heurté certains d'entre vous. J'ai deux mises en demeure, d'ailleurs.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Valois: Alors, si j'en ai heurté certains, sachez que je le regrette et que cela n'avait rien de personnel, cela n'avait rien d'intentionnel.

Permettez-moi aussi de prendre du temps, pour les gens de ma formation politique, pour dire un gros merci. Que vous soyez mousquetaires, que vous soyez mes collègues, mes voisins de banquette, à côté de moi, que vous soyez mes confidentes ? et, quand je dis «confidentes», évidemment vous savez...

Une voix: ...

M. Valois: ...et voilà, je parle de femmes ? je parle évidemment de Diane, de Louise, de Jocelyne, de Pauline, que vous soyez aussi simplement mes collègues, sachez, sachez que je ne serai jamais bien loin pour poursuivre avec vous, d'une façon ou d'une autre, cette quête, cette quête que nous avons tous, celle de voir le Québec devenir un pays.

À mon ancien chef, Bernard Landry, merci de m'avoir confié deux aussi gros dossiers: celui de la famille, celui des affaires intergouvernementales. J'ai besoin, moi, d'avoir des gens, autour de moi, qui ont plus confiance en moi que moi-même. Vous avez été cette personne, M. Landry. Merci beaucoup.

À mon chef actuel, André, André, mon ami, duquel j'ai successivement été l'attaché politique, le partenaire de ski alpin, le copilote d'avion et le collègue, André, ta profondeur, ta vision et ta détermination sont très certainement les premières qualités d'un grand chef, les premières qualités d'un grand premier ministre. Je t'ai donné mes nouvelles coordonnées, tu peux les utiliser quand tu veux puis pour n'importe quoi.

Quand je pense au personnel politique, je pense d'abord à Marie Doyon, mon adjointe ici, à Québec. Évidemment, mes premiers pas ici, dans cette Assemblée, se sont faits avec son aide, son support. Sans toi, Marie, mon expérience de l'Assemblée nationale, mon expérience de Québec n'aurait pas été une aussi belle expérience. Merci beaucoup.

Quand je pense au personnel politique, je pense aussi aux deux excellents recherchistes que j'ai eus. J'ai eu la chance d'avoir Stéphanie Gareau et Simon Berthiaume. Merci. Avec ces deux personnes en particulier mais avec l'ensemble des recherchistes, j'ai développé des complicités assez merveilleuses, vous ne pouvez pas savoir à quel point. Il en va de même pour le bureau du whip, il en va de même pour le centre de doc, il en va de même pour la gang du leader, il en va de même pour l'équipe autour du chef. Ah! M. le Président, mes complicités sont insoupçonnées avec les gens du bureau du chef!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Valois: Le personnel de l'Assemblée, M. le secrétaire général, M. Côté en particulier, les pages, les gens de la table, merci, merci, merci beaucoup pour votre support.

À Joliette, maintenant. À Joliette, Nicole Ricard, Sylvie Neveu et Lorraine Chevrette, les filles du bureau de comté, comme je les appelle. Les filles, vous vous êtes données sans compter. Vous savez que je vous aime et vous savez que nous avons vécu, lors de ces quatre dernières années, des gammes d'émotions... toutes les gammes des émotions, finalement. Les journées folles, les heures supplémentaires pas payées, tout cela va rester dans ma mémoire. Les filles, vous allez rester dans ma tête, mais, encore mieux, vous allez rester dans mon coeur.

L'exécutif du Parti québécois de Joliette et son président, Robert Marsolais. Robert, on a repris le Parti québécois, on l'a dynamisé dans Joliette, on l'a fait rayonner partout dans Joliette. Et, Robert, tu le sais qu'on a fait mieux que ça, on a fait rayonner le Parti québécois de Joliette partout au Québec. Merci à l'ensemble de l'exécutif, merci à son président, merci pour votre militantisme.

Si mes premiers mots, M. le Président, ont été pour les citoyens de Joliette, évidemment que mes derniers seront aux mêmes personnes. Merci encore de m'avoir fait confiance il y a quatre ans. Merci, tout dernièrement, de m'avoir compris quand j'ai finalement pris cette difficile décision de faire passer mes responsabilités avant mes ambitions. Ce fut un honneur de vous représenter ici, à Québec. Vous savez, devenir député à Joliette après un premier ministre, après une légende, ce n'est pas simple. J'espère simplement avoir été à la hauteur de vos attentes.

Le temps file, M. le Président, et je n'ai même pas encore fait le bilan de ces quatre dernières années, pas plus que j'ai formulé de souhait pour la suite des choses ou encore philosophé sur le travail que nous faisons. Vous savez quoi, M. le Président? Je n'ai pas le goût de faire ça. Je n'ai pas le goût de faire d'au revoir ni même de faire d'adieux. Pourquoi? Peut-être parce que le temps n'est pas venu pour moi de le faire. En attendant, Félixe, Marine, qu'est-ce qu'on fait en fin de semaine?

Le Président: Alors, mes chers collègues... Merci, Jonathan, de ta contribution. Alors, je trouve ça exceptionnel aujourd'hui, ce qu'on retient de tous nos parlementaires qui ont travaillé avec passion, qui ont été accessibles, disponibles. Et les gens qui ont écouté tous ces témoignages aujourd'hui, la revalorisation du rôle du député, c'était hier, mais il faut que ce soit pour demain. Et, sur ce, je suspends les travaux, selon l'ordre de la Chambre, à 16 heures, cet après-midi. Alors, bonne chance vous tous.

(Suspension de la séance à 14 h 29)

 

(Reprise à 16 h 7)

Le Président: Chers collègues, si vous voulez prendre place, s'il vous plaît.

Affaires prioritaires

Discours sur le budget

Alors, si vous voulez vous asseoir et prendre place. Alors, M. le ministre des Finances prononcera maintenant le discours sur le budget. M. le ministre des Finances.

M. Michel Audet

M. Audet: M. le Président, avant de débuter, vous me permettrez de déposer deux copies du discours du budget, mon troisième que je présente à l'Assemblée nationale.

Documents déposés

Le Président: Alors, ces documents sont déposés.

M. Audet: M. le Président, depuis 2003, nous avons agi de façon rigoureuse et responsable, nous ferons de même avec ce budget.

Les priorités des Québécois n'ont pas changé. Celles du gouvernement non plus. Ce sont toujours la santé, l'éducation, l'économie, la réduction du fardeau fiscal, les régions, le développement durable, les familles et les infrastructures.

Nous avons été à l'écoute de ce que veulent les Québécois pour l'avenir et nous avons tout mis en oeuvre pour créer un environnement plus favorable à la création de richesse et à la prospérité.

Cette année, nous continuons à concentrer notre action sur la prospérité de tout le Québec, les grandes villes comme les régions.

Nous appuyons le rôle moteur de Montréal et de Québec en répondant à leurs besoins particuliers. Quant aux régions, nous avons renforcé leur autonomie et nous leur donnons les moyens additionnels qui leur permettront d'être maîtres d'oeuvre de leur développement.

Nous continuons d'agir pour l'environnement et la qualité de vie de tous les Québécois. Nous sommes à l'écoute des besoins des gens et nous y répondons. Ce budget est aussi l'occasion de faire le point sur les réalisations de notre gouvernement.

n(16 h 10)n

L'état des finances publiques a été un défi constant au cours de notre mandat. Grâce à notre rigueur, nous avons préservé l'équilibre budgétaire. Nous avons également instauré le Fonds des générations pour nous attaquer à la dette publique. Ces efforts ont été reconnus puisque la cote de crédit du Québec a été relevée à deux reprises en 2006, M. le Président.

Toutefois, afin d'assurer à long terme cet équilibre, il est impératif que soit réglée, de manière durable, la question du déséquilibre fiscal. Cet enjeu est fondamental pour notre gouvernement et pour le Québec.

M. le Président, l'ensemble de nos actions a contribué à la bonne performance de l'économie. La croissance des dépenses des ménages dépassera les 3 % cette année, comme elle l'a fait chaque année depuis 2003. De plus, la construction d'habitations neuves est restée élevée depuis quatre ans. Elle s'est située en moyenne à près de 52 000 logements annuellement. C'est plus du double des mises en chantier enregistrées à la fin des années quatre-vingt-dix.

Quant aux investissements des entreprises, ils ont crû de plus de 25 % depuis 2003. Il s'agit d'une croissance quatre fois plus élevée que le rythme enregistré pendant le dernier mandat du gouvernement précédent.

Mais, M. le Président, si on exclut l'Alberta ? c'est important en raison des projets majeurs dans cette province ? les investissements des entreprises au Québec, en pourcentage du produit intérieur brut, sont maintenant similaires à ceux du reste du Canada. De plus, ils ont progressé davantage au Québec qu'en Ontario depuis 2003.

Par ailleurs, le Québec a conservé, en 2006, la première place au Canada en matière de gestion du capital de risque avec 50 % des capitaux sous gestion. Depuis 2003, plus de 15 fonds privés additionnels ont fait leur entrée au Québec.

Ce dynamisme est soutenu par les baisses d'impôt dont les particuliers et les entreprises ont bénéficié depuis 2003. En 2007, le versement du paiement rétroactif au titre de l'équité salariale augmentera le revenu des ménages et favorisera leur consommation.

En outre, la situation du marché du travail est solide. Depuis 2003, près de 200 000 emplois ont été créés au Québec, dont plus de 48 000 l'an dernier. Pour la troisième année consécutive, la grande majorité des emplois créés sont des emplois à plein temps.

Le taux de chômage a atteint 8 % en moyenne en 2006, du jamais-vu depuis 30 ans. Il est même descendu à 7,7 % le mois dernier. De plus, la proportion de la population qui occupe un emploi dépasse 60 % pour la troisième année de suite, ce qui constitue également un record.

Globalement, cette performance est d'autant plus marquante qu'elle se produit en dépit de l'appréciation importante de la valeur du dollar canadien, du prix élevé du pétrole et de la concurrence de plus en plus vive de la part des économies émergentes.

La politique budgétaire et fiscale du gouvernement a contribué à créer ce contexte de prospérité au Québec. Aussi, le présent budget est-il une nouvelle étape dans la construction d'un Québec qui a le moyen de ses ambitions.

M. le Président, avec ce budget, nous gardons le cap sur des finances publiques saines. Nous avons fait plusieurs gestes concrets, et les résultats sont probants. Nous avons présenté chaque année un budget équilibré. Nous avons exercé un contrôle serré des dépenses. Nous avons augmenté la transparence avec la publication d'un rapport financier mensuel. La modernisation de l'État permet une économie de 1 milliard de dollars. Nous nous sommes aussi attaqués à des problèmes comme la dette publique et la faible performance de certaines sociétés d'État.

Pour nous attaquer à la dette publique, nous avons créé le Fonds des générations, qui permettra de ramener la dette donc en deçà ? qui est actuellement de 43 % ? de 25 % du produit intérieur brut d'ici 2025. C'est une réalisation dont je suis particulièrement fier, M. le Président. À ce sujet, le gouvernement a procédé, jeudi dernier, à une mise de fonds exceptionnelle de 500 millions de dollars au Fonds des générations. Ce montant provient de la vente par Hydro-Québec de sa participation dans une entreprise au Chili. Ainsi, je prévois que le Fonds des générations aura atteint 1 milliard de dollars dès le 31 mars 2008.

Par ailleurs, cette année encore, nous avons fortement augmenté le fonds qui servira à payer les prestations de retraite des employés du gouvernement. Depuis 2003, nous y avons ajouté 13 milliards de dollars, et il atteint maintenant 27 milliards de dollars. Il s'agit là d'un geste de saine gestion fait dans l'intérêt des 540 000 employés de l'État.

M. le Président, en 2003, les sociétés d'État présentaient une performance inégale et une reddition de comptes nettement insuffisante. Nous avons mené à bien un exercice de modernisation des règles de gouvernance des sociétés d'État par l'adoption, en décembre dernier, d'une loi qui concerne les sept plus grandes sociétés d'État. Nous poursuivrons l'exercice avec les 17 autres sociétés d'État plus tard cette année. Nous avons aussi annoncé l'instauration, d'ici cinq ans, de la parité du nombre de femmes et d'hommes au sein des conseils d'administration des sociétés d'État. Par ces gestes, nous leur avons donné les moyens d'une gestion plus responsable, plus transparente et plus représentative de la société québécoise.

M. le Président, au cours de notre mandat, nous avons géré de façon rigoureuse et dans le respect des priorités des Québécois. La croissance annuelle des dépenses a été maintenue à 4,1 % en moyenne, comparativement à 6,3 % pour l'ensemble des provinces canadiennes.

Je tiens, encore cette année, à souligner la contribution exceptionnelle de ma collègue la présidente du Conseil du trésor au maintien d'un contrôle serré des dépenses. Bien sûr, l'ensemble de mes collègues du gouvernement l'ont efficacement secondée dans cette tâche délicate.

Pour l'année financière se terminant le 31 mars prochain, j'ai la satisfaction d'annoncer que nous atteindrons encore une fois le déficit zéro. Compte tenu des coûts exceptionnels reliés à l'équité salariale, nous aurons cependant une hausse de 4,6 % des dépenses de programmes.

Pour l'année financière à venir, l'équilibre budgétaire est également assuré. Le gouvernement utilisera une réserve budgétaire de 500 millions de dollars constituée en 2006-2007 et qui sera affectée au règlement de l'équité salariale. Le contrôle des dépenses de programmes reste serré avec une croissance de 4 %, incluant les mesures du présent budget.

Pour 2008-2009, il existe un écart entre les revenus et les dépenses qu'on évalue à 995 millions de dollars. Comme par le passé, nous ferons face à cette situation et nous prendrons les mesures appropriées pour maintenir l'équilibre budgétaire.

M. le Président, je dépose les tableaux qui présentent les résultats préliminaires des opérations financières du gouvernement pour 2006-2007 ainsi que les prévisions des équilibres financiers du gouvernement pour 2007-2008. (Voir annexes).

Documents déposés

Je dépose en même temps les renseignements additionnels sur les mesures du budget et le plan budgétaire du gouvernement.

M. le Président, sous le leadership de notre premier ministre, nous nous étions donné comme objectif, en 2003, de recentrer l'action du gouvernement sur les priorités des Québécois: la santé et l'éducation, l'économie et la réduction du fardeau fiscal, les régions et le développement durable, les familles et les infrastructures. Notre bilan montre que nous avons atteint notre objectif.

Depuis 2003, plus de 80 % de la croissance des dépenses a été allouée à la santé et à l'éducation. Depuis 2003, nous avons diminué de façon importante l'impôt des particuliers et réduit le coût d'investir pour les entreprises. Depuis 2003, nous avons investi 16,1 milliards de dollars dans l'amélioration des infrastructures. Cet investissement a d'ailleurs fortement contribué à soutenir la croissance économique.

n(16 h 20)n

M. le Président, depuis 2003, nous avons augmenté le budget de la santé de 4,4 milliards de dollars. Nous avons agi sur plusieurs fronts pour améliorer les services. Entre autres, nous avons instauré la garantie d'accès aux soins spécialisés pour les opérations aux hanches, aux genoux et pour les cataractes, à la suite de la décision de la Cour suprême dans l'affaire Chaoulli; nous avons haussé le nombre d'étudiants dans les facultés de médecine, et 1 000 infirmières additionnelles oeuvrent dans le réseau de la santé; nous avons augmenté de 17 à 121 le nombre de groupes de médecine familiale, ce qui permet à plus de 950 000 personnes d'avoir un médecin de famille; nous avons mis nos services de santé en réseau afin d'offrir une meilleure réponse aux besoins des personnes; nous avons réorganisé le travail en diminuant le nombre d'unités d'accréditation syndicale de 3 600 à 900 et en décentralisant la négociation au niveau des établissements. Ces réalisations nous ont permis de diminuer la liste d'attente pour les chirurgies. En décembre dernier, environ 18 000 personnes de moins attendaient pour une chirurgie par rapport à la même date en 2003. Nous avons aussi éliminé les délais d'attente de quatre semaines et plus pour le traitement du cancer en radio-oncologie.

Nous continuons, avec le présent budget, de réaliser des progrès pour la santé. Pour la prochaine année, une somme additionnelle de 1,3 milliard de dollars sera allouée à ce secteur, une croissance de 6 %. C'est dire que les deux tiers de l'augmentation des dépenses du gouvernement seront consacrés à la santé et aux services sociaux. Cette augmentation permettra d'ajouter des ressources additionnelles pour des besoins spécifiques, comme le soutien aux personnes âgées, à la santé mentale, à la réadaptation physique et intellectuelle et aux jeunes en difficulté. Et ce n'est pas tout. Nous investissons dans les infrastructures de santé, notamment dans la construction de nouveaux hôpitaux universitaires à Montréal.

Le gouvernement agit aussi du côté de la prévention. Nous avons mis en place la nouvelle Loi sur le tabac, dont les effets bénéfiques ont déjà commencé à se faire sentir. Nous avons conclu, l'automne dernier, un partenariat avec la Fondation Lucie-et-André-Chagnon pour mettre sur pied un fonds pour la promotion de la santé et des saines habitudes de vie. Je confirme aujourd'hui la création de ce fonds de 400 millions de dollars sur 10 ans.

M. le Président, dans le domaine de l'éducation, le gouvernement a aussi posé plusieurs gestes concrets. Entre autres, nous avons alloué près de 100 millions de dollars sur trois ans pour aider les enfants en difficulté d'apprentissage et soutenir leurs parents par l'embauche de professionnels spécialisés; nous avons ajouté une heure et demie de cours par semaine au niveau primaire, ce qui vient doubler le temps consacré à l'éducation physique et permet l'enseignement de l'anglais dès la première année; nous avons mis en place l'aide aux devoirs; finalement, nous avons ajouté 320 millions de dollars pour l'éducation postsecondaire.

Depuis 2003, le gouvernement a réinvesti en éducation près de 1,7 milliard de dollars. Il s'agit d'une croissance des dépenses cinq fois plus rapide que durant le mandat du précédent gouvernement.

En 2007-2008, le budget de l'éducation augmentera de 4,4 %, soit de 567 millions de dollars. Et nous nous engageons, M. le Président, à faire encore plus pour l'éducation secondaire, et nous en ferons davantage si nous obtenons des sommes additionnelles du gouvernement fédéral.

M. le Président, depuis 2003, nous avons abaissé de façon continue les impôts des particuliers et des entreprises, parce qu'une fiscalité concurrentielle nous permet: de retenir et d'attirer des entrepreneurs et des travailleurs les plus compétents et d'inciter les Québécois au travail en leur redonnant une plus grande part de leurs revenus ainsi que d'encourager l'investissement en capital physique et humain.

Ce sont des ingrédients essentiels à la productivité et à la croissance économique. Le gouvernement a beaucoup contribué à améliorer la compétitivité du Québec par sa réduction du fardeau fiscal. Nous avons redonné aux Québécois 3,8 milliards en réductions d'impôt. Nous avons accordé plus de 825 millions de dollars en réduction du fardeau fiscal des entreprises.

Tous les contribuables qui paient de l'impôt, c'est-à-dire 3,4 millions de personnes, ont profité directement des baisses d'impôt que notre gouvernement a consenties. Il existait, en 2003, un écart entre ce que payaient les contribuables québécois en impôt sur le revenu et ce que payaient en moyenne les contribuables des autres provinces. Cette situation ne pouvait perdurer. C'est pourquoi nous nous sommes engagés à réduire cet écart tout en continuant d'investir en santé et en éducation, et c'est ce que nous avons fait.

Avec les budgets précédents, nous avons en priorité réduit les impôts des contribuables à faibles revenus. Entre autres, nous avons instauré le régime unique d'imposition; nous avons mis en oeuvre le Soutien aux enfants et la Prime au travail pour aider les familles; nous avons bonifié les avantages fiscaux consentis aux personnes handicapées et aux aidants naturels; nous avons instauré une déduction fiscale de 1 000 $ pour les travailleurs; nous avons bonifié le crédit d'impôt pour le maintien à domicile des personnes âgées; et nous avons indexé à chaque année le régime fiscal pour tenir compte des effets de l'inflation. En conséquence, M. le Président, les contribuables à faibles revenus profitent maintenant d'un régime fiscal plus avantageux que la moyenne canadienne.

Nous voulons, avec le présent budget, faire davantage pour les autres catégories de contribuables. J'annonce qu'à compter du 1er janvier 2008 les seuils de revenus de la table d'imposition seront relevés de 7 %. Il en résultera une réduction d'impôt sur le revenu des particuliers d'un montant de 250 millions de dollars. Ainsi, depuis 2003, l'écart de fardeau fiscal avec les autres provinces aura été réduit de 2,2 milliards qu'il était en 2003 à 770 millions, donc soit une réduction de 65 %. Avec ces baisses, nous ne serons plus les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord. Nous sommes passés au sixième rang des provinces en ce qui a trait au fardeau fiscal. C'est un progrès remarquable. En tenant compte de l'ensemble des réductions d'impôt consenties depuis 2003, incluant la présente, une famille ayant deux revenus de travail totalisant 75 000 $ aura bénéficié d'une réduction d'impôt de 2 281 $.

M. le Président, nous avons aussi beaucoup amélioré la compétitivité de notre régime fiscal pour les entreprises. Nous pouvons être fiers de notre bilan. Nous avons réduit à 8 % le taux d'imposition des petites et moyennes entreprises, ce qui profite à 100 000 d'entre elles. Nous avons allégé la réglementation des PME à l'égard du financement et de l'administration des plans de formation de main-d'oeuvre. Nous avons annoncé une baisse graduelle de 50 % de la taxe sur le capital. Cette taxe nuit à la compétitivité des entreprises et à la création d'emplois, ce qui fait maintenant consensus à l'Assemblée nationale, M. le Président. Nous avons relevé le seuil d'exemption de cette taxe, de sorte que 75 % des entreprises n'ont plus à la payer. Enfin, nous avons instauré un crédit de taxe sur le capital pour favoriser les nouveaux investissements.

Dans le présent budget, nous voulons inciter davantage les entreprises manufacturières à se moderniser. En effet, le secteur manufacturier québécois, comme celui des autres provinces, des États-Unis et du monde occidental, fait face à une vive concurrence des économies émergentes. Plusieurs industries, comme le textile, le vêtement, la fabrication et le meuble, sont gravement affectées.

La concurrence que nous livrent ces économies est en grande partie attribuable à leurs faibles coûts de main-d'oeuvre. Face à cette compétition, les entreprises québécoises n'ont d'autre choix que de s'adapter. Elles doivent devenir plus compétitives et, pour ce faire, elles doivent devenir plus productives. Nous constatons que les dirigeants d'entreprise et des syndicats partagent maintenant ce même diagnostic. Cela crée des conditions privilégiées pour une meilleure concertation. J'invite le gouvernement fédéral, dans son prochain budget, à prendre lui aussi des mesures pour aider les entreprises à relever ce défi. Le gouvernement du Québec a déjà appuyé des entreprises dans des secteurs qui faisaient face à des difficultés aiguës, comme le secteur forestier. Nous ferons aussi notre part pour les autres entreprises manufacturières.

n(16 h 30)n

Aussi, j'annonce que le crédit de taxe sur le capital sur les nouveaux investissements dans le matériel de fabrication et de transformation sera prolongé jusqu'à la fin de 2012. De plus, j'annonce que ce crédit sera doublé, passant de 5 % à 10 % à compter de minuit ce soir. Avec cette mesure, le coût d'investir dans le secteur manufacturier au Québec n'aura jamais été aussi bas.

Je tiens à souligner qu'avec ces mesures les entreprises manufacturières qui investissent pour acheter de nouvelles machines ou moderniser leurs équipements n'auront généralement plus à payer de taxe sur le capital. En effet, pour peu que leur investissement soit suffisant, le crédit qu'elles obtiendront compensera entièrement le montant de la taxe qu'elles auraient dû acquitter sur le capital. M. le Président, il s'agit d'un avantage concurrentiel immédiat. C'est là la meilleure façon de stimuler l'investissement dans le secteur manufacturier.

M. le Président, les infrastructures publiques sont un des piliers de la croissance économique et du développement. L'effort du gouvernement pour moderniser ces infrastructures se reflète directement dans la vitalité économique du Québec.

Depuis le début de notre mandat, le gouvernement a investi 16,1 milliards de dollars dans le développement et le maintien des infrastructures. L'investissement annuel moyen est passé de 2,9 milliards de dollars qu'il était entre 1997 et 2003 à 4,7 milliards de dollars l'an dernier, une progression remarquable. Et c'est sans compter les investissements que nous avons réussi à susciter chez nos partenaires dans divers projets.

Par ailleurs, mon collègue le ministre des Transports et ma collègue la ministre déléguée aux Transports ont annoncé des investissements de l'ordre de 7,9 milliards d'ici 2011, dans les routes, les ponts et les viaducs.

De nombreux projets de routes sont en plein développement: la 25 à Montréal et à Laval; la 30 en Montérégie; la 50 dans l'Outaouais et les Laurentides; la 75 en Beauce; la 175 au Saguenay; et la 185 dans le Bas-Saint-Laurent.

De plus, plusieurs ponts et ouvrages d'art municipaux nécessitent des interventions majeures pour éviter une détérioration accrue. En conséquence, le montant des investissements pour améliorer l'état de ces infrastructures municipales sera haussé de 22 millions de dollars pour atteindre 30 millions de dollars en 2007-2008.

Aussi, grâce à l'appui du gouvernement par l'entremise de la Société de financement des infrastructures locales, la SOFIL, les municipalités et les organismes de transport en commun procéderont, au cours des quatre années à venir, à des investissements de 2,3 milliards de dollars. Ces investissements amélioreront les infrastructures de transport en commun, d'accès à l'eau potable, de traitement des eaux usées et de voirie locale.

Le gouvernement s'assure aussi que ses propres infrastructures restent en bon état. En vertu de la nouvelle politique de maintien des actifs, une enveloppe est maintenant allouée aux hôpitaux et aux institutions d'enseignement pour conserver leurs bâtiments en bonne condition et améliorer la qualité des services à la population.

Depuis 2003, nous avons augmenté les budgets de maintien des actifs de 645 millions à 1,2 milliard de dollars. À cet égard, mon collègue le ministre de l'Éducation, du Loisir et des Sports vient d'annoncer un investissement de 175 millions de dollars pour entretenir les bâtiments du réseau de l'éducation.

M. le Président, depuis le début de notre mandat, nous avons travaillé à la construction d'un Québec pour tous les âges en accordant une attention particulière aux aînés, aux familles et aux jeunes.

Depuis 2003, le niveau de l'aide financière annuelle aux aînés est passé de 303 millions de dollars à 661 millions de dollars. Parmi les réalisations du gouvernement, on note: la gratuité des médicaments pour 74 000 personnes âgées à faibles revenus; la certification obligatoire des résidences privées pour personnes âgées; la modernisation de la Loi sur les régimes complémentaires de retraite qui prévoit dorénavant une représentation des retraités.

De plus, près de 370 000 couples de retraités bénéficieront d'une réduction d'impôt grâce au fractionnement des revenus de retraite que j'ai annoncé en décembre dernier. Par exemple, un couple ayant un seul revenu de pension de 40 000 $ pourra bénéficier d'une réduction d'impôt de 878 $.

M. le Président, nous allons encore plus loin. J'annonce, aujourd'hui, que nous majorons de 1 000 $ à 1 500 $ les revenus admissibles au crédit d'impôt pour les revenus de retraite. C'est un crédit d'impôt qui profitera maintenant à plus de 356 000 retraités.

M. le Président, près de 90 % des aînés habitent leur domicile, et c'est dans ce milieu de vie qu'ils souhaitent demeurer le plus longtemps possible. Dans le but de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, nous avons bonifié le crédit d'impôt qui leur est destiné en y ajoutant 74 millions de dollars. Cette mesure permet à près de 300 000 aînés de demeurer plus longtemps dans leur résidence.

Par ailleurs, les aidants naturels jouent un rôle clé pour assurer le maintien à domicile des personnes âgées. Nous soutenons déjà les aidants naturels en leur accordant un crédit d'impôt spécial. Nous voulons maintenant reconnaître l'apport exceptionnel des bénévoles qui les épaulent.

Pour reconnaître cet apport, le gouvernement introduit une mesure novatrice. Ainsi, j'annonce qu'un crédit d'impôt remboursable pouvant atteindre 500 $ sera consenti à un bénévole qui fournira des services de relève à un aidant naturel pour l'équivalent d'au moins une journée par semaine. Voilà un moyen de donner un coup de pouce bien mérité à nos aidants naturels. Cette mesure impliquera les centres de santé et de services sociaux. Elle est exposée en détail dans les renseignements additionnels sur les mesures du budget, qui font partie intégrante du présent budget.

M. le Président, les aînés qui sont en bonne santé souhaitent souvent demeurer plus longtemps sur le marché du travail. Hélas, trop de travailleurs âgés sont découragés par le manque de flexibilité des régimes de retraite. La retraite progressive est une réponse adaptée aux besoins de ces travailleurs.

Au cours de la dernière année, le gouvernement s'est engagé fermement à promouvoir la retraite progressive. Il faut assouplir les règles de nos régimes de retraite pour rendre plus avantageux le retrait graduel du marché du travail. Nous avons amorcé les travaux avec le gouvernement fédéral en vue d'y arriver. L'ensemble des mesures que je viens d'annoncer font partie de la Stratégie d'action en faveur des aînés qui accompagne le présent budget.

M. le Président, notre soutien financier aux familles totalisera plus de 4,7 milliards de dollars en 2007. C'est une hausse de plus de 30 % par rapport à 2003.

Nous avons agi sur plusieurs plans pour créer un environnement plus favorable aux familles. Nous avons mis sur pied l'assurance parentale, le programme le plus flexible et généreux en Amérique du Nord. Nous avons augmenté le revenu disponible des jeunes familles avec le Soutien aux enfants. Nous avons facilité la vie des familles du Québec avec la modernisation de la loi sur les heures d'affaires dans les commerces. Nous avons créé le Fonds de développement du sport et de l'activité physique pour générer un demi-milliard d'investissement dans des projets qui permettront aux familles de pratiquer des activités sportives et de se divertir sainement. Nous avons créé plus de 36 000 places en garderie à contribution réduite, atteignant ainsi notre engagement de 200 000 places annoncé en 2003. Nous avons aussi soutenu 250 haltes-garderies communautaires.

En réponse aux demandes liées à la popularité de ces haltes-garderies, j'annonce que nous rendons permanent leur financement annuel de 3 millions de dollars.

M. le Président, j'annonce aussi que le crédit d'impôt remboursable pour les frais de garde d'enfants sera désormais accessible aux parents sans égard à leurs revenus. Cela permet de l'étendre au secteur agricole ? particulièrement les femmes des agriculteurs ? et à certains travailleurs autonomes qui n'étaient pas en mesure d'en bénéficier. C'est un appui additionnel de 10 millions de dollars en faveur des familles.

Aussi, nous instaurons un nouveau crédit d'impôt remboursable pour inciter les parents et les grands-parents à épargner pour les études postsecondaires de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Chaque placement annuel de 2 000 $ dans un régime enregistré d'épargne-études donnera droit à un crédit d'impôt pouvant aller jusqu'à 250 $, qui s'ajoutera au régime.

Par ailleurs, nous améliorons la fiscalité pour les parents dont les enfants sont aux études postsecondaires. Dorénavant, les étudiants pourront transférer à leurs parents ou à leurs grands-parents le crédit d'impôt pour frais de scolarité.

n(16 h 40)n

Enfin, nous bonifierons le crédit d'impôt pour appuyer les couples infertiles qui ont recours à la fécondation in vitro. En effet, le ministère de la Santé et des Services sociaux compte apporter des changements au protocole de fécondation pour réduire le nombre actuellement élevé de grossesses multiples. Comme cette technique sera plus coûteuse, j'annonce que le crédit d'impôt tiendra désormais compte de l'augmentation de ces coûts.

M. le Président, l'ensemble des mesures fiscales annoncées aujourd'hui, ajoutées au fractionnement des revenus de retraite, signifie pour les Québécois une réduction totale du fardeau fiscal de 464 millions de dollars, et ce, sans tenir compte de l'indexation des impôts en 2008, qui elle-même est évaluée à 355 millions de dollars.

M. le Président, le gouvernement tient à l'objectif de réduire la pauvreté au Québec. Nous avons dans notre bilan plusieurs actions et résultats concrets à cet égard: le Plan de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale qu'a coordonné ma collègue la ministre de l'Emploi et de la Solidarité; la Prime au travail est un élément également central de notre action; l'augmentation du salaire minimum de 7,30 $, en 2003, à 8 $, le 1er mai prochain; la gratuité des médicaments pour tous les assistés sociaux; et le rehaussement des seuils de l'aide juridique, pour la première fois depuis 20 ans.

En tout, nous aurons investi dans la lutte contre la pauvreté un total de 3 milliards de dollars, M. le Président. Et, depuis 2003, il y a 52 000 Québécois de moins à l'aide sociale. Pour nous, la lutte contre la pauvreté passe d'abord par l'emploi.

Enfin, en matière de logement social, le gouvernement garde le cap sur son objectif de construire 20 000 nouveaux logements sociaux. Cette action majeure sera complétée notamment par des investissements dans la rénovation des logements abordables existants. À cette fin, nous disposons de ressources financières additionnelles annoncées dans le dernier budget fédéral.

M. le Président, ma collègue la ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine a récemment rendu publique la politique d'égalité femmes-hommes. Essentiellement, il s'agit de passer de l'égalité de droit à une égalité de fait.

10 ans après l'adoption de la Loi sur l'équité salariale, je suis fier de rappeler que c'est la détermination de notre gouvernement qui a permis d'en arriver à une entente avec les associations syndicales en juin dernier. À la suite de cette entente, plus de 360 000 employés, principalement des femmes, reçoivent, depuis le 1er janvier 2007, les premiers ajustements reliés à ce règlement. Et, d'ici quelques semaines, ces employés recevront un paiement rétroactif couvrant la période de 2001 à 2006. Pour assurer l'équité salariale des employés du secteur public, le gouvernement leur versera, d'ici le 31 mars 2008, un total de près de 2,7 milliards de dollars.

M. le Président, la vitalité culturelle du Québec affirme notre identité et contribue à l'enrichissement de la vie de tous les Québécois. L'adoption par l'UNESCO de la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles est une des grandes réalisations de la diplomatie québécoise.

Sous le leadership de ma collègue la ministre de la Culture et des Communications, nous avons fait plusieurs gestes qui témoignent de l'ampleur de notre engagement pour la culture: des investissements dans les infrastructures culturelles, dont la rénovation du Palais Montcalm à Québec et l'annonce du projet de construction de la nouvelle salle de concert de l'Orchestre symphonique de Montréal; la création du Fonds du patrimoine culturel québécois; la création du programme Placements Culture; la politique de la francophonie canadienne; et les mesures fiscales pour soutenir les revenus des artistes et l'industrie culturelle. Depuis 2003, les dépenses du gouvernement en culture ont augmenté de 125 millions de dollars.

Dans le domaine du cinéma, j'ai le plaisir de confirmer que nous reconduisons de façon récurrente l'aide exceptionnelle de 10 millions de dollars. Cette mesure permettra de maintenir le dynamisme de ce secteur.

Parmi les autres mesures, le gouvernement: accordera 5 millions de dollars additionnels de façon récurrente pour bonifier le financement des musées; consacrera 2 millions de dollars de façon récurrente à nos bibliothèques publiques, notamment pour l'amélioration de la technologie et la création d'un catalogue collectif; bonifiera l'enveloppe du programme Placements Culture en y ajoutant 3 millions de dollars; et appuiera les organismes qui oeuvrent dans le secteur des médias communautaires.

M. le Président, les immigrants de toutes les origines contribuent à la modernité du Québec. Afin de mieux profiter de leurs apports, il est essentiel de construire des liens solides entre les nouveaux arrivants et leur société d'accueil, notamment en leur faisant partager la connaissance du français. Ainsi, j'annonce que 5,3 millions de dollars seront ajoutés aux crédits du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles, notamment pour la francisation des immigrants.

M. le Président, la prospérité de toutes les régions du Québec est au coeur des préoccupations de notre gouvernement. Nous en avons fait le thème principal de nos consultations prébudgétaires. Celles-ci nous ont permis de rencontrer les représentants d'une quarantaine de groupes. Nous avons également entendu les citoyens par l'entremise de consultations en ligne. Nous avons pris bonne note des commentaires reçus et ils nous ont guidés dans la préparation de ce budget.

Depuis 2003, nous avons oeuvré pour faire de l'autonomie des régions l'axe central du développement régional. Notre action s'est inscrite sur deux plans: le transfert des pouvoirs et des responsabilités aux régions et l'octroi de ressources pour les exercer; et l'accessibilité de toutes les régions à des instruments économiques nécessaires à leur développement.

Nos réalisations parlent d'elles-mêmes. Pour favoriser l'autonomie des régions: nous avons créé et financé les conférences régionales des élus, les CRE; nous avons transféré aux MRC les responsabilités des CLD, les centres locaux de développement; nous avons investi 3,8 milliards de dollars dans l'Entente pour un nouveau partenariat fiscal et financier avec les municipalités; et nous avons entrepris la signature des 91 ententes dans le cadre de la Politique nationale de la ruralité qui totalisera 280 millions de dollars.

Nous avons aussi fourni un levier économique important en créant les FIER pour faciliter le financement des entreprises en région. Le succès des FIER se traduit par les 40 fonds régionaux qui ont été créés avec des partenaires privés. C'est une capitalisation de 316 millions de dollars qui sert à soutenir le démarrage et la croissance des entreprises.

M. le Président, nous voulons faire davantage. Je suis heureux de vous faire part des principales composantes de la Stratégie pour le développement de toutes les régions. J'aimerais féliciter mes collègues, la ministre des Affaires municipales et des Régions, le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation et le ministre des Ressources naturelles et de la Faune, qui ont travaillé à l'élaboration de cette stratégie dont les détails sont présentés dans un fascicule qui accompagne les documents budgétaires.

J'annonce que nous allons consacrer 825 millions de dollars sur cinq ans à cette nouvelle stratégie. Elle s'articule autour de trois volets: des moyens et des instruments additionnels pour que les régions prennent en charge leur développement; des investissements dans les projets de Montréal et de Québec; et un appui spécifique du gouvernement à certains secteurs structurants de nos régions.

La nouvelle stratégie de développement des régions vient appuyer notre action pour favoriser l'autonomie régionale. Nous mettons des moyens financiers additionnels sous le contrôle de toutes les régions pour qu'elles puissent pleinement jouer le rôle qui leur revient dans leur développement.

En premier lieu, j'annonce que nous allons accorder 300 millions de dollars sur cinq ans au Fonds de développement régional. Cette somme, sous l'autorité directe des conférences régionales des élus, les CRE, servira à soutenir les régions dans leurs efforts de diversification économique et de modulation régionale des programmes gouvernementaux.

En second lieu, j'annonce que 165 millions de dollars sur cinq ans iront en appui aux efforts de développement économique pilotés par les régions. Cette somme sera partagée comme suit:

75 millions de dollars additionnels seront alloués au financement des projets pour le développement des créneaux d'excellence régionaux découlant de la démarche ACCORD. Déjà 14 ententes sur 15 potentielles ont été signées;

Et 90 millions de dollars seront mis à la disposition des centres locaux de développement pour soutenir l'entrepreneuriat et le développement des plans d'affaires des entreprises en démarrage.

n(16 h 50)n

En troisième lieu, j'annonce que 45 millions de dollars sur cinq ans seront consacrés au soutien des activités des nouvelles commissions régionales sur les ressources naturelles et le territoire. Ces commissions ont été mises sur pied à la suite des recommandations du rapport Coulombe. Elles verront à la réalisation des plans régionaux de développement intégré des ressources et du territoire.

J'annonce également que le gouvernement bonifiera ses programmes en ajoutant près de 100 millions de dollars sur cinq ans pour favoriser l'investissement et la productivité des entreprises dans toutes les régions. Nous allons bonifier le Programme de soutien aux projets économiques et renforcer l'appui à la productivité des entreprises.

Par ailleurs, des écarts de développement économique sont toujours observés dans les régions ressources par rapport aux autres régions du Québec. Pour cette raison, le gouvernement leur a accordé un soutien particulier. En 2006, ce soutien s'élevait à 104 millions de dollars sous forme d'aides fiscales. Le gouvernement a été sensibilisé par certains intervenants régionaux au fait que ces mesures pouvaient causer une concurrence interrégionale non souhaitable.

Lors du dernier discours sur le budget, nous avons ajusté les trois crédits d'impôt des régions ressources afin d'exclure l'installation des équipements. Nous apporterons d'autres ajustements cette année.

D'abord, nous allons réduire progressivement le congé fiscal aux régions ressources à compter de 2008, puisqu'il n'est pas relié ni à l'investissement ni à la création d'emplois. Par contre, les crédits d'impôt pour les activités de deuxième et troisième transformation seront en vigueur jusqu'en 2009 et nous continuerons de les gérer avec beaucoup de rigueur.

En ce qui concerne la fin prévue d'un certain nombre de crédits d'impôt, tant pour les régions ressources que pour les secteurs de la nouvelle économie, j'annonce la mise sur pied d'un groupe de travail qui en examinera les impacts. Ce groupe sera présidé par M. Robert Gagné, de l'École des hautes études commerciales de Montréal, qui travaillera avec tous les acteurs socioéconomiques impliqués.

M. le Président, nous sommes par ailleurs très conscients du rôle majeur joué par Montréal et Québec dans la vitalité du Québec. Depuis 2003, nous leur avons démontré notre appui de nombreuses façons. Outre les initiatives particulières qui leur sont dédiées, elles profitent de façon importante des retombées des politiques et stratégies gouvernementales de développement économique.

La nouvelle stratégie de l'innovation présentée par mon collègue le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation a des effets sur toutes les régions du Québec mais plus particulièrement sur Montréal et Québec, puisque 67 % des activités québécoises de recherche et développement privées se déroulent sur leur territoire.

La nouvelle entente fiscale et financière avec les municipalités profite aussi à nos grandes villes. Montréal obtiendra près de 900 millions de dollars alors qu'une somme de près de 300 millions est prévue pour Québec.

Par ailleurs, la sécurité des citoyens constitue un enjeu important pour les grandes villes. C'est pourquoi nous allons investir 34 millions de dollars, au cours des trois prochaines années, pour la mise en oeuvre du Plan d'intervention québécois sur les gangs de rue.

M. le Président, la métropole joue un rôle crucial dans le développement économique de l'ensemble du Québec. L'enrichissement du Québec passe par la croissance et la prospérité de sa métropole. Montréal doit relever des défis majeurs afin de se positionner à l'échelle nord-américaine et planétaire. Elle bénéficie à cette fin d'avantages indéniables qu'elle n'est pas toujours en mesure d'exploiter pleinement.

Montréal a clairement défini ses objectifs et son plan d'action dans sa stratégie de développement intitulée Imaginer ? Réaliser Montréal 2025. Le gouvernement appuiera le développement et la mise en oeuvre de cette stratégie en octroyant 140 millions de dollars à la ville de Montréal au cours des cinq prochaines années.

Ces ressources additionnelles, M. le Président, viennent s'ajouter à différents appuis dont la métropole bénéficie déjà, comme: la pleine compensation des taxes foncières pour les musées d'État et la Grande Bibliothèque; le remboursement de la taxe sur les carburants à la Société de transport de Montréal; l'implantation du service des premiers répondants; l'aide financière pour le refinancement du déficit du régime de retraite des employés de la ville, qui représentera à terme un montant de 240 millions de dollars; et le soutien à plusieurs projets économiques d'envergure, notamment dans l'aéronautique et les technologies de l'information.

De plus, depuis 2003, nous avons accordé des subventions de 265 millions à la ville de Montréal, dont: 69 millions pour les dépenses de fonctionnement; 148 millions pour le service de la dette; et près de 38 millions au titre de compensation pour les droits sur les divertissements.

Par ailleurs, une entente est imminente quant à la répartition régionale des coûts du métro de Montréal. M. le Président, j'annonce que le gouvernement prendra à sa charge, pour la durée de l'entente, une partie du déficit du métro de Montréal, et ce, jusqu'à concurrence de 11 millions de dollars par année pour une période de cinq ans.

M. le Président, la région de la Capitale-Nationale connaît une période de prospérité exceptionnelle. Elle se situe au quatrième rang des 20 régions métropolitaines du Canada et du nord-est des États-Unis pour sa vitalité économique. Pour permettre à Québec de tabler sur ces résultats, la stratégie de développement des régions lui octroie 25 millions de dollars. La capitale nationale pourra utiliser cette somme pour préparer et mettre en oeuvre un plan de développement économique.

Comme pour Montréal, le gouvernement a appuyé la capitale nationale de diverses façons. Nous avons déjà fait part de notre appui à plusieurs projets structurants, dont 15 millions pour la modernisation de l'aéroport international Jean-Lesage et 36,5 millions de dollars pour l'assainissement de la rivière Saint-Charles.

En tant que capitale nationale, Québec joue un rôle particulier. Afin qu'elle puisse pleinement assumer ce rôle, nous avons bonifié de 2,8 millions de dollars la subvention de 5 millions de dollars qu'elle reçoit déjà.

Québec bénéficie aussi de la pleine compensation des taxes foncières pour le Grand Théâtre et les musées d'État sur son territoire. Nous lui avons aussi accordé une aide financière pour équilibrer son budget au cours des derniers exercices financiers.

En ce qui concerne le réseau routier, nous avons investi des sommes importantes, dont 55 millions de dollars pour l'autoroute Robert-Bourassa. Pour la prochaine année uniquement, mon collègue le ministre des Transports a annoncé plus de 166 millions de dollars d'investissement dans le réseau routier de la région de Québec.

Par ailleurs, l'année 2008 marquera un moment fort de notre histoire collective. En effet, Québec prépare intensivement son 400e anniversaire. Nous avons consenti 110 millions de dollars pour l'organisation de cet événement, dont 70 millions de dollars pour la promenade Samuel-de Champlain. Le gouvernement et l'ensemble du Québec sont heureux d'appuyer cet événement qui est une source de fierté pour tous les Québécois.

M. le Président, le gouvernement appuie également certains secteurs pour les aider à faire face à des défis particuliers. Je veux parler du secteur minier, du tourisme, du secteur agroalimentaire et de la forêt.

L'industrie minière connaît actuellement un essor important qui s'explique par le niveau élevé du prix des métaux et le régime fiscal favorable offert par le Québec pour stimuler l'exploration minière. Notre gouvernement avait annoncé, dès 2004, sa décision de rendre permanent le régime d'actions accréditives. Dans mon dernier budget, j'ai annoncé une aide de 3 millions de dollars pour le financement des travaux de Géologie Québec.

Dans le cadre de la nouvelle stratégie des régions, j'annonce que nous allons octroyer des crédits additionnels de 7 millions de dollars par année dans les activités d'évaluation du potentiel minier pour les trois prochaines années. Ce financement additionnel permettra d'accroître l'exploration du territoire et la participation de nouvelles sociétés minières provenant de l'extérieur du Québec.

Au cours des quatre dernières années, une douzaine de projets miniers totalisant plus de 1,5 milliard de dollars ont été mis en oeuvre. Le gouvernement a appuyé plusieurs de ces projets. Permettez-moi de vous citer la mise en production de la mine d'or Goldex, près de Val-d'Or, et l'expansion de la mine Raglan, dans le Grand Nord du Québec, annoncée lors de la visite de notre premier ministre. Grâce à l'action de notre gouvernement, le Québec demeure un des meilleurs endroits au monde pour investir dans le secteur minier.

M. le Président, pour appuyer l'industrie touristique, j'ai déjà eu le plaisir d'annoncer différentes mesures d'appui à des événements spéciaux et à la mise en valeur d'attraits régionaux. Je suis heureux d'annoncer que la nouvelle stratégie des régions prévoit qu'une somme de 5 millions de dollars additionnels sera accordée au ministère du Tourisme afin de soutenir la tenue de festivals et d'événements touristiques.

n(17 heures)n

Par ailleurs, je désire rappeler que nous allons de l'avant avec l'aménagement d'un terminal de croisière au quai A.-Lepage de Saguenay. Il s'agit d'un investissement total de 30 millions de dollars qui sera assumé à parts égales par ville de Saguenay, le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. Et nous continuons l'étude de projets semblables dans d'autres villes du Québec.

M. le Président, l'industrie agroalimentaire traverse une période de mutation. Elle doit aussi répondre aux nouvelles attentes des citoyens en matière de sécurité, de qualité des aliments et de protection de l'environnement. Nous avons déjà pris action pour protéger la santé publique en investissant 79 millions de dollars pour la construction de nouveaux laboratoires de pathologie animale et pour le confinement des oiseaux d'élevage.

Par ailleurs, les agriculteurs québécois font face à une concurrence de plus en plus vive tant sur le marché local qu'international. Les profonds changements qui affectent l'industrie agricole soulèvent de nombreuses questions sur son avenir. Plusieurs des politiques actuelles ont été conçues dans le milieu des années soixante. Nous croyons qu'il est nécessaire de procéder à un examen approfondi de la situation. Le gouvernement continuera d'appuyer les agriculteurs pour faire face à cette conjoncture difficile par l'entremise de La Financière agricole. Cette société a consacré plus de 625 millions de dollars cette année, soit près de 200 millions de plus que l'an dernier, principalement pour la stabilisation des revenus des agriculteurs. Cette évolution rapide de la situation de La Financière agricole nous interpelle. Et la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire, mise sur pied cet automne, se penchera, entre autres, sur cette question. Les recommandations de cette dernière viseront à jeter les bases d'une nouvelle vision du développement de l'agriculture et de l'agroalimentaire.

Par ailleurs, j'annonce que nous allons allouer 25 millions de dollars à l'industrie agroalimentaire dans le cadre de la nouvelle stratégie des régions: un appui financier de 10 millions de dollars sera consacré pour aider l'industrie des pêches à accroître sa productivité; et une enveloppe de 15 millions de dollars appuiera les entreprises leaders de transformation alimentaire pour augmenter leur capacité de production. Mon collègue le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation annoncera bientôt les modalités de cette aide financière.

En outre, nous faisons un geste concret afin d'alléger davantage le fardeau fiscal des agriculteurs. J'annonce, M. le Président, que l'exemption spécifique de la taxe sur le capital pour les sociétés agricoles et de pêche est portée de 400 000 $ à 5 millions de dollars. Concrètement, cela signifie une élimination complète de la taxe sur le capital pour 99 % des entreprises agricoles. C'est là une mesure importante pour favoriser les investissements dans ces secteurs d'activité.

La forêt constitue le gagne-pain de nombreux travailleurs et demeure le pivot économique de plusieurs régions. Nous avons mis sur pied la Commission d'étude sur la gestion de la forêt publique québécoise dont nous mettons en oeuvre les recommandations pour assurer la pérennité de la ressource. De plus, notre gouvernement a appuyé le règlement du litige canado-américain sur le bois d'oeuvre qui a permis aux entreprises du Québec de récupérer plus de 950 millions de dollars en droits compensatoires et antidumping versés. Un règlement qui vient mettre un terme à six longues années de litige.

Mais l'industrie forestière traverse depuis plusieurs années une période de turbulence. Depuis 2003, nous sommes intervenus pour venir en aide aux travailleurs et aux communautés touchés ainsi que pour favoriser la diversification et la consolidation de l'industrie. Cette intervention s'est traduite par l'annonce d'un soutien de 1,4 milliard sur quatre ans. Des retombées positives se font déjà sentir: plus de 6 500 travailleurs profitent déjà des mesures mises en place; 500 millions de dollars de projets d'entreprise ont été déposés; près de 80 millions de dollars de plans pour la construction et la réfection majeure de chemins et de ponts forestiers ont été soumis; et une vingtaine de contrats de diversification et de développement ont également été conclus avec les MRC.

M. le Président, afin d'appuyer davantage les entreprises d'industrie forestière dans la modernisation de leurs équipements, j'annonce que le crédit de taxe sur le capital qui est déjà de 15 % sur le matériel de fabrication et de transformation est prolongé jusqu'au 31 décembre 2012.

Avec ces mesures, M. le Président, nous sommes confiants que l'industrie de la forêt saura s'adapter aux nouvelles conditions et qu'elle sortira plus forte de la période de transition en cours.

M. le Président, le Québec a confirmé cette année son rôle de leader mondial en matière de développement durable. Les Québécois sont très sensibles aux questions environnementales et c'est pour eux que nous avons fait des gestes concrets pour un Québec vert.

La nouvelle stratégie énergétique, L'énergie pour construire le Québec de demain, a été présentée par mon collègue le ministre des Ressources naturelles et de la Faune au printemps dernier. Elle annonce la relance du développement hydroélectrique avec des projets de 25 milliards de dollars pour les 10 prochaines années. La nouvelle stratégie énergétique privilégie aussi le développement de l'énergie éolienne, une autre énergie propre et renouvelable. Ce sont 6 milliards de dollars qui seront consacrés à cette nouvelle filière énergétique au cours des prochaines années. Ces investissements dans les énergies renouvelables se feront dans plusieurs régions du Québec. Ils y créeront 70 000 emplois. Ils permettront de satisfaire non seulement nos propres besoins énergétiques, mais aussi de dégager des surplus qui pourront être vendus ? oui ? sur les marchés voisins. M. le Président, c'est ainsi que l'on crée la prospérité.

M. le Président, toujours dans la perspective du développement durable, notre gouvernement a agi de façon responsable. Le plan de lutte contre les changements climatiques déposé par mon collègue le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a été reconnu par les groupes environnementaux comme un modèle à suivre en Amérique du Nord. Ce plan ambitieux est doté d'engagements financiers majeurs de 1,2 milliard de dollars sur six ans. Notre persévérance dans ce dossier pour persuader le gouvernement fédéral de contribuer au financement du plan de lutte contre les changements climatiques a donné des résultats. En effet, le premier ministre du Canada et le premier ministre du Québec ont annoncé la semaine dernière que près de 350 millions de dollars seront prévus à cet égard dans le prochain budget fédéral. Le gouvernement fédéral reconnaît ainsi le leadership dont fait preuve le Québec dans la lutte contre les changements climatiques.

Par ailleurs, les automobiles sont de fortes émettrices de gaz à effet de serre. L'an dernier, nous avons instauré un remboursement de TVQ pouvant aller jusqu'à 1 000 $ pour encourager les acheteurs de véhicules hybrides. J'annonce qu'à compter de minuit ce soir nous portons ce montant du remboursement de la TVQ à 2 000 $. Voilà un autre geste concret en faveur de l'environnement.

M. le Président, le Québec compte actuellement plus de 400 sites contaminés. Ces sites menacent à moyen terme l'environnement et la santé publique. Le gouvernement a décidé d'agir de façon responsable pour régler ce problème. J'annonce une politique nationale des sites contaminés. Elle permettra d'accélérer le processus de décontamination, de mieux planifier les déboursés à venir et de protéger l'environnement et la santé publique. Les travaux de restauration seront échelonnés sur 10 ans. Les coûts associés à cette politique seront de 333 millions de dollars. Et les retombées économiques sur les régions seront importantes, sans compter bien sûr les effets sur l'environnement, qui n'ont pas de prix. M. le Président, notre gouvernement fait preuve de vision à long terme avec son engagement envers l'environnement et le développement durable.

M. le Président, le Québec est un partenaire actif au sein de la fédération canadienne. Depuis 2003, notre premier ministre a innové en se faisant le promoteur du Conseil de la fédération et en faisant reconnaître, pour la première fois de l'histoire du Canada, le principe du fédéralisme asymétrique. De plus, le Québec est maintenant reconnu comme une nation au sein du Canada, et il a obtenu d'être représenté à la délégation permanente du Canada à l'UNESCO. Des progrès de 14 milliards de dollars ont été réalisés au chapitre des transferts fédéraux. Notre gouvernement a signé plusieurs ententes importantes avec le gouvernement fédéral, notamment sur les transferts reliés à la santé, aux infrastructures et à la politique familiale.

Mais le Québec a des responsabilités nombreuses et importantes. Dans la plupart des cas, elles touchent des services directs à la population, comme la santé et l'éducation. En outre, en raison du vieillissement de la population, les dépenses pour la santé croissent plus rapidement. C'est également vrai pour le coût des autres services de proximité offerts aux personnes par le gouvernement du Québec. À cause de cela, l'équilibre budgétaire est beaucoup plus fragile que celui du gouvernement fédéral qui, de son côté, réalise des surplus budgétaires année après année.

n(17 h 10)n

Notre gouvernement a fait tous les efforts possibles, au cours des quatre dernières années, pour faire valoir la position du Québec sur le déséquilibre fiscal, autant dans le cadre des discussions avec les provinces et le gouvernement fédéral que devant les groupes d'experts qui ont examiné cette question. La position que défend notre gouvernement est non seulement dans l'intérêt du Québec, mais elle est aussi dans l'intérêt de l'ensemble de nos partenaires de la fédération.

D'abord et avant tout, le gouvernement fédéral doit mettre en place une réforme en profondeur du programme de péréquation. C'est un enjeu majeur. Deuxièmement, il faut que le gouvernement fédéral rétablisse sa contribution pour l'éducation postsecondaire et les autres programmes sociaux au niveau qui prévalait avant les coupures effectuées au milieu des années quatre-vingt-dix. Il faut noter qu'il existe à cet égard, grâce au travail fait par notre premier ministre, un consensus entre toutes les provinces de même qu'entre tous les principaux acteurs au Québec. Troisièmement, le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral doit être encadré par un droit de retrait avec compensation financière ou fiscale lorsque ce dernier l'utilise dans des domaines relevant de la compétence des provinces.

Mais, M. le Président, pourquoi le Québec considère-t-il que la réforme de la péréquation est l'enjeu principal du règlement du déséquilibre fiscal? Tout d'abord, parce que la péréquation n'est pas un transfert fédéral comme les autres. C'est le seul dont l'objectif est inscrit dans la Constitution du Canada. C'est un objectif fondamental, et je cite la Constitution, de «donner aux gouvernements provinciaux des revenus suffisants pour les mettre en mesure d'assurer les services publics à un niveau de qualité et de fiscalité sensiblement comparables». Or, le programme actuel de péréquation ne répond plus à cet objectif.

Il faut se rappeler qu'à l'automne 2004 le gouvernement fédéral a radicalement modifié le système en instaurant une approche à «enveloppe fermée» indexée à 3,5 % par année. Cette nouvelle façon de procéder a comme conséquence que la taille de l'enveloppe de la péréquation ne tient plus compte des écarts de richesse entre les provinces, ce qui est incompatible avec l'objectif même du programme. Au début de 2005, le gouvernement fédéral a également conclu avec certaines provinces des ententes bilatérales qui ont éloigné encore plus le programme de péréquation de ses principes de base. Cette approche doit être mise au rancart. Le programme de péréquation doit être basé sur une formule adéquate et doit ramener chaque province bénéficiaire à la capacité fiscale moyenne des 10 provinces canadiennes. Et, pour mesurer la capacité fiscale des provinces, il faut considérer l'ensemble de leurs sources de revenus.

Enfin, une réforme en profondeur de la péréquation est fondamentale parce que c'est une condition essentielle pour un nouveau partage de l'espace fiscal entre le gouvernement fédéral et les provinces. Nous sommes sur le point de franchir une étape importante dans le dossier du déséquilibre fiscal. Le gouvernement fédéral a indiqué qu'il prendrait incessamment une décision sur cette question. Nous l'incitons fortement à donner suite aux engagements qu'il a pris à l'égard du Québec.

M. le Président, le budget que je dépose aujourd'hui montre que nous avons de nombreuses réalisations à notre actif et que nous entendons en ajouter d'autres. Nous avons été à l'écoute des gens du Québec dans les régions comme dans les grandes villes. Partout, il existait un désir pour que les populations locales disposent de plus d'outils pour prendre en main leur développement et l'avenir de leur communauté. C'est ce que nous leur avons offert. Le gouvernement continue de jouer un rôle crucial dans l'amélioration de la qualité de vie des Québécois et de l'environnement dans lequel ils vivent.

Nous avons aussi gardé le cap sur les priorités que nous avions annoncées dès le début de notre mandat. Pour chacune d'entre elles, nous avons pris les moyens pour parvenir à des résultats durables qui recentrent l'État sur ses missions essentielles et qui bonifient considérablement les services dont bénéficient les Québécois. Grâce aux réalisations du gouvernement, nous avons maintenant de meilleurs soins de santé, un meilleur système d'éducation, des infrastructures en meilleur état, un fardeau fiscal moins élevé, une économie plus prospère, une meilleure qualité de vie pour toutes les familles, un bilan environnemental positif. M. le Président, ces progrès doivent se poursuivre.

Notre gouvernement a également agi avec détermination afin de faciliter la création de richesse et d'accroître la prospérité partout au Québec. Des réussites sont déjà au rendez-vous, et le présent budget permettra d'aller encore plus loin afin que le Québec réalise son plein potentiel. Je suis d'autant plus fier des réalisations de notre gouvernement que nous les avons accomplies dans le respect de la capacité de payer des Québécois.

Avec ce budget: le gouvernement prend fièrement position pour défendre les intérêts du Québec; le gouvernement agit pour accroître la prospérité de Montréal et de Québec ainsi que de toutes les régions; le gouvernement continue de mettre en place des mesures pour améliorer la qualité de vie des Québécois; et le gouvernement donne au Québec les moyens de ses ambitions.

(Applaudissements)

M. Audet: M. le Président, comme ça a été fait pour certains de mes collègues cet après-midi, vous me permettrez donc de dire quelques mots de façon particulière du fait que j'ai annoncé, il y a quelques jours, donc, mon retrait de la vie politique au terme de ce mandat... Je m'excuse. Voyez-vous, ça fait quelque chose. Donc, vous me permettrez donc de prendre des minutes additionnelles pour saluer et remercier des personnes qui ont fait de ce passage en politique active un passage inoubliable.

Mes premiers remerciements vont bien sûr aux citoyens du comté de Laporte. À titre de député, j'ai véritablement pu saisir toutes les dimensions de la vie publique, toutes ses réalités quotidiennes ? je m'excuse. Les citoyens de Laporte m'ont permis de mieux comprendre et d'apprécier la nature et la grandeur du travail de député, qui est de trouver des solutions et d'améliorer le sort et la qualité de vie quotidienne des gens des comtés du Québec. Pour moi, ce fut la partie la plus gratifiante de ces quatre dernières années. Je voudrais remercier évidemment, bien sûr, mes électeurs de Laporte devant cette Assemblée pour m'avoir offert cette opportunité unique de siéger en cette Assemblée nationale.

À titre de ministre de deux ministères importants, donc le ministère du Développement économique d'abord et le ministère des Finances ensuite, au cours de ce présent mandat, je tiens à souligner la qualité exceptionnelle du travail des équipes ministérielles qui nous ont permis, qui ont permis au gouvernement de mettre en oeuvre des réformes importantes, donc, pour ce gouvernement. Ces femmes et ces hommes au service du Québec m'ont offert leur expertise et leur savoir-faire. Je veux les saluer pour leur excellent travail et les remercier de leur importante contribution, M. le Président ? je m'excuse, j'ai un chat dans la gorge.

Depuis 2003, cette Chambre a été le lieu de plusieurs discussions, de débats et de confrontations. Je dois dire que, malgré nos accords et nos désaccords, je suis toujours entré au salon bleu avec la certitude de retrouver des députés complètement dévoués pour améliorer le sort des Québécois. C'est important de le dire.

Tout d'abord, un mot pour remercier mes collègues ministres et tous les députés de ce côté-ci de la Chambre. Nous avons formé une équipe unie, qui a réalisé de grandes choses pour le Québec. Et je vous souhaite à tous d'être présents pour le prochain mandat. Il faut compléter un travail si bien engagé, M. le Président.

Ensuite, je veux saluer les députés du Parti québécois et ceux de l'Action démocratique, donc, d'abord de m'avoir permis de vivre cette expérience de démocratie directe que constitue la période des questions. De plus, dans les législations que j'ai pu présenter, j'en ai présenté plusieurs, je veux souligner le travail, donc, particulièrement de l'opposition officielle qui a contribué à améliorer parfois, souvent les projets de loi et contribué donc à l'avancement du Québec. Je ne peux donc que vous souhaitez, aux députés de l'opposition, la meilleure des chances pour l'avenir.

M. le Président, je profite de cette tribune pour souligner et remercier le travail du premier ministre, donc, pour son leadership dont il a fait preuve au cours de ces quatre années et pour la confiance évidemment qu'il m'a accordée dans l'exercice de mes fonctions. Ce fut un honneur pour moi d'avoir oeuvré au sein de votre gouvernement et d'avoir pu mener à terme des réalisations aussi significatives que la réforme de la gouvernance régionale, la mise en place des FIER, le Fonds des générations et la loi réformant également la gouvernance des sociétés d'État.

n(17 h 20)n

Mais vous me permettrez, parce que j'étais absent cet après-midi... M. le premier ministre a été assez élogieux sur ma contribution. Je veux dire que, si la cote de crédit du Québec a été haussée, c'est grâce à l'appui indéfectible du premier ministre à la cause des finances publiques du Québec. Merci, M. Charest.

Bien sûr, je dois des remerciements bien personnels à ma famille ici présente. Tout d'abord, à mon épouse Francine, Francine qui m'a toujours épaulé, qui m'a offert ses encouragements, son support constant et son amour dans toutes les situations. Merci. Évidemment, on aura maintenant... Les dernières années ont été très occupées pour moi. Maintenant, elles seront plus occupées pour nous deux. Mais là j'espère qu'elle ne le seront pas trop. Enfin, merci à mes quatre enfants, à leurs conjoints, à mes trois petits-enfants. Dans quelques semaines, grand-papa aura tout le temps pour leur raconter de bien bonnes histoires sur ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Audet: M. le Président, merci à vous et au personnel de l'Assemblée nationale qui contribue à promouvoir une démocratie accessible à tous.

Motion proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement

Alors, maintenant, vous me laisserez compléter mon travail en proposant cette motion en cette Chambre. Donc, je propose, M. le Président:

«Que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement du Québec.»

Des voix: ...

Le Président: Je vous demanderais votre collaboration, s'il vous plaît. S'il vous plaît! Chers collègues... Alors, s'il vous plaît!

Des voix: ...

Le Président: Alors, s'il vous plaît, mes chers collègues, je vous demande votre collaboration. Le débat doit se poursuivre. Alors, M. le ministre des Finances, votre motion est présentée.

Commentaires de l'opposition

Conformément à l'ordre adopté précédemment par l'Assemblée, je cède maintenant la parole à M. le député de Rousseau et porte-parole de l'opposition officielle pour ses commentaires d'une durée maximale de 20 minutes. M. le député de Rousseau.

M. François Legault

M. Legault: M. le Président, je voudrais, évidemment, d'abord, saluer le ministre des Finances, qui nous quitte, qui dépose son dernier budget. La bonne nouvelle pour lui, c'est qu'il n'aura pas à défendre ce budget-là pendant la campagne électorale. Et la bonne nouvelle pour les Québécois, M. le Président, c'est que c'est le dernier budget de ce gouvernement libéral.

M. le Président, après le slogan du Parti libéral, en 2003 ? on s'en souvient tous, hein? ? Nous sommes prêts, bien, aujourd'hui, c'est tout simplement: Nous sommes prêts à tout pour se faire réélire. Depuis l'été dernier, on a recensé 657 annonces qui ont été faites par différents ministres de ce gouvernement, pour un montant total...

Des voix: ...

M. Legault: ...M. le Président, pour un montant total de 11,2 milliards de dollars. On se demande encore où est l'argent, où on va prendre l'argent.

Et, M. le Président, ce gouvernement a tellement fait d'annonces depuis un an qu'on se retrouve aujourd'hui avec un budget drab, avec un budget terne, avec un budget qui ne balance pas. Il y a un trou de 500 millions de dollars dans ce budget, et on nous annonce une impasse de 1 milliard de dollars l'année prochaine, 995 millions de dollars. C'est en toutes lettres dans le budget. M. le Président, ce budget vient confirmer que ce gouvernement n'a pas tenu ses promesses.

D'abord, M. le Président, en santé. On se souvient tous qu'en 2003 le Parti libéral avait promis, en plus de couvrir les coûts de système, d'ajouter pour 2,5 milliards de nouveaux services. Or, d'abord, dans ce budget... Les chiffres peuvent paraître importants, 1,3 milliard. Si on fait un petit calcul, M. le Président, avec les chiffres du Parti libéral, c'est-à-dire des coûts de système à 5,1 % plus l'équité, on arrive à 1,3 milliard. Donc, aucun sou, dans ce budget, pour des nouveaux services en santé et services sociaux, aucun sou pour les soins à domicile, aucun sou pour du développement. Et, M. le Président, quand on fait le bilan, le bilan après cinq budgets, si on exclut les coûts de système, sur le 2,5 milliards, on a livré seulement 200 millions, 200 millions sur 2,5 milliards. Ce n'est pas surprenant que les Québécois nous disent qu'ils n'ont pas vu d'amélioration dans le réseau de la santé.

En fait, M. le Président, le ministre de la Santé était probablement la seule personne à Montréal qui pensait qu'il y avait eu une amélioration notable dans le réseau de la santé. Or, ce qu'on sait depuis quelques jours, c'est que le ministre de la Santé va maintenant être le seul citoyen de la ville de Québec à penser qu'il y a une amélioration dans le réseau de la santé. M. le Président, quand c'est rendu qu'un ministre de la Santé modifie les indicateurs pour calculer les listes d'attente, c'est parce que ça va mal dans le réseau de la santé.

M. le Président, en éducation, on nous annonce 566 millions. On oublie de nous dire que les coûts de système, à l'éducation, c'est environ 450 millions. Ça veut dire que tout ce qu'il reste, c'est le 120 millions qui a été annoncé dans les universités. Donc, M. le Président, zéro pour les enfants qui ont des difficultés d'apprentissage, zéro pour la formation professionnelle et technique qu'on attend...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Le ministre des Finances...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Le ministre des Finances a prononcé son budget, présenté son budget dans l'ordre. Je vous demande la même collaboration pour la présentation des commentaires du porte-parole de l'opposition officielle.

M. Legault: Est-ce qu'il faut rappeler la décision qui a été prise il y a quelques jours par ce gouvernement d'envoyer un signal aux étudiants que ce n'est pas une priorité d'augmenter le nombre de jeunes dans nos universités? M. le Président, au cours des dernières années, le Québec a fait du rattrapage au baccalauréat, mais, au deuxième cycle et au troisième cycle, il faut convaincre plus de jeunes de rester dans nos universités parce que c'est ça, notre avenir. Or, ce n'est pas ça, le signal qu'envoie ce gouvernement en augmentant les droits de scolarité.

M. le Président, au niveau de l'économie, ce gouvernement continue de dire que ça va bien. Ce n'est pas ça que pensent les gens dans les régions. Je viens de faire une tournée de quelques régions, M. le Président, et ce qu'on me dit, c'est que, depuis quatre ans...

Des voix: ...

Le Président: Je vous demande votre collaboration. À l'ordre!

n(17 h 30)n

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! M. le député de Rousseau, vous avez la parole.

M. Legault: M. le Président, depuis quatre ans, on a perdu 1 700 emplois sur la Côte-Nord. Depuis quatre ans, on a perdu 1 700 emplois en Gaspésie. Depuis quatre ans, on a perdu 4 800 emplois en Mauricie. Et ce qui est encore pire, c'est que, dans l'ensemble du Québec, les seuls emplois qui ont été créés, ce sont des emplois dans le secteur des services, alors que ce qu'on a perdu, c'est des emplois payants dans le secteur manufacturier. On en a perdu plus de 67 000.

M. le Président, la preuve que ça va mal au niveau économique, c'est que, lorsqu'on regarde la croissance des revenus, à chaque fois qu'on a une présentation du ministre des Finances, on voit une baisse. Il y a un an, il nous disait, lors de sa présentation de son budget, qu'il prévoyait une croissance économique de 2,5 %. À l'automne, il était rendu à 2 %. Aujourd'hui, il nous dit 1,7 %.

M. le Président, c'est comme ça dans tous les indicateurs. Si on pense, par exemple, aux investissements privés non résidentiels, il y a un an, le ministre des Finances nous prévoyait une croissance, tenez-vous bien, de 7,6 %. Aujourd'hui, il réduit ça à 2,2 %. Il y a un an, il nous disait que les exportations augmenteraient de 4,2 %. Aujourd'hui, il réduit ça à 0,9 %.

M. le Président, aujourd'hui, on a des problèmes dans nos régions. Qu'est-ce qu'on annonce dans ce budget? Un programme, mais qui va commencer à être dépensé dans cinq ans, 825 millions. Mais, quand on regarde cette année, c'est 8 millions par région alors que, depuis quatre ans, ce gouvernement a coupé 1,3 milliard dans l'aide aux entreprises. L'approche libérale de laisser-faire économique a été catastrophique pour les régions du Québec, et les bonbons électoraux qu'on a aujourd'hui, c'est trop peu trop tard, M. le Président.

Je sais que le ministre du Développement économique ne voudra pas qu'on fasse des débats de fond pour discuter du secteur manufacturier. Il pense que ce n'est pas la bonne occasion de faire ça pendant la campagne électorale. M. le Président, nous, on va parler puis on va suggérer des solutions pour relancer l'économie du Québec pendant la campagne électorale.

M. le Président, ce gouvernement libéral nous annonce à nouveau qu'il est prêt à réduire les impôts des contribuables. Rappelons-nous ce qui est arrivé il y a quatre ans. Tout le monde s'en souvient. Le premier ministre, la main sur le coeur, nous annonçait 5 milliards de baisses d'impôt pendant le mandat. Il ne nous avait pas dit que le mandat durerait 10, 15 ou 20 ans, mais on avait compris, nous autres, que c'était quatre ans. La semaine dernière, la semaine dernière, la présidente du Conseil du trésor nous a confirmé que ce n'est pas 5 milliards, c'est 754 millions. Mais non seulement la promesse de baisser les impôts n'a pas été respectée, mais on a augmenté à peu près tous les tarifs, M. le Président: quatre fois les tarifs d'électricité, hausse du coût des services de garde, hausse des taxes scolaires, hausse des cotisations pour le régime de congés parentaux, hausse de primes d'assurance médicaments. Au total, alors qu'on a baissé les impôts de 754 millions, on a augmenté les tarifs de 2,2 milliards.

Pour une famille moyenne avec deux revenus, deux enfants, deux revenus de 30 000 $, 45 000 $, ça veut dire, M. le Président, qu'on a eu des baisses d'impôt pour cette famille-là de 1 186 $ mais des hausses de tarifs de 2 190 $. 1 000 $ de moins dans leurs poches. C'est ça qui est arrivé à la classe moyenne au Québec. Donc, ce gouvernement a augmenté le fardeau des familles québécoises de la classe moyenne. Les sceptiques seront confondus, disait le capitaine Bonhomme. Je comprends que vous soyez sceptiques lorsqu'on vous promet à nouveau des baisses d'impôt.

M. le Président, maintenant, concernant le développement durable et l'environnement, on nous annonce un plan de 1,2 milliard pour lutter contre les changements climatiques sur six ans. Or, on est allés voir tout de suite le budget du ministère du Développement durable, il y a une augmentation de 2 millions. Ça ne couvre même pas l'inflation. Donc, on n'a pas le début du commencement de comment on va financer ce plan.

M. le Président, c'est la même chose dans tous les secteurs. En agriculture, on arrive avec un petit programme de 25 millions alors qu'on vit une des pires crises dans l'agriculture. Dans la forêt, il n'y a absolument rien de nouveau alors qu'on va avoir une année déterminante.

M. le Président, en plus ce gouvernement prétend avoir bien géré les finances publiques du Québec. La réalité, c'est que, depuis quatre ans ? et c'est noir sur blanc dans le budget du ministre des Finances ? la dette du Québec est passée, tenez-vous bien, là, en quatre ans, de 111,3 milliards de dollars à 122,4 milliards de dollars, une augmentation de 11 milliards de dollars. Et, pour l'année qui vient, le ministre des Finances nous annonce bien fièrement qu'il va demander à Hydro-Québec de mettre 400 millions dans le Fonds des générations. Il oublie juste de nous dire, M. le Président, que, pour l'année qui vient, il prévoit que la dette du Québec va augmenter de 3 milliards de dollars. Est-ce que vous pensez que c'est sérieux de mettre 400 millions dans un fonds des générations mais de dire: On augmente la dette de 3 milliards? Ce n'est pas sérieux.

M. le Président, j'entends déjà le premier ministre me répondre: Oui, mais c'est parce qu'on a hérité d'un déficit. Je l'invite à lire Claude Picher ce matin, dans le journal La Presse, qui nous dit que ce supposé montant de déficit, c'est un montant, et je reprends ses paroles, «artificiellement hypertrophié».

Une voix: ...

M. Legault: Il n'y a pas de comparaison.

M. le Président, j'entends et j'entendais encore aujourd'hui le premier ministre nous dire: Oui, mais la cote de crédit a quand même augmenté. Ce qu'il faut comprendre, là, c'est que, depuis une dizaine d'années, tous les États ont amélioré leur situation financière. L'important, c'est de se comparer. M. le Président, le problème, c'est que le Québec marche, et, pendant ce temps-là, les autres courent. Il y a quatre ans, en 2003, le Québec était au septième rang des provinces pour sa cote de crédit. Aujourd'hui, le Québec est dernier. Je mets au défi le premier ministre ou le ministre des Finances de me nommer une province, une seule qui a une pire cote de crédit que le Québec aujourd'hui. Je peux déjà vous donner la réponse: il n'y en a aucune. Il n'y a aucune des 10 provinces qui a une pire cote, des neufs qu'il reste, qui a une pire cote de crédit que le Québec aujourd'hui. Si c'est la seule fierté du premier ministre, je pense qu'il y a un petit problème de ce côté-là.

M. le Président, la question qui se pose aujourd'hui, c'est: Pourquoi le Québec se retrouve dans cette situation? Il y a essentiellement deux raisons. D'abord, j'en parlais tantôt, la faible croissance économique. Quand c'est rendu qu'on est en bas de 2 % de croissance économique, bien sûr ça a un impact sur les revenus autonomes du gouvernement du Québec. Et la deuxième raison, c'est l'échec de ce gouvernement dans ses négociations avec le gouvernement fédéral. M. le Président, j'entends le premier ministre nous répéter qu'il a signé pour 14 milliards d'ententes. Tous les gouvernements, tous les gouvernements signent des centaines d'ententes pour remplacer les ententes qui viennent à échéance. C'est normal, ça, de signer des ententes. C'est d'ailleurs un des plus grands problèmes du fédéralisme canadien, on est toujours pris à aller renégocier à Ottawa.

M. le Président, ce qu'il est important de dire, c'est que, depuis quatre ans, le déséquilibre fiscal n'a pas été réduit, il a augmenté à 3,9 milliards. Et savez-vous pourquoi il a augmenté à 3,9 milliards? Parce qu'à l'automne 2004, vous vous en rappellerez, je suis certain, il y avait un dénommé Yves Séguin, qui était, à ce moment-là, ministre des Finances, qui était allé à Ottawa pour apprendre qu'on changeait la formule de péréquation, ce qui faisait perdre au Québec 900 millions de dollars par année. On se souviendra, M. le Président, qu'Yves Séguin était revenu, il avait traité le gouvernement fédéral de vampire, puis il avait été ensuite congédié par le premier ministre. D'ailleurs, quand j'ai entendu le député de Laporte ici, en cette Chambre, réclamer comme nous autres 3,9 milliards pour le déséquilibre fiscal, je me suis dit que ce n'était sûrement pas bon pour sa carrière politique dans le Parti libéral du Québec.

n(17 h 40)n

Mais, M. le Président, ce budget, tout ce qu'on a dans ce budget, c'est ce 900 millions. Jim Flaherty, tout ce qu'a obtenu ce premier ministre, c'est de corriger sa propre erreur de 2004, donc 900 millions. Ça veut dire qu'il reste plus de 3 milliards de déséquilibre fiscal. Et là ça a l'air qu'il faut allumer des lampions pour le 20 mars parce que le ministre des Finances, en réponse à une question des journalistes, cet après-midi, quand on lui a dit: Comment vous allez combler le trou de 1 milliard? il a dit: Avec l'argent d'Ottawa. On espère, le 20 mars, qu'il arrive de l'argent. Ça veut dire qu'il y a déjà 1 milliard qui est attribué par ce gouvernement-là. M. le Président, il faut espérer qu'on obtienne le 3 milliards complet le 20 mars. Et, nous, on va vous expliquer, pendant la campagne électorale, ce qu'on va faire avec cet argent.

M. le Président, il n'y a rien dans ce budget, rien, rien, rien pour relever les défis pourtant majeurs qu'on a au Québec: le vieillissement de la population, la mondialisation, l'environnement. On a des grands défis devant nous, mais, ce budget, tout ce que c'est, c'est une réimpression de la plateforme de 2003 parce que ce gouvernement n'a pas été capable de livrer la marchandise, de respecter ses engagements. Donc, ce budget, c'est du saupoudrage électoral. Ce budget, c'est le budget des promesses reportées. Ce budget, c'est trop peu trop tard.

M. le Président, ce budget, c'est aussi ? et je termine là-dessus ? l'échec du premier ministre. Le fédéralisme des photos de famille que pratique le premier ministre avec M. Harper n'a pas donné les résultats promis. On nous affirme qu'on doit attendre le budget fédéral du 20 mars, mais il faut se méfier des photos de famille. Vous savez, les photos de famille du Conseil de la fédération, dont était si fier le premier ministre jusqu'à tout récemment, cachaient une famille dysfonctionnelle. Il n'y a plus de rencontre. Il n'y a plus de rencontre de famille. M. le Président, il n'y a plus...

Des voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!

Une voix: ...

Le Président: S'il vous plaît! M. le député... S'il vous plaît!

M. Legault: M. le Président, il n'y a plus de rencontre de famille du Conseil de la fédération. Ils ont tellement peur des chicanes qu'on communique maintenant juste par téléphone. Il ne faut pas se laisser tromper par les apparences, le fédéralisme de la main tendue, c'est le fédéralisme du quêteux, c'est le fédéralisme d'un ministre québécois de l'Environnement qui longe les corridors d'un hôtel du Kenya.

M. le Président, il y a quatre ans, le chef du Parti libéral nous disait: Nous sommes prêts. Aujourd'hui, les Québécois sont prêts, prêts à changer de gouvernement parce que gouverner, ça ne s'improvise pas. On mérite mieux que la gestion libérale à la petite semaine. La population est prête, prête pour un grand changement de cap. M. le Président, le Québec est prêt pour la souveraineté, c'est le destin du Québec. Il faut savoir forcer son destin, sinon on n'en devient jamais le maître. Et comme l'a si bien écrit René Lévesque: La souveraineté, elle n'est pas une fin en soi, elle est le chemin inévitable par lequel doit passer l'avenir du Québec. Elle représente, entre le passé et l'avenir, un équilibre qui inspire confiance. M. le Président, j'ai confiance, j'ai confiance que la population mènera le Québec à des jours meilleurs lors de la prochaine élection.

(Applaudissements)

Le Président: Je cède maintenant la parole à M. le député des Chutes-de-la-Chaudière pour ses commentaires d'un maximum de 10 minutes. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, la parole est à vous.

M. Marc Picard

M. Picard: Merci, M. le Président, de me permettre d'intervenir sur cet énoncé budgétaire qui est de toute évidence le constat d'échec de quatre ans de mandat libéral. Cet énoncé budgétaire rappelle une étrange réalité aux Québécois: celle des vieux partis, cette vieille manière de répéter les mêmes erreurs du passé.

Les libéraux, lorsqu'ils étaient dans l'opposition, reprochaient au Parti québécois de faire un budget-fiction à la veille de l'élection. Eh bien, aujourd'hui, M. le Président, nous sommes témoins d'une copie conforme à celle du 11 mars 2003. À l'époque, l'actuelle présidente du Conseil du trésor reprochait au gouvernement péquiste d'alimenter le cynisme à l'égard de la classe politique. Ce gouvernement répète à la lettre ce qu'ils ont tant reproché à leurs adversaires péquistes. Les citoyens qui ont acheté ce discours en 2003 seront certainement outrés de voir que libéraux et péquistes, c'est du pareil au même.

Cette vieille joute partisane, les Québécois n'en veulent plus. Ils réclament un peu plus de respect à leur égard. Cette vieille façon de faire de la politique n'a plus sa place, mais les vieux partis sont viscéralement incapables de faire autrement. Les bonbons et le saupoudrage, les Québécois en ont soupé. Ce qu'ils veulent d'un gouvernement, c'est un exemple de rigueur et de responsabilité. Manifestement, ils ont la preuve évidente aujourd'hui que ce n'est pas le gouvernement libéral qui répondra à l'appel. Les Québécois réclament l'heure juste, la vérité loin des considérations partisanes. Le gouvernement devrait être celui de tous les Québécois, avec tout ce que cela comporte de transparence et de rigueur, M. le Président.

Des voix: ...

Le Président: ...demande votre collaboration. La parole est à M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.

M. Picard: Malheureusement, les quatre dernières années auront été marquées par les frustrations et les déceptions. Ce budget est le point culminant de l'inaction libérale. Je m'explique, M. le Président. Le budget du Québec doit être un moment fort dans la vie politique québécoise. Ce budget libéral démontre une totale absence de vision pour l'avenir du Québec. Les sujets d'avenir comme la dette, la qualité de l'environnement et la famille ont été relégués au second plan afin de faire un budget pour les cinq prochaines semaines. La plus grande partie des mesures qui se retrouvent dans le budget, aujourd'hui, sont de la répétition des annonces déjà faites depuis 2003. Pour nous, c'est inacceptable d'avoir utilisé le personnel du ministère des Finances afin de polir le bilan du gouvernement, ce personnel qui s'est employé à recycler les annonces des années précédentes. Mais en réalité il s'agit d'une fuite en avant, M. le Président.

Les Québécois sont toujours les plus taxés d'Amérique du Nord. Le gouvernement libéral n'a pas respecté ses engagements. En 2003, on promettait 1 milliard de baisses d'impôt par année. Ensuite, on disait 27 %. Après, c'est devenu: atteindre la moyenne canadienne. Et, aujourd'hui, on constate l'échec libéral. Toutes les grandes promesses libérales ont suivi le même cheminement, M. le Président. On nous a promis la lune, et les Québécois ont reçu de la poudre aux yeux.

En santé, les libéraux ont promis la fin de la médecine de corridor et l'élimination des listes d'attente. Après, on a créé les unités de débordement et on a voulu ramener l'attente à six mois. Aujourd'hui, on avoue l'échec, et le Parti libéral demande aux Québécois un autre mandat dont la priorité sera encore la santé, M. le Président. N'est-ce pas la preuve évidente de l'échec libéral?

Ensuite, il y a eu la réingénierie de l'État. On a même inventé un mot. C'est vous dire l'importance que les libéraux voulaient donner à leur promesse. Finalement, on a eu un rapport, un deuxième, et rien n'a été fait. Aujourd'hui, il y a plus de structures qu'en 2003, à l'arrivée des libéraux. On se fie à l'attrition pour améliorer l'efficacité de l'État. Un autre échec, M. le Président. Et la liste pourrait s'allonger ainsi pendant des heures.

Le mandat libéral, c'est le mandat des espoirs déçus, c'est le mandat des promesses brisées. L'inertie des quatre dernières années a encore fait la preuve devant nous, devant tous les Québécois de l'irresponsabilité des libéraux. Un autre mandat libéral, M. le Président, ce serait un autre mandat de gestion à la petite semaine.

Le gouvernement a passé les quatre dernières années à gérer des crises qu'il a lui-même créées. Rappelons-nous le Suroît, les écoles juives, le mont Orford. Ce sont tous des dossiers qui ont monopolisé l'énergie de l'État à cause de l'incapacité des libéraux à gérer correctement les dossiers.

n(17 h 50)n

Jour après jour, crise après crise, le Québec passe tranquillement à côté d'extraordinaires opportunités. Dans la dernière année, M. le Président, au Parti libéral, la plus grande réussite, c'est d'avoir évité les gaffes. On se tape dans le dos, on se félicite d'avoir évité de faire des erreurs. La recette de leur réussite de la dernière année: l'inertie, l'inaction. Ils n'ont rien touché, alors ils n'ont rien cassé. Les trois premières années du gouvernement libéral se résument à un éléphant dans un magasin de porcelaine. La dernière année, c'est plutôt le néant. Depuis un an, le gouvernement libéral a acheté un lot de couvercles et a mandaté chaque ministre pour mettre les couvercles sur les marmites.

Le 11 mars 2003, l'actuelle présidente du Conseil du trésor dénonçait la pluie d'annonces du gouvernement péquiste avec l'argent des contribuables. Eh bien, M. le Président, ce que les libéraux reprochaient aux péquistes en 2003, ils devraient se le reprocher eux-mêmes. Depuis un an, on essaie d'ouvrir une fenêtre électorale: presque 12 milliards d'annonces avec l'argent des contribuables. Venant d'un gouvernement qui tient le discours de la responsabilité, c'est plutôt surprenant. En fait, le discours ne passe pas l'épreuve des faits. Ce qui est dit d'un côté et ce qui est fait de l'autre, c'est diamétralement opposé.

Denis Lessard, dans La Presse du 19 février, mentionne que, dans la seule journée de jeudi dernier, le gouvernement libéral a fait des annonces de plus de 100 millions de dollars. Depuis un an, M. le Président, le gouvernement libéral fait des annonces avec l'argent des contribuables. Comme disait le ministre du Travail dans un rassemblement libéral, dans la Beauce, dernièrement, et je le cite: «On va dérouler l'asphalte.» Fin de la citation. Malheureusement, ce genre de propos rappelle de bien mauvais souvenirs à bien des Québécois. J'ignore si c'est de cette façon dont on veut diriger le Québec, au Parti libéral, mais c'est désolant, M. le Président, c'est désolant de voir à quel point l'argent des citoyens est géré de façon aussi irresponsable et à des fins aussi partisanes. Pendant que ça se poursuit, le Québec reste le même qu'en 2003. L'écran de fumée qu'on essaie de créer ne réussira pas à faire oublier que le Québec est dans la même position qu'en 2003.

Malgré les appels du premier ministre sur les ondes de toutes les radios, le Québec ne va pas mieux qu'en 2003. Les Québécois ne sont pas dupes, M. le Président, ils se souviennent que les libéraux ont joué la carte de la pauvreté pour briser la plupart de leurs promesses et que maintenant ils agissent comme si nous étions prospères. Mais le Québec n'est pas plus riche qu'en 2003. La dette publique du Québec continue d'augmenter, son accroissement s'accélère alors qu'elle bondit de 4 milliards pour dépasser le cap des 122 milliards. La dernière fois que la dette a fait un saut de plus de 4 milliards, c'était en 2002-2003, l'année où Bernard Landry nous a envoyés en campagne électorale.

Le Parti libéral continue dans la voie de l'illusion du déficit zéro, alors que, depuis leur arrivée au pouvoir, la dette a augmenté de 11 milliards, M. le Président. D'ailleurs, cette dette, elle a augmenté de 24 milliards depuis l'adoption de la Loi sur l'équilibre budgétaire, donnant raison ainsi au Vérificateur général, qui rappelle, année après année, le déséquilibre des finances publiques dû aux méthodes comptables discutables du gouvernement. Qu'on nous dise que, depuis un an, le Québec est riche, c'est le même vieux mirage électoraliste pour éblouir les électeurs. Non, M. le Président, les citoyens ne seront pas dupes, ils savent très bien que ce budget ne survivra pas plus d'un mois, qu'il est un écran de fumée pour faire oublier les quatre dernières années.

Le ministre des Finances essaie de nous faire croire à la transparence de sa gestion. À l'automne dernier, je lui ai demandé de se soumettre au même exercice qu'il avait soumis l'administration péquiste en 2003. Je lui ai demandé de faire la démonstration par l'épreuve des faits que ce gouvernement est réellement transparent. Il a refusé un nouveau rapport Breton pour l'administration libérale. La conclusion, M. le Président, elle est fort simple: entre les beaux discours libéraux et l'action, il y a une marge infranchissable. Mais les Québécois ne se laisseront pas endormir par le marchand de sable libéral. Comme au gouvernement péquiste en 2003, les Québécois vont dire non à l'appui d'annonces et au budget-fiction. Les Québécois ont de la mémoire, M. le Président, et nous aussi.

Depuis quelques semaines, le gouvernement libéral demande aux Québécois d'être jugé sur leur bilan. Eh bien, oui, M. le Président, nous jugerons les libéraux sur leur bilan, mais avant nous devons définir les choses. C'est quoi un bilan? Un bilan, c'est l'évaluation d'une organisation en fonction des objectifs qu'elle s'est fixés au départ. Commençons par là et évaluons les performances libérales. Tous les grands objectifs fixés par les libéraux sont des échecs. Les grandes promesses libérales ont toutes été balayées sous le tapis. Je n'ai pas besoin de revenir là-dessus, M. le Président, les Québécois le savent trop bien, que le bilan libéral se résume par le mot «échec».

Ajournement

Le Président: L'Assemblée ayant terminé l'affaire pour laquelle elle a été convoquée, je vais ajourner les travaux à mardi le 13 mars, à 10 heures.

(Fin de la séance à 17 h 55)