(Neuf heures quarante-cinq minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bonjour à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et, comme à
tous les jours, nous allons débuter avec la rubrique des déclarations de députés. Et, sans plus tarder,
je vais céder la parole à M. le député de Sherbrooke.
Souligner le 50e anniversaire de la Ligue navale du
Canada,
succursale de Sherbrooke, et du Corps des cadets de
la Marine royale canadienne 197 Frontenac
M. Luc Fortin
M. Fortin (Sherbrooke) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. La succursale de Sherbrooke de la Ligue navale du Canada ainsi que son Corps de cadets de
la Marine royale canadienne, le CCMRC Frontenac, célèbrent cette année leur 50e anniversaire de fondation.
Depuis maintenant un demi-siècle, des mères et des pères de famille ont fait
et continuent de faire les efforts voulus
pour que leurs enfants aient accès à des activités saines et sécuritaires dans
un cadre marqué par le respect et la
discipline. Mme la Présidente, de telles initiatives méritent notre
reconnaissance dans la mesure où
d'importantes valeurs sont ainsi inculquées à nos jeunes, qui, à leur tour,
seront désireux d'offrir le même encadrement à leurs enfants lorsqu'ils
seront devenus parents.
Aux actuels
et aux anciens cadets, aux artisans d'hier et d'aujourd'hui, aux officiers
ainsi qu'aux parents et amis je
souhaite des célébrations à la hauteur des grands accomplissements de la
succursale de Sherbrooke de la Ligue navale du Canada et du CCMRC Frontenac. Je tiens également à vous assurer de
mon soutien pour vos projets futurs. Au plaisir d'écrire avec vous les
prochaines pages de votre histoire. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, M. le député de Sherbrooke. Et maintenant je suis prête à reconnaître M.
le député de Berthier pour sa déclaration du jour.
Rendre hommage à Mme Sylvia Beaulieu
pour son engagement bénévole
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : Merci, Mme la
Présidente. Dans le cadre de la Semaine de l'action bénévole, qui s'est tenue du 12 au 18 avril dernier, j'ai eu le plaisir
d'assister, dans ma circonscription, à plusieurs fêtes en l'honneur des
centaines de bénévoles qui donnent
sans compter temps et énergie. Plusieurs d'entre eux ont été honorés d'une
manière ou d'une autre, et, pour ma
part, j'ai choisi de souligner particulièrement les actions d'une personne en
lui remettant un diplôme honorifique.
Il s'agit de Mme Sylvia Beaulieu, une résidente de Saint-Félix-de-Valois, que
je qualifierais d'âme de l'entraide troisième
âge de Saint-Félix. Ce diplôme lui a été décerné, et je cite, «pour son
engagement bénévole remarquable et son dévouement à l'amélioration de la
qualité de vie des personnes âgées de sa communauté».
Par ce geste, j'ai voulu rendre hommage à une
bénévole en particulier mais aussi honorer les 2,4 millions de bénévoles
québécois. Je dis bien 2,4 millions. On ne soulignera jamais assez leur
importance sur les plans social et économique, et celui, bien sûr, des
relations humaines. Ils perpétuent une valeur qui caractérise le peuple
québécois depuis sa naissance, soit
l'entraide. Je tenais à les saluer tous et à leur exprimer notre reconnaissance
au nom de l'ensemble des citoyens du Québec. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci de votre déclaration, M. le
député de Berthier. Maintenant, je reconnais M. le député de Laval-des-Rapides.
Remercier les citoyens de Laval-des-Rapides pour la
confiance
témoignée lors des dernières élections provinciales
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je profite de l'occasion que vous m'accordez
aujourd'hui pour mentionner
qu'il y a un an les résidents de Laval-des-Rapides me témoignaient leur confiance en me désignant comme leur représentant ici même, à l'Assemblée nationale. Je
souhaite, à l'occasion de ce premier anniversaire, les remercier chaleureusement pour leur confiance et leur réitérer mon engagement envers l'ensemble
des résidents de ma circonscription.
Je m'efforce d'être le plus présent
possible, dès que mes fonctions parlementaires me le permettent. Après un an, je suis fier du travail accompli et du chemin
parcouru, mais surtout d'avoir le privilège de représenter mes concitoyens.
Mon objectif est et sera de continuer à rapprocher les citoyens
des services et de donner des opportunités aux moins bien nantis d'y
accéder. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député. Maintenant,
toujours à la rubrique des déclarations de députés,
je reconnais M. le député de Beauce-Nord.
Souligner le 175e anniversaire
de la
municipalité de Sainte-Marguerite
M. André Spénard
M.
Spénard :
Merci, Mme la Présidente. L'année 2015 marque le 175e anniversaire de
la municipalité de Sainte-Marguerite. Bien
que les premiers occupants sont arrivés sur les lieux vers 1820, c'est en 1840
que Sainte-Marguerite prend forme. À cette époque, on compte 180
personnes, sur le premier registre officiel. Bien que les frontières de la municipalité
ont bien changé depuis l'époque et que d'autres villages ont vu le jour tout
autour, ce sont quelque 1 100 personnes
qui résident aujourd'hui dans ce petit coin de pays de La Nouvelle-Beauce,
où l'agriculture et les industries sont les principales sources de
prospérité.
L'année 2015
sera donc marquée par de nombreuses activités familiales et populaires. Déjà,
randonnées, spectacles de variétés et
brunchs ont eu lieu. S'ensuivra, plus
tard cette année, la traditionnelle
grande parade, souper retrouvailles, soirée
country, soirée canadienne, et j'en passe. Je prends un instant pour
féliciter le comité organisateur des festivités du 175e, mené par son
président, M. Jean-Noël Lehouillier, et souhaite aux Margueritoises et Margueritois
ainsi qu'aux nombreux visiteurs
une année 2015 des plus festives. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Et maintenant je cède la parole à Mme la députée de Vaudreuil.
Souligner le Jour de la Terre
Mme Marie-Claude Nichols
Mme
Nichols : Merci, Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, le 22 avril, je tiens à souligner le Jour
de la Terre ainsi que la journée de l'environnement dans l'administration
publique.
L'un des plus grands
défis de ce siècle est certainement celui que représentent les changements
climatiques. À l'heure où la terre subit de
profonds bouleversements, nous sommes tous appelés à faire un effort supplémentaire dès maintenant. Profitons de cette journée spéciale pour faire
cet effort et adopter de nouvelles
habitudes afin de protéger la planète et de lutter contre les
changements climatiques.
J'encourage tous les
citoyens à repenser certains comportements à la maison et au travail. Par
exemple, en plus de réduire notre
consommation d'eau, il est possible d'opter pour le transport collectif ou
actif dans nos déplacements, de
favoriser les achats locaux, de recycler et de réutiliser davantage. Un geste à
la fois, nous aurons un impact
positif pour assurer la santé de
notre planète et relever les défis environnementaux qui se présentent à nous. Ensemble,
nous pouvons lutter contre les changements climatiques afin d'assurer une
qualité de vie à nos enfants.
J'invite
donc les membres de cette Chambre, la population du Québec et toute l'administration publique à rendre hommage à notre terre en intensifiant nos efforts pour la sauvegarder.
C'est la seule planète que nous avons, prenons-en soin pour notre
bénéfice et celui de nos enfants.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Vaudreuil. Et, pour la prochaine déclaration, je
cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
Féliciter Mme Lorraine
Bergeron, présidente fondatrice de
l'Association des artistes en arts visuels de Saint-Jérôme,
récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, Mme la Présidente. J'ai eu l'honneur de remettre, samedi le
11 avril dernier, la Médaille de l'Assemblée
nationale à Mme Lorraine
Bergeron, présidente fondatrice de l'Association des artistes en arts visuels
de Saint-Jérôme, lors de la soirée gala soulignant le
25e anniversaire de l'organisme.
Mme Bergeron a
fondé une association d'artistes dans une période où les arts étaient rarement
la priorité des gouvernements. Depuis sa fondation, l'association a accueilli
1 035 membres et compte
activement près de 120 membres actuellement.
Annuellement, c'est plus d'une quarantaine d'activités qui sont offertes, dont
la Ruée vers l'art, lors de notre fête nationale, et l'exposition
annuelle des Journées de la culture, où plus de 70 exposants sont
présents.
Depuis
25 ans, Mme Bergeron aide les artistes dans leur cheminement — et leur offre est exceptionnelle — en leur offrant une vitrine, en leur
permettant d'exposer leurs oeuvres dans quelques points d'exposition, dont mon bureau de circonscription. Elle fait rayonner le talent de
ses membres en le rendant accessible à toute une population passionnée d'arts et de culture. De par son
dévouement, sa persévérance, son don de soi et son côté pionnière à fonder
une association d'artistes, Mme Bergeron mérite toute ma reconnaissance.
Bravo pour ces
25 années et longue vie à l'Association des artistes en arts visuels de
Saint-Jérôme! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Et je fais un petit rappel que la
déclaration doit tenir sur une minute, alors j'invite tous les membres de cette
Assemblée d'être vigilants.
Alors, je cède maintenant
la parole, pour sa déclaration d'aujourd'hui, à M. le député de Verdun.
Souligner le 25e anniversaire
de l'organisme
Amalgame Montréal inc.
M. Jacques Daoust
M. Daoust :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir, au nom des citoyens et citoyennes
de Verdun, de souligner le
25e anniversaire de l'organisme Amalgame Montréal. Tout en permettant à
des personnes ayant un handicap physique
d'avoir une activité de jour utilisant le travail, cet organisme a aidé plus de
450 personnes à sortir de l'isolement et à s'impliquer dans le
milieu au cours de toutes ces années.
Je
tiens à souligner aussi le travail acharné de Mme Renée Caron, directrice
générale, qui veille au fonctionnement
ainsi qu'au développement de l'organisme
et de ses membres depuis le début. Grâce à vous, Amalgame Montréal
a, encore aujourd'hui, par sa formule
de prise en charge par le milieu pour le milieu... Bravo à tous les
participants et participantes ainsi qu'au conseil d'administration et
surtout bonne continuité! Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Verdun. Et, pour la
prochaine déclaration, je reconnais maintenant M. le député de Chambly.
Souligner l'engagement de la
Chambre de commerce
et d'industrie du bassin de Chambly dans le
programme J'achète local. C'est génial!
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir, ce matin, de rendre hommage à M. Hicham Idrissi et
Richard Longtin ainsi qu'à toute l'équipe de la Chambre de commerce et
d'industrie du bassin de Chambly.
Ces deux personnes et
toute leur équipe ont refusé l'immobilisme, ils ont décidé de s'attaquer à la
morosité économique. Pour faire ce genre de
choses là, bien, il faut d'abord avoir une idée, du courage, la mettre de
l'avant, avoir une attitude de leader pour mobiliser les décideurs,
et c'est ce qu'ils ont fait. Leur objectif? Dynamiser et redynamiser l'économie locale. Comment ils ont procédé? Bien, en mettant
de l'avant un programme qui s'appelle J'achète local. C'est génial!, qui fait
rayonner les entreprises de chez nous en leur permettant de créer en ligne des
offres avantageuses pour les résidents locaux, et je parle des résidents
de Chambly, Carignan, Richelieu et Saint-Mathias-sur-Richelieu.
Félicitations, donc,
aux initiateurs du programme et à tous les partenaires municipaux et
commerciaux visionnaires qui sont embarqués dans cette belle aventure!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Chambly. Et maintenant je reconnais Mme la députée de Gatineau.
Souligner la 10eSemaine
nationale de sensibilisation
aux victimes d'actes criminels
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Mme la Présidente, cette semaine se déroule la 10e Semaine nationale de
sensibilisation aux victimes d'actes criminels sous le thème Façonner
l'avenir ensemble. C'est avec passion, dévouement, altruisme et compétence que les ressources professionnelles
d'une centaine d'organismes québécois aident au quotidien les personnes victimes d'actes criminels, leurs proches ainsi
que les témoins de ces crimes. C'est pourquoi je tiens à saluer non seulement
le travail exceptionnel de ces femmes et de
ces hommes, mais également le courage et la détermination des personnes
victimes et de leurs proches. L'appui apporté aux personnes victimes par la
société doit les aider à reconstruire leur avenir afin qu'elles
reprennent, le plus rapidement possible, le cours normal de leur vie.
À l'occasion de la
10e Semaine nationale de sensibilisation aux victimes d'actes criminels,
je veux souligner l'exceptionnelle contribution des ressources professionnelles
qui viennent en aide aux Québécoises et aux Québécois victimes d'actes criminels, à leurs proches et aux témoins de ces
crimes, et qui les accompagnent pour qu'ils puissent se rétablir
pleinement et reprendre le cours de leur vie. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Rosemont.
Souligner le 40e anniversaire du Réseau d'aide aux
personnes seules et itinérantes de Montréal inc.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Merci, Mme
la Présidente. Je souligne aujourd'hui le 40e anniversaire du RAPSIM, soit le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal.
Le RAPSIM regroupe, à ce jour, 103 organismes qui travaillent au quotidien auprès des personnes de tous âges en
situation ou à risque d'itinérance. Avec les années, son champ d'action
s'est élargi, notamment, aux interventions visant à vaincre l'exclusion sociale
et économique.
Depuis maintenant
40 ans, le RAPSIM est un partenaire privilégié du réseau de la santé et
des services sociaux dans la
concertation, la planification et l'organisation des services en itinérance. L'organisme
intervient sur des dossiers tels le logement social, le droit à un
revenu décent, les alternatives à la judiciarisation et le financement adéquat
des organismes.
À cet
égard, je veux saluer l'engagement et le travail quotidien que fait le réseau avec,
à sa direction, M. Pierre Gaudreau. Bon
succès demain pour le Forum sur l'action du RAPSIM soulignant vos 40 ans
et réunissant les forces vives luttant contre l'itinérance! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci de cette déclaration, M.
le député de Rosemont.
Et ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés, et je
suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 58)
(Reprise à 10 h 14)
Le Président : Chers collègues,
nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Lucille Méthé, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
J'ai le
plaisir de souligner la présence dans nos tribunes de Mme Lucille Méthé, qui a
été députée de Saint-Jean.
Alors, je lui souhaite la bienvenue.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni
présentation de projets de
loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Mme Thériault : Merci, M. le
Président.
Des voix : ...
Le Président : Chut, chut,
chut! Madame.
Entente sur la prestation des services policiers
dans la communauté de Pessamit
Mme
Thériault : Merci. Conformément à l'article 92 de la Loi
sur la police, j'ai le plaisir de déposer les documents suivants : l'Entente sur la prestation des
services policiers dans la communauté de Pessamit pour la période du
1er avril 2014 au 31 mars 2015.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre de l'Énergie.
Le Plan Nord à l'horizon 2035 — Plan
d'action 2015‑2020
M.
Arcand : M. le Président, c'est
avec plaisir que je dépose aujourd'hui le plan d'action 2015‑2020 à
l'horizon 2035 du Plan Nord.
Le Président : Le document
est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une pétition
M. Fournier :
M. le Président, je dépose la réponse du gouvernement à la pétition présentée
par le député de Granby le 17 mars 2015.
Le Président :
Ce document est déposé.
Réponse à la lettre de la
leader de l'opposition officielle
concernant la recevabilité d'une pétition électronique
soumise par son groupe parlementaire
Pour
ma part, je dépose copie de la lettre que j'ai adressée à Mme la leader de
l'opposition officielle en réponse à la lettre qu'elle m'avait fait
parvenir au sujet de la recevabilité d'une pétition électronique soumise par
son groupe parlementaire.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions ni de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous rappelle que j'entendrai les interventions relatives à la question de
privilège soulevée la semaine dernière par
Mme la leader de l'opposition officielle, aujourd'hui, à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Impact des mesures du budget fédéral relatives au
Compte d'épargne libre d'impôt et au Fonds
enregistré de revenu de retraite
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, quand on regarde le budget déposé
hier par le gouvernement fédéral, on constate encore une fois que nous
avons à Ottawa un gouvernement déconnecté du Québec et, de l'autre côté, à
Québec un gouvernement qui n'ose plus rien
demander à Ottawa. Au moins, M. le Président, ils se complètent. Il y a au
moins ça de gagné, ils sont cohérents
de chaque côté. D'ailleurs, on n'a pas encore entendu le premier ministre
là-dessus. Peut-être qu'on va l'entendre,
parce que lui, le gouvernement de l'Ontario a réagi fortement en parlant de
véritable claque au visage qui a été donnée à l'Ontario.
Le
résultat, dans les faits, c'est que les Québécois versent 50 milliards des
taxes et des impôts au fédéral, mais ils
sont complètement ignorés quant à leurs besoins et aux choix qui sont faits
ici, au Québec, et les défis qu'on a à relever, on le sait, en santé et en éducation, cette année, qui seront les postes
les plus sévèrement touchés par les coupes gouvernementales.
Au
lieu de s'occuper et de transférer ces sommes des impôts québécois à Québec, le
gouvernement fédéral décide de les
garder pour faire des petits bonbons électoraux, pour faire du profilage
fiscal, dit-on dans certains commentaires. À l'évidence, le Québécois moyen n'a pas le bon profil fiscal, à
l'évidence. Dans ces choix, il y a la hausse du plafond du CELI, M. le
Président, ainsi que les modalités de retraite des fonds enregistrés de revenu
de retraite, les FERR. Le gouvernement fédéral oblige le Québec à se
désharmoniser ou à payer.
J'aimerais
savoir du gouvernement du Québec : Comme ces choix au fédéral vont avoir
un impact sur nos finances publiques
et vont à l'encontre de nos équilibres,
est-ce que le gouvernement du Québec
va se désharmoniser de ces mesures fédérales?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, c'est toujours un thème récurrent de la
part de nos collègues de l'opposition d'essayer de peindre le Québec comme
étant sur une autre planète ou dans un autre univers que les autres Canadiens.
Sur
des éléments bien sûr comme notre culture, la langue québécoise, le Code civil,
on sait très bien, on connaît bien ce
caractère distinct, mais il y a des thèmes sur lesquels on rejoint l'opinion de
bien des Canadiens d'un océan à l'autre,
notamment sur les thèmes qui sont dans ce budget, autant les points positifs, qu'on veut souligner,
mais surtout les déceptions que nous avons.
Il y a des mesures
fiscales dans le budget fédéral qui s'adressent aux personnes aînées, autant
les personnes aînées du Québec que celles du
reste du pays. Il y a des mesures qui s'adressent aux familles, autant les
familles québécoises que les familles
du reste du pays. Il y a des mesures qui s'adressent à nos petites et moyennes
entreprises, et on sait à quel point ça fait l'ossature de notre
économie, autant au Québec qu'ailleurs.
Cependant, nous avons bien
sûr des éléments de déception. D'abord, c'est toujours la question des
transferts en santé. Je vais le répéter, je
n'arrêterai pas de le dire, je ne connais pas un exemple de système de santé moderne où l'allocation de fonds ne se fait pas de façon modulée, selon
les caractéristiques de la population, et non pas uniquement per capita. L'effort d'infrastructures est nettement insuffisant, M. le Président, nettement
insuffisant. L'endettement du gouvernement fédéral se situe à peu près à
25 % de leur PIB. Chez nous, c'est 54 %.
Une relance
économique mondiale, nord-américaine qui n'est pas aussi rapide qu'on voudrait.
Il y avait là une occasion en or de
relancer rapidement l'économie et l'emploi en investissant dans les
infrastructures. On annonce une augmentation
de crédits de 3 % à la Défense nationale sans aucune précision quant aux
retombées économiques, notamment au Québec.
Et il y a un
dossier particulier sur lequel je veux interpeller le gouvernement fédéral,
c'est le dossier de la Davie, le meilleur chantier naval d'Amérique,
selon Lloyd's. Il y a un chantier puis il y a un contrat qui va être soumis à
la compétition. Je voudrais entendre nos collègues fédéraux conservateurs du
Québec réclamer...
• (10 h 20) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Bon portrait, M. le Président, effectivement. On n'est pas écoutés. Et ça
manque un peu de vigueur, par contre.
Je demanderais au premier ministre un petit peu plus de torque. On parlait, au
fédéral, en Ontario, de claque au
visage. Il peut y aller un petit peu plus fort. Puis de le dire ici... mais
d'aller à Ottawa, ça ne serait pas mauvais, de temps en temps, aller
leur dire.
Mais j'ai
posé une question précise au premier ministre. Il y a deux mesures qui ont un
impact sur les finances publiques. La
première, ça concerne les CELI... à moins qu'il l'ait demandé, peut-être qu'il
l'a demandé en secret, et l'autre, c'est les FEER.
Alors,
j'aimerais savoir : Est-ce que le gouvernement du Québec va refuser de s'harmoniser avec le fédéral et
priver les Québécois de revenus importants pour...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, notre collègue le ministre
des Finances a dit hier, et bien sûr
je le rejoins complètement là-dessus,
que, face à une marge de manoeuvre similaire, nous n'aurions probablement pas fait les mêmes choix.
L'essentiel de nos mesures fiscales,
nos efforts dans le domaine fiscal, on l'a vu, porte sur les familles de la
classe moyenne et les familles à plus bas revenus. C'est le choix que
nous aurions fait.
Maintenant,
on ne voit pas de menace à nos équilibres financiers dans ce budget-là. On va
bien sûr étudier les deux éléments,
autant les FERR que les CELI. Le ministre s'est exprimé, d'ailleurs, là-dessus,
et les choses sont à l'étude. Mais il
faut se souvenir, encore une fois, que, pour les FERR, bien les aînés du Québec
vont quand même bénéficier de cette
introduction, cette nouvelle mesure. Pour les CELI, on va en faire l'examen
attentivement, mais, à première analyse, il ne semble pas y avoir là
d'impact significatif qui mettrait en danger les équilibres financiers du
Québec.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Il ira
dire ça aux gens des régions, là. Même si c'était 30 millions,
40 millions, 50 millions, ça représente
les coupes qu'on a faites dans toutes les régions du Québec,
ça... millions, sur les CRE. Alors, moi, ce que... Moi, j'aimerais que le premier ministre sorte un peu ses griffes, à moins qu'on les lui ait enlevées, là.
Honnêtement, là, j'ai l'impression que... Ce que je souhaiterais de sa
part, c'est une orientation claire. Le fédéral, actuellement, a pris une orientation qui n'aide pas la classe moyenne. Les
CELI, ce n'est pas pour la classe moyenne. Les FERR, ce n'est pas pour
la classe moyenne.
Est-ce que le premier ministre refuse ces orientations
budgétaires...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je dis juste, M. le Président, que nous
n'aurions probablement pas fait les mêmes choix dans la même situation.
Mais, encore
une, fois je veux résister à l'amalgame que tente de faire notre collègue.
L'opinion publique, l'opinion politique
canadienne, elle est très diversifiée, elle ne se résume pas aux opinions du gouvernement actuellement en place. Il y a
des éléments qu'on reconnaît, positifs dans ce budget, il ne faut quand même
pas tout noircir. Parce que, bien sûr, leur volonté, c'est de tout noircir. Puis franchement on a encore répété une
inexactitude, là. Il n'y a pas un seul dollar qui a été coupé en
développement régional au Québec, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Ah oui? Il n'y a pas un seul dollar qui a été coupé en développement régional
ici, au Québec? Écoutez, c'est la première que j'entends, celle-là,
c'est assez incroyable! Nier la réalité, ça fait du bien au premier ministre.
Ce que je lui
demanderais aujourd'hui, c'est clairement de prendre la voix de tous les
Québécois, de dire que les orientations budgétaires vont nuire, oui, à
notre économie mais vont nuire à l'emploi, elles vont nuire à la santé, elles vont nuire à l'éducation, elles vont nuire aux
priorités du Québec et qu'il est d'avis que ce budget va à l'encontre des
intérêts des Québécois. Peut-il le faire fortement, M. le Président?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
à trop vouloir résumer puis simplifier, on s'affaiblit. Il y a des choses
là-dedans, je l'ai dit au début, qui
correspondent à ce que veulent les Québécois, notamment nos petites et moyennes
entreprises, les personnes âgées.
Mais je vais répéter encore une fois ce que j'ai
dit tantôt, M. le Président. Je regrette beaucoup, et ça a été communiqué à de nombreuses reprises par toutes
sortes de façons, je regrette beaucoup, devant l'occasion en or qu'on
avait de relancer plus rapidement l'économie et l'emploi en investissant de
façon beaucoup plus importante dans les infrastructures,
je regrette qu'on ait, du côté fédéral, laissé passer cette occasion, je le
répéterais. Maintenant, nous, on va
continuer à assainir les finances
publiques, c'est ce qu'on est en train de faire, et effectivement il n'y a pas eu un seul dollar de coupé, M. le
Président, en développement
économique régional. On veut alléger les structures, plus de fonctions...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...plus de travail,
moins de structures.
Le Président : Principale, M.
le député de Marie-Victorin.
Projet de construction
par Hydro-Québec de
la ligne de transport à haute tension
Chamouchouane—Bout-de-l'Île
M. Bernard Drainville
M. Drainville : M. le Président, les citoyens de Lanaudière sont toujours autant en colère devant l'entêtement d'Hydro-Québec de construire la ligne de transport
Chamouchouane qui relierait, au coût de 1,4 milliard de dollars, le
Lac-Saint-Jean à Montréal en traversant terres agricoles, secteurs résidentiels
et municipalités.
Selon La
Presse le gouvernement libéral a décidé d'aller de l'avant avec la
Chamouchouane malgré l'avis du BAPE, qui dit de mettre un frein au
projet. C'est un projet de luxe...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Pas de raison d'entendre autant de
gazouillis dans l'Assemblée. M. le député, c'est à vous la parole.
M.
Drainville : C'est un
projet de luxe, on l'a déjà dit au ministre, alors qu'il y a une autre solution
pour assurer la fiabilité du réseau
sans que la population se soulève, et, cette solution, le BAPE l'identifie,
c'est l'utilisation des lignes existantes
plutôt que la construction d'une nouvelle ligne. Et c'est parce qu'il y a une
autre solution que le BAPE dit à Hydro de retourner faire ses devoirs.
Pourquoi le
gouvernement libéral s'entête-t-il à appuyer ce projet, que le BAPE n'approuve
pas, alors qu'il existe une option
moins chère, viable qui ne détruirait pas nos paysages et qui ne mettrait pas
le monde de Lanaudière en maudit?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, dans ce projet Chamouchouane—Bout-de-l'Île, je tiens d'abord à
rappeler à la population que c'est un projet important qui a été démontré
d'ailleurs à la Régie de l'énergie. On a parlé du caractère incontournable de ce projet et de la solution qui
a été présentée dans le cadre de ce projet. Il y a eu donc un appui de la
Régie de l'énergie, il y a eu un appui de la
commission de protection des territoires agricoles, il y a eu un appui de
toutes les municipalités par rapport à ce projet sauf une, la
municipalité de Sainte-Émélie-de-l'Énergie.
Alors, évidemment, à chaque fois qu'on
a ce genre de projet là, il y a toujours des oppositions. Il y a eu plus de
300 consultations qui ont été faites
par rapport à ce projet, et il est clair que ce projet, il est, dans
l'ensemble, bénéfique pour les Québécois, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
M. le Président, le ministre de l'Énergie lance un chantier sur l'acceptabilité
sociale puis en même temps il
approuve un projet pour lequel il n'y en a pas, d'acceptabilité sociale. C'est
le BAPE qui le dit : Opposition ferme des citoyens, des agriculteurs, des gens d'affaires dans Lanaudière.
Depuis 48 heures, six MRC ont adopté des résolutions pour que le gouvernement libéral... étudie, dis-je
bien, l'option des emprises existantes. Il y a une autre solution, M.
le ministre : les emprises existantes. Pourquoi vous ne l'étudiez
pas?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
D'abord, je tiens à rappeler, M. le Président, n'est-ce pas, que, lorsqu'on
parle d'acceptabilité sociale, ça ne veut
pas dire nécessairement toujours l'unanimité. Il est clair que, dans ce
dossier-là en particulier, il y a un groupe
qui s'appelle Citoyens haute tension, qui a eu l'occasion de faire valoir les
arguments auprès de la Régie de l'énergie, qui a statué finalement que ce projet de ligne était absolument
nécessaire. C'est un projet de ligne et, j'aimerais le dire également, M. le Président, c'est un projet de
1,1 milliard de dollars et qui va créer des centaines d'emplois à travers
le Québec et qui règle, sur le plan technique, un problème qui était
devant nous...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...à Hydro-Québec, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
M. le Président, le rapport du BAPE le dit, Hydro-Québec pourrait utiliser les
emprises des vieilles lignes de 230
kV, 315 kV pour construire sa nouvelle ligne plutôt que de construire une
nouvelle ligne de 420 kilomètres dans
un territoire vierge. Hydro-Québec, je cite le BAPE, «n'a pas produit d'étude
ni démontré de façon satisfaisante» que cela n'est pas envisageable.
On
est en austérité. Ça coûte plus de 1 milliard. Il y a une autre solution;
plus consensuelle, plus acceptable, qui ne massacre pas les paysages.
Pourquoi vous ne demandez pas à Hydro de la regarder?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, sur cette question-là, toutes les solutions ont été regardées.
Il y a une solution qui a été regardée à la fois par Hydro-Québec, par
tous les ingénieurs responsables du dossier. Et il est très clair que cette solution-là a d'ailleurs été rejetée par la Régie
de l'énergie, en plus d'être une solution qui était infiniment plus coûteuse,
M. le Président. Alors, c'était vraiment un des éléments qui a fait en sorte
que cette décision a été rendue.
Mais je peux vous
dire que cette consultation a eu lieu et je tiens à rappeler encore une fois
que toutes les municipalités qui ont été touchées ont été consultées, et, à
part une, toutes les municipalités ont donné...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...leur approbation, M. le Président.
• (10 h 30) •
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse de la taxe de vente
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre a dit à plusieurs reprises qu'il
souhaitait revoir la fiscalité québécoise. Or, le 19 mars dernier, la
commission Godbout a déposé son rapport final sur la fiscalité québécoise.
D'abord,
la première chose qu'on dit dans le rapport, c'est que les Québécois sont les
plus taxés en Amérique du Nord. Ensuite, M.
le Président, la principale recommandation, c'est d'augmenter la TVQ. M.
le Président, je crois que, dans le contexte actuel, ce serait une erreur. Actuellement — on
n'est pas en Europe, on est Amérique
du Nord — le Québec
a déjà une taxe
de vente qui est plus élevée que ses voisins, donc il y aurait un risque réel
que des achats soient transférés à l'extérieur du Québec.
Donc,
ça fait plus d'un mois que le rapport a été déposé, je pense qu'on aurait le
droit d'avoir une réponse claire de la part du premier ministre. Est-ce
qu'il exclut, oui ou non, définitivement d'augmenter la TVQ au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, quand même, notre collègue reconnaîtra qu'il y a bien
d'autres choses dans ce rapport. Il y a d'ailleurs plusieurs
recommandations qui figurent au budget que nous avons adopté hier, notamment le
bouclier fiscal et d'autres mesures fort
intéressantes pour les entreprises qui font en sorte, en particulier, que le
fardeau fiscal de nos PME devient
très voisin de celui de l'Ontario, ce qui est une bonne chose sur le
développement économique.
Il
a bien résumé, notre collègue, ce débat, là, entre l'imposition du revenu et
l'imposition de la consommation, et j'ai moi-même les mêmes hésitations
que lui, mais je voudrais qu'il y ait une période de discussion dans la
société. Il va y avoir une commission parlementaire au retour, à la fin de
l'été. On aura l'occasion d'entendre les différentes opinions, mais on peut les résumer de la façon suivante : certains
disent qu'il serait recommandable d'augmenter relativement la taxation à la consommation par rapport aux revenus. En
termes théoriques, oui, il y a des arguments pour ça. Cependant, en termes pratiques — il aborde souvent ce thème — dans le contexte nord-américain, avec le
niveau actuel de notre TVQ, ça m'apparaît risqué. Mais je voudrais quand
même laisser les différentes personnes, experts et autres, s'exprimer sur la
question.
Mais
je vous le rappellerais, en fin d'intervention, que notre but, c'est de réduire
le fardeau fiscal du Québec, et on vient d'annoncer 2 milliards de
réductions d'impôt pour les particuliers, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, ça fait un an que le premier
ministre est à son poste actuel. Il aurait dû penser à toutes ces recommandations-là avant l'élection. Bon, il a
choisi de dépenser 4,5 millions pour une commission. Maintenant, on
n'est plus dans la théorie. C'est lui qui est le premier ministre, c'est à lui
de décider.
Donc,
est-ce qu'il peut, aujourd'hui, nous dire clairement : Est-ce qu'il exclut
d'augmenter la TVQ, oui ou non?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, notre collègue procède toujours de la même façon,
bien, je vais lui répéter, moi, de la même façon.
Ce
qu'on va faire, c'est réduire le fardeau fiscal des Québécois, et on a commencé
à le faire, on a commencé à le faire.
On l'a annoncée, la disparition de la taxe santé. Je pense, c'est une bonne
initiative, ça vaut 2 milliards de dollars de réduction pour les Québécois, mais on veut que les Québécois en aient
plus au net dans leurs poches, surtout des familles de la classe moyenne et les familles à plus bas
revenus. C'est pour ça que la mesure du bouclier fiscal est si intéressante,
parce qu'elle protège les gens, lorsqu'ils
augmentent de revenu à des niveaux moins élevés de rémunération, d'être pénalisés
par le retrait des transferts du
gouvernement alors que l'impôt joue son rôle. Et on s'adresse directement à
cette question dans le budget, c'est le genre de recommandation qu'on a
immédiatement...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...voulu appliquer. Maintenant, je veux qu'il
y ait une discussion de société
sur cette question, sur l'ensemble...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, lundi, le gouvernement a adopté
sous bâillon une loi qui vient augmenter le fardeau fiscal des familles
québécoises. Depuis un an, le fardeau fiscal des familles québécoises a
augmenté.
Donc,
M. le Président, c'est bien beau, les débats théoriques, mais est-ce que le
premier ministre pourrait revenir sur terre, dans la réalité, puis dire
aux Québécois est-ce qu'ils vont avoir encore, oui ou non, une hausse de la
TVQ?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, M. le
Président, on va continuer nos
efforts et non seulement nos efforts, mais nos actions pour réduire le fardeau fiscal des Québécois,
pour que les gens aient plus d'argent dans leurs poches, que l'effort, le travail, l'investissement, la création d'emplois soient récompensés; c'est le mandat, d'ailleurs,
qu'on a donné à Luc Godbout et à ses
collègues. Maintenant, ce rapport est important. Il ne devrait pas
le banaliser comme il le fait, c'est un des rapports les plus importants,
sur la fiscalité du Québec, qui a été fait au cours des 40 dernières années.
Il y a quand même
globalement dans ce rapport, et j'attire son attention là-dessus,
des gains importants pour le PIB,
il parle souvent du PIB du Québec, des gains importants sur l'emploi au Québec,
des gains importants sur le revenu disponible des Québécois, incluant des baisses d'impôt,
en passant. Mais on a déjà commencé à mettre en place certaines
recommandations. Il y aura, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...une commission parlementaire et des débats au cours des
prochains mois.
Le Président :
Principale, M. le député de Borduas.
Bilan du gouvernement en matière de
réduction de gaz à effet de serre
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, en ce Jour de la Terre, il est pertinent de dresser le bilan du gouvernement libéral en matière de
réduction de gaz à effet de serre. Un constat s'impose, le gouvernement tente
de faire croire aux Québécois qu'il est un champion dans le domaine, ce qui
n'est pas le cas. Un rapport récemment remis à l'ONU par le gouvernement
canadien démontre que le bilan du gouvernement québécois est beaucoup moins
positif qu'il ne le prétend. Selon
l'inventaire québécois des gaz
à effet de serre, publié par le ministre de l'Environnement le 10 avril dernier, les gaz
à effet de serre auraient diminué
entre 2011 et 2012. Or, rien plus de faux. Selon le rapport fédéral,
les émissions du Québec
ont plutôt augmenté. L'exploitation de la cimenterie
McInnis, appuyée autant par le Parti
québécois que le gouvernement libéral, ne viendra donc qu'alourdir un bilan déjà négatif en lui ajoutant
deux mégatonnes de gaz à effet
de serre d'ici 2016.
Face
à ce constat, le ministre reconnaît-il que son bilan vert est bien plus noir
qu'il ne le prétend et que les actions de son gouvernement sont
incohérentes?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Le
député de Borduas
mélange beaucoup de concepts. Alors, tout d'abord, le bilan qui démontre clairement
que le Québec a réduit de 8 %, par rapport au niveau de 1990, ses émissions de gaz à effet de serre, c'est un bilan qui est basé sur
l'action du gouvernement de 2006 à 2012, et personne ne remet ceci en question.
Et ça, ce 8 % de réduction, il faut
l'attribuer au plan d'action sur les changements climatiques, et la proactivité
du gouvernement libéral de l'époque, et aussi l'action que nous
continuons présentement, qui est un leadership qui n'est contesté par personne
en matière de lutte contre les changements climatiques.
Les
chiffres du gouvernement fédéral dont le député de Borduas parle, ce sont des
chiffres reliés à 2013. Il me fera plaisir, dans sa question
subséquente, d'aller plus loin. Mais il faut faire bien attention. Tout
d'abord, le 8 %, qui dépasse nos objectifs de Kyoto, qui étaient de
6 %, ce sont des chiffres reliés à 2012, et les inventaires...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...même les chiffres fédéraux, personne ne remet en question le fait que Québec
est un leader et demeure un leader...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, il y a une chose sur laquelle on ne
se mélange pas ici, du côté de la Chambre
ici, c'est que le gouvernement libéral est un spécialiste, un spécialiste en
matière de hausses de taxes, de hausses de tarifs et de hausses de gaz à effet de serre. M. le Président, les
cibles de 2012 et de 2020, auxquelles le Québec s'est engagé, ne sont plus à
portée de main, considérant la décision du gouvernement de supporter le projet
le plus polluant de l'histoire du Québec en matière environnementale.
M. le
Président, en ce Jour de la Terre, le gouvernement s'engage-t-il à se doter
d'une conscience environnementale et agir de façon cohérente?
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : On réalise vite que les commentaires du député de Borduas ne
résistent pas du tout à l'épreuve des faits, M. le Président. Alors,
comme j'ai expliqué, notre réduction de 8 % est liée au plan d'action 2006‑2012.
Parlons
maintenant de notre plan d'action 2013‑2020, M. le Président. Ce plan d'action
là a mis en place le marché du
carbone, le marché du carbone qui est maintenant lié à celui de la Californie.
La semaine dernière, on a eu l'annonce historique
que l'Ontario se joignait à ce marché du carbone là. On a fait un sommet sur
les changements climatiques, mené par
le premier ministre du Québec, où tous les premiers ministres des provinces et
des territoires ont salué le leadership du Québec en matière de lutte
contre les changements climatiques...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...et montre clairement que nous sommes dans la bonne voie pour l'ensemble de
la planète...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, les chiffres sont clairs. Entre 2012
et 2013, 1 million de tonnes de gaz à effet de serre
supplémentaires. Donc, M. le Président, la cimenterie, 2 millions de
tonnes de gaz à effet de serre par année. Qu'est-ce qu'on fait? Un bâillon.
Où est la cohérence
du gouvernement libéral pour la protection de l'environnement en matière du
jour de la protection de la Terre?
M.
le Président, autant le Parti québécois que le Parti libéral continuent à
s'entêter à défendre le projet le plus polluant de l'histoire du Québec. Quand
le gouvernement va-t-il agir de façon cohérente? Quand le gouvernement va-t-il
défendre l'environnement?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : En plus de cohérence, il faut un peu de rigueur, M. le
Président. Grâce au marché du carbone justement, grâce à ses méthodes... et
le plan d'action sur les changements climatiques qui va justement permettre au
gouvernement du Québec d'investir plus de 3,3 milliards dans l'économie
québécoise pour justement permettre cette transition-là
vers une économie plus sobre en carbone, permettre de développer des
technologies propres qui vont permettre justement à des industries, notamment l'industrie du ciment et les cinq cimenteries
au Québec justement, de développer des
industries plus propres, d'avoir des carburants alternatifs, c'est ça, de
l'action concrète. C'est ça, être rigoureux et cohérents en matière de
changements climatiques. C'est ça, être un leader, M. le Président.
• (10 h 40) •
Le Président :
Principale, M. le député de Johnson.
Coupes dans les vols offerts par Pascan Aviation inc.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : M. le
Président, on apprend que le seul transporteur aérien régional au Québec, la
compagnie Pascan Aviation, va couper, à compter du 24 avril, tous ses vols
en partance des régions vers les grands centres. Concrètement, ça veut dire que
ce ne sera plus possible de prendre l'avion de Pascan, le matin, de Gatineau,
Bonaventure, les Îles-de-la-Madeleine, Sept-Îles, Baie-Comeau, Mont-Joli, Fermont, Wabush. Ça, M. le
Président, c'est une autre claque dans la face des régions du Québec.
Pourtant, ce n'est pas une surprise
pour le gouvernement ce matin : Pascan les a contactés le
14 juin 2014. Le ministre
des Transports a été rencontré, le ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire a été rencontré, le bureau du premier
ministre a été rencontré, puis, comme Ponce Pilate, ils s'en sont lavé les
mains, M. le Président.
Est-ce
que le gouvernement confirme, ce matin que, malgré...
Des
voix : ...
Le Président :
Alors, ça... Je vous dirais... Tout d'abord, je ne vous annonce probablement
rien de nouveau à l'effet que le
qualificatif dont vous avez fait état n'est pas approprié dans cette Chambre.
Je vous demanderais de le retirer et de continuer à nous faire part de
votre question. Vous le retirez?
M.
Lamontagne : M. le Président, je m'excuse. Quand je constate
l'inaction du gouvernement, des fois, je me pompe un peu.
Est-ce qu'ils
peuvent nous confirmer que, grâce à leur manque...
Des voix : ...
Le Président : Je
ne voudrais pas faire des pompes moi-même, mais je vais vous demander de
retirer votre propos.
M.
Lamontagne : Je retire mes propos, M. le Président.
Le
Président : C'est parfait.
M. Lamontagne : Alors,
est-ce que le gouvernement peut nous confirmer que, grâce à son inaction et son
manque de leadership, les vols vont être coupés à partir du
24 avril?
Le
Président : M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti :
M. le Président, à travers le Québec, l'évolution de la société et des
différents transports, autant collectifs,
interrégionaux ou d'aviation, évolue et, dans certains cas, évolue mieux que
d'autres. Et, dans ce cas-ci, Pascan
Aviation, qui est une entreprise privée, nous a contactés, et je les ai rencontrés
personnellement, monsieur. Et, à partir
de là, des discussions ont été entamées, également, avec mon collègue.
Et, lorsqu'il y a un changement d'heure ou d'horaire, ce n'est pas en soi une
mauvaise nouvelle, ça, M. le député, c'est-à-dire, c'est de vouloir assurer la pérennité du service. Alors, on va s'assurer que ce service-là
est là, comme on l'a fait dans le transport interurbain, comme on l'a fait
avec le transport collectif et comme on a
appuyé les régions depuis le début. Lorsqu'il y a un changement des besoins de la société,
on est là pour y répondre et on va continuer de le faire.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Johnson.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, j'entends le ministre, mais ce qu'on comprend, c'est qu'à partir du
24 avril ce n'est pas juste un
changement d'horaire : il n'y a plus de vols qui sortent le matin pour s'en aller
dans les grands centres. Si vous
voulez aller à Sept-Îles en partant de Mont-Joli, vous allez partir le
soir, vous allez aller coucher à Montréal, vous allez aller à Sept-Îles, vous allez
revenir deux jours plus tard.
Est-ce que c'est
acceptable pour le gouvernement, un tel service dans les régions du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M.
Poëti : Le député
vient de nous faire un exercice d'horaire. C'est exactement ce que je viens de
dire et de citer. Lorsqu'il y a des changements dans les horaires, il faut
s'assurer que les services soient là. Je peux peut-être lui rappeler
la spécificité des régions, c'est peut-être
plus grand qu'il ne le croit, et, à partir de là, quand le privé est là et
qu'il y a des compétiteurs au privé — parce que le marché est là également — ce
n'est pas au gouvernement à venir entrer en compétition avec les compétiteurs, mais de s'assurer,
cependant, que les citoyens des régions reçoivent le service et qu'on soit
capables de voyager à travers le Québec à
des coûts qui sont abordables. Ça, c'est la situation, ça, c'est les réalités
et sur celles-là qu'on travaille.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Johnson.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Parlons-en, des
compétiteurs. Les compétiteurs dans le transport régional, M. le ministre, c'est Hydro-Québec puis c'est le service aérien du
gouvernement. C'est ça, la compétition dans le transport régional. Ne venez
pas me dire que c'est juste des petits changements.
Parlez
aux gens des régions, demandez-leur, à partir de vendredi prochain, comment ça
va aller pour l'économie puis les citoyens des régions du Québec, M. le
Président.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Robert Poëti
M. Poëti :
À chaque fois, M. le Président, qu'en matière de transport il y a eu des
problématiques, des changements, on peut juste en parler puis critiquer, mais
on ne propose rien, on n'invente rien. Ici, de notre côté, on fait le travail, on rencontre ces gens-là, on
l'analyse. Et, jusqu'à maintenant, juste avec l'exemple du transport
interurbain, je ne vous ai pas encore
entendus nous féliciter, parce que ça va mieux que ça allait avant. Alors, à
partir de là, si vous considérez que le problème de l'aviation n'est pas
réglé, prenez un peu de patience, vous allez pouvoir voyager.
Le Président :
Principale, M. le député de Jonquière.
Projet d'aménagement
d'un terminal
pétrolier dans le Port de Québec
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, nous savons qu'un projet important d'agrandissement du Port de Québec est présentement à l'étude au
fédéral. L'objectif de ce projet, c'est d'aménager un quai en eau profonde pour
que les navires s'alimentent en pétrole en
provenance des sables bitumineux de l'Ouest canadien. Le ministre de l'Environnement évite de se prononcer sur le fond du sujet en
prétextant que les détails ne sont pas connus. Pourtant, le principe, c'est
assez simple, M. le Président : on va acheminer du pétrole par train à travers
des quartiers résidentiels, jusqu'au Port de Québec, pour l'exporter ensuite dans les marchés internationaux.
Tout le monde comprend ça.
Bien que
l'expansion du Port de Québec puisse être clairement qualifiée de projet
majeur, avec des implications environnementales
réelles, le Québec est maintenu dans l'ignorance, et le Port de Québec devient
juge et partie du projet, a maintenant
sa propre évaluation environnementale et ses propres consultations, M. le
Président. Le ministre de l'Environnement doit faire quelque chose et en
premier lieu appliquer la loi environnementale québécoise.
Est-ce qu'il va accepter que le Port de Québec
devienne un nouveau point de sortie du pétrole canadien?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : Alors, M. le Président, il est vrai d'affirmer que la
stratégie maritime suscite déjà de nombreux projets au Québec. C'est vrai à Montréal, c'est vrai à Valleyfield,
c'est vrai à Trois-Rivières et c'est vrai aussi du côté de Québec. Et, dans tous ces projets-là, M. le
Président, vous savez, le gouvernement collabore, ce sont nos partenaires
avec lesquels nous collaborons. Et, s'il y a
un dépôt de projet éventuellement, nous allons également collaborer, dans le
respect des règles environnementales du
Québec, c'est bien entendu. Mais la bonne nouvelle là-dedans, M. le Président,
c'est qu'effectivement la stratégie maritime
du Québec porte déjà ses fruits. On va créer des emplois et stimuler l'économie
du Québec.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. M. le
Président, c'est le ministre de l'Environnement qu'on veut entendre ici, là,
parce qu'il y a des répercussions
environnementales sérieuses à la fois sur les résidents de la ville de Québec,
à la fois sur le fleuve
Saint-Laurent. Est-ce que le ministre, là, il veut rejouer dans le même film
que Cacouna? Alors, M. le Président, les
citoyens veulent être consultés. Le gouvernement fédéral n'est pas en mesure
d'exiger une évaluation environnementale.
Est-ce
que le ministre de l'Environnement va mandater le Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement sur le sujet?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, je crois qu'on n'a pas de leçons à recevoir
de l'opposition officielle sur comment bien
défendre les intérêts du Québec, particulièrement en question environnementale,
surtout lorsqu'on se rappelle que, sur
la question du projet Enbridge, le Parti québécois a choisi de jouer à la
politique de la chaise vide et n'a pas représenté nos intérêts devant l'Office national de
l'énergie, comme également, lorsqu'ils étaient au gouvernement, ils ont formé un comité de travail avec l'Alberta pour
mieux voir comment ils allaient développer l'industrie du pétrole, comme
ils ont décidé de développer Anticosti sans faire aucune évaluation
environnementale, comme également aussi... ce qui est intéressant, c'est
que sur TransCanada nous avons établi des conditions très claires...
Le Président : En terminant.
M.
Heurtel : ...pour défendre les intérêts du Québec. Nous le ferons de
la même façon pour le projet de Port du Québec, monsieur... de Québec.
Le Président :
Complémentaire, Mme la leader de l'opposition.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Puisque deux ministres jusqu'ici, M. le Président, n'ont pas voulu vous parler
véritablement du projet, je vais vous en parler, moi.
J'ai
ici la carte de la voie ferrée. Elle traverse... elle passe à côté de
garderies; de l'école Saint-Paul-Apôtre, une école primaire; de l'école Jean-De Brébeuf, une école secondaire; du cégep Limoilou et traverse
les quartiers centraux de Maizerets,
du Vieux-Limoilou, en plein coeur de Lairet et en plein coeur de Vanier, des
zones extrêmement denses, des zones résidentielles. C'est
ça, le projet.
Alors, ce
qu'on veut savoir, c'est : Est-ce
que vous allez enfin vous en mêler et
faire respecter les droits du Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
Une voix : ...
Document déposé
Le Président : Dépôt?
Consentement pour le dépôt? Dépôt. M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Ce qui va être très clair, M. le Président, c'est que c'est
certain qu'on va faire un bien meilleur travail que ce que l'opposition
officielle a fait lorsqu'elle était au gouvernement dans le cas du réservoir à
Sorel-Tracy.
Des voix : ...
Le Président : Je m'excuse.
Une voix : ...
Le
Président : Madame... J'étais pour vous donner la parole, mais
j'ai compris. M. le ministre, s'il vous plaît, sur la question.
M.
Heurtel : Je peux comprendre que l'opposition officielle ne veut pas
se faire rappeler son comportement en matière de gestion de pétrole,
particulièrement lorsqu'ils ont autorisé...
Une voix : ...
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais :
M. le Président, là, on pose nos questions respectueusement. Ça concerne les
gens des quartiers centraux, et il y
a des gens qui sont concernés autour de ça. Et ça fait trois questions, et on
continue à s'amuser, de l'autre côté, à répondre autrement.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : Je pense qu'il n'y a rien de respectueux à dire que
les collègues s'amusent quand ils sont en train de travailler comme vous. Si les questions sont posées respectueusement,
c'est parce que nous les écoutons respectueusement.
Ça fait deux fois qu'il est interrompu dans sa réponse en 24 secondes. Le
respect, c'est l'écoute. Je pense qu'il pourrait parler.
• (10 h 50) •
Le Président : M. le
ministre, sur la question.
M. Heurtel : Sur la question, M. le
Président, comme je le disais, on ne fera pas ce que le gouvernement du Parti québécois a fait dans le cas du réservoir à
Sorel-Tracy. Nous allons nous assurer d'avoir l'ensemble des faits et nous
allons défendre les intérêts non seulement des résidents de la région de
Québec, mais défendre les intérêts de tous les Québécois en matière
environnementale. Merci, M. le Président.
Modifications au
Règlement sur l'aide
aux personnes et aux familles
Mme Françoise David
Le Président : Principale,
Mme la députée de Gouin.
Mme David (Gouin) : M. le Président,
lors des consultations sur les changements des règlements à l'aide sociale, la
Commission des droits de la personne a exprimé de sérieuses préoccupations, et
je cite, quant à «l'impact discriminatoire
sous-jacent [de plusieurs] mesures [...] du fait qu'elles visent des personnes
déjà victimes de discrimination systémique».
Selon
la commission, quatre des mesures
annoncées «comporteront un effet d'exclusion disproportionné [...] et amplifieront les obstacles qui se posent à
l'exercice en pleine égalité des droits [...] reconnus dans la Charte [québécoise des droits et libertés]». Selon la commission toujours,
les deux mesures visant à restreindre les conditions d'hébergement et de logement de plusieurs personnes assistées
sociales, je cite, « porteront
atteinte à la reconnaissance et [à]
l'exercice en pleine égalité du droit au logement garanti par l'article 45
de la charte». M. le Président, je suis inquiète.
Le ministre
de l'Emploi et de la Solidarité sociale a-t-il commandé des avis juridiques
avant d'adopter les nouveaux règlements à l'aide sociale et, si oui,
peut-il les rendre publics?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le
Président, je dois remercier la
députée de sa question. Je veux le rappeler, que nous avons un principe important, deux principes : le
premier, c'est l'équité, l'équité entre les prestataires, l'équité entre les
prestataires et ceux à faibles
revenus; deuxième élément pour nous, qui nous guide dans ce règlement-là, c'est
la justice sociale. Et je suis convaincu, M. le Président, que la
députée est d'accord avec nous.
M. le Président, la députée n'a pas le temps, mais elle devrait mentionner aussi les commentaires
de la Protectrice du citoyen, que
nous avons répondu 100 % à ses recommandations. Et vous me permettez, M. le Président, de lire quelques extraits de ce qu'elle a dit, M. le
Président : «Je comprends que les mesures préconisées poursuivent notamment
les objectifs suivants :
«Assurer une
plus grande équité entre les prestataires[...], mais aussi entre ces derniers
et les travailleurs à faible revenu — ce que nous faisons, M. le
Président; et
«Actualiser l'aide offerte aux prestataires [...] — ce
que nous faisons, M. le Président.
«Je souscris
à ces deux objectifs, de même qu'au principe selon lequel l'aide financière de
dernier recours doit bénéficier aux seuls citoyens qui en ont réellement
besoin.» C'est exactement... nous faisons, M. le Président.
Alors, on va bloquer la fraude, on va aider...
Le Président : En terminant.
M.
Hamad : ...ceux et
celles qui ont besoin. Il faut se rappeler, c'est l'aide de dernier recours.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : M. le Président, je soumets, tout aussi respectueusement, que d'empêcher une personne
ayant une maison d'une valeur de 142 000 $ d'avoir accès à l'aide sociale,
je ne vois pas qu'est-ce que ça vient faire en matière d'équité et de justice sociale. Je dirais même que tout ce qui
touche le droit au logement continue d'entretenir des préjugés, des stéréotypes. On en a entendu
hier, la commission nous dit : Ça aggrave des situations d'exclusion
vécues par les personnes.
Je voudrais savoir : Qu'est-ce que répond
le ministre à cette affirmation de la commission?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
D'abord, je rappelle, la députée, que nous avons augmenté cette valeur-là...
était 90 000 $ à 142 000 $. Pourquoi
143 000 $, M. le Président? Parce que ça correspond à la valeur
moyenne des résidences au Québec, et, on comprend
aussi, cette valeur-là devient plus importante dans les régions, compte tenu la
valeur foncière, premièrement.
Deuxièmement,
je dois rappeler à la députée, c'est l'aide de dernier recours, M. le
Président. C'est l'aide où la personne
a épuisé tout ce qu'elle a comme ressources, et finalement le gouvernement vient l'aider parce qu'elle en a besoin. C'est ça, le principe, M. le
Président. D'ailleurs, de l'autre côté, nous allons par contre tenir compte des
situations particulières. Si quelqu'un a perdu son emploi, il est allé à l'assurance-chômage...
Le Président : En terminant.
M.
Hamad : ...et
finalement il est en train de chercher un emploi, on va être tolérants à
cette...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : M. le Président,
la diminution de la prestation de base accordée à une personne qui séjourne...
à une personne assistée sociale, évidemment, qui séjourne dans un centre de
désintoxication alors que la dépendance est reconnue formellement comme une maladie, et donc comme un
handicap au sens de la charte, ça pose des
grandes questions sur l'exercice en pleine égalité du droit à la vie, à la
sûreté et à l'intégrité physique protégé en vertu de l'article 1 de
la charte.
Je voudrais savoir comment le ministre peut
ignorer ce fait, et ne craint-il pas un recours en justice?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
Je rappelle encore l'équité, le principe. Est-ce que c'est normal que les gens
à l'aide sociale qui vont à la CHSLD,
les femmes en difficulté, ils reçoivent moins de traitements que celles qui
vont à un service toxicomanie, M. le Président? C'est inacceptable pour
avoir l'équité entre tout le monde.
Deuxièmement,
M. le Président, nous avons entendu les centres de toxicomanie. Nous l'avons
offerte, l'aide. S'ils sont en
difficultés financières, nous leur demandons d'ouvrir leurs livres, on va
amener l'aide nécessaire pour leurs états financiers. C'est
ça, l'équité, c'est l'aide à tout le monde. Il ne faut pas favoriser quelqu'un
par rapport à d'autres, il faut aider tout le monde.
Le Président : Principale,
Mme la députée d'Arthabaska.
Gouvernance de
l'Université du Québec à Trois-Rivières
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, je vous ai déjà fait part de
mes inquiétudes à l'endroit de l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Les jours passent, et rien ne me rassure.
On apprend
aujourd'hui que la ville de Trois-Rivières menace de saisir un immeuble sur le campus
puisqu'à ce jour l'université n'a pas
payé ses taxes foncières de 2 millions de dollars, ce qui génère
20 000 $ d'intérêt par mois. En plus de ça, on a appris qu'ils n'avaient pas non plus payé leur taxe
scolaire à la commission scolaire du Chemin-du-Roy pour une somme de 700 000 $. Le
président de la commission scolaire affirme qu'en plus des compressions,
peut-être entre 2 millions et
4 millions, subies cette année le défaut de paiement de l'UQTR a un impact
important. C'est un exemple concret
que les problèmes de l'UQTR se répercutent sur d'autres institutions et
notamment une institution scolaire. Le ministre
devrait être doublement concerné. Il ne peut plus rester assis sur ses mains et
attendre qu'un tiers, soit le Vérificateur général, règle les problèmes
de l'UQTR.
Est-ce que le ministre va encore se servir de ce
prétexte pour rester assis sur ses mains?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Alors, M. le Président,
je ne m'assois généralement pas sur mes mains, mais je vais réfléchir à la
proposition, là, si c'est une proposition.
Donc, vous comprendrez que je n'interviendrai pas sur un
différend, là, entre la ville de Trois-Rivières et l'université, là. Ce qui est important, et je pense
que je dois corriger un petit peu ma collègue là-dessus, là, c'est que je n'attends pas que le Vérificateur
général fasse le travail pour moi,
j'attends que le Vérificateur général me présente un état complet de la situation, hein? Donc, il faut lui laisser le
temps de faire ce travail, c'est très important. Je pense qu'elle est d'accord, il me semble, avec moi qu'on a tous
besoin d'avoir un état complet de la situation. Selon le contenu de ce
rapport, hein, j'agirai en conséquence, mais laissons-lui le temps de faire
cette évaluation.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, ce n'est pas sérieux. Est-ce
que vous pensez que le Vérificateur général va nous parler des huit départs déjà connus à la haute direction et au
conseil d'administration? Il s'ajoute encore aujourd'hui deux nouveaux départs, soit le vice-recteur aux
études, M. Delisle, et un membre socioéconomique du conseil
d'administration. Le vérificateur ne nous en parlera pas.
Est-ce que le
ministre peut convenir que tous les voyants rouges sont allumés sur le tableau
de bord et qu'il doit mettre l'université en tutelle?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, M. le Président, encore une fois j'ai un léger
désaccord avec ma collègue, là, sur un point, hein? Quand elle dit : Écoutez, le Vérificateur
général ne va pas se pencher sur les départs à l'UQTR, moi, je crois
sincèrement que
c'est le contraire, je crois sincèrement qu'il est en train d'examiner
l'ensemble de la gouvernance, notamment du conseil d'administration. Et il nous fera un rapport là-dessus,
sur les raisons, hein, de l'évolution des choses et des suggestions, et
on attend, bien sûr, ses suggestions, son évaluation avec impatience.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : M. le Président, est-ce que le député de
Trois-Rivières et le député de Maskinongé ont informé le ministre de la situation? Je résume : une université
qui pige de l'argent dans les fonds de recherche pour gérer ses dépenses
courantes, problèmes de gouvernance, enquête de l'UPAC sur le campus de
Drummondville, taxes impayées, marge de crédit qui explose, nominations
partisanes, départ des hauts dirigeants. Quel cocktail explosif!
Est-ce que vous
l'avez informé, le ministre, de ça?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais :
M. le Président, je peux vous...
Des voix :
...
Le Président :
...j'entends lui.
• (11 heures) •
M.
Blais : M. le Président, je peux vous dire que mes collègues font très
bien leur travail, ils font leurs représentations.
Ce dont parle ma collègue, hein, ils m'en parlent aussi, je lis les journaux
comme elle. C'est la raison pour
laquelle, hein, le Vérificateur général a décidé de faire une évaluation
complète de la situation. Il me semble que c'est la moindre chose, en respect de toutes les personnes impliquées,
hein, parce qu'il y a beaucoup de personnes impliquées, en respect de toutes les personnes, qu'on attende exactement
le résultat de ces consultations, le résultat de l'évaluation et,
ensuite, nous pourrons agir.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Transfert d'élèves du primaire de Saint-Amable
à Sainte-Julie, en Montérégie
Mme Nicole Léger
Mme
Léger : La ville de Saint-Amable, en Montérégie, est l'une des
villes au Québec où la population s'accroît le plus rapidement. Saint-Amable est aussi parmi les villes les plus
jeunes au Québec. Pour faire face à cette croissance, une nouvelle école
est nécessaire. Le milieu est mobilisé; les autorités scolaires ont fait la
demande au ministre. Or, c'est là, le
problème : le dossier est bloqué au bureau du ministre, qui refuse d'aller
de l'avant avec le projet malgré les besoins criants.
Le
ministre de l'Éducation envisage sérieusement de transférer les jeunes de la
municipalité de Saint-Amable à Sainte-Julie.
Ce que le ministre ne comprend pas, de toute évidence, c'est que la réalité des
deux villes est très différente. À
Saint-Amable, l'indice de défavorisation est presque au maximum — à 9 — tandis que celle de Sainte-Julie est de 1.
Les besoins sont donc très différents.
M.
le Président, le ministre peut-il se rendre à l'évidence? Saint-Amable doit
avoir une école afin de répondre à ses besoins.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais :
Alors, je remercie ma collègue pour la question. D'abord, il faut bien
comprendre que ce type de questions là, là, il faut éviter de les politiser à
outrance, hein? Il faut éviter de les politiser à outrance. Nous avons des règles administratives. La situation est assez
simple. La situation est assez simple. Il y a une école dans l'environnement...
assez près. Nos règles, en général, c'est moins de 20 kilomètres. Donc, il
y a une école qui est assez près, à moins de 10 kilomètres, qui est disponible,
où il y a des locaux disponibles, en ce moment, pour accueillir tous ces
enfants-là. Vous comprenez que, dans la
situation actuelle, au lieu de penser à construire à un endroit où il y a une
diminution, quand même, des
effectifs, on préfère loger les enfants dans un endroit qui est déjà prêt à les
accueillir, bien sûr, à moindre coût. Voilà.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, comme il n'y a pas de votes
reportés, nous allons passer à la rubrique
des motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
du deuxième groupe d'opposition et je cède la parole à M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante, conjointement avec le député de
Rousseau, le député de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale déplore l'inertie du premier ministre du Québec qui s'est
résigné en août dernier à accepter une baisse des transferts fédéraux en
santé évaluée à près de dix milliards de dollars sur dix ans.»
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il n'y a pas de consentement. Et,
pour la prochaine motion, je reconnais maintenant M. le premier
ministre.
Souligner le 75e anniversaire de l'obtention du droit
de vote et d'éligibilité des femmes au Québec
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Je
voudrais, avant de faire lecture de la motion, si vous me le permettez, souligner la présence de trois personnes dans nos
tribunes, auxquelles je demanderais de se lever : Mme Anne
Archambault, représentante des femmes
autochtones, grand chef de la nation malécite; Mme Lucie Fiset, Directrice générale des élections par intérim; et Mme Julie Miville-Dechêne,
présidente du Conseil du statut de la femme. Merci d'être avec nous
aujourd'hui.
Alors,
voici donc la motion, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de l'Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le chef
de l'opposition officielle, le chef du deuxième groupe d'opposition, de même
que la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 75e anniversaire de l'obtention du droit de vote et
d'éligibilité des femmes au Québec;
«Qu'elle
rende hommage au courage et à la détermination de ces femmes, militantes de la
première heure, qui ont contribué à faire avancer la cause du droit de
vote des femmes, véritable fondement de notre démocratie;
«Qu'un
hommage particulier soit rendu à Mme Thérèse Casgrain, en appuyant la
proposition du gouvernement de
renommer le Prix Égalité "Prix Égalité-Thérèse Casgrain", ainsi qu'à Mme
Marie-Claire Kirkland, première femme élue
à l'Assemblée nationale, et Mme Pauline Marois, première première
ministre du Québec, pour honorer ces grandes Québécoises qui ont inspiré tant
de femmes à s'engager dans la vie publique;
«Finalement,
que l'Assemblée nationale réaffirme l'importance de maintenir nos efforts
collectifs de soutien aux femmes qui souhaitent s'engager en politique
afin que la représentation féminine dans toutes les sphères de pouvoir
corresponde davantage à leur poids démographique et à leur réelle contribution
au sein de [la] société.»
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente, il y a consentement
pour des interventions d'environ trois minutes par intervenant, dans l'ordre suivant : le
premier ministre, suivi du chef de l'opposition officielle, le chef du deuxième
groupe d'opposition, et finalement Mme la députée de Gouin.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le leader adjoint. M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, Mme la Présidente, aujourd'hui, on souligne un événement
historique : il y a 75 ans, les femmes du Québec obtenaient le droit de vote et d'éligibilité. Et ça
nous permet de rappeler la contribution d'un de mes prédécesseurs parmi les plus illustres, un homme
envers lequel j'ai beaucoup d'admiration, Mme la Présidente, le premier ministre de l'époque, Joseph-Adélard Godbout, qui,
durant la campagne électorale de 1939, avait promis d'adopter un projet de loi accordant aux femmes le droit de
vote et d'éligibilité, qui fut, par la suite, bien sûr, adopté, le
18 avril 1940, à 67 voix
contre neuf. Qu'il n'y ait eu que neuf opposants, c'est bien, mais qu'il y ait
eu neuf opposants, c'est particulier. Il fut par la suite sanctionné, ce
projet de loi, le 25 avril.
À
l'occasion de cette commémoration, il faut se rappeler que l'opposition fut
féroce, et l'histoire nous permet de mesurer
tout le chemin parcouru. Souvenons-nous
que l'Acte constitutionnel de 1791, qui fait de nous un des plus anciens
Parlements de la planète, Mme la Présidente, accordait la qualité d'électeurs à
certains propriétaires et locataires sans distinction
de sexe. Les femmes du Bas-Canada, ici, avaient alors la possibilité de voter.
Ce droit leur est par la suite retiré le
30 mai 1849 lors de l'adoption, au Parlement du Canada-Uni, d'un
projet de loi destiné à régler le processus électoral. Et depuis c'est
un chemin parsemé d'embûches qui a finalement conduit au respect de ce droit
fondamental pour les femmes du Québec.
En tout, il faut savoir qu'il y a eu
13 projets de loi qui ont été présentés sur la question du suffrage féminin,
tous rejetés, de 1922 à 1939, parce
qu'à l'époque, incroyable mais vrai, le droit de vote des femmes était perçu
comme une menace. Certains opposants,
d'ailleurs, invoquaient que, dans les pays de tradition catholique, les femmes
ailleurs n'avaient pas le droit de
vote, donc pourquoi l'accorder aux femmes du Québec? On prétendait même que la
différence des femmes nécessitait, et
je cite, «qu'elles demeurent loin de l'agitation politique», loin — et je cite encore une fois — «[des] passions et [des] aventures de l'électoralisme». D'autres
citaient la France en exemple, et là-bas les femmes devront d'ailleurs attendre
jusqu'en 1945, incroyable, 1945, avant d'aller aux urnes.
Il
faut saluer le courage et la détermination de ces femmes militantes de la
première heure qui ont contribué à faire avancer la cause du droit de vote des femmes, encore une fois le
véritable fondement de notre démocratie, parmi elles : Thérèse Forget-Casgrain, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie et Idola Saint-Jean. C'est d'ailleurs un privilège pour nous
d'accueillir Mme Lise Casgrain, petite-fille
de Mme Thérèse Forget-Casgrain, dans les tribunes avec nous. Bienvenue.
À ces pionnières, il
faut ajouter le nom de Marie-Claire Kirkland, qui a fait son entrée dans cette
Assemblée nationale comme première députée
élue 21 ans plus tard, en décembre 1961. Mme Kirkland fut non seulement la
première députée élue, mais elle fut
également la première femme ministre de l'histoire du Québec, au sein du
gouvernement de Jean Lesage, bien sûr architecte de la Révolution
tranquille.
Et
je veux souligner également la contribution historique de Mme Pauline Marois,
la première femme première ministre
et chef d'État du Québec. Nous fûmes des adversaires politiques, mais, sur un
enjeu semblable, il ne doit pas y avoir d'adversaire politique ou de débat partisan. Il faut reconnaître cette
contribution. Cette contribution lui appartient pour l'avenir, et je
veux la saluer également, Mme la Présidente.
Depuis
cette époque, les femmes parlementaires ont contribué activement au progrès de
notre société. Beaucoup de chemin a été parcouru. Plusieurs mesures sont
attribuables à la présence des femmes à l'Assemblée nationale, par exemple : l'adoption de la Loi — et il faut écouter le titre de la loi
lui-même, qui est révélateur de l'état d'esprit de l'époque, écoutez bien — sur la capacité juridique de la femme
mariée, qui est un des gains de la Révolution tranquille, mais qu'on ait eu à
appeler un projet de loi de cette façon-là témoigne de l'état des lieux à
l'époque; la création du Conseil du statut de la femme; l'adoption de la Charte des droits et libertés de la personne,
qui interdit toute discrimination fondée sur le sexe; l'adoption d'une loi, encore une fois, favorisant
l'égalité économique des époux; l'annonce de règles visant l'atteinte de la
parité hommes-femmes dans les conseils
d'administration des sociétés d'État; et enfin l'inclusion du concept d'égalité
entre les femmes et les hommes dans
la Charte des droits et libertés de la personne, pour ne nommer que ces
quelques mesures.
• (11 h 10) •
Qu'elles
soient députées, ministres d'un gouvernement, peu importe la formation
politique, les représentantes de la
population se sont toujours démarquées par leur compétence, et leur immense
talent, et, je dirais, le point de vue et l'énergie particuliers qu'elles apportent au débat politique. Cette
40e... 41e, pardon, législature ne fait pas exception. On constate toutefois que, bien que la participation
électorale des femmes au Québec soit comparable à celle des hommes, la proportion des femmes élues à notre Parlement
plafonne autour de 30 % depuis les années 2000. Ayant moi-même,
comme mes collègues chefs de parti, fait beaucoup d'efforts de recrutement à
l'occasion de la dernière campagne électorale,
je peux témoigner que ce n'est pas encore facile d'attirer des femmes dans le
milieu politique pour plusieurs raisons, et je pense qu'il faut
reconnaître cet état de fait tout en voulant faire beaucoup mieux. En nous
inspirant de la détermination des Marie
Lacoste-Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean, Thérèse Forget-Casgrain et de toutes
celles qui ont suivi, nous devons
maintenir notre effort collectif afin que la représentation féminine en
politique, à tous les ordres de gouvernement,
corresponde davantage non seulement à leur poids démographique, mais surtout à
leur influence réelle au sein de notre société.
À
l'occasion du 75e anniversaire du droit de vote des femmes, notre gouvernement
tient à souligner particulièrement le travail de Mme Thérèse Casgrain,
qui a tant contribué à faire avancer la cause de l'égalité entre les femmes et
des hommes. En sa mémoire et faisant écho à
la suggestion que nous a formulée Mme Nicolle Forget, j'annonce que nous
entendons renommer les prix Égalité prix Thérèse-Casgrain afin de souligner son
importante contribution à la vie démocratique québécoise et au progrès des
femmes.
Au nom de la
ministre de la Justice et ministre responsable de la Condition féminine, de
l'ensemble de mon gouvernement, de toutes
les Québécoises et de tous les Québécois, je tiens à remercier ces femmes qui
ont porté la cause du droit de vote des femmes avec courage, ainsi que
toutes les femmes parlementaires d'hier et d'aujourd'hui qui ont oeuvré à faire
avancer le Québec.
En
terminant, j'emprunterai les propos de la vice-première ministre : «Nous
avons tous la même responsabilité, celle
de paver la voie à une nouvelle génération de femmes en politique qui aura de grands
défis à relever, mais surtout de bons exemples à suivre.» Je n'aurais
pas dit mieux.
Mesdames, c'est un
privilège de siéger avec vous. Je souhaite que vous soyez encore plus
nombreuses dans l'avenir. Merci.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
premier ministre. Et maintenant
je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Merci, Mme
la Présidente. À mon tour de joindre
ma voix à celle du premier ministre et du chef de la deuxième opposition, ainsi que la députée de... — dont
j'oublie le nom de comté — Gouin, voilà, Gouin, députée de Gouin,
donc, pour souligner cet événement effectivement fort important qui s'inscrit dans le droit à
l'égalité pour les femmes, qui, à
l'échelle du Québec, est une réalité historique relativement récente
et qui continue d'ailleurs à l'échelle internationale de façon encore
très importante.
On
trouve ça effectivement très tardif, le moment où nous avons donné ce
droit de vote. Il suffit de se rappeler qu'encore des femmes se battent pour leurs droits à travers le monde et
que, dans une histoire plus récente, elles ont obtenu le droit de vote, par exemple, en Afrique du Sud
en 1994, à Oman, au Koweït en 2005, aux Émirats arabes unis en 2006, en
Arabie saoudite en 2011, Portugal, 1974. On voit à quel point ce combat est
important, et nous devons, à l'échelle internationale, joindre nos voix à ces
femmes qui luttent pour leurs droits.
Ici,
au Québec, ça s'est fait de façon exceptionnelle par des
femmes déterminées, Mme la Présidente. Remercions évidemment les suffragettes
pour leur infatigable militantisme. Mentionnons évidemment Idola Saint-Jean,
Marie Gérin-Lajoie, Mme Lyman,
Laure Gaudreault, plusieurs de ces femmes qui se sont battues. Souvenons-nous
et surtout de Mme Thérèse
Casgrain, grande dame de la marche vers l'égalité entre les sexes. J'en
profite, moi aussi, pour saluer sa fille, qui se retrouve parmi nous aujourd'hui
en hommage à sa mère. Et je m'associe évidemment à cette belle initiative de
rebaptiser le prix associé... le prix Égalité au nom de sa mère.
Mme Casgrain
et les suffragettes ont lutté sans relâche pour que les femmes parlementaires
puissent avoir le droit de vote.
Elles se sont butées à un premier
ministre, malheureusement, pendant des années, M. Louis-Alexandre Taschereau, qui refusait obstinément ce droit de vote aux
femmes. Il a fallu, je pense, la clairvoyance du premier ministre Godbout
pour donner ce droit.
20 ans
plus tard, nous avons vu l'arrivée d'une première dame formidable, Marie-Claire
Kirkland-Casgrain, qui a été la
première députée de Jacques-Cartier, le 14 décembre 1961. Il a fallu
plusieurs années avant de voir arriver plusieurs femmes députées. En 1976, cinq femmes sont devenues députées. Et j'en
profite pour souligner une d'entre elles qui a marqué ce parcours-là
vers l'égalité dans les... jusqu'aux années récentes, Mme Lise Payette,
qui s'est fait appeler à l'époque «Mme la
ministre», qui s'est battue pour faire reconnaître ce droit à la féminisation
des titres et qui incarne cette lutte
vers l'égalité, mais, en même temps, je dois le dire, les frustrations qui ont été
vécues par les femmes à travers toutes ces époques.
J'ai
eu la chance de voir aussi... Nous avons eu la chance de voir des lois très
progressistes qui ont permis aux femmes
d'avancer dans leurs droits : la Loi sur l'équité salariale est un bel
exemple de reconnaissance du droit à l'égalité; la politique familiale,
qui s'incarne dans cette logique du droit à l'égalité. Je dois aussi rappeler
que, plus largement, l'arrivée des femmes
sur le marché du travail au Québec a favorisé, évidemment, cette égalité,
mais surtout a permis au Québec d'être propulsé dans les pays les plus riches sur
la planète parce que nous avons fait
en sorte que les femmes puissent avoir un accès égalitaire au travail.
Depuis que je suis
député, j'ai été témoin de plusieurs moments historiques, je dois le dire. Tout
d'abord, Mme Louise Harel, qui a été la
première présidente de l'Assemblée nationale; j'étais présent dans cette
enceinte. J'ai vu Mme Diane
Lemieux être la première leader parlementaire. Monique Gagnon-Tremblay, juste
un peu avant que j'arrive, a été chef
intérimaire. Mme Pauline Marois, évidemment, a été la première chef en
titre de l'opposition et, par la suite... En ce qui concerne Mme Marois, je pourrais vous dire qu'il y aurait
une longue série de premières que je devrais dire, donc je vais me
contenter, comme le premier ministre, de rappeler qu'elle a été, effectivement,
la première première ministre du Québec, et
nous en sommes particulièrement fiers. J'ai eu la chance de la côtoyer dans
toutes les fonctions qu'elle a faites pendant les sept dernières années
de sa vie politique ici, à l'Assemblée. Et, oui, ce fut un honneur, Mme la Présidente, mais, en même temps, ça m'a
permis de constater que les femmes font les choses différemment et, je dois le dire, souvent mieux que le sexe opposé.
Elles ont une façon de faire en sorte que nos institutions et nos façons de faire politiques, je pense, sont meilleures et que
notre société est meilleure. Et je lui rends hommage du combat qu'elle a
incarné pour ce droit pour les femmes d'avoir accès à l'égalité.
Plus
largement, je rappellerai, maintenant que ce combat nous semble acquis au
Québec, qu'il faut au contraire redoubler
d'ardeur et s'assurer que nos institutions conservent et s'assurent que ce
droit à l'égalité ne reculera jamais, Mme la Présidente. Et nous devons
le faire, c'est un devoir moral que nous avons envers ces suffragettes, envers Mme Casgrain, Mme Idola Saint-Jean et
toutes celles qui ont combattu pour leurs droits. Et, en même temps, j'aimerais
dire que ce combat s'inscrit, encore une
fois, à l'échelle internationale, et nous devons, à l'occasion... joindre notre
voix à toutes les femmes à travers le
monde, malheureusement, qui sont victimes de cette inégalité. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
chef de l'opposition officielle. Et
je vais céder la parole à M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Merci, Mme la Présidente. En 1940, les femmes ont obtenu, donc, le droit
de vote, le droit de se présenter à
des élections. C'est vrai
qu'aujourd'hui on se dit : Il me semble, ce n'est pas si loin que ça, 1940. 75 ans plus tard, je pense qu'on peut dire que le Québec,
par contre, a fait du rattrapage, est même devenu un modèle en matière
d'égalité entre les hommes puis les femmes.
Donc,
aujourd'hui, on célèbre plus qu'un anniversaire, on célèbre un moment fondateur
de notre démocratie au Québec. Il y a
plusieurs militantes qui se sont battues pour que les femmes soient reconnues
comme des citoyennes à part entière, des noms comme Thérèse
Casgrain — puis
je veux saluer sa fille, qui est ici — mais aussi Madeleine Parent, Marie Gérin-Lajoie, Idola Saint-Jean font tous
partie de notre mémoire collective. Elles ont dû affronter de nombreux obstacles pour faire triompher leur cause. Ce sont
des pionnières à qui le Québec moderne doit beaucoup de ce qu'il est
aujourd'hui.
Moi aussi, je veux saluer
Pauline Marois, avec qui j'ai travaillé, une femme déterminée, la première
femme première ministre. Je pense qu'elle a
servi de modèle à beaucoup de femmes qui, j'espère, vont choisir d'aller en
politique. Parce que, c'est vrai,
comme le disait le premier ministre, on a beau faire des efforts pour trouver
le plus de candidates possible, il
reste que, quand on arrive avec notre liste, il y a toujours plus d'hommes qui
se sentent assez bons pour devenir candidats.
Mais parfois les femmes, peut-être par manque de confiance, là, ne se
présentent pas assez. Donc, il faut continuer à faire des efforts. Il reste du travail à faire. Il faut se rappeler,
Mme la Présidente, que c'est un combat qui n'est pas terminé. Il n'y a pas de raison, Mme la Présidente, qu'on
ne soit pas 50-50 ici, qu'il n'y ait pas autant de femmes que d'hommes à
l'Assemblée nationale. Il n'y a pas de raison qui explique ça.
Mme la Présidente, ce combat fait partie de
l'histoire et c'est à cette histoire qu'on doit rendre hommage, une histoire qui est faite de résilience, de persévérance,
qui se poursuit encore aujourd'hui, 75 ans plus tard. Les femmes ne
seront plus jamais seules. L'égalité entre les hommes puis les femmes, c'est
maintenant une valeur fondamentale, au Québec, qui est liée, aujourd'hui et
pour demain, au destin du Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le chef du
deuxième groupe d'opposition. Et je vais maintenant céder la parole à
Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) :
Merci, Mme la Présidente. Alors, à l'instar de mes collègues bien sûr, je veux
rendre un vibrant hommage aux
pionnières, aux suffragettes, qui ont, après 20 ans de lutte... Il faut s'en
rappeler, 20 ans. Il n'y a jamais
de bataille facile pour les femmes, pas encore aujourd'hui. Donc, ces
femmes-là, comme Thérèse Casgrain, comme Idola Saint-Jean et bien d'autres, qui se sont battues pour obtenir, au
fond, un droit tout simplement démocratique, un droit très simple, celui de pouvoir exprimer son opinion par la voix des
urnes... Et on sait toutes les difficultés qu'elles ont rencontrées à
l'époque.
Qu'est-ce qu'elles voulaient, ces femmes-là?
Elles voulaient, dans le fond, être reconnues comme citoyennes à part entière.
Ça peut nous paraître normal aujourd'hui, mais ce n'est pas le cas encore
partout dans le monde. Elles voulaient
exprimer démocratiquement l'opinion, après tout, de la moitié de l'humanité,
mais elles voulaient aussi plus : elles
savaient qu'un jour elles pourraient occuper des fonctions de députée, de
ministre, de chef de parti et, pourquoi pas, de première ministre. C'est
ça qu'elles voulaient, et c'est bien pour ça d'ailleurs que certains voulaient
les empêcher d'avoir le droit de vote parce
qu'ils savaient que les femmes voulaient aller bien plus loin que de simplement
mettre une croix dans l'urne. Ces
femmes-là ont travaillé très fort, et toutes celles qui les ont suivies, toutes
les féministes qui les ont suivies ont travaillé très fort à
l'amélioration des conditions de vie des femmes.
Où est-ce
qu'on en est, après toutes ces années, après 75 ans d'efforts? Évidemment,
les femmes, juridiquement pour
l'essentiel, ont obtenu les mêmes droits que les hommes et ont obtenu aussi de
nombreux droits sociaux, mais ça ne
s'est pas fait tout seul. Ça s'est fait au prix de luttes très longues, très
intenses, grâce à la persévérance de nombreux groupes de femmes, d'organisations féministes, mais aussi de leur
alliance — et je
peux en parler par expérience — avec des femmes parlementaires qui, indépendamment de leurs allégeances
partisanes, ont fait front commun, par exemple, pour obtenir une loi sur
le patrimoine familial ou une loi sur l'équité salariale — ce
qui nous démontre évidemment l'importance d'avoir bien plus de femmes au salon
bleu.
Et là chacune
de nos formations politiques a une responsabilité importante. Pourquoi
n'aurions-nous pas, dans chaque
formation politique, 50 % de candidates? Si vous manquez de trucs pour
aller les chercher, venez nous voir, on va vous expliquer comment faire. Mais on vous avertit, ça prend du temps,
mais c'est faisable. Il faut, bien sûr, offrir aux femmes des comtés gagnables, mais je dirais aussi
qu'il faut rendre la politique plus attrayante pour toutes celles qui hésitent
à se présenter en politique et à venir dans
une arène qu'elles perçoivent comme tellement partisane, difficile, pour ne pas
dire quelque peu virile.
Et finalement, en mémoire des pionnières et de
toutes celles qui, depuis ce temps, ont travaillé et lutté avec tellement de détermination pour les droits des
femmes, nous devons prendre aujourd'hui et collectivement des décisions qui assurent aux femmes, de la naissance à la
mort, une vie digne, un travail rémunéré décemment. Ce sont des choses importantes à dire particulièrement en ce moment.
Les femmes réclament de voir leur travail, gratuit ou payé, valorisé. Les femmes réclament leur pleine autonomie, leur
pleine liberté en toute matière, le respect de leur intégrité physique,
psychologique et sexuelle.
Et finalement
nous devons oeuvrer avec détermination pour que le plus vite possible cette
Chambre accueille au moins 50 %
de femmes députées et plus de chefs de parti, ce qui ferait en sorte
aujourd'hui, je le dis en toute amitié, que la prise de parole hommes-femmes serait plus équitablement partagée
en cette Chambre. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, malgré cette belle
unanimité, je me dois de vous demander si cette motion est adoptée.
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Alors, toujours à la rubrique des motions sans préavis, je reconnais
maintenant un groupe formant l'opposition officielle et je cède la parole à M.
le député de Rousseau.
M.
Marceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce le gouvernement fédéral qui a déposé un budget
qui ignore les besoins des Québécoises et des Québécois.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? Alors, on me dit qu'il n'y a
pas de consentement.
Et, pour la prochaine motion sans préavis, je
vais céder la parole à M. le député de Mercier.
M. Khadir : Merci, Mme la
Présidente. Je demande le consentement de la Chambre pour présenter la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de
l'ampleur des hausses de tarifs domestiques d'électricité qui ont atteint
2,9 % le 1er avril 2015;
«Qu'elle rappelle au gouvernement que les
hausses de tarifs d'électricité sont considérées dans le calcul de la
péréquation versée au Québec, ce qui a le double inconvénient d'augmenter la
facture d'électricité de la population québécoise tout en privant le Québec des
revenus nécessaires pour le financement de ses programmes sociaux;
«Qu'elle déplore le désavantage d'Hydro-Québec
face à Hydro One, la société d'État ontarienne, dont les dividendes ne sont pas pris en considération dans
le calcul de ses versements de péréquation à l'Ontario, ce qui [représente]
330 millions de dollars par année de plus pour le Québec;
«[Qu'elle
demande au gouvernement fédéral qu'Hydro-Québec reçoive le même traitement qu'Hydro One aux fins du calcul de la
péréquation];
«Que
l'Assemblée nationale presse le gouvernement du Québec de dévoiler l'impact
réel des hausses de tarifs d'électricité
sur les finances publiques et de négocier rapidement un traitement équitable
des dividendes d'Hydro-Québec.» Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? Malheureusement, il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les
travaux des commissions
Alors, nous
en sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions, et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : Merci,
Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée que :
La Commission
des finances publiques entreprendra l'étude du volet Conseil du trésor des
crédits budgétaires 2015‑2016 du
Secrétariat du Conseil du trésor, dès maintenant pour une durée de deux heures,
et poursuivra, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
de l'aménagement du territoire procédera à l'étude du volet Métropole des crédits
budgétaires 2015‑2016 du ministère des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire, dès maintenant pour une durée d'une heure et de 15 heures à 18 heures,
à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Cette même commission entreprendra
l'étude du volet Affaires municipales et occupation du territoire des crédits
budgétaires 2015‑2016 du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation
du territoire, de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission
des institutions procédera, elle, à l'étude des programmes 1 et 2 des crédits
budgétaires 2015‑2016 du ministère du Conseil exécutif, de
15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30, à
la salle du Conseil législatif;
La Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
entreprendra l'étude du volet Énergie et ressources naturelles des
crédits budgétaires 2015‑2016 du ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles, de 15 heures à 18 heures, à la salle de l'Assemblée
nationale;
La Commission de l'économie et du travail,
finalement, entreprendra l'étude du volet Économie, innovation et exportations
des crédits budgétaires 2015‑2016 du ministère de l'Économie, de l'Innovation
et des Exportations, de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle de l'Assemblée nationale.
Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Maintenant,
nous en sommes à la rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le
leader adjoint de l'opposition officielle.
M.
Bergeron : Oui.
Mme la Présidente, j'aurais une question
à adresser à mon collègue le leader
parlementaire du gouvernement concernant le projet de loi n° 27,
Loi sur l'optimisation des services de garde éducatifs à l'enfance
subventionnés, dont le principe n'a toujours pas été adopté.
Alors, Mme la Présidente, depuis le 19 janvier dernier, nous avons terminé les consultations particulières sur le projet
de loi n° 27, Loi sur l'optimisation des services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés, qui avait été déposé le 26 novembre précédent, Mme la Présidente.
Cependant, le principe de ce même projet de loi n'a toujours pas été adopté,
et nous n'avons aucune indication de la part du gouvernement quant à ses intentions pour la suite. Alors, compte tenu du fait, Mme la Présidente, que le gouvernement a décidé de procéder pour certains aspects des
services de garde par bâillon dans le
projet de loi n° 28, est-ce
que le ministre, le leader parlementaire du gouvernement peut nous donner des indications quant au
moment où il compte déposer sa motion de retrait du projet de
loi n° 27?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Pour répondre au «quand», encore faudrait-il que je
veuille le faire, et ce n'est pas sur mon écran radar, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
M.
Bergeron :
Nous avons déjà le début du commencement d'une indication, Mme la Présidente.
Alors, si le retrait du projet de loi n° 27 n'est pas sur
l'écran radar du leader parlementaire du gouvernement, le leader parlementaire
du gouvernement peut-il nous éclairer quant à ses intentions par rapport au moment où il compte rappeler ce projet de loi en Chambre pour l'adoption du
principe, Mme la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Ce ne sera
pas durant la période prévue pour l'étude des crédits. Et je pense que cette
étude des crédits commence, alors le temps de la législation viendra par
la suite.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
M.
Bergeron : Alors, Mme
la Présidente, nous avons eu une
évidence comme réponse cette fois-là. Alors, je vais donc préciser ma question : Est-ce que
le leader parlementaire du
gouvernement peut nous indiquer à
quel moment après l'étude des crédits il a l'intention de rappeler le projet
de loi n° 27 pour son adoption de principe?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...la question,
et je vais vous suggérer de demander une directive écrite pour la façon dont on
doit tenir la période des renseignements
sur les travaux de la Chambre. Moi, je n'ai pas de problème d'offrir réponse,
mais j'aimerais ça juste qu'on le sache parce que je croyais qu'il y
avait un temps dévolu. Ça fait deux fois que je réponds. Lorsque le
gouvernement sera prêt, comme dans...
Une voix : ...
M.
Fournier : Alors, si vous me permettez, moi, je suis
respectueux avec vous, je ne sais pas pourquoi vous ne l'êtes pas.
Une voix : ...
M. Fournier :
Non, non, je vous vois bien, vous ne l'êtes pas du tout. C'est dommage. Alors,
quand le gouvernement sera prêt, Mme la Présidente, il va le faire.
Voilà, c'est simple.
Violation de droit ou
de privilège soulevée le 16 avril 2015
concernant la hausse des tarifs de garde par des commissions
scolaires avant l'adoption du projet de loi n° 28
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
leader du gouvernement. Et maintenant je
vais céder le fauteuil à M. le président pour entendre les interventions sur la
question de privilège soulevée par la leader de l'opposition officielle en
avril dernier.
Le
Président : Alors, nous allons entendre immédiatement les
leaders, probablement, qui vont vouloir plaider sur la question que la leader de l'opposition officielle a soulevée la
semaine dernière, jeudi dernier, concernant... la question concernant les commissions scolaires qui auraient
devancé l'application de la loi n° 28 pour l'augmentation de leurs frais
de garde. C'est cela? Alors, je vous écoute.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président, je
vous le dis d'entrée de jeu, ce sera une plaidoirie assez brève parce que,
d'abord, il y a déjà eu récemment de
longues plaidoiries sur ce principe de l'outrage au Parlement quant à
l'application présumée d'une loi
avant qu'elle soit adoptée. Donc, je ne retournerai pas dans ce qui a déjà été
plaidé. Et l'autre fait, c'est que ce type
de cause sur les commissions scolaires a déjà été débattu en 2013 dans une...
vous avez déjà donné une décision récente, c'était une cause qui avait été soulevée par la
Coalition avenir Québec et sur laquelle vous aviez eu un jugement allant
un peu, je dirais, morigéner la commission scolaire.
Alors, notre
prétention est à l'effet que la commission scolaire des Draveurs, la commission
scolaire des Portages-de-l'Outaouais,
la commission scolaire au Coeur-des-Vallées et la commission scolaire des
Rives-du-Saguenay ont commis un
outrage en se prévalant des dispositions du chapitre VI du projet de loi
n° 28 avant leur adoption.
Comprenez bien que, contrairement à l'autre cause où nous avons
débattu, ce n'est pas le ministre que nous mettons dans... le comportement
du ministre, mais bel et bien, là, des
commissions scolaires qui se sont prévalues d'articles, pour nous, avant même
leur adoption.
Alors, la
preuve que nous vous soumettons démontre clairement que les commissions
scolaires ont haussé les tarifs de
services de garde le 1er avril dernier, démontrant qu'elles prenaient les
dispositions du projet de loi n° 28 comme un fait accompli. Évidemment, on conclut donc que
l'Assemblée nationale n'a plus rien à faire dans les décisions, qu'il suffit
d'une intention gouvernementale, d'un dépôt de projet de loi pour que des
membres de l'administration publique se mettent à les appliquer, ce qui va à
l'encontre de la volonté démocratique usuelle dans cette Assemblée.
Alors, comme vous le spécifiez d'abord dans la
cause, d'ailleurs, impliquant les commissions scolaires le 11 juin 2013 — je vous cite — «les députés sont les seuls à avoir reçu le
mandat populaire de légiférer. Il faut faire preuve de respect et de déférence à cet égard — c'est important. C'est l'Assemblée nationale
qui décide du contenu et de l'échéancier d'adoption de projets de loi,
et rien ne doit être fait ou dit qui donnerait l'impression qu'il en est
autrement.»
Dans votre décision du 19 mars dernier,
vous indiquiez : «Il a été établi par la jurisprudence que
le fait de se prévaloir de dispositions
législatives toujours à l'étude à l'Assemblée nationale peut constituer un acte
de la nature d'un outrage au
Parlement. Cela pourrait être le cas si, par un tel acte, on laissait croire
qu'un projet de loi a force de loi dans des publicités ou des communications d'information — ça, c'était effectivement la cause des
commissions scolaires où il y avait
eu des communications — ou encore si on se servait de dispositions [...] pour poser des
gestes qui découleraient de l'application...» Dans ce cas-ci, c'est une
hausse des tarifs de garde qui a été annoncée et mise en application.
Vous
indiquiez dans cette même décision que, pour étudier si les gestes posés
découlaient de l'application du projet de
loi, «il faut se demander si [ces] gestes pouvaient être posés indépendamment
du projet de loi à l'étude devant l'Assemblée nationale». Je ne pense pas qu'une commission scolaire aurait décidé
d'elle-même de hausser ces frais-là, mais la preuve démontre que le sous-ministre adjoint au Soutien
aux réseaux et aux enseignants du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ainsi
que les commissions scolaires considéraient que les gestes posés par celles-ci avaient comme toile de fond des
dispositions d'un projet de loi qui était toujours à l'étude, le 28. Je dis
bien que les deux conviennent de la
toile de fond, mais c'est les commissions scolaires qui ont décidé de
l'appliquer. Je tiens, là, à différencier, comme je le dis, là, le type
de cause qu'on a eu dans le passé.
Le Président : Juste une
seconde. C'est la lettre que vous m'avez fait parvenir, ça?
Mme
Maltais : Oui,
tout à fait, c'est là-dedans. Alors, voilà. Puis je rappelle dans cette lettre
la décision de Jean-Pierre Saintonge du
26 mai, dans laquelle il indiquait qu'«il n'appartient pas à la présidence
de déterminer si la société jouit
d'une habilitation législative lui permettant de faire les dépenses mentionnées
dans l'avis du député de l'opposition officielle».
Donc, aussi, il a déjà été décidé qu'il peut y avoir des pouvoirs habilitants à
côté, mais, quand ils sont inscrits dans
une loi, c'est... et qu'il y a une intention gouvernementale qui pousse dans
cette direction, et que l'intention doit être adoptée par une
législation, il est normal qu'à ce moment-là on attende l'adoption du projet de
loi.
Alors, voilà. Ce qu'on vous demande, M. le
Président, c'est, encore une fois, un signal clair aux commissions scolaires, aux commissions scolaires, je le dis
bien, qu'elles ne peuvent agir de façon prématurée quand il y a une loi qui
est ici, à l'Assemblée nationale. Mais
l'importance, encore une fois, c'est que l'administration publique, toutes les
administrations publiques comprennent que l'Assemblée nationale existe
et que ce n'est pas parce qu'on est dans un gouvernement majoritaire qu'on peut
présumer qu'une loi ne sera pas rejetée, amendée ou parfois même, ou parfois
même envoyée sur les tablettes de l'histoire pour y attendre des heures. Merci,
M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Quant à moi, je tiens à vous
dire que ça va être un peu plus long, d'abord parce que, dans la décision que vous avez rendue jeudi dernier, vous
m'avez transformé en procureur des commissions scolaires. Alors, vous comprenez bien que je n'ai pas de mandat d'eux,
mais de vous. Alors, je vais assumer le mandat que vous m'avez donné.
Je voudrais,
avant de commencer à vous faire part des commentaires que je veux partager avec
vous, m'étonner que notre collègue
dise que la décision a déjà été prise,
puisqu'il y a eu en 2013 une décision concernant des commissions scolaires. De mémoire,
dans la lettre — et
je vais y revenir — la
leader de l'opposition officielle prétend qu'on a... les commissions
scolaires ont utilisé de façon anticipée des dispositions du projet de
loi n° 28, qui, lui, a été déposé en novembre 2014. Plutôt compliqué
de prétendre que la décision de 2013 a tranché la question qui est soulevée par
ma collègue. Je considère que ce n'est pas parce
qu'on utilise le mot «commission scolaire» dans une motion sur un outrage au Parlement qu'on peut dire que tout a été décidé et tranché — je
le dis en toute amitié — il
faut regarder les éléments qui sont
au soutien de la question qui est présentée. Après tout, une accusation
d'atteinte aux privilèges du Parlement, ce n'est pas léger, et donc il
faut le faire correctement.
Alors donc, dans un premier temps, je voudrais qu'on revienne sur, justement,
cette accusation qui est portée par la leader de l'opposition officielle. Je
prends un simple... une phrase dans ce document que nous avons, là, c'est la
lettre qui vous a été adressée, que
moi-même, j'ai eue une fois qu'elle a été présentée ici. Alors, j'y reviendrai
à la fin, sur la procédure parlementaire, lorsqu'il y a des accusations comme celles-là où c'est un
peu difficile de faire des remarques alors
que, sur le moment même, on apprend de quoi il est question.
Mais j'y reviendrai tantôt. Donc, je lis un passage qui est, dans le fond, le coeur de ce que notre collègue dit : «À la lumière des articles
de journaux et des communiqués parus le
14 avril 2015, vous constaterez — elle s'adresse à vous — que les commissions scolaires se sont
prévalues des dispositions du
chapitre VI du projet de loi n° 28.» Alors, voilà. Ce que notre
collègue nous dit, c'est que les commissions scolaires, avant l'adoption du chapitre VI, se sont
approprié de ces dispositions comme si elles étaient en vigueur pour procéder,
dans ce cas-là, à une hausse de tarification
des garderies en milieu scolaire. Alors, évidemment, je vous disais jeudi dernier
qu'à sa face même ça me semblait assez
évident que l'accusation ne tenait pas la route, mais, bon, puisque nous sommes
rendus au stade de faire nos représentations
et même d'assumer un fardeau qui me revient, depuis jeudi dernier, de faire
une preuve à l'effet qu'il y a une législation qui le permet, je vais donc
accomplir le mandat que vous m'avez confié.
Le premier élément
qui vient tout de suite, évidemment, c'est : Puisque la lettre même le
dit, que dit donc le chapitre VI du
projet de loi n° 28? Puisque les commissions scolaires, dit la
leader, se sont approprié ces dispositions comme si elles étaient
adoptées alors qu'elles ne l'étaient pas, d'où l'outrage, que disent donc ces
dispositions? Alors, au chapitre VI du projet de loi n° 28, la
loi à laquelle on fait référence est la Loi sur les services de garde éducatifs
à l'enfance. C'est assez facile, rien qu'à aller à la partie VI, puis on
les voit. Et c'est de ça dont il est question. Alors, évidemment, si cette
disposition a permis aux commissions scolaires de faire la hausse, cela voudrait
dire que cette disposition ou que cette Loi sur les services de garde éducatifs
à l'enfance s'applique aux commissions scolaires. On comprendra bien que le champ d'application de la loi doit s'appliquer aux commissions scolaires. Si on prétend... Là, je ne suis même pas entré dans le détail, juste un coup
d'oeil rapide de parlementaire non aguerri. Lorsqu'on dit : C'est rapport
avec le chapitre VI, chapitre VI, lois et
services, alors allons donc voir la Loi des services de garde éducatifs à
l'enfance. Ça peut être long, mais,
par chance, on arrive à l'article 2. Donc, ce n'est pas si compliqué que ça.
Évidemment, je ne dépose pas les
lois, vous les avez, hein? Alors, le projet
de loi n° 28, je pense que vous le connaissez. Pour ce qui est de la
Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance, vous le connaissez aussi,
c'est de notoriété publique.
L'article 2 — alors,
je n'ai pas fait un grand chemin jusqu'ici, là, je suis allé dans le chapitre
VI du projet de loi n° 28, fait référence à une loi, Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance, article 2 — et je cite :
«La
présente loi s'applique aux centres de la petite enfance, aux garderies et aux
personnes reconnues à titre de responsable
d'un service de garde en milieu familial ainsi qu'aux bureaux coordonnateurs de
la garde en milieu familial agréés par le ministre.»
Elle ne s'applique
pas — troisième
alinéa — à
une commission scolaire, à un établissement privé... Et je vais continuer parce que ça peut être utile de
voir : «...à une commission scolaire ou à un établissement d'enseignement
privé qui fournit un service de garde en milieu scolaire au sens de la
Loi sur l'instruction publique...»
Bon, rendu au stade
où je suis rendu — bien
que ce n'est pas ma destination finale, mais au stade où je suis rendu — je crois pouvoir résumer de la façon
suivante ce qui a été soulevé par notre collègue. Elle dit : Les
commissions scolaires se sont
approprié un article des dispositions non en vigueur pour lever les tarifs. Les
dispositions non en vigueur concernent
la Loi sur les services de garde à l'enfance. La Loi sur les services de garde
à l'enfance dit expressément que ça
ne s'applique pas aux commissions scolaires. Je pourrais arrêter là pour dire
que l'accusation d'outrage au Parlement est non fondée, et non seulement elle est non fondée, mais elle est
abusive. Mais j'y reviendrai plus tard, M. le Président. Un simple regard, un simple regard permet de le
voir, on ne peut donc pas prétendre que les commissions scolaires se
sont prévalues de ces dispositions.
Alors,
évidemment, jusqu'ici, on pourrait arrêter, mais je vais
aller plus loin parce que la présidence m'a offert un fardeau, celui...
ou a fait reposer sur mes épaules un fardeau, celui d'identifier s'il y avait
bien une législation qui permettait aux commissions scolaires de le faire. Y a-t-il un moyen pour les commissions scolaires... ou comment, dans le fond, les commissions
scolaires arrivent-elles? Si ce n'est
pas parce que le 28, qui ne s'applique pas à eux, n'est pas adopté,
comment on est en mesure de faire cela?
Évidemment,
pour assumer ce fardeau sur lequel je veux bien relever... Ça m'amène une
remarque, je crois que... Et j'y
reviendrai aussi, mais je crois que c'est effectivement ce qu'il faut
faire. Et, jeudi dernier, lorsque vous m'avez indiqué qu'il me revenait à moi de faire cet exercice,
bien que j'en étais un peu étonné, mais je crois que c'est la bonne chose.
Pour arriver à une décision sur des
questions d'outrage, se demander s'il
y a un soutien législatif à une
action posée, c'est tout à fait la bonne question à se poser, tout à fait. Et je suis très heureux que vous l'ayez fait, et je pense que tout le monde, maintenant, constate que c'est
la façon de faire. Lorsqu'il y a un outrage, il faut se demander s'il y a
un soutien législatif.
Bon,
maintenant, lorsqu'on regarde des décisions antérieures,
c'est à se demander s'il revient, effectivement, au leader
du gouvernement de relever ce fardeau-là. J'ai constaté dans
notre document, dans notre volume qui est notre bible à tous, M.
le Président, La procédure
parlementaire, troisièmeédition... Je voudrais vous citer quelques
passages, notamment, des pages 118 et 119 : «... lorsque — et
je cite — la
présidence doit décider si un ministre s'est prévalu — un ministre ou, dans ce cas-ci, une commission scolaire, une organisation, là — d'une
disposition contenue dans un projet
de loi encore à l'étude [...] elle — la présidence — doit chercher à savoir si ce dernier l'a été
en vertu d'une règle contenue dans le projet
de loi et non en vertu d'une règle existante. Ainsi, la présidence a
déjà décidé qu'un ministre ne s'était pas prévalu de dispositions législatives
non adoptées pour annoncer la création d'une société d'État et la nomination du
président du conseil d'administration,
puisque la société en question ne tirait aucunement sa source d'un tel projet de loi mais plutôt de la partie III de la Loi sur les compagnies.» La
présidence avait cherché y avait-il un soutien législatif.
Un peu plus loin, donc
page 119 : «De même, l'acquisition par une société d'État de biens et
services valant plusieurs millions de
dollars n'a pas été considérée comme un acte constituant à première vue un
outrage au Parlement, même si ces
acquisitions ont été faites en vue de l'application éventuelle du projet de loi à l'étude. Selon le président, en engageant ces sommes, la société ne se serait pas autorisée de
dispositions législatives non encore adoptées par l'Assemblée, mais elle
l'aurait plutôt fait en vertu de son mandat général.»
Encore une
fois, la présidence avait recherché — ce
qui est tout à fait normal et correct — s'il y a par ailleurs un soutien législatif valide. Parce que la question qui est soulevée,
c'est : Quelqu'un a utilisé avant temps, avant le terme, avant l'adoption une disposition. Et le coeur est
là, et c'est tout à fait approprié que la présidence se soit posé ces
questions et ait fait ces recherches.
Un peu plus
loin, toujours dans le même document : «Dans une décision
similaire, la présidence a considéré que le gouvernement ne s'est pas prévalu
d'une disposition législative non adoptée en adoptant un décret qui suspendait l'obligation faite aux titulaires d'un permis de taxi de payer la cotisation annuelle de la
ligue des propriétaires de taxi de leur agglomération, puisqu'une
disposition d'une loi existante le permettait.»
Les exemples
de la jurisprudence repris par nos volumes qui sont notre bible... les exemples
sont nombreux et constants. La
présidence ne donne pas ouverture à l'outrage lorsqu'une disposition valide
d'une loi qui est en vigueur permet et soutient législativement l'action
contestée.
Cela dit,
puisque le fardeau que vous m'avez transmis jeudi dernier était de vous le
prouver — ce qui
était, évidemment, un phénomène un
peu nouveau, puisqu'avant la présidence l'assumait, mais je reviendrai
là-dessus tantôt, à la fin — je vais relever ce fardeau dès maintenant.
Quel est donc le support pour l'action contestée par les commissions scolaires à l'égard des tarifs des services de
garde en milieu scolaire? On sait déjà que ce n'est pas la Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance. Je
l'ai lu tantôt, l'article 2 dit que ça ne s'applique pas aux commissions
scolaires. Donc, rapidement, on balaie
ce support législatif. Par contre, ce qui est intéressant — et je prenais, justement, la peine de lire
l'alinéa au complet — on n'a pas besoin d'aller trop loin pour
trouver le soutien législatif parce que la réponse nous vient tout de suite, elle est tout de suite là, «à une
commission scolaire [...] au sens de la Loi sur l'instruction publique». Alors,
on n'a pas besoin de chercher, il n'y a pas de recherche Google à faire,
tout de suite on arrive à cela.
• (11 h 50) •
La Loi sur
l'instruction publique, vous l'avez. Évidemment, je l'ai. Je vous permets
d'en... Je vous laisse en prendre connaissance
et vérifier les articles que je vais vous citer, mais je vais vous citer
quelques articles, puisque l'exercice auquel je m'applique présentement est de relever le fardeau que vous m'avez
transféré de pouvoir établir le soutien législatif des commissions
scolaires.
212.1 de la
Loi sur l'instruction publique, je cite : «Après consultation du comité de
parents, la commission scolaire adopte
une politique relative aux contributions financières qui peuvent être assumées
pour les documents et les objets mentionnés
aux deuxième et troisième alinéas de l'article 7 ou qui peuvent être
réclamées pour des services visés aux articles 256
et 292.» Bon, là, ici, on a... les commissions scolaires peuvent adopter des
politiques relatives aux contributions.
On cite l'article 256, les services à
l'article 256. Que dit donc l'article 256? Et je cite
l'article 256 : «À la demande d'un
conseil d'établissement d'une école, la commission scolaire doit, selon les
modalités d'organisation convenues
avec le conseil d'établissement, assurer, dans les locaux attribués à l'école
ou, lorsque l'école ne dispose pas de locaux
adéquats, dans d'autres locaux, des services de garde pour les élèves de l'éducation préscolaire et de l'enseignement
primaire.»
«258. Pour l'application des articles 255 à 257, une commission
scolaire peut engager du personnel et
conclure des ententes. Elle peut en outre exiger une contribution
financière de l'utilisateur des services qu'elle dispense.»
Je vais relire l'article 258 :
«Pour l'application des articles 255 à 257 — ce
qui inclut l'article 256, qui, lui, prévoit que les commissions scolaires peuvent tenir des services de garde, on
dit donc — une commission
scolaire peut engager du personnel et conclure des ententes. Elle peut
en outre exiger une contribution financière de l'utilisateur des services
qu'elle dispense.»
Ce sont les
commissions scolaires qui fixent les tarifs en vertu de nos lois existantes.
Les règles que se donnent les
commissions scolaires, par ailleurs, sont liées aux règles budgétaires établies
annuellement par le ministère. En vertu des articles 472 et suivants de
la Loi sur l'instruction publique, le ministère détermine une allocation
budgétaire aux commissions scolaires pour le financement des services de garde
en milieu scolaire qui est calculée en tenant compte notamment d'une tarification parentale quotidienne. La Loi sur
l'instruction publique ne fixe pas le tarif. Le rôle du ministère consiste à déterminer par les règles budgétaires
annuelles les règles d'allocation de la subvention du ministère aux commissions
scolaires, lesquelles prévoient actuellement que les commissions scolaires ne
peuvent, pour obtenir la subvention, réclamer davantage que le tarif quotidien
en CPE.
De tout cela,
il découle, premièrement, que le projet de loi n° 28 ne concerne pas les
services de garde en milieu scolaire; deuxièmement, que la Loi sur
l'instruction publique octroie aux commissions scolaires le pouvoir de fixer
les tarifs. C'est dans les règles
budgétaires du ministère fixant les subventions aux commissions scolaires que
l'on réfère au tarif quotidien des CPE. Dans la mise à jour économique
de décembre dernier, qui a été déposée ici, à l'Assemblée, donc vous avez
possession de ces documents, dans la mise à jour économique de décembre 2014,
le gouvernement a annoncé — c'était en page D.24 et D.25 — son intention de prévoir dans les règles
budgétaires une référence au premier palier de la tarification des CPE,
soit 8 $.
Ce n'était pas dans le projet de loi n° 28
qu'on a fait référence aux services de garde en milieu scolaire, M. le Président. C'est dans le point, dans la mise à
jour où on a annoncé l'intention que les règles budgétaires qui accompagnent
la subvention permise aux commissions
scolaires une fois qu'elles exercent
leur tarification ou leur pouvoir de fixer la tarification...
c'est à ce moment-là que cela a été annoncé.
Les
règles budgétaires du ministère ont toujours été établies — et là c'est le petit retour historique
qu'il me semble utile à faire — en
cohérence avec la tarification du service
de garde. Cette cohérence n'implique
pas un élément de légalité, c'est un
élément d'opportunité de faire en
sorte que deux systèmes de garde découlant de deux lois différentes, comme
deux systèmes différents, puissent avoir
quand même une certaine concordance au niveau des tarifs. Il ne faut pas
confondre «concordance», «cohérence» avec «légalité» et «soutien
législatif», qui seraient contaminés l'un avec l'autre.
Le réseau des
centres de la petite enfance a été mis sur pied en septembre 1997. Les
garderies imposaient alors un tarif
uniforme de 5 $. À cet égard, les règles budgétaires de fonctionnement des
commissions pour l'année 1998-1999 introduisaient ce nouveau
texte. Je vais le lire et je vais déposer, M. le Président, l'extrait des
règles budgétaires de 1998-1999, que vous
pourrez constater. Si vous voulez, on pourra les produire en liasses tantôt, à
la toute fin. Je la mets de côté.
Dans ces règles budgétaires, on pouvait lire
ceci : «La contribution financière exigible des parents ne doit pas dépasser 5 $ par jour par enfant.» On est ici
dans les règles budgétaires accompagnant le pouvoir de fixation des commissions scolaires de leur tarification des
services de garde, nous ne sommes pas dans la Loi sur les services de garde
à la petite enfance. C'est pour démontrer qu'il y avait dès le début un désir
d'avoir une cohérence entre les deux.
Les tarifs quotidiens ont augmenté à 7 $
dans les services de garde en 2004. Les dirigeants des commissions scolaires en ont été informés en avril 2004
lors de la période de consultation précédant l'approbation des règles
budgétaires pour l'année scolaire
2004-2005 prévue dans la Loi sur l'instruction publique. Je vais vous laisser
aussi ce document, qui informait les commissions scolaires des règles
budgétaires à venir. Je vais aussi vous laisser les règles budgétaires de 2004-2005, qui suivaient l'avis qui leur était
donné. L'avis qui leur était donné était, somme toute, à peu près l'équivalent
de ce qu'on retrouve comme avis donné dans
le point de l'automne dernier à l'égard de ce qui s'est produit cette année.
À l'égard,
donc, des règles de 2004-2005, on disait ceci, «que la contribution financière
exigible des parents ne dépasse pas
7 $ par jour, par enfant régulier, pour 5 heures de garde, les jours de
classe incluant une période de travaux scolaires; que la contribution
financière exigible des parents ne dépasse 7 $ par jour pour 10 heures de
garde les jours pédagogiques».
Dans une
lettre du 5 février 2015 aux commissions scolaires, le ministère
indique que, suite à la publication de la mise à jour économique du
2 décembre dernier, dont je vous parlais tantôt, le ministère a écrit aux commissions
scolaires pour les informer que la contribution pourra être augmentée à 8 $ à compter du 1er avril 2015. Évidemment,
je vais vous déposer aussi copie de cette lettre-là reçue par l'ensemble des
commissions scolaires, émise par la même personne
dont parlait notre collègue dans une lettre, je crois, qui était de fin mars,
je crois, 27 mars, de mémoire, le 27 mars, je crois.
Et je me
permets de lire un extrait. Vous aurez l'occasion, évidemment, de relire ces
documents-là. Et donc elle est datée
du 5 février, ça dit ceci : «La présente vise à mettre en oeuvre les
modifications prévues par le gouvernement pour les services de garde en milieu scolaire lors de la publication au Point
sur la situation économique et financière du Québec, automne
2014, le 2 décembre 2014.» C'est à ça qu'il fait référence dans cette
lettre.
«Ainsi, la contribution réduite journalière pour
les services de garde en milieu scolaire pourra être augmentée à 8 $ à partir du 1er avril 2015. [...]Le
ministère [...] procédera [...] aux modifications requises dans le cadre des
règles budgétaires de fonctionnement des commissions scolaires pour
l'année [...] 2015-2016...»
C'est
intéressant de noter — je le dis au passage — l'expression qui est utilisée, «pourra être augmentée».
On peut parfois, en certains milieux,
s'étonner comment le législateur peut ne pas donner d'ordre, dans le fond. On
ne parle pas de n'importe quoi, on
parle des commissions scolaires. On parle de paliers de décision qui ont, dans
les lois constitutives, des décisions
à prendre. Or, la Loi sur l'instruction publique leur donne le droit de fixer
le tarif. C'est à eux que revient de
fixer le tarif. Et, puisque ce tarif peut avoir, en termes de subventions
gouvernementales, un effet sur les règles budgétaires, il y a donc des
règles budgétaires qui viennent supporter les décisions qui sont prises, mais
c'est à eux de prendre ces décisions-là. Donc, je laisse ce document.
Ce qu'il est
intéressant de noter, outre le fait que tout le monde comprend qu'il revient
aux commissions scolaires de le
décider, et non pas au gouvernement, et certainement pas au projet de loi
n° 28... il est aussi important de constater que, dans cette lettre, on refait tout ce que je
suis en train de vous expliquer sur quelle est la suite législative ou la suite
de fondements législatifs qui permet ce type d'action, et il n'est pas
mentionné de projet de loi n° 28 à cet égard.
• (12 heures) •
Avant
d'accuser les commissions scolaires d'outrage au Parlement, n'aurait-il pas été
normal, M. le Président, de vérifier
la source législative supportant l'existence et le fondement des services de
garde en milieu scolaire? Cet exercice n'est pas difficile pour les
parlementaires aguerris. S'il fallait présumer que cela relève d'un niveau de
difficulté trop exigeant — c'est possible, dans certains cas, que ce le
soit, certainement pas dans celui-ci, mais, dans d'autres, peut-être — ne peut-on
pas suggérer — et je
vous pose la question — que l'opposition pose des questions avant de porter des
accusations, par exemple poser des
questions au ministre responsable pour savoir quel est justement le soutien
législatif, s'il y en a un? Au
surplus, dans le cas présent, la seule lecture du chapitre VI du projet de
loi n° 28, qui traite de la Loi sur les services de garde éducatifs, qui indique clairement que les
services de garde des commissions scolaires ne sont pas visés, aurait dû
restreindre l'opposition officielle à porter
une accusation d'outrage. Il ne s'agit pas simplement d'interpréter les propos
d'une lettre d'un sous-ministre pour conclure à l'état du droit, et j'insiste,
d'interpréter les propos d'une lettre d'un sous-ministre pour conclure à l'état
du droit.
À cet effet,
je voudrais vous référer à la décision 67/42 du 8 décembre 1999
du président Charbonneau. Je vous lis un court extrait de la décision
rendue, le contexte ainsi que la décision. Alors, voici : «...un député de
l'opposition officielle fait part de son
intention de soulever une question de droit ou de privilège. Il soutient que la
ministre d'État aux Affaires
municipales et à la Métropole aurait commis un outrage au Parlement en
approuvant un règlement d'emprunt de
la ville de Mont-Tremblant pour l'achat d'un terrain non entièrement situé sur
son territoire. Ce faisant, la ministre se serait
prévalue [des] dispositions législatives contenues dans le projet de loi
n° 81, loi concernant le regroupement [des
municipalités], alors que ce projet de loi était toujours à l'étude à
l'Assemblée. Au soutien de sa demande — c'est la partie importante, "au soutien de sa demande" — le député cite des propos tenus par la
ministre lors de consultations particulières sur le projet de loi, selon
lesquels elle n'aurait pu — elle n'aurait pu, "n", apostrophe, elle n'aurait pu, une
négation — approuver
le règlement d'emprunt sans le projet de loi.»
Décision :
«Au-delà de ce qu'a pu dire la ministre en commission parlementaire — au-delà de ce qu'a pu dire la ministre en commission parlementaire — la présidence, pour décider s'il y a à
première vue outrage au Parlement, doit analyser les faits au mérite et les règles en cause. En approuvant le
règlement d'emprunt de la municipalité de Mont-Tremblant, la ministre ne
s'est pas prévalue [des] dispositions législatives prévues dans le projet de
loi, mais de dispositions déjà existantes du
Code municipal relatives à l'adoption et [à] l'approbation de règlements
d'emprunt. Il ressort de l'ensemble de
ces dispositions que le règlement d'emprunt adopté par la municipalité de
Mont-Tremblant peut exister indépendamment des dispositions du projet de
loi.»
Évidemment,
outre le fait que la présidence a recherché le soutien législatif en cette
cause pour vérifier si l'accusation d'outrage était valable, reposant
sur une loi non encore adoptée, outre cela que nous avons déjà abondamment
étayé aujourd'hui et même jeudi dernier, la
présidence et moi-même, l'important, ici, de ce passage était de voir que la
façon dont on amenait l'outrage était de dire que la ministre
avait tenu des propos qui amenaient à croire cela, et la présidence de nous dire : Au-delà de ce qu'a pu dire la ministre, il faut vérifier les faits, il faut vérifier est-ce qu'effectivement il y a un soutien législatif ou pas. Donc, cette décision-là
me semble bien importante pour voir le fondement ou la qualité de la
recherche à l'égard du soutien législatif qu'on doit faire à l'égard d'un acte
qui a été posé.
Je vous réfère aussi à la décision 67/49 du
16 octobre 2002 de la présidente Harel. Je cite dans le contexte, M.
le Président : «...un député de l'opposition officielle indique son
intention de soulever une question de droit ou de privilège. Il soutient que le ministre d'État à la Santé et aux Services
sociaux a commis un outrage au Parlement. À l'appui de cette affirmation, il soumet qu'une régie régionale
s'est prévalue de dispositions législatives non encore adoptées en faisant en
sorte que la centrale d'appels d'urgence du Saguenay [...] soit transférée au
centre de communication santé de Québec[...]. Selon le député, ce projet de loi
prévoit la mise sur pied de centres de communications santé et autorise
le transfert des services d'urgence.
«[...]Le
député fonde sa demande principalement sur un communiqué du président régional
de la Corporation des services d'ambulance du Québec dans lequel il annonce
le transfert prochain de la centrale d'urgence au centre de communication santé
de Québec.»
C'était
la partie contexte, maintenant allons à la partie décision. La présidence dit
ceci : «...le centre de communication santé de Québec ne tire pas son origine du projet de loi puisqu'il a été
créé en 1995 en vertu de la partie III de la Loi sur les compagnies.» Je dois avouer que, dans ce
cas-là, il y avait quand même un petit effort, M. le Président, d'aller trouver
le soutien législatif dans cette cause. On est à quelques années de
différence, les liens ne sont pas si évidents, mais la présidence a retrouvé ce
lien.
«Même s'il y avait un lien — et
ça, c'est la portion la plus importante, "même s'il y avait un
lien" — entre
le communiqué et le projet de loi, cela
n'aurait aucune incidence sur le processus d'adoption [de la] loi. [...]En
aucun cas, le législateur n'a à tenir compte des gestes posés par
l'administration pour déterminer le contenu de ses projets de loi.»
Mais, ce qui
est intéressant ici, parce que, dans le fond, c'est un peu en filigrane, on
regarde une lettre, un article de
presse, puis on l'interprète, puis rapidement on crie à l'outrage, alors qu'une
simple lecture nous amène à voir qu'il n'y
a rien de tel, qu'une simple analyse permet de voir les soutiens et qu'au
contraire la jurisprudence nous indique qu'il ne faut pas simplement lire une lettre et lui donner un sens ou encore
lire un article de presse et lui donner un sens. Il faut valablement
faire une recherche, qu'on fait maintenant, une fois que l'accusation est
portée, mais je soumets, M. le Président, que vous devriez regarder la qualité
de la recherche qui devrait être faite avant de porter l'accusation.
Dans le cas
présent, je tiens à rappeler que, dans la lettre, notamment,
du 27 mars, du ministère, de ce côté, on indique qu«'il serait à
propos de retarder», et non pas qu'il faut ou qu'il ne faut pas augmenter ou ne
pas augmenter, qu'«il serait à propos». Il y a
une déférence à l'égard du pouvoir de fixation du tarif qui revient aux commissions scolaires. Il est en train de leur dire — parce que, tant qu'à interpréter, je vous offre la mienne, M. le Président, quoique je ne crois pas
qu'on doive s'inspirer de cela, mais tant qu'à interpréter — il
est en train de leur dire qu'historiquement les hausses ont été synchronisées, dans un souci de cohérence,
même si les deux services de garde connaissent des supports législatifs différents. Il pourrait y avoir une contestation
de l'opportunité de hausser les tarifs dans les services de garde en milieu
scolaire alors qu'ils ne le sont pas dans
les autres, mais il ne saurait être question d'une contestation de légalité, pour toutes
les raisons que je vous ai mentionnées
depuis quelques minutes maintenant, les différences entre les deux soutiens
législatifs pour les deux systèmes de garde qui sont différents.
Comment le gouvernement doit-il agir lorsque, dans un même moment — dans le cas présent c'était jeudi matin dernier — le
gouvernement apprend qu'il
y a une question
de privilège, qu'il devient de facto le procureur des commissions scolaires, qu'on l'invite à quelques
remarques, puis finalement que les remarques deviennent une preuve à
présenter et un fardeau à relever? Le règlement actuel ne force pas l'opposition
à communiquer au gouvernement sa question de
privilège ni de lui en fournir une copie. Celle-ci, selon notre règlement,
concerne la présidence, qui d'ailleurs n'en transmet
pas de copie, dès qu'il la reçoit, au gouvernement. C'est une accusation d'outrage qui est référée à
la présidence, et c'est à la présidence d'en décider. Selon nos règles,
nous l'apprenons sur-le-champ. Invitée et sans être tenue... une présidence a
toute latitude, pourrait même ne pas nous demander notre avis, la jurisprudence
est claire là-dessus, sollicite, et
c'est bien, nos commentaires, mais, jusqu'à jeudi dernier, nous n'avions pas de
fardeau à relever sur la preuve qu'il y avait un soutien législatif. Je
réitère encore une fois — et j'ai presque terminé — je réitère encore une fois que ça me fait plaisir de relever ce
fardeau, ça fait me plaisir parce que je crois que c'est la grande question
dans ces matières. Je suis prêt, cependant, à ce
qu'on revienne à la jurisprudence antérieure et que le travail soit fait par la
présidence. Mais, cela étant dit, je suis bien d'accord pour le faire.
Notre
gouvernement accorde donc à la présidence une grande latitude pour décider.
Elle lui octroie surtout une grande
responsabilité. Je crois, selon la jurisprudence, qu'il revient à la présidence de procéder à la vérification essentielle à ce genre
d'accusation. Historiquement, c'est ainsi que ça a été fait. Je ne
disconviens pas qu'on peut faire du droit nouveau, mais, si on le fait, j'aimerais qu'on change le règlement,
parce que, s'il me revient, jeudi matin dernier, de plaider
et de faire de la preuve, j'aimerais un peu moins être pris par
surprise, M. le Président, vous le conviendrez.
• (12 h 10) •
Les dispositions du projet de loi non adopté, c'est la première question qu'on a à se poser, moi, dans ma
fonction de procureur des commissions
scolaires ou la présidence qui reçoit une accusation d'outrage, une accusation
grave. La première question est la suivante : La disposition du
projet de loi non adopté constitue-t-elle un soutien législatif, si elle avait été adoptée? Autrement dit, dans le cas
présent, on nous invoque que les commissions scolaires ont utilisé un article
ou des dispositions non en vigueur. Est-ce que ces articles, s'ils avaient été
en vigueur, auraient permis le geste? Évidemment,
la réponse, c'est non dans le cas présent, parce que le projet de loi
n° 28 ne parle même pas de cela, M. le Président. Donc, clairement,
il n'y avait aucun lien. À sa face même, l'accusation tombe automatiquement. Et
ça ne demandait pas un effort surhumain.
Quand on prend la peine d'écrire une lettre au président portant accusation et
disant que des commissions scolaires
ont utilisé des dispositions d'un projet de loi non adopté, le minimum qu'on
s'attend, c'est que la personne qui
signe a lu les dispositions en question. Et, dans ce cas-ci, il était évident
qu'elles ne s'appliquaient pas aux commissions scolaires.
Deuxièmement,
une fois qu'on s'est posé cette première question, si tant est qu'effectivement
cela aurait donné un pouvoir, et donc
on peut se dire : Ah! peut-être qu'il y a là une utilisation anticipée
d'une disposition, le travail de la présidence
n'arrête pas là, parce que, comme on l'a vu dans d'autres cas, il peut y avoir
d'autres dispositions, par ailleurs légales,
qui offrent le soutien législatif. Dans notre cas, M. le Président, je crois
que nous avons abondamment démontré quel
était le soutien législatif en vigueur, valable, valide, qui a permis aux
commissions scolaires de poser les gestes qu'ils ont posés.
Je termine.
Ayant soulevé la question de fardeau de preuve, celle-là, je l'ai déjà soulevée
et vous demande, dans le fond,
peut-être quelques indications pour les prochaines accusations d'outrage, M. le
Président, je plaide pour que ce fardeau nouveau sur le gouvernement puisse s'accompagner de règles
parlementaires qui nous permettent d'assumer ces fardeaux nouveaux. C'est une des possibilités. L'autre,
c'est de revenir à la jurisprudence habituelle et qu'il revienne à la personne
qui accuse d'avoir une preuve claire, qui ne
nécessite pas de recherche, mais, si tant est qu'elle n'est pas claire, qu'il
revient à la présidence de faire cette recherche, comme cela a été le
cas dans les décisions antérieures.
L'accusation d'outrage au Parlement est lourde
de sens, M. le Président. Elle ne peut pas être portée sans un minimum de vérifications. Je vous demande
d'établir des balises pour éviter que ces accusations deviennent un chemin
trop facile pour obtenir des titres de
journaux, qui vont laisser des traces, blesser des gens et cultiver le cynisme
dans la population. Lorsqu'on utilise la question
de privilège pour outrage au Parlement, on plaide que des privilèges de parlementaires et du Parlement ont été atteints,
ont été touchés, ont été affectés. Si ces accusations sont portées à la légère,
sans véritable vérification, ces accusations, par elles-mêmes, deviennent une
atteinte aux parlementaires et au Parlement, et l'accusation elle-même, M.
le Président, je parle de
l'accusation non fondée, je parle de l'accusation qui n'a pas fait un minimum d'efforts, constitue, M. le Président... je termine par un point d'interrogation, ne constitue-t-elle pas un
outrage au Parlement?
D'ailleurs,
lorsque la Commission de l'Assemblée
nationale est appelée à enquêter une
fois que, prima facie, le président a considéré qu'il pouvait y avoir
matière à enquête, les membres de la commission sont dans la possibilité d'établir un jugement à l'égard de l'accusateur.
Je vous demande, M. le Président, qu'en est-il du rôle de la présidence lorsqu'elle constate qu'à première vue, avec une
lecture rapide, on peut constater que l'accusation d'avoir utilisé des articles
non en vigueur qui n'avaient aucun rapport
avec la cause... qu'en est-il de ce genre de comportement à l'égard des
privilèges de l'Assemblée et des privilèges des parlementaires? C'est une question
qui me semble importante, parce
que, dans le cas présent,
l'exercice qui établit qu'il n'y avait pas d'outrage était d'une simplicité
désarmante. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci. M. le
leader du deuxième groupe d'opposition.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, je serai bref, mais je ne
peux pas m'empêcher, après avoir écouté la plaidoirie du leader du gouvernement sur le cas soulevé par ma collègue la leader de l'opposition officielle... On dit, M. le Président, que tous les chemins mènent à Rome, mais celui
utilisé par le leader du gouvernement est particulièrement compliqué à comprendre après avoir écouté sa plaidoirie. Pourtant, M. le Président, les cas s'accumulent, et les faits démontrent, suite à une décision que vous avez rendue, que nous avions
démontré, en 2013, le 11 juin spécifiquement — je ne vais pas vous lire votre décision au complet — preuve à l'appui, que des messages
publicitaires et les communications d'information de plusieurs commissions scolaires invitaient des
parents à inscrire leurs enfants à la maternelle quatre ans à temps plein alors que cette mesure législative — on parlait du projet de loi n° 23 — faisait partie d'un projet de loi à l'étude
à l'Assemblée nationale.
Bien, ce
midi, on a à discuter d'un autre cas qui est, ma foi, similaire. Et, quand je
dis que les cas s'accumulent, il faut
juste revenir un peu en arrière, là. Vous avez celui-ci, donc, de 2013. Vous
avez le ministre des Affaires municipales, où un autre cas a été soulevé
sur le même projet de loi, projet de loi n° 28, où le ministre des
Affaires municipales aura
à témoigner devant la Commission de l'Assemblée nationale sur un cas d'outrage
sur la situation des CRE et des CLD — je ne vais pas vous énumérer la situation au
complet, mais vous avez rendu une décision sur la même loi — où on tenait pour acquis encore une fois que la loi n° 28 allait être
adoptée et qu'on annonçait, par des écrits, aux CRE et aux CLD qu'ils devaient se préparer pour des
fermetures immédiates, des pertes d'emploi immédiates. Ça, c'est le premier
cas.
Je vous ai respectueusement envoyé une lettre
aussi sur le projet de loi n° 37, sur la cimenterie McInnis, où la
Procureur général... court commentaire, mais la Procureur général aussi a
demandé une suspension au juge en disant explicitement que la loi n° 37
allait être adoptée. Et j'arrête ça là.
Alors,
vous avez un autre cas, soulevé par ma collègue la leader, qui dit que quatre
commissions scolaires — commission scolaire des
Draveurs, la commission scolaire des Portages-de-l'Outaouais, commission
scolaire Au-coeur-des-Vallées, la
commission scolaire des Rives-du-Saguenay — ont, à la lumière des preuves que vous avez
devant vous, publié des articles de
journaux et des communiqués qui sont parus le 14 avril 2015 et que
les commissions scolaires se sont prévalues des dispositions du chapitre
VI du projet de loi n° 28 qui n'était toujours pas adopté.
Le ministre... Et le leader du gouvernement nous
dit, à une lettre qui est signée par le sous-ministre adjoint, là — sous-ministre
adjoint, Éric Thibault — il
dit : «...il serait à propos de retarder, jusqu'à la date de son adoption,
l'augmentation des tarifs de garde suggérée par celui-ci.
«En effet,
une augmentation, qui serait effective avant l'adoption du projet de loi,
pourrait être contestée par les utilisateurs.»
Bien, oui,
les utilisateurs, et même les législateurs. Le sous-ministre est bien conscient...
parce que le sous-ministre est
intelligent, il sait très bien, il sait très bien que, si les commissions
scolaires... suite à une décision que vous aviez rendue en 2013, en juin 2013, que les partis
politiques à l'Assemblée nationale pourraient se prévaloir, encore une fois,
d'un cas pourtant... qu'on
n'imaginait même pas revoir ça aujourd'hui, deux ans plus tard ou presque.
Bien, vous avez une preuve flagrante, malgré la plaidoirie du ministre
et du leader du gouvernement, qu'encore une fois, noir sur blanc...
Et je vous
lis la fin de votre décision, M. le Président. Vous dites : «La présidence
rappelle à nouveau l'importance de
faire mention de manière explicite du rôle de l'Assemblée nationale et de ses
membres quant à l'adoption d'un projet de
loi avant de faire une publicité ou une communication d'information sur une
mesure contenue dans un projet de loi.» On est à la même adresse, on est à la même adresse avec le cas soulevé
par la leader de l'opposition officielle versus le cas que nous avions
soulevé à l'époque, en juin 2013.
Et vous
dites, je continue : «Le rôle de l'Assemblée [nationale] n'est pas [que]
cosmétique.» Vous avez tout à fait raison.
Sinon, à quoi nous servons, députés de l'opposition, si on tient pour acquis, à
chaque fois, qu'une loi sera adoptée parce que nous avons un
gouvernement majoritaire? Vous dites par la suite : «Il faut faire preuve
de respect et de déférence à cet égard.
C'est l'Assemblée nationale qui décide du contenu et de l'échéancier d'adoption
[des] projets de loi, et rien ne doit
être fait ou dit qui donnerait l'impression qu'il en est autrement. Ainsi, ces
communications doivent [en] porter la mention
que les mesures envisagées se matérialiseront "sous réserve — vous dites ‘sous réserve' — de l'adoption du projet de loi par
l'Assemblée nationale."»
Alors, je
pense, M. le Président, qu'on peut se rendre à Rome très facilement avec la
décision que vous aviez rendue, avec
le cas évoqué ce midi, la plaidoirie de ma collègue la leader de l'opposition
officielle. Et, malgré les commentaires et le chemin parcouru pour se rendre à Rome par le leader du gouvernement,
je ne vois pas de quelle façon vous pourriez dire à l'Assemblée nationale aujourd'hui que ce cas est différent de
celui où vous aviez rendu une décision pour outrage au Parlement le
11 juin 2013. Merci, M. le Président.
• (12 h 20) •
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Merci, M. le Président. J'ai écouté avec attention les deux plaidoiries. Je
remercie le leader du gouvernement et
le leader de la deuxième opposition de bien nous expliquer leur façon de voir.
J'aurai quelques commentaires. Ils seront assez brefs encore une fois,
parce que la cause, pour moi, est assez claire.
Alors, y
a-t-il un lien avec le projet de loi n° 28? En fait, ce que nous dit le
leader du gouvernement, c'est qu'il n'y
a pas de lien. Je vais vous expliquer, moi, où le lien est très clair. D'abord, bien sûr, il y a des
communiqués, communiqué de la commission scolaire des Draveurs qui
dit : «La commission scolaire des Draveurs avait décidé d'augmenter les frais de garde à [800 $].
Cette décision était basée sur une communication
du ministère nous informant que nous pouvions procéder à cette
augmentation.» Première chose, c'est clair.
Mais la
lettre du sous-ministre de l'Éducation, deuxième communication donc, je n'ai
pas la première lettre, mais, la
deuxième communication, elle nous dit : Dans l'éventualité où le projet de
loi n° 28 — on le
décrit — n'était
pas adopté, il serait à propos de
retarder l'augmentation des tarifs de garde. Ça, c'est... Donc, notre
sous-ministre voit un lien avec le projet
de loi n° 28. Où est ce lien? Bien, M. le Président, je vais être obligée
de déposer un autre document. Je ne pensais pas que ce soit nécessaire, mais je vais le faire. Ce sont les règles
budgétaires pour l'année scolaire 2014-2015 provenant du ministère de
l'Éducation du Québec. Et que disent ces règles? Elles disent que, pour recevoir une allocation par enfant, la
contribution exigible des parents ne doit pas dépasser le tarif quotidien
déterminé par le gouvernement.
Donc, puisque
le gouvernement a annoncé, dans le projet de loi n° 28 qu'il désirait
faire une augmentation des tarifs, le
sous-ministre a dit : Eh, eh! n'augmentez pas tout de suite, la loi
n° 28 n'est pas adoptée. Pourquoi? Parce qu'il y a un lien direct, très direct, entre l'augmentation
des tarifs dans les CPE et l'augmentation des tarifs de services de garde
scolaires. Le lien, il est dans les règles
du gouvernement, tout simplement, M. le Président. Alors, dernière chose...
Donc, il y a un lien avec le projet de loi n° 28, le sous-ministre
lui-même l'admet.
Je veux dire ceci : Je
m'attendais ce matin à ce que peut-être le leader du gouvernement dise...
Écoutez, au lieu de dire : Je
vais plaider pour les commissions scolaires, il aurait pu dire : Notre
sous-ministre a admis un lien, mais les commissions scolaires ont agi différemment. Mais le sous-ministre
lui-même, le ministère a admis ce lien. Alors, il n'était pas obligé de plaider pour les commissions
scolaires. Il pouvait plaider du côté de son ministère et dire : Oui, nous
avons trouvé que les commissions scolaires allaient trop vite, il y a un
lien avec le n° 28, et elles ne pouvaient pas. Mais je comprends qu'il est mal pris, c'est parce que les
règles budgétaires du gouvernement font qu'il y a un lien direct, direct
entre le projet de loi n° 28 et les
hausses de tarifs dans les services de garde dans les commissions scolaires. Il
y a vraiment un problème là-dedans. Alors, je vais déposer ce
document-là pour l'ajouter.
Dernière
chose, je vais relever quand même une phrase du leader du gouvernement qui m'a...
Là, là, je pense que j'ai bien
entendu, mais je ne comprends pas cette allusion. Le leader du gouvernement a
dit, et je cite : «Notre gouvernement accorde [une grande latitude]
à la présidence.» Le gouvernement n'a pas...
Une voix :
...
Mme
Maltais :
C'est ce que j'ai compris, j'ai compris «notre gouvernement».
Une voix :
...
Mme
Maltais : O.K., c'est
«notre règlement». J'aime mieux, je ne comprenais pas. Notre règlement, il accorde une grande latitude à
la présidence. Et, la présidence, jusqu'ici, dans ce dossier-là des commissions scolaires et de leur aptitude à aller rapidement parfois, il
y a déjà eu, pour moi, une très
belle expression de la part du
président de l'Assemblée nationale à l'effet qu'il faut respecter les
législateurs. Merci. Je vais déposer les règles budgétaires.
Document déposé
Le
Président : Oui, j'ai des demandes de dépôt. J'ai une demande
de dépôt de la part de la leader de l'opposition et une demande de dépôt
de la part du leader du gouvernement. Tout le monde consent, évidemment?
Une voix :
...
Le Président :
O.K. Bon. Alors, je vous écoute.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Peut-être qu'on peut... Ça va pour les documents de
ma collègue? Je vais déposer les miens juste à la fin.
Alors, trois petits
commentaires, et ce sera tout, en réplique à ma collègue leader de l'opposition
officielle. Alors, elle nous parle du lien
avec le n° 28 et puis elle cite une lettre. Je veux quand même vous lire
encore une fois la phrase qu'elle a signée, en fait une partie de phrase
qu'elle a signée le 15 avril dernier : «À la lumière des articles de journaux et des communiqués parus le
14 avril 2015, vous constaterez que les commissions scolaires se sont
prévalues des dispositions du chapitre VI du projet de
loi n° 28.» Ce n'est pas léger. La leader de l'opposition officielle...
Et c'est ça, le sujet. Il ne s'agit pas de
savoir s'il y a un lien ténu d'interprétation ou... L'accusation est la
suivante. C'est d'ailleurs ça, une
accusation d'outrage comme celle qui est soulevée, c'est d'avoir utilisé de
façon anticipée des règles non encore adoptées
alors qu'il revient au Parlement de les adopter. Donc, on dit : Il y a
outrage, puisqu'il revient au Parlement de les adopter. On s'entend tous sur le fondement de cela. Et l'accusation
portée ici, parce que c'en est bien une, à l'égard des commissions
scolaires, c'est qu'elles se sont prévalues des dispositions du
chapitre VI du projet de loi n° 28.
À
écouter ma collègue, on aurait écrit : «Se sont prévalues des dispositions
du projet de loi n° 20», puis ça aurait été la même chose, il s'agirait qu'une lettre dise
«projet de loi n° 20» pour qu'on puisse dire la même chose. Il faut
regarder l'accusation et se demander : Est-ce qu'elle tient? C'est
ça, le sujet.
Et
le sujet, c'est qu'elles se seraient prévalues du chapitre VI. J'ai fait
la démonstration qu'un oeil non aguerri, profane arriverait rapidement à
dire : Pas rapport. Alors, il serait difficile de dire que les commissions
se sont prévalues de dispositions qui
ne les concernent même pas. Je veux dire, on peut bien le dire, mais ça ne
tient pas la route longtemps.
Alors,
il faut remettre l'accusation dans son contexte. Lorsque la collègue de
l'opposition signe la lettre, elle accuse les commissions scolaires d'avoir utilisé un pouvoir qu'elles n'ont pas,
pouvoir qui serait présumément dans une loi... un projet de loi non adopté, alors qu'on a fait la
démonstration qu'elles ont le pouvoir, qu'elles ont le pouvoir de fixer, et j'ai eu l'occasion de
vous le démontrer.
Elle
parle de la lettre du mois de mars du sous-ministre adjoint Éric Thibault. Dans
les documents que je vais vous déposer,
le même Éric Thibault écrit, le 5 février, aux mêmes commissions scolaires, qui sont au courant de ce qu'il dit dans sa lettre du mois de mars parce qu'elles en
ont reçu une au mois de février, les mêmes, là, tu sais, entre les mêmes
destinataires puis expéditeur : «La présente vise à mettre en oeuvre les modifications prévues par le gouvernement pour les services de garde en milieu scolaire lors de la publication au
Point sur la situation économique et financière[...], le
2 décembre 2014 — pas
dans le n° 28, dans le Point, c'était l'annonce.
«Ainsi,
la contribution réduite journalière pour les services de garde en milieu
scolaire pourra être augmentée à 8 $ à partir du
1er avril 2015.»
Il y aura des
modifications aux règles budgétaires. Elle nous donne les règles budgétaires 2014‑2015.
Je les ai déposées tantôt. Et effectivement c'était 2014-2015, c'est
l'année passée. Il va y en avoir des nouvelles pour 2015-2016. Mais savez-vous quoi? Les
commissions scolaires peuvent fixer les tarifs sans tenir compte... Elles vont
avoir une pénalité, elles n'auront
pas la subvention, mais elles ont le pouvoir, selon notre corpus législatif, de
fixer les tarifs. Je pense que j'ai été
clair là-dessus. Alors, je suis obligé de vous dire qu'il y aura, tel
qu'annoncé, des modifications aux règles budgétaires, comme ça avait été
le cas dans toutes les autres annonces à l'égard des règles budgétaires qui
avaient été modifiées, qu'elles vont se
faire en vertu des pouvoirs que les commissions scolaires ont déjà, que le
ministère de l'Éducation a déjà et qu'il n'y a aucun rapport avec le
n° 28. Donc, l'accusation ne tient pas.
Maintenant, je
conclus sur le fait que ma collègue dit qu'elle se serait attendue à ce que je
vienne dire un peu que le sous-ministre
n'aurait peut-être pas dû faire ça ou qu'il avait... je voudrais dire qu'elle
avait raison. Bien, c'est parce que,
là, j'aurais dû... Il fallait qu'il soit illégal, imaginez-vous. J'aurais de la
misère à dire ça. Mais le point que je veux soulever ici amicalement, c'est le suivant : Elle dit que je
n'aurais pas dû défendre les commissions scolaires. M. le Président, qui
va le faire? Il y a une accusation portée au salon bleu pour défendre les
parlementaires, et les parlementaires vont laisser passer sans mot dire?
M.
le Président, je crois que j'étais condamné... Il n'y a personne d'autre qui
levait la main, ça fait que c'était moi, j'étais condamné... Alors, le leader adjoint dit que je ne suis pas
obligé. On va laisser les parlementaires dire des choses qui ne tiennent pas la route en termes légaux puis
qui vont salir des commissions scolaires? Oui, je suis obligé. Oui, je suis
obligé. La nature même d'une accusation d'outrage, et je termine là-dessus, M.
le Président, la nature même d'une accusation
d'outrage blesse des gens, ça ne se fait pas comme ça, gratuitement. Et, quand
ça ne tient pas la route, il ne faudrait pas qu'on le dise? Il ne
faudrait pas qu'on puisse ramener au moins les pendules à l'heure? Honnêtement,
je le dis avec... je ne peux pas le dire
avec plus de conviction. C'est vrai que je hausse le ton des fois, quand je me
sens encore plus convaincu,
excusez-moi — le
leader adjoint me regarde avec un déplaisir de me comporter ainsi — mais je crois fondamentalement qu'il fallait
rappeler à la présidence quels étaient les cadres législatifs qui gouvernaient tout le monde.
Je crois qu'en matière d'outrage c'est
toujours ainsi qu'il faut le faire. Et d'ailleurs, M. le Président, c'est bien
ce que vous nous avez rappelé jeudi dernier : lorsqu'il y a une
accusation d'outrage, il faut se demander si, par ailleurs, d'autres dispositions législatives permettaient de poser
les gestes. Je vous remercie, d'ailleurs, de cette décision de jeudi dernier,
elle était fort éclairante. Merci, M. le Président.
• (12 h 30) •
Le
Président : Est-ce qu'il y a d'autres personnes qui veulent
commenter ou qui veulent plaider sur la question?
Une voix :
...
Documents déposés
Le Président :
Alors là, c'est le temps de déposer.
Alors,
j'ai quelques mots, quand même, pour d'abord vous dire... vous remercier
d'avoir plaidé sur cette question-là. Lorsque,
avec raison, vous avez déposé votre demande de cette question de privilège, il
fallait puis il faut toujours prendre la peine de plaider, de plaider le
fond, ce qu'on a déjà fait.
Notre
collègue de Granby me citait, là, en 2013, sur le dossier des commissions
scolaires du Centre-du-Québec, concernant
l'application... je pense, c'était de la maternelle, la mise en place de
maternelles quatre ans, mais, prématurément, avant l'adoption de la loi.
Bien, je n'ai pas vu personne plaider sur cette question-là parce
qu'effectivement il y avait probablement...
Et j'estime que j'avais raison quand j'ai tiré comme conclusion
qu'effectivement il y avait une démonstration, à mon sens, d'avoir
effectivement commis un outrage à notre Parlement.
Je
pense qu'il est raisonnable de constater, toujours, que l'on ne doit pas
appliquer une loi avant qu'elle soit adoptée, pour toutes les raisons qu'on connaît : elle peut être amendée,
elle peut être retirée, tout peut arriver. Mais on ne doit jamais faire
en sorte d'appliquer ou de commencer l'application d'une loi avant qu'elle soit
adoptée.
On
le voit même au Parlement fédéral. Je ne sais pas si vous avez vu des annonces
du gouvernement fédéral en matière de
taxation. Si vous regardez le hockey, il y a des annonces du gouvernement
fédéral qui annoncent de nouvelles formes de taxation, dans lesquelles
c'est marqué, en dessous de chacune de ces annonces-là : En effet, ces
annonces prendront effet à la condition que
la loi soit adoptée. Donc, il y a une attitude raisonnable, que l'on retrouve
dans toutes les législatures, à l'égard de l'importance de ne pas
appliquer une loi avant qu'elle soit adoptée.
Ceci étant dit, ça
demeure évidemment une question importante, celle d'une question de privilège,
et il faut prendre le temps de démontrer si,
oui ou non, il y a un privilège. Dans ce sens-là, oui, je l'ai dit la semaine dernière,
on ne peut pas tout simplement dire
oui ou non, il n'y en a pas. Si on pense qu'il n'y en a pas, il faut le
démontrer, et c'est ce que vous avez fait aujourd'hui. Je vous en
remercie, M. le leader du gouvernement. Vous avez plaidé. Vous avez plaidé
beaucoup, mais j'ai écouté de longs moments, une partie de votre plaidoyer.
Je
dois vous dire qu'au départ la jurisprudence n'est pas changée, mais le
président doit rechercher les dispositions législatives, et ce n'est pas toujours simple, lorsqu'on soulève une
question comme celle qui a été soulevée par Mme la députée, Mme la leader de l'opposition, ce
n'est pas toujours simple, il faut avoir les moyens de le faire. Quand vous
m'avez soulevé je ne sais pas combien
de... Heureusement, on a les documents maintenant qui vont nous permettre de
pouvoir élaborer un jugement. Des
documents, entre autres, qui relèvent des règles budgétaires du ministère, je
n'ai pas accès à ça. Et j'ai accès à
d'autres moyens, d'autres choses, évidemment, mais il me fait plaisir de les
avoir. En même temps, ça nous permet de pouvoir avoir un meilleur
jugement à la fin, quand on viendra tirer des conclusions. Et il est certain
que le président a toujours un intérêt à
être éclairé. Et, si on le faisait tout le temps, dans toutes ces causes-là,
probablement qu'on aurait des jugements encore plus sérieux et plus
raffinés.
Je prétends aussi en
obiter, je vous annonce en obiter que la question que vous avez soulevée eu
égard à la considération... quel devrait
être le rôle du président ou de la présidence et des leaders en ce qui concerne
l'organisation de ces dossiers-là, je vous écrirai quelques mots sur
cette question-là.
Et, pour terminer de mon côté, eh bien, vous
avez soulevé aussi la possibilité de modifier le règlement ou si éventuellement on devrait avoir à modifier le
règlement. Eh bien, on a un comité qui, depuis un an, devrait se pencher
sur ces questions-là, et, cette question-là,
je suis prêt à l'inclure dans les dossiers que nous étudions, mais, j'ajoute,
il faudrait qu'on se rencontre, il
faudrait qu'on se rencontre. Et j'ai déjà une liste assez importante de
dossiers avec lesquels j'aimerais vous
rencontrer. Et je sais comment vous êtes tous occupés, mais, si on veut
accélérer le processus, eh bien, il va falloir, en fait, effectivement que nous nous rencontrions, que nous prenions le
temps de nous rencontrer, et nous pourrons éplucher toutes ces
questions-là. Et voilà ce que j'avais à vous dire pour cette intervention.
Ajournement
Ceci étant
dit, je vais... avant de lever la séance, puisque nous sommes à la période de
l'étude des crédits budgétaires et
que, conformément aux dispositions de l'article 282 du règlement,
l'Assemblée ne procède qu'aux affaires courantes, je lève la séance, et les travaux de l'Assemblée sont
ajournés à demain, jeudi 23 avril 2015, à 9 h 45. Et, sur ce,
bon appétit et bon après-midi.
(Fin de la séance à 12 h 36)