(Treize
heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Bon mardi à tous. Vous pouvez vous asseoir, s'il vous
plaît.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous allons
entreprendre la rubrique des déclarations des députés, et je vais débuter avec Mme
la députée de Bellechasse. La parole est à vous.
Souligner le succès de l'entreprise du jeune
Louis Bilodeau, éleveur d'agneau
Mme Stéphanie Lachance
Mme
Lachance : Merci, M. le Président. Le modèle d'affaires développé par
Louis Bilodeau, de Saint-Michel-de-Bellechasse,
mérite d'être souligné. Lorsqu'il était à peine âgé de 12 ans, Louis avait
amassé assez d'argent en vendant du
maïs sucré sur la ferme familiale pour s'acheter un troupeau de moutons. Aujourd'hui âgé de 14 ans, il peut être
fier d'approvisionner le Restaurant Joe Beef à Montréal. Le copropriétaire du
restaurant, Frédéric Morin, soucieux de l'éthique, a pu être persuadé
que les animaux de Louis ont été élevés dans le respect et ont mené une bonne
vie.
J'aimerais saisir
cette occasion pour féliciter Louis et sa famille, les parents de Louis,
Brigitte Fournier et Robert Bilodeau, ainsi
que leur entourage pour avoir su soutenir et encourager ce jeune dans la
réalisation de son projet et lui insuffler la fibre entrepreneuriale.
Voilà vraiment une famille inspirante. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme
la députée de Bourassa-Sauvé.
Féliciter la Société d'histoire et de généalogie de
Montréal-Nord et les Artistes en
arts visuels du nord de Montréal, lauréats du Prix d'histoire du gouverneur
général pour l'excellence des programmes communautaires
Mme Paule Robitaille
Mme
Robitaille : Merci, M. le Président. C'est avec grande fierté que je
félicite la Société d'histoire et de généalogie
de Montréal-Nord et les Artistes en Arts visuels du nord de Montréal,
qui sont lauréats du Prix d'histoire du Gouverneur général du Canada
pour l'excellence des programmes communautaires
2018 pour leur projet Mon Vélo raconte. Ce projet, réalisé pour le 375e anniversaire de Montréal, a su
faire briller Montréal-Nord de tous ses feux en mettant de l'avant son histoire et son art par le défilé de
375 vélos allégoriques, fabriqués et animés par sa collectivité, dans la
ville.
Félicitations
à M. Jean-Paul Guiard, président de la SHGMN, et à M. Sergio
Guttiérez, fondateur de l'AAVNM, aux bénévoles ainsi qu'aux différents
partenaires qui ont fait de ce projet un succès! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la parole
à M. le député Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage à M. Michel Legault pour son
engagement bénévole et communautaire
M. Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, le cofondateur et principal
dirigeant de l'Opération Nez rouge dans Nicolet-Bécancour, M. Michel Legault, décidait, en début d'année, de
passer le flambeau à d'autres après avoir assumé lui-même pendant 25 ans l'entière responsabilité de cette
activité fort importante dans notre région. Je veux saluer le travail et
l'implication de cet enseignant du
collège Notre-Dame-de-l'Assomption, qui a également occupé le poste de
directeur du Service de sécurité incendie de Nicolet.
Homme
d'action très engagé dans son milieu, M. Michel Legault s'est aussi
investi dans des causes de scouts de la région. Je souligne qu'il a également occupé le poste de trésorier de la
Coopérative d'habitation Le Marquis, à Nicolet, et qu'il trouve aussi le
temps d'être le bras droit du député fédéral Louis Plamondon.
Je
salue donc la contribution de M. Michel Legault et je le remercie au
nom de mes concitoyens et concitoyennes pour sa générosité et son
engagement envers sa communauté. Bravo, Michel!
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède la parole à Mme la députée
de Verdun.
Souligner
le 25e anniversaire de l'émission de télévision La petite vie
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Merci, M. le
Président. J'aimerais aujourd'hui souligner les 25 ans de la série
télévisuelle La petite vie, qui a diffusé son premier épisode le
16 octobre 1993.
Celle-ci est vite devenue un des plus grands
phénomènes de la télévision québécoise. Lors de la diffusion des 59 épisodes, qui se sont déroulés entre 1993
et 1998, c'est en moyenne plus de 3 millions de téléspectateurs qui se
donnaient rendez-vous à chaque semaine.
Je vous invite à visiter l'exposition
interactive présentée au musée Pointe-à-Callière à partir du 5 décembre
prochain, et ce, jusqu'au 7 avril 2019. Vous aurez ainsi l'occasion de
replonger dans cet univers ludique et satirique.
Merci au créateur, Claude Meunier, aux acteurs,
aux actrices de la série de nous avoir fait vivre de si merveilleux fous
rires en famille. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Nous poursuivons avec Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner l'engagement
bénévole de M. Jacques Raymond,
propriétaire de la Pâtisserie La Demi-Calorie
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : M. le Président, savez-vous que la circonscription de Saint-Hyacinthe détient le record
canadien de la plus longue bûche de Noël?
M. Jacques
Raymond, propriétaire de la Pâtisserie La Demi-Calorie, a décidé de contribuer
de façon créative auprès de notre communauté en produisant une bûche de
Noël dont les fonds recueillis sont versés au Centre de pédiatrie sociale Grand Galop de Saint-Hyacinthe. Cette
pâtisserie de 70 mètres sera servie lors de l'événement Magie de Noël ce samedi 8 décembre. D'ailleurs, j'y serai
avec mon équipe pour servir les citoyens. J'invite tous les citoyens à venir
déguster cette succulente création, qui
nécessite pas moins de 253 litres de crème, 1 185 oeufs et
75 kilos de chocolat belge.
Alors, aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à M. Jacques Raymond et tous les
partenaires qui s'associent à ce projet de bienfaisance. Félicitations à
tous! Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Laviolette—Saint-Maurice.
Rendre hommage à
Mme Sylvie Gervais, directrice générale
du Centre d'action bénévole de Grand-Mère
Mme Marie-Louise Tardif
Mme
Tardif : Merci, M. le Président. Depuis 22 ans, c'est avec conviction et passion que
Mme Sylvie Gervais dirige le Centre d'action bénévole de
Grand-Mère, où 324 bénévoles oeuvrent dans 13 services différents
auprès de personnes en perte d'autonomie et en situation de pauvreté des
secteurs Grand-Mère, Saint-Georges, Lac-à-la-Tortue et Saint-Jean-des-Piles de la ville de Shawinigan. Elle a elle-même
débuté comme bénévole à la popote volante et à la présidence du conseil
d'administration, période durant laquelle elle a fondé avec sa mère L'Atelier
des Farfadets. Depuis 1995, L'Atelier des
Farfadets est un service de récupération et de réparation de jouets et de
vêtements chauds où les bénévoles travaillent durant toute l'année afin
de pouvoir offrir des cadeaux de Noël aux enfants de zéro à 12 ans.
Depuis des
décennies, elle travaille à réduire l'iniquité sociale et à aider les autres.
Grâce à ses implications, ce sont des milliers de personnes qui ont reçu
de l'aide. Bravo! Et merci d'embellir le monde.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Soulanges.
Souligner la Journée
internationale des personnes handicapées
Mme Marilyne
Picard
Mme
Picard : Merci, M. le Président. Hier, le 3 décembre, était la
Journée internationale des personnes handicapées. Comme vous le savez, M. le Président, cette
journée est très spéciale pour moi, puisque j'ai à la maison une petite fille
de six ans lourdement handicapée. Je connais certaines réalités que 9,5 %
de la population vivent.
Cette journée
reconnaît l'effort que certaines personnes déploient jour après jour pour leur
bien-être. Elle sensibilise la
population à la réalité que vivent les personnes ayant des limitations
fonctionnelles. Elle démontre l'importance d'inclure toutes les personnes à notre société, de ne
laisser personne derrière. Cette année, l'ONU a retenu le thème Autonomiser
les personnes handicapées et assurer la participation et l'égalité.
Je tiens à féliciter les organismes qui
desservent mon comté, Soulanges : le Répit Le Zéphyr, Parrainage civique, Moulin de la source, Autisme Montérégie,
PEHDDAA, Jonathan de Soulanges, Croissant 21, Transport Soleil, Nova.
En
terminant, M. le Président, je désire réaffirmer un principe de base :
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec M. le député de Laurier-Dorion.
Dénoncer le meurtre de
M. Camilo Catrillanca, paysan mapuche,
par des forces policières au Chili
M. Andrés Fontecilla
M.
Fontecilla : Merci, M. le Président. Pour ma première déclaration, je voudrais
soulever une dénonciation d'une atteinte grave aux droits de la personne
qui est arrivée au Chili, mon pays d'origine.
Le
14 novembre dernier, lors d'une opération d'une escouade militarisée de la
police chilienne ayant eu lieu dans la localité de Temucuicui, située au sud du
Chili, un paysan, Camilo Catrillanca, 24 ans, a été froidement abattu par
une balle derrière la tête, une balle tirée
par un policier. Ce paysan était désarmé, n'était aucunement
impliqué dans un quelconque acte
criminel. Cette bavure découle de la militarisation d'un conflit avec le peuple
mapuche, qui luttent depuis des décennies pour l'obtention de leurs
droits ancestraux sur leurs terres traditionnelles.
Je voudrais
exiger que le gouvernement chilien fournisse des garanties de réparation et
de non-répétition d'un tel crime aux
victimes et à leurs familles, que le gouvernement chilien s'engage à mettre un terme à ce type de
raids policiers massifs sur les
communautés mapuches, car ils violent leurs droits fondamentaux et sont
responsables de la persécution et de la criminalisation des peuples
autochtones. Merci.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le député de Borduas.
Souligner la carrière
et l'engagement bénévole et
communautaire de M. Jacques Rémy
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Je veux aujourd'hui souligner la carrière de M. Jacques Rémy, présent
aujourd'hui dans les tribunes avec nous, qui prend sa retraite après une
quarantaine d'années passées au sein du Mouvement Desjardins, dont plus de
20 ans comme directeur général de la caisse de Beloeil—Mont-Saint-Hilaire. Mais, plus encore, ce sur quoi je veux mettre l'emphase
aujourd'hui, c'est l'engagement de M. Rémy auprès de sa communauté.
Jacques Rémy
a su incarner des valeurs comme la coopération et l'implication en prenant part
personnellement à une foule de
projets porteurs pour La Vallée-du-Richelieu, des projets économiques,
communautaires ou sociaux. Il y a quelques
jours, il s'est aussi vu décerner le prix du Mérite exceptionnel lors du Gala
Excellence agricole Montérégie-Est, un autre domaine pour lequel ce
natif de Saint-Marc-sur-Richelieu a su démontrer son soutien.
Pour finir,
M. le Président, je veux remercier Jacques Rémy pour l'exemple qu'il a donné et
pour le legs qu'il laisse à notre communauté. C'est la tête bien haute
qu'il peut maintenant offrir plus de temps à Marielle, à ses filles et à ses petits-enfants. Bravo et un sincère merci,
Jacques, au nom de toute la communauté de La Vallée-du-Richelieu, pour ton
implication au cours des dernières années! Bonne retraite!
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Granby, pour la dernière déclaration.
Souligner le
75e anniversaire de L'Association
de la colonie de vacances de Granby
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, j'ai l'immense plaisir de souligner le
75e anniversaire de L'Association de la colonie de vacances de
Granby.
Il faut
remonter à 1943 pour assister aux premiers pas d'un organisme important dans la
région. Et, au fil des années, ils
ont permis à des milliers d'enfants provenant d'un milieu défavorisé ou malades
de passer du temps dans un camp de vacances.
Grâce aux généreux donateurs, qui contribuent à l'association année après
année, des jeunes peuvent mettre un peu de couleur et de bonheur dans
leur été. Cette année encore, c'est près de 200 enfants qui ont pu en
bénéficier.
Il n'est pas toujours évident pour les parents
de pouvoir payer à leurs jeunes différentes activités pour leur permettre de
profiter pleinement de leur jeunesse. C'est d'autant plus vrai lorsque les
familles disposent de peu de moyens ou
encore doivent subvenir aux nombreux besoins essentiels de leur enfant
souffrant d'un trouble de santé. C'est pour cela que ce genre de contribution à
notre région est essentiel pour les générations futures. Et je profite donc
de ce moment pour souligner le travail de
Jennifer Ross, présidente, ainsi que de l'ensemble des donateurs et bénévoles
qui fait de L'Association de la
colonie de vacances de Granby un organisme qui aide nos jeunes en difficulté.
Merci pour tout et bon 75e anniversaire! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux
pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 13 h 52)
(Reprise à 14 h 1)
Le Président : Mmes et MM.
les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles
ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le premier
ministre.
Rapport annuel du ministère du Conseil exécutif
M. Legault :
Oui, M. le Président. J'ai le plaisir de déposer le rapport annuel de
gestion 2017-2018 du ministère du Conseil exécutif. Merci, M. le
Président.
Le Président : Ce document
est déposé.
Des voix : ...
Le
Président : Tout va
bien? Mme la ministre de la Sécurité
publique et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale.
Rapports annuels du Bureau du coroner, du ministère de la
Sécurité publique, de
la Sûreté du Québec, du Bureau des enquêtes indépendantes, du Commissaire
à la déontologie policière et de la Commission de la capitale nationale
Mme Guilbault :
M. le Président, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2017-2018 du Bureau du coroner, du ministère de la Sécurité
publique, de la Sûreté du Québec, du Bureau des enquêtes indépendantes, de
la Commissaire à la déontologie policière et de la Commission de la capitale
nationale. Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents
sont maintenant déposés. M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur.
Rapports annuels de la Commission d'évaluation de
l'enseignement
collégial et de la Commission consultative de l'enseignement privé
M. Roberge : M. le Président,
permettez-moi de déposer les rapports annuels de gestion 2017-2018 de la Commission d'évaluation de l'enseignement
collégial, de la Commission consultative de l'enseignement privé ainsi que le rapport annuel 2017-2018
de la Commission consultative de l'enseignement privé.
Le
Président : Merci.
Ces documents sont maintenant
déposés. Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapports annuels et rapports sur l'application de la
procédure d'examen des
plaintes de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, du CRSSS—Baie-James
et
de certains CISSS, et rapports annuels du CHUM, de l'Institut national
d'excellence en santé et en services sociaux, d'Héma-Québec,
du CISSS—Montérégie-Centre
et de certains CIUSSS
Mme McCann : M. le
Président, permettez-moi de déposer
les rapports annuels de gestion 2017-2018 des centres de
santé et de services sociaux
suivants : Montérégie-Centre, Montérégie-Ouest, des Îles, Outaouais,
Lanaudière, Laurentides; les rapports annuels 2017-2018 sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et l'amélioration de la qualité des services
des centres intégrés de santé et de services sociaux suivants : des Îles,
Montérégie-Ouest, Outaouais, Laurentides, Lanaudière; les rapports annuels de gestion 2017-2018 des
centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux suivants : Capitale-Nationale, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Ouest-de-l'Île-de-Montréal; le
rapport annuel de gestion 2017-2018
du Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie-James, le rapport
annuel 2017-2018 sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes et l'amélioration de la qualité des services du Centre régional de
santé et de services sociaux de la
Baie-James; les rapports annuels de gestion 2017-2018 du Centre
hospitalier de l'Université de Montréal,
de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal et de l'Institut national d'excellence
en santé et en services sociaux; le rapport annuel 2017-2018 d'Héma-Québec; et
le rapport annuel 2017-2018 du commissaire aux plaintes et à la qualité
des services de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents
sont également déposés. M. le ministre de l'Économie et de l'Innovation.
Rapport annuel du ministère de l'Économie et de
l'Innovation
M. Fitzgibbon : M. le Président,
je dépose le rapport de gestion 2017-2018 du ministère de l'Économie et de
l'Innovation. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel sur les sondages effectués dans le cadre du
plan triennal
des sondages 2015-2018 de Revenu Québec et avis de la CAI
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport annuel 2017-2018
sur les sondages effectués dans le cadre du plan triennal des
sondages 2015-2018 de Revenu Québec.
Comptes publics 2017-2018
J'ai également le plaisir de déposer les comptes
publics pour l'année 2017-2018.
Le
Président : Merci. Ces documents sont déposés. M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil
du trésor.
Rapports annuels du Secrétariat du Conseil du trésor, du
Centre de
services partagés, de la Société québécoise des infrastructures et
rapport sur l'application de la Loi sur l'administration publique
M. Dubé :
M. le Président, il me fait plaisir de déposer les rapports annuels de
gestion 2017-2018, premièrement, du
Secrétariat du Conseil du trésor et du Centre de services partagés du Québec
et, par la suite, le rapport 2017-2018 sur l'application de la Loi sur l'administration publique et le rapport
annuel 2017-2018 de la Société québécoise des infrastructures.
Merci, M. le Président.
Le
Président : Merci. Ces documents sont également déposés. M. le
ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion.
Plan d'immigration du Québec pour l'année 2019
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, j'ai le plaisir de déposer le plan d'immigration du Québec pour
l'année 2019 du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion. Merci, M. le Président.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Transports.
Rapports annuels du ministère des Transports
et de la Société des traversiers
M.
Bonnardel :
M. le Président, permettez-moi de déposer les rapports annuels de
gestion 2017-2018 du ministère des Transports et de la Société des
traversiers du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président : Ces documents sont déposés. Mme la ministre de la
Justice, ministre responsable des Relations canadiennes et de la
Francophonie canadienne et ministre responsable de la Condition féminine.
Rapports annuels du Registre des lobbyistes, de l'Office
des professions, de la Société
québécoise d'information juridique, de la Direction de l'indemnisation des
victimes
d'actes criminels, du Fonds d'aide aux actions collectives, du Centre de la
francophonie des Amériques, du Conseil du statut de la femme et rapports
annuels 2016-2017 et 2017-2018 du Conseil de la justice administrative
Mme LeBel : Alors, M. le Président,
j'ai le plaisir de déposer plusieurs rapports.
Alors,
permettez-moi d'abord de déposer les rapports annuels de gestion 2017-2018
du Registre des lobbyistes, de
l'Office des professions du Québec, de la Société québécoise d'information
juridique, du Conseil de la justice administrative,
et le rapport annuel de gestion 2016‑2017 du Conseil de la justice
administrative, également le rapport annuel
d'activité 2017 de la Direction de l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, le rapport annuel 2017-2018 du Fonds d'aide aux actions collectives, le
rapport d'activité 2017-2018 du Centre de la francophonie des Amériques
ainsi que le rapport annuel de gestion 2017-2018 du Conseil du
statut de la femme. Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci. Ces documents sont déposés. Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie.
Rapport annuel du ministère
des Relations internationales et de la Francophonie
Mme
Girault : M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport annuel
de gestion 2017-2018 du ministère des Relations internationales et
de la Francophonie. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Rapport annuel de la Société
d'habitation du Québec
Mme
Laforest : M. le Président, conformément à l'article 24 de la Loi
sur la Société d'habitation du Québec, permettez-moi
de déposer le rapport annuel de gestion 2017-2018 de la Société
d'habitation du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci. Ce document est également déposé.
Lettre de démission de M. Richard
Janda à titre de membre de la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
Pour
ma part, je dépose une lettre que m'a adressée M. Richard Janda
m'informant de sa démission en tant que membre de la Commission des
droits de la personne et des droits de la jeunesse à compter du
26 septembre 2018.
Liste des députés désignés membres
et membres suppléants du
Bureau de l'Assemblée nationale et lettres de désignation
Conformément
à l'article 91 de la Loi sur l'Assemblée nationale, je soumets à
l'Assemblée la liste des députés qui sont désignés pour agir à titre de membres
et de membres suppléants du Bureau de l'Assemblée nationale.
Les
députés de la Coalition avenir Québec ont désigné comme membres M. Mario
Laframboise, député de Blainville;
M. Éric Lefebvre, député d'Arthabaska et whip en chef du gouvernement; Mme
Lise Lavallée, députée de Repentigny; Mme Stéphanie Lachance, députée de
Bellechasse; M. Donald Martel, député de Nicolet-Bécancour; et, comme membres suppléants, Mme Lucie Lecours,
députée de Les Plaines; M. Jean-François Simard, député de Montmorency; Mme
Geneviève Hébert, députée de Saint-François; M. Gilles Bélanger, député
d'Orford; M. Mathieu Lévesque, député de Chapleau.
Les
députés du Parti libéral du Québec ont désigné comme membres M. Gaétan
Barrette, député de La Pinière; Mme
Francine Charbonneau, députée de Mille-Îles; Mme Marwah Rizqy, députée de
Saint-Laurent; et, comme membres suppléants, Mme Paule Robitaille,
députée de Bourassa-Sauvé; M. Enrico Ciccone, député de Marquette; Mme Nicole
Ménard, députée de Laporte et whip en chef de l'opposition officielle.
Les
députés du Parti québécois ont désigné comme membre M. Harold LeBel,
député de Rimouski, et, comme membre suppléant, Mme Véronique Hivon,
députée de Joliette.
Je
dépose donc cette liste ainsi que les lettres de désignation signées par le
premier ministre, le chef de l'opposition officielle et le chef du
deuxième groupe d'opposition.
Je cède maintenant la
parole à M. le premier vice-président de l'Assemblée.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le Président. Je propose que
cette liste des membres et des membres suppléants du Bureau de
l'Assemblée nationale soit adoptée.
• (14 h 10) •
Le Président :
Vous m'excuserez, M. le premier vice-président, je reconnais le leader du
troisième groupe d'opposition.
M.
Nadeau-Dubois : On vous a fait parvenir les lettres de nomination pour
le troisième groupe d'opposition. Est-ce
qu'il y a eu erreur de notre part ou de la vôtre? Parce qu'on a désigné, nous
également, un député pour siéger au Bureau de l'Assemblée nationale.
Le
Président : Je comprends que vous aurez un membre, M. le leader
de l'opposition du troisième groupe officiel, lorsque la loi sera
modifiée, cependant.
Alors, M. le premier
vice-président, reprenez votre lecture, et on adoptera par la suite.
Motion proposant d'adopter la
liste
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le Président, je propose que cette
liste des membres et des membres suppléants du Bureau de l'Assemblée
nationale soit adoptée.
Mise
aux voix
Le Président :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Dépôt de rapports de
commissions
Composition des commissions
parlementaires et
adoption de la liste des présidents de séance
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, je dépose le rapport de la
Commission de l'Assemblée nationale qui
a siégé le 30 novembre 2018 afin de procéder à la formation des
commissions parlementaires et à l'adoption de la liste des présidents de
séance, en application des articles 127 et 139 du règlement de l'Assemblée
nationale.
Je cède maintenant la
parole à M. le premier vice-président de l'Assemblée.
Mise aux voix du rapport
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. M. le Président, je propose que le
rapport de la Commission de l'Assemblée nationale soit adopté.
Le Président :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Décision de la présidence sur la demande de directive
soulevée le 30 novembre 2018
concernant l'intervention du premier vice-président de l'Assemblée lors
du débat sur le discours d'ouverture à la séance du 29 novembre 2018
Je suis maintenant
prêt à rendre ma directive relativement à la question soulevée par le leader de
l'opposition officielle le
30 novembre 2018. Je
rappelle que, dans son intervention, il alléguait que, le 29 novembre 2018,
le premier vice-président aurait fait une intervention de
nature partisane à partir du fauteuil de la présidence, alors qu'il présidait
les travaux dans le cadre du débat sur le discours d'ouverture. Selon le leader
de l'opposition officielle, une telle intervention n'aurait pas dû être
faite du fauteuil de la présidence. Elle aurait plutôt dû l'être du siège
qu'occupe le premier vice-président sur le
parquet de la Chambre et être imputée sur l'enveloppe de temps du gouvernement.
Sur ce dernier aspect, il a
d'ailleurs été convenu, de consentement, que le temps utilisé par le
vice-président serait effectivement comptabilisé dans l'enveloppe de
temps attribuée au gouvernement, ce qui règle cet aspect de la question.
Ceci
dit, je souhaite remercier le leader de l'opposition officielle qui, en ce
début de législature, a choisi de faire sa question de directive sur un
ton très posé. Je le souligne. Je note également que chacun des leaders des
groupes parlementaires d'opposition, lors de
sa prise de parole sur cette question de directive, a réitéré sa confiance
envers le premier vice-président et je les en remercie.
J'en
viens maintenant au fond de la question. En 2001, le président Charbonneau,
après avoir réuni les vice-présidents de
l'époque, a établi les lignes directrices quant à la conduite des vice-présidents
afin que ceux-ci évitent de se placer dans des situations où leur impartialité pourrait être mise en cause. À cette
occasion, il a rappelé que les règles applicables pour les
vice-présidents sont moins rigides que celles qui s'appliquent au président lui-même.
Ainsi, il leur est permis de participer aux débats, de présenter des motions et
de voter. Il leur est également permis de prendre part aux activités politiques
de leur parti à l'extérieur de l'Assemblée et de prendre part à leur caucus respectif. Mais,
et là c'est l'aspect le plus important, ils doivent toujours faire
preuve de réserve et adopter un comportement de nature à préserver la nécessaire confiance que les parlementaires ont
placée en eux lors de leur élection. À cette occasion, le président Charbonneau
a rappelé un principe fondamental concernant la conduite des vice-présidents,
et je le cite :
«...ils doivent
garder à l'esprit qu'ils ont une nécessaire crédibilité à conserver pour
présider les débats de l'Assemblée. Aussi
doivent-ils faire preuve de sensibilité politique avant d'intervenir ou de
voter sur une question. C'est la raison pour laquelle ils votent presque
uniquement s'il y a unanimité sur une question.» Fin de la citation.
Ces
lignes directrices ont été suivies par les membres de la présidence depuis, et
j'estime qu'elles conservent encore aujourd'hui toute leur pertinence.
Cela dit,
dans le cadre des travaux parlementaires, il est d'usage de laisser une
certaine latitude aux vice-présidents pour
faire de brefs commentaires à partir du fauteuil de la présidence. Toutefois,
et là j'en conviens, cette latitude ne doit pas être vue comme une occasion de faire un
discours à partir du fauteuil. Un vice-président qui souhaite prendre part à un
débat à l'Assemblée devrait le faire de sa place à lui, dans le cadre
des règles générales applicables au débat en cours, et ce, en prenant
bien soin de le faire de manière à préserver son impartialité et sa neutralité.
Lors
de son intervention du 29 novembre, le premier vice-président aurait dû se limiter à remercier ses électeurs, comme il est tradition
de le faire. Cette précision faite, je prends bonne note de la décision du
premier vice-président, qui, lors
des remarques sur la question de directive du leader de l'opposition officielle, a pris la parole et nous a informés de son
intention de ne pas prendre part au caucus de son groupe parlementaire, et ce,
malgré qu'il n'ait aucune obligation de s'astreindre
à une règle aussi stricte. Cette décision me semble témoigner de son intention
sincère de maintenir une certaine distance par rapport à sa formation
politique.
En terminant, j'ajoute que, depuis 2012, le président de l'Assemblée nationale prête serment afin de marquer de manière tangible l'importance et l'aspect central
de cette fonction pour l'institution et la défense des droits de tous les
parlementaires. Je souhaite que, tout comme le président, les vice-présidents soient des ambassadeurs de ces principes et les transposent dans leurs gestes et leurs
paroles, autant à l'Assemblée qu'à
l'extérieur. Je vous remercie de votre attention.
Je
suis maintenant prêt à débuter la période des questions et réponses orales, et
je cède la parole au leader officiel de l'opposition.
M. Proulx :
Oui, M. le Président, je veux vous remercier pour la décision et je veux
réitérer au collègue premier vice-président, M. le Président, qu'il a
toute la confiance de l'opposition officielle. Je voulais faire le point pour
les allocutions faites sur le trône, ça a été fait, je vous en remercie.
Le Président :
Merci, M. le leader de l'opposition.
Questions et réponses orales
Je cède maintenant la
parole au chef de l'opposition officielle pour le début de cette période de
questions.
Mesures pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
Merci, M. le Président. Le premier ministre avait reconnu dans son discours
d'ouverture que nous faisons face, au
Québec, au défi de la main-d'oeuvre. Pour lui, la solution, c'est d'offrir des
emplois à 25 $, 30 $, 45 $ l'heure, mais hier, lors de la
mise à jour économique, rien de concret sur comment il entend y arriver.
Cette
année, M. le Président, nous avons eu une hausse de 40 % des postes à
combler, 40 %, M. le Président. Dans l'ensemble des régions du Québec, les entreprises cherchent des
travailleurs. La Protectrice du citoyen a soulevé la semaine dernière le problème criant du manque de personnel
dans les CHSLD, pas à cause des budgets, parce qu'il manque de personnel. La preuve que le premier ministre
minimise l'ampleur de la situation, c'est qu'à cela il veut ajouter
5 000 classes de maternelle
quatre ans, cinq heures de présence de plus par semaine dans nos écoles,
30 nouvelles maisons des aînés. M. le Président, ça va prendre
beaucoup de monde pour combler tous ces postes-là.
Ma question au
premier ministre : Où va-t-il recruter ses travailleurs, M. le Président? En
Ontario?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président. D'abord, quand le chef de l'opposition officielle dit
qu'il n'y avait pas de mesure économique
hier dans la mise à jour, je pense
qu'il n'a peut-être pas lu ou mal lu une section importante
qui représente à peu près la moitié de la valeur des mesures qui sont
annoncées. On a annoncé des mesures pour accélérer l'amortissement, ce
qui est très important pour attirer des investissements dans le secteur
manufacturier. On sait que, dans le secteur manufacturier, les emplois, en
moyenne, sont payés 35 % de plus que la moyenne des salaires.
Maintenant, quand le chef
de l'opposition officielle fait le lien avec l'immigration, il oublie de nous
dire son bulletin, le bulletin des libéraux.
Au cours des dernières années, il y a un immigrant sur cinq qui a quitté le Québec
parce qu'il n'a pas trouvé un emploi intéressant au Québec. Donc, c'est un peu court de penser qu'on va
réussir à régler tous les problèmes
de manque de main-d'oeuvre seulement avec l'immigration. Il va falloir changer nos critères, c'est
ce que le ministre de l'Immigration est en train de faire, pour choisir
les immigrants. Il va falloir aussi avoir une meilleure adéquation entre la
formation et les besoins des entreprises.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
M. le Président, je n'ai pas parlé d'immigration dans ma question et je n'ai
pas parlé non plus d'amortissement dans ma question.
Je pense que le premier ministre ne réalise pas l'urgence de la situation. Il y a deux restaurateurs de Chaudière-Appalaches, Mme Allen et
M. Vigneault, qui ont fermé leur restaurant parce qu'ils ne trouvent pas
personne. Eux travaillaient plus de 100 heures par semaine.
Est-ce qu'ils auraient
dû offrir des emplois à 35 $ l'heure, M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, c'est assez spécial, pour quelqu'un
qui a été au pouvoir pendant 15 ans, se lever aujourd'hui, après quelques semaines du nouveau gouvernement, et accuser le nouveau gouvernement pour les problèmes de main-d'oeuvre dans
certains secteurs.
Notre objectif, au Québec,
oui, ça doit être de créer des emplois à 30 $, 40 $ de l'heure. Les
immigrants et les Québécois qui sont ici actuellement ont besoin
d'emplois à 30 $, 40 $ de l'heure. Il faut en faire beaucoup
plus, du côté du ministre
de l'Éducation, je pense, entre
autres, en formation professionnelle,
en formation technique, pour bien viser ces emplois-là.
• (14 h 20) •
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Mais je n'ai pas entendu le début du commencement d'une solution de la part du
chef.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le
Président, je tiens à rappeler au premier ministre qu'il est le premier ministre, je suis chef
de l'opposition.
Maintenant,
le ministre des Finances du Québec, lui, a... je le remercie pour sa franchise parce
que lui, il a dit que la pénurie de main-d'oeuvre viendra ralentir
l'élan économique du Québec.
Alors qu'est-ce qu'entend faire le premier
ministre à court terme, à très court terme, pour lutter, justement, contre
ces pertes d'emploi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : Quand on regarde la politique du gouvernement qui a été là
jusqu'à il y a quelques semaines, sur 50 000 nouveaux
arrivants, il y en a plus de 10 000 qui quittent le Québec parce qu'ils ne
trouvent pas un emploi intéressant. Chez ceux qui restent, le taux de
chômage est deux fois, trois fois celui de la moyenne au Québec.
Donc,
les solutions, il y en a plusieurs : mieux choisir les nouveaux arrivants
en fonction des besoins des entreprises dans toutes les régions du Québec, mieux arrimer la formation,
convaincre des retraités de revenir au travail. Donc, toutes des
solutions sur lesquelles le gouvernement de la CAQ va travailler...
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
...ce qui n'a pas été fait depuis 15 ans.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, les entreprises, les organisations patronales, les
organisations syndicales, le milieu municipal reconnaissent tous que la
situation, elle est critique, elle est urgente.
Est-ce
que le premier ministre va appuyer l'idée de tenir rapidement un sommet sur la
question de la pénurie de main-d'oeuvre?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, je sais que le Parti libéral est spécialiste des sommets, forums, comités,
tables...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
M. Legault : Je pense que les solutions sont connues. Les solutions sont connues, il
faut mieux choisir les nouveaux arrivants
en fonction des besoins des entreprises, de façon très précise dans chacune des
régions du Québec. J'entendais encore
le maire de Québec dire : Ça ne va pas assez vite. Il y a des entreprises
qui ont identifié du personnel à l'étranger, mais c'est beaucoup trop
long pour les amener au Québec.
Donc, il faut
changer l'approche en immigration, changer l'approche en éducation, changer
l'approche avec les aînés. C'est ce que le gouvernement de la CAQ va
faire.
Le Président : Je reconnais
le député de Robert-Baldwin.
Investissement dans les
services publics
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, en campagne électorale, la CAQ
a fait plein de promesses souvent mal estimées.
Il n'est pas surprenant, donc, que les attentes étaient très élevées. De plus,
l'économie du Québec fonctionne à plein régime, et nous avons laissé les
finances publiques en très bon état, incluant des surplus considérables. Si
nous combinons les attentes élevées et les
surplus considérables, tout le monde s'attendait à voir un bon nombre de
promesses électorales se réaliser. Malheureusement, rien de ça dans la
mise à jour, M. le Président.
Ce qu'on y
trouve, c'est important, un allègement fiscal pour les entreprises, et je vous
félicite, on avait parlé de ça la semaine dernière, mais rien,
absolument rien pour les services, M. le Président.
Alors, M. le ministre, pourquoi laisser de côté
ceux et celles qui reçoivent des services publics?
Le Président : Réponse, M. le
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci, M. le Président. Merci au député de Robert-Baldwin
de me donner l'occasion de parler du point.
Ce que nous
avons fait, c'est ce que nous avions dit. Nous avons amorcé la... Nous avons
commencé à redonner de l'argent aux
contribuables, et ça, c'est très important, 1,7 milliard de dollars. Et
nous avons également investi dans les...
favorisé l'investissement des entreprises, et ça, c'était très important
également pour la compétitivité du Québec et générer des investissements
qui aideront également pour la pénurie de la main-d'oeuvre.
Quant aux
services, nous avons déjà un accroissement des dépenses de 5 % qui est
prévu cette année, et, à date, d'après
ce qu'on voit dans les comptes publics, c'est que le niveau de dépenses
avoisine plutôt 4 %. Alors, mes collègues récemment élus vont établir les priorités, et c'est dans le prochain
budget que nous allons aider au niveau des services. Et nous voulons
tout faire, mais nous avons un plan sur quatre ans, qui est progressif. Et,
oui, nous voulons réinvestir en éducation et en santé, mais ça devra être fait
avec les bonnes priorités, progressivement.
Le Président : M. le député,
première complémentaire, de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Mais, M. le ministre, c'est maintenant,
c'est maintenant qu'il fallait agir. C'est maintenant que nous avons les
moyens. N'oublions pas que...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Leitão : ...tout est possible maintenant parce que nous avons remis la
maison en ordre et nous avons insufflé un nouvel élan économique au
Québec. Vous avez eu une excellente occasion de passer de la parole aux actes.
M. le ministre, pourquoi attendre au budget
quand les ressources sont disponibles maintenant?
Le Président : Je vous
rappelle que vous devez vous adresser à la présidence. M. le ministre des
Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci. Dans les faits, pour l'année 2019-2020, ce que
nous prévoyons, c'est l'équilibre budgétaire. Alors, ce que le député
mentionne, oui, nous avons une marge de manoeuvre actuellement, mais nous
sommes élus pour quatre ans et nous voulons
faire les choses progressivement. Et c'est certain qu'il est prudent... ça fait
partie de la saine gestion des finances publiques
de se garder une marge de manoeuvre pour les prochaines années. Et, soit dit en
passant, pour 2019-2020, l'estimé pour les finances publiques, présentement,
c'est l'équilibre.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Bien, alors, on verra. C'est ça. Tout comme le discours
inaugural, pas un mot, dans la mise à jour, concernant la santé et l'éducation, rien non plus pour les
municipalités, les enjeux sociaux, les agriculteurs, les proches
aidants, le maintien à domicile, et j'en passe.
Alors,
M. le ministre, est-ce que vous pouvez nous dire pourquoi vous avez abandonné
ces secteurs tous aussi importants les uns que les autres?
Le
Président : Je rappelle encore une fois qu'on s'adresse à la
présidence, s'il vous plaît. C'est une règle qu'on connaît bien. M. le
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Gouverner, c'est
prioriser. Nous avons choisi de redonner de l'argent aux contribuables,
c'était notre promesse principale, c'est ce
que nous faisons. Nous aidons à la compétitivité
des entreprises pour créer de la richesse,
et ça, c'est au bénéfice de tous. Et les dépenses en santé et éducation
augmentent déjà de 5 % cette année, il est prévu. Or, nous donnons
le temps aux ministres de prioriser. Santé et services sociaux, c'est
42 milliards; éducation, 23 milliards. On leur donne quelques
semaines pour prioriser. Dans le budget, il y aura des actions concrètes.
Le Président :
Je reconnais la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Orientations
gouvernementales en matière d'immigration
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Alors, lors de la dernière campagne électorale, la CAQ
avait proposé de réduire le nombre
d'immigrants, les faisant passer de 50 000 à 40 000. Basé sur quelle
étude, sur quelle analyse? Ça, on ne l'a jamais su. Et ensuite ils ont décidé...
Quand on leur a parlé de diminution, que ça allait affecter les travailleurs économiques, les réunifications familiales, les
réfugiés, le premier ministre a d'abord été hésitant avant de répondre que c'étaient toutes les catégories de manière proportionnelle.
Basé sur quelle étude, sur quelle analyse? Encore une fois, on ne le sait pas. Et aujourd'hui on nous propose de
diminuer de manière importante la catégorie des travailleurs économiques.
La seule chose qui semble claire du côté de
la CAQ, c'est qu'on utilise un chiffre arbitraire qui est soutenu par une
idéologie.
Alors,
ma question est simple pour le ministre de l'Immigration : Comment peut-il
proposer un tel plan, alors que le Québec nage en pénurie de
main-d'oeuvre?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, je remercie la collègue pour sa question, parce qu'elle est
pertinente, relativement à la pénurie de
main-d'oeuvre. C'est une réalité qu'on a dans nos différentes régions du
Québec, mais, cela étant dit, l'immigration n'est pas la seule façon de
résoudre cette pénurie de main-d'oeuvre là.
Aujourd'hui,
M. le Président, je suis vraiment, extrêmement fier de déposer le plan en
matière d'immigration, qui fixe le
nombre d'immigrants à 40 000 immigrants. Vous savez pourquoi, M. le
Président, je suis fier? Je suis fier parce que nous, à la CAQ, on a fait le choix du succès de l'immigration. On a
fait le choix de décider d'investir pour chaque personne qui fait le choix
courageux de choisir le Québec, de quitter son pays d'origine et d'avoir un
accueil qui est respectueux au Québec. Or,
ce que j'ai constaté au cours des 15 dernières années, c'est que le Parti
libéral n'a pas déployé les ressources pour s'assurer d'une bonne
francisation et d'une bonne intégration.
Et
vous savez, M. le Président, lorsqu'on parle d'immigration, c'est un sujet qui
est profondément humain, humain parce
que les gens quittent leurs pays d'origine et viennent enrichir la société
québécoise. Et, nous, ce qu'on veut faire, M. le Président, c'est déployer les ressources pour que, chaque personne
qui choisit le Québec, son parcours d'intégration soit couronné de succès, et de faire en sorte
aussi qu'il puisse être en emploi, mais pour ça il faut s'assurer de mettre une
adéquation entre la pénurie de
main-d'oeuvre, les besoins du marché du travail et le profil des gens qui
choisissent de venir au Québec.
Mais
il y a une chose qui est sûre, M. le Président, c'est que j'espère que je vais
avoir l'appui du Parti libéral dans cette démarche-là, parce que c'est
trop sérieux pour être négligents comme ils l'ont fait.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Des voix :
...
• (14 h 30) •
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Dominique Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, j'aime beaucoup
entendre parler le ministre de
l'Immigration d'humanité quand
il parle d'immigration, parce qu'il faut comprendre ce que c'est, l'immigration, pour en parler puis savoir à quel point
ça vient chercher les gens, effectivement.
M. le Président, je
reviens de Roberval à l'heure actuelle, et de quoi on nous parle à Roberval?
Des enjeux de pénurie de main-d'oeuvre. Si la candidate de la Coalition
avenir Québec avait daigné se
présenter au débat local aujourd'hui
qui se tenait, elle aussi, elle aurait entendu parler du débat sur les pénuries
de main-d'oeuvre.
Alors,
je réitère ma question, M. le
Président : Comment peut-on
prétendre être pour le développement
économique et humain et, en même temps, vouloir diminuer le nombre de travailleurs
économiques?
Des voix :
...
Le
Président : J'ai
entendu quelques bravos, hein? On ne
passe pas des applaudissements aux bravos, s'il vous plaît! Alors, on
respecte les règles que nous nous sommes données. Réponse au ministre de
l'Immigration.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la pénurie de main-d'oeuvre
était quelque chose de prévisible. C'est curieux, justement, la fin de semaine dernière dans La Presse,
il y avait un article de l'ancien premier ministre Charest qui disait :
«Nous, dès 2004, on avait identifié cette problématique-là.» Bien, qu'est-ce
que le Parti libéral a fait? Absolument rien, comme ils ont fait au cours des
15 dernières années. On se retrouve avec un legs créé par le Parti
libéral.
Ce
qui est important aujourd'hui, M. le Président, c'est de savoir qu'on va
appuyer les municipalités, on va appuyer les entrepreneurs, on va appuyer les différentes régions du Québec pour
les doter d'employés de qualité qui vont s'assurer de pouvoir pleinement
intégrer leur communauté. Et ça, M. le Président, en matière d'immigration,
c'est important, notamment sur le
fait d'arrimer les besoins de la main-d'oeuvre avec les nouveaux arrivants, de
s'assurer qu'il y a une adéquation. Alors, M. le Président, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...développer un parcours personnalisé pour
prendre bien soin des gens qui choisissent le Québec.
Des voix :
...
Le Président : Vous savez, je vous entends assez clairement. Alors,
c'est agréable de bien entendre les questions et de bien entendre les réponses.
S'il vous plaît, ça va bien, c'est le début de la semaine, on est en forme,
alors on continue. Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
Vous savez, M. le Président, le 15 mars 2016, la CAQ avait demandé à notre
gouvernement d'avoir un vote des deux tiers
pour légitimer les seuils, alléguant que le Parti libéral n'avait reçu que
41 % du vote populaire.
Alors, avec
37,45 % du vote populaire, est-ce que le gouvernement de la CAQ fera
preuve de cohérence et soumettra son seuil d'immigration à un vote des deux
tiers?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! On a une réponse à écouter. Merci.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
M. le Président, le 1er octobre dernier, on a eu un mandat très clair de
la population du Québec à l'effet...
Des voix :
...
Le
Président : Non! S'il vous plaît! Une seconde! Je vous
rappelle... On s'entend, il y a des gens qui nous regardent, c'est une
période de questions où on veut entendre des choses, des argumentaires.
Alors...
Une voix :
...
Le
Président : Je comprends, mais baissons un peu le ton, s'il
vous plaît, et soyons attentifs, je vous le demande. Collaboration
totale.
M. Jolin-Barrette : Comme je le disais, M. le Président, le
1er octobre dernier, on a eu mandat très clair de la population du Québec. Et notamment, dans le cadre
de ce mandat-là, on a proposé, en campagne électorale, à visière levée, de dire qu'est-ce qu'on voulait faire avec
l'immigration. Nous, ce qu'on souhaite faire, c'est mieux accueillir, mieux
intégrer, mieux franciser les immigrants. Ça passe notamment...
Des voix :
...
Le Président :
Encore une fois...
M. Jolin-Barrette : ...par le fait d'avoir un parcours personnalisé
pour s'assurer que chaque personne qui choisit le Québec est bien
encadrée, et on la soutient dans ses démarches d'intégration.
Des voix :
...
Le
Président : Bien, écoutez deux secondes. On s'est donné des
règles, on a bien commencé, c'est la deuxième semaine. J'entends, et c'est bruyant, ça me dérange. Ça doit assurément
déranger les gens qui souhaitent aussi suivre la période de questions.
On s'est donné cette façon de faire, respectons-la, s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Pour nous, M. le Président, c'est important
que les gens qui choisissent le Québec puissent occuper
un emploi à la hauteur de leurs compétences, et c'est ce qu'on va faire avec le
système d'immigration en place.
Le Président :
Je reconnais le chef du deuxième groupe d'opposition.
Orientations
gouvernementales en matière de santé et d'éducation
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé : Merci,
M. le Président. Une mise à jour économique d'un gouvernement, c'est l'énoncé de
ses priorités, de ce qu'il considère le plus urgent. On a constaté hier que de
répondre à des besoins urgents et reconnus, pour le premier ministre, ça
peut attendre.
Embaucher
dans nos écoles des psychoéducateurs, des orthopédagogues, ça peut attendre.
Embaucher des infirmières pour les
soins aux malades, ça peut attendre. Embaucher des préposés pour donner un
deuxième bain ou même un premier bain
par semaine à nos aînés en CHSLD, ça peut attendre. Le premier ministre nous
dit d'attendre au budget. Ceux qui
subissent les conséquences, ce sont les élèves, les malades, les aînés, les
professionnels de l'éducation et de la santé.
Comment
le premier ministre peut-il justifier cette occasion manquée, lui qui ne peut
ignorer ces réalités et qui a les moyens d'y répondre maintenant?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, je rappelle au chef de la deuxième opposition que
l'élection a eu lieu le 1er octobre,
que l'année financière commence le 1er avril. Donc, la prochaine année
financière du gouvernement, c'est du 1er avril au 31 mars. Je
pense que tous les partis politiques ont pris leurs engagements à partir du
1er avril 2019. Évidemment, si on veut
avoir un plan détaillé, un plan sérieux en éducation puis en santé, bien, il
faut le préparer dans les semaines actuelles, l'annoncer quelque part au
mois de mars puis que ça commence à s'appliquer le 1er avril 2019. Donc,
on va faire les choses dans l'ordre, on va respecter tous nos engagements.
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef de l'opposition...
du deuxième groupe d'opposition, c'est-à-dire.
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, nous, dans ce débat, on n'a pas l'intention d'être des
figurants. Et je peux vous dire une chose,
les clientèles vulnérables attendent, et on relaie leurs messages. Parmi les
militants caquistes qui avaient été sélectionnés hier et qui applaudissaient le premier ministre, combien avaient une
mère, par exemple, qui attendait un bain, des parents qui attendaient une place en CPE, des enseignantes qui
attendaient qu'on allège leurs tâches? C'est ça, les urgences nationales du
Québec.
Est-ce
que le premier ministre va prendre ses responsabilités et s'assurer que le
deuxième bain précède le troisième lien?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président,
hier, le ministre des Finances a annoncé pour les familles plus d'argent pour
le deuxième et le troisième enfant. Je le
sais que le Parti québécois est contre ça. Nous, on pense, c'est une bonne
idée. Le gouvernement a annoncé aussi plus
d'argent pour les aînés de 70 ans et plus qui ont des faibles revenus.
Nous, on est pour ça. Je sais que le Parti québécois a dit : Nous, il n'y aura aucun montant dans le portefeuille qui
va être donné pendant quatre ans. Moi, je pense, c'est une erreur, ce
que fait le Parti québécois.
Pour ce qui est des bains puis des services, on est en train de travailler très fort, ça va
être fait à partir du 1er avril 2019...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...comme on
s'y est engagés.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : M. le
Président, le premier ministre avait une option. S'il avait aboli la taxe famille, là, c'est plus
d'argent dans la poche de ces familles-là. C'était une occasion manquée qu'il
avait. Il y avait un surplus de 1 650 000 000 $. Une partie de ce surplus aurait pu servir à
embaucher des infirmières, des préposés aux bénéficiaires, des psychoéducateurs,
des orthopédagogues.
Nous, on a
proposé un fonds d'urgence de 10 millions pour embaucher des infirmières
où les besoins sont les plus criants. C'est moins de 1 % du
surplus. On réitère cette proposition pour le premier ministre. On trouve que
c'est une occasion manquée. Les besoins sont importants, et les gens ne vont
pas attendre...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, d'abord, je veux dire au chef de la
deuxième opposition que 500 $ par enfant, s'il fait un petit calcul, c'est beaucoup plus d'argent que
de tout de suite mettre le tarif unique de garde, ce qui va être fait plus tard,
comme on s'y est engagés. Mais actuellement notre 500 $, ça va donner plus
d'argent aux familles.
Deuxièmement,
quand le chef de la deuxième opposition dit qu'il y a un surplus en 2018‑2019,
c'est vrai. Si on regarde 2019‑2020,
il n'y a aucun surplus. Donc, évidemment que l'argent qu'on doit donner, ça
doit être récurrent. Donc, on va faire ça dans l'ordre et on va tenir
tous nos engagements.
Le Président : Principale,
Mme la chef du troisième groupe d'opposition.
Stratégie du gouvernement en matière de lutte aux changements
climatiques
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. En fait, le premier ministre m'a profondément déçue
hier à la mise à jour économique.
Alors que tous les scientifiques sont unanimes sur l'urgence d'agir pour
peut-être, peut-être, réussir à limiter le réchauffement de la planète en dessous du 2 °C, son gouvernement
n'a pas jugé bon de mettre tous les efforts nécessaires pour que le
Québec fasse réellement sa part.
On a vu
certes apparaître un petit 20 millions d'argent neuf, mais
20 millions sur 4 milliards, c'est des pinottes. De plus,
alors que la dette du Québec ne pose aucun problème à tous les acteurs de Wall
Street ou des compagnies de cotation, le gouvernement annonce qu'il devancera
le remboursement de la dette au lieu, encore une fois, d'investir massivement
dans la lutte aux changements climatiques.
Alors, M. le
Président, est-ce que le premier ministre peut expliquer aux jeunes qui
l'écouteront lorsque je ferai circuler
sa réponse sur les réseaux sociaux pourquoi leur avenir à eux l'intéresse moins
puis pourquoi il ne veut pas tout faire pour leur laisser une planète
viable?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, comme la ministre
de l'Environnement l'a expliqué, quand on est arrivés au gouvernement, on a regardé dans les tiroirs du ministère de l'Environnement,
il n'y avait aucun plan pour nous amener à une réduction de 20 % des GES en 2020. Pire, les seuls chiffres
qu'on a, ce sont maintenant les chiffres pour 2016. Ce que ça montre, c'est que, depuis deux ans, donc
depuis 2014, il n'y a eu aucune
réduction des GES. Au contraire, les GES ont augmenté.
Donc, la
ministre de l'Environnement est en train de préparer un plan détaillé pour
réduire les GES, pour mieux utiliser
le Fonds vert. Soyez un peu patients. Le 1er avril 2019, il y aura, dans les
semaines précédentes, un budget qui sera
déposé. Il y aura des mesures pour réduire les GES. On va agir de façon
responsable, mais on va faire ça dans l'ordre.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la chef du troisième groupe d'opposition.
Mme Manon
Massé
Mme Massé :
Moi, M. le premier ministre, j'en suis. Avant de proposer quelque chose qui va
passer au travers le temps, on a
besoin de se donner un plan. Et, vous avez raison, les libéraux ne nous ont pas
laissé un avenir très extraordinaire pour nos jeunes.
Mais, ceci
étant dit, l'état d'urgence... Votre ministre disait que gouverner, c'était de
prioriser. L'état d'urgence dans lequel nous sommes exige de faire des
gestes rapides. Chaque seconde compte. Vous auriez pu prendre l'argent
maintenant.
• (14 h 40) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, on le sait, entre autres, une des mesures très importantes
pour réduire les GES, c'est d'augmenter
l'offre de transport en commun. Le ministre des Transports est là depuis
quelques semaines. On est en train de regarder tous les projets de
transport en commun partout au Québec. On a aussi des projets en
électrification des transports. Malheureusement, on est arrivés, il n'y en
avait pas, de projet, il n'y en avait pas, de plan. Donc, on a été obligés de bâtir un plan, de refaire un peu une feuille
de route pour nous amener vers les résultats pour lesquels on s'est
engagés en réduction de GES. Donc, c'est ce qu'on va faire...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...puis on va le
faire rapidement.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la chef du troisième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
M. le premier ministre, vous n'avez pas hésité un instant à dire que vous allez
rembourser la dette plus rapidement,
et c'est plusieurs milliards de dollars, ça. Alors, cette attitude-là nous fait
dire que, d'une main, vous êtes
capable de dire : On va rembourser plusieurs milliards de dollars très
rapidement, alors que vous n'êtes pas capable de dire que nous allons
investir plusieurs milliards de dollars très rapidement aussi.
Je vous
demande une seule question : Êtes-vous en train de poursuivre le travail
qu'ont fait les libéraux pendant
quatre ans?
Le
Président : Je vous demanderais de vous adresser toujours
à la présidence, s'il
vous plaît. Réponse, M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M.
le Président, la chef du deuxième groupe d'opposition et moi, on a une différence importante d'opinion sur le remboursement
de la dette. Le ministre des Finances a choisi, effectivement, de prendre le
Fonds des générations, de ne pas le laisser à
risque s'il y avait une correction boursière au cours des prochains mois, donc
de rembourser la dette qu'on laisse à
nos enfants. C'est une question d'équité entre les générations. C'est important
aussi, la dette qu'on laisse ou qu'on ne laisse pas à nos enfants. Donc, on va
agir pour réduire les GES, mais on va aussi agir pour réduire la dette
qu'on laisse à nos enfants. C'est une question de pouvoir regarder en face nos
enfants.
Le Président : En terminant.
Question principale, Mme la députée de Fabre.
Stratégie pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Emploi, du Travail et de la Solidarité sociale. J'ai eu, ce matin, l'occasion de le
rencontrer pour lui parler de l'action communautaire. Mais aujourd'hui en cette
Chambre je souhaite revenir sur un autre enjeu, celui de l'emploi et de la
réalité criante de pénurie de main-d'oeuvre, alors qu'il aura fallu attendre le discours
inaugural du premier ministre pour entendre enfin prononcer les mots «pénurie
de travailleurs». La Stratégie nationale de
la main-d'oeuvre, elle est là, toute prête, depuis mai dernier avec ses
47 mesures concrètes pour les
entreprises du Québec, mais pourtant, en novembre, le ministre de l'Emploi a
dit qu'il voulait revoir la stratégie et qu'une annonce serait faite en
temps opportun.
M. le
Président, j'ai une question au ministre de l'Emploi, un mot : Quand?
Quand aura-t-il terminé de réviser la stratégie? Quand aura-t-il des
mesures concrètes pour les entreprises? C'est quand, ça, un temps opportun?
Le Président : M. le ministre
du Travail.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
M. le Président, d'abord, merci à la députée de Fabre de m'offrir l'opportunité
de parler de pénurie ou de rareté de main-d'oeuvre. Comme on l'a maintes fois répété,
depuis 2004‑2005 ce phénomène-là existe au Québec. Le vieillissement de
la population, il est annoncé, il est connu, et on a été inactifs.
M. Yves-Thomas Dorval,
qui est président-directeur général du Conseil du patronat du Québec, disait,
la semaine dernière, avoir eu un
entretien, il y a trois ans, avec le premier ministre Philippe Couillard,
lui rappelant l'urgence d'agir en
matière de rareté de main-d'oeuvre. Il lui a parlé de Stratégie nationale de
main-d'oeuvre, et il n'y a rien qui a été mis en application, sauf au mois de mai cette année, en 2018, le Parti libéral
nous annonce une stratégie nationale de main-d'oeuvre, mais rien n'a été
fait.
Donc, on vient d'arriver au pouvoir. J'ai
reconfirmé l'urgence d'agir à ma collègue de Fabre ce matin. On veut
faire plus et mieux que la Stratégie nationale de main-d'oeuvre...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
On veut travailler en équipe, et ça s'en vient bientôt.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre, ce n'est
pas un acte spontané, c'est la réflexion de tous les partenaires du
marché du travail qui étaient au Rendez-vous national de la main-d'oeuvre. Les partenaires l'ont saluée. La Fédération des
chambres de commerce aussi dit que cette stratégie est près des besoins des
entreprises.
Alors, deuxième
question au ministre de l'Emploi, un mot encore une fois. Attendre, le mot
est : Pourquoi?
Le Président :
M. le ministre du Travail.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
M. le Président, depuis notre assermentation, le 18 octobre dernier, j'ai
eu l'opportunité de rencontrer tous
les membres de la Commission des partenaires du marché du travail. Ils se sont
penchés effectivement sur la stratégie nationale.
Ils ont reconnu qu'on pouvait aller au-delà de cette stratégie nationale là et
adopter un plan d'action pour agir en amont,
avoir un plan qui est évolutif, donc qui est en temps réel, pour s'adapter aux
besoins évolutifs du marché du travail. Donc, ce plan d'action là, on va
le travailler. On a un portrait de plus en plus clair, région par région,
compagnie par compagnie...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
On va intervenir de façon intensive et on va annoncer ce plan d'action là.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : Alors, je vais tenter une dernière question, M. le Président, au
ministre de l'Emploi, avec un mot, encore
une fois : Comment? Comment le ministre de l'Emploi va s'activer à
répondre à l'urgence et le cri d'alarme des entreprises? Comment va-t-il optimiser l'intégration de tous les
chercheurs d'emploi, oui, les personnes immigrantes, les jeunes, les
personnes éloignées, aussi, du marché du travail et les travailleurs
expérimentés?
Le
premier ministre invite ses ministres à l'audace. Alors, comment le ministre de
l'Emploi va agir avec audace et entendre enfin la réalité des
entreprises du Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. Jean
Boulet
M. Boulet :
M. le Président, encore une fois, on est en train de finaliser ce plan d'action
là. Il va être annoncé en temps
opportun, mais de façon à respecter les volontés de la commission et des
Conseils régionaux des partenaires du marché du travail. On va être
actifs sur plusieurs fronts, encore une fois, en amont. On aura des conseillers
qui pourront intervenir en entreprise, des
conseillers qui auront un mandat clair de tous les ministères qui sont
impliqués dans le règlement de cette
pénurie de main-d'oeuvre là. On a commencé à travailler ensemble, Simon
Jolin... le ministre de l'Immigration, ministre de l'Éducation...
Le Président : En terminant.
M. Boulet :
On travaille beaucoup en équipe et non en silo et on veut avoir des résultats
concrets.
Le Président :
Question principale, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Bris de câbles optiques
sous-marins aux Îles-de-la-Madeleine
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Jeudi dernier, les Madelinots ont été littéralement
coupés du reste du monde pendant
plusieurs heures suite à une violente tempête qui a frappé l'archipel. Nous
avons frôlé la catastrophe lorsque nos deux
câbles de fibre optique sous-marins ont cessé de fonctionner. Heureusement,
après environ 18 heures, on a réussi à en remettre un en fonction.
Cependant, la situation demeure précaire. On l'a dit, ça ne tient qu'à un fil.
L'ancien
gouvernement s'était engagé à mener un projet de réfection des câbles
sous-marins, et on nous dit qu'on ne
retrouve plus ce projet. S'il avait été réalisé, on n'en serait pas là
aujourd'hui. La situation est urgente, l'hiver n'est même pas commencé,
il y aura d'autres tempêtes, et les câbles sont usés.
Ma
question est la suivante, elle est simple : Est-ce que la ministre
responsable de la région s'engage à ce que les câbles soient remplacés à
très court terme sous la responsabilité du gouvernement?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. Alors, je remercie le collègue de sa question, qui est
très pertinente dans les
circonstances. Et vous me permettrez d'utiliser l'occasion pour saluer le
travail de tout le monde, saluer la promptitude et l'efficacité de la
réponse gouvernementale à la suite de cette tempête-là et saluer aussi le
travail du député des Îles-de-la-Madeleine.
Je pense qu'on a tous agi ensemble dans l'intérêt des Madelinots. Saluer aussi
la réponse extragouvernementale, notamment le concours du gouvernement
fédéral, que j'ai sollicité dans les heures suivant la tempête et qui est venu prêter main-forte très rapidement. Donc, un
grand merci à tout le monde. Le député reconnaîtra avec moi, il était avec moi aux
Îles-de-la-Madeleine en fin de semaine, que tout le monde a vraiment mis à
contribution l'ensemble de leurs
forces, de leurs compétences pour rétablir la situation. Aucun blessé, aucun
décès, bien sûr. Alors, je pense que, du point de vue de la santé et
sécurité, on peut s'en réjouir.
Maintenant,
effectivement, il demeure des enjeux, demeure des enjeux par rapport à la
solidité et... à la précarité, plutôt,
du système de télécommunications qui est disponible pour les Madelinots en cas
de tempête. On travaille, nous, déjà
là-dessus. Le collègue l'a évoqué, il y avait une annonce qui avait été faite
par le précédent gouvernement, qui est demeurée
sans suite. Alors donc, nous, dans l'immédiat, le câble qui a été abîmé va être
réparé dans les 20 à 30 prochains jours. Il y aura une inspection
complète des deux câbles...
• (14 h 50) •
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
...d'ici l'été prochain, et on travaille sur des scénarios solides et durables
pour les télécommunications des Madelinots.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Alors, je voulais simplement qu'on imagine un instant
que ce qu'on a vécu aux Îles se produise
à Montréal. Les communications sont complètement coupées, le transport est
arrêté, l'économie est paralysée, car
on ne peut plus faire de transactions bancaires, les hôpitaux sont débranchés.
C'est la réalité qu'on a vécue jeudi
dernier aux Îles, et ça risque de se reproduire à nouveau si le gouvernement ne
prend pas des responsabilités et des actions très rapides. Je le répète,
nous avons besoin de remplacer les câbles sous-marins.
Quel est l'échéancier
du gouvernement?
Le Président :
Je reconnais M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan
Julien
M. Julien :
Oui. Merci, M. le Président. Pour faire
un peu de pouce aussi sur ce qu'a mentionné ma collègue, c'est sûr que la situation est préoccupante. De
manière temporaire, on peut la gérer. De manière permanente, Hydro-Québec travaille déjà pour une mise
en service qui est prévue en 2025. C'est loin. 2025, c'est trop loin. Le câble
sous-marin hydroélectrique qui pourrait combiner, effectivement, la fibre optique... Alors, on travaille actuellement avec Hydro-Québec pour voir est-ce qu'on est capables de raccourcir de manière notable cet
échéancier-là, justement pour être en mesure de procurer une solution
permanente beaucoup plus robuste à la situation vécue cette semaine.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci. Je voudrais maintenant aborder la question
du câble sectionné, M. le Président, qui doit être réparé au cours des prochaines semaines. Entre-temps, on a besoin
d'une police d'assurance, d'une redondance en communications, d'un troisième lien micro-ondes. Le gouvernement aime
ça, les troisièmes liens. La différence, c'est que celui-ci est
absolument essentiel.
Est-ce
que le gouvernement s'engage à nous confirmer qu'il financera l'établissement
de ce lien micro-ondes?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Oui, merci, M. le Président. Alors, comme je le disais, pour rassurer le
collègue puis tous les Madelinots, il
y aura ce deuxième câble qui va être réparé dans les 20 à 30 jours. Il y aura
aussi une inspection complète des
deux câbles d'ici l'été prochain. Et il y a une étude de scénarios alternatifs,
mon collègue aux Ressources naturelles en a parlé.
Bien
sûr que l'échéance de 2025 avec Hydro-Québec pour cette solution du troisième
câble est beaucoup trop loin. Donc,
on essaie de voir est-ce qu'on peut raccourcir ce délai-là et de quelle façon
exactement on peut trouver la solution la
plus rapide, la plus efficace, la plus durable, la plus solide, la plus robuste
pour les Madelinots. On est parfaitement conscients du problème. Ça fait trois fois que ces câbles-là connaissent
ce genre de rupture là, de problème là, ce qui plonge les Madelinots
dans une rupture totale avec le continent.
Alors, je rassure le
collègue, je veux rassurer les Madelinots, le maire Jonathan Lapierre aussi...
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
...qu'on est à pied d'oeuvre et on va trouver la meilleure solution pour tout
le monde.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Accès aux services en santé
mentale
Mme Hélène
David
Mme David :
M. le Président, j'ai le privilège de poser ma première question au ministre
délégué aux Services sociaux sur un
sujet que je qualifierais de mal du siècle, celui de la maladie mentale. Le
Québec a adopté un plan d'action qui
se termine en 2020, un plan qui contient une multitude d'actions à poser pour
prévenir et agir, particulièrement à l'égard du suicide. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que plusieurs
cas ont été récemment rapportés et commentés dans l'actualité. Que ce soit dans le Québec du Nord,
où la situation est carrément alarmante, ou ailleurs dans toutes les régions
du Québec, un constat s'impose : il
faut agir plus, il faut agir mieux et il faut agir plus rapidement. Pourtant,
le premier ministre n'a malheureusement pas abordé cette question lors
de son discours inaugural.
Que
compte faire concrètement le ministre délégué pour améliorer l'accès aux soins
de santé mentale et surtout un accès
rapide, interdisciplinaire et efficace?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Merci, M. le Président, et merci à ma collègue députée de me poser cette
première question qui me permet d'intervenir pour la première fois au
niveau de la période de questions.
Alors,
d'entrée de jeu, j'aimerais dire que je souhaite, pendant les quatre prochaines
années, changer le ton au niveau de
la santé et des services sociaux. Je veux certainement travailler en
collaboration avec l'ensemble de mes collègues parce qu'il y a énormément de problèmes à régler au niveau de l'accès
des services en santé et en services sociaux. Et je vous dirais qu'au
niveau de la santé mentale aussi, M. le Président, c'est un dossier extrêmement
important.
On
a vu qu'il y a eu une situation, notamment à Québec, mais aussi dans l'ensemble
du Québec. Nous devons porter une
attention particulière et nous, comme gouvernement, nous sommes un gouvernement
qui va supporter l'accès aux services
de santé et aux services sociaux, et c'est ce que nous allons faire dans le
dossier de la santé mentale. Nous allons améliorer l'accès aux services
de santé mentale et notamment au niveau des services dans la communauté.
Le Président :
Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Mme Hélène
David
Mme David :
La santé mentale est, en 2018, une priorité pour tous les Québécois, dont les
groupes communautaires, les
associations étudiantes et les intervenants jeunesse plusieurs fois se lèvent
pour réclamer d'agir encore plus rapidement, notamment chez les
Premières Nations.
Est-ce que le gouvernement accepte de
mener une grande consultation nationale en vue du renouvellement du plan d'action sur la santé mentale afin de
mobiliser toutes les expertises et faire preuve — je suis un petit peu dérangée par le
premier ministre, excusez-moi — d'audace et de détermination politique?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann :
Alors, M. le Président, les services de santé mentale sont extrêmement
importants. On sait que, lors d'une
consultation, par exemple, en première ligne, 30 % des problématiques sont
des problématiques de santé mentale. Alors, nous, nous sommes vraiment à pied
d'oeuvre actuellement pour faire vraiment un bon portrait de ce qui se passe au niveau des services de santé mentale au
Québec et dans toutes les régions parce que, même dans chaque région, il
y a des problèmes spécifiques.
Alors,
nous allons continuer de déployer des services en première ligne pour vraiment
accompagner les gens qui ont des problèmes de santé mentale. Nous allons
renforcer la première ligne, nous allons renforcer...
Le Président :
En terminant.
Mme McCann :
...l'accès aux services de première ligne.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Marguerite-Bourgeoys. On reste attentif, s'il vous plaît!
Mme Hélène
David
Mme David :
Allons vers du concret, s'il vous plaît. Des groupes se sont mobilisés et
désirent nous présenter des solutions. Par exemple, dernièrement, le Y
des femmes de Montréal nous mentionnait la main tendue du milieu communautaire. Des professeurs proposaient des
solutions complémentaires très pertinentes. Même l'Association des
médecins psychiatres du Québec réclamait, cette semaine, des actions
additionnelles.
Je
réitère donc ma demande : Est-ce
que le gouvernement peut s'engager rapidement à réunir tous les intervenants par le biais d'une grande consultation?
Le Président :
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Danielle
McCann
Mme McCann : Alors, M.
le Président, ça me permet effectivement de réitérer que nous allons
privilégier une approche de proximité
par région, nous allons travailler avec les organismes communautaires, nous
allons travailler avec les
municipalités, nous allons travailler avec les services de première ligne,
notamment les cliniques médicales, les GMF, les CLSC. Alors, vraiment, nous allons travailler avec l'ensemble des
partenaires, et c'est vraiment la clé du succès, de travailler avec tous
au niveau des services de santé mentale. Merci.
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Compensation financière aux
producteurs laitiers
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, M. le Président. Vendredi dernier en cette Chambre, le premier ministre
nous mentionnait avec beaucoup de
conviction que l'UPA était très satisfaite de la progression des discussions
avec le gouvernement fédéral concernant l'entente États-Unis—Mexique—Canada. Au
même moment, vendredi dernier, les producteurs de lait émettaient un communiqué
qualifiant l'accord d'inacceptable et soulignant des exigences abusives et
illégitimes du gouvernement américain. On
est un petit peu loin de la lecture jovialiste que semble faire le premier
ministre de la situation.
Aujourd'hui,
M. le Président, les membres de l'UPA sont en congrès tout juste de l'autre
côté de la rue. Aujourd'hui, ces membres sont inquiets. Ils sont
inquiets parce que l'entente signée vendredi dernier fait mal au Québec.
Le
1er octobre dernier, la ministre fédérale Freeland s'engageait à ce que
les producteurs de lait soient complètement indemnisés. Ma question pour
le ministre est donc simple : Quelle assurance a-t-il reçue de la part du
gouvernement fédéral, premièrement, que ces
compensations seront octroyées et, deuxièmement, qu'elles arriveront rapidement
pour que nos producteurs n'aient pas à supporter le poids de cet accord?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M. André
Lamontagne
M. Lamontagne : M. le
Président, merci à la députée
de Maurice-Richard pour sa question. Première des choses, tout à fait, l'accord qui a été convenu entre le Canada et les États-Unis va faire mal à nos gens. C'est pour ça qu'on a
pris acte de la réponse, du commentaire du premier
ministre du Canada, M. Trudeau, et de la négociatrice, la ministre des
Affaires étrangères, Mme Freeland, qu'ils allaient accorder une
compensation pleine et entière à nos producteurs.
Le 25 octobre,
je me suis entretenu avec le ministre McCauley, mon collègue du fédéral, pour
m'assurer avec lui — il était question de mettre des groupes de
travail sur pied — de la
représentativité de nos gens sur ces groupes de travail là puis m'assurer avec lui que l'évaluation des compensations
que nous allons faire allait être au coeur du travail de ce groupe-là
qui vise à établir les compensations pour nos agriculteurs.
Alors,
en date d'aujourd'hui, ce qui est important, là, c'est que nos gens sont prêts
pour les débuts du travail du groupe de travail. Le 14 décembre, à
ma connaissance, ils vont commencer à travailler. Ils sont prêts à présenter
des demandes qui sont claires au niveau des
compensations. Et notre rôle là-dedans après ça, c'est de m'assurer avec eux
que le travail qui va se faire avec le fédéral, avec le groupe de
travail, va s'articuler autour de leurs demandes.
• (15 heures) •
Le Président :
En terminant.
M.
Lamontagne : Et les signaux
qu'on va attendre, Mme la députée, c'est de voir si le fédéral va honorer son
engagement.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme
Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Ce que je
comprends, M. le Président, c'est que malheureusement, jusqu'à maintenant,
on n'a aucune démonstration concrète
du fédéral, et on l'a vu historiquement aussi, aucune démonstration qu'il va
réaliser ses promesses en matière de
compensations. Du moins, ni le premier
ministre ni le ministre
ne sont en mesure de le confirmer.
Donc,
ma question, elle est vraiment très simple. Est-ce que le ministre
pourrait nous présenter non seulement un
échéancier clair pour l'obtention des compensations attendues... et, dans le
cas où, à l'échéance, ces compensations se feraient toujours attendre, est-ce
qu'il s'engage à compenser les agriculteurs du Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, moi, dans mon livre à moi, là, le signal clair qu'on a eu, c'est le premier ministre du Canada qui s'est engagé, à la face des Canadiens, à compenser de
façon pleine et entière les producteurs québécois. Il a mis en place des groupes de travail. On a nos
représentants du Québec qui vont être sur ce groupe de travail. Ils ont
eu la responsabilité d'établir
clairement leurs revendications. Ces revendications-là vont être exprimées, et,
à la suite de ça, on va voir les
réponses qu'on va avoir du gouvernement
fédéral. Mais, aujourd'hui, je ne présumerais pas, Mme
la députée, que le gouvernement, le premier ministre lui-même, Trudeau,
n'honorera pas ses engagements.
Le Président :
Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme
Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. Donc, je comprends que le premier
ministre aura l'occasion de profiter
de la rencontre des premiers ministres, qui a lieu ce vendredi, pour
réitérer de façon très ferme les représentations, qui n'ont pas l'air d'avoir été faites assez fermement
jusqu'à maintenant, pour s'assurer que les producteurs du Québec, les
agriculteurs et également les producteurs de lait du Québec, soient compensés
pleinement.
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : Bien, M. le Président, écoutez, j'entends la ministre...
Au moment où on se parle, là, on a le premier
ministre du Canada qui s'est engagé face à nos agriculteurs. Ils ont mis en
place un groupe de travail qui vise à déterminer
ces compensations-là pleines et entières. Le groupe de travail va commencer à
travailler, à ma connaissance, le 14
décembre. Alors, M. le Président, au moment où on se parle, le travail va être
fait, et puis on verra les résultats que ça va donner. Puis le ministre s'est engagé avec moi. On va avoir un suivi
bilatéral pour faire un suivi très serré de l'état de ces
négociations-là.
Le
Président : Alors, cela met fin à la période de questions et de
réponses orales. Merci de votre collaboration.
Motions
sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) : À la rubrique Motions sans préavis, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre
du deuxième groupe d'opposition. M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Bérubé : M.
le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le député de Jean-Lesage, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale exprime sa volonté qu'à
partir de la prochaine législature les députés élus ne soient plus tenus de prêter serment à la monarchie et que
le seul serment exigé de la part des élus du peuple québécois afin de siéger en cette Chambre et de bénéficier de tous les privilèges rattachés
à la fonction de député sera celui prêté envers le peuple du Québec, tel
que prévu à l'annexe I de la Loi sur l'Assemblée nationale.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Pas de consentement.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Maintenant,
un membre du troisième groupe
d'opposition. M. le député de Rosemont, la parole est à vous.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
S'il vous plaît! Un seul député a la parole à la fois.
M.
Marissal : Je demande le consentement de la Chambre pour
débattre de la motion suivante, conjointement avec le député de René-Lévesque et le député de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale félicite le Comité public de suivi des recommandations de
la commission Charbonneau pour sa vigilance continue;
«Que l'Assemblée nationale prenne acte des
conclusions du rapport 2018 de ce comité, qui conclut que des sept recommandations visant à rétablir la
confiance entre les élus et les serviteurs de l'État, seule une a été
"partiellement" appliquée;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de mettre fin à
plusieurs années d'inaction en cette matière en faisant de la
transparence et de l'éthique une de ses priorités;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de poursuivre avec
diligence la mise en oeuvre des recommandations de la commission
Charbonneau, notamment celles visant les élus de l'Assemblée nationale.»
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Pas de consentement? Pas de consentement. Troisième motion, un membre formant
le gouvernement.
Souligner la carrière du
skieur Erik Guay
Mme
Charest : M. le Président, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante, conjointement avec le député de
Marquette, la députée de Gaspé, la députée de Sherbrooke, le député de
Chomedey :
«Que l'Assemblée nationale souligne la carrière
exceptionnelle du skieur alpin Erik Guay;
«Qu'elle reconnaisse l'apport sans précédent de
cet athlète du Mont-Tremblant et son rôle dans la promotion du ski alpin au
Québec après 19 saisons en Coupe du monde et 25 podiums;
«Qu'elle reconnaisse les valeurs de
persévérance, de résilience et d'amour du sport incarnées par Erik Guay;
«Qu'elle
souhaite à cet ambassadeur du sport une bonne retraite et beaucoup de succès
dans ses futurs projets.»
Et je vous propose de l'applaudir parce qu'il
est avec nous aujourd'hui.
(Applaudissements)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger : Consentement,
sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Maintenant, un membre du groupe formant... Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Picard) : Adopté.
Merci. Un membre du groupe formant l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Reconnaître que l'immigration
est nécessaire pour
contrer la pénurie de main-d'oeuvre
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, la députée de Marie-Victorin,
le député de Laurier-Dorion et le député de Chomedey :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que le Québec
vit actuellement une importante pénurie
de main-d'oeuvre, ce qui constitue l'un des principaux enjeux de développement
économique;
«Qu'elle rappelle que les entreprises ont peine
à recruter des employés et qu'il y a plus de 117 000 emplois à
pourvoir actuellement à travers le Québec;
«Conséquemment,
qu'elle reconnaisse que l'immigration est nécessaire pour relever le défi de
main-d'oeuvre que nous vivons actuellement.»
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M.
Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Est-ce que cette motion... Oui, M. le...
M. Proulx : ...tenir un vote par
appel nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Picard) : Nous
allons appeler les députés. On est prêts? On est prêts, oui. Allons-y.
Mise aux voix
Donc, les députés qui sont en faveur de cette
motion, s'il vous plaît.
• (15 h 10) •
La Secrétaire
adjointe : M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Barrette
(La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee, Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Tanguay (LaFontaine), Mme David
(Marguerite-Bourgeoys), M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit
(Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
Mme Nichols (Vaudreuil), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Robitaille
(Bourassa-Sauvé), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau),
M. Derraji (Nelligan), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre),
Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone (Marquette).
M. Legault
(L'Assomption), M. Jolin-Barrette (Borduas), Mme Guilbault
(Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Girard (Groulx), Mme McCann
(Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Lemay
(Masson), M. Simard (Montmorency), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel
(Champlain), M. Bonnardel (Granby),
M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Lacombe
(Papineau), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
Mme Blais (Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi),
M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François), Mme Proulx
(Berthier), M. Dufour (Abitibi-Est), Mme Girault (Bertrand),
Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Chassé (Châteauguay), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet
(Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand
(Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme),
Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin
(Rousseau), M. Tremblay (Dubuc),
Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf),
Mme Grondin (Argenteuil), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), M. Provençal (Beauce-Nord), M. Jacques (Mégantic),
M. Girard (Lac-Saint-Jean).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
Mme Hivon (Joliette), Mme Richard
(Duplessis), M. Roy (Bonaventure), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé),
Mme Fournier (Marie-Victorin).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Labrie (Sherbrooke), M. Marissal (Rosemont), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Ghazal
(Mercier), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Dorion (Taschereau).
M. Ouellette (Chomedey).
Le
Vice-Président (M. Picard) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Il n'y en a pas.
Il n'y a pas
d'abstention, à ma connaissance, non plus.
M. le secrétaire, le
résultat du vote, s'il vous plaît.
Le
Secrétaire : Pour : 115
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Oui?
M.
Proulx : M. le Président, je vous demanderais, s'il vous plaît, de transmettre cette motion au premier ministre du Québec, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Cette intervention met fin à la rubrique Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Maintenant,
à la rubrique Avis touchant les
travaux des commissions, il n'y a
pas d'avis du gouvernement, mais, moi,
pour ma part, je vous avise que les commissions
parlementaires se réuniront aujourd'hui, après les affaires courantes,
afin de procéder à l'élection à la présidence et à la vice-présidence de chaque
commission dans l'ordre suivant : à la salle Louis-Joseph-Papineau,
la Commission des transports et de l'environnement, la Commission de la culture
et de l'éducation, la Commission de
l'administration publique, la Commission de l'aménagement du territoire, la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles; et, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, la
Commission de l'économie et du travail...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Je ne m'entends pas, j'ai un problème.
Donc je reprends : À la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, la Commission de l'économie et du travail, la
Commission des finances publiques, la Commission de la santé et des
services sociaux, la Commission des relations avec les citoyens et la
Commission des institutions.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée... M. le leader.
M. Proulx :
Je pense que c'est à cette rubrique que le président de l'Assemblée nationale
va retrouver son siège. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Oui, exact. Donc, je vais suspendre
quelques instants afin de permettre au président de prendre place.
(Suspension de la séance à 15 h 14)
(Reprise à 15 h 16)
Le Président : Bien, comme
entendu la semaine dernière avec les leaders des groupes parlementaires, je
suis maintenant prêt à entendre les
arguments relativement à la demande d'intervention sur une violation de droit
ou de privilège soulevée jeudi dernier par le leader de l'opposition
officielle. M. le leader.
Violation de droit ou de
privilège soulevée le 29 novembre 2018 sur la
transmission du discours d'ouverture du premier ministre à des
journalistes avant sa lecture à l'Assemblée
M. Sébastien Proulx
M. Proulx : Merci, M. le Président,
de prendre quelques instants pour nous reconnaître. Je rappelais, lorsque j'ai fait les deux interventions précédentes, M.
le Président, que vous n'êtes pas obligé, mais vous avez la capacité de nous
donner l'occasion de se faire entendre, et
je vous remercie de le faire à ce moment-ci. Je vous ai écrit, M. le Président,
après le discours d'ouverture du premier ministre. Je vais répéter ce que j'ai
dit pour bien placer les choses.
D'abord, j'ai
été informé de ce que je considère être une violation des droits et privilèges
de cette Assemblée, une violation
prima facie des droits et privilèges de cette Assemblée, pendant le discours
d'ouverture du premier ministre. J'ai
choisi, M. le Président, de ne pas intervenir pendant ce discours, et je pense
que c'est tout à fait normal, par respect pour la
fonction du premier ministre et pour le premier ministre lui-même, qui livrait
un discours important dans cette Assemblée, je le reconnais.
Je pense, M. le Président, à la lumière de ce
que je vous ai transmis, la lettre, les preuves que j'y ai jointes, qu'il n'y a, à mon avis, en tout cas, aucun doute
que ce discours d'ouverture a été transmis à des tiers, alors que les
parlementaires, ici, n'y avaient pas encore eu accès ou n'avaient pas
entendu le premier ministre livrer ce discours.
Je vous rappelle le processus dans lequel nous
sommes. Vous avez une décision à rendre, M. le Président. Est-ce qu'il y a, prima facie, une violation de
nos droits et privilèges? Si vous reconnaissiez cette violation, je pourrais,
M. le Président, saisir la Commission de
l'Assemblée nationale et demander qu'il y ait une suite dans ce dossier. Si
vous ne le faites pas, ça s'arrêtera
ainsi, mais j'aurai fait le point, M. le Président, qu'il est important de
respecter en tout temps les droits et privilèges des collègues parlementaires.
Je vous rappelle, M. le Président, ce que c'est,
un outrage. C'est inscrit à notre documentation, La procédure parlementaire. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas ça, c'est notre doctrine à
nous, ici, au sein de cette Assemblée. Alors,
un outrage, M. le Président, page 102 : Comme il «peut prendre une multitude
de formes, il est difficile [de] donner une définition précise [de l'outrage au Parlement] et, partant, de
dresser une liste exhaustive [de ces] actes et omissions qui peuvent y correspondre. En fait, l'Assemblée décide quant au fond si un acte ou une omission constitue un outrage
au Parlement.
«[...]C'est en s'inspirant de la doctrine en la
matière que le président de l'Assemblée a déjà défini un outrage au Parlement comme tout acte ou toute omission ayant
pour effet d'entraver les travaux de l'Assemblée ou de porter atteinte à son autorité ou à
sa dignité.»
Alors, vous
devez reconnaître, M. le Président, à la lumière de ce que j'ai transmis, que
manifestement les privilèges ont été
bafoués et non respectés et vous devez, je pense, prendre cette décision puisque
c'est une décision importante, puisqu'elle se fait en tout début de
législature. C'est une façon de voir comment nous allons nous gouverner dans
nos travaux pour l'avenir et c'est le
moment, je pense, M. le Président, d'envoyer un message très clair autant à
l'Exécutif qu'à l'ensemble de cette Assemblée, comment nous allons nous
gouverner dans l'avenir.
Je vous
réitère, M. le Président, ce qui est dit également à l'égard
du discours d'ouverture, de son importance, parce que,
j'insiste, M. le Président, ce discours-là, ce n'est pas un discours comme
les autres. C'est dès le début d'une législature,
c'est un discours important qui lie, oui, le gouvernement, mais aussi toute
cette Assemblée, parce qu'il y a un vote.
Alors :
«L'allocution du lieutenant-gouverneur est suivie du discours d'ouverture — page
221 de La procédure parlementaire — qui
est prononcé par le premier ministre. L'essentiel du message inaugural est prononcé
par le premier ministre
lors de ce discours et non au moment de l'allocution du lieutenant-gouverneur — la
terminologie du règlement est à
cet égard éloquente : il est
question d'"allocution" du lieutenant-gouverneur et de "discours d'ouverture" du premier ministre. [...]en quelque sorte un énoncé de politique général sur les préoccupations qui animeront
le gouvernement au cours de la session.»
• (15 h 20) •
Alors, ça
constitue, M. le Président... c'est un acte fondamental dans notre système parlementaire, c'est un des premiers gestes
posés par le gouvernement en début d'une législature et c'est inscrit au
premier rang des affaires prioritaires. Alors, nous sommes, M. le
Président, dans cette période de nos
travaux qui n'est pas les affaires du
jour, mais qui sont les
affaires prioritaires, donc qui prennent le pas sur l'ensemble des autres
travaux.
Depuis la
réforme parlementaire adoptée en 2009, M. le Président, ce discours d'ouverture engage la confiance du gouvernement par la motion que présente
le premier ministre au terme de son discours. Cela traduit l'importance que les parlementaires ont voulu lui donner, et il y a
un débat de 25 heures. Alors, c'est au terme de ce débat qu'on va voter sur le
discours, mais également sur les différentes motions de censure que... ou
de grief, maintenant, M. le
Président, qui auront été
déposées par, j'imagine, l'ensemble ou plusieurs députés de l'opposition et non
du côté ministériel.
Alors,
contrairement au discours du budget, qui entreprend son discours en Chambre, et lui,
il est souvent distribué après cette
période de huis clos qu'on connaît, le discours inaugural, lui, n'est pas
distribué aux parlementaires. Donc, la
première et seule occasion que nous avons de l'attendre et de l'entendre en
premier, c'est au moment où il est prononcé.
Je vous
rappelle notre contexte, M. le
Président. Nous étions ici à compter
de 15 heures, si ma mémoire est bonne, pour entendre ce discours qui a été précédé par celui du lieutenant-gouverneur. Nous nous sommes retrouvés, M. le Président, grâce à la technologie, à être en mesure de suivre le premier
ministre lorsqu'il nous parlait, mais
également de devancer et d'anticiper au texte le premier
ministre, parce qu'on pouvait lire le
discours qu'il allait nous livrer dans les minutes suivantes. Clairement, M. le Président, le discours dans son intégralité a été transmis à des journalistes, et
nous, de notre côté, tous les parlementaires, je présume, M. le
Président, qui n'avaient pas accès à ce discours n'avaient pas eu l'occasion de
le lire.
Alors, je
vais vous donner quelques exemples, M. le
Président, parce que, pour moi, c'est
important de bien situer ce dont on parle. Titre de l'article : La peur, principale
adversaire (L'intégrale du discours de François Legault), publié à
15 heures... — je
m'excuse de le nommer, de nommer le premier ministre, alors je ferai attention
pour la suite, M. le Président — publié à 15 h 31. Source :
Patricia Cloutier, Le Soleil, 28 novembre 2018.
Il faut «vaincre la peur» d'échouer, dit le
premier ministre, publié à 15 heures. Source : Journal de
Québec, 28 novembre. Extrait :
«Le gouvernement Legault doit vaincre un adversaire redoutable — je le cite au texte, alors je le nomme — s'il souhaite faire avancer le Québec :
la peur. "[Il faut la vaincre,] la peur de ne pas être capable, la peur de
nous tromper, la peur du changement", a-t-il énuméré, lors du discours
présenté au salon bleu de l'Assemblée nationale.»
L'heure du
redressement national en éducation a sonné, proclame le premier ministre,
publié à 15 h 22. Source : François Messier, Radio-Canada. Extrait : «C'est un discours
d'ouverture résolument dominé par le thème de l'éducation qu'a prononcé
le premier ministre[...], mercredi, à l'Assemblée nationale. François Legault
s'y engage à faire preuve d'audace pour mettre en oeuvre l'ensemble de ses promesses électorales,
tout en combattant la peur que certaines d'entre elles suscitent.»
Le premier
ministre
— je
ne le nomme pas — promet
un «redressement national en éducation», publié 15 h 22. Source :
Martin Croteau. «Compte rendu d'un discours attendu, qui, pour l'essentiel,
reprend les promesses caquistes de la campagne électorale.»
Alors, il y a
des extraits du premier ministre que je pourrais nommer sur les signes
religieux, l'immigration, les nominations,
les entrepreneurs, son adversaire, son approche, M. le Président, toutes des
citations au texte qu'on retrouvait dans le discours du premier
ministre.
Ensuite, Discours
d'ouverture de la 42e législature de l'Assemblée nationale — Le premier ministre fait appel
à la fierté et à l'audace des Québécois. Source : cabinet du premier ministre.
Attaché de presse nommé, CNW, 28 novembre. Extrait : «...le
premier ministre, François Legault, a prononcé, mercredi, son discours
d'ouverture[...]. Il a livré un...»
Le
Président : ...vous dire. Même en citant, on ne peut pas nommer
un député par son nom, je fais seulement vous le rappeler pour éviter et
corriger, même en citation.
M. Proulx :
Je vais faire ce que vous dites, M. le Président, avec plaisir. Alors : «Il a livré un vibrant plaidoyer pour un Québec
nationaliste, fier et audacieux, qui ne recule devant aucun défi.»
Je le cite plus loin : «[Le premier
ministre] a affirmé que le nouveau gouvernement qu'il dirige "prône un nationalisme rassembleur..."» Encore une
fois, le premier ministre a établi les priorités, elles sont données. «Le
premier ministre a déclaré que son
objectif...», c'est écrit. «Le premier ministre a rappelé que "tous les
élus [...] sont en faveur de
l'immigration"», c'est inscrit. «Le premier ministre a affirmé, à ce
sujet, que "cette question traîne depuis [maintenant 10 ans].
Les Québécois en ont assez"», c'est inscrit. «Le premier ministre a aussi
réitéré sa volonté d'apporter des modifications
au mode de scrutin», c'est écrit. «[Le premier ministre] a poursuivi son
discours en s'adressant aux 124 élus de l'Assemblée nationale», et une autre citation, M. le Président. On
est toujours en amont du moment où il prononce son allocution.
Même chose
pour le troisième lien, M. le Président : Le premier ministre veut
profiter du troisième lien pour enfouir les lignes à haute tension.
Source : Marc-André Gagnon : «Lors de son discours inaugural, [le
premier ministre] évoquera la possibilité de profiter de la construction
[d'un] troisième lien[...].
«[...]Selon
ce qu'il a été possible d'apprendre, à moins qu'il ne modifie encore son
discours, le premier ministre lancera cette idée en guise de réponse à
ceux [et celles]...»
Pour
embellir le paysage, un autre article, 15 h 47, M. le Président,
toujours de Marc-André Gagnon : «Tel que mentionné en primeur à [une émission,] La joute puis dans Le
Journal, le premier ministre a lancé la possibilité d'utiliser ce
futur lien pour y faire passer les lignes[...].
«Contrairement à un extrait d'une version de son
discours dont nous avions obtenu copie...»
Alors, M. le
Président, voilà encore des exemples de ce que je dénonce. Et je termine, parce
que c'est toujours dans le même article : «Discours révisé. [...]Dans la
version finalement prononcée mercredi à l'Assemblée[...], "loin de vouloir défigurer l'île d'Orléans, on peut même
imaginer démanteler les pylônes..."» Alors, encore une fois, M. le
Président, ça me semble manifeste.
Alors, je vous ai interpelé immédiatement au
terme de l'allocution du premier ministre, je l'ai dit, laissant la courtoisie à ce dernier de terminer son discours,
mais je devais le faire à ce moment-là. C'est ce que j'ai fait en vertu de
l'article 69. J'ai également transmis l'avis...
(Interruption)
M.
Proulx : J'espère que ma collègue va bien. Oui? Non? Tout va bien? Il
faut s'assurer de la santé et sécurité de tous et chacun, M. le
Président, même dans les moments importants.
Alors, le
lendemain, M. le Président, je transmettais à votre attention cet avis écrit.
Je vous réitère, parce que je l'ai dit,
je pense, d'entrée de jeu le 28 novembre, M. le Président, qu'il y a une
situation similaire qui s'était produite lors de la 40e législature. Alors, le leader de l'opposition officielle, à
l'époque, avait adressé ses préoccupations au président, il l'avait fait d'une
façon différente, aux renseignements sur les travaux, je pense, mais quand même
avait demandé que vous puissiez... que votre prédécesseur puisse rendre
une décision, qui a été rendue le 14 novembre 2012, qui avait réprimandé,
à l'époque, le gouvernement pour sa façon de faire.
Maintenant,
il y a des précédents, M. le Président. Alors, plutôt que de le faire à la
rubrique du renseignement sur les
travaux, celle à laquelle nous sommes actuellement aux affaires, j'ai décidé de
le faire sous forme d'avis de violation et de privilège.
Alors, je
vais vous citer également, M. le Président, l'ancien leader de la Coalition
avenir Québec, du gouvernement, et député de Granby, qui disait, dans
une autre question de privilège soulevée au sujet de la présentation d'un
projet de loi : «Bien, à partir de
demain — et je le
cite, M. le Président — si vous ne donnez pas une décision qui dit à tous les parlementaires, et surtout au gouvernement ou au
prochain gouvernement : Vous n'avez pas le droit, même sous embargo, de dévoiler ou de donner une loi,
bien, on sert à quoi ici, M. le Président, comme parlementaires?»
Il y a
des gens qui doivent mesurer leur geste et comprendre la gravité de ce geste.
Il s'agit d'une faute grave de la part
du gouvernement, et doit donc être sanctionnée. Il en va du respect
envers l'institution qu'est l'Assemblée
nationale, mais également de celui des parlementaires, acteurs clés de
notre système. La présidence, je le mentionnais, se doit d'envoyer un message
clair à tous les parlementaires afin que ceux-ci respectent ces règles et
fondements les plus élémentaires.
Pour nous, M. le Président, de ne pas sévir, M. le Président, pourrait créer un
dangereux précédent pour les prochaines législatures, comme je vous l'ai
mentionné auparavant.
Alors, je
vais vous citer quelques extraits, M.
le Président, et ce sera en
terminant, des extraits de la décision rendue le 12 novembre 2012 par le président Chagnon, de l'époque, rendue
dans une situation similaire à laquelle je faisais référence
précédemment.
Alors :
«Vu l'importance qu'occupe le discours
d'ouverture de la session dans notre système parlementaire, il est tout à fait normal et légitime que les députés veuillent
connaître les grands enjeux qu'entend proposer le gouvernement au cours de la session et que, de surcroît, cette
information ne soit pas divulguée avant qu'ils en soient eux-mêmes informés.
En ce sens, il importe ici de rappeler le principe parlementaire fondamental
voulant que les grandes orientations du gouvernement soient divulguées aux
députés en Chambre avant que le public en général en soit informé, puisqu'il s'agit là d'une coutume qui consacre le respect
qu'entretient le pouvoir exécutif vis-à-vis le pouvoir législatif. De plus,
il en va du respect de leur rôle de
contrôleur de l'action gouvernementale que les députés soient les premiers
informés du contenu du discours
d'ouverture de la session. Pour cette raison, il est clair que le discours
d'ouverture n'aurait pas dû être divulgué à des tiers avant que sa
lecture ne soit terminée à l'Assemblée.»
Alors, je le
répète, M. le Président, il est impératif de rappeler à tous les parlementaires l'importance d'être très vigilant lorsque vient le temps de
communiquer de l'information destinée en priorité à l'Assemblée. Alors, je vous
demande de juger, bien entendu, notre demande recevable. Je pense qu'il faut que le gouvernement saisisse l'importance et la gravité d'un geste comme celui-là et
qu'il doit, en les faits, en assumer les conséquences.
M. le Président, je termine, mais je veux aussi
porter à votre attention que c'est important, ce que vous allez rendre comme décision, pour plusieurs
raisons, d'abord pour sanctionner ce geste, mais aussi, M. le Président, pour qu'on puisse casser une
habitude qui me semble devenir malheureusement une habitude. La première fois, c'était le discours d'ouverture. La deuxième fois où j'entendais parler de cela,
où je voyais un autre accroc à nos principes, c'est en lien avec les comptes
publics hier. Et je n'en ai pas fait une question de violation de droit
ou de privilège, M. le Président, et je n'en ferai pas un enjeu ici pour obtenir de vous une décision, mais je tiens
à le porter à l'attention de tous pour qu'on puisse se gouverner correctement
dans l'avenir.
• (15 h 30) •
Hier, le ministre des Finances, dans sa mise à jour, a fait référence aux
comptes publics. Il a référé à une page, il a référé à des montants. Il a référé à des comptes publics, M. le Président, qui n'étaient pas déposés ici, à l'Assemblée nationale. Pourtant, la règle est claire, M. le Président. Lorsque ça ne siège pas, donc, pour une longue période,
alors qu'on n'est pas en Assemblée,
il peut les déposer à l'extérieur, il peut les faire connaître. Mais, lorsqu'on
siège, M. le Président, il
faut les déposer ici. D'ailleurs,
l'ancien gouvernement, et le ministre
des Finances de l'époque, M. le Président, s'est toujours gouverné dans le respect des parlementaires. Comment? C'est-à-dire en déposant d'abord les comptes publics
et ensuite en faisant des commentaires sur la mise à jour ou en commentant les
comptes publics pour la population.
Alors, je
n'en ai pas fait une question de droit et privilège. J'aurais pu, M. le Président. Je ne souhaitais pas en faire.
Puis mon intention, ce n'est pas de le faire à répétition, mais c'est pour
marquer, M. le Président, l'importance de la chose.
Alors, oui, il y a un gouvernement,
oui, il y a l'opposition officielle, un deuxième et un troisième groupe deuxième d'opposition, mais, à la base, il y a des parlementaires, et, si, dans cette enceinte, on n'est pas capables de se gouverner en
conséquence qu'il y a des droits et des
privilèges pour chacun, vous aurez de la difficulté, ils auront de la difficulté,
nous aurons de la difficulté.
Et vous savez quoi? On y perdra tous en crédibilité. Nous sommes dans une enceinte
où il faut respecter ces droits. Ne pas déposer les comptes
publics, ce n'est pas fatal, mais ce n'est pas respecter la règle. Donner
le discours inaugural ou d'ouverture à des
tiers, à mon avis, c'est important pour que vous puissiez rendre
une décision, mais ça ne changera pas
les quatre prochaines années, vous avez peut-être raison. Mais la
réalité, c'est quoi, M. le Président? C'est
que ce n'est pas respecter, à la base, ceux et celles que nous sommes. Ils ont
été élus tous et chacun dans une circonscription.
Nous avons été élus tous et chacun, nous aussi, dans une circonscription.
Alors, je
voulais le soulever, M. le Président, à ce
moment-ci pour appuyer ma demande,
non pas pour en créer une nouvelle. Je veux être très clair là-dessus.
Mais je voulais le faire de la même façon que j'ai fait jusqu'à maintenant toutes ces
interventions, pour protéger les droits et privilèges de tous les
parlementaires. Je vous remercie.
Le
Président : Merci. Merci, M. le leader de l'opposition
officielle. Je reconnais M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. D'abord, d'entrée de jeu, je veux réitérer à tous les
collègues l'intention du gouvernement d'être extrêmement collaboratif et
respectueux de l'Assemblée nationale, M. le Président. J'y siège personnellement depuis bientôt 12 ans et je peux
vous dire que mon sentiment et le sentiment de tous mes collègues, c'est
le plus profond respect pour l'institution de l'Assemblée nationale.
M. le Président, je pense qu'il n'est pas
inopportun de faire peut-être une courte explication de ce qui s'est réellement
passé. Effectivement, sous embargo, le discours inaugural a été transmis aux
médias. Et, M. le Président, je pense que
les collègues conviendront que notre gouvernement n'a pas inventé cette façon
de faire là. C'est plutôt usuel. Maintenant,
90 minutes avant de prononcer le discours, sous embargo, oui, les médias
en ont eu copie. Évidemment, on comprendra que le moment où l'embargo a
été levé fait problème. On s'entend. On va être d'accord là-dessus.
Ceci étant
dit, M. le Président, dans un contexte où l'information va extrêmement rapidement, où, par l'entremise de médias
sociaux, de l'information d'une qualité à géométrie variable est véhiculée,
je pense qu'il n'est pas inapproprié de
s'assurer que les médias puissent faire un travail extrêmement important du droit au public à l'information et, dans un
contexte comme celui-là, leur permettre d'analyser, de prendre connaissance des documents et d'écrire, de véhiculer une information qui va être exacte, qui va être rigoureuse et qui va être en lien avec
ce qui a été fait. Je pense que tous, ici, nous devons être favorables à ça. Et c'est dans cet esprit-là que ce
geste-là a été posé. Et je sais que plusieurs collègues, dans le passé, ont eu recours à cette façon de faire là. Et ma collègue
ici pourra s'en souvenir sur un certain projet de loi où, effectivement,
l'information avait été véhiculée et, dans ce contexte-là aussi, où l'information
avait été commandée à l'époque où elle était... commentée, pardon, à l'époque
où elle était ministre.
Donc, je pense
qu'il faut relativiser les choses parce que, de notre côté,
nous n'avons pas diffusé l'information.
Sous embargo, nous avons permis aux
journalistes de prendre connaissance de cette information-là peu de temps avant l'allocution du premier
ministre pour faciliter leur travail. Ça, c'est le contexte dans lequel ça
s'est passé.
Maintenant,
M. le Président, le leader de l'opposition a raison, pour qu'il y ait violation de droit ou de
privilège, il faut qu'il y ait
entrave au travail des députés. Et c'est là-dessus que je vais nous demander
d'apprécier le commentaire du leader
de l'opposition, à savoir : Est-ce que cette situation-là représente une
entrave au travail des députés? Là-dessus, je pense que la réponse à ça,
c'est non.
Et les leaders de l'opposition se suivent et ne
se ressemblent pas parce que mon collègue a cité M. Dutil, qui occupait son poste à l'époque où le gouvernement
de la première ministre Marois était aux affaires. Ce que le leader a peut-être omis dans son commentaire, c'est de dire
que son estimé collègue prédécesseur n'avait pas fait une question de violation de droit ou de privilège, il avait
demandé un avis à la présidence. Il avait lui-même estimé que ce geste-là ne
représentait pas une violation de droit ou de privilège envers l'Assemblée
nationale. Donc, quand je vous dis que les leaders
se suivent et ne se ressemblent pas, il semblerait que le leader actuel de
l'opposition officielle a un avis différent de son collègue. C'est
dommage, mais c'est sa prérogative.
Ceci étant,
ce que la présidence de l'Assemblée nationale a fait, c'est donner une opinion
sur les circonstances, qui dit qu'on
doit respecter le travail des parlementaires. Et c'est exactement dans cet
esprit-là que s'est inscrite la démarche du premier ministre. Parce que le
premier ministre n'a jamais eu l'intention de rendre cette information-là
publique avant de livrer son
discours. Le premier ministre et son cabinet, peu de temps avant la lecture du
discours, avaient l'intention de faciliter le travail des médias, ce qui
est totalement, mais totalement différent.
Maintenant,
M. le Président, vous ne pouvez pas en arriver à la conclusion qu'il s'agit
d'une violation de droit ou de
privilège parce que la jurisprudence en la matière, pancanadienne, et il y a
trois exemples au Canada et trois décisions qui ont été rendues qui étaient exactement les mêmes, vont exactement à
contresens de ce que le leader vous demande de faire.
Et je prendrai d'abord... En Alberta, on a vécu
cette situation-là. Et je déposerai plus tard un document, M. le Président, où on étaie un peu plus, là, les cas de
jurisprudence dont je vous fais part, mais, pour alléger cette prestation-là,
je me contenterai de dire qu'en Alberta la
décision du président a été qu'il n'y avait pas de violation de droit ou de
privilège.
En Ontario,
même situation, même décision de la part de la présidence, il n'y a pas de
violation de droit ou de privilège, il n'y a pas d'entrave au travail
des députés.
Au Parlement
fédéral, même situation. Et je me permettrai, cette fois-ci, de lire la
décision que le président de la Chambre
des communes a rendue, en partie. Et donc il dit : «...la présidence ne
peut trouver aucune autorité en matière de procédure établissant que la
divulgation prématurée du discours du Trône — dans notre cas à nous, le
discours inaugural — constitue
une atteinte aux privilèges des membres de cette Chambre.
«À propos du
caractère secret du budget[...] : "[...]les Présidents des Communes
canadiennes ont jugé que le secret tenait davantage à une convention
parlementaire qu'au privilège."
«Je ferais remarquer à la Chambre qu'il en va de
même pour les discours du Trône — discours inaugural. Par conséquent,
j'arrive à la conclusion qu'il n'y a pas eu atteinte au privilège dans les
circonstances.»
M. le
Président, quatre cas dont un où le leader de l'opposition officielle lui-même,
de la même formation politique que le
leader actuel, a jugé, en n'en faisant pas une question de violation de droit
ou de privilège, qu'il n'y avait pas de matière à déposer une violation de droit ou de privilège, et trois
décisions documentées dans trois Parlements canadiens différents mais qui partagent le parlementarisme
britannique et la jurisprudence qui en découle, comme nous le faisons,
trois décisions unanimes, il n'y a pas de violation de droit ou de privilège.
Donc, M. le
Président, moi, je veux bien, là, qu'on dise dans cette Chambre : Nous
voulons collaborer, on veut respecter
l'institution. Mais respecter l'institution, c'est prendre connaissance de la
jurisprudence qui a été établie. C'est de
prendre connaissance de ce qui a été fait ailleurs. C'est de voir comment le
Parlement fonctionne. C'est aussi de prendre connaissance de ce qui a vraiment été fait par le bureau du premier
ministre et dans quel esprit ça a été fait. Et, à mon avis, ça aurait été de ne pas déposer cette motion-là, mais
c'est le privilège du leader de le faire, il a choisi de le faire, mais qu'il
ne me dise pas que ça a été fait dans un esprit de collaboration parce que ça a été fait à contresens de tout ce qui se
fait ailleurs, et surtout il sait très bien que ce qui s'est passé avec cette situation-là
n'allait vraiment pas dans
le sens de ce qu'il prétend dans son argumentaire.
M. le Président, je vais déposer la lettre qui
fait état de la jurisprudence, notamment, et de l'ensemble de l'argumentaire du
gouvernement dont je vous ai fait part. Et, pour notre part, je pense que vous
devez en arriver à la conclusion, comme tous
les autres présidents des autres assemblées au Canada, qu'il n'y a pas ici
matière à violation de droit ou de privilège.
Document déposé
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt des
documents? Consentement. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Je
reconnais le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Donc, d'entrée de jeu, nous souscrivons aux arguments présentés
par le leader de l'opposition officielle et
nous notons le rappel de la décision prise par la présidence lors de la
41e législature. Or, M. le
Président, une tendance semble s'être déjà inscrite bien avant cela, et nous
souhaitons donc ajouter nos préoccupations
générales concernant la pratique de plus en plus répandue de faire connaître
des projets de loi, des discours ou
autres interventions en Chambre auprès de la presse avant que les
parlementaires n'aient pu en prendre connaissance.
• (15 h 40) •
Cette
tendance a déjà été soulignée par le président Bissonnet dans sa décision
rendue le 14 novembre 2007, qui exprimait ses profondes inquiétudes
devant le phénomène et envisageait même un renversement jurisprudentiel pour resserrer les règles sur la divulgation de
l'information parlementaire avant que l'ensemble de cette Assemblée n'ait pu
en prendre connaissance.
Je le
cite : «Cela dit, la présidence est extrêmement préoccupée par les
questions soulevées, particulièrement quant au fait de rendre publics des éléments contenus dans un projet de loi
avant sa présentation à l'Assemblée. La présidence ne nie pas la responsabilité du gouvernement
d'informer le public sur des mesures qu'il entend prendre. Par contre, lorsque
ces mesures prennent [...] forme d'un projet
de loi, il importe que les députés soient les premiers informés des détails du
contenu de ce projet de loi. Il en va du respect de leur rôle de législateur.
«L'état
actuel de la jurisprudence de l'Assemblée veut que la seule communication du
texte d'un projet de loi pourrait
constituer un outrage au Parlement. Ailleurs au Canada, la jurisprudence est
beaucoup plus stricte concernant la communication d'information sur le contenu
d'un projet de loi avant sa présentation à l'Assemblée. Le président
n'entend pas procéder dès maintenant à un
revirement jurisprudentiel, mais préfère, dans un premier temps, sensibiliser
tous les députés et les appeler à la
prudence. Tous doivent avoir à l'esprit le rôle de l'institution parlementaire
et de ses membres quand vient le
temps de rendre public le contenu
d'un projet de loi [qu'il entend] soumettre aux membres de
l'Assemblée. Cela vaut particulièrement pour les membres du gouvernement, qui [représentent] la majorité
des projets de loi débattus par
les députés. Il est à espérer que tous entendent cet appel de la présidence et
en partagent les objectifs, autrement la présidence pourrait être
appelée à resserrer la jurisprudence.»
Donc, M. le Président, malgré cet important
avertissement, le précédent gouvernement, et l'ancien ministre Pierre Moreau en particulier, avait même été
jusqu'à mettre en oeuvre des dispositions législatives qui n'avaient pas encore été adoptées par l'Assemblée nationale, et ce,
afin d'abolir les conférences régionales des élus, les CRE, ce qui avait, là,
valu une importante condamnation pour
outrage au tribunal rendue par votre prédécesseur, M. Chagnon, le 19 mars
2015. Cette décision avait été
qualifiée d'extrême importance «face
à l'arrogance d'un gouvernement qui souhaitait piétiner le processus
législatif», citation qui a été dite par l'actuel ministre des Transports,
alors leader parlementaire de la Coalition avenir Québec.
Donc, ce que
nous demandons, M. le Président, c'est d'intimer le nouveau gouvernement de ne
pas tomber dans le même jeu si tôt
dans son mandat et d'envisager enfin un resserrement jurisprudentiel pour
s'assurer que les droits et privilèges de tous les parlementaires soient
dûment respectés par ce gouvernement. Merci, M. le Président.
Le
Président : Merci, M. leader du deuxième groupe d'opposition.
Je reconnais le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le
Président. On souhaite également commencer par dire qu'on souscrit aux arguments qui ont été soumis par l'opposition
officielle. On a pris connaissance de leur lettre du 29 novembre. Les
éléments de preuve, les faits qui ont
été amenés par l'intervention de mon collègue sont absolument au-dessus de
toute interprétation. Il y a eu, et
c'est clair, un outrage au Parlement de commis par le gouvernement lorsqu'il a
transmis son discours d'ouverture avant que le premier ministre ne l'ait
livré ici, au salon bleu.
Ceci étant
dit, je veux vous confesser mon énorme surprise, mais vraiment ma très grande
surprise d'entendre le leader adjoint du gouvernement invoquer la notion
d'embargo pour justifier le fait que ce ne serait pas un outrage au Parlement. Et je suis d'autant plus content de
voir le député de Granby faire son entrée dans cette Chambre puisque, le
31 mai 2018, il argumentait que justement la
notion d'embargo ne faisait pas en sorte qu'il n'y avait pas eu d'outrage au
Parlement.
Alors, je me
suis prêté, avec mon équipe, à un petit exercice de dictée trouée. J'ai
ressorti l'intervention du député de Granby du 31 mai 2018. J'ai
remplacé le mot «projet de loi» par «discours d'ouverture», le mot «Parti
libéral du Québec» par «Coalition avenir
Québec» — ça,
c'est un switch qu'on peut faire souvent — et le mot «la ministre» par le mot «le premier ministre». Alors, M. le Président,
je vais vous faire la lecture de l'intervention du député de Granby avec
ces petites modifications et je vais, bien sûr, le déposer en Chambre :
«Merci, M. le Président. Je viens d'écouter la
plaidoirie du leader du gouvernement. Ça ne tient pas la route, M. le Président. [Parce que], si je suis le
raisonnement du leader du gouvernement, à partir de maintenant, tout discours
d'ouverture pourrait être déposé une heure, 1 h 30 min avant,
deux heures, sous embargo, à des journalistes ou même envoyé à certaines autres
personnes, en nous disant : Bien, ce n'est pas grave, c'est sous embargo.
Bien, si c'est sous embargo, M. le Président, pourquoi ne pas l'envoyer aux
députés en même temps?
«Donc, à
partir de maintenant, [M. le
Président,] selon la décision que vous
allez prendre, ou un prochain gouvernement,
tout gouvernement pourra décider, suite à ce que la ministre a fait, de faire
la même chose. À partir de demain, à partir de la prochaine législation, tout gouvernement pourra
faire exactement ce que [la Coalition
avenir Québec] vient de faire.
«[...]Imaginez,
là[...], M. le Président, imaginez la folie, selon la décision que vous allez
prendre, de ce que le leader du
gouvernement vient de [...] dire. Bien, à partir de demain, si vous ne donnez
pas une décision qui dit à tous les parlementaires,
et surtout au gouvernement ou au prochain gouvernement : Vous n'avez pas
le droit, même sous embargo, de
dévoiler ou de donner [le discours d'ouverture], bien, on sert à quoi ici, M.
le Président, comme parlementaires?»
Je vous le demande, M. le Président, je vous le demande.
«[Le
premier] ministre est [...] responsable de ses employés. C'est [lui, le plus
grand patron] de son [gouvernement]. Il
y a des gens qui doivent mesurer leurs gestes et comprendre la gravité de ce
geste. C'est pour ça que mon collègue l'a soulevé comme une question de droits et privilèges, et ce sera pour moi
extrêmement important de voir la décision que vous allez prendre parce que, si cela aujourd'hui ne démontre pas une
violation totale, complète, en bonne et due forme d'un gouvernement qui
a dévoilé [le discours d'ouverture], même sous embargo, là... [...]quand je
vous parle de définition, là, du mot
"public", M. le Président, on ne sait pas à qui [le discours
d'ouverture] peut être envoyé immédiatement.
On ne sait pas. Et je vous le dis[...], à partir de demain, bien, toute
situation similaire, on va demander d'être invités.
«[...]En
terminant, M. le Président, pour nous, il s'agit d'une faute grave de la part
du gouvernement et doit [...] être sanctionnée. Il en va du respect
envers l'institution qu'est l'Assemblée nationale, mais également de celui des parlementaires, acteurs clés de notre système. La
présidence, je le mentionnais, se doit d'envoyer un message clair à tous
les parlementaires afin que ceux-ci
respectent ses règles et fondements les plus élémentaires. Pour nous, de ne pas
sévir, M. le Président, pourrait créer un dangereux précédent pour les
prochaines législatures, comme je vous l'ai mentionné auparavant.
Merci.»
Alors,
je fais le dépôt de cette citation légèrement modifiée du député de Granby.
Alors, je trouvais que c'était à propos,
M. le Président, dans la situation actuelle, surtout après avoir entendu le leader
adjoint du gouvernement arguer la
notion d'embargo pour dire : Puisqu'il y avait embargo, il n'y avait pas d'outrage au Parlement. Moi, j'ai trouvé un très bon
argumentaire, qui nous indique qu'au contraire l'embargo peut aller de pair
avec un outrage au Parlement.
C'est
drôle, M. le Président, je reconnais que j'ai eu moi-même un peu de
plaisir, mais, en même temps, je pense que
ça démontre qu'il y a une nécessité de cohérence dans les décisions
puis dans les argumentaires qui sont plaidés ici et je trouve ça un peu particulier qu'aujourd'hui le leader d'un gouvernement formé par la Coalition avenir Québec
utilise l'argument précisément inverse, précisément inverse à celui que
son collègue a soutenu le 31 mai 2018.
J'aimerais
également soulever le fait que le leader adjoint du gouvernement a soulevé l'incohérence de ce côté-ci de la Chambre, du côté du Parti
libéral du Québec, en disant que le Parti libéral du Québec avait déjà argumenté que la notion d'embargo les protégeait d'avoir fait un outrage au Parlement.
Alors, les contradictions sont multiples ici. Or, ce que le leader
adjoint du gouvernement n'a pas dit, c'est que, lorsque le président a rendu sa
décision, la décision 67/77, le 12 juin
2018, le président a conclu que l'argument du leader libéral de l'époque était
non fondé et qu'il y avait, à première vue, un outrage au Parlement.
Alors
là, ici, vous voyez, il y a comme une double contradiction, parce que
dans sa décision, et je vais vous la lire et vous la déposer, la
décision 67/77, le président écrit : «En effet, permettre que des
journalistes soient informés, avant les
députés, du contenu d'un projet de
loi pourrait avoir pour effet de
placer ces derniers dans une drôle de position : questionnés par les journalistes, ils pourraient
avoir à donner leur opinion en ayant moins d'information qu'eux sur un
sujet qui, par ailleurs, doit être débattu
en priorité à l'Assemblée. Tous conviendront que ce déséquilibre n'est pas
souhaitable.»
• (15 h 50) •
Et la dernière phrase
de cette décision, que vous connaissez bien, M. le Président, est claire :
«Dans les circonstances et malgré les regrets exprimés par la ministre, la
présidence ne peut faire autrement que conclure que la question soulevée par le
leader de l'opposition officielle constitue, à première vue, un outrage au
Parlement.»
Tout ça pour dire, M.
le Président, que, lorsque le leader du gouvernement de l'époque a plaidé que
la notion d'embargo le protégeait d'un
outrage au Parlement, la présidence a jugé que cet argument ne valait pas, que
cet argument ne tenait pas la route.
Je ne vois pas pourquoi le même argument invoqué aujourd'hui
par le leader adjoint d'un nouveau gouvernement tiendrait soudainement la route. En toute
cohérence, je pense qu'une décision semblable doit être rendue.
Je
me permets, juste avant de terminer, de porter à votre attention une deuxième
décision, qui concerne cette fois un
ancien gouvernement du Parti
québécois, une décision rendue le 14
novembre 2012, la décision 45/2, dans laquelle le gouvernement de l'époque, donc, est réprimandé pour avoir fait circuler le texte du
discours d'ouverture à des journalistes avant que ce discours ne soit
livré en Chambre.
Alors, comme vous le
voyez, M. le Président, il y a plusieurs raisons, et des raisons assez claires,
qui nous permettent de dire en toute
certitude qu'il y a eu un outrage au Parlement commis ici. J'ai tenté de
développer un argumentaire meilleur que celui du député de Granby, je n'y suis
pas arrivé, alors je vais déposer cet argumentaire pour que vous vous
basiez sur ses bons arguments pour rendre votre décision.
Ceci
étant dit, il y a néanmoins un autre point commun entre les deux décisions
que je vous ai citées aujourd'hui,
celle de 2012 et celle de 2018. Ce point en
commun, c'est que les présidents de l'époque ont, bien sûr,
reconnu qu'il y avait eu outrage au
Parlement. Ceci étant dit, ils n'ont pas sanctionné les deux gouvernements de l'époque. Si, donc, le PQ
et le PLQ, à l'époque, ont commis des
outrages sans être sanctionnés, je pense qu'on pourrait adopter une même
attitude dans ce cas-ci, étant donné
que c'est un gouvernement qui vient d'entrer en fonction. Je pense qu'il faut
faire preuve, encore une fois, là, de cohérence et agir de la même
manière.
Je m'arrête
ici, mais en terminant, donc, je veux déposer formellement ma citation des
arguments du député de Granby, à peine modifiés, et les deux décisions
que j'ai citées. Merci, M. le Président.
Document déposé
Le
Président : Merci, M. le leader du troisième groupe
d'opposition. Évidemment, les décisions dont vous parlez, bien, elles
sont dans le recueil. Vous pouvez les déposer, mais ce n'est pas nécessaire.
Quant à l'autre document, ça demande quand même consentement. Y a-t-il
consentement pour déposer ce document?
Des voix :
Consentement.
Le
Président : Consentement. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Je reconnais le leader de l'opposition officielle.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Merci, M. le Président. D'abord, juste vous rappeler que la décision que vous
devez prendre aujourd'hui, ce n'est pas sur
le fond. Prima facie, vous devez reconnaître si, oui ou non, il y a outrage,
ensuite on fera notre travail devant la Commission de l'Assemblée
nationale si nous le souhaitons. Mais, à première vue, vous devez prendre la
décision suivante : Est-ce qu'il y a eu outrage, oui ou non?
Outrage, M. le
Président, ça veut dire porter atteinte à l'intégrité, à l'autorité, à la
dignité de cette Assemblée. C'est, à mon
avis et selon les collègues de l'opposition, ce qui s'est passé le
28 novembre dernier. Vous rappeler, M. le Président, que le
collègue leader adjoint du gouvernement a reconnu les faits. Alors, il a
reconnu ce qui s'est passé, il a tenté une
explication pour se soustraire de l'outrage ou se soustraire de nos règles, us
et coutumes que nous avons ici. À mon avis, cette explication-là ne
tient pas la route, mais ça, ce sera à vous, M. le Président, de l'apprécier.
Mais, lorsqu'il y a reconnaissance des
faits, lorsque les faits sont en notre faveur, M. le Président, à la lumière de
l'ensemble de ce que j'ai évoqué et des décisions qui ont été partagées par les
collègues, et cette analyse fine et brillante de ce qu'avait fait le collègue de Granby à l'époque, je pense,
M. le Président, que vous avez tous les éléments pour rendre cette décision.
Le
collègue a posé une question : Qu'est-ce que ça veut dire, ce qui s'est
passé? Ce que ça veut dire, M. le Président, c'est que, dès le début, dès
le début de cette Assemblée, c'est la dignité de cette Assemblée qui est
secouée.
Deuxièmement, M. le Président, c'est que, depuis 2009, le discours d'ouverture, là, il est associé à un vote. Il y a une motion du premier ministre et il y a un vote. Alors, on est dans une situation
majoritaire. On la connaît. Mais vous
savez que, dans d'autres circonstances, ce
vote-là, il est extrêmement important. Et peut-être qu'un gouvernement, plus
tard, comme il y en a déjà eu dans le passé, serait passablement nerveux dans
les prochaines 25 heures. Ce n'est pas le cas, là, mais ce pourrait être le cas, M. le Président. Alors, il faut
accorder à ce processus-là, discours, motion, débat, vote, ce que ça veut dire.
On ne fait pas comme il se fait ailleurs non plus.
Maintenant,
M. le Président, on est liés, d'une certaine façon, par notre jurisprudence,
c'est vrai. On peut s'inspirer de ce
qui se fait ailleurs, c'est vrai. Mais notre Parlement, M. le Président, a
toujours défini ses règles à peu près par lui-même, et c'est tant mieux parce que nous sommes dans un
modèle qui est bien différent. Et ce que je veux faire, au nom de tous
les collègues, M. le Président, de tous les partis confondus, parce qu'un jour
ou l'autre, pour l'avoir vécu, on peut se retrouver
à différents endroits ici, dans cette Assemblée... Il faut protéger cet espace
de droit et privilège, M. le Président, et, pour moi, c'est extrêmement
important.
Alors, votre première
décision et seule décision à prendre maintenant, c'est : Est-ce qu'à
première vue il y a cette violation des
droits et privilèges? Ça, c'est notre droit de l'invoquer de cette façon, M. le
Président, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. Ensuite, s'il y aura des
suites, nous y verrons. Mais actuellement je pense qu'il y a outrage. Il y a
reconnaissance des faits. Les raisons
invoquées ne sont pas suffisantes pour relever cet outrage ou pour élever cette
violation de nos droits et privilèges.
Alors, M. le
Président, vous avez tout entre les mains pour rendre une décision rapidement.
Je pense qu'il y a véritablement outrage de nos droits et privilèges de
parlementaires. Merci.
Le Président :
Je reconnais le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Court commentaire, M. le Président.
Premièrement, l'embargo est une explication, mais les décisions qui ont été prises
par les autres présidents sont sans
appel sur le fait qu'il n'y a pas de violation
de droit ou de privilège. J'entends l'argument du collègue, mais il y a
quand même une jurisprudence, dans le contexte du parlementarisme britannique,
qui existe.
Donc,
ce sont deux choses très distinctes. Et, outre le plaisir renouvelé que j'ai eu
à entendre mon collègue, je pense
qu'il a mélangé toutes sortes de décisions qui ont été prises concernant un projet
de loi, concernant aussi le discours du
trône de la première ministre Marois. Donc, il y a eu un mixte de différentes
situations pour en arriver à sa finalité. J'espère et je suis convaincu
que vous saurez analyser les faits pour ce qu'ils sont et dans leur contexte.
Et
dernièrement, dernier argument, il n'y a pas admission des faits parce qu'il
n'y a pas de fait à admettre. Le seul fait qu'on doit admettre, c'est que la jurisprudence est claire. Une
situation comme celle-là n'a jamais donné lieu à une décision d'un président à
l'effet qu'il y avait violation de droit ou de privilège. C'est le seul fait
que vous avez à apprécier, M. le Président.
Le
Président : Merci, M. le leader du gouvernement. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions? Vu qu'il n'y a pas d'autre intervention, je vous remercie pour celles-ci. Elles vont
nourrir ma réflexion, soyez-en convaincus. Et je prends donc la question en
délibéré. Je rendrai ma décision d'ici la fin de la semaine. Merci. M. le
leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Ouellet : Oui. J'aurais une
question de directive à vous soulever, M. le Président, sur un autre sujet.
Est-ce que c'est le moment?
Le Président : Oui. Je vous
écoute, M. le leader.
Demande de directive
concernant la tenue d'une commission parlementaire
sur l'avenir de l'information au Québec annoncée par
la ministre de la Culture et des Communications
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : M. le Président,
le 30 novembre dernier, 2018, la ministre de la Culture et des
Communications et ministre
responsable de la langue française, accompagnée de son adjoint parlementaire le
député de Saint-Jean, a annoncé son intention de tenir une commission
parlementaire sur l'avenir de l'information au Québec à la suite d'un mandat d'initiative. Le même jour, elle a indiqué, dans
un gazouillis, et je cite : «J'ai annoncé avec [le député de Saint-Jean]
la création d'une commission parlementaire sur l'avenir de
l'information.»
Cette
interprétation a été reprise par divers médias écrits dans leurs articles de
presse, et j'en cite quelques-uns, M.
le Président. Québec créera une commission parlementaire sur l'avenir de
l'information, Sébastien St-Onge, Le Soleil, 30 novembre
2018; «La ministre de la Culture et des Communications du Québec [...] a
annoncé vendredi la tenue d'une commission
parlementaire sur l'avenir de l'information au Québec», Caroline Montpetit, Le Devoir,
1er décembre 2018; «Le gouvernement Legault s'engage à tenir une
commission parlementaire, dans les prochains mois, sur l'avenir de
l'information au Québec», Caroline Plante, La Presse canadienne,
30 novembre 2018.
Cette
déclaration de la ministre laisse croire qu'elle présume de la décision qui
sera prise lors des travaux d'une commission parlementaire dont les
membres n'ont même pas encore été nommés, M. le Président.
Alors,
question de droit, M. le Président. L'Assemblée nationale est souveraine dans
ses décisions. Nul ne peut présumer
de ses décisions, notamment au sujet de l'adoption ou pas de projets de loi.
Les commissions sont formées par l'Assemblée nationale et bénéficient des mêmes
droits et privilèges quant à leur indépendance. Nous rappelons que les mandats d'initiative sont à la disposition des
députés pour étudier des enjeux qu'ils jugent importants. C'est leurs outils
parlementaires, y compris pour les députés issus du groupe parlementaire
formant le gouvernement.
Nous vous
demandons de rappeler aux parlementaires et aux membres du Conseil exécutif en
particulier les règles de séparation
des pouvoirs et notamment de rappeler qu'il appartient aux membres des
commissions parlementaires de décider
s'ils acceptent ou non de se saisir d'un mandat d'initiative et de ne jamais
présumer des décisions qui seront prises.
M. le
Président, je souligne que nous ne sommes pas contre cette proposition, bien au
contraire, mais il semble utile de rappeler l'importance de ne pas présumer des
décisions qui seront prises par cette Assemblée et ses commissions.
• (16 heures) •
Nous vous
demandons donc, M. le Président, de statuer pour rappeler à tous les membres de
cette Assemblée ainsi qu'aux membres du Conseil exécutif de ne pas
présumer des décisions à venir de l'Assemblée nationale ou de ses commissions et de leur rappeler l'indépendance de
leurs travaux face à l'Exécutif. Alors, si vous permettez, M. le Président,
j'aimerais vous déposer les articles de presse en question dont je vous ai
cités.
Documents déposés
Le
Président : Consentement pour le dépôt de documents? Il y a consentement? Consentement. M. le leader
du gouvernement.
M. Sébastien
Proulx
M. Proulx : Bien, M.
le Président, à titre de leader de l'opposition officielle, je ne veux pas présumer que ce sera mon
tour, mais je voulais ajouter dans ce qu'a fait le collègue parce que c'est un
des dossiers que j'avais également sur la
table et dont je ne souhaitais pas parler aujourd'hui parce que
nous avions à régler de la première question, mais voilà une autre occasion, M. le
Président, de défendre les droits et privilèges de cette Assemblée.
Le tweet de la ministre, M. le Président,
dit : «Notre gouvernement agit pour protéger le droit des Québécois à l'information dans toutes les régions. J'ai annoncé avec un collègue — son adjoint parlementaire — la création d'une commission
parlementaire sur l'avenir de l'information.»
M. le
Président, les commissions, le dit le collègue, elles ne sont pas formées,
elles le seront tout à l'heure. Les commissions,
M. le Président, ce n'est pas l'extension de l'Exécutif, ça appartient à
l'Assemblée nationale. Les commissions, elles sont présidées par des députés et elles ont comme vice-présidents
des députés. Il y a des députés qui y siègent. Ces députés, M. le Président, vont convenir ensemble
des travaux. Ils vont se faire imposer, c'est vrai, M. le Président, des
travaux lorsqu'on va déléguer ici, dans
cette Assemblée, ou on va déférer vers la commission les consultations, l'étude
article par article de projets de loi. Mais les mandats d'initiative, M. le
Président, les mandats, là, qui peuvent être confiés
à une commission, le sont par cette Assemblée ou parce qu'un de ses membres le
soulève, le propose. Et ce n'est pas à majorité, M. le Président, que ce sera
réglé. Ce sera à régler par tous les groupes parlementaires, y compris si y
siège un indépendant. Alors, M. le Président, c'est présumer de la
décision de cette Assemblée.
Encore une
fois, l'opposition officielle, M. le Président, n'est pas contre, du tout, ce
mandat-là, là. On aura la chance, j'imagine, d'en discuter lorsqu'il
sera éventuellement déposé. Mais la question qui va se poser, M. le Président,
pour M. et Mme Tout-le-monde qui nous
écoutent, c'est : Est-ce que c'est la volonté du gouvernement que le
mandat, tel qu'il sera déposé, se
réalise ou les députés pourront, en temps et lieu, discuter du mandat, discuter
des modalités, discuter du moment où
se tiendra cette commission? Est-ce qu'il n'y a pas plus urgent, actuellement,
parce qu'il y aura un projet de loi qui
sera déposé? Moi, je ne le sais pas, M. le Président. C'est à la commission que
ça va se passer, et moi, je n'y siège pas, à cette commission-là, M. le
Président.
Et l'autre erreur, à mon avis, M. le Président,
qui vient ajouter à ce que dit le collègue, c'est que la ministre présume qu'elle sera membre de cette commission.
La ministre n'est pas membre de cette commission, M. le Président. Elle ira, lorsque ses dossiers y seront, comme
dépositaire et porteuse d'un projet de loi. Mais, tant qu'elle n'a pas déposé
un projet de loi, M. le Président, elle ne siège pas, à ma connaissance, sur la
commission. Son adjoint parlementaire, peut-être.
Peut-être que ce sera lui qui aura le fardeau de présenter aux collègues
d'abord ses excuses et ensuite, M. le Président,
son projet. Mais, dans les deux cas, on ne peut pas présumer, dans cette
Assemblée, M. le Président, que ça va se faire.
Alors, moi,
je fais un plus deux plus trois. C'est de ça dont je parlais tout à l'heure, M.
le Président. La première fois, c'est
le discours d'ouverture, la deuxième fois, c'est la commission parlementaire,
la troisième fois, c'est les comptes publics. Alors, il ne faudrait pas
que ça en devienne une habitude.
Alors, vous
avez deux questions de violation de droit et de privilège, c'est ce que
j'entends, ou, en tout cas, de directive : une en violation de
droit et de privilège plaidée tout à l'heure et une autre qui sera plaidée
d'ici la fin de la semaine, au moment... si vous le souhaitez et si vous voulez
nous reconnaître pour nous entendre.
Mais, M. le Président, là, c'est de ça dont il est question lorsqu'on parle de
l'intégrité, de la dignité et de l'autorité de cette Assemblée. Pour les gens à l'extérieur, la commission, elle
existe, elle est formée, le mandat, il est donné, les modalités sont
presque entendues. Lorsque j'entends ce qui s'est dit, M. le Président, on a
l'impression que déjà il va y avoir des
directives, des orientations qui seront données par cette commission au gouvernement. Je ne sais pas où elle va
terminer, cette commission-là, M. le
Président. Pourquoi?
Parce qu'il appartient aux membres qui y siègent d'y définir
et les mandats, et les travaux, et l'échéancier, et les gens qu'on y attendra.
Alors, dans
ce contexte-là, M. le Président, j'appuie... et j'ajoute ma voix à celle de l'opposition officielle, à la demande
du collègue, en vous disant qu'il faut respecter encore une fois les droits et
privilèges de tous les parlementaires, notamment sur les commissions
parlementaires. Le salon bleu, c'est
une chose, les commissions
parlementaires, c'en est une
autre. Mais, là aussi, M. le Président, on a droit aux mêmes privilèges dans le
cadre de nos travaux.
Je termine en vous rappelant comment on peut
faire un mandat d'initiative parce que l'Assemblée a référé ce mandat — ça, c'est une décision qu'on devrait prendre
ici — parce
qu'un membre voudra y déférer un mandat. Et là, à ce moment-là, M. le
Président, ça prendra quoi? Ça prendra l'assentiment de tous les parlementaires
membres de cette Assemblée pour convenir du mandat.
Le Président : Je comprends,
M. le leader de l'opposition, que je suis saisi à ce moment-ci d'une question
de privilège émanant du leader de l'opposition officielle et d'une question de
directive du leader du deuxième groupe d'opposition,
que les choses soient claires dans ces questions qui sont présentées. Je
reconnais le leader du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, bien, sur la question de directive du collègue, honnêtement, j'ai entendu beaucoup de choses dans ce Parlement,
couper des cheveux en quatre, j'ai vu ça, mais là on est rendus en huit, en 12,
en 14.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Caire : La ministre
de la Culture a manifesté une
intention, une volonté au nom du gouvernement. Et c'est une parlementaire aguerrie. Nous comprenons parfaitement que les commissions
parlementaires de l'Assemblée nationale sont souveraines, qu'elles règlent leurs propres
agendas, qu'elles règlent leurs propres travaux et qu'il n'y a pas de volonté ou de tentative de la part de la ministre de la
Culture d'induire quoi que ce soit.
Maintenant, M. le Président, si on veut se
lancer dans ce sentier-là, on peut reprendre les propos de tous les collègues qui ont été au gouvernement, qui ont été ministres, qui ont manifesté sur la place publique des
intentions, qui ont commenté des projets de loi qui n'étaient même pas déposés à l'Assemblée nationale, qui ont
mis en place des directives pour un projet de loi qui n'était même pas
déposé à l'Assemblée nationale. Il n'était même pas déposé qu'ils commençaient
déjà à le mettre en application. Donc, M. le Président...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Un peu
d'attention, c'est important. Ce qui se dit là fait en sorte qu'on
pourra rendre des décisions...
Une
voix : ...
Le
Président : Mme la députée, s'il vous plaît! Je vous entends
très bien. Pourtant, vous êtes assez loin de moi. Alors, s'il vous
plaît, on continue et on écoute. Nous sommes attentifs.
M.
Caire : Ce que ma collègue, qui est une parlementaire
aguerrie, ministre de la Culture a fait, c'est manifester une intention du gouvernement qui est très claire,
qui est tout à fait légitime, dans le respect de nos institutions, dans le
respect du fonctionnement du Parlement. Et
éventuellement les commissions parlementaires pertinentes seront saisies,
de la façon dont il le convient, des
orientations ou des volontés des députés, et les députés en disposeront selon
leur bon vouloir et selon leurs prérogatives. Mais on ne peut pas blâmer
une ministre du gouvernement de faire connaître les intentions du gouvernement
au peuple du Québec qui l'a élu majoritaire.
Le Président :
D'autres interventions? M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : M. le Président, les commissions ne sont pas créées. Je pense que la
moindre mesure qu'on aurait pu, c'est
d'avoir une simple admission en disant : On s'est trompé, on est peut-être
allé un petit peu trop vite, voici notre intention. On aurait compris. Mais de nous imputer une mauvaise foi, de
faire de la procédurite sur des règles du gouvernement, je pense que
c'est pousser un petit peu le bouchon.
M.
le Président, ce qu'on demande, c'est qu'on travaille en collégialité et qu'on
s'assure que, si on commet une erreur, on est capable de la reconnaître. Mais
on connaît l'intention et on voulait y collaborer, M. le Président. Alors,
c'est sûr et certain que je n'accepterai
assurément pas de me faire accuser de couper des cheveux en quatre pour un
droit qui touche celui d'être un parlementaire ici, dans cette
Assemblée, M. le Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président. Juste pour déposer des documents qui sont en soutien de
ce qu'on a discuté tout à l'heure, autant pour les coupures de presse que le
fil d'information du gouvernement du Québec.
Le Président :
Est-ce qu'on consent au dépôt de ces documents? Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix :
Consentement.
Documents déposés
Le Président :
Consentement, je comprends. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Alors,
je vous rappelle, saisi de ces questions, je prends en délibéré et je réfléchis
pour vous rendre une décision rapidement. Merci.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Je vais suspendre les travaux, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à
16 h 9)
(Reprise à 16 h 11)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Nous reprenons nos travaux.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion du premier ministre
proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Aux affaires
prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné le vendredi 30 novembre 2018
sur le discours d'ouverture et sur la motion de M. le premier ministre
proposant que l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement ainsi que les motions de
grief présentées par M. le chef de l'opposition officielle, M. le chef du deuxième groupe d'opposition, Mme la chef du
troisième groupe d'opposition, M. le député de Rimouski, Mme la députée de Sherbrooke, Mme la députée de
Saint-Laurent, M. le député de Pontiac, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, M. le député de Jonquière, M. le
député de Laurier-Dorion et Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys.
Avant de
donner la parole au prochain intervenant, je vous informe que
9 h 18 min ont été utilisées dans le cadre de ce débat. Après prise en considération du temps
de parole que j'ai utilisé à titre de premier vice-président de l'Assemblée
et député des Chutes-de-la-Chaudière et
répartition du temps non utilisé par le député indépendant, il reste donc un
total de 15 h 41 min
réparties comme suit : 7 h 52 min au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 4 h 21 min au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
1 h 5 min au deuxième
groupe d'opposition, 1 h 23 min au troisième groupe
d'opposition, 60 minutes au représentant du gouvernement pour sa réplique.
Je suis maintenant prêt à céder la parole à un
prochain intervenant. M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci, M. le Président. Merci à mes collègues
également. Merci, M. le Président. Avant toute chose, j'aimerais faire comme mes collègues avant moi,
vous féliciter pour votre nomination ainsi que chacun de mes collègues
élus à cette 42e législature.
Se lancer
dans l'arène politique est un choix lourd de conséquences. On le réalise dès
que la campagne débute. Les heures
filent à toute allure, les rencontres se multiplient, les enjeux à approfondir
s'accumulent, les nouvelles à suivre sur tous les médias se multiplient.
La famille et les amis, on les voit moins, ils sont bouleversés par ce qu'ils
lisent et entendent dans les médias. Oui,
une campagne électorale, c'est du sport, mais le mandat que nous avons débuté
ici la semaine dernière est la vraie affaire, le sport que les
commentateurs qualifient d'extrême.
Pour ma part,
je garderai présent à l'esprit et dans le coeur que ceux pour qui je travaille,
ce sont mes concitoyens, les
résidents de Marquette et l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Ceci
dit, la beauté de la politique est que nous sommes dans le monde du possible et qu'ensemble nous pourrons imaginer
de meilleures manières de servir et de protéger nos concitoyens tout comme les meilleures manières de concrétiser ces
projets et ces plans avec respect, transparence et imputabilité. Sur ce,
je me dois de remercier les électeurs de Marquette, soit ceux de
l'arrondissement de Lachine à Montréal et
ceux de la ville de Dorval, qui m'ont témoigné leur confiance en m'élisant leur
représentant, leur porte-voix à l'Assemblée nationale du Québec. Quel privilège!
Knowing
that people from Lachine and Dorval took the time to go out and vote for a man
they knew very little of gives me an immense feeling of gratitude. I will endeavor
for each one of you to better the lives of young and old, be your voice at this National Assembly and make you proud. Thank
you for this opportunity.
Le mandat de
député que je débute et ses responsabilités, je les prends à coeur. C'est avec
intégrité et dévouement que je
m'engage à oeuvrer pour le bien de tous les résidents de ma circonscription,
quel que soit leur statut et leur choix politique ainsi qu'avec toutes
les parties prenantes locales.
Les citoyens
de ma circonscription, M. le Président, vivent diverses réalités et font face à
des défis aussi variés. Mais nul ne
me semble aussi inacceptable que le désert alimentaire dans lequel vivent les
citoyens du secteur Saint-Pierre, à
Lachine, dans la métropole du Québec, en 2018. C'est ce qui est choquant. Je travaillerai sans relâche et avec tous les acteurs déjà impliqués pour que ces familles aient accès à des
épiceries et des produits frais parce que tous nos efforts pour un Québec en santé ne valent pas grand-chose si nous sommes
incapables de le rendre accessible aux plus démunis d'entre nous.
Une autre
situation qu'il nous faut remédier, et je dis bien «nous»
parce que la bonne volonté et l'aide du gouvernement est requise,
c'est la dangerosité de l'échangeur Saint-Pierre, érigé en plein secteur
résidentiel. Ce n'est pas possible qu'une telle infrastructure coupe les
résidents des services offerts à quelques mètres plus loin et que, lorsqu'ils y
vont, ce soit à leurs risques et périls.
Rappelons qu'une citoyenne y a été mortellement happée l'année passée. Une
mort est une mort de trop, M. le Président, et je le répète, une mort
est une mort de trop. Je travaillerai de manière particulièrement constructive pour qu'ensemble nous puissions
réaménager l'intersection provinciale la plus dangereuse du Québec et que
nous donnions à nos concitoyens la sécurité dont ils sont en droit de
s'attendre.
Également,
les résidents de Marquette sont à un jet de pierre du centre-ville de Montréal,
et leurs commerces et entreprises sont à quelques kilomètres du reste
des Montréalais. Cependant, c'est compliqué quand il est question de mobilité. Là encore, je travaillerai
inlassablement pour que les infrastructures que l'État québécois accorde aux sociétés
de transport donnent comme résultat une
offre de transport en commun réelle, pratique et efficiente pour les résidents
de Lachine et de Dorval. Ça viendra
aider les résidents dans leurs déplacements, ça permettra aux Québécois de
découvrir ce beau comté qui longe le Saint-Laurent, tout en étant
bénéfique pour réduire l'émission des gaz à effet de serre.
Voilà
quelques-uns des enjeux touchant ma circonscription sur lesquels je dois
travailler et pour lesquels j'espère compter sur la collaboration de mes
collègues députés, notamment du ministre des Transports.
Maintenant, je m'en voudrais de ne pas souligner
le travail de tous ceux qui ont décidé d'embarquer dans l'aventure d'une campagne électorale sans me connaître, en me supportant
malgré une entrée rocambolesque, et, M. le Président, le mot «rocambolesque» est très, mais très faible. Merci de
votre confiance et votre courage. Je tiens à saluer et remercier également ceux qui tiennent le fort
dans ma circonscription de Marquette lors de mes déplacements dans la
Vieille Capitale, mes collègues et amis Catherine, Dominic et Viviana, qui
détient le rôle d'ange gardien.
Sur une note
personnelle, mon saut en politique et le mandat que j'entreprends, je n'aurais
pas pu le réaliser sans le soutien de
ma famille. Je remercie de tout coeur mon épouse et complice des
31 dernières années, Natacha, pour son support, son écoute et ses
conseils, mon fils, Sean-Anthony, jeune homme de 20 ans qui débute aussi
dans le service public comme pompier à Saint-Félix-de-Valois,
mes parents, mes trois soeurs et toute la famille élargie de m'avoir secondé
dans cet important choix du service public.
Le choix de
servir les gens est pour moi l'aboutissement naturel d'un cheminement qui, bien
qu'il se soit développé dans l'arène
du sport professionnel et dans l'analyse sportive, a débuté et s'est enraciné
dans l'éducation que m'ont donnée Francine, ma mère, et
Antonio, mon père.
Mon père
Antonio, un Québécois né à Campobasso, en Italie, a débarqué à l'âge de
14 ans au Canada. Ma mère Francine, une Canadienne française de Pincourt... C'est à eux que je dois les
valeurs qui me guident toujours aujourd'hui :
l'authenticité, le travail, la persévérance
et l'altruisme, être vrai en tout moment, travailler fort pour atteindre ses
buts, ne jamais
lâcher malgré les adversités et ne pas vivre que pour soi, mais se préoccuper
du bien des autres et, quand on peut
faire une différence, agir. Voilà ce qu'ils m'ont appris. Ces valeurs sont ma
boussole, et elle continuera à me guider au cours des quatre prochaines
années au sein de cette prestigieuse enceinte.
Je remercie
aussi le Parti libéral du Québec et M. Philippe Couillard de m'avoir donné
cette incroyable opportunité de
servir mes concitoyens. Les valeurs du Parti libéral du Québec font
écho en moi, et j'en suis ravi d'y découvrir des femmes et des hommes de tous les horizons et de toutes les régions, des
jeunes, des adultes et des aînés qui sont tous animés par le même désir de contribuer à l'essor des Québécoises
et des Québécois. À mes collègues libéraux élus, je peux vous dire que je suis très heureux et fier d'être des
vôtres. À mon chef, le député de Mont-Royal—Outremont, je vous remercie de m'avoir confié les dossiers qui me tiennent à coeur et pour lesquels
je possède une expertise particulière que sont le sport, les loisirs et
les saines habitudes de vie. Encore une fois, quel privilège!
• (16 h 20) •
Je tiens également
à remercier tous mes employeurs du passé dans le monde des médias qui m'ont
aidé à préparer, sans le savoir, mon
entrée en matière de communication dans cette enceinte. Pour une première fois au
sein de l'Assemblée nationale,
un hockeyeur de la Ligue nationale de
hockey est élu pour représenter ses concitoyens. C'est une réalisation
qui m'étonne encore, m'enchante, me comble et m'émeut.
J'ai appris à patiner à l'âge de deux ans et
j'avais quatre ans lorsque j'ai commencé à jouer au hockey à l'aréna Maurice-Richard. Le sport était pour mes
parents le moyen de me tenir occupé. Pour moi, le sport est devenu une passion puis une mission. Durant mon enfance et ma
jeunesse, j'ai pratiqué tant le soccer que le hockey, allant même à gagner, en 1984, à l'âge de 14 ans, le
championnat national avec les Lakers du West Island, dans ma circonscription,
où se situe ce terrain de soccer, au
parc du Centre communautaire Sarto-Desnoyers, à Dorval. C'est un terrain de
bons souvenirs. Peut-être j'aurais pu
me développer dans le soccer également, mais c'est le hockey qui a été ma voie. Tous les efforts des
miens et ceux de ma famille se sont vus récompensés lorsqu'à l'âge de
17 ans j'ai été recruté par les Cataractes de Shawinigan dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, malgré
que mon père souhaitait ardemment que je prenne la direction des universités
américaines d'où plusieurs offres de bourses d'études fusaient à mon endroit.
Il ne me l'a toujours pas pardonné,
d'ailleurs, après tant d'années. Papa... (s'exprime en italien). Puis trois ans
plus tard, à l'âge de 20 ans, j'ai été recruté par les North Stars du Minnesota dans la Ligue nationale de
hockey. Ce fait d'armes est quand même... ne me rajeunit pas, car cette
équipe n'existe plus depuis fort longtemps.
J'aimerais
prendre ce moment pour souligner le rôle incontournable de la famille et faire
en même temps le voeu que nous nous
souciions... que nous rendions la pratique du sport plus accessible pour nos
jeunes afin que le plus grand nombre
de nos enfants et adolescents puisse s'y adonner sans que ce soit une dépense
déraisonnable pour les parents. Dans mon
cas, à l'époque, mon père travaillait 14 heures par jour pour soutenir sa
famille de quatre enfants et deux adultes. Il me payait mes patins et
mon équipement du mieux qu'il pouvait, mais c'est également avec l'aide
financière d'une de mes tantes, Gabrielle,
décédée en mai dernier, qui vécut toute sa vie dans ma circonscription, à
Dorval, qui m'a permis de continuer à jouer au hockey. Sans elle, le coût
aurait été prohibitif pour ma famille, et ma vie aurait été tout autre.
Au Québec en
2018, et pour les années à venir, il faut qu'on soit capable de démocratiser
l'accès au sport pour le plus grand
nombre de nos jeunes. Il s'agit d'une question de santé publique, de saines
habitudes de vie, mais également de développement, et d'estime de soi, et
d'égalité des chances. Cette chance qui a été la mienne m'a permis de
vivre ma passion en jouant au hockey au
niveau professionnel. Ces années ont été riches en émotions, en défis, en
rencontres, en découverte du monde et
en croissance personnelle parce que la pratique du sport, M. le Président, nous
fait vivre des expériences qui nous amènent à développer des compétences
qui sont clés tout au cours de la vie.
La pratique
du sport n'exige pas seulement de l'effort, tant physique que mental, elle
exige aussi de la discipline, de la
concentration, de la détermination et de la persévérance, à y penser peut-être
bien la plus importante de toutes ces compétences,
soit la persévérance. Il en faut beaucoup pour ne pas se décourager et pour ne
pas lâcher. Parfois, on pense avoir
bien pratiqué, bien joué, mais les résultats ne sont pas là. D'autres fois, on
pense être le meilleur, mais des meilleurs que soi, il y en a partout et tout le temps. C'est la persévérance qui
m'a permis de mieux me connaître, d'accepter mes forces et mes faiblesses
et de concentrer mes efforts là où j'avais du talent pour devenir le meilleur
de moi-même.
Devenir le
meilleur de soi-même est capital lorsqu'on joue dans une équipe parce que la
personne avec laquelle on est en compétition est soi-même, pas ses
coéquipiers. Dans une équipe, chacun a son rôle, et c'est l'ensemble des compétences et des talents qui permet à l'équipe
de gagner. Oui, c'est vrai que l'on
peut avoir plusieurs aptitudes qui nous permettent de jouer plusieurs rôles. Comme hockeyeur, le fait d'être un
défenseur ne m'a pas empêché de marquer des buts lorsque de rares occasions se présentaient, bien entendu.
Mais, connaissant ma place, je ne cherchais pas à devenir un joueur de
premier trio, mais de jouer avec brio le rôle de défenseur et à soutenir mes
coéquipiers.
C'est peut-être
idéaliste de ma part, mais c'est ainsi que j'espère que nous exercerons la politique
dans cette enceinte, chacun travaillant pour être le meilleur de soi-même et
apportant chacune de nos contributions à l'équipe qui sera cette 42e législature à l'Assemblée nationale du Québec. Ce n'est pas une question d'être tous pareils,
mais bien de travailler à être complémentaires. C'est ainsi que je
compte oeuvrer à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière de sports, loisirs et saines habitudes de vie parce qu'en plus c'est la première fois que nous
sommes deux sportifs de carrière face à face sur les mêmes dossiers à
avoir été élus à l'Assemblée nationale.
En
effet, ma collègue élue dans la circonscription de Brome-Missisquoi est une
triple médaillée olympique en patinage
de vitesse. Et, en février de cette année, nous étions tous les deux aux Jeux
olympiques de PyeongChang; elle, à
titre de chef de mission de l'équipe canadienne, et moi, à titre de
correspondant analyste de hockey pour ICI Radio-Canada. Aujourd'hui, neuf mois plus tard, la députée de
Brome-Missisquoi et moi, nous nous retrouvons à l'Assemblée nationale dans deux équipes distinctes, mais toutes les
deux, tout comme les autres formations politiques de l'opposition, jouant
pour la même nation québécoise. Ça, je ne
l'oublierai jamais, et c'est la raison pour laquelle je tends la main à ma
collègue, qui s'est vu confier la
responsabilité d'être ministre déléguée de l'Éducation et de voir aux sports et
aux loisirs, pour qu'elle n'hésite pas à faire appel à mon expertise et
à m'inclure dans ses prises de décision.
Indeed, I will never forget that the
people of Québec elected us and that we're here to work for them. I am bringing with me all those assets learned
throughout my years of playing hockey, giving my best and being a faithful team
player, which is why, as of now, I
reach out to the junior Minister of Education, letting her know that she can
count on my knowledge and experience if needed, maybe.
Nous sommes tous les deux issus d'un monde où la recherche de
l'excellence est le but ultime. Nous connaissons tous les deux les sacrifices
qui doivent être consentis, nous connaissons tous les deux les grands bonheurs
du dépassement de soi. Profitons des compétences et des expériences, des
expertises que nous avons acquises et qui se retrouvent pour la première fois à l'Assemblée nationale pour faire
plus, pour faire mieux en termes d'accès aux sports et aux loisirs et en
termes de services et de soutien pour le bien de tous les Québécois.
En terminant, M. le Président, pour ma part, je m'engage à oeuvrer avec
ouverture et bonne volonté, en mettant à contribution, comme toujours
par le passé, mon arsenal de compétences de joueur d'équipe parce que c'est
ensemble qu'on va plus loin et que nous
devons être un exemple pour les Québécoises et les Québécois,
pour leur redonner le goût de la politique et de l'engagement public.
Je
servirai et défendrai mes concitoyens avec mon dernier souffle, s'il le faut. I will serve and protect my
constituents with my last breath, if need may be. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le ministre responsable de l'Administration gouvernementale,
et président du Conseil du trésor, et député de La Prairie. Allez-y,
monsieur.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. J'aimerais tout d'abord féliciter mon collègue de Marquette pour
cette présentation. Et je suis un
fanatique de hockey, je dois dire. Alors, de prendre un peu connaissance de
votre carrière, c'est très
rafraîchissant, et je pense que cette Assemblée est honorée de vous accueillir
parmi nous, étant le premier hockeyeur...
Je serais peut-être assez vieux pour avoir connu Maurice Richard, mais je vais
vous prendre en deuxième, je pense que c'est aussi bon. Alors, merci
beaucoup d'être là, M. le député.
J'aimerais
profiter du discours inaugural de notre premier ministre pour peut-être faire
le point sur quelque chose. Je pense
qu'il est tout à fait normal de prendre avantage du discours que nous avons eu
la semaine dernière pour peut-être bien
expliquer l'immensité des défis qui sont devant nous et je pense ici à tous les
parlementaires, non seulement mes collègues au gouvernement, mais aussi
les membres députés de l'opposition.
• (16 h 30) •
Mais
avant de rentrer dans le détail, que vous allez trouver fascinant, de savoir
qu'est-ce que ça fait qu'un président du Conseil du trésor, qu'est-ce que ça fait un ministre responsable de
l'Administration gouvernementale, qu'est-ce que ça fait, un ministre qui est
responsable de la Montérégie... je sais que ce sont toutes des choses qui vous
fascinent et que vous avez hâte de
connaître. Par contre, je ne pourrai pas commencer ce flamboyeux discours sans
remercier ceux qui m'ont élu, parce que je peux en parler longtemps,
mais, si je n'étais pas élu, je ne serais pas ici. Alors, j'aimerais tout d'abord remercier les électeurs. Non seulement les
électeurs de La Prairie, mais je ne peux m'empêcher de me rappeler
les électeurs de Lévis.
J'ai
eu la chance, M. le Président, et grâce à vous, d'être élu en 2012 et d'avoir
eu une formation sur ce que c'était qu'être
député. Et une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de me représenter en
2018, c'est parce que j'ai tellement aimé l'expérience que j'ai décidé de revenir. Et je pense à mes
collègues aujourd'hui pour qui c'est
la première expérience d'être député.
Dans les moments où vous allez trouver ça un peu plus difficile, rappelez-vous
comment on est chanceux et privilégiés de faire ce travail-là.
Alors,
moi, j'aimerais remercier les électeurs de Lévis, qui ont été si patients
envers moi, en 2012, de 2012 à 2014, et qui font qu'aujourd'hui, la chance que j'ai de revenir, je considère ça
comme un privilège. Et je pense qu'il ne faut pas l'oublier. Donc, je remercie mes électeurs,
anciens électeurs de Lévis, qui sont très bien représentés, maintenant, par le
président de l'Assemblée nationale.
Cependant, je ne peux
pas oublier non plus les électeurs de La Prairie. La Prairie, je suis
arrivé en campagne électorale, vous pouvez
vous rappeler, un petit peu à la dernière minute. Il y avait... Je ne sais pas
ce que je faisais, mais j'étais
occupé à autre chose. Et j'ai eu la chance de pouvoir me présenter dans
La Prairie et d'y être accueilli de façon, je dirais, mémorable. Quelques jours après la campagne, j'étais déjà en
tournée, en vélo, avec mes collègues, avec une petite organisation mais
tellement dévouée. Et aujourd'hui je dois remercier, et je les salue,
aujourd'hui, les électeurs de La Prairie, qui m'ont fait confiance
malgré un départ un peu sur les chapeaux de roue, on va dire ça comme ça.
Alors, aujourd'hui, si j'ai la chance, encore
une fois, d'être ici, c'est à cause des citoyens de La Prairie, que je représente avec beaucoup de plaisir. Et ça
inclut non seulement la ville de La Prairie... Parce que, vous le savez
tous, les
villes, c'est La Prairie, c'est Delson, la belle petite ville de Delson,
je connais bien son maire, qui est extraordinaire. C'est aussi Saint-Philippe, Mme Beaulac, la
mairesse, qui est extraordinaire, mais je n'oublierai pas la belle ville de
Candiac. Donc, pour moi,
La Prairie, ce sont ces quatre villes-là, et j'ai la chance de travailler
avec quatre maires extraordinaires.
Mais, en terminant mes remerciements, je ne peux
pas oublier ma famille. Ma conjointe Josée, à qui j'avais promis de ne jamais revenir en politique, avec qui
je partage, comme elle le dit souvent, 25 longues années de bonheur,
a eu la gentillesse de m'ouvrir cette porte,
ce soir-là, lorsqu'elle m'a donné la possibilité de répondre à mon chef que
j'étais intéressé à revenir en
politique. Et je dois non seulement la remercier aujourd'hui... J'allais dire qu'elle rit dans sa barbe.
Non, ce n'est pas le cas. Mais elle est sûrement très heureuse de me voir ici aujourd'hui.
Et je veux
aussi remercier mes trois enfants, alors Isabelle, Alexandre et... Isabelle,
Alexandre et Charles-Olivier. Et je
le dis beaucoup avec humour parce que c'est le plus
passionné des trois en politique, et, de penser que je pourrais l'oublier aujourd'hui, il en serait assez frustré. Mais, par contre,
Charles-Olivier, je vais essayer de te faire honneur le plus possible au
cours des prochaines années.
Donc, trêve
de plaisanteries. Les mercis sont faits, et j'espère que je n'ai pas oublié personne,
mais je voulais dire comment c'est important pour moi et privilégié
d'être ici.
Maintenant,
je ne peux pas penser à ne pas vous expliquer qu'est-ce que ça fait qu'un
président du Conseil du trésor. Je
sais que vous êtes férus de savoir qu'est-ce que ça fait, un président du
Conseil du trésor. Et j'aimerais vous dire une chose pour garder ça
très, très simple. On a un ministre des Finances, puis on a la chance d'avoir
un très bon ministre des Finances, Mme la
Présidente, qui s'occupe des revenus. Le ministre des Finances, ça s'occupe des
revenus, ça fait des énoncés
politiques, ça fait des mises à jour, ça fait des discours de budget, mais lui,
il s'occupe, avec son équipe, des
revenus. Le président du Conseil du trésor, qu'est-ce qu'il fait, lui? Il
s'occupe des dépenses. Puis il faut qu'il aime ça, parce qu'il y en a
beaucoup, de dépenses. Il y en a pour au-dessus de 100 milliards, de
dépenses. C'est sûr qu'il faut qu'il y ait
autant de revenus, mais c'est beaucoup de travail, s'occuper de tous les
ministères, qui veulent avoir le plus d'argent possible pour rendre
leurs citoyens heureux.
Alors, qu'est-ce que ça fait, le président du
Conseil du trésor? Bien, ça travaille avec des gens qui sont des ministres, il
y a quatre ministres qui viennent travailler avec nous au Conseil du trésor.
Ça fait aussi...
Ma responsabilité inclut l'administration gouvernementale, et ça, c'est très
important, parce qu'en sus du
président du Conseil du trésor on s'occupe de tout ce qui concerne nos
fonctionnaires de la fonction publique, beaucoup de fierté à travailler pour la fonction publique, mais c'est plus de
500 000 personnes. C'est plus de 500 000 personnes, dans la fonction publique, lorsqu'on inclut les
réseaux de l'éducation, de la santé, etc. Alors, je peux vous dire que cette
fonction-là, pour moi, elle est très importante.
Et, je
dirais, si je peux rester dans mes échéanciers ou dans mon horaire, vous dire
une chose pourquoi je trouve très
important d'avoir la chance de m'occuper de l'Administration gouvernementale
qui n'est peut-être pas aussi connue que
d'autres ministères et pourquoi j'ai accepté ce défi-là, Mme la
Présidente : L'Administration gouvernementale, on a besoin de redonner une fierté à notre fonction
publique. Et ça, je trouve ça excessivement important. Et j'aimerais vous dire que nos
fonctionnaires ont beaucoup d'intérêt à regagner cette fierté-là.
En l'an 2000,
M. Lucien Bouchard, premier
ministre de l'époque, avait mis en
place ce qu'on appelle la Loi de l'administration publique, et vous allez m'entendre, au cours des prochains mois et des
prochaines années, parler souvent de
la Loi de l'administration publique. Et, pour moi, la Loi de l'administration publique, c'est qu'est-ce qu'on doit faire pour être capables de dire à nos fonctionnaires
comment on peut mieux travailler ensemble, se donner des objectifs,
être capables d'avoir des indicateurs
de performance, d'être capables de bien réaliser nos mandats. Et vous allez
m'entendre beaucoup, et je suis très heureux que le premier ministre
m'ait confié ce mandat.
En terminant, nous avons beaucoup d'autres
chantiers à travailler, autant au Trésor qu'à l'Administration gouvernementale, mais je ne pourrais pas m'empêcher de garder un mot pour ma responsabilité sur la Montérégie. Nous avons la chance ici, au gouvernement, de
compter, écoutez bien ça, 19 députés sur 23 dans la grande région de la Montérégie. Alors, nous devons... Pour terminer,
nous devons à nos citoyens de la grande Montérégie de respecter nos engagements et nous allons tous ensemble y
travailler pour que les citoyens de la Montérégie et ceux de La Prairie
soient très fiers de nous. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de La Prairie. Maintenant, je reconnais la parole à Mme
la députée de Duplessis.
Mme Lorraine Richard
Mme
Richard : Merci, Mme la Présidente. Je tiens d'abord à vous féliciter, Mme la Présidente, dans vos
nouvelles fonctions. Soyez assurée que, même si on m'a surnommée bien
amicalement «la lionne», je suis une excellente collaboratrice et je vais toujours
collaborer pour que nos travaux se déroulent très, très bien.
Mme la Présidente, même après 15 ans à l'Assemblée
nationale, je vous dirais que
reprendre la parole aujourd'hui, c'est encore un immense privilège, et je
suis quand même toujours fébrile, comme la première fois. Nous sommes 125 hommes et femmes qui sommes extrêmement privilégiés. Des gens des différents comtés au Québec
nous ont fait confiance pour les
représenter à l'Assemblée nationale. Nous faisons partie de différents partis politiques, mais je pense qu'ultimement nous avons tous le même but de bien
servir notre monde.
Donc, depuis
2003 que moi, je représente les gens de Duplessis. Le comté de Duplessis,
c'est le deuxième plus grand au Québec.
Oui, c'est l'île d'Anticosti. C'est également la Basse-Côte-Nord, qui, malheureusement, n'est pas encore reliée au reste du réseau routier national. Ça va jusqu'à Schefferville. C'est la Minganie, Sept-Îles, Port-Cartier.
C'est des
spécificités comme on ne retrouve nulle part ailleurs, Mme la Présidente. Oui,
Duplessis fait partie des régions du Québec,
mais Duplessis, c'est un comté très spécial de par les difficultés, des fois,
que nous avons, que ce soit en moyens de
communication — on n'a
pas Internet haute vitesse partout. On ne se chicane même pas, Mme la
Présidente, pour un troisième lien,
on voudrait juste une route pour se rendre jusqu'à Blanc-Sablon. On parle
souvent des jeunes, on veut leur faire connaître la politique, on veut
leur faire connaître ce lieu qu'est l'Assemblée nationale. Je pourrais vous
parler longuement du coût du billet d'avion
à partir de Blanc-Sablon et juste venir à Sept-Îles. Imaginez comment ça
augmente quand on veut venir à Québec ou à Montréal.
Donc, moi, je
suis là d'abord et avant tout parce que j'adore ce travail, je me sens
privilégiée, mais je suis là aussi pour représenter mon monde et défendre leurs
intérêts, et c'est ce que je vais faire durant les quatre prochaines années,
comme je l'ai fait auparavant.
• (16 h 40) •
Si tout ça
est rendu possible, Mme la Présidente... Vous savez, j'ai fait 15 ans
parce qu'en 2003 il y a des gens de mon village natal, tout d'abord,
Havre-Saint-Pierre, qui m'ont fait confiance. Je suis la première femme élue de
la Côte-Nord. C'était la première fois aussi
que ce n'était pas quelqu'un de Sept-Îles. Donc, quand j'ai pris la première
fois la parole en Chambre, j'étais
très émotive. Je le suis encore, 15 ans plus tard, parce que je me dis,
Mme la Présidente : On m'a fait
confiance à nouveau. Après tout ce temps et après le fameux slogan On veut
du changement... Je vais vous dire
que la vague était très forte, hein? Des fois, on se disait... je disais à mon
collègue le député de René-Lévesque : On va essayer de bloquer ça à Tadoussac. Ça fait que vous comprenez comment je
suis d'autant plus heureuse de représenter aussi encore le Parti québécois, parce qu'on pourra dire ce qu'on
voudra, pour moi, c'est encore le meilleur parti. Et, même si on est une
plus petite équipe, je suis convaincue qu'on est capables encore de faire de
grandes choses.
Donc, merci.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Cet après-midi, je m'adresse à tous les gens
de la circonscription de Duplessis
qui, le 1er octobre dernier, ont décidé de voter pour le Parti québécois
mais également pour Lorraine Richard pour
ce nouveau mandat. Parce que, moi, chaque fois, c'est comme un nouveau mandat.
Même s'il y a une continuité dans
tout ce qu'on fait, écoutez, c'est différent. C'est différent, Mme la
Présidente, parce que c'est un nouveau gouvernement, c'est la Coalition avenir Québec qui forme un gouvernement
majoritaire, bon, il y a le parti libéral qui forme l'opposition officielle.
Les deux autres partis, dont je suis, le Parti québécois et Québec solidaire,
forment le deuxième parti d'opposition, le troisième parti d'opposition.
Je veux saluer
tous les nouveaux collègues, les anciens mais les nouveaux collègues, élus ou
réélus, avec qui j'ai l'immense
privilège de siéger à l'Assemblée nationale, Mme la Présidente. J'espère que,
malgré ma fougue, malgré tout... Puis,
oui, je me fâche facilement, mais c'est toujours dans le respect des individus.
J'espère que nos débats, parce qu'on ne
s'entend pas sur... Des fois, on a un but, mais on ne s'entend pas
nécessairement sur comment on va atteindre ce but, hein? Le but, c'est de servir notre monde, on a
différents moyens de le faire. Mais j'espère que ce sera toujours dans le
respect et avec l'objectif ultime de toujours le faire pour les gens
qu'on représente. C'est ça qui est important.
Comme nous avons un nouveau gouvernement et...
c'est sûr que j'ai écouté avec beaucoup d'attention le premier discours du premier ministre, comme la plupart des gens. Vous
savez, le discours, la première fois qu'un premier ministre lance un discours, dans une nouvelle
législation, ce discours-là est extrêmement attendu parce qu'il donne le ton
pour ce qui va venir, hein? On dit :
Bien là, on place nos choses, voici nos priorités, et tout ça. Les gens me
connaissent assez bien pour savoir que la plupart du temps je dis ce que
je pense, même si ça fait mal. Des fois, je me garde une petite réserve; dans ce cas-ci, je n'en garderai
pas. J'ai été déçue. Pourquoi est-ce que j'ai été déçue? On vient d'arriver, la
Coalition avenir Québec est encore en lune de miel. J'ai été déçue du discours
parce que je n'ai pas... j'ai entendu parler, oui, d'éducation,
maternelle quatre ans...
Vous savez,
j'en ai entendu parler abondamment, là, durant les mois qui ont précédé
l'élection. Bon, on ne s'entend pas
tous là-dessus. Moi, je pense que, écoutez, ça n'a pas de bon sens d'aller vers
ça. On a un réseau qui est en place, ça s'appelle les centres de la petite enfance, on devrait plus développer
le réseau des centres de la petite enfance. Puis ne pas aller de l'avant puis ne pas investir
financièrement dans nos écoles... Nos écoles, elles ont besoin d'être rénovées,
là, on n'a pas le temps d'en
construire, un petit peu partout. Juste dans ma commission scolaire à
Sept-Îles, là, ce serait une école ou
deux de plus, c'est 20 classes. Bon, même si on a un surplus, moi, je
pense que le surplus, à un moment donné, il va être épuisé. Puis je pourrais en débattre longtemps. Et le premier
ministre, d'ailleurs, lors d'un débat télévisé, en campagne électorale, a même dit qu'il pourrait démissionner
là-dessus. Ça fait que, bon, il y a
cette idéologie que... ce n'est pas moi qui vais lui enlever. On verra.
Comme lui-même le dit, on verra ce que ça va donner.
Mais un
discours inaugural, c'est long, c'est long. Puis là on dit : Bon, il a
parlé de maternelle quatre ans, parlé un
petit peu des maisons pour les personnes âgées. Mais là où j'ai été déçue, Mme la
Présidente, c'est au niveau de la santé. Parce que, je vous l'ai dit, ça fait 15 ans, là, que je suis ici.
Il n'y a pas si longtemps que ça, moi, j'étais juste assise ici, puis c'était la Coalition avenir Québec qui était
ici. Je les ai entendus, moi, parler de la santé à chaque jour, nous ramener
des cas. On ne nommait pas les personnes,
puis c'était juste ça, là. Je veux juste leur rappeler que, ces cas-là, on va
changer le nom des personnes, mais
ils n'auront pas disparu, Mme la Présidente. Des cas de maltraitance, ils
n'auront pas disparu. Des cas où des
préposés, des infirmières, des infirmières auxiliaires sont épuisés, sont à
bout de souffle parce que le ratio patients n'est pas adéquat, les
situations comme je le vis, moi, en Côte-Nord, en Minganie, où on fait appel à
des médecins... La grande séduction, on l'a
déjà essayée, hein? On la réessaie encore, elle fonctionne moins bien. Et je me
serais attendue de la part du premier ministre
à ce qu'il enrobe un petit peu plus son discours, à ce qu'il nous fasse part de
ses intentions. Parce qu'en campagne
électorale il nous a parlé de 90 minutes d'attente à l'urgence, on
n'attendrait pas plus. Il me semble,
quand vous lancez quelque chose comme ça, Mme la Présidente, quand on parle des
10 heures, des 12 heures
d'attente à l'urgence, c'est parce que vous avez un plan, hein, à quelque part,
vous avez un plan, pour annoncer 90 minutes.
Quand
vous parlez de maisons pour les personnes âgées, moi, je veux bien, je veux
bien qu'on ait des superbelles maisons
pour les personnes âgées, un potager, un jardin, des fleurs. Ce que je veux
d'abord et avant tout, par exemple, c'est que mes personnes âgées qui
demandent à être admises en CHSLD aient une place, qu'on ne me parle plus de maltraitance, qu'on ne me parle plus de personnes
âgées qui sont maltraitées, qu'on ne me parle plus de personnes âgées qui ne peuvent pas manger parce qu'elles n'ont pas
le temps, puis les personnes n'ont pas le temps, celles qui travaillent auprès de ces personnes-là n'ont pas le temps.
Vous savez, on est rendus dans une époque, Mme la Présidente — puis c'est gros, ce que je vais vous
dire — où
on a plus de respect, on l'a dit souvent, puis on a plus d'attention pour nos prisonniers, puis là, moi, je vais rajouter, pour
les animaux que pour nos personnes âgées. C'est triste, comme société,
de faire ce constat, très triste.
Et le premier ministre qui parle des enfants, il
veut léguer un héritage à ses propres enfants, le dépistage précoce, ça le
préoccupe, ça nous préoccupe tous, Mme la Présidente, tous et toutes.
La santé, ça va rattraper le prochain gouvernement,
là, qui est là, là, à très, très court terme.
Les régions...
Je le sais, que mon discours ne plaît pas, de l'autre côté, je suis habituée, parce que
je pense que, pour
changer les choses, Mme la Présidente, il faut les connaître, ces choses, puis il faut
s'y attarder. Et, oui, il y a eu du changement.
La preuve : c'est la Coalition
avenir Québec qui est rendue au
pouvoir, majoritaire. Il y a un vent de changement. Mais, les gens, là, la population, là, elle est
tannée, tannée qu'on leur dise qu'on va changer au niveau de la santé,
qu'on va changer en éducation, au niveau des infrastructures. Le réel
changement que la population du Québec s'attend
des députés, c'est qu'on améliore le système de santé, qu'on améliore le
système d'éducation, qu'on s'occupe de
nos aînés, qu'on s'occupe de nos familles. Et je peux vous assurer, Mme la
Présidente, que je vais m'occuper de mon coin de pays, je vais m'occuper
aussi de ces dossiers-là.
Mais je
souhaite vraiment commencer dans un esprit de collaboration, même si je monte
le ton de temps en temps, et je veux
les remercier quand même. Ils sont arrivés au pouvoir tout récemment. Je peux
vous dire que j'ai quand même eu quelques
dossiers, hein? Puis, comme je vous le dis souvent, sur la Côte-Nord, on ne
fait pas la une souvent pour les bonnes raisons. On a eu le fameux dossier Apuiat, puis après on a eu le blocus
du La Romaine. Je vais remercier le ministre des Ressources
naturelles, ministre responsable de la Côte-Nord, pour sa collaboration. Et
j'espère que je vais continuer à avoir sa collaboration.
Je peux l'assurer de la mienne, par contre, mais toujours dans le but de
défendre mon monde puis d'avoir plus pour les gens que je représente.
Merci.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée de Duplessis. Je
vais en profiter, Mme la députée de Duplessis, pour vous féliciter,
puisqu'on m'a dit que vous étiez la première femme... vous êtes doyenne de
votre formation politique, alors une première dans l'histoire du Parti
québécois. Alors, félicitations, Mme la députée!
Alors, je vais céder la parole à Mme la députée
de Soulanges.
Mme Marilyne
Picard
Mme
Picard : Merci, Mme la Présidente. Chers nouveaux collègues, je dois
admettre que je ressens beaucoup de fierté,
aujourd'hui, et c'est avec un grand honneur que je me retrouve devant vous et
que je me joins à la grande famille des 125 députés qui forment la
42e législature québécoise.
Nous avons tous et toutes des raisons différentes
d'être ici. Ce n'est pas un hasard si nous sommes réunis dans cette salle aujourd'hui. Pour ma part,
j'ai un parcours atypique. Je suis très consciente que c'est grâce à ma cocotte
de six ans, Dylane,
qui est lourdement handicapée, souffrant d'une maladie rare génétique, et
nombre d'embûches qui m'ont menée
depuis sa naissance jusqu'au salon bleu aujourd'hui.
34 hospitalisations, 27 transports ambulanciers, de nombreuses
nuits blanches, une précarité financière
constante, c'est en famille que nous avons su relever ces épreuves et puiser
dans notre amour pour notre petite fille
la force de continuer de nous battre. C'est grâce à cette résilience que je
peux être ici la tête haute.
Déjà, avant mon arrivée en politique, j'avais à
coeur l'amélioration de la qualité de vie des personnes les plus vulnérables de
notre société. Ainsi, à travers mon implication et avec l'aide des
cofondatrices de notre regroupement Parents
jusqu'au bout!, ce sont 2 000 enfants québécois lourdement handicapés
qui ont pu se qualifier pour un nouveau programme, un supplément pour enfants handicapés nécessitant des soins
exceptionnels. Ces familles reçoivent maintenant près de
1 000 $ de plus par mois afin de les aider financièrement à prendre
soin d'un être cher.
Lorsque le premier ministre m'interpelle
personnellement dans son discours inaugural, je sais qu'il réitère la confiance
qu'il a investie en moi, tout d'abord, en me choisissant comme candidate,
ensuite en me nommant à titre d'adjointe
parlementaire à la Santé. Il sait que le sort des personnes handicapées du
Québec était et demeure ma grande priorité.
Merci beaucoup. Il y a encore du chemin à faire pour leur bien-être, comme pour
celui des populations fragilisées par
l'âge ou par la maladie. C'est exactement pour cela que je me suis impliquée en
politique, pour appuyer les travaux de mon
gouvernement avec cette force que je détiens ainsi que les connaissances que
j'ai acquises à travers mes épreuves. Notre société se doit d'être plus
juste envers nos personnes les plus vulnérables.
J'ai été très
heureuse de constater le grand coeur de mon chef et premier ministre et son
sincère désir d'améliorer la
situation. Grâce à ma nomination, il m'a accordé l'appui nécessaire pour
continuer le combat que j'avais entamé avant de devenir députée. Forte de sa confiance et celle de la ministre de la
Santé et des Services sociaux, son ministre délégué, ainsi que celle de la ministre des Proches aidants
et des Aînés, j'ai mis déjà l'épaule à la roue afin de modifier certains
programmes existants.
Je souhaite
de tout coeur, Mme la Présidente, que ma présence au sein de l'Assemblée
nationale servira d'inspiration aux
jeunes, aux femmes et à tous ceux qui vivent dans l'adversité au quotidien. Si
une jeune femme, une jeune mère de famille de Saint-Lazare, mère, d'autant plus,
d'une fille sévèrement handicapée peut se voir accorder la confiance de son
audacieux chef pour représenter les citoyens de Soulanges, je crois que l'on
peut certainement affirmer que les temps changent
et que la politique est de plus en plus accessible à tous ceux qui ont le désir
de contribuer à un changement pour un Québec meilleur.
Depuis le
1er octobre, j'ai l'honneur de représenter la belle région de Soulanges.
Soulanges, c'est cette contrée lointaine et inconnue à moins de
40 kilomètres de Montréal. Ce sont ces terres agricoles que vous remarquerez
vaguement en roulant vers Toronto
ou ces boisés qui font partie... sur la route vers Ottawa.
Vous y trouverez notre seule montagne, le
mont Rigaud. Et à tous ceux qui se croient progressistes, eh bien, c'est, en
fait, dans Soulanges qu'a été élue la première mairesse transgenre, dans la municipalité de Très-Saint-Rédempteur. Cette
circonscription au charme incontournable est bordée du lac des Deux
Montagnes, le lac Saint-François ainsi que le lac Saint-Louis. Les Soulangeois
côtoient différentes villes de la frontière
ontarienne où de belles communautés francophones habitent. Une communauté
anglophone riche en histoire et en
traditions partage aussi la rive nord du territoire, dans la ville de
Hudson, où vous trouverez cafés, boutiques, restaurants champêtres et la
fameuse Auberge Willow qui est au bord de l'eau.
Partout, de
véritables trésors ne demandent qu'à être valorisés. Le canal Soulanges, entre autres, mérite qu'on lui accorde une
attention particulière, au cours des prochaines années, afin de réaliser son
plein potentiel. Cette tranchée d'eau
qui divise le territoire au sud abrite nombre d'éléments patrimoniaux,
dont le Petit pouvoir, qui gagneront l'amour des visiteurs une fois
restaurés.
De tous les défis qui m'attendent, le plus grand
sera de débuter la construction de notre nouvel hôpital dans Vaudreuil-Soulanges,
tant attendu par la population. Promis depuis plusieurs mandats, c'est un
dossier sur lequel je m'attarderai beaucoup et veillerai à la mise en chantier le
plus tôt possible.
Au cours des
premières semaines de mon mandat, j'ai pu constater à quel point tous les
acteurs de la circonscription
sont prêts à collaborer afin que notre belle région obtienne la place qui lui
revient au sein de notre société. Cette belle coopération
sera d'autant plus cruciale dans les moments où nous aurons à défendre les
intérêts de nos concitoyens. Nous aurons
à travailler ensemble pour faire de notre région un joyau. Mes partenaires au
bureau de comté, Andrea, Monika et Vicky, ont à coeur avec moi
d'aider les citoyens et elles le feront avec brio lors de mes absences et de
mes passages à Québec.
Mme la Présidente, je voudrais prendre le temps de remercier toutes les personnes qui
m'ont aidée à me rendre jusqu'ici,
mes parents qui m'ont soutenue dans mon combat, les organismes qui nous ont
aidés lorsque nous en avions le plus
besoin, les nombreux bénévoles, Nancy, Ginette, Marc-André, Lise et tous les autres, ainsi que le personnel de
notre parti durant la campagne; Jacques, mon chauffeur attitré, qui a
sillonné la circonscription à mes côtés inlassablement; Normand, qui me faisait
toujours sourire avec son infatigable slogan, indéniablement partisan.
Je suis accompagnée aujourd'hui par ma famille.
Dans les tribunes, quatre de nos cinq enfants sont ici, c'est important pour moi qu'ils soient ici : Faith,
notre grande artiste, qui a toujours été très débrouillarde et autonome; Eliot,
notre bassiste, qui est très responsable et
qui garde ses petits frères; notre Noah, qui est tellement cuisinier en herbe
qu'il voulait aller à l'école plutôt que d'être ici, aujourd'hui, parce
qu'il y avait un cours de cuisine à l'école; Émile, notre «goaler», qui est superjovial et qui est
probablement un futur politicien; et, bien évidemment, notre petite Dylane, qui
ne l'a tellement pas eu facile dans sa vie.
Elle a surmonté tant d'épreuves que moi-même, j'en suis estomaquée. Je suis
contente qu'elle ait surpris la médecine en étant encore parmi nous.
Je voudrais
remercier ma mère, qui s'est occupée de mes enfants durant mes absences, ainsi
que le champion de ma centrale d'appels, nul autre que mon papa.
Je ne
passerai pas sous silence l'appui inconditionnel de mon conjoint depuis les
premiers jours de ce gros tourbillon qui nous a mené la vie, jusqu'à sa présence et son aide dans notre nouveau
quotidien depuis que j'ai été élue. Il est mon plus grand motivateur.
Merci beaucoup.
Merci aussi beaucoup à M. le premier ministre
pour votre confiance. Merci de m'avoir prêté votre soeur Francine,
qui était dans ma circonscription et qui a tellement mis d'énergie et de coeur
pour obtenir ma victoire! Merci beaucoup à vous deux.
Merci, Mme la
Présidente. Pour conclure, je tiens à remercier tous les citoyens de Soulanges
pour avoir cru en moi et pour l'accueil chaleureux qu'ils me réservent à chaque
fois que je les rencontre. Thank
you of all. I will do my best to truly represent your
interests. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Maintenant, je cède... Je crois que c'était le tour de l'opposition officielle, mais, comme il n'y a pas... Non, je vais passer.
Non. Alors, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé... Juste un instant, s'il vous plaît. Oui, M. le député?
M.
Nadeau-Dubois : ...il y a eu l'opposition officielle, un député du
gouvernement, le Parti québécois, un député du gouvernement, et donc, en vertu des règles qu'on utilise
habituellement puis de la coutume, ce serait à la troisième opposition
de parler, puisque... une opposition à la fois. Merci.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Écoutez, non. La deuxième opposition étant absente, on
donne la parole à l'opposition officielle, je suis désolée. Alors, je
reconnais Mme la députée. La parole est à vous.
Mme Paule Robitaille
Mme
Robitaille : Mme la Présidente, mes premières salutations vont à vous.
Je vous félicite et vous souhaite tout le meilleur.
Mme la Présidente, permettez-moi un
souvenir personnel. Lorsque j'étais adolescente, dans cette ville de Québec
où j'ai grandi, je disparaissais parfois du collège et je prenais l'autobus à
l'insu de tous pour venir ici. Je rentrais sans problème à l'Assemblée nationale, il n'y
avait aucune sécurité, et je
vagabondais dans les corridors, et je venais regarder les débats. À travers mes yeux d'adolescente,
c'est ici que je voyais se dessiner l'avenir du Québec. Je regardais,
fascinée, les débats, les Lévesque,
les Ryan. Plus tard, je suis revenue en tant que stagiaire à La Presse canadienne. C'est ici que j'ai fait mes premières
armes en journalisme. Aujourd'hui, j'ai le privilège de me retrouver à nouveau
à l'Assemblée nationale, mais, cette fois, je ne suis plus dans les
tribunes, mais parmi vous. J'ai traversé le miroir, et c'est à mon tour de modeler avec vous l'avenir du Québec.
C'est un grand honneur, un grand privilège. C'est donc avec beaucoup
d'humilité que j'apprivoise ce
nouveau métier. Vous serez tous témoins de mes premiers pas, chères collègues,
chers collègues que je salue.
Permettez-moi
de remercier des citoyennes et citoyens du beau comté de Bourassa-Sauvé et, en
particulier, les bénévoles, sans qui je ne serais pas ici aujourd'hui.
Je tiens à souligner le magnifique travail et l'engagement de Mmes
Amel Bellali, Diane Dupuis et Sylvia Lo Bianco. Mesdames, vous êtes des anges. J'aimerais aussi souligner le travail
sans relâche d'Adrienne Leblanc et de Mme Gilberte Dupuis. Mme Dupuis sert le Parti libéral dans mon comté à titre de bénévole depuis 67 ans, elle est
la reine des appels. Merci, Gilberte. Merci beaucoup. Merci, Adrienne. Merci
aussi à Élie Nahimana, qui était l'organisateur de ma compagne.
Je
n'oublie pas non plus les leaders des églises, des mosquées, des associations
de toutes sortes qui ont su m'apporter
leur soutien, signe que, dans le comté de Bourassa-Sauvé, il est
possible de travailler ensemble d'où qu'on vienne et quelles que soient
nos croyances.
Permettez-moi
également de prendre un petit moment pour remercier ma
prédécesseure, Mme Rita de
Santis, qui a dignement représenté
le comté de Bourassa-Sauvé pendant six ans avec coeur et dévouement. Rita
disait que mon comté avait besoin
d'amour. Et, depuis que je suis arrivée en poste, je peux vous dire que ce
comté a besoin d'amour, a besoin de
beaucoup d'amour, d'énormément d'amour, et d'argent, et d'investissement.
Certes, un travail important a été réalisé depuis une bonne dizaine
d'années, mais il n'en reste pas moins que les acquis sont fragiles, et il faut
les solidifier. Concrètement, le comté de
Bourassa-Sauvé fait face à trois défis majeurs, dans les secteurs de la santé,
du transport et de l'éducation.
Je
commencerai par la santé. L'ancien gouvernement, celui de mon parti, a mis en
place des mécanismes pour que Bourassa-Sauvé ne soit plus qualifié de désert
médical. On a signé une dizaine de médecins
venus de France parce que les
nôtres ont peine à venir dans Bourassa-Sauvé. L'ex-ministre
de la Santé et député de
La Pinière a aussi réorganisé la répartition des diplômés en médecine qui voulaient venir travailler à
Montréal pour qu'ils n'aient plus d'autre choix que d'abord
venir combler les postes à Montréal-Nord. Il faut qu'une telle mesure soit maintenue
pour nos aînés et pour notre jeunesse.
Si tel est le cas, le comté pourra se doter finalement d'une
superclinique. Dans le même ordre d'idées, il est urgent de créer une clinique de proximité dans l'un des
secteurs les plus pauvres du comté, l'un des plus pauvres du Canada, la partie nord-est, où la grande majorité des citoyens vivent sous le seuil de la pauvreté dans des
logements souvent insalubres. Ces
gens ont le droit de pouvoir se soigner, se soigner sans avoir à faire deux
heures de transport avec leur enfant malade dans des autobus aux lignes
sans fin.
Ce qui m'amène à
parler des transports. Le comté de Bourassa-Sauvé est l'un des plus enclavés de
l'île de Montréal. Pour aller travailler jusque
dans le centre-ville, certaines personnes peuvent mettre jusqu'à
deux heures le matin et deux heures le soir. C'est quatre heures de transport
en commun, Mme la Présidente, dans une seule journée, c'est inacceptable. Il
faut absolument désenclaver le comté. Des solutions existent, il faut les
mettre en ordre : le transport rapide
sur l'île, par exemple, le prolongement de la ligne bleue, un projet mené de
front par ma collègue la députée de Jeanne-Mance—Viger, sans parler de la fameuse ligne rose, qui,
je l'espère, finira par voir le jour. Pour les habitants du comté, la question est cruciale, et la ligne rose,
un rêve qu'ils espèrent tous voir devenir une réalité, c'est aussi une question
d'environnement.
Je
ne pourrais passer au point suivant sans attirer votre attention sur les grands
travaux de réaménagement sur le boulevard Pie-IX.
Ces immenses travaux vont compliquer la vie des citoyens durant les quatre
prochaines années. Ce sera un océan
de cônes orange, Mme la Présidente, et, par respect pour les citoyens, il est
absolument nécessaire de procéder, du même coup, à la reconstruction du
pont Pie-IX. La patience des habitants de ce secteur a ses limites.
J'en
viens maintenant à l'éducation. Durant les dernières années, la commission
scolaire de la Pointe-de-l'Île a travaillé
très, très fort pour réduire le décrochage scolaire, mais tous ces beaux
efforts restent très précaires. La population, dans Bourassa-Sauvé, ne cesse de grandir. Et, pour continuer de lutter
contre le décrochage scolaire, nous avons besoin d'espace. Sinon, on va étouffer, et nos jeunes, ils risquent de quitter,
encore une fois, trop tôt les bancs d'école. Sachez que, dans mon comté, en septembre prochain, nous serons en manque d'une
vingtaine de classes seulement au primaire et seulement dans Montréal-Nord.
Pour la commission scolaire de la Pointe-de-l'Île, c'est 64 classes au
primaire qu'il va manquer en septembre prochain, c'est énorme. Il faudra
engager du personnel additionnel, qu'on doit aller chercher à l'étranger à
cause d'une pénurie d'enseignants. Il y a urgence, Mme la Présidente. Ici, le
problème n'en est pas un de structures, mais
un manque criant d'infrastructures pour répondre à la population
étudiante qui grandit. Vous comprendrez donc que mon comté rencontre des urgences autrement plus cruciales que
celle de créer des maternelles quatre ans. Donnons déjà des places
fonctionnelles à nos concitoyens. Pour la suite, nous verrons bien.
Je
tiens, d'ailleurs, à souligner le travail extraordinaire des organismes communautaires et des travailleurs de rue, grâce
à qui les jeunes de mon comté gardent la volonté d'apprendre, le désir de
s'exprimer de façon pacifique et souvent artistique. Ces gens-là font
partie de la boucle éducative du comté de Bourassa-Sauvé, et nous ne
pouvons nous permettre de les perdre.
Je pense également à tous ces organismes qui luttent sans relâche
contre la violence conjugale, qui tentent de donner à ces femmes des
moyens de sortir du cycle infernal dans lequel elles se trouvent en les aidant
à prendre conscience de leurs droits. Leur travail est crucial pour la vie de
nombre de mes concitoyens.
Je vais prendre un petit verre d'eau,
j'en ai besoin. Comme vous l'avez compris, le comté de Bourassa-Sauvé est un comté métissé fort de son immigration. Là-bas,
on n'a d'autre choix que de travailler ensemble. On joue au tennis ensemble à Montréal-Nord, c'est un village tissé serré de
toutes les origines, un bel exemple de vivre-ensemble. À Montréal-Nord, il y a une
mosquée, Mme la Présidente, qui offre des cours de judo et qui gère une
garderie pour toute la communauté : les chrétiens, les musulmans,
les athées, les agnostiques, pour tout le monde. Bourassa-Sauvé, c'est 80 000 citoyens
et citoyennes qui viennent de partout dans
le monde et qui parlent des dizaines de langues. On est de souche, issu de
l'immigration ou tout cela en même
temps. Sans compter les employés travaillant pour les 600 PME implantées
sur le territoire.
Il
y a des Italiens, Mme la Présidente, qui ont quitté leur patrie avec beaucoup
d'audace pour venir au Québec dans les années 50 et 60, qui ne parlaient
pas un mot de français lorsqu'ils sont débarqués du bateau et qui sont trilingues aujourd'hui, qui ont donné au Québec
des milliers d'enfants et de petits-enfants qui, Mme la Présidente, parlent
français et qui paient leurs impôts. Ils
sont des Québécois à part entière, et ces gens-là, Mme la Présidente, s'il y
avait eu des tests de français, comme le souhaite le gouvernement, ils
auraient été expulsés après trois ans, c'est impensable.
Il y a des Haïtiens
d'origine et leurs enfants qui ont l'humanité, Mme la Présidente, la
générosité, depuis les dernières années, d'accueillir des parents, des
compatriotes qui doivent quitter Haïti ou qui ont traversé la frontière américaine irrégulièrement pour se sauver du
chaos, de la violence, de la pauvreté en Haïti parce que Haïti, jadis la perle
des Antilles, un pays que j'adore et que j'ai visité plusieurs fois, semble
marqué par les catastrophes tant naturelles, économiques, que politiques.
Cet
automne, pendant que des gens passaient la frontière pour sauver leur peau, Mme la Présidente, la CAQ, elle, voulait
renégocier avec le fédéral l'entente sur l'immigration pour diminuer le
nombre de réfugiés et réduire le nombre de réunifications familiales, et
ça, en pleine pénurie d'emploi. Si c'est ça, Mme la Présidente, avoir de
l'audace et de l'humanité, je suis inquiète
et je comprends pourquoi la communauté haïtienne et les autres communautés
immigrantes dans mon comté
s'inquiètent, elles aussi. J'imagine déjà la ministre chargée des relations internationales expliquer à
des Haïtiens francophones, éduqués et
travaillants qu'ils n'ont d'autre choix que de rentrer chez eux et que le Québec
ne peut être une terre d'accueil comme autrefois.
• (17 h 10) •
Mme la Présidente, j'amène un autre sujet sensible et délicat, nous devons en discuter et
nous devons élever le débat. Dans Bourassa-Sauvé, il y a des
enseignantes extrêmement compétentes qui portent le voile par choix — par choix — qui
ne cherchent à convertir personne. Elles ne sont pas dangereuses, Mme la Présidente, elles veulent simplement faire
leur travail du mieux qu'elles peuvent. Nous avons besoin d'elles parce que,
comme ailleurs, Montréal-Nord manque d'enseignants. Et, même si nous n'en manquions pas, nous aurions besoin
d'elles parce qu'elles sont compétentes. Ces femmes-là, Mme la Présidente, j'entends
les défendre. Vous comprendrez donc que, dans mon comté, le nationalisme
dont parle le premier ministre n'est pas tout à fait rassembleur.
Sur
ces mots, je ne peux que vous inviter, Mme
la Présidente, ainsi que tous mes
collègues qui n'y ont jamais mis les pieds, à venir visiter Montréal-Nord
à mes côtés. Parce que, dans mon comté, on a de l'audace et de l'humanité,
pour reprendre les mots du premier ministre. On a l'audace et l'humanité
d'embrasser la diversité, de travailler ensemble, Québécois de souche, Haïtiens,
Maghrébins, Italiens, Chinois, Africains, et tout cela, en français, une langue
belle qui porte son histoire à travers ses accents.
En tant que députée
porte-parole de l'opposition officielle en matière des relations
internationales et de la francophonie, je me
demande quelle image on envoie aux pays étrangers lorsque ce gouvernement
s'apprête à réduire les seuils
d'immigration et de restreindre le droit des minorités religieuses. Il faudra
que le premier ministre et sa ministre des Relations internationales
nous expliquent aussi pourquoi ce ministère, destiné à tisser des liens, des
amitiés, encourager des échanges
scientifiques, promouvoir notre culture et notre langue au-delà des frontières,
en est réduit à dire que sa priorité,
c'est de faire des affaires, c'est de signer des deals, pour reprendre les mots
du premier ministre, conclure juste des deals. C'est terriblement
triste, ça manque de vision.
On est bien loin de
la doctrine Gérin-Lajoie, qui a été le fondement de notre politique
internationale depuis le gouvernement
libéral de Jean Lesage, depuis 1965, qui va au-delà des frontières, qui touche
à la santé, à l'éducation et à la culture. Ainsi, Mme la Présidente, il
est primordial que le Québec demeure un joueur incontournable au sein de la
francophonie. À titre d'élue, je ferai tout en mon pouvoir pour m'assurer que
notre gouvernement fasse rayonner le Québec
au-delà des frontières, non pas seulement sur le plan économique, mais dans
tous ses domaines de compétence. Il faut
profiter de l'immense réseautage à tous les niveaux que nous offre la francophonie.
Il faut élargir ces réseaux au-delà de l'institutionnel,
avec des artistes, avec des chercheurs francophones et francophiles, dans tous
les domaines, sur toute la planète. Nous pouvons rêver une implication
différente, une implication plus large. Le Québec n'a pas encore pris sa
juste place dans le monde de la francophonie, et il est temps qu'il la prenne.
En
terminant, j'ai la ferme conviction que ce n'est pas en excluant, en
nourrissant la peur de l'autre, Mme la Présidente, que le Québec deviendra une nation plus forte.
C'est plutôt en faisant la promotion de ce qui le distingue, sa diversité,
sa langue, sa culture, sa créativité sans borne et sa soif d'innover. Mme la
Présidente, mes collègues les députés, merci d'avoir
pris le temps d'écouter. Au plaisir de partager avec vous une franche
camaraderie et ce devoir de servir. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Alors, maintenant, je reconnais la parole à Mme la députée de Mirabel.
La parole est à vous.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours :
Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez
d'abord, Mme la Présidente, d'entrée
de jeu, de remercier du fond
du coeur mes électeurs du comté de Mirabel qui m'ont fait l'honneur de me
réélire en tant que députée de cette magnifique circonscription.
Un merci tout spécial aussi à ma famille, à mon conjoint André, mes deux filles, Catou et Alex, mes genres — je
vais les appeler mes gendres quand ils marieront mes filles, mais, pour le
moment, je veux enlever le d et je
vais dire mes genres — Louis-David
et Cédric, et mes petits-enfants, d'avoir une ouverture pour partager leur mamie avec les citoyens
de Mirabel, donc mes petits-enfants qui sont deux petites
filles, Charline et Charlotte, et mon
petit-fils qui est... qui sont mes trois amours, mon petit-fils, qui est la
copie conforme de mon mari, qui s'appelle Louka.
J'aimerais aussi remercier mes bénévoles, tous
mes bénévoles, une centaine de bénévoles. Donc, je ne vais nommer que les deux principaux qui ont orchestré
le travail pendant la campagne
électorale, qui sont la bénévole,
pour moi, qui est une bénévole hors pair, Mme Rita Laframboise, et
Sébastien Lauzon.
C'est une grande fierté pour moi d'avoir été
aussi nommée ministre des Affaires autochtones et ministre responsable de la
région des Laurentides par le premier ministre au sein d'un gouvernement engagé
à donner aux Québécoises et aux Québécois un système d'éducation hors pair, des services de première classe en
santé et aux aînés et bâtir une économie
forte pour le bénéfice, comme le rappelait le premier ministre dans le
discours inaugural de mercredi, à tous les Québécois et les Québécoises.
En ce qui concerne mes responsabilités auprès
des autochtones — et
le premier ministre le rappelait dans les premières lignes de son discours
inaugural — les
Premières Nations et les Inuits ont d'abord découvert et occupé le territoire, et on ne doit jamais l'oublier. Et il ajoutait qu'il avait bien
l'intention — et
c'est une intention que je partage entièrement — de
travailler avec eux à développer le Québec pour le bien commun de nos nations
respectives. J'entends m'acquitter de ma
tâche dans un esprit de réelle collaboration et de concertation avec les autochtones et leurs
représentants. Notre dialogue de nation à nation est déjà bien amorcé. J'ai
rencontré à plusieurs reprises le chef régional de l'Assemblée des premières nations du Québec et
du Labrador, M. Ghislain Picard, ainsi que d'autres représentants et représentantes des communautés autochtones du Québec. Ces
premiers contacts ont été très constructifs. Nous avons pu échanger sur nos priorités, nos préoccupations et convenir des bases
d'un dialogue que nous souhaitons continu et solide, collaboratif et empreint
de respect.
J'ai à coeur,
comme ministre, comme députée, comme femme et comme mère, de poursuivre et
d'intensifier les efforts visant à
appuyer les femmes autochtones dans la réalisation de leurs priorités qu'elles
ont identifiées pour assurer leur autonomie et pour contribuer au
développement social de leur communauté et pour le bien-être des enfants des
Premières Nations et des Inuits. J'entends en faire une priorité de tous les
instants.
J'aimerais
vous partager aussi que mon propre cabinet ministériel est composé pour près de
la moitié de personnel féminin provenant de communautés autochtones, une
première.
Nous avons
convenu, lors des échanges avec les chefs, de mettre sur pied un mécanisme de
dialogue politique, dont la forme
finale reste à convenir, pour aborder différentes questions d'intérêt commun,
entre autres la mise en oeuvre de la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones et les enjeux relatifs au territoire et aux ressources. Notre objectif, ici, est clair, nous
souhaitons trouver des avenues afin de répondre aux attentes des autochtones
tout en assurant une prévisibilité adéquate en matière de gestion et de mise en
oeuvre des ressources naturelles. Nous croyons
que c'est par la voie d'un dialogue politique empreint de respect que nous pourrons
déterminer ensemble les meilleurs
moyens à mettre en place pour définir un terrain d'entente constructif et
mutuellement bénéfique. Nous souhaitons que ce dialogue se fasse dans un esprit de partenariat pour assurer que
le développement du Québec soit bénéfique à tous. J'entends continuer les efforts déployés, voire à
les intensifier au sein des différentes tables de négociation qui ont cours.
• (17 h 20) •
Il est
entendu que j'aurai l'occasion de rencontrer les chefs pour faire le point sur
ces processus et évaluer les moyens qui peuvent être déployés pour les
améliorer. Nous voudrons demeurer flexibles pour définir ensemble, avec les représentants autochtones, les meilleurs processus
pour aménager le mieux possible la cohabitation et le développement sur nos
territoires, de même que pour proposer des mécanismes différents pour les
communautés qui le souhaitent. Nous poursuivrons les négociations
territoriales globales avec les nations et communautés qui y participent.
Un autre
sujet qui me tient particulièrement à coeur est celui des conditions de vie des
femmes, des enfants, et des Premières Nations, et des Inuits en général.
Ces conditions doivent impérativement continuer de nous interpeler, tout le monde. J'entends poursuivre, en collaboration avec mes collègues des ministères
concernés, la mise en oeuvre d'initiatives relatives au développement social dans les grands secteurs de la santé et
des services sociaux, de l'éducation et du soutien aux enfants. Notamment, dans les initiatives que nous considérerons, je compte bien
m'inspirer de la déclaration des droits des enfants des Premières Nations, comme je l'ai évoqué dans mon
allocution récente dans le cadre de la Grande Semaine des tout-petits.
Aussi,
j'entends non seulement poursuivre la mise en oeuvre des mesures
prévues au plan d'action gouvernemental
en matière de développement social et
culturel des Premières Nations et Inuits, mais j'entends les bonifier selon les
priorités qui pourront émerger lors
des échanges que j'aurai avec les représentants autochtones. Je fais, entre
autres, une priorité du suivi qui
doit être accordé aux initiatives locales qui ont cours au sein des
communautés. Par exemple, les défis avec lesquels le Nunavik doit composer au regard des récents suicides doivent
interpeler l'ensemble du gouvernement. Toujours
en ce qui concerne les femmes, j'ai une préoccupation certaine pour contrer les
violences conjugales et familiales dont elles sont victimes.
Je serai aussi attentive aux besoins émergents
des autochtones vivant en milieu urbain. En complément des mesures en place, nous devons demeurer vigilants
face aux besoins des organismes qui interviennent auprès des autochtones
en milieu urbain, mais aussi nous assurer
que les services publics québécois soient en interaction avec ces
organisations. De plus, nous
accueillerons avec un grand intérêt les recommandations de la Commission
d'enquête sur les relations entre les
autochtones et certains services publics. Éventuellement, j'entends mobiliser
mes collègues ministres pour assurer le suivi des recommandations que la commission formulera en collaboration
avec les autochtones. De la même manière, je demeurerai attentive aux recommandations qui
émaneront de l'enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones
assassinées ou disparues.
Pour rendre
concrets ces engagements, nous poursuivons la mise en oeuvre du Fonds
d'initiatives autochtones. Nous
veillerons à ce qu'il soit maximisé comme outil contributif au développement
social, culturel et économique des Premières Nations et des Inuits.
Finalement, j'entends intensifier les efforts en
matière d'employabilité autochtone et de formation.
Par ailleurs,
nous avons entendu les préoccupations émises par plusieurs représentants des
Premières Nations et des Inuits
concernant la législation du cannabis. Ici encore, nous entendons privilégier
la voie du dialogue. Nous entendons discuter
avec les représentants autochtones de moyens pouvant répondre à cette
préoccupation. Des ententes pourront également être signées afin de
convenir des modalités particulières pour les autochtones
Nous avons de
beaux et grands défis devant nous et nous voulons passer à l'action plutôt que
de se contenter d'être des spectateurs passifs devant tous ces enjeux qui nous
interpellent. C'est sur la base d'un dialogue constructif que j'entends
appuyer les leaders autochtones pour que nous puissions, ensemble, y répondre
et progresser sur la voie du progrès économique
et social des communautés autochtones dans un esprit de respect mutuel de
nation à nation. Les enjeux sont
vastes, sont souvent complexes. Les possibilités sont immenses. Ensemble, nous pouvons améliorer
les choses et faire notre part pour faire avancer ces dossiers pour le
bénéfice de nos nations. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée de Mirabel. Maintenant, je reconnais la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Alors, la parole est à vous.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Avant toute chose,
permettez-moi de remercier les électeurs et les électrices de Rouyn-Noranda—Témiscamingue. Une fois de plus, ma région se démarque par son audace à
vouloir faire autrement, une région pionnière dans son ambition à vivre le Québec
à travers le projet de société que propose Québec solidaire. Avec cette percée historique, nous démontrons que notre parti est aussi pour
les régions. Nous avons créé un
précédent, et je suis immensément
fière de, désormais, voir cette magnifique tache orange complètement à l'ouest du Québec. Fière de la confiance que les
électrices et les électeurs de mon comté m'ont accordée et surtout fière d'être
une voix forte pour ma région, que j'admire et que j'adore.
Mme la
Présidente, j'aimerais d'abord parler d'une grande oubliée du discours du
premier ministre, la région. Il y a
un mois, le nouveau gouvernement nous a présenté le nom de ses nouveaux
ministères. Ces changements sont un peu passés sous le radar. Pourtant,
certains ministères se sont fait amputer de termes considérables. En tant
qu'élue de région éloignée, je suis profondément préoccupée par la
disparition de l'occupation du territoire du défunt MAMOT, désormais nommé ministère des Affaires municipales
et de l'Habitation. Cela dit, je n'ai rien contre l'ajout du secteur de l'habitation, mais bien contre la perte de plus
en plus significative de l'espace rural au sein de l'appareil gouvernemental.
En campagne
électorale, j'ai saisi la moindre occasion pour rappeler que le gouvernement
libéral a retiré le mot «région» au
ministère. C'est d'ailleurs dans mon comté qu'a éclos le mouvement Touche pas à ma région! en 2015 en riposte à l'attitude hostile du gouvernement à l'endroit des instances régionales. Maintenant, nous avons perdu
l'occupation du territoire dans la
nomenclature de ce ministère. Quelle conclusion pouvons-nous en déduire? Pour
moi, cela démontre que les territoires ruraux pèsent très peu dans la balance
décisionnelle et dans la cagnotte du gouvernement. Depuis qu'il est en poste, le premier ministre a le regard tourné vers le monde, à la conquête de nouveaux marchés,
mais son regard et ses interventions sont très peu tournés, pour
l'heure, vers son propre territoire.
Dans son
discours, le premier ministre a, tout
de même, brièvement évoqué la
décentralisation. L'un des engagements du gouvernement en faveur de la décentralisation est à l'effet de
déménager des fonctionnaires
provinciaux dans les régions. C'est
un projet louable qui permettra certainement d'apporter certains emplois.
Cependant, j'aimerais rappeler au
premier ministre une distinction fondamentale entre décentralisation et
déconcentration. La déconcentration consiste
à ouvrir des centres d'activité qui relèvent du gouvernement central à
l'extérieur de la capitale. Des fonctionnaires établis en région pour mettre en place des décisions prises à Québec, ça
n'a rien d'une décentralisation. La décentralisation consiste plutôt à
conférer des pouvoirs autonomes aux instances territoriales locales.
Nous avions
développé au Québec des instances de concertation efficaces et avant-gardistes,
les CRD et les CRE. Tout projet de décentralisation devra passer par une
réactivation de la concertation régionale. En 2014, nous avons été dépossédés de nos outils de concertation, et rien
dans les mots du gouvernement actuel ne nous laisse croire que nous les
retrouverons un jour. Pourtant, ces outils sont fondamentaux pour les régions
éloignées comme la mienne.
Vous savez, Mme la Présidente, depuis que je
suis en poste, on m'interpelle pour la perte de services de proximité : fermetures d'écoles, fermetures
d'églises, fermeture du service de sécurité de nuit à l'aéroport de
Rouyn-Noranda, menace de découverture
en soins de santé, et j'en passe. Nous sommes en déclin démographique, alors
que les grands centres débordent.
Comment le gouvernement entend-il soutenir le développement des régions pour
les rendre attractives et assurer la rétention de notre population?
• (17 h 30) •
À l'heure actuelle, nos régions ne souffrent pas
de manque de développement économique, mais bien de main-d'oeuvre. Ce sont nos services qui sont déficients. Il manque de
logements, de places en CPE, d'infrastructures de loisirs et des moyens pour bonifier la qualité de
vie dans nos petits milieux pour combler les besoins des familles et de la main-d'oeuvre. Et ça, c'est de l'occupation du
territoire. Quels moyens le premier ministre va-t-il déployer pour soutenir
les régions face à ce défi? À qui doit-on s'adresser à partir de maintenant
pour faire reconnaître notre réalité, pour trouver des réponses à nos questions, pour trouver des moyens financiers? À
mon avis, si nous avions les moyens de nous concerter en région, ce
serait déjà une partie de la solution.
Et puis j'aimerais ajouter un mot sur le
mur-à-mur. Vous savez, le territoire du Québec est immense, riche et ô combien diversifié. Moi-même, dans mon comté,
entre Ville-Marie et Rouyn-Noranda, 130 kilomètres plus au nord, je sens cette diversité. Il y a un
mois de gel de plus par année à Rouyn. La végétation s'homogénéise. La
composition du sol change. Imaginez
quand on compare les Laurentides avec la Gaspésie ou l'Estrie avec le Nord-du-Québec.
Les politiques du gouvernement devraient s'inspirer de cette diversité en se modulant aux différentes
réalités du territoire, parce que ce qui est bon pour Québec
et Montréal, ça ne l'est pas nécessairement pour Coaticook,
Coin-du-Banc ou Latulipe.
Mme la Présidente, j'aimerais maintenant enchaîner sur une autre grande absence du
discours du premier ministre,
l'agriculture, qui, comme les régions, est un sujet qui me passionne, et
j'espère que cette passion est partagée par le gouvernement et les députés de
cette Assemblée. Le nouveau gouvernement a l'opportunité de renouveler le contrat qui
nous lie avec le monde de l'agriculture et
il doit saisir cette chance. Pour moi, c'est une affaire personnelle.
L'agriculture fait partie de mon quotidien. J'habite sur un lopin de
terre du Témiscamingue, un territoire magnifique trop souvent méconnu dont les
paysages sont façonnés par nos productrices et nos producteurs agricoles.
Depuis quelques années, nos pâturages ont
laissé de plus en plus de place aux grandes cultures. Les champs d'avoine, de
blé et de canola, maïs voisinent des cultures en émergence comme l'orge
brassicole, le seigle, la caméline, le quinoa, et les productions biologiques gagnent également en popularité. À la
maison, on travaille à valoriser nos céréales avec un petit moulin qui nous permet d'offrir à la population un
approvisionnement en farines locales moulues avec des grains du Témiscamingue.
Je peux vous dire que cette contribution à
l'assiette locale me rend bien fière aussi. Avec
cette contribution, je conserve des liens directs avec le monde agricole
témiscamien.
Tout
récemment, je discutais avec un voisin producteur et agronome consultant qui me
contait qu'en cette fin de saison,
alors que la neige commence à peine à tomber, ses yeux et ceux de ses collègues
sont tournés vers l'hémisphère Sud. Déjà,
dans le fin fond du Nord-Ouest québécois, on surveille les intentions de cultures du
Brésil et de l'Argentine. Un autre
ami producteur m'a confié un jour que ça ne servait à rien de se battre contre
les géants chinois ou américains. La
game agricole ne se joue pas avec les mêmes règles. Ici, nous avons un arbitre
que les autres n'ont pas, et il s'appelle l'hiver.
Outre le défi
climatique, notre agriculture est encadrée par des règles qui plongent autant
l'agriculteur de Saint-Esprit que celui de Saint-Félicien dans la concurrence
déloyale lorsqu'il vend son grain sur le même marché que l'agriculteur
du Texas ou d'un autre État prospère en
grandes cultures. Comme société, nous avons défini les paramètres de nos
pratiques culturales pour qu'elles respectent l'environnement et qu'elles
soient prospères pour les générations futures. A priori, tout le
monde peut s'entendre sur ce
principe. Là où le bât blesse, c'est quand on importe, sur nos tablettes, des
produits qui ne sont pas soumis au
même traitement, et ça, c'est politique. Ce qu'on impose ici, on doit le prescrire
ailleurs ou du moins s'assurer que
les compensations soient mises en place pour que les consommateurs puissent choisir leurs produits
selon une compétition équitable, et non pas uniquement par le plus bas
prix possible.
Alors, quand
j'entends le programme du gouvernement de la CAQ qui parle d'augmenter les
investissements et de rendre
l'agriculture plus compétitive dans une économie globalisée, je ne peux
qu'émettre des doutes, car l'une des choses qui empêchent aujourd'hui l'investissement et l'entrepreneuriat
agricole, c'est le prix des terres. N'importe quel agriculteur,
n'importe quelle agricultrice s'en aperçoit facilement. Les terres deviennent
de plus en plus inabordables. Quand on pense
que l'un des fondateurs de la CAQ, M. Charles Sirois, est un homme d'affaires
derrière Pangea, on peut douter que le problème sera pris au sérieux par
le gouvernement. Pourtant, aujourd'hui, l'accaparement foncier est devenu une source de profit extraordinaire. Des étrangers ou
des fonds d'investissement achètent des terres pour faire fructifier leur
valeur, pas pour l'usage qu'on en fait.
Bientôt, les agriculteurs pourraient devenir des travailleurs sur des terres
prêtées par des fonds d'investissement. En 2015, Mme la Présidente, j'ai
réalisé un long métrage documentaire sur l'agriculture au Témiscamingue, L'Anecdote agricole, et,
dans ce film, cette situation déplorable était déjà dénoncée par un producteur
de mon coin : Vous devriez voir ce qui
se passe en Chine. Là-bas, ce sont des employés agricoles qui travaillent pour
enrichir de gros actionnaires. C'est
ce qu'il me racontait. Est-ce vraiment ce genre de modèle que nous voulons
développer au Québec? Que
faisons-nous de l'héritage des fermes familiales? Que faisons-nous du rôle que
jouent ces fermes à l'échelle humaine dans l'occupation du territoire?
Que faisons-nous de notre relève agricole?
J'espère que
le gouvernement Legault rompra avec l'indifférence du gouvernement précédent et
fera de la lutte à l'accaparement
l'une des priorités de sa politique agricole, parce que, à l'heure actuelle,
des intérêts étrangers — chez nous, on les
appelle des prédateurs — et des fonds d'investissement ont les yeux sur nos terres
agricoles. La perte de notre souveraineté
sur notre territoire pourrait avoir des conséquences irréversibles. Une terre
en friche a toujours le potentiel d'être cultivée à nouveau, mais une
terre vendue à la Chine risque de ne plus jamais nourrir de Québécois.
Par ailleurs, nous en avons parlé abondamment la
semaine dernière avec la signature du nouvel accord de libre-échange Canada–Mexique–États-Unis, nos producteurs agricoles
viennent de subir un coup dur avec la nouvelle brèche dans la gestion de l'offre. Au Québec seulement, nous avons
6 513 fermes familiales et 116 000 emplois qui sont générés par les
productions sous gestion de l'offre. Ce système, pourtant efficace pour
répondre à nos besoins, est en péril. La
situation du Canada diffère de celle de la majorité des pays balisés principalement
par la proximité des États-Unis, qui
possèdent une industrie laitière environ 11 fois plus grande que celle du
Canada, qui opère à des coûts plus compétitifs. Saviez-vous, Mme la Présidente,
que la plus grosse ferme laitière aux États-Unis, la Fair Oaks Farms, fournit
un verre de lait à 3,5 millions d'habitants à tous les jours avec
ses 40 000 vaches, qu'une centaine de veaux y naissent
quotidiennement? On est loin de nos fermes québécoises, qui comptent, en
moyenne, 65 vaches.
Encore une fois, les règles du jeu diffèrent
d'un pays à l'autre, et la production laitière américaine est une menace pour nos fermes québécoises. Le 3,6 %
du marché canadien qui vient d'être cédé dans l'accord de libre-échange représente 800 millions de litres de lait, l'équivalent
de la production annuelle de 1 200 fermes laitières moyennes
du Québec, perdue à perpétuité. J'aimerais
rappeler qu'une baisse des revenus de nos agriculteurs peut mettre en péril
cette activité économique importante dans les régions du Québec.
À Québec
solidaire, nous ne sommes pas angéliques, nous savons que la gestion de l'offre
a des travers. La valeur des quotas ou l'hermétisme du système face aux petites
initiatives empêche le développement d'entreprises diversifiées, et, si la gestion de l'offre doit être modernisée,
c'est vers le bas qu'elle doit être ouverte, en faveur des petits producteurs
artisans, pas en faveur des grands
industriels étasuniens. Si nous voulons assurer notre sécurité alimentaire et
la survie de notre agriculture, le maintien de la gestion de l'offre est
indispensable, tout en diversifiant la taille de nos fermes. Maintenant,
l'agriculture québécoise doit aussi être appelée à jouer son rôle dans la
nécessaire transition énergétique. Je ne
surprendrai personne ici en affirmant que les changements climatiques
représentent le défi du siècle. Nous avons choisi, à Québec solidaire, d'en faire le coeur de notre campagne tout
simplement parce que nous n'avons plus le choix. Le secteur est responsable de 9,4 % des émissions québécoises de
gaz à effet de serre. Les engrais provenant de combustibles fossiles et le méthane émis par les élevages sont
des dizaines de fois plus dommageables que le CO2. Avec son appui
tacite au projet d'usine d'urée à Bécancour, le gouvernement semble
n'avoir aucun plan de rechange. Le gouvernement se désengage du soutien
technique aux agriculteurs et agricultrices, et il y a peu de ressources
professionnelles qui sont offertes pour soutenir les producteurs dans
l'adaptation de nouvelles normes et dans la conversion vers le biologique.
Au Québec, nous avons tout ce qu'il faut pour
faire la transition agricole. Nous pouvons devenir un modèle d'agriculture de proximité, nourricière et
respectueuse de l'environnement, une agriculture qui évolue au gré de nouvelles
pratiques, qui pérennise notre terroir,
l'habite, le diversifie et surtout le dynamise. C'est cette vision que nous
allons défendre haut et fort des
bancs de l'opposition en espérant que le nouveau gouvernement tende, lui aussi,
l'oreille aux préoccupations du monde
agricole. Parfois, j'ai l'impression que certains l'oublient, mais, sans
agriculture, c'est notre autonomie alimentaire qui est menacée, et ça,
ça n'a pas de prix.
Motion formulant un
grief
En terminant,
Mme la Présidente, je souhaiterais déposer
cette motion pour formuler un grief. La motion que je dépose se lit
ainsi :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement de la Coalition avenir Québec pour ne pas avoir annoncé de mesures
soutenant la conversion écologique du secteur agricole.» Merci, Mme la
Présidente.
• (17 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Votre motion sera déposée, sous réserve de sa
recevabilité.
Maintenant, je reconnais la parole au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur. La parole est à vous.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Je suis très content de prendre la parole aujourd'hui devant vous, chers collègues et amis, dans le cadre de cette
réplique ou de cette suite au discours inaugural du premier ministre.
Ça faisait du bien d'entendre ça. Ça faisait du
bien d'entendre un discours d'un premier ministre qui avait de l'ambition pour le Québec, qui lançait des
messages audacieux, qui voulait nous secouer les puces un petit peu puis qui était en phase, je
pense, avec ce que l'électorat a demandé quand il nous a confié, le 1er
octobre, le mandat de renouveler la politique québécoise puis le mandat
de regarder plus loin en avant que sur quatre ans puis de semer un pommier en sachant que c'est peut-être quelqu'un d'autre
qui va récolter les pommes, mais ce n'est pas grave. On a le droit de voir
loin, on a le droit de se projeter en avant,
de poser, tout de suite, des actions qui auront des impacts à long terme,
et je pense que c'est pour ça que le premier ministre a fait de l'éducation sa priorité. C'est en parfaite cohérence, parce qu'évidemment, quand on investit chez
les tout-petits en se disant que c'est ça qui va être le meilleur ascenseur social, que c'est ça qui va nous aider à améliorer
l'état de notre planète et à améliorer l'environnement, en se disant que
c'est en investissant dans nos tout-petits
qu'on va stimuler l'économie, on sait bien que ça ne va pas prendre deux ans,
ou trois ans, ou quatre ans, on sait bien que c'est un investissement à long
terme, pas une dépense, un investissement à long terme.
Avant de
continuer sur le dossier de l'éducation et de l'enseignement supérieur, je veux
dire un mot d'abord sur les gens qui m'ont témoigné de leur confiance le
1er octobre dernier, les gens de Chambly. Je précise, ce n'est pas seulement la ville de Chambly, évidemment, il y a
cinq municipalités : Carignan, Saint-Basile-le-Grand, où j'ai enseigné
pendant 17 ans, Richelieu et
Saint-Mathias-sur-Richelieu... Donc, ces cinq municipalités-là, merci à tous
ceux et toutes celles qui m'ont fait
confiance. Merci à la superéquipe de bénévoles. C'était incroyable de passer du
temps avec vous, beaucoup de temps
pendant la campagne électorale. C'est vraiment des beaux souvenirs, des beaux
souvenirs. On a passé de belles soirées ensemble, puis merci de votre
confiance.
Je veux
remercier aussi, évidemment, mon épouse, Isabelle, mes deux petites filles, Cassandre
et Ariane. Papa est moins souvent à
la maison, mais vous savez que, quand j'ai décidé de me lancer en politique, je vous l'ai dit, mes filles, qui étaient petites, j'ai dit : C'est parce que
je ne pouvais pas accepter de laisser un Québec en moins bonne santé
que celui que j'ai reçu. Depuis, je
pense, 1608, depuis que Champlain a construit l'habitation ici, sur le bord du
Cap Diamant, de génération en
génération, les Québécois ont essayé de laisser à la génération qui suit un
peu mieux, un petit peu plus riche, un
petit peu plus prospère, un petit peu plus grand, un petit peu plus fort. Puis j'avais l'impression que... et
mon père a certainement réussi ça avec sa génération, puis je me demandais si moi, je n'allais
pas être celui qui allait laisser à mes filles moins que ce que j'ai reçu, puis je
ne pouvais pas accepter ça. Donc, voilà, mes filles, papa n'est pas à la maison
tout le temps, mais il pense à vous très souvent.
Je veux
féliciter mes adversaires des plus grands partis qui m'ont affronté. MM. Christian
Picard, Francis Vigeant, François Villeneuve, merci pour la campagne
respectueuse que vous avez menée. Je pense que ça a été bien fait et qu'il n'y a pas eu de bassesses, comme on les
dénonce très souvent, dans la circonscription, à Chambly, pour ce qui est de la
campagne.
Rapidement,
les enjeux locaux que je veux porter pour les citoyens de mon comté, bien, il
n'y a pas de surprise, c'est les
mêmes qu'en campagne électorale. On ne change pas de discours avant la campagne
puis après la campagne. Donc, je vous ai dit, chers concitoyens, que je
travaillerais très fort pour agrandir l'école secondaire de Chambly. On a seulement une école secondaire I, II, III. On veut une
école secondaire complète, donc, IV et V. On veut que nos jeunes restent près
de chez nous. On veut qu'ils passent moins de temps dans les autobus, qu'ils se
lèvent moins tôt, parce qu'en
ce moment ils prennent l'autobus... quand ils sont obligés de faire le
secondaire IV et V à Saint-Bruno, ils prennent l'autobus à 6 h 50. Quand tu demandes à un adolescent de 15
ans, 16 ans de se lever à 6 heures et de prendre l'autobus à 6 h 50, ça, c'est le contraire d'un
message de persévérance que tu lui envoies, tu lui envoies le message que la
société se fout un peu de son
parcours scolaire. Il faut changer ça. Il faut agrandir l'école secondaire à
Chambly. Je travaille là-dessus. Merci. Donc, on va l'avoir, notre
secondaire IV et V.
Évidemment,
aussi, on avait parlé, en campagne, de prolonger le REM jusqu'à l'intersection
10-35 pour desservir les gens de mon
comté mais aussi les gens qui habitent un peu plus loin, les gens qui habitent
à Saint-Jean-sur-Richelieu. Je suis convaincu qu'on va travailler
là-dessus puis que ça va s'amorcer au cours du mandat. Je continue de
travailler là-dessus, chers concitoyens. Je
travaille aussi, évidemment, avec ma collègue la ministre de la Santé, parce
que, dans la dernière année, il y a
eu une coupure de services directs. Il y avait déjà un problème d'accès à la
santé, puis le gouvernement précédent a trouvé le moyen de tirer dans la
chaloupe, de faire pire : ils ont coupé dans le sans rendez-vous au CLSC de Richelieu, et ça a fait tout un brouhaha dans la région. Il y a eu des manifestations, des manifestations à Chambly, oui, en
mai et en juin derniers. Et j'en ai parlé avec ma collègue
la ministre de la Santé. Et les services seront rétablis à l'intérieur du mandat au CLSC de
Richelieu, j'en suis convaincu.
Finalement, on va travailler, oui, à assainir
notre rivière Richelieu. Il y a à peu près 2 000 déversements par année dans la rivière Richelieu,
2 000 «flushgates» par année dans la rivière Richelieu. Ça ne peut
pas durer. Il va falloir qu'on
investisse dans nos infrastructures d'assainissement d'eau potable. Je
travaille aussi avec la chambre de commerce, évidemment. On a tout un programme d'achat local qui s'en vient. Et
finalement les gens des groupes communautaires, les bénévoles du comté,
vous pouvez compter sur moi, je serai toujours là pour porter votre voix ici.
Maintenant,
dans les dossiers de l'éducation, bien, moi, j'invite les gens à arrêter le
fatalisme. Ce n'est pas vrai qu'on
n'est pas capables. Ce n'est pas vrai qu'on n'a pas l'argent. Ce n'est pas vrai
qu'on ne peut pas embaucher des gens, qu'on
ne peut pas former des gens. Oui, on est capables de dépister les jeunes qui
ont des difficultés et de les aider tout le long du parcours, de la prématernelle quatre ans jusqu'au
secondaire V, puis on va le faire. Ce n'est pas vrai qu'on va endurer des
écoles délabrées, des toits qui coulent. Ce n'est pas vrai qu'on va faire ça.
On va s'associer avec les gens de Schola,
à l'Université Laval, qui travaillent sur les meilleurs processus, les
meilleures façons de rénover nos écoles pour que nos vieilles écoles aient l'air de belles et nouvelles écoles. On va
le faire. Les nouvelles écoles vont faire l'objet d'un concours d'architecture.
Il y aura davantage de ressources professionnelles dans les écoles. On va
valoriser la profession enseignante. Et, oui, on va revoir la formule de
financement des cégeps et des universités pour corriger toutes les
erreurs du passé. On va prendre soin de nos établissements d'enseignement
supérieur en région. Je m'arrête ici. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de Chambly. Maintenant, je reconnais la parole à Mme la
députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais, dans un
premier temps, exprimer ma reconnaissance envers les citoyens du plus beau
comté du Québec, Fabre, pour leur confiance et leur appui à l'élection du
1er octobre. C'était ma première
élection générale. Je me sens tellement privilégiée de représenter à nouveau
les familles, les aînés, les jeunes et les communautés culturelles de
mes chers quartiers de Sainte-Dorothée, Laval-Les Îles, Laval-Ouest, Chomedey
et Fabreville-Ouest en cette Chambre.
J'ai eu
plusieurs étapes, Mme la Présidente, dans ma carrière, et il n'y a pas de plus grand privilège que la confiance
et l'appui de milliers de citoyens. Il ne
faut jamais l'oublier. Cela doit nous garder humbles et nous amener à toujours donner
le meilleur de nous-mêmes et travailler à faire une différence dans leur vie.
Vous savez, Mme la Présidente, j'ai une
petite tradition depuis trois ans — que
je partage avec vous aujourd'hui — à
l'approche des fêtes, lorsque les travaux se terminent et que je quitte ce très beau Parlement : non, ce
n'est pas de pas de prendre un verre de whisky comme tradition des fêtes, mais plutôt, je vous le dirais
sérieusement, lorsque je quitte le Parlement, je me retourne et je regarde ce
lieu historique, le privilège que
j'ai d'être députée et, bien sûr, de dire que cet endroit, c'est mon lieu de
travail. Alors, merci, Mme la Présidente, de m'avoir permis de partager
avec vous cette tradition, que je reprendrai dans quelques jours.
Je suis
d'abord et avant tout une fille de terrain qui aime profondément les gens, tout
simplement. Quelles belles et nombreuses rencontres j'ai eues avant et
durant la campagne avec les communautés culturelles de mon comté, les résidents
du Manoir du Ruisseau et des Appartements de la Rive, les organismes
communautaires que j'aime tant, les jeunes
familles que j'ai rencontrées en porte-à-porte et à de nombreuses activités! Il y a
aussi, bien sûr, les agriculteurs, horticulteurs et
entreprises de Sainte-Dorothée et Fabreville-Ouest, et je suis toujours émue parce
qu'il y a tellement des
belles histoires de famille, de passion familiale que mes citoyens ont à
partager avec moi. Je pense, entre autres, aux familles Charbonneau, Brisebois.
Chers citoyens, mille fois merci pour votre confiance et votre appui.
Et puis il y a ce succès, celui de mon équipe de
campagne, une équipe extraordinaire, Philippe, Rares, Labib, M. Derbas, Lucie, Ecatarina, Laurie, Peter,
Szissis, Tassia, Ottilia, Tinel, M. Jawad, Mr. Singh, et l'ensemble des
bénévoles, qui ont donné tant d'heures à ma campagne. Chers amis,
mille fois merci pour votre engagement et votre appui, et, bien sûr, tel
un kiwi plein de vitamines, vous avez été ma vitamine de la campagne.
• (17 h 50) •
Je veux aussi
féliciter tous mes collègues dans ce salon bleu pour leur élection et, bien
sûr, vous, Mme la Présidente.
C'est avec
reconnaissance envers mon chef, le député de Mont-Royal—Outremont, que j'assumerai avec fierté mon
rôle de porte-parole en matière d'emploi et de solidarité sociale à
l'opposition officielle, deux dossiers qui représentent 18 ans de ma vie.
M. le Président, je souhaite maintenant réagir au
discours inaugural du premier ministre et à la mise à jour économique.
Parlons,
d'abord, d'emplois. Mme la Présidente, je dois vous avouer que j'ai ressenti
une grande émotion, lors du discours
inaugural, au moment précis où le premier ministre a nommé la pénurie de
travailleurs. C'était une grande première
émouvante et tellement surprenante. Oui, j'ai bien parlé de première, puisque
jamais le premier ministre ou son équipe depuis la campagne et même
auparavant n'avaient prononcé ces mots.
Le premier ministre parle beaucoup d'audace, une
audace qui doit nous inspirer. Ça prend effectivement beaucoup d'audace pour attendre tout ce temps avant de nommer une
réalité qui touche des milliers d'entreprises au Québec. La pénurie de main-d'oeuvre n'est ni un dossier ni
un enjeu, elle est certainement bien davantage qu'une simple réalité qu'on
prend tant de temps à reconnaître. La pénurie
de main-d'oeuvre, c'est le plus grand
défi économique auquel doit faire face le Québec. Sans
solution concrète et rapide pour les entreprises et l'ensemble des employeurs
du Québec, nous avons devant nous un réseau
de santé qui ne peut plus offrir tous les services aux patients, faute
d'employés; c'est un réseau d'éducation
où les enseignants manquent à l'appel, ce sont des entreprises qui freinent
leur développement, faute de candidats. Sans solution concrète et
rapide, ce sont plus de 100 000
emplois vacants qui demeureront vacants. En octobre, le taux de chômage dans Chaudière-Appalaches était de
3,9 %, et, partout au Québec, les régions souffrent de trouver de
la main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs clés de leur économie.
Le premier
ministre parlait de reconnaissance de nouveaux projets d'entreprise dans son
discours : une fiction. La
réalité, c'est celle des entreprises qui non seulement refusent des contrats,
faute de main-d'oeuvre, mais c'est aussi celle des employeurs désespérés qui recrutent maintenant dans les écoles
secondaires et les centres de formation professionnelle avant l'obtention du diplôme. C'est une véritable
catastrophe. Le premier ministre a dit : Le nouveau gouvernement est
composé d'un nombre sans précédent d'entrepreneurs, de gestionnaires et
d'anciens dirigeants de grande entreprise.
Devant l'interminable délai à même reconnaître
la réalité criante de la pénurie de main-d'oeuvre, il faut bien admettre que
l'expertise entrepreneuriale du gouvernement n'est pas une valeur ajoutée.
Comme si cela
n'était pas suffisant, on ajoute un autre délai, celui de prendre un précieux à
revoir notre stratégie nationale de la main-d'oeuvre, qui faisait
pourtant consensus avec ses 47 mesures en soutien aux entreprises. M. le... Mme la Présidente, pardon, les entreprises et
employeurs du Québec n'ont pas ce temps précieux. Maintenant, j'entends le gouvernement dire : Mais qu'avez-vous
fait? Je n'attends pas la question pour y répondre. Notre gouvernement
précédent a bien vu la tendance
s'installer depuis trois ans. Le programme Objectif emploi de notre
gouvernement prévoit l'obligation d'une première étape d'accompagnement
vers l'emploi pour tous les nouveaux demandeurs de l'aide sociale aptes à se trouver du travail, première action afin
d'optimiser une intégration réussie au marché du travail. Notre deuxième grande
action, c'était celle, plus entière et
globale, du grand Rendez-vous national de la main-d'oeuvre avec tous les
représentants, les partenaires du
marché du travail autour du défi. La consultation a porté fruit, elle a donné
naissance, en mai dernier, à la
stratégie nationale de la main-d'oeuvre, un financement de 1,3 milliard et
47 mesures concrètes pour les entreprises. Bref, une diversité de solutions pour soutenir les employeurs face à la
pénurie de main-d'oeuvre. Est-ce qu'on a assez parlé de cette stratégie porteuse de solutions? Je ne le pense pas, et
c'est bien dommage. Mme la Présidente, vous savez comme moi que les
bonnes nouvelles font rarement la manchette.
Ainsi, pour
le nouveau gouvernement, il y a une étape de franchie. Le premier ministre a
enfin prononcé les mots «pénurie de travailleurs». Il faut maintenant un
gouvernement qui déploie rapidement la stratégie nationale de la main-d'oeuvre
et répond, de façon responsable, à l'urgence de recrutement des entrepreneurs,
des entreprises et des employeurs du Québec.
Parlons maintenant
de solidarité sociale. Le premier
ministre a dit : On doit
gouverner pour tous les Québécois.
J'invite les ministres et les employés de
l'État à être l'écoute des besoins des gens et à agir en tout temps avec
humanité. Mme la Présidente, à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière de solidarité sociale, j'ai mal à mon
humanité. Vous savez, Mme la Présidente, je n'ai pas côtoyé ou participé à l'action communautaire pendant près
de 20 ans, j'ai été au coeur de
l'action communautaire : fondatrice, directrice d'un carrefour jeunesse-emploi, membre active de tant de tables de concertation, membre aussi de la corporation de développement communautaire et administratrice,
et initiatrice de bien des partenariats communautaires ainsi que
présidente de mon réseau national pendant plusieurs années.
Vous aurez compris, Mme la Présidente, mon
indignation face à ce grand trou profond du discours inaugural, face à ce grand trou profond de la mise à jour
économique. Pas un seul mot sur les organismes communautaires, pas un seul
mot sur les citoyens fragiles de notre société, pas un seul mot sur les enjeux
sociaux et pas un seul mot sur la lutte à la
pauvreté. Oser parler d'humanité et oublier de nommer le coeur même du
développement social du Québec. Pas de
danger que le premier ministre salue le plan d'action gouvernemental de notre
gouvernement qui était le troisième plan de lutte à la pauvreté de gouvernements libéraux. Comment peut-il mettre
dans la déchiqueteuse un plan qui promettait de sortir de la pauvreté 100 000 personnes,
assurer un revenu de base aux personnes handicapées et accélérer le rythme
de construction des logements sociaux? Il y
a quelques jours, le député de Rimouski rappelait dans son allocution l'émotion
en Chambre en 2002, au moment de l'adoption,
à l'unanimité, de la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l'exclusion
sociale. Le député de Rimouski était avec
l'ensemble de son gouvernement de l'époque. Le premier ministre actuel y était bien sûr aussi. C'est pourtant le même homme, premier
ministre aujourd'hui et ministre de l'Éducation à l'époque, qui était si fier de cette loi visant à lutter contre la
pauvreté et l'exclusion sociale. Où est-il aujourd'hui? Il a oublié tout cela,
et c'est tellement triste et inacceptable.
Moi, quand je
pense aux organismes communautaires, je pense, entre autres, au centre
d'entraide La Rosée, de Laval-Ouest,
dans mon beau comté, qui incarne à lui seul l'ADN de l'innovation sociale et de
l'action communautaire près des gens. En aide sans relâche, cette action
communautaire que j'aime tant, il ne faut surtout pas l'oublier. Des maisons de la famille, des maisons de jeunes, aux
maisons d'hébergement pour les femmes violentées, jusqu'aux cuisines collectives, l'action communautaire, c'est plus de
8 000 organismes, dont 4 000 organismes communautaires autonomes,
dans toutes les régions du Québec. C'est
près de 1,5 milliard de financement gouvernemental et c'est une action au
Québec qui est essentielle.
Parler
d'humanité, M. le Président, c'est penser à tous les organismes, c'est penser à tous les milliers de citoyens
qui trouvent bienveillance, soutien et
accompagnement dans tous ces milieux de vie. Ils sont les grands oubliés du discours inaugural, ils sont les grands oubliés de la mise à jour économique. Alors, le premier ministre doit se
rappeler, car j'insisterai à chaque fois pour qu'il s'en souvienne,
qu'il se souvienne des personnes fragiles, seules de notre société, qu'il se souvienne de l'action essentielle des organismes
communautaires, qu'il se souvienne de sa responsabilité de lutte à la pauvreté.
Oui, à chaque fois, Mme la Présidente,
j'insisterai, parce que, Mme la Présidente, j'ai tellement mal à mon humanité.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée de Fabre.
Compte tenu de l'heure, nous allons ajourner
jusqu'à 19 h 30...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...suspendre — excusez-moi — jusqu'à
19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 19 h 30)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon mardi soir à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Alors, nous
sommes toujours aux affaires du jour et aux affaires
prioritaires. À l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat sur le discours
d'ouverture et sur la motion de M. le premier ministre proposant que l'Assemblée
approuve la politique générale du gouvernement, ainsi que sur les motions de grief présentées par M. le chef de l'opposition officielle, M. le chef du deuxième groupe d'opposition, Mme la chef du troisième groupe d'opposition,
M. le député de Rimouski, Mme la
députée de Sherbrooke,
Mme la députée de Saint-Laurent, M. le
député de Pontiac,
Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, M. le député de Jonquière, M. le
député de Laurier-Dorion, Mme la députée de Marguerite-Bourgeoys
et Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Avant de
donner la parole au prochain intervenant, je vous informe que 11 heures
ont été utilisées dans le cadre de ce
débat. Alors, il reste donc un total de 14 heures, réparties comme
suit : 7 h 17 min au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 h 41 min au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 53 minutes au deuxième groupe d'opposition, 1 h 9 min au troisième groupe
d'opposition puis 60 minutes au représentant du gouvernement pour
sa réplique.
Alors, je
suis maintenant prête à céder la parole à notre premier intervenant de la
soirée. Et ce sera Mme la ministre des Relations internationales et de
la Francophonie.
Mme Nadine Girault
Mme Girault :
Mme la Présidente, merci. Alors, j'aimerais prendre ces quelques minutes qui me
sont allouées pour surtout remercier mes électeurs. J'aurai amplement
l'occasion au cours des prochains mois d'élaborer sur notre programme, nos objectifs, notre vision. Je dirais
d'abord que je ressens aujourd'hui un mélange d'humilité, d'excitation et de
détermination. Humilité parce que beaucoup de femmes et d'hommes de talent ont
contribué bien avant nous à bâtir le
Québec que l'on connaît aujourd'hui. Excitation parce que, comme moi, la
majorité des députés en sont à leur première
expérience et qu'on ne peut pas faire autrement que d'être euphoriques et
fébriles à l'idée de travailler dans une enceinte aussi prestigieuse. C'est un grand privilège. Et détermination
parce que les Québécois nous ont fait confiance et qu'il faut maintenant se retrousser les manches et livrer la
marchandise. Et je suis certaine d'ailleurs que mes collègues des
oppositions ne vont pas hésiter à nous le rappeler très souvent au cours de
notre mandat.
Une chose que je retiens des derniers mois, c'est
la camaraderie qui s'est installée au sein des 125 candidats de
notre formation politique. Une équipe de 125 personnes à égalité, qui
avaient tous un territoire à conquérir, et qui se battaient pour les mêmes valeurs, et qui s'appuyaient dans les moments
difficiles. D'ailleurs, plusieurs députés sortants nous ont pris
sous leurs ailes. Je me souviens un jour où le député de Saint-Jérôme a
convoqué une conférence de presse avec les candidats des 10 circonscriptions
des Laurentides, secrètement on se disait : Ah! ce serait fantastique de
remporter les 10. Le reste appartient maintenant à l'histoire
électorale.
Cette
campagne électorale, je pourrais la comparer à un mélange entre un marathon et
une virée en montagnes russes à La
Ronde. J'ai vécu une campagne électorale propre et respectueuse, mais qui a
aussi été un cours de démocratie 101.
Pour moi qui habite la circonscription de Bertrand comme villégiatrice depuis
maintenant près de 30 ans, la
campagne électorale m'a fait apprécier encore plus cette belle région, ces gens
fantastiques, dévoués, engagés dans leur communauté.
Toutes ces
rencontres, toute cette planification, je les dois à Jacline, ma directrice de
campagne, une femme d'une grande
expérience, qui avait pourtant décidé de prendre sa retraite, mais qui s'est
laissée convaincre de faire une dernière campagne. Jacline, c'est notre Dominique Michel à nous, je crois. Quelle
chance j'ai eu de t'avoir! Merci, Jacline.
Puis il y avait aussi Maéva, qui m'a organisé un
agenda de ministre, sans le savoir. Peut-être qu'elle voulait m'épuiser, me préparer ou encore qu'elle avait eu
une prémonition. Merci, Maéva. Et Jacques, un militant de longue date de la CAQ, qui, depuis un an, militait sans
candidat et qui était si fier à mon arrivée. Jacques était là à tous les jours
pour m'accompagner dans les
déplacements, faire du porte-à-porte, participer aux soirées bingo, installer
des pancartes, enlever les pancartes, réinstaller des pancartes, enfin
un militant-orchestre. Chapeau!
Puis il y a
eu M. Charbonneau, un homme plutôt discret, mais qui a placardé sa
roulotte de mes pancartes et qui, en
roulant très lentement dans les routes du comté, s'assurait que tout le monde
me voyait le visage. Et Michael, qui passait son temps à inspecter mon
comté pour s'assurer que toutes mes affiches étaient très bien en place.
Et mes
anges : Clément, mon complice depuis des années, et sa femme, Hélène, qui
apparaissaient toujours au bon moment et qui changeaient de rôle au gré
des besoins. Merci de votre appui précieux et réconfortant.
Et que dire
de mes 15 maires et mairesses? Certains ont été absolument fameux, ils
m'ont aidée et accompagnée. Je le
sais, vous l'avez fait avec tous les candidats, mais, moi, ça m'a
particulièrement touchée. Alors, merci, Isabelle, Nadine, Joé, Joseph, François, Denis, et j'en passe. Merci
de m'avoir mise en contact avec plein d'organismes de la société civile et de groupes communautaires, dont Daniel, de la
fondation des Laurentides; Manon, qui m'a présentée à toute la grande
communauté du lac Paquin; Jean-Yves, qui m'a pilotée dans Rawdon.
À travers mes
différentes activités, j'ai découvert des gens d'affaires, des femmes au foyer,
des pères célibataires, des étudiants et des personnes âgées impliqués
et dynamiques.
The Sainte-Agathe Jewish community also
gave me a great support. Thank
you, Rabbi Carlebach, for
inviting me to my first-ever sukkah and for allowing me
to meet your great community. As I said that evening, I discovered a warm group of people that greeted me with lots of
respect. It was my first and definitely not my last. Thank you for having me.
Et, Mme la Présidente,
avant de parler plus spécifiquement de Bertrand, j'aimerais remercier ma
famille, et tout particulièrement mon mari, Alain, qui m'a soutenue, conseillée, encouragée, réconfortée,
et qui a été à mes côtés à tous les moments durant cette campagne, et
qui est d'ailleurs ici ce soir, assis en haut, à la tribune. Merci.
Malheureusement, il y a aussi un côté sombre, moins rose. Bertrand doit
aussi relever des défis majeurs. C'est la circonscription où la situation
socioéconomique s'est le plus dégradée depuis 20 ans au Québec,
où l'on retrouve le plus de personnes âgées, où la proportion des ménages
à faibles revenus a presque doublé en 12 ans et où presque tous les indicateurs socioéconomiques sont au
rouge. À Sainte-Agathe-des-Monts, la banque alimentaire Bouffe Dépannage donne
chaque semaine 1 700 kilos de nourriture à des dizaines
de familles et d'enfants. Malheureusement, ces banques alimentaires sont devenues essentielles au maintien de la
dignité de nombreuses familles. Bien sûr, au Québec, en 2018, on ne devrait
pas avoir à dire ça, mais c'est la réalité.
Un autre des phénomènes qui me préoccupent,
c'est la gentrification de certains secteurs. Des chalets en bord de lac sont vendus, transformés à grands frais en
chalets luxueux, ce qui fait évidemment grimper la valeur foncière du coin
et a un impact très important sur l'impôt foncier des familles, souvent à
faibles revenus, qui vivent dans ces parages. Bertrand,
c'est beaucoup d'emplois saisonniers au salaire minimum, des citoyens qui ont
recours à l'aide sociale, un taux de
décrochage scolaire élevé, ce sont les personnes retraitées qui voudraient bien
retourner travailler mais qui n'ont aucun incitatif. Bref, j'ai pu
mettre des visages sur ce qui n'est que trop souvent des statistiques.
Mais, grâce à vous, aujourd'hui, comme députée
de Bertrand, je poserai des gestes concrets pour contribuer à renverser la vapeur. Parce qu'il
y a des choses qu'on peut commencer à faire dès maintenant. Prenons le
décrochage scolaire. Logiquement, une des façons d'aider les jeunes à
raccrocher, c'est de les orienter vers la formation professionnelle, et aujourd'hui, en 2018, bien souvent la formation professionnelle des jeunes passe par l'Internet haute vitesse et
la formation à distance. Le manque
d'accès à Internet freine aussi le développement de nos entreprises. On m'a rapporté que certaines ventes de maisons dans ma circonscription n'ont pas été réalisées à cause de l'absence d'Internet haute vitesse
pour les desservir. On est en 2018.
Mon gouvernement s'est engagé à consacrer 100 millions par année, pendant notre premier mandat, afin de doter tous les
foyers du Québec de ce service essentiel à l'avancement de notre société. De
plus, des mesures seront mises en place pour
augmenter le taux de participation des 60 ans et plus au marché du travail, et
ce n'est qu'un petit échantillon de ce qui est à venir.
Quelques mots, en terminant, sur mon rôle de
ministre des Relations internationales et de la Francophonie. D'abord, le MRIF, comme on l'appelle dans le
jargon, est en quelque sorte la carte de visite, le visage du Québec dans le
monde, soutenu par un important réseau de
représentations et une équipe de professionnels expérimentés. Depuis le début
des années 60, mes prédécesseurs ont
établi des bases de ce ministère pierre par pierre, renforçant sa mission pour
faire rayonner le Québec sur tous les
marchés. Ces fondations sont aujourd'hui érigées et solides, et notre nouveau
gouvernement souhaite maintenant
passer à la construction de l'étage supérieur. Le premier ministre a été clair
sur l'orientation davantage économique
que l'on veut donner au ministère des Relations internationales et de la
Francophonie au cours des prochaines années.
Il faudra davantage de synergie et d'efficacité pour accroître nos échanges et
permettre aux entreprises québécoises de profiter pleinement des occasions d'affaires,
particulièrement dans un contexte d'ouverture des marchés facilité par
les accords de libre-échange, et miser sur la francophonie pour élargir nos
bases.
En
terminant, Mme la Présidente, je voudrais assurer mes électeurs, tous partis
confondus, que je serai à l'écoute lorsqu'il
sera question de l'image du Québec dans le monde, de la croissance et de la
prospérité de nos entreprises. Merci encore une fois à tous les Québécois et
surtout aux électeurs de Bertrand. C'est grâce à vous que je suis ici
aujourd'hui. Bonne soirée.
• (19 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie. Et maintenant je
vais céder la parole à M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de prendre la
parole à ce discours inaugural pour...
sans qualifier mon discours de réplique, mais plutôt d'annonce et de prise de
position pour ce qui est de ma formation politique, mais surtout pour mon rôle de député ici, à l'Assemblée
nationale. Je représente les citoyens de la circonscription de René-Lévesque, et, vous savez, Mme la
Présidente, la circonscription de René-Lévesque, c'est immense. C'est grand.
C'est beau. C'est vaste. Mais nous avons des
enjeux démographiques. Notre région perd ses aînés, perd ses jeunes. Nous
avons besoin de diversification économique, nous avons besoin d'emplois, et ma
population rêve encore d'un monde meilleur pour toute la Côte-Nord en général.
C'est mon deuxième
mandat, Mme la Présidente, et je vais continuer à faire entendre les voix des
gens de la circonscription de René-Lévesque. Vous le savez, on a mené des
batailles lors de la dernière législature pour obtenir des services de proximité, obtenir une reconnaissance, obtenir ce que
chacun des Québécois et Québécoises a le mérite de demander, c'est-à-dire
de la dignité, et de la reconnaissance, et surtout de la considération.
Chez
nous, les gens sont fiers d'habiter le territoire, et ce n'est pas parce qu'on est loin de Québec ou de la métropole qu'on ne porte pas oreille à ce qui se passe.
Parce que, oui, les régions du Québec veulent une capitale forte, veulent une
métropole diversifiée, diversifiante, mais ils veulent surtout que le Québec en
entier se réalise et se complète.
Chez
nous, la vague de la CAQ s'est cassée sur la Côte-Nord, et les gens me posent
la question : Mais pourquoi, alors qu'ailleurs, partout au Québec, la CAQ
a fait des gains dans d'autres régions? À cela je réponds que les gens
de la Coalition avenir Québec n'ont pas su
parler aux gens de la Côte-Nord, notamment en développement économique
régional, notamment pour l'occupation
dynamique du territoire, notamment du nationalisme, et surtout, et ça, Mme la
Présidente, vous ne pouvez pas nous l'enlever, d'indépendance.
Chez
nous, ce qui est important, et ce qui le demeure encore, c'est qu'on porte une
attention particulière aux vérités et au
sens de vivre, de décider et de vivre en région. Vous savez, les régions
ressources comme la Côte-Nord, nous avons des ressources immenses. Nous sommes prêts à les partager avec tous les
Québécois et les Québécoises. L'hydroélectricité, les mines, la forêt, les pêches, bref tout le
grenier du Québec et toute la force hydraulique sont, chez nous, disponibles
pour tous les Québécois. La contrepartie,
c'est que l'État québécois s'intéresse aussi à nos propres besoins : des
besoins en santé, les besoins en éducation, des besoins en services de
proximité, et que nous ayons, nous aussi, notre chance de se développer
économiquement dans notre région.
Aux
gens que j'ai rencontrés pendant la campagne électorale, je leur disais qu'une
fois élu, peu importe le sort de l'élection,
je serai leur député, que j'allais les représenter, peu importe s'ils avaient
voté pour moi ou pas. Parce que c'est ça, à l'Assemblée nationale, une fois que
nous sommes élus, même si en bas de notre nom apparaît une formation politique et même si c'est grâce à cette formation
politique que nous sommes, ici, représentés à l'Assemblée nationale, nous
avons un devoir de représenter tous et toutes nos citoyens et citoyennes,
partout sur notre circonscription.
Alors, assurément, au
gouvernement de la Coalition avenir Québec, après ce discours inaugural, je
tends la main et je l'invite à s'inspirer,
dans certains cas, au programme du Parti québécois, dont notamment celui qui a
trait au développement des régions. Nous partageons, le Parti québécois
et la Coalition avenir Québec, un véritable désir d'améliorer Investissement
Québec et son rôle dans les régions
du Québec pour assurer une création de richesse, oui, mais
une répartition aussi partout dans les
régions ressources du Québec. Nous voulons, nous aussi, des projets
structurants sur la Côte-Nord,
qui vont faire grandir l'économie du Québec. Et nous en avons, Mme la Présidente. Et j'invite
d'ailleurs la Coalition avenir Québec de s'inspirer des enjeux criants que j'ai chez
nous, mais des solutions qu'on apporte aussi pour le reste du Québec.
Vous
savez, chez nous, Mme la Présidente,
nous n'avons pas d'université. Notre seul, je vous dirais, établissement
supérieur est notre cégep de Baie-Comeau. Et
mon cégep a deux projets sur la table à dessin présentement pour améliorer
la formation pour tout le Québec en entier, mais aussi améliorer le nombre
d'étudiants dans notre cégep.
Le
premier, c'est un D.E.C. en pharmacie. Donc, c'est un programme qui n'existe
pas et qui permettrait effectivement d'assurer
une relève, dans certains cas, dans les pharmacies du Québec, mais une nouvelle
expertise pour permettre de faire le
pont entre ce bien-être nécessaire qu'on doit d'améliorer la qualité des soins
offerts à nos patients en utilisant pas juste l'hôpital, pas juste
l'urgence, mais, dans certains cas, nos pharmacies.
Le
deuxième projet que mon cégep a entre les mains aussi, c'est d'offrir une
technique policière mais avec une variante qui tient compte du travail
en région éloignée et surtout de la nature et de la particularité d'avoir à
interagir dans les communautés autochtones.
Donc, ça, ça n'existe pas ailleurs au Québec. Nous sommes en discussion avec le
cégep d'Abitibi et on pense qu'on a
là une voix pour offrir à nos corps policiers une nouvelle façon d'intervenir
en milieu isolé, mais surtout dans les communautés des Premières
Nations.
Encore
aujourd'hui, Mme la Présidente, on apprenait que, du côté de l'hôpital de
Forestville... du CLSC de Forestville
pardon, pénurie de médecins, nous avons une découverture. On a de la misère à
recruter des médecins chez nous. Donc,
les gens devront faire 1 h 30 min pour se rendre à l'urgence du côté
de Baie-Comeau parce que j'ai une découverture. Donc, on a besoin, effectivement, de moyens et de sensibilité pour être
capables d'attirer des médecins chez nous, mais surtout les retenir. Et ce n'est pas en fermant les services que nous
allons offrir à ces omnipraticiens-là, à ces spécialistes un encadrement
suffisant.
L'autre
chose, Mme la Présidente, et ça, vous aurez l'occasion de m'en entendre parler
beaucoup pendant la présente 42e législature, c'est qu'une fois
qu'on a les services de proximité, c'est bien... Puis on est bien conscients,
Mme la Présidente, qu'en région on n'a pas
la densité de population pour obtenir des services spécialisés. Donc, on s'est
donné des hôpitaux spécialisés, au Québec, à Québec, à Montréal,
notamment en oncologie, notamment pour la psychiatrie... la pédiatrie pardon. Mais les gens chez nous doivent
se rendre justement à ces services-là ailleurs. Ils doivent débourser pour
avoir accès à des soins. Ils sont faiblement
compensés. Donc, dans certains cas, Mme la Présidente, les gens chez nous
doivent mettre l'argent dans leurs
portefeuilles pour obtenir des soins. Alors,
pour nous, c'est une grave injustice. Alors, vous allez m'entendre plaider régulièrement et souvent pour qu'une fois, enfin, une fois pour toutes, ceux et celles qui doivent obtenir des services spécialisés et partir
de la région pour se rendre à Québec ou à Montréal soient compensés dignement pour les kilomètres parcourus, mais aussi pour les hôtels et les
repas qu'ils ont été obligés de prendre pour avoir leurs soins.
Mme la Présidente, le
premier ministre s'est affirmé d'être le premier ministre de tous les Québécois
et les Québécoises au lendemain de l'élection du 1er octobre
prochain. Et c'est ce que je vais faire, moi aussi, à titre de député, pour l'ensemble de ma circonscription. Donc, j'ai compris que, pour ce qui est du gouvernement de la Coalition avenir
Québec, le projet Apuiat a été mis de côté. Mais vous comprendrez, Mme la Présidente, que, si on veut gouverner pour tous les Québécois et les Québécoises, il faut avoir une sensibilité pour des projets
qui sont issus des communautés, dont notamment issues des communautés
des Premières Nations. J'en ai deux chez moi, la communauté d'Essipit et la communauté
de Pessamit, des communautés innues. Donc, je m'attends à une plus grande
sensibilité pour d'autres projets qui seront portés par les Premières
Nations.
J'attire
l'attention aussi de la Coalition
avenir Québec... porter une attention
particulière à la situation économique
de la Côte-Nord. On a de grands
projets miniers qui viennent d'être annoncés, d'autres qui le seront. L'établissement de Mason Graphite s'en vient.
Des instances locales, chez moi, ont signé un protocole avec des entreprises
et des investisseurs pour aller de
l'avant avec une nouvelle mine, le projet Nathalie, une mine qui aura lieu à peu près
à 60 kilomètres au nord de Baie-Comeau. Le maire de ma circonscription
de Baie-Comeau, M. Montigny, pour ne pas le nommer, travaille d'arrache-pied pour diversifier la municipalité de Baie-Comeau en mettant sur pied un véritable écosystème d'entreprises reliées aux technologies électro-intensives. Donc, je m'attends que la Coalition avenir Québec ait une attention particulière à ces
demandes-là et cette possibilité-là chez moi de diversifier l'économie par ces technologies-là.
• (19 h 50) •
On entend beaucoup
parler de troisième lien, Mme la Présidente, du côté de Québec. Et chez nous,
dans ma circonscription, il y a un lien, le plus fondamental, qu'on veut se
voir réaliser. Oui, nous avons des bateaux qui nous relient entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac. Mais
chez moi, la circonscription de René-Lévesque, mais aussi du côté de Duplessis,
tout le monde milite pour qu'on ait un pont sur la rivière
Saguenay pour qu'une fois pour toutes nous soyons reliés de façon uniforme et unanime pour assurer, un, la fluidité
des transports, deux, la sécurité, mais surtout éviter ces pertes de
temps qui sont dues aux différentes coupures suite à la météo.
Bref,
nous aurons ensemble, Mme la
Présidente, pendant cette
42e législature, des défis à relever pour les électeurs de la circonscription de René-Lévesque, mais pour le Québec en entier. Et je tiens
à offrir ma collaboration au gouvernement
pour trouver ensemble des solutions.
Et,
en terminant, je voudrais adresser quelques mots à mes enfants, Ariane, 10 ans, pour laquelle j'ai fêté sa fête
la semaine passée à Baie-Comeau, et
mon fils, Nathan, qui suit les traces
de son père et veut devenir gardien
de but. Papa reprend la route de Québec
pour venir améliorer le sort des Québécois, des Québécoises, mais vous le savez qu'à chaque fois que je parcours le chemin ma seule préoccupation, première, c'est d'être rapidement de retour auprès de vous. Et à ma conjointe, ma partenaire d'affaires, ma femme, ma
partenaire de vie, Céline, l'énorme sacrifice que tu fais pour notre
famille, de me permettre d'être ailleurs
qu'être auprès de toi, je sais que ça te rend des fois un peu malheureuse, mais je veux que tu saches que
chaque jour qui m'éloigne de toi, c'est un jour de plus qui me rapproche de
toi.
Alors,
Mme la Présidente, sur ce, je vous souhaite à tous et à toutes une excellente
42e législature, et j'espère que nous allons collaborer ensemble.
Motion formulant un grief
Et, en terminant,
j'aimerais surtout déposer la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement pour son manque de
volonté [pour] soutenir nos régions
[de] l'Est du Québec en particulier et l'absence d'engagements clairs et
concrets pour favoriser leur développement.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition. Et, comme vous le savez, votre motion sera
déposée sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant,
pour la prochaine intervention — vous attendez un lutrin, qui arrive à
l'instant — je vais
céder la parole à Mme la ministre de l'Environnement et de la Lutte aux
changements climatiques.
Mme MarieChantal Chassé
Mme
Chassé : Mme la Présidente, M. le premier ministre, chers collègues,
c'est pour moi un honneur et une grande fierté de pouvoir prendre la parole ici, à l'Assemblée nationale. Cette
belle et grande opportunité, je la dois d'abord et avant tout aux citoyens de ma circonscription, la
circonscription de Châteauguay, qui est formée des villes de Châteauguay,
de Mercier, de Léry, de Saint-Isidore et
aussi de la réserve de Kahnawake. Le 1er octobre, ils m'ont fait
confiance, ils nous ont fait confiance. En devenant leur députée, ils
m'ont invitée à pousser mon engagement encore plus loin, à participer à quelque chose de bien plus grand que
nous, tous ensemble. Je tiens à profiter de ce moment pour les remercier
de leur confiance et pour leur dire toute
l'affection et la gratitude que j'ai pour eux. En joignant leurs voix à la
majorité des Québécois, ils ont
décidé de leur gouvernement pour les quatre prochaines années, nous donnant
ainsi l'occasion de faire avancer ensemble tout le Québec.
Vous savez, ma vie était déjà
bien remplie, et j'aurais pu poursuivre mon chemin sans me préoccuper du sort
des autres, mais ce n'est pas mon genre. J'ai toujours été très engagée dans
ma communauté, et ce, autant comme femme, comme mère, comme fille, comme amie, comme
ingénieure que comme chef d'entreprise, et c'est par amour pour les miens, pour mes enfants, pour vos enfants, pour nos
proches que j'ai décidé de me lancer en politique active et de contribuer par mes efforts à nous assurer
un monde meilleur.
Sur un côté un peu
plus poétique. Bordée par le lac Saint-Louis, traversée par la rivière
Châteauguay, pleine de champs féconds et de boisés abritant une biodiversité
unique mais aussi fragile et menacée, ma circonscription de Châteauguay est un
terrain sur lequel germent l'innovation et l'entrepreneuriat, mais aussi une
scène où fleurissent de nombreux artisans. C'est
d'abord et avant tout en travaillant avec et pour les gens de ma
circonscription, en étant à l'écoute de leurs préoccupations et en
collaborant à la réussite de leurs projets que mon équipe et moi trouvons notre
première satisfaction. J'y ai découvert une
collectivité riche de son histoire et de sa diversité dynamique et où
l'entraide communautaire fait école.
Permettez-moi
de soulever d'importants défis de ma circonscription, et je n'en citerai que
quelques-uns : celui des anciennes lagunes de Mercier, celui de la
difficile circulation régionale et métropolitaine, celui du Centre hospitalier
Anna-Laberge, dont la situation aux urgences
est critique. Mes collègues
me secondent déjà, nous secondent déjà dans la recherche
de solutions. Et, pour réaliser tout ce travail, je me suis entourée d'une
équipe compétente — merci,
équipe! — et dévouée afin d'y arriver à le faire d'une
manière efficace. Et une tout aussi compétente équipe m'accompagne pour relever le défi d'envergure que m'a confié
notre premier ministre, celui de ministre de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques.
C'est
avec beaucoup d'humilité, mais aussi animée d'une grande volonté que j'ai prêté
mon serment le 18 octobre dernier.
J'ai pleinement confiance et j'ai pleinement conscience de l'ampleur... eh
oui, j'ai pleinement confiance et j'ai surtout pleinement conscience de
l'ampleur de la tâche et des responsabilités qui m'incombent, mais, soyez
rassurés, je suis une battante, le travail ne m'a jamais effrayée. Dès
le premier jour, je me suis retroussé les manches et je me suis lancée dans la
mêlée.
La société attend énormément
de notre gouvernement, pas question de baisser les bras. Je ne crains pas l'adversité, mais, s'il y a un dossier qui mérite
que l'on mette de côté la partisanerie, c'est bien l'environnement. Et pas question non plus de
baisser les cibles. Je porte le flambeau, mais la lutte aux changements
climatiques nous interpelle tous.
L'enjeu est de taille, et nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés et
de toutes les bonnes têtes pour y arriver. L'heure n'est plus à la division et non plus à la dérision, nous sommes
à, tous, ramer dans la même direction. Je ne suis pas à dire que ce sera
facile, je souhaite simplement que nous nous fassions confiance. Notre engagement
envers la communauté ne s'exprime peut-être
pas toujours de la
même manière, mais nous cherchons
tous, j'en suis intimement convaincue, chacun à notre façon, à construire un
monde plus sain, à voir à la réalisation d'un Québec fort, prospère, innovant, bienveillant et
vert.
On
entend souvent que les citoyens ne croient plus en l'engagement politique de leurs élus. Pourtant, quand je les écoute, quand je vous écoute, quand je lis les
journaux, j'entends bien notre préoccupation commune et notre désir de faire quelque
chose, et c'est ce qui m'anime. Au
cours des dernières semaines, on m'a pressée de toutes parts, souhaitant
que je fasse les grandes déclarations et de grandes annonces, et vous comprendrez certainement que j'ai à faire le tour du jardin
avant de pouvoir parler de la récolte. Je suis quelqu'un de pragmatique et de
rationnel, et la scientifique en moi a besoin
de regarder les faits. Mais l'émotion fait aussi partie de la donne quand on
prend conscience des impacts potentiels des changements climatiques. Les effets du réchauffement planétaire nous
forcent à nous adapter rapidement à ce monde en pleine mutation. Mais
l'heure n'est pas à la précipitation, mais plutôt à la sagesse des actions
justes, efficaces, concertées et cohérentes. Nous devons garder la tête froide.
Vous aurez compris que
la lutte aux changements climatiques ne relève pas uniquement du ministère de
l'Environnement, elle interpelle aussi mes collègues de tous les ministères
et se mène sur tous les fronts, à toutes les échelles du gouvernement, dans toutes les instances ainsi que sur le terrain avec les citoyens.
Chacun doit être un acteur de changement à sa façon, et ma responsabilité
est de m'assurer que chacun demeure mobilisé à sa façon.
• (20 heures) •
Des
politiques saines permettent le développement de tout le potentiel d'une nation. Le mandat que m'a confié le premier ministre est très clair : réformer le Fonds vert et m'assurer que les
sommes générées par la bourse du carbone mènent à réduire de façon efficace les gaz à effet de serre. Je suis
à prendre acte de la situation et je vous assure de notre engagement
ferme et lucide.
Aussi, nous poursuivons nos efforts en gestion
de matières résiduelles. Nous pouvons être fiers des efforts de recyclage de nos citoyens, nous allons nous
assurer que ces efforts ne soient pas vains. Nous allons aussi nous attaquer
à la question du plastique et à sa gestion responsable.
Et
nous souhaitons également poursuivre la modernisation du régime
d'autorisation environnementale. Je m'adresse ici davantage
aux municipalités et aux organisations qui ont à y voir. Le rôle qu'on veut se
donner, au ministère, est un
rôle, dorénavant, de facilitateur, afin de faciliter ces autorisations
environnementales tout en maintenant un haut niveau de préservation de notre environnement.
Je m'engage
aussi à maintenir le dialogue avec la population et toutes ses parties prenantes. J'ai déjà
amorcé cette démarche et j'ai
rencontré plusieurs représentants d'organisations environnementales et paragouvernementales. Ils m'ont tous assuré de leur
pleine et entière collaboration.
J'aimerais, en terminant, remercier à nouveau notre premier
ministre, M. Legault, pour la confiance qu'il a placée
en moi. Si vous saviez comme je suis fière de faire partie de l'équipe!
Enfin, je tiens à remercier ma famille — je
vais y arriver — qui
me soutient dans mes nouvelles fonctions : mon papa, qui ne va pas si bien, et ma maman, qui ont toujours eu foi en
ma capacité à réaliser de belles choses et de grandes choses, des modèles pour moi, ayant toujours le
courage de se renouveler; mon frère et ma belle-soeur, mes protecteurs
devant l'éternel; et mes trois filles, Jade, Marine, Jézabel, qui, depuis le
18 octobre, ont accepté de prêter leur maman à l'environnement. Elles sont mes inspirations les plus profondes. C'est
pour elles et leurs enfants à venir que je me donne avec autant de coeur
et avec autant d'ardeur.
Je vous
assure de ma volonté à travailler avec vous tous, pour vous tous, pour relever
cet immense mais combien crucial défi
qu'est la préservation de notre environnement, pour gagner cette âpre lutte
contre les changements climatiques ensemble, unis, plus forts. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques. Et, pour la poursuite de ce débat, je vais
reconnaître M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M.
Leduc : Merci, Mme la Présidente. Dans le discours sur les priorités
gouvernementales livré la semaine dernière par le premier ministre, il a été beaucoup question d'économie. À cet
égard, le premier ministre parle de ce qu'il connaît essentiellement beaucoup,
le monde des entrepreneurs. Je vais profiter de ces quelques minutes pour vous
parler de ce que je connais,
moi : le monde de la classe moyenne, le monde ordinaire, les gagne-petit,
les gens en bas de l'échelle.
Ça ne fait
qu'une semaine que je siège ici, et déjà l'effet de bulle de l'Assemblée
nationale se fait un peu sentir. J'aime
bien me rappeler, à ce moment-là, mon ami Amir Khadir, qui aimait réciter un
certain poème afin que l'on n'oublie jamais ceux qui nous ont envoyés
ici, ceux qui attendent de nous qu'on rende leur vie meilleure. Ça va comme
suit :
«T'en souviens-tu, Godin
astheure que t'es député
t'en souviens-tu
de l'homme qui frissonne
qui attend l'autobus du petit matin
après son chiffre de nuit
t'en souviens-tu des mal pris
qui sont sul'bien-être
de celui qui couche dans la neige
des trop vieux pour travailler
qui sont trop jeunes pour la pension
[...]t'en souviens-tu
des pousseurs de moppes
des ramasseurs d'urine
dans les hôpitaux
ceux qui ont deux jobbes
une pour la nuitte
une pour le jour
pour arriver à se bûcher
une paie comme du monde
t'en souviens-tu, Godin
qu'il faut rêver aujourd'hui
pour savoir ce qu'on fera demain?»
Vous avez
certainement reconnu le fameux poème de Gérald Godin, un illustre poète de
notre nation, qui a siégé en cette
Chambre de 1976 à 1994. Dans cet extrait, on sent la préoccupation de Godin de
toujours se rappeler ce qu'il fait ici.
Les
gens d'Hochelaga-Maisonneuve m'ont envoyé les représenter pour améliorer la vie
de tout le monde. Je les en remercie et
j'entends bien nous rappeler périodiquement qu'on ne peut pas tous être
entrepreneurs ou millionnaires et que, pour ceux et celles qui n'auront pas
cette chance, il faut s'assurer que l'État québécois remplisse son
mandat de bien répartir la richesse entre
tous les Québécois et Québécoises. Gens d'Hochelaga-Maisonneuve, ma gang
d'Hochelag, vous pouvez compter sur
moi. Ma conjointe Martine, ma fille Jeanne, je suis chanceux à mon tour de
pouvoir compter sur vous.
Dans mon
quartier comme dans plusieurs autres villes et régions du Québec, des centaines
de personnes travaillent au salaire
minimum. En 2017, au Québec, ils étaient 230 000. Il y en a presque autant
qui gagnent à peine quelques sous de plus que le salaire minimum. Ça commence à
faire pas mal de monde, ça, Mme la Présidente. Et, à 12 $ l'heure, une
personne qui travaille 35 heures par semaine
fait un total d'environ 22 000 $ par année, c'est largement
insuffisant pour vivre. Je dis bien
«vivre», Mme la Présidente, et non «survivre», car, dans une société libre et
démocratique comme celle du Québec, tout le monde a droit au bonheur, et
le bonheur, ça veut dire en avoir un petit peu plus que nécessaire à la fin de la semaine. Ainsi, on peut se permettre
d'aller au resto avec son conjoint ou sa conjointe, on peut amener les enfants
au cinéma, on peut se payer un billet
d'autobus pour aller voir un ami ou de la famille qui habite un peu loin.
Vivre, c'est avoir droit à des
loisirs, avoir accès à la culture, à la pratique d'un sport, à des vacances
ailleurs qu'à la maison. Or, cette réalité n'est pas accessible à tous
et à toutes, en ce moment, dans notre belle société libre et démocratique.
Des études
ont calculé que le salaire viable, au Québec, devrait être de 15 $
l'heure. Il permettrait ainsi à tout le monde de se sortir la tête de l'eau et de pouvoir vivre de son travail.
À 12 $ l'heure depuis le 1er mai dernier, on est loin du
compte.
En ce temps des fêtes, saviez-vous que 11 %
des usagers et usagères des banques alimentaires ont un revenu d'emploi? 11 % des personnes, je le répète,
qui ont besoin d'aller chercher un panier alimentaire pour se nourrir et
nourrir leurs familles ont un revenu
d'emploi, souvent un emploi à temps plein. Terminé l'époque où un travail te
garantissait nécessairement de quoi payer ton épicerie, ton hypothèque,
tes assurances, ton régime de retraite, tes fournitures scolaires, etc.
Certains
diront que les emplois payés au salaire minimum sont des emplois d'entrée sur
le marché du travail, des emplois prévus pour des jeunes. Bien, tout d'abord,
où est-ce que c'est écrit, ça, que les jeunes devraient être sous-payés
parce qu'ils sont jeunes? En fait, peu de gens savent qu'entre 1966 et 1986 il
y avait, au Québec, un salaire minimum distinct
pour les moins de 18 ans, une belle clause orphelin, à l'échelle
nationale. Heureusement, tout ça a été aboli, entre autres pour
respecter la Charte des droits et libertés.
Ensuite, la réalité est bien différente
aujourd'hui. En 2017, plus de 40 % des personnes travaillant au salaire minimum actuel ont plus de 25 ans. Si on
élargit un peu le portrait aux personnes gagnant moins de 15 $ l'heure,
c'est 60 %
qui ont plus de 25 ans. Donc, l'image de l'ado qui tourne des boulettes à
temps partiel dans un fast-food pour se faire de l'argent de poche est
bien démodée. La précarité n'a plus d'âge.
D'autres diront ensuite que, si on hausse trop
le salaire minimum, les PME vont fermer, il n'y aura tout simplement plus
d'emploi. C'est drôle parce qu'on entend cette chanson-là à chaque année, peu
importe si le salaire minimum monte de
0,10 $, 0,20 $ ou 0,75 $. On l'a aussi entendu à une autre
époque où on a voulu installer... instaurer, pardon, le salaire égal entre les hommes et les femmes. On l'a aussi
entendu à une époque encore plus lointaine, quand on a voulu abolir le travail des enfants : Ce ne
sera pas possible, ça va coûter trop cher, on va fermer. Bien, la politique de
la peur, c'est un vieux disque usé, ça ne marche plus, Mme la
Présidente.
En plus, la
réalité vient prouver que c'est faux. Tous les endroits qui ont procédé à des
fortes hausses du salaire minimum
dans les dernières années, Ontario, Alberta, Seattle, État de Californie, État
de New York, etc., n'ont pas observé d'effet
négatif dû à cette hausse. Au
contraire, le pouvoir d'achat augmente, et l'économie réelle, celle du
petit commerçant du coin, est en
croissance. En passant de 12 $ à
15 $ l'heure, l'argent supplémentaire gagné ne va pas dans un paradis
fiscal ou dans un REER, il va dans les PME locales dans toutes les régions du
Québec.
On en a parlé
abondamment depuis ce matin, en Chambre, de plus en plus de petits commerçants
peinent à trouver et retenir des
employés. Oui, la pénurie de main-d'oeuvre existe, mais elle n'est pas la même
dans le secteur aéronautique, par
exemple, que dans le secteur de la restauration. L'immigration est, bien sûr,
une clé importante dans la résolution de ce problème, mais la majoration des conditions de travail, notamment via
une hausse du salaire minimum, rendra plusieurs postes beaucoup plus
attractifs, en particulier dans des secteurs économiques comme la restauration.
Est-ce que ça va faire en sorte de créer une
inflation complètement incontrôlable des prix? Non. Les études démontrent que,
dans un scénario de hausse du salaire minimum à 15 $, les prix des biens
et services augmenteraient d'à peine 1 % ou 2 %.
L'inaction
des précédents gouvernements en matière de salaire minimum a contribué à
creuser l'écart entre le salaire
minimum actuel et ce qu'il devrait être s'il avait toujours au moins suivi la
hausse du coût de la vie. Le maigre 0,75 $
annoncé l'an dernier par les libéraux était bien loin d'être suffisant, mais il
n'a au moins pas creusé davantage cet écart, c'est toujours ça de gagné.
• (20 h 10) •
Mme la
Présidente, le premier ministre s'est vanté d'être à la tête d'un gouvernement
d'entrepreneurs. À la bonne heure!
Mais il ne faudrait pas qu'on oublie que les entreprises de ces dits
entrepreneurs ne roulent pas toutes seules, elles sont menées à bout de bras au jour le jour par le
monde ordinaire. Et le monde ordinaire, il en arrache depuis belle lurette,
ça fait qu'il serait à peu près temps qu'on
lui dise merci en procédant à une généreuse hausse du salaire minimum, pour
que tout le monde puisse bénéficier de la bonne performance économique actuelle
au Québec.
Procéder à
une forte hausse du salaire minimum est une bonne mesure pour l'économie.
Malheureusement, il y avait un silence gênant sur cet enjeu dans le
discours du premier ministre.
Sur un autre sujet, la CAQ et Québec solidaire
ont beau être aux antipodes de la politique québécoise, nous partageons parfois des combats communs. Abolir les
clauses orphelin en est un. Ces clauses ont proliféré autant sous le
Parti québécois que sous les libéraux, et ces deux partis ont lamentablement
échoué à colmater la brèche dans leurs interventions
législatives respectives, la dernière ayant eu lieu l'an dernier. Une chance
historique s'offre à nous, et Québec solidaire est prêt à aider le
gouvernement à en finir une fois pour toutes avec cette injustice
intergénérationnelle.
Mais,
Mme la Présidente, je suis toutefois inquiet. Comme les clauses orphelin ne
datent pas d'hier, les régimes de
retraite moins avantageux qui ont été mis en place à l'époque pour les
personnes embauchées après une date x en sont venus, avec le passage des années et le renouvellement du personnel, à
ne couvrir qu'une minorité de salariés dans une entreprise.
Et, si, demain matin, on interdit que deux régimes, un moins avantageux que
l'autre, coexistent dans une même entreprise,
que se passera-t-il avec l'ancien régime, le bon? Pour instaurer une égalité et une équité dans un
milieu de travail, est-ce qu'on
appliquera l'ancien régime plus avantageux à tout le monde ou est-ce qu'on
va le fermer et qu'on appliquera à
tous et toutes le nouveau régime, moins avantageux? On connaît déjà la
solution préférée des employeurs, mais la vraie question est : Que
fera le gouvernement pour éviter que l'abolition des clauses orphelin ne mène
pas, dans un étrange renversement de l'histoire, à une nouvelle forme
d'injustice pour les plus anciens, qui ont cotisé à l'ancien régime toute leur vie active? Mme la Présidente, j'attends le ministre dans le détour de ce projet de loi, qui ne saurait tarder, j'en suis certain.
Ma
génération et toutes les autres qui nous suivent sur les bancs d'école en ce moment, on fait face ensemble à un défi immense. Les changements
climatiques vont affecter nos vies de notre vivant.
Les
travailleurs et travailleuses
qui évoluent dans des industries polluantes seront les premiers affectés par la
transition économique, qui se
déroulera tôt ou tard. Ce ne sera pas le premier bouleversement économique de
l'histoire, mais, contrairement à une
crise économique soudaine, on a la chance d'avoir un peu de temps devant nous
pour réfléchir à des solutions pour
transformer ou remplacer les bons emplois du secteur pétrolier et gazier, un
secteur qui sera nécessairement
appelé à ralentir progressivement ses activités, pour éventuellement presque
disparaître. Quelle place les salariés des secteurs économiques polluants auront
dans les prises de décision en matière de réorientation de l'économie et
en matière de politique publique de requalification?
Les
précédentes révolutions industrielles se sont faites sur le dos des
travailleurs et travailleuses, et, autant se le dire tout de suite, ils
ne rejoueront pas dans ce mauvais film. À Québec solidaire, nous nous engageons
à relayer leur voix dans cette enceinte pour
rappeler au gouvernement que les travailleurs et travailleuses du Québec
doivent être au centre de toutes les
concertations à venir sur le sujet afin que l'inévitable transition se fasse
dans l'ordre et au bénéfice de tous et toutes.
Je
ne peux m'empêcher de clore la portion travail de mon intervention sans
souligner aujourd'hui que nous sommes toujours une province canadienne
et qu'à cet égard de nombreuses personnes au Québec qui travaillent dans un secteur économique sous juridiction fédérale...
Bien, peu de gens savent, donc, que le Code canadien du travail est à bien
des égards inférieur à celui du Québec. Il
permet, par exemple, le recours à des scabs, les fameux travailleurs
temporaires de remplacement, pendant
des conflits de travail, quelque chose d'interdit ici depuis 1977. De plus, il
ne permet pas le retrait préventif
des femmes enceintes. Une réceptionniste d'un cabinet médical, par exemple, n'a
donc pas les mêmes droits qu'une téléphoniste de Telus, même si les deux
paient leurs impôts au Québec.
Dans
le passé, autant le Bloc québécois que le NPD ont déposé des projets de loi
pour corriger cette situation et ont également
réclamé que la loi 101 s'applique aux entreprises québécoises sous
juridiction fédérale. À l'aube des élections fédérales, j'espère que le
ministre et son gouvernement feront pression sur tous les partis fédéraux pour
qu'ils s'engagent à faire de même.
Avec un pays, Mme la Présidente, on n'aurait
pas à quémander que s'appliquent chez nous des choses qui font déjà
consensus ici depuis au moins les années 70, soit bien avant ma naissance.
Vous pouvez compter sur Québec
solidaire pour souligner quotidiennement tous les désavantages découlant de notre
présence dans cette fausse Confédération.
Il
est difficile de savoir où loge l'actuel gouvernement en matière de
lutte à la pauvreté. La CAQ avait appuyé avec enthousiasme une réforme de l'ancien ministre de la Solidarité
sociale qui avait pour but de pénaliser les personnes assistées
sociales qui refusaient de faire un parcours d'employabilité. Le gouvernement
actuel va-t-il donc continuer à faire en
sorte qu'une personne puisse se ramasser à devoir survivre avec un chèque d'à
peine 424 $ par mois? À suivre.
Toujours
sur la question de l'aide sociale, le gouvernement s'est engagé, la semaine
dernière, à faire en sorte de cesser de considérer les pensions alimentaires
comme du revenu et de conséquemment réduire le chèque du prestataire. Comme c'était le seul engagement de la CAQ en
matière de lutte à la pauvreté, le gouvernement se doit d'agir rapidement.
Un autre dossier, en
terminant, sur lequel le ministre doit agir rapidement concerne le Règlement
modifiant le Règlement sur l'aide aux
personnes et aux familles. Déposé par l'ancien ministre de la Solidarité
sociale en juillet dernier, il n'a
jamais été édicté, en raison des élections. Or, les montants supplémentaires
que le règlement met en place prévoyaient être en application à partir du
1er janvier 2019, dans à peine quelques jours. Alors que nous sommes à la
porte du temps des fêtes, un moment
toujours difficile pour les familles aux finances précaires, il serait
important, voire primordial que le Conseil
des ministres fasse de la place dans son agenda cette semaine pour rapidement
édicter ce règlement et que les montants supplémentaires prévus soient
en fonction dès janvier, dans les prochaines semaines.
Mme la Présidente, la
CAQ voulait le pouvoir, ils l'ont. Maintenant, qu'ils s'en servent. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Et, pour la prochaine intervention, je vais
céder la parole à Mme la députée de Labelle.
Mme Chantale Jeannotte
Mme
Jeannotte : Mme la Présidente, chers collègues, c'est avec une bonne
dose d'humilité et d'émotion que je
me lève en cette Chambre aujourd'hui pour vous adresser la parole pour la toute
première fois en cette enceinte qui a marqué l'histoire politique du
Québec et écrit de nombreuses pages de l'histoire de notre nation.
Le
1er octobre dernier, la population de la magnifique circonscription de
Labelle m'a fait un immense honneur. Pour la première fois en plus de
100 ans d'histoire, la population de Labelle a élu une femme pour les
représenter à l'Assemblée nationale.
Représenter
ses concitoyens est une tâche noble mais lourde de responsabilités.
Aujourd'hui, en cette Chambre, je
prends l'engagement de servir la population de Labelle et de tout le Québec
avec dignité, respect, détermination, intégrité, et ce, au meilleur de
mes compétences.
Je suis fière
d'appartenir à un parti dont le but ultime est de mieux servir la population du
Québec en faisant les choses différemment, en faisant plus, en faisant
mieux. Je suis également très fière que la priorité de mon premier ministre soit l'éducation, car,
selon, moi, c'est le seul outil, le meilleur outil pour sortir de la pauvreté.
Je viens de
l'est de Montréal, de Montréal-Est plus précisément — je
salue les gens de Montréal-Est au passage — et
mon père était un opérateur de grue, un ouvrier, mais c'est grâce à ses bons
salaires si justement j'ai pu me
rendre à l'université et faire des études supérieures. C'est bien sûr
aussi grâce à des valeurs que ma mère m'a enseignées : le travail,
le travail et le travail. Selon moi, l'éducation sera toujours l'outil fondamental,
car c'est la meilleure façon d'accéder à des opportunités et à la vraie
richesse, soit celle de la connaissance et de l'ouverture sur le monde.
La vie m'a
amenée à vivre à Mont-Tremblant, et ce, depuis plus de 30 ans maintenant, et j'en suis aussi très fière. Oui,
députée de la magnifique circonscription de Labelle,
qui comprend sa majestueuse montagne, le mont Tremblant, reconnue dans
de très nombreux pays grâce à sa station de ski, son site, ses athlètes et le
fameux Ironman organisé à Tremblant depuis maintenant six ans.
Labelle
compte 27 municipalités, dont celles de Mont-Tremblant, Mont-Laurier,
Rivière-Rouge, une circonscription
remplie de talent, où de nombreuses
personnalités artistiques, du milieu des affaires, sportif sont reconnues
partout au Québec et même à l'international. On a même une ministre
de la Justice, Mme la Présidente, avec la députée de Champlain,
qui y a vécu une bonne partie de son enfance
et de sa vie. Je profite de l'occasion, d'ailleurs, pour la remercier. C'est elle qui a fait
l'annonce de ma candidature. Je la remercie pour sa confiance et ses judicieux
conseils.
• (20 h 20) •
Le vaste territoire
de Labelle, c'est quelque 18 000 kilomètres carrés, plus
de 50 000 habitants, 27 municipalités, deux MRC, l'une portant le nom du
célèbre curé Antoine Labelle et l'autre, la MRC des Laurentides. La MRC
des Laurentides, c'est un haut lieu du
tourisme au Québec, en grande partie grâce à la station de ski
Mont-Tremblant, qui est l'une des plus importantes en Amérique du Nord, et
l'autre, la MRC Antoine-Labelle, où la forêt est omniprésente et constitue le
pilier de son économie avec la fabrication de produits en bois. L'agriculture
occupe également une place importante avec le secteur public, et le territoire compte
aussi sur plusieurs pourvoiries et de nombreux sentiers de motoneige. Les gens sont accueillants chaleureux,
travaillants, généreux, des communautés très mobilisées. Un comté dont les principaux défis seront d'améliorer
l'accès aux services de santé, l'accès à Internet partout sur le vaste territoire,
mettre des mesures en place pour protéger
nos lacs, nos forêts, nos rivières, notre faune, et où des mesures pour
améliorer l'éducation, l'économie et la santé seront priorisées.
Il faut tout
faire pour stimuler l'économie locale et régionale. Comment, Mme la Présidente?
Eh bien, ça va passer par l'aide aux
PME manufacturières, l'aide à de nombreux projets de développement économique
durable. Ça va passer par
l'amélioration de l'autoroute 117, qui constitue un axe routier vital pour
la région. Cet axe est défendu depuis 2010 par M. Pierre Flamand, maire du Lac-des-Écorces, notamment, et je
travaille en étroite collaboration avec eux pour faire en sorte que la
voix des leaders locaux soit entendue à Québec.
Stimuler l'économie locale, ça va aussi passer
par de nombreux projets économiques, dont l'amélioration de l'aéroport à Mont-Laurier, si chère au maire de
Mont-Laurier, M. Daniel Bourdon. Ça va passer par de nouvelles
infrastructures comme le cégep de
Mont-Tremblant. Ça va passer par de nombreux projets de développement
touristique, de nombreux projets de
développement économique à Mont-Tremblant également. Ça va passer par un accès
Internet et la couverture cellulaire
livrés partout sur le territoire. Ça va aussi passer par des élèves, qui seront
au sommet de la pyramide dans nos structures
scolaires, et par de nouvelles façons de faire dans nos ministères, dont la
Santé, l'Éducation et l'Immigration. Et
ça va aussi passer par la mise en place de nouvelles mesures pour contrer la
pénurie de la main-d'oeuvre. Nous allons, bien sûr, prendre soin de nos aînés et nos proches aidants, si chers à
notre merveilleuse ministre responsable des Aînés.
Mme la
Présidente, j'avais pensé parfois à me présenter en politique, dans ma vie,
mais j'ai fait un long détour de plus de 27 ans dans la fonction
publique du Canada avant d'y arriver. C'est le résultat qui compte.
Ceci m'amène
à mes remerciements, Mme la Présidente. Je tiens d'abord à remercier les gens
de Labelle pour leur confiance, qu'ils m'ont témoignée le
1er octobre dernier. Je tiens aussi à remercier l'équipe de la CAQ, avec
au premier chef M. Denis Joannette et M. Benoît Laliberté. Merci
d'avoir cru en moi. Permettez-moi aussi de remercier l'équipe qui m'a appuyée tout au long de la campagne électorale;
M. Jean Pomainville, directeur de ma campagne, sur qui j'ai pu compter du tout début de la campagne
jusqu'à la victoire et dont les heures de travail et le dévouement m'ont permis
de me faire connaître et d'y arriver.
Ensuite, merci à une équipe de bénévoles sur le terrain, une équipe formidable
composée au premier chef de
Mme Anne-Marie Jasmin, Claude Talbot, son épouse Johanne. Merci à Diane
Lachenaie, Richard Radermaler, Denise
Marier, Daniel Gervais, Lise Vachon, Chantal Paradis, Serge Roussel et Michel
Turcotte. Et merci aussi à tous mes
amis, dont la liste serait trop longue à énumérer, et aux membres de ma famille
pour leur aide et leur grand support.
Un merci bien spécial à mon mari, Marc Lemay, mes fils, Charles-Olivier et
Hugo, pour qui je trouve toujours la force de continuer de travailler
aussi fort.
Permettez-moi
finalement de remercier M. Daniel Bourdon, maire de Mont-Laurier, ainsi
que Pierre Flamand, maire du Lac-des-Écorces, Yves Prud'homme et Denis
Ethier, des leaders locaux qui défendent les dossiers de leurs concitoyens avec
acharnement et dévouement sans pareil.
Mme la
Présidente, j'ai compris rapidement que la députée devait être différente de la
concitoyenne et qu'elle devait être partout et irréprochable. La tâche n'est
pas toujours facile, mais je vous promets que je ferai toujours de mon
mieux. Mme la Présidente, comme on dit au Québec, je donnerai toujours mon
110 % pour bien représenter les gens de
Labelle à l'Assemblée nationale et partout sur le territoire. Je peux déjà
compter sur des gens très compétents dans mes deux
bureaux de comté, et je les nomme : Anne-Marie Jasmin, ma fidèle
collaboratrice; Johanne Laperrière et M. Claude Moreau, tous deux reconnus pour
leur grande compétence.
Après avoir
travaillé pendant plus de 27 ans au sein de l'administration publique du
Canada, je tiens à souligner l'importance
que représente le service public à mes yeux et les hommes et les femmes qui y
travaillent, au sein de nos administrations publiques. Nous avons dit et
nous soutenons toujours que nous allons faire les choses différemment. Eh bien, j'ai une pensée pour les gens qui
travaillent dans les administrations publiques. Nous souhaitons que nos
processus et nos façons de faire
soient revus de manière à faire en sorte que les citoyens reçoivent les
meilleurs services possible. Tout
cela me tient beaucoup à coeur, mais je suis consciente que les belles paroles
ne vaudraient pas grand-chose sans les
efforts du travail quotidien des hommes et des femmes qui travaillent au sein
de ces institutions et qui se lèvent tous les matins pour développer de nouvelles politiques, administrer des
programmes et offrir des services à la population. Sachez que je
défendrai ces hommes et femmes haut et fort tout au long de ma nouvelle
carrière en politique.
En terminant, Mme la Présidente, et sur une note
un peu plus personnelle, je suis une fière résidente de Mont-Tremblant et une fière Québécoise. Je suis reconnue pour être une
personne travaillante, une battante, pleine de courage, et une mère dévouée auprès de sa famille. Ma famille et mes
deux fils sont ma fierté. Mes fils sont devenus des athlètes grâce à leur père mais aussi aux valeurs
que j'ai toujours défendues auprès d'eux, soit le travail, la persévérance,
la détermination et la volonté de réussir. Merci, Charles-Olivier, pour tes
cinq Ironman que tu m'as fait vivre à Mont-Tremblant. Merci, Hugo, pour avoir
skié au niveau FIS pendant de nombreuses années et avoir été un Carabin de
l'Université de Montréal.
Si mes fils
sont devenus des athlètes et s'ils ont persévéré au niveau académique, même si
ça n'a jamais été facile, c'est parce
que, comme les gens de ma région et comme, je dirais même, tous les gens du
Québec, nous avons reçu une forte
dose de courage et de volonté de réussir et que cela fait partie de notre ADN,
nous, les Québécois. C'est donc avec ces fortes valeurs de travail, de courage
et de détermination sur lesquelles je compte pour non seulement faire avancer
les plus grands dossiers de ma
circonscription, mais aussi pour représenter les gens de Labelle à l'Assemblée
nationale dans le courant de mon
actuel mandat. Je peux vous assurer, Mme la Présidente, que ces valeurs me guideront dans mon travail tout au long de
mes quatre prochaines années. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous vous remercions de votre intervention, Mme la députée de Labelle, et...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous demander d'être un peu plus calmes dans vos félicitations,
s'il vous plaît, parce que nous devons céder la parole à Mme la leader adjointe
de l'opposition officielle.
Mme Isabelle Melançon
Mme
Melançon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais débuter en soulignant que c'est vrai que
c'est un immense privilège que nous
avons de nous retrouver en ces murs à titre d'élus. Et j'entends pas mal le mot
«humilité», depuis le début des heures qu'on doit passer ensemble, et c'est
vrai qu'on doit être humbles. Et, en ce sens, j'ai une pensée toute
spéciale pour nos collègues, toutes formations politiques confondues, qui n'ont
pas été réélus le 1er octobre dernier.
Le visage de l'Assemblée nationale a changé, c'est bien vrai, à la suite de
l'élection du 1er octobre, la démocratie a parlé, et j'en profite
donc pour saluer tous les nouveaux élus membres de cette 42e législature.
Je tiens à
témoigner, pour ces nouveaux, de la collégialité qui règne à l'Assemblée
nationale entre les membres des différentes formations politiques. Bien
sûr, il y a des échanges parfois un peu plus musclés lors de la période des questions. Après tout, on n'est pas dans le monde
des licornes, on ne met pas... la vie n'est pas que rose. Donc, oui, on doit
débattre, et c'est un lieu où on doit
débattre, mais ça doit se faire avec du respect, et c'est ce que je nous
souhaite. Mais je veux quand même rappeler à ceux et à celles qui ont franchi
le salon bleu pour une première fois qu'il y a de grandes amitiés qui
peuvent naître et qui doivent naître entre les différentes formations
politiques. J'ai moi-même eu cette expérience.
Et, honnêtement, parfois on se dit, il y a des amitiés qui sont insoupçonnées
et qui sont là pour très longtemps. Alors, voilà, c'était mon petit côté
sage qui voulait vous parler.
• (20 h 30) •
Moi, c'est la
deuxième fois que j'ai le privilège de m'adresser, donc, à mes concitoyens de
Verdun à l'Assemblée nationale, ça fera deux ans dans deux jours que
j'ai été élue la première fois comme députée de Verdun, et à chaque fois... — merci, Lise — et
à chaque fois je suis très fière de rappeler que je suis la première femme
élue, là, j'entendais juste avant
notre... merci, merci, la première femme élue, donc, dans Verdun.
Il y a plusieurs premières femmes, et je crois qu'on doit vraiment saluer le
tout, Mme la Présidente.
Alors, Verdun,
c'est une circonscription montréalaise, pour ceux et celles qui ne le savent pas, qui
regroupe Verdun, terre ferme, et l'Île-des-Soeurs. Verdun est en
pleine transformation, Mme la
Présidente. D'abord,
il y a la rue Wellington, qui est devenue non seulement le lieu
recherché par les meilleurs restaurateurs montréalais, mais aussi un lieu de rassemblement extraordinaire pour la
communauté lors de grands événements, par
exemple le Festival des marionnettes
ou encore la cabane à sucre urbaine Panache et bois ronds, qui attirent
plus de 100 000 personnes année après année. Je pense aussi à la
merveilleuse Librairie de Verdun, qui appartient à mon ami Philippe Sarrasin,
et, bien entendu, l'Épicerie Loco et le Café
le 5e, qui sont tous deux zéro déchet. Je ne pourrais passer sous silence la
toute nouvelle maison de la culture,
le Quai 5160, qui fait l'envie de plusieurs, l'École de cirque de Verdun,
dirigée par Michel Legault, qui a célébré son 30e anniversaire cette année. Mais
l'âme de Verdun, c'est d'abord et avant tout une communauté tissée serré,
le mariage respectueux entre les gens d'affaires et les organismes
communautaires, entre les familles, les aînés, les francophones, les
anglophones, les immigrants et les Madelinots, parce que, vous savez quoi, Mme
la Présidente?, peut-être que vous l'ignorez, mais c'est à Verdun où on
retrouve le plus grand nombre de Madelinots à l'extérieur de l'archipel. D'ailleurs, je voudrais saluer le
courage et la résilience des Madelinots à la suite de la tempête qui les a
secoués, qui a secoué, donc, les Îles la semaine dernière.
La communauté verdunoise est composée de
personnes inspirantes, engagées. Ceci me pousse à me dépasser moi-même à chaque jour pour Verdun. Je suis
heureuse de travailler pour eux, avec eux. Je vais continuer à être présente
et à être impliquée à chaque instant comme
je le fais depuis bientôt deux ans. Je tiens à remercier, bien sûr, les
Verdunois, les Verdunoises pour leur
confiance renouvelée. Sachez que je suis la représentante de tous les citoyens
de Verdun et que ma porte est toujours ouverte.
Une élection, ça ne se fait pas seul. Il y a des
centaines de bénévoles qui sont venus au bureau pour me prêter main-forte, mais je voudrais en remercier
certains. Je pense à Laurent, Antoine, Luce, Nancy, Michel, Angie, Jocelyne,
Mary-Ann, Luc, Louise et Lydia. Votre
engagement, votre amitié font toute la différence. Bien entendu, je vais saluer
et remercier à mon tour ma famille, mes parents, mon mari,
Jean-François, mes enfants. Il est bientôt l'heure d'aller vous coucher. Alors,
je veux vous saluer, vous remercier. Christophe, Élisabeth, je vous aime de
tout mon coeur.
Lors de ma première élection en 2016, j'avais
pris des engagements clairs et je suis fière des réalisations. Je pense, notamment, au décrochage scolaire.
Malheureusement, à Verdun, on est les champions du décrochage scolaire. On doit travailler très fort. Mais, heureusement,
je peux compter sur des directions d'école formidables. Je pense à l'école
secondaire Beurling. Je pense aussi, bien sûr, à l'école secondaire
Monseigneur-Richard. Les deux ont de nouvelles directions. Je vais me permettre de les saluer. Deborah Dickson et
François Millette, merci de votre travail, votre engagement. Mais, grâce au travail qu'on a fait, tout
le monde ensemble, c'est plus de 610 000 $ qu'on est allés chercher
pour les organismes en persévérance
scolaire. Et je vais me permettre de dire merci à Toujours Ensemble, à L'Ancre
des jeunes, au Centre Dawson, à J'apprends avec mon enfant,
CHAPOP et la fondation en alphabétisation. Ces gens-là font des miracles
chaque jour.
J'ai
travaillé bien sûr intensément aussi pour l'agrandissement de l'Hôpital de
Verdun. Les ministres de l'autre côté
vont apprendre à me découvrir, mais, lorsque j'ai un dossier qui m'est cher, je
ne le lâche pas. Donc, je vais aller vous
voir comme j'ai vu plusieurs de mes collègues. Et je salue mon collègue qui
était ministre de la Santé. On a réussi à faire passer le dossier de
l'hôpital, qui était évalué à 100 millions de dollars, à 232 millions
de dollars pour une simple et bonne
raison : je me suis battue pour la dignité des patients, pour obtenir
72 % de chambres individuelles, et j'en suis vraiment fière. Il y a un point de service dont je m'étais aussi
engagée à rendre que nous avons inauguré avec l'actuelle ministre le
19 novembre dernier. Merci de votre présence. C'est un dossier que j'ai
travaillé vraiment pendant les deux
dernières années. Je pense qu'on en a longuement parlé. Je suis très fière pour
les concitoyens de l'Île-des-Soeurs. Vous
avez acquis un service. C'est pour les insulaires, et j'en suis vraiment fière.
Travail de concertation. Pour ceux qui me
connaissent, vous savez, je suis une fille d'équipe. On fait équipe actuellement,
que ce soit avec les gens du municipal, du fédéral, du scolaire. On va
continuer à travailler ainsi.
Bien sûr,
j'ai pris des engagements, à la dernière campagne, encore et toujours, bien
sûr, en éducation, parce que ça m'est cher, bien sûr, pour les logements
sociaux, pour la troisième école de l'Île-des-Soeurs.
Et je compte
sur une équipe formidable à mon bureau de comté, je voudrais les nommer :
Marc-Olivier Simard, Mérouan Bahl, Ann Guy ainsi que Stéphanie Dallaire-Turmel.
Merci de votre travail, vous êtes
formidables.
Mercredi
dernier, j'ai écouté attentivement le discours
inaugural prononcé par le premier ministre. Et force est de constater que les engagements sont nombreux. Nous
sommes plusieurs à être perplexes quant à la possibilité de réaliser
l'ensemble des promesses. Mais, comme le dit si bien le premier ministre, on
verra.
On a aussi
été témoins de reculs importants du gouvernement caquiste après quelques
semaines seulement. Je pense à
l'entente des médecins spécialistes, aux trop-perçus d'Hydro-Québec, aux
maisons Gilles-Carle. Le premier ministre est demeuré bien silencieux
sur plusieurs dossiers de grande importance, la pénurie de main-d'oeuvre,
l'agriculture, la foresterie. Pire encore,
rien sur le développement social, la prévention en santé, la santé mentale ou
les logements sociaux. Et, sur les
logements sociaux, ce n'est pas mon dossier, mais, à Verdun, c'est tellement,
tellement important, parce qu'on accuse un retard, que vous allez
m'entendre en parler fréquemment.
Mais que dire
du silence inquiétant du gouvernement de la CAQ au sujet de la promotion et de
la protection de la langue française
ou encore en matière de culture et de communications? Dans son long discours
inaugural, le premier ministre a
servi quatre petites phrases, jolies, certes, mais creuses, au milieu culturel.
Pourtant, historiquement, le milieu culturel
a toujours été écouté et entendu par les gouvernements, principalement les
gouvernements libéraux. On va faire un
peu d'histoire, Mme la Présidente : création du ministère des Affaires
culturelles en 1961; adoption de la loi n° 22, faisant du français la langue officielle du
Québec; l'adoption, en 1987, de la Loi sur le statut de l'artiste par la
ministre Lise Bacon, que je vais me
permettre de saluer parce que je sais qu'elle suit de façon assidue les travaux
de cette Chambre. Alors, bonsoir à
Mme Bacon. Bien sûr, en 1992, le Québec s'est doté d'une toute première
politique culturelle sous la ministre
libérale Liza Frulla, mon amie Liza, qui, elle aussi, nous regarde de façon
assez assidue, et cette politique a su traverser les décennies.
Le
12 juin dernier, tout le milieu de la culture a applaudi la nouvelle
politique culturelle déposée par le gouvernement libéral, cette
politique accompagnée d'une enveloppe budgétaire supplémentaire de
600 millions de dollars pour le ministère
de la Culture. Je rappelle que cette politique est née d'une large consultation
du milieu. Tous les intervenants ont
applaudi cette politique, tous, sauf le
chef de la CAQ, qui a mentionné durant la campagne électorale qu'il
apporterait des changements, des modifications à cette politique culturelle, créant ainsi beaucoup
d'incertitude dans le milieu culturel. Ce n'est
pas avec quelques phrases d'une désolante banalité prononcées lors du discours
d'ouverture par le premier ministre que le milieu culturel sera rassuré quant
aux intentions du gouvernement caquiste. Quelle déception!
Motion formulant un
grief
C'est d'ailleurs, Mme la Présidente, ce qui
m'amène à déposer une motion de grief qui se lit ainsi :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste qui laisse le milieu culturel du Québec
sans aucune réponse quant au maintien des sommes liées à la politique
culturelle du Québec lancée par le gouvernement précédent.» Je vous remercie, Mme la Présidente.
Bonne soirée à toutes et à tous!
• (20 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée de Verdun.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Vous applaudissez fort. Merci beaucoup, Mme la députée.
Maintenant, pour la prochaine intervention, je vais
reconnaître... je crois que c'est Mme
la députée d'Abitibi-Ouest. Alors, voilà. La parole est à vous.
Mme Suzanne Blais
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Merci, Mme
la Présidente. Chers collègues, c'est mon premier discours à l'Assemblée
nationale. Me voici donc députée d'Abitibi-Ouest, avec ses 45 000 citoyens
et citoyennes, occupant 42 municipalités et la communauté de première nation Anishnabe, de Pikogan, un territoire
de 11 363 kilomètres carrés, un
comté riche en terres agricoles et avec des entreprises forestières et
minières et un bassin hydrologique majeur, dont les eskers, qui sont une source d'eau déjà qualifiée la meilleure au
monde. Qui ne connaît pas l'eau Eska? Mme
la Présidente, nous devrons protéger cette richesse, qui est pour notre
génération future.
Le comté d'Abitibi-Ouest, c'est des gens généreux et accueillants et des communautés
tricotées serré, un comté dont les
enjeux principaux ne diffèrent pas beaucoup de ceux d'un grand nombre de comtés québécois : l'accès aux services de
santé, de garderie, le fardeau fiscal qu'on leur impose, sans compter la couverture
cellulaire. Dans le quotidien des régions éloignées, la centralisation à
outrance a causé des dommages sur les services de proximité, qui sont une grande préoccupation pour toute la population de
ma circonscription. Il y a aussi des défis, des enjeux importants propres
à nos entreprises agricoles, qui sont inquiètes pour la relève, préoccupées par
la vente à des intérêts financiers et d'outre-mer et par les accords canadiens
avec les États-Unis, le Mexique, l'Europe et l'Asie-Pacifique. Et, bien sûr, il y a tous les débats des infrastructures, dont
l'état de nos routes, des ponts, des ponceaux, qui constituent des axes vitaux
pour la région et le déplacement de mes
concitoyens et concitoyennes, avec, en toile de fond, la 117, qui a fait
l'objet de reportages touchants sur les croix installées en bordure de
la route.
Permettez-moi
d'abord, Mme la Présidente, de remercier les citoyens d'Abitibi-Ouest, qui
m'ont désignée pour les représenter.
Je tiens à ce qu'ils sachent que je suis résolue et déterminée à ne pas les
décevoir, à travailler étroitement avec
les élus municipaux. Je les remercie aussi de continuer à m'interpeller sur la
rue, à l'épicerie. Je les remercie aussi d'en profiter pour me faire
part des choses qui les préoccupent, des dossiers qu'ils jugent prioritaires.
J'ai compris assez rapidement que la députée
devait être très efficace partout. Il est donc impératif pour moi d'être
confiante à l'effet que, pendant que je suis ici, les dossiers du comté,
dossiers citoyens, activités locales, dossiers politiques, sont menés rondement.
Nous sommes donc à bâtir une équipe apte à relever ces défis.
Je tiens à remercier
Mme Hélène Desjardins, mon attachée politique, qui m'accompagne dans
cette belle aventure depuis le début de ma
campagne. Nous avons hâte de vous présenter l'équipe complète de La Sarre
et d'Amos, car nous sommes à finaliser le processus d'embauche.
J'aimerais aussi remercier l'équipe de
l'Assemblée nationale et son personnel. Il m'a été peu souvent donné d'observer une organisation aussi professionnelle,
compétente et tournée vers les besoins de sa clientèle. C'est un exemple,
et certainement que ces gens pourraient
servir d'inspiration à plusieurs services publics. Je les félicite et les
remercie de leur accueil.
Je remercie
aussi l'équipe de Coalition avenir
Québec pour son appui pendant la
campagne. Je remercie mon premier
ministre pour m'avoir fait confiance.
Je tiens à dire un grand merci à tous les bénévoles de ma campagne électorale,
une petite équipe compétente qui m'a supportée avec constance et brio. Ce que
j'ai également mis de l'avant pendant cette
campagne, c'est lorsque mon bon ami Alain me disait : Tu sais, Suzanne, en
politique, quatre valeurs importantes, soit l'intégrité, l'humilité, la transparence et le leadership. Mon expérience de femme d'affaires et de mentor
pour les jeunes entrepreneurs m'a
appris que le travail d'équipe et le support dans les moments les plus
difficiles nous font traverser bien des obstacles. J'ai l'intention de
maintenir le cap et d'intervenir de façon constructive et positive.
En terminant,
Mme la Présidente, sur une note un peu plus particulière, plusieurs pensent, et j'en suis,
qu'on se comporte au travail et
professionnellement comme on se comporte dans son environnement personnel.
Personne ne peut être deux entités séparées. Notre famille et notre
travail nous poussent toujours à devenir de meilleures personnes, à grandir à travers nos expériences, qu'elles soient
positives ou négatives. Il est important de travailler pour la cause et non
sa cause. Être nés dans une région éloignée
nous apprend également à compter sur les autres. La communauté est importante
et assure la survie. Il sera donc important
pour moi de toujours avoir en tête les besoins de ma communauté lorsque nous
prendrons des décisions qui peuvent les
affecter. Rappelons-nous que la centralisation a laissé de graves séquelles
dans le réseau de la santé ces dernières années. Nous
devons donner à chaque centre hospitalier ses lettres de noblesse. À ce titre, il est important de prendre soin de nos
aînés, c'est eux qui ont tracé notre chemin. Il est aussi important de prendre
en considération les réalités régionales.
Mme la Présidente, je serai heureuse de représenter les Abitibiens, Abitibiennes au cours
des quatre prochaines années, mais,
encore plus, je suis très fière d'être la première femme députée d'Abitibi-Ouest à l'Assemblée nationale. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée d'Abitibi-Ouest. Et maintenant je me tourne vers Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
pour son intervention.
Mme Jennifer Maccarone
Mme Maccarone : Merci. Merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi de vous féliciter pour votre nomination et de souligner que
vous faites un excellent travail assise sur le trône. J'aimerais aussi
féliciter tous mes collègues de l'Assemblée
nationale et tous ceux et celles qui
se sont présentés lors des dernières élections provinciales. Porter la voix
de leurs concitoyens et concitoyennes et
d'avoir le courage de se présenter comme candidat ou candidate méritent tout
notre respect et admiration.
Première
femme depuis la Confédération à être élue dans mon comté, ceci est un premier
mandat pour moi, et j'ai le privilège
de porter la voix des concitoyens et concitoyennes d'un des plus beaux comtés
au Québec, Westmount—Saint-Louis. En ordre alphabétique, Westmount—Saint-Louis se retrouve dernier parmi les 125 comtés, mais je vous jure que
mon comté est l'un des plus beaux, plus diverses, des plus riches et
culturels et mérite beaucoup d'attention, surtout en matière d'éducation.
• (20 h 50) •
Un comté qui
comprend la ville de Westmount, le centre-ville de Montréal,
Ville-Marie, Shaughnessy Village, Golden
Square Mile, Milton Park, les quartiers chinois et Victor Hugo, des sections du
Vieux-Montréal et des sections du Plateau—Mont-Royal,
Westmount—Saint-Louis
bénéficie d'une économie en plein essor, du Quartier des spectacles, de beaux parcs, les universités de McGill et
Concordia, des pavillons de l'UQAM, les cégeps Dawson et Marianopolis,
le musée des beaux-arts, le Musée McCord, the Montréal General Hospital, the
Montréal Neurological Institute, L'Hôpital
chinois, mais le plus important de cette longue liste, qui n'est pas du tout
complète, c'est nos citoyens incroyables et inspirants.
Et, en parlant de gens incroyables, je veux
remercier tous ceux et celles qui m'ont permis de pouvoir être ici aujourd'hui : en premier lieu, merci à l'Association
libérale de Westmount—Saint-Louis
pour la confiance qu'ils m'ont témoignée en me permettant d'être leur
candidate; our amazing president, Karin Marks; members of the executive, Adam Lekowsky, Fernand Lefebvre, Casper Bloom,
Joseph Hung, Philip Emoralis, Jim Hannah. Thank you for
believing in me and
thank you for your help throughout the campaign. Thank you to my amazing
friends, family and volunteers who gave
their time and their support, my mom, Susan, Olivia, Ailsa, Chelsea, Frank,
Irene, Connie, John, Anne, Maxeen, Phil, Christina, Jeff, Mary, Josh, Victor, Christian, Peter, Jonathan, and to
the many more that I haven't named, including my secret weapon, whom I
love very much. Thank you.
Et surtout un grand merci à tous mes
concitoyennes et concitoyens de Westmount—Saint-Louis, pour qui je m'engage à me battre corps et âme pour m'assurer
que vos intérêts sont non seulement entendus, mais sont respectés. Merci à mes
enfants, Bianca et Samuel, les grands amours de ma vie, qui sont ma source
d'inspiration et qui sont les deux raisons pour lesquelles je suis ici et pour
qui je suis ici.
Samuel and Bianca are perfect examples
of what is possible when we don't place limits on ourselves and when we embrace differences. My
children have taught me patience, persistence and courage. They've taught me to
see the world in new and interesting
ways. They've taught me to see past labels and diagnoses and to respect
differences. They've taught me that
autism can be beautiful and especially, like other children on this spectrum,
that what makes them special is not
their needs, but their heart. But, above all, my children have taught me to
speak up, to be an advocate, to leverage the power of my words and
actions for positive change.
Étant porte-parole dans le dossier de la famille, non seulement
j'entends vos besoins, mais je connais cette réalité, étant moi-même une
mère célibataire de deux merveilleux adolescents autistes. Comme plusieurs le
savent, cela fait déjà une quinzaine d'années au moins que je m'implique
activement dans les organismes
communautaires et dans notre réseau scolaire. S'impliquer n'est pas un choix,
mais plutôt une volonté d'améliorer notre société.
C'est d'ailleurs pourquoi je me suis toujours
portée à la défense des personnes dans le besoin et que je continuerais à le
faire pour les gens de ma circonscription.
I'm equally committed to fulfilling my
campaign promises and to supporting the citizens of Westmount—Saint-Louis. I will be their voice
and I will work to ensure that they have access to English-language healthcare.
De plus, je veillerai à
ce que leur voix soit entendue à propos du transport et de la construction de
Turcot. Je soutiendrai le développement des affaires et l'attraction des meilleurs talents pour nos industries,
y compris la technologie. J'offre
mon appui dans les démarches de la communauté chinoise pour l'établissement d'un nouveau centre. Et, en
matière d'éducation, Westmount—Saint-Louis a des besoins criants pour des écoles
et des partenariats pour réaliser leurs projets éducatifs. Les enfants et nos élèves ne peuvent pas attendre après nous.
Il faut agir concrètement pour notre réseau public d'éducation, en partant de la petite enfance
jusqu'à l'université. Et, en parlant de la petite enfance, mes concitoyens et
concitoyennes de Westmount—Saint-Louis
n'ont pas besoin de maternelle quatre ans, mais ils ont besoin de services en
milieu de garde tels que la Garderie Fun Academy.
The religious symbols ban is also a
priority for the citizens of Westmount—Saint-Louis, who expressed to me on a regular basis their distress
and disappointment and how they are very concerned with the Government's
position on this important issue.
Targeting individuals based on what they wear and their personal religious
beliefs breeds intolerance, and it is
in complete opposition to the very values of tolerance and inclusion that we
teach our children in our classrooms every day.
Je suis une ardente défenderesse de nos
commissions scolaires. Alors, j'étais déçue et surprise de l'oubli important
dans le discours inaugural de notre premier
ministre, qui n'a pas reconnu le travail et le dévouement des employés au sein
de nos commissions scolaires, tels que nos D.G., directeurs et directrices de services,
nos employés de soutien, les employés
de notre domaine de formation professionnelle et nos professionnels qui font
partie d'équipes importantes avec nos professeurs et directions d'école,
qui sont tous dédiés à la réussite de nos élèves au quotidien. La voix et la
reconnaissance de chacun devraient être entendues. Les représentants locaux
élus démocratiquement, le conseil des commissaires jouent un rôle crucial dans
notre société, que ce soit pour la communauté anglophone ou francophone.
A right is a right, and I will fight to
protect and defend our rights to have local, democratically elected
representatives overseeing our school boards here, in
Québec. The Premier stated in his inaugural speech that he would protect the historical rights of our community, followed by
his plan to abolish them with the abolition of our school boards. This is
not only contradictory, it is an affront to
the community and democracy as a whole. The English-speaking community
has successfully fought to preserve their
rights and make their voices heard. We will never give up our constitutional
rights. Management and control of our
education system is fundamental and must be protected. And I would add that
stating that we will abolish school
boards is a clear sign that this Government does not understand the definition
of a school board.
Une commission scolaire comprend un siège social ou, comme certains
peuvent le voir, des centres de services qui offrent des services vitaux pour la réussite scolaire. Une commission scolaire comprend aussi des écoles, des centres, des enseignants, des élèves, des membres de la communauté
et des chefs d'entreprise, des
contribuables, des grands-parents, et chaque membre du gouvernement,
chaque personne dans cette province fait partie d'une commission scolaire.
It has been proven and stated over and
over again that abolishing school boards and making changes to governance has absolutely no benefit to the
classroom. The priority for any government should be the success of our students and putting them first.
À titre de porte-parole officielle en matière du dossier de la famille, force est de
constater qu'il existe aujourd'hui de
multiples façons de traiter du dossier de la famille. Rappelons que plus qu'un enfant sur deux est né aujourd'hui hors mariage, un enfant sur
quatre ne vit plus avec ses deux parents, un enfant sur cinq vit dans une
famille monoparentale. Telle est la
réalité de nos familles. Je prendrai en compte la diversité de leurs situations.
J'entendrai la diversité de leurs aspirations. Je serai la porte-parole
de toutes les familles. Je m'engage donc de défendre les mesures qui touchent
les services éducatifs aux tout-petits, les mesures universelles de soutien aux
enfants, le soutien financier pour les familles à faibles revenus, la
conciliation famille-travail et les mesures qui touchent les familles avec des
besoins particuliers.
Le
gouvernement a pris un engagement, Mme la Présidente, envers les familles qui ont
un enfant handicapé, et vous comprendrez que cet enjeu me tient
particulièrement à coeur. Ils se sont engagés, en septembre dernier, de
bonifier de 22 millions de dollars par année l'enveloppe pour les enfants
lourdement handicapés. Avec des surplus budgétaires de 4 milliards de dollars, selon un récent article de La Presse,
je me serais attendue à avoir cette bonification dans la mise à jour budgétaire. Mais, non, rien, pas un mot. Je
suis déçue, mais surtout déçue pour ces familles qui comptaient sur le
gouvernement de répondre rapidement à cet engagement.
Et, en
parlant des engagements, ce gouvernement livre des demi-promesses. Les frais de
garde, qu'il s'était engagé à un gel
de tarif, et un tarif unique à 8,05 $ par jour ne baisseront pas, ils vont
même augmenter. Les allocations familiales qu'il avait promises de 1 200 $ sont livrées à 500 $. Des
dossiers de suivre de près et qui sont au coeur de la communauté.
Et, en
terminant, Mme la Présidente, c'est un honneur et un privilège pour moi de
représenter les concitoyennes et concitoyens
de ma circonscription ainsi que les citoyens du Québec. Vous pouvez compter sur
moi pour travailler avec vous, pour vous et sans jamais oublier d'où je
viens. Merci.
• (21 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de
Westmount—Saint-Louis.
Et je vais céder maintenant la parole à M. le député de Maskinongé.
M. Simon Allaire
M.
Allaire : Merci, Mme la Présidente. Chers collègues, permettez-moi,
avant tout, d'exprimer mon grand bonheur, doublé d'une fébrilité de
vivre ce moment historique. En fait, je dis bien moment historique, mais moment
historique pour moi. Quand même, c'est la première fois que j'ai la chance de
m'exprimer ici, au salon bleu, devant vous, ici, à l'Assemblée nationale. Mais, avant tout, c'est un rêve de petit gars.
C'est un rêve de ti-cul, même, que j'oserais dire. Je pense que mes parents doivent écouter en ce
moment. Ils doivent pleurer leur vie, là — je vais dire ça comme ça — de me
voir ici, puis je ne les remercierai jamais assez de m'avoir donné ce
privilège-là d'avoir développé un esprit critique, de m'avoir accompagné
tout au long de ma jeunesse en me donnant l'opportunité de m'intéresser à la
vie publique, à la vie culturelle, de
m'avoir donné l'opportunité aussi de discuter en famille des enjeux de société,
ce qui fait en sorte qu'aujourd'hui je pense que ça a grandement
contribué à développer mon bagage de culture générale. Donc, sachez que je suis pleinement conscient du privilège qui
m'est donné de le faire, de la grande responsabilité qui vient avec ce
privilège que j'ai aujourd'hui.
Ensuite, Mme la Présidente, je voudrais
remercier chaleureusement les électeurs de la circonscription de Maskinongé qui ont choisi massivement le
changement. Je tiens à leur réitérer aujourd'hui mon engagement à être courageux pour incarner ce changement, et je dirais
même audacieux. Je tiens également à leur assurer que, depuis le
1er octobre, je suis le député de tous les citoyens, et ce, peu importe
leur allégeance politique.
Si vous me le
permettez, Mme la Présidente, je souhaite aussi remercier du fond du coeur mon
équipe de campagne et ma famille. Une
telle aventure n'est possible que si nous sommes plusieurs à y croire. Martin
Poisson, candidat de 2014 au niveau
de la Coalition avenir Québec, je te remercie d'avoir fait partie de mon
équipe. Une chance que tu étais avec moi.
Jean-Claude Ayotte, c'était le festival de la métaphore pour me motiver chaque
jour en campagne électorale, un fin stratège.
Merci, Jean-Claude. Marylène Le
Houillier, une communicatrice hors
pair. Merci, Marylène. Tu m'as fait traverser une crise à grande vitesse, je t'en remercie grandement. Denis Leclerc,
un backbencher, un allié inconditionnel. Merci, Denis, d'avoir été là pour motiver les troupes à ta façon. Merci également
à tous les bénévoles qui ont pris part à l'aventure.
Je souhaite aussi remercier chaleureusement mon collègue
ministre, de Nicolet-Bécancour. Merci, Donald, pour ta grande confiance, je
l'apprécie énormément. Je tiens également à remercier mes quatre autres
collègues de la Mauricie, vous avez fait
rayonner la Mauricie en campagne
électorale. Maintenant,
on a la chance d'avoir deux ministres au
sein de notre équipe. Je pense que la Mauricie va rayonner encore davantage
pour les quatre prochaines années à venir.
Vous savez, Mme la Présidente, je suis un privilégié, ayant pu grandir et — pardon,
mon Dieu! la nervosité — m'épanouir au sein d'une famille aisée, unie
et aimante, je l'ai dit tantôt. Je tiens, ainsi donc, à remercier mes parents, mais également ma complice des
20 dernières années, Nancy, et mes enfants, naturellement, d'avoir fait de
moi l'homme que je suis aujourd'hui. Avec eux, pour eux, je travaillerai chaque
jour avec passion, coeur et dévouement au
service des citoyens de ma circonscription. Émy et Olivier, je souhaite que
vous soyez aussi fiers de moi que moi, je suis fier de vous.
Maskinongé,
en Mauricie, est immense en superficie, mais également en talent, et en
richesses, et en défis à relever. En
termes de défis, Mme la Présidente, je fais surtout allusion au fait qu'une
grande portion du territoire est rurale, alors qu'une partie de la ville
de Trois-Rivières complète le tout. Nous avons donc à composer avec des défis
ruraux et urbains. Mais sa diversité devient
un atout, une complémentarité quand les différents acteurs de développement
économique et social travaillent ensemble.
La MRC de
Maskinongé, plus isolément, comporte, à elle seule, 17 municipalités, Mme
la Présidente. Elles sont toutes
aussi uniques que bucoliques. C'est aussi la MRC la plus agricole de la région
avec 550 fermes sur le territoire. Mais, au-delà de la beauté
majestueuse de son territoire, de ses courbes invitantes, de ses lacs, de ses
collines, de ses couleurs, la MRC de
Maskinongé est surtout composée d'humains hors du commun. Je vous invite
d'ailleurs, Mme la Présidente, et
vous, chers collègues, à vous promener sur la plateforme maski.quebec — retenez ça, maski.quebec — afin de prendre le pouls de cette communauté d'acteurs socioéconomiques, de
producteurs, agriculteurs, artisans, bref, de cette communauté vivante
et vivifiante où le touriste est roi. Venez nous voir, vous ne le regretterez
pas. Que ce soit pour une visite au magnifique parc des Chutes-de-Sainte-Ursule
ou encore pour venir à la rencontre des fameux lutins de Saint-Élie-de-Caxton,
que ce soit pour découvrir notre terroir dans l'assiette des nombreux restaurants
réputés du territoire ou encore pour cette balade en kitesurf à Pointe-du-Lac qui vous
impressionnera assurément, vous verrez, dans Maskinongé, il y en a vraiment
pour tous les goûts.
Je mentionne d'entrée de jeu une communauté tissée serré, Mme
la Présidente. Eh bien,
nous avons pu le voir, cette grande solidarité,
proximité et résilience qui habitent notre monde, lorsqu'en septembre dernier, en pleine campagne
électorale, les organismes communautaires de
première ligne ont dû évacuer d'urgence le centre qui les abritait et qui est
devenu dangereux pour eux. Vous comprendrez,
Mme la Présidente, qu'à partir de ce moment tous et chacun se sont serré
les coudes, et ce dossier est devenu prioritaire tant pour moi que pour
l'ensemble de la collectivité de mon territoire.
Vous savez,
j'ai oeuvré plus d'une quinzaine d'années en développement économique dans les
centres locaux de développement, et plus particulièrement, dans les
quatre dernières années, comme gestionnaire chez Desjardins Entreprise. Ces expériences m'ont permis
d'accompagner bon nombre d'entrepreneurs dans leurs projets. Mon amour pour l'entrepreneuriat — et le mot «amour», ici, n'est pas très
fort — a été la
bougie d'allumage de mon désir de faire de la politique et de faire
partie des solutions pour contribuer activement à faire évoluer le Québec et à
sa ténacité à entreprendre davantage.
Pour les mois
et les années à venir, plusieurs projets et priorités me tiennent à coeur. Je
compte travailler sans relâche avec
les acteurs du milieu afin de diversifier les solutions mises de l'avant pour
contrer la pénurie de main-d'oeuvre, notamment, spécialement dans le
secteur du meuble et notamment dans le secteur de l'agroalimentaire. Je
souhaite également offrir mon support aux
municipalités pour des projets d'infrastructure. Un hub agroalimentaire verra
aussi le jour à Louiseville,
ville-phare de la MRC de Maskinongé, et je travaillerai en étroite
collaboration avec la MRC et les producteurs locaux afin de mener à bien
ce projet et y adjoindre une plateforme transactionnelle numérique.
Les défis de
l'éducation et de la santé, entre autres, seront aussi au coeur de mes actions,
mais également développer la fibre optique sur l'ensemble du territoire.
Naturellement,
je pourrais vous parler pendant des heures de ma circonscription. Je reviendrai
au fil des prochaines semaines pour vous en parler davantage.
Je dois, en
terminant, prendre quelques minutes pour remercier trois personnes
extraordinaires qui font maintenant partie
de mon équipe. Marjolaine, Marie-Pierre, Lucie, je vous souhaite d'avoir
énormément de plaisir dans cette aventure avec moi. Sachez que vous avez
toute ma confiance, et je suis convaincu que vous allez représenter Maskinongé,
me représenter également dans vos tâches de façon professionnelle et avec
rigueur, en adoptant tout le temps une approche axée sur les résultats. Et
certains me reconnaîtront sûrement maintenant parce que je dirais même que les trois membres de mon équipe auront une gestion de
rendement. Je pense qu'un député se doit d'avoir cette rigueur-là. On gère des fonds publics, on est nous-mêmes des
gestionnaires, donc chacun des membres de mon équipe aura une gestion de
rendement pour les amener à se dépasser eux-mêmes.
En
terminant, j'aimerais aussi remercier l'équipe de l'Assemblée nationale pour
leur chaleureux accueil. Je remercie
aussi, bien sûr, mon chef, le premier ministre François Legault, et mes
collègues de la Coalition avenir Québec.
Il faut avoir
vécu une campagne électorale pour comprendre que le parallèle avec le sport est
de circonstance — moi
qui adore le hockey — pour comprendre qu'en politique, peut-être
encore plus que partout ailleurs, le travail d'équipe est de mise pour comprendre aussi que marquer des
buts, c'est bien, mais faire des passes, c'est encore mieux. Soyez donc assurés, Mme la Présidente, que je serai ce joueur
d'équipe pour les quatre prochaines années à venir. Merci de m'avoir écouté.
• (21 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de
Maskinongé. Et je voudrais faire un chaleureux rappel à tous, on doit
appeler un membre de cette Chambre par son titre, et non pas par son nom.
Maintenant, pour la suite de ce débat, je vais
me tourner vers M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, Mme la Présidente. J'ai l'honneur de me lever dans cette Chambre pour
intervenir sur un deuxième discours
inaugural d'un gouvernement à la suite des élections générales, cette fois-ci
en tant que membre de l'opposition officielle. L'honneur
est, tout de même, réel et profondément apprécié.
I
was a young and naïve 58 year-old rookie when the electors of D'Arcy-McGee
accorded me the privilege of representing them for the first time on April 7th 2014. I'm humbled that
they chose to do so again on October 1rst 2018.
Je tiens d'abord à remercier ces électeurs et ces
électrices, ainsi que les nombreux bénévoles qui m'ont accompagné durant la campagne. Je suis très respectueux et
reconnaissant du fait qu'ils auraient pu prendre ces soirées de porte-à-porte, ces après-midi de la fin de semaine au téléphone,
ces heures confiées à la distribution de dépliants pour faire d'autres
choses, pour profiter de leur famille, pour lire un bon livre, pour faire
n'importe quoi d'autre.
Instead, they honored me with
their support, their friendship and their passion for the democratic process.
Donc, je dis merci surtout à mon équipe,
Liz Prass, Chris Savard and Sofia Zukelman, à la présidente de l'Association libérale de D'Arcy-McGee, Orna Hilberger, et les membres, et à Carole Katz, Meena Kahn,
Aline Malka, Sid Kronish, David
Kao, Félicidad Rosalis, Mitch Kujavsky, Larry Markowitz, Fran
Gutman and Rena Entus. There
are so many more. I know
who you are, and you know who you are, and I apologize if time requires that I
cut this list short.
Comme l'ensemble de mes collègues lors de leur
première intervention dans cette Chambre, j'en suis certain, mes pensées et mes sentiments reviennent ce soir aux gens
que j'aime et qui me touchent avec leur amour en retour. J'ose croire que mes parents auraient été fiers
de leur fils cadet... leur fille cadette... leur fils cadet, voilà.
I lost my dad almost a half
century ago, just before my 13th birthday, but his wisdom, his sense of
justice, his wonderful ability to connect with and rejoice in people regardless
of their standing, their intellect or their influence guide me to this day and everyday. My mom died some seven years ago.
Despite her battles with illnesses, mental and physical, she left me
with her love and her uncanny ability to seek out and destroy pretense and
pomposity wherever it reared. I'll admit that this is a skill that I hope I've
inherited, and, yes, it's one that can be useful in politics.
Et, à ma conjointe, Hélène, à nos précieux
enfants, Zoë et Vincent, les mots ne sont même pas nécessaires, vous le
savez.
La circonscription de D'Arcy-McGee a beaucoup
changé cette fois-ci à la suite des modifications de la carte électorale. Aux villages de Côte-Saint-Luc et
Hampstead s'ajoute maintenant une grande tranche de la communauté de Snowdon—Côte-des-Neiges. Néanmoins, je continue d'être le
seul député à représenter une forte pluralité de résidents, comme moi, issus de la communauté juive, et un des
rares députés à représenter une majorité de résidents, comme moi, issus de la communauté québécoise de langue
anglaise, et une forte pluralité, hélas, comme moi, d'aînés. Par contre, il y a
maintenant au sein de la circonscription une
diversité de résidents et résidentes originaires des Philippines, du
Bangladesh, du Sri Lanka, du Vietnam, du Moyen-Orient et d'ailleurs.
This diverse and dynamic riding has
changed, but its challenges, for health and seniors care, will continue to be top of mind, as will Québec's
capacity to welcome and celebrate diversity. The unique and compelling presence
of one of the world's largest populations of Holocaust survivors and
their children within the riding will forever contribute to my profound
conviction that political activity and influence be exercised always with care,
respect, selflessness and compassion. The
problems of housing, poverty and exclusion, now more present in the riding,
will demand that I deliver a strong voice for advocacy on those pressing
issues as well.
Au nom des résidents et résidentes de la
circonscription, je vais veiller sur quelques grands enjeux, entre autres,
qui nous préoccupent depuis un certain
temps. Un, le prolongement du boulevard Cavendish, pas nouveau, ce dossier-là. Est-ce que ce gouvernement va assurer la
vitalité, la sécurité et le bien-être des citoyens de Montréal et ailleurs en incitant que la ville
de Montréal honore son engagement
d'aller de l'avant avec ce projet essentiel? Est-ce que ce gouvernement va investir des ressources
conséquentes avec ses responsabilités?
Deuxièmement,
Mme la Présidente, la mise en branle de la phase IV des rénovations de
l'Hôpital général juif, ce bijou qui appartient aux Québécoises et
Québécois de toutes origines.
Et, trois,
l'appui accru et nécessaire aux proches aidants ainsi qu'aux soins des aînés en
résidence et en CHSLD, avec l'accent constant sur les services, et non
pas sur les structures.
Chacun des
élus de cette Chambre amène avec eux et avec elles un certain bagage qui peut
alimenter nos interventions et,
j'espère, contribuer positivement à nos délibérations. Dans mes vies
antérieures, j'ai travaillé en tant que directeur général de quatre organismes de défense des droits des
communautés de langue anglaise et juives ainsi qu'au réseau des commissions scolaires de langue
anglaise. Je constate que le discours inaugural du premier ministre a été peu
volubile sur ces sujets, je vais le dire comme ça. Conséquemment, je me
permettrai de suivre de très près, avec mes collègues de l'opposition officielle, l'évolution
du nouveau gouvernement sur ces enjeux préoccupants qui touchent à mon
bagage.
Dans
un premier temps, l'avenir des commissions scolaires élues. La CAQ, je le
soumets, continue d'ignorer, à son propre péril, la contribution de ces gouvernements
de proximité en éducation à la réussite ainsi qu'à l'épanouissement de nos jeunes. De plus, la jurisprudence de
qualité constitutionnelle devrait interpeler ce nouveau gouvernement à repenser
ses plans, même si le premier ministre les a réitérés dans son discours
inaugural de la semaine passée.
Deuxièmement,
le port des signes religieux. Bon, notre formation va attendre l'éventuel
projet de loi à ce sujet pour se
prononcer. Je n'irai pas beaucoup plus loin, sauf pour dire que notre gage
collectif du succès ne soit pas des petits sondages du matin, mais la
qualité et la capacité de nous tous de vivre ensemble, de s'aimer dans notre
diversité de caractère uniquement et fièrement québécois.
Finalement, que la
promotion et le rayonnement de notre langue commune, le français, soient
assurés par la générosité d'esprit, par
l'inclusion et par la reconnaissance que
les Québécoises et les Québécois de langue anglaise et que les Québécoises et les Québécois issus des communautés culturelles sont des alliés, et non pas des adversaires dans
cette mission essentielle et
continue. Même si je ne connais peut-être pas toutes les paroles du Temps
d'une dinde ni des Blues du
businessman, j'adore notre langue
française et je partage la responsabilité de la faire rayonner. (S'exprime
dans une langue autochtone). Je tiens
à saluer les chefs des Premières Nations et les communautés inuites. J'ai le
privilège d'être porte-parole de l'opposition officielle pour les
affaires autochtones. Au fil des quatre prochaines années, j'espère être à la taille de ces responsabilités et contribuer à
enrichir un dialogue de nation à nation et des relations qui vont porter des réels résultats. Pour les membres de ces
communautés au Grand Nord, à travers le territoire du Québec, sur les réserves
et en nombre croissant à Montréal, les défis
sont énormes, mais ainsi que le potentiel. Mes conversations préliminaires avec quelques chefs autochtones, avec les
responsables autochtones des organismes d'accueil et d'entraide me parlent
d'une volonté d'un partenariat, d'une
détermination de briser les stéréotypes et de l'importance de bâtir sur cet
énorme potentiel de chacune de ces communautés.
• (21 h 20) •
I had the honor of meeting Nigel Adams
at a youth leadership seminar at Bishop's University this summer. Nigel is 26. He's from
Kangiqsujuaq, one of the three northern villages of Nunavik. He and his two
friends spoke at the seminar with great pride and even deeper pain of their difficult lives in recent past. Nigel
showed enormous courage in sharing the story of his
lost, this past year, of his brother to murder, and the subsequent suicides of
his uncle and his best friend. He also spoke
about healing and reconnecting with his traditional way of life. Nigel is
striving to help his community heal and
to secure the needed and deserved involvement, and support of Government in
public services. I look forward to staying in touch with Nigel. I trusted his advice, sensitivity and friendship
will help me do a better job over the next four years.
Chacun des 125 députés élus dans cette Chambre a le privilège ainsi que
la responsabilité de contribuer à faire avancer le Québec d'ici octobre 2022. J'ose croire que nous pourrons
apprendre, que nous pourrons nous inspirer du peuple autochtone devant ce défi qui est le nôtre. Vous me permettrez de vous raconter
brièvement une allégorie autochtone qui le démontre.
An old Cherokee is teaching his grandson
about life. A fight is going on inside me, he says to the boy. The same fight is going on inside you and
inside of every other person too. It is a terrible fight, and it is between two
wolves. One is evil, he is anger,
envy, sorrow, greed, arrogance, self-pity, guilt, resentment, inferiority,
lies, false pride, superiority and ego.
Et puis il
y a l'autre loup, il raconte. L'autre
loup est bon et n'est que joie, paix, amour, espoir, sérénité, humilité,
bonté, bienveillance, empathie, générosité, vérité, compassion et foi. Le
petit-fils réfléchit pendant une minute, puis demande
à son grand-père : Mais, grand-père, lequel des deux loups va gagner? Le
vieux Cherokee lui répondit simplement :
Celui que tu nourris.
J'ose espérer que ce gouvernement
va s'inspirer de ces mots. Par contre, le discours inaugural du premier ministre
m'inquiète. Le grand chef de l'Assemblée des premières nations du Québec
et du Labrador, M. Ghislain Picard, a réagi
au discours ainsi en entrevue avec TV5, et je le cite : «Très peu a été
dit, à peine une ou deux références en lien avec les réalités de nos
peuples.»
Motion formulant un grief
Ce
qui m'amène, Mme la Présidente, à proposer l'adoption par l'Assemblée nationale de la motion de grief suivante :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement
le gouvernement caquiste et le premier ministre pour
l'absence d'une vision humaniste sur
l'avenir des relations gouvernementales
avec les Premières Nations et les Inuits, avec qui nous partageons le
territoire québécois.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
D'Arcy-McGee, et je vous rappelle que
votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité. Et maintenant, pour
la suite de ce débat, M. le leader adjoint...
M.
Schneeberger : Oui. Mme la Présidente, avec le consentement
de l'opposition, je demanderais que la députée de Bellechasse puisse
poursuivre quelques minutes après 21 h 30 pour qu'elle puisse finir
son allocution.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
dépasser quelques minutes après 21 h 30?
Des voix :
Consentement.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Il y a consentement? Alors, Mme la députée de
Bellechasse, vous avez la parole.
Mme Stéphanie Lachance
Mme
Lachance : Merci, Mme la Présidente. Chers collègues, je vous salue et je réitère tout l'honneur que
j'ai de prendre la parole en ce lieu
historique à vos côtés et de faire partie de cette cohorte de nouveaux et de
nouvelles députés qui ont été élus à la dernière élection.
Plusieurs
personnes m'ont appuyée, encouragée, aidée lors de cette
élection, et je souhaite que mes tout premiers mots leur soient adressés. Tout
d'abord, un immense merci du plus
profond de mon coeur aux gens de ma circonscription
de Bellechasse qui m'ont témoigné leur
confiance lors du scrutin. J'aimerais leur dire que j'honorerai le mandat
qu'ils m'ont confié en demeurant à
leur écoute, disponible et vaillante. J'aimerais qu'ils sachent que je suis
déterminée à travailler à la réalisation de leurs projets et à les représenter le plus fidèlement possible à l'Assemblée nationale. Ils sont, tout un chacun, des gens attachés à leur territoire
qui espèrent ce qu'il y a de mieux pour leur communauté.
Je
veux dire merci aux membres de ma famille, Nicolas, Delphine, Florence et
Camille, qui m'appuient chaque jour.
Je salue avec reconnaissance la merveilleuse équipe de bénévoles qui ont mis
leur temps, leur énergie et leur passion pour mener rondement cette élection. Je pense aussi aux députés de la Coalition avenir Québec de Chaudière-Appalaches
et à toute l'équipe de la permanence
nationale qui m'ont encouragée et donné de précieux conseils. Je désire aussi
saluer la contribution de ma prédécesseure, en la personne de Mme Dominique Vien, qui a représenté les gens
de Bellechasse dans cette enceinte pendant près de 15 ans.
Mme la Présidente, je suis la députée d'un comté aux mille beautés. Il s'agit d'une circonscription de 55 000 habitants située principalement en milieu
rural, au coeur de Chaudière-Appalaches, aux paysages à couper le souffle, aux gens généreux et créatifs.
Bellechasse offre de magnifiques destinations touristiques tout au long de
l'année. Que ce soit le Parc régional
du Massif, à Saint-Philémon, les chutes au parc à Armagh, le centre de ski du
Mont-Orignal ou du Massif du Sud, le
magnifique lac Etchemin, pour ne nommer que ceux-ci, tout est là pour offrir
des moments de détente sans pareil.
Bellechasse
est peuplée de gens passionnés, ingénieux et surtout fiers de leur coin de
pays. Les gens de la MRC de
Bellechasse, des Etchemins et de Lévis travaillent fort pour développer leur région. J'ai le
privilège de compter sur des élus municipaux qui sont totalement dédiés
aux mieux-être de leurs concitoyens. Ils sont les acteurs de premier plan dans le développement économique du
comté. Depuis mon élection comme députée,
j'ai eu la chance de rencontrer plusieurs
représentants des 29 municipalités et de la ville de Lévis. Ils m'ont présenté
leurs projets, m'ont parlé des défis auxquels ils doivent faire face. Je
leur redis aujourd'hui toute ma détermination à les épauler dans leurs
démarches.
Je
veux aussi saluer les dirigeants et les bénévoles qui oeuvrent au sein des
organismes communautaires dans la région de Bellechasse, Pintendre et des
Etchemins. J'ai pu apprécier leur dévouement de tous les instants à chercher
des solutions et des moyens pour
venir en aide aux gens qui en ont besoin. Je sais d'ailleurs qu'actuellement
plusieurs bénévoles travaillent à la
réalisation des paniers de Noël. Je les salue et je leur offre ma plus entière
collaboration, ainsi que celle de mon équipe de bureau de comté.
Par
ailleurs, à l'instar des résidents du Québec, les Bellechassois se préoccupent
de leur qualité de vie, Mme la Présidente.
Les enjeux principaux qui attirent leur attention sont l'accès aux soins de
santé, qui sont trop longs et trop loin pour plusieurs d'entre eux, la baisse démographique et la
dévitalisation, qui ont aussi un impact sur nombreux éléments essentiels, les services municipaux, les écoles de
village, la survie des églises et même des commerces de proximité. Je me
suis engagée à les soutenir dans les projets de revitalisation qui seront
proposés.
L'agriculture
représente une grande part de l'économie de Bellechasse. Durant ma campagne,
j'ai eu la chance d'être accueillie
par plusieurs producteurs agricoles qui ont généreusement donné leur temps pour
me donner des explications et me faire connaître et apprécier leurs
productions, leurs enjeux, leur apport à notre économie, notre garde-manger. Je
leur offre mon support dans les nombreux défis qu'ils ont à relever.
Il
y a aussi les entrepreneurs et industriels de Bellechasse qui peuvent compter
sur ma plus grande collaboration. Le talent et l'ingéniosité sont très
présents chez les Bellechassois. Plusieurs entreprises de Bellechasse
fabriquent des biens qui se retrouvent aux
quatre coins du monde, ce qui n'est pas peu dire de la qualité, du savoir-faire
des gens de chez nous.
• (21 h 30) •
Je sais que les défis
qui sont devant eux sont nombreux notamment celui du manque de main-d'oeuvre.
Ils peuvent compter sur mon appui pour contribuer à leur développement, leur
avancement.
Bien
entendu, le troisième lien routier à l'est entre Québec et la Rive-Sud est une
priorité pour le développement de
Bellechasse. Ce projet-phare est une source de motivation et d'espoir, et,
comme l'a souligné notre premier ministre, il permettra de construire un véritable système de transport structurant
entre les deux rives, de réduire la congestion et le kilométrage parcouru par
les camions de marchandise. Je compte ne lésiner aucun effort pour qu'il soit
mené à terme.
Je profite aussi de
ce moment pour exprimer ma gratitude à mon chef et premier ministre, qui m'a
attendue patiemment pendant mes moments d'hésitation, lorsque je vivais des
moments très difficiles en famille lors du décès tragique de mon fils, Raphaël, survenu en novembre 2016. Je
souligne au passage l'accueil de toute l'équipe, particulièrement de notre directrice, Brigitte Legault, et de la
députée de Montarville. Il m'a appuyé à maintes reprises en campagne électorale,
m'a confié la fonction d'adjointe
parlementaire du ministre de la Famille, une fois élue. Il sait à quel point la
famille est un sujet capital et
central pour moi. La famille et nos enfants représentent le plus précieux
cadeau que la vie nous offre. Je reconnais
l'importance du bien-être, de la sécurité de nos tout-petits et de nos grands,
des services à la famille adaptés à la
vie d'aujourd'hui et d'un milieu de vie qui soutient le développement de la
famille. Ils sont notre bonheur, notre richesse, notre avenir.
Finalement,
je veux profiter de cette allocution en Chambre pour saluer chacun de mes
collègues qui siègent ici, à l'Assemblée
nationale. Peu importe de quel côté de la Chambre nous nous retrouvons, peu
importe la formation politique à
laquelle nous appartenons ou encore le projet politique que nous portons, nous
avons tous à coeur le mieux-être de nos concitoyens et le développement du Québec. Je souhaite que nous
puissions faire équipe ensemble pour être au service des gens qui nous ont élus. Nous voulons tous un
Québec meilleur. Je souhaite que cette 42e législature nous permette d'agir maintenant pour le Québec de demain. Et je
vous assure, Mme la Présidente, je suis de cette nouvelle cohorte de
députés dont on parlera encore longtemps. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, Mme la députée de Bellechasse.
Ajournement
Et maintenant, compte tenu de l'heure, j'ajourne
nos travaux au mercredi 5 décembre, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 33)