Journal des débats (Hansard) of the Committee on Agriculture, Fisheries, Energy and Natural Resources
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, August 18, 2020
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Vol. 45 N° 41
Examination of the 2019-2020 estimates of expenditure
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10 h (version non révisée)
(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Lemay) :
Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Et aujourd'hui, nous sommes réunis afin de
procéder à l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles des crédits
budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice
financier 2020‑2021. Une enveloppe de 3,5 heures a été allouée pour
l'étude des crédits. Pour cette séance, le ministre sera accompagné d'Hydro-Québec.
Avant de commencer, est-ce qu'il y a consentement pour poursuivre deux minutes
au-delà de l'heure prévue? Consentement, merci.
Alors, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. M. Campeau (Bourget) est remplacé par M. Lamothe
(Ungava); Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée
par Mme Ghazal (Mercier); M. Roy (Bonaventure) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Nous allons donc maintenant procéder aux échanges entre les groupes
d'opposition et le ministre par blocs d'environ 20 minutes pour permettre
à chaque groupe d'opposition d'écouler graduellement son temps de parole. Le
temps d'échange inclut les questions et les réponses...
La Secrétaire
: …Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par Mme Ghazal (Mercier); M. Roy
(Bonaventure) est remplacé par M. Gaudreault (Jonquière).
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Nous allons donc maintenant procéder aux échanges entre les groupes
d'opposition et le ministre par blocs d'environ 20 minutes pour permettre
à chaque groupe d'opposition d'écouler graduellement son temps de parole. Le
temps d'échange inclut les questions et les réponses.
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc
d'échange. M. le député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Polo : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Je salue tous les membres présents, ça fait plaisir
de se revoir, de vous revoir, mais surtout le personnel qui accompagne le
ministre, bien sûr, bien avant tout, saluer la nouvelle P.D.G. d'Hydro-Québec,
Mme Brochu. Félicitations pour votre nouveau mandat. Et surtout, auprès des
femmes, d'avoir aussi, si on peut dire, briser un autre plafond de verre, en
tant que P.D.G. d'une grande société d'État, ici, au Québec, félicitations
également.
Je voudrais, si c'est possible, par
courtoisie aussi, peut-être donner quelques instants, là, au collègue ministre,
juste pour lui permettre de faire quelques salutations également avant qu'on
puisse commencer, là, avec les questions, si c'est possible.
Le Président (M. Lemay) : Bien
sûr. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien : Merci, cher
collègue. Très rapidement, je tiens à vous remercier tous d'être ici
aujourd'hui. Oui, effectivement, on est très heureux d'être avec Mme Brochu et
toute son équipe, là, Mme Boucher, Martin Imbleau, Éric Filion, Jean‑Hugues Lafleur,
Geneviève Fortier, Serge Abergel. Donc, je pense qu'on prêts, aussi avec
l'équipe ministérielle, à pouvoir répondre, aux meilleures de nos
connaissances, avec Hydro-Québec, à l'ensemble de vos préoccupations. Alors, un
grand plaisir d'y être, et également je tiens à saluer tous les collègues qui y
sont, dont mon collègue de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. M. le député de… Allez-y.
M. Polo : Mme Brochu,
avez-vous quelques mots d'introduction, si vous le souhaitez?
Le Président (M. Lemay) : Mme
Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Ah!
Simplement vous dire tout le bonheur que nous avons à être avec vous ce matin,
d'avoir l'opportunité de répondre aux questions, le cas échéant.
M. Polo : Excellent. M. le
Président, moi, je commencerais plutôt… j'inviterais Mme Brochu ou, en fait, la
P.D.G. d'Hydro-Québec, peut-être à nous faire un état de la situation.
Actuellement, on vit une pandémie, une situation particulière à travers le
monde. Ça affecte non seulement, là, les ménages québécois, les individus,
notre façon de nous comporter, etc., mais, bien sûr, ça affecte, bien sûr, la
façon comment Hydro-Québec… notamment les revenus, les services qui sont
déployés, la relation avec la clientèle. Bien sûr, la pandémie a commencé à la
fin de l'hiver, se poursuit pendant l'été. On parle déjà d'une deuxième vague
qui s'approche ou, en fait, qui est à l'horizon. Et, au mois de juin, Mme
Brochu a notamment, dans une entrevue, annoncé qu'en date de la mi-juin, donc
il y a à peu près deux mois de ça, qu'il y avait déjà des effets qui étaient percevables
ou perçus, au niveau des revenus.
Bien, commençons plutôt par une question
plus d'ordre général. Comment se porte Hydro-Québec, et surtout, dans le
contexte actuel, là, après presque cinq mois déjà de pandémie, quels sont les
effets que vous commencez... ou que vous constatez déjà à ce niveau-là?
Le Président (M. Lemay) : Oui.
M. le ministre.
M. Julien : Oui. Avant de
laisser la parole à Mme Brochu, naturellement, pour aller plus avant…
M. Polo : ...bien, commençons
plutôt par une question plus d'ordre général. Comment se porte Hydro-Québec, et
surtout, dans le contexte actuel, là, après presque cinq mois déjà de pandémie,
quels sont les effets que vous commencez... ou que vous constatez déjà à ce
niveau-là?
Le Président (M. Lemay) : Oui.
M. le ministre.
M. Julien : Oui. Avant de
laisser la parole à Mme Brochu, naturellement, pour aller plus avant, naturellement,
depuis le début de la pandémie, on regarde avec Hydro-Québec différentes
mesures, justement, pour juste faire en sorte que la clientèle soit le moins
impactée possible.
On constate, essentiellement, également
des impacts sur les revenus. Du côté industriel et commercial, il y a des
réductions. C'est normal, il y a eu des fermetures. Du côté, en fin de compte,
résidentiel, il y a une légère augmentation... bien, une légère... à peu près
5 %, due, naturellement, au télétravail, à la présence plus soutenue des citoyens
à l'intérieur de leur résidence.
Donc, oui, on mesure au quotidien
l'évolution de la situation, et je laisserai Mme Brochu poursuivre.
Le Président (M. Lemay) :
Avant cela, est-ce qu'il y a consentement pour que Mme Brochu puisse
répondre? Consentement. Mme Brochu, la parole est à vous.
Mme Brochu (Sophie) :
...alors, écoutez, le monde entier vit une circonstance exceptionnelle. Le
Québec ne fait pas exception, Hydro-Québec non plus. Je vous dirais que
beaucoup de choses changent chez Hydro-Québec, et j'aime à penser que la
pandémie révèle le meilleur de l'organisation, au sens où, en très, très peu de
temps, l'organisation a déployé des mesures exceptionnelles pour permettre,
d'abord, à ses employés de travailler de manière sécuritaire et aussi de
continuer à répondre aux besoins de la clientèle.
Évidemment, il y a des gens d'exploitation
terrain qui ont été mobilisés, pendant un certain temps, sur certains projets,
sachant qu'on espérait et qu'on a finalement pu reprendre des opérations
terrain. Mais, rapidement, près de 12 000 personnes se sont mises en
télétravail. Donc, on s'est retournés de bord sur un dix sous, hein, comme on
dit.
Par ailleurs, grande empathie de
l'organisation à l'égard de la clientèle, de nos concitoyens puis des gens
qu'on a la responsabilité de servir. Grande empathie parce que, d'entrée de
jeu, on a dit : Écoutez, il n'y aura pas d'interruption d'électricité. Si
vous avez des problèmes à payer vos factures, ne vous inquiétez pas, on
rediscutera de tout ça plus tard. On a mis en place des mesures d'allègement
également, pour faciliter la vie de nos clients affaires, et des discussions
individuelles avec nos grands clients industriels pour les aider à donner un
peu de visibilité à ce qu'ils vivaient puis ce qu'on pouvait faire pour eux.
Un exemple de ce que l'organisation a fait
de mieux, à mon sens, puis il y en a beaucoup, mais, à un moment donné, nos
équipes de service à la clientèle ont décidé, puis c'est tout au mérite d'Éric
Filion, qui est le président d'Hydro-Québec Distribution, et de son équipe, de
faire de la proaction avec les clients. Donc, on s'est mis à téléphoner nos
clients, pour dire : Comment allez-vous? Est-ce qu'il y a quelque chose
qu'on peut faire pour vous? On voit que vous accumulez un retard. Il n'y a pas
de stress. Si vous voulez, on peut prendre une entente de paiement. Et, au
début de ces appels-là, évidemment, les clients sont un peu surpris, un peu
anxieux puis, à la fin de l'appel, les gens sont extrêmement heureux.
Donc, beaucoup d'empathie. On réussit à
ramener les gens à recommencer leurs paiements quand ils le peuvent. On ne les
force pas, mais on les aide à réinitier tout ça.
Maintenant, il reste qu'il y a une
conséquence économique à tout ça. Hydro-Québec n'est pas dans un monde à part,
et nos clients...
Mme Brochu (Sophie) : ...à la
fin de l'appel, les gens sont extrêmement heureux. Donc, beaucoup d'empathie,
on réussit à ramener les gens à recommencer leurs paiements quand ils le
peuvent. On ne les force pas, mais on les aide à réinitier tout ça.
Maintenant, il reste qu'il y a une
conséquence économique à tout ça, hein? Hydro-Québec n'est pas dans un monde à
part, et nos clients ont réduit leur consommation. C'est vrai au Québec, c'est
vrai aux États-Unis. Alors, si j'avais à simplifier vraiment, il y a comme
trois grands pans financiers qui ont été frappés, la consommation d'électricité
au Québec, nos ventes d'électricité aux États-Unis, et sur le prix, et sur le
volume, et, par ailleurs — vous allez comprendre ça — quand
on a des grands projets de construction, les dépenses de la main-d'oeuvre qui
sont affectées à ces grands projets de construction sont capitalisées à
l'intérieur des projets, alors, quand les projets sont suspendus, on a encore
la main-d'oeuvre, mais ils ne peuvent pas être capitalisés. Donc, sur le bénéfice
net d'un plan comptable, on doit absorber cette charge-là.
• (10 h 10) •
De manière générale, très caricaturée, là,
200 millions pour les ventes au Québec de moins, à peu près
200 millions pour les exportations prix-volume, à peu près
200 millions pour la capitalisation de main-d'oeuvre qui autrement aurait
dû être capitalisée. Longue histoire courte, quand je me suis exprimée,
récemment, j'ai dit qu'il y aurait un impact de plusieurs centaines de millions
sur le bénéfice d'Hydro-Québec, et je maintiens ça en disant, par ailleurs,
qu'on va être, nous l'espérons, au nord de 2 milliards pour notre
bénéfice, cette année, comparativement à 2,8 milliards ou
2,9 milliards. On va être à peu près dans ces eaux-là.
Évidemment, je vous dis ça sous réserve
de... on ne connaît pas encore l'effet domino de l'impact de la première vague
et si, oui ou non, il y aura une seconde vague. Au meilleur de notre
connaissance, ce matin, c'est ce que je lpeux...
Le Président (M. Lemay) :
Merci.
M. Polo : Oui, bien sûr, c'est
très difficile d'anticiper le futur, surtout sans vaccin. C'est très difficile
d'entrevoir un retour à la normale à très court terme. Ceci dit, Hydro-Québec a
quand même l'habitude de faire des prévisions, là, sur une longue période de
temps. Et on est à quelques mois de l'automne, le retour des temps froids,
donc, bien sûr, la politique d'Hydro-Québec qui est normale, qui est une
politique qui est très, très solidaire à ce niveau-là, qui ne prévoit pas de
débranchement pendant l'hiver. Ceci dit, il y a des ménages à faibles revenus
qui sont très affectés. Comment vous entrevoyez, justement, en fonction d'un
scénario historique, actuellement, comment vous entrevoyez les prévisions à
court et moyen terme face tant au revenu, mais également peut-être
éventuellement aux dividendes qui est... versées au gouvernement?
M. Julien : ...Mme Brochu.
Pour l'instant, on mesure les effets au quotidien, de manière dynamique, de la
pandémie sur la clientèle, sur les revenus, à la fois sur les exportations, sur
les revenus intérieurs et sur les différents travaux. De se projeter... pour
être aléatoire... On connaît à peu près la mention de Mme Brochu de moins
600 millions, l'an dernier, c'était 2,9 milliards. Naturellement, il
y a des mesures qui sont en place et qui perdurent, là...
M. Julien : ...à la fois sur
les exportations, sur les revenus intérieurs et sur les différents travaux. De
se projeter... pour être aléatoire, on connaît à peu près la mention de
Mme Brochu de moins 600 millions, l'an dernier, c'était
2,9 milliards. Naturellement, il y a des mesures qui sont en place et qui
perdurent, là, l'annulation des frais d'administration soit intérêts, en
réalité, et frais de retard à la clientèle justement pour éviter une pression
supplémentaire sur la clientèle. Certaines mesures aussi prévues dans les
clauses de contrats des grands consommateurs sont en place parce qu'il y avant
la notion de pandémie dans ces contrats-là. Mais de se projeter au-delà, en
réalité, sur cet automne, dépendant comment va se dérouler l'automne, ça
devient un peu arbitraire, ou différents scénarios peuvent être analysés. Mais
peut-être que Mme Brochu va compléter.
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
en fait, j'ajouterais... parce que, quand même, vous soulevez un point qui est
extrêmement important, les ménages à faible revenu. On entretient, avec les
organisations qui s'occupent des ménages à faible revenu, d'excellentes
relations, avec les ACEF notamment. Et ce sont des conversations que nous avons
client par client, ménage avec ménage. Donc, je ne voudrais pas que ces gens-là
aujourd'hui aient une anxiété très grande par rapport au futur. On va continuer
de faire preuve d'empathie avec les ménages à faible revenu. On va évidemment
s'attendre à ce que ceux qui sont capables de payer leur facture, assument leur
facture.
Puis, encore une fois, sur l'évolution de
la demande, il n'y a pas de doute, monsieur, qu'il va y avoir un impact sur la
consommation, la nature de la consommation. Et ce n'est pas parce que je ne veux
pas vous répondre, mais c'est parce que, bien humblement, il faut comprendre
qu'on ne sait pas trop devant quoi on est. Donc, encore une fois, on pense à
être un peu au-dessus de 2 milliards de bénéfice, qui va normalement se
reconstruire à travers le temps et le plus rapidement possible. Et si on peut
donner un coup de main, et c'est notre intention, au rebond de l'économie du
Québec, on va le faire, c'est certain.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : On entend beaucoup
de la part du gouvernement, bien sûr, mettre l'emphase sur la relance
économique dans le contexte actuel. La relance économique est aussi en grande
partie reliée à la capacité des ménages, bien sûr, à consommer ou à faire
rouler l'économie. Quand on parle des ménages, que ce soit les ménages à faible
revenu ou les ménages en général, bien sûr, les ententes d'étalement, de
remboursement ou de paiement de facture est définitivement des facteurs ou, en
fait, des situations avec lesquelles on est très familiers les députés et moi.
Ceci dit, quand on parle d'une situation
qui s'échelonne sur deux hivers, arrive un certain moment donné où ce n'est
plus juste une entente de paiement basée sur quelques mois d'hiver où on a eu
un peu plus de misère, là, on parle de presque 12 mois, sinon plus. Ça,
c'est un facteur. Jusqu'où les ménages soient les faibles revenus ou autre vont
être capables d'avoir de l'empathie de la part d'Hydro-Québec à leur donner non
seulement plus de temps, mais c'est parce qu'à un certain moment donné, la
facture s'additionne, s'accumule, même si elle est reportée sur le temps, elle
s'accumule de très grande façon.
Deuxièmement, vous avez de plus en plus...
M. Polo : …vont être capable
d'avoir de l'empathie de la part d'Hydro-Québec à leur donner non seulement
plus de temps, mais c'est parce qu'à un certain moment donné, la facture
s'additionne puis s'accumule. Même si elle est reportée sur le temps, elle
s'accumule de très grande façon.
Deuxièmement, vous avez de plus en plus
d'entreprises qui se préparent déjà à peut-être demander à leurs employés de
continuer à travailler à partir de la maison, d'une part. Donc, ça, ça affecte
aussi… ça change la dynamique de travail. Donc, d'une part, aussi, peut-être
une augmentation de la consommation. Jusqu'à quel point cette empathie
d'Hydro-Québec envers les clients résidentiels va aussi se transférer ou se
traduire par une empathie de la part du gouvernement auprès d'Hydro-Québec en
fonction de ses responsabilités et de ses obligations envers le gouvernement?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui. Il n'y a pas
de doute pour nous, là, puis Hydro-Québec… puis les discussions que j'ai avec
Mme Brochu… fait preuve d'empathie dans la situation actuelle et des
mesures ont été planifiées et sont appliquées à la fois pour le secteur
résidentiel, pour le secteur industriel, le secteur commercial. Maintenant,
c'est beaucoup, en réalité, quand on prend le résidentiel, comme on a mentionné
précédemment, plus de frais de retard, plus de frais d'intérêts.
Et il faut aussi concevoir que le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial… met en place des mesures de
soutien et de support, en réalité, auprès des citoyens, auprès des industries.
Alors, on pense que ces mesures-là sont celles qui doivent être privilégiées.
Naturellement, Hydro-Québec, dans son carré de sable, applique des mesures
justement pour s'assurer que la clientèle soit le moins impactée possible, même
pour réduire la pression sur la clientèle, et… Mais les mesures qui peuvent
être prises ont certaines limites et je crois que c'est plus les gouvernements
fédéral et provincial, par des mesures larges qui touchent spécifiquement les
besoins de manière éclairée, qui peuvent intervenir à cet effet-là.
Le Président (M. Lemay) :
…rajouter quelque chose?
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
je rappelle qu'on n'est pas du tout dans le mode d'interrompre, non plus,
l'électricité à personne, ça fait que ça, je veux bien qu'on se comprenne. Puis
je veux aussi quand même nous rappeler collectivement que le Québec bénéficie
des tarifs résidentiels électriques les plus bas en Amérique du Nord. Ça ne
soustrait pas à notre devoir d'empathie, mais disons que ça nous positionne
favorablement pour… par rapport à nos concitoyens nord-américains.
Le Président (M. Lemay) :
Député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Mais si on regarde
plus spécifiquement… puis j'entends le ministre lorsqu'il fait référence,
disons, aux programmes fédéraux, programmes provinciaux, de la façon comment
les différents programmes… les différents gouvernements se sont adaptés ou
organisés en fonction de soutenir ses Québécois, Canadiens au niveau de leurs
revenus, mais vous le savez, M. le ministre, que mensuellement ou peut-être
bimensuellement, les Québécois reçoivent une facture d'Hydro-Québec et il y a
là un impact direct au quotidien d'un… si on peut dire, d'une responsabilité
qu'ils doivent assumer.
Ma question, c'est… et vous avez utilisé
une phrase assez particulière, Mme la P.D.G., lorsque vous avez dit : On
n'est pas dans une business d'éliminer les dettes, mais plutôt de les repousser
dans le temps. Par contre, le ministre parle ouvertement de réduire les tarifs
pour certaines clientèles soit commerciales ou industrielles afin de…
M. Polo : …et vous avez utilisé
une phrase assez particulière, Mme la P.D.G., lorsque vous avez dit : On
n'est pas dans une business d'éliminer les dettes, mais plutôt de les repousser
dans le temps. Par contre, le ministre parle ouvertement de réduire les tarifs
pour certaines clientèles, soit commerciales ou industrielles, afin de relancer
l'économie. Pourquoi ce discours-là ou cette idée-là ou, si on peut dire, cette
vision-là ne pourrait pas s'appliquer, par exemple, auprès des clientèles
résidentielles?
M. Julien : …avoir mentionné
réduire les tarifs d'aucune façon, là, il y a des programmes qui sont en place.
Actuellement, quand on a regardé la perspective, puis on s'est assis avec
Hydro-Québec assez rapidement, dès le début de la pandémie, à la fois pour la
relance économique que vous avez mentionnée, cher collègue, là, on a développé,
de mémoire, 24 ou 25 mesures qui ont été présentées pour dire comment
Hydro-Québec peut participer à la relance économique du Québec, soit par
rapport à certains travaux d'infrastructure, soit par rapport à certains gestes
qui peuvent être faits, par exemple, le délai triphasé pour le secteur
agricole, donc plusieurs mesures.
Maintenant, ce qu'on dit, c'est
qu'Hydro-Québec, en réalité, dans son terrain de jeu, vient cibler, de venir
dire : On ne mettra pas une pression indue à la fois sur la clientèle
commerciale, résidentielle, industrielle, par rapport aux difficultés
momentanées. Et on vient mettre en place, en fin de compte, un mécanisme qui
fait en sorte qu'il n'y a pas de frais d'administration, pas de frais d'intérêt
sur les retards. Tout ce qu'on vient de mentionner, c'est que l'outil
d'Hydro-Québec n'est pas l'outil du gouvernement fédéral ni du gouvernement
provincial qui peut regarder, de manière beaucoup plus vigilante et de manière
beaucoup efficiente, un soutien auprès, en fin de compte, de ses différentes
clientèles.
Je m'explique. De donner, en réalité, des
baisses de tarifs majeures sur le résidentiel pourrait profiter à certains
individus, mais pas se rendre, en réalité, auprès des individus qui en ont
réellement besoin, tandis que les mesures provinciales et fédérales ciblées
pour un soutien, soit aux résidents, soit aux citoyens, soit à l'industrie, au
commercial sont beaucoup mieux ciblées. Donc, oui, on participe, on ne met pas
une pression supplémentaire. On met en place des mécanismes qui favorisent la
poursuite des activités, mais ce n'est pas l'outil le plus efficient pour
atteindre ce que vous souhaitez.
• (10 h 20) •
M. Polo : Comme on a eu de
longs débats à ce niveau-là, M. le ministre, je veux dire, tous les Québécois
savent qu'Hydro-Québec leur appartient, puis je pense que, dans une situation
actuelle, cette empathie que démontre la société d'État auprès de ses clients,
je pense que le gouvernement aurait bien intérêt aussi à peut-être se
l'approprier puis de dire : Regardez comment on peut bien cibler, parce
que je suis d'accord avec vous, peut-être une mesure mur à mur, au niveau d'une
réduction de tarifs, n'est peut-être pas la plus appropriée, mais Dieu sait
qu'Hydro-Québec sait très bien, a beaucoup d'informations sur chacun des
ménages et sait très bien quels sont les ménages qui en ont le plus besoin,
etc.
C'est là où je considère que, dans le
contexte actuel, le gouvernement passe à côté de peut-être démontrer encore
plus d'empathie justement sur la facture qui est reçue par chacun des
contribuables québécois de la part d'Hydro-Québec. C'est là que je vous
demande : Est-ce que vous avez avez une ouverture? Parce qu'on entend ce
discours-là de la part du gouvernement, de comment relancer l'économie, de
comment soutenir les PME, comment soutenir la grande industrie, etc., mais on
ne l'entend pas assez auprès du consommateur moyen, des familles les plus
démunies et pas seulement le report de paiement…
M. Polo : ...de la part d'Hydro-Québec.
C'est là que je vous demande : Est-ce que vous avez une ouverture?
Parce qu'on entend ce discours-là de la
part du gouvernement, de comment relancer l'économie, de comment soutenir les PME,
comment soutenir la grande industrie, etc., mais on ne l'entend pas assez
auprès du consommateur moyen, des familles les plus démunies, et pas seulement
un report de paiement ou un étalement de paiement, mais, définitivement,
comment est-ce qu'on peut leur permettre de respirer un peu plus en sachant,
là, que cette société d'État qui nous appartient tous fait un effort
additionnel en leur permettant justement d'avoir peut-être un peu moins de
stress quand ils reçoivent la facture d'Hydro-Québec.
M. Julien : Je réitère,
en réalité, qu'Hydro-Québec met en place des mesures justement pour réduire le
stress auprès de l'ensemble de la clientèle. Et, quand on est arrivés sur
certains éléments industriels ou grands consommateurs, on a discuté avec Hydro-Québec
et des téléphones ont été faits à l'ensemble de ceux-ci pour justement avoir...
quelle était leur position. Et je crois que ces gens-là étaient rassurés par
rapport à la position d'Hydro-Québec et du gouvernement.
Je réitère également, comme mentionnait
Mme Brochu, que l'effet escompté... On n'a pas de boule de cristal, on
voit l'effet jusqu'à présent, à peu près 600 millions. Et Mme Brochu
mentionne, bon, probablement qu'à la fin de l'exercice on va être au-dessus,
quand même, de 2 milliards de dividende.
Tout ce que je viens de mentionner, c'est
qu'Hydro-Québec fait preuve d'empathie, prend des mesures spécifiques pour
éviter, justement, un bris de service pour ne pas mettre de la pression
supplémentaire auprès de sa clientèle, bien au contraire.
Mais ce dividende-là qui est distribué au
gouvernement par la suite, le ministre des Finances, le ministre de l'Économie,
l'ensemble du gouvernement qui regarde les mesures à prendre, qui vont coûter
quand même plusieurs milliards, comme elles ont été annoncées, pour soutenir
les citoyens, les commerces, l'industrie, c'est via ce mécanisme-là qui est
beaucoup plus efficient et ciblé sur le besoin spécifique.
Donc, Hydro-Québec fait sa part en
disant : On enlève de la pression sur les consommateurs. Mais le
gouvernement prend la grande part en disant : Voici les mesures
spécifiques pour aider les citoyens et le commerce.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député.
M. Polo : M. le ministre,
ce que les Québécois entendent de votre part, c'est que le dividende qui est
généré par Hydro-Québec, c'est votre priorité la plus importante et que vous
voulez vous assurer que les revenus qui sont générés, ou à tout le moins le
dividende qui va être versé au gouvernement, c'est votre intérêt principal, et
non pas l'intérêt des contribuables et de regarder comment est-ce qu'on peut
faire baisser justement la pression pour les contribuables à la fin de la
journée.
Actuellement, il y a un contexte mondial
qui affecte tous les ménages. Ça se répercute autant sur l'économie et sur la
capacité de consommation des ménages québécois. Et ce qu'ils voudraient
entendre de votre part et de la part du gouvernement auprès d'Hydro-Québec,
c'est de regarder comment est-ce qu'on peut alléger cette pression, comment est-ce
qu'on peut alléger ce stress qui leur est imposé. Et actuellement il n'y a
aucune, aucune empathie de votre part à justement essayer d'alléger cette...
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le député de Laval-des-Rapides. Ceci termine ce premier bloc
d'échange. Nous allons maintenant passer la parole à la députée de Mercier, du
deuxième groupe d'opposition.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Bien, bonjour, tout le monde, M. le ministre,
Mme Sophie Brochu, messieurs dames du cabinet du ministre et du ministère,
et aussi à mes collègues. Je suis très contente d'être ici parmi vous
aujourd'hui.
Je vais avoir une question... En fait,
j'ai une période de 10 minutes maintenant, je vais en avoir une autre plus
tard. Je vais poser ma question pour profiter de la présence de Sophie Brochu
dans le deuxième 10 minutes. Pour le premier, je vais poser ma question à M. le
ministre.
Je vais aller sur les subventions...
Mme Ghazal : ...aujourd'hui. Je
vais avoir une question... En fait, j'ai une période de 10 minutes maintenant.
Je vais en avoir une autre plus tard. Je vais poser ma question pour profiter
de la présence de Mme Sophie Brochu dans le deuxième 10 minutes. Pour le
premier, je vais poser ma question à M. le ministre.
Je vais aller sur les subventions à
l'industrie extractive, quand on parle des minières, pétrolières et gazières.
On le sait, normalement, on s'attend à ce que ces compagnies-là, quand elles
viennent extraire ces ressources-là ou faire de l'exploration, normalement, on
s'attend à ce qu'elles paient pour ça. Mais au Québec, ce qu'on fait, c'est
qu'on donne des subventions indirectes, que ce soit par des crédits d'impôt aux
grandes corporations ou aussi des déductions d'impôt pour les actionnaires de
ces compagnies-là, donc pour les particuliers. J'aimerais, dans le fond, poser
la question au ministre : Est-ce qu'il sait à quelle hauteur s'élèvent les
pertes fiscales qui sont associées à ces deux mécanismes là de subventions
indirectes qu'on donne à cette industrie extractive?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Bien, écoutez,
pour moi, ce n'est pas, en réalité, la notion de pertes fiscales mentionnée par
ma collègue de Mercier... L'an dernier, lors de l'étude des crédits, votre
collègue de Rouyn-Noranda avait questionné justement sur la fiscalité du
domaine minier, et, bon, la dernière étude, de mémoire, elle relève de 2015, du
ministre des Finances... du ministère des Finances, qui démontre clairement
qu'au Canada la fiscalité la plus avantageuse pour une province en termes
miniers, c'est celle du Québec, qui prend en compte, en fin de compte,
l'ensemble des éléments, à la fois, en réalité, le support à l'industrie, à la
fois les redevances versées, à la fois les impôts payés par les employés, à la
fois les impôts payés par les entreprises. Donc, au Québec, actuellement...
c'est ici, dans toutes les provinces du Canada, que la fiscalité est la plus
avantageuse pour le gouvernement sur le secteur minier.
Mme Ghazal : Ça, c'est... Oui,
absolument, puis il y a encore des documents, dans le ministère, qui
disent : On est les plus avantageux, venez, venez, parce qu'on donne
beaucoup, beaucoup de cadeaux fiscaux. En fait, moi, j'ai fait une demande
d'accès à l'information auprès de Revenu Québec sur les crédits d'impôt et les
discussions sur les 20 dernières années. Ce qu'on a donné, c'est
3,8 milliards de dollars au cours des 20 dernières années. Je n'ai pas la
dernière année, au moment où la CAQ est arrivée, mais à entendre le ministre,
j'ai l'impression qu'on va continuer ce qui a été fait dans le passé. Donc, de
2001 à 2018, c'est 3,8 milliards.
Puis ce que j'ai envie aussi de mentionner
plus spécifiquement... Parce que le ministre dit, bien : C'est avantageux
parce que ça nous rapporte, donc c'est comme un... on a un retour sur
investissement. Je ne sais pas si le ministre peut documenter ce retour sur
investissement. Parce que, si on prend uniquement la partie crédits d'impôt,
qui, elle, est de 1,6 milliard, donc 1,2 milliard sur les 20
dernières années, c'est 123 millions qui ont été donnés à des sociétés qui
n'ont aucune opération au Québec. Elles ne font rien ici au Québec. 54 %
de cet argent-là, donc, 600 millions, à des sociétés étrangères. Leur siège
social n'est pas au Québec. 316 millions de dollars à des sociétés qui
n'ont aucun employé au Québec. Donc, je ne sais pas quelles retombées elles ont
faites. Elles ont eu des cadeaux, mais c'est quoi, les retombées?
Moi, j'aimerais ça que le ministre me dise
s'il trouve ça normal qu'on donne à des compagnies qui ne bénéficient
aucunement au Québec...
Mme Ghazal : ...316 millions
de dollars à des sociétés qui n'ont aucun employé au Québec. Donc, je ne sais
pas quelles retombées elles ont faites. Elles ont eu des cadeaux, mais c'est
quoi les retombées? Moi, j'aimerais ça que le ministre me dise s'il trouve ça
normal qu'on donne à des compagnies qui ne bénéficient aucunement au Québec.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Oui. Merci, M. le
Président. Écoutez, je pense qu'on s'est mal compris, ma collègue de Mercier et
moi. Tantôt, quand j'ai dit que je disais que c'était la fiscalité la plus
avantageuse, ce n'était pas pour les entreprises, c'était pour le Québec par
rapport aux autres provinces, c'est-à-dire que c'est au Québec qu'on exige le
plus, en réalité, des entreprises minières en termes de retombées fiscales à
travers le Canada. Alors, c'est sûr qu'on peut prendre chacun des éléments puis
dire : Oui, il y a des subventions qui sont faites, il y a le MEI via
Ressources Québec, via différents éléments. Après ça, naturellement, il y a des
milliers d'emplois, c'est-à-dire qu'il y a 32 000 emplois directs et
indirects, avec une rémunération au-dessus de 100 000 $ en moyenne,
avec impôts payés. Naturellement, il y a des bénéfices, avec les redevances
minières qui sont payées, qui sont dans des sommets actuellement. Donc, quand
on regarde global du secteur minier au Québec, en termes de fiscalité, c'est au
Québec, dans toutes les provinces du Canada, où on met le plus de pression sur
l'industrie minière.
Mme Ghazal : Ma question n'est
pas dans le portrait global; elle est très, très spécifique par rapport aux
impôts, là. Je parlais de la fiscalité, donc pas les subventions qui sont
données, puis là on exige qu'il y ait un retour sur les investissements pour
les Québécois. Je parle vraiment des crédits d'impôt et des déductions
d'impôt — donc, le crédit d'impôt, c'est pour les entreprises, je
l'ai dit, sur les 20 dernières années, 1,6 milliard — et
pour ce qui est des contribuables. C'est-à-dire que, quand il y a une personne,
souvent c'est des gens avec des salaires... même 200 000 et plus. Ils
donnent 1 000 $, ce qu'on appelle les actions accréditives, puis les
deux gouvernements, les deux paliers de gouvernement vont leur 695... En tout
cas, c'est... ils ont un retour de 70 %. Donc, moi, c'est ça, ma question,
c'est pour cet argent-là, pour que les Québécois sachent l'argent qu'ils ont
payé à ces industries extractives en subventions indirectes, en crédits
d'impôt, le 3,8 milliards sur 20 ans. Qu'est-ce que ça leur a
rapporté quand c'est des entreprises, comme je le disais, pour la plupart, qui
ne sont pas au Québec, qui ne sont pas opérantes au Québec, qui n'ont pas de
siège social au Québec? Qu'est-ce que ça leur a donné, pas le portrait global,
spécifiquement sur cette question-là?
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
• (10 h 30) •
M. Julien : Oui, M. le
Président. Je ne peux pas répondre à la question de Mme la députée de Mercier.
Elle ne veut pas un portrait global, mais c'est un portrait global, la
fiscalité, en fin de compte, du secteur minier. C'est-à-dire, quand un
investisseur regarde, en réalité, la possibilité... comme on dit, ils ont le
choix des bonbons pour investir, là. Tu as l'Australie, tu as l'Amérique du
Sud, tu as l'ensemble des pays, puis tu as le Québec, tu as l'Ontario, tu as la
Colombie-Britannique, qui sont des grands joueurs canadiens, en fin de compte,
dans le secteur minier. Quand on regarde le portrait global, on ne peut pas
faire du «cherry picking» puis venir dire : Oui, ici, on a donné quelque
chose, qu'est-ce que ça a donné? Il faut regarder la fiscalité dans son entièreté.
Alors, l'investisseur, lui, il regarde qu'est-ce que ça lui coûte de venir
investir au Québec. Et ce que je réitère, c'est qu'à travers le Canada, de
toutes les provinces, le système fiscal du Québec, c'est lui qui donne le plus,
en fin de compte, de retours par rapport à toutes les provinces, quand on
regarde toute la fiscalité, alors à la fois l'impôt payé, les redevances
payées...
10 h 30 (version non révisée)
M. Julien :
...investisseur, lui, il regarde qu'est-ce que ça lui coûte de venir investir
au Québec. Et ce que je réitère, c'est qu'à travers le Canada, de toutes les
provinces, le système fiscal du Québec, c'est lui qui donne le plus, en fin de
compte, de retour par rapport à toutes les provinces, quand on regarde toute la
fiscalité, alors à la fois l'impôt payé, les redevances payées, l'impôt payé
par les travailleurs, les subventions, le soutien.
Donc, il faut qu'on le regarde effectivement
dans une globalité. On ne peut pas le regarder, dire : Oui, mais cette
portion-là ne nous donne rien. Oui, mais l'investissement, lui, nous donne quelque
chose, les 1 000 employés nous donnent quelque chose, à
100 000 $ et plus pour telle mine, le 1 milliard d'investissement
pour partir une mine qui, en fin de compte... qui est à 80 % et plus faite
par des entreprises québécoises, donne, en réalité, des emplois indirects.
Quand on regarde l'ensemble du portrait selon l'analyse du ministère des
Finances, c'est au Québec qu'on retire le plus de l'industrie minière à travers
le Canada.
Mme Ghazal : Est-ce
que... dans l'analyse du ministère des Finances, est-ce qu'on parlait aussi de
ce 3,8 milliards sur 20 ans?
M. Julien : Il faudrait
voir, en fin de compte. L'analyse du ministère des Finances, qui date de 2015,
de mémoire, prend tous les spectres, en réalité, toutes les sommes qui sont
retirées, toutes les sommes qui sont investies, et c'est au net.
Donc, oui, il y a plusieurs mesures qui
viennent supporter, en réalité, l'apport d'investissements de compagnies au Québec
dans le secteur minier. Oui, on voit les redevances, puis l'industrie minière
disent : Les redevances sont trop élevées. Oui, on voit également, en fin
de compte, la fiscalité par rapport à l'impôt sur les industries, l'impôt sur
l'individuel, les sous-jacents, en réalité, des emplois indirects créés.
Alors, quand on prend l'ensemble de la
tarte, l'ensemble des éléments du secteur minier, c'est au Québec qu'on est le
plus... qu'on obtient le plus de retombées économiques dans le secteur minier
selon le dollar investi.
Mme Ghazal : Moi,
j'aurais aimé avoir des... Parce que je pose une question précise, j'aurais
aimé avoir des réponses précises. Le ministre pense que oui, globalement, c'est
une bonne chose. C'est une bonne chose, par exemple, que la moitié des
déductions d'impôt soient allées à des gens... je parle des... bien, ce n'est
pas des contribuables, mais c'est des personnes, là, pas morales, mais
physiques, qui ont des salaires de 200 000 $ et plus. Donc, le ministre...
Moi, ce que je veux savoir : Est-ce
que cet argent-là, de leur donner, d'être aussi généreux juste en déductions
d'impôt puis crédits d'impôt, est-ce que ça vaut vraiment la peine? Si on ne
donnait pas cet argent-là, est-ce qu'ils investiraient ici parce qu'ils
trouveraient quand même leur compte, étant donné qu'il y a d'autres subventions
directes, par exemple, par Investissement Québec? C'est cette question-là
précise.
J'ai les données qui sont ici, peut-être
que je peux même les déposer. Moi, j'aimerais ça que le ministre ait une
curiosité par rapport à ça, de dire : O.K., on a donné tant. Est-ce qu'on
va continuer dans la même stratégie que dans le passé? J'aimerais qu'il ait
cette réflexion-là puis cette curiosité de dire : Oui, on a... C'est
généreux, c'est avantageux, c'est bon pour l'économie du Québec, mais est-ce que
c'est 100 % bon? Peut-être pas. Peut-être que cette portion que la députée
de Mercier lui amène... là, je parle à la troisième personne, ce n'est pas une
bonne chose, mais peut-être que ce que moi, je lui amène, ce n'est pas...
peut-être que ça va... peut-être que c'est à remettre en question. Je veux
savoir si le ministre est curieux.
M. Julien : Oui, mais, M.
le Président, non seulement je suis très curieux, ça fait deux ans que je
travaille, en fin de compte, dans ce secteur-là avec toutes mes équipes et avec
l'industrie minière.
Et je réitère que ce que fait la députée
de Mercier actuellement, c'est de pointer des éléments, mais qui sont regardés
par les investisseurs. C'est des investisseurs quand même assez sérieux. Quand
on vient mettre 1 milliard pour une mine au Québec, bien, habituellement,
ils regardent l'ensemble du portrait, c'est-à-dire à la fois les...
M. Julien : ...je suis très
curieux. Ça fait deux ans que je travaille, en fin de compte, dans ce
secteur-là, avec toutes mes équipes, avec l'industrie minière et je réitère que
ce que fait la députée de Mercier actuellement. Tu sais, c'est de pointer des éléments,
mais qui sont regardés par les investisseurs. C'est des investisseurs quand
même assez sérieux, qu'on vient mettre 1 milliard pour une mine au Québec,
mais habituellement, ils regardent l'ensemble du portrait, c'est-à-dire à la
fois les redevances qui doivent être payées, l'impôt qui doit être payé et ce
qu'on voit actuellement, c'est qu'il y a un glissement. Le Québec, en réalité,
est de moins en moins attractif par rapport au secteur minier, pas seulement
pour les investisseurs. Naturellement il y a les notions réglementaires, etc.,
mais actuellement, au Canada, on est l'endroit où on exige le plus de
compagnies minières quand on regarde le portrait global.
Donc, si ma collègue dit : Oui, mais
trouvez-vous normal qu'on donne ça ici pour attirer les investisseurs,
c'est-à-dire que si je ne prends pas le portrait global, l'investisseur, lui,
il dit : Ça coûte combien aller faire des investissements au Québec, aller
faire des affaires au Québec? Et si cette globalité-là montre qu'au Québec,
c'est ici qu'on en retire le plus?
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Donc, le temps étant écoulé sur ce bloc d'échange, on
reviendra tout à l'heure, Mme la députée, et, en même temps, si vous voulez
déposer un document, je vous invite à le transmettre au secrétariat, ou
courriel du secrétariat, et puis on regardera pour le dépôt.
M. le député de Laval-des-Rapides, la
parole est à vous.
M. Polo : Ah! merci. Merci
beaucoup, M. le Président.
Je vais poursuivre, M. le Président, avec
quelques questions, notamment au niveau des surplus, des surplus d'Hydro-Québec
au niveau de sa capacité de production, parce que...
Une voix
: ...
M. Polo : Oui, oui, oui. Non,
parfait, pas de problème.
Non, je voulais aborder la question des
surplus, parce que dans les derniers mois ou, en fait, dans les dernières
semaines, ça a été annoncé publiquement qu'Hydro-Québec prévoyait une baisse
des surplus, une diminution des surplus au cours des 10 prochaines années.
Notamment un porte-parole d'Hydro-Québec Distribution s'est prononcé sur ce
sujet-là et je voulais savoir, à tout le moins pour commencer, quels sont les
surplus actuels d'Hydro-Québec, en termes de production?
M. Julien : Alors, en termes
de production, puis naturellement, il faut le voir globalement, alors, oui, on
voit le spectre, en réalité, de surplus de distribution puis le surplus de production.
Ce qu'on a toujours mentionné, puis on réitère ça, là, avec Hydro-Québec, c'est
2021‑2022, on va devoir vraiment s'interroger sur les prochaines phases de développement.
On mentionnait ça il y a deux ans, on le mentionne encore l'an dernier et cette
année.
Donc, il faut le voir dans une perspective
globale et je vais laisser Mme Brochu mentionner que ce n'est pas des surplus,
mais on doit plus le qualifier... Je vous laisse le qualifier, Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Alors,
merci.
Alors, petit moment historique aujourd'hui...
petit moment historique, parce que personnellement, je n'aime pas beaucoup le
mot «surplus», qui ne caractérise pas la situation actuellement d'Hydro-Québec.
Un surplus, ça ne vaut rien, ça ne coûte pas cher puis tout le monde peut
l'avoir gratis et c'est comme ça qu'au sud de la frontière, on nous attend,
parce qu'on a des surplus.
Or, un surplus, c'est un restant de table.
Ce qu'on a, c'est un repas qui n'a pas encore été servi. Ce qu'on a, c'est de
l'énergie disponible qui va trouver preneur chez nous ou au sud de la
frontière. Chez nous, parce qu'on accroît l'électrification de certains
usages...
Mme Brochu (Sophie) : ...et
c'est comme ça qu'au sud de la frontière on nous attend parce qu'on a des
surplus. Or, un surplus, c'est un restant de table. Ce qu'on a, c'est un repas
qui n'a pas encore été servi. Ce qu'on a, c'est de l'énergie disponible qui va
trouver preneur chez nous ou au sud de la frontière. Chez nous, parce qu'on
accroît l'électrification de certains usages. Chez nous, parce qu'on va réussir
à attirer des entreprises qui vont vouloir consommer l'électricité. Au sud de
notre frontière, parce que les gens prisent l'électricité. Alors, si vous
voulez bien, on va parler d'énergie disponible qui demeure à être écoulée. Moi,
j'appelle ça un potentiel latent. Puis ce n'est pas juste de la sémantique parce
que la posture mentale de nos clients potentiels est complètement différente
sachant qu'on parle de surplus.
On regarde Hydro-Québec de manière
générale. Il y a Hydro-Québec Production dans son ensemble et il y a Hydro-Québec
Distribution. Quand on dit : Vous faites référence avec justesse sur le
fait qu'on va arriver à une période où on va être dans une situation plus
serrée au niveau du bilan de la puissance et de l'énergie, c'est au niveau d'Hydro-Québec
Distribution. Au niveau d'Hydro-Québec Production, il y a un potentiel latent,
et c'est ce potentiel latent là qui s'est construit au fil du temps parce qu'on
a choisi, au cours des dernières années, de construire des ouvrages, des
barrages pour nous donner une capacité économique, une capacité électrique, encore
une fois, pour supporter notre économie.
Alors, au niveau d'Hydro-Québec Production
dans son ensemble, nous avons toutes les énergies disponibles à la fois pour
servir le Québec, à la fois pour servir l'augmentation de la consommation chez
nous et à la fois pour servir des grands contrats d'exportation comme ceux
qu'on contemple par exemple au Massachusetts.
Pour ce qui est d'Hydro-Québec
Distribution, Hydro-Québec passe des contrats not avec Hydro-Québec Production
mais aussi avec d'autres partenaires de production privés pour
s'approvisionner. Et elle commence à lever la main, mon collègue Éric Filion
commence à lever la main pour dire, quelque part en 2026, là, évidemment, le
contexte de pandémie a probablement retardé de quelques mois, donc probablement
fin 2026, on va commencer à avoir besoin d'apports additionnels à ceux dont on
dispose aujourd'hui. Pourront répondre des producteurs privés, pourra répondre Hydro-Québec
à partir des capacités disponibles dont elle dispose.
Le Président (M. Lemay) : ...Laval-des-Rapides.
M. Polo : Effectivement. Et ce
que je crois en comprendre au niveau d'Hydro-Québec Distribution, c'est que...
et justement, ils ont commencé à discuter ou à faire un tour de différents
fournisseurs potentiels pour réévaluer, si on peut dire, le mix énergétique, notamment
le secteur éolien. Et je m'en réjouis, M. le ministre.
Parce que nous avons eu... À votre arrivée
au gouvernement, nous avons eu de nombreux échanges, notamment sur le Parc
éolien d'Apuiat et autres. On vous a vertement critiqué de laisser tomber ce projet-là.
Et là, ce que j'en comprends, c'est que le premier ministre est ouvert et il
respecte sa parole à ce niveau-là en disant que, lorsque le moment sera venu,
ça va être un des premiers projets qui vont être considérés. Est-ce que c'est
toujours le cas?
M. Julien : ...des bonnes
discussions par rapport à ça. Naturellement, actuellement, il y a
3 667 MW d'éolien au Québec. Et ce qu'on a mentionné, c'est que
prochain projet de développement énergétique, au Québec, serait Apuiat quand le
besoin se fera. Et...
M. Julien : ...des bonnes
discussions par rapport à ça. Naturellement, actuellement, il y a
3 667 MW d'éolien au Québec, et ce qu'on a mentionné, c'est que le
prochain projet de développement énergétique, au Québec, serait... quand le
besoin se fera. Et, naturellement, là, on voit que toute la notion
d'exportation a avancé, la semaine dernière, avec le référendum et la situation,
et on pense qu'éventuellement le mix doit être bien analysé. Et on voit aussi
l'évolution, là. Les premiers contrats qui ont été faits, 100 MW étaient à
0,13 $, 0,14 $. Actuellement, là, on voit en bas de 0,06 $ certains
projets éoliens.
Donc, cette mixité où on a la batterie,
puisqu'on a beaucoup d'hydroélectricité au Québec, 94 %, 95 % de
notre énergie électrique, ça permet, justement, d'avoir une mixité intéressante
avec d'autres formes, et on va le regarder attentivement, et cette mixité-là
doit être au bénéfice, naturellement, des citoyens du Québec.
• (10 h 40) •
M. Polo : Parfait. Mais je
reviens... Parfait. Je comprends qu'il y a Hydro-Québec Distribution, mais il y
a Hydro-Québec Production. On parle de combien, en termes de potentiel, actuellement,
produit ou, si on peut dire, généré qui reste à être... qui rester à trouver
preneur, si on peut dire? Juste pour être précis.
M. Julien : Juste avant de
passer la parole à Mme Brochu, il faut comprendre que, le surplus de
production, on ne le perd pas, là. On a un marché spot. On fait des échanges,
en fin de compte, spot. Naturellement, la réalisation de grands contrats avec
le Mass, avec New York ferait en sorte de mettre, en contrats long terme, une
stabilité, dans le marché, par rapport à ces... pas ces surplus mais ces
potentiels latents. Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Bon,
alors, écoutez, vous me permettrez peut-être deux, trois petites choses, si
vous me permettez, là, puisque j'en ai l'occasion. Le boulot d'Hydro-Québec...
Je vais parler d'Hydro-Québec Distribution, parce que la première responsabilité
d'Hydro-Québec Distribution, évidemment, c'est l'approvisionnement fiable,
concurrentiel de sa clientèle. Sa deuxième responsabilité, tout aussi importante,
à notre avis, c'est d'aider ses clients à consommer mieux et moins de ce qu'on
leur vend. Et il se dégage, du coup, des capacités très importantes que l'on
revalorise, encore une fois, soit au Québec ou soit aux États-Unis.
On a fait sortir des petits chiffres,
parce que là j'arrive, je suis la «rookie», je demande toutes sortes
d'informations parce que je pars de zéro, et, quand on regarde depuis 2003,
toutes les mesures d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec pour économiser
l'électricité correspondent à 10 TWh, et ça, c'est le contrat... l'équivalent
du contrat d'exportation avec le Massachusetts.
Alors, c'est dire que non seulement on
augmente le nombre de nos clients, mais on autogénère un potentiel latent
additionnel. Alors, ça, on s'y applique, et je tiens à le nommer parce que la
première responsabilité, avant de penser aux approvisionnements, c'est ça.
Après ça, du côté d'Hydro-Québec, comme M. le ministre l'a dit, notre
électricité trouve preneur.
La grande richesse d'Hydro-Québec, ce
n'est pas seulement — et c'est déjà immense — ce n'est pas
seulement de produire de l'électricité renouvelable et qui est verte, c'est
d'avoir une capacité de...
Mme Brochu (Sophie) : …après
ça, du côté d'Hydro-Québec, comme M. le ministre l'a dit, notre électricité
trouve preneur. La grande richesse d'Hydro-Québec, ce n'est pas seulement — et
c'est déjà immense — ce n'est pas seulement de produire de
l'électricité renouvelable et qui est verte, c'est d'avoir une capacité de
l'entreposer. Et ça, c'est immense. On parle beaucoup des batteries, hein, des
batteries qu'on peut installer chez nos clients puis ils vont jouer un rôle de
plus en plus important, puis on y travaille nous-mêmes, au développement des
batteries.
Mais la plus formidable des batteries du
Québec, ce sont nos réservoirs. Alors, ces réservoirs-là peuvent accumuler de
l'eau, peuvent accumuler une énergie latente en attendant qu'on ait les
conditions les plus favorables possible pour les écouler. Cet hiver, par
exemple… Cet été, par exemple, compte tenu de la pandémie, les prix de
l'électricité n'étaient pas tout à fait au rendez-vous. Si on avait été
complètement au fil de l'eau, il aurait fallu couler l'eau puis laisser l'eau
aller puis la vendre au prix du marché. On a choisi, on a ces capacités-là de
garder de cette électricité-là et de la vendre plus tard dans le temps. Ça ne
manipule pas du tout les prix, ça ne change pas les prix qu'on soit sur le
marché ou pas, là, on n'a pas cette capacité-là à influencer le prix du marché,
mais ça nous permet à nous d'attendre d'avoir les conditions propices.
Et cette capacité-là d'entreposage efface,
si vous voulez, la notion du fameux surplus dont on parle. Alors, est-ce qu'on
est capables de répondre à toute la demande du Québec? La réponse, c'est oui.
Est-ce qu'on est capables de répondre à notre contrat qu'on a signé avec nos
collègues du Massachusetts? La réponse, c'est oui.
Aujourd'hui, nous entretenons des
discussions avec d'autres marchés, que ce soit au Canada ou aux États-Unis,
puis on pourra ajouter aussi des grands projets éoliens au Québec, qui
viendront se jumeler aux capacités d'Hydro-Québec pour servir nos marchés
limitrophes. Merci…
Le Président (M. Lemay) : …
M. Polo : Merci, M. le
Président. Puis j'aimerais, avant de poursuivre avec mes questions, juste
amener peut-être un petit commentaire parce que M. le ministre et nous, élus,
on a l'occasion de se côtoyer six mois par année ici, de façon
hebdomadaire, mais Mme la P.D.G., Mme Brochu, on n'a pas l'occasion
d'échanger aussi souvent avec elle. Donc, je comprends que M. le ministre
intervient à chacune de mes questions, mais mes questions sont plutôt dirigées
à la P.D.G. d'Hydro-Québec. Donc, si ce serait possible, M. le Président, de
permettre peut-être un dialogue un peu plus direct comme ça on peut maximiser
le temps que nous avons avec la P.D.G., compte tenu qu'on n'a pas le privilège
de l'avoir aussi souvent que le ministre?
Ceci dit, M. le Président, les points apportés
par Mme Brochu m'amènent deux, trois questions, notamment au niveau
de cette capacité de rétention des barrages, est-ce que vous êtes en train de
confirmer qu'il n'y a eu aucun délestage dans la dernière année, dans les
dernières années? Cette capacité permet encore d'accumuler de l'eau, et donc,
de conserver ce potentiel à vendre à meilleur prix? Est-ce que c'est ce que
vous confirmez?
Mme Brochu (Sophie) :
...pardon.
Le Président (M. Lemay) : Pour
répondre à la question du député de Laval-des-Rapides, le ministre a toujours
l'opportunité de pouvoir céder la parole, mais il a toujours l'opportunité de
vouloir répondre si besoin il y a. Donc, sur ce, Mme Brochu, allez-y.
Mme Brochu (Sophie) : On peut
prendre un café. Je voulais vous dire ça aussi…
M. Polo : ...pouvez-vous
confirmer?
Mme Brochu (Sophie) :
...pardon.
Le Président (M. Lemay) : Pour
répondre à la question du député de Laval-des-Rapides, le ministre a toujours
l'opportunité de pouvoir céder la parole, mais il a toujours l'opportunité de
vouloir répondre si besoin il y a. Donc, sur ce, Mme Brochu, allez-y.
Mme Brochu (Sophie) : On peut
prendre un café. Je voulais vous dire ça aussi. Tu sais, on se voit là, là,
mais, tu sais, tout le monde m'appelle, je rencontre tout le monde. Venez me
voir n'importe quand, n'importe quand. Ça va me faire plaisir, là, on n'est
pas... on est pas mal, là, là. Alors, ça va me faire plaisir de vous rencontrer
tous.
La question, c'était quoi encore, là?
Une voix
: Délestage.
Mme Brochu (Sophie) : Ah!
délestage. Alors, la... Sur le passé, il y a déjà eu ce qu'on appelle des
déversements. On ne prévoit pas ça à court, à moyen terme, malgré le fait que
la consommation ait baissé. Il y a la capacité des grands réservoirs
d'entreposer et il y a aussi... et il y a ça, là, il y a où tombe l'eau. Si
l'eau tombe en amont des barrages, c'est une chose. S'il pleut en aval des
barrages, c'est une autre chose. Mais aujourd'hui, compte tenu de la circonstance
des réservoirs, on ne voit pas ça à court, à moyen terme. Et on a choisi
sciemment, encore une fois, cette année de laisser monter l'eau, justement,
pour attendre les prix en question.
Alors là, vous me ferez grâce du passé,
parce que j'ai suffisamment à apprendre le présent puis le futur, mais pour le
court et le moyen terme, là, c'est là qu'on est.
M. Polo : ...de notre capacité
à fournir en électricité tous les ménages québécois... en fait, tout l'ensemble
du territoire québécois, si on se projette dans l'avenir, parce qu'on parle
depuis quelques années déjà, là, d'une électrification non seulement des
transports, mais de l'électrification à grande échelle, là, du Québec, dans un
scénario très optimiste ou idéal, si on peut dire, est-ce que la capacité
actuelle permettrait de répondre à cet... disons, à ce projet
d'électrification, à très grande échelle, à l'ensemble du territoire québécois?
Le Président (M. Lemay) : Mme
la ministre.
M. Julien : ...avec ce qu'on a
entre les mains, on a suffisamment de potentiel, cher collègue, là, pour aller
d'avant. Puis on a des discussions avec le programme d'électrification du Québec,
voire, justement, c'est quoi le bon mixte. Parce qu'il y a toujours la notion
d'énergie, avec du potentiel latent, et il y a toujours la question de
puissance, également, pour avoir le bon mixte. Comme on mentionnait, en période
de puissance et qui... certains enjeux, on ne peut pas non plus bâtir des infrastructures.
Ce serait comme faire trois ponts pour l'heure de pointe. Alors, il faut que tu
aies une mixité, justement, entre l'énergie, l'hydroélectricité et, en période
de puissance, qu'est-ce qu'on fait. Alors, comment est-ce qu'on accumule?
Est-ce qu'on va une mixité d'énergie? Mais c'est certain qu'on a de la place.
Ce qu'on constate dans les
10 dernières années, même maintenant les 12, parce que je... c'est qu'il y
a une stabilisation par rapport à la demande d'énergie au Québec. Alors, c'est
une ligne. Donc, à la fois, il y a des gains qui ont été mentionnés par
Mme Brochu de 10 mégawatts, en termes d'efficacité énergétique, puis,
à la fois, le développement économique a fait une croissance de la demande.
Donc, oui, on a les marges puis on y travaille fortement.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Et quand on parle
d'infrastructure ou de grande structure d'Hydro-Québec, est-ce que je
comprends, M. le ministre, que...
M. Julien : …10 MW, en
termes d'efficacité énergétique, puis, à la fois, le développement économique a
fait une croissance de la demande. Donc, oui, on a les marges puis on y
travaille fortement.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Polo : Et quand on parle
d'infrastructures ou de grandes structures d'Hydro-Québec, est-ce que je
comprends, M. le ministre, que, dans le contexte actuel, que ce soit, par
exemple, la baisse des exportations, la baisse de la consommation industrielle
et commerciale, notamment, vous n'entrevoyez plus de constructions de grands
barrages? Parce qu'à ma connaissance ça a fait partie du discours de votre
premier ministre depuis des années, de retourner à la construction de grands
barrages. Est-ce que c'est la commande que vous avez passée ou les discussions
que vous avez avec Hydro-Québec?
M. Julien : …comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, on regarde actuellement, puis ce qu'on voit poindre
avec M. Filion, en réalité, 2026‑2027. Quand je disais 2021‑2022, c'est qu'on
ne peut pas attendre d'être rendu aux besoins pour planifier. Et on va
regarder, en fin de compte, tous les potentiels en termes économiques et en
termes, naturellement, de l'électrification verte par rapport aux ajouts de
développement puis on va prendre les éléments les plus efficients,
transformation à moindre coût.
Donc, est-ce que c'est de l'augmentation
de puissance, par exemple, sur des ouvrages actuels? Est-ce que c'est de
l'éolien? Est-ce que c'est du photovoltaïque? Est-ce que c'est de nouveaux
ouvrages? On va regarder, en fin de compte, qu'est-ce qui est le mieux pour
répondre. Et, comme je le mentionnais tout à l'heure, on a actuellement
95 %, 94-95 % d'hydroélectricité, 4-5 % d'éolien, 1 %, en
fin de compte, dans des réseaux autonomes avec, en réalité, du pétrole. Mais
cette mixité-là est opportune, justement, pour voir… on a la chance de pouvoir
réajouter plusieurs sources puisqu'on a notre batterie hydroélectrique qui est
là, qui donne un courant constant, sur demande.
M. Polo : Et, Mme Brochu, dans
les informations qu'on a obtenues, en lien notamment avec tous les efforts et
les budgets qui sont alloués pour faire, si on peut dire, le démarchage de
nouveaux marchés à l'exportation, certaines des données qui nous ont été
communiquées spécifiaient que l'ensemble ou presque la totalité des budgets
dévoués à cela dans la dernière année ont été concentrés au niveau de l'État du
Maine, et j'en suis très conscient qu'avec, si on peut dire, l'Épée de Damoclès
qui était le possible référendum, c'est normal qu'il y ait des efforts
accentués vers cet État-là.
• (10 h 50) •
Ceci dit, ça veut dire que, dans la
dernière année, il n'y a eu aucun effort, aucun budget alloué à faire du
démarchage, que ce soit poursuivre les discussions ou à faire du démarchage
auprès de l'Ontario, auprès de d'autres États du Nord-Est américain. Parce que
c'est un peu cette vision-là de l'alliance énergétique qui a été présentée aux
Québécois, au peuple québécois, comme étant un projet un projet ambitieux. Et
là certains Québécois se posent si c'est … au lieu de l'ambition, c'était
peut-être un peu d'illusion qui leur a été présentée, là, à ce niveau-là.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : ...je vais passer
la parole à Mme Brochu par la suite. Le manque d'ambition, c'est quand
même surprenant, là, une semaine après l'annonce, en réalité, là, par rapport
au référendum du Maine, que mon collègue de Laval-des-Rapides tienne ce genre
de discours-là. Je pense qu'on doit se réjouir, puis je l'ai déjà mentionné, il
faudrait se réjouir, là, des…
M. Polo : ...présenté, là, à ce
niveau-là.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : ...je vais passer
la parole à Mme Brochu par la suite. Le manque d'ambition, c'est quand
même surprenant, là, une semaine après l'annonce, en réalité, là, par rapport
au référendum du Maine, que mon collègue de Laval-des-Rapides tienne ce genre
de discours là. Je pense qu'on doit se réjouir, puis je l'ai déjà mentionné, il
faudrait se réjouir, là, des efforts qui sont faits par Hydro-Québec et des
résultats qu'on obtient.
Effectivement, il y a eu des sommes
investies assez importantes parce qu'il faut comprendre aussi comment ça
fonctionne. Dans le Maine, en réalité, bien, il y a des joueurs, là, qui ne
souhaitent pas voir l'hydroélectricité arriver. Vous comprendrez très bien que
l'énergie actuellement utilisée, à bien des égards, c'est le gaz, et certains
diront qu'il faut se battre à armes égales pour faire valoir... Et on le sait,
on a la vertu avec nous, c'est de l'énergie verte, de l'énergie renouvelable.
On ne peut pas être assis sur nos mains puis espérer que ça va fonctionner.
Donc, je pense que le travail
d'Hydro-Québec de démarchage, à la fois dans le Maine, à la fois pour le Mass,
à la fois pour New York est très probant et on peut se réjouir des résultats
obtenus jusqu'à présent. Je pense qu'on s'en vient vers des résultats très
concrets. Et les étapes ne sont pas sautées, elles sont travaillées de manière
diligente par Hydro-Québec.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Oui,
bien, en fait, je vous rassure. Là, je ne sais pas ce à quoi vous faites
référence toujours, là, mais je vous rassure quant au fait qu'Hydro-Québec
entretient des discussions puis des conversations avec, non seulement nos
clients québécois, mais aussi avec nos collègues des provinces voisines et des
états voisins. Bien sûr, le Massachusetts, vous connaissez l'état du contrat.
Ce que nous venons de connaître comme dénouement au Maine est extrêmement
heureux. On ne prend rien pour acquis. On ne prend rien pour acquis parce qu'il
reste quand même des haies à franchir d'ici à ce qu'on puisse mettre ce
projet-là en construction. Donc, on va continuer de s'y affairer. On va
continuer de parler à des gens et... Oui?
Une voix
:
...pousuivez, poursuivez.
Mme Brochu (Sophie) : Oui,
c'est correct. Et donc on va continuer à consentir des efforts importants. J'ai
mon collègue ici, M. Imbleau, dont le mandat spécifique est de développer
les marchés en question. Vous avez vu l'annonce du gouverneur Cuomo. Vous avez
vu l'annonce de la ville de New York. Nous sommes à pied d'oeuvre pour discuter
avec eux. Nous sommes en discussion avec le Nouveau-Brunswick, en discussion
avec la Nouvelle-Écosse, et on l'espère, sous peu en discussion très
constructive avec Terre-Neuve.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup.
M. Polo : Et, Mme Brochu,
le deal qui ne pouvait être refusé par les Ontariens, à la sauce de la nouvelle
P.D.G. d'Hydro-Québec, comment peut-il être amélioré selon vous?
Le Président (M. Lemay) :
Environ 30 secondes.
Mme Brochu (Sophie) : Pardon?
Le Président (M. Lemay) : 30
secondes environ à ce bloc.
Mme Brochu (Sophie) : 30
secondes, 30 secondes. L'électricité, sur tous les territoires, est un
sujet loadé émotivement et politiquement. Je pense qu'on comprend tous ça. En
Ontario, c'est un sujet politique et économique. Et la loi de la gravité
devrait amener l'Ontario à consommer l'électricité du Québec qui est moins
chère, renouvelable, verte, avec des lignes disponibles. Un gouvernement
choisit d'autres voies pour des considérations sociopolitiques qui sont les
leurs. Alors, ce qu'il serait très raisonnable pour n'importe qui de ce côté-ci
de la frontière de juger...
Mme Brochu (Sophie) : ...à
consommer l'électricité du Québec, qui est moins chère, renouvelable, verte,
avec des lignes disponibles. Un gouvernement choisit d'autres voies pour des
considérations sociopolitiques qui sont les siennes. Alors, ce qu'il serait
très raisonnable pour n'importe qui de ce côté-ci de la frontière de juger
évident est jugé différemment. On respecte ça, et on reste en contact avec eux,
puis on leur dit : Si, puis bien, puis quand vous aurez besoin, on ira.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup, Mme Brochu. Ceci complète ce bloc d'échange, et j'achète... je
cède maintenant la parole au député de Jonquière, porte-parole du troisième
groupe d'opposition.
M. Gaudreault : Oui. Alors,
bonjour. Je veux d'abord vous féliciter pour votre nomination. C'est vraiment
une bonne nouvelle aussi pour les femmes, parce que vous êtes la première femme
à devenir P.D.G. d'Hydro-Québec, société d'État dont nous sommes très, très
fiers. Moi, je voudrais intervenir sur l'entente qui est intervenue entre Hydro-Québec
et Mercedes-Benz le 4 février 2020 pour le développement des technologies de
batterie à électrolyte solide. Mes questions seront à Mme Brochu. À ce
moment-là, M. Karim Zaghib était le directeur général du Centre d'excellence en
électrification des transports et en stockage d'énergie d'Hydro-Québec. Mais,
le 19 juin 2020, en pleine pandémie, on a appris que M. Zaghib est nommé
conseiller stratégique chez Investissement Québec, et, lors du communiqué de
presse qui a été émis à ce moment-là, on a appris évidemment qu'en passant à
Investissement Québec, M. Zaghib n'était plus D.G. du Centre d'excellence en
électrification des transports et en stockage d'énergie.
Première question, juste pour être
clair... Parce que, quand je vais sur la page du Centre d'excellence en
électrification des transports et en stockage d'énergie, c'est toujours M.
Zaghib, et présentement, là, au moment où on se parle, qui est inscrit comme
directeur général du centre d'excellence. Alors, est-il réellement encore le
D.G. ou est-ce qu'il a été remplacé? Si oui, par qui?
Le Président (M. Lemay) : Mme
Brochu, allez-y.
Mme Brochu (Sophie) : Bon.
Alors, écoutez, là, vous comprendrez qu'on rentre dans le petit peu pointu, là.
Je vais vous dire ce qu'il en est. M. Zaghib a quitté Hydro-Québec. Il a fait
beaucoup pour Hydro-Québec, il a développé grandement les capacités puis les
connaissances d'Hydro-Québec en matière de batteries. M. Zaghib, maintenant,
est passé... En fait, il a une double fonction : il est chez Investissement
Québec, où il conseille le président sur le dossier des batteries, mais aussi
sur tout le dossier de l'utilisation de l'électricité des batteries, et, comme
vous le savez, le ministre de l'Économie, le gouvernement travaille sur une
filière complète dont... qui requiert... dont la batterie, et M. Zaghib est
allé travailler là; il a également pris charge de cours dans une université, je
ne me souviens plus laquelle, je pense que c'est McGill. Mais suivez-moi.
Alors, il y a... Donc, il n'est plus... Si la page n'est pas à jour, alors vous
nous en excuserez, puis on va s'assurer de mettre tout ça à jour. Vous avez
trouvé quelque chose que je n'avais pas vu.
M. Gaudreault : Mais qui l'a
remplacé?
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
en fait, je vous dirais... Et puis ça me permet de faire un point que je trouve
important pour nous tous au Québec, là. Chez Hydro-Québec, maintenant, on a une
personne qui est responsable de l'innovation de bout en bout. Auparavant...
Mme Brochu (Sophie) :
...s'assurer de mettre tout ça à jour, vous avez trouvez quelque chose que je
n'avais pas vu.
M. Gaudreault : ...
Mme Brochu (Sophie) : Mais,
en fait, je vous dirais... Et puis ça me permet de faire un point que je trouve
important pour nous tous au Québec, là. Chez Hydro-Québec, maintenant, on a une
personne qui est responsable de l'innovation de bout en bout. Auparavant...
Puis ce n'est pas pour juger du passé. D'abord, ce n'est pas mon style, deux,
ce n'est pas utile. Mais, auparavant, l'innovation était un peu partout chez
nous. Alors, aujourd'hui, nous avons David Murray, qui est aussi président d'Hydro-Québec
Production, qui est responsable de mettre tous ces morceaux-là de toutes les
innovations qu'on fait chez Hydro-Québec, du barrage jusque dans les résidences
et les bâtiments, voir où on est présents, voir où on voudrait ne plus être,
parce que ça se peut, et voir où on voudrait accroître notre présence.
Ce centre d'excellence là, pour répondre à
votre question, est sous l'égide de M. David Murray qui est en train de
revoir toute l'organisation du travail Pour avoir discuté avec lui, il y a
d'excellentes personnes qui sont là. Évidemment, M. Zaghib avait aussi
contribué à l'attraction de certains talents. Mais il y a là des talents absolument
fabuleux. Je ne minimise pas le talent de M. Zaghib, mais je ne
sous-estime pas le talent des gens qui demeurent et qui sont là pour continuer
de nous accompagner.
M. Gaudreault : O.K. Donc, je
comprends que M. Murray remplace M. Laporte qui était à la direction Hydro-Québec
innovation.
Mme Brochu (Sophie) : Oui, en
fait, oui puis non. Est-ce que je peux répondre à ça, M. le ministre? O.K.
M. Laporte, c'est un gars formidable qui avait, bien avant mon arrivée,
indiqué son intention de prendre sa retraite après plusieurs décennies de bons
services. Dans des organisations, il y a toujours une personne un peu
extraordinaire qui est capable de pogner à peu près n'importe quoi puis de
s'occuper de bien des choses parce que c'est des gens très polyvalents.
M. Laporte avait différentes
fonctions transversales. Il avait, par exemple, les services partagés que j'ai
confiés à Éric Filion. Il avait les équipements que j'ai confiés à Marc
Boucher. Il avait l'innovation que j'ai confiée, donc, à David Murray. Donc,
David Murray a pris un bout de M. Laporte, M. Filion a pris un autre
bout, Marc Boucher a pris un autre bout. Donc, des fonctions transversales qui,
maintenant, sont déployées au sein de l'organisation.
M. Gaudreault : Bon, je pense
que tout le monde reconnaît, et vous l'avez dit vous-même, là, l'extrême
compétence et les connaissances extraordinaires de M. Zaghib. Maintenant
qu'il est rendu à Investissement Québec, moi, je veux savoir, il n'y a pas une
perte d'expertise par rapport à l'entente qui est intervenue entre
Mercedes-Benz et Hydro-Québec?
Parce que, quand on lit le communiqué sur
l'annonce de cette entente-là, c'est quand même assez extraordinaire, là, on
est très fiers de voir qu'Hydro-Québec va pouvoir développer vraiment des
activités de recherche et développement dans l'avenir des batteries, que
l'électrolyte solide devient vraiment la voie d'avenir pour les batteries, pour
le stockage, pour l'électrification des transports.
• (11 heures) •
Donc, que le plus hot, si vous me passez
l'expression, dans ce domaine-là, quitte pour Investissement Québec, là, on se
retrouve avec une entente entre Hydro-Québec et Mercedes sans le plus fort
là-dessus, qui est rendu chez Investissement Québec. Alors, moi, je veux
savoir, c'est... qu'est-ce qui arrive, là, de cette...
11 h (version non révisée)
M. Gaudreault : ...donc le plus
hot, si vous me passez l'expression, dans ce domaine-là, quitte pour Investissement
Québec. Là, on se retrouve avec une entente entre Hydro-Québec et Mercedes sans
le plus fort là-dessus, qui est rendu chez Investissement Québec. Alors, moi,
je veux savoir, c'est... qu'est-ce qui arrive, là, de cette entente entre
Mercedes-Benz et Hydro-Québec. Est-ce qu'elle est toujours active? Et est-ce
qu'on est sûr d'avoir la propriété intellectuelle conservée chez Hydro-Québec
pour de la recherche d'aussi haut niveau?
M. Julien : Juste pour
commencer, j'ai eu l'occasion d'aller visiter, à quelques reprises, deux, trois
reprises, là, le centre d'expertise. On parle, en réalité, d'un centre de
renommée mondiale, avec autant... de mémoire, 200 ingénieurs. Puis quand on
faisait la visite avec le directeur général, les compétences étaient... ce
n'est pas lui qui tenait, en réalité, tous les outils pour développer quand ils
faisaient des expériences.
Donc, il y a des chercheurs chevronnés,
plus de 200, puis c'est une reconnaissance mondiale, effectivement. Et, comme
le mentionnait Mme Brochu, je pense qu'il a participé fortement au recrutement.
Mais son départ auprès d'Investissement Québec ne fait pas en sorte que le
centre d'expertise est démuni, là. Je veux dire, c'est... il y a des gens
exceptionnels par rapport aux enjeux qui sont mentionnés par mon collègue de
Jonquière. Et naturellement, on travaille avec Investissement Québec, avec
Hydro-Québec au développement de cette nouvelle technologie là, à la fois,
même, le secteur minier, avec notre approche des minéraux critiques et
stratégiques, donc tout le volet lithium également qui est regardé.
Donc, pour moi, oui, il y a un
déplacement, mais il n'y a pas une perte d'expertise au sein du centre
d'expertise.
Le Président (M. Lemay) :
Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose?
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
je vous dirais que monsieur n'est pas parti en Californie, là. Monsieur est au
Québec, il est avec Investissement Québec. Il y a des échanges entre
Hydro-Québec et Investissement Québec. Il y a un groupe de travail qui a été
formé. Et moi, j'aime à penser qu'il n'y a personne sur terre, personne,
personne qui est le meilleur pour tout, tout le temps.
M. Gaudreault : O.K. Je veux
juste savoir...
Mme Brochu (Sophie) : Et
autour de M. Zaghib, il y a des grands talents.
M. Gaudreault : O.K. C'est
parce qu'il ne me reste vraiment pas beaucoup de temps. Pour ce qui est des
garanties de garder la propriété intellectuelle, chez Hydro-Québec, de cette
entente de... avec Mercedes-Benz sur la recherche concernant les batteries,
alors, est-ce que vous avez une réponse là-dessus?
Mme Brochu (Sophie) : ...oh!
pardon, pardon. Je peux vous donner une orientation pour la question spécifique
de Mercedes-Benz. C'est justement la responsabilité de M. Murray de voir à
s'assurer que les propriétés intellectuelles soient préservées, que les brevets
soient préservés et que, lorsqu'on s'engage avec un partage de brevets, à
s'assurer qu'on préserve, disons, la valeur associée à ces brevets-là.
Malheureusement, compte tenu du peu de temps qui s'est écoulé entre mon arrivée
puis ce dossier-là spécifique, je ne peux pas vous répondre de manière précise.
Mais je comprends très bien votre préoccupation, on la partage tous. Et, bien,
on vous fera part, là, de la suite des choses avec Mercedes.
Je vous dirais qu'il y a des dossiers
multiples, hein, au centre de recherche et des fonctions exploratoires avec
plusieurs partenaires, Daimler en étant une, mais il y en a d'autres, il y en a
plusieurs autres aussi.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Gaudreault : Oui. Bien,
c'est parce qu'il ne faudrait pas qu'on perde...
Mme Brochu (Sophie) : ...avec
Mercedes. Je vous dirais qu'il y a des dossiers multiples, hein, au centre de
recherches et des fonctions exploratoires avec plusieurs partenaires, Daimler
en étant une, mais il y en a d'autres, il y en a plusieurs autres aussi.
Le Président (M. Lemay) : M.
le député.
M. Gaudreault : Oui. Bien,
c'est parce qu'il ne faudra pas qu'on perde cette expertise. Moi, de voir que
le plus fort dans ce secteur-là est rendu chez Investissement Québec qui fait
affaire avec le secteur privé, alors qu'Hydro-Québec a une entente avec
Mercedes-Benz pour développer vraiment la filière d'une... de haut niveau de
recherche sur les batteries à électrolyte solide, moi, je veux m'assurer qu'on
ne revivra pas le moteur-roue 2.0, là, et qu'on va garder une expertise très
forte avec la propriété intellectuelle dans notre société d'État qui nous
appartient où on a investi dans la recherche à cet égard.
Mme Brochu (Sophie) : C'est
une réflexion légitime, nous la partageons.
M. Gaudreault : O.K. Il me
reste du temps, M. le... Combien?
Le Président (M. Lemay) : 30.
M. Gaudreault : O.K. Alors...
Parce que vous comprenez qu'avec les changements sur... que vous nous avez
communiqués avec Hydro-Québec Innovation, transfert de M. Zaghib à
Investissement Québec, site Web qui n'est pas à jour, vous allez me dire :
C'est un détail, mais, quand même, c'est assez étonnant. On a raison d'être
inquiets.
M. Brochu (Serge) : On est en
pandémie, hein? Alors, la mise à jour des sites Web pour dire qui mène quoi,
là... on est un petit peu dans le jus.
M. Gaudreault : C'est beau.
Mme Brochu (Sophie) : Mais je
n'excuse pas l'affaire. On me passe une note, parce qu'évidemment, comme je
vous dis, je ne sais pas tout. Ce sont nos brevets, ce sont nos brevets. Ce
sont les brevets d'Hydro-Québec.
M. Gaudreault : O.K.
Le Président (M. Lemay) :
Donc, ça complète ce bloc d'échange, et je cède maintenant la parole au député
de Laval-des-Rapides pour un prochain bloc.
M. Polo : Merci. Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais juste revenir sur quelques questions que j'ai faites
dans mon dernier bloc, en lien avec les discours ou, en fait, les messages
présentés ou partagés par le premier ministre, là, au cours des dernières
années qui, pour lui, selon lui, le développement économique passait notamment
par non seulement l'exportation, mais la construction de grands barrages. Ce
que j'en comprends de la réponse du ministre, c'est qu'actuellement, aucune
commande, aucune indication de ce genre n'ont été présentées à Hydro-Québec aujourd'hui,
deux ans plus tard, après l'arrivée de ce gouvernement. L'idée ou les projets
de construction de grands barrages ne font plus partie du discours du gouvernement
ou de la part d'Hydro-Québec. Est-ce que c'est bien ça que j'ai compris?
M. Julien : Non, bien non.
Bien, si vous avez compris ça, vous avez malencontreusement mal compris. Donc,
on dit qu'en 2021‑2022, on doit se pencher sur du développement pour, justement,
faire face à 2026‑2027 et, naturellement, faire face également aux différents
éléments qui pourraient arriver sur des exportations qui se matérialisent. Et
pour nous, ça va être de voir les développements qui sont les plus opportuns.
Et on n'exclut rien, bien au contraire, et Hydro-Québec est bien au fait des différents
potentiels, soit, en fin de compte, sur des ouvrages, de manière plus robuste,
sur une augmentation de puissance — il ne faut pas penser que
l'augmentation de puissance sur certains ouvrages actuels, ce n'est pas banal,
là, c'est beaucoup, beaucoup de mégawatts — sur le développement, en
fin de compte, effectivement, de l'éolienne ou de d'autres sources.
Donc, on va trouver la méthode la plus
efficiente...
M. Julien : ...au fait des
différents potentiels soit, en fin de compte, sur des ouvrages, de manière plus
robuste, sur une augmentation de puissance — il ne faut pas penser
que l'augmentation de puissance sur certains ouvrages actuels... ce n'est pas
banal, là, c'est beaucoup, beaucoup de mégawatts — sur le développement,
en fin de compte, effectivement, de l'éolien ou de d'autres sources.
Donc, on va trouver la méthode la plus
efficiente pour répondre aux besoins, et notre intérêt à tous, chez Hydro-Québec
comme au gouvernement, c'est d'avoir beaucoup de besoins pour en développer.
Le Président (M. Lemay) :
...parole au député de Laval-des-Rapides. Juste mentionner, pour la députée de Mercier,
que les documents, ils seront déposés sur Greffier, là. Donc, ils seront
disponibles pour votre prochain bloc. M. le député, allez-y.
M. Polo : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Mme Brochu, j'essayais de trouver... ou peut-être
que vous allez m'aider, là, de mémoire. La croissance des revenus d'Hydro-Québec,
O.K., au cours des prochaines années, disons, d'ici 2030, selon votre mémoire,
la croissance des revenus d'Hydro-Québec est portée... porterait l'augmentation
des revenus à combien, d'ici 2030?
Mme Brochu (Sophie) :
Existants. O.K. Bon, alors, on me présente, ici, pour m'aider à vous répondre,
le dernier plan stratégique d'Hydro-Québec, qui avait une cible, 2030, d'un
bénéfice net de 5,2 milliards de dollars avec un point de départ, 2020,
qui était prépandémie, près de... tout près de 3 milliards. Donc, une
augmentation significative. De cette augmentation-là, bon, évidemment, il y a
toutes sortes d'hypothèses qui sont faites, il y a l'implantation du contrat, notamment,
au Massachusetts et au Maine, et il y a les augmentations futures de
consommation au Québec.
Il y avait aussi, si ma mémoire est bonne,
puis là je fais presque regarder notre CFO, il y avait quelque chose comme 350 millions
de dollars où on espérait faire un investissement à l'international pour en
tirer des bénéfices... Je pense, quelque chose comme 300, 350 millions, c'est
ça? C'est bon. On me dit que c'est bon. Ce n'est pas pire. Alors, c'est ça.
300, 350 millions. Vous comprendrez que dans les... Et puis, encore une
fois, je ne juge pas du passé, ce n'est pas utile, ce n'est pas mon style, mais
faire des investissements considérables à l'international nécessite un contexte
propice, contexte qui était déjà très difficile prépandémie, qui l'est encore
davantage aujourd'hui.
Aujourd'hui, là, on est en train de revoir
notre plan stratégique. Ce n'est pas une mise à plat, hein? Ce n'est pas une
mise à plat parce qu'il y a beaucoup de choses, là-dedans, qui ont été pensées
et qui vont perdurer, peu importe quelle est la circonstance. Mais l'évolution
de nos ventes, l'évolution des exportations, l'évolution de la consommation
vont influencer la courbe. Nous avons... Nous allons avoir aussi des
discussions avec le gouvernement pour revoir la courbe de notre croissance.
Je vous donne un exemple de ce qui ne
changera pas et qui risque de s'accélérer : l'hydrogène. L'hydrogène avait
été identifié. Tantôt, on parlait de l'énergie disponible au Québec. Alors,
voilà un potentiel extraordinaire. Et l'hydrogène, c'est, à quelque part, les
nouveaux barrages du Québec. À quelque part...
Mme Brochu (Sophie) :
...l'hydrogène. L'hydrogène avait été identifié... Tantôt, on parlait de
l'énergie disponible au Québec. Alors, voilà un potentiel extraordinaire. Et
l'hydrogène, c'est à quelque part les nouveaux barrages du Québec, à quelque
part. Parce que ça va être une façon de transformer notre économie, de faire
des investissements. Ça n'exclut pas qu'il y ait de nouveaux barrages, mais, en
termes... Tu sais, on dit : On frappe l'imaginaire, et que peut-on faire
avec notre électricité, et que peut-on construire pour amener une hydrogène
verte qui va être un vecteur dans la nouvelle transition énergétique? Bien, ça,
c'en est un pan. Alors... Donc, histoire courte, on est à revoir le plan, puis
la progression va se faire en fonction de... à court terme, va se faire en
fonction de ce que l'on va vivre. Et c'est pour ça qu'on travaille si fort à
l'exportation sur les marchés limitrophes. Et on va travailler fort à la
consommation ici, mais une consommation qui va être sensée, économique et
porteuse.
• (11 h 10) •
Je... J'ai-tu le droit de continuer?
30 secondes, parce que c'est une affaire qui est importante, c'est une
affaire qui est importante. Parce qu'on parle de l'électrification des
transports et tout, là, puis la responsabilité qu'on a au Québec, que ce soit
vous, au gouvernement, les parlementaires et tout, puis nous chez Hydro-Québec,
c'est de... ce n'est pas d'électrifier, c'est de réduire nos émissions de gaz à
effet de serre. L'électrification est un moyen, un moyen super important qu'on
doit déployer. L'erreur qu'il ne faut pas faire, c'est de court-circuiter le
raisonnement puis de dire : On va tout électrifier. Ça ne sera pas
possible.
Prenez le tarif des serres. C'est
extraordinaire, on veut augmenter l'autonomie alimentaire du Québec, il fallait
réduire le tarif de serres. Et on a... Éric Filion et ses équipes, au cours des
dernières années, avaient développé un tarif qu'on avait appliqué en test
auprès des 10 plus grands serristes du Québec. Le test, c'est quoi? C'est
de dire : On va fournir de l'électricité pour la photosynthèse et on va
vous demander de vous interrompre une centaine d'heures pendant l'hiver parce
qu'on est serrés au niveau des surplus. Ça a fonctionné. Et là aujourd'hui le
tarif passe de 10 à 5,9 sous. Pourquoi? Non seulement on permet à
1 000 serristes d'accéder à ce tarif-là, non seulement on leur
dit : Avant, c'était pour la photosynthèse, maintenant vous allez pouvoir
chauffer, mais aussi on leur dit : Vous allez garder votre «backup» pour
la pointe avec le propane et le gaz naturel. Alors, c'est ça. On ne pourra pas
investir et tout électrifier, tout, tout le temps. Il va falloir travailler
avec les autres formes d'énergie.
Le Président (M. Lemay) :
Merci beaucoup.
M. Polo : Merci. Mais, Mme
Brochu, je veux juste préciser ma question sur l'aspect financier. Ma question,
c'était sur les revenus et non pas sur les bénéfices nets. Il y a une
différence entre les deux. L'estimation, les prévisions d'augmentation des
revenus... Et je vais vous dire tantôt pourquoi, là, mais quelle est la...
Mme Brodeur (Stéphanie) :
...si vous me disiez pourquoi, je vais essayer de trouver une autre façon de
vous répondre.
M. Polo : Bien, en fait, c'est
que je veux comparer un peu, notamment face au plan stratégique, là, qui a été
dévoilé, là, à la fin de l'année 2019... mais de savoir, il y a cinq ans,
votre prédécesseur anticipait que les revenus d'Hydro-Québec allaient doubler
d'ici 2030 et allaient s'établir à 27 milliards.
Mme Brochu (Sophie) : Oui.
Bien là... Oui. Prépandémie, avec des hypothèses d'acquisition de grandes
entreprises sur le marché international. Et je ne vous dis pas qu'on ne fera
pas d'international. D'ailleurs, on a investi 600 millions dans...
M. Polo : ...que les
revenus d'Hydro-Québec allaient doubler d'ici 2030 et allaient s'établir à 27 milliards.
Mme Brochu (Sophie) :
Oui. Bien là... Oui. Prépandémie, avec des hypothèses d'acquisition de grandes
entreprises sur le marché international.
Et je ne vous dis pas qu'on ne fera pas d'international.
D'ailleurs, on a investi 600 millions dans Innergex pour les aider à
devenir un joueur de classe mondiale. On leur a dit : On va vous appuyer
avec un portefeuille de 500 millions pour acheter des entreprises puis
vous développer, que ce soit dans le domaine de la batterie ou dans l'éolien,
et tout.
On va faire de l'international. Mais aujourd'hui,
là, si vous me dites : où est-ce qu'on met les énergies d'Hydro-Québec?
Puis ce n'est pas de dire que l'international n'est pas important, mais, avant
d'aller acheter un distributeur dans le trouble en Amérique du Sud, je vais
m'occuper des ménages à faibles revenus chez nous.
Et donc on... l'objectif, ce n'est pas de
développer du «top-line» puis d'être extraordinaires. On va avoir de la
croissance. On va avoir une croissance belle, qui va être supportée, qui va
être rentable pour le Québec, et au plan environnemental, et au plan financier.
On se reparlera dans quelques mois ou dans
un an, si jamais l'étude des crédits... qui pourrait s'appeler l'étude de
débits, parce qu'on ne reçoit pas de crédits, on en donne au gouvernement, ça
fait qu'étude des crédits-débits. On reviendra vous voir puis vous présenter
notre plan stratégique.
M. Polo : Mais, ceci dit,
Mme Brochu, moi, la question que j'ai pour vous, c'est... Et je comprends,
la question de la pandémie est quelque chose qui affecte l'ensemble des
prévisions, de cette vision. Mais vous savez, en temps de crise, c'est aussi
une opportunité.
Et actuellement on n'entend pas de votre
part depuis que vous êtes arrivée en poste que l'international représente cette
opportunité. C'est tout le contraire. Vous avez annoncé clairement que vous
vouliez vous concentrer sur le Québec, et j'en suis, comme tous les Québécois.
Et vous avez vu par la teneur de mes premières questions que l'intérêt des Québécois
prime avant tout.
Ceci dit, avec des revenus... Et c'est
pour ça que je vous repose la question : Quelles sont vos prévisions de
revenus d'ici 2030? Tout d'abord. Et, en fonction du bénéfice net, un portefeuille
d'investissement, que ce soit au Québec ou ailleurs, ce n'est pas ni... ce
n'est pas blanc ou noir. Il y a une variété, et vous l'avez... Vous avez fait
le lien avec l'investissement auprès d'Innergex. Quelle est votre vision à l'international
d'Hydro-Québec? Votre prédécesseur avait une vision claire, même si la portée
ou les résultats n'étaient peut-être pas au rendez-vous. Mais quelle est votre
vision de l'international pour Hydro-Québec?
Mme Brochu (Sophie) : Le
gars qui a le portefeuille pour faire des investissements avec un coût de
capital financier, il était hier. Il s'appelle Charles Emond, il dirige la Caisse
de dépôt et placement du Québec. Lui, il a les moyens financiers, le coût de
capital et le métier pour dire : Je vais aller investir dans une entreprise,
faire un placement financier.
Hydro-Québec, ce n'est pas une shop
financière, c'est une shop industrielle. Alors, si on fait un investissement...
Puis ça ne veut pas dire qu'on n'en fera pas. Puis je vous dirais que dans ma
vie passée j'ai contribué à ce qu'Énergir achète des entreprises de
distribution et d'électricité, d'ailleurs, au Vermont. Ça fait que
psychologiquement, des achats à international, je me sens très bien.
D'ailleurs, je profite de l'occasion pour
dire qu'il n'y a plus de surplus, puis les États-Unis, ce n'est pas l'international.
Je blague, mais les États-Unis, c'est un terrain de jeu qui, pour nous, est tout
à fait...
Mme Brochu (Sophie) : ...où
j'ai contribué à ce qu'Énergir achète des entreprises de distribution et
d'électricité, d'ailleurs, au Vermont. Ça fait que psychologiquement, des
achats à l'international, je me sens très bien. D'ailleurs, je profite de l'occasion
pour dire qu'il n'y a plus de surplus puis les États-Unis, ce n'est pas l'international.
Je blague, mais les États-Unis, c'est un terrain de jeux qui, pour nous, est tout
à fait à l'intérieur de la géométrie du Québec.
Alors, des investissements, par exemple,
dans un parc de grandes batteries, quelque part aux États-Unis, près de nos
lignes d'exportation, c'est un investissement intelligent pour nous. De
l'hydrogène au Québec, c'est un investissement qu'on va pouvoir faire.
Supporter Innergex dans son développement L, on va le faire.
Alors, je pourrais bien avoir une baguette
magique puis vous dire : On va tripler les revenus, pas le style, et je ne
dis pas que c'était une mauvaise orientation. Ce que je dis, c'est
qu'aujourd'hui, je ne sais pas comment on pourrait sortir de notre chapeau un
chiffre comme ça. De l'ambition puis de la croissance, on en a. je vous dirais,
notre ambition, c'est le «bottom line», ce n'est pas tellement le « top line».
Et donc, on va s'organiser pour avoir un dividende sain, solide, en croissance
pour nos contribuables concitoyens, avec des tarifs électriques qui vont être
intelligents pour ceux qu'on va servir.
On ne manque pas d'ambition, on essaie de
calibrer le réalisme avec les exigences des circonstances actuelles et je vous le
dis : des projets au Québec, en hydrogène, suivez-moi deux instants...
L'hydrogène, là, on peut l'utiliser comme carburant; l'hydrogène, on peut
l'injecter dans un réseau de gaz naturel pour en faire une portion de gaz
naturel complètement renouvelable et, un jour pas si lointain, on va prendre de
l'hydrogène, on va le mixer avec du CO2 et on va en faire un gaz
complètement renouvelable.
Que va-t-il arriver? Le Québec va être une
des premières places sur la Terre, de dire : Venez chez nous, vous allez être
100 % renouvelable, que vous ayez une charge électrique ou une charge
thermique. Ça, c'est notre ambition.
M. Polo : M. le Président, mon
commentaire avant Mme Brochu n'est pas seulement d'ordre financier ou d'investissement,
et j'en comprends, et je sais très bien que le P.D.G. de la Caisse de dépôt
était ici. Mais la valeur ajoutée et la grande différence entre Hydro-Québec et
la Caisse de dépôt, c'est qu'Hydro-Québec non seulement est une fierté pour les
Québécois à cause et en grande partie grâce au savoir-faire de ses employés, de
ses travailleurs, de ses génies et c'est ce savoir-faire qui se traduit à
travers une visée internationale.
Et actuellement, je n'entends aucunement
cette ambition de vouloir exporter notre savoir-faire, parce que ce n'est pas
juste une question d'acheter des actions ou d'acheter une participation, c'est
aussi une question d'exporter notre savoir-faire, de permettre à notre
savoir-faire québécois aussi de pouvoir se perfectionner et d'aller à l'international
et de pouvoir, justement, ramener aussi cette expérience-là au Québec, comme ça
a été fait par le passé, vous le savez très bien, et le contexte actuel, non
seulement la pandémie, mais quand vous regardez les fiascos internationaux dans
le domaine de l'hydroélectricité...
Nous avons un voisin, au Labrador, qui vit
un fiasco total avec Muskrat Falls, un projet qui coûte plus que le double de
ce qu'il était anticipé initialement. Ma collègue de Mercier s'est déjà levée,
ici, au salon bleu, pour, notamment, dénoncer l'investissement de la caisse
dans une société colombienne, sur un projet en Colombie...
M. Polo : …un fiasco total avec
Muskrat Falls, un projet qui coûte plus que le double de ce qu'il était
anticipé initialement. Ma collègue de Mercier s'est déjà levée, ici, au salon
bleu, pour, notamment, dénoncer l'investissement de la caisse dans une société
colombienne, sur un projet en Colombie, hydro Ituango, O.K.? Mais ça, non
seulement, c'est un… elle l'a dénoncé sur le plan financier mais aussi sur le
plan social, et autres. Ce savoir-faire du Québec, ce savoir-faire d'Hydro-Québec,
ce savoir-faire, non seulement au niveau de l'infrastructure mais aussi au
niveau de l'aspect social, de l'aspect, bien sûr, économique, de l'aspect
environnemental, c'est là où je ne l'entends pas de votre part, ni de la part
de ce gouvernement, encore moins à l'intérieur de six mois ou huit mois.
Lorsqu'on regarde, justement, la
planification stratégique, à la page 32, qui dit : «Au fil des ans,
nous avons développé une expertise reconnue mondialement et des solutions
technologiques innovantes dans les domaines de la production hydroélectrique et
du transport d'électricité. Nous mettrons ce savoir-faire à profit dans les
entreprises dans lesquelles nous investirons.» Et aujourd'hui j'entends
totalement le contraire, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre, allez-y.
M. Julien : …mon collègue de Laval-des-Rapides,
moi, je n'entends pas du tout le contraire. Au contraire, même, Mme Brochu le
mentionne clairement, hydrogène vert. C'est le «talk» de tout le Canada, tout
le monde parle de l'hydrogène, tous nos collègues ailleurs parlent de
l'hydrogène bleu. Alors, nous autres, on parle de l'hydrogène vert. C'est une
voie, en réalité, auquel on va beaucoup investir en termes d'expertise.
Tantôt, on mentionnait… mon collègue de Jonquière
mentionnait le brevet. Écoutez, il y a 900 brevets actuellement au centre
d'expertise, détenus. Alors, ça, c'est de l'expertise, c'est des gens qui
travaillent. Alors, de vouloir faire le lien direct entre des investissements
sur des projets plus ou moins intéressants à l'étranger, dans un contexte de
pandémie… qui font en sorte qu'ils sont probablement moins intéressants que
plus actuellement, ce n'est pas juste là que passe l'expertise d'Hydro-Québec.
Alors, moi, je ne vois pas de contradiction par rapport à ce qui est mentionné
dans le plan stratégique, la fierté du Québec, Hydro-Québec, son expertise, et
Mme Brochu a mentionné plein d'éléments, en réalité, qui vont démontrer que
l'expertise d'Hydro-Québec va être utilisée à bon escient.
• (11 h 20) •
L'autre élément, vous mentionnez, en fin
de compte, les revenus, les revenus, les revenus. Je rejoins tout à fait Mme
Brochu, quand c'est le «bottom line» qui compte. Donc, les projections du plan
stratégique, en réalité, visaient beaucoup plus une croissance du bénéfice net.
Parce que, par exemple, un revenu fait sur l'exportation, l'effet levier est
beaucoup plus important en termes de bénéfice net par rapport à d'autres
revenus. Donc, je pense que c'est le «bottom line» qu'on doit se fixer comme
société d'État pour y arriver. Donc, pour moi, on ne manque pas d'ambition, on
ne manque pas d'expertise. On va mettre l'expertise d'Hydro-Québec à bon
escient, mais ça ne passe pas par l'acquisition de certains projets à
l'étranger, nécessairement.
Mme Brochu (Sophie) : Pas
nécessairement. Puis je vous dirais, si vous me permettez, prenez… on aide
présentement le Nouveau-Brunswick, là, avec Mactaquac, là. C'est une centrale,
ils sont en train de la rénover. Ils nous ont demandé un coup de main. On est
allés. On envoie notre monde. Et ceux qui me connaissent savent, là, que, bien
avant mon arrivée chez Hydro-Québec, je disais : C'est une shop
hallucinante parce qu'elle est... il y a tellement de monde brillant au pied
carré dans cette organisation-là.
Alors, je vous dirais que nous sommes tous
conscients de l'expertise. Nous la déployons, nous allons continuer de la
déployer…
Mme Brochu (Sophie) : ...on
est allés, on envoie notre monde. Et ceux qui me connaissent savent, là, que,
bien avant mon arrivée chez Hydro-Québec, je disais : C'est une shop
hallucinante parce qu'elle est... il y a tellement de monde brillant au pied
carré dans cette organisation-là. Alors, je vous dirais que nous sommes tous
conscients de l'expertise. Nous la déployons, nous allons continuer de la
déployer dans des nouveaux univers.
Et je vous dirais : Aujourd'hui, si
je vous amenais un investissement qui fait du 4 %, seriez-vous contents?
Non. Mais, aujourd'hui, là, c'est ça, c'est à ça que ça sort les projets, à
4 %, 5 % puis à 6 %. Ça fait que, quand on va investir
Hydro-Québec à 4 %, à 5 % puis à 6 %, on va investir au Québec
bien avant. Aujourd'hui, les circonstances ne s'y prêtent pas.
S'il passe une opportunité où on peut
ajouter de la valeur comme industriel, on va y aller. Mais, aujourd'hui, ce
sont les fonds de pension qui achètent les infrastructures. Et ils se prennent
un opérateur local. C'est ça, la recette, comme dit Daniel Pinard, c'est comme
ça que ça fonctionne. Et on n'est pas là-dedans.
M. Polo : Mais, M. le
ministre, vous déplorez, là, les propos que je tiens. C'est votre droit. Ceci
dit, la réalité est qu'après deux ans d'un gouvernement qui est arrivé en poste
en se pétant les bretelles, en se disant : Nous avons une vision
ambitieuse pour le développement économie du Québec, nous avons une vision
ambitieuse pour travailler avec Hydro-Québec comme étant le fer de lance de
cette vision-là... Et, quand vous faites référence... Oui, j'ai fait référence
aux revenus parce que le prédécesseur de Mme Brochu parlait de doubler les
revenus, de baser cette augmentation des revenus principalement sur les exportations
puis la participation à l'international notamment.
Puis, bien sûr, lorsqu'on regarde presque
deux ans plus tard, M. le ministre, votre projet d'entente, d'alliance
énergétique, d'exporter vers l'Ontario, d'exporter vers le nord-est américain,
et... Je me corrige, je suis tout aussi fier, aujourd'hui, le référendum ne
sera plus un obstacle pour l'entente avec le Massachusetts, entente signée
avant l'arrivée de votre gouvernement.
Mais, ceci dit, lorsque votre gouvernement
est arrivé en poste, vous avez clairement parlé d'ambition, et qu'on avait un
projet économique pour le Québec, et qu'on allait relancer le Québec sur les
marchés nord-américain et international, aujourd'hui, deux ans plus tard,
au-delà des paroles, ce qu'on constate, c'est une illusion face à ce
discours-là. Parce qu'il y a un recul sur... ou, en fait, aucun résultat au
niveau des exportations de nouveaux... de nouvelles ententes au niveau des
exportations du Québec en termes d'électricité, un recul face au discours par
rapport à sa participation internationale...
Le Président (M. Lemay) :
...Laval-des-Rapides, votre bloc d'échange maintenant terminé, je dois
maintenant céder la parole au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de
Mercier, la parole est à vous.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Donc, comme je l'avais promis, maintenant, je vais adresser mes
questions à Mme Sophie Brochu. Mais, tout d'abord, moi aussi, évidemment,
félicitations pour votre poste. On est encore à l'époque, les femmes, où on brise
des plafonds de verre, et vous en avez brisé plusieurs. Je ne sais pas si vous
en avez brisé dans le passé, je suis certaine, mais là vous venez d'en briser
un en étant à la tête d'Hydro-Québec, donc première femme. Et je sais que c'est
une cause...
Mme Ghazal : ...Mme Sophie
Brochu. Mais tout d'abord, moi aussi, évidemment, félicitations pour votre
poste. On est encore à l'époque, les femmes, où on brise des plafonds de verre
et vous en avez brisé plusieurs. Je ne sais pas si vous en avez brisé dans le
passé, je suis certaine, mais là vous venez d'en briser un en étant à la tête
d'Hydro-Québec, donc première femme. Et je sais que c'est une cause,
l'avancement des femmes, qui vous tient particulièrement à coeur, moi, j'ai
suivi L'effet A dans lequel vous avez participé, des projets... puis les femmes
dans toutes les sphères, pas uniquement les femmes de la haute, là, comme on
dit, mais aussi les femmes itinérantes. Vous avez parti un projet. Et j'ai beaucoup
de respect pour votre parcours et votre travail.
Et moi, je suis convaincu que vous êtes
aussi sensible à toute la question dont on entend de plus en plus parler, bien,
ça fait très, très longtemps qu'elle dure, la représentation aussi des
minorités visibles, des personnes noires et tout ça. Et je voulais savoir si à
votre arrivée à Hydro-Québec vous avez regardé le portrait de la situation, la
représentativité de ces personnes-là, issues des minorités visibles ou
ethniques, ou noires. Peut-être une première question : La haute
direction, est-ce que... à la haute direction, est-ce que... combien il y a de
membres, de personnes issues des minorités visibles?
Mme Brochu (Sophie) : Dans la
haute direction?
Mme Ghazal : Oui, oui.
Mme Brochu (Sophie) : Je
pense qu'il n'y en a pas, alors je vais vous raconter une histoire. Quand je
suis arrivée à Hydro-Québec, le contexte pandémique était très propice parce
que j'avais l'occasion de m'exprimer à tout le monde en même temps par WebEx,
une fois par semaine. Ça fait que les gens se branchent, 15 000,
16 000, 17 000 personnes, puis là je jasais avec eux. Et très
rapidement, j'ai voulu installer un certain nombre de valeurs qui sont celles
d'Hydro-Québec, mais que je porte personnellement, celles de la tolérance, de
la diversité, de l'importance de l'inclusion des complémentarités. Et c'est
allé, une semaine... et je m'appuyais beaucoup sur les semaines, tu sais, les
semaines internationales de, bon, contre l'homophobie, pour la fierté, pour les
personnes handicapées, puis... et à chaque fois, je me suis exprimée très
ouvertement là-dessus.
Est arrivé Black Lives Matter et j'ai pris
un temps de pause avant... Je prenais toujours un temps de pause pour parler de
«soft» avant de parler de business. Et je leur ai exprimé de dire :
Hydro-Québec a fait du chemin au cours des dernières années, on a encore
beaucoup, beaucoup de boulot à faire.
Et en termes de minorités visibles, bon,
là, je vais dire quelque chose puis je ne veux pas irriter personne, là, il y a
la loi puis il y a la vie. Et la loi est nécessaire parce que la loi dit à
Hydro-Québec, par exemple : Vous devriez être à 19 % de minorités
visibles. «Fine». Notre ambition devrait être bien au-dessus de 19 % parce
qu'il y a beaucoup plus que 19 % de capacité de représentation à
Hydro-Québec.
Alors, oui, la loi, puis on est...
Hydro-Québec, c'est une organisation de gouvernance et c'est correct. Et alors,
la loi dit ça, puis on se gouverne, mais il faut qu'on ait une aspiration
collective à faire beaucoup mieux. Je réponds à votre question, à mon comité de
direction : zéro. J'ai travaillé à mon comité de direction, en arrivant, à
m'assurer qu'on ait la parité de genre. On était cinq sur 12. Malheureusement,
là, je vais perdre une collègue qui s'en va chez Desjardins. On verra tout ça, mais
c'est du boulot déjà avec la diversité de genre. On a beaucoup, beaucoup de
boulot à faire avec...
Mme Brochu (Sophie) : ...à mon
comité de direction, zéro. J'ai travaillé, à mon comité de direction, en
arrivant, à m'assurer qu'on ait la parité de genre. On était cinq sur 12. Malheureusement,
là, je vais perdre une collègue qui s'en va chez Desjardins. On verra tout ça,
mais c'est du boulot déjà avec la diversité de genre. On a beaucoup, beaucoup
de boulot à faire avec la diversité ethnique et culturelle. On dit :
19 %. En fait, c'est 8 %, 15 %, 19 %. On est présentement à
8 %, en moyenne, chez Hydro-Québec.
Mme Ghazal : Tous les
employés.
Mme Brochu (Sophie) : Tous
les employés. On devrait être à 19 %. On est à 15 % à Montréal. Vous
allez me dire : C'est facile, à Montréal, mais on est capables de faire ça
en région aussi. On va y travailler, madame, c'est notre ambition, et on va se
donner des mesures.
Puis, encore une fois, l'objectif, ce
n'est pas la loi, c'est de dépasser la loi. C'est d'être... Puis ce n'est pas
un objectif parce que c'est le fun puis que... c'est juste parce que c'est
tellement brillant et contributeur de richesse.
Mme Ghazal : ...donc, je n'ai
pas besoin de vous convaincre.
Mme Brochu (Sophie) : Non,
non, là, vous prêchez à une convertie.
Mme Ghazal : Je vois que vous
êtes convaincue, mais c'est d'en avoir aussi dans la haute direction, comme
pour les femmes, de ne pas cantonner les gens à certains métiers, puis je suis
sûre que vous le savez.
Puis j'aime que vous fassiez la
distinction entre la loi ou les normes et les politiques, aussi, la réalité. Parce
que j'avais lu une étude... je pense, c'est Noémi Mercier, dans L'Actualité,
qui disait que, souvent, dans les entreprises et les organisations, ils ont des
superbelles politiques, rapidement, contre le harcèlement, pour la diversité,
etc. Bien, les gens disent : On a fait notre job, on l'a faite, puis, dans
la réalité, c'est là que c'est le plus difficile, par exemple, pour des femmes
de se plaindre, etc. Donc, c'est très bien que vous ayez cette distinction-là.
Donc, peut-être, l'année prochaine, je vais reposer la même question, puis ça
va être différent, la réponse. Merci.
L'autre... J'ai deux autres sujets. Donc,
j'ai peu de temps. L'autre, c'est... Je voudrais revenir sur la saga à
Saint-Adolphe-d'Howard, la ligne haute tension. Ça a fait les manchettes
pendant de très, très, très nombreuses années, où les citoyens... Moi, je suis
allée tout de suite après mon élection. Je suis allée rencontrer les citoyens
qui étaient très, très, très fâchés parce qu'il y avait... En fait, c'est eux
qui étaient les yeux et les oreilles du ministère de l'Environnement, qui ne
savait pas ce qui se passait sur le terrain. C'est devenu... moi, j'appelle ça
des citoyens militants experts de leur milieu, qui savent qu'est-ce qu'il est
interdit de faire, qu'est-ce qui n'est pas interdit.
Et, lors de la construction de cette ligne
haute tension, dans... c'est dans les Laurentides, à cause de la hausse de la
demande, bien, il y a eu des déversements de sédiments, dans les lacs et les
rivières, à ces endroits-là. Jusqu'à ce qu'il a fallu que les gens se battent,
se battent, se battent, interpellent leurs députés, interpellent le ministre
jusqu'à ce que le ministre de l'Environnement, finalement, les écoute. Et il
a... Et vous êtes probablement... sûrement au courant qu'il y a une ordonnance
de non-conformité puis une enquête pénale qui est en cours en ce moment.
• (11 h 30) •
Les citoyens ont un goût très amer. Je
pourrais dire : Ah! ce n'est plus dans l'actualité, je n'en parle pas. Je
ne veux pas qu'on parle du passé. Bien, quoique je trouve que c'est quand même
important, là, mais, pour maintenant, maintenant que vous êtes ici, puis pour
le futur, quelles leçons Hydro-Québec a tirées de cette saga au lieu de...
Parce que... beaucoup, beaucoup, on justifie... escarpé, etc., comme si on venait
de le découvrir, là. Beaucoup, beaucoup, même s'il y a eu des comités, tout ça.
Ça fait que je voudrais savoir : C'est quoi, les leçons qu'Hydro-Québec
tire de ça? Et quels sont les projets où on est en train d'appliquer ce qu'on a
appris? Des projets où il n'y a pas...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Ghazal : ...de cette
saga, au lieu de se... parce que... beaucoup, beaucoup, on se justifie :
C'est escarpé, etc., comme si on venait de le découvrir, là. Beaucoup, beaucoup,
même s'il y a eu des comités, et tout ça.
Ça fait que je voudrais savoir c'est quoi,
les leçons qu'Hydro-Québec tire de ça. Et quels sont les projets où on est en
train d'appliquer ce qu'on a appris, des projets où il n'y a pas d'oreilles
puis d'yeux de citoyens qui sont présents? Parce que ce n'est pas partout que
les citoyens vérifient ce qu'Hydro-Québec fait. Normalement, ça doit être le gouvernement,
le ministère de l'Environnement, ça fait partie de son mandat. Ils ne sont pas toujours
là, il y a peu d'inspecteurs, peu de gens présents sur le lieu.
Donc, comment est-ce qu'Hydro-Québec...
quelles leçons... appris, puis comment est-ce que c'est appliqué, puis est-ce
que c'est déjà appliqué dans des projets actuels?
Mme Brochu (Sophie) :
Bon, écoutez, évidemment, j'arrive et j'entends une grande douleur. J'entends
une grande douleur des gens d'Hydro-Québec. D'abord, c'est des gens... Puis là
je... On est... Je vais me mettre au «nous», tu sais, je m'ajuste. Vous savez
Hydro-Québec, les hommes et les femmes d'Hydro-Québec, ils veulent faire les
bonnes affaires. Et puis, comme n'importe quelle entreprise, comme n'importe
qui de nous autres, des fois, on pogne la garnotte, là. Et...
Mme Ghazal : ...
Mme Brochu (Sophie) : On
prend la garnotte, on...
Mme Ghazal : Oui, c'est
le cas de le dire.
Mme Brochu (Sophie) : Et
c'est difficile. Et ça a été un projet difficile. Bon, je ne l'ai pas vécu dans
son intimité. Mais, pour côtoyer... que ce soit les équipes d'affaires
publiques, les affaires techniques, et tout, il y a de grands enseignements qui
ont été pris sur la manière dont on réfléchit les projets pour la suite.
Je n'irai pas sur le fond du dossier parce
que je ne le connais pas, je vais y aller sur la posture mentale de
l'organisation. Puis la posture mentale, c'est d'essayer de dire : Quand
on a un projet devant nous, il faut qu'il soit, appelons ça optimal. On ne peut
pas rien maximiser. Il faut qu'il soit optimal au plan social, au plan
environnemental, au plan économique.
Je sous-estimais le regard public. Depuis
que je suis en poste, à chaque fois que je vais à l'épicerie ou à la SAQ,
quelqu'un me parle de l'élagage, quelqu'un me parle des lignes à construire. Et
c'est normal, ça vient avec le boulot. J'ai pris la pleine mesure de
l'importance que les gens accordent à leur paysage, que ce soit l'élagage dans
leur cour ou que ce soit pour les grands projets. Je suis convaincue, compte
tenu des équipes que j'ai rencontrées, que ce que nous avons vécu à
Saint-Adolphe-d'Howard trouve résonance.
Est-ce que ça veut dire qu'on n'aura plus
jamais de problèmes? Ce n'est sûrement pas le cas. Mais je vous dirais que le
niveau de sensibilité de l'organisation aujourd'hui est très grand. Je ne peux
pas le comparer avec le passé, mais je sais que la posture mentale a été
affectée et, j'ose dire, enrichie par cette expérience douloureuse là.
Mme Ghazal : Est-ce que
les citoyens... puis là... ils vont suivre aussi ce que vous dites et vos
intentions pour le futur, parce que pour eux il est comme rendu trop tard, eux,
ils sont aussi... ils regardent qu'est-ce qui se passe ailleurs... c'est d'être
écoutés. Eux, ils arrivent avec des solutions parce qu'ils ont l'impression, on
fait des comités pour apaiser tout le monde, puis après ça Hydro-Québec allait,
fonçait puis continuait dans la même direction. Ce n'est quand même pas rien
qu'Hydro-Québec... je pense que ça fait depuis... je ne sais pas combien de
temps qu'il n'y a pas eu d'ordonnance de non-conformité avec pénalité, etc.,
puis une enquête du ministère de l'Environnement. C'est parce qu'il y a eu des
graves, graves manquements. Donc, je... On vous entend.
Maintenant, mon... j'ai... Mon dernier
sujet, c'était sur l'efficacité énergétique...
Mme Ghazal : ...je pense que ça
fait depuis je ne sais pas combien de temps qu'il n'y a pas eu d'ordonnance de
non-conformité avec pénalité, etc., puis une enquête de la part du ministère de
l'Environnement. C'est parce qu'il y a eu des graves, graves manquements. Donc,
je... on vous entend.
Maintenant, j'ai... mon dernier sujet,
c'était sur l'efficacité énergétique.
Là, il me dit que c'est... Ah! j'ai cinq
minutes. O.K. Trois secondes. C'est terminé. Bon.
Une voix
: ...
Mme Ghazal : Oui.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemay) : Très
bien.
Mme Ghazal : Merci.
Le Président (M. Lemay) : Sur
ces bonnes paroles, je cède maintenant la parole au député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci, M. le
Président. Il me reste combien de temps, là, pour ce...
Le Président (M. Lemay) :
Environ 19 min 30 s.
M. Polo : 19, 30. O.K.,
parfait. Bien, je vais poursuivre, en fait, sur à peu près le même sujet, si
vous me permettez, M. le Président. Vous savez, je vais parler pour ma
circonscription, Laval-des-Rapides, qui est un des secteurs les plus urbains à
Laval. Si vous connaissez un peu Laval, c'est le... un peu... c'est le secteur
où termine la ligne orange, les trois stations de métro à Laval. C'est aussi le
secteur qui inclut le nouveau centre-ville de Laval, des tours à condos qui se
construisent autour de la Place Bell, des centres d'achats, des boulevards très
larges. Un peu la réalité de quelconque banlieue en Amérique du Nord. Une
réalité pour laquelle on est fiers, mais en même temps, qui introduit des
situations particulières, notamment le fait que... que ce soit...
Les grands stationnements ou les grandes
constructions introduisent une réalité d'îlots de chaleur, O.K. Et dans les
dernières années, à la surprise de plusieurs personnes, que ce soit ici, en
Chambre, ou même dans ma circonscription, je me suis positionné de façon très
pro-environnementale sur certains dossiers qui ont affecté beaucoup de mes
citoyens.
Et je vais vous parler de deux boisés
urbains, le boisé du Souvenir puis le bois du Domaine Renaud, à
Laval-des-Rapides, le bois du Domaine Renaud. Ce n'est même pas un boisé, c'est
un petit bois, O.K. Et je vais vous parler spécifiquement de ces deux
dossiers... de ces deux secteurs là, Mme Brochu, parce que dans les deux cas, à
moindre envergure que le dossier, là, de Saint-Adolphe-d'Howard, la société
d'État, malgré l'écoute, malgré la disponibilité, et tout, est arrivée avec ses
grands sabots et a fait du... a fait de l'émondage, en fait, a fait des coupes
à blanc sur des très petits boisés ou bois urbains, en plein milieu d'un
secteur très densément peuplé, O.K., le dernier étant le bois du Domaine
Renaud, là, au mois de mai, O.K., pour déblayer, si on peut dire, ou... si on
peut dire, ouvrir de l'espace autour de lignes de moyenne tension
d'Hydro-Québec. Même pas de lignes de haute tension. De lignes de moyenne
tension.
Et je vais vous dire pourquoi c'est
problématique pour des citoyens de ma circonscription. Parce que dans le cas du
bois du Domaine Renaud, le bois du Domaine Renaud est un peu une frontière
psychologique qui sépare un parc industriel d'un secteur très résidentiel, soit
de bungalows ou d'unifamilial. Et l'entente entre Hydro-Québec et la ville de
Laval permet à Hydro-Québec et aux contracteurs, là, aux compagnies engagées
par Hydro-Québec, de couper jusqu'à 6,5 mètres de chaque côté de la ligne. Ils
sont allés jusqu'à 14, 15 mètres…
M. Polo : …de… soit de
bungalows ou d'unifamiliales. Et l'entente entre Hydro-Québec et la ville de
Laval permet à Hydro-Québec et aux contracteurs, là, aux compagnies engagées
par Hydro-Québec, de couper jusqu'à 6,5 mètres de chaque côté de la ligne.
Ils sont allés jusqu'à 14, 15 mètres… d'arbres matures, pas centenaires,
mais d'arbres matures d'un secteur boisé qui… à travers lequel traverse une
piste cyclable et, surtout, qui permet aux résidents de ne pas avoir à écouter
que ce soit l'autoroute 440 qui passe un peu plus loin, d'avoir à avoir le
sentiment de se sentir complètement détaché d'un parc industriel, un des plus
vieux parcs industriels de Laval.
Et mes citoyens, nos citoyens, se sentent
impuissants lorsqu'ils se réveillent un jour et ils entendent des tronçonneuses
arriver dans le boisé, constatent par la suite, photos à l'appui, que… d'arbres
matures, donc, leur secteur, le secteur de paix où ils ont l'habitude d'aller
se promener en vélo, à pied, etc., a été complètement presque rasé, O.K.? Et
malgré les communications constantes avec Hydro-Québec, l'Hydro-Québec se
justifie en se basant sur l'entente avec la ville de Laval, etc.
Et moi, ce que je déplore… et vous avez
dit : Les gens d'Hydro-Québec veulent faire le bien, ils veulent faire les
bonnes choses, les bonnes affaires pour les Québécois. C'est aussi arrivé dans
le Boisé du Souvenir, un peu plus au sud de ma circonscription, O.K.? Un boisé
qu'on a réussi à faire protéger en mettant de la pression sur la ville de
Laval, en mettant… en s'assurant que dans le schéma d'aménagement, un futur
viaduc qui devait être construit pour connecter le boulevard du Souvenir d'est
en ouest était éliminé.
Mais pas plus tard que l'été 2019,
des citoyens se sont réveillés aussi au bruit de tronçonneuses pour justement… parce
que de… je ne dirais même pas de l'émondage, je dirais une coupe à blanc, avait
été effectuée. À l'été 2019 ou, en fait, à l'automne 2019, des
citoyens et moi, on s'est réunis, puis on s'est dit : Comment est-ce qu'on
peut faire le bien, comment est-ce qu'on peut réparer le dommage causé par
Hydro-Québec, O.K.? Et nous avons… on s'est mobilisés, que ce soit avec la
conseillère municipale, que ce soit avec des organismes de notre
circonscription, puis on a fait appel à la ville de Laval pour justement nous
fournir en arbres, pour s'assurer d'un reboisement sur place, O.K.?
Mais en aucun cas, Hydro-Québec n'a
contribué que ce soit avant, en consultant ou informant les citoyens de ce qui
allait arriver, ou que ce soit après, en contribuant, justement, au reboisement
en partie avec d'autres types d'arbres qui ne représenteraient pas, disons, un
danger pour les lignes qui traversent ce boisé-là. Et actuellement, dans le cas
du bois du domaine Renaud, ce n'est pas le cas non plus. Et moi, c'est cela
où... je déplore. Parfait, je vous entends, vous dites : Nous, les gens
chez Hydro-Québec, on veut faire les bonnes choses, les bonnes affaires pour
les Québécois. Mais que ce soit le cas soulevé par ma collègue ici ou que ce
soit deux cas dans ma circonscription…
M. Polo : ...pour les
lignes qui traversent ce boisé-là. Et actuellement, dans le cas du bois du
Domaine Renaud, ce n'est pas le cas non plus. Et moi, c'est cela où... je
déplore. Parfait, je vous entends, vous dites : Nous, les gens chez Hydro-Québec,
on veut faire les bonnes choses, les bonnes affaires pour les Québécois. Mais,
que ce soit le cas soulevé par ma collègue ici ou que ce soit deux cas dans ma circonscription,
en aucun cas il n'y a aucune démarche, au préalable, d'information, de consultation
d'Hydro-Québec pour les informer, ou à tout le moins les consulter ou
travailler avec eux sur quelle est la meilleure façon de procéder. Et par la
suite, une fois que les outils sont embarqués dans les camions et que les
travailleurs sont partis, on laisse ça aux citoyens de s'organiser pour
regarder comment est-ce qu'on peut recréer un semblant de normalité après que
le dégât a été fait. Moi, c'est là où j'ai une forte critique envers Hydro-Québec,
envers la façon de faire d'Hydro-Québec, qui arrive avec ses gros sabots, qui
fait du dommage et, par la suite, repart et se base sur soit des ententes avec
la ville ou soit d'autres justifications. Mais le citoyen, lui, à la fin de la
journée, qu'est-ce qu'il se fait dire par Hydro-Québec? C'est :
Arrangez-vous avec vos troubles. Et moi, ce que je veux savoir de voter part,
Mme Brochu, c'est : Comment est-ce qu'Hydro-Québec peut, en 2020,
aujourd'hui, avoir une vision qui est plus inclusive, qui cherche même à faire
du... un certain cotravail ou une meilleure communication avec le citoyen et
surtout comment éviter, oui, qu'il y ait des pannes de courant en s'assurant de
protéger des lignes, mais, de l'autre côté, comment s'assurer qu'il y ait une
certaine collectivité qui est consultée, avec qui on travaille et qu'on
s'assure de réduire au minimum les dommages qui sont effectués par ce
travail-là?
• (11 h 40) •
M. Julien : Oui, très
rapidement, pour laisser Mme Brochu répondre de manière très précise à mon
collègue de Laval-des-Rapides. Ça serait bien que, quand mon collègue de
Laval-des-Rapides, vit des trucs comme ça, en 2019, là, qu'il lève la main. Il
ne faut pas hésiter. J'ai plusieurs de mes collègues ou qui interpelle
Hydro-Québec. Puis habituellement la réponse est très prompte, et les
communications sont faites pour clarifier la situation. Il est vrai que, par
les interventions multiples d'Hydro-Québec, soit en termes, en fin de compte,
d'élagage ou de tous ses travaux, on reçoit plusieurs appels et plusieurs
doléances sont nommées. Et moi, ce que j'observe personnellement, c'est que les
communications sont bonnes. Mais on peut, dans certains cas de figure, avoir
des ratés, comme les deux boisés... bien, le bois et le boisé mentionnés par
mon collègue de Laval-des-Rapides. Et un indicateur à la planification
stratégique est clairement, en fin de compte, l'expérience client qu'on veut
augmenter, qui est déjà très bonne chez Hydro-Québec. Alors, je laisserai
Mme Brochu répondre spécifiquement à mon collègue.
Mme Brochu (Sophie) :
Bien, je vous dirais que je vous remercie d'avoir porté ces deux cas
spécifiques à mon attention. Je vais y porter un regard bienveillant, je vais
voir les enseignements qu'on a. Il y a toujours matière à amélioration puis il
y a aussi un boulot à accomplir, essayer de trouver cet équilibre-là entre le
boulot à accomplir, parce qu'on veut réduire les pannes de 50 % d'ici
2023. Puis ça, ça veut dire que des arbres, des arbres dangereux, il va
falloir... Puis je ne dis pas que vos arbres étaient dangereux, je fais juste
dire : On voit de plus en plus... c'est pas mal des gars, là...
Mme Brochu (Sophie) : ...puis
il y a aussi un boulot à accomplir. Et c'est de trouver cet équilibre-là entre
le boulot à accomplir... Parce qu'on veut réduire les pannes de 50 % d'ici
2023, puis ça, ça veut dire que des arbres, des arbres dangereux, il va falloir...
Puis je ne dis pas que vos arbres étaient dangereux, je fais juste dire :
On voit de plus en plus, c'est pas mal des gars, là, des gars avec leur
«chainsaw» puis les... puis ils travaillent, puis pour... Éric Fillon va
sourire parce que, ça a adonné de même, mais ils sont venus dans le coin de
pays où je vis cet été, puis là, j'ai eu tout le monde. Puis
c'est assez amusant parce que j'ai des gens qui disent : «Why don't you
cut the fucking tree to the ground, it's going to grow back». Tu ne le
coupes pas assez. Puis il y en a d'autres qui disent : Bien, coupe-le pas
à terre, il faudrait que tu le coupes juste plus haut. Ça fait que bref, tout
le monde a une opinion là-dessus.
Il n'y a pas de doute que des
circonstances comme celles que vous évoquez, il y a un caractère, j'appellerais
ça, un peu plus intime de la communauté avec sa topographie puis sa réalité. Je
vais jeter un regard bienveillant. C'est certain que c'est dans la mouvance du
temps. Après ça, c'est de voir comment on est en mesure de créer ces
aménagements-là dans le temps pour être capables d'avancer, de le faire
économiquement, puis de le faire avec sensibilité pour les communautés. Je vous
remercie. Puis je vous remercie de faire ce boulot-là pour vos représentants.
M. Polo : J'entends bien... Merci
beaucoup, Mme Brochu. J'entends bien les commentaires également du
ministre. Et vous conviendrez... Je vais vous rassurer, M. le ministre. La
communication, après coup, d'Hydro-Québec avec les équipes au bureau de comté,
ou ailleurs, ou même le citoyen, le service après-vente ou après-service est
là. La communication est constante. Ce n'est pas après que le dommage a été
fait qu'il faut une meilleure communication. C'est avant que le dommage ait été
fait. Et c'est là où... Une fois, on peut dire : O.K., parfait, on va
s'organiser entre citoyens, élus, etc., on va mettre l'épaule à la roue, on va
contribuer à un reboisement du boisé du Souvenir, etc. Mais là quand ça arrive
à deux reprises, dans... comme, je le rappelle, dans un secteur densément
peuplé, urbain, où les îlots de chaleur...
Et vous le savez, M. le ministre, à l'été
2018, lorsqu'on faisait campagne, vous et moi, il y a eu près d'une centaine de
décès au Québec dus aux îlots de chaleur. Et ça, c'est une réalité qu'on vit
également à Laval. Et de voir la société d'État qui arrive et qui laisse des
dommages et, après ça, consulte... Parfait, la communication est là, après
coup, mais ce n'est pas ça que les citoyens demandent. Les citoyens
demandent... c'est une meilleure communication avant coup, une meilleure
consultation, un meilleur travail avec la communauté. Et surtout, de regarder
comment... quelles sont les mesures après coup, proactives, présentées par la
société d'État afin d'assurer un certain reboisement. Et actuellement il n'y
rien de ça, mais... la communication est bonne, mais il n'y a rien de cela.
M. Julien : Bien, M. le
Président, d'un autre côté, j'ai les échos par rapport naturellement... Ça
dépend des secteurs. Donc, je comprends, il y avait une entente avec la ville
de Laval dans le cas précis. Puis je ne suis pas spécialiste, mais, d'un autre
côté, moi, j'ai des collègues qui m'interpellent, ou des citoyens qui
m'interpellent parce qu'a priori... travaux d'élagage, dans certains secteurs,
il y a une communication auprès de la clientèle touchée. Donc, je ferais
attention de dire qu'il n'y a pas de communication a priori. Peut-être que,
dans les deux cas de figure que vous énoncez, dans les boisés, avec l'entente
avec la ville de Laval, la communication était peut-être avec la ville. Je
comprends, là, puis Mme Brochu le mentionne, qu'on doit faire preuve de plus de
sensibilité, que ces notions-là sont de plus en plus sensibles...
M. Julien : ...de la clientèle
touchée. Donc, je ferais attention de dire qu'il n'y a pas de communication a
priori. Peut-être que dans les deux cas de figure que vous énoncez dans les
boisés avec l'entente avec la ville de Laval, la communication était peut-être
avec la ville. Je comprends, là, puis Mme Brochu le mentionne, qu'on doit faire
preuve de plus de sensibilité, que ces notions-là sont de plus en plus
sensibles également puis que les enjeux d'élagage, avec le réchauffement, on
l'a mentionné, font en sorte qu'on a de plus en plus de besoins d'élagage.
Donc, on en prend bonne note puis on va faire en sorte de s'améliorer.
M. Polo : Merci. M. le
Président, puisque c'est mon dernier bloc ce matin, autant avec le ministre
qu'avec la présidente d'Hydro-Québec, je vais revenir sur un sujet qui a animé
nos discussions, le ministre et moi, l'automne dernier. Mme Brochu, je vais
faire référence ici à un document qui date de 2018, Évolution des comptes
d'écarts et de reports et autres actifs. Je vois le ministre sourire déjà. Évolution
des comptes d'écarts... Mais êtes-vous familière avec les comptes d'écarts?
Mme Brochu (Sophie) :
Familière avec le concept; avec les chiffres précis du passé, pas. Désolée.
M. Polo : O.K., O.K. Mais,
comme c'est écrit noir sur blanc, ici, j'ai... à la page 6 du document que je
montre ici, qui est un document d'Hydro-Québec daté de 2018, à la page 6 de 31,
on fait référence ici à l'évolution des comptes d'écart et reports et autres
actifs. Donc, peut-être... Je donne le temps à vos équipes de peut-être faire
des recherches, parce qu'on identifiait ici... on identifie, dans ce
tableau-là, plusieurs comptes d'écart. Et si jamais vous avez besoin d'aide, je
pense que le ministre peut vous aider, là, à ce niveau-là, O.K.?
Une voix
: ...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Polo : ...parfait. Est-ce
que vous avez en main... parce que c'est plus... Parce que je comprends qu'avec
l'adoption de la loi n° 34, à partir de 2020,
l'obligation de présenter cette information-là n'est plus... si j'ai bien
compris, si je me rappelle bien, n'est plus... il n'y a plus d'obligation de
présenter, là, les chiffres au niveau des comptes d'écart. Ceci dit, pour
l'année 2019, je pense qu'on peut avoir accès à ces informations-là.
Premièrement, le compte d'écart de nivellement pour aléas climatiques,
avez-vous les chiffres pour l'année 2019?
Mme Brochu (Sophie) : Là,
écoutez, si vous voulez quelque chose, on va vous le faire parvenir par écrit,
là, ou...
Le Président (M. Lemay) : M.
le ministre.
M. Julien : Écoutez, on va
vous fournir toutes ces informations-là, là, si vous les demandez, celles qui
seront disponibles. Parce que, naturellement, sur les discussions... mon cher
collègue de Laval-des-Rapides, on a eu de bons moments passés ensemble, là,
l'automne dernier, avec ma collègue de Mercier, également, alors ces notions-là
ont été clairement discutées. Puis naturellement tous les comptes d'écart n'ont
pas la même fonction et la même valeur. Et quand vous dites que ce n'est plus
une obligation de le produire, ce n'est pas l'obligation de le produire, c'est
la pertinence de le produire, considérant que... on se rappellera, et je suis
sûr que vous vous en rappelez, parce que je crois l'avoir dit à quelques
reprises, que l'écart était par rapport à un rendement attendu. Puisque le
rendement attendu n'existe plus, l'écart n'existe plus. Donc, je peux... on ne
peut pas vous fournir un écart qui n'existe plus, puisque le schème même de la
tarification n'est plus le même depuis l'adoption du projet de loi n° 34.
Mais, naturellement, là, n'hésitez pas à
nous fournir vos questions sur les différents comptes d'écart que vous
souhaitez retrouver...
M. Julien : ...que l'écart
était par rapport à rendement entendu. Puisque le rendement entendu n'existe
plus, l'écart n'existe plus. Donc, on ne peut pas vous fournir un écart qui
n'existe plus puisque le schème même de la tarification n'est plus le même
depuis l'adoption du projet de loi n° 34. Mais, naturellement, là,
n'hésitez pas à nous fournir vos questions sur les différents comptes d'écart
que vous souhaitez retrouver, et, si Hydro-Québec est en mesure de les fournir
s'ils existent toujours, ça nous fera grand plaisir de vous les fournir, cher collègue.
M. Polo : ...M. le Président,
je veux juste préciser que j'apprécierais si le ministre et son équipe
pouvaient nous fournir l'évolution des comptes d'écart et des reports et autres
actifs tel que présenté, là, en 2018, le rapport 4057-2018. Il y a plusieurs
comptes d'écart, je n'irai pas à travers l'ensemble des comptes d'écart mais
j'apprécierais, si cette information-là est disponible avant l'adoption du projet
de loi n° 34, qu'il puisse nous les fournir également.
J'avais quelques questions en rafale,
Mme Brochu, là, avant de terminer en lien avec la nouvelle marque de
commerce créée et lancée par Hydro-Québec à l'automne 2019, Hilo, O.K.,
notamment. Avez-vous, en date d'aujourd'hui, en principale des données, ou des
informations de performance, ou le développement de la marque en question
depuis l'automne? Ce qu'on sait de cette marque-là, c'est ce qu'on a lu dans
les médias, c'est l'annonce, c'est le lancement, etc., mais avez-vous des
données rapidement, si c'est possible? Et, si c'est possible de nous les
divulguer également, sur la performance de cette division-là.
Le Président (M. Lemay) :
...réponse, là, si vous avez l'intention ou vous pensez être en mesure de
déposer les documents, c'est possible de le faire par après. Est-ce que c'est
votre intention?
M. Julien : Bien, on va
regarder ce qui est disponible par rapport aux comptes d'écart, parce qu'il y a
plusieurs d'entre eux qui sont plus pertinents. On va fournir, en fin de
compte, ce qu'on a entre les mains a posteriori.15403
Le Président (M. Lemay) :
Donc, à ce moment-là, ça serait simplement de l'envoyer au secrétariat de la
commission puis on le rendra disponible en temps et lieu.
M. Julien : Pas de problème.
Merci.
Donc...
Le Président (M. Lemay) :
Maintenant, pour la réponse.
• (11 h 50) •
M. Julien : ...très
rapidement, sur Hilo, c'est un projet pilote qui a été mis avec, de
mémoire — là, je vais laisser Mme Brochu en parler
plus — c'étaient 10 000, je crois et on est au terme de ce
projet pilote, là, en réalité, avec différents potentiels. Pour donner une
suite, suite qui ne devrait pas tarder, Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Bon,
d'abord, Hilo, ce n'est pas une marque. C'est vraiment une société affiliée,
c'est une filiale d'Hydro et Hilo a été mise de l'avant, encore une fois, par
nos amis qui étaient là bien avant moi, auprès de 1 000 clients. C'est un
projet pilote auprès de 1 000 clients et, dans le fond, ce qu'on a dit aux
clients : Si ça vous tente, on aimerait ça tester des outils
technologiques avec vous, voir comment ça fonctionne, voir comment vous vous
sentez, voir comment vous aimez ça et de manière à ce qu'on puisse
graduellement élargir l'offre auprès d'autres clients.
Ce que j'en comprends, puis on est encore
vraiment, j'appellerais ça un laboratoire au sens noble du terme, parce qu'on
essaie des choses et moi, je trouve que c'est une très belle façon de
fonctionner, plutôt que d'arriver avec nos gros sabots, justement à l'écoute de
nos clients. Donc, ça va bien.
..., c'est quoi, dans le fond? C'est
qu'elle dit au client : Si vous le voulez, si vous avez le goût, si vous
le souhaitez, si vous l'acceptez, on va installer...
Mme Brochu (Sophie) :
...laboratoire au sens noble du terme, parce qu'on essaie des choses et moi, je
trouve que c'est une très belle façon de fonctionner, plutôt que d'arriver avec
nos gros sabots, justement à l'écoute de nos clients. Donc, ça va bien.
..., c'est quoi, dans le fond? C'est
qu'elle dit au client : Si vous le voulez, si vous avez le goût, si vous
le souhaitez, si vous l'acceptez, on va installer des équipements chez vous
puis on va prendre en charge la manière dont vous allez consommer l'énergie,
dont vous allez utiliser l'éclairage, dont vous allez utiliser votre chauffage
et ces tests-là, aujourd'hui, sont suffisamment probants pour dire qu'on va
avoir une offre commerciale qui va être élargie.
On pense à l'automne, évidemment. On
regarde aussi le timing avec ce qui se passe avec les gens. Est-ce que les gens
vont avoir le goût, dans le contexte actuel de pandémie, d'avoir plus
d'interactions comme ça? Donc, la lancée est bonne, l'orientation est le fun,
la réceptivité est correcte, on est encore en mode laboratoire, mais on va
l'élargir graduellement.
M. Polo : Merci. Et une
dernière question, parce que je pense qu'il reste à peu près 1 min 30 s.
Mme Brochu, comment vous pouvez rassurer
les Québécois que leurs données de consommation seront hébergées et resteront uniquement
dans le territoire québécois? Parce qu'à date, l'information qui circule, c'est
que parmi les fournisseurs de services avec lesquels peut-être Hydro-Québec
fait déjà affaire, ou conçoit, ou prévoit faire affaire, il n'y a aucune
garantie que ces données-là vont être hébergées uniquement au Québec.
Comment vous pouvez rassurer que les
données vont être... des Québécois vont être hébergées uniquement en sol
québécois?
Mme Brochu (Sophie) : Alors,
oui, aujourd'hui, vous me posez une question à laquelle je ne peux pas répondre
de manière définitive et tranchée. J'aimerais ça parler... parce qu'il y a
l'hébergement puis, après ça, il y a toute la question de la cybersécurité
puis, pour moi, c'est assez corollaire.
M. Polo : ...quand même
expertise en centre d'hébergement, là.
Mme Brochu (Sophie) : Oui,
oui. Non, absolument.
M. Polo : Je veux dire, vous
avez l'équipement.
Mme Brochu (Sophie) : Non,
non, absolument.
M. Polo : Mais alors, comment
ne pas pouvoir rassurer les Québécois que leurs données ne seront pas...
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
en fait, savez-vous quoi? C'est que vous me posez une question qui est à
l'extérieur de mon champ de compétence. Alors, sur le fait de rassurer les Québécois,
sur le fait de dire : Allons-nous faire les bonnes choses pour l'hébergement
de leurs données...
M. Polo : Bien, est-ce qu'à
tout le moins vous partagez cette inquiétude-là des Québécois?
Mme Brochu (Sophie) :
Absolument, monsieur. Je fais juste vous dire : Pour rassurer des gens, il
faut savoir de quoi on parle. Je peux les rassurer d'une intention, mais, après
ça, je ne peux pas vous donner des informations précises sur le dossier. Je
reviendrai avec vous, si vous me permettez, avec un complément par écrit, mais,
sur l'orientation, je peux rassurer les gens qu'on est aussi soucieux de la
chose.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. Ceci complète ce bloc d'échange. Et malheureux, rendu à ce stade-ci, je
vais maintenant reconnaître le député des Îles-de-la-Madeleine pour un dernier
bloc d'échange pour le troisième groupe d'opposition. La parole est à vous.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Mme Brochu, c'est un plaisir pour moi de faire votre rencontre
aujourd'hui, puisqu'il y a un dossier important pour les gens de ma
circonscription des Îles-de-la-Madeleine, mais qui est aussi, je pense, un
dossier important pour Hydro-Québec sur le plan national, c'est celui de l'avenir
de la centrale d'Hydro-Québec, la centrale au mazout des Îles-de-la-Madeleine.
Vous savez que le plan était de raccorder les Îles-de-la-Madeleine au continent
avec un câble sous-marin. Et, il y a à peine deux semaines, on a annoncé que...
M. Arseneau : ...de l'avenir de
la centrale d'Hydro-Québec, la centrale au mazout des Îles-de-la-Madeleine.
Vous savez que le plan était de raccorder les Îles-de-la-Madeleine au continent
avec un câble sous-marin, et, il y a à peine deux semaines, on a annoncé que,
devant l'explosion des coûts, on allait poursuivre les études, voir quelles
étaient les alternatives. Alors, ma question est toute simple : Est-ce que
vous avez pris cette décision de revoir le dossier suite à votre nomination?
Mme Brochu (Sophie) : Non...
Pardon.
M. Julien : Juste très
rapidement... la parole à Mme Brochu. L'analyse a montré une explosion des
coûts, là, assez importante, là. On était à 700 millions, là, de manière
préliminaire, puis ça monte de manière importante. Naturellement, Jonathan
Lapierre, le maire, également, là, on a eu des discussions avec Hydro-Québec.
Alors, pour nous, c'est de poursuivre
l'analyse parce que c'est sûr que l'objet, c'est de réduire, en fin de compte,
l'utilisation d'hydrocarbures, réduire, du même coup, les GES. Ça va très vite,
en énergie, par rapport à des palliatifs qui ne sont peut-être pas aussi
parfaits qu'une ligne électrique. Donc, pour nous, c'est de se donner le temps
de faire cet arbitrage-là. Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Ça me
fait plaisir de faire votre connaissance aussi. Ceux qui me connaissent vous
diront que je n'ai aucune prétention opérationnelle et que, si j'ai un mérite,
c'est de m'entourer de gens beaucoup plus forts que moi puis de les laisser
travailler. Dans le cas présent, ce sont les équipes au dossier qui sont venues
avec leur recommandation au comité de direction, une recommandation qui a été
approuvée unanimement compte tenu des faits qui étaient devant nous. Et la
recommandation n'était pas de changer le cours mais de prendre le temps pour
regarder l'ensemble des options et de le travailler avec le milieu.
Alors, si j'ai pu avoir une contribution
personnelle, c'est celle de m'assurer, deux fois plutôt qu'une, qu'on
consulterait le milieu, de belle manière, de grande manière, pour trouver la
meilleure façon d'approvisionner les Madelinots.
Il y a une centrale présentement. Elle
émet des GES. Il y a des emplois. Il y a une question de fiabilité. Puis vient
aussi avec ça la question de la télécommunication. Le dossier est éminemment
complexe, et je n'aurais jamais la prétention, en arrivant, de changer le cours
d'un dossier de manière péremptoire.
M. Arseneau : La raison pour
laquelle je posais la question directement, c'est parce qu'on a connu au moins
trois revirements à 180 degrés, chez Hydro-Québec, dans ce dossier-là. Des
années 2000 jusqu'à 2015, on faisait des études paramétriques sur la
possibilité de placer un câble et, en 2014, on a annoncé subitement que la
centrale avait une durée de vie utile supplémentaire de 12 années, qu'on
allait pouvoir la faire fonctionner encore jusqu'à 2035, et que le dossier
était clos. 2014.
Changement de P.D.G. à Hydro-Québec. Peut-être
est-ce un hasard, deux ans plus tard, plan stratégique où on annonce qu'on ira
en appel d'offres, en 2019, pour trouver tous les moyens de remplacer la
centrale, que c'était absolument nécessaire. Ça, c'était en 2016.
Et, 2018, on annonce que la décision est
prise. On n'a pas fait les études. On n'a pas fait les appels d'offres pour
trouver d'autres propositions, mais la décision est prise, et ce qu'on...
M. Arseneau : ...annonce
qu'on ira en appel d'offres en 2019 pour trouver tous les moyens de remplacer
la centrale, c'était absolument nécessaire. Ça, c'était en 2016.
Et 2018, on annonce que la décision est
prise. On n'a pas fait les études, on n'a pas fait les appels d'offres pour
trouver d'autres propositions. Mais la décision est prise, et ce qu'on
comprend, c'est : Ça coûtera ce que ça coûtera. On va préserver les
emplois, mais on veut avant tout améliorer le bilan énergétique d'Hydro-Québec
et du Québec par la même occasion. Donc, on est en 2018.
Cette année, comme par hasard, nouveau P.D.G.,
changement possible de direction. Et, quand je dis possible, je comprends les
propos du ministre Julien, c'est ce qui a été évoqué aussi dans l'espace
public. Sauf que tout le monde semble prendre pour acquis que c'est le début
d'un nouveau virage.
Et, à cet égard-là, j'aimerais vous poser
la question : Est-ce que vous avez encore confiance de réaliser le projet
de raccordement, et dans les délais qui étaient prescrits, 2025?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien : ...parole à
Mme Brochu sur ces éléments-là. Il faut bien comprendre que les analyses
ont révélé, en fin de compte, un dépassement. Puis quand vous dites :
Coûte que coûte, bien, je ne me souviens pas qu'on ait dit : Coûte que
coûte. Mais, à terme, la solution du câble, en réalité, passe de
700 millions à probablement plus d'un milliard.
Et on voit également... Il faut comprendre
que le domaine de l'énergie évolue très rapidement. Quand on a parlé
d'hydrogène, quand on a parlé, en réalité, de capacité de stockage, il y a cinq
ans, on n'était pas là, puis, dans cinq ans, on va être probablement ailleurs. Je
pense que le temps, ici, ce n'est pas une question de changement de direction,
on a besoin d'un temps de réflexion pour dire : Est-ce que la solution est
optimale? À terme, on va avoir un spectre de possibilités. Peut-être que certaines
possibilités réduiraient de 80 % des GES, donc ce serait moins bon que le
câble mais donnerait d'autres avantages. Je pense qu'Hydro-Québec doit se
donner le temps de faire cette analyse-là à la lumière des coûts qui ont été,
suite à l'analyse préliminaire, énoncés qui sont importants.
Le Président (M. Lemay) : Mme
Brochu, voulez-vous rajouter quelque chose?
Mme Brochu (Sophie) : Bien,
je pense que le ministre a tout dit, monsieur. Et il n'y a pas de doute que la
complexité du projet est grande, que les coûts sont importants et que des
moyens nouveaux et complémentaires peuvent être mis à contribution, puis c'est
une question d'optimalité. Puis il y a probablement plusieurs solutions avec
leur grandeur et leur misère. Puis, à la fin de la journée, je pense que ça va
être quelque chose de combinatoire.
Maintenant, on va le regarder en fonction
de la réalité actuelle. Je vous dirais... Puis encore... Puis là je vais avant
mon prédécesseur, ça fait que, là, je... Les réseaux autonomes d'Hydro-Québec
ont déjà été parents pauvres d'Hydro-Québec. Les réseaux autonomes, c'était ça.
Je ne dis pas qu'on ne s'occupait pas des réseaux autonomes, mais c'était des
réseaux autonomes, c'est pour des gens qui étaient loin puis c'était moins hot.
• (12 heures) •
Puis, au bénéfice de mon collègue, Éric
Filion, il a dit : On va changer ça, puis on va s'organiser pour que
l'équipe des réseaux autonomes soit le laboratoire du futur, puis on va
travailler avec nos communautés pour réduire les émissions de gaz à effet de
serre, réduire les coûts, parce que ça coûte cher, puis on va mettre en place
différentes mesures. Ce qui fait que, dans différentes régions du Québec, on a
déployé...
12 h (version non révisée)
Mme Brochu (Sophie) : …au
bénéfice de mon collègue Éric Filion, il a dit : On va changer ça, puis on
va s'organiser pour que l'équipe des réseaux autonomes soit le laboratoire du
futur, puis on va travailler avec nos communautés pour réduire les émissions de
gaz à effet de serre, réduire les coûts, parce que ça coûte cher, puis on va
mettre en place différentes mesures. Ce qui fait que, dans différentes régions
du Québec, on a déployé d'autres énergies renouvelables. Il reste que, les Îles-de-la-Madeleine,
c'est un gros réseau autonome, puis il y a beaucoup de monde, puis il faut s'en
occuper comme il faut. Ça fait qu'on va s'occuper de vous comme il faut,
monsieur, puis on va faire ça de la manière la plus optimale possible.
M. Arseneau : Oui, merci, M.
le Président. Pour ceux qui en douteraient, là, de l'importance sur le plan
national, c'est quand même 40 % des émissions de gaz à effet de serre d'Hydro-Québec,
des émissions directes, à la centrale des Îles-de-la-Madeleine, et on souhaite
tous, là, pouvoir améliorer le bilan. Vous parlez de M. Fillion. Dans sa
déclaration du 26 mai 2018, pour justifier le choix du raccordement, il disait
que c'était la solution la plus écologique, la plus économique et la plus
fiable. Aujourd'hui, il y a l'économique qu'on remet en question.
Mais les gens soupçonnent que vous avez un
préjugé favorable pour les énergies fossiles et pour le gaz naturel. On
parle... On a déjà évoqué, dans les différentes coupures de presse, là, le fait
que la principale source d'énergie aux Îles pourrait être le gaz naturel
liquéfié, ce serait moins cher, puis on pourrait explorer toutes les autres
sources complémentaires. Est-ce que vous excluez ce scénario?
M. Julien : Bien, écoutez, M.
le Président... surtout pas prêter d'intentions à Mme Brochu. Pour nous, en
réalité, la solution, ça va être... Il n'y a pas juste l'économique,
effectivement, en termes écologiques... Puis le câble ferait en sorte de
régulariser la situation. Naturellement, on l'a mentionné, Mme Brochu et moi,
actuellement, il y a des nouvelles technologies qui nous laissent présager
qu'une mixicité pourrait réduire de 80 %, à titre d'exemple, l'émission
des GES. C'est vrai que la centrale actuelle représente 40 %.
Rappelons-nous qu'au Québec l'énergie, 99 %, est propre et renouvelable,
94 %, 95 % hydroélectrique, 4 %, 5 % éolienne, puis
1 %... puis de ce 1 %, 40 % est lié... Puis on va faire tout au
pouvoir d'Hydro-Québec puis du gouvernement pour réduire de manière optimale.
Maintenant, si mon collègue veut prétendre
qu'il ne faudrait pas poursuivre les analyses avec les nouvelles technologies,
on n'est pas là. On voit actuellement qu'il y a des opportunités de stockage
d'énergie, des possibilités, en fin de compte, d'optimisation avec des
éoliennes, avec une mixicité. Alors, on va regarder tous les scénarios pour
obtenir... Et naturellement à la face même de la communauté, avec le maire,
avec la communauté, on va présenter ça. On ne fera pas ça, en fin de compte,
dans des vases clos, ça va être transparent pour présenter une solution
optimale, parce qu'on veut régulariser la situation. Alors, pour nous, c'est
clair.
M. Arseneau : C'est parce que
quand la question est répondue par deux personnes, ça va un petit peu plus
vite, puis j'ai une question pour le ministre en terminant. On a mis tous les
oeufs dans le même panier du raccordement électrique, c'est-à-dire à la fois
l'alimentation en électricité et la transmission des données numériques. Le
câble optique devait emprunter le même canal. Est-ce qu'on regarde, du côté du gouvernement,
une solution alternative pour desservir les Îles-de-la-Madeleine en matière de
transmission de données électroniques et tout ce qui en dépende?
M. Julien : Alors, c'est deux
enjeux distincts qu'on va regarder, puis c'est deux enjeux...
M. Arseneau : ...transmission
des données numériques, le câble optique devait emprunter le même canal. Est-ce
qu'on regarde, du côté du gouvernement, une solution alternative pour desservir
les Îles-de-la-Madeleine en matière de transmission de données électroniques et
tout ce qui en dépend?
M. Julien : Alors, c'est deux
enjeux distincts qu'on va regarder puisque c'est deux enjeux importants pour
les Îles-de-la-Madeleine. Donc, un ne se fera pas au détriment de l'autre.
Alors, je pense qu'on a le mérite de se donner une réflexion supplémentaire
avec les dernières données qu'on a eues. Sur le volet Énergétique, je le
réitère, moi, ça fait deux ans à peu près que j'ai ces fonctions-là, il y a une
évolution vitesse grand V de tout ce qui est stockage. Et, dans les cinq
dernières années, ça a plus avancé que dans les cinq dernières.
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. le ministre.
M. Julien : Puis, dans les
cinq prochaines, ça va avancer encore. On aura une solution.
Le Président (M. Lemay) : Je
dois vous interrompre.
Puisque ceci étant la fin de ce bloc
d'échange et compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux jusqu'au
mardi, 19 août... (Interruption) jusqu'au 19 août, bien sûr, où elle entreprendra
l'étude du volet Énergie et Ressources naturelles, Société du Plan Nord et
Développement nordique des crédits budgétaires du portefeuille Énergie et
Ressources naturelles. Merci beaucoup à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 12 h 4)