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Version finale

39th Legislature, 1st Session
(January 13, 2009 au February 22, 2011)

Friday, May 21, 2010 - Vol. 41 N° 22

Auditions publiques dans le cadre d'une table ronde


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Table des matières

Table ronde dans la région de Lanaudière

Autres intervenants

 
M. Pierre Curzi
Mme Noëlla Champagne
Mme Francine Charbonneau
M. Gilles Robert
M. Émilien Pelletier
M. Michel Pigeon
* Mme Diane Simard, parent d'élève
* Mme Nancy Delisle, écoles Saint-Barthélemy, Saint-Norbert, Saint-Cuthbert
* Mme Nicole Malboeuf, idem
* M. Jean Leclerc, école secondaire Barthélemy-Joliette
* Mme Caroline St-Georges, Carrefour jeunesse-emploi d'Autray-Joliette
* Mme Chantale Gagnon, parent d'élèves
* Mme Peggy Houle, école secondaire l'Achigan
* Mme Caroline Perreault, idem
* M. André Bellemare, enseignant, Pavillon Montcalm
* Mme Patricia Monetta, étudiante
* M. Charles Ricciardo, étudiant
* M. Jean-Luc Gauthier, étudiant
* Mme Mélissa Gopalkrishna, Carrefour jeunesse-emploi de Montcalm
* Mme Joémie Ducharme, étudiante
* Mme Sandrine Macdonald, étudiante
* M. Jonathan Bérubé, étudiant
* M. Mikael Lecourt, étudiant
* Témoins interrogés par les membres de la commission

Journal des débats

(Treize heures trente-deux minutes)

Table ronde dans la région de Lanaudière

Présentation

Le président, M. Pierre Marsan

Le Président (M. Marsan): Je voudrais d'abord vous remercier, vous remercier bien sincèrement de prendre le temps et de partager avec nous, de la Commission de l'éducation et de la culture, ce que j'appelle des moments privilégiés pour discuter du décrochage scolaire. Alors, c'est un gros, gros merci de ce que vous faites avec nous cet après-midi.

Au préalable, cet avant-midi, nous avons eu le privilège de rencontrer plusieurs étudiants, certains qui ont pensé au décrochage, d'autres qui ont décroché, d'autres qui ont raccroché. Et, pour nous, je vous assure que ça a été des épisodes extrêmement touchants et très, très appréciés. On vient d'avoir un déjeuner, qui avait été préparé par des élèves, en passant, et qui était très, très bon, et ça, c'est l'avis de tous les parlementaires, c'est un vote unanime envers l'équipe qui étudie dans ce domaine-là. Eh bien, tout ça, ça a contribué à améliorer les connaissances que nous avons.

Pourquoi est-ce qu'on est ici aujourd'hui? C'est sur l'initiative d'un... un mandat d'initiative de notre commission sur le décrochage scolaire. Et, nous, ce qu'on s'est dit comme députés, c'est qu'on aimerait ça sortir un peu des sentiers battus. On a des gros rapports, des livres, beaucoup de gens très érudits qui ont fait des très bonnes présentations sur le dossier. Mais, nous autres, comme députés, on a décidé qu'on voulait rencontrer les jeunes, rencontrer les parents, les intervenants pour savoir vraiment d'eux c'est quoi, la problématique qui entoure ce phénomène-là.

Alors, c'est dans ce contexte-là qu'on se présente à vous aujourd'hui. Nous vous avons fait parvenir trois questions. Je vous les rappelle brièvement, mais je crois que tout le monde devrait les avoir reçues: Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à prendre la décision de quitter l'école, à décrocher avant l'obtention d'un diplôme? Quel est l'élément déclencheur? Qu'est-ce qui peut amener quelqu'un à raccrocher, à retourner à l'école pour terminer ses études? Comment peut-on motiver le plus de décrocheurs possible à raccrocher? Et quelle serait l'école idéale? Que faudrait-il changer pour que l'école soit une expérience heureuse et enrichissante pour le plus d'élèves possible?

Pour la conduite de nos travaux cet après-midi, je vais partager la présidence avec mon vice-président, que vous connaissez sûrement, M. Pierre Curzi, qui est le député de Borduas. Et je vais tout de suite commencer par tour de table pour se présenter, chacun. Et je vais demander... On va partir de ce côté-là, Pierre? Alors, c'est toi qui es le premier.

M. Curzi: J'ai déjà été présenté, alors bonjour. À vous.

Mme Simard (Diane): Diane Simard, parent d'élève.

Mme Delisle (Nancy): Bonjour, Nancy Delisle, directrice, accompagnatrice, pour la commission scolaire des Samares, pour la stratégie Agir autrement.

M. Leclerc (Jean): Jean Leclerc, école Barthélémy, Joliette, intervenant PARER.

Mme St-Georges (Caroline): Bonjour, Caroline St-Georges, je suis chargée d'équipe au carrefour jeunesse-emploi, donc je suis là aujourd'hui pour... Carrefour jeunesse-emploi, excusez, de d'Autray Joliette. Donc, je suis là aujourd'hui pour être le porte-parole de tous ces jeunes qui fréquentent le carrefour, au-dessus de 2 500 jeunes cette année.

Mme Gagnon (Chantale): Bonjour. Chantale Gagnon; je suis maman à temps plein de quatre enfants, 14, 12, 7 et 6 ans.

Mme Houle (Peggy): Bonjour. Mme Peggy Houle, directrice à l'école secondaire de l'Achigan.

(Panne de son)

Le Président (M. Marsan): ...les étudiants. Je connais ceux avec qui nous avons travaillé, mais je ne connais pas bien ceux qui étaient dans d'autres ateliers. Alors, est-ce que ca vous irait de vous présenter?

(Panne de son)

Mme Malboeuf (Nicole): Bonjour. Je suis Nicole Malboeuf, directrice de trois écoles primaires à la commission scolaire des Samares, mais en milieu rural et milieu défavorisé.

Mme Champagne (Noëlla): Bonjour. Noëlla Champagne, députée de Champlain, ex-enseignante, maman, grand-maman, etc.

M. Bellemare (André): Bonjour. Moi, je suis André Bellemare; j'enseigne au Pavillon Montcalm, secteur jeunes 14, 15, 16 ans, pour le soudage-montage.

(Panne de son)

Mme Perreault (Caroline): Bonjour. Caroline Perreault, de l'école de Saint-Roch-de-l'Achigan; je suis intervenante PARER à l'école cette année.

Mme Boutin (Stéphanie): Bonjour. Stéphanie Boutin; je suis la secrétaire de la commission

Une voix: Nouveau collègue en arrière, voulez-vous vous présenter?

Des voix: ...

Le Président (M. Marsan): Et je vois des gens dans la deuxième rangée, je ne sais pas si vous voulez vous présenter ou... pas tellement non plus.

Des voix: ...

**(13 h 40)**

Le Président (M. Marsan): Est-ce qu'il y en a d'autres? Il y a M. Christian Croft, qui travaille aussi avec nous pour le micro, et il a un message à nous faire déjà: il nous demande, à chaque fois qu'on veut intervenir, de bien s'identifier, savoir qui parle. C'est pour nos transcriptions. Et il y a M. Éric Bédard qui est avec lui également. Il est ici, dans le fond, avec la sécurité. Et Joël Guy. C'est ça. Merci.

Alors, moi, je suis Pierre Marsan, président de la commission mais aussi député d'un beau comté. Je dis toujours que c'est le plus beau des comtés, mais mes collègues ne sont pas contents...

Des voix: ...

Le Président (M. Marsan): ...vous voyez, il y a des jaloux dans le groupe, mais c'est le comté de Robert-Baldwin, c'est dans l'Ouest-de-l'Île de Montréal.

Discussion générale

Analyse du phénomène
et solutions possibles

Alors, sur ce, je voudrais que tout le monde se sente bien à l'aise d'intervenir, simplement qu'à nous faire signe, à Pierre et à moi. Et, comme on vous laisse libres de répondre, bien on a désigné quand même Mme Perreault pour être la première. C'est la seule qu'on va désigner pour nous répondre, répondre aux questions et nous faire ses commentaires. Et, comme on a appris beaucoup ce matin sur tout le dossier PARER, bien on va sûrement vouloir en entendre parler. Alors, Mme Perreault, à vous la parole.

Mme Perreault (Caroline): Alors, Caroline Perreault. Bien, alors j'y vais avec les trois questions?

M. Curzi: Alors, ce qu'on a demandé, on a envoyé toute une série questions, il y en avait, je pense, 50 questions, sur tous les sujets, et ce qu'on vous a demandé aussi, c'est trois questions fondamentales, que M. Marsan a lues. On vous demande d'être assez brefs, puis, mes collègues et moi, on va écouter. Je pense qu'on n'interviendra pas. L'idée de ça, c'est d'arriver à casser l'espèce de formalisme qu'il y a souvent dans les moments où on se parle. Ce matin, je pense qu'on a très bien réussi, on est très heureux, nous autres en tout cas, d'avoir été directement en contact avec vous, et ce qu'on veut continuer, c'est garder cet espèce de climat là d'ouverture, donc pas aller... pas s'enfermer dans quelque chose de trop formel. Donc, voilà, c'est la demande qu'on vous fait, mais on veut que vous preniez la parole là-dessus, puis ensuite le débat sera peut-être ouvert à tout le monde.

Mme Perreault (Caroline): Donc, je vais essayer d'être brève, malgré un sujet qui me passionne beaucoup et sur lequel j'en ai très long à dire. Donc, à mon avis, si je regarde les élèves avec lesquels je travaille, si je regarde d'autres, pourquoi on décroche? On décroche d'abord et avant tout parce qu'on ne se reconnaît pas, à l'école, dans ce qu'on vit. On peut décrocher aussi parce qu'on a des problématiques qu'on vit à l'école, par exemple, de l'intimidation, du taxage ou, bon. Des problématiques aussi plus au niveau de la drogue, au niveau de la... bon, de plein de trucs qui appartiennent vraiment à l'individu, et on peut aussi décrocher parce qu'on n'a pas de modèle de gens qui ont persévéré à la maison, donc de parents qui ne travaillent pas, de parents qui ne valorisent pas l'école, un frère, une soeur qui ont décroché, une blonde qui a décroché, et à ce moment-là ça devient plus dur de te lever le matin et de te motiver toi-même.

Donc, il y a aussi tout l'aspect au niveau de la pédagogie. Quand on est en classe, qu'on a l'impression que ce qu'on nous enseigne ne nous servira pas, qu'on ne voit pas le sens de tout ça et qu'on ne sait pas non plus... le manque de but. Quand on ne sait pas ce qu'on veut faire dans la vie, bien à quoi bon continuer à l'école vers une voie qui nous dit rien finalement.

À partir de là, qu'est-ce qu'on peut faire pour raccrocher des gens? Bien, on peut s'asseoir avec eux, première des choses, et voir. pour chaque individu, c'est quoi, la problématique qui mène vers une porte de sortie. Il n'y a pas de recette pour tout le monde. Il n'y a pas de solution universelle, malheureusement. Donc, à mon avis, c'est d'aller... pour chaque individu, de voir avec lui quelles sont les solutions dont il a besoin. Et le projet PARER, à cet effet-là, moi, j'ai toujours dit que je me voyais comme un peu Gemini Cricket avec Pinocchio. J'ai 15 petits Pinocchio qui vivent des problématiques qui sont très différentes les unes des autres, et, moi, je suis le fameux petit grillon qui essaie de voir, pour chacune de leurs problématiques, comment je peux aider à paver la voie pour que ce soit plus facile de continuer d'avancer sur le chemin.

Qu'est-ce que je peux faire non pas pour faire le travail à leur place, mais pour leur montrer comment on peut y arriver, donc leur donner des outils, les outiller, leur donner... leur faire connaître leurs forces. Qu'est-ce qu'ils ont en eux? C'est quoi, le potentiel qu'ils ont pour continuer? Bien, d'y aller avec des solutions vraiment très ponctuelles. Pour l'intimidation, il y a des solutions. Pour le manque de motivation aussi, il y a des solutions. Donc, d'y aller vraiment avec des choses individuelles.

Eh bien, qu'est-ce que l'école peut faire, à ce moment-là, pour être une école parfaite, entre guillemets? Bien, moi je vous dirais que, Saint-Roch, on est vraiment sur la bonne voie de la perfection. Parce qu'on est très ouverts à toutes sortes de solutions... Ils sont très modestes mais très réalistes aussi! Entre autres... bien, effectivement, on n'a pas peur d'essayer de mettre des choses en place, même si c'est pour seulement 15 élèves, hein; parce que, vous savez, on est une grande polyvalente. Mais ça vaut la peine d'essayer de mettre en place des projets comme celui-là et de s'arrêter pour donner une place à chaque individu dans un milieu où, malheureusement, il n'y a pas de place pour tout le monde. Donc, comme vous m'avez demandé d'être brève, je vais arrêter ici pour l'instant.

Le Président (M. Marsan): Juste une petite question d'information, PARER, vous voulez nous dire qu'est-ce que ça veut dire?

Mme Perreault (Caroline): Programme d'accompagnement rapproché pour élèves à risque. Merci, mes collègues.

Le Président (M. Marsan): Merci. Alors, quelqu'un d'autre veut poursuivre le débat et prendre la parole?

Mme Simard (Diane): Je peux bien commencer...

Le Président (M. Marsan): Alors, Mme Simard.

Mme Simard (Diane): Principalement, je pense que les gens qui décrochent, c'est qu'ils manquent de motivation. Il faut essayer d'aller les chercher, puis ce n'est pas facile dans... des fois, dans des encadrements normaux, entre guillemets, je pense qu'à travers les années il y a un petit peu de... pas de fautes, mais on dirait qu'il y a un désintéressement qui se fait, là, qu'on a de la misère à raccrocher les enfants à l'école, à les intéresser à aller à l'école. Je vois beaucoup, beaucoup, beaucoup, à travers les années, et je trouve ça un petit peu dommage, beaucoup de professeurs qui commencent l'année, puis, en cours d'année, ils peuvent en passer quatre, cinq. Bien, c'est dommage, parce que, les enfants, ça les décroche. Là, ils ne réussissent pas à s'intéresser à la matière parce qu'il y a trop de changements, ils n'arrivent pas à suivre. Ça fait que ça, je trouve ça un petit peu dommage. C'est un des principaux points, je pense, qui peut amener à faire décrocher un enfant dans une matière, puis ça arrive souvent dans plusieurs matières à travers l'année. Ça fait que c'est un petit peu dommage à ce niveau-là.

Qu'est-ce qu'on peut faire pour ça? Bien là, on essaie d'intéresser les médecins, je veux dire, à aller dans les régions, on pourrait peut-être faire la même chose au niveau de la scolarité. Je ne le sais pas, c'est peut-être une idée, entre autres. La stabilité, je pense que ça a beaucoup d'importance, au niveau des enfants, pour les accrocher, à continuer, à ne pas décrocher, à aller jusqu'au bout, puis essayer de leur faire voir... ne pas attendre rendu en secondaire V pour voir que peut-être qu'ils pourraient aller faire un stage pour voir qu'est-ce qu'ils veulent faire plus tard. Là, ils sont rendus à la fin de la scolarité du secondaire. Il faut commencer plus tôt à essayer de leur faire voir qu'est-ce qui est possible dans leur cas. Je pense que ça pourrait être une avenue. Je ne sais pas s'il y en a... il y en a d'autres aussi, mais ça pourrait être une avenue qui pourrait être valable au bout. Ça fait que c'est un peu ça. Je pense, que...

Le Président (M. Marsan): Merci. Peut-être juste vous informer, si, les jeunes, vous voulez prendre la parole, il y a un micro qui vous attend. Simplement qu'à vous identifier puis nous faire signe, à moi ou à Pierre, puis on va vous donner la parole.

Alors, on peut poursuivre. Allez-y, madame.

Mme Gagnon (Chantale): Bonjour, tout le monde. J'ai eu les trois questions pour lesquelles... les trois questions principales, et j'avoue que je ne savais comme pas trop comment m'enligner, ça fait que je vais laisser aller, puis... c'est quelque chose.

Comme je disais tantôt, j'ai quatre enfants, j'ai quatre enfants qui ont des problématiques de santé. Du TDAH, c'est un trouble de déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité. C'est des problème que ça a toujours été. Il y en a toujours eu, ce n'est pas quelque chose de nouveau. On en parle peut-être plus aujourd'hui, mais c'est des choses qui ont toujours existé, de nos parents, de nos grands-parents, de nos arrière-grands-parents, parce que c'est héréditaire. Et puis, je vous dirais que ces enfants-là, il y en a beaucoup. Il y en a même qui ne le savent pas qu'ils le sont, mais c'est des enfants qui ont plus de difficultés à apprendre que d'autres. Ça fait que c'est des choses où est-ce que c'est important de mettre ça... de faire un travail d'équipe au niveau de l'école.

Moi, pour ma part, je trouve que le décrochage, ça se commence dret en première année. Mon opinion personnelle, c'est ça. Dret la première année, on peut faire décrocher un enfant si l'enfant rencontre trop de difficultés. Un enfant qui ne réussit pas à lire, à apprendre ses sons comme il faut, être capable de faire une lecture normale, qui ne comprend pas sa lecture, ce que les mots, ce qu'il a lu, ce que ça veut dire, bien je m'excuse, mais on vient de le décrocher dret là. On va l'envoyer en deuxième année, mais il n'a pas eu sa base solide. C'est comme une maison, on va bâtir une maison sur des sables mouvants, on a beau essayer de la construire, il va toujours y avoir un coin qui va craquer, qu'on va avoir besoin de la réparer. Bien, moi, je dis que c'est la même chose pour l'école, pour l'avenir de nos enfants. Si on ne leur donne pas une base solide, on va s'en aller nulle part avec ça, parce que ça va être toujours à recommencer.

Pour ma part, j'ai deux de mes filles, Stéphanie, 12 ans, et Sandy, sept ans. J'ai connu le avant et le après le programme de blitz de lecture accompagnée qui a été installé à notre école. Première chose que j'ai faite quand on m'a mise au courant de ce blitz-là, comment ça fonctionnait, je leur ai dit: Ça ne vous tentait pas de l'installer avant?

**(13 h 50)**

Ça fonctionne en quoi, le blitz? C'est à la partie première année, où est-ce que, pendant 30 jours, si je me souviens bien -- c'est 30 ou 40, là -- 30 jours consécutifs où, à tous les jours, l'enfant doit faire de la lecture. On coupe, il n'y a plus aucun devoir, de rien, on se concentre sur la lecture et sur la compréhension de sa lecture. Et je vous dirais que ça a fait des miracles chez nous. J'ai vu le progrès de ma fille; au début de tout, c'était dur, elle ne voulait pas les lire. Mais, d'un livre à l'autre, d'un jour à l'autre, c'était très encourageant, parce qu'on a vu monter le thermomètre, justement, de son nombre de mots qu'elle a réussi à accomplir. Et puis, cette année, ils l'ont quand même montée en deuxième année, parce que là on devait dire: Bon, O.K., oui, ses sons, elle les sait, mais elle a quand même des difficultés. Elle a été en deuxième année. Et, de sa deuxième année, ils l'ont envoyée en lecture accompagnée, 60 jours. Et puis, 60 jours à l'école, ce qu'ils font... Si c'est, oui, à la maison, à 60 jours, on doit lire des livres à tous les soirs, mais, à l'école, c'était deux heures, si je me souviens bien, qu'il y avait de la lecture... c'était le travail de lecture en classe, à tous les avant-midi, intensif, pour les enfants. Ils étaient par petits groupes, ils étaient une dizaine d'enfants, si je me souviens bien. Et ces enfants-là qui étaient en difficulté, bien je vous dirais que, pour la plupart, ont tous réussi.

Ma fille, ça va très bien maintenant. Elle est en deuxième année et ça va très bien. Sa fin d'année, ça s'annonce bien. Elle a été capable de récupérer parce que sa lecture, qu'elle n'avait pas dès sa première année, on a solidifié ses bases, on a continué encore en deuxième année à solidifier ses bases, fait en sorte qu'aujourd'hui elle est capable de lire un livre. Les mots qu'elle ne sait pas, d'elle-même elle nous le demande: Qu'est-ce que ça veut dire, de quoi ça parle? Et puis, ça lui donne une estime de soi, parce que c'est beaucoup, ça. Ça fait que, moi, je sais que cette base de lecture là, peu importe où est-ce qu'elle va s'en aller, cette base-là, elle est solide. Ça, c'est mon petit bout de sept ans.

Par contre, celle de 12 ans, qui n'a pas connu ce programme-là, elle, je m'excuse, mais on est dans le champ. Je l'ai toujours dit: Tant qu'elle va avoir de l'estime de soi, on est correct, mais, la journée où est-ce qu'elle va la perdre, on est -- excusez le mot -- mais on est dans la merde. Et, cette année, c'est exactement ça. Stéphanie, en sept ans de classe primaire, elle a fait cinq ans de niveau deuxième année, même dans une classe adaptée, parce que, dans sa classe adaptée, il n'y avait pas seulement des cas qui avaient des troubles d'apprentissage, il y avait aussi des troubles de comportement, ce qui fait en sorte que venait compliquer.

Ça fait que des solutions à ça, bien, moi, pour ma part, la lecture accompagnée à l'école, moi, je veux que ce soit installé partout, si c'est possible, parce que c'est quelque chose de gagnant. Ça a été testé, ça a été fait à travers les écoles et c'est quelque chose qui est gagnant et qui nous montre que, oui, ça vaut la peine parce qu'on vient à bout de les garder là-dessus. On leur donne une base solide.

Ensuite de ça, bien ceux qui n'ont pas eu le programme avant mais qui sont déjà passés à d'autres étapes, c'est d'être capable de les raccrocher. De les raccrocher, bien je pense que vous avez eu peut-être une partie à matin, c'étaient eux autres qui étaient les mieux placés à vous dire qu'est-ce qui convient le mieux là-dessus. Ça fait que je ne peux pas me prononcer pour les plus grands. Pour ma part, à la maison, bien on continue à travailler, mais on travaille maison, école et milieu. C'est un travail d'équipe, ce n'est pas un travail juste les parents ou juste l'école. Ça doit être un travail d'équipe, parce que, si ça, ce n'est pas là, c'est l'enfant qui perd au bout de la ligne. Je pense que je vais arrêter là parce que...

M. Curzi: ...revenir.

Mme Gagnon (Chantale): Oui, c'est ça. Mais en tout cas c'est en gros, là, la base à donner. Merci beaucoup.

Le Président (M. Marsan): Merci. M. Leclerc.

M. Leclerc (Jean): Je ne veux pas répéter ce que les gens viennent de dire. Je vais essayer d'être bref. Moi, ça fait un an que je fais PARER. J'ai quelques constats. Moi, c'est ce que je voulais vous mentionner cet après-midi. Premièrement, moi, ce que je trouve important comme enseignant, je vais plus y aller en tant qu'enseignant, il faut s'assurer de créer un lien avec l'élève, quelle que soit la façon. Et on se rend compte, en regardant nos enseignants, en nous regardant aussi, quand on est capables de créer un lien avec l'élève, on a déjà une bonne partie du chemin de fait en classe. On est capables de l'amener à d'autre chose. Donc, il faut s'assurer de créer ce lien-là.

Il faut s'assurer aussi de créer de l'intérêt auprès de nos élèves. De tous les moyens, je pense que c'est notre... Souvent, je dis peut-être qu'on est mieux de s'assurer d'avoir des projets où l'élève va embarquer, va s'amener quelque part, quitte à faire de la différenciation à certains niveaux. Mais il faut créer de l'intérêt. S'il n'y a pas d'intérêt, bien nos jeunes qui sont ici, en avant de nous, là, bien ça décroche rapidement puis ils ne voient pas l'utilité, ils ne voient pas l'intérêt. Et ça, pour moi, c'est un constat que je remarque cette année.

Et le troisième, madame vient d'en parler, il faut s'assurer du lien entre milieu, famille, école, et le jeune en a besoin. On se rend compte que, cette année, en tout cas, moi... que le jeune est heureux de cette situation-là. Ils sont contents d'avoir des feed-back de tout le monde. Puis souvent nos... Il y a des parents, là-dedans, que ça fait quelques années qu'ils ont décroché eux autres mêmes, donc c'est important de les ramener dans le giron scolaire. Et puis je vois... tu sais, si on regarde, cette année, moi, en tout cas, avec mes parents, j'ai un support merveilleux des parents, puis on voit qu'il y a un changement qui s'est effectué. Donc, c'est trois constats principaux que, moi, je voulais vous amener cet après-midi.

Mme Delisle (Nancy): Nancy Delisle. Je travaille à la commission scolaire des Samares comme direction accompagnatrice dans 33 écoles. J'ai été à la direction de trois écoles, j'ai été enseignante, je suis aussi maman de deux enfants d'âge scolaire, primaire et secondaire, qui sont dans cette commission-là. C'est sûr que j'ai une lunette plus large sur notre réalité. La défavorisation, à notre commission scolaire, c'est neuf écoles secondaires sur 10, c'est 76 % de nos écoles primaires. Alors, la stratégie Agir autrement, c'est sûr qu'on doit s'assurer de bien l'implanter dans nos milieux, puisque la majorité des gens vont travailler dans ce sens.

Quand j'ai répondu aux trois questions... c'est sûr que, quand je regarde les facteurs de risque, les facteurs de risque, à l'inverse, sont aussi des facteurs de protection, si on les inverse. Alors, les facteurs de risque associés à l'élève ou à la famille, ce n'est pas une addition de facteurs de risque, c'est une multiplication. Alors, quand on en a un, on ne les additionne pas, on les multiplie. Vous les avez nommés, les gens avant moi, je ne les reprendrai pas tous. En rafale, rapidement: l'absentéisme scolaire, le comportement, l'isolement social, le rejet des pairs, faibles aspirations. Associés à la famille, vous comprenez qu'on peut les inverser, ça peut être un facteur de protection: une faible scolarité des parents, l'inactivité des parents, le rapport difficile entre les parents, les élèves, les enfants, une attitude défavorable à l'école, et peu de gens qui sont des modèles pour eux.

Quand je pense aux gens qui peuvent raccrocher, c'est sûr qu'il y a une finalité au raccrochage, mais je pense qu'il faut travailler plus en prévention, et la dame avant moi l'a bien mentionné. La prévention, c'est même avant la première année, hein? C'est avant l'entrée à l'école. Quand un enfant arrive avec 2 000 heures de moins de lecture à l'école, c'est sûr qu'il part avec une inégalité. Alors, l'objectif premier dans nos mesures, c'est que ces élèves-là, quand ils arrivent, de la maternelle à la fin du premier cycle, c'est qu'ils soient mis à niveau, parce que le décrochage scolaire, on en voit les signes à peu près en troisième année primaire.

Alors, ce qu'il faut faire, c'est se donner tous les moyens possibles de prévention pour qu'ils soient à niveau en troisième année, hein? Quand on arrive en maternelle, première année, l'école, on vient pour apprendre, on vient apprendre à lire et à écrire. À la fin de la deuxième année, on se rend compte que c'est fait, apprendre à lire et à écrire. Bien fait, moyennement fait, peu fait, mais fait. Et l'élève se rend compte que l'école a d'autres vocations, des vocations de l'évaluation, une vocation d'être comparé aux autres. Alors, cet enchantement-là se perd un peu.

Alors, c'est bien important d'installer des bases, d'avoir des mesures universelles, des mesures pour tous les élèves, mais des mesures ciblées, dont blitz de lecture, lecture accompagnée, toutes les mesures qui existent en français, et choisir d'intervenir, c'est sûr, avec l'école, la communauté. Quand je parle... je pense à une école idéale, je dirais que les élèves acceptent les règles et les normes de l'école, ainsi que la famille, que l'idéal, ce serait d'avoir une stabilité du personnel dans nos écoles; une stabilité du système éducatif; avoir moins de changements; tenter de trouver des solutions avec des recherches-actions, exemple: si nous avons un programme comme PARER, j'imagine que d'autres commissions scolaires ont des programmes, d'exporter ces programmes-là qui ont donné des résultats; un personnel qui accepte de travailler avec des élèves en milieu défavorisé et qui ne baisseront pas les bras, parce que ce n'est pas facile; accorder beaucoup de temps au français, particulièrement en lecture; l'adhésion au projet éducatif plan de réussite; la gestion par résultats.

Et, vous savez, pour élever un enfant, élever, grandir et maturer, ça prend un village. Alors, l'école n'arrivera pas toute seule. Alors, ça prend la classe, l'école, la communauté, les parents.

**(14 heures)**

Le Président (M. Marsan): Merci. Madame.

Mme Houle (Peggy): Bonjour. Mme Peggy Houle, directrice à l'école l'Achigan. Alors, c'est sûr que, nous, à l'Achigan, étant aussi école phare pour la ministre cette année, nous sommes toujours en recherche de créativité. Et, tantôt, Mme Caroline en parlait, je pense qu'on est un petit peu innovateurs et on essaie beaucoup de choses.

Principalement, si je réponds quand même en rafale aux trois questions: Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à prendre la décision de quitter l'école? Chez nous, on voit beaucoup... des fois il y a des symptômes de violence, intimidation. Il peut y avoir aussi des difficultés d'apprentissage marquées qui sont là depuis longtemps, et il y a un découragement qui s'y associe. Des fois aussi, c'est comportemental, contextuel, en lien des fois avec le social ou la famille. Alors, ça peut être différent. Des parcours, aussi, qui ne sont pas toujours adaptés aux besoins de la personne. Et parfois aussi, dans notre milieu, il y a des problèmes de consommation et ou des fois aussi santé mentale, et des fois le mixte des deux qui fait que c'est particulier d'enseigner à des élèves qui ont ces problématiques-là, et on doit absolument arrimer des services qui puissent les aider à continuer. Alors, c'est notre défi à chaque jour, je crois, à l'Achigan et dans d'autres écoles de la commission scolaire, puisque, nous, on est aussi défavorisés, là, dans notre milieu.

Si je regarde qu'est-ce qui peut amener quelqu'un à raccrocher, c'est sûr que le fait de se pencher sur la personne et ses besoins, c'est une prémisse. Offrir des parcours différenciés et personnalisés le plus possible, c'est vers ça qu'on s'en va, entre autres, avec du FMS personnalisé, donc des semi-spécialisés personnalisés à l'élève. On a aussi... il faut briser l'isolement de nos élèves et de nos familles; être en lien avec des personnes mobilisantes et influençables, au niveau de certains intérêts. Alors, nos intervenants ont un grand rôle à jouer là-dedans; nous sommes des modèles à chaque jour, et on peut semer une petite graine dans la tête de quelqu'un, puis ça va pousser un jour. Des fois, on ne voit pas toujours le résultat de la belle fleur, mais ils viennent nous revoir, ces élèves-là, quelques années après et nous disent: Tu sais, quand tu avais dit, ça m'a donné le goût de. Alors ça, on a ce genre de témoignage là à l'Achigan. L'implication parentale aussi. Nous, on travaille beaucoup le lien école-famille-communauté avec Compas. Donc, il y a des activités le soir d'organisées avec les parents, avec les élèves, en académique, aussi en socioculturel et sportif pour mobiliser nos jeunes à un sentiment d'appartenance, à un sentiment aussi de fierté par rapport au développement qu'ils peuvent faire dans leurs écoles et dans leurs communautés.

Si je regarde quelle serait l'école idéale, bien c'est sûr, l'école en lien école-famille-communauté, tout le monde travaille ensemble pour le même but: Élever l'élève à sa pleine capacité; les stratégies universelles et ciblées qu'on fait beaucoup dans nos écoles, donc toucher le plus possible les gens et cibler certains besoins, comme les blitz de lecture -- vous en faisiez part tantôt. Développer de plus en plus des parcours différenciés, des passerelles aidant ces jeunes-là qui ont des difficultés après un deuxième secondaire, et on travaille déjà en amont à faire l'arrimage primaire-secondaire, parce que ça, c'est quelque chose qui est très difficile, le passage du primaire au secondaire. Quand on est déjà en difficulté, il y a une marge assez importante, et on doit travailler en amont pour ça. Et le travail de concertation est très important aussi. Donc, tout le monde doit s'en aller vers un même but par un plan de réussite, par des mobilisations concertées. J'espère être assez brève.

Le Président (M. Marsan): Merci, Mme Houle. D'autres commentaires? Oui, allez-y.

Mme St-Georges (Caroline): Caroline St-Georges, du carrefour jeunesse-emploi. Donc, je dois vous dire d'abord que le carrefour jeunesse-emploi, c'est un organisme qui vient en aide aux jeunes de 16-35 ans qui ne sont pas aux études à temps plein. Donc, on reçoit beaucoup de décrocheurs, au carrefour jeunesse-emploi.

Je vais essayer de vous faire part le plus brièvement rapidement possible, sans répéter ce que les autres ont dit, mais il y a deux choses qu'on remarque principalement comme facteurs de décrochage, qui sont, tout d'abord, la perspective d'un échec scolaire. Le jeune, un exemple, reçoit son bulletin, et il est en échec ou en maintien dans certaines matières, mais, dans la moitié de son bulletin, il se retrouve en échec. Donc ça, ça peut être un élément qui dit que... le jeune se présente au bureau du directeur et dit: Je veux signer ma lettre de départ, j'ai 16 ans. Voilà. Et là, ce que je vous dis là, c'est des témoignages de jeunes.

Lorsqu'un jeune se sent victime de rejet -- ça ne veut pas dire qu'il l'est nécessairement -- mais, lui, le sentiment qu'il possède par rapport à son cheminement, c'est qu'il est victime de rejet soit suite à de l'intimidation à l'école par ses pairs ou par le personnel enseignant, donc: Oui, mais il ne veut pas me voir dans sa classe, il ne m'aime pas. Ce genre de chose là. Ce qui ne veut pas dire que c'est le sentiment du professeur, là. Loin de moi l'idée d'en arriver là. Ou qu'il ait vécu du harcèlement lié à la cyberintimidation, etc. Qu'est-ce qui peut mener à ces facteurs-là, ou qu'est-ce qui peut mener le jeune à finalement prendre la décision de décrocher? Bien là, il y a plusieurs choses.

Nous, on remarque, au carrefour, qu'il y a de plus en plus des gens qui ont décroché il y a peut-être quatre, cinq ans qui ont vécu des problématiques par rapport à leur orientation sexuelle, au niveau de l'école, qui se sont sentis, comme on disait tout à l'heure, rejetés par ses pairs, par ses parents, qui ont vécu des difficultés reliées à ça et qui là, aujourd'hui, après avoir fait une démarche personnelle, appris à s'être acceptés, ont décidé de réintégrer et d'aller de l'avant dans leur vie parce qu'ils se sentent mieux.

On remarque aussi que le réseau social de ces jeunes-là était déficient et parfois l'est encore. Les amis du jeune ont quitté l'école, l'influence négative des pairs se fait sentir, les jeunes posent des actions pour se faire apprécier des autres puis pour faire partie d'un groupe d'appartenance. Vous allez voir tantôt, dans les solutions que je vais apporter, je vais mentionner que c'est important que les jeunes aient un lien significatif, un sentiment d'appartenance à leur école. Bien, si le sentiment d'appartenance, il n'est pas dirigé vers l'école, vers qui il va l'être? Bien, il va être dirigé vers les amis, et, si les amis sont un réseau déficient, bien je pense qu'on a un petit peu un élément à notre réponse.

Autre chose que je désire vous mentionner, c'est que les jeunes nous font souvent part du désir de l'indépendance financière. Ils veulent travailler pendant leurs études, puis là, plus ils ont de l'argent, plus ils ont le goût d'être libres de ça. Donc, le jeune ne voit plus vraiment l'intérêt aux études, parce que, là, qu'est-ce qui est le plus payant pour lui dans l'actuel puis qui répond le plus à ses besoins, bien c'est l'argent, donc le travail.

Je vais vous parler tout de suite d'une initiative, qui est en collaboration avec le CREVALE, ici, dans la région de Lanaudière, qui s'appelle Travaille à ta réussite. Donc, dans le cadre de ce projet-là, je vais vous dire les objectifs, et je me suis pris des notes parce que j'ai beaucoup de choses. Donc, c'est un atelier qui vise à sensibiliser les jeunes étudiants à l'importance de la conciliation du travail et de l'étude afin qu'ils puissent avoir les outils nécessaires pour persévérer. Il y a plusieurs choses qui sont vues dans ces rencontres-là. Moi, ce que je tiens à vous dire, c'est que, jusqu'à maintenant, depuis février 2010, on a rencontré, dans les écoles de la région, 518 jeunes, donc, de niveau secondaire IV. On a constaté avec un grand étonnement que la majorité de ces élèves consacrent environ 1 h 30 min par semaine à l'étude et aux travaux en dehors de l'école. Dans les groupes rencontrés, la moitié des élèves nous confirmaient travailler à temps partiel durant leurs études secondaires, et plus de 30 % de ces élèves consacrent plus de 20 heures par semaine au travail rémunéré. Et là je vous parle de 518 jeunes sur un bassin de jeunes important, je pense.

Je vous ai apporté ici, parce que c'est avec un système de votation électronique, ça fait que je l'ai ici, si jamais vous voulez le voir tantôt... Donc, les jeunes, quand ils répondent, c'est de façon anonyme. Quand ils répondent, la réponse va s'identifier en avant, mais on ne voit pas de nom et on ne sait pas c'est qui. Donc, ça amène un sentiment, dans la classe, d'anonymat et ça amène les jeunes à être, je pense, plus honnêtes par rapport à leur situation. Donc, cet atelier-là vise dans le fond à informer les jeunes sur la prévention du travail, comment je peux faire pour concilier le travail, l'étude, qu'est-ce qui est sain, qu'est-ce qui ne l'est pas, et apprendre à gérer mon temps dans ma semaine en lien avec mon travail, mes études. Ça, c'est un aspect que je voulais vous nommer. Donc, c'est les éléments qu'on a mis de l'avant par rapport à ça.

Je vais vous parler maintenant de: qu'est-ce qui fait que quelqu'un peut raccrocher? Alors là, je mets certains éléments de l'avant. Ce qu'on remarque, nous, le plus, c'est que les jeunes adultes qui vont être parents ou qui le sont sont motivés à retourner à l'école pour devenir un modèle face à leurs enfants. Donc, la responsabilité parentale, les difficultés reliées aux emplois précaires puis le besoin de venir... c'est-à-dire le désir de répondre aux besoins primaires de leurs enfants est un facteur de raccrochage.

Autre chose qui peut paraître un petit peu peut-être paradoxale, mais c'est la pensée magique de la formation des adultes. On remarque que les élèves, les décrocheurs qui se présentent chez nous nous disent: Bien, moi, je vais aller aux adultes de toute façon, ça va être facile, ça va être à mon rythme, puis tout le monde me dit que c'est super facile. Donc, il y a un côté qui avantageux à ça, c'est-à-dire qu'ils raccrochent, mais, s'ils ne sont pas accompagnés là-dedans, ils réalisent rapidement que ce n'est pas si facile que ça, et là il y a un deuxième décrochage. Quand il y a un deuxième décrochage, là, c'est difficile après ça de raccrocher. L'aide financière n'est pas nécessairement présente non plus. Donc, là, j'en ai enlevé, parce qu'il y a des gens qui ont parlé d'éléments puis je ne veux pas les répéter.

**(14 h 10)**

Qu'est-ce que serait l'école idéale, selon nous qui est un intervenant communautaire? C'est sûr qu'on a parlé tantôt d'ouvrir le monde scolaire à la communauté, là, je pense que les écoles en parlent, ça fait longtemps que ça se met en place. Je vais vous parler de deux initiatives qui sont actuellement au Carrefour jeunesse-emploi, qui sont très intéressantes. Il y en a une qui s'appelle Alternative suspension. Ça fait que je pense que c'est des belles preuves, là, les deux exemples que je vais donner, que l'école est ouverte à la communauté, puis elle a le goût de s'impliquer. Je pense qu'il faut continuer dans ce sens-là parce que ça amène vraiment des belles choses. Alternative suspension, c'est un programme qui est ouvert aux jeunes, qui leur permet dans le fond... excusez-moi, qui leur permet... qui met à la disposition des écoles du territoire de D'Autray et de Joliette un espace et un soutien, pour diverses raisons. Le jeune se retrouve exclu temporairement de l'école, et il va se déplacer au carrefour jeunesse-emploi pour un séjour de une à cinq journées où il va être accompagné par des intervenants. En avant-midi, il va faire de l'aide aux devoirs. C'est basé sur le programme du YMCA, là, peut-être que vous pourrez vous informer ou que vous êtes déjà au courant.

Donc, je pense que ça, c'est une initiative qui est bien intéressante. Il y a 95 % des parents qui sont impliqués dans le cheminement des jeunes au cours de ce projet-là. Et ce que je vous dirais là-dedans, c'est que souvent le parent va avec la continuité de l'intervention qui a été faite, parce qu'on s'entend qu'entre un et cinq jours, là, on ne fait de la magie, là, nous autres, au carrefour, mais le suivi avec les parents, quand ils ont réussi à être impliqués dans ce processus-là, il se continue, puis ça fonctionne par la suite avec les parents, à plusieurs éléments.

Autre chose qui se fait, qui est ouvert à la communauté, je pense, qu'il est intéressant de mentionner, c'est le programme Segunda Suerte. C'est un programme avec des jeunes... c'est-à-dire que les professeurs... je ne sais pas si ça dit quelque chose à quelqu'un, mais les professeurs se déplacent ici, c'est-à-dire partent d'ici et se déplacent au carrefour jeunesse-emploi pour venir enseigner aux élèves. C'est un programme qui est bien intéressant dans le sens que les jeunes vont aller vérifier l'impact de la scolarité qu'ils viennent chercher au carrefour. Ce que je voudrais vous dire par rapport à ça, c'est que, les élèves, ils posent un geste concret pour leur avenir en effectuant un retour aux études. Puis, par le stage à l'étranger, ils vont réaliser que l'accessibilité à l'école à l'extérieur du pays, elle ne se fait pas aussi facilement qu'au Québec. Donc, je pense qu'ils réalisent que c'est un privilège qu'ils ont de pouvoir accéder à l'école. Puis ça, je pense que la notion de privilège, quand on est un étudiant, parfois on l'oublie. On se sent souvent obligé, puis je pense que ça, ça les ramène à cet élément-là aussi.

Dernièrement, je voudrais vous dire une petite chose, c'est-à-dire: Je pense que l'élément, chez nous, qui est unanime chez chacun des élèves, c'est que chaque jeune voudrait pouvoir développer une relation significative avec un adulte de l'école. Je pense que ça, c'est vraiment un élément qui fait la différence. À cette heure, comment on arrive pour... comment on arrive à ça, avoir un lien significatif avec chacun des élèves? Bien, je pense qu'il y a beaucoup de pistes de solution à ce niveau-là, puis il y en a certains qui en ont nommé, là: par la lecture, par les parents, par les intérêts, par le sport, par les loisirs, par un espace, local physique disponible à cet échange-là. Je pense que ça fait partie de nos éléments, là, que je voulais vous apporter aujourd'hui. Merci

Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup.

M. Curzi: ...ouvrir la...

Le Président (M. Marsan): Oui.

M. Curzi: ...des réactions. Peut-être qu'il y en a qui veulent réagir maintenant, parce qu'on a quelques autres personnes à qui on va donner la parole, mais, s'il y en a qui ont des réactions spontanées que vous voulez faire maintenant, peut-être que ça pourrait changer un petit peu notre dynamique, qu'on ne soit pas juste notre côté à parler, là, qu'il y ait comme un...

Une voix: ...

M. Curzi: Hein? Oui... Bien, c'est-à-dire que... oui. C'est ça, un peu... ouvrir un petit peu... On ne vous oublie pas.

Mme Monetta (Patricia): Bonjour.

M. Curzi: Tiens! On va revenir là-bas.

Le Président (M. Marsan): Juste mentionner votre nom, s'il vous plaît.

M. Curzi: Oui.

Mme Monetta (Patricia): Étudiante... Patricia Monetta. C'était pour rajouter quelques petits points avec plusieurs personnes, justement avec la dernière madame qui a parlé. Travail, études, famille. Moi, je suis mère de deux enfants. Des fois, c'est un petit peu difficile, il faut manquer, ça fait que c'est... ils sont jeunes, aussi, là, ils sont souvent malades, ça fait que c'est difficile. C'est ce que... faire un petit questionnement aussi en même temps, là, à l'aide offerte à ça. Il n'y en a pas beaucoup, puis, je trouve, ça pourrait aider.

Puis après ça, justement, quand ils sont plus jeunes, les enfants... justement, je suis avec des enfants jeunes, de trois, quatre ans; pour les préparer à l'école, bien c'est fait, là, tu sais, je continue à tous les jours. L'éveil à la lecture et à l'écriture à la maison, ça va bien. Il y a, je te dirais... je vous dirais... ils font des minitests, là, à la garderie, puis ils sont dans le vert, ça va bien, puis ils sont au-dessus de la moyenne. Je leur fais lire des livres, bien je leur lis des livres à tous les jours, ils en regardent, ils en feuillettent, ils inventent des histoires par rapport à n'importe quoi, ils se fabriquent des livres, c'est le fun, avec des faux mots, là: Qu'est-ce que j'ai écrit, 12, z, z, là? C'est ça que tu as écrit, mais c'est pas grave, tu sais, ils commencent déjà. Ça fait que je trouve que ça part pas mal là.

Puis, d'en parler beaucoup aux parents, des fois on aimerait bien les aider, mais, tu sais, il faut s'informer puis il faut savoir comment s'informer. Ça fait que, des fois, donner l'information, mais aussi c'est difficile de rejoindre tous les parents, il y en a qui sont en foyer, puis, moi, j'ai commencé comme ça, puis j'allais m'informer, mais il y en a qui ne savent pas comment. Tu sais, des fois c'est difficile, là, d'entremettre ça, même si tu veux leur envoyer un message, tu ne sais pas où c'est qu'elle habite, la fille, là, qui a besoin d'aide. Ça fait que, tu sais, des fois trouver un moyen de ça.

Puis justement aussi, le but de nos enfants, c'est pour qu'ils deviennent autonomes plus tard, puis responsables aussi, hein. Ça fait qu'il y a beaucoup d'enfants rois; je ne suis pas d'accord avec ça, puis, à la maison, il y a beaucoup de discipline, puis les parents ont de la misère avec ça. Ça suit trois, quatre cours de je ne sais pas quoi, c'est vrai que les sous viennent avec ça, là, les enfants, ils sont «bookés»; moi, je trouve ça aussi bien difficile pour l'apprentissage scolaire. En tout cas, pour ma part, moi, je ne serais pas capable de faire tout ça en même temps.

Puis ce qui est difficile avec la difficulté... mentale, je voulais rajouter aussi, des fois c'est des tests qui coûtent très cher. Moi, je fais de la dyslexie, puis ça pourrait me coûter de 1 100 à 1 500 $ pour avoir mon attestation comme quoi je suis dyslexique. À l'Université du Québec à Trois-Rivières, si je ne me trompe pas, en tout cas, à Trois-Rivières, dans une université, bien ils offrent ce rapport-là, médical, à 200 $, mais il faut que tu aies un rendez-vous. Ça fait que j'ai appelé voilà deux semaines, je pense qu'ils n'ont pas eu mon message, ça fait qu'on recommence. Puis j'en ai besoin pour le mois d'août. Je ne pense pas que ça se réalise, mais en cours d'année ça devrait y aller. Ça fait que c'est quand même assez difficile de rejoindre ça. 200 $, ce n'est pas si pire, mais c'est cher pareil, puis sinon, si ce serait dans la région, ce serait 1 100 $ à 1 500 $. Ça fait que je trouve que c'est les problématiques, par rapport à ce qu'on a parlé, pour ma part, qui reviennent le plus fréquemment. Puis, pour les enfants, c'est de les prendre le plus jeune possible pour déceler des problèmes le plus tôt possible. Merci.

Le Président (M. Marsan): Merci. Il y a d'autres...

M. Ricciardo (Charles): Charles Ricciardo. Moi, je pense...

Le Président (M. Marsan): Oui. Pourriez-vous... si ça ne vous dérange...

M. Curzi: C'est enregistré, ça. Ça fait que...

M. Marsan: Oui, c'est pour ça. C'est bien important.

M. Ricciardo (Charles): Bon, bien, Charles Ricciardo. Moi, je pense, pour faire un bref résumé sur mon opinion, c'est que, oui, qu'est-ce qui peut causer le décrochage scolaire, c'est un manque de motivation. Souvent aussi, c'est... tu n'as pas de motivation à l'école, tu n'as pas de motivation dans ta famille. C'est dur de suivre un modèle quand tu n'en as pas vraiment dans ta famille non plus puis que tu n'as rien qui te motive.

Pour certains, l'argent, l'argent, c'est une grosse cause de décrochage. Ça a été mon cas. J'avais 14 ans, je pouvais me faire 400 $, 450 $ par semaine, puis je n'avais pas de motivation de nulle part, pas plus des profs, pas plus à l'école, ça fait que, tant qu'à rien faire, ne pas avoir de motivation, lâcher et ne rien faire, bien autant lâcher pour faire de l'argent.

Ce qui peut causer un raccrochage scolaire, c'est vraiment d'avoir un lien d'appartenance. Puis dans le fond je trouve que ce qui est plus important, ce n'est pas... parce que, quand tu as un décrochage, c'est assez dur de raccrocher, ce n'est pas facile, puis c'est d'essayer de prévenir le décrochage, ce n'est pas... Quand on voit que les élèves ont de la difficulté, ce n'est pas de les prendre, de les mettre dans une classe spéciale de troubles de comportement ou de peu importe, avec le nom qu'on voudra, puis de se foutre d'eux autres puis de juste les laisser aller.

Parce qu'il y a des écoles, je ne nommerai pas de nom, mais qui ont des classes spéciales, puis la plupart des personnes qui enseignent là, elles se foutent juste des élèves. La seule chose qu'ils veulent, c'est la paie, puis je trouve que ça, c'est vraiment plate. Puis il y a des écoles, je ne veux pas vanter ma paroisse, mais comme ici, à l'Envol, les professeurs, tu vois, ils ont un lien d'appartenance avec les élèves, ils n'ont pas un lien d'autorité puis de dire: Je suis ton professeur, je suis plus haut que toi, ça fait que, regarde, si ça ne va pas, je vais te mettre à la direction. Il y a un lien de camaraderie, pas trop, juste assez pour dire que tu as le goût de venir à l'école, tu as vraiment le goût. Parce que, moi, dans mon cas, j'ai vraiment le goût, à chaque matin, de me lever, de venir à l'école, parce que je sais que ce n'est pas un professeur qui va me donner des ordres puis qui va me dire quoi faire quand je vais venir le voir, mais c'est quelqu'un qui va m'aider, qui est là parce qu'il veut être là puis qui est là parce qu'il veut notre bien à nous. Ça, je trouve ça vraiment bien, mais c'est aussi... ils sont là, ils sont capables d'être stricts puis autoritaires quand c'est le temps, puis ça, je trouve ça vraiment bien.

Puis c'est vraiment d'avoir des modèles pour raccrocher, pour aider les décrocheurs. Avoir des modèles, à un moment donné, tu arrives à un temps dans la vie que tu sais ce que tu veux, tu deviens plus mature, veux veux pas -- pour certaines personnes -- puis, tu sais, c'est vraiment le fun.

Puis, comme ici, aux Arts de la scène, je sais... c'est vraiment, tout le temps avoir son but. Il y en a que c'est d'être infirmiers, il y en a d'autres que c'est d'être mécaniciens, d'autres, c'est de percer dans le théâtre, en musique, peu importe. Comme ici, aux Arts de la scène, c'est vraiment malade pour vrai, le feeling qu'on a. Moi, c'est ça qui m'a fait raccrocher, sinon je serais encore en train de travailler comme un malade. J'aime ça travailler, mais l'école... puis, tu sais, c'est de venir chercher le minimum dans la vie, je trouve, le secondaire V, minimum, puis, ici, c'est malade, ce qu'on fait aux Arts de la scène, puis c'est juste fou. Ça fait que...

**(14 h 20)**

Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup! Alors, nous... Woup! Un autre commentaire.

M. Gauthier (Jean-Luc): Bonjour. Allo!

Le Président (M. Marsan): Oui, votre nom, s'il vous plaît.

M. Gauthier (Jean-Luc): Je m'appelle Jean-Luc Gauthier, j'ai 13 ans. Je suis le plus jeune d'une famille de six enfants, puis là les raisons qui m'ont fait que je voulais quasiment décrocher, c'est à cause que je suis victime d'intimidation. Quand j'étais au primaire, j'étais la parfaite cible parce que je n'avais pas le linge à la mode, des affaires comme ça, des affaires complètement stupides. Puis là, à cause de ça, on m'a changé d'école, puis mon directeur de l'école que j'étais, il m'a dit: Merci, bonsoir, va-t-en, parce qu'il pensait que j'étais comme mon frère, qui est un petit peu... Puis là, quand j'étais à ma nouvelle école, ça allait mieux, puis là j'ai eu plus le goût de rester à l'école, mais j'avais encore de l'intimidation. À mon entrée au secondaire, bien j'en avais encore, mais j'en avais moins.

Puis, les façons aussi que le monde peut raccrocher, c'est à cause qu'ils veulent réaliser des rêves. Comme, moi, le mien, c'est faire ma propre BD pour, plus tard, qu'ils en fassent une émission. Puis plus tard je veux être bédéiste. Puis aussi, le projet PARER m'a permis d'avoir confiance en moi, faire des stages pour savoir c'est quoi, faire mon travail, puis j'ai aussi un tableau des réussites, voir qu'est-ce que je suis bon, qu'est-ce que je suis moins bon. Puis là, avant, moi, je suis super bon en dessin, puis avant je n'étais pas capable, puis là j'ai évolué avec ça, ça fait que, là, je suis capable de montrer mes affaires sans être trop gêné, avoir estime en moi. Puis j'ai aussi su mes habiletés sociales, l'écoute, comment partir une conversation. Aussi, j'ai eu les intelligences multiples pour permettre de savoir, moi, je suis quoi.

Puis, mon école parfaite, ça serait une école où est-ce que les professeurs ne sont pas juste là pour leur paie, comme disait Charles, puis pour réussir à notre propre réussite. Puis, comme, moi, j'ai un objectif, comme on se fixe à chaque mois, moi, c'est réussir pour ma propre réussite, travailler pour ma propre réussite, je veux dire. Puis ça serait une école sans violence, sans influence; aussi, les personnes qui consomment, pour ne pas qu'elles influencent les autres, pour qu'ils fassent: Ah oui! Viens, tu vas prendre ça, puis après tu vas quitter l'école, là, c'est le fun, là. Puis là, des affaires comme ça. Ça fait que c'est ça que je voulais dire. Merci.

Le Président (M. Marsan): Oui, il y a une question. Mme Perreault.

Mme Perreault (Caroline): Puisque -- excusez-moi, Caroline Perreault -- puisque Jean-Luc était au micro et que tu parlais d'intimidation, on a mis des choses sur pied pour t'aider au niveau de l'intimidation, j'aurais juste eu envie que tu le mentionnes.

M. Curzi: C'est beaucoup, beaucoup, hein? Moi, je vais avoir des questions là-dessus.

M. Gauthier (Jean-Luc): Aussi, Caroline, elle a demandé à des personnes qu'elles soient comme mon grand frère, qu'elles me protègent. Même, j'ai déménagé dans une case avec un de mes grands frères, que, quand j'ai des problèmes, je m'en vais le voir, puis là, il s'en vient régler ça sans violence, juste avec des mots. Puis aussi, le projet PARER, je le perçois comme une aide. Même, des fois, un jour, j'étais dehors, puis là il y a un des directeurs à mon école, Étienne Couture, a été me voir, puis il a fait: Dans le fond, là, Caroline Perreault, c'est comme ta deuxième mère. Je fais: Oui, à peu près. Ça fait que ce projet-là m'a pas mal aidé.

Mme Malboeuf (Nicole): ...en milieu défavorisé. Bon, on l'a mentionné, il y a plusieurs facteurs qui amènent un jeune à décrocher. C'est sûr qu'il y a des facteurs qui sont au niveau de la classe, au niveau de l'école et au niveau de la famille et de la communauté. C'est certain que, pour aller vers les écoles efficaces, l'école idéale, il faut, oui, une stabilité du personnel, oui, une stabilité des services complémentaires qui sont psychologues, orthopédagogues, orthophonistes, et aussi une stabilité au niveau de la direction. Mais il faut aller au-delà de ça, il faut avant tout... et la stratégie Agir autrement nous a amenés à le faire, c'est de connaître notre milieu, faire notre portrait de situation, connaître nos jeunes, pour aller par la suite cibler nos forces et nos faiblesses, pour aller vers des orientations, des moyens et des objectifs à atteindre, en ciblant naturellement les matières de base, principalement le français, la lecture, l'écriture, mathématiques, ensuite l'engagement de l'élève, l'habileté sociale. Et aussi, intervenir en milieu défavorisé, ça demande d'être outillés au niveau du personnel enseignant. Alors, on se doit aussi de libérer notre personnel pour qu'il puisse s'approprier de nouvelles approches pédagogiques, et ça, ça se fait par de l'accompagnement, conseillers pédagogiques.

Alors, cette année, on a expérimenté des choses à l'école, oui, il y a des mesures ciblées, des mesures universelles. Les mesures ciblées, on a mis en place le blitz de lecture, et ça a permis de créer un lien favorable avec les parents. On a revu aussi notre système de devoirs et leçons, parce qu'on sait que, oui, le décrochage scolaire, ça commence en bas âge, ça commence au primaire, et on a remarqué qu'au premier cycle les parents sont à l'aise avec les devoirs et les leçons, ils sont là.

Rendus à la troisième année, oups, il y a une petite confrontation qui s'installe parce que les parents sont un peu moins capables d'accompagner les enfants, parce que les stratégies ont changé, les approches pédagogiques ont été modifiées. Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'on a revu nos devoirs et nos leçons dans le but de viser les savoirs essentiels pour permettre à l'enfant, quand il arrive à la maison, de travailler sur les vraies choses qu'il a apprises à l'école et que ça n'amène pas le parent à se transformer en enseignant, installer des confrontations entre parents et enfant, pour ensuite permettre à ce que le lien de l'école soit plus instable. Alors, c'est certain qu'on suit nos objectifs, on a des indicateurs précis et on revoit régulièrement nos façons d'intervenir.

Et je peux dire que ça amène aussi une sécurité au niveau du personnel enseignant, d'être accompagné par des conseillers pédagogiques, qui sont là, en classe, pour les soutenir et permettre les changements au niveau des approches pédagogiques

Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup.

**(14 h 30)**

M. Bellemare (André): ...André Bellemare, enseignant au Pavillon Montcalm. O.K. Avant tout, je suis un ancien décrocheur moi-même, O.K.? J'ai décroché un peu comme le jeune homme tantôt disait. Moi, c'est ça qui est arrivé, j'ai été victime d'intimidation. Pourquoi? À cause que je bégayais. Puis ça, bien, tout de suite là, bien les gens, des fois, ils ne sont pas toujours fins. Puis c'est ça qui m'a fait lâcher l'école. Suite à ça, bien, qu'est-ce qui est arrivé, bien j'ai été obligé d'aller travailler. Puis ça, bien ce n'est pas facile.

Bien ça, je vais en venir à tantôt. Parce que, moi, je suis, O.K., un ancien décrocheur. J'ai eu la chance d'être guide-étudiant. Ça, ça a été vraiment une expérience. Pourquoi? Parce que j'ai été en contact avec tous les jeunes de 14, 15, 16 ans, j'étais vraiment sur le terrain avec eux autres, puis j'ai appris beaucoup des jeunes. Puis, moi, bien, avec l'expérience de vie, bien, les jeunes, ils ont aussi appris beaucoup de moi. O.K.? J'enseigne le soudage-montage au secteur jeunes FMS, O.K., ça, c'est la formation métier spécialisé en soudage-montage. Ils ont 14, 15 puis 16 ans.

Pour pouvoir répondre à vos trois questions, le décrochage, le raccrochage puis la motivation, bien, moi, je vais toujours vous dire qu'est-ce que j'ai vécu l'année passée. J'ai eu la chance, l'année passée, d'enseigner pour la première fois à une classe de jeunes, 14, 15, 16 ans. Ils étaient complètement démotivés, ils étaient sur le bord de décrocher. On était deux enseignants: moi, côté formation, et ma consoeur, elle, Christina, qui était sur le côté académie, français, maths, anglais. On a travaillé fort, O.K. Je vais vous dire qu'est-ce qui s'est passé vraiment l'année passée. C'était la plus belle expérience de ma vie, puis j'espère que d'autres personnes pourront vivre qu'est-ce que j'ai vécu, parce que, sur 16 élèves qui ne voulaient pas travailler, qui ne voulaient rien savoir du français, maths, anglais, qui venaient en soudage parce qu'ils étaient quasiment obligés de venir, sur les 16, mais les 16 ont fini tous leur année, les 16 complètement. Quand ça a été la collation des grades, ça a été la chose que j'ai trouvée vraiment, là... les parents étaient contents parce que leurs enfants, premièrement, avaient enfin réussi.

Parce que ce n'est pas tout le monde qui ont la chance, on va dire, de se faire comprendre. Moi, en étant un ancien décrocheur, un travailleur en soudage de 26 ans d'expérience, si j'ai, moi, on va dire, raccroché à 46 ans, parce qu'il n'y a pas d'âge pour raccrocher, hein... Avoir su, j'aurais peut-être raccroché plus jeune, comme vous autres. Mais il n'est jamais trop tard. Ça m'a donné la chance de quoi? De pouvoir... de pouvoir aller enseigner aux jeunes, aux jeunes 14, 15, 16 ans. Ça m'a donné la chance de, moi-même, faire un rêve: finir mon secondaire V. Après ça, commencer l'université. J'ai justement fait un témoignage voilà une couple d'années, pour le CREVALE, puis j'avais terminé ça en farce en disant: Même si je finis mon bac avant ma pension, bien ce n'est pas grave, au moins, bien je l'aurai fait. Puis c'est ça que, moi, je me donne. Parce qu'il faut toujours croire à notre rêve. Moi, si j'ai lâché l'école, c'est parce que j'avais des problèmes de langue, j'étais vraiment timide puis je ne parlais à personne. Suite à ça, bien, à un moment donné, les jeunes, quand on travaille au salaire minimum, après ça on s'aperçoit qu'on a beaucoup d'expérience mais qu'il y a une personne avec un DEP qui va passer à côté de toi puis il va avoir le salaire pas mal plus fort que toi. Puis, ici, je reconnais un de mes anciens étudiants qui était venu au pavillon.

Puis, suite à ça, moi, je vais vous dire qu'est-ce qu'on a fait l'année passée, qu'est-ce qui a vraiment changé la vie des élèves et la vie des parents. J'ai eu des témoignages des parents, moi, là, à la fin de l'année, que ça avait changé vraiment les vies. Parce que, nous, qu'est-ce qu'on a fait avec les 16 élèves, moi et ma consoeur, on va dire, deux fois dans l'année, quand c'était les fameuses fêtes d'anniversaire... Mais ça, c'est important. Parce que ce n'est pas tout le monde, ce n'est pas tous les jeunes qui ont la chance d'avoir un beau gâteau de fête. Ça fait que, nous, qu'est-ce qu'on a fait, on les a fêtés, avec les petits chapeaux, j'avais mon beau petit chapeau, puis la petite flûte, puis tout le kit. Puis c'était vraiment le fun. C'était vraiment le fun.

Je vais vous dire en mes mots: suite à ça, bien on a fêté l'Halloween, on a fait des activités éducatives, en soudage-montage, pour l'Halloween, on a fait des robots, toutes sortes de choses, en même temps pour faire aussi participer l'école au complet. Et mon ancien directeur, qui est parti, il était ici tantôt... O.K., il est parti mettre du chauffage...

Des voix: ...

M. Bellemare (André): Oui. En passant, bien, quand on a aussi, on va dire, une direction qui a confiance en ses enseignants puis qui dit: Écoute, moi, j'ai confiance en toi, puis qu'est-ce que tu fais, bien tu le fais bien, puis continue comme ça. Ça, là, ça nous encourage, nous, les enseignants. On a fait le party d'Halloween, party de Noël, tout ça. On a fini ça avec un gros barbecue, on a fini l'année... l'année passée. Puis, moi, qu'est-ce que j'ai fait pour aider, parce qu'on s'entend-tu qu'en premier les parents, eux autres, c'est sûr que les pauvres parents, là, hein, ils veulent que leurs enfants enfin, là, qu'ils peuvent continuer. Puis suite à ça, moi, j'ai donné mon numéro de téléphone personnel à tous les parents puis j'ai dit: S'il y a quelque chose, vous m'appelez, il n'y en a pas, de problème. Puis il y avait souvent des parents qui m'appelaient, on va dire: Bien, mon enfant, je le trouve drôle aujourd'hui. Parce qu'on dit «mon enfant», parce que, que tu aies 14, 15, 16 ans, pour ton père et ta mère, là, puis même 20 ans, là, tu le seras toujours, hein? Puis, moi, j'en ai un qui disait: Je ne le sais pas, je le trouve drôle aujourd'hui, puis ça file pas, ça se peut-u qu'il fume en cachette? Oui, il fume... bien oui, madame, il fume.

Bien, c'est toutes ces choses-là que, moi, si je pouvais dire aux parents: Écoutez, votre jeune, là, il est en bonnes mains, puis, les parents, ils étaient vraiment en confiance. Moi, j'ai donné ma confiance aux étudiants au complet, et les étudiants, ils ont fait de même. Encore... ca fait déjà un an, puis il y a encore des anciens étudiants et les parents qui m'appellent pour savoir si, cet été, on ne fera pas peut-être pas un petit barbecue ensemble. C'est ça qui est le fun.

Ça fait que, moi, c'est un peu un témoignage que je vous ai fait de l'année passée, mais c'est pour vous dire que, sur les 16... Dernièrement, hier après-midi, sur les 16, j'ai fait les téléphones, j'ai tout appelé les parents. Sur les 16, il y en a trois qui ont décroché, seulement, là. Puis, nous, à Saint-Lin, au Pavillon Montcalm, on va partir un nouveau cours qui va être soudage-montage en concomitance avec la FGA. Puis, suite à ça, bien les 13 élèves vont venir s'inscrire. Ça fait que, moi, je pense qu'on a... on est déjà sur un bon bout de fait, mais c'est sûr qu'il ne faut pas lâcher. Puis, moi, je dis qu'il faut que les parents embarquent. Puis ça, bien il ne faut pas se gêner. Comme moi, je ne me suis pas gêné. Les parents, c'étaient quasiment comme des amis, là, parce qu'ils savaient que j'étais comme un peu un membre de la famille, je pense. Puis je parle aussi au nom de ma consoeur, ici, qu'on a travaillé fort. Ça fait que, bien, moi, c'est ça que je voulais vous dire.

Le Président (M. Marsan): Merci pour le témoignage. Francine aurait une question. Notre collègue aurait une question à vous poser, M. Bellemare. Juste vous identifier face à nous.

Mme Charbonneau: ...Charbonneau, députée de Mille-Îles. Un, merci de votre témoignage et de votre persévérance. Mais, puisqu'on n'a pas tous le même vocabulaire, je voulais juste que vous expliquiez à mes collègues -- peut-être qu'ils le savent déjà -- mais c'est quoi, un guide-étudiant. Parce qu'on n'a pas tous la même définition, donc...

M. Bellemare (André): Le guide-étudiant, c'est la personne qui va... on va... Je ne sais pas comment vous expliquer ça. Ça va être la personne qui va être en contact avec les élèves, celui qui va les guider vers la classe, parce que c'est facile de prendre le couloir puis s'en aller vers la porte, la porte du soir.

Des voix: ...

M. Bellemare (André): Oui, on les guide pour qu'ils s'en aillent vraiment aux endroits spécifiés. Puis, suite à ça, bien, écoutez, moi, en tant qu'ancien guide, que j'ai été trois ans, mon surnom, c'est papi, puis je pense que ça va rester encore papi. Même encore, les étudiants, les nouveaux étudiants, on dirait que ça se passe: Aïe! c'est papi, c'est papi, c'est papi. C'est d'aider les étudiants. Des fois, c'est de les écouter, beaucoup, beaucoup, beaucoup ça, les écouter. Puis, moi, j'ai eu des étudiants qui ont eu des aventures. Parce qu'ils ont tous leur chemin de vie. Puis il y en a qui sont jeunes, puis ils ont des gros chemins de vie. Puis, moi, avec mon expérience de vie puis avec les connaissances que j'ai, bien on s'est arrangés. C'est pour vous dire qu'un guide-étudiant, là, c'est lui qui prend le pouls de l'école. C'est lui qui va vraiment, là, connaître plus les étudiants que l'enseignant, parce que l'étudiant va se confier plus. Bien, je pense que c'est ça, les jeunes. Je pense que vous vous confiez plus à votre guide que vous allez vous confier... Bien, moi, qu'est-ce que je pense, qu'est-ce que j'ai vécu, là. Puis j'ai parlé avec d'autres de mes confrères guides puis de mes consoeurs, puis c'est sensiblement la même chose. Est-ce que ça répond à votre question? Oui? Bien, ça m'a fait plaisir.

Le Président (M. Marsan): Mademoiselle.

Mme Gopalkrishna (Mélissa): Bonjour. Donc, je m'appelle Mélissa Gopalkrishna...

(Panne de son)

**(14 h 40 -- 14 h 41)**

Mme Gopalkrishna (Mélissa): ...on ne peut pas toujours le prévenir, même si on sait qu'ils sont à risque, parce que c'est inattendu comme obstacle. Souvent, ça va être les échecs à répétition, les retards scolaires. L'attrait pour le marché du travail, je vais être entièrement d'accord avec toi, la majorité de mes jeunes veulent absolument gagner des sous. C'est beau, les iPod, hein? c'est génial, puis ils en veulent un. Le téléphone, c'est très, très, très fréquent aujourd'hui aussi. La majorité de mes jeunes ont un meilleur téléphone que moi. La voiture, effectivement. Et des belles voitures, meilleures que la mienne. Donc, c'est un petit peu la consommation aussi qui est là et qui les attire énormément.

En termes de la deuxième question: qu'est-ce qui est possible pour raccrocher la majorité ou, tu sais, une grosse proportion de monde? Je dirais, les parcours alternatifs, vraiment, là, c'est une grande clé pour la majorité des raccrocheurs. Ils sont attirés, exactement, certains, vers l'école des arts de la scène. Mais ça ne suffit pas, un parcours. Ça prend plusieurs parcours différents dans divers intérêts différents pour les rejoindre en majorité.

Le soutien financier d'Emploi-Québec fait que beaucoup de personnes vont retourner aux études. Sans ce soutien-là, souvent ils ne retourneront pas, parce que ça veut dire vivre chez leurs parents. Ils n'ont plus envie de vivre chez leurs parents. Ça veut dire vivre, peut-être, dans une chambre chez quelqu'un. Puis, ça non plus, ça ne dure pas. Donc, ils peuvent peut-être venir à l'école aux adultes et décrocher parce qu'ils sont dans des situations précaires, financières.

Je pense, l'objectif de carrière précis, plusieurs personnes en ont parlé, mais c'est une clé, absolument, du raccrochage scolaire. C'est sûr que c'est difficile, se brancher sur une carrière, parce qu'on est la génération où qu'on change souvent d'idée. Puis ils ont peur de se tromper. Mais, le plus qu'ils explorent puis qu'ils vont voir sur le terrain, rencontrer du monde dans ces domaines-là, le plus qu'ils vont être vraiment, là, allumés vers leur objectif.

Quelle serait l'école idéale? Ah! que j'aimerais ça faire ça. Je pense qu'il n'y a pas une recette, encore là. Les enseignants, c'est au coeur de ça. Puis c'est eux qui sont en contact direct avec les élèves jour après jour, heure après heure. Une bonne relation là, donc. Je vois beaucoup d'enseignants qui sont un peu surpassés par la diversité de leurs élèves. Donc, je pense qu'il y aurait peut-être besoin de plus de perfectionnement, de suivi, de mentorat pour les enseignants, pour qu'ils puissent s'adapter à chaque cohorte qui rentre. Parce qu'il y en a toujours d'un petit peu différentes une année après l'autre.

Les troubles d'apprentissage aussi, donc s'adapter un petit peu à ça. Également, c'est assez présent. Pareil à l'éducation aux adultes. Je vais parler plus de ça parce que c'est là qu'ils sont. On ne sait pas comment aider les élèves qui ont de la dyslexie, rendu en éducation aux adultes, que ça fait la troisième fois qu'ils sont en secondaire II, que ça fait 300 heures, sur un cahier qui dure 25 heures, qu'ils travaillent. Tu sais, c'est vraiment dans le concret.

Le soutien individualisé, il faut qu'il soit significatif. Il y en a beaucoup, tu sais. On parle souvent d'un tuteur qui peut être attribué à un élève. Mais ça ne veut pas dire que c'est significatif pour l'élève. Il faut vraiment que ça soit un adulte qui est significatif pour lui. Ça fait que ça ne peut pas être comme un «matching» parfait. Mais, je pense, que ça soit le mélange de personnel scolaire interne, mais externe... Donc, on parlait des organismes communautaires, je pense qu'il faut rajouter les entreprises là-dedans, faire du mentorat. Concept grande soeur, grand frère, c'est excellent. Il faudrait vraiment, vraiment développer ça à fond. Ce n'est pas disponible nécessairement partout, pour tous les élèves, mais, encore là, l'idée, c'est que ce n'est pas pour tous les élèves, ce n'est pas tous les élèves qui en ont besoin. C'est de cibler pour chaque catégorie de personnes pour rejoindre tout le monde.

Le besoin de bouger. Ils ont besoin de créer puis d'appartenir, le sentiment d'appartenance. Donc, tout ce qui est des clubs, des activités, des choses qu'ils ont à monter eux-mêmes, des projets qu'ils ont à s'investir par eux-mêmes, par le soutien avec une personne responsable qui coordonne ça, c'est également une bonne chose. L'implication de la famille... Ils doivent être invités à l'école, et pas juste pour quand que leurs élèves ne fonctionnent pas, mais pour leur dire, tu sais... développer le lien, comme André disait, pour que, quand que ça va mal, ils sont à l'aise d'appeler. Ça fait qu'il faut que systématiquement il y ait vraiment l'implication de la famille ou du système de soutien pour les parents, ou, les personnes qui sont en couple à l'éducation aux adultes, ce serait d'inviter les conjoints. C'est le système de soutien qui doit être impliqué à l'école pour qu'ils puissent également valoriser leurs étudiants à l'école.

Les services complémentaires aussi, on en a parlé. Tu sais, tout le monde, on a mis en place... Tu sais, nous, au Carrefour jeunesse-emploi de Montcalm, on a le service de gestion de colère dans les secteurs jeunes, pour le maintien aux études. Donc, on a des clientèles ciblées, vraiment les élèves qui ont des difficultés de gestion de colère sont référés à ce service-là, qui est ponctuel. Pendant une période de temps, on les accompagne à mieux maîtriser leur colère. Mais je pense que la clé finalement, école, communauté, tout ça, c'est de définir, chaque organisme, ce qu'ils peuvent apporter à l'école, puis comment qu'on peut trouver leur place là-dedans pour répondre aux besoins.

Ça fait que, ça, c'est des organismes, exemple, comme le CREVALE. Moi, je siège sur le conseil d'administration du CPRSM, dans la MRC de Montcalm, qui est un organisme en réussite scolaire également. Donc ça, c'est des organismes clés, je pense, qui peuvent nous aider à coordonner un peu tout ça. Parce que, s'il manque un rôle de coordination... parce qu'on peut tous faire des choses séparées dans notre secteur, mais ça ne veut pas dire qu'on les transpose d'une région à l'autre. Ça ne veut pas dire qu'on les fait dans un milieu à l'autre. Et pourtant les besoins ne sont pas si différents que ça d'un milieu à l'autre. Ça serait ça.

Le Président (M. Marsan): Bien, je vous remercie beaucoup. Alors, au Parlement, quand on est réunis en commission comme ça, on demande toujours le consentement des deux côté de la Chambre. Et là, je vais demander le consentement à tout le monde, si vous voulez prendre une courte pause d'une dizaine de minutes. Alors, il y a consentement. On va suspendre nos travaux quelques instants.

(Suspension de la séance à 14 h 47)

 

(Reprise à 15 h 2)

Le Président (M. Marsan): ...en commission parlementaire, on dirait: À l'ordre, s'il vous plaît! Là, c'est pour appeler mon collègue, là.

Juste avant de poursuivre, je voudrais vous informer, pour ceux qui pourraient être intéressés parmi les étudiants, on a nos collègues qui sont ici, de l'Assemblée nationale, nos collègues, M. Croft, M. Guy, qui s'occupent des techniques du son. Alors, s'il y en a qui seraient intéressés par ce genre de métier, après, lorsque nous terminerons, ils seraient disponibles à répondre à vos questions. Puis on a deux autres collègues à ma droite, c'est M. Bédard et Mme France-Èva, c'est ça? Et eux autres sont responsables de la sécurité; ce sont des policiers, et eux aussi seraient disponibles à répondre à vos questions après notre travail, si ça vous intéresse. Et peut-être qu'un jour, qui sait, vous serez avec nous au parlement. Mais j'ai remarqué que, parmi les jeunes, il y en a beaucoup qui ont des talents de politicien. Alors, on va suivre ça de près.

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président (M. Marsan): Alors, merci beaucoup. Regardez, il y en a qui envoie sa main. Oui, Pierre.

M. Curzi: S'il y en a qui veulent entendre parler de mon parti, je suis disponible après.

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président (M. Marsan): Oui, oui, mais... Oui, oui. Oui, oui, mais... mais il y en a qui ont un chandail rouge, là, quand même, hein?

Programme d'accompagnement
rapproché des élèves à risque (PARER)

O.K. Alors, on va commencer nos travaux sérieux. Nous allons travailler sérieusement. Et je vais offrir à Mme Perreault... tantôt, elle nous a parlé brièvement de PARER. Et c'est quelque chose qui est revenu dans tous nos ateliers ce matin. Alors, on pourrait lui demander d'aller un petit peu plus loin puis de donner plus de détails. Une question que je me permets, comme président, de vous poser, c'est: Vous touchez une quinzaine d'élèves sur un ensemble qui est beaucoup plus nombreux, je pense, c'est plus que 1 000 élèves ici, avec la polyvalente... et comment vous faites pour choisir ces élèves-là? Est-ce qu'il y en a d'autres qui peuvent être touchés aussi? Comment ça fonctionne? Allez-y.

Mme Perreault (Caroline): Donc, Caroline Perreault. Le projet PARER, en fait, lorsqu'on choisit nos élèves... le projet PARER est un programme dans le fond qui veut offrir un suivi, à nos élèves, serré. C'est-à-dire que la chance de les voir -- parce que c'est vraiment une chance -- de les voir au moins une fois par semaine, le moment d'une période, donc un 1 h 15, de façon minimale... O.K., souvent, je les vois beaucoup plus que ça, parce que j'ai des squatteurs dans mon local, à la pause, ça se remplit, le matin, quand j'arrive, il y a un «lineup» et, bon, donc ça me permet de les voir régulièrement.

Le choix de ces élèves-là, ça s'est fait comment? On s'est assis en équipe avec la direction, on a consulté aussi les enseignants et on a regardé les notes des élèves. Nous, on a décidé de choisir des élèves qui étaient, je vais dire, de type un peu discret. Vous savez, des élèves qui ont des difficultés, que ce soit au niveau social ou au niveau académique, mais qui ne sont pas ceux qui prennent beaucoup de place parce qu'ils ont des troubles de comportement ou autres, et donc souvent on les oublie parce qu'on pense... on pense à ceux qui sont très bons, parce qu'ils valorisent l'enseignant. Ceux qui ont des troubles de comportement, ils sont inoubliables parce qu'ils prennent toute notre énergie. Et là, bien, entre ça, il y a les autres qui passent entre la peinture puis le gyproc, si vous me passez l'expression, et on les perd complètement.

Alors, mes 15 élèves, ce sont un peu dans ceux-là. C'est aussi des élèves... On s'est assis avec les enseignants, on a choisi de miser sur des élèves qu'on croyait qu'ils avaient un potentiel. Donc, on a décidé de prendre -- je leur dis toujours -- des élèves qui ne sont pas des causes perdues, des élèves en qui on a plein d'espoir, autant les enseignants, que la direction, que moi. Et vous parliez du lien tantôt, ce sont tous des élèves à qui j'ai enseigné. Donc, j'étais enseignante à la base, et c'étaient des élèves avec qui je croyais que j'étais capable de développer une relation significative. Parce que, oui, effectivement c'est la clé. On ne peut pas parachuter n'importe qui dans la vie de ces élèves-là.

À partir de là, qu'est-ce que je mets en place? Il y a des trucs très simples qu'on peut faire. Entre autres, nous, l'école a mis à notre disposition un local. Ça a l'air bien fou, là, mais ça devient un peu une maison des jeunes à l'intérieur de l'école. Et ça me permet d'avoir, comme je suis toujours à la même place, des élèves satellites, que j'appelle. Donc, chaque élève m'amène au moins deux, trois de ses amis, avec qui finalement je n'ai pas un travail officiel mais qui viennent me raconter leur vie, leurs peines, leurs misères. Je mouche des nez. J'écoute les peines. Ça me permet de travailler avec plein d'autres. Ça leur permet aussi de se créer, parce qu'on a un local, un lieu de rassemblement. Donc, ça brise l'isolement, hein, parce qu'ils viennent. Ils ont un lieu avec des règles qui sont très précises -- moi, dans mon local, il n'y a pas d'intimidation, c'est bien clair -- donc, peuvent rigoler sans avoir peur du jugement des autres, ou quoi que ce soit.

Qu'est-ce qu'on fait dans ce local-là pour que ce soit beau? Ils ont tous eu la chance, cette année, de vivre un stage d'un jour dans un milieu qui les intéressait. Entre autres... Moi, je pense, ils sont tous en secondaire I ou II. C'est à ce moment-là, je pense, que l'idée de décrochage est... commence à naître vraiment. Puis, si on attend de leur faire faire des stages lorsqu'ils sont en IV et V, souvent c'est déjà dans la poche, hein? Ça fait que c'est en secondaire II ou I que tu dois aller visiter des métiers puis de dire: Ah! c'est pour ça que je veux continuer, c'est pour arriver à ça que ça vaut la peine que je m'assoie dans mon mosus de cours que je ne comprends rien puis que je bûche là-dessus.

Donc, ils ont des photos d'eux dans leurs stages, qui sont partout sur les murs du local. Il y a aussi... chacun d'eux a un tableau de réussite. Donc, on se voit une fois par cycle horaire; leurs enseignants m'ont fait un compte rendu sur leurs notes, sur leur comportement, puis on s'assoit ensemble puis on lit ça. Puis là ils se collent des collants. S'ils ont une note à succès en français, on se colle un collant, puis, si on a un échec en français, on colle aussi un collant. Ça veut dire que visuellement ils savent que: Ah! en français, là, aïe! là, ça score, mais qu'en sciences ça score un petit peu moins, tu sais, puis ils le voient rapidement. Ça fait qu'ils ont tous leur tableau.

Ils ont aussi ce que j'appelle une boîte aux lettres. Ça a commencé avec un bas de Noël, puis là c'est devenu une boîte aux lettres où leurs parents, leurs enseignants parfois, moi, peuvent leur laisser un petit billet, donc des encouragements, ou des fois c'est un caramel aussi ou un chocolat. Je m'en confesse. Je sais qu'on n'a pas le droit dans les écoles, mais je le fais.

Une voix: On prend des notes.

Mme Perreault (Caroline): Oui, arrêtez-moi! Donc, une petite surprise, à tous les jours, qu'ils ont et qu'ils viennent chercher, ça fait que ça me permet de les voir souvent. C'est comme un piège que je leur tends pour pouvoir jaser avec eux.

Ils ont aussi une feuille d'encouragement. Donc, à chaque mois, mes élèves se fixent un objectif. Je leur demande toujours de se fixer un objectif qui est petit. Parce que les objectifs, ce n'est pas pour viser l'infini, c'est pour avoir une réussite, pour vivre une réussite, parce que c'est important d'en vivre, même des petites. Donc, ils ont une feuille. Des fois, ça peut être augmenter de quatre points dans telle matière, viser le 60 ou, bon, peu importe. J'en ai une qui a comme objectif d'être capable de dire un mot gentil à un de ses enseignants à la fin de chaque cours, parce que, juste avoir une relation avec les enseignants, parfois c'est difficile.

Donc, au niveau de l'attitude, parfois il y a des petits objectifs. Et, lorsque les élèves rencontrent leur objectif, l'enseignant signe sur la feuille. Puis je vous dirais que j'ai deux -- je suis un peu ratoureuse -- donc, évidemment, eux, ça leur fait une feuille où ils ont des encouragements, mais ça permet aux enseignants de voir qu'il y a un changement. Souvent, comme c'est des élèves discrets, s'ils se lèvent à la fin de leur cours pour dire: Mon objectif de cette semaine, c'est de poser une question. As-tu remarqué, j'ai posé une question? L'enseignant fait: Ah oui! c'est vrai, signe sur sa feuille. Et les enseignants commencent à changer leur perception de ces élèves-là. Et ça, c'est très intéressant. Ça leur permet aussi, c'est ça, d'avoir leur feuille d'encouragement.

Ils ont un journal de bord, que je les invite à remplir, qui leur permet d'écrire qu'est-ce qu'ils ont fait cette semaine en lien avec leurs réussites. Ça fait que, s'ils veulent avoir quelque chose à écrire, il faut qu'ils se forcent au moins une fois pendant la semaine, hein, puis on regarde ça ensemble, ce journal de bord là. Je leur fais écrire là-dedans c'est quoi leurs forces, c'est quoi leurs faiblesses. On a travaillé beaucoup au niveau de leurs talents, de leurs habiletés. Cette année, on a fait des ateliers sur les habiletés sociales. Ça a l'air bien fou pour nous parfois, les adultes, mais on a travaillé sur entrer en contact avec les autres. C'est extrêmement difficile, lorsqu'on est adolescent, de le faire d'une façon qui est positive. Écouter les autres puis entretenir une conversation. Donc, c'est les premières habiletés qu'on a commencé à travailler.

**(15 h 10)**

On fait... là, j'ai plein d'affaires, je veux aussi être brève, là. Au niveau du lien parents-école, moi, ce que j'ai décidé de faire, toujours dans le but que tout le monde vive une expérience positive au sein de l'école, je fais des rencontres de parents à tous les mois où on parle de leurs enfants. Je leur fais parfois faire les mêmes activités que je fais faire aux élèves, d'ailleurs, mais j'ai aussi mis sur pied un programme où on fait des jeux de société parents contre enfants. Et c'est des soirées où tout le monde ont du plaisir à l'école, ce qui souvent, parfois, est rare au niveau des parents, parce que, lorsqu'ils se déplacent à l'école, c'est pour des suspensions, c'est pour des trucs comme ça, puis, les élèves, ça leur permet d'avoir un moment intime avec leurs parents où ils jouent, où ils ont du fun. Les parents rencontrent d'autres parents, donc ça brise l'isolement, se rendent compte que finalement ce qu'ils vivent avec leur enfant, bien il y en a d'autres qui le vivent aussi. Ça fait que finalement ça a plein de répercussions positives.

Lors de ces soirées-là, avant de recevoir les parents, on fait un atelier cuisine, où je prends mes élèves, on s'en va cuisiner des collations que les parents vont manger en soirée. Très honnêtement, on est en milieu défavorisé; dans ces soirées-là, je sais que j'ai de mes élèves qui ne mangent pas souvent ou qui ne mangent pas à leur faim, ça leur permet de manger à leur faim.

On parlait tantôt justement de problèmes monétaires. Quand je vous parlais d'intervention individuelle, moi, j'ai un élève qui ne réussissait pas à l'école, et on s'est rendu compte cette année qu'il ne voyait rien. Donc, on a contacté les parents, les parents n'étaient pas... peu importe, là, en tout cas, ne l'amenaient pas chez l'optométriste. Bien, c'est l'école, c'est moi qui ai appelé, qui a cherché une commandite, puis cet enfant-là a des lunettes maintenant et voit au tableau. On ne pouvait pas lui demander de réussir, il ne voyait rien de ce qui se passait et effectivement était complètement démotivé et complètement décoché. Donc, c'est vraiment des trucs très individuels.

Les stages d'un jour. Francis a été faire un stage effectivement avec M. Bellemare et... Allez-y, Mme Houle...

Le Président (M. Marsan): Non. Juste en terminant, mais vous dites: Francis a été faire un stage...

Mme Perreault (Caroline): Francis a été faire un stage en soudure avec M. Bellamare. Karine, qui est là, a été passer un après-midi avec un auteur. Marilou a été coiffeuse d'un jour. Michael a été conduire à l'école de machinerie lourde de Sainte-Julienne. Jean-Luc a été passé un après-midi avec un bédéiste. Bref, on essaie de faire des trucs, des trucs vraiment...

Le Président (M. Marsan): Merci. Voulez-vous poursuivre?

Mme Houle (Peggy): Oui. Bon. Peggy Houle. Je voulais juste rajouter, nous, on a eu la chance, l'année passée, pour faire la sélection du groupe PARER, pour faire la sélection de beaucoup d'autres programmes dans l'école, on a eu la chance d'avoir, avec M. Janosz, le questionnaire de recherche en ligne, donc on a pu établir la typologie de Janosz dans notre école. Il y avait nous et Sainte-Julienne, là, Havre-Jeunesse. Alors, ça a été un plus parce que ça nous a donné les éléments pour bien cibler nos élèves par la suite. Alors, on s'est beaucoup fié à ça et au fait aussi qu'on voulait travailler, à la commission scolaire, peut-être plus de façon précise avec ces élèves-là qui sont discrets. Donc, pas ceux qui demandent beaucoup de temps au niveau du comportement ni ceux qui performent très bien, mais on le fait quand même, mais différemment, mais, ceux-là, on s'apercevait qu'il y avait un haut taux d'élèves qui pouvaient réussir là-dedans, dans ces élèves-là, si on prenait la peine de bien cibler des mesures pour eux. Alors, il y avait vraiment une bonne capacité, là. C'est pour ça qu'on mise avec 15 élèves, mais présentement nos élèves sont tous en réussite globale de leur personne.

Mme Perreault (Caroline): Vous savez, la réussite, ce n'est pas toujours d'avoir 60 %, hein? La réussite, c'est parfois... Je regarde, tous mes élèves, ici, quand ils reçoivent leur bulletin, on s'assoit, puis des fois ils me disent: Ah! je suis découragé, je coule dans toutes mes matières. As-tu vu que tu as augmenté de 20 points en mathématiques? Que tu es passé de 28 à 48 ou de 30, en anglais, à 57? Donc ça, c'est aussi des succès. Puis parfois il faut leur montrer que, oui, leurs efforts... bien, oui, ils n'ont pas encore 60 %, mais que leurs efforts donnent quand même des fruits, puis ça, c'est de prendre le temps de s'asseoir avec eux et d'en jaser.

Le Président (M. Marsan): Oui. Mme Champagne. Noëlla.

Mme Champagne: Oui. Bonjour. Noëlla Champagne. Oui, c'était fort intéressant. On avait dans notre atelier deux élèves, Marilou et Francis, qui sont avec toi, et, moi aussi, en fait je les aurais adoptés tous les deux. Alors, ce que je dis, c'est que je vois ça comme un projet pilote, est-ce que je me trompe? Puis, si ce projet va bien, et je pense que vous en avez déjà des preuves, une question comme ça peut-être hypothétique: Dans une école comme la vôtre, d'un certain nombre d'élèves ciblés comme étant des élèves avec certaines difficultés, est-ce qu'il y aurait lieu d'augmenter le nombre d'intervenantes comme vous ou si vous avez l'impression que, l'an prochain ou dans les années à venir, ça va se limiter à un groupe de 15?

Mme Perreault (Caroline): Bien, je ne veux pas faire de scoop, mais je pense que... Oui, vas-y.

Mme Houle (Peggy): Donc, Peggy Houle. Mon hyperactivité commence à paraître! Écoutez, je voulais vous dire, pour répondre à ça, moi, en tout cas, ce que je vois comme réponse présentement de la ministre, c'est qu'on a une nouvelle enveloppe pour l'année prochaine, qui sera des enseignants-ressources de plus. Nous, on va les appeler les soutiens à l'école, bien à la commission scolaire, parce que ce n'est pas conventionné comme l'enseignant-ressource, là, tel quel dans la convention, mais bien ça ressemble beaucoup à des mini-PARER, que je pourrais appeler. Alors, c'est vraiment le même style de mandat. Et, nous, à l'école, mettons, on en a eu plusieurs, là, chaque école secondaire va recevoir des mesures de ce type-là. Moi, j'ai 16 périodes supplémentaires d'aide où je pourrai peut-être toucher 16 autres élèves avec deux autres enseignants ou un enseignant. Alors... et on va travailler du même style.

Quand Mme la ministre est venue, le 8 décembre, on a beaucoup parlé d'accompagnement, d'accompagnement, de coaching, et je crois qu'elle a entendu ces besoins-là. Et elle a vu ce qui se faisait sur le plancher, puis je pense qu'elle a maximisé dans ce sens-là. Bon, c'est sûr que c'est peu, parce que, bon, quand on regarde, 1 200 élèves, comment on pourrait toucher tout le monde. Ce n'est pas tout le monde non plus qui ont besoin d'un type de coaching comme ça, mais je pense que, déjà là, l'année prochaine, on va toucher le double des personnes, et on est en périphérie aussi, certaines fois, comme disait Mme Caroline, on touche d'autres élèves par la bande, à ce moment-là. Mais, oui, il y a cette mesure-là qui est bienvenue.

Le Président (M. Marsan): Oui, Pierre, bien oui.

Violence et intimidation à l'école

M. Curzi: J'ai une question, moi, parce que, ce matin, on a beaucoup parlé, puis là vous en avez encore parlé... je suis très inquiet de la violence. J'ai posé une question la semaine passée parce qu'on a vu, à Katimivik, là, Katimavik ou... oui, en tout cas, dans le Nord, qu'il y avait de la violence, puis il y en a un peu partout. Puis, ce matin, on en parlait, puis une des causes de décrochage, c'est visiblement l'intimidation, la violence, l'humiliation, les gangs. C'est grave!

Mais là, j'ai entendu parler d'un certain nombre de mesures puis, moi, je pose la question: Est-ce qu'il ne faut pas agir là-dessus, là, pour éviter que les gens soient discrets parce qu'ils ont peur juste de se faire casser la gueule?

Le Président (M. Marsan): Mme Houle.

Mme Houle (Peggy): Oui. Bien, à cet effet aussi, cette année, on est cinq écoles secondaires, dont une école spéciale qui va travailler à un projet de recherche avec l'UQAM, avec M. Boutin... je ne me souviens pas de son nom de famille, Gérard, en tout cas, un chercheur. Donc, on va commencer des plans d'action. Donc, on est à faire des questionnaires présentement pour répertorier quel type d'intimidation, violence, et où dans notre école, comme, chez nous, on le fait, et des incidents critiques nommés, et par la suite on va s'asseoir en comité pour faire un plan d'action relié aux besoins de nos écoles par rapport à tout ce qu'on peut faire en amont pour la prévention et aussi la récurrence, là, de la violence dans les milieux. Alors, je pense que ça, c'est quelque chose qui est bienvenu aussi.

Le Président (M. Marsan): Mme Perreault, puis Mme Gagnon ensuite.

Mme Perreault (Caroline): En fait, je suis d'accord avec Mme Houle au niveau... il faut travailler vraiment au niveau de la prévention. Ceci dit, lorsqu'on est après la prévention et que, comme dans le cas de Jean-Luc, il y a beaucoup d'intimidation, ce que ça a fait avec le projet PARER, c'est qu'avant il était dans le corridor et il restait dans le corridor, puis à ce moment-là, bien, il y avait quelqu'un à qui il pouvait venir dire: Caroline, dans cette classe-là, là, ça ne va pas. Puis, moi, j'ai pu m'asseoir avec lui, avec des jeunes aussi qui faisaient de l'intimidation à son égard, à l'égard de d'autres aussi dans la classe, faire des causeries, faire signer des contrats, mettre en place des mesures. Il parlait tantôt des grands frères, grandes soeurs, juste question de te rendre à ta case puis que tu n'aies pas peur de te faire coller un sandwich sur la tête, bien, déjà là, ça change ta vie quand tu arrives à l'école, hein, n'est-ce pas? Ça fait qu'il y a des mesures précises qu'on peut mettre en place.

Puis, Jean-Luc, juste au niveau de l'estime de toi, quand tu te promènes à l'école, que tu vis de l'intimidation, tu ne te sens pas nécessairement bien dans ta peau. Il se ramasse dans un groupe de 15 individus qu'il ne connaissait pas particulièrement avant, avec qui il n'était pas nécessairement ami, puis, mon Dieu, c'est rendu notre idole, c'est rendu notre mascotte. Il nous fait rire. On attend sa venue avec impatience à tous les jours. Au niveau de l'amour-propre, je pense que, Jean-Luc, il a vécu des changements avec ce programme-là qui lui a permis, je pense, de s'épanouir.

**(15 h 20)**

Le Président (M. Marsan): Mme Gagnon, puis ensuite j'ai Gilles.

Mme Gagnon (Chantale): Chantale Gagnon. Moi, je vais plus au primaire parce que mes enfants, la plupart sont encore là. Oui, mais, moi, j'ai mes filles qui ont été victimes d'intimidation aussi à l'école, et, moi, je me posais la question à savoir s'il n'y aurait pas une possibilité qu'il y ait plus de surveillance à l'heure des récréations, à l'heure du midi. Les professeurs ne sont pas si étendus que ça dans la cour, il n'y en a pas beaucoup non plus. Ça serait peut-être quelque chose qui serait bon à faire revérifier, parce que souvent ça va se passer dans les coins, des choses comme ça, où est-ce que les professeurs n'en ont pas connaissance. Et, non, les enfants, ils n'iront pas non plus d'eux-mêmes le dire, parce qu'ils se font menacer: Si tu en parles, ça va être encore pire. C'est justement. Ça fait que, peut-être, s'il y avait présence... un peu plus de présence dans la cour soit d'autres professeurs ou d'enfants ciblés précisément comme étant... bien, peut-être des grands frères, ou sous un autre nom, quelque chose comme ça, des enfants gardiens sur les heures de période de récréation, peut-être que ça pourrait venir diminuer aussi. Je dis ça comme ça, là, c'est peut-être une autre idée à étudier pour le primaire.

Le Président (M. Marsan): Mon collègue le député de Prévost, je pense, voulait faire une courte intervention. Puis ensuite on... je sais qu'il y a d'autres personnes, là.

M. Robert: Oui. Gilles Robert. Très rapidement. Je m'adresserais peut-être aux directions d'école en particulier. Si je comprends bien, c'est un appel à changer notre école traditionnelle que vous lancez. Puis l'exemple qu'on a ici est assez important, on parle de parcours personnalisés, parcours alternatifs. Comment on peut conjuguer ça, là, au niveau du ministère de l'Éducation, pour s'assurer que ça puisse prendre forme éventuellement et être pas juste marginal? Parce que, là... Mon mot n'est pas bon, ce n'est pas marginal, parce que vous touchez des jeunes, puis vous les faites changer, puis vous les inspirez, mais ça demeure quand même très partiel. Comment on pourrait s'en aller vers quelque chose de plus large, avec des programmes comme ça qui sont inspirants?

Mme Houle (Peggy): Mme Peggy. Si vous me permettez. C'est sûr que présentement, comme on a dit tantôt, on est beaucoup axés sur les besoins des élèves, qui sont tous très différents. L'école d'aujourd'hui n'est plus l'école standardisée d'avant, je pense que c'est correct aussi; étant orthopédagogue de profession, j'y crois. Donc, il est de notre ressort comme direction d'école, comme commission scolaire, comme ministère, de permettre des passerelles possibles. Alors, dans le nombre de passerelles... Parce que l'organisation, on est capables de le gérer éventuellement, on le fait au quotidien puis on essaie d'être créatifs à chaque année.

Juste pour vous dire, dans certaines écoles secondaires, on a des projets 15 ans. Dans l'alternative, chez moi, alternative de deux, l'année prochaine, on a des élèves projet 15 ans qui vont faire environ 50 heures de stage, à l'intérieur du maths, français, anglais, pour les motiver et les garder à quelque chose. Leur dire: Écoute, si tu veux faire ton stage, tu dois faire tes matières de base aussi, tu dois être assidu à l'école. Alors, on veut les raccrocher à quelque chose qui... Des fois, ils sont plus manuels, moi, chez moi, là, il y en a plusieurs. Le FMS personnalisé, c'est une bonne voie aussi. C'est vraiment un style alternatif, avec un projet avec l'AFP, le secteur professionnel, où on va vraiment accentuer sur un semi-spécialisé.

Donc, il y a plusieurs options. Ça veut dire que mes élèves, c'est un peu comme le projet PARER, si j'ai 22 élèves en FMS personnalisé l'année prochaine, chacun va avoir son type de stage adapté à ses intérêts. Le but vocationnel est très important, à ce moment-là.

Alors, je pense que, comme ministère, peut-être nous permettre ces différentes passerelles là, et le plus tôt possible, parce que c'est souvent, tu sais... Je vous ai dit projet 15 ans, FMS, il faut avoir 15 ans. Et parfois, des fois, comme dans FMS, les critères peuvent être particuliers. Je vous donne un exemple. Un élève, l'année passée, était heureux de s'en aller en FMS en février, quand on l'a inscrit, parce qu'il était en échec dans ses matières de base. Il était tellement heureux qu'il en a passé ses maths, et il les a tellement bien passées qu'on n'a pas pu l'accueillir en FMS. Il a décroché. J'étais...

Le Président (M. Marsan): Un bon problème.

Mme Houle (Peggy): Ça, c'est des deuils pédagogiques qu'on fait comme direction parfois, parce que c'est comme... Il avait passé à 75 %; à 60 %, on aurait pu faire une dérogation. Il était tellement motivé de s'en aller au FMS qu'il s'est mis à augmenter ses notes et à travailler, puis ça lui a tiré dans le pied. Ça fait que c'est dans ces côtés-là, les passerelles, il y a quelque chose à aller voir là, et le plus tôt possible, secondaire I et II. À 14 ans, même, là, on a plusieurs élèves qu'on pourrait faire de la concomitance ou des choses comme ça.

Le Président (M. Marsan): Je prendrais encore deux interventions. Vous, d'abord, madame, ensuite. Puis j'aimerais ça que nos jeunes réagissent aussi aux propos qui ont été dits. Alors, je vous écoute.

Mme Malboeuf (Nicole): Bien, moi, je voulais donner suite -- Nicole Malboeuf -- je voulais donner suite à la maman de quatre enfants. Au primaire, dans certains des milieux, on a installé Mieux vivre sur la cour d'école, c'est un programme qui travaille les habilités sociales, entrer en relation avec les autres, et aussi développement de saines habitudes de vie. Alors, Ma cour: un monde de plaisir! est un programme de prévention pour contrer la violence, l'intimidation et finalement aller vers des saines habitudes de vie. Et aussi, dans le milieu scolaire, conjointement avec l'éducatrice et l'enseignante, on a établi, à partir d'Agir autrement, un système d'ateliers pour développer l'estime de soi par différents programmes: au premier cycle, Compte sur moi, et, pour deuxième et troisième cycles, ça s'appelle Techniques d'impact. Alors, déjà, en agissant sur de la prévention, on voit des résultats. Moins d'«intercations» sur la cour d'école, donc un meilleur climat, ça a des répercussions positives aussi au niveau des apprentissages.

Le Président (M. Marsan): Merci. C'est Mme St-Georges, hein? C'est ça?

Mme St-Georges (Caroline): ...Caroline St-Georges, du Carrefour jeunesse-emploi d'Autray-Joliette. Moi, je veux vous répondre à votre question par rapport à l'intimidation, la violence, et ainsi de suite. Donc, nous, on reçoit des jeunes qui ont vécu et qui ont fait vivre de la violence, c'est souvent relié un avec l'autre. On n'est pas spécialisés dans l'aide à ce genre de problématique là. En tant qu'organisme communautaire, on fait nous-mêmes appel à un autre organisme communautaire, qui s'appelle le Centre d'aide aux hommes oppresseurs, qui est ici, à Joliette. Les jeunes reçoivent systématiquement, dans chaque projet auquel ils sont inscrits, reçoivent un atelier qui se passe sous forme de discussion. Là, je ne pourrais pas vous donner tout le détail, parce que, la plupart du temps, c'est... C'est un atelier qui se donne seulement pour les garçons, et les filles, elles, sont accompagnées, pendant ce temps-là, par un autre organisme qui est au niveau féminin, qui est une maison d'hébergement pour femmes violentées, ici, et qui accompagne les jeunes dans un petit peu -- comment je pourrais vous dire? -- ...à déterminer comment je me sens par rapport à ça, quelle partie ça prend dans ma vie, puis qu'est-ce que je peux faire pour que ça change, dans le fond, arriver avec des éléments concrets à la fin de cette journée-là ou de cet atelier-là.

Donc, je vous dirais que ça se fait environ entre quatre et cinq fois par année, au Carrefour jeunesse-emploi. Ça va avec les cohortes qui commencent et qui terminent des projets qui se passent chez nous. Donc, si je vous dis qu'on reçoit environ 2 500 jeunes au Carrefour par année, je vous dirais qu'il y a au moins 500 jeunes par année qui reçoivent cet atelier-là, puisque ça se fait sous forme de groupes.

Tout qu'est-ce qui se fait en counseling individuel, ce n'est pas directement relié. Mais, nous aussi, on remarque que c'est une situation qui est présente tant au niveau des groupes, mais au niveau des gens qui viennent en counseling individuel chez nous pour avoir de l'aide en emploi, qui vont nous parler de situations qu'ils ont vécues en emploi, de violence, qui se traduit par des expériences où... qu'est-ce que je veux dire, dans le fond, c'est: qui se perpétue. C'est des gens qui ont vécu de la violence au secondaire, au primaire, et là ils arrivent en emploi, ils décrochent et vivent encore de l'intimidation parce qu'ils n'ont pas réussi à briser ce cycle-là, à s'exprimer, à se connaître davantage, à découvrir qu'elles sont... que leur estime d'elles-mêmes, dans le fond, est déficiente.

Donc, c'est des choses qu'on va aller travailler en individuel chez nous, au Carrefour. Je comprends que l'objectif est surtout de le voir au niveau du secondaire, mais je pense qu'il faut aussi penser aux gens qui ont décroché et qui là se retrouvent avec ces problématiques-là dans le quotidien. Quand il faut gagner sa vie en ayant été intimidé toute la journée au travail, je pense que c'est aussi une réalité qu'il faut tenir compte, puis je pense qu'effectivement ça part de l'école, puis je suis contente d'entendre que c'est une préoccupation. Je le sais déjà, mais je pense qu'il y a des actions concrètes qui sont posées pour y arriver. Ça fait que je voulais m'exprimer là-dessus. Merci.

Le Président (M. Marsan): Merci, Mme St-Georges. Allez-y. Tout simplement vous identifier à nouveau, s'il vous plaît.

**(15 h 30)**

Mme Monetta (Patricia): Patricia Monetta, étudiante encore. C'était justement pour l'intimidation. Il y a... quand c'est fait à l'école. Je voulais rajouter aussi qu'il y avait l'après l'école. Avoir les outils, aussi, pas nécessairement d'autodéfense, mais physiques... Bien, plus autodéfense de parole, tu sais, savoir quoi dire ou quoi ne pas dire ou quoi faire, je ne les sais pas, ces trucs-là, mais je pense que ça pourrait être un bon outil pour les gens qui vivent de l'intimidation. Ça m'est déjà arrivé. Je me suis défendue d'une drôle de manière, mais ça a fonctionné, on ne m'a plus achalée, ça fait que...

Bien, je peux vous raconter, là. C'est juste... Je me faisais intimider pas mal. À un moment donné, j'avais un chandail rose, j'étais grosse de même quand j'étais petite, puis j'étais toute petite aussi, mais je me faisais traiter de gros éléphant rose. J'avais un chandail de laine, je ne sais pas si ça faisait l'effet, mais, en tout cas, à un moment donné, je l'ai garroché dans la fenêtre dans la classe, tu sais. J'ai dit: Là, ça va faire! Je l'ai pogné, je l'ai soulevé. Là, j'étais forte cette journée-là, puis je vous dis que ça a pété: deux épaisseurs de fenêtre de 0,5 centimètre. On s'en va voir la direction, les étudiantes. Moi, j'ai refusé de payer le... je ne sais pas trop combien de piastres pour la fenêtre. Ils ont fait venir ma mère, puis finalement ma mère a dit: Bien, regardez, elle a dit, ça fait trois, quatre fois, je rentre en contact avec vous autres. Vous ne comprenez pas? Bien, payez-la donc, votre fenêtre. Ça fait que finalement on ne l'a pas payée, ils l'ont payée, puis...

Tout ça pour dire que ce n'est pas une bonne idée, avec la violence de ma part, mais en même temps ça a fait comprendre au directeur, quand les parents, ils parlent avec vous, au moins, écoutez-les, tu sais? Ça fait que c'est ça.

Puis, c'est ça, dans le fond, de donner les bons outils aux étudiants pour pouvoir faire en sorte que dans l'avenir... Il y a un «après l'école»; le soir, il y a un «après l'école», quand tu as terminé. Comme la madame du carrefour jeunesse-emploi a dit: Oui, il y en a qui vivent de l'intimidation aussi en emploi, puis, tu sais, ils sont plus rejets aussi, ces gens-là. C'est de les écouter et d'essayer de les outiller, tout ça, même à l'âge adulte. Merci beaucoup.

Le Président (M. Marsan): Merci. Vous êtes le bienvenu.

M. Gauthier (Jean-Luc): Jean-Luc Gauthier, Saint-Roch-de-l'Achigan, j'ai 13 ans, encore. Il y a une autre raison aussi, du décrochage scolaire, c'est surtout les problèmes qui arrivent dans la famille. Des fois, il y a... Comme moi, j'en ai vécu deux. Un jour, j'étais à l'école, puis on m'a appris que mon grand-père, il était décédé, puis il était vraiment gentil avec moi. Puis là, je n'avais plus le goût d'y aller, je faisais semblant d'être malade, avec une histoire de légumes congelés! J'appelais ma mère, je lui disais: Maman, je me sentais pas bien. Puis là je prenais mon sac de légumes, j'en versais dans la toilette. Puis là elle pensait que j'étais malade, elle me croyait puis elle pensait que j'étais malade. Ça fait que, là, je manquais l'école à cause de ça.

Puis, l'année dernière, on m'a appris que ma filleule est décédée. Elle s'est fait assassiner par son père, parce que ma soeur n'avait plus sa garde. Ça fait que, là, j'étais à l'école, puis là j'essayais de me réconforter, puis là je faisais semblant d'être pas là. Je restais chez nous pour vivre mon deuil chez nous, non à l'école.

Puis, un moyen que les personnes pourraient retourner à l'école, c'est aussi les activités après l'école. Comme, à mon école, il y a les 4 à 6. Ça t'aide. Moi, j'ai... Bien, tu peux choisir soit le français ou maths, puis après, à 5 heures, tu as le choix entre rénovation, karaté, multisports puis -- rénovation, je l'ai dit, hein? Ah, O.K. -- les arts de la scène aussi -- je n'étais pas au courant. Ça fait que, moi, j'ai choisi mon français, j'y allais, mais j'y allais, puis après j'allais faire de la rénovation, puis après ça, des fois, il se passait des activités, parce que tu participais, puis c'est ça.

Le Président (M. Marsan): Bien, merci, merci beaucoup. Nous, ce matin, dans l'atelier où nous étions, nous avons entendu de très, très belles choses sur L'Envol. Et je sais que Joémie avait des choses tellement intéressantes à nous dire. Je me demande si tu ne pourrais pas les répéter pour le bénéficie de tous les collègues et tous ceux qui sont ici.

Mme Ducharme (Joémie): ...je n'ai rien en tête, mais, si vous me laissez une couple de minutes, là, je vais...

Le Président (M. Marsan): Absolument. Absolument. On peut poursuivre nos travaux en même temps. Je pense que c'est Mme Gagnon.

Mme Gagnon (Chantale): ...que nos enfants, aujourd'hui, vivent des situations familiales pas toujours faciles. Et, moi, je pense que c'est une accumulation d'événements différents qui, mis bout à bout, finit par, à un moment donné, qu'ils ont trop de difficultés à ne pas savoir comment -- comment je pourrais dire ça? -- gérer tout ça.

Ça fait qu'y a-tu du soutien assez dans les écoles, être capables à savoir... de déceler, quand ils annoncent des nouvelles du genre à des enfants, ou peu importe? Il y a des arrestations, il y a des meurtres, il y a des accidents, il y a plein de choses. Est-ce que, dans toutes les écoles, est-ce que c'est fait en fonction qu'ils savent comment intervenir avec les enfants?

Le Président (M. Marsan): Mme Perreault.

Mme Perreault (Caroline): Caroline Perreault. Bien, moi, je vous dirais: De là l'importance du lien significatif. Que tu sois dans le projet PARER, que tu sois enseignante, que tu sois... peu importe, l'important, c'est que chacun d'entre eux à l'école puisse se retourner vers une personne.

Moi, j'ai la chance de l'être pour plusieurs des miens et pour certains autres, mais, peu importe, il faut qu'ils puissent se trouver une personne à qui aller raconter que, oui, ma filleule est morte, ou que mon père, hier, s'est fait mettre à la porte, que ma mère s'est fait battre, ou peu importe, là, qu'il y ait quelqu'un vers qui ils puissent aller confier ce qu'ils vivent et qui va les écouter, puis après va les référer, si c'est nécessaire, ou juste justement partager ça avec eux, vivre ce moment-là avec eux, tout simplement.

Mme Gopalkrishna (Mélissa): ...Mélissa Gopalkrishna. Je voulais juste souligner la toxicomanie dans nos écoles, auprès de nos élèves et auprès de nos élèves adultes, et tout ça, parce que c'est quand même assez répandu comme problématique et assez grave aussi, et ils sont assez insensibles, ils se croient corrects et fonctionnels là-dedans. Donc, pour eux, c'est comme normal de fonctionner au quotidien avec trois, quatre grammes de pot par jour ou, tu sais, c'est... c'est comme régulier. Puis, même si on travaille fort à les sensibiliser à ça, c'est quand même un problème assez important.

Le Président (M. Marsan): Mme Charbonneau.

Financement

Mme Charbonneau: Une question plate, M. le Président, parce que je pense qu'il faut l'adresser pareil. On en a parlé tantôt, on reçoit, sur 10 écoles secondaires, sur 9, on reçoit une somme pour l'école défavorisée. Qu'adviendrait-il des programmes si on ne recevait pas ces sommes-là? J'aimerais ça vous entendre, parce que le questionnement se pose, puis je pense que M. Curzi a déjà même posé la question à savoir: Quand l'école n'est plus défavorisée, parce que les codes postaux -- là, vous allez voir, c'est un peu technique, là -- mais les codes postaux ont changé, les chiffres ont changé, puis tout d'un coup cette école secondaire là n'est plus favorisée, est-ce qu'on peut mettre en place les mêmes programmes? Est-ce qu'on peut jouer dans les mêmes paramètres? Parce que, malheureusement, il y a des programmes, il y a des belles façons de faire, mais il y a aussi des sous, puis des sous, des fois, c'est bien, bien, bien poche, là, mais c'est ce qui mène le bal. Donc, j'aimerais ça vous entendre un peu là-dessus.

Le Président (M. Marsan): Peut-être Mme Houle.

Mme Houle (Peggy): Mme Peggy Houle. Donc, chez nous, c'est sûr qu'on le vit présentement à l'école Saint-Roch, l'école secondaire; on est défavorisés, dans l'échelle de 1 à 10, on est 10. Mais l'école qui est à côté de moi, l'école primaire qui m'alimente, depuis cette année, à cause du changement de chiffre, est tombée au décile 7. Donc, à partir de 8, 9, 10, on a des sommes, mais, décile 7, on n'a plus de somme. Alors, c'est sûr que... de là l'importance de commencer à penser à travailler par bassin. Et, moi, ça, c'est ma vison aussi, là. Et il y a des services qu'elle ne peut plus se permette, qu'on va essayer de pallier ensemble, parce que je veux travailler en amont, avec les personnes du primaire, pour l'arrimage primaire-secondaire. Alors, c'est sûr que, moi, j'ai cette vision-là de partage et de regarder comment on peut faire. Parce que c'est mes élèves, hein! Ils sont en 6e année, ils ne sont pas défavorisés, mais, rendus chez moi, en secondaire I, ils le sont.

Alors, c'est un peu aberrant, mais en même temps, quand on travaille en collaboration bassin, je crois qu'on peut y arriver quand même. C'est sûr que des fois il y avait des belles choses d'implantées, puis on doit couper un petit peu dans le gras, il y a beaucoup de projets qu'on ne pourrait pas faire si on n'avait pas ces sommes-là, et je pense que, dans les voies... les voies de... essayer de trouver des voies facilitantes, on a besoin de ces sous-là des fois pour libérer nos profs, aussi, pour faire ce suivi-là. Chez nous, on a du «team teaching» en classe avec des orthopédagogues, cette année, en secondaire I. Ils vont commencer à travailler aussi en amont, au primaire, mais, si je n'ai pas le temps de les rencontrer convenablement à chaque mois, je ne peux pas assurer un suivi et essayer de rendre les mécanismes plus adaptés, et les choix aussi. On ne peut pas implanter quelque chose puis regarder, à la fin, si c'est bien, il faut suivre au fur et à mesure et outiller nos profs et être là en support. Alors, ces sommes-là me permettent de faire ces suivis-là aussi, et je pense qu'on va peut-être arriver à quelque chose, là, éventuellement, là, qui va débloquer vers de la réussite.

**(15 h 40)**

M. Curzi: Je m'étais levé une main pour poser une question. Mais... parce que ce qui... Quand vous parlez des liens significatifs, ça, je retrouve ça partout, puis ça correspond à l'idée que chaque personne soit en lien. Dans le fond, ma question, c'est, puis elle s'adresse beaucoup à vous, c'est: S'il y avait eu un lien significatif, ça veut dire une personne, qui n'est pas nécessairement un adulte, qui peut être un homme, une femme, qui peut être à l'intérieur de l'école, à l'extérieur de l'école, c'est large, s'il y avait eu une personne comme ça avec qui vous avez un lien significatif, une relation étroite, est-ce que ça aurait changé votre décision de décrocher et est-ce que ça aurait facilité votre décision de raccrocher?

Le Président (M. Marsan): Allez-y.

Mme Macdonald (Sandrine): Sandrine Macdonald. Oui, effectivement, ça peut aider, parce que parler, dans la vie, c'est ce qui nous fait grandir. Quand on peut sortir qu'est-ce qu'on a en dedans puis quand on peut aimer nos jeunes, quand on peut aimer... d'avancer dans la vie, et tout, c'est ce qui fait que tout va bien. Merci.

Le Président (M. Marsan): Merci. Joémie.

Mme Ducharme (Joémie): Joémie Ducharme. Moi, je suis d'accord avec l'idée qu'avoir un lien d'appartenance avec une personne de l'école, c'est un sentiment d'attachement qui est bien important. On va se confier souvent à cette personne-là, comme on va rire avec elle. Puis je trouve que c'est bien de partager des petites choses de la vie avec ces personnes-là, parce qu'elles ne sont pas juste là pour nous enseigner du français ou des mathématiques, elles sont là pour nous enseigner des choses de la vie.

Puis, moi, justement j'ai une relation comme ça avec un de mes professeurs ici, à l'école, puis c'est quelqu'un qui va être motivant, qui va rentrer dans son cours, puis tu vas sentir la passion en dedans d'elle, que tu vas sentir qu'elle, elle n'est pas là pour la paie, elle est là parce que c'est sa passion puis parce que cette personne-là, elle aime ça. Je trouve que ça paraît tout de suite quand tu rentres dans la classe, tu rentres dans la classe, puis tu t'assois, puis là elle va faire un petit discours, exemple, bon: Aujourd'hui... Tu sais, c'était la journée de l'homosexualité voilà pas longtemps, dans notre... en tout cas, puis elle parlait de ça puis elle nous faisait comprendre qu'en 2010 on n'acceptait pas encore les différences. Puis, tu sais, elle nous fait comprendre des petites choses de la vie bien simples que tout le monde... ça rejoint tout le monde puis que tout le monde comprend.

Puis, juste de parler de ça avec elle, puis que je sors, puis que je me dis, tu sais, je n'ai pas juste parlé de français, j'ai parlé de quoi de concret puis ça m'a fait du bien, tu sais. Puis, oui, je trouve ça important, je trouve que je m'en viens chez nous, puis je suis fière, tu sais, d'avoir passé une journée de même avec une personne comme ça. Puis, oui, je suis pour qu'il devrait y en avoir plein puis qu'on devrait sentir que le professeur aime vraiment sa job.

Le Président (M. Marsan): Pour l'école, pour le Centre L'Envol, vos commentaires.

Mme Ducharme (Joémie): Pour les connaissances d'Envol, qu'est-ce que tu veux dire par les connaissances d'Envol?

Le Président (M. Marsan): Non, pas les connaissances, le Centre Envol, ici.

Mme Ducharme (Joémie): Le Centre L'Envol.

Le Président (M. Marsan): Je sais que, ce matin, tu nous as donné ton exemple et l'appréciation que tu en faisais.

Mme Ducharme (Joémie): Bien, j'aime beaucoup le concept ici, on s'entend que c'est différent d'ailleurs. Ici, tu avances à ton rythme, pas trop lent, on s'entend, là. Mais, oui, j'aime ça. Je ne sais pas qu'est-ce que je pourrais te dire de plus que c'est un beau programme puis que ça peut aider pas mal de gens qui justement ont décroché. Ça peut leur faire voir la petite lueur au bout du tunnel, comme, moi, j'ai vue, mettons.

Après cinq ans, retourner à l'école, ce n'est pas facile, là. Mon premier livre m'a pris plus de temps que les autres. On s'entend que, quand ça fait cinq ans, tu es un petit peu rouillé, si on veut, là. Ça fait que de se donner la chance de peut-être le premier livre... pas apprendre en même temps que tout le monde puis d'y aller à son rythme, oui, je trouve que c'est bien puis c'est spécial.

Le Président (M. Marsan): ...avec Emploi-Québec aussi, hein?

Mme Ducharme (Joémie): Oui, moi, je suis payée pour aller à l'école. Dans le fond, ça m'a ouvert une porte, parce que, moi, j'avais un appartement, j'étais partie jeune de chez mes parents, puis justement je n'avais pas le goût de retourner chez mes parents non plus, j'avais le goût d'avancer par moi-même puis de me sentir accomplie, ça fait que je me suis dit: Regarde, je vais retourner à l'école, je vais avoir ce sentiment-là. Puis c'était ça, ma petite lueur au bout du tunnel, je me disais: Je veux trouver ma vocation, je veux savoir en quoi que je m'en vais puis...

Le Président (M. Marsan): Et vous l'avez trouvé? Dans quel domaine?

Mme Ducharme (Joémie): Oui, oui. Je m'en vais en santé animale, à Trois-Rivières. Il me reste à peu près...

Le Président (M. Marsan): Et dans combien de temps vous avez votre D.E.S.?

Mme Ducharme (Joémie): Dans à peu près trois, quatre mois, je devrais être prête à m'en aller là, oui.

Le Président (M. Marsan): C'est beau. Félicitations!

Mme Ducharme (Joémie): Je suis bien contente.

Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup.

Mme Ducharme (Joémie): Merci.

Le Président (M. Marsan): Alors, d'autres commentaires? Mme Delisle, tantôt... vous vouliez intervenir, puis ensuite Noël.

Mme Delisle (Nancy): Nancy Delisle. C'était pour compléter la réponse à votre question. Ce que Mme Houle mentionne, en fait c'est un modèle, au niveau primaire, d'une école qui a perdu son titre de défavorisation. Par contre, pour nos écoles secondaires, on a, avec la façon de calculer, on a recueilli plus d'écoles. Agir autrement, nous, on a eu un ajout.

Et l'autre façon de faire également, il y a avec le primaire et secondaire qui est consolidé ensemble sur des états financiers, d'autres bassins ont fonctionné de la même façon, ou d'autres écoles. Exemple, une direction d'école qui a trois écoles, qui a une école plus nombreuse, une plus petite, exemple, à 80, peut consolider le budget Agir autrement en disant: On se trouve une ressource et on la partage dans nos trois milieux, payée par le budget de chacun selon son niveau de finances.

Le Président (M. Marsan): Mme Champagne, Noëlla. La première question que les collègues, les amis ont posée ce matin à Noëlla, c'est: D'où vient votre nom?

Approches pédagogiques

Mme Champagne: Je suis née à Noël. Alors, écoute, c'est que je reviens un peu plus sur ce que Joémie a dit. Elle a dit une chose excessivement importante, en tout cas, dans mon avant-midi, là, avec Francis, Marilou, Sarah, je crois, c'est ça, qui n'est pas là mais qui était là ce matin, et Joémie. Joémie a dit qu'elle allait à l'école, c'est bien de recevoir de la matière, de l'enseignement, français, mathématiques, mais c'est l'enseignement également de la vie. Puis, on peut faire du français et des mathématiques en parlant de la vie. On peut se servir de cas concrets. Et j'ajoutais que ce que je trouvais qui manquait beaucoup, surtout au niveau secondaire, c'est l'apprentissage... l'enseignement de la vie, mais dans ce qui existe vraiment.

Et le constat que je fais, parce que je vais souvent dans des écoles, on trouve que mon métier d'enseignante, je veux le pratiquer encore un peu, donc on m'invite à aller dans des écoles et secondaires et primaires, et particulièrement secondaires, à la fin de l'année, pour parler de persévérance scolaire. Or, je le fais avec grande joie, et souvent on m'amène dans des écoles qui ont un petit peu plus de difficultés, des élèves qui ont soit lâché, qui ont rattrapé ou en tout cas sont sur le point de. Et le constat que je fais, c'est que les étudiants de ces niveaux-là ne connaissent pas leur milieu, ne connaissent pas qui il y a autour d'eux.

D'abord, et de un, j'ai l'air d'une chose qui sort d'une autre planète, puis ça foute quoi, un député, dans la vie, puis pas parce que je veux que les élèves sachent absolument qu'est-ce qu'on fait, mais, si, dans la vie, ils n'ont pas de conseillers municipaux, puis n'ont pas de commissaires d'école, puis n'ont pas d'enseignants, puis n'ont pas de gens qui prennent des décisions, bien, écoutez, si vous ne nous guidez pas, nous autres, on va les prendre sans même vous avoir entendus.

Alors, je constate que tout cet enseignement-là et ce raccrochage-là pourraient se faire par des moments d'enseignement de ce qui se passe pour eux dans leur milieu à eux, chez eux. Tu vis à Saint-Lin ou tu vis à Joliette, tu as une vie sociale à côté. Puis, à part l'école, quand vous allez en sortir, vous allez vous retrouver dans le vrai milieu, dans la vraie vie. L'école, c'est un passage obligé, comme on dit, alors rendons-le donc plus plaisant.

Alors, moi, j'aimerais peut-être entendre quelques intervenants sur la place qu'il vous reste pour parler avec les étudiants, autre chose que le français, les mathématiques et l'anglais, puisque, de départ, ce matin, dans notre atelier, je termine là-dessus, on disait que souvent ils ont décroché parce qu'ils ne savaient pas à quoi ça leur servait d'étudier ça, ils n'étaient pas accrochés à quoi que ce soit, ils avaient l'impression d'étudier pour étudier, point, qu'il n'y avait pas un intérêt accrocheur. Alors, est-ce que c'est propice, en quelque part, au niveau secondaire, ces moments-là avec les élèves? Alors, la vivez-vous, ici, en région, cette interaction-là sociale?

Le Président (M. Marsan): M. Leclerc.

M. Leclerc (Jean): Jean Leclerc. En tant qu'enseignant, il me semble que... tu sais, tantôt, je parlais du lien, puis on revient de reparler du lien. Pour moi, c'est important. Puis, quand je pense à mes vieux profs, en tout cas, moi, des profs qui ont été d'une belle influence dans ma vie, souvent ce n'est pas la matière, c'est le petit moment ou le petit cinq minutes du début de période ou une blague, une anecdote, la manière qui... il y a plein de choses. Et puis je pense que, pour la plupart des jeunes qui sont en avant, si on leur demande... certains enseignants qu'ils ont appréciés, parce que je suis certain qu'il y en a quelques-uns qu'ils ont appréciés, puis il y en a qu'ils apprécient encore, c'est souvent ces petits moments là, là. Je pense que c'est Joémie, là. Mais je pense que c'est essentiel. Puis, moi, je reviens encore au lien, mais ce lien-là, souvent il va se capter comme ça. Tu sais, on va avoir hâte d'aller voir un certain prof: Bon, qu'est-ce qu'il va nous raconter aujourd'hui? Moi, je disais: Aujourd'hui, on fait la page 12 puis on fait la page 18. Puis je pense qu'il faut un peu, comme enseignant, sortir de cette structure-là, de se laisser le droit de parler de nous, parler de nos bons coups, de nos mauvais coups, puis nos bonnes journées, puis nos moins bonnes journées.

Le Président (M. Marsan): Oui, Joémie.

Mme Ducharme (Joémie): Joémie. Bien qu'aussi... tu sais, quand on a une bonne relation comme ça, on vient qu'à avoir du respect, puis ça vient tout seul, envers cette personne-là. Exemple, regarde, le vendredi après-midi, les cours sont un petit peu moins bien garnis, on s'entend que le foxage, c'est quand même populaire dans n'importe quelle école, mais, quand tu respectes le professeur, je te le dis... moi, dans ma classe, c'est comme ça que ça marche, là, ils s'en vont voir le professeur: Regarde, je ne serai pas là cet après-midi, puis ils avertissent d'avance, tu sais. Il dit: Regarde, je m'en vais là, puis, fais-toi-z-en pas, je ne serai pas là, tu sais. C'est idiot, hein, mais, pour vrai, là, on est la classe la plus garnie. Je pense que c'est la motivation que le prof amène, la passion. Ça fait que, moi, je trouve que, les professeurs, il faudrait vraiment que ça paraisse qu'ils aiment leur travail.

Moi, je trouve que c'est primordial, là. Je pense que ce que tu véhicules, c'est important que ce soit véhiculé de la bonne manière, juste pas pitché sur une table, puis: Tiens, fais un exercice, puis c'est ça. Parce qu'il y a beaucoup de gens que c'est comme ça qu'ils se font présenter leur travail, puis je trouve que ça n'en vient pas motivant, non plus, de le faire, là, quand: Tiens! arrange-toi. Puis aussi, un bon professeur, c'est quelqu'un qui te donne des outils pour réussir mais qui est capable de te donner un sourire dans la face. Ça, je trouve que ça fait partie de leur travail.

**(15 h 50)**

Le Président (M. Marsan): C'est bon! Merci. Mme Houle et Mme St-Georges.

Mme Houle (Peggy): Bien, les enseignants sont de plus en plus, au secondaire, je trouve, créatifs, dans le sens où il essaient de faire l'enseignement en donnant du sens, hein: pourquoi qu'on apprend ça, pourquoi que... et en parlant de culture ou de réalités, ou juste, des fois, en enlevant le masque de prof, dire: Bien, moi aussi, je suis humain, puis je fais des erreurs, il m'arrive des choses.

Et aussi on a l'école orientante, hein, on a ces projets-là, on a à développer ces choses-là, essayer de démontrer aux jeunes toutes les voies possibles qu'ils peuvent découvrir, par le cap professionnel chez nous, par tout ce qui est... la conseillère en information, les visites d'entreprises, les ministages. Donc, l'école orientante, aussi, oriente sur le but vocationnel, pourquoi je suis à l'école et pourquoi je dois passer par ce passage obligé, comme vous disiez? Bien, c'est pour arriver à avoir mes connaissances de base, pour être capable d'aller. Alors, de toujours se réveiller ou aspirer à un but et savoir qu'est-ce qu'on a comme étapes à franchir pour le faire, parce que sinon c'est comme être devant un nuage.

Alors, il faut tasser le nuage et donner les séquences aux élèves: Voici ce que tu as à faire pour atteindre ton but. Et là, c'est plus clair et plus motivant.

Le Président (M. Marsan): Merci. M. Bellemare, oui?

M. Bellemare (André): Moi, en tant qu'enseignant, l'année passée, qu'est-ce que j'ai fait, j'ai fait venir de mes anciens copains qui sont des anciens décrocheurs. J'en ai, là-dedans, qui étaient des sans-abri aussi. Puis ils ont fait un témoignage aux élèves, à mes jeunes: Après avoir été un sans-abri, comment qu'il s'en est sorti, pour, après ça, pour pouvoir raccrocher, pour pouvoir continuer. Puis maintenant, bien, c'est tous des... c'est tous des pères de famille, puis ils ont tous un métier, puis c'est ça que je voulais dire, que, moi, qu'est-ce que j'ai fait l'année passée. Puis, à chaque fois que... je m'arrangeais qu'au moins une fois aux trois semaines qu'il y ait toujours une personne qui vienne parler, puis ça, ça a aidé beaucoup mes jeunes. Parce qu'on pouvait entendre parler une mouche, là... entendre voler, excusez, une mouche, parce qu'une mouche, ça ne parle pas... Oui, pourtant c'est de l'eau que je prends!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Bellemare (André): Puis, c'est ça, on n'entendait rien, vraiment, là, ils étaient vraiment, là, attentifs à tout ce que la personne disait, là. Puis, surtout quand ils voient que c'est des gens qui ont aussi un certain vécu comme ça, qui ont resté dans la rue, tout ça, bien les jeunes écoutent aussi, ils écoutent, ils disent: Oui, c'est vrai, puis on va continuer.

Puis, moi, bien, l'année passée, j'avais un jeune de Saint-Gabriel-de-Brandon, il faisait deux heures d'autobus, il n'a jamais été malade, il ne voulait pas être malade. Lui, c'était la soudure, puis il avait un but, puis, le soudage, bien, en même temps, moi, pas à tous les jours, parce que ce serait comme du... on va dire, un... sans vouloir dire les achaler avec ça, mais, au moins une fois par semaine, j'avais toujours un petit mot à dire sur la persévérance, toujours continuer. Parce que c'est beau, la soudure, mais ça ne marche pas tout seul, il faut que tu aies le français, maths, anglais, au moins le minimum que ça prend pour ces jeunes-là.

Parce qu'on s'entend-u que ce n'est pas tous les gens qui vont avoir la capacité d'aller au cégep, à l'université. Puis on ne se cachera pas que bientôt on va être peut-être en pénurie de main-d'oeuvre, aussi.

Puis c'est là-dessus que je voulais en venir. Moi, qu'est-ce que je vois, là, pour une meilleure école, O.K. moi, ce que je vois, c'est qu'il y ait plus de cours, comme les cours FMS pour les secondaire I, puis ensuite de ça, bien on va partir, nous, là, à Saint-Lin, un cours en concomitance, là, soudage-montage, pour les secondaire III. Pas juste en soudage, que ce soit en plomberie, en électricité. Ça en prend, de la future relève, parce qu'on s'entendra pas que... bientôt, bien, moi, je vais prendre ma pension, puis il y a d'autres soudeurs comme moi, il y a d'autres gars de métier qui vont s'en aller, puis ça en prend d'autres comme ça.

Puis, moi, qu'est-ce que j'ai fait l'année passée, c'est que... Je suis diplômé du Japon. Je n'ai pas l'air de ça, là. Je suis ceinture noire troisième dan, puis j'ai donné des cours de karaté à mes jeunes...

Une voix: ...

M. Bellemare (René): ...il n'y a pas de problème. J'ai donné des cours, puis, moi, ils n'avaient pas le choix, c'était ça. Il fallait le faire, puis ça leur a amené une certaine discipline, puis le respect de soi, puis le respect des autres, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Puis c'est venu comme une drogue, une bonne drogue, parce qu'à tous les jours il fallait qu'on fasse notre demi-heure de karaté. Ça, c'était bien pour ça. Puis, moi, c'est qu'est-ce que... j'inviterais qu'il y a plus de cours comme ça, parce que ça prend au moins une demi-heure par jour de sport, que ce soit pour les jeunes ou les moins jeunes. Parce que j'ai été visiter des entreprises, même à Berthierville, pour ne pas la nommer, eux autres, à tous les jours, ils font un 15 minutes, tous les employés avec les employeurs. C'est les étirements puis tout le... pour vraiment, là, pour... en même temps, bien ça les met plus en forme puis c'est moins dangereux pour les accidents.

C'est d'essayer de les sensibiliser comme ça... Oui. O.K. Excusez. Je vais couper ça. C'est ça. Puis les stages à l'interne. Ça, c'est important aussi pour qu'ils aient aussi une meilleure supervision pour les stages. C'est ça que je voulais vous dire.

Le Président (M. Marsan): Merci, M. Bellemare. J'ai, dans l'ordre, Mme Simard, Mme Malboeuf, Mme St-Georges et le député de Saint-Hyacinthe, mon collègue Émilien. O.K. Alors, Mme Simard.

Mme Simard (Diane): Diane Simard. Je voulais peut-être ramener un petit peu le point de l'intéressement des professeurs, parce que, moi, les professeurs je me rappelle le plus, c'est ceux qui rendaient leur matière, qui avaient la passion de l'enseignement, qui réussissent à nous ramener à l'école parce qu'ils prennent le temps de bien livrer leur marchandise, mais aussi ils s'intéressent à leurs élèves. Moi, souvent, j'ai été ramenée... Ils sont venus me chercher pour des projets parascolaires.

Aujourd'hui, on n'en voit plus beaucoup, de ça, malheureusement. Caroline en fait partie un peu, de cette gang-là, puis, si on peut voir avec le succès qu'elle a avec les élèves, elle a su les rallier. Et aussi les parents, parce que je pense que c'est un des projets, à Saint-Roch, c'est un de ceux que les parents participent le plus. Si elle a réussi ça, d'autres sont capables de le faire aussi. Ce n'est pas juste par des projets spéciaux. Il faut vraiment essayer de ramener l'intérêt des élèves face à la matière, mais ça, c'est l'enseignant qui est en avant de la classe qui le fait, ce n'est pas les parents, ce n'est pas le programme, c'est vraiment la personne.

Il y a peut-être un petit peu de désintéressement, causé par je ne sais pas trop quoi, là, mais je pense que ça part de là. Puis aussi, quand on met les projets sur pied, des projets PARER, il faudrait peut-être garder une stabilité. Comme, là, le projet, on ne sait pas trop s'il va revenir l'année prochaine, s'il ne revient pas.

Au départ, s'ils le mettent sur pied, mais qu'ils le mettent pour plusieurs années pour assurer la stabilité des enfants. Je pense que c'est important. À ce niveau-là, je pense qu'il y a une petite lacune; quand ils mettent des projets sur pied, ils sont trop rapides à les mettre dehors, sans avoir vraiment vu, sur plusieurs années, les résultats. C'est ce que je voulais ramener comme points.

Le Président (M. Marsan): Je vous remercie. Je vais poursuivre, je pense, c'est Mme St-Georges... Mme Malboeuf, plutôt, excusez! Mme Malboeuf et ensuite...

Mme Malboeuf (Nicole): Bien, simplement mentionner que... Bien, je suis bien en accord avec les jeunes quand ils disent: Un adulte significatif, créer le lien de confiance. Et ça, ça peut se faire aussi. Je prends exemple de certaines enseignantes de l'école qui ont mis sur pied un projet cuisine avec leurs élèves. Il y a un bagage de transfert de connaissances qui peut se faire à partir de là, qui passionne les jeunes. On touche les mathématiques, le français, la rédaction du texte... bien, la rédaction du livre de cuisine va amener des choses très constructives au niveau des matières de base, et c'est un projet qui emballe les élèves. Alors, oui, ça se vit dans nos écoles. Ça peut se faire, puis c'est, dans le fond, à faible coût.

**(16 heures)**

Le Président (M. Marsan): Merci. Mme St-Georges.

Mme St-Georges (Caroline): Caroline St-Georges. Juste avant, je pense qu'il y avait un jeune homme dans la salle qui avait levé sa main, tantôt, pour parler avant moi.

Le Président (M. Marsan): Ah! j'ai manqué ça. Ah! bien, la parole est à vous.

Mme St-Georges (Caroline): Je pense que j'aimerais mieux lui laisser la parole.

M. Ricciardo (Charles): Oui. Charles Ricciardo. Tantôt, on parlait du lien, si on avait un lien qui nous gardait à l'école. ou peu importe, si jamais je n'avais pas lâché, bien, non, je n'aurais probablement pas lâché. Puis tantôt je disais... je disais que j'aimais ça, l'école, puis qu'à chaque matin j'avais hâte de venir à l'école. Le soir, j'ai juste hâte au lendemain, puis, le vendredi soir, bien j'ai juste hâte au lundi. Puis là, bien, on est le lundi, bien, il n'y a pas d'école, câline!

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Ricciardo (Charles): Mais, tu sais, quand je viens à l'école, j'ai un lien d'appartenance, mais avec tout le monde, que ce soit avec les professeurs, c'est plus que des professeurs, c'est des amis que j'ai, que ce soit avec, comme je disais, avec les professeurs, avec les formateurs des arts, parce que je suis aux Arts de la scène, que ce soit avec la direction, le guide étudiant, que ce soit même avec le concierge: Salut Mathieu. Ça va? Oui. Tu sais, c'est vraiment le fun d'avoir un lien d'appartenance puis de... tu sais, que ce soit avec les étudiants, je suis «friendly» avec tout le monde, puis je suis ici... ça va faire une couple d'années que je suis ici, puis j'aime vraiment ça, l'école, puis je ne veux pas lâcher tant que je n'aurai pas fini, puis j'ai quasiment fini.

Ça fait que je trouve ça vraiment cool puis je trouve ça bien, le raccrochage, comme je disais tantôt. C'est bien, le raccrochage, mais ce qui est bon, encore meilleur, c'est la prévention, pour épargner dans le fond le décrochage, parce que, tu sais, quand tu décroches, ce n'est vraiment pas évident pour certains de raccrocher, mais dans le fond c'est juste d'aider les étudiants qui ont une difficulté à avoir un cheminement, un cheminement qui va les aider à continuer sans décrocher, c'est encore meilleur que d'essayer de raccrocher les jeunes qui ont décroché. Merci.

Le Président (M. Marsan): Oui. Joémie.

Mme Ducharme (Joémie): Moi, je te dirais que ce qui m'a fait raccrocher après cinq ans, ça faisait cinq ans que je ne venais plus à l'école ici, puis ce qui m'a fait raccrocher après cinq ans, c'est vraiment que j'avais un but, parce que, justement, comme vous savez, je suis payée pour aller à l'école... Ça fait que j'ai un but. Il faut un but, pour être payé pour aller à l'école. Emploi-Québec dit: Tu te trouves un but, tu te trouves qu'est-ce que tu veux faire plus tard, puis, à partir de ça, là on va aller chercher les études que ça te prend pour te rendre là. Moi, dans le fond, mon but, c'était d'aller au cégep en santé animale.

Puis, depuis ce temps-là, je te dirais que, plus que tu veux, plus que tu as un but, plus que ça va aller vite, tes études. Puis je pense que justement c'est là que rentre en compte le projet de Mme Caroline, que je trouve superintéressant, parce que ça offre la possibilité d'essayer plusieurs stages avant le secondaire V, avant de venir puis de se dire: Aïe! là, je suis en secondaire V, là, il faut que je sache où c'est que je m'en vais. Bien, moi, je trouve ça une bonne idée de l'intégrer à partir de secondaire I, peut-être même sixième année, de savoir où est-ce que tu t'en vas, parce que, je te le dis, si ces personnes-là qui vont avoir un but en secondaire I, vous allez voir les notes monter en flèche. Parce que, depuis ce temps-là, moi, je me tapais même pas des 60 %, puis qu'aujourd'hui je me tape des 90 %. Ça fait que tu le vois, quand quelqu'un veut, il est capable. Puis, quand tu as un but puis tu veux aller jusqu'au bout, là, je te le dis que t'es capable.

Puis, en tout cas, moi, j'étais bien contente de revenir à l'école puis de voir que, genre, qu'on pouvait m'aider justement à me rendre à mon but. Puis... bien c'est ça, je suis reconnaissante.

Le Président (M. Marsan): Merci beaucoup. Mme St-Georges.

Mme St-Georges (Caroline): Donc, moi, je veux parler, malheureusement, encore une fois de ceux qui ont déjà décroché. Le lien significatif est très important, pour répondre à votre question, M. Curzi. Qu'est-ce qui fait la différence dans un des projets qu'on reçoit chez nous puis qui a un objectif de raccrochage scolaire, qui est le programme Segunda Suerte, que j'ai parlé tantôt, c'est que les professeurs se déplacent au carrefour, et c'est un groupe de 15 jeunes. Donc, la possibilité d'un lien significatif avec un groupe qui est diminué, je ne veux pas établir de nombre, mais je vous dis ce qui se passe chez nous, c'est que c'est un professeur pour 15 jeunes, un professeur de mathématiques deux fois par semaine, un professeur de français deux fois par semaine, et un professeur d'espagnol deux fois par semaine, pour pouvoir préparer les jeunes à vivre le séjour à l'étranger.

Ce qui est important là-dedans, c'est que les professeurs n'assistent pas seulement qu'au cours qui est donné de français et de mathématiques, ils assistent aussi aux rencontres d'évaluation une fois par deux semaines, qui se fait avec les jeunes. Donc, chaque jeune a des objectifs personnels et professionnels d'établis, en termes de qu'est-ce que je veux faire plus tard, mais aussi, qu'est-ce que je veux travailler pour être prêt à effectuer mon retour aux études. Dans la cohorte qu'on vient de terminer, il y avait un jeune que ça faisait 12 ans qui avait décroché de l'école, qui avait vécu la rue, qui a vécu beaucoup de problématiques dans sa vie, et il nous a nommé clairement, puis ça va être nommé dans notre assemblée générale annuelle, que la différence pour lui, c'est d'avoir pu être en contact, d'être évalué sur ses qualités personnelles par un professeur qui lui apprenait le français et les mathématiques.

Donc, je pense qu'effectivement ça fait une différence. Et, pour les gens qui sont décrocheurs, on vient d'entendre deux, ils le nomment. Je pense que ça aurait fait une différence, et ça en fait une aujourd'hui, aussi. Ça fait que je pense que... Voilà.

Le Président (M. Marsan): Bien, merci. Mon cher collègue le député de Saint-Hyacinthe.

M. Pelletier (Saint-Hyacinthe): Une question bien simple. On n'en a pas parlé cet après-midi, mais, dans l'atelier de ce matin, il a été question des objectifs individuels, ou, mettons, les gens qui n'aiment pas se faire dire quoi faire ou comment agir... Je pense que c'est Jonathan qui a mentionné ça, il parlait d'autonomie. J'aimerais ça qu'il vienne partager, si possible, si ça ne le dérange pas, de partager un petit peu ce qu'il voulait nous dire, parce que je trouve ça intéressant comme approche.

Le Président (M. Marsan): Juste vous identifier.

M. Bérubé (Jonathan): Bonjour, Jonathan Bérubé. Parlant d'autonomie, dans le fond, c'est les parents, l'école, les professeurs surtout qui reviennent sur les cas de l'élève. Mettons, les retards ou les devoirs non faits, ces choses-là. Dans le fond, moi, je trouve que c'est un peu le fait qu'ils nous le rappellent tout le temps puis qu'ils nous tapent sur les doigts qui fait qu'on veut plus se rebeller, tu sais, que... C'est... On fait moins preuve d'autonomie parce qu'il y a quelqu'un qui nous le dit à chaque fois. Puis, dans le fond, le principe que je voulais parler, c'est que, admettons, s'il serait moins là à nous taper sur les doigts puis genre à plus nous comprendre ou, tu sais, à être attentionné avec ses élèves, bien, dans le fond peut-être les jeunes en voie de décrochage, ils seraient plus portés à répondre de leur propre voix, là. Oui, c'est ça.

Le Président (M. Marsan): Merci. Merci beaucoup, Jonathan. Je pense que j'ai... Nos deux amis, je pense qu'ils veulent faire une intervention, une intervention commune? Non? Chacun. O.K.

M. Lecourt (Mikael): Moi, c'est Mikael Lecourt. Je fais partie du projet PARER avec Caroline Perreault puis, moi, je vais vous parler un peu de mon cheminement scolaire, parce que ça n'a pas été toujours une fleur, je ne suis pas vraiment bon à l'école puis, sans vouloir vous offenser, je n'aime pas l'école. Fait que, c'est ça.

Moi, de première à cinquième année, je n'étais pas conscient que, plus tard, j'avais un avenir puis que j'avais vraiment la clé de mes rêves. Puis c'est vraiment rendu en cinquième année que mon prof a commencé à me faire réaliser que j'avais des difficultés à l'école puis il fallait que je me botte un peu le derrière, excusez-moi l'expression, puis j'ai été faire mon sixième année dans une école privée, Marie-Clarac, j'ai été accepté là parce que l'école fermait puis ils acceptaient pas mal n'importe qui, là! On était 37 dans toute l'école, ça fait que... Puis, quand je suis arrivé au secondaire, au secondaire, tu es vraiment laissé à toi-même. Fait que ce que ça fait, c'est que, si tu n'as pas des bonnes notes, si tu ne te prends pas en main toi-même, il n'y a personne qui va te prendre en main, puis ils te laissent tout seul dans ton échec.

Là, moi, quand je suis arrivé en secondaire II... secondaire I, c'était l'enfer, ils ne te font pas doubler de I à II, mais, de II à III, ils peuvent te faire doubler, ça fait que, moi, c'était sûr que je redoublais ma première à deuxième, mais ils ont décidé de me faire passer, puis, rendu en secondaire II, je rushais, c'est fou! Ça fait que là Caroline Perreault m'est arrivée avec un projet, le projet PARER, j'ai accepté tout de suite. Puis c'est ça. C'est vraiment un projet qui nous donne confiance en soi, parce que, moi, j'avais un gros problème, c'est que je n'avais pas confiance en moi. Quand j'arrivais devant un examen, j'étais tout stressé parce que je pensais que je ne savais pas les réponses, mais dans le fond je les avais toutes. Puis dorénavant, rendu en sciences, l'étape d'avant, j'avais 44 %, puis j'ai monté mes notes à 91 %.

Le Président (M. Marsan): Juste rappeler ton nom.

M. Gauthier (Jean-Luc): Jean-Luc Gauthier.

Le Président (M. Marsan): Est-ce que tu as toujours 13 ans?

M. Gauthier (Jean-Luc): Oui, j'ai toujours 13 ans. Pas avant le 3 juillet.

Le Président (M. Marsan): Ah! C'est bon.

**(16 h 10)**

M. Gauthier (Jean-Luc): Mais, dans l'école parfaite, aussi, le point des professeurs intéressés, avant, moi, je pensais que les professeurs, ils étaient comme dans une chanson pas rapport, c'est Pink Floyd qui ont fait ça, c'est une autre brique sur le mur, une affaire du genre, puis là ils disaient que tout le monde devrait être pareil, des affaires comme ça. Puis là, dans certaines de mes matières, je pensais que c'était comme ça, parce que les profs souvent disent: Faut que tu continues, des affaires comme ça, puis là, moi, je n'étais vraiment pas capable, puis là, quand j'ai eu Caroline, bien j'ai eu mes outils pour que je sois au même rythme que les autres. Puis aussi, j'ai été voir dans mes anciennes choses pour me rappeler de mes trucs. Même, j'ai des chansons de trucs. Comme les sens, en anglais, l'imparfait, aussi le futur simple.

Puis là, j'avais des vieux trucs, puis là, maintenant je les réemploie parce que, là, je savais que ça allait vraiment m'aider; puis, quand, la première fois je les avais vus, je lui disais: À quoi ça va me servir plus tard? Puis là, maintenant, quand je regarde ça, je fais: J'aurais dû écouter le prof! Ça fait que c'est ça.

Le Président (M. Marsan): Bien, merci beaucoup, Jean-Luc. Je vais demander... Je vais donner la parole à notre collègue Michel Pigeon, puis ensuite je vais demander à Mme Peggy Houle de, peut-être, faire le mot de la fin.

M. Pigeon: Alors, je vais juste, Mme Houle... Michel Pigeon. Je vais juste vous poser une question, vous pourrez rajouter ça dans le mot de la fin. En fait, on a parlé de beaucoup de choses aujourd'hui puis on a parlé peu, je pense, des approches pédagogiques et des méthodes pédagogiques, et donc je voulais simplement que ceux qui vivent le milieu actuel disent un mot là-dessus, l'importance pour la réussite, puis à la limite les jeunes aussi pourront en parler, là, l'importance, pour la réussite, de l'approche pédagogique qui est utilisée.

Le Président (M. Marsan): Oui, Mme Houle.

Mme Houle (Peggy): Si vous me permettez. Mme Houle. Donc, avant de faire le mot de la fin, je vais parler de ce que j'aime le plus, la pédagogie différenciée.

Donc, étant une orthopédagogue, comme je vous ai dit tantôt... je l'ai peu exercé parce que je me suis en allée tout de suite en direction, le plus rapidement possible, pour essayer d'exercer ma motivation de changer des choses. Hein, c'était le but. Mais, oui, effectivement, dans tout ce qui est la différenciation pédagogique à l'école, on doit changer de stratégie, on doit fait faire preuve de créativité par rapport à des stratégies d'enseignement, et toujours être à la recherche de quelque chose qui pourrait donner plus de sens à nos élèves; entre autres, je vous parlais tantôt du «team teaching» à l'école.

Il y en a d'autres qui le font déjà aussi. Avec les orthopédagogues qui rentrent dans nos écoles secondaires, on peut arrimer ce qui s'est fait au primaire et mieux consolider, au secondaire, la suite. Il y a des choses à travailler puis il y a des mécanismes à se donner pour effectivement être capable de donner le temps au prof aussi de se... de s'arrimer à des nouvelles pratiques. Parce que, le faire, les profs veulent tous faire autrement. Ils veulent essayer des choses, mais en même temps il faut être là pour les supporter, leur donner les bonnes pistes et les bons outils pour être capables de faire ces essais-là, sans qu'ils soient dans le... parce qu'ils ont toujours la pression de la réussite, hein? Et ils ne veulent pas non plus prendre du retard sur -- entre autres au secondaire, c'est différent du primaire, j'ai vécu les deux -- ils ne veulent pas prendre de retard sur le curriculum, mais il faut leur donner les mécanismes pour leur permettre, parce que ces gens-là veulent faire autrement.

Alors, oui, il y a un monde... il y a plein de choses à essayer. Le but, c'est de l'essayer, justement, faire autrement, différencier en classe, travailler à deux, intensifier l'enseignement en faisant des cellules et en travaillant différemment avec nos élèves dans le but de bien les amener et de réduire l'écart entre les forts et les faibles pour que les gens soient de plus en plus en réussite au niveau global.

Je ne sais pas si je réponds à la question? C'est sûr que je pourrais en parler jusqu'à demain matin, là. Il y a plusieurs... Auriez-vous aimé avoir des exemples?

M. Pigeon: Je vous passerai un coup de fil.

Mme Houle (Peggy): Oui, à l'Achigan. Je peux vous donner mon numéro tantôt.

M. Pigeon: Vous me donnerez votre numéro, je vais vous appeler.

Mme Houle (Peggy): Parfait. Vous pourrez même venir faire une visite à l'école, si vous voulez.

Le Président (M. Marsan): Alors... Mme Peggy Houle, pour le mot de la fin.

Conclusions

Mme Houle (Peggy): Oui. Bien, écoutez, on m'a demandé de faire une synthèse rapidement. J'espère que je vais être capable d'englober ce qu'on a jasé aujourd'hui.

Alors, pour moi, puis je pense que, pour tout le monde, le constat, c'est qu'il faut de plus en plus profiler les élèves dans une recherche d'un but vocationnel versus un choix de parcours adapté pour leurs besoins et leur motivation. Il faut travailler en concertation, on en a parlé tantôt, avec tous les partenaires, incluant les parents, parce que ce sont les partenaires les plus importants. Hein, quand on voit les nouvelles annonces, là, «Je suis là pour ton soutien», là, c'est important, et le parent doit reprendre ce rôle-là le plus possible. Et il faut l'amener, comme avec des projets PARER, à s'investir à l'école en d'autres temps. Donc, c'est l'essentiel pour bien arriver à ce que les efforts des services en lien avec les besoins de nos jeunes arrivent à point.

On doit aussi continuer à travailler en amont le plus rapidement possible, dès le jeune âge, autant au niveau scolaire qu'au niveau dépistage, qu'au niveau... tout ce qui est... ce qu'on peut aller faire... Tantôt, la demoiselle parlait des évaluations. Oui, il y a une évaluation psychologique et/ou orthophonique peut nous aider avec un dyslexique à l'école, parce qu'on n'a pas juste une évaluation, on a des conseils adaptés par... Le spécialiste nous dit comment travailler avec cet élève-là qui pense de cette façon, son cerveau travaille d'une telle façon. Alors, ça piste nos intervenants, et on voit des réussites à ce moment-là. Mais le coût de 1 000 $ la «shot» est là. Et la pénurie des personnes aussi, elle est là.

Se pencher sur le coaching, la formation offerte aux intervenants qui oeuvrent dans les écoles et les centres de formation, afin de faire face à la diversité de la clientèle de nos jours. Ce n'est pas évident, quand on a une classe et qu'on a eu une formation générale, on parle de la formation, ici, universitaire, où il y a peut-être des choses à développer un petit peu plus, on regarde la formation, et nos profs doivent toujours être en formation continue par rapport à différentes... La dyslexie dysorthographie, au secondaire, ça fait peur, là. Quand je suis arrivée, l'année passée, on me disait: Ouf, c'est quoi, ça? Puis les Lexibook, puis le WordQ, puis les logiciels de reconnaissance vocale, puis comment utiliser ça, comment adapter ça, qu'est-ce qu'on a le droit de faire aux épreuves du ministère, avec les adaptations possibles. Il y a un champ, là, de... Les personnes veulent le faire, mais veulent être formées aussi pour bien agir. Alors, on a plusieurs élèves avec différentes pathologies, là, dans nos classes, maintenant, qui sont intégrés. C'est ça qui est difficile pour un prof, de faire différent avec 32 élèves dans une classe, qui ne sont pas tous au même niveau, et d'arriver à un standard.

Et finalement, bien continuer à maximiser l'accompagnement de type personnalisé afin de tenter de toujours être en persévérance scolaire auprès de notre clientèle. Donc, toujours les garder sur le banc d'école. Chez nous, on fait la blague... je suis là depuis deux ans, mais mon prédécesseur était là aussi... On les garde de plus en plus longtemps. Ils ne réussissent pas nécessairement plus, mais ils restent plus à l'école, et plus longtemps, et on arrive à une attestation ou à une qualification quelconque.

Le Président (M. Marsan): M. le vice-président.

M. Curzi: Bien, moi, je veux juste, au nom de mes collègues, là, vous remercier toutes, tous, ceux avec lesquels on a partagé notre avant-midi, et vous tous avec qui on a partagé l'après-midi. On n'avait pas de certitudes sur ce qu'on cherchait, mais, moi, j'ai des certitudes sur ce qu'on ramène. Alors, c'est comme... on s'en va à l'aventure, et puis la récolte est beaucoup plus abondante, pour nous en tout cas, que ce qu'on avait... que ce qu'on supposait au départ. Alors, merci infiniment. Merci infiniment.

Le Président (M. Marsan): À mon tour de remercier d'abord la commission scolaire des Samares, M. Richard Fiset, le directeur général, Mme Marie-Élène Laperrière, directrice adjointe, et le service du secrétariat général des communications; l'Académie d'hôtellerie et de tourisme de Lanaudière, qui a pris soin de nos ventres, les étudiants et le chef, M. Rémilleux, et Mme Véronique St-Onge-Beaudry; l'école secondaire Thérèse-Martin, Mme Marie-Claude Fredette; l'École des arts de la scène, M. Louis Bolduc, Mme Sylvie Desroches, la directrice adjointe, et M. Jean-Pierre Limoges; l'école de l'Achigan, Mme Peggy Houle. Et vous tous, les étudiants, un gros, gros merci, tous ceux qui sont intervenus aujourd'hui. Alors, merci beaucoup.

Une voix: ...prendre des photos.

Le Président (M. Marsan): S'il y en a qui voudraient prendre une photo, question d'immortaliser ce moment, bien vous êtes bienvenus ici. Notre photographe officiel est avec nous. Et je vous rappelle que ceux qui veulent parler avec nos techniciens du son ou encore les policiers, ce sera possible. Merci.

(Fin de la séance à 16 h 19)

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