Journal des débats (Hansard) of the Committee on Labour and the Economy
Version préliminaire
42nd Legislature, 2nd Session
(October 19, 2021 au August 28, 2022)
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Wednesday, May 4, 2022
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Vol. 46 N° 20
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie et de l'Innovation, volet PME et Innovation
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16 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 16 h 45)
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. La commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet PME
et Innovation des crédits budgétaires du portefeuille Économie et Innovation
pour l'exercice financier 2022-2023. Une enveloppe de 2 h 30 a
été allouée pour l'étude de ces crédits.
Madame la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Benjamin (Viau) est remplacé par M. Barrette (La
Pinière).
La Présidente (Mme IsaBelle) : Merci.
Alors, nous allons procéder à une discussion d'ordre général par bloc d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de ces
crédits sera effectuée à la fin du temps qui lui est alloué, soit vers 19 h 15.
Alors, nous sommes maintenant déjà prêts à la première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. M. le député de Lafontaine, la
parole est à vous.
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente. Toujours un petit peu plus de 20 minutes, hein, c'est ça?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Tout
a fait, 20 min 21 s
M. Tanguay : Parfait. Merci
beaucoup. Alors, bonjour, M. le ministre. Je vais parler des zones d'innovation.
On se rappellera, je pense, c'est avec... la première fois que la Coalition
Avenir Québec en avait parlé, je pense, c'était avec le programme
Saint-Laurent, là, la vallée du Saint-Laurent, là, c'était la pierre angulaire
du développement économique, en proposant une dizaine de zones d'innovation
performantes sur le territoire de la vallée du Saint-Laurent. Dès 2014, le
premier ministre et la CAQ faisaient la promotion de développement de zones d'innovation
dans la région de Mirabel, dans le secteur de l'aéronautique notamment.
Cependant, alors, ça a évolué. La CAQ, en 2018, vendait le projet de zone d'innovation
comme étant un véhicule de développement économique pour l'ensemble des régions
du Québec. La CAQ arrive au pouvoir, bon, les pôles d'innovation ont été mis de
côté. Ça a été la fin des pôles d'innovation qui avaient été lancés par le
gouvernement précédent et qui visaient à permettre à chacune des régions du
Québec de sélectionner un champ d'expertise qu'elles voulaient développer.
Entre 2019 et 2021, donc, il y a comme,
même, eu un appel de projets pour des zones d'innovation. C'est plus de 30 projets
qui ont été présentés au gouvernement, qui ont été déposés...
M. Tanguay : ...ces projets
variaient, là, évidemment, de quelques millions de dollars à 1 milliard
dans certains cas. Donc, il appartient, à ce moment-là, au gouvernement de
prendre ces projets-là, puis de regarder la valeur probante et l'à-propos
d'investir, puis peut-être même de revenir à celles et ceux qui ont déposé des
projets, parce que c'est peut-être le premier aspect aussi. Puis, dans votre
réponse, M. le ministre, vous pourrez étayer. Il y a quand même eu, sur le
terrain, passablement, je vous dirais, de déceptions d'avoir monté des projets
puis de dire : Bon, bien, finalement on n'est pas annoncés de façon
officielle. Puis ce que l'on voit qui a été annoncé, ce sera un
190 millions.
À l'heure actuelle, il y a une zone
d'innovation qui inclut Sherbrooke et Bromont : sur les superconducteurs
pour Bromont et sur le quantum pour Sherbrooke. Et il y a un projet
d'innovation, vous pouvez peut-être confirmer, là, de Rivière-du-Loup sur les
biotechnologies, les technologies agroenvironnementales. Donc, Rivière-du-Loup,
est-ce que c'est une zone d'innovation au même titre que Sherbrooke et Bromont
ou si c'est plutôt un projet d'innovation?
Bref, il resterait 31 millions sur le
190 de disponible. D'ici la fin du mandat, combien d'autres zones? Puis par
rapport à cette évolution-là, là, que j'ai brièvement résumé, il y avait
30 projets initialement, finalement, il y en aura combien? Et pourquoi si
peu de zones d'innovation qui auront été, somme toute, là, annoncées?
M. Fitzgibbon : Alors, merci
d'amener ce sujet, parce que c'est quelque chose qui est un projet qui a émané,
comme vous avez dit, d'un premier ministre, c'est du jamais vu au Québec. C'est
un projet de zone d'innovation. C'est un projet qui est très porteur. Parce
qu'à la base ce que la zone d'innovation veut, c'est la réunification de
l'institution du savoir, de la recherche fondamentale, des grandes entreprises,
des start-up et des fonds de capitaux, qui vont avec, dans une thématique où le
Québec peut se distinguer à l'international. C'étaient les conditions
prérequises qui avaient été présentées quand on a fait les sollicitations des
différents projets.
Mais on a effectivement reçu
33 projets de zones d'innovation à différents niveaux de maturité en
termes de préparation. Nous avons annoncé, à ce jour, vous avez raison, c'est
deux zones, alors c'est, en fait, Bromont et Sherbrooke. C'est deux zones
distinctes. Mais on a deux zones d'innovation d'annoncées. Publiquement, j'ai
mentionné que, présentement, ce que l'on peut évaluer... parce que la condition,
encore une fois, c'est d'être des champions, on a probablement, dans le
collimateur, une dizaine de zones. C'est un projet qui n'est pas un projet pour
se faire réélire, c'est un projet qui est structurant pour le Québec, et je
m'attends à ce que ça prenne encore quelques années avant que nous puissions
compléter le montage pour toutes ces zones d'innovation là.
• (16 h 50) •
En parallèle, par contre, ce qui est
important, c'est que vous allez découvrir le 19 mai, quand je vais faire
état de la Stratégie québécoise de la recherche en investissement, en
innovation, qui est le pilier fondamental de notre croissance économique des
prochains 10 à 15, au même titre que l'hydroélectricité qu'on a parlé tantôt.
Et vous allez voir que l'innovation est au coeur de tout ce qu'on va faire et
qu'on veut vraiment faire le trait d'union entre l'idéation et la
commercialisation, ce qui n'a jamais été fait proprement.
Donc, ce qui découle des zones
d'innovations, vous l'aviez mentionné pour le... le... c'est un bon exemple. En
fait, la thématique de... c'est l'emballage innovant, c'est ça qui est la
thématique, et les gens de Premier Tech, les gens de Cascades et même Rio Tinto
ont travaillé ensemble, ils sont arrivés avec un projet. Et, quand on a regardé
avec Alexandre qui est ici, là-bas... le monsieur avec les lunettes, c'est lui
qui gère toutes les demandes des différentes régions, on fait un filtre
entre : Non, ce n'est pas zonable, oui, ça peut-être zonable. Ce n'est pas
une zone, c'est un projet d'innovation. Donc, l'exemple de... vous avez raison,
on a regardé le projet avec Alexandre et les équipes, on a dit : Oups! il
y a de quoi d'innovant là-dedans, on va le faire, le projet. Il s'appelle HIFA,
H-I-F-A. Je vous lis l'acronyme, là, il y en a trop. Alors, ce projet-là a été
qualifié comme projet d'innovation et c'est un exemple aux communautés de
dire : Ce n'est pas une zone, ça va être ça. Alors, on a un double
passage, et je suis très, très heureux de voir l'engouement que ça a créé. Vous
dites que les gens sont malheureux. Pas réellement. Parce que ce qu'on fait
c'est qu'on a développé aussi un programme où nous aidons, nous investissons au
gouvernement pour avoir un chef de projet dans la plupart des projets pour les
aider à l'amener... à aboutir, soit une zone...
M. Fitzgibbon : ...ou soit un
projet d'innovation. Alors, moi, je suis très content du projet, puis merci
d'en faire état.
M. Tanguay : Donc, c'est un
projet, vous dites, un double passage, que d'être reconnu projet d'innovation.
Vous dites que c'est un double passage. Donc, ce n'est pas une zone, mais c'est
un projet, pas suffisamment large pour avoir une zone, parce que ça prend un
système écologique et économique qui gravite autour, plus qu'un simple projet,
c'est ça, la distinction?
M. Fitzgibbon : En fait, si
on regarde le quantique, à Sherbrooke, à cause de Dr Alexandre Blais, qui est
notre chercheur à l'Université de Sherbrooke, ça nous a permis la création de
la zone, d'avoir un rayonnement pas mal international. On est le premier au
Canada qui va construire un ordinateur quantique. Donc là, on a un «right to
win», comme o dit, on peut gagner à l'international, donc c'est une zone
d'innovation.
Dans le cas du projet de Rivière-du-Loup,
c'est un projet pour l'emballage innovant qui inclut certaines entreprises.
Peut-être qu'un jour on sera les champions du monde dans l'emballage innovant,
mais, pour l'instant, peut-être pas nécessairement. Mais ce n'est pas grave,
parce que les compagnies ont travaillé ensemble, deux universités ont travaillé
ensemble, Universités du Québec à Chicoutimi, Université du Québec à Rimouski,
un, CCTT, on a un édifice, des jeunes vont venir partir des entreprises, puis
on a trois... en fait, deux gros joueurs, Cascades, et Polytech, puis Rio Tinto
un petit peu aussi. Alors, ce n'est pas une zone innovation, par définition,
mais on a mis de l'argent en infrastructures, puis je pense que ça va... La
région en est très satisfaite.
M. Tanguay : Donc, 190
millions seraient déjà... Est-ce que 190 millions, c'était l'ensemble de
l'enveloppe, puis il en reste 31 ou c'est 31 plus 190?
M. Fitzgibbon : Oui, vous
m'excuserez, je n'ai pas accès à vos chiffres, 190. Ce qu'on a fait, nous,
c'est que, pour la zone de Sherbrooke, on a mis 131 millions, et pour la zone
de Bromont, à ce moment-ci, on a mis 25. Donc, les deux ensemble, c'est 156.
Rivière-du-Loup, je ne me rappelle pas c'est quoi, le chiffre, mais, dans le
budget, avec le ministre des Finances... Évidemment, c'est très difficile pour
moi d'évaluer combien et quand. Donc, on y va un peu par décret, là. Alors,
aussitôt que j'aurai d'autres zones, là, j'aimerais ça, en annoncer peut-être
une couple d'autres très bientôt, bien là, il y aura d'autres crédits qui vont
être accordés pour le faire.
M. Tanguay : Est-ce que
l'enveloppe totale de ces crédits-là, elle est chiffrée ou non?
M. Fitzgibbon : Non. Bien, on
a, dans le budget, cette année, un montant... il y en avait dans le budget
avant.
Une voix : Dans la mise à
jour.
190... Dans la mise à jour économique du mois de
novembre, il y avait deux chiffres : 100 millions, zones, 90, projets
d'innovation, duquel on a utilisé 150.
M. Tanguay : Puis
Rivière-du-Loup, c'était combien?
M. Fitzgibbon : Entre 10 et
15 millions.
M. Tanguay : O.K.. Donc,
d'ici aux élections... Dans le pipeline, il y a 10 projets de zones. D'ici aux
élections, vous prévoyez en annoncer d'autres?
M. Fitzgibbon : J'aimerais
ça, mais ce n'est pas ça qui dicte ma...
M. Tanguay : Non, non, je
sais bien, mais c'est parce que les électeurs vont nous dicter la suite des
choses.
M. Fitzgibbon : Oui, mais je
vais être public sur ça bientôt. En fait, on a 33 demandes. Deux zones, il en
reste 31. Dans les 31, il y en a qui ne se feront pas, jamais, il y en a qui
vont être zones, d'autres vont être projets d'innovation. Je n'ai pas la
répartition, parce qu'on n'a pas fini l'analyse. Il y en a une couple, là, qui
sont pas mal avancées, là, pas mal attachées. Parce qu'une chose importante que
j'ai peut-être mentionnée... Pour qu'une zone d'innovation soit accréditée, ou
le projet, ça prend l'argent du privé. Comme j'ai dit deux fois, si ce n'est
rien que le gouvernement qui met de l'argent, ça ne marche pas. Dans le cas des
deux zones, là, qui sont prêtes à être annoncées... attacher avec le privé.
S'il n'est pas attaché, je ne l'annonce pas. S'il est attaché, je vais
l'annoncer, peu importe quand ça va être.
M. Tanguay : Le privé doit
être là minimalement à quel pourcentage?
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
dur à répondre, parce que... Mais, nationalement, là, des projets
d'entreprises, des projets spécifiques puis l'infrastructure... L'idée de la
zone d'innovation, là, au début, c'était de dire : Nous, comme
gouvernement, on va donner l'infrastructure, l'édifice, laboratoires,
équipements de recherche, et les entreprises vont venir faire des projets avec
une thématique commune. Donc, techniquement, on pourrait financer 100 %
d'infrastructures puis 0 % des projets privés.
Dans le cas de Sherbrooke, ce n'est pas
0%, 100%, là, mais c'est pas mal ça. Nous allons construire, par exemple, le
premier ordi quantique avec IBM. C'est nous qui mettons l'argent pour l'ordi
quantique, IBM met du service pour nos PME. Donc, ils font des projets, nous,
on fait l'infrastructure. C'est ça, la théorie. Dans le cas de Sherbrooke, je
n'ai pas le pourcentage exact, là, mais c'est... bien, je l'ai, 436, total,
duquel on met 131. Sur la calculette, là, ça fait 30 %. Donc, je vous
dirais qu'on n'ira pas en haut de 50, c'est sûr. Idéalement, ça serait
peut-être, un tiers, deux tiers, là.
M. Tanguay : Vous avez dit,
plus la semaine passée, dans l'échange qu'on avait eu, que vous vouliez avoir
une meilleure... je le dis de même, là, je paraphrase, adéquation quant à la
formation postsecondaire, justement, pour des métiers de pointe qui sont en
demande. Comment, comme ministre, vous pouvez...
M. Tanguay : ...vous assurez
de cela, d'avoir votre idée traduite en résultat là-dessus.
M. Fitzgibbon : Bien, je vais
donner l'exemple de Bécancour, Trois-Rivières, Shawinigan. Ce n'est pas encore
une zone... le ballon de plage est parti, là. On a hâte... on a dit que... mon
collègue de Bécancour me rappelle à l'ordre régulièrement qu'on devrait en
avoir une, mais...
M. Tanguay : Bien là, il y en
a assez, là.
M. Fitzgibbon : Justifié
aussi, considérant que le privé est pas mal là. Alors, dans cet exemple-là,
quand j'ai rencontré M. Blanchette, le recteur de l'UQTR, il apparaissait
évident qu'il fallait que lui, l'institution du savoir puisse produire les
diplômés, parce que ce serait embarrassant pour le Québec d'avoir des usines
pas de personnes. Et évidemment, pas besoin de vous expliquer que, dans le cas
de BASF, dans le cas de GM POSCO ça a été une des exigences. Allez-vous le
pouvoir avoir un bassin de population? C'est clair qu'il faut s'en occuper,
parce que, si on ne livre pas les employés, tout ça n'aura rien donné.
M. Tanguay : 1tanEt justement, donc, comment vous vous
assurez? Vous êtes en lien avec la ministre de l'Enseignement supérieur.
Est-ce que... Parce que dans me petites tournées que je fais... bien, pas mes
petites tournées, dans mes tournées, pourquoi je dis : Petites? Dans mes
tournées, je sais bien que ce n'est pas les tournées du ministre, mais dans mes
tournées que je fais, on rencontre souvent les recteurs, rectrices
d'université, puis l'enjeu du financement des universités, justement, en région,
cette préoccupation là pour eux, justement, d'être capables d'offrir, via les
facultés et le corps professoral, l'enseignement. Est-ce qu'il y aurait lieu
donc de revisiter à la hausse le financement de ces centres de savoir là?
M. Fitzgibbon : Écoutez, puis
j'aimerais ça permettre à M. Quirion ici, que je viens de voir qui est là, il y
a une autre dimension qui pourrait vous aider vous aider, mais juste pour
parler de ce que vous mentionnez là. Il est clair que le ministère de
l'Enseignement supérieur... les responsables d'université, on s'entend, ce
n'est pas nous autres. Par contre, les recteurs des universités, qu'on parle de
M. Cossette, Mme D'Amours, M. Blanchet, M. Jutras, maintenant, à Montréal,
réalisent très bien que la problématique du manque d'adéquation, je pense,
qu'il y a eu dans le passé entre l'enseignement supérieur et des besoins en
entreprise, O.K. il y a un "disconnect" qui est encore plus exacerbé
avec la pénurie de main-d'oeuvre. Je pense que ces électeurs-là, qui ne veulent
pas se faire dire par le ministère de l'Économie, quoi faire avec leur
université, de toute évidence, sont capables, par contre, de réaliser que,
Woups! Si on a des projets d'innovation, bien, il faut qu'ils s'arriment à ça,
parce que, sinon il va y avoir un "disconnect". Alors, moi je suis
très, très confortable que ma collègue ministre de l'Enseignement supérieur est
parfaitement à l'aise avec quelles sont les zones d'innovation, celles qui s'en
viennent possiblement, pour qu'elle puisse travailler avec ses recteurs pour
s'assurer qu'ils peuvent suivre un peu ce qui se passe. Mais en recherche,
aussi, dans les fonds de recherche, on a beaucoup d'investissements qui se fait
en stages, alors... je te passe la parole, Rémi, si je peux permettre, Mme la
Présidente, que Rémi puisse continuer.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
consentement. Alors, M. Quirion, je vous demanderai de bien vous présenter
avant de répondre aux questions.
M. Quirion (Rémi) : Oui. Rémi
Quirion, scientifique en chef du Québec. Et oui, ajouter que dans le cadre de
la création des deux zones d'innovation, des financements additionnels de
7 millions pour de la formation, donc pour des bourses pour des étudiants,
des jeunes chercheurs, pour des formations dans le domaine du quantique, de la
microélectronique, etc. Et là c'est vrai qu'on n'est pas tout à fait rendus là,
mais les annonces de la semaine dernière avec Moderna, bien, là aussi on va
mettre sur pied un réseau de recherche côté formation pour tout ce qui est
approche ARN Messager là. Il y a des forces au Québec dans ce secteur-là. Et
là, on va devoir former davantage de gens parce que l'industrie va en avoir
besoin, là. Donc, ça va faire partie, là, des priorités des fonds de recherche
au cours des prochaines années.
M. Tanguay : Les fonds de
recherche, parce que vous parliez de 7 millions en Bourses, c'était ça,
7 millions en bourses?
M. Quirion (Rémi) : Oui.
M. Tanguay : Mais les fonds
de recherche, justement, comme tels, est-ce qu'on a un chiffre, une grandeur
d'investissements?
• (17 heures) •
M. Quirion (Rémi) : Les Fonds
de recherche du Québec, les trois fonds de recherche pour l'année en cours,
c'est d'environ, l'année passée, environ 260 millions de dollars, et
ce 260 là, il y en a environ 60 millions qui va dans des bourses
d'excellence. Donc, les étudiants appliquent, ce n'est pas moi qui décide, là,
c'est des comités de pairs regardent ça et que le meilleur gagne. Ça fait que
ça, c'est des bourses nominatives pour les étudiants. En plus de ça, dans ce
qu'on supporte comme réseau ou centres de recherche, regroupement stratégique,
il y a environ 40 % des budgets de ces fonds... de ces structures-là vont
aussi pour appuyer la relève des étudiants.
M. Tanguay : 260 millions.
Ça, c'était pour l'année?
M. Quirion (Rémi) : Oui.
M. Tanguay : O.K. Est-ce que
c'est suffisant par rapport à l'ambition du Québec?
M. Quirion (Rémi) : On est...
c'est sûr qu'on pourrait toujours dire qu'on en veut plus, là. On est les
premiers au Canada en termes d'investissements en recherche par un gouvernement
provincial. On est les premiers à avoir une structure du type fonds de
recherche du Québec, donc on investit davantage que la moyenne des autres provinces
et que la moyenne canadienne, là. Mais moi, j'aimerais bien qu'on se compare
aussi avec les meilleurs dans le monde, là. Donc, on est beaucoup en discussion
avec...
17 h (version non révisée)
M. Quirion (Rémi) : ...avec le
ministre et avec les collègues du ministère, là. Et on a bien hâte, là, à l'annonce
officielle de la Stratégie québécoise de recherche et innovation la semaine
prochaine.
M. Tanguay : C'est ça, vous
faites le lien que je voulais faire aussi. Donc, ça, est-ce que, M. le ministre,
le 19 mai, il y aura une portion de l'annonce qui sera consacrée à
peut-être un rehaussement des fonds de recherche?
M. Fitzgibbon : Alors, je
juste compléter ce que Rémi vient de dire, juste donner un ordre de grandeur.
Sous votre gouvernement, de 2015... 2016, 2017, 2018, on investissait à peu
près 176 millions par année dans les trois fonds de recherche. Depuis
quelques années, on a remonté ça à... on est à 276 millions en 2022. Par
contre, il y a eu 40 millions d'une shot pour la pandémie. Si on enlève le
40, là, 236. Donc, on a rehaussé déjà beaucoup les sommes d'argent qui ont été
allouées aux fonds de recherche. Et là j'ai les chiffres devant moi pour la
nouvelle SQRI, là. Vous me permettrez d'attendre le 19 mai, mais on va
continuer à bien supporter nos fonds de recherche.
M. Tanguay : Et, M. Quirion,
je trouve ça intéressant de vous avoir puis d'avoir la discussion avec vous. Qu'est-ce
qu'il manquerait, là? Qu'est-ce qu'il manquerait le plus au Québec, là, si vous
aviez baguette magique, là? On peut se satisfaire de plusieurs choses, là, 260 millions,
puis tout ça, là. Mais, si vous dites : O.K., moi, là, le prochain levier
que j'aimerais pousser, puis que j'ai hâte que ça arrive, puis au-delà de ce
qui va être annoncé le 19 mai, q qu'est ce que vous aimeriez voir faire
comme grand pas en avant pour le Québec? Rêver avec nous, là.
M. Quirion (Rémi) : Oui. C'est
certain qu'on manque beaucoup de main-d'œuvre, on manque de jeunes, donc avoir
davantage de jeunes hommes, femmes, Québécois de souche, Canadiens, étrangers,
en avoir davantage qui complètent des études universitaires et les garder plus
longtemps au Québec. Parce que, très souvent aussi, on recrute des jeunes qui
sont excellents, qui viennent dans nos universités faire des études
postdoctorales pour deux ou trois ans avec des bourses, soit fédérales, soit
des fonds de recherche du Québec, et on les perd trop rapidement. Donc, on est
après, et on en a discuté avec le ministre aussi, là, développer des programmes
peut-être, je ne sais pas si on peut appeler ça des programmes de rétention,
mais essayer d'avoir des programmes pour garder davantage ces étudiants
étrangers là au Québec, là. S'ils restent un peu plus longtemps au Québec, ils
vont prendre racine, et on espère qu'on va en garder un plus grand nombre.
M. Tanguay : Quel est le
principal facteur ou les principaux facteurs qui font en sorte que, justement,
on en perd trop, là?
M. Quirion (Rémi) : Bien, je
dois dire qu'on a parlé de main-d'oeuvre, et ce n'est pas unique au Québec, là,
je pense. Dans plusieurs régions du monde, il manque de gens. Donc, l'offre,
par exemple, qu'un jeune expert peut recevoir de la Californie, des fois, ce n'est
pas facile pour nous, pour nos universités ou nos industries pour
compétitionner, là. Donc, c'est certain qu'il y a d'autres aspects, qualité de
vie, et tout ça, coût la vie, mais quand même, ça, c'est un facteur.
Maintenant, pour les meilleurs au monde, c'est mondial. Alors, on en a parlé
avant un peu, le ministre a parlé d'Alexandre Blais, professeur en quantique à
l'Université de Sherbrooke. C'est des gens de personnes, nos stars, là, qui
reçoivent des offres continuellement. Donc, il faut essayer de travailler tous
ensemble, là, pour les retenir ici au Québec.
M. Tanguay : Donc, vous n'avez
parlé, donc, le niveau salarial, les offres, mais la capacité aussi de pouvoir
développer son savoir au Québec, j'imagine, ça aussi, ça participe de ça, d'avoir
les investissements puis dire : O.K., bien, moi, je vais pouvoir pousser
encore plus loin mes recherches au Québec. Puis ça, j'imagine que ça aussi, c'est
un environnement qui permet de le conserver ou de la conserver.
M. Quirion (Rémi) : Et de ce
côté-là, et ce n'est peut-être pas le seul outil, mais zone d'innovation, par
exemple, la zone d'innovation, à Sherbrooke, en quantique, ça permet de
consolider les jeunes qui sont là-bas, à l'Université de Sherbrooke, dans ce secteur-là,
et d'en attirer plein d'autres. Il y a déjà beaucoup d'intérêt de collègues
européens de se joindre à l'équipe là-bas.
M. Tanguay : Puis dernière
question, Mme la Présidente, si vous permettez, pour finir ce bloc-là.
Diriez-vous que c'est même un aspect qui va inciter une personne à rester que
de voir des applications tangibles de son savoir, donc d'avoir des opportunités
de pouvoir aller travailler avec des entreprises qui vont appliquer, sciences
appliquées... La science appliquée, est-ce que c'est un élément? La capacité de
voir sur le territoire la science appliquée de ce que vous découvrez, est-ce
que c'est un élément qui peut être déterminant pour dire : O.K., bien, je
vais rester à ce compte-là, là?
M. Quirion (Rémi) : Pour certains,
certainement. Donc, je pense que de la recherche fondamentale, la recherche
plus appliquée à l'innovation et la commercialisation, c'est un peu ça, l'objectif,
maintenant, de faire tous... d'avoir vraiment tout ce cycle-là où il ne manque
pas de morceaux. Parce qu'avant, peut-être qu'il manquait des morceaux. Ça fait
que dans certains secteurs, peut-être pas partout, là, on ne peut pas être bon
dans tout...
M. Quirion (Rémi) : ...mais,
dans certains secteurs comme le quantique maintenant, comme les vaccins ARN
avec Moderna qui s'en vient, donc je peux avoir des secteurs comme ça,
l'aérospatial, bien sûr, aussi, là, très, très porteurs. Ça attire des gens et
ça permet d'en garder davantage ici, au Québec.
M. Tanguay : Et dernière
question réellement. Est-ce qu'on doit faire des choix par rapport, justement,
aux investissements que l'on fait quand on dit réseau de recherche, là, le
fonds de recherche, et tout ça? Est-ce qu'à un moment donné on va se
dire : O.K., on doit faire des choix pour avoir une certaine masse
critique parce qu'on ne peut pas être partout? Jusqu'à quel point c'est une
réflexion, un critère qui revient?
M. Quirion (Rémi) : Toujours
une bonne question. Je dirais, nous, au Fonds de recherche du Québec, environ
80 % des investissements ne sont pas ciblés, donc, je dirais que le
meilleur gagne, là, dans tous les secteurs, puis un 20 % qui est plus
ciblé sur ce qu'on appelle nos grands défis de société. Donc, je pense que
c'est important d'avoir une base assez large. Il y a deux ans, avant la
pandémie, les experts en vaccin ARN, les experts en ARN, plein de personnes
disaient : Mais pourquoi ils font ça, là, ils s'amusent, entre guillemets?
Maintenant, tout le monde en veut. Donc, on ne sait pas, s'il y arrive demain un
tremblement de terre très important au Québec, on va avoir plus de géophysiques
et de géologues, ça fait que d'avoir une base large et, dans certains secteurs,
vraiment, être ciblé, et là d'avoir de la recherche très fondamentale jusqu'à
la recherche appliquée et la commercialisation.
M. Tanguay : Parfait.
Merci.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Intéressant, merci. Alors, nous poursuivons avec
la députée de Mercier, la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en
matière d'innovation. Vous disposez de 20 min 17 s.
Mme Ghazal : Très bien,
merci, Mme la Présidente. Bonjour, Messieurs. Bonjour, Monsieur Quirion,
Monsieur. Toujours un plaisir de vous voir. Je voudrais commencer peut-être
avec... bien, je vais commencer avec le ministre. Je vais vous lancer des
fleurs, M. le ministre. Je sais, c'est rare, là, un choc, une primeur. Il n'est
pas habitué. Je me rappelle quand il y avait le projet... En fait, parce que
vous dites les choses clairement, là, comme quand quelque chose, vous dites...
quand ce n'est pas bon, vous dites : Ce n'est pas bon, quand c'est
bon : C'est bon. Puis vous avez été le premier et le seul, au début, là,
du projet GNL Québec à dire : Il n'y a pas d'avenir là-dedans, je vous
paraphrase, là, alors que tous les ministres, à cette époque-là, incluant le
premier ministre, disaient que c'était... ils avaient un préjugé favorable au
moins, etc., jusqu'à ce que, finalement, on l'enterre, ce projet-là.
Je voudrais vous parler de l'hydrogène. On
en a parlé un peu plus tôt, là, pas pour vous et moi, mais avec mes collègues.
Et, l'hydrogène, ce que les experts nous disent, c'est que ce n'est pas
vraiment... ce n'est pas demain matin, et peut-être jamais en fait, qu'on va
voir l'hydrogène partout dans nos vies, dans tous les aspects de la vie. Même,
je pense, la P.D.G. d'Hydro-Québec aussi l'a dit : Attention, ce n'est pas
demain la veille qu'on va commencer à chauffer ou, tu sais, dans nos maisons
qu'on va l'utiliser. Puis ça va toujours rester un secteur de niche. Je voudrais
vous entendre là-dessus. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
• (17 h 10) •
M. Fitzgibbon : Écoutez,
c'est un très gros débat. C'est un gros débat parce qu'il y a un côté mon
cerveau qui dit : Il faut maîtriser l'hydrogène très rapidement parce qu'on
ne peut pas tout électrifier la réduction des luttes aux changements
climatiques des GES. Exemple, transport, meilleur exemple. 44 % des GES
viennent du transport. Je n'ai pas de pourcentage exact, on peut probablement
électrifier le deux tiers, il y a un tiers qui ne s'électrifie pas. Quand on
parle des trains... quand on parle des avions, évidemment, on parle des bateaux
même, ce n'est pas électrifiable, les batteries ne peuvent pas suffire à ça.
Donc, l'hydrogène devient très intéressant. Alors, moi, je me dis : Il
faut que l'hydrogène fasse partie de la solution pour respecter les accords de
la COP21, l'accord de Paris, 37 % de réduction, puis on est dedans, là. On
est là-dedans, parce que moi, je focalise sur les gros blocs, là, le 44 %
transport, 18 % industriel.
D'autre part, l'hydrogène vert,
aujourd'hui, n'est pas économique, parce que, d'un côté, on a une tarification
subventionnaire avec le tarif L ou L moins 20 dans les nouveaux projets, puis,
d'autre part, quand on produit l'hydrogène, le coût de la production est trop
cher pour... pour Rio Tinto, pour les autres, ils disent :
Subventionnez-le. On subventionne à l'entrée puis à la sortie, ça ne marche
pas.
Conséquemment, par contre, quand on
regarde la composition du coût de l'hydrogène vers, le coût de l'électrolyseur
est très important. On a lancé, il y a un mois, à l'Université du Québec à
Trois-Rivières, docteur... pas docteur, mais Bruno Pollet, qui est le... une
chaire de recherche sur l'hydrogène. Son focus, ça va être : Comment est-ce
qu'on peut réduire le coût de l'électrolyseur? Lui dit moins 30 %. Je
dis : Non, ça prend 50 %. S'il réussit à baisser le coût de 50 %
du coût de l'électrolyseur, on a une chance d'en produire économique, mais je
pense ça va prendre des années. Alors, la question...
Mme Ghazal : Oui. Bien,
jusqu'à quand? Je veux dire, on va investir jusqu'à quand? Combien est-ce qu'on
va mettre dans ce...
Mme Ghazal : ...que les gens
aiment dire que c'est l'avenir. Mais ce n'est pas si clair qu'on va réussir à
faire ça.
M. Fitzgibbon : Je partage
votre idée complètement. D'ailleurs, à date, on n'a pas mis beaucoup d'argent,
parce que l'argent qu'on a à mettre, c'est d'allouer l'hydroélectricité à
l'hydrogène, ce qu'on n'a pas fait pour l'instant. Présentement, on a 30
mégawatts à Bécancour avec Air Liquide, qui exporte, malheureusement. Bon,
c'est petit. Nous, on a un projet, le MEI, avec Enerkem, pour Varennes, pour
faire éthanol, méthanol. C'est complexe, le coût est rendu... mais on va le faire,
parce que je pense que, comme gouvernement, on doit travailler à réduire les
coûts. Mais, avant de se lancer tous azimuts, comme certains le mentionnent,
puis dépenser 100 milliards en hydrogène, on ne fera pas ça. Ça, c'est manquer
de rigueur intellectuelle, de faire ça. Par contre, de dire qu'on va attendre
pendant dix ans, je pense, ce serait une erreur. Alors, il faut trouver le
chemin de passage et le chemin de passage, pour moi, c'est de la recherche
fondamentale et appliquée, Rémi travaille sur ça aussi, pour trouver une façon
de réduire les coûts de production. Puis, quand on va réussir, on va pouvoir
respecter les accords de Paris. Parce que l'accord de Paris, en 2030, là, moins
37,5% des GES, là, ce n'est pas...
Mme Ghazal : Mais c'est l'hydrogène,
on fonde de l'espoir sur l'hydrogène pour nous permettre d'atteindre les
accords de Paris? Bien, les accords de Paris... En fait, le 37,5 %, il n'est
plus à jour, mais, bon, c'est un autre débat.
M. Fitzgibbon : Mais, bien,
disons, j'irais à 2050, là, décarboner, là. Je pense qu'en 2030, je ne suis pas
un devin, là, mais ça ne sera pas matériel, ce qui va réduire en GES. Mais il
faut le métaboliser pour la suite.
Mme Ghazal : Puis est-ce que
tout le monde partage cette vision-là au sein de l'exécutif avec vous?
M. Fitzgibbon : Oui, Sophie
Brochu est d'accord avec moi.
Mme Ghazal : Mais au sein
des... le ministre de l'Environnement, le ministre de l'Énergie.
M. Fitzgibbon : Oui,
absolument, absolument. Avec M. le ministre l'Environnement, le ministre de...
Bien, le ministre de l'Environnement, lui, il demande des solutions
technologiques pour réduire les GES. L'hydrogène va en être partie. Le ministre
de l'Énergie et Ressources naturelles, avec moi et madame Brochu, on est tous
les trois sur la même place. On a reçu pas loin de 7000 mégawatts de demandes
d'hydrogène. On est loin du 100 milliards, là, puis on ne le fera pas, on ne
peut pas le faire. Il faudrait bâtir trois Romaine. Je ne pense pas que vous
seriez contents, hein, vous ne seriez pas contents.
Mme Ghazal : Non, non, c'est
ça. Ce n'est pas économique. Non, non, je ne serais pas contente. Très bien.
Puis, dans le fond... puis peut-être que, là, je vais adresser la question, je
vais poser la question à monsieur Quirion aussi par rapport à l'hydrogène.
En fait, ce qu'ils nous disent, les gens
qui réfléchissent à ça, c'est que, tu sais, souvent, par exemple, pour les
politiciens, c'est bien de dire aux gens : Oui, oui, on va faire la
transition, puis il n'y a rien, rien, rien dans votre vie qui va changer, puis
l'hydrogène fait partie de ça. C'est comme une autre solution miracle, tu sais.
Puis on le sait qu'on n'électrifiera pas tout, etc. Il va falloir faire des
changements pour atteindre nos objectifs, en tout cas, la décarbonisation avec
laquelle tout le monde est d'accord, avec 2050. Pour 2030, tout le monde, on
n'est pas d'accord avec la même cible. La CAQ a recyclé la vieille cible de
2015 des libéraux, puis on a gardé la même en disant qu'on veut être sûrs de
l'atteindre, mais ce n'est pas ça qui va nous permettre de limiter le
réchauffement.
Tout ça pour dire, est-ce qu'en tant que
scientifique, le scientifique en chef du Québec, est-ce que, vous aussi, vous
essayez peut-être de sensibiliser les élus, les décideurs, les gens que ce que
ça prend pour faire notre transition, c'est aussi des changements dans nos
modes de vie et non pas des solutions miracles comme l'hydrogène vert?
M. Quirion (Rémi) : Oui,
merci, merci bien. Je crois qu'avec l'hydrogène, d'ici peut-être dix, quinze
ans, on va vraiment avoir avancé, mais, maintenant, comme le disait le
ministre, les coûts du côté électrolyse, c'est beaucoup trop élevé. Donc, il
faut vraiment énormément de recherche fondamentale partout dans le monde. Il y
a un peu de «hype», là, je dirais. Vraiment tout le monde a dit : Ah! ça
va être la solution miracle, comme vous dites, et ça ne sera pas la solution
miracle. Ça va être une des solutions. On est quand même chanceux, au Québec,
avec l'hydroélectricité, là, quand même eu... on a cet avantage-là par rapport
à plusieurs pays dans le monde. Mais on doit aussi certainement aller du côté
de l'innovation sociale et amener nos concitoyens, moi-même, à changer nos
façons de faire, là, très certainement, et ça va être presque aussi important,
ces changements en termes d'innovation sociale, que ça va être du côté
technologie.
Mme Ghazal : Innovation
sociale, quoi, par exemple? À quoi vous faites référence quand vous dites «innovation
sociale»?
M. Quirion (Rémi) : Bien, par
exemple, plutôt que l'auto individuelle... de transports collectifs. Ça fait
que, déjà là, de dire : O.K., je fais ce changement-là, des fois, c'est
peut-être un petit peu moins intéressant, un petit peu moins rapide, on attend
le bus un peu trop longtemps, mais, quand même, ça, ça doit se faire, on doit
aller vers ça. Je pense qu'engager les jeunes... Ils vont nous amener vers ça,
là, et ça va avoir un impact aussi, bien sûr... tout ce qui est changement climatique,
là. Je pense que c'était un domaine, du côté de l'innovation sociale, peut-être
qu'on n'a pas fait assez un peu partout dans le monde, là, ce n'est pas unique
au Québec.
Mme Ghazal : Puis, ça, par
exemple, si je prends juste le Québec...
Mme Ghazal : ... On demande
aux individus de faire cet effort-là, mais il faut aussi que le gouvernement
mette en place les infrastructures puis aide les gens à faire ce changement-là,
pour que ça ne devienne pas un sacrifice individuel de petits gestes, puis les
petits gestes, là... on est au-delà des petits gestes. Est-ce qu'on en fait
assez?
M. Quirion (Rémi) : Sûrement
qu'on pourrait en faire davantage. On a démarré par exemple au niveau... avec
le ministère, là, tout ce qui est économie circulaire. Donc, ça aussi, là,
c'est des investissements du gouvernement, via les fonds de recherche, en
économie circulaire. Donc, le gouvernement dit: Oui. Nous, on prend la balle,
on va aider. Et, par la suite, c'est sûr que les citoyens doivent suivre aussi
de ce côté-là, là, pour le recyclage, toutes ces histoires-là. Ça fait que, tu
sais, c'est important d'avoir des signaux forts du gouvernement, mais aussi que
nous, comme individus.... Parce que, des fois, on a l'impression... dire: Bien,
moi seul, ça va changer quoi, là? Ça fait que... vraiment de travailler
davantage aussi sur le terrain pour que tout le monde dise: Ah! Ce que... le
petit geste que je fais va avoir un impact à moyen terme.
Mme Ghazal : Avant de revenir
au ministre sur un autre sujet, je... parce que vous m'avez amenée là, sur
l'économie circulaire, est-ce qu'il y a une définition à laquelle tout le
gouvernement, là, tous les ministères... sur laquelle il s'entend? Parce que,
des fois, on va dire que, ça, c'est de l'économie circulaire, mais ça ne l'est
pas tout à fait. Je sais qu'il y en a une pour le MEI, il y en a une autre pour
le... Je ne sais pas s'il y en a une pour le ministère de l'Environnement ou
d'autres ministères. Est-ce qu'il y en a une sur laquelle on s'entend pour dire
que ce projet-là, c'est vraiment de l'économie circulaire et non pas un projet
déguisé en économie circulaire?
M. Quirion (Rémi) : Oui.
Nous, on travaille beaucoup, MEI et Environnement, là, donc la définition est
la même. Je n'ai pas regardé... Je dois dire que je n'ai pas fait encore, là,
dans tout...
Mme Ghazal : Parce qu'on
dirait qu'à Recyc-Québec, il y avait une définition...
M. Quirion (Rémi) :
Recyc-Québec est beaucoup...
Mme Ghazal : ...après ça, le
ministère... le MEI en a une autre. Après ça, moi, je me rappelle, avec...quand
je m'occupais d'environnement dans un projet de loi avec le ministère de
l'Environnement, je voulais mettre une définition, puis là on a décidé que non,
parce qu'il y en a déjà une au ministère de... Ça fait que j'avais l'impression
qu'il y a une confusion. Puis, quand je suis sur le plancher des vaches, comme
on dit, puis je parle avec des gens qui font des projets en économie
circulaire, des fois, ils disent: Il faut faire attention, c'est comme du
«greenwashing». On dit que c'est de... Là, je n'ai pas d'exemple concret, parce
que je n'étais pas prête à poser cette question-là, mais je suis... j'ai sauté
là- dessus parce que vous m'y avez fait penser.
M. Quirion (Rémi) : Mais on
pourrait échanger davantage là-dessus.
Mme Ghazal : Mais vous êtes
d'accord qu'il y a des affaires que ce n'est pas vraiment de l'économie
circulaire?
M. Quirion (Rémi) : Oui.
Mme Ghazal : Donc, il ne faut
pas la financer.
M. Quirion (Rémi) : Mais, présentement,
c'est un réseau, là: le leadership est à l'ETS, et puis il y en a beaucoup à
Polytechnique aussi, là. Toutes les universités sont impliquées, plusieurs
CCTT, plusieurs municipalités sont impliquées, et là on a tous la même
définition, Recyc-Québec est impliqué là-dedans, le ministère de
l'Environnement aussi.
Mme Ghazal : O.K. Merci
beaucoup. Donc, mon autre question, c'est... Là, c'est vraiment un autre sujet,
vu qu'on est dans la section aussi PME, le Centre d'acquisitions gouvernementales.
Est-ce que ça... Est-ce que vous avez en main des données concernant l'impact
du CAG sur les PME dans les régions?
M. Fitzgibbon : Pas
spécifiquement. Puis, si vous me permettez, vous m'avez lancé des fleurs
tantôt, je veux juste lancer le pot, un petit pot, un petit pot.
Mme Ghazal : O.K., bon.
M. Fitzgibbon : Ce n'est pas
vous. Mais je suis un peu déçu... Je vais le dire formellement pour les
collègues aussi. Je suis un peu déçu que Québec solidaire ait refusé que ma
collègue, Lucie Lecours, la ministre déléguée, ne soit pas avec nous. Puis on
parle de PME, là, puis ça fait de la peine, puis je vais répondre, là, mais
j'aurais aimé que Lucie soit là, mais Québec solidaire n'a pas accepté qu'elle
soit présente. Alors, je veux juste mettre ça... Ce n'est probablement pas
vous, probablement votre leader, je ne sais pas qui, là, ou le chef de... J'ai
fait mon point.
Alors, deuxièmement...
Mme Ghazal : Bien, c'est
parce qu'on aime beaucoup vous entendre...
M. Fitzgibbon : Je sais, mais
j'aurais aimé que Lucie soit là, parce que...
Mme Ghazal : ...M. le
ministre, pour vous lancer des fleurs.
M. Fitzgibbon : Je sais, mais
j'aurais aimé que Mme Lecours soit là. Mais on se reparlera l'année prochaine.
Mme Ghazal : Oui.
• (17 h 20) •
M. Fitzgibbon : Bon. Écoutez,
je n'ai pas les statistiques. C'est sûr que l'intention de la CAG était
justement... Tu sais, il y avait plusieurs missions à ça, là, puis Mme Lecours,
justement, la ministre déléguée travaille très étroitement avec M. Drouin, chez
Investissement Québec, l'ancien de la SQDC, qui s'occupe aussi de l'achat
québécois, là. On aide beaucoup les sociétés québécoises à comprendre le
processus d'achat public. Il est trop tôt pour réagir.
Mme Ghazal : O.K.
M. Fitzgibbon : Et les gens
apprécient ce qu'on fait, là, mais je pense qu'on se vantera l'année prochaine,
parce qu'on n'a pas encore de...
Mme Ghazal : Parce que ma
collègue la députée de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, elle avait beaucoup dénoncé
à l'époque le CAG, puis ce n'était pas elle, là, elle se faisait la porte-voix
des très petites entreprises, des PME dans sa région, puis c'était la même
chose un peu dans toutes les régions, il y avait cette inquiétude, on
centralisait tout. Ça s'est passé avant la pandémie.
Après la pandémie, on s'est rendu compte
qu'on était vraiment dépendant de l'international, puis là, tout d'un coup, on
a découvert la consommation locale, quelque chose dont on parle depuis 20 ans,
que moi, j'ai étudié en environnement, là, début des années 2000, donc ça fait
très, très longtemps qu'on sait que c'est ça qu'il faut, il faut qu'on soit
autonomes ici, puis l'achat local, puis là, tout d'un coup, on a parlé de ça,
puis ça a été comme une grosse découverte, notamment pour le gouvernement, il y
a eu le panier bleu, tout ça. Donc, le CAG, après-pandémie, jamais le
gouvernement ne serait allé là...
M. Fitzgibbon : ...dans
le sens que c'est la pandémie qui a causé qu'on aille là.
Mme Ghazal : Non.
C'est-à-dire que le CAG, de centraliser tout, puis de favoriser donc pour faire
des économies de gros. Les plus gros joueurs, des fois, qui compétitionnent
avec des petits dans les régions qui ne peuvent pas compétitionner. Donc, eux
autres ils perdaient une grosse business avec la... oui.
M. Fitzgibbon : Je
comprends. Je pense, la centralisation... Parlons, par exemple, du LSSS. Je
vois le Dr Barrette rentrer, là, puis je pense à lui, le député de La Pinière.
C'est clair qu'il y a une certaine centralisation qui était requise pour
optimiser des achats majeurs. Moi, j'ai travaillé dans les masques avec
monsieur ici. J'ai travaillé dans les vaccins. Il fallait avoir une vue
centrale, sinon tu n'y arrivais pas. Maintenant, on a réalisé clairement que
pour permettre l'achat québécois, permettre aux PME québécoises, il fallait
peut-être aider les gens en région de bien comprendre comment le processus
fonctionne. Donc, c'est là que Mme la ministre du Conseil du trésor a mis son
programme, puis on a travaillé avec Stéphane Drouin, Investissement Québec,
pour y aller le plus possible.
Mme Ghazal : Est-ce que
vous parlez du projet de loi n° 12?
M. Fitzgibbon : Oui.
Mme Ghazal : Le projet
de loi avec le... comment ça s'appelle, là, le truc d'innovation, le... c'est
comme une sorte de projet pilote, mais elle disait que ce n'était pas un projet
pilote, là. J'oublie le nom.
M. Fitzgibbon : Moi
aussi, j'oublie le nom. Mais il faut comprendre que M. Drouin a engagé
15 personnes dans les régions pour travailler avec les PME, pour leur
expliquer comment ça marche l'achat gouvernemental qui est en soi complexe.
Mme Ghazal : Pour qu'ils
soient favorisés? Malgré le fait que... puis de compétitionner avec des gros.
Bien, je vais vous poser...
M. Fitzgibbon : Je ne
dirais pas «favorisés», je dirais au moins comprendre comment ça fonctionne,
parce que souvent les PME ils ne comprennent même pas comment remplir les
formules qui sont complexes. Alors, c'est les aider à travers le processus.
Mme Ghazal : Qui ont été
simplifiées avec un autre projet de loi. Est-ce qu'il va avoir donc des clauses
qui vont garantir des approvisionnements auprès des PME de la part du
gouvernement ou non, on va juste les aider à savoir comment remplir les
formulaires, puis comment naviguer à l'intérieur de l'appareil gouvernemental?
M. Fitzgibbon : À ce
moment-ci, à ma connaissance, il n'y a aucun projet d'imposer un achat par
région. On n'est pas rendu là encore.
Mme Ghazal : Est ce que,
par exemple, j'imagine, un jour, je ne sais pas, là, on va dire : Oh, mon
Dieu, finalement le CAG ça a été une mauvaise idée pour nos entreprises
locales? Moi, j'ai l'impression que c'est vers ça qu'on s'en va, à un moment
donné. On va dire que ça a été une mauvaise idée le CAG pour certains secteurs,
peut-être pas...
M. Fitzgibbon : Peut-être.
Puis, écoutez, moi, je suis très à l'aise avec la prise de conscience de la
présidente du Conseil du trésor. Elle est consciente. On en parle beaucoup au
Conseil des ministres. Les ministres responsables des régions en parlent aussi.
On a réalisé, la centralisation, on l'a vu avec l'investissement chez
Investissement Québec, on a tout fait le p.l. 27, on a vu une croissance
phénoménale des investissements en région depuis qu'on a changé la façon de
fonctionner. Alors, je pense qu'effectivement, il faut être conscient. Il y a
un bénéfice à la centralisation : contrôle. Puis il y a un désavantage
parce qu'on investit moins. On a pratiquement haussé de 90 % nos
investissements en région par le Fonds de développement économique et par...
Pourquoi? Parce qu'on a décentralisé la prise de décision au niveau du CAG.
Mme Ghazal : C'est à
cause de ça? Bien, est-ce que ça a bénéficié aux PME? Mais on n'a pas de
données pour ça.
M. Fitzgibbon : Oh, oui,
je les ai. Je les ai devant moi.
Mme Ghazal : O.K. Puis
ça a bénéficié aux PME dans les régions, les investissements?
M. Fitzgibbon : Bien
oui, région, c'est PME généralement, là. Les chiffres, là, aujourd'hui, là,
quand on compare la moyenne annualisée du 1ᵉʳ octobre 2015,
30 septembre 2018, donc Parti libéral. 1ᵉʳ octobre 2018, 28 février
2022, on annualise ça, le nombre d'interventions du gouvernement a haussé de
91 % sur le nombre de dossiers, 45 % au niveau des montants qu'on a
investis et 81 % pour les projets qui ont été faits. Là, j'inclus les
régions là-dedans. Puis quand qu'on enlève Montréal, Québec, on a le même
pourcentage.
Mme Ghazal : Ça, c'est
quoi que vous êtes en train de lire?
M. Fitzgibbon : Ça,
c'est les interventions du Fonds de développement économique et des fonds
propres combinés ensemble.
Mme Ghazal : O.K. Puis
ça, c'est...?
M. Fitzgibbon : Donc,
pour la CAG, pour revenir à votre question...
Mme Ghazal : O.K.,
écoutez, moi, c'est vraiment le CAG. C'est quoi son impact? On ne le sait pas
encore. On va le savoir. Puis, à un moment donné, on va dire : Ah, non, ce
n'était peut-être pas une bonne... C'est peut-être une bonne chose pour tel
secteur ou tel matériel, que peut-être c'est une bonne chose de centraliser,
mais pour beaucoup d'autres, non, parce qu'il y a des PME qui ont perdu au
change.
M. Fitzgibbon : Puis je
répondrai à ça...
Mme Ghazal : Puis on va
avoir les données un jour.
M. Fitzgibbon : Mais je
voudrais dire, pour conclure, je pense que la présidente du Conseil du trésor
est consciente qu'il y a un équilibre à faire entre la centralisation...
économique puis les régions. Elle en est consciente, puis on va essayer...
Mme Ghazal : Donc, il y
ait eu comme un petit recul après, un recul par rapport au CAG, d'y aller à fond
dans la centralisation quand on a réalisé...
M. Fitzgibbon : Bien, je
ne dirai peut-être pas «recul», mais il faut être conscient...
Mme Ghazal : Un
ajustement?
M. Fitzgibbon : Oui, il
faut être conscient.
Mme Ghazal : Il y a eu
un ajustement, O.K. J'ai combien de temps?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Il vous reste deux minutes.
Mme Ghazal : Ah, deux
minutes. O.K., bien, je vais pouvoir ouvrir un autre sujet. C'est juste que...
Je veux juste revenir sur quelque chose parce que c'est peut-être la dernière
fois qu'on va avoir ce plaisir-là que je voulais prolonger. C'est pour ça que
je voulais vous avoir vous devant moi. Puis ça n'enlève rien à votre collègue
ministre des PME. Vous semblez avoir beaucoup plus de plaisir à faire des deals
économiques qu'à faire de la politique, mais pourquoi vous faites...
Mme Ghazal : ...vous faites
cette souffrance-là, puis vous restez en politique?
M. Fitzgibbon : Très bonne
question, très bonne question. Écoutez, moi, j'ai décidé de venir en politique,
parce que M. Legault, que je connaissais, on avait étudié ensemble, la mission
de M. Legault de corriger ce que le Parti libéral n'a pas fait pendant
15 ans, ça m'a allumé. À savoir, de venir combler l'écart de richesse.
J'ai trouvé inacceptable que nous soyons aussi pauvres relativement que les
autres... Alors, je suis venu faire... je me suis servi de la politique,
j'aurais fait d'autres choses, probablement, mais il a dit : Non, non, ton
poteau, ta face sur le poteau, c'est important. J'ai dit : O.K., je vais
la mettre sur le poteau, je suis venu ici, comme ministre, ça n'aurait pas été
mon choix premier, mais je l'ai fait parce que la mission est noble et la
mission m'excite intellectuellement.
Mme Ghazal : Et la mission,
ce n'est pas la recherche du bien commun pour tous les Québécois, c'est
vraiment de réduire l'écart de richesse avec les autres provinces.
M. Fitzgibbon : Pour une
raison, pour une seule raison, la création de richesse collective est le seul
moyen qu'on a pour que les programmes sociaux que vous valorisez, à juste
titre... il faut les payer, ces programmes-là. Alors, la création de
richesse... de réduire ou d'augmenter le PIB par habitant au Québec, la richesse
qu'on va recevoir de ça, elle va être réinvestie dans pas mal le plus important
ministère du gouvernement, c'est l'Éducation et, en même temps, évidemment, les
services sociaux. Alors, moi, c'est une mission qui m'a excité. Mais vous avez
raison...
Mme Ghazal : Donc, vous vous
engagez que... bien, pour cette année, oui, mais dans le futur, dans votre
vision, la création de richesse pour la faire percoler jusqu'en bas, ça ne sera
pas par des baisses d'impôt, ça se fait par investissements dans les services
publics?
M. Fitzgibbon : Pas sûr de
vous suivre, mais moi, je dis : Moi, j'ai un levier, là, mais je n'ai pas
tous les leviers, mon levier, c'est dire comment on prend les finances
publiques pour investir en innovation dans des projets qui vont... des projets
de société qui vont créer de la richesse collective... les impôts...
Mme Ghazal : Puis qui vont
enrichir qui?
M. Fitzgibbon : Les sociétés,
l'impôt qu'on va recevoir. M. Girard, le ministre des Finances, lui, il est
content qu'on a des projets qui arrivent, là, BESF qui arrivent ici, là, il va
avoir des beaux impôts qui vont être payés un jour. Alors, moi, je veux
contribuer à ce qu'on transfère au ministère des finances, des ressources
financières qu'on puisse réinvestir dans des programmes sociaux.
Mme Ghazal : Puis réduire les
inégalités économiques entre les Québécois, est-ce que c'est une mission qui
vous excite autant que réduire l'écart de richesse avec les autres provinces?
M. Fitzgibbon : Oui, parce
que l'un amène l'autre, on a eu le débat la semaine passée avec le collègue le
député de LaFontaine. Puis, tu sais, il ne faut pas mettre en porte à faux de
vouloir promouvoir l'intelligence artificielle, puis que nos gradués aillent en
STEM, les STEM, là, pour moi, c'est superimportant. Puis on est sous-évalués
dans les STEM. On a 23 %, on devrait être à 35 %. Plus on va avoir
des gens qui vont sortir des STEM, là, c'est les sciences et technologies, plus
on va créer de la richesse, ça va nous permettre de monter l'eau du lac. Ça ne
veut pas dire qu'on fait ça puis on y va au détriment...
Mme Ghazal : Ça va prendre
plus d'immigration. J'étais à Chicoutimi la semaine passée, on a besoin...
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme IsaBelle) : Je
m'excuse, le temps est échoué. Le temps est échoué depuis longtemps. Oui,
c'était très passionnant. Mais nous sommes maintenant rendus au deuxième bloc
de l'opposition officielle avec le député de La Pinière. Vous disposez de
20 minutes 17 secondes.
M. Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. le ministre, Dr Quirion, je vous salue. On a travaillé
ensemble dans le passé. C'était un plaisir. C'est encore un plaisir d'être là
aujourd'hui avec vous. M. le ministre, j'ai une bonne nouvelle pour vous. Un,
je ne vous poserai pas de questions personnelles et deux, je ne ferai pas votre
psychanalyse. Alors c'est déjà ça.
Par contre, j'aimerais aborder un ou deux
sujets. En fait, je vais aller dans la continuité, ce que je n'avais pas
planifié, mais je prends la balle au bond. Vous savez, les balles servent à
rebondir quand c'est actif, quand c'est passif, elles sont dans le fond du
garde-robe, elles ne font rien. Vous avez abordé, il y a quelques minutes, le
CAG. Vous êtes impliqué là-dedans?
M. Fitzgibbon : ...
M. Barrette : C'est ce que je
pensais parce que ça m'étonnait. Alors, vous n'êtes pas impliqué vraiment
là-dedans?
M. Fitzgibbon : Non, mais on
a des discussions au Conseil des ministres. Puis je sais que ma collègue au
Conseil du trésor est responsable. Alors...
M. Barrette : C'est bon. Il y
a un lien quand même avec ce que j'ai... L'échange que je souhaite avoir avec
vous parce que le CAG a un intérêt. Puis je vous dirais que le CAG, je vous
invite, de temps en temps, de le regarder. Je ne pense pas que ce soit le sujet
qui doit être le principal chez vous, à l'Économie, parce que parfois,
particulièrement pour certains éléments spécialisés, il peut y avoir un enjeu
qui vous touche. Le CAG, vous savez, au nouveau dépôt, c'est une extension de
ce que je faisais. J'ai bien aimé quand vous avez votre séance de psychanalyse,
là, des raisons pour lesquelles vous êtes venu politique. Moi aussi, j'ai fait
ça pour ça. Peu importe le jugement des gens, j'en ai fait plus probablement en
quatre ans, qu'en 15 ans, mais ça, c'est un autre débat. Mais je vous
invite à le regarder parce qu'il y a quand même une connexion avec l'économie.
Je l'ai vécu, ça, puis c'est...
17 h 30 (version non révisée)
M. Barrette : ...n'est pas
toujours simple, puis je vais y revenir dans un instant. Juste pour terminer
sur le CAG. Alors, c'est sûr que le CAG, là, c'est vaste, ça va des papiers,
des crayons, des chaises et des tables jusqu'à des appareils très spécialisés
qui coûtent des millions de dollars, et aussi l'innovation, il y a l'innovation
là-dedans. Je vous le dis de façon introductive, parce que je vais y revenir
là-dessus aussi dans quelques instants. Mais je vais vous soumettre la chose
suivante. Regardez bien comment le CAG fait, fonctionne. Parce qu'aujourd'hui
le CAG n'exerce plus son plein potentiel d'économie. Il ne le fait plus parce
qu'il s'est éloigné des règles qui étaient en place quand j'étais là, à savoir
que la mission du CAG est d'aller chercher les meilleurs produits au meilleur
prix, par une mécanique que vous connaissez peut-être, là, je ne veux pas
rentrer dans le détail-là, une mécanique qui à la fois prend en considération
le prix, mais aussi la valeur, la performance de la chose, la réputation, la
pensée du service et ainsi de suite.
Et aujourd'hui disons qu'il tourne un
petit peu les coins ronds, et les économies que vous devriez avoir sont moins
au rendez-vous parce que le CAG a perdu son expertise professionnelle et plie
comme dans un «pli». Je comprends qu'actuellement, et ça n'a rien à voir avec
la pandémie, là, je comprends qu'actuellement dans les achats que vous vous
faites, il y a des dépenses que vous faites qui sont au-dessus de ce qu'elles
devraient être pour des raisons d'autosuffisance, par exemple. Je ne
contesterai pas ça, il y a un enjeu là qui est réel puis vous y faite face du
mieux que vous pouvez, avec les informations que j'ai, mais il ne reste pas
moins qu'il y a encore quelques efforts additionnels à faire. Ce qui m'amène à
échanger avec vous sur un ou deux éléments.
Vous êtes la ministre de l'Économie. L'économie,
pour vous, c'est votre fer de lance, il faut que ça fonctionne. Vous avez,
votre gouvernement, passé un certain nombre de lois, notamment des lois comme
la loi 64, 25, et ainsi de suite, toutes les lois qui entraînent des
contraintes aux entreprises. Est-ce qu'on peut échanger là-dessus? Est-ce qu'actuellement,
là... je vais vous poser de façon la plus générale possible, là, ça fonctionne
bien ou ça ne fonctionne pas? C'est un frein, ce n'est pas un frein? C'est une
contrainte qui est viable ou pas viable actuellement?
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
suis d'accord avec vous qu'il y a l'équilibre. Le cas du CAG, ça, c'était...
Juste... sur le CAG, je pense qu'il est clair que la partie qualitative de la
prise de décision pour les achats devrait être plus utilisée. Et là, moi, je
vois l'inverse, là. Puis ça, c'est un réflexe peut-être normal, puis on en est
conscients, puis, en tout cas, il n'y a rien de parfait, mais il faut s'ajuster,
et j'accepte le commentaire qui a été fait sur le CAG. Pour l'article 25 64,
ça, on en a parlé du 64, c'est clair qu'il y a un équilibre entre l'efficience
des entreprises et le respect de normes d'un cadre important. La loi 64, c'est
pour les données, c'est pour la cybersécurité. C'est dur de... je ne veut pas
taper sur la tête de mon collègue ministre, dire : Il ne faut pas mettre
ces normes-là, ça coûte trop cher, les entreprises. Ce que j'ai fait à la
place, j'ai dit : O.K., je pense que c'est noble de vouloir faire ça,
mais, dans l'OTN, Offensive de transformation publique, on va avoir un volet
pour aider les entreprises à satisfaire les exigences de coûts accrues pour
respecter 64.
Ça fait que, oui, c'est un équilibre qu'il
n'est pas facile à avoir et l'économie n'est pas toujours en contrôle des
programmes. J'aurais pu lever la main, dire : Aïe! ça ne marche pas, ça va
être dur pour les PME, mais, à un moment donné, il ne faut pas... il faut avoir
peur une prise de conscience sociale aussi, là. Je pense que 64... 25... en
tout cas, 64, j'étais dedans, les deux pieds dedans, puis j'ai décidé qu'on
respectait 64. Je ne ferais pas d'amendement à 64, mais on a des programmes
chez MEI pour aider les compagnies à absorber les coûts.
M. Barrette : Mais, au moment
où on se parle, est-ce que c'est en application? Parce que, comme vous le
savez, moi aussi, j'étais sur 64, là, on a voté pour, là. Je ne critique pas le
fait. J'ai souvent soulevé l'enjeu que pour les compagnies, ça ne sera pas
simple, ça. Je ne conteste pas la finalité, là, ce n'est pas ça du tout, là,
mais j'ai toujours trouvé que ça frappait fort et vite et qu'à un moment donné
ça pouvait à la limite, là, je le mets à la limite, là, ça pouvait... peut-être
pas mettre en péril les entreprises, mais peut-être mettre en péril le
développement de certaines entreprises, compte tenu ces contraintes-là.
M. Fitzgibbon : Bien, si je
me rappelle, je pense qu'il y a un prolongement de l'application. C'est en
2024. Je me trompe-tu? Je n'ai peut-être pas les détails, mais j'ai déjà eu le
débat avec, clairement, avec le ministre responsable et mon enjeu, c'était :
Bon, est-ce qu'on reporte 64, est-ce qu'on l'amende ou on aide? Puis finalement
on l'a reporté un peu, là, je pense qu'il y a une segmentation des PME, on le
reporte un peu...
M. Fitzgibbon : ...l'OTN
permet en partie de compenser. Il est trop tôt pour le juger, parce que les PME
n'ont même pas commencé encore à encourir les coûts. Et moi, je peux vous
assurer que le ministre de l'Économie qui sera là, à ce moment-là, si on voit
que les PME ne sont pas capables de satisfaire ou les coûts sont énormes, il va
falloir faire quelque chose. Je ne pense pas qu'on puisse laisser...
M. Barrette : Mais
expliquez-moi donc ce que vous faites exactement parce programme-là.
M. Fitzgibbon : O.K. L'OTN,
c'est un programme qu'on a lancé, 133 millions dans le dernier budget, on a
remis un 60 millions de plus, on est rendu à 190 millions. C'est un programme
d'offensive transformation numérique. Donc, on aide les entreprises sur le
chemin de passage avec leurs consultants pour identifier qu'est-ce qu'ils
peuvent numériser. On ne finance pas la numérisation, on finance le chemin de
passage. Et on a élargi ça un petit peu avec l'AQT pour dire : Bien là,
travaillez un peu avec 64. Parce que ça représente quoi, mettre la
cybersécurité dans l'entreprise? Ce qui est souvent relié à la numérisation,
parce que si tu n'es pas numérisé, tu n'as pas de cybersécurité, si tu es
numérisé, bien... Alors, on va pouvoir élargir le scope, l'étendue du programme
un peu pour permettre ça. Ça, c'est la solution court terme. Mais si ce n'est
pas suffisant, on va faire d'autres choses.
M. Barrette : Et actuellement
c'est un programme qui est offert, donc c'est à la demande des entreprises.
M. Fitzgibbon : Exact.
1ba Et actuellement est-ce que vous êtes
inondé de demandes? Avez-vous un problème de budget? En fait, avez-vous
suffisamment... bien, vous l'avez augmenté parce que vous avez plus de
demandes.
M. Fitzgibbon : Exact. On est
rendus à peu près à, je dirais, 10000, 11000... je dirais 10000, 11000 sociétés
qui ont appliqué pour qu'on les accompagne. Puis ce qu'on fait, c'est qu'on dit :
Vous engagez un consultant, monsieur, ici, puis ça va coûter 20000$, on en paie
10000$.
M. Barrette : O.K., donc,
c'est une espèce de financement partagé.
M. Fitzgibbon : Exact. C'est
des crédits, c'est de la subvention, bang!, on fait un chèque, là, ce n'est pas
un prêt, là.
M. Barrette : Non, non, je
comprends, ce n'est pas une subvention. Et ça, c'est, en général, j'imagine, un
«one shot deal».
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
le chemin de passage pour que l'entrepreneur, l'entreprise, puisse mieux
comprendre. Parce qu'on comprend, les PME, là, en bas de 50 employés, il y a en
a plusieurs, au Québec, plusieurs...
M. Barrette : Partent de
loin.
M. Fitzgibbon : Partent de
loin. Alors, ça, c'est les accompagner. Parce que le problème du Québec, là...
Ce n'est pas le capital qui manque, dans les entreprises, c'est le support
humain pour que le P de la PME puisse s'en aller. Aussitôt que l'entrepreneur a
compris, là, il est plus vite que le gouvernement. Mais nous, notre rôle, c'est
de mettre la charge en batterie pour qu'on puisse... au moins, que
l'entrepreneur puisse comprendre qu'est-ce qu'il peut numériser. À date, on en
a 10000, entreprises, bon, ce n'est pas le Pérou encore, mais je pense que
c'est un bon départ.
M. Barrette : Mais vous
l'avez augmenté parce que la demande était accrue.
M. Fitzgibbon : Exact.
M. Barrette : Elle ne fittait
pas une votre budget? C'est correct, là, c'est parfait. Puis là, actuellement,
vous en êtes où? Vous êtes rendu à l'utilisation de la nouvelle somme?
M. Fitzgibbon : Non, non. On
a annoncé... j'ai annoncé, il y a deux semaines, à Alma... on a annoncé la
finalité du 130, mais donc on l'a... Parce que nous, ce n'est pas nous autres
qui investi dans les entreprises, là, on prend les organismes, on a pris l'AQT,
l'ITHQ, on a pris BIM Québec, la construction. Donc, on a 19 organismes, je
pense. Le 130 millions de la mise à jour de voilà deux ans a été investi, puis
on a 60 millions qu'on va investir cette année. Donc, on a épuisé. Je pense
qu'on va l'investir.
M. Barrette : À date,
avez-vous fait un bilan?
M. Fitzgibbon : C'est 13000
entreprises, pas 11000...
M. Barrette : 13000, bon, c'est
une bonne nouvelle, là. À date, avez-vous prévu faire un bilan de ça?
M. Fitzgibbon : Oui, mais il
est trop tôt.
M. Barrette : Vous avez
dépensé tant en subventions, mettons, 180 millions, mettons. Et là est-ce qu'il
y a une suite à ça? Est-ce que vous vous assurez d'avoir un bilan, et est-ce
que le bilan va être comme rendu public ou amené devant les parlementaires? Ma
question, ce n'est pas un piège, là.
M. Fitzgibbon : Non, non, je
comprends. Je comprends. Il va falloir le faire, parce que c'est Investissement
Québec qui gère... bien... c'est les organismes qui gèrent le programme, et
nous avons choisi des organismes qui, eux, vont voir les entreprises. On leur a
dit : Bien là, vous devez nous démontrer que ça va être bon, parce qu'on
va en mettre d'autre, argent. Donc, le meilleur incitatif pour la reddition de
comptes, c'est de leur dire : On met d'autre argent. Alors, l'AQT, très
bon exemple...
• (17 h 40) •
M. Barrette : Non, non, c'est
correct, ça...
M. Fitzgibbon : Mais la
réponse est oui, la réponse est oui. Il n'y a pas de formalités encore, il est
un peu tôt, mais je pense que c'est un devoir, pour nous, de faire ça.
M. Barrette : Non, il n'y a
pas de formalité, c'est un peu tôt, mais ce n'est pas trop tôt pour dire :
Il y aura une évaluation en dedans de x temps.
M. Fitzgibbon : Je pense que
c'est un engagement qu'il est réaliste qu'on prenne.
M. Barrette : Et dans quel
ordre de temps le voyez-vous?
M. Fitzgibbon : La question,
c'est : Est-ce qu'on va pouvoir, après un an... C'est sûr qu'on demande
aux organismes de nous donner une reddition de comptes. La question que vous
posez, c'est de dire... Nous, on prend ça, colliger ça, rendre ça public, là,
il va falloir trouver le mécanisme pour le faire, là. Mais je dirais que c'est
un programme qui va prendre deux ans, là, je veux dire, on a fait un an, mais
je pense que, dans un an, ce serait raisonnable...
M. Barrette : O.K. Parce que
64, lui, il a une mise en application qui est progressive dans le temps, là.
Alors là, les deux sont comme concomitants. Alors, à un moment donné...
M. Barrette : ...c'est
raisonnable de s'attendre à ce qu'il y ait une reddition de comptes dans le
même délai.
M. Fitzgibbon : Oui,
probablement. Mais, au même titre, comme j'ai dit tantôt, si les PME lèvent la
main, disent : Aïe! l'OTN, ça ne marche pas, là, il n'y en a pas assez,
parce que ça nous coûte les yeux de la tête, il va falloir faire d'autres
choses aussi, là. Je pense qu'on va être réactifs s'il le faut. On espère que
non, là, mais, bon, on va l'être s'il le faut.
M. Barrette : Mais on
peut comprendre de l'échange qu'on a aujourd'hui qu'il est raisonnable pour
nous de s'attendre à ce que, mettons, dans les deux prochaines années, à
quelque part, il y ait une forme de reddition de comptes de ça?
M. Fitzgibbon : Oui.
C'est raisonnable.
M. Barrette : O.K. Parce
que la reddition de comptes que moi, je rechercherais, c'est le succès de l'intervention.
Vous donnez 20 000 $ à une compagnie pour trouver la voie de passage,
elle-même en met 20 000 $, mettons, bien, à un moment donné, on
s'attend à ce que ça donne quelque chose en termes de numérisation, et ainsi de
suite, là.
M. Fitzgibbon : Oui.
Puis écoutez, tu sais, moi, je vois plus loin que ça, là, on va annoncer la
SQRI le 19 mai. La numérisation, c'est la première étape de l'intelligence
artificielle. Alors, moi, je pense que ce qu'on veut, c'est qu'il y ait un
roulement qui se fasse. Alors, le nombre d'entreprises qui vont prendre l'IA
dans les prochaines années va être un reflet du succès qu'on aura eu dans l'OTN
parce que, si les entreprises ne se numérisent pas, ils n'iront pas avec
l'intelligence artificielle. Alors, je pense qu'on a une espèce de trappe qui
va nous forcer à performer. Mais néanmoins on va quand même faire une reddition
de comptes.
M. Barrette : Vous
voulez dire quoi, ça, une trappe qui va nous forcer à performer?
M. Fitzgibbon : L'intelligence
artificielle. Beaucoup d'argent a été mis dans la recherche fondamentale, il
faut voir ça dans les entreprises.
M. Barrette : Vous
appelez ça une trappe?
M. Fitzgibbon : Bien,
une trappe. On a investi de l'argent, il faut avoir des entreprises. Alors,
c'est une trappe dans le sens qu'on ne veut pas que ça reste de la recherche.
M. Quirion, je l'adore, là, mais...
M. Barrette : C'est
parce qu'une trappe, en général, ça n'a pas une connotation très positive, en
tout cas, pour la personne qui se tombe dedans.
M. Fitzgibbon : Peut-être,
peut-être, peut-être. Mais le point que je voulais faire, c'est, je pense, une
trappe dans le sens qu'on a investi beaucoup d'argent dans la recherche
fondamentale, on aimerait voir la recherche appliquée suivre. N'est-ce pas,
Rémi?
M. Barrette : Bien,
justement, puisqu'on est dans le «N'est-ce pas, Rémi?», on va aller dans un
sujet que Dr Quirion va apprécier à sa juste valeur, je vais dire ça comme ça.
C'est un beau mot, «sa juste valeur», dans une conversation économique,
n'est-ce pas? Et je vous ai écouté de loin, M. le ministre, tout à l'heure,
quand vous avez eu un échange avec mon collègue de LaFontaine, et vous avez
prononcé une phrase qui était, pour moi, très familière, très vraie et qui
touche un sujet qui m'a toujours beaucoup, beaucoup importé : le passage
de l'idéation à la commercialisation. Ça m'a toujours importé beaucoup, vous le
savez. Une des premières conversations que j'ai eue avec vous, quand vous avez
été élu, était sur un sujet qui traite de ça.
Et, à moins que ça ait changé dans les
quatre dernières années, et Dr Quirion pourra commenter, là, un ou l'autre, là,
mais là avec vous en premier, M. le ministre, là, moi, dans ma vie précédente,
j'ai toujours constaté une chose, Dr Quirion va abonder dans mon sens, le
talent au Québec per capita est plus grand qu'ailleurs. N'est-ce pas? C'est
oui, la réponse à ça. Là, il ne l'a pas dit dans le micro, mais son sourire, et
je vois ses 32 dents à force de voir son sourire.
On a un problème au Québec, et moi, j'ai
toujours constaté, toujours, toujours, toujours constaté, pas de mon
appréciation mais de l'appréciation particulièrement des fonds d'investissement
externe, les fonds d'investissement extérieur au Québec, du moins quand j'étais
en poste, prononçaient cette phrase-là, en anglais évidemment... Bien, je ne
veux pas faire d'insulte au gouvernement actuel, je ne veux pas dire un mot en
anglais, ça serait grave. A toujours, toujours... C'est une plaisanterie. A toujours,
toujours, toujours été de cet ordre-là : le talent est là, notre problème,
c'est quand qu'on arrive à la commercialisation ou juste avant, on a un
problème managérial. On n'a pas de... Vous savez comme moi, là, je ne vous
apprends rien, vous avez 1 000 fois plus d'expérience que moi, puis,
si vous voulez dire 10 000 ou 1 million, je vais accepter la
critique. À un moment donné, pour passer à la commercialisation, il y a des
étapes, souvent, il y a des intermédiaires, il y a un achat, un autre achat, et
ainsi de suite. Comment vous voyez ça, là?
Parce que vous l'avez mentionné tantôt
dans le dernier échange. Et ça, c'est un problème qui est fondamental. On a des
problèmes, au Québec, à passer de l'idéation... Puis là je vais dire quelque
chose de plus précis. L'idéation, je dirais, ce n'est pas cette étape-là, c'est
l'étape d'après, je dirais plutôt précommercialisation ou le début de la
commercialisation. Quand qu'on est rendus à le mettre sur le marché... Parce
qu'idéation, là, là j'ai une idée, et puis j'ai une idée fondamentale. On va
utiliser des termes de ce type-là. O.K., je fais la preuve de concepts, je fais
la preuve que ma patente, elle peut donner quelque chose, ça se voit
particulièrement en santé. Et là il y a un moment où on peut le mettre sur le
marché, et, quand tu arrives à le mettre sur le marché, la bonne étape
d'après...
M. Barrette : ...serait
d'avoir un accompagnement managérial pour le côté fabrication, publication...
pas publication, mise en marché, et ainsi de suite. L'idéation doit mener une
PME qui va devenir peut-être, parfois, une plus grosse entreprise. Et ça, on a
toujours vu un problème avec ça. C'est que moi j'étais là. Je ne sens pas qu'on
a réglé ce problème-là. Qu'est-ce que vous faites là... Puis ce n'est pas une
critique, là, je veux juste comprendre où vous en êtes. Qu'est-ce qu'on fait
quand un fonds californien vient nous voir, et il nous dit : Regardez,
c'est parce que, quand arrive le temps de penser à fabrication, une entreprise,
et ainsi de suite, là, vous avez un problème, un chercheur, ce n'est jamais un
directeur d'entreprise? Jamais.
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je suis d'accord à 100 % avec ce que vous avez dit. Est-ce que ça
a beaucoup changé depuis trois ans? La réponse, c'est non. On a encore un
problème au niveau des startup. Et je vais donner des fleurs à Rémi. Le pot
n'ira pas à Rémi, parce que ce n'est pas lui qui fait ça. Mais je pense que
quand on regarde la recherche...
M. Barrette : J'espère que ce
n'est pas moi, là.
M. Fitzgibbon : Non, non,
entre les deux. Puis ce n'est pas madame non plus. Non, mais vous avez raison
parce qu'on a... la recherche fondamentale, là, le gouvernement, depuis des
années, a investi beaucoup en recherche fondamentale, trois fonds de recherche.
Rémi trouve qu'il n'y en a pas assez, mais on se compare bien, quand on
regarde, l'OCDE en termes de recherche publique. Moi, je pense qu'on peut être
fiers, comme Québécois, de ce que qui a été fait depuis 15, 20 ans dans la
recherche publique.
Où on est déficients, c'est la partie
privée de la recherche qui ne suit pas. Pourquoi? Je pense qu'un des enjeux...
Moi, je connaissais un peu ce qui se passe à Singapour, j'ai travaillé pendant
des années à Hongkong, et je suis allé visiter récemment, Rémi est venu avec
moi, on est allés en Israël. Mathieu aussi est en allé en Israël. Bon, on ne
peut pas tout prendre ce qui est bon en Israël, mais pour... eux l'ont bien
métabolisé. Alors, nous, il y a à peu près... pas loin d'un an, on a on a nommé
l'Innovateur en chef, le clone de... pas le clone, mais le complément de Rémi,
c'est Luc Sirois... La responsabilité du conseil... du Québec, c'est
dire : Comment est-ce qu'on va prendre ce qui émane de la recherche
publique puis l'amener à quelque part qui va permettre Investissement Québec...
Guy Leblanc est là. Rémi est là. Puis, dans le milieu, il y avait une espèce
de vallée de la mort, là, il y avait une espèce de vacuum. Donc, Luc Sirois,
notre chef innovateur du Québec, sa responsabilité, c'est de démocratiser
l'innovation, de faire du référencement d'innovation. Il a été nommé en poste,
il y a quoi, moins qu'un an, trop tôt pour avoir des résultats, c'est clair,
mais je pense c'est là le trait d'union qu'il faut faire pour qu'on passe... Alors,
on va mettre... vous allez voir, le 19 mai, on va annoncer la Stratégie
québécoise de recherche et innovation. Il y a beaucoup d'emphase qui va être
faite sur la recherche appliquée, tout en laissant quand même des sommes
importantes recherche fondamentale.
L'exemple de la santé, je vais prendre un
exemple qui est proche de vous. Je travaille présentement avec, c'est connu,
là, Dr Jean-Claude Tardif, que ce soit Denis-Claude Roy, que ce soit Guy
Sauvageau, on a perdu. Je veux dire, vous êtes d'accord avec moi, on a perdu...
nos sciences de la vie ne sont pas ce qu'elles étaient voilà 15 ans,
20 ans. La recherche se fait ailleurs. Donc, aujourd'hui, à cause de nos
thérapistes, nos médecins qui ont une innovation l'intelligence artificielle, je
pense qu'on peut reprendre nos lettres de noblesse en santé, parce qu'on sait
tous que, pour que le ministère de la Santé soit plus performant, l'innovation,
au ministère de la Santé, je ne vous apprends rien, doit suivre. Alors, moi, je
pense qu'on a identifié l'enjeu. On va voir si ça va fonctionner, mais je
pense que la création du poste d'Innovateur en chef devrait aider
• (17 h 50) •
M. Barrette : Est ce que je
peux continuer?
La Présidente (Mme IsaBelle) : Il
ne vous en reste plus, mais c'est pour vous. Voulez-vous qu'il continue?
Parfait, vous pouvez continuer.
M. Barrette : Merci.
Regardez, c'est intéressant, là, puis j'aimerais ça avoir une réponse un petit
peu plus précise. Puis ce n'est pas une critique de la réponse. Je ne qualifie
pas, M. le ministre, votre réponse, je cherche juste une réponse plus précise.
Dans les dernières années, du moins aux années où j'étais là, là, la FTQ avait
vraiment un volet qui accompagnait certaines... en santé. Ils ont été bons et
ils ont accompagné. Dans les deux exemples que vous avez donnés, il y en a un
des deux qui, lui, était vraiment la démonstration de ce que je dis. Puis,
quand je les regarde aller, là, ils ne sont pas encore rendus à la PME, là.
Alors, moi, ma... Puis la FTQ, là, dans le temps, bon, du regretté M. Lamarre,
ils faisaient ça. Je n'ai pas vu qu'on avait remplacé ça. Est-ce que le
gouvernement, lui, va aller là? Et là, pour moi, là, c'est l'accompagnement de
gestion au moment où on doit passer à la commercialisation, peu importe le
produit. En santé, ça s'applique bien. Ça s'applique aussi encore mieux dans
certains autres domaines. Mais la recherche est souvent plus... la recherche
plus, entre guillemets, fondamentale, plus là je le mets entre guillemets parce
qu'il y a de la recherche fondamentale quand on est rendus dans la...
M. Barrette : ...dans la
configuration moléculaire du cytochrome P450, là, ça, c'est assez
fondamental, mais ça ne donne pas un produit qu'on va vendre à un moment donné,
là. Puis, à un moment donné, quand qu'on commence de là, là... ça, c'est
l'histoire d'un des deux exemples que vous avez donnés, ça a commencé quand moi
j'étais sur les bancs d'école avec Dr Perrault, et s'est rendu où s'est rendu
aujourd'hui, et aujourd'hui il devrait être une PME, et à quatre... Puis ils
ont leurs travers eux autres aussi parce qu'eux autres ils ne vont pas chercher
l'aide qu'is vont avoir cherché, et nous, là, on ne le fait pas assez.
Alors, si ce n'est pas des fonds comme la
FTQ, puis qui a été très bonne, la CSN est ailleurs. Si ce n'est pas eux autres
puis ce n'est pas le gouvernement, c'est qui qui va le faire? Parce que les
universités ne font pas ça. Elles ne font pas ça, et c'est notre faiblesse. Je
vous le dis, c'est notre faiblesse. Nous autres, là, on a une abondance de
talents reconnus dans le monde et on a la réputation fondée de ne pas être
capables de passer à l'étape suivante. Vous avez peut-être entendu parler, dans
votre vie, d'une compagnie comme... des affaires de même. Ils sont tous partis
comme ça, toute la gang. Et aujourd'hui, c'est des grosses compagnies cotées à
la bourse des milliards de dollars et ainsi de suite. Quand on parle à ces
gens-là puis qu'on leur parle de leurs débuts, parce que ceux qui ont construit
ça sont encore vivants, ça fait qu'ils veulent parler de leur histoire, là, ils
te regardent puis ils disent : Bien, c'est ce parce qu'on a commencé comme
ça, là, c'est parce qu'il y a d'autres étapes puis vous ne les faites pas. Puis
ils nous critiquent gentiment. Et là, bon, moi, je n'ai pas été là assez
longtemps pour faire ça puis je ne suis pas sûr que j'aurais pu le faire parce
que je n'étais pas ministre de l'Économie, mais vous êtes ministre de
l'Économie. Avez-vous une optique là-dedans?
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, la personne responsable des sciences de la vie au Fonds de
solidarité a été embauchée par Investissement Québec. Bon, poche gauche, poche
droite, vous allez me dire, mais quand même, vous connaissez M. Leconte,
Didier, et on a donné à Didier l'objectif de rebâtir, à l'intérieur
d'Investissement Québec, des compétences en sciences de la vie pour les... en
développement. Parallèlement à ça, controversé au début, mais là, tout le monde
est d'accord, on a recentralisé... le mot n'est pas bon, là, mais on a
coordonné mieux Accelis, qui sont les fonds de transferts technologiques,
les... à l'université puis les... et ça, on a créé Accelis. Et on a mis
récemment un fonds de 5 millions de dollars qui s'appelle Euréka, pour
pouvoir financer ce qu'Investissement Québec ne peut pas faire. Didier va
arriver plus en aval.
Donc, on a 100 millions qui va
financer la recherche publique principalement. Il faut faire attention entre la
recherche appliquée ou l'innovation. L'idéation ne vient pas seulement de la
recherche publique, mais ici et Santé, c'est pas mal la recherche publique, je
pense. Donc, on a 100 millions qu'on a alloués dans ce fonds-là. On a
Didier Leconte, qui est chez Investissement Québec, qui bâtit les sciences de
la vie. On a, au ministère de l'Économie, Vanessa... elle n'est pas ici, je
pense, qui est notre experte en santé. On a des gens compétents, il s'agit de
trouver comment on fait le passage de l'un à l'autre. Parce qu'effectivement
l'enjeu que vous mentionnez, je suis entièrement d'accord avec vous, la vallée
de la mort, au Québec, a fait en sorte que beaucoup de technologies ne sont
soit pas développées ou développées ailleurs. Donc, écoutez, on a les outils,
on va essayer... Stratégie des sciences de la vie, je la divulgue le 12 mai...
alors, on divulgue en même temps, le 12 mai, stratégie des sciences de la vie,
puis en plus, on divulgue la SQRI le 19 mai. Je pense, le coffre à outils va
être bien rempli. Alors, évidemment, après ça, il faut exécuter.
M. Barrette : O.K. Je vais
être peut-être un peu plus précis, puis vous pourrez me dire... pas que je
n'aurai pas .. ce n'est pas ça, là. Puis le Dr Quirion, probablement, va
abonder dans mon sens. Lui, là, sa job, là, c'est d'encourager, de mettre en
place, entre autres, un environnement qui va permettre à des talents de se
développer, faire des choix aussi, parfois, puis faire des recommandations. Ça
marche, au Québec, on a plein de talent. À un moment donné, je me suis posé la
question suivante puis j'aimerais ça savoir, l'un et l'autre, comment vous
voyez ça : Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de s'assurer qu'on puisse
former des gens dans ce domaine-là, de gestion pour faire cette transition-là?
On n'en forme pas.
M. Quirion (Rémi) : Oui, je
pense qu'il y a des discussions présentement avec le HEC, justement, pour aller
dans ce sens-là, là. Ça fait que j'espère qu'on va pouvoir le faire avec les
différentes annonces, dont la SQRI. Et l'autre élément, peut-être, à ajouter
aussi, là, le ministre a parlé... Innovateur en chef, vallée de la mort, de ce
côté là, mais un autre bout qu'on veut faire, ce qu'on appelle le trio de
l'innovation, là, avec... de la recherche fondamentale...
M. Quirion (Rémi) : ...fondamentale,
avec... la recherche plus appliquée, innovation et aussi avec Sylvie
Pinsonnault d'Investissement Québec, là, pour l'aspect de commercialisation.
Parce que c'est ça aussi qui manque, et vous l'avez mentionné là, c'est un bout
qui manque beaucoup, donc on espère avoir le cycle, là, plutôt que le mettre un
peu linéaire, de faire un cycle. Et si ça fonctionne un peu bien, la
commercialisation permet de réinvestir par la suite en recherche plus
fondamentale et en innovation, donc c'est un peu l'objectif.
M. Fitzgibbon : ...et
je pense que, moi, j'ai une ouverture d'esprit pour que dans les... Quand on
parle de la santé, là, que vous connaissez très bien évidemment, moi, je pense
qu'on doit utiliser les fonds d'investissement américains...
M. Quirion (Rémi) : Bien,
oui.
M. Fitzgibbon : ...qui ont
été des grands succès. Il faut penser plus large, dire : Venez au Québec,
on a un terroir fertile - vous avez raison - le talent, on a la recherche
fondamentale, on a... on va mettre un peu de sirop d'érable là-dedans pour être
sûr qu'ils restent au Québec, là. Mais on est capable, je pense, de concilier,
alors, moi, je suis très ouvert. Puis des zones d'innovation en santé, là, vous
savez probablement qu'on s'en allait regarder à Montréal, là, moi, je veux...
puis je parle à des gens connus du milieu - Morning Star, pour ne pas les
nommer - dire : C'est ça qui s'en vient à Montréal, là, venez-vous... ici,
là, parce que, nous, on a besoin d'aide pour ça, là, parce qu'on n'est pas bon
là-dedans.
M. Barrette : Bien, ça,
je suis d'accord avec ça, mais en général, les fonds américains vont vous
dire : Nous, on va investir si, au Québec, les gens privés ou publics
matchent. En général, ils ne viennent pas d'eux-mêmes, ils viennent s'il y a un
match. Et en général, le public n'est pas toujours... En tout cas, il est au
rendez-vous, mais, on va dire, minimalement, les montants ne sont pas là.
M. Fitzgibbon : Il y a
deux choses qu'ils veulent avoir : Est-ce que le terroir est assez
fertile?
M. Barrette : Il l'est,
ils le savent.
M. Fitzgibbon : Oui.
Bien, en tout cas, tant mieux, là, parce qu'il y en a qui ne sont peut-être pas
sûrs... Bien, fertile...
M. Barrette : Bien, on
va demander au Dr Quirion.
M. Quirion (Rémi) :
...continuer à bâtir. On manque de monde...
M. Barrette : Oui, oui.
Ah! bien, ça, c'est correct, ça, c'est une autre affaire.
M. Fitzgibbon : Donc,
ils veulent un terroir fertile parce que... pour ouvrir un bureau, là. On
parlait de Morning Star, pour parler de celui-là, il dit : ...je mets du
monde là, y as-tu des affaires qu'on peut faire. Oui, il y en a un paquet.
Après ça, c'est... quel est le rôle du gouvernement là-dedans? Puis je pense
que dans les fonds... On en a parlé tantôt avec vos collègues, votre collègue
de LaFontaine, mais on a 29 fonds d'investissement présentement qui sont
actifs. On a 50 qui sont fermés, là, 29 fonds, 20 en... santé, il n'y en
a pas tant que ça, alors c'est ça qu'on veut promouvoir.
M. Barrette : Quand je
regarde ce qui est public aujourd'hui, là, en date du mois d'avril, là, pour ce
qui est de la Stratégie québécoise des sciences de la vie, les montants qui
sont là... Quand vous avez... vous avez quatre objectifs, là. Alors,
l'objectif, là, numéro trois, là, pour le 100 millions pour les projets
d'investissement, ça, c'est le maximum, c'est l'actuel? Vous allez avoir
bientôt des annonces...
M. Fitzgibbon : C'est
ça, le 12 mai, je vais annoncer la stratégie... Parce que celle à laquelle
vous référez, l'ancienne, c'est pas mal sous votre gouverne, c'était
2017-2027...
M. Barrette : 2017-2027,
oui.
M. Fitzgibbon : ...ça
fait 10 ans. Et là, bon, l'argent a été utilisé, puis on voulait la
contemporaliser, parce que les choses ont changé de toute évidence. Alors là,
on va annoncer la stratégie 2022-2025, en fait, trois ans au lieu de 10.
On va se servir des crédits de l'ancienne stratégie et on rajoute le
100 millions auxquels vous référez. Il va y avoir deux montants, et on va
annoncer trois... quatre... cinq volets d'investissements qu'on fait dans les
prochains trois ans. Là, je vais arrêter là parce que c'est l'annonce du
12 mai, là, mais...
M. Barrette : Oui, c'est
dommage.
M. Fitzgibbon : Bien,
vous allez être là...
M. Barrette : Hein, si,
moi, je vais être là?
M. Fitzgibbon : Non,
mais vous allez l'écouter.
M. Barrette : Il y a peu
de chance que je sois là. Bien, vous êtes conscient de cet enjeu-là, là.
M. Fitzgibbon : Oui,
totalement.
M. Barrette : Avez-vous un
échéancier, avez-vous une espèce... Allez-vous annoncer un plan?
M. Fitzgibbon : Bien,
la... On parle de santé ou d'innovation... au marché, en général, ou...
M. Barrette : Bien, ce
dont je viens de parler, là, on a un problème d'argent puis on a un problème
d'individus qui permet de faire cette transition-là, là.
M. Fitzgibbon : Bien,
les deux, science de la vie et SQRI, là, parce que c'est un peu un vase
communiquant, même si c'est deux budgets séparés, l'argent est là, il va être
annoncé, il y a déjà... est là. Luc Sirois a été nommé innovateur en chef, il
est en train de s'organiser, il a été partie prenante de la stratégie de la
SQRI avec Rémi et Matihieu Gervais, qui est à côté, là, c'est les trois personnes
clés, Sylvie Pinsonnault d'Investissement Qébec, tout est là, la question,
donc, c'est l'exécution.
• (18 heures) •
M. Barrette : O.K. Je
vais écouter ça avec beaucoup d'attention et beaucoup d'intérêt.
M. Fitzgibbon : Oui, je
sais.
M. Barrette : Bien, je
vous souhaite de réussir, le Québec en aurait bien besoin. Et vous comprenez ma
déception, là...
M. Fitzgibbon : Oui,
très bien.
M. Barrette : ...moi, je
considère avoir été actif avec la bonne approche, mais je trouve que quatre ans
plus tard, on n'a pas beaucoup avancé.
M. Fitzgibbon : Oui,
puis il y a eu la pandémie, il faut... La pandémie a le dos large, mais...
M. Barrette : Oui, mais
juste entre nous, là, fermons les micros, puis on peut-u se dire qu'à un moment
donné on ne peut pas tout mettre sur le dos de la pandémie, là.
M. Fitzgibbon : Non, je
suis d'accord. Mais on est encore là, on encore le masque, là. Mais je suis
d'accord avec vous, puis de toute façon...
M. Barrette : Dans les
laboratoires spécialisés en santé, faites-vous-en pas, ils ont des scaphandres,
hein, puis ils ont des masques à la journée longue, puis ça ne les empêche pas
de produire...
18 h (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...d'accord,
d'accord sur la finalité puis je pense, honnêtement, que les données, entre
autres, je sais que vous partagez ma vue sur ça, là. Bon... considérant qu'il y
a beaucoup de pédagogie à faire. Au Québec, aujourd'hui, avec la médecine
personnalisée, les Jean Claude, les Denis Claude, Guy, Sauvageau, Laurent
Busque... nos scientifiques, l'intelligence artificielle... de gagner.
M. Barrette : Oui, mais,
regardez, mais je prendre, à dessein, les exemples que vous donnez à dessein.
Quatre ans plus tard, là, on devrait avoir un méga... génétique. Quatre ans
plus tard, dans les deux cas que vous avez donnés, sur leurs terrains, il
devrait y avoir une PME ou à côté, parce qu'ils ont ce potentiel-là, puis on ne
l'a pas fait, ça, puis on ne l'a juste pas fait. Tout le monde at ses enjeux
là-dedans, puis nul n'est parfait, là, nous autres non plus, mais ça, c'est
décevant de voir que vous regardez des gens dans une situation comparable à
Toronto puis à Vancouver, ils ont leurs PME, eux autres, avec des centaines d'employés,
puis vous le savez comme moi, ça, c'est des jobs payantes. Moderna, là, qui
arrive, c'est une bonne affaire, Moderna qui arrive, Moderna va avoir des
retombées, des bonnes jobs, mais c'est Moderna, là, qui vient, qui va peut-être
partir, ce n'est pas la même chose que de réussir à garder du monde chez nous,
qui se développe, ça, on s'entend sûrement là-dessus.
Alors là, à un moment donné, il y a des
gestes à poser par l'État. Moi, je trouve que... je comprends qu'on... la
pandémie, mais la pandémie ne nous a pas empêchés de réfléchir puis de prendre
des décisions.
M. Fitzgibbon : Moi, je suis
confiant qu'on est dans la bonne direction puis, en fait, on va peut-être avoir
des annonces rapidement, des gens que vous côtoyez encore d'ailleurs, mais je
suis d'accord avec le principe qu'on continue.
M. Barrette : ...individuellement,
on arrive dans l'âge où on tombe malade de ces maladies-là, mais je ne me le
souhaiterai pas puis à vous autres non plus. Ceci dit, vous avez... vous venez
de l'aborder, là, c'est important, vous avez mentionné l'intelligence
artificielle, ça, c'est un «buzzword» dans une certaine mesure, là, on va
mettre à peu près n'importe là-dedans. Mon téléphone, c'est de l'intelligence
artificielle, alors que ce dont on parle, ce n'est pas exactement ça. Et là, ça
nous amène à la question de la gestion de la donnée. Vous en êtes où dans votre
réflexion et/ou vos actions? Je vous offre la possibilité de prendre «ou» ou
«et».
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
mon collègue le ministre de la Santé, qui a le dossier comme vous savez. Il y a
un projet de loi d'ailleurs sur ça. J'ai les chiffres, là, mais je les ai
oubliés. Écoutez, c'est clair qu'il y a une très grande pédagogie à faire sur
les données, il y a eu beaucoup de critiques sur ça depuis quelques années. Je
pense qu'on a un environnement de chercheurs qui sont un peu frustrés de voir
qu'on n'a pas avancé vite là-dedans. Mais, écoutez, il y a un enjeu social
important, il faut expliquer aux gens comment les données vont être
anonymisées, elles vont être bien utilisées. Tous les scandales qu'on a vus
avec les services financiers, je ne nommerai pas les compagnies, les gens sont
sceptiques, les gens sont craintifs, les gens ont peur de voir les données.
Alors, je pense qu'il n'y a pas un meilleur ministre que celui de la Santé pour
amener, comme projet de loi... de bien réglementer l'environnement des données,
mais clairement, on a un avantage comparatif. On a des... officiels, oui, il y
a beaucoup de «buzzword» là-dedans. Il y a quand même des sociétés... il y a
comme Imagia que vous connaissez sûrement, il y en a d'autres qui sont
actifs... en santé.
Alors, quand on va bien prendre nos
données puis qu'on va avoir les bons débats d'entreprise, les dialogues, vous
les connaissez, les dialogues, le triage d'urgence, l'intelligence
artificielle. On a réussi à les faire passer, ça a été assez compliqué. Alors,
il y a beaucoup de travail à faire sur la pédagogie et, en même temps,
parallèlement à ça, le ministre de la Santé, comme vous savez... background,
sait très bien que la clé de voûte pour non seulement avoir des meilleurs
services, mais réduire les coûts, on peut faire les deux en même temps, je
pense qu'on peut le faire...
M. Barrette : Oui, mais là,
M. le ministre, vous ne répondez pas à ma question. Imagia, ce n'est pas un bon
exemple, ce n'est pas de l'intelligence artificielle au sens où je l'entends,
ce n'est pas du traitement de données.
M. Fitzgibbon : Mais la
radiologie a été...
M. Barrette : Oui, je sais,
mais regardez, Imagia...
M. Fitzgibbon : ...
M. Barrette : ...c'est parce
que c'est ma spécialité, alors c'est plate, là, mais Imagia, ce n'est pas ce à
quoi vous faites référence quand vous parlez d'intelligence artificielle. L'intelligence
artificielle à laquelle vous faites référence, j'imagine, c'est quand une
grande compagnie pharmaceutique vient ici, vouloir avoir accès à des profils
longitudinaux d'un groupe de patients, et ainsi de suite, là, pour faire des
corrélations en fonction de... Imagia, Imagia, c'est une application, c'est
juste une application...
M. Fitzgibbon : O.K. mais en
tout respect...
M. Barrette : ...ce n'est pas
une application qui est appliquée sur une base de données...
M. Barrette : ...Alors
que l'intelligence artificielle, là, la vraie, là, dont on parle dans les
universités, c'est essentiellement les espèces d'analyses et corrélations de bases
de données en fonction des critères et d'objectifs x, y, z., ça, là, c'est
Bengio, là. Imagia, là, c'est un logiciel applicatif, là, tu sais, c'est...
M. Fitzgibbon : En tout
respect, je pense que... au dialogue, c'est l'IA, je veux dire, le dialogue, ce
n'est pas les pharmaceutiques, c'est de prendre du triage.
M. Barrette : On
s'entend, on s'entend.
M. Fitzgibbon : Puis de
prendre du triage pour aller faire de la corrélation algorithmique, de pouvoir
prédire un comportement... moi, je pense que l'IA est plus large que juste le
pharmaceutique. C'est sûr, les pharmaceutiques, données génomiques, ça va être
le futur de...
M. Barrette : La
Question... regardez, on a eu des articles, là, vous avez entendu parler de
l'événement Clic Santé, là, que... avaient circulé, et ainsi de suite, là. Là,
on ne parle pas de rendez-vous, là, on parle de données qui sont plus
sensibles. Moi, ma question aujourd'hui, c'est : où est-ce que vous en
êtes dans votre approche du... Je ne veux pas utiliser des mots, là, qui vont
se ramasser dans le journal en première page demain. Regardez comment que je
vous épargne aujourd'hui, là, c'est... je n'en reviens pas, comment je fais, je
ne me reconnais plus. Alors...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
M. le député de La Pinière, je voudrais juste souligner que vous avez déjà
grugé près de 18 minutes sur les deux autres blocs.
M. Barrette : Ça va
bien.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ça va très bien pour moi, moi, il n'y a aucun
problème, là, mais c'est... on est d'accord?
M. Barrette : Vous
savez, Mme la Présidente, moi si vous me donnez un micro, là...
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Ah oui, j'ai bien vu ça, hein, vous vous l'accaparez
bien correctement. Moi, ça ne me dérange pas, autrement dit, on peut aller...
M. Tanguay : ...
M. Barrette : Bon,
quelques minutes, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Quelques minutes, c'est pour vous. Excellent.
M. Barrette : Si ça ne
vous indispose pas?
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Pas du tout, ah, pas du tout, je voulais vous en
informer.
M. Barrette : Je vais
poser la question à mon collègue : Est-ce que...
M. Tanguay : c'est très
bien.
M. Barrette : Puis vous,
M. le ministre, ça va, vous aussi?
M. Fitzgibbon : Très
bien, on continue.
M. Barrette : Mais la
question que je pose, je ne veux pas poser le... mentionner le mot en c, je ne
le dirais pas, mais là, à un moment donné, il y a-t-u une approche,
actuellement, gouvernementale sur le plan économique et développement
d'affaires?
M. Fitzgibbon : Écoutez,
il est clair que plusieurs sociétés, PME, grandes entreprises qui regardent le
Québec aujourd'hui viennent nous voir pour pouvoir bénéficier d'accéder à des
données. Le dossier est piloté par le ministère de la Santé, qui est
responsable de bien circonscrire dans quel contexte... être donné. On a le
ministère la Cybersécurité qui va la regarder aussi pour s'assurer que les
consommateurs ou les citoyens soient à l'aise. Oui, il y a un plan, mais il
faut passer par un chemin de passage qui est long, mais qui est requis,
considérant l'anxiété que les gens ont causée par les services financiers. Il
faut être honnête, les services financiers ont failli à la tâche et ça a créé
un peu d'ombrage sur...
M. Barrette : Ah, bien,
ça, on est d'accord. Je peux-t-u poser la question à Docteur Quirion?
M. Fitzgibbon : Oui,
oui.
M. Barrette : Vous, de
votre point de vue, là, pour ce qui est de l'intelligence artificielle au sens
où je l'entends, et que, probablement, vous aussi, où est-ce qu'ils sont, les
enjeux, aujourd'hui, là? Quelles sont les prochaines frontières?
M. Quirion (Rémi) : Bien,
si on... ce n'est pas seulement associé à l'intelligence artificielle, mais...
M. Barrette : Non, je
sais, je sais, mais...
• (18 h 10) •
M. Quirion (Rémi) : Et
c'est certain que tout ce qui est accès aux données au Québec, on en a discuté
depuis plusieurs années, j'en ai discuté avec vous lorsque vous étiez ministre
aussi, là, et on essaie d'avancer avec le projet de loi no 19, on espère
que ça va fonctionner pour faciliter l'accès aux données pour les équipes de
chercheurs. C'est un des problèmes qu'on a au Québec pour les données en santé,
mais les données dans d'autres secteurs aussi, l'éducation, le revenu, etc.
M. Barrette : Sur le
plan légal, est-ce que vous voyez... vous êtes capable d'identifier un enjeu?
Je vais être plus précis dans ma question. Êtes-vous dans une approche :
la donnée est rendue disponible à une entreprise d'une façon ultraanonymisée?
Ou bien l'entreprise pose une question à l'État, par exemple, qui lui est
détenteur de la donnée et fait l'analyse en question? C'est quoi, vous, que
vous voyez aujourd'hui?
M. Quirion (Rémi) : Bien,
je pense que, bien, je ne répondrai pas directement à la question, mais c'est
du côté vraiment acceptabilité sociale, il faut s'assurer de ça, sinon on ne
peut pas avancer.
M. Barrette : La
politique qui vous souhaite la bienvenue.
M. Quirion (Rémi) : Bien,
on ne peut pas avancer autrement, on a besoin d'avoir cet appui-là de la
société.
M. Barrette : Mme la
Présidente, je vous remercie d'avoir été indulgente envers moi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Est-ce que j'avais le choix?
M. Barrette : Oui.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Oui, bien sûr, bien sûr.
M. Barrette : Vous aviez
même l'autorité de la faire, madame.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Tout à fait. Alors, écoutez, il n'y a pas de
souci, donc, écoutez, on a... Le ministre a donc pris comme deux blocs, alors
on va donc poursuivre immédiatement avec la section... Ou le bloc du gouvernement
et ensuite, on va aller directement avec la troisième opposition. Ça vous va?
Puis il ne restera qu'un bloc pour la partie du gouvernement. Merci beaucoup,
M. le député de La Pinière. Nous y allons donc avec le député, cette fois-ci,
de Nicolet-Bécancour avec...
La Présidente (Mme IsaBelle) : ...la
section du gouvernement.
M. Martel : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Ça fait 4 heures et quelques que je
suis assis ici. Je n'ai pas dit un mot, je vous ai dit... Je vous dis bonjour
officiellement. Bonjour, monsieur Quirion. Tous les gens du ministère, le
sous-ministre, et votre excellent directeur des communications. Je veux saluer
aussi Alexandre Vézina, qui a été nommé dernièrement sous-ministre adjoint,
avec qui je travaille beaucoup, j'apprécie beaucoup, mes collègues, évidemment
mes collègues de la partie gouvernementale, distingués collègues de
l'opposition, de la deuxième opposition.
On assiste vraiment à une discussion
intéressante cet après-midi. Sincèrement. On a parlé tantôt d'hydrogène vert
puis j'ai beaucoup aimé les nuances que vous avez faites à l'effet... Moi, ça
fait une couple d'années qu'on parle de ça, notamment à cause... dans le parc
industriel de Bécancour. Tout le monde, je pense, on croit aux vertus de
l'hydrogène vert, mais il y a un coût, et un coût en énergie quand même associé
à ça, puis on a un grand défi. J'ai aimé aussi quand vous avez parlé de
création de richesse qui n'est pas une fin en soi. Notre parti, puis même, je
vous dirais, la naissance de notre parti politique était basée beaucoup
là-dessus pour être un facteur qui va favoriser la création de la richesse,
mais dans un objectif vraiment ultime, que vous l'avez bien mentionné tantôt,
c'est justement pour redonner des services, d'avoir la capacité de se donner
des services à la hauteur que les citoyens attendent, donc la création de la
richesse. Puis, monsieur Legault, le premier ministre l'a mentionné souvent, ce
n'est pas une fin en soi. L'objectif, c'est vraiment d'être capable de donner
des services aux citoyens.
Tantôt, vous avez dit que vous aviez un
choix difficile à faire puis vous ne savez pas pourquoi vous avez accepté
d'aller en politique. Moi, je peux vous dire que j'apprécie beaucoup le choix
que vous avez fait. Quand je regarde les indicateurs, que ça soit le nombre de
faillites, que ça soit la croissance économique, le niveau salarial, que ce
soit le taux de chômage, que ça soit les investissements privés. Je pense
qu'après trois ans et demi, on a un bilan quand même assez remarquable. Moi, en
tout cas, j'ai été... avant de faire la politique, j'ai été 20 ans dans le
développement économique régional. Je n'ai jamais vu une situation comme
laquelle on se retrouve actuellement. Et il y a beaucoup de vous là-dedans, puis
je veux vous le donner.
Et aussi, je peux vous dire que j'ai fait
le tour du Québec avec les zones d'innovation à quelques reprises, puis,
sincèrement, j'ai vu beaucoup d'hommes d'affaires, de femmes d'affaires un peu
partout au Québec, et le milieu d'affaires apprécie beaucoup votre
collaboration, votre disponibilité. Tu sais, j'écoutais des échanges cet
après-midi puis c'était quasiment un défaut de se rendre disponible pour nos
entrepreneurs. Et, Dieu sait, qu'on soit dans n'importe quel coin du Québec, n'importe
quel député du Québec, souvent, on va faire appel au ministre pour intervenir
auprès d'une entreprise qui vit des difficultés puis qui a besoin de soutien.
Et vous vous êtes rendu disponible à plusieurs reprises. Puis je pense que tout
le monde vous le reconnaît, tout le monde l'apprécie. Je trouvais ça drôle, un
peu la tournure de la discussion que ça tournait cet après-midi, là. On vous
reprochait quasiment d'avoir trop d'amis, puis je trouve ça un peu malheureux.
Je ne voulais pas parler de Bécancour,
mais j'avais préparé quatre questions sur les zones d'innovation et mon
collègue de La Fontaine a été chercher deux réponses. Il vous a fait dire deux
réponses de mes questions. Mais on devrait se débrouiller quand même. Je veux
parler des zones d'innovation puis ce qu'on a fait là-dedans. Puis c'est un
travail vraiment important puis c'est un travail de longue haleine. C'est
vraiment une vision puis c'est une responsabilité que le premier ministre m'a
donnée en travaillant en collaboration avec vous, d'essayer de stimuler la
création des zones d'innovation. Et on est parti un peu avec le livre de
monsieur Legault, du premier ministre. Puis l'objectif, c'était vraiment de
faire travailler ensemble le milieu universitaire, notamment, le milieu de la
recherche, l'entreprise privée, puis, évidemment...
M. Martel : ...on se disait il
faudrait qu'on fasse ça dans des endroits qui sont agréables pour être capable
d'attirer des chercheurs d'un peu partout. On avait un modèle de, je vous
dirais, idéologique, là, qui a beaucoup cheminé en cours de route. On s'est
donné le temps, je pense, de réfléchir, puis, à ce compte-là, je veux vraiment
remercier puis dire toute mon appréciation que j'ai auprès de votre cabinet, M.
le ministre, mais aussi de tout le personnel du ministère. Tantôt, j'ai
mentionné Alexandre, mais avec son équipe, le sous-ministre. Vous avez parlé
tantôt de l'innovateur en chef, du scientifique en chef. On a des rencontres
très régulièrement depuis trois ans et demi, on a des rencontres plus
restreintes à toutes les semaines. Puis, sincèrement, c'est un modèle qu'on
développe qui va prendre beaucoup d'importance dans les années à venir. Et
tantôt, le député de Lafontaine a posé quelques questions par rapport à ça.
Puis je veux mentionner que le fait qu'on n'ait pas politisé ce dossier-là dans
les premières années, les trois premières années, même si vous saviez que c'est
une ambition du premier ministre, je pense, ça nous a permis de travailler le
terrain de façon assez exceptionnelle. Et moi, je peux vous dire qu'il y a des
endroits, ça fait trois fois que je rencontre, quatre fois que je rencontre...
C'est évident qu'il peut y avoir ...pas de l'insatisfaction, mais une forme
d'impatience. Les gens, ils voudraient être reconnus, mais je pense qu'on est
sur la bonne voie. Et je ne sais pas combien d'endroits, M. le ministre, où
est-ce que je suis allé et où on a forcé à travailler ensemble le milieu du
savoir, les CCTT, les entreprises privées, puis même des fois dans des
régions... même des compétitrices puis qu'on les on les force à travailler
ensemble. Et plusieurs, plusieurs m'ont dit, puis je l'ai vu de mes yeux vus,
on apprécie beaucoup. Puis vont dire : On n'a jamais vu une concertation
comme ça dans la région pour les projets qu'on est en train de faire.
• (18 h 20) •
Ça fait que, moi, ça me réjouit beaucoup.
J'avais l'habitude de dire, quand je me présentais, de dire : Souvent, il
y a un nouveau gouvernement, il arrive avec une vision, puis le ministre, il
vient faire une présentation. Puis, souvent, on va changer le nom des
programmes. Puis je disais souvent que j'étais assis dans la salle à votre
place. Mais ce que je viens vous dire, c'est différent. Sincèrement, je pense
que notre approche était très différente. Puis, ce que je voulais, moi, c'était
de dire : Arrêtez de voir le gouvernement comme quelqu'un qui est là pour
établir des normes puis qui veut répartir ça de façon équitable partout. Puis
je veux que vous voyiez le gouvernement comme un partenaire d'affaires. Si vous
êtes capable, avec votre projet de zones d'innovation, de nous convaincre de la
rentabilité de votre projet de zones d'innovation... Puis quand je parle de
rentabilité, je parle évidemment de création d'emplois, bien, c'est quoi, les
salaires? C'est quoi, l'amélioration de la productivité? C'est quoi, le
potentiel d'exportation? Comment vous, vous... pas déterminez, je cherche le
mot, mais vous, vous... Ça, c'est plate, hein? Mais comment on fait pour vous
reconnaître à l'échelle internationale?
Et je pense... puis j'avais l'habitude de
dire aux gens, le singe, pour la réussite de votre projet, elle n'est pas sur
les épaules du gouvernement, elle est sur vos épaules. On va vous accompagner
du mieux qu'on peut, mais si vous n'avez pas de partenaire privé avec vous,
c'est impossible qu'on y arrive. Si les universités ne sont pas avec vous
autres, c'est impossible qu'on y arrive. Donc je pense que... puis,
sincèrement, j'ai eu des discussions avec presque tous les recteurs, peut-être
en 2018, quand on parlait des zones d'innovation, de leur implication, je leur
parle. Trois ans et demi plus tard, honnêtement, je ne sais pas si c'est la
même chose pour vous, mais, moi, je sens une attitude...
M. Martel : ...vraiment
différentes à l'égard des zones d'innovation, à l'égard de l'implication de
l'université. Je pense que le fait qu'on ait pu annoncer à la fois Sherbrooke
et Bromont, ça a ouvert beaucoup d'yeux de beaucoup d'universités et ce n'est
pas difficile, maintenant, de... je ne dis pas que ça l'était, mais je sens un
engouement de la part des universités qui est vraiment remarquable.
Dernièrement, puis je veux prendre un peu
ce que le député de LaFontaine disait tantôt, il y a des gens qui sont
impatients, tout ça. Je les rencontre souvent, ces groupes là, et je leur dis
les conditions. Puis tantôt, vous l'avez effleuré, M. le ministre, mais
j'aimerais ça, peut-être, profiter de l'occasion pour le mentionner de façon
très claire. Le projet des zones d'innovation pour nous, ce n'est pas un gugusse
pour gagner des points politiques. Les zones d'innovation qu'on veut faire,
c'est de structurer économiquement le Québec pour les défis qui nous attendent
au courant des années 2000. On va prendre le temps qu'il faut pour arriver
ça. Puis moi j'ai dit à quelques endroits : Ce n'est pas vrai, parce que
l'échéance électorale approche, qu'on va précipiter des annonces. On aimerait
ça, ça serait bon. Ça serait bon pour nous de faire des annonces, mais le but
n'est pas ça puis c'est trop sérieux pour jouer cette game-là. Ça fait que,
moi, j'ai passé ce message-là. Et je vous donne l'occasion, M. le ministre, de
réitérer ça, de profiter de la tribune, peut-être, pour expliquer comment que
c'est important pour nous, cette nouvelle philosophie de développement économique
et pourquoi on ne veut pas en faire un enjeu électoral.
M. Fitzgibbon : Écoutez, merci
beaucoup pour les mots avez utilisés au début. Je pense que c'est le reflet que
quand on se mobilise à l'intérieur du gouvernement, autant avec les gens du
ministère que les élus, sur une approche commune, sur un problème, je pense
qu'on peut avoir des très, très bons résultats. Pourquoi je dis problème? Parce
qu'un des enjeux, je pense, qu'on a, c'est que l'innovation, c'est un mot qui
était utilisé un peu comme l'IA. Tu sais, tout le monde parle d'innovation,
mais ça n'a jamais été bien démocratisé. On parle d'innovation, puis là pour
beaucoup de gens de la population, tu sais, c'est une patente là, que le
gouvernement a inventé ou d'autres choses. Alors, moi, je pense que le
processus des zones d'innovation, le processus des projets d'innovation, le
processus de consultation pour la SQRI, qu'on va annoncer le 19 mai, la
création du poste d'Innovateur en chef pour cohabiter avec notre Scientifique
en chef, Rémi Quirion, que tout le monde connaît, tout ça, là, c'est qu'on veut
démocratiser, on veut que l'innovation, ça soit le réflexe des Québécois en
entreprise, mais pas seulement en entreprise, au niveau économique.
L'innovation, on le voit aussi en économie
sociale. L'innovation est au cœur des problèmes sociétaux qu'on veut adresser
au Québec, entre autres en santé, entre autres... Alors, moi, je pense que...
je regarde le legs que notre premier ministre veut laisser aux Québécois, c'est
de dire comment on va créer notre richesse collective — je me répète un peu
depuis tantôt — comment créer la richesse collective, et pour y arriver, bien,
l'innovation est au cœur de ça parce que le Québec, on est 8,5 millions de
citoyens, entourés... je ne dirai pas d'ennemis, mais entourés de gens qui sont
différents de nous, alors il faut trouver des façons de se distinguer. Il faut
trouver des façons de mobiliser les institutions du savoir, de la recherche
avec des thématiques, et je pense qu'il faut trouver des segments où on a le
droit de gagner, on a le droit de laisser à nos jeunes, laisser aux générations
qui vont nous suivre une plateforme qui va être performante, puis que
l'innovation devienne un réflexe.
Alors, moi, je pense que, un, je veux vous
remercier parce que vous avez fait un excellent travail. Vous avez été mandaté
par le premier ministre à s'assurer que le ministère de l'Économie, il faisait
son travail, puis c'est un travail de longue haleine. C'est un travail qui
demande beaucoup d'attention, qui demande beaucoup d'interventions avec la
communauté parce que les régions au Québec, évidemment, c'est vaste. Alors,
moi, je pense qu'on... je suis contente d'où on est rendus, et vous avez
raison, on en a deux d'annoncées, des zones d'innovation. Est-ce qu'on va en
avoir d'autres d'ici la fin de la session parlementaire, avant les élections?
Peut-être, on espère, mais si ça n'arrive pas, je ne suis pas inquiet parce que
je pense qu'on...
M. Fitzgibbon : ...on va
voir dans les prochaines années, ça va perdurer, les élus... Ces programmes-là.
Je pense qu'on va voir dans les prochaines années deux, trois, quatre, cinq,
six... d'innovation qui vont être annoncées en plus de celles qu'on a, puis il
va y avoir d'autres projets d'innovation. Et la SQRI, si on réussit à
l'exécuter, tantôt on parlait du député de La Pinière, je pense qu'on a les
bons ingrédients, il faut exécuter. Et si on exécute, bien, la roue va partir
puis on va se ramasser avec une performance non seulement économique, mais
aussi une performance sociale qui va être... qui va rendre encore le Québec
plus attractif si c'est possible parce qu'on est déjà très attractifs.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : Parfait. Merci. Alors, nous poursuivons avec la
porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de PME, la députée de
Gaspé. Vous disposez de 20 minutes 17 secondes.
Mme Perry Mélançon : Oui,
merci, Mme la Présidente. J'ai eu l'occasion de poser quelques questions sur
l'innovation plus tôt cette semaine, donc là, j'ai quelques questions qui sont
plus, là, en fonction des PME. Je ne suis pas certaine si j'ai déjà posé la
question au ministre sur les délais de paiement de l'État à des entreprises
avec lesquelles ils font affaire, notamment, dans le domaine de la construction.
C'est souvent des entreprises qui doivent même avancer les coûts des matériaux,
payer la main-d'œuvre à même leurs fonds avant de voir un sou, là, qui leur est
remis par le gouvernement, ça peut même prendre des mois, là, avant de régler
la facture. C'est encore un enjeu à l'heure actuelle puis c'est une pratique
qui met un peu l'État dans l'embarras, là, ce n'est pas... on ne montre pas
vraiment l'exemple de cette façon-là. J'imagine que le ministre est déjà
sensible, quand même, à cette question-là, là, mais j'aimerais peut-être
savoir, justement, parce que ça fait quand même un certain moment qu'on ne vous
a pas entendu là-dessus, si vous avez eu des discussions avec des collègues à
ce sujet-là? Puis qu'est-ce qui a été fait, proposé?
M. Fitzgibbon : Oui,
écoutez, c'est une revendication qu'on a... Que j'ai entendue très tôt quand on
a... je suis arrivé en poste. Évidemment, le ministère de l'Économie n'est pas
responsable des paiements de l'État, mais quand la présidente du Conseil du trésor
a parlé, récemment, de sa refonte, là, de comment on va aider nos PME du
Québec, principalement, à bien comprendre le mécanisme d'achat gouvernemental,
la fameuse CAG, on a travaillé aussi avec M. Drouin d'Investissement
Québec, qui travaille maintenant... il a engagé quinze personnes dans les
régions pour travailler avec les PME, pour s'assurer qu'elles puissent bien
comprendre le mécanisme pour les octrois des contrats. Le sujet a été abordé et
c'est clair c'est un enjeu puis les délais, qui sont souvent administratifs,
pourraient être réduits. On a dans la salle le député de Saint-Jérôme qui passe
beaucoup de temps sur l'allègement réglementaire, bon, ce n'est pas
réglementaire, ça, mais ça l'est un peu, puis là, je ne veux pas te lancer la
balle au bond, là, je ne sais pas s'il préfère parler, là, mais en tout cas,
prépare-toi.
La Présidente
(Mme IsaBelle) : ...
Mme Perry Mélançon : On
dirait.
M. Fitzgibbon : On n'a
pas le droit? On n'a pas le droit. O.K.
• (18 h 30) •
Mme Perry Mélançon : Non,
bien, je pense qu'on dévie le sujet.
M. Fitzgibbon : Oui,
O.K.
Mme Perry Mélançon : En
Fait, non, non, mais c'est très intéressant, mais j'ai passé ces heures-là avec
le député de Saint-Jérôme sur le projet de loi. En fait, le Parti québécois
suggérait, justement, un projet de loi pour que l'État respecte ses délais de
paiement d'un délai maximal de 30 jours envers ses fournisseurs,
j'aimerais peut-être vous entendre là-dessus. Est-ce que vous seriez favorable à
un tel projet de loi?
M. Fitzgibbon : Bien, il
faut faire attention dans des projets comme ça. Tu sais, 30 jours, c'est-u
suffisant? Souvent, il y a des... puis il faut... il y a une rétention, il faut
faire des paiements, les contrats, il faut évaluer si le service a été rendu,
je ne sais pas si 30 jours, c'est réaliste, mais je suis totalement ouvert
à alléger de façon réglementaire. La raison pourquoi je parlais de ça, c'est
que, je pense, on peut peut-être faciliter la rapidité de paiement... Des
garanties ailleurs, mais je pense qu'il faut faire attention de trop
normaliser, là, sur un cadre comme celui-là même. Le 30 jours n'est
peut-être pas réaliste, c'est ça que je veux dire.
Mme Perry Mélançon : 30
jours n'est peut-être pas réaliste, c'est sûr, mais quand que les entreprises
attendent plusieurs mois pour se faire payer, je pense qu'il faut essayer de
trouver une voie de passage entre les deux et parce qu'on sait à quel point nos
entreprises, des fois, ont de la difficulté à passer à travers chacun des mois,
surtout depuis la pandémie.
Donc, ça m'amène sur mon deuxième sujet.
En fait, on va rester dans les délais, mais plutôt en fonction des aides
gouvernementales d'urgence. Donc, PAUPME, PACTE, tout ce qui a été mis sur pied
rapidement pour aider nos entrepreneurs, c'est sûr que ce n'est pas des aides
financières directes, donc c'est... Moi, je l'ai souvent dit, je trouvais que
c'est une façon encore de, bon, surendetter nos entreprises qui ont déjà pas
mal de difficultés, des fois, à payer leurs paiements. Donc, on sait que ces
programmes-là vont, à un moment donné, se terminer, on arrive au délai, là,
pour commencer, je crois, même à rembourser certains de ces paiements-là. On a
entendu même des...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Perry Mélançon : ...demandait
à ce que ces délais-là soient prolongés pour le remboursement, donc les
paiements seraient réduits puis mis sur une plus longue période. Est-ce que
vous êtes favorable à ça?
M. Fitzgibbon : Oui. Bien, en
fait, deux choses. Premièrement, quand vous dites que ce n'était pas de l'aide
directe, j'aimerais confirmer qu'il y a eu à peu près de 500 millions de prêts
qui ont été faits, effectivement, dont 300 a été pardonné. Alors, un pardon de
prêt, pour moi, c'est de l'aide directe.
Évidemment, les restaurants, les bars,
tous ceux qui ont dû fermer ont été ceux qui ont le plus favorisé... ont le
plus bénéficié, plutôt, de cette aide-là. Il y a eu quand même 300, 325
millions de subventions qui ont été données.
Maintenant, le programme va se terminer un
jour. Je l'ai dit tantôt, quatre semaines après que les mesures sanitaires vont
être abandonnées, le programme se termine. La bonne nouvelle, c'est qu'on a
quand même un programme, on a publié un décret la semaine dernière, c'est le
projet PARESAU. Je n'ai pas l'acronyme exact, là... je l'ai ici. PARESAU, c'est
le Programme d'appui à la rétention des entreprises stratégiques et l'aide d'urgence.
Donc, ça, ce que ça veut, ce programme-là... c'est le programme ESSOR... on a
sorti du programme ESSOR un programme d'urgence pour les entreprises
stratégiques. Donc, certaines vont pouvoir bénéficier de ça dans les prochains
deux, trois ans, au besoin. Donc, il y a certaines entreprises qui vont pouvoir
continuer à bénéficier du support.
Maintenant, votre question importante, c'est
la question du moratoire. Effectivement, aujourd'hui, pour le programme PAUPME,
le moratoire se termine le 30 juin 2022, alors que, pour le PACTE, chaque
entreprise a eu son propre arrangement. C'était plus facile à gérer, il y avait
seulement 1500 entreprises, alors que, dans le PAUPME, on est rendu à 15 000,
16000, alors il fallait mettre une norme stricte. Nous sommes présentement en
évaluation avec le ministère, avec les fonds locaux d'investissement, pour
revenir, d'ici quelques semaines, sur quelle va être la politique du moratoire,
parce qu'effectivement il va falloir vraisemblablement faire des ajustements
pour le reporter. Je n'ai pas de date exacte à donner, en termes de report,
mais on doit faire quelque chose puis on va l'annoncer, probablement, je
dirais, d'ici trois semaines, un mois, là, en tout cas, avant qu'on termine le
Parlement.
Mme Perry Mélançon : Donc, le
moratoire, il servirait à attendre, donc, le délai... Les paiements
commenceraient plus tard ou seraient prolongés, donc? En fait, comment on...
M. Fitzgibbon : La chose
principale qu'il faut regarder, c'est quand... est-ce qu'on reporte le
paiement, le premier paiement, puis, si oui, de combien? Puis est-ce que tout
le monde va être reporté? Est-ce qu'on va avoir des budgets... revoir, parce qu'il
y a 15000 entreprises, donc je ne veux pas qu'on crée une... je ne veux pas
créer un problème administratif, là. Puis, en même temps, si on va trop loin,
tout le monde est peinturé de la même façon, c'est problématique. On est en
train de trouver un chemin de passage, là, mais dans trois semaines, quatre
semaines, on va définitivement... avant le 30 juin, de toute évidence, il va
falloir revenir aux entreprises.
Mme Perry Mélançon : Donc,
celles, là, qui seraient vraiment au bord du gouffre, là, on peut s'attendre à
ce que ça soit au moins... Parce que, souvent, on a eu des mesures qui sont
appliquées pour faciliter presque la vie à ceux qui en ont moins besoin, bon.
On n'a peut-être pas le même avis là-dessus... Mais c'est ça, je pense qu'il
faut absolument que ce moratoire-là, ou, en tout cas, ce que vous allez
annoncer, s'adresse au moins à celles qui sont le plus en difficulté
financière, parce que la FCEI le disait, c'est à peu près une entreprise sur
quatre qui pourrait fermer d'ici la fin de 2022 ou, en tout cas... ou qui a des
grosses difficultés financières. Donc, je pense qu'il faudrait s'assurer que ce
soit elles en priorité, là, qui puissent avoir de l'ouverture à ce niveau-là.
Maintenant, bon, il y a un sujet qui
retient beaucoup, beaucoup notre attention, c'est celui de la hausse du coût de
la vie, de l'inflation. Ça touche toutes sortes de dépenses, dont le pain et
beaucoup de prix en alimentation qui ont augmenté. Il y a l'essence, il y a l'électricité,
tout ça. Vous savez que le Parti québécois propose de créer un bureau de la
concurrence ici même, au Québec. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Fitzgibbon : Qu'il y ait
de la concurrence...
Mme Perry Mélançon : Un
bureau de la concurrence. Parce qu'il y en a un, bureau, en fait, canadien qui
ne fait pas vraiment son travail pour s'assurer qu'il n'y a pas de cartel dans
certains secteurs comme le pain, où est-ce qu'il y a des a des grosses
augmentations, sans vraiment de raison valable. Des fois, c'est des hausses
déraisonnables, puis il n'y a pas personne qui, vraiment, essaie de suivre l'évolution
des prix. Puis on pense qu'au Québec, on serait capable de le faire mieux puis
d'essayer de se doter de mécanismes de sanction, même, là, dans certains
secteurs. Est-ce que vous seriez favorable à ça?
M. Fitzgibbon : Bien, le
Bureau de la concurrence, je connais relativement bien, tu sais, une
institution fédérale. Pour l'instant, à ma connaissance, là, je ne suis pas
expert, je pense que c'est fédéral, comme législation. Je ne pense pas qu'il
faille aller là...
M. Fitzgibbon : ...présentement,
ou vous référez aux cartels ou aux monopoles certains services où on est
victimes du... tu sais, somme toute, en général, je suis assez satisfait de la
concurrence... est là. Par contre, je ne nie pas le fait qu'à 6,7 %
d'inflation dans les derniers mois, a été publié, considérant qu'il y a
1,5 % de ça, 1,2 % qui est... l'énergie qui devrait se résorber, on
l'espère, avec la résolution du conflit en Ukraine. On a quand même une... de
5, 5,5 % systémique qui est causée en grande partie par les chaînes
d'approvisionnement qui sont brisées. Ça va être compliqué. Ça va être
compliqué parce que ça va demander à ce que le gouvernement, la banque du
Canada augmente les taux d'intérêt. Moi, je pense qu'on va voir les taux monter
de 1 à 1,5, 2, peut-être même 2,5 %. Plus on va arriver en haut du
2 %, plus l'effet collatéral, c'est qu'on va réduire l'inflation. Moi, je
suis convaincu qu'on va réduire. La Banque du Canada a dit : On veut
2 %... en 2024. Forcément, le taux d'intérêt va augmenter. La conséquence
de ça, c'est qu'il va y avoir un ralentissement économique. 2022 va être une
année qui va être moins bonne que 2021, mais somme toute, le Québec va être en
croissance. Donc, je ne vois pas de récession en 2022. L'enjeu, c'est la
population. L'enjeu, c'est les citoyens qui sont moins nantis, qui eux,
inflation à 5 %, 5,5 %, le salaire augmente de 3 %, là, tu as
perdu 2 % de pouvoir d'achat. C'est clair qu'il faut réagir à ça. Le
ministre des Finances a très bien réagi à la mise à jour pour les aînés et a
très bien réagi dans le budget pour le 500 $. Il va falloir suivre ça de
très, très près. Mais pour les entreprises, moi, je pense qu'on a encore un peu
de temps pour évaluer ce qui va se passer. S'il y a une récession, ça serait
probablement au début 2023. Et je ne prédis pas une récession, je n'ai pas
cette habilité-là, mais c'est clair que le taux d'intérêt a 2 %,
2,5 % pour le taux directeur à la Banque du Canada, l'impact sur le taux
d'emprunt, ça va frapper dur. L'inflation va baisser, ça, on va réussir, mais
de l'autre côté, ça va être compliqué pour les entreprises, là. Il va falloir
réagir. Et on est à l'aguets de ça, mais je pense qu'on a du temps pour réagir.
L'enjeu est plus pour la population.
Mme Perry Mélançon : O.K.
Toujours dans les freins au développement de nos PME, j'ai parlé de la
déduction aux petites entreprises, puis ça a mené, justement à discuter de
certains crédits d'impôt. Et c'est là que je veux peut-être amener, tu sais,
toute l'ironie de ce taux, de ce seuil de 5 500 heures
salariées pour accéder à des crédits d'impôt. Il en existe un pour la pénurie
de main-d'oeuvre, mais pour ça, pour pouvoir y toucher, il faut se qualifier à
ce taux de 5 500 heures
salariées, sachant qu'on a de la difficulté à avoir son bon nombre d'employés
parce que... avec cette raison-là, donc la pénurie de main-d'oeuvre. Pourquoi
est-ce que pour toucher un crédit d'impôt pour la pénurie de main-d'oeuvre, il
faut avoir le 5 500 heures?
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
ne veux pas être négatif, là, mais mon collègue et moi, là, le ministre des
Finances, le 5 500 heures
du FCEI, ça fait quatre ans qu'il tape sur ce clou-là, on va passer à un autre
appel. Il y a d'autres moyens de s'occuper des PME. On parle de ça, là, et il
répète le même enregistrement depuis quatre ans.
Mme Perry Mélançon : Non,
mais c'est 35 000... moi, je travaille pour des entreprises.
M. Fitzgibbon : Non, je
comprends, je comprends, mais ce que je peux vous dire, c'est qu'on est le
gouvernement qui a été le plus conscient de l'enjeu des PME. On est focalisés
sur ça. Je vous l'ai dit tantôt, on veut s'assurer que les PME soient
encouragées à investir en innovation. Ce que vous référez, avec le FCEI, là,
c'est un élément, un tunnel, là.
Mme Perry Mélançon : Oui,
mais là je ne suis pas sur la déduction, là.
M. Fitzgibbon : Excusez.
• (18 h 40) •
Mme Perry Mélançon : Ça vous
a... Je vois que ça vous a vraiment emporté.
M. Fitzgibbon : Oui.
Mme Perry Mélançon : Mais...
sauf que là, je veux dire, il existe des crédits d'impôt qui se basent
là-dessus. Je peux peut-être comprendre qu'il y a des raisons spécifiques pour
la déduction. Mais je ne m'entends pas vraiment sur les raisons. Mais là, on
parle d'un crédit d'impôt pour la pénurie de main-d'oeuvre. Mais là il faut
avoir calculé un certain nombre d'heures, alors que c'est ironique parce que
c'est sûr qu'on a... c'est la pénurie de main-d'oeuvre qui crée ce manque
d'employés.
M. Fitzgibbon : Je ne suis
pas sûr de comprendre votre question. Le crédit d'impôt relié à la pénurie de
main-d'œuvre?
Mme Perry Mélançon : Oui, il
existe un crédit d'impôt...
M. Fitzgibbon : Pouvez-vous
m'aider? Je ne suis pas familier avec ça.
Mme Perry Mélançon : Peut-être
quelqu'un pourrait nous dire.
M. Fitzgibbon : Qui est
fiscaliste ici? Je ne suis pas sûr. Je m'excuse, je...
Mme Perry Mélançon : O.K. On
va faire ce travail pour vous, et on reviendra.
M. Fitzgibbon : Parfait.
Mme Perry Mélançon : Pénurie
de main-d'œuvre, maintenant, toujours. Ça fait longtemps qu'on demande à ce
qu'il y ait un plus grand taux de régionalisation de l'immigration. Ça fait
même plusieurs crédits que je vous en parle. Qu'est-ce qui a été fait justement
pour un peu enlever le fardeau sur nos entreprises qui doivent faire tout le
processus, qui doivent payer des coûts assez faramineux pour aller chercher de
la main-d'oeuvre à l'étranger, les loger, les accueillir? Il y a une grosse,
grosse charge de travail qui repose sur les entrepreneurs eux-mêmes. Est ce
qu'on...
Mme Perry Mélançon : ...on
pourrait penser à un programme pour les accompagner, même payer certains frais,
même?
M. Fitzgibbon : Bien, tu
sais, c'est mon collègue, évidemment, comme vous savez... en fait, qui est
ministre de l'Emploi et du Travail et aussi ministre de l'Immigration, là, ça,
c'est... le timing est bon pour faire les deux en même temps. Et clairement,
avec Investissement Québec, avec Québec International... Investissement Québec
International, les missions de recrutement prennent place, les mandats sont
donnés à Investissement Québec International et accueilli par le ministère de
l'Immigration pour s'assurer que le recrutement se fasse pour les régions.
Donc, on essaie de recruter en région. Parce que c'est sûr que, si on va
recruter à Paris, c'est peut-être plus difficile de les envoyer à Gaspé passer
deux ans que si on les recrute à... Donc, c'est clair que les programmes, les
missions de recrutement de l'immigration sont ajustés. Et nous, comme
gouvernement, on est très ouverts à augmenter l'immigration en région, il n'y a
aucun doute, parce que ça va probablement permettre une meilleure intégration,
en tout cas, plus rapide de s'intégrer à Gaspé que s'intégrer à Montréal.
Mme Perry Mélançon : Mais
pourquoi on n'atteint pas nos seuils actuellement? Parce que le gouvernement
s'est fixé des cibles puis on est en deçà des cibles. Nous, on dit qu'il
faudrait envoyer 50 % de l'immigration économique dans nos régions, pas les
forcer, là, mais de les choisir en fonction de leurs intérêts déjà puis des
offres d'emploi sont disponibles. Pourquoi on n'arrive pas? C'est quoi qui ne
marche pas, là?
M. Fitzgibbon : Bien, tu
sais, je n'ai pas toutes les réponses, là. C'est sûr, durant la pandémie, il
n'y avait pas d'avion, là, ça fait que c'était difficile de prendre le premier
avion pour s'en venir ici, c'était compliqué, il y avait des enjeux, vous
savez, avec le fédéral, qui ont été résorbés. Je pense qu'il y a eu une bonne...
Mme Perry Mélançon : Ah! oui?
M. Fitzgibbon : Bien, en
partie. Il y a eu, en tout cas, il y a eu une complicité.
Mme Perry Mélançon : Il y a
une complicité?
M. Fitzgibbon : Pas au niveau
de la gestion, mais il y a une complicité, je pense, entre le
fédéral-provincial, sur alléger...
Mme Perry Mélançon : Est-ce
que vous avez entendu le premier ministre du Canada aujourd'hui en période de
questions?
M. Fitzgibbon : Non, je suis
ici, c'est malheureux, j'étais ici, je n'ai pas eu le temps de sortir.
Mme Perry Mélançon : Ça ne
s'est pas rendu à vous?
M. Fitzgibbon : Non, non,
mais on va parler d'autre chose, on parle de transférer le pouvoir de la... des
familles. C'est une chose, il a dit : Non, ça, je pense. Mais l'allègement
réglementaire entre le fédéral-provincial puis, bien sûr, sur... économique, je
pense qu'il a été... Donc, nous sommes conscients puis mon collègue au Travail,
l'Immigration en est conscient aussi. Et je pense qu'il y a une période
difficile, évidemment, là... sortis de la pandémie, et on réalise très bien, on
est sensibles aux besoins.
Mme Perry Mélançon : O.K. Je
pense qu'il y aurait beaucoup encore à faire dans certains programmes, là,
travailleurs étrangers temporaires, les contrats de travail, je sais que ce
n'est pas du tout réglé, pour faciliter la vie des travailleurs étrangers et
des entreprises. Mais on fera du pouce avec le ministre de l'Immigration. Le ministre
sait que l'entrepreneuriat et les PME, en général, c'est un monde plus
masculin. Ce n'est pas facile pour une femme de se partir en affaires pour
toutes sortes de raisons. La politique, c'est un peu le même concept, là, c'est
assez difficile de concilier la vie de famille, travail, puis souvent les
femmes vont même, tu sais, ne pas se lancer dans ce genre de secteur là pour
ces raisons-là. Qu'est-ce qui est fait par le ministère de l'Économie et de
l'Innovation pour spécifiquement encourager l'entrepreneuriat au féminin?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je suis entièrement d'accord avec vous, je pense que l'entrepreneuriat
au féminin, ça permet aussi d'augmenter le bassin d'entrepreneurs et de
repreneurs, parce que c'est un enjeu important pour le Québec. Deux choses.
Cette année, nous avons fait Evol, le Femmessor qu'on a reconduit et qu'on a
même élargi en termes d'étendue, en incluant la diversité plus largement
définie, Sévrine Labelle a eu des fonds additionnels, on a financé le
fonctionnement des vols et on a financé via un prêt avec d'autres institutions
financières. Donc, Mme Labelle, je pense, elle a clairement son coffre à outils
qui est très bien rempli. À ma connaissance, elle est très satisfaite de ce
qu'elle peut faire.
Et, au même moment, avec des fonds privés,
on a créé le fonds Accelia, deux femmes d'affaires québécoises, et c'est un
fonds qui a été un grand succès parce que plusieurs entrepreneurs québécois
masculins qui ont voulu participer à ce fonds-là, nous avons été... À Investissement
Québec, je ne sais pas quel pourcentage qu'on a mis là-dedans, là. Jonathan, on
a mis 30 %? 50 %. Bon, 50 % du fonds à Accelia, et on va en
faire d'autres.
S'il y a des femmes entrepreneures qui ont
vécu l'expérience... venez nous voir, pour qu'il y ait des fonds... Il n'y a
pas de limite, dans le sens que je pense que c'est un bassin important de...
Femmessor, Evol, on a mis 23 millions pour le fonctionnement puis
25 millions pour le financement. Donc, avec Accelia, a mis un autre... Je
pense qu'on a fait des bonnes choses, on a fait les choses qu'il fallait faire
puis on est ouverts à ça. Si...
M. Fitzgibbon : ...Investissement
Québec travaille étroitement, eux autres aussi, pour encourager non seulement
de créer des fonds, mais encourager aussi nos jeunes femmes entrepreneurs de
vouloir performer.
Mme Perry Mélançon : Tandis
qu'on est sur Evol, je n'ai pas beaucoup de temps qu'il me reste, mais
j'aimerais peut-être comprendre comment ça fonctionne, parce que, justement, il
y a le volet femmes, mais il y a aussi maintenant les... diversité, ethnique,
culturel, tout ça, mais qu'est-ce qu'il en est des enveloppes pour chacun? Tu
sais, comment que c'est réparti?
M. Fitzgibbon : C'est
combiné. Mais c'est clair que, Séverine est d'accord avec ça, Séverine
Labelle, c'est qu'on a augmenté son fonds de fonctionnement. On l'a augmenté
autant au niveau fonctionnement, au niveau de 25 millions. Effectivement,
on regarde la diversité ethnique, puis on regarde aussi au niveau du genre, et,
à date, ça fonctionne.
Mme Perry Mélançon : Personne
ne se plaint. Bien, pas «personne ne se plaint», mais c'est parce que je n'ai
toujours jamais trop compris pourquoi on avait tout mis dans Femmessor plutôt
que de partir quelque chose de...
M. Fitzgibbon : Bien, c'est
Séverine, c'est Sévrine Labelle. On en a parlé à plusieurs personnes. Moi, je
voulais augmenter l'étendue, parce que plus on a un fonds qui est large, qui
est important, plus on peut avoir des ressources. Donc, c'est un moyen d'avoir
des ressources additionnelles. Mais je peux vous garantir, si jamais, à un
moment donné, il y avait une problématique, parce qu'il y aurait trop de
projets puis le 25 millions n'est pas suffisant, on va en mettre
d'autres.
La Présidente (Mme IsaBelle) : C'est
tout? Alors, c'est tout pour cette période-ci avec la députée de Gaspé. Nous
poursuivons avec le dernier bloc, avec le député de Lafontaine. Il vous reste
19 min 38 s
M. Tanguay : Parfait. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et je vais me permettre de suggérer peut-être une
lecture. Je l'ai déjà fait pour le ministre. Je vais suggérer une lecture pour
ma collègue de Gaspé. Je l'invite à aller sur le site Web plq.org, d'aller
télécharger la Charte des régions du Québec. Et j'aimerais attirer son
attention sur les pages 20 et suivantes où en parle d'assurer une
immigration qui répond au mieux aux besoins, et ce qui est proposé :
«Conclure des ententes avec l'ensemble des régions du Québec afin qu'elles déterminent
leurs propres besoins d'immigration pour tenir compte de leurs réels besoins
dans tous les secteurs de la capacité d'accueil. Et nous nous assurerons -
parce que ça va avec une responsabilité - avec les acteurs du milieu concernés,
qu'ils ont les ressources et la flexibilité nécessaires pour bien accueillir,
intégrer et franciser ces travailleurs.» Alors, j'invite la collègue à aller
lire ça. Puis, si elle a des questions, bien, on se rendra disponibles. Et je
tiens à préciser que cette minute a été retenue et payée par l'agent officiel
du Parti libéral du Québec. On vous donne un avant-goût de ce qui s'en vient,
là. Je ne suis pas en train de dire que l'autobus est en train de tourner en
face du Parlement, mais on sera prêts.
• (18 h 50) •
J'aimerais qu'on porte une attention toute
particulière, je ne le sais pas, puis ce n'est pas parce que j'ai recommencé à
écouter Un chef à la cabane puis Les chefs, mais les restaurateurs, on peut
voir que 17 %, depuis 2020, ont fermé, ont cessé leur activité. Ça ne veut
pas dire qu'ils ont tous fait faillite, mais cessé leur activité. Je dirais, la
très, très grande majorité n'ont pas fait faillite, là, ont cessé leur
activité, 17 % depuis 2020. Et appliqué dans des régions de façon un peu
plus ponctuelle, l'Est-du-Québec a perdu 15 % de ses restaurateurs en deux
ans. On parlait, Ici Saguenay Lac-Saint-Jean, c'est des articles de
Radio-Canada, début d'avril 2020, Ici Saguenay Lac-Saint-Jean, au Saguenay
Lac-Saint-Jean, c'est 117 de moins qui n'ont pas survécu à la pandémie. Puis
c'est les chiffres de l'ARQ, l'Association restaurateurs du Québec. Et, pour ce
qui est du Lac-Saint-Jean, si on prend ce cas d'espèce là, du service aux
tables... des 117, là, c'est moins 59 avec service aux tables, commandes au
comptoir, moins 36, et traiteurs, moins 22. Puis on cite Martin Vézina, qui est
vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l'ARQ. Donc, en
termes clairs, c'est 2 428 restaurants service aux tables en moins au
Québec depuis les deux dernières années. Et ils ont eu, donc, des
préoccupations.
Puis ce n'est pas vrai que tous les
restaurateurs ont eu voix au chapitre avec les programmes AERAM et PAUPME. Il y
en a qui ont été refusés, qui ont fait des demandes qui ont été refusées
notamment. Puis là je ne veux pas tomber dans le débat qu'on ait eu avec le
ministre, mais certains se sont fait dire, puis la Vérificatrice générale avait
déjà souligné qu'il y avait disparité entre l'application d'une région à
l'autre, où, dans une région donnée, 97 % étaient acceptées puis dans une
autre, 65 % étaient acceptées. Je ne suis pas en train de dire que les
gens étaient de mauvaise foi, les gens étaient sûrement de bonne foi, mais les
critères ont été appliqués de façon non uniforme, si bien que, entre autres
dans le Vieux-Hull, j'ai eu vent de restaurateurs qui n'ont pas été... n'ont
pas eu voix au chapitre, n'ont pas été aidés, mais des restaurateurs qui sont
en affaires depuis 10, 15, 20 ans qui se sont fait dire : Bien,
écoutez, la viabilité de votre établissement est...
M. Tanguay : ...peut-être
pas assurer. Alors, quand ça fait 15, 20 ans que tu es en affaires...
Alors, mon point, une fois qu'on a dit ça, à la lumière de ce que le ministre
dit, on n'a pas de boule de cristal, mais si on parle, peut-être, potentiellement,
de récession début 2023, la première chose dans laquelle, et lorsqu'il y a
un ralentissement économique, les gens, les consommateurs vont couper, entre
autres, c'est le restaurant. Alors, il y a-tu une place pour les gens, là, les
restaurateurs qui vous écoutent, M. le ministre, là, une place particulière...
Je le sais, on ne refera pas le passé, AERAM, PAUPME, ça va se terminer
bientôt, il y aura... Il y en a qui n'ont pas eu voix au chapitre, il y en a
qui ont fermé. Puis je ne pense pas que c'est une bonne chose qu'une personne
ferme parce que, souvent, c'est son fonds de pension, puis il ne fera pas
faillite nécessairement, mais il va aller faire autre chose. Les employés, le
yoyo, ont quitté. Puis là, s'il y a une récession qui s'en vient, là, je veux
dire, ça va être la totale, là. Alors, il y a-tu de quoi de spécial pour nos
restaurateurs qui pourraient poindre?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, premièrement, je suis très, très sensible à la situation des
restaurateurs, il n'y a aucun doute. Je suis un très grand consommateur de
restauration. Je regarde ce que nous avons fait, puis, tu sais, je pense qu'il
faut reconnaître qu'on a été vraiment impliqués au niveau de la liquidité avec
les pardons. On a été impliqués, présentement, avec la numérisation, certains
vont en bénéficier. On s'est servi de l'ITHQ pour avoir un programme. Puis, la
main-d'oeuvre, on essaie d'aider aussi au niveau de la qualification dans les
cas des chefs, par exemple.
Alors, je regarde, néanmoins, aujourd'hui,
là, j'ai la feuille devant moi, pour l'AERAM, on a quand même octroyé
254 millions de prêts à 7 075 restaurants, duquel il y a eu
208 millions de pardons. Donc, du pardon, c'est que le gouvernement du...
les Québécois ont donné... ont subventionné 200 millions de dollars
pour les restaurants depuis le début de la pandémie. Je ne pense pas que c'est
banal. On a-tu dû faire plus? Peut-être, mais, à un moment donné, tu sais, il
faut faire attention parce qu'on gère l'argent de la communauté. Donc, moi, je
ne suis pas mal à l'aise de voir le constat, aujourd'hui, de la restauration.
Je suis d'accord qu'il y a des restaurateurs qui ont fermé.
D'ailleurs, on parlait des chiffres la
semaine passée, là, tu sais, je vous disais que... Mes chiffres étaient bons,
en passant, là, la source, vous aviez raison, c'est le Bureau du surintendant
des faillites, non pas de financières, je m'étais trompé l'acronyme. Mais les
chiffres démontrent qu'il y a quand même un 25 % moins de fermetures. Vous
avez noté, à juste titre, qu'il y a des permis... là, j'ai les chiffres ici, il
y a eu 2 886 permis de moins le 1er mars 2022 par rapport au
1er mars 2020, donc c'est depuis le début, depuis la pandémie. On a eu
2 800 restaurants qui ont fermé. La moitié, probablement, ou plus, ce
sont des restaurants qui ont décidé de fermer eux-mêmes. C'est désolant. Donc,
on a 28 000, on a 25 000 restaurants.
Donc, le constat, aujourd'hui, moi, je
suis à l'aise avec ce qu'on a fait comme gouvernement. Bon, aujourd'hui, ça va
très bien. Les restaurants, je pense qu'il n'y a pas grand monde qui doit avoir
de la difficulté aujourd'hui, certes. Certains ont des dettes, on va... Bien,
des dettes, tu sais, il y a 254 millions de prêts, 208 de pardons, donc,
des dettes, il n'en reste plus beaucoup, il en reste 50 millions sur
7 000 restaurants. Il va falloir adresser ça comme il faut pour
s'assurer qu'on ne mette pas en faillite des gens qui ne sont pas à payer le
résiduel de leurs prêts.
Maintenant, pour la question du futur,
bien, je pense qu'on va devoir s'ajuster. La récession, s'il y a une récession,
effectivement, puis je ne veux pas la prédire, il va falloir regarder il y a-tu
des programmes qu'on va remettre en place. Pour l'instant, on n'est pas là.
Pour l'instant, on regarde plus... pour la restauration, on regarde plus la
question de l'automatisation, la question de la numérisation, l'OTN. L'ITHQ,
s'il manque d'argent ou il y a trop de restaurants qui veulent appliquer pour
le programme, on va en mettre d'autres. Moi, je suis à l'aise, aujourd'hui, je
pense qu'on est à la bonne place puis on fait les bonnes choses.
M. Tanguay : Je vais y
aller en rafale parce qu'il me reste quelque chose comme 12 minutes. Ça
fait que je vais y aller en rafale sur différents dossiers. Canards du Lac-Brome.
Votre collègue Agriculture, Pêcheries et Alimentation a dit : «On est
certainement très équipés pour venir en soutien de façon ponctuelle à des
entreprises qui vivent de grands traumatismes.» Je vous rappelle, là, la
situation est que, dû à la grippe aviaire, ils ont dû abattre
200 000 oiseaux, 400 000 oeufs d'incubation ont été
détruits. Il disait, et là ce n'est pas lui, là, je cite l'article, là :
«Son cabinet, MAPAQ, et son ministère ainsi que le ministère de l'Économie et
de l'Innovation et Investissement Québec sont impliqués, mais la situation
étant "très, très préliminaire", entre guillemets, l'aide qui sera à
faire reste à déterminer.» Qu'en est-il quand on dit, entre autres... quand on
parle de plusieurs...
M. Tanguay : ...millions de
dollars, ça va prendre entre 15 et 20 millions d'aide extérieure, estime Angela
Anderson. Qu'en est-il dans ce dossier-là?
M. Fitzgibbon : Bien, la
personne qui est en avant de vous, avec le veston pâle...
M. Tanguay : Avant moi...
M. Fitzgibbon : Oui, il est
en contact directement avec la compagnie, il est en contact avec eux autres. Je
n'ai pas les détails, parce qu'on n'est pas rendu à l'approbation, mais c'est
clair qu'on a réagi très rapidement. Donc, Investissement Québec et le
monsieur, avec le manteau gris pâle, par la compagnie.
M. Tanguay : Quel est son
nom?
M. Fitzgibbon :
M Gignac.
M. Tanguay :
M. Gignac. O.K.
M. Fitzgibbon : Alors, il est
en contact. Je n'ai pas de détail sur qu'est-ce qu'on va faire, mais c'est sûr
que c'est une situation exceptionnelle, il est fort probable qu'on va vouloir
aider.
M. Tanguay : Est-ce qu'on lui
donne la parole à M. Gignac.
M. Fitzgibbon : S'il veut.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
M. Gignac, je vous invite à bien vous présenter avant de répondre.
M. Tanguay : Vous pensiez
vous en sortir...
M. Gignac (Jonathan) : Jonathan
Gignac, sous-ministre adjoint, Industries stratégiques et projets économiques
majeurs.
M. Tanguay : Comment ça va,
les discussions donc avec le MAPAQ, tout ça, là, est-ce qu'il y a un plan qui
est en train de s'orchestrer?
M. Gignac (Jonathan) : On ne
pourra pas vous donner beaucoup de détails, là, mais on est en train d'analyser
le dosssier le dossier avec le MAPAQ et l'entreprise.
M. Tanguay : O.K. Et est-ce
qu'il y a d'autres entreprises qui ont été touchées aussi?
M. Gignac (Jonathan) : Bien,
il y a d'autres entreprises de touchées, mais leur cas est quand même
particulier.
M. Tanguay : Moindre.
M. Gignac (Jonathan) : Il
n'est pas moindre, il touche plus leur chaîne de production au complet.
M. Tanguay : O.K. Alors, vous
êtes... O.K. Bien, merci pour l'information. Vous avez dit, monsieur le
ministre, puis je vais y aller avec la citation, vous allez me dire si vous
vous rappelez du dossier, vous avez dit dans un dossier : «J'espère voler
dedans en 2022-2023.» Yes! Alors, de quoi je veux vous parler?
1fit Flying Whales.
M. Tanguay :
Flying Whales, Fly me to the moon,
comme disait Frank Sinatra. Dirigeable-cargo, 60 tonnes, 2019, projet,
investissement de 30 millions. Des 30 millions qui ont été investis, 7 millions
devaient l'être à la filiale québécoise, Ottawa a bloqué. Pouvez-vous nous
faire un tour d'horizon en ballon?
M. Fitzgibbon : Oui, bien, je
pense que le ballon, tout va très bien, en fait. La pandémie, c'est sûr, ça a
affecté un certain retard. Le financement... il y a eu deux choses qui se sont
passées. Premièrement, la société Flying Whales française s'est départie son
actionnaire chinois... était actionnaire de la... n'était pas actionnaire
de... au Québec, mais, bon, assurément à cause du lien indirect, la compagnie
québécoise n'a pas été créée. L'investissement dans la compagnie québécoise ne
s'est jamais fait. Maintenant, on va la faire, parce qu'on a décontaminé la
mer... Et M. Bougon, c'est son nom, qui est le président de Flying Whales...
• (19 heures) •
Une voix : ...
M. Fitzgibbon : Oui, puis il
est... ici aussi, parce que le projet va avoir le support d'industriels
français, monsieur Bougon passe beaucoup de temps ici. Parce que la raison
pourquoi on avait travaillé avec eux autres, il avait reconnu l'avantage
concurrentiel que nous avions, nos ingénieurs, par exemple, et on a fait un
projet récemment... appel à projets dans lequel on a investi avec d'autres
sociétés. Donc, le projet a été retardé clairement, mais c'est un projet qui
m'excite autant que 2019.
M. Tanguay : Ah oui! Est-ce
qu'Ottawa a donné son approbation par rapport à ce qu'était jadis, la présence
de la compagnie chinoise, Ottawa avait dit non... Est-ce que ça s'est... est-ce
que le ciel s'est éclairci là-dessus, est-ce qu'Ottawa a dit : Oui, oui,
ils sont...
M. Fitzgibbon : On a
décontaminé l'entreprise quand... s'est départie de son actionnaire.
M. Tanguay : Oui, mais est-ce
que c'est suffisant aux yeux d'Ottawa?
M. Fitzgibbon : Bien, je vais
laisser monsieur donner la réponse.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Allez-y,
oui.
M. Bahan (David) : Mais le
délai pour que le fédéral bloque est dépassé, ça fait qu'il n'y a pas d'argent.
M. Tanguay :
Ah! O.K.
M. Bahan (David) : C'est ça,
le fait d'avoir enlevé l'actionnaire chinois, il n'y a pas eu de réaction du
fédéral.
M. Tanguay : O.K. Ça fait que
ça, ce nuage-là est écarté définitivement, là. O.K. Donc, quelle est la suite
des choses, êtes-vous en discussion, est-ce que ça va atterrir?
M. Fitzgibbon : Non, il va
décoller en premier, là, mais on va... le projet continue. Pratt & Whitney,
une compagnie qui travaille avec eux autres. Il y a un financement
additionnel... ce projet-là est un projet de multimillions de dollars,
projet qu'on va supporter dans dans la mesure où le prix va être là, comme tout
projet d'investissement d'Investissement Québec. On participe dans la mesure où
le privé va être là et le privé va être là. Donc, on va continuer le projet.
M. Tanguay
: J'ai hâte
de vous voir dans le ballon, peut-être un jour, avec... ça va faire des
bizarres de photos... en tout cas, si ça décolle, comme vous dites. J'ai
rencontré... puis ça, j'ai trouvé ça, une belle rencontre...
19 h (version non révisée)
M. Tanguay : ...passant, j'ai
remercié et salué Marc-Antoine Rioux, avec lequel je travaille, mon
recherchiste. Bravo! Merci beaucoup, Marc-Antoine, pour tout ce que tu fais.
Sans toi, ce serait pire, mon affaire. Alors, je vais dire ça de même.
Futurpreneur. On a rencontré, Marc-Antoine
et moi, des représentantes de Futurpreneur. Honnêtement, je ne les connaissais
pas, en toute honnêteté, et qui, vous le savez, M. le ministre, ont mis sur
pied, depuis plusieurs années, un programme, donc, de financement et de
mentorat, mentorat pour démarrer des entreprises. On parle de personnes de 18 à
39 ans. Ils ont déjà un partnership, Futurpreneur, avec BDC, eux vont prêter à
un taux sur cinq ans, là, un premier 20 000 $ à des taux très, très bons.
On parle d'un 3 %. Futurpreneur, 20 000 $, BDC peut accoter avec un
prêt distinct, 40 000 $, pour un 60 000$, démarrage d'entreprise. Et
portion particulièrement intéressante, deux années de mentorat qui sont
offertes.
Ils ont fait... Et, dans le passé, c'était
financé à hauteur de 6 millions par année. Je pense que ça a arrêté en
2017-2018. Ils n'ont pas eu de financement depuis. Qu'est-ce qu'on peut leur
dire? Parce qu'honnêtement 6 millions de dollars... Et puis je n'ai pas
les statistiques, je les avais notées, là, mais je n'ai pas mes notes, là,
mais, je veux dire, le remboursement est présent, là, ce n'est pas tout à fait
dénué de la réalité. Je trouve que c'est une belle formule. Est-ce qu'il
pourrait compter sur le 6 millions?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je ne suis pas familier avec le détail. Tout ce que je peux vous dire,
c'est que, dans la stratégie de la SQRI, justement, le côté incubation et fonds
d'investissement qui accompagne l'incubation... les incubateurs, plutôt, est
très important pour nous. Il y a 15 incubateurs dans lesquels on est investis
puis il y a des fonds d'investissement, des fonds de... qui vont là. Celui-là,
j'en ai entendu parler, je ne le connais pas personnellement. Mais il est clair
qu'on croit que l'incubation est importante, puis l'accompagnement humain est
important, et de partir les sociétés, ça va être au cœur de notre stratégie de
la SRQI, d'avoir plus de start-up.
M. Tanguay : Alors, je
voulais attirer votre intention parce que je m'étais engagé auprès d'elles à
vous soulever ça. Puis, honnêtement, là, deux personnes intelligentes,
brillantes, qui étaient très dynamiques, avec les chiffres à l'appui.
Et un peu à l'image de ce que vous disiez
par rapport aux fonds privés, il faut aller par des outils, des fois, qui nous
amènent ailleurs. Ça, je pense que c'est un outil qui vous permet d'atterrir
puis d'aller ailleurs. 6 millions, ce qu'ils demandent. Ça faisait partie des
demandes budgétaires. Ils ne l'ont pas vu dans le budget. Mais je me permets de
vous soulever ça. 6 millions par année sur trois ans, puis le retour sur l'investissement,
c'est extraordinaire, de ce que j'ai pu constater. Alors, je vous invite
peut-être à donner un tour de roue là-dessus, s'il vous plaît.
M. Fitzgibbon : On va regarder.
M. Tanguay
: J'aimerais
terminer sur l'aérospatiale, mais sur un aspect très spécifique : le
manque de relève en aérospatiale. Je vais citer ici Suzanne Benoit, P.D.G. d'Aéro
Montréal. Dans le journal, l'article de La Presse du 9 décembre 2021 : La
relève est loin d'être assurée dans l'industrie. Ouvrez les guillemets :
«Les jeunes ne s'inscrivent plus à l'École des métiers de l'aérospatiale. L'usine-école
de Montréal fonctionne à moins de 50 % de sa capacité. Même chose à l'École
nationale d'aérotechnique, se désole Suzanne Benoit. Toutes les formations, qu'elles
soient — puis ça, c'est l'article qui continue — liées à l'avionique,
à la construction ou à l'entretien d'aéronefs ne réussissent pas à attirer
assez d'élèves.» Et là on la cite : «C'est peut-être dû au fait qu'on a
tellement malmené pendant la crise, ça envoie des messages négatifs.» Fin de la
citation. «Aéro Montréal devrait lancer, en 2022, une grande campagne pour
faire miroiter les possibilités de carrière dans l'industrie.» J'aimerais vous
entendre là-dessus.
M. Fitzgibbon : Je suis
entièrement d'accord. Je pense qu'on est chanceux, néanmoins, parce que ma
grosse crainte, durant la pandémie, parce que l'aérospatiale a été très
affectée, rapidement... les enjeux avec Bombardier aussi, le négativisme qu'il
y a eu au Québec, qui, à mon avis, était exagéré, sur Bombardier. C'est une
industrie qui a un peu perdu, à un moment donné, ses lettres de noblesse, alors
que c'est un segment tellement important pour la création de valeur, création
de richesse.
Heureusement, durant la pandémie, on n'a
pas vu autant de migration d'ingénieurs en aérospatiale, aéronautique qui ont
migré dans d'autres secteurs industriels, qui était ma grosse crainte. J'aurais
été très déçu de voir des ingénieurs quitter le secteur parce que... ça a été
difficile, bon. Somme toute, même Bombardier a quand même maintenu un niveau d'activité
important.
Clairement, il faut faire un meilleur
travail avec nos jeunes pour promouvoir l'avantage de ce segment industriel là.
Quand on sort de l'ENA comme technicien en aérostructure, on gagne 65 000,
70 000 $ par année. Il n'y a aucune raison pour que nous ne puissions pas
augmenter ça. Et le travail va être important de la part des membres de la
grappe industrielle. Ce n'est pas le gouvernement qui va dire aux jeunes oà
aller étudier, c'est les joueurs de l'industrie, les AirBus...
M. Fitzgibbon : ...doit faire
un travail de sollicitation et on va supporter Aéro Montréal dans leurs
démarches pour promouvoir chez nos jeunes le bénéfice de travailler dans ce
secteur-là.
11
789
M. Tanguay : Et
dernier point pour les 40 secondes qu'il me reste. Je veux faire écho de
deux choses, puis je les mets ensemble parce qu'il me manque de temps, mais il
y a un lien quand même, là. On parle ici du défi, le manque de repreneurs. Les
plus récents indices Entrepreneurial Réseau Mentorat montre une diminution sur un
an dans les intentions de se lancer en entreprise, moins 17,6 %, démarches
de démarrage, moins 14 % et ainsi de suite. Et l'article, près de
66 % des propriétaires de PME, l'épuisement professionnel, la santé
mentale. La FCEI a rendu publiques ces données-là. Je voudrais laisser les
quelques secondes qu'il reste pour commenter là-dessus sur ce... permettez
l'expression, ce «mood»-là chez nos entrepreneurs, nos PME, là...
17
897
M. Fitzgibbon : ...très
important le repreneuriat et l'entrepreneuriat. Ma collègue, ministre déléguée,
va annoncer... La semaine prochaine? Dans deux semaines?
Une voix : Le mois prochain.
17
897
M. Fitzgibbon : O.K.,
le mois prochain, la nouvelle politique gouvernementale en matière
d'entrepreneuriat qui va couvrir le repreneuriat, parce que c'était important.
Vous avez raison, le nombre d'entreprises qui vont changer de main dans les
prochains cinq ans, on parle de 30 000,
là, 35 000 dépendamment
qui on écoute, il faut être prêt à former des jeunes qui vont vouloir reprendre
des entreprises et aussi entreprendre dans le cas où on parle de la recherche
publique qu'on veut mettre à la commercialisation. Donc, on est conscients de
ça. Et Mme Lecours... la ministre déléguée à l'Économie va piloter le
dossier et va annoncer un programme bientôt.
17
939
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Merci. Alors, nous poursuivons avec le dernier bloc du
gouvernement, il ne vous reste que quatre minutes. Et vite, et vite. Là, vous
en grugé, il vous en reste trois finalement.
12
165
M. Martel : Moi, j'ai
été très élogieux à l'égard du ministère pour le sport dans les zones
d'innovation. Mais vous avez parlé tantôt de Sylvie Pinsonnault, puis c'est
quelque chose d'important que vous avez réalisé depuis que vous êtes ministre,
de définir, mieux définir le rôle d'Investissement Québec avec le ministère.
Et, pour moi, ça contribue au succès de cette opération-là.
Je vais vous poser une question. Il ne me
reste pas beaucoup de temps, mais je suis obligé de vous poser une question sur
Bécancour. On sait qu'il y a des projets qui ont été annoncés importants. Déjà,
il y a Nemaska qui devrait avoir un projet, Nouveau Monde Graphite. On a
annoncé GM et BASF. Évidemment, on a les terrains, on a le port, on a tout ce
qu'il faut pour recevoir ça, mais ça va demander quand même des investissements
au niveau des infrastructures. Je pense entre autres à la voie ferrée, peux
être à l'élargissement d'une rue, peux être l'ajout d'un quai au port. Est-ce
que c'est dans votre intention de contribuer, là, financièrement à la
réalisation des infrastructures nécessaires?
17
897
M. Fitzgibbon : Tantôt,
M. le député de Lafontaine posait la question... largement définie où on
investit. Je pense que Bécancour, c'est un très bon exemple. Je pense que, pour
avoir une zone innovation éventuellement à Bécancour, ça prend une thématique
commune pour les joueurs qui vont être là, je pense qu'on s'en à la bonne place
avec monsieur Blanchette... de l'UQTR. Par contre, le parc industriel a besoin,
comme vous avez dit, pour toute l'expansion qu'on veut y faire, a besoin de
routes, a besoin de chemins de fer, a besoin d'aqueducs, a besoin de... Alors,
ça, c'est le travail du gouvernement. Donc, je pense que, dans ce cas précis
là, c'est là que nous devons intervenir pour que les entreprises veuillent
venir s'établir d'une part et, d'autre part, contribuer collectivement. Vous
avez beaucoup de travail à faire sur ça encore, c'est vous qui en êtes
responsable, de s'assurer qu'on ait une thématique qui soit commune aux
différents joueurs, que ce soit pour la recherche en hydrogène, que ce soit la
recherche de la batterie, une nouvelle batterie qu'on va voir... C'est aux
joueurs de financer ce projet-là, et nous, comme gouvernement, de donner une
bonne infrastructure. Alors, dans votre exemple, clairement, le rehaussement du
port... du... je devrais dire, les routes, aqueducs et chemins de fer vont être
à travers du gouvernement.
• (19 h 10) •
17
939
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Parfait, merci. Écoutez, il reste quelque temps. Je donnerais
la parole à notre scientifique en chef. Si vous vouliez prendre un 30 ou
40 secondes pour terminer, puis ensuite aussi le ministre et on pourra
terminer. Mais le scientifique en chef, je ne sais pas si vous voulez dire
quelques mots.
12
165
M. Martel : ...parlait
de Bécancour...
Une voix : ...peut être les
batteries, le ministre vient de mentionner, donc du côté des batteries...
17
939
La Présidente (Mme
IsaBelle) : Allez-y, c'est à vous.
Une voix : ...bien sûr, il y a
énormément encore à faire, beaucoup, beaucoup d'opportunités de recherche.
L'industrie s'en vient, le milieu académique est là. Il y a beaucoup
d'opportunités, donc, pour la relève dans ce secteur-là.
17
939
La Présidente (Mme
IsaBelle) : ...M. le ministre, si vous voulez terminer. Une minute,
max.
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M. Fitzgibbon : Oui,
trois choses. Merci aux membres de l'opposition, je pense qu'on... J'ai eu
quoi, 10 heures, 10 h 30 de crédits, là, ça a été assez long,
mais...
M. Fitzgibbon : ...en règle
générale, j'étais très satisfait. L'échange a été constructif. Alors, je
remercie tous les membres de l'opposition, même ceux qui ne sont pas là.
Je remercie évidemment les gens du
ministère de l'Économie. Je ne sais pas si les gens réalisent le travail qui
est requis pour préparer les réponses aux questions. Alors, merci beaucoup,
parce que, souvent, on paraît bien, mais on paraît bien parce qu'il y a des
gens qui nous donnent beaucoup des réponses aux questions, incluant la personne
à ma gauche.
Et j'aimerais aussi remercier les élus
aussi, là, M. Martel et monsieur... le député de Bécancour et d'Orford, qui ont
parlé beaucoup puis qui ont été très visionnaires de leurs commentaires.
Et, dernièrement, vous, Mme la Présidente,
parce que c'est la dernière fois, je pense... bien, c'est la dernière fois que
je vais être avec vous en commission parlementaire ou en étude de crédits, vous
quittez la politique. Vous avez fait un travail remarquable. Vous n'avez pas eu
trop à intervenir dans les chicanes entre les gens ici. Alors, c'est crédit à
vous. Je vous remercie de votre travail, puis bonne chance pour le futur.
La Présidente (Mme IsaBelle) : Effectivement,
j'ai eu une tâche facile. Alors, merci. Alors, le temps alloué à l'étude du
volet PME et Innovation des crédits budgétaires du portefeuille Économie et
Innovation étant presque écoulé, nous devons procéder à la mise aux voix. Le
programme deux, intitulé Développement de l'économie, est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Adopté
sur division. Le programme trois, intitulé Développement de la science, de la
recherche et de l'innovation, est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Adopté
sur division. Le programme cinq, intitulé Organismes dédiés à la recherche et à
l'innovation, est-il adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Alors,
adopté sur division. Finalement, l'ensemble des crédits budgétaires du
portefeuille Économie et Innovation pour l'exercice financier 2022-2023 est-il
adopté?
Des voix : ...
La Présidente (Mme IsaBelle) : Encore
adopté sur division. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition. Et, effectivement, merci pour votre belle
collaboration. Ça a été vraiment des échanges enrichissants et cordiaux.
Alors, écoutez, compte tenu de l'heure, la
commission, ayant accompli son mandat, ajoute ses travaux sine die. Merci à
tous et à toutes. Bonne fin de journée, effectivement. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 14)