Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
lunes 27 mai 2019
-
Vol. 45 N° 15
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique et d’autres dispositions à l’égard des services de l’éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans
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14 h (version non révisée)
(Quatorze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Asselin) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de l'éducation
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques. La commission est réunie
afin de procéder à des auditions publiques dans le cadre de la consultation
particulière sur le projet de loi n° 5, la Loi modifiant la Loi de l'instruction publique et d'autres dispositions
à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux élèves de
4 ans, âgés de 4 ans.
Mme
la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La
Secrétaire
: Oui, M. le Président. Mme Melançon (Verdun)
sera remplacée par Mme Sauvé (Fabre).
Le
Président (M. Asselin) : Très bien. Alors, cet après-midi, nous allons
débuter par les remarques préliminaires et nous entendrons Mme Carlyn
Rahynes, directrice à la petite enfance au conseil d'administration pour le
district 9 de la ville de New York, M. Richard Leonard. On va
entendre aussi l'Association québécoise de la garde scolaire, le Conseil
québécois des services éducatifs à la petite enfance et la Confédération des
syndicats nationaux.
Je
voudrais d'abord, avant de passer à Mme Rahynes, je voudrais céder la
parole au ministre de l'Éducation pour ses remarques préliminaires. Vous
disposez de six minutes, M. Roberge.
M.
Roberge : Merci bien, M. le Président, bien content de vous voir. Je
vais prendre une minute pour saluer tous mes collègues de la partie
gouvernementale, merci d'être présents et présentes. Pareillement pour mes
collègues des partis d'opposition, bien content d'être avec vous aujourd'hui.
Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui nous écoutent, c'est un projet de loi
qui suscite beaucoup d'intérêt. Je veux remercier à l'avance tous ceux et
toutes celles qui vont venir éclairer le débat, nous donner des arguments et nous
aider, au fond, en tenant compte de tout ce qui sera dit à réussir cette
implantation. Parce que nous allons réussir cette implantation, M. le
Président, parce qu'on le fait tout simplement pour les bonnes raisons. On le
fait dans l'intérêt des enfants. On le fait parce qu'on croit à l'égalité des
chances. On le fait parce qu'on croit qu'il est nécessaire d'investir dans la
plus tendre enfance, comme on dit, d'agir tôt pour prévenir plus tard les
écarts. On souhaite qu'à l'entrée de la première année, quand les enfants
auront six ans, bien, ils auront toutes les chances de réussir leur parcours
scolaire, toutes les chances de prendre leur place dans la société québécoise
et dans le monde. Et vous savez, le statu quo est très dur avec nous. En ce
moment, il faut bien se le dire, à peu près 33 % des enfants qui
sont vulnérables obtiennent leur diplôme d'études secondaires. Voici ce qui se
passe à 16, 17, 18, 19 ans si on ne change pas le système. Et plus tôt que
ça, à l'entrée de la maternelle, à peu près 27 % des enfants arrivent en
maternelle en étant vulnérables dans au moins un domaine de développement. On
pourrait dire : Oui, mais c'est une photo, ça, ça va en s'améliorant.
Bien, non, ça va en se détériorant. Donc, le système, tel qu'on le connaît,
nous fait reculer.
Alors, il y a
des choses qui se font bien et on va continuer de les faire, il y a des choses
qui se font bien dans notre réseau de services de garde à la petite enfance.
Mon collègue, le ministre Lacombe, investit énormément de temps, d'énergie, et
il y aura des fonds publics aussi qui seront là pour améliorer les services
dans notre réseau de services de garde éducatifs, pour améliorer les suivis
entre ce qui se passe entre la famille et les réseaux de services de garde
éducatifs. On va déployer le réseau des CPE, hein, on veut ajouter d'ici, je
crois, deux ans, plus de 10 000 places en CPE. C'est très bien, mais
ce ne sera pas assez parce qu'il y a plus de 40 000 enfants qui
attendent une place en CPE.
• (14 h 10) •
Il y a un réseau
encore marginal au Québec, c'est le réseau des maternelles quatre ans. Et mes
collègues des partis d'opposition, je pense qu'ils croient dans ce réseau-là,
parce qu'en 2013, il y a un projet de loi qui a été adopté à l'unanimité à
l'Assemblée nationale, un projet de loi qui a été déposé et adopté, alors que
c'était le Parti québécois qui était au pouvoir, pour déployer le réseau des
maternelles quatre ans dans les milieux défavorisés, temps plein, TPMD, temps
plein milieu défavorisé. Je pense que c'était une bonne chose, c'était un
bon...
M. Roberge : ...à l'unanimité à
l'Assemblée nationale, un projet de loi qui a été déposé et adopté, alors que
c'était le Parti québécois qui était au pouvoir, pour déployer le réseau des
maternelles quatre ans dans les milieux défavorisés, temps plein, TPMD, temps
plein milieu défavorisé. Je pense que c'était une bonne chose. C'était un bon
premier pas. C'était certainement une bonne idée de le déposer.
Maintenant, c'est le temps de l'étendre à
l'ensemble du Québec. Pas de l'obliger, il n'est pas question d'obliger
personne à fréquenter la maternelle quatre ans, mais il faut libérer des
possibilités. Il faut offrir cette opportunité à l'ensemble des enfants, à
l'ensemble des parents. On veut que, dans cinq ans, pas demain matin, pas en
septembre prochain, ça serait trop rapide, mais on veut qu'à l'intérieur de
cinq ans, bien, tous les parents aient cette opportunité — c'est pour
ça qu'on l'appelle l'universalité d'accès — tous les parents aient
cette opportunité d'inscrire leurs enfants en maternelle quatre ans temps
plein.
On veut le faire parce qu'il y aura dans
ces maternelles quatre ans un programme extraordinaire, un programme cycle
intégré pour les enfants de quatre ans, qui ensuite poursuivent leur
apprentissage en maternelle cinq ans. Un vrai cycle d'apprentissage,
apprentissage par le jeu. Parce que, vous savez, il y a... L'idée de
l'apprentissage global, c'est simplement de faire jouer les enfants. Il y a
l'idée d'une scolarisation hâtive, qui est vraiment de forcer les jeunes à
apprendre des notions. On n'est ni d'un côté ni de l'autre.
On est pour une approche mixte. Ça veut
dire socialisation, gestion de ses émotions, apprendre à attendre son tour, tout
simplement. Ensuite, le développement moteur des enfants, qui est nécessaire
aux apprentissages par la suite. Puis, oui, un peu en maternelle quatre ans, bien
sûr, ça commence, plus en maternelle cinq ans, eh bien, par le jeu encore, par
des comptines, par toutes sortes d'activités ludiques, bien, des prémathématiques,
du dénombrement, des choses comme ça, et de la prélittéracie. C'est qu'on
approche... on appelle l'approche mixte, l'approche équilibrée. C'est cette
approche qui a fait ses preuves. C'est cette approche qui est implantée en ce
moment à New York, sur laquelle ils misent sur le «social
emotional». Après ça, développement global, etc. C'est ça aussi qu'il y
a en Ontario.
On ne jouera pas aux apprentis sorciers
avec nos enfants, M. le Président. Il s'agit d'implanter ici, chez nous, quelque
chose qui a fait ses preuves chez nos voisins, pas en faisant du copier-coller,
parce que c'est toujours une erreur d'essayer d'implanter au Québec un modèle
de l'extérieur, mais en l'interprétant à notre façon, en le faisant avec nos
acteurs à nous, avec un comité sur lequel siègent des Québécois d'une grande
expertise, pour avoir un vrai programme d'apprentissage par le jeu, un vrai
programme cycle qui sera piloté par un duo de feu enseignante et éducatrice, quelque
chose qu'on ne peut avoir que dans nos maternelles quatre ans.
Le Président (M.
Asselin) : Je vous remercie beaucoup de vos remarques
préliminaires. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle
en matière d'éducation et d'enseignement supérieur et députée de Saint-Laurent
à faire ses remarques préliminaires pour une durée maximale de quatre minutes.
À vous la parole.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. En parlant de duo de feu, je me serais attendue de voir le ministre
de la Famille pour avoir un vrai duo de feu.
Alors, commençons. Nous sommes en ce
moment avec la maternelle quatre ans, je rappelle, qui était le projet phare du
gouvernement de la CAQ. Lorsqu'en campagne électorale, M. Legault, le premier
ministre actuel, avait dit : Moi, s'il y a un enjeu qui m'importe, c'est
la maternelle quatre ans, il avait chiffré sa promesse à une centaine de
millions de dollars puis par la suite...
Nous, on a fait nos devoirs, hein? Vous le
savez, M. le Président. Mon collègue, qui était à l'époque le ministre des
Finances, ses mots, je m'en rappelle comme si c'était hier. Quand il a dit son
250 millions, j'ai dit : D'où sort ce chiffre? J'appelle mon
collègue...
Une voix
: ...
Mme Rizqy : Alors, j'appelle
mon collègue, qui est, à l'époque, le ministre des Finances, le député de
Robert-Baldwin. Nous, on l'a chiffré à 2 milliards. À ce moment-là, en
élection : Mais non, ça ne coûtera pas 2 milliards. Vous exagérez,
disait-il, hein, le premier ministre en devenir. Et finalement, oui, nous y
sommes. C'est 2 milliards, M. le Président. 2 milliards de dollars
bien investis dans l'éducation, là, j'en suis, tout le monde aime ça. Mais
2 milliards investis dans du béton, dans des classes qu'on ne sait pas si
elles seront remplies ou vides, ça, non. Ça, on est contre.
Quand on parle d'agir tôt, M. le
Président, n'importe quand, nous, si on a un projet de loi déposé devant nous,
qui va vraiment aider les jeunes enfants du Québec à l'égalité des chances,
nous allons voter pour. Mais en ce moment ce projet de loi n'aide aucunement à
l'égalité des chances. Je vais vous expliquer pourquoi. Maternelle quatre ans,
lorsque ça a été déployé fin des années 90, c'était pour justement donner une
occasion de pallier à un manque, à un enfant, par exemple, qui vient d'un
milieu défavorisé, qui n'a pas eu l'occasion d'être dans un service de garde ou
dans un CPE.
Par exemple, la députée qui vous parle
présentement. Dans l'est de Montréal, vous savez, il y a des quartiers,
Hochelaga...
Mme Rizqy : ...maternelles
quatre ans, lorsque ça a été déployé, fin des années 90, c'était pour justement
donner une occasion de pallier à un manque. À un enfant, par exemple, qui vient
d'un milieu défavorisé, qui n'a pas eu l'occasion d'être dans un service de
garde ou dans un CPE.
Par exemple, la députée qui vous parle
présentement. Dans l'est de Montréal, vous savez, il y a des
quartiers — Hochelaga — un peu plus défavorisés. Moi, ma
mère, elle ne parlait pas le français, pas d'éducation, zéro, rien. Elle est
arrivée ici, elle a appris par la suite. Mais vous comprenez que moi, on m'a
mise dans une maternelle quatre ans en milieu défavorisé. Ça a aidé énormément.
Et par la suite, savez-vous quoi, je me suis rendue à l'université, j'ai eu un
doctorat. Égalité des chances, rêve pour tous. J'ai même réalisé d'autres
rêves, je suis devenue parlementaire.
Et là, maintenant, je suis ici avec vous.
Et qu'est-ce qui me déçoit, c'est que moi, je suis présente, mais je me tourne
puis je vois des gens de New York, mais je ne vois pas le Dr Chicoine, qui lui,
c'est un Québécois d'ici, un spécialiste de la petite enfance qui passe son
temps à diagnostiquer. Qu'est-ce que je vois aussi : hé! je n'ai pas
l'Association des garderies privées, je n'ai pas la CSD, je n'ai pas les
commissions scolaires, qui ont demandé...
Puis nous, on s'est battus pour les avoir,
les commissions scolaires... parce qu'en fin de journée il faut qu'ils
travaillent tous ensemble. Il a parlé de duo de feu : les enseignants, les
éducateurs. Bien, c'est drôle, parce qu'il a fallu qu'on se batte pour avoir la
CSN. La CSN, là, représente 10 500 travailleurs dans 400 CPE, et
3 200 responsables de services de garde en milieu familial. Il a fallu
qu'on se batte jusqu'à vendredi pour finalement qu'ils puissent venir
aujourd'hui. On est lundi. Moins de 48 heures. Bien, ce n'est pas grave, ils vont
être là.
Mais je comprends que, quand on n'arrive
plus à avoir d'alliés au Québec, il faut aller en chercher à l'étranger. Donc,
on reçoit ceux de l'extérieur. Mais on ne peut pas recevoir notre monde au
Québec. Je trouve ça très dommage, parce que c'est important de savoir d'abord
et avant tout quel est l'état de situation au Québec. Et, avant de dire qu'on
va prendre les modèles extérieurs, moi, j'aurais invité le premier ministre,
avant de faire sa grande promesse, d'aller justement visiter New York, d'aller
justement en Ontario, visiter. Il a même parlé de la France; mais qu'il aille
en France visiter, avant, pas après. Parce qu'habituellement, quand on
attache comme il faut nos affaires et qu'on fait nos devoirs, bien on fait tout
ça avant, pas après coup, quand on se rend compte qu'au final, bien, cette
solution, les Québécois, les sondages démontrent qu'ils n'en veulent pas. Le
réseau de l'éducation, la véritable priorité, savez-vous c'est quoi, M. le
Président?
Le Président (M.
Asselin) : Non, mais...
Mme Rizqy : Trouvez des
enseignants. C'est ça que ça prend.
Le Président (M.
Asselin) : Parfait. Mme la députée de Saint-Laurent, je vous
remercie beaucoup pour vos remarques. Le quatre minutes est échu. J'invite
maintenant la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière
d'éducation et députée de Sherbrooke à faire ses remarques préliminaires. Vous
disposez, malheureusement, d'une minute.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Écoutez, oui, c'est vrai, nous, on croit au projet de maternelles
quatre ans en milieu défavorisé. C'est un projet qu'on a appuyé dans le passé
et qu'on appuie toujours. Quelque chose qui me dérange beaucoup avec le projet
qui est sur la table en ce moment, c'est qu'on perd de vue l'objectif qui était
à l'origine des maternelles quatre ans en milieu défavorisé de s'adresser
principalement, justement, à ces enfants-là qui ont effectivement plus de
facteurs de vulnérabilité.
Je pense qu'on devrait en premier déployer
des maternelles quatre ans dans ces milieux-là défavorisés. Et ce qui
m'inquiète, c'est qu'avec le projet de loi qui nous est présenté, ce que le
gouvernement veut aller obtenir, c'est le droit de déployer ces maternelles-là
à peu près n'importe où, alors que sa cible est maintenant de
l'offrir à 50 % des enfants. Je pense que ces enfants-là qui
devraient être priorisés, ça devrait être ceux qui sont en milieu défavorisé.
Et en ce moment c'est comme si le gouvernement souhaite se décharger de cette
responsabilité-là d'offrir les maternelles quatre ans à temps plein en milieu
défavorisé en premier. Donc, ça m'inquiète beaucoup. Je vais m'arrêter ici.
Le Président (M.
Asselin) : Donc, malheureusement, c'est terminé. Je vous
remercie beaucoup. J'invite maintenant la porte-parole du troisième groupe
d'opposition en matière d'éducation et députée de Joliette à faire ses
remarques préliminaires pour un maximum d'une minute.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, de notre côté, eh bien, nous partageons
la priorité que le gouvernement accorder à l'éducation et aussi l'importance de
se donner comme objectif d'accompagner le mieux possible les enfants du Québec
pour qu'ils puissent se développer, s'épanouir et réussir le mieux possible.
Or, on aurait aimé, comme nous le
demandons depuis des mois, qu'aujourd'hui, à l'ouverture des consultations, le
ministre nous déposer enfin le plan de déploiement de ce projet du gouvernement
de maternelles quatre ans, et comment il va s'articuler en complémentarité avec
les CPE, avec les services de garde éducatifs et avec le projet du collègue des
Services sociaux, de dépister le plus tôt possible, donc en faisant des
passerelles entre les services de garde éducatifs, les ressources en CLSC, les
experts, et non pas seulement à quatre ans.
Donc, évidemment, ce qu'on pense qui est
le fondamental, c'est de partir des besoins des enfants et non pas d'une idée
fixe.
Le Président (M. Asselin) :
Merci beaucoup.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup.
• (15 h 20) •
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup. Je voudrais souhaiter la bienvenue
aux représentants du district 9, du conseil d'administration, pour la ville de
New York, qui est représenté par Mme Rahynes, et M. Alvarez, qui est un de ses
directeurs. On va...
Mme
Hivon
:
...d'une idée fixe. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Asselin) :Merci beaucoup. Je voudrais
souhaiter la bienvenue aux représentants du district 9... du conseil
d'administration, pour la ville de New York, qui est représenté ici par Mme
Rahynes et M. Alvarez, qui est directeur. On va procéder à un échange avec les
membres de la commission. Je vous invite à vous présenter...
Oui, c'est vrai qu'on a 10 minutes
d'exposé avant ça, qu'on a le droit de demander au ministre la parole.
Non. Alors, on a 10 minutes pour vous,
pour vous laisser prendre votre temps, et après ça on va échanger.
So, Mr. Alvarez is coming here and Mme
Rahynes will talk. We know them.
Mme Rahynes
(Carlyn) :O.K. Good afternoon and thank you for having us here today. In today's world, we learn from each
other, and our sole purpose today is to share some of the practices that we've
had in New York City. We are not here to say : Implement what we have in
New York, but we want to inspire you of what could be when we invest in all of
our children.
In 2015, our mayor made
the announcement in April that we were going to have Pre-K for All, which meant
every four-year-old in New York City would have free quality pre-k available to
them and their families. He made the announcement in April, the program was
implemented in September. We were like : Wow! We have four months to get
this program started. How do we do this?
Our first thing
was : How would the families know? Because the families were our priority.
We wanted them to know that this was open to all of them. So, we had
advertisements in the subway system, on buses, we made phone calls, we visited
parks. We found all the ways that we could so that families know that this
would be available to them.
Our next thing was :
How would we get teachers? Because now we have all of these children. How are
we going to have teachers to serve them? One of the things that we had was a
pathway system, because we did have some teachers that were still in school,
but they did not have all of their credentials of certification. So, we set up
systems which allowed them to teach while still getting their credentials,
because we had all of these young children that will be coming to us in
September and a four-month period of having a teacher stand before them.
M. Alvarez
(Rafael) : We also implemented a system for
the teaching assistants. So, teaching assistants who were in the classrooms
with the teachers were provided opportunities with stipends to be able to go to
school in the evening so that they can themselves become teachers in the
future, investing in the staff that we currently had to build the capacity of
our working force.
Then, we thought about
some infrastructure, so we knew that infrastructure was a concern, and so what New York City did is : we provided
Pre-K for All in different locations, such as faith-based organizations; we
went with funding for new locations such as local storefronts; and then we also
thought about where were the existing spaces within schools that were being
utilized for things such as storage or such as a second lunch room for staff,
we then converted those into actual classrooms that were actually originally created for classrooms and provided space for
students to be able to be received at the school level.
Mme Rahynes
(Carlyn) : Then, the next thing was curriculum, O.K., what are the
teachers going to be teaching the children. So, our curriculum writers created
a curriculum. But, with this curriculum, we went by the standards of our State.
However, within the curriculum, it allowed the children the freedom to explore
while having our standards being met.
Also, we had to provide
professional development for the teachers, because we have these brand new
teachers with a new curriculum. How can we support them? So, we provide...
Every Monday, they get an hour and a half of professional development which
they are trained towards the curriculum. We also have mentors which are teachers
that have many years of teaching, seniority, and they would support and guide
the new teachers in the classroom as well as out of the classroom.
M. Alvarez
(Rafael) : So, it's also important to know what our data assured. And
so, this year... Excuse me. Last school year was the first year that those
pre-k students, when we started the program, were in the pre-k classes. Their
third-grade scores, which are the first standardized assessments that they
receive from our State, was at 39 %, which was an
increase of nearly 20 % on students on
standardized tests. In other words, what we provided them in pre-k through our
pre-k program, Through Learning, Through Play, implementing...
M. Alvarez (Rafael) : ...scores, which are the first standardized assessments that they
receive from our state, was that 39 % which was an
increase of nearly 20 % of students on standardized tests. In other words,
what we provided them in pre-k, through our pre-k program, through learning
through play, implementing it into kindergarten and across for second, by the
time they got to third grade, because they came to school prepared and ready,
they were able to be successful by 20 % greater than the students who
didn't have those particular services.
Mme Rahynes (Carlyn) :
And as we said, we're just trying to share the practices that worked for us. Of
course, you will tell it to your children, to your families, and that's another
big component of our Pre-k for All. Our families play such a key, key, key role
in the implementation of this Pre-K for All. We listen to what the parents
need, what they want, we're not only there to serve the children, but for our
parents. We have a parent association in which the parents have a voice and
they can let us know what are some things that they would like to see within
their schools. They get supported as well. Also, there are... we, also, in our
district; we are the lowest congressional district in the State of New York
which means we have a lot of low income families, so there are a lot of
situations. We have families that live in shelters, so we have social workers
and programs to support the families. So within this program, it's not only
about the children, but it's also... we're also there to support the families.
M. Alvarez (Rafael) :
Within our district, we have a variety of... socioeconomic status in our
district, and what we've been trying to do is balance that. And so one of the
things that we've been able to do by having Pre-K for All, it gives the options
for parents to choose. We haven't taken away daycares; we haven't taken away
the community based on pre-k programs as well. What we have done, is we've
enhanced the pre-k program by putting knowledgeable educators that would
actually understand the development stages of the children while supporting
them instructionally. So the program is still learning base, play based, it's
not curriculum instruction, but when we say units of study, the units of study
are actual different units that we focus on. For example, transportation would
be a unit that they would study over a course of time, so when they go to the
drama center, when they go to the place center, the block center, the art
center, the painting center, all these different centers are aligned through
transportation so that students are being exposed to the curricular
understanding.
One of the things that we
want to know, is that, to enter kindergarten in the United States, particularly
in New York, children have to come in with 25 000 vocabulary words to be
able to be on grade level and be successful by the time they get to first,
second and third grade. Through the use of pre-k, we've been able to close the
gap of the vocabulary that children need to enter with allowing them to be more
successful when they have to go to compulsory education.
Mme Rahynes
(Carlyn) : And because our program was so successful, the mayor has
now implemented 3-K for All where we now have students that are entering school
at 2.9, and it's the same thing, it's all play base and then they continue on
the pre-k and then all the grades forward.
Le Président (M.
Asselin) : It's still two minutes, it's OK?
Mme Rahynes
(Carlyn) : It's fine.
Le Président (M.
Asselin) : Well actually, on va débuter la période d'échange
avec le ministre de l'Éducation pour commencer. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Roberge : Combien de temps,
M. le Président?
Le Président (M.
Asselin) : 16 minutes. Sixteen minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Je vais commencer cette période-là, mais si mes collègues veulent
intervenir, ça me fera plaisir de leur permettre aussi d'échanger.
D'abord, je vous remercie énormément
d'être venus ici pour échanger avec l'ensemble des parlementaires, qu'on puisse
voir ce qui vous a influencé, les résultats que vous constatez et peut-être
même tirer des leçons, des choses qui ont peut-être moins bien été à certains
égards. Mais juste voir, je veux revenir sur une mesure. Vous savez, on a bien
mesuré l'efficacité de ce qu'on fait pour voir si effectivement il y a des
impacts favorables à ce que vous avez fait. Et vous avez parlé tout à l'heure
d'augmentation de succès scolaire, de réussite, mais on appelle ça la réussite
éducative, ce n'est pas seulement des notes. Est-ce que vous pourriez me parler
encore davantage de qu'est-ce que vous voyez comme impact positif sur les
élèves qui ont passé ou qui ont bénéficié de la maternelle quatre ans?
Qu'est-ce que vous constatez chez ces enfants-là en termes de résultats? Et
puis nous préciser davantage dans quelle matière? Ou qu'est-ce que vous voyez
comme impact positif chez ces enfants-là?
• (14 h 30) •
M. Alvarez (Rafael)
: So, in terms of entering school, one
of the things that happens when they enter in kindergarten…
14 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...chez ces
enfants-là en termes de résultats et puis nous préciser davantage dans quelle
matière? Ou qu'est-ce que vous voyez comme impact positif chez ces enfants-là?
M. Alvarez (Rafael) :So, in terms of entering school, one of the things that happens when
they enter in kindergarten is that they come not ready because some families
either have daycare or do not. And so, when they come into kindergarten, it's
all about systems and structures that have to be put in place.
Schools were spending
about a month to month and a half of implementing systems and structures to
prepare a school for children who were not ready to actually perform at
academic level. What the pre-k does is it provides the opportunity for students
to learn some structures while they are learning through play, but also learn
some of those structures that are necessary to be successful.
As they enter into
kindergarten, we have seen a huge reduction in the number of behavior
incidences that have occurred with particular students. We saw a huge reduction
in the number of special need services that were necessary for students to be
placed in kindergarten. In other words, there were less initial evaluations
that were necessary for students because of what are their behavior or their
academics because, when they were coming into kindergarten, they were already
prepared with basic fundamental skills such as phonemic awareness, some phonic
skills. They came with some letter, number recognition at the preschool level.
When the entered into
kindergarten, because they had those particular abilities, and we did have a range
of those abilities, but because they came in with some of those abilities, it
increased their level academically, reduced the number of socioemotional needs
and concerns, well, also addressed the implication of academic success moving
forward.
M. Roberge : Quand j'ai visité
vos écoles et ...ou les classes de maternelle quatre ans et cinq ans, j'ai
constaté que c'était... ça n'avait pas l'air d'une classe d'école. On ne voyait
pas des bureaux enlignés avec des enfants assis derrière chacun de leur pupitre
puis une enseignante devant un tableau, devant la classe. Certains ici, au Québec,
ont peur qu'en implantant une maternelle quatre ans on fasse une scolarisation
hâtive, qu'on empêche les enfants d'être des enfants, qu'on les empêche de
jouer.
Alors, ma question, ça serait : Est-ce
que vous n'avez pas peur qu'avec la maternelle quatre ans vous empêchiez les
enfants d'être heureux, d'être des enfants de quatre ans, de jouer, de
s'amuser, en les forçant à devenir de petits élèves qui apprennent des choses
et qui... et qu'on force dans des matières académiques? Vous n'avez pas cette
crainte-là?
Mme Rahynes (Carlyn) : Non. Children, they learn and they develop mentally through play. We had
a unit on insects, and the children learned about the different parts of
insects. We had little toys that were shaped like insects. So, the children
were able to play, but also identify the parts of the insects.
So, it's language development at its finest. As the children
are playing, the teachers are asking them questions. What do you think about
that? So, they are exploring, learning, and it really shows that it works. It
is structured in the sense of their... in the sensors based on the unit, but
the children have the freedom to explore. So, today, I want to play in the
sand. I want to learn about sand. I want to learn about the beach. I want to
learn about water. Then, they can go into the kitchen and pretend that they are
cooking something with water. And, again, having those conversations and asking
the children what are questions, like: What can you do with this water? What
can you tell me about the water? What are some things that you love about
insects? So, it gives the children the ability to speak and guide the
curriculum.
M. Alvarez
(Rafael) : The curriculum requires... When the
children go into what you consider kindergarten and first grade, the curriculum
requires students have interactions with each other, and have conversations,
and learn how to interact with each other in terms of working on projects and
things like that.
In the pre-k program that
we have, that is exactly what it does. It teaches students to social
developmental skills that are necessary to interact with each other, to compete
respectfully and responsibly, but also becoming model citizens at an early age,
so they understand the differences between working in a group versus working
independently, and they learn those particular skills that help them become
more successful as they move up into older grades.
M. Roberge : Donc, je
comprends que les jeunes explorent, découvrent, se développent et apprennent
par le jeu, par des jeux qui sont parfois guidés, qui sont parfois libres, mais
dans un milieu qui est stimulant, ou alors parfois des jeux qui sont guidés par
les enseignants qui sont dans la classe, puis on les laisse être des enfants.
Est-ce que dans vos classes le mobilier
est adapté? Est-ce que vous considérez que l'environnement de la classe...
c'est possible d'avoir un environnement dans une classe mais qui est adapté à
des tout-petits de quatre ans, la hauteur des tables, la hauteur des chaises? Est-ce
que c'est possible d'avoir ça dans une école?
Mme Rahynes (Carlyn) : Absolutely.
Environment is the number one...
M. Roberge : ...est adapté? Est-ce
que vous considérez que l'environnement de la classe... c'est possible d'avoir
un environnement dans une classe mais qui est adapté à des tout-petits de
quatre ans — la hauteur des tables, la hauteur des chaises? Est-ce
que c'est possible d'avoir ça dans une école?
Mme Rahynes (Carlyn) :Absolutely. Environment is the number one
key for when the children come in. There are structures. So, in the morning,
they have a morning meeting with the children sitting on the carpet. And the
teacher may read a book to them. And then, they are... they go into their
centers and explore. But there are multiple opportunities throughout the day to
have the structures as well as the freedom.
M. Roberge : Très bien. Quand
ça a été le temps de développer le réseau au début, dans les premières années, évidemment
les gens n'étaient pas au courant de l'offre de la maternelle quatre ans. Est-ce
que vous avez attendu que les gens se rendent à l'école pour s'inscrire ou bien
vous avez pris des moyens pour informer les gens? Et quels moyens vous avez
pris pour informer les gens de New York que ce service existe?
Mme Rahynes (Carlyn) :So, we did have teams of people, they would go the playgrounds where
families were. They'd set up tables, they'd give out literature. We made phone
calls in our schools that have the upper grades. We knew that there were
siblings that would be four year olds, so we would contact the families. We set
up... they call them enrollment fairs, where we'd have balloons and popcorn,
and the children would come, and we would talk to the families. Social media,
Facebook...
M. Alvarez (Rafael) : News
advertisements.
Mme Rahynes (Carlyn) : Yes.
M. Alvarez (Rafael) :We also use news advertisements. We created public forums for
parents to come out to hear about what the programs would entail, how would
they support their children. We also did listening tours and tours of schools
that were already implementing the pre-k program for parents to actually come
visit and see, and observe what structures were in place, so that it made
parents feel comfortable about what was being offered to their children. We
took questions from parents and we actually took suggestions from parents on
new ideas of what else to implement in the actual program.
M. Roberge : Donc, vous avez
envoyé sur le terrain des travailleurs de rue, des gens qui vont dans les
parcs, à la rencontre des familles. Vous avez fait des appels, vous avez envoyé
des courriels. Vous avez utilisé les médias sociaux, les médias traditionnels. Est-ce
qu'il n'y a pas des gens, dans des garderies privées ou dans d'autres
garderies, qui ne vous ont pas accusés de leur voler leur clientèle?
Mme Rahynes (Carlyn) : Non.
Because we...
M. Roberge : Non?
Mme Rahynes (Carlyn) : Non. We wanted to make it an even playing fair, so we offered the same
opportunities to the daycares while providing them the support, because also,
purpose was to make sure that all the children were receiving an equitable
education. So, we reached out to them as well to make sure that they had the
same information.
M. Alvarez
(Rafael) : As a system, we included and invited those different
private daycares, daycare centers, ACS locations and community-based
organizations as well as the faith-based organizations to work together to
develop the teachers and the staff so that they can implement appropriately. We
also made sure that they were provided with the same units of study that the schools
had in terms of their pre-k program, allowing for communication, dialogue
back-and-forth, to work together as opposed to against each other.
M. Roberge :
Il y a des gens qui prétendent qu'il ne faudrait déployer la maternelle quatre
ans qu'en milieu défavorisé. Donc, je sais qu'évidemment vous l'avez déployée
en milieu défavorisé, mais vous l'avez offerte à la grandeur de votre
territoire. Pourquoi ne pas avoir déployé ce programme-là seulement en milieu
défavorisé?
M. Alvarez
(Rafael) : So, originally, that's where it started and that's were the
pilot began. As a system, we knew that our underprivileged students were coming
in with less vocabulary than our more privileged children. So we did start in
our system, primarily my district, which is district 7, community schools of
district 7, in the entire United States, we're the poorest congressional
district. So, we started off with our district. When we started to see the
gains of our district, it then started to be distributed amongst all other
territories within our city.
So, we put it in the most
affluent, we put it across the city. And one of the main reasons why we did
that is because we wanted qualified teachers providing the instructional
support around the social-emotional development of students. And it was
critical for us to see that these teachers had these particular skills to
support the development of our children. Because that our end-goal, our vision
was to ensure that children came in socially, emotionally ready for school, as
well with somewhat academically, with a language acquisition and the vocabulary
that was necessary. We wanted to make sure that they all brought it.
• (14 h 40) •
So, we went from an
equity perspective to ensuring then an equality perspective. We still haven't
stopped the equity perspective, but we're also focusing on, now, equality,
ensuring that all...
M. Alvarez (Rafael) : ...emotionally ready for school as well as somewhat academically with
the language acquisition and the vocabulary that was necessary, we wanted to
make sure that they all brought it. So we went from an equity perspective to
insuring them an equality perspective. We still haven't stopped the equity
perspective but we're also focusing on now equality, insuring that all programs
throughout the city have the same thing.
M. Roberge : Je comprends que
de l'offrir à tous, comme vous l'avez fait, plutôt que de vous concentrez
seulement en milieu défavorisé, évidemment ça a eu un enjeu, peut-être des
problèmes à trouver des locaux, des problèmes à trouver des professionnels, et
c'est certainement qu'il y a des coûts reliés à cette implantation-là. Est-ce
que vous ne pensez pas que c'est trop coûteux, ça coûte trop cher d'investir
dans les jeunes comme ça et que ça aurait été mieux de ne pas investir l'argent
dans les enfants de quatre ans, et de ne pas l'implanter à la grandeur parce
que ça coûte trop cher?
M. Alvarez (Rafael)
: So I would start off with
saying : What is the most important investment you make in your country,
in your province, in your city? And as an educator, it's my answer to say: Our
children. And so if our children are the most important investment that we make
as a society, pre-k's are essentially critical to insuring that every child
receives an opportunity to be successful in life.
In addition to that, the
cost can range depending on how a system creates the cost savings. So, for
example, one thing that we did as a city, the city oversees 30... excuse me, 46
districts, I am one of 46 districts, within the city, we serve as 1.2
billion... excuse me, 1.2 million students. The way we did the cost-effective
analysis was we created a system where we said: These are the materials that
you're going to need, for example, for furniture, for our Pre-K class, the most
basic furniture needs you're going to need. We then made a list of that, went
to a vendor and decided to get one vendor to provide those particular materials
across our city. Those are the basic materials, but when you do that, you
reduce the cost because of the fact that you're purchasing more. The more you
purchase, the less it is. And therefore, it was the cost-effective analysis to do
things like that when it came to the materials.
When it came to the
curriculum, the curriculum was decided through what you would call your
Ministry of Education where we would develop the curricular for the entire city
and then think about how we implement it at the individual school districts
such as my district.
So there are many
cost-effective ways to provide the actual program and implementation. As a
matter of fact, I would argue that it was less money to support then all the
intervention services and special needs services that we needed prior to having
pre-k, because now we were sending for more evaluations, we were sending for
more kids to special needs. In the United States, when students have special
needs, they get additional supports financially, but in addition to the
additional supports financially, there's also additional requirements which
requires more staff members to provide the special needs services like
occupational therapy, physical therapy, speech and so on and so forth. So having
the pre-k, became something that actually reduced the cost... is reducing the
cost over time.
M. Roberge : Je veux bien
comprendre. Donc, vous nous expliquez que, oui, ça a coûté de l'argent, ça a
été un investissement massif, un investissement que vous continuez de faire,
mais vous considérez que, malgré le coût important de la maternelle quatre ans,
c'est un investissement payant, et qu'à terme, ça va même coûter moins cher,
parce qu'en ayant stimulé nos jeunes plus tôt, en leur ayant donné les bonnes
bases, mais à terme, à l'intérieur du réseau scolaire, dans leur parcours
scolaire, ça coûtera moins cher de les aider plus tard. Est-ce que c'est bien
ce que vous dites?
M. Alvarez (Rafael) :
Essentially, yes.
M. Roberge : Merci. Donc, vous
avez implanté ce programme-là. En cours d'implantation, des fois, il peut
survenir des enjeux, des difficultés, puis on regarde derrière puis on
dit : Oups, dans les six derniers mois, ou dans la dernière année, on a
fait quelque chose, on va agir différemment dans la prochaine année. Donc,
quelles ont peut-être été les erreurs ou les difficultés rencontrées que vous
nous recommandez de ne pas faire? Qu'est-ce que vous nous recommandez de faire
considérant les embûches, les difficultés et tout ce que vous avez pu
rencontrer au cours d'implantation? Quels seraient vos recommandations, vos
conseils?
Le Président (M.
Asselin) : Je suis désolé, on ne pourra pas entendre vos
réponses, mais, peut-être à travers le reste de nos échanges, vous pourrez
aborder ce sujet-là. Je laisse la parole maintenant à la députée de
Saint-Laurent qui pourra continuer pour 10 min 40 s les
échanges.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienvenue au Québec. Quand est-ce êtes vous arrivés au Québec?
Mme Rahynes (Carlyn) :
Yesterday.
M. Alvarez (Rafael) :
Yesterday.
Mme Rizqy : Avez-vous eu la
chance de visiter un de nos services de garde ou centre de petite enfance au
Québec?
Mme Rahynes (Carlyn) : No.
Mme Rizqy : Vous n'avez
jamais...
Le Président (M.
Asselin) : ...qui pourra continuer pour
10 min 40 s les échanges.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienvenue au Québec. Quand est-ce êtes-vous arrivés au Québec?
Mme Rahynes (Carlyn) :
Yesterday.
M. Alvarez (Rafael) :
Yesterday.
Mme Rizqy : Avez-vous eu la
chance de visiter un de nos services de garde ou centres de petite enfance au Québec?
Mme Rahynes (Carlyn) : Non.
Mme Rizqy : Vous n'avez jamais
visité aucun de nos centres de petite enfance québécois avant, par exemple,
d'implanter un projet à New York. Connaissez-vous notre programme de centres de
petite enfance ou nos services de garde québécois?
Mme Rahynes (Carlyn) : Yes.
M. Alvarez (Rafael) :Yes. We have been looking up what is being going on in Québec in terms of the daycare centers and
the programs that are available.
Mme Rizqy : O.K. Avez-vous quelque
chose d'équivalent à New York?
M. Alvarez (Rafael) :Yes. The difference in New York is that for underprivileged... Here, you have a set system in terms
of what is paid for for the daycare system. In New York, it's... for the underprivileged families, they give what is called
a voucher, and the voucher allows them to choose whichever daycare system they
would like to use within the system.
Mme Rizqy : Nous, nos centres
de petite enfance... Vous, entre zéro et trois ans, est-ce que vous avez quelque
chose d'offert aux New-Yorkais? De zéro à trois ans...
M. Alvarez (Rafael) :We have from zero to three, and there is also zero to five, and some
places zero to six.
Mme Rizqy : Zéro à trois ans,
ça coûte combien pour un parent new-yorkais?
M. Alvarez (Rafael) :That is... We wouldn't know exactly what expenses because that comes
to the Department of Health. From zero to three, currently, the program is run
through the Department of Health because they are self-identified by families,
as to whether or not their children have special needs.
Mme Rizqy : Oui, mais vous...
représentant élu, non?
M. Alvarez (Rafael) : ...
Mme Rizqy : Oui?
M. Alvarez (Rafael) :
Superintendent.
Mme Rizqy : O.K. Vous
représentez le district 7, vous avez dit.
M. Alvarez (Rafael) : Correct.
Yes.
Mme Rizqy : Donc, vous, vous
êtes le district 7. District 7, comment ça coûte une place...
M. Alvarez (Rafael) :Not as an electric... not as an elected official, as an appointed
official...
Mme Rizqy : O.K. Bien, pour
une personne qui travaille au district 7, connaissez-vous combien ça coûte, une
place en garderie entre zéro et trois ans à New York?
M. Alvarez (Rafael) :Again, in my district, it runs very differently. Because I have the
poorest congressional district, most families can't afford daycare. And so,
what happens is: The government
provides them a voucher to be able to place their children into daycare.
Mme Rizqy : Combien coûte une
place en garderie entre zéro et quatre ans? Est-ce que vous avez des services
gratuits? Ou est-ce que vous êtes capable de chiffrer? Parce que, par exemple...
M. Alvarez (Rafael) : It's...
Mme Rizqy : ...la maternelle
quatre ans, c'est chiffré pour New York à 1 milliard pour 70 000
enfants. Ça, c'est le chiffre qui est disponible en ligne. Moi, je veux savoir
de façon... 0-3 ans, disons que j'ai une famille qui a un revenu moyen de
200 000 $... Non. Vous êtes dans le Bronx. On va réduire. Vous...
Disons que c'est moins et que c'est 100 000 $. Une famille moyenne,
la classe moyenne, combien paie-t-elle, le moins cher et le plus cher, environ,
là? Le moins cher au plus cher, ça coûte combien?
M. Alvarez (Rafael) :So, the average, the average salary in my district is $16,000 a year
for a parent. That is their wage, their annual wage. So, because we have
supplemental programs from our government, the families receive a voucher that allows them to go to a particular
program for free. They don't pay anything to it, and we are pretty much
essentially 98% of our students are free... reduced lunch. So, we get federal
funding, state funding and city funding.
Mme Rizqy : O.K. Merci. Puis à
New York...
Le Président (M.
Asselin) : La députée de Saint-Laurent, n'hésitez pas à prendre
votre temps parce qu'ils doivent entendre ce qu'ils disent... ce que vous
dites.
Mme Rizqy : O.K. À New York,
les salaires varient énormément. Vous êtes d'accord?
M. Alvarez (Rafael) : Correct.
Mme Rizqy : Donc, oui, vous
avez des gens qui font 16 000 $, vous avez d'autres de classe moyenne
et d'autres qui font plus que 100 000 $. Vous êtes d'accord?
M. Alvarez (Rafael) : Non.
Mme Rizqy : À New York.
M. Alvarez (Rafael) :In New York as a hole city. But in district 7...
Mme Rizqy :
Not in district 7. New York, la ville de New York.
M. Alvarez
(Rafael) : The New York city's salaries range from anywhere between
$5,000 to what... the biggest billionaire has 1... or 15 billion...
Mme Rizqy : O.K. La classe
moyenne paie combien, généralement, une place en garderie entre zéro et trois
ans?
Mme Rahynes
(Carlyn) : So...
M. Alvarez
(Rafael) : ...yes, go.
Mme Rahynes
(Carlyn) : ...in terms of the three-year-olds, I can speak for. The
three-year-olds, we have 3-K for All. 3-K for All is free for all
three-year-old students.
M. Alvarez (Rafael) :
So, if I'm understanding your question correctly, you're asking what is the
average money that a parent pays for their child from the age of zero to three
for their own services, such like a nanny, right? Or...
Mme Rizqy :
Not such as a nanny. I'm asking for kindergarten between zero and three years
old. I just want to know if you do have the same system as here, because here
you can pay $8 a day. You can put your kid from zero to four years old, and
that is why I'm asking the question. But...
M. Alvarez
(Rafael) : No, we don't.
Mme Rizqy :
You don't have the same system.
M. Alvarez
(Rafael) : Not for zero to three.
Mme Rizqy :
Do you want me to continue in English maybe? Maybe it's going to be...
M. Alvarez
(Rafael) : No, no, it's OK. I understood. I just... I was not clear as
to... You were asking for zero to three. We were trying to make clarity as to
what you meant by zero to three.
• (14 h 50) •
Mme Rizqy : C'est qu'on veut
tous agir tôt. Mais, pour nous, agir tôt, ça commence le plus tôt possible et
ça ne commence pas nécessairement à quatre ans. On peut le faire à zéro, à...
M. Alvarez
(Rafael) : No, we don't.
Mme Rizqy : You don't have the same system?
M. Alvarez
(Rafael) : Not from zero to three.
Mme Rizqy : Do you want me to continue in English, maybe? Maybe it's goint to
be...
M. Alvarez
(Rafael) : No, no, it's O.K., I understood. I just... I wasn't clear as to... You were
asking for zero to three, we were trying to make clarity as to what you meant
by zero to three.
Mme Rizqy : C'est qu'on
veut tous agir tôt. Mais, pour nous, agir tôt, ça commence le plus tôt
possible, mais ça ne commence pas nécessairement à quatre ans. On peut le faire
à zéro, à six mois, un an, deux ans. Et nous, on a un service de garde, et
c'est pour ça que c'est très difficile de comparer.
Vos enfants à quatre ans, dans le
programme 3-K for All, est-ce que vous avez des écoles avec
1 000 enfants?
M. Alvarez (Rafael) : Yes.
Mme Rizqy : Donc, vous
avez des écoles où est-ce qu'on a des enfants de quatre ans dans une bâtisse,
avec un total... dans la même bâtisse, 1 000 enfants?
M. Alvarez (Rafael) :
That depends. Yes, we do have some schools that have that, but that depends
which school. There's schools with 200 kids, there's schools
with 1 000 kids. It just depends what school you're in.
Mme Rahynes
(Carlyn) : In the schools that have the 1 000 children with the
different grades, the pre-k, the early childhood center, it's set aside, it's
in a different section of the school, they are not with the upper grade
children.
Mme Rizqy : Mais vous
avez des classes... vous avez des écoles avec plus de 1 000 enfants.
Dans une classe de maternelle quatre ans, c'est quoi, votre limite d'enfants,
le ratio?
M. Alvarez
(Rafael) : For four-year-olds, it's 18
students, with a teaching assistant.
Mme Rizqy : O.K. Vous
savez qu'ici nous, c'est 10, hein? Combien...
M. Alvarez
(Rafael) : But you said : Here, it's...
Mme Rizqy : Non, non. Que
font vos enfants l'été, après l'école?
Mme Rahynes
(Carlyn) : So, we do have some after-school
programs within the school. Also, we have the day-care centers which will
provide after-school for the children. And, in the summer, we have summer camps
for the children to attend.
Mme Rizqy : Qui paie pour
le camp d'été?
Mme Rahynes
(Carlyn) : Sometimes they're free, again
depending on the provider, and sometimes parents seek private camps. It's
all parents' choice.
Mme Rizqy : O.K. Ça coûte
combien, les camps d'été, quand ce n'est pas gratuit?
Mme Rahynes (Carlyn) : It
ranges. It ranges, because the camps, they are non-profit
organizations, so they each have their own set fees.
M. Alvarez
(Rafael) : Many of them are also based on income.
So, if you're socially, economically disadvantaged, you
may get a voucher to be in the...
Mme Rizqy : Non, mais
j'aimerais juste avoir une bracket, une fourchette de prix, parce que ça... Je
comprends qu'il y en a que c'est gratuit. Par exemple, le district 7, ça
doit être gratuit.
M. Alvarez
(Rafael) : Between zero dollars and possibly
400 dollars, depending on your wealth in terms of income.
Mme Rizqy : O.K. Merci.
Dites-moi, est-ce que vous avez eu la chance de lire l'étude de l'Université
Vanderbilt qui parle des maternelles quatre ans, qui ont fait un programme? Ils
ont... lorsque Tennessee ont décidé d'implanter les maternelles quatre ans, ils
ont fait un «focus group», ils ont pris des étudiants... des élèves, pardon, de
quatre ans et ils ont suivi pendant plus de 10 ans pour faire une
recherche pour vérifier les effets positifs ou négatifs, les lacunes. Est-ce
que vous avez pris connaissance de l'étude de l'Université Vanderbilt?
Mme Rahynes
(Carlyn) : Yes, we read the Vanderbilt study.
Mme Rizqy : O.K. Quelles
sont les conclusions, dans vos mots?
M. Alvarez
(Rafael) : The study says essentially that
they didn't see much of a difference. However, again, when we're talking about
this, we're talking about different States and different ways that different
states implement their programm... looks very differently. And so, for us, as a
city, we look at our own data to determine if they made an improvement.
Mme Rizqy : Ah! O.K. Vous avez
parfaitement raison, hein? Eux, c'est l'État au complet qui l'a implanté. Vous,
c'est une ville qui l'a implanté, hein? Il y a une grande différence. C'est
pour ça que vous vous distinguez de la recherche de Vanderbilt?
M. Alvarez (Rafael) : No, not distinguishing ourselves from the respect of the study, but
distinguishing how we went with implementation. We didn't do what every city
decided to do, we took what worked from the implementation of pre-k and started
implementing it. And, to be honest, we're not a 100 % fool-proof with what
we're doing with our pre-k. It's still something in development. But what we
can see is that it has made improvements and an impact in our school
communities and the students that we service.
Mme Rizqy : O.K. Est-ce
que vous avez décidé de demander à une université... Je vois que vous, vous
avez gradué à NYU. Est-ce que vous avez demandé, par exemple, qu'il y ait des
études pour vérifier à la fin, par exemple, sur un projet de 10 ans, les
impacts positifs ou négatifs, ou les affaires à améliorer avec l'implantation
des maternelles quatre ans pour tous? Est-ce que vous allez faire comme
Tennessee ou non? Une recherche?
M. Alvarez
(Rafael) : Essentially, New York City is in
the process of doing that, but we haven't hit the 10-year mark, so we haven't
actually fully implemented that.
Mme Rizqy : Et c'est
quelle université qui s'occupe de cette recherche?
M. Lavigne
(Richard) : New York City has several universities
looking at the data. So, we have things like Columbia University, we have New
York University, we have Fordham University, several of the state... excuse me,
the private universities that are within our city are actually looking at...
M. Alvarez (Rafael) : ...fully
implemented that.
Mme Rizqy : Et c'est quelle
université qui s'occupe de cette recherche?
M. Alvarez (Rafael) :New York city has several universities
looking at the data. So we have things like Columbia University, we have New York University, we have Fordham
University, several of the state... excuse me, the private universities that
are within our city are actually looking at it on multiple levels.
Mme Rizqy : O.K., donc il y a
un groupe d'étude pour faire comme Tennessee, vérifier? Qui font avec... qui
ont pris un groupe d'enfants, qui vont vérifier ceux qui ont fréquenté des
quatre ans, ceux qui n'ont pas fréquenté? Parce que je n'ai pas trouvé ça nulle
part.
M. Alvarez (Rafael) :It hasn't been made public because we haven't actually finalized it
yet. They haven't finalized the study.
Mme Rizqy : O.K. Est-ce que...
Le Président (M.
Asselin) : Je vous remercie beaucoup.
Mme Rizqy : Il me reste une
minute, M. le Président. Alors...
Le Président (M.
Asselin) : Je ne vois pas la minute, moi.
Mme Rizqy : Ah!
Le Président (M.
Asselin) : Ce que je vois c'est qu'il n'y a pas de minute.
Alors, je vais donner la parole pour 2 min 40 s à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Tout à l'heure vous avez mentionné que la plupart des familles ne
pouvaient payer la garderie à New York avant l'implantation des maternelles
quatre ans. Mais on n'a pas réussi... en tout cas, moi, je n'ai pas perçu la
réponse ou de savoir combien ça coûtait. Combien ça coûte le prix moyen? Est-ce
que...
M. Alvarez (Rafael) :Again, average cost is dependant on what a family wants. There are
some very wealthy families that pay up to $32 000
a year for daycare versus other families who pay nothing for daycare. It
depends on where economically they are in the system to determine which program
they go to. Also, some programs are very elitist and so they allow for families
who may have wealth to be able to place their children in. So it's really
contingent upon the averages from zero to... I've seen up to $32 000 for
daycare services. It just really depends on the socioeconomic status of the
family and what they can actually afford to provide their child.
Mme Labrie : Et quelle
proportion des familles ne payait rien parce qu'elles recevaient un coupon pour
avoir accès à une garderie gratuite?
M. Alvarez (Rafael) :In my district, probably 100 % of the families receive the
voucher.
Mme Labrie : 100 %?
M. Alvarez (Rafael) :About 100 % probably receive it in my district because we have
the poorest congressional district. But throughout the city, I would imagine
about 60 % to 70 % of the families within the city would receive the
voucher.
Mme Labrie : Donc, c'était
déjà gratuit pour 60 % des familles avant... la garderie avant
l'implantation de la maternelle quatre ans, c'était déjà gratuit pour 60 %
des familles? C'est ce que je comprends?
M. Alvarez (Rafael) : On
average, yes, in our district.
Mme Labrie : O.K. Et quelle
proportion des familles ne fréquentait aucun milieu de garde, gardait les enfants
à la maison?
Mme Rahynes (Carlyn) :That number was very small especially when we offered the Pre-K for
All which was free most of the families attended. It is very few families that
did not. In fact, we had an overwhelming response where we had to open up
additional classrooms because the demand at one point was more than the supply
that we had. So we had to open up additional classrooms.
Mme Labrie : Et qu'est-ce qui
ne fonctionnait pas bien avec ce système-là, de donner un accès gratuit aux
familles qui en avaient besoin?
Le Président (M.
Asselin) : ...
M. Alvarez (Rafael) :So I think because of the supply and demand that we discussed
earlier, one of the biggest problems was the implementation so quickly. What we
envy about what you're doing is that the plan looks like it's going to be over
the course of five years which we wish that...
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup pour votre contribution. Maintenant
la députée de Joliette pour 2 min 40 s.
Mme
Hivon
: Oui.
Merci beaucoup de votre présence. Je pense que vous entendez nos questions,
c'est parce qu'ici on a déjà un système éducatif à la petite enfance avec un
programme universel, mais, malheureusement, il y a juste à peu près 23 %
des enfants qui fréquentent, par exemple, les centres de la petite enfance.
Donc, il y a ce débat-là, je pense que vous êtes bien au fait. Moi, j'aimerais
savoir : Pour quels enfants vous avez le sentiment que de fréquenter la
maternelle quatre ans fait la plus grande différence? Est-ce que c'est les
enfants qui avaient déjà des vulnérabilités? Est-ce que c'est les enfants qui
viennent de milieux plus défavorisés? Je comprends que vous êtes dans des
districts précis, mais si vous pouvez étendre pour la ville au complet, pour quels
enfants vous avez le sentiment que ça fait la plus grande différence?
• (15 heures) •
M. Alvarez (Rafael) :In all honesty, we think that it makes a difference for all our
children, and the reason why we think it makes a difference for all of our
children is because there are children with... for example, who are wealthy,
who may have vulnerabilities that their parents may not know or be exposed to
because of the high work demand or because of the ability to be with their
children at many times because they're with babysitters. And so we see in our
system that all children having the opportunity to early interventions helps
them understand and deal with their social emotional development often times
that some parents of the wealthier children don't have access to as well
because they're busy working so much that their children are with nannies or in
a daycare throughout the day. And so the idea is that if all children receive
these services, we better support a city...
15 h (version non révisée)
M. Alvarez
(Rafael) : ...early interventions helped them
understand and deal with their social and emotional development. Oftentimes, some parents of the wealthier children don't have access
to as well because they're busy working so much that their children are with
nannies or in a daycare throughout the day. And so, the idea is that if all
children receive these services, we better support a city as a whole.
Mme
Hivon
:
Est-ce que vous pensez, donc, dans cette optique-là, que ce serait une bonne
chose de pouvoir dépister le le plus tôt possible, donc, à deux ans, à trois
ans, donc de pouvoir détecter les vulnérabilités le plus tôt possible?
M. Alvarez
(Rafael) : Yes. In our city, we actually do
that. It's called the ESI-R. It's an assessment that's provided to children
when they all walk in to our 3-K or pre-K program to determine early needs for intervention. In addition to that, our zero
to three years-old are receiving support through the Department of Health that
are already doing some early interventions. With us starting the 3-K program, which is something new for us,
we have now a transitional coordinator, who's helping us with our zero to three
years-olds figure out how to support them before they get into the 3-K or pre-K
program.
Mme
Hivon
:
J'aurais une dernière question. Dans les différents services de garderie,
est-ce qu'il y a un programme éducatif universel? Pas en maternelle quatre ans,
mais dans les garderies, est-ce qu'il y a un programme éducatif universel qui
doit être suivi?
M. Alvarez (Rafael) : There is
a curriculum that is provided to the actual daycares that's universal across
the entire city. We've now also provided those particular daycare services
copies of our own curriculum as well.
Le Président (M.
Asselin) : Pour l'ensemble de votre témoignage, il nous reste
du temps. Étant donné que vous n'avez pas utilisé votre 2 min 30 s, est-ce qu'il
y a un consentement pour utiliser le temps restant de...
Une voix
: ...
Le Président (M.
Asselin) : ...qui est autour de deux minutes.
M. Roberge : Oui, mais je ne
sais pas comment on va en faire la répartition, bien honnêtement.
Le Président (M.
Asselin) : Ce qui veut dire que... Oui, effectivement, vous
avez 1 min 15 s de votre côté puis l'opposition va avoir environ une minute.
Une voix
: 50 secondes.
Le Président (M.
Asselin) : 50 secondes pour poser des questions.
M. Roberge : Je suis
disponible, bien sûr.
Le Président (M.
Asselin) : Allez-y, vous avez 50 secondes.
M. Roberge : Oui, je vais
faire ça très rapidement. D'abord, je vous remercie. Ensuite, je veux vous
demander, si vous aviez à cibler une raison pour laquelle on devrait non pas
copier, mais s'inspirer de votre modèle, ce serait laquelle?
M. Alvarez
(Rafael) : We're seeing great progress. We're seeing progress for our
children, progress for the community and progress, above all, for the parents.
We're also supporting parents on how to parent and support their children. So
we're seeing progress across all constituencies and we're seeing mass
improvements in our education system because of it.
Mme Rahynes (Carlyn) : And
also equity for all children. It's not a certain group of children get this, a
certain group get that. We're all on the same playing field.
Le Président (M.
Asselin) : Alors, Mme la députée de Saint-Laurent, vous avez 50
secondes.
Mme Rizqy : Merci. Je suis
allée voir... Mme Rayhnes, je vois que vous êtes dans un groupe sur Facebook,
The Muslim Volunteers for New York. C'est bien vous? J'aimerais savoir, lorsque
vous avez fait des visites d'écoles, est-ce que vos enseignants ont le droit de
porter le voile? Oui?
Mme Rahynes (Carlyn) : Yes.
Mme Rizqy : Ah! nous autres
aussi, en ce moment. Mais, vous savez que prochainement, ça se peut que non.
Pas d'autres questions.
Le Président (M.
Asselin) : Très bien. Vous avez seulement 12 secondes. Je ne
sais pas si vous avez le temps de poser une question, mais bon.
Mme Labrie : Je vous remercie
de vous être déplacés jusqu'ici pour répondre à nos questions.
Le Président (M.
Asselin) :Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Je
pense que ça va.
Le Président (M.
Asselin) : Ça va. Je vous remercie beaucoup de votre
contribution à nos échanges et je vous souhaite un bon retour à New York. Mme
Rahynes, M. Alvarez, thank you. On suspend quelques instants pour laisser la
place au prochain groupe.
(Suspension de la séance à 15 h 4)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M.
Asselin) : Alors, on reprend. Maintenant, M. Leonard, M.
Richard Leonard, va nous entretenir, auteur du livre Une école pour
tous—l'intégration des enfants handicapés ou en difficulté, des
Éditions du CHU de Sainte-Justine. Vous avez 10 minutes pour nous
présenter votre mémoire, et puis, après ça, on échangera. À vous la parole, M.
Leonard.
M. Leonard (Richard) : Alors,
c'est évident que c'est un gros défi en 10 minutes, pour moi, un défi de
présenter. C'est un autre défi d'arrêter de parler, mais je vais quand même
profiter de ce moment-là, vous avez le mémoire, de toute façon. Mon mémoire
début avec un petit peu d'historique. Au Québec, la fréquentation scolaire a toujours
été un enjeu majeur, et la...
Le Président (M.
Asselin) : Prenez votre temps, on sait ce que c'est.
• (15 h 10) •
M. Leonard (Richard) : Et la maternelle
quatre ans fait partie du contexte plus grand qu'est la fréquentation
scolaire...
M. Leonard (Richard) : ...
toujours été un... majeur.
Une voix
: ...
M. Leonard (Richard) : Et la maternelle
quatre ans, c'est parti du contexte plus grand qui est la fréquentation
scolaire. Alors, en 1964, quand il y a eu la création du ministère de
l'Éducation, il y a eu des débats houleux. J'ai eu la chance de discuter avec
M. Gérin-Lajoie quelques fois. Et, comme on dit, plus ça change, plus
c'est pareil, ça commence à ressembler à ça aussi. Moi, je ne voulais pas vous
donner un débat de chiffres ou de statistiques. Personnellement, j'ai une
maîtrise en recherche en éducation. J'ai un diplôme de troisième cycle en gestion
de l'éducation. Mais, comme je vous disais, moi, ce que je voulais vous
présenter, c'était un point de vue différent de quelqu'un qui l'a vécu et comme
élève et comme personnes dans toutes des autres fonctions qu'on a dans les
écoles.
Ma carrière a commencé à quatre ans quand
ils ont annoncé à ma mère, les spécialistes, de ne pas m'envoyer à l'école, que
c'était une perte complète de temps et d'énergie. C'est sûr qu'on est dans les
années 50. Et, là-dessus, ma mère a insisté, je suis allé faire la première
année. Et je ne sais pas qui a trouvé ça le plus long, l'enseignante ou moi,
mais ça n'a pas bien été. Et, à la fin de l'année, on a dit à mes parents que
c'était impossible que j'apprenne à lire et à écrire. Il fallait reprendre la
première année. Ma mère leur a répondu que si c'était impossible qu'il apprenne
à lire à l'école, pourquoi qu'il reprendrait sa première année? Ça fait qu'on a
été en deuxième année. Et, à la longue, dans ma formation d'orthopédagogue qui,
bien qu'initiale, j'ai bien compris que, quand j'étais arrivé à l'école, je
n'étais pas prêt à aller à la lecture, je n'étais pas prêt à l'écriture, je
n'étais pas prêt au reste. J'avais d'autres défis langagiers et à également de
m'intégrer.
Par la suite, bien, je suis devenu
quelqu'un qui a performé assez bien à l'école. J'ai décidé d'en faire une
carrière comme enseignant. Et je suis toujours dans mon coeur un enseignant. Et
j'ai commencé dans les classes spécialisées comme enseignant. Et, dans le
temps, les classes spécialisées, ce n'était pas le Club Med, là, c'était assez
diversifié. Et déjà j'ai commencé à me poser des questions, comment ça se fait
qu'on attend que les enfants soient si avancés dans leurs difficultés pour
intervenir? Qu'est ce qui arrive pour les élèves que j'ai soient rendus si loin
que ça soit difficile de les ramener? Alors, j'ai bifurqué vers la tâche
d'orthopédagogue. Et j'ai pratiqué pendant 12 ans, 10, 12 ans comme
orthopédagogue dans des classes régulières où on supportait les élèves, où on
pouvait aller dans les classes. Comme orthopédagogue, déjà je voyais le
bien-être... le bien fondé d'intervenir rapidement, mais...
M. Leonard (Richard) : ...où on
les... où on pouvait aller dans les classes. Comme orthopédagogue, les gens
voyaient le bien-être, le bien-fondé d'intervenir rapidement. Mais, au bout de
quelques années, étant celui qui pose des questions souvent, je me suis
demandé : Ceux qui ont... La plupart des élèves, on réussit à les
raccrocher, à les sauver. Qu'est-ce qui arrive avec ceux qu'on n'arrive pas à
reprendre? Et avec des... on s'est dit : Peut-être que les orthopédagogues
pourraient intervenir en maternelle et même, dans certains milieux, en
maternelle quatre ans. Il y a des directions qui ont aimé ça, d'autres qui ont
moins aimé ça, l'idée étant qu'on attend officiellement qu'un élève soit codé,
ou etc., avant d'intervenir. Alors, déjà, on a avancé dans cette pratique-là en
envoyant les orthopédagogues... dès la maternelle cinq ans et, dans certains
milieux, dans les maternelles quatre ans.
Par la suite, j'ai accepté le poste de
conseiller pédagogique responsable de l'adaptation scolaire pour toute la commission
scolaire. À ce moment-là... ou dans ces tâches-là, je me suis encore posé des
questions, évidemment, et trouvé des réponses, c'est certain, à savoir :
Les maternelles quatre ans étaient dans des milieux dits défavorisés, mais je
voyais aussi qu'on changeait les milieux défavorisés à tous les trois ans. Les
milieux défavorisés étaient encore reliés à des critères comme la scolarité de
la mère, le salaire du père, et tout ça. Là, je me suis informé, mais, comme
responsable de toute la commission scolaire, je me rappelle très bien que les
élèves qui avaient des difficultés, que ça soit des dysphasies, des dyslexies,
TSA, des TDAH, on en a une liste, là, qu'on a... on l'a rapetissée au ministère,
mais on a encore une liste, et que ces enfants-là ne provenaient, pour la
majorité, pas des zones dites défavorisées. Il y en avait dans toutes les zones
de notre territoire. Le fait d'être... d'avoir un défi de TDAH, par exemple, ça
n'a rien à faire avec où je reste et mon code postal. Ça a à faire avec les
défis que j'ai à relever dans les cinq sphères de vulnérabilité et dans....
Alors, déjà, on a commencé à travailler
plus avec les CLSC, avec des CPE, avec des centres de garde. Je n'ai aucun
problème avec ça. Il faut faire en sorte que, l'élève, on le connaisse, on
connaisse ses parents, etc. Et le temps passe...
Le Président (M.
Asselin) : Effectivement, vous avez raison que le temps passe.
Vous y avez fait référence au départ. On a intérêt à aller lire ce que vous
nous avez dit.
M. Leonard (Richard) : Bien,
je... aller vous donner ma...
Le Président (M.
Asselin) : Parfait.
M. Leonard (Richard) : ...la
conclusion puis...
Le Président (M.
Asselin) : On vous écoute.
M. Leonard (Richard) : Moi, le
milieu de l'école, c'est un milieu bien financé, bien organisé. C'est un milieu
où il y a une pédagogie, des travailleurs, des équipes. On a un système de
centres de petite enfance. C'est un bon système, moi, je le dis ouvertement,
mais c'est un système qui n'arrive pas à rivaliser avec l'école quand il...
M. Leonard (Richard) : ...les travailleurs
des équipes. Notre système de... c'est un bon système. Moi, je le dis ouvertement,
mais c'est un système qui n'arrive pas à rivaliser avec l'école quand il s'agit
d'apprentissage, quand il s'agit... J'entendais tantôt beaucoup parler
d'aide... d'intervention précoce. Oui, mais on peut aller plus loin que ça, on
peut même aller jusqu'à la prévention et le dépistage... Dans le système...
favorise la maternelle quatre ans, et il y a un but, toutes les recherches, de
l'Ontario et d'ailleurs, qui nous disent que les seuils de vulnérabilité des
délais du bas, deux ans en maternelle, baissent, et les résultats sont
meilleurs dans la première année scolaire. Et on le sait, que la première année
scolaire est un indicateur assez précis du succès scolaire. Ce n'est pas
parfait, il y a... Oui, j'arrête de parler pour le moment.
Le Président (M.
Asselin) : Non, c'est intéressant, vous écouter, M. Leonard. On
poursuit nos échanges, il nous reste environ 14 minutes, à partir de ce
que le ministre va décider de produire comme conversation. Je vous laisse la
parole.
M. Roberge : Merci bien, M.
Leonard, pour à la fois votre témoignage et ce que vous apportez comme
éclairage, comme expertise, votre référence de ce que vous avez vécu, mais de
ce que vous avez vu aussi comme expériences scientifiques, comme
orthopédagogue, comme directeur. Vous avez un parcours inspirant.
Vous avez fait référence tout à l'heure au
fait que, des fois, au début de quelque chose, il y a de l'opposition, qui
s'estompe ensuite, hein? Au rapport Parent, au dépôt du rapport Parent, il y a
des gens qui n'étaient pas d'accord, au dépôt... même de la création du ministère
de l'Éducation, il y a des gens qui n'étaient pas d'accord. Et quand on a
implanté la maternelle cinq ans temps plein, il s'est trouvé des gens pour
s'opposer à ça. Est-ce que vous pensez qu'en général l'opposition au
déploiement de la maternelle quatre ans fera un peu comme l'opposition au ministère
de l'Éducation à la maternelle cinq ans et au rapport Parent, ça s'estompera
avec les résultats probants qui viendront par la suite?
M. Leonard (Richard) :
Définitivement, dans mon esprit, il y a d'autres éléments qu'on a fait, parce
que j'ai participé, au ministère, à la première politique en adaptation
scolaire, en 1988, et je me rappelle de l'avoir présentée à 600 enseignants qui
n'étaient pas tous des croyants dans l'adaptation scolaire. Et, en bout de
ligne, on a quand même réussi à faire un système d'adaptation scolaire, et
donc... qui est loin d'être parfait, qui a toujours besoin d'être renouvelé.
D'ailleurs, on vous en a parlé, ça fait 10, 15 ans qu'on n'a pas renouvelé la politique
d'adaptation scolaire, on est dus. Alors, oui, la résistance présentement fait
partie de la... Et c'est à nous à vendre ou à prouver que notre produit est
bon.
Moi, ce que je trouve aussi, c'est qu'on
mélange l'objectif et le moyen. L'objectif, c'est d'augmenter la fréquentation
scolaire au Québec, et au début, et à la fin. Pourquoi? Pour faire en sorte
qu'on ait moins de décrochage, qu'on aille plus haut... et moins d'élèves en difficulté.
On réussit très bien, au Québec, pour 80 % des élèves. Les scores... sont
excellents, on n'a pas à être... Mais pour le 20 % des autres, on est en
queue de peloton.
• (15 h 20) •
M. Roberge : Une autre question
avant de laisser la parole à mon collègue. Je pense que vous avez collaboré
avec le précédent gouvernement, le gouvernement libéral, pour poursuivre le
déploiement, qui s'est poursuivi, ces dernières années, quand même. Pouvez-vous
nous parler de votre implication avec ce gouvernement-là, et est-ce que vous
pensez que c'est allé dans la bonne...
M. Roberge : Une autre question
avant de laisser la parole à mon collègue. Je pense vous avez collaboré avec le
précédent gouvernement, gouvernement libéral, pour poursuivre le déploiement,
qui s'est poursuivi ces dernières années, quand même. Pouvez-vous nous parler
de votre implication avec ce gouvernement-là? Et est-ce que vous pensez que
c'est allé dans la bonne direction? Et est-ce que c'est allé assez loin?
M. Leonard (Richard) : Bien,
au conseil général de ce gouvernement-là en 2016, il y a eu une résolution pour
l'implantation graduelle des maternelles quatre ans sur une période de cinq
ans. On n'a pas eu le temps. Mais j'avais aussi collaboré avec l'ancien
gouvernement dans le temps de Mme Marois. Ça fait que la cause est plus grande
que les partis politiques dans ces cas-ci.
M. Roberge : 100 %
d'accord pour dire que la cause nous dépasse tous ici. Je vais laisser mon
collègue poursuivre les échanges avec vous. Je vous remercie.
Le Président (M.
Asselin) : M. le député de Beauce-Sud, à vous la parole.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. C'est un plaisir de vous rencontrer. Très inspirant,
effectivement, votre message d'entrée de jeu. J'aurais aimé pouvoir vous
entendre encore pendant de longues minutes, parce que vous êtes certainement un
modèle, une source d'inspiration, M. Léonard, pour plusieurs personnes qui nous
écoutent, que ce soient les jeunes ou encore des gens qui vivent des moments
plus difficiles.
J'ai parcouru votre mémoire. Il y a des
éléments fort intéressants sur l'égalité des chances, sur faire en sorte qu'un
jeune qui se retrouve en milieu défavorisé ou non puisse avoir un service
d'éducation à la hauteur de ses ambitions. Vous dites que 27 % des jeunes
se présentent en maternelle cinq ans avec une ou plusieurs vulnérabilités de
développement, que ce taux augmente toujours aujourd'hui. Vous dites également,
et ça, c'est fort intéressant, que plus de 200 000 élèves sont identifiés
en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, et que la grande majorité de ces
jeunes ne vivent pas en milieu dit défavorisé. Et, que l'on soit dysphasique,
apraxique, qu'on ait des difficultés de langage, des difficultés d'écriture ou
de lecture, ça dépasse le fait qu'on soit en milieu défavorisé ou non. Alors,
d'où l'importance d'offrir une prématernelle quatre ans en milieu défavorisé ou
non, parce que, comme vous l'avez dit, le code postal ne régit pas la personne
ou le jeune dont nous allons être dans la vie. Alors, l'égalité des chances,
c'est aussi de permettre une prématernelle quatre ans aux jeunes du Québec, peu
importe leur code postal, on s'entend bien. Et vous, dans le chiffre que vous
nous donnez, plus de 200 000 jeunes qui sont identifiés, ce n'est quand
même pas banal...
M. Leonard (Richard) : On est
un deux à 225, puis le compteur tourne encore. Il faut le tourner de bord.
M. Poulin : Bon. Donc... Bien,
certainement. Donc, pour tourner de bord, comme vous le dites, il faut ouvrir
ces prématernelles quatre ans là, peu importe qu'ils se retrouvent en milieu
défavorisé ou non.
M. Leonard (Richard) : Bien,
moi, je ne veux pas en tout l'approche citée, mais... Donc, maternelle quatre
ans n'est pas la réponse miracle à tout, elle est un des éléments centraux et
importants de la fréquentation : commencer plus tôt, accompagner mieux,
travailler en équipe, faire la fréquentation de 16 à 18 ans. On reviendra pour
ça. Mais l'idée, c'est d'offrir aux jeunes les meilleures chances possible pour
en arriver à une diplomation ou une qualification.
M. Poulin : Peu importe où il
se trouve.
M. Leonard (Richard) :
Exactement.
M. Poulin : Et j'aimerais que
vous me parliez un peu des parents, des commentaires que vous avez des parents
de ces jeunes-là, encore une fois peu importe où ils se trouvent, qu'ils soient
en milieu défavorisé ou non. Quels sont les commentaires des parents qui vivent
la prématernelle quatre ans?
• (15 h 30) •
M. Leonard (Richard) : Bien,
moi, je suis retraité, mais je suis encore consultant, puis on m'appelle. Des
fois, c'est... quand il y a des problèmes majeurs. Ce que les parents aiment le
plus, c'est d'avoir deux ans pour préparer leur jeune à l'école, parce qu'ils
arrivent, des fois ils ont beaucoup de mauvaises expériences avec les écoles,
beaucoup de préjugés, et moi, je me rappelle, comme directeur, des fois, je
disais à des parents : Tu n'a pas besoin de défoncer ma porte, elle est
déjà ouverte. Ça fait que viens t'asseoir, on va jaser. Et souvent, ces
parents-là, comme ma mère, ils ont eu à se battre toute leur vie. Alors, quand
ils arrivent à l'école, ils ont la même attitude : On s'en va à la guerre,
et...
15 h 30 (version non révisée)
M. Leonard (Richard) :
...Viens t'asseoir, on va jaser. Et souvent ces parents-là, comme ma mère, ils
ont eu se battre toute leur vie. Alors, quand ils arrivent à l'école, ils ont
eu la même activité, puis on s'en va à la... Et, quand on a deux ans pour être
capable de les sensibiliser au fait que... on veut autant que vous qu'ils
avancent puis qu'ils aillent à son plein potentiel, les parents deviennent très
collaborateurs. Ce qui n'est pas le cas quand un enfant arrive en maternelle et
qu'on n'en a jamais entendu parler, puis que ça a été... dire... ça n'a pas été
décelé avant. Là, des fois, ça prend un, deux, trois ans avant d'avoir une
relation constructive avec la famille. Puis la famille, j'y crois beaucoup parce
que c'est la famille qui est le noyau de l'enfant.
M. Poulin : Donc... Oui,
il reste combien de temps?
Le Président
(M. Asselin) : Vous avez encore 4 min 30 s.
M. Poulin : Donc, ce que
vous nous dites, c'est que c'est extrêmement rassurant pour les parents, ce
dialogue-là en prématernelle quatre ans entre, bien entendu, le parent, qui pourrait
avoir des doutes, par exemple, sur certains défis de l'enfant lors d'une
préparation à l'école, et le dialogue qu'il a avec un professionnel également
du réseau scolaire à bien identifier la problématique. On sait qu'il faut également
travailler en parallèle avec le réseau de la santé, on le fait également en
offrant plus de services pour le diagnostic. Mais on sait que, pour un parent,
le plus important dans sa vie, ce sont ses enfants, donc ce dialogue-là, très
tôt dans la vie d'un enfant, mais également dans cette discussion-là avec
l'enseignant, rassure énormément et, j'imagine, permet une meilleure
connaissance de l'enfant, permet une meilleure connaissance des services qui
peuvent être offerts à l'enfant au cours de sa vie aussi, là.
M. Leonard (Richard) :
Quand un enfant arrive en première année, les parents et l'enfant sont beaucoup
plus à l'aise et rassurés. Ça fait qu'il ne faut pas oublier non plus, on est
tous des parents, ou... On sait que, quand notre enfant est malheureux à
l'école, on est parents... c'est notre rôle de parent. Alors, ça aide beaucoup,
le fait qu'on puisse intervenir avant d'arriver aux apprentissages plus formels
de la première année. D'ailleurs, si on regarde dans l'OCDE, il y a plusieurs,
plusieurs pays qui ont... la maternelle quatre ans et trois pour la... Et je
reviens aux services de CPE, qui sont excellents. La vérité, c'est qu'on a
25 % ou 30 % de jeunes qui ne vont... ni l'un ni l'autre.
Une voix
: Ni l'autre,
c'est ça.
M. Leonard (Richard) : Et
qui arrivent, puis... de ce... là.
M. Poulin : Et ça, c'est
important, ce que vous dites. Quand des jeunes ne se retrouvent ni dans le
service... en service de garde ou encore... ni à la prématernelle quatre ans,
bien, il faut se poser la question : Ces jeunes-là sont où? D'abord et
avant tout. Et on a une responsabilité comme... je dirais plus... pas seulement
comme gouvernement mais comme société, de prendre en main ces jeunes-là et,
bien entendu, selon le souhait des parents toujours — parce que c'est
non obligatoire — selon le souhait des parents toujours, de bien les
accompagner selon les besoins.
Peut-être, en terminant, vous glissez un
mot fort intéressant sur la direction des écoles qui ont eu à implanter la
prématernelle quatre ans. Vous qualifiez le tout... que ça s'est bien passé,
que la formule a bien été. Donc, j'aimerais vous entendre peut-être en
terminant sur l'implantation avec les directions d'école.
M. Leonard (Richard) :
Bien, dans mes écoles, pendant 15 ans, j'en ai vu plusieurs, il y a eu
des... Les écoles où il y avait les maternelles quatre ans, on réussissait à
les intégrer dans la vie de l'école tout en tenant compte de leurs
spécificités. C'est évident que ça demande de l'adaptation aux écoles. Ça
demande une ouverture d'esprit. Ça demande de la coopération avec les services
de garde, avec les services de santé, avec les parents. Je ne vous dis pas que
c'est facile. C'est un défi. Mais je suis convaincu que le défi en vaut la
chandelle...
M. Leonard (Richard) :
...demande de la coopération avec les services de garde, avec les services de
santé, avec les parents. Je ne vous dis pas que c'est facile. C'est un défi,
mais je suis convaincu que le défi en vaut la chandelle. Quand je regardais la
progression des enfants avec qui on a pu travailler pendant deux ans, puis que
je le comparais à ce que j'appelais mes boîtes à surprise qui arrivaient puis,
là, on n'avait pas prévu ci, on n'avait pas prévu... Bon, monsieur qui rit,
mais c'est...
Le Président
(M. Asselin) : Je réagis à ce que vous dites,
M. Léonard. C'est très instructif, mais pour le prochain
10 min 40 s, on va continuer avec Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président
(M. Asselin) : On peut poursuivre nos échanges. Ça va
bien...
Mme Rizqy : Merci. J'ai
eu l'occasion de lire votre livre. Et votre mère est très courageuse. Elle vous
a porté au deuxième étage parce que le hasard a voulu que, la deuxième année,
la direction d'école mette votre classe à l'étage le plus élevé pour vous
mettre probablement une étape de plus à franchir lors de votre éducation.
Alors...
M. Leonard (Richard) : Ce
n'était pas tel subtil, mais...
Mme Rizqy : Non, ce
n'était pas subtil, mais votre mère est une battante et elle est venue le
matin, les heures de récréation et le soir, jusqu'à tant que, finalement, le
concierge soit celui qui vous amène jusqu'en haut à votre classe. Alors, merci
d'être présent avec nous. Et votre parcours est très éloquent. Et j'aimerais...
J'ai des questions pour vous. À quel âge devrions-nous commencer le dépistage?
M. Leonard (Richard) : Le
dépistage est différent selon... Mais on sait maintenant que, même à la
naissance, il y a un test de dépistage qui est de 10 points. Alors, le
dépistage, il n'y a pas vraiment de début. C'est un continuum qui part à la
naissance puis qui continue. Donc... Mais la façon... Ce qui est en jeu, là,
ici, c'est les habiletés et la capacité de dépister qui, à mon avis, sont plus
grandes dans les milieux scolaires que dans les CPE, que j'ai été voir en
passant. Bien, vous me posez la question. Oui, je vais voir, là, les CPE, oui,
je vais voir dans les services de garde et, oui, je trouve que c'est un
excellent service, mais il y a un pas de plus qui peut être fait.
Mme Rizqy : Mais vous
êtes d'accord que le dépistgage peut se faire très tôt, beaucoup plus tôt que
quatre ans.
M. Leonard (Richard) : Je
vous l'ai dit, dès la naissance.
Mme Rizqy : Dès la
naissance. D'accord...
M. Leonard (Richard) : Ce
qui est en question, c'est la qualité du dépistage par rapport à ce que...
Mme Rizqy : Votre mère
ressemble beaucoup à la mienne. Ma soeur, lorsqu'elle est née, on a dit à ma
mère que ma soeur ne pourra jamais parler. Alors là, ma mère a pris son bâton
de pèlerin. Puis, comme dans votre livre, elle a frappé à plusieurs portes, et
pour justement trouver... Parce que vous, en première année, lorsque vous avez
manqué votre première année, le directeur d'école voulait vous faire reprendre
votre première année, même s'il a dit à votre mère que ça ne servait à rien.
Puis votre mère a dit : Tant qu'à reprendre, que ça ne sert à rien, aussi
bien le mettre en deuxième année. Donc, vous êtes allé en deuxième année et
vous avez eu aussi des services. Et, en troisième année, vous avez eu une enseignante
qui était dédiée à vous aider. Et le hasard a voulu qu'elle vous suive en
quatrième année. Mais même chose à ma soeur, ça a été beaucoup avec des
orthophonistes et orthopédagogues. Et, croyez-le ou non, mais finalement à
l'âge de 12 ans, elle a dit ses deux premiers mots. Ce n'était pas ni
maman ni papa, mais c'était «du lait». Elle avait soif. Alors, elle a
finalement commencé à parler, mais c'est vraiment avec les services. Alors, ma
question, c'est la suivante. Peu importe où est-ce qu'on regarde dans la
structure, l'important ne serait pas une fois qu'on a dépisté, c'est d'avoir
vraiment tous les services, orthopédagogue, orthophoniste en priorité pour
faire le suivi?
• (15 h 40) •
M. Leonard (Richard) :
D'accord avec le premier critère, vous ne pouvez pas le dédier. Mais, moi, le
bon usage, c'est qu'à l'école, en maternelle quatre ans ou autre, c'est plus
facile d'avoir accès à des services de psychologie, des services d'orthophonie,
ergo et tout ça. Mais 100 % d'accord avec vous sur le fait que le plus
rapidement possible. Et qui peut le faire? Moi, je suis appelé un peu partout
dans le Québec pour des cas difficiles où on me demande un point de vue
professionnel. Pourquoi? Parce que j'en ai vu pendant 40 ans...
M. Leonard (Richard) : ...le
plus rapidement possible, et qui peut le faire. Moi, je suis appelé un peu
partout dans le Québec pour des cas utiles où on me demande un point de vue professionnel.
Pourquoi? Parce que j'en ai vu, pendant 40 ans, donc j'ai plus d'expérience que
l'enseignant ou l'école qui n'en ont pas vu.
Mme Rizqy : Le ratio dans les centres
de la petite enfance, on parle d'un pour 10. L'éducatrice est quand même avec
l'enfant toute la journée. Vous êtes au courant de la situation en ce moment au
Québec dans le réseau de l'éducation, on a un manque criant d'enseignants, et
ce n'est pas rare pour un enfant de voir différents intervenants, différents
enseignants, voir même une étudiante universitaire qui fait de la suppléance.
Alors, lorsqu'on compare avec une éducatrice qui est formée en petite enfance,
qui passe sa journée avec un groupe de 10, toute la semaine, et qui développe
évidemment les habiletés d'affection, versus en ce moment... la réalité au Québec,
en ce moment, que nous vivons, là, avec la pénurie d'enseignants et le
roulement, parce qu'on en manque, là, des enseignants, donc... Pensez-vous
qu'en ce moment peut-être que la priorité, ça devrait être d'abord de s'assurer
qu'on a suffisamment d'enseignants formés?
M. Leonard (Richard) : Bien,
moi, j'enseigne à la maîtrise en adaptation scolaire, et c'est tous des
enseignants qui ont cinq à 10 ans d'expérience, et, oui, la valorisation de la
profession... il y a un gros travail à faire. Par contre, je crois qu'on peut
grossir le bassin en quantité et qualité, et moi, je... à la théorie de M.
Peter... qui est le père est le père de l'approche systématique, qui dit qu'on
ne doit pas s'empêcher de réaliser quelque chose parce que les moyens présentement
ne sont pas adéquats. On peut peut-être différer, on peut peut-être changer la
façon de faire, mais éventuellement moi, je crois profondément que, dans la
ligne du temps des pratiques pédagogiques, la maternelle quatre ans est
inévitable. Mais est-ce qu'on a du travail à faire? Oui.
Mme Rizqy : Oui, on a beaucoup
de travail à faire.
M. Leonard (Richard) : On va
vivre vieux.
Mme Rizqy : En parlant de
beaucoup de travail à faire, présentement, on a notre réseau de CPE et de
services de garde qui fonctionnent, qui sont déjà des liens avec les services,
les CLSC, avec des psychologues, des intervenants qui s'assurent que quand
qu'un enfant est dépisté il y a un travail qui est fait avec le CLSC et
différents intervenants. Mais, dans le réseau de l'éducation... j'aimerais y
revenir, parce que je comprends que vous, à terme, votre souhait, c'est que
souhaiteriez que ce soit les maternelles quatre ans, puis vous dites : On
pourrait différer. C'est ça aussi que vous marquez dans votre rapport, qu'on
pourrait différer. Mais j'aimerais juste vérifier quelque chose avec vous.
C'est que présentement il nous manque des enseignants et il nous manque des
espaces, et vous avez pris, dans votre mémoire, j'imagine, le chiffre de
27 % de vulnérabilité dans le rapport qui a été déposé par la direction
régionale de santé publique, en février dernier, qui fait... c'est eux qui
sortent ce 27 %. Et, quand on lit le rapport, oui, effectivement, on parle
de... c'est un groupe d'étude qui a été pris, des enfants qui ont fait la
maternelle quatre ans et d'autres non... pardon, la maternelle cinq ans. Et la
Dre Mylène Drouin, elle met des bémols par rapport à la maternelle cinq ans, et
aussi sur le projet de déployer les maternelles quatre ans. On parle d'abord de
consolider nos acquis et d'assurer des services dans un premier temps. Et dans
un deuxième temps, on parle aussi des ratios puis on parle aussi de s'assurer
d'avoir le même intervenant probablement toute la journée, non pas avoir un
roulement de personnel.
M. Leonard (Richard) : C'est
intéressant, parce que, dans mes travaux, je fais aussi affaire à plusieurs
médecins, pédiatres, etc., à l'Hôpital Sainte-Justine et ailleurs, et dans mes
consultations. Et ce que je m'aperçois, c'est que ces gens-là connaissent très
bien le domaine médical, connaissent très bien les stades de développement,
etc., mais ils ne semblent pas toujours au courant du fonctionnement dans les
écoles et dans les CPE. Et c'est normal, ce n'est pas leur quotidien. Moi, je
vous dis qu'en ayant passé...
M. Leonard (Richard) : ...mais
qui ne semblent pas toujours au courant du fonctionnement dans les écoles, et
dans les CPE, et c'est normal. Ce n'est pas leur quotidien. Moi, je vous que
j'en ai passé 35, 40 et plus d'années dans les écoles, il y a... ça dépend
d'où. Si maintenant, je suis déménagé en Gaspésie, exemple. J'ai parlé aux
commissaires, j'ai parlé aux D.G., eux, ils ne demandent pas mieux.
Une voix
: J'ai...
M. Leonard (Richard) : Ils ont
de la place puis ils ont...
Le Président (M.
Asselin) : Mme la députée veut risquer, un peu de secondes.
Mme Rizqy : Ah! bien, il me
reste quand même 45 secondes, M. le Président.
Le Président (M.
Asselin) : Oui, vous avez raison.
Mme Rizqy : Merci. Je vais
aller rapidement, vu qu'il ne me reste que 45 secondes. Vous avez dit... Vous
avez mentionné que vous Hôpital Sainte‑Justine, mais le Dr Chicoine aussi est à
l'Hôpital Sainte‑Justine. Il mentionne qu'on devrait investir dans les
services.... dans les CPE, avoir encore plus de spécialistes; même chose pour
le Dr Drouin, toujours investir dans les services. Mais j'aimerais savoir, parce
que vous avez mentionné une affaire puis là-dessus, j'aimerais vous entendre.
Vous l'avez inscrit qu'en ce moment, nos enfants reçoivent beaucoup trop de
médicaments.
M. Leonard (Richard) : Oui.
Mme Rizqy : Pensez-vous que justement,
là, maternelles quatre ans ou pas maternelles quatre ans, l'enjeu ne se situe
pas là, là...
Le Président (M. Asselin) :
En 10 secondes.
Mme Rizqy : L'enjeu va se
situer ailleurs, parce que si on a un trop gros taux de prescriptions, ce n'est
pas la maternelle quatre ans qui va régler ça.
M. Leonard (Richard) : C'est
un des éléments qui pourraient aider, dans le sens que quand le jeune a un
problème d'hyperactivité, le plus rapidement qu'on le décèle, le plus
rapidement qu'on peut essayer d'autres alternatives que la médication. Puis,
pour finir, on est 5 000 employés à Sainte‑Justine, ça fait qu'on ne connaît
pas tout le monde.
Le Président (M.
Asselin) : Alors, pour 2 min 40 s, on a maintenant le député de
Sherbrooke. Allez-y.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. M. Leonard, tout à l'heure, vous avez mentionné qu'effectivement, la
maternelle quatre ans est un des éléments, et non pas une réforme miracle qui
viendrait révolutionner le tout. Vous avez parlé beaucoup de continuum de dépistage
aussi, qu'il fallait commencer très, très tôt.
J'aimerais ça vous entendre sur qu'est-ce
qu'on peut faire pour mieux intervenir encore plus tôt dans nos services de
garde, pour améliorer les services qu'on déploie dans nos services de garde.
M. Leonard (Richard) : Bien, il
y a des instruments de mesure qui peuvent être employés à tous les âges pour
regarder où on est rendus et repasser plus tard pour voir la progression. Ces
...-là, il y en a qui sont plutôt lourds et encombrants. Ceux qui sont lourds
et encombrants, ils devraient les utiliser avec les cas les plus lourds, mais il
y en a qui sont assez faciles.
Alors, oui, tout ce qu'on faire pour
essayer puis de prévenir, puis d'intervenir ... Moi, je suggère que ... CPE ou
l'ensemble du Québec, que l'éducation change de paradigme puis qu'on devienne beaucoup
plus actif sur la prévention, le dépistage puis l'intervention, tout ça, mais
ailleurs aussi, hein? Et ils ...
Une voix
: Mais moi...
M. Leonard (Richard) : J'ai
travaillé de très près avec des services... et des CSLC, qui savaient qu'ils
pouvaient m'appeler pour dire : J'en ai un de deux ans, là, j'aimerais ça
que déjà, là, on me parle.
Mme Labrie : Donc, on
pourrait, dès la première année de fréquentation du service de garde, déployer
des spécialistes pour utiliser ces outils-là dans les services de garde.
M. Leonard (Richard) : Tiens,
on pourrait... Le dépistage est plus facile, plus facile à faire que ... à tous
les jours, parce que ce n'est pas à tous les jours. L'intervention précoce,
bien ça, c'est beaucoup plus fréquent. Les gens...
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup.
M. Leonard (Richard) : ... qui
ont ..., il n'est pas content, le monsieur.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M.
Asselin) : J'ai un temps à régler, hein, puis on a un 2 min, 40
s qui s'en vient avec Mme la députée de Joliette. Alors, on poursuit, on ne
lâche pas.
• (15 h 50) •
Mme
Hivon
: Je
sympathise, moi aussi. Le couperet tombe, là, sans pitié. Donc...
Si vous, vous étiez le ministre de
l'Éducation, imaginez, puis que vous aviez à commencer l'implantation, puis le
ministre nous dit qu'il veut faire ça sur cinq ans, qu'est-ce que vous
prioriseriez? Mettons... parce que...
Le Président (M.
Asselin) : ...poursuit, on ne lâche pas.
Mme
Hivon
: Je
sympathise. Moi aussi, le couperet tombe, là, sans pitié. Donc, si vous, vous
étiez le ministre de l'Éducation, imaginez, puis que vous aviez à commencer
l'implantation, puis le ministre nous dit qu'il veut faire ça sur cinq ans,
qu'est-ce que vous prioriseriez, mettons? Parce que tantôt vous nous avez
dit : C'est très inquiétant parce qu'il y a des enfants qui ne fréquentent
aucun service de garde et pas la maternelle quatre ans. Est-ce qu'on devrait
commencer comme ça? Est-ce qu'on devrait... Comment on devrait s'y prendre pour
déployer ça en partant des enfants qui ont peut-être plus de vulnérabilité?
M. Leonard (Richard) : En tout
cas, pour commencer, je pense que le poste n'est pas ouvert. Deuxièmement, je
ne suis pas sûr que je l'accepterais. Pour avoir travaillé avec quelques
ministres et de... Bien, quand même, je pense que les filons que vous donnez...
c'est des deux. Il y a des milieux, je parlais tantôt de la Gaspésie, exemple,
ou ma terre adoptive pour... avec ma patronne là-bas, et puis moi, je parle aux
gens. Je vois qu'ils ont de la place. Ils sont prêts à avoir plus de
maternelles quatre ans. Ils sont en région. Je pense qu'ils en ont de besoin
pour... Je pense qu'on va commencer là.
En même temps, les enfants vulnérables qui
en ont de besoin, qu'on ne retrouve pas, qu'ils soient à Montréal, ou à Gaspé,
ou ailleurs, il faut trouver des moyens d'intervenir plus rapidement, les CLSC,
les CISSS, et de plus en plus... J'ai une nièce qui a eu un enfant différent,
puis je travaille avec elle, puis on a commencé à l'âge de 10, 12 mois avec des
CLSC, etc., et on arrive à faire en sorte que le parent se sente en mouvement,
impliqué, encouragé. Mme Marwah disait tantôt : Sa mère, etc., qui, comme
la mienne, était une battante...
Le Président (M.
Asselin) : M. Leonard, malheureusement, vous savez, on vous
écouterait pendant tout l'après-midi, mais c'est terminé. Je vous remercie
beaucoup d'être venu ici. C'est très instructif, ce que vous êtes venu nous apporter.
M. Leonard (Richard) : ...
Le Président (M.
Asselin) : Je vais suspendre pour nous donner le temps de vous
remercier beaucoup, personnellement, d'être venu. J'invite d'ailleurs les gens
qui nous écoutent à venir. Merci beaucoup.
M. Leonard (Richard) : Ça me
fait plaisir de pouvoir aider les enfants du Québec.
Le Président (M.
Asselin) : On va suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise à 15 h 56)
Le Président (M.
Asselin) : On va reprendre avec l'Association québécoise de la
garde scolaire. Mme Miron, Mme Brodeur, je vous laisse vous présenter, vous
avez 10 minutes pour présenter votre mémoire, et puis après on commence
les échanges.
Mme Miron (Diane) : Parfait,
merci.
Le Président (M.
Asselin) : Bienvenue.
Mme Miron (Diane) : Alors, je
me présente, Diane Miron, présidente et directrice générale par intérim de l'Association
québécoise de la garde scolaire. Alors, je suis accompagnée de Mme Réjeanne
Brodeur, vice-présidente de l'association.
Alors, bonjour, Mmes et MM. les membres de
la commission. Merci de nous avoir invités à venir vous présenter les préoccupations
de l'Association québécoise de la garde scolaire, le seul organisme qui
représente la garde scolaire et qui s'est donné comme mission de faire valoir
le rôle complémentaire du service de garde dans la mission de l'école.
Donc, un vif débat social a cours, actuellement,
sur l'opportunité d'offrir ou non une option supplémentaire à tous les parents
d'enfants de quatre ans. Plusieurs organisations se sont positionnées soit en
faveur ou en défaveur du projet des maternelles quatre ans. En ce qui nous
concerne, nous estimons qu'il ne nous appartient pas de nous positionner dans
ce débat. Notre expertise concerne la garde scolaire, et nous préférons laisser
à d'autres spécialistes le soin de débattre du cadre éducatif qu'il convient le
mieux d'offrir aux enfants de quatre ans. La question, pour nous, n'est pas de
savoir si des maternelles quatre ans doivent être offertes à l'ensemble des
enfants, mais plutôt comment ces services doivent être développés.
À titre de partenaire, notre association
souhaite collaborer, avec le gouvernement et l'ensemble des partenaires du
milieu scolaire, à faire en sorte que les parents qui choisissent la maternelle
quatre ans obtiennent pour leurs enfants un environnement éducatif de qualité,
et ce, en tenant compte de tout le temps passé à l'école, que ce soit en classe
ou au service de garde. C'est dans cet esprit que nous avons préparé le mémoire
que nous vous présentons aujourd'hui. La première recommandation qui est faite
à cette commission consiste à mettre en place un comité de travail auquel
participerait notre association, évidemment, afin de faire un relevé des
différentes pratiques en garde scolaire qui devraient être adaptées pour
correspondre aux besoins des enfants de quatre ans et proposer un cadre réglementaire
clair qui fixe les conditions de service à mettre en place pour répondre aux
besoins de ces enfants et en assurer la qualité. Actuellement, près de 400
classes de maternelle quatre ans sont offertes dans certains milieux
défavorisés. Selon les chiffres portés à notre connaissance, environ 24 %
des enfants de ces classes fréquentent le service de garde. La première tâche
donnée à ce comité devrait être de dresser le bilan de la situation dans ces
milieux, afin de pouvoir alimenter la réflexion sur la base des pratiques
actuelles.
Parmi l'ensemble des éléments qui devront
être examinés, nous voulons en souligner quelques-uns qui nous apparaissent
comme étant des plus prioritaires. Premièrement, la formation du personnel. La
formation initiale et la formation continue ont une influence directe sur la
qualité des interactions du personnel éducateur avec les enfants et sur la
qualité des activités qu'ils organisent. Si nous avons la conviction que le
personnel des services de garde en milieu scolaire détient les compétences
requises pour travailler avec des enfants de quatre ans, nous réitérons
l'importance, et cela constitue notre deuxième recommandation, d'évaluer si
l'attestation d'étude professionnelle d'éducateur en service de garde en milieu
scolaire répond bien aux besoins et aux attentes, notamment au soutien à
apporter aux enfants qui présentent des défis particuliers. Une préoccupation
pour la formation continue devrait aussi faire partie d'un plan de formation
pour l'ensemble du personnel éducateur. Ça devient d'autant plus nécessaire
dans un contexte de rareté d'une main-d'oeuvre qualifiée et du caractère peu
attrayant des postes en garde scolaire qui créent un fort roulement de
personnel.
• (16 heures) •
Deuxièmement, le ratio éducateur-élève.
Actuellement, le ratio en garde scolaire est d'un pour 20. Il est le même pour
tous les groupes d'âge. Est-ce que ce ratio est adéquat pour les enfants de
quatre ans, dont on peut présumer qu'ils nécessitent plus de temps,
d'attention, et d'un encadrement plus serré que les élèves de 12 ans? À titre
de comparaison, comme vous le savez, le ratio dans un service de garde régi est
d'un pour 10. La question du ratio est cruciale...
16 h (version non révisée)
Mme Miron (Diane) : ...il
est le même pour tous les groupes d'âge. Est-ce que ce ratio est adéquat pour
des enfants que quatre ans, dont peut présumer qu'ils nécessitent plus de
temps, d'attention et d'un encadrement plus serré que les élèves de
12 ans? À titre de comparaison, comme vous le savez, le ratio dans un
service de garde régi est de un pour 10. La question du ratio est cruciale puisqu'il
a un impact direct sur le coût des services et les besoins en ressources
humaines.
Troisièmement, le programme d'activités.
Les services de garde ont une grande expertise dans le développement d'une
programmation adaptée aux besoins d'enfants de cinq ans à 12 ans, qui
s'appuie sur des connaissances fréquemment renouvelées, mais également sur un
historique de près de 40 ans. Qu'en est-il pour des enfants de quatre ans?
Quels doivent être les objectifs éducatifs visés? Quels aspects du
développement global des enfants doivent être priorisés? Les services de garde
auront besoin de balises et de lignes directrices afin de développer une
programmation appropriée aux caractéristiques des enfants de quatre ans.
Quatrièmement, les locaux et les
installations. Plusieurs intervenants ont déjà pointé du doigt le défi que
représente l'ajout de nouvelles classes dans des écoles déjà surpeuplées et qui
manquent cruellement de locaux. Nous estimons quand même nécessaire de
mentionner que les services de garde devront bénéficier de locaux et
d'installations adéquats pour l'ajout des groupes d'enfants de quatre ans.
Au-delà de l'espace, il faut réfléchir aux types d'aménagement, au mobilier,
aux accessoires, à l'organisation des dîners. Bref, établir des normes claires
pour assurer un environnement sécuritaire et convivial.
Cinquièmement, les frais chargés aux
parents. Bien qu'il soit établi que la fréquentation de la maternelle quatre
ans soit gratuite, rien n'est annoncé concernant les frais qui seront exigés
pour la fréquentation du service de garde. On peut donc présumer que les
modalités qui prévalent actuellement seront appliquées. La contribution
parentale pour la fréquentation du service de garde en milieu scolaire est
comparable à la contribution de base exigée pour la fréquentation d'un CPE. Il
faut toutefois y ajouter les frais pour les journées pédagogiques, des coûts
pour la boîte à lunch, pour le camp de jour en période estivale. Il faut s'assurer
de bien mesurer l'impact de ces coûts pour assurer une plus grande
accessibilité et une meilleure équité entre les différents services offerts aux
parents.
Sixièmement, le fonctionnement général du
service de garde. Donc, pour être en mesure de bien jouer son rôle, le service
de garde devra disposer d'un budget adéquat pour la formation du personnel.
Celui-ci devra également pouvoir bénéficier d'un temps de planification pour
participer aux réunions, aux formations, développer le programme d'activités, faire
les suivis nécessaires avec les parents et les autres membres de
l'équipe-école. Au cours de la dernière année, notre association a entrepris
une démarche qui vise la valorisation de la garde scolaire et dont l'idée
maîtresse est de travailler à la conception d'un programme éducatif qui
pourrait devenir le cadre de référence sur lequel l'ensemble des services de
garde s'appuie, comme ça se fait, par exemple, dans les CPE avec le programme
J'accueille la petite enfance. L'ensemble des éléments que nous venons de
mentionner font partie intégrante d'un programme éducatif comme celui auquel
nous réfléchissons.
Notre troisième recommandation consiste à
suggérer au gouvernement de collaborer avec nous et avec les différents
partenaires du milieu scolaire à la création d'un programme éducatif en garde
scolaire adapté, notamment aux enfants de quatre ans, et à l'inscrire dans la
réglementation afin d'assurer une qualité de services uniforme dans tous les
services de garde en milieu scolaire du Québec.
En terminant, j'aimerais dire quelques
mots sur le fait que, même si plusieurs éléments restent à être éclaircis sur
les modalités d'implantation des maternelles quatre ans, nous y voyons une
belle opportunité de renforcer les collaborations entre les services de garde
et les autres services de l'école. En effet, le gouvernement a annoncé son
intention d'adjoindre à l'enseignante en maternelle quatre ans une deuxième
personne pour l'aider dans la gestion de la classe. Nous voyons plusieurs
bonnes raisons à ce que cette personne soit choisie en priorité parmi les
membres du personnel éducateur du service de garde de l'école. D'abord, le
personnel éducateur connaît déjà les élèves, et, tout au long du parcours
scolaire de l'élève, le service de garde soutient et facilite la relation qui
unit la famille et l'école. Nous rappelons qu'il s'agit de personnel qualifié
qui détient des compétences en développement de l'enfant. En plus d'avoir les
qualifications nécessaires, le personnel éducateur est généralement disponible
et plusieurs d'entre eux ne demandent pas mieux que d'allonger leur horaire de
travail. En effet, le travail en garde scolaire est généralement proposé à
temps partiel et selon des horaires brisés. En offrant au personnel éducateur
de compléter son horaire en travaillant en classe avec l'enseignant, on fait
d'une pierre deux coups, on facilite le recrutement de ces nouvelles ressources
et on favorise la rétention du personnel éducateur. Notre quatrième
recommandation consiste donc à donner des directives pour que le personnel qui
sera embauché à titre de deuxième ressource dans la classe de maternelle quatre
ans soit choisi en priorité parmi les membres du personnel éducateur garde
scolaire, selon des critères préalablement établis.
En conclusion, nous souhaitons réitérer
notre engagement à collaborer à faire en sorte que les enfants et leurs parents
qui feront le choix de la maternelle quatre ans puissent compter sur des
services de garde en milieu scolaire de grande qualité...
Mme Miron (Diane) : ...parmi
les membres du personnel éducateur en garde scolaire selon des critères préalablement
établis.
En conclusion, nous souhaitons réitérer
notre engagement à collaborer et à faire en sorte que les enfants et leurs
parents qui feront le choix de la maternelle quatre ans puissent compter sur
des services de garde en milieu scolaire de grande qualité avec une offre
adaptée à ce groupe d'âge. Nous avons la ferme conviction qu'en ayant le
courage de briser les silos et de s'attaquer aux chasses gardées, qu'en adoptant
une vision innovatrice des rôles de chacun des services de l'école et qu'en
travaillant tous ensemble, nous pourrons assurer à chaque enfant, peu importe
son parcours, d'être appuyé dans le développement de son plein potentiel par un
continuum de services humains, sensibles et performants. Merci de votre
attention.
Le Président (M.
Asselin) :Merci beaucoup, Mme Miron. Vous
êtes rentrée dans le temps amplement. Tout va bien. Alors, on débute la période
des échanges, et je vous propose le ministre de l'Éducation pour 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Vous avez terminé par deux notions
qui me sont chères, courage et vision novatrice : courage, parce qu'il
faut accepter parfois de changer les choses, il faut accepter parfois de faire
primer les intérêts des enfants avant d'autres intérêts; vision novatrice, parce
que, justement, ce n'est pas parce que ça se passait comme ça en 1990, 1995
qu'il faut que ça se passe comme ça en 2020, en 2025. Et j'aime bien l'idée que
vous apportez aussi de brises les silos puis d'utiliser le talent qu'on a dans
nos écoles. Je reconnais — puis je pense que je l'ai démontré, puis
je l'ai dit, puis je veux le dire, que ça va se continuer — je
reconnais grandement la compétence des équipes des services de garde. Ça va se
refléter... On ne va pas faire encore un premier tour de roue, là, à
l'intérieur du mandat de ce gouvernement, mais ça va se refléter dans les
actions futures — puis je pense que le personnel des services de
garde de nos écoles est capable de jouer un rôle plus grand dans nos
écoles — de valoriser ces personnes qui passent énormément de temps
avec nos enfants, qui ont des compétences et qui peuvent collaborer à plusieurs
égards, parfois pour surveiller des récréations en partenariat avec des
enseignants, parfois pour faire du coenseignement dans nos classes de
maternelle quatre ans, là. Ce sont des éducatrices, ce sont... elles font
partie du personnel éducateur de l'école, puis je pense que c'est le temps
qu'on le dise, qu'on le reconnaisse.
Vous parlez d'un autre avantage, celui de
la stabilité. Quand une personne du service de garde reste et peut faire une
partie de la journée des fois avec les élèves, c'est intéressant pour les
enfants d'avoir une figure qui reste aussi, il faut le dire. Dans les
garderies, que ce soient les CPE ou des garderies privées, il y a la notion
aussi de services de garde avant et après les heures. J'ai eu des enfants qui
sont allés en CPE, et, quand on arrive le matin, souvent, on est comme avant
l'horaire régulier, et nos enfants ne sont pas nécessairement dans la première
heure et dans la dernière heure avec leur éducatrice qu'ils ont de jour. C'est
quelque chose qui est similaire dans les garderies et les CPE au réseau
scolaire, puis je pense que c'est important de le dire, pas pour dire que ce
n'est pas bon, c'est un fait qui a... en ce moment, qui est commun au réseau
scolaire et dans les garderies.
Vous avez ciblé le ratio, vous avez parlé
de ce ratio 1-20. Est-ce que vous savez si c'est au maximum partout au Québec,
c'est-à-dire que le maximum, c'est 1-20, tout le monde est à 1-20, ou si
vraiment ça dépend des milieux et si, dans les écoles, on fait jouer un peu,
les directions des services de garde peuvent à l'occasion avoir une certaine
marge de manoeuvre et choisir que, supposons avec les plus petits, on essaie
d'avoir un ratio plus bas? Donc, pouvez-vous nous dire : L'uniformité,
est-ce qu'elle est présente ou pas? Puis est-ce que ça joue dans une école, la
taille des groupes ou le ratio en fonction de l'âge des enfants?
• (16 h 10) •
Mme Miron (Diane) : Il n'y a
pas rien de pareil partout, hein, encore une fois. Ça dépend beaucoup peut-être
de l'organisation et de la vision de la direction d'école. Il y a des endroits
où est-ce que le ratio va être un petit peu diminué pour... justement parce que
les enfants EHDAA et compagnie ne sont pas pondérés en service de garde. En
classe, ils en valent deux, mais au service de garde, ils en valent un. Donc,
le ratio 20, encore là... Ça fait que, des fois, il peut y avoir un aménagement
à la baisse, mais d'autres fois il peut y avoir un aménagement à la hausse, à
22, 23, parce que, pour l'autofinancement du service de garde, engager une
deuxième personne pour 23 enfants, ça ne marche pas, ça fait que d'où là que
des fois... et ça peut être le dépassement de ratio. Ça fait qu'il n'y a pas de
norme. Le 20 est là, mais tout dépend des lieux, puis des circonstances, puis
de la clientèle, puis la grosseur du service de garde aussi va venir faire en
sorte, là... qui va déterminer, là, le... au niveau du ratio. En tout cas, ça,
ça...
Mme Brodeur (Réjeanne) :
...dépassement de ratio. Ça fait qu'il n'y a pas de norme. Le 20 est là, mais
tout dépend des lieux, puis des circonstances, puis de la clientèle. Puis la
grosseur du service de garde aussi va venir faire en sorte, là... qui va
déterminer, là, le... au niveau du ratio.
Mme Miron (Diane) : C'est pour
ça que ça prend une directive claire pour assurer un minimum, un ratio à ne pas
dépasser, au préscolaire, par exemple.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Tout
à fait.
M. Roberge : Lors de mes
visites à l'extérieur du Québec dans les classes de maternelle quatre ans, j'ai
remarqué que, très souvent, le local qui accueille ces enfants-là est vraiment
bien adapté, là, à l'âge, à la grandeur de ces petits cocos. C'est souvent le
cas aussi, je pense, dans les maternelles cinq ans au Québec. Mais donc en ce
moment il y a des maternelles cinq ans et il y a quand même 394 classes de
maternelle quatre ans, hein? On ne les a pas inventées. Les gouvernements qui
nous ont précédés les ont déployées, ces classes. On l'oublie souvent, là, mais
ce n'est pas un nouveau programme, là. C'est quelque chose qu'on déploie, qu'on
va bonifier.
Mais, en ce moment, les enfants de cinq
ans et les enfants de quatre ans qui sont déjà dans nos maternelles, est-ce que
ça arrive assez souvent ou assez rarement, d'après vous, qu'ils utilisent ces
locaux de classe après les heures de classe, moment où ils sont au service de
garde?
Mme Brodeur (Réjeanne) : On
a-tu le livre? Régulièrement, les locaux de classe, autant pour les quatre ans,
les cinq ans que pour les 5-12 ans aussi, là, parce qu'il n'y a pas de locaux service
de garde dans toutes les écoles, ça fait que — ça, c'est une autre
affaire — ça fait que donc on doit utiliser les classes, les locaux polyvalents,
là, le gymnase, la grande salle, la bibliothèque, le local informatique, tout
ça, et ça devient tout des lieux d'apprentissage ludique, là. Les éducatrices
font ça de façon merveilleuse pour que l'enfant puisse se réaliser mais avec un
esprit de jeu, etc., avec les enfants les plus jeunes, là.
Donc, oui, on utilise tous les locaux,
puis les classes existantes de cinq ans présentement, quatre ans, sont
utilisées, là, pas partout, encore une fois, il y a des chasses gardées dans
certaines écoles, mais où est-ce qu'il y a une belle collaboration, justement,
où est-ce qu'on travaille service de garde, école, équipe-école ensemble. Il y
a une très belle collaboration et il y a une très belle façon, de la vision. On
est là pour le même enfant.
La réussite éducative, ça n'appartient pas
seulement à un corps professoral. La réussite éducative appartient à
l'ensemble. On dit : Ça prend tout un village pour éduquer un enfant.
Bien, l'école, c'est tout un beau grand village plein de connaissances, ça fait
que...
M. Roberge : Je vous remercie
puis je veux... Oui, cette notion d'équipe-école est importante puis... et je
trouve ça intéressant que vous le mentionnez, que peut-être pas partout mais en
grande partie on utilise des locaux de classe. On utilise... Il faut le
mentionner parce qu'il y a des gens qui sont détracteurs, des détracteurs. On a
le droit de s'opposer puis on a le droit de s'exprimer, mais il y a des gens
qui font flèche de tout bois pour faire peur. On dit : Bien là, on va
mettre les enfants de quatre ans avec des grands de 12. Puis, tiens,
allons-y : Il y en a certains qui redoublent. Ils sont avec des gens de 13
puis de 14, puis allons-y, puis ils vont être dans la même salle sur un banc
trop grand, puis ils vont se faire intimider, puis...
Moi, je me souviens que mes enfants
avaient cinq ans. Ils n'étaient pas à quatre ans. Et pourtant, dans une école
publique à côté de chez moi, commission scolaire Marie-Victorin, ils passaient
leurs journées pas mal dans leur classe de maternelle cinq ans. Si j'allais les
chercher vraiment plus tard, c'est vrai qu'ils étaient au local du service de
garde, mais à ce moment-là, des fois, il restait très, très peu d'élèves. Mais,
bien souvent, ils étaient dans un local adapté à leur âge, leur local de
classe. Et, quand je dis ça, je ne suis pas en train de parler de l'exception.
Ce n'était pas la seule classe au Québec où les petits étaient entre eux et
utilisaient des locaux adaptés à leur grandeur et adaptés à leurs besoins.
Mme Brodeur (Réjeanne) : J'ai
eu l'opportunité de vivre mes trois belles années... les trois dernières années
dans une nouvelle école où justement les locaux de classes maternelles, tout le
mobilier est bas, les toilettes, le lavabo, etc. Donc... et des grands espaces.
Ça fait que c'est vraiment adapté, là. Quatre, cinq ans, c'est... Il y a
beaucoup d'endroits que c'est vraiment bien adapté, là. Un enfant s'y plaît
bien, là.
M. Roberge : Ceci dit, il est
possible de faire mieux, puis vous mentionnez les choses où on devrait faire
mieux. Donc, le ratio, d'avoir un ratio peut-être national, de l'imposer
peut-être dans les règles budgétaires, d'avoir un ratio plus petit, de le
préciser, même si plusieurs commissions scolaires, plusieurs services de garde
ont peut-être des ratios plus petits avec nos petits de cinq ans et donc de
quatre ans, l'idée de le préciser par règlement, c'est quelque chose qui me
parle.
Puis souvent, ce qu'il y a de si
intéressant dans les auditions particulières, c'est qu'il y a des choses qui peuvent
nous amener à modifier le projet de loi mais même des règlements, des règles
budgétaires, puis je prends bonne note de ça.
Vous parlez aussi de locaux et
d'installations. On a dit un mot : Formation continue. Si un ministre,
disons, bien avisé, à l'écoute, voudrait tenir compte de vos recommandations en
formation continue, qu'est-ce que... quels sont les leviers que je pourrais
actionner pour...
M. Roberge : ...je prends bonne
note ça. Vous parlez aussi de locaux et d'installations, on en a dit un mot.
Formation continue. Si un ministre, disons, bien avisé, à l'écoute, voudrait
tenir compte de vos recommandations en formation continue, qu'est-ce que...
quels sont les leviers que je pourrais actionner pour vous aider dans votre
formation continue, pour vous épauler davantage, autant pour les petits de
quatre ans que pour les grands de huit ans, neuf ans, 10 ans, 12 ans?
Mme Miron (Diane) : J'ai envie
de dire que, d'entrée de jeu, il faudrait peut-être s'assurer qu'il y a un
responsable du dossier de la garde scolaire dans chacune des commissions
scolaires et que ce porteur de dossier là provienne des services éducatifs,
d'une part. D'autre part, qu'on s'assure qu'il y a un conseiller pédagogique de
disponible à l'intention du personnel éducateur qui vienne les accompagner au
besoin. Alors, je pense que ça, ce serait un bon début. Et ensuite, bien,
s'assurer qu'il y a des budgets adéquats intéressants pour permettre à ces
personnes-là de participer à des formations, là, justement, qui sont données,
là, dans les milieux. Je ne sais pas si tu veux rajouter quelque chose. Non?
M. Roberge : Ensuite, on parle
de déployer ce réseau, de l'étendre à la grandeur du Québec, mais, comme je le
dis, en fait, pas de l'imposer, mais bien de l'offrir, c'est important de le
mentionner. En ce moment, c'est seulement en milieu défavorisé, donc ça se vit déjà.
Est-ce que vous recevez des échos du terrain? Sans doute que vous en recevez,
parce que ça fait depuis 2013 seulement, ça fait quoi, six ans, à peu près,
qu'on vit de la maternelle quatre ans temps plein. Alors, qu'est-ce que vous
entendez des échos du terrain? Est-ce que vous entendez de vos membres...
est-ce que vous entendez des choses qui vont bien, des problèmes à résoudre par
rapport à ce qui se passe avec vos membres et les petits de quatre ans qui sont
déjà dans nos écoles?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Je
pourrais vous mentionner que certains milieux disent qu'ils peuvent intervenir
plus rapidement, O.K., déjà, à quatre ans, dans ces milieux-là, peuvent voir la
vulnérabilité et déjà mettre un plan d'action en force pour, justement, quand
ils vont arriver en maternelle cinq ans, qu'il y ait déjà des actions de
prises. On voit aussi la relation de la famille, la famille s'implique
davantage à l'école parce que l'enfant est plus jeune. C'est rarement au
secondaire que les parents s'impliquent, là, ça fait que, dès la rentrée, le
parent est déjà partie prenante, là, donc il y a ça aussi, là, il y a comme
quelque chose qui s'installe, là, avec le parent, là, il y a une aisance aussi
pour le parent, là, d'être dans une école, des fois, qui fait peur, là, tu
sais, certains milieux, là.
M. Roberge : Peut-être un
bénéfice marginal qu'on n'aurait pas venu venir, c'est que, comme l'enfant est
petit, les parents ont tendance à s'investir davantage.
Mme Miron (Diane) : ...
M. Roberge : Et une fois que
le parent s'investit, bien, on peut espérer, on peut souhaiter que, s'il
s'investit à quatre ans, il connaît l'école puis il connaît le personnel, bien peut-être
continuera-t-il à cinq, à six, à sept, à huit ans.
Mme Miron (Diane) : C'est ça,
à s'impliquer, là.
M. Roberge : À soutenir son
enfant.
Le Président (M.
Asselin) : Je crois que vous avez déjà été parent.
M. Roberge : Oui. Oui, je suis
encore parent.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Roberge : Je veux juste
vous rassurer pour vous dire que ce qu'on dit... ce que vous dites, on en prend
bonne note, puis sans doute qu'on va se revoir, parce qu'on s'est déjà engagé,
comme gouvernement, à revoir le règlement sur la garde scolaire, donc on
continuera de s'en parler, pour les quatre ans comme pour les autres. Mais je
pense que je vous ai presque interrompue, vous alliez dire quelque chose.
Mme Miron (Diane) : Bien,
j'allais dire, par rapport à votre question, c'est que, de la part du milieu,
on nous demande de la formation et du soutien, là, justement, pour mieux...
pour développer notre... le programme d'activités, pour mieux être en réponse
aux besoins de ces enfants-là, parce que c'est... ils sont quand même petits,
hein? Alors, quand tu es habitué de travailler avec des grands de neuf, 12 ans,
puis que tu arrives avec des enfants de quatre ans, ça te prend une adaptation.
Donc, on nous demande d'offrir un soutien par rapport à... justement pour mieux
les accueillir, je dirais, dans les groupes, là.
M. Roberge : Et peut-être une
petite dernière, le temps file, mais concernant la précarité de vos membres, actuellement,
est-ce que vous pouvez nous donner des chiffres un peu. Combien d'heures
travaillent en ce moment les gens qui travaillent avec vous, combien sont à
statut précaire, combien sont à temps partiel? Juste pour qu'on comprenne bien
la réalité puis peut-être qu'on saisisse même les opportunités pour ces
personnes-là.
• (16 h 20) •
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Beaucoup d'éducatrices n'ont pas de temps plein, là, c'est environ 25 heures
sur des fois deux ou trois plages horaires, 7 heures à 8 heures le
matin, 11 h 30 à 13 heures, puis de 15 heures à
16 heures. Donc, ils ont du temps de disponible pour justement accompagner
dans les classes si tel est le souhait. Mais je n'ai pas de chiffre, là, de
précarité, là. On est... Moi, en tout cas, je ne suis pas en mesure de
mentionner, mais ils sont... Ce n'est pas la majorité qui ont un
35 heures, là. C'est plus autour de 15 à 25 heures que ça joue,
beaucoup midi et après-midi...
Mme Brodeur (Réjeanne) :
...les classes si c'était le souhait. Mais je n'ai pas de chiffre, là, de
précarité, là. On est... Moi, en tout cas, je ne suis pas en mesure de
mentionner. Mais ils sont... Ce n'est pas la majorité qui ont un
35 heures, là. C'est plus autour de 15 à 25 heures que ça joue. Beaucoup
midi et après-midi. Donc, où est-ce qu'il y a des maternelles quatre ans, ces
personnes-là travaillent un peu plus parce qu'ils ont plus... La différence
entre l'heure d'enseignement du primaire puis du préscolaire, il y a une
différence, 63 minutes par jour de plus. Donc, ça vient combler des
heures, là, pour eux autres et ça donne aussi une belle opportunité de
travailler ensemble, l'enseignante, l'éducatrice pour le même enfant. Donc, on
se partage les bons coups et les défis.
M. Roberge : J'adore
cette idée d'un duo enseignant, éducatrice qui travaillent chacun leur force,
chacun à leur niveau, mais en équipe, et pas seulement un après l'autre, mais
même ensemble. Il y a un avantage aussi que vos membres ont, c'est qu'ils
peuvent voir les mêmes enfants évoluer sur quelques années. Vous savez, des
fois, même les parents se séparent. On change d'enseignant à chaque année.
Parfois il y a des congés de maternité. Mais, s'il y a le personnel de garde
qui peut accompagner les enfants au fil des années, ça fait une belle
stabilité. J'ai déjà parlé en commission, ici, le service de garde de mes
filles, l'école de la Mosaïque, commission scolaire Marie-Victorin, il y avait
très, très, très peu de roulement, puis on connaissait les éducateurs, les
éducatrices par leur prénom. Et puis il y avait un personnage, Roger, qui était
là. Donc, on a carrément nommé une salle en son nom. Il y a une salle à l'école
qui porte le nom de l'éducateur. Il a tellement laissé sa marque auprès des
élèves et des groupes écoles qu'on va dans la salle Roger-Williams. Donc, c'est
quand même quelque chose comme empreinte.
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Les parents, c'est... On voit des parents souvent le matin lorsqu'ils viennent
déposer leur enfant. On a un premier contact. Et la fin de l'après-midi entre
17 heures, 17 h 30, on revoit le même parent.
Le Président (M. Asselin) :
On va poursuivre la conversation avec la députée de Saint-Laurent étant donné
que le temps est échu. Mais je suis certain que ça va être aussi captivant.
Mme Rizqy : Nous
l'espérons tous, M. le Président.
Le Président (M. Asselin) :
Bien oui. Bien oui. Bien oui.
Mme Rizqy : Bonjour.
Merci d'être présentes. Vous avez parlé tantôt de la question des ratios, vous
avez dit que la question des ratios est une question cruciale. Quel est le
ratio présentement que vous avez?
Mme Miron (Diane) : 1-20
Mme Rizqy : 1-20.
Mme Miron (Diane) : Selon
le règlement sur les services de garde, le ratio est de 1-20.
Mme Rizqy : Et
pensez-vous que pour les enfants de quatre ans, ça devait être réduit?
Mme Miron (Diane) : Oui.
Mme Rizqy : Vous
souhaitez être quoi?
Mme Miron (Diane) :
Minimum 15.
Mme Rizqy : O.K.
Mme Miron (Diane) : 1-15
minimum.
Mme Rizqy : Parce que
vous savez que, par exemple, c'est presque un pour 10, hein?
Mme Miron (Diane) : 1-10,
oui.
Mme Rizqy : Vous avez
aussi parlé de l'enjeu de l'aménagement. Pouvez-vous développer? Parce que
tantôt vous avez... Ça semblait être un enjeu initialement, mais après ça,
quand vous avez répondu, Mme Brodeur, vous avez dit que, finalement, pas
nécessairement, mais...
Une voix
: Dans les
nouvelles écoles, c'est...
Mme Rizqy : Bien, les
nouvelles écoles... Vous comprendrez que le parc immobilier du Québec, ce n'est
pas toutes des nouvelles écoles.
Mme Miron (Diane) : 75 %
des écoles ont été construite à l'ère de Duplessis. Alors, on s'entend qu'il y
a comme un petit peu de réaménagement à faire.
Mme Rizqy : Oui, oui.
Mme Miron (Diane) :
Alors, c'est un peu dans ce sens-là qu'on dit... Bien, c'est sûr que, dans les
nouvelles écoles, le problème ne se pose pas, c'est prévu. Mais dans les
anciennes écoles, il faudra s'assurer qu'il y ait des locaux. C'est vrai que
les locaux, comme disait M. Roberge, tantôt, que les locaux de classe vont
pouvoir être utilisés au niveau du service de garde, mais, c'est ça, on fait
juste rajouter le fait que, oui, ça va être important de s'assurer que les
locaux sont adéquats pour ces enfants-là.
Mme Rizqy : Parce qu'il y
a des affaires aussi simples que, par exemple, les salles de bain. Il y a une
grande différence pour un enfant de quatre ans versus un enfant de huit ans.
Alors donc, j'imagine que c'est à ça aussi que vous faisiez référence parce que
vous avez raison de dire que le parc immobilier de nos écoles est composé principalement
d'écoles qui ont été construites il y a plusieurs années. Et à ce moment-là il
n'y avait pas d'écoles... Il n'y avait pas de classes de maternelle quatre ans.
Et, si on ajoute des classes additionnelles, il va falloir effectivement...
Pour les nouvelles écoles, à 800 000 $ la classe de maternelle quatre
ans, je suis convaincu qu'il n'y aura pas de problème de plomberie. Mais pour
nos anciennes écoles qui n'ont pas été rénovées, ça peut être un enjeu
important, parce que l'enfant ne pourra vraiment pas avoir à la même salle de
bain qu'un enfant de sept, huit ans.
Mme Miron (Diane) : On
peut penser que les écoles d'aujourd'hui ont toutes des maternelles cinq ans.
Alors, il y a déjà, je dirais, une bonne partance en termes d'équipement et de
locaux. Mais peut-être que, pour les enfants de quatre ans, ça va prendre un
petit peu plus d'ajustement et de s'assurer...
Mme Rizqy : Mais pour
l'ajout des élèves de quatre ans dans un réseau, ça va prendre non seulement de
la classe, mais ça prend aussi d'autres salles de bain, là.
Mme Miron (Diane) : Oui,
oui. C'est ça.
Mme Rizqy : Parce que
sinon, là, il va avoir une congestion à la salle de bain, là.
Mme Miron (Diane) : C'est
sûr. Puis il faut des buvettes adaptées puis des toilettes adaptées puis, bon,
on... C'est...
Mme Rizqy : Oui. Tantôt
vous avez aussi parlé des frais. Vous avez dit... Vous ne l'avez pas dit, mais
j'ai semblé dire... comprendre que, je veux dire, ça prend de la transparence
parce que vous avez parlé d'argent. Vous avez mentionné des points
d'interrogation. Par exemple, les frais chargés aux parents pour les journées
pédagogiques, les camps de jour l'été. Vous avez parlé aussi des boîtes à lunch
qui devaient être fournies dans les journées pédagogiques. Or, ça, en ce
moment, est-ce que vous avez déjà, vous, quantifié combien ça peur coûter ces
frais qui pourraient être facturés aux parents?
Mme Miron (Diane) : On ne
les a pas...
Mme Rizqy : ... par
exemple, les frais chargés aux parents pour les journées pédagogiques, les
camps de jours l'été. Vous avez parlé aussi de... il y a des boîtes à lunch qui
doivent être fournies dans les journées pédagogiques. Alors, ça, en ce moment, est-ce
que vous avez déjà, vous, quantifié combien ça peut coûter, ces frais qui
pourraient être facturés aux parents?
Mme Miron (Diane) : On ne
les a pas quantifiés. Un parent qui envoie son enfant au service de garde,
c'est 8,35 $ par jour. Et, quand on fait la comparaison, par exemple, avec
un CPE où il y a... la contribution de base est de 8,25 $... bon, à peu
près, mais là il y a deux collations de fournies puis un dîner de fourni,
alors, ce n'est pas vrai... tu sais, ce n'est pas le cas, là, en milieu scolaire.
Mme Rizqy : Oh oui! Tout
à fait.
Mme Miron (Diane) : Puis
on pose la question : Est-ce qu'en maternelle quatre ans on va mettre des
mesures pour assurer l'accessibilité?
Mme Rizqy : Parce que,
là, il est question de gratuité de maternelle quatre ans, mais un parent qui
inscrit son enfant à 8,25 $ dans une CPE s'attend, justement, à avoir son
repas et deux collations par jour qui sont inclus dans ce montant.
Mme Miron (Diane) : C'est
ça.
Mme Rizqy : Mais, pour un
parent qui ne sait pas puis qui inscrit son enfant en maternelle quatre ans, il
va l'apprendre lorsqu'il va recevoir la facture pour les collations et les
repas, là, qui vont être... qui lui seront facturés à ce moment-là.
Mme Miron (Diane) : Oui,
effectivement.
Mme Rizqy : D'accord. Et
plus les journées pédagogiques. Et, si je ne m'abuse, vous, c'est
182 jours.
Mme Miron (Diane) : 180
jours plus 20 jours.
Mme Brodeur (Réjeanne) :
180 jours plus 20 jours de journées pédagogiques.
Mme Rizqy : O.K. Et
est-ce que l'été vous avez un service de garde qui peut continuer?
Mme Miron (Diane) : En
principe, oui, mais on doit avouer que les règles budgétaires actuellement ne
favorisent pas beaucoup l'ouverture de classes... l'ouverture de services de garde
durant l'été.
Mme Rizqy : Est-ce
qu'il... Combien ça coûterait pour, justement, favoriser... Parce que
l'objectif, ce n'est pas que les parents se retrouvent le 24 juin avec leur
enfant en se demandant... Parce qu'on sait aussi, parce qu'on a parlé avec
d'autres intervenants des réseaux des municipalités, l'UMQ... eux, leurs camps
de jour ne sont pas prêts, là.
Mme Miron (Diane) : Ils
ne sont pas... non.
Mme Rizqy : Donc, c'est
pour ça qu'on essaie de voir des solutions. Combien que ça coûterait pour être
en mesure de continuer votre service durant l'été?
Mme Miron (Diane) : Je ne
sais pas. Évidemment, c'est toujours sur une base de l'autofinancement, alors
ça dépend du nombre d'enfants qui sont présents, alors, tu sais, pour le moment,
on n'est pas en mesure de répondre à ça. On sait que, par exemple, dans la
semaine de relâche, là où on offre un service de garde, des services durant la
semaine de relâche, ça peut être 35 $, 40 $ par jour.
Mme Rizqy : O.K. Quand
même... D'accord.
Mme Miron (Diane) : Je
voudrais rajouter, par rapport aux coûts, c'est qu'en garde scolaire il n'y a
pas de mesure pour les familles nombreuses, et, quand tu es en milieu
défavorisé aussi, là, alors... ce qui n'est pas tout à fait le cas en petite enfance.
Mme Rizqy : D'accord.
J'aimerais savoir, en ce moment, si on prenait... si on faisait un cas concret.
Vous avez un enfant qui est dans votre réseau, est-ce que l'intervenante est
capable de dépister? Et, si oui, comment que ça va... c'est comment, le
mécanisme de dépistage, faire le suivi?
Mme Brodeur (Réjeanne) :
L'éducatrice, quand que l'enfant est au service de garde, l'éducatrice va noter
des choses, va noter... dans des fiches anecdotiques, là, puis va rencontrer
l'enseignante pour voir si c'est à peu près la même chose. Et, suite à ça, il y
a tous les services complémentaires, là, soit psychoéducateurs, TES, des choses
comme ça, et on peut assister au plan d'intervention aussi et... pour savoir
quelles actions porter, quels moyens utiliser pour aider l'enfant, là. Donc, il
y a du dépistage qui se fait, là, par nos observations, là...
Mme Rizqy : O.K. Et... la
formation de base, c'est quoi, initialement, pour travailler?
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Pour technicienne en service de garde, c'est la technique d'éducation à
l'enfance au niveau collégial. Éducatrice, là, depuis 2011, c'est la formation
de l'attestation d'études professionnelles, là, postsecondaire, là, c'est le
nouveau cours, depuis 2011, là.
Mme Rizqy : Le D.E.P.?
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Non, attestation.
Mme Rizqy : Une
attestation de...
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Un A.E.P.
Mme Rizqy : Un... O.K.
Mme Brodeur (Réjeanne) :
A.E.P., 390 heures de formation.
Mme Rizqy : Combien
d'heures, pardon?
Mme Brodeur (Réjeanne) :
390 heures.
Mme Rizqy : D'accord. Et,
dans cette formation... Tantôt... vous avez parlé de soutien, vous disiez que
vos membres demandent du soutien pour avoir davantage de formation. Est-ce que...
Dans ces formations-là, est-ce qu'il y a quelque chose qui vous aide,
justement, pour davantage de dépistage précoce?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Il y
a un cours sur les enfants à cheminement particulier, là, donc... puis autant
au collégial que l'A.E.P., il y a vraiment une formation, là, que ce soit de
Gilles de la Tourette, ou peu importe, là, savoir reconnaître les signes, là,
etc. Donc, oui, il y a de la formation à l'A.E.P. ou au D.E.C.
Mme Rizqy : O.K. Tantôt, vous,
Mme Miron, vous mentionniez que vous avez besoin... vous demandiez plus de
soutien à la formation. Spécifiquement, pouvez-vous davantage préciser, là, ce
que vous avez de besoin aujourd'hui que... pour vos membres?
• (16 h 30) •
Mme Miron (Diane) : Bien,
en fait, c'est de peut-être être plus au fait des connaissances du
développement des enfants de quatre ans, comment avoir les bonnes attitudes,
développer les bonnes aptitudes aussi pour mieux soutenir ces enfants-là. Et
c'est...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Rizqy : ...pouvez-vous davantage
préciser, là, ce que vous avez de besoin aujourd'hui que... pour vos membres?
Mme Miron (Diane) : Bien, en
fait, c'est de peut-être d'être plus au fait des connaissances du développement
des enfants de quatre ans, comment avoir les bonnes attitudes, développer les
bonnes aptitudes aussi pour mieux soutenir ces enfants-là. Et c'est pour cette
raison-là qu'on demande que l'attestation, l'A.E.P., soit réévaluée, parce que,
selon nous, c'est... il y a... mettons qu'il y aurait du...
Mme Brodeur (Réjeanne) : De
l'amélioration.
Mme Miron (Diane) : ...de
l'amélioration à apporter...
Mme Brodeur (Réjeanne) :
Bonifier, bonifier.
Mme Miron (Diane) : ...une
bonification à apporter à la formation de base. Idéalement, ce serait
d'avoir... que toutes les éducatrices et tous les éducateurs aient une
attestation... pas une attestation mais une formation de techniques d'éducation
à l'enfance. Mais, le choix qui a été fait en 2011, ce n'est pas ça. Ce n'est
pas ce choix-là qui a été fait parce que les... on ne pouvait pas offrir 30
heures de travail, c'étaient des horaires brisés, et ci, et ça, mais,
parallèlement à ça, on n'a pas cherché, mettons, à optimiser le travail du
personnel. Alors... pour donner des emplois qui étaient intéressants.
Alors, on en a fait un débat, je dirais
plus, monétaire que d'essayer d'avoir une vision finalement pour soutenir les
enfants qui arrivent au service de garde.
Mme Rizqy : Dites-moi :
Si jamais... Est-ce que présentement vous avez déjà un enjeu de pénurie de
main-d'oeuvre?
Mme Miron (Diane) : Oui.
Mme Rizqy : Avec un ratio qui
va être réduit probablement d'un pour 10, ça va juste accentuer davantage votre
problème de pénurie de main-d'oeuvre.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Bien,
peut-être, oui et non. Si on offre plus d'heures, on va pouvoir être capables
de faire de la rétention davantage, dans ce sens-là. Donc...
Mme Rizqy : Bien, dans le
sens... Parce qu'un enfant, lorsqu'il fait son 4 h 30 min en
classe, après ça, il va faire son autre 4 h 30 min avec vous...
Mme Brodeur (Réjeanne) : Bien,
s'il y a des enfants de quatre ans...
Mme Rizqy : Parce que la plage
horaire ne va pas bouger, là. Ça va juste... On va avoir besoin de plus de
locaux puis plus d'intervenants.
Mme Miron (Diane) : Bien, si
le personnel éducateur soutient l'enseignante, ça va faire plus de travail pour
ces personnes-là, plus de temps de présence en classe.
Mme Rizqy : O.K. Vous... Moi,
je ne parle pas d'enseignement dans la classe, là. Je parle dans votre service
de garde.
Mme Miron (Diane) : Non, mais
ça fait partie de... O.K. Mais...
Mme Rizqy : Parce que la
classe, c'est avec l'enseignant. Bien, dans... lorsqu'il arrive, par exemple le
matin, il est avec une éducatrice. Le soir... bien, en fin de journée, il est
avec une éducatrice. À ce moment-là, ça veut dire que dans ces plages horaires,
matin, fin d'après-midi, ça va nous prendre d'autres éducatrices aussi, là,
puis d'autres locaux.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Bien,
il y a de la place autant que de l'école. Il n'y a pas de place au permis,
contrairement aux CPE, là. Si l'école peut accueillir 500 enfants à l'école
dans le jour...
Mme Rizqy : Vous ne mettez...
Mme Brodeur (Réjeanne) :
...peut accueillir 500 enfants au service de garde sur les plages matin...
Mme Rizqy : D'accord. Puis une
dernière petite question : Êtes-vous prêts à recevoir des enfants de trois
ans? Parce qu'en septembre, un enfant qui a trois ans mais qui aura quatre ans
au courant de l'année, il est admissible. Est-ce que vous êtes prêts à recevoir
un enfant de trois ans?
Mme Brodeur (Réjeanne) : On en
parlait justement, là. Bien, c'est au 30 septembre habituellement. Il faut
qu'il... Bon, trois ans et onze mois...
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup. On va laisser maintenant la parole à
la députée de Sherbrooke...
Mme Labrie : Merci.
Le Président (M. Asselin) :
...pour 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Vous avez mentionné tout à l'heure que le ratio, c'était un pour 20.
J'aimerais ça savoir si c'est le même... je comprends que c'est un ratio
théorique qui peut varier, mais est-ce que c'est le même ratio théorique, que
ce soit en milieu défavorisé ou non, ou ça change?
Mme Miron (Diane) : ...c'est
le même.
Mme Labrie : C'est le même. Et
est-ce que vous pensez... Vous avez nommé tout à l'heure une proposition d'un
pour 15, comme ratio en préscolaire. Est-ce que vous pensez que ce ratio-là
devrait être le même en milieu défavorisé et en milieu non défavorisé?
Mme Miron (Diane) : Bien...
Oui. Tu sais, c'est sûr qu'on cherche toujours à avoir un ratio le plus bas
possible mais... Bon, c'est... Tu sais, je pense qu'on est dans un moment où on
réfléchit l'école puis, en réfléchissant à l'école, on doit réfléchir aussi au
service de garde. C'est un peu ça, le message qu'on vous dit. C'est : La
contribution que le service de garde peut amener à l'école, elle est
importante, puis il faut la faire valoir puis il faut le reconnaître.
Alors, le ratio, quel est meilleur ratio?
Bien, en quelque part, on a envie de dire : Si vous êtes prêts à dégager
des sommes pour avoir un ratio 1-10, nous autres, on va dire : «Yes!»
C'est ça qu'on veut. Mais c'est ça. Il faut réfléchir vraiment à ce qu'on veut
puis la qualité des services qu'on veut donner à nos enfants, jusqu'où on est
prêts à aller.
Mme Labrie : J'aurais une
autre question par rapport à l'heure du dîner. Je sais qu'il y a deux types de
garde sur l'heure du dîner. Il y a le service de garde puis il y a aussi la
surveillance. Les ratios sont assez différents. Corrigez-moi si je me trompe,
ça peut être un pour 60 en dehors du service de garde. Est-ce que vous
recommandez que ce ratio-là soit diminué aussi pour le préscolaire?
Mme Miron (Diane) : Bien, en
fait, à partir du moment où le ratio, mettons qu'il est de 1-15, c'est que
l'éducatrice est avec son groupe de 1-15. Le ratio au dîner doit rester le
même.
Mme Labrie : Mais pour ceux
qui ne sont pas inscrits au service de garde mais qui sont plutôt dîneurs,
est-ce que vous recommandez que ce soit réduit aussi?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Oui.
Mme Labrie : Oui?
Mme Miron (Diane) : Ce serait
dans la logique des choses.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Dans
le... Oui. Pour le bien-être de l'enfant, oui.
Mme Labrie : Donc, ce serait
soit que les enfants de quatre ans soient orientés vers le service de garde pour
l'heure du dîner ou soit qu'on en constitue un groupe dont le ratio ne serait
pas un pour...
Mme Labrie : ...est-ce que vous
recommandez que ce soit réduit aussi?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Oui.
Mme Labrie : Oui?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Ce
serait dans la logique des choses pour le bien-être de l'enfant, oui.
Mme Labrie : Donc, ce serait
soit que les enfants de quatre ans soient orientés vers le service de garde
pour l'heure du dîner ou soit qu'on en constitue un groupe dont le ratio ne
serait pas un pour 60...
Mme Brodeur (Réjeanne) : Comme
présentement pour les cinq ans, dans plusieurs écoles, c'est ça qui se passe,
et les maternelles sont presque tous au service de garde, cinq ans.
Mme Labrie : Parce que les
parents font ce choix-là ou parce que l'école les y incite?
Mme Brodeur (Réjeanne) : Parce
que les parents font beaucoup ce choix-là.
Mme Labrie : Donc, ils paient
pour ça.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Oui.
Oui, par choix puis... c'est ça, oui.
Mme Labrie : Parfait. Bien, je
vous remercie.
Le Président (M.
Asselin) :Très bien. Alors, on laisse la
parole maintenant à la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. Alors, je partage complètement votre point de vue, dans le sens
où je pense qu'il est grand temps de s'arrêter aux services de garde en milieu
scolaire, qui souvent accueillent les enfants presque autant de temps que les
enseignantes et les enseignants, et là ça va être vraiment le cas pour les
enfants de quatre ans puisqu'ils ont une heure de moins de classe, donc
potentiellement ils sont à 50-50 entre les deux. Et le paradoxe, bien, en fait,
le paradoxe ou peut-être un fait à noter, c'est que, compte tenu de ces
fameuses heures coupées, vous vivez une pénurie importante puis, je pense, un
défi de formation très grand, parce que les éducatrices qui sortent qui sont
formées vont aller beaucoup plus dans des tâches complètes dans des centres de
la petite enfance ou autre. Donc, je pense qu'on a vraiment à réfléchir
là-dessus quand on dit qu'on veut offrir le mieux à nos enfants de quatre ans,
de cinq ans, en les envoyant en milieu scolaire. Il faut penser à tout ce
défi-là.
Dites-moi, est-ce que vous avez un
chiffre, une approximation du nombre d'éducatrices de garde scolaire qui ont
leur formation de niveau collégial?
Mme Miron (Diane) : Non.
Mme
Hivon
: Non?
O.K.
Mme Miron (Diane) : On n'est
pas en mesure de vous fournir...
Mme
Hivon
: O.K.
Vous n'avez pas l'information.
Mme Miron (Diane) : Non. Non, effectivement.
Ce qu'on sait, c'est qu'il y a beaucoup d'éducatrices qui ont un double D.E.C.,
qui ont un D.E.C., il y en a même qui ont une formation universitaire, il y en
a même qui ont une formation d'enseignante, qui ont fait le choix de travailler
en service de garde en milieu scolaire. Mais,statistiquement parlant, on n'est
pas capables de donner cette information-là, il faudrait s'adresser à la
Fédération des commissions scolaires pour pouvoir nous donner ces chiffres-là,
qui eux, en principe, connaissent le profil de leur main-d'oeuvre.
Mme
Hivon
:
Parfait. Donc, quand vous nous dites aujourd'hui : Il y a un défi de
formation, c'est autant de manière générale, si je comprends bien, qu'une
formation adaptée à cette nouvelle clientèle de quatre ans. C'est aux deux
égards, en fait, ce que vous nous dites.
Mme Miron (Diane) : Oui. En
fait, l'arrivée des maternelles quatre ans nous amène, je vous dirais, à
réfléchir à cette problématique-là davantage.
Mme
Hivon
: Oui.
Encore plus, oui.
Mme Miron (Diane) : Oui,
encore plus.
Mme
Hivon
:
Puis, dites-moi, tantôt, ma collègue vous a parlé de la possibilité que, l'été,
les services de garde puissent être ouverts, mais je n'ai pas tout à fait
compris ce que vous avez répondu, dans le sens où c'est une possibilité
théorique, mais, dans les faits, ça n'existe pas vraiment.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Les municipalités
offrent beaucoup les camps de jour, donc, dans les écoles, ils utilisent les
locaux école, donc c'est pour ça, là...
Mme
Hivon
: Ce
n'est pas quelque chose qui existe, là, juste pour qu'on soit clairs.
Mme Brodeur (Réjeanne) : Service
de garde scolaire estival, moi, je n'en connais pas.
Mme
Hivon
: Non.
Parfait. Merci.
Le Président (M.
Asselin) :Merci beaucoup pour votre contribution
aux travaux de la commission, on va suspendre quelques instants, mais je tiens vraiment
à vous remercier.
(Suspension de la séance à 16 h 39)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président
(M. Asselin) : Alors, on va reprendre avec le Conseil québécois
des services éducatifs à la petite enfance. Je vais vous laisser les temps de
vous présenter et puis, après votre premier 10 minutes de présentation du mémoire,
on échangera. À vous la parole.
Mme Breton (Nathalie) :
Alors, Nathalie Breton, Présidente au conseil québécois.
Mme Lessard (Francine) :
Francine Lessard, directrice générale du conseil québécois.
M. Moreau (Jacques) :
Jacques Moreau, professeur à l'école de travail social de l'Université de Montréal.
Le Président
(M. Asselin) : Allez-y pour 10 minutes.
Mme Breton (Nathalie) : M.
le Président, M. le ministre, mesdames messieurs membres de la Commission de la
culture et de l'éducation, permettez-moi d'entrée de jeu de vous remercier
d'avoir finalement accepté de nous entendre sur le sujet du déploiement
universel des maternelles quatre ans, un dossier à portée sociétale qui
préoccupe grandement le réseau des services éducatifs à la petite enfance et
aussi les parents du Québec. À titre informatif, le conseil québécois
représente 45 000 places consacrées aux enfants de zéro à cinq ans,
et ce, en installation et en milieu familial public.
Tout d'abord, il est important de situer
les propos de notre mémoire en lien direct avec le respect des besoins réels
des enfants de quatre ans qu'aux préférences de leurs parents, et ce, en
reconnaissant les multiples avis scientifiques portant sur la question. Ainsi,
nous tenons d'entrée de jeu à féliciter le premier ministre pour sa
détermination à offrir à tous les enfants du Québec la possibilité d'un
dépistage précoce, ce qui, sans contredit, supportera une transition réussie à
la maternelle à l'âge de cinq ans. Comme vous le savez, et tel que la
directrice d'une équipe de recherche en petite enfance du l'UQAM l'indiquait
encore aujourd'hui dans LaPresse, les enfants doivent être
diagnostiqués tôt si on veut les aider. À quatre ans, c'est déjà très tard.
Nous sommes à même de constater que l'argumentaire du gouvernement est variable
et évolue selon le temps. En septembre 2018, le premier ministre mentionnait
que la scolarisation précoce en Ontario avait amélioré la diplômation. Or la
réforme n'est en place que depuis quelques années, et il est impossible pour le
moment d'en mesurer les effets. Et surtout cette province ne compte pas sur un
réseau de services éducatifs comme le nôtre.
En novembre 2018, le gouvernement
affirmait que les services seraient complémentaires. Or, nous n'avons jamais
cru à cette complémentarité. D'ailleurs, nous pouvons lire ce matin dans Le
Journal de Québec que les fonctionnaires du ministère de la Famille ont été
tenus à l'écart du déploiement des nouvelles classes. Il n'y a pas eu d'échange
ou de document produit entre les deux ministères, soit le ministère de
l'Éducation et le ministère de la Famille depuis le 1er juin 2018.
Actuellement, le gouvernement plaide son projet de déploiement universel de
maternelles quatre ans en s'associant à la liberté des choix des parents. De
quelle liberté de choix parle-t-on? D'une part, les parents du Québec n'ont
tout simplement pas été consultés à savoir s'ils désiraient que leurs tout
petits enfants de quatre ans fréquentent une école. D'autre part, afin de
pouvoir faire un choix, il faut qu'une offre de services complétée... il nous
faut une offre de services complétée, ce qui n'est actuellement pas le cas.
Encore 42 000 enfants sont toujours inscrits sur la liste d'attente
provinciale pour des services éducatifs.
Je peux affirmer que les parents du Québec
sont fiers de l'offre de services éducatifs offerts par les centres de la
petite enfance et les milieux familiaux publics. J'ai fait le tour de la
province accompagné de la présidente de FIPEQ, Mme Valérie Grenon, et ce,
pour inviter la population du Québec à signer une importante pétition demandant
au gouvernement de cesser le déploiement universel des maternelles quatre ans
et de plutôt valoriser...
Mme Lessard (Francine) : ...de
l'offre de services éducatifs offerts par les centres de la petite enfance et
les milieux familiaux publics. J'ai fait le tour de la province, accompagnée de
la présidente de la FIPEQ, Mme Valérie Grenon, et ce, pour inviter la population
du Québec à signer une importante pétition demandant au gouvernement de cesser
le déploiement universel des maternelles quatre ans et de plutôt valoriser les
services éducatifs à la petite enfance en complétant le développement de
nouvelles places, pour ainsi combler les besoins des familles québécoises. Nous
avons recueilli 40 000 signatures. Des milliers de parents ont également
sollicité les membres de la commission et les députés provinciaux pour tenir
une consultation générale. Une invitation a été transmise au ministre, M.
Roberge, afin qu'il puisse visiter des CPE et milieux familiaux publics. Toutes
ces demandes ont été rejetées du revers de la main.
Nous tenons aujourd'hui à vous souligner
encore une fois que le Québec possède un réseau de services éducatifs de grande
qualité; que des intervenants et intervenantes de ce réseau de professionnels à
la petite enfance procèdent, dès le jour 1, au dépistage des troubles pouvant
affecter le développement global des tout-petits; que ces intervenants et
intervenantes offrent leur soutien à la parentalité par des contacts quotidiens
avec les familles; que ces milieux de vie offrent notamment des milieux
sécuritaires, des ratios respectant les besoins des enfants de quatre ans;
l'application d'un programme éducatif édicté par la loi sur les services
éducatifs à l'enfance et des services continus toute l'année.
Je laisse à Mme Breton, la présidente du
conseil, le privilège de vous déposer nos recommandations.
Mme Breton (Nathalie) : Alors,
parmi celles-ci, le conseil québécois et ses membres recommandent que les
enfants de quatre ans du Québec, ou ceux qui auront éventuellement quatre ans,
demeurent dans l'environnement des services éducatifs. En ce sens, le conseil
québécois recommande le retrait du projet de loi n° 5; qu'un amendement
soit effectué à la loi sur les services de garde éducatifs afin qu'on y intègre
le droit de fréquentation des enfants de zéro à cinq ans, au même titre que
celui prévu à la Loi sur l'instruction publique; que l'on prenne les moyens
pour qu'à court terme, la gratuité universelle des services éducatifs soit
offerte à tous les enfants de quatre ans présents dans les services de garde
éducatifs; que l'on prenne les moyens nécessaires pour renforcer les liens de
collaboration entre les réseaux des services éducatifs à la petite enfance et
le réseau de la santé et des services sociaux afin de maximiser les
interventions précoces.
Afin de vous démontrer l'importance de
continuer à offrir et à développer des places pour tous les enfants de
zéro-cinq ans en service de garde éducatif, je laisse la parole à M. Jacques
Moreau, professeur à l'École de travail social de l'Université de Montréal,
expert en développement de l'enfant et interventions précoces et, de 2016 à
2014, scientifique provincial principal, services sociaux de l'INESSS.
M. Moreau (Jacques) : Bonjour,
tout le monde. Dans cette initiative pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui,
j'ai la fâcheuse impression que les besoins développementaux des quatre ans ne
sont pas suffisamment pris en compte et que cette initiative pourrait même être
vue comme une menace aux besoins développementaux des quatre ans.
Les besoins développementaux des quatre
ans sont fortement concentrés, à ce moment-ci de leur vie, sur l'aspect
socioaffectif du développement. Ça ne veut pas dire que les autres sphères du
développement disparaissent, au contraire. Le développement est global, tout se
passe en même temps, mais il y a ici comme un focus particulier, à cet âge-là,
dans cet univers-là, du développement socioaffectif qui se fait. Et il y a des
jalons développementaux qui sont très importants, que les enfants doivent
rencontrer et les enfants de quatre ans doivent accomplir des tâches
développementales pour arriver à rencontrer ces jalons.
Ces jalons se réfèrent beaucoup à
l'autorégulation émotionnelle; savoir gérer des conflits sans agression; sur le
plan des interactions; sur le plan du sentiment de sécurité à établir en groupe
et un à un et ainsi de suite. Et ici aussi, continuer à raffiner le langage,
justement, pour arriver à dépasser les comportements agressants physiques.
Alors, les enfants qui sont actuellement
dans les services éducatifs à la petite enfance, et je suis d'accord avec la
proposition qui a été faite : il faudrait peut-être réviser ce terme-là,
de «garde», parce que, justement, dans les services éducatifs à la petite
enfance, ces personnes-là qui sont là ne sont pas des gardiennes — ça
fait longtemps qu'elles ne le sont pas — et qu'il faudrait que la société,
par, justement, un changement à l'étiquette de l'Office des services de garde
et dans la loi, peut-être que ça serait une bonne idée que ça soit reconnu,
surtout que maintenant, bien il y a les techniques au cégep pour l'appuyer.
• (16 h 50) •
Alors, ceci dit...
M. Moreau (Jacques) : ...par justement
un changement à l'étiquette de l'Office des services de garde et dans la loi, peut-être
ça serait une bonne idée que ça soit reconnu, surtout que maintenant, bien, il
y a les techniques au cégep qui sont là pour l'appuyer.
Alors, ceci dit, je pense qu'il faut
travailler à faire en sorte que ces enfants-là restent dans le milieu de vie
qui leur appartient en ce moment et qui contribue grandement à faire en sorte
qu'ils accomplissent les tâches développementales requises à leur âge pour
rencontrer les jalons développementaux des quatre ans. Changer le milieu de
vie, ça veut dire changer tout l'environnement, et Dieu sait qu'à cet âge
l'environnement des enfants est extrêmement important, pas les infrastructures,
pas le mortier et les briques, l'environnement relationnel, l'environnement de
vie, le milieu de vie. Justement, les quatre ans, en service éducatif à la
petite enfance, en ce moment, sont dans le milieu de vie qui est le mieux
approprié pour eux, compte tenu des tâches développementales à accomplir. Les
changer pour un autre milieu qui devient un milieu scolaire met les enfants
dans des exigences développementales qui risquent de leur créer des problèmes,
en particulier les enfants qui sont déjà à risque dans leur développement ou
qui sont déjà atteints dans leur développement.
Alors, c'est pourquoi je suis ici
aujourd'hui pour m'opposer à ce projet de loi. Merci.
Le Président (M.
Asselin) : M. Moreau, Mme Lessard, Mme Breton, on va poursuivre
nos échanges. On va commencer par le ministre de l'Éducation. À vous la parole
pour 16 minutes.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation. Je pense qu'il y a plus de points sur
lesquels on s'entend que de point sur lesquels on ne s'entend pas. Vous parlez
de travailler pour les enfants, de travailler en équipe, de faire tout pour le développement
des enfants. Écoutez, on a développé dès les premiers mois cette politique de
la politique de la petite enfance, l'importance d'agir tôt de manière
concertée, Famille, Santé, Éducation, puis vous en saluez un peu aussi... À la
page 12, là, vous avez : «Par cette initiative louable, le gouvernement du
Québec reconnaît donc que le dépistage précoce ne se fait pas à partir de
quatre ans — pas seulement à partir de quatre ans, en tout
cas — mais le plus tôt possible, comme c'est le cas pour les
tout-petits qui fréquentent un service éducatif.» Je suis bien d'accord avec
vous pour dire qu'il se passe des choses avant quatre ans, évidemment qu'il se
passe des choses avant quatre ans, puis qu'il y a quand même différents
niveaux, hein? Il peut y avoir des troubles neurologiques qu'on peut voir dès
la naissance. Quelqu'un avant vous le disait. Il y a même le... Le test, je
pense, s'appelle Apgar, je ne sais pas si c'est le bon mot, quelque chose comme
ça, où dès... L'enfant a quelques minutes de vie, puis déjà on fait quelques
tests. Donc, il peut avoir : troubles neurologiques, troubles neuromoteurs,
dysphasie, dyspraxie. Plus qu'on avance, plus il peut y avoir des retards de
développement, puis là il peut y avoir des développements... des problèmes
d'apprentissage liés à ces retards-là ou pas, et je suis d'accord avec vous que
ça ne commence pas nécessairement à quatre ans, comme ça ne commence pas à deux
ans, comme ça ne commence pas à huit ans, c'est un continuum.
Vous avez parlé du déploiement de la
maternelle quatre ans comme carrément d'une menace au développement des enfants
de quatre ans en disant que ce qui se faisait dans nos services de garde
éducatifs à l'enfance était de qualité. Je n'en doute pas. Mais je ne comprends
pas pourquoi ce serait une menace et pourquoi, dans une classe adaptée aux
tout-petits de quatre ans avec du matériel adapté aux tout-petits et du
mobilier, un programme et un duo enseignante-éducatrice, ça devient dangereux
tout à coup, puis que là on ne peut pas faire bien les choses, et que ça
devient une menace au développement de l'enfant, là.
Pouvez-vous m'expliquer où est la menace,
dans la mesure où on a évidemment un local adapté, du matériel adapté, du
mobilier adapté et un duo enseignante-éducatrice, là? Où est la menace?
M. Moreau (Jacques) : C'est à
moi que vous posez la question?
M. Roberge : Bien, c'est à
l'ensemble des trois, vous présentez à trois.
Mme Lessard (Francine) :
Bien, je vais peut-être commencer, puis tu pourras peut-être compléter. Je vous
retournerais même la question, à savoir : Pourquoi au Québec on doit
développer des maternelles quatre ans, considérant le fait qu'on a une offre de
services qui n'est pas complétée, évidemment, qu'on espère qui se complétera,
mais on a déjà... au Québec, on s'est doté de services de qualité pour les
enfants de quatre ans, ça existe déjà? Si on n'avait rien, je comprendrais,
moi, en disant : On n'a rien pour les enfants de quatre ans, il faut créer
quelque chose. Mais on a déjà au Québec des services éducatifs qui nous font
honneur, et même qui sont l'envie d'autres provinces et d'autres pays. Alors,
on ne comprend pas, et la question, je vous la pose à votre tour : Qui a
demandé des maternelles quatre ans? Pourquoi on a besoin de développer des
maternelles quatre ans? Pourquoi on ne consacre pas nos efforts à offrir à tous
les enfants de quatre ans les places...
Mme Lessard (Francine) : ...et
même qui sont l'envie d'autres provinces et d'autres pays. Alors, on ne
comprend pas, et la question, je vous la pose à votre tour : Qui a demandé
des maternelles quatre ans? Pourquoi on a besoin de développer des maternelles
quatre ans? Pourquoi on ne consacre pas nos efforts à offrir à tous les enfants
de quatre ans des places éducatives? Un peu partout au Québec, on en manque, on
le sait, là, il y a 42 000 enfants en liste d'attente, donc on manque de
place pour accueillir tous nos enfants. Oui, il y a des enfants qui ne
fréquentent pas, il y a des enfants qui ne fréquenteront jamais non plus, il y
a des enfants qui vivent avec leur mère puis il y a des enfants qui vivent avec
leur père. Et ça, au Québec, on doit reconnaître aussi que tous les enfants
n'ont pas nécessairement un cheminement vers un service éducatif ou une maternelle
quatre ans. Je veux dire, il y a des enfants qui vont habiter avec leurs
parents, puis je pense qu'on se doit même de féliciter ces parents-là qui
peuvent, par leurs conditions, passer des années avec leurs enfants, et les
élever, et leur donner toute la stimulation dont l'enfant a besoin.
Mais pour les parents qui ont besoin d'un
service pour leurs enfants parce qu'ils travaillent, parce qu'ils sont
étudiants, bref, pour les raisons et les motifs qui leur appartiennent, on a déjà
ça, ça existe au Québec, le Québec a mis... on a mis ensemble beaucoup
d'argent, ça coûte quand même cher, les services éducatifs à la petite enfance,
on a dégagé beaucoup d'argent, on a développé beaucoup d'expertise et on
possède déjà des services éducatifs de grande qualité pour les enfants de
quatre ans. Et la recherche, et les scientifiques, M. Moreau et bien d'autres,
nous le démontrent et n'arrêtent pas de le dire sur toutes les tribunes :
On a exactement ce qu'il faut pour les enfants de quatre ans, alors pourquoi on
s'entête à vouloir développer un autre modèle dans les écoles? Imaginez juste
un enfant de quatre ans qui va devoir prendre un autobus scolaire, il n'a même
pas les jambes assez longues pour embarquer dans l'autobus, les marches sont
trop hautes pour lui. Alors, juste à ce moment-là, on vient juste de débuter la
journée, il est 7 h 30, il est sur le bord de la rue avec un papa
puis une maman, il fait froid, on est en plein hiver puis on attend l'autobus
scolaire. Je ne sais pas qu'est-ce que ça va apporter de plus à cet enfant-là
pour assurer sa diplomation à l'âge de 25 ans. Je ne pense pas que c'est comme
ça qu'on va réussir. Alors, je laisse la parole aux experts, mais moi, je vous
dis que... la question, je vous la relance, parce que, en tout cas, je n'ai pas
pu lire, à ce jour, de résultat d'enquête que vous auriez menée auprès des
familles québécoises qui sont venues vous indiquer qu'elles souhaitaient des
maternelles quatre ans universelles partout au Québec.
M. Roberge : Bien...
Le Président (M.
Asselin) : ...écouter M. Moreau.
M. Roberge : On m'a posé une question.
Le Président (M.
Asselin) : Ah oui.
M. Roberge : J'aimerais bien y
répondre. Bien, je pense qu'il y a des milliers de parents qui ont répondu en
inscrivant leurs enfants au cours des dernières années dans les maternelles
quatre ans. En milieu défavorisé, en ce moment, il y a quand même 394 classes
qui sont, à chaque année, utilisées. Il y en avait moins l'année passée puis il
y en avait moins l'année d'avant, les précédents gouvernements l'ont déployée, peut-être
pas aussi vite qu'on l'aurait voulu, mais manifestement il y a d'autres gouvernements
avant le nôtre qui ont choisi de le déployer, il y a des parents qui ont choisi
d'envoyer leurs enfants là, et il y a le fait qu'en ce moment on a un nombre
assez élevé d'enfants qui présentent un taux de vulnérabilité dans au moins un
domaine de développement, ça doit nous interpeller.
Il y a cette idée, que je ne comprends pas
nécessairement, d'opposer les maternelles quatre ans à tout le reste. Il y avait
une lettre ouverte, ce matin, dans le journal, un collectif, puis ils
disaient : «Avec l'accès universel à la maternelle quatre ans et les CPE,
notre gouvernement inscrit le Québec parmi les sociétés progressistes qui ont à
coeur l'égalité des chances à l'école et le développement du plein potentiel de
tous les enfants. Pas question de mettre en compétition deux services de
qualité.» En fait, il y a plus que deux services. Déjà, dans les maternelles
quatre ans... pardon, dans le réseau, en ce moment, il y a des maternelles
quatre ans, il y a des CPE, il y a les garderies subventionnées, il y a les
garderies non subventionnées, il y a les milieux familiaux régis, puis je pense
qu'il y a les milieux familiaux non régis. D'après vous, lequel de tous ces
services est le meilleur?
Mme Lessard (Francine) : Peut-être
laisser à M. Moreau.
M. Roberge : Je m'adresse à...
Vous vous présentez à trois, c'est à vous... choisissez qui répond.
Mme Lessard (Francine) :
Bien, je vous dirais, les centres de la petite enfance et les milieux familiaux
régis, publics, sont ceux que je connais, alors je ne peux pas vous parler de
ce que je ne connais pas. Donc, je ne travaille pas avec les autres milieux que
vous avez nommés. En réponse à la question, oui, il y a des classes maternelle
quatre ans, actuellement, le taux de fréquentation est à environ neuf élèves
par classe, alors ce n'est pas très élevé.
M. Roberge : C'est 12.
• (17 heures) •
Mme Lessard (Francine) : Ce
n'est pas très couru. Pourquoi on arrive avec effectivement des enfants qui
arrivent à l'école et qui ont un... On a quand même un pourcentage d'enfants
qui arrivent à l'école, puis le petit «pacsac» n'est pas complété — on
peut appeler ça comme ça? Bien, moi, je vous dirais... pourquoi, je pense?
Parce que le dépistage précoce se fait dès le jour un dans les centres de la
petite enfance et en milieu familial public. Par contre...
17 h (version non révisée)
Mme Lessard (Francine) :
...et qui ont un... on a quand même un pourcentage d'enfants qui arrivent à
l'école puis le petit «pacsac» n'est pas complété, on peut appeler ça comme ça.
Bien, moi, je vous dirais... pourquoi, je pense? Parce que le dépistage précoce
se fait dès le jour un dans les centres de la petite enfance et en milieu
familial public. Par contre, le suivi avec les professionnels de la santé n'est
pas établi et est offert de façon très azimut un peu partout dans la province.
Alors, oui, il y a des endroits... on me disait encore, vendredi matin, une
directrice de centre de la petite enfance de Vaudreuil-Dorion me disait :
«Bien, nous, quand on fait un dépistage, on se rend compte rapidement, l'enfant
a 18 mois, l'enfant a 20 mois, 24 mois, il y a quelque chose qui ne va pas
parfaitement, on appelle au CIUSSS de notre région, on a un service immédiat ou
presque immédiat. Merveilleux. C'est merveilleux. Parce que, là, on agit, on
agit, on a dépisté l'enfant, tout de suite, un professionnel, un orthophoniste,
un psychoéducateur, bref, un spécialiste du monde de la santé va venir
travailler avec nous, travailler avec les parents, travailler avec les
éducateurs, avec les éducatrices, et on va préparer l'enfant à son entrée à
l'école. Par contre, ce scénario-là n'est absolument pas répandu à travers la
province, ce qui fait en sorte que, souvent, les éducateurs, les éducatrices
vont effectivement dépister tôt des problématiques, et il n'y a pas de service
au numéro qu'on a composé. Donc, ça peut prendre des semaines, voire des mois,
voire même des années avant qu'il n'y ait un service. Et ça, je pense que c'est
gage... Si on était capable, au Québec, d'avoir une passerelle efficace entre
le dépistage qui est fait dans les services éducatifs et les services de la
santé, je pense qu'on viendrait de gagner un pourcentage beaucoup plus élevé
d'enfants qui rentreraient à l'école, qui arriveraient à la maternelle cinq ans
avec un petit «pacsac» bien équipé.
Le Président (M.
Asselin) : M. le député de Richelieu.
M. Émond : Combien de temps,
monsieur...
Le Président (M.
Asselin) : On a 5 min 48 s.
M. Émond : 5 minutes.
D'accord. Alors, bonjour à vous trois, merci de votre présentation. Puis je
trouve ça très... puis je vous remercie de ce que vous apportez au débat, je
trouve ça très intéressant d'entendre votre point de vue, particulièrement
celui de monsieur, parce que je pense que c'est important, dans ce domaine,
d'écouter l'ensemble des spécialistes, surtout pour quelqu'un comme moi,
nouvellement député. Ma formation en pédagogie de l'Université de Sherbrooke
est beaucoup plus axée sur l'éducation aux adultes, et là on s'adresse à la
petite enfance, donc j'en ai beaucoup à apprendre dans ce domaine. Puis
j'entends ce que vous dites, monsieur, en tant que spécialiste. J'entends
aussi, d'un autre côté, bien entendu, des spécialistes comme M. Royer, qui nous
amènent un autre son de cloche, et je pense que c'est important de se nourrir
et s'abreuver des commentaires, de tout ce que ces spécialistes ont à nous
dire, mais en gardant toujours en tête, je pense, le bien-être de nos enfants
les plus jeunes, en pensant aux élèves et en pensant également aux parents, je
crois, parce que nous sommes tous parents. Moi, pour la petite histoire, je
viens d'une famille nombreuse, je suis le sixième de ma famille, et puis mon
unique fille est la 21e petite enfant chez moi, mes soeurs et mon frère se
plaisent à me dire que je n'ai pas été très productif, là, quand je pense à ma
soeur Michèle, qui en a huit. Mais tout ça pour vous dire que moi, je fais
confiance, dans tout ce débat, également, aux parents. Je pense que ce qu'on
est en train de faire, c'est d'ajouter dans le panier de services une offre
supplémentaire, qui existe déjà, d'ailleurs, et en pensant d'abord et avant
tout à nos tout-petits.
Moi, dans mon expérience personnelle, là,
pour ma fille, je saurais... Elle a eu un parcours scolaire, et puis, à cet
âge-là, de quatre ans, je sais exactement à quel endroit j'aurais aimé qu'elle
puisse aller. Les deux enfants de ma conjointe actuelle, probablement, auraient
bénéficié — je pense à un — d'une maternelle quatre ans, un
peut-être plus de vos excellents services. Donc, je pense qu'il ne faut pas
oublier, dans tout ce débat, non seulement les tout-petits, mais également les
parents. Je pense qu'il faut faire confiance aux parents, ce sont eux qui
connaissent leurs enfants, qui sont à même de connaître les services auxquels
leurs enfants sont en droit de bénéficier, et surtout le service le plus précis
pour eux, dans certains cas, avec vous, dans certains par une maternelle quatre
ans. Pourquoi pas également, puis j'ai de nombreux exemples en tête dans ma
famille, avec des parents, comme vous l'avez souligné, qui souhaiteraient
garder les jeunes à la maison avec eux puis les amener plus tard dans le
parcours scolaire. Alors, mon intervention veut juste d'essayer que,
collectivement, nous gardions en tête le bien-être de nos enfants, mais
également de laisser le libre-choix aux parents, et en leur offrant un panier
de services complet. Puis ils seraient à même de juger à l'intérieur de ça.
Le Président
(M. Asselin) : Il reste 2 min 44 s. J'ai
l'impression que M. Moreau a beaucoup réagi quand M. Royer a été
nommé. Allez-y, M. Moreau.
M. Moreau (Jacques) : Pas
uniquement, non.
Le Président
(M. Asselin) : Ah bon!
M. Moreau (Jacques) :
J'aimerais nuancer mes propos, d'abord pour une question de...
M. Émond : ...seraient à même
de piger à l'intérieur de ça.
Le Président (M.
Asselin) : Il reste 2 min 44 s. J'ai
l'impression que M. Moreau a beaucoup réagi quand M. Royer a été nommé.
Allez-y, M. Moreau.
M. Moreau (Jacques) : Pas
uniquement, non.
Le Président (M.
Asselin) : Ah bon!
M. Moreau (Jacques) :
J'aimerais nuancer mes propos. D'abord, pour question de... pour la menace. Changer
l'environnement, les infrastructures, déplacer les enfants pourrait être une
menace à... justement, pour les quatre ans, compte tenu des tâches
développementales qu'ils ont à accomplir à cet âge-là, surtout ceux qui
présentent déjà du risque ou une atteinte à leur développement en partant.
Ceci dit, ça ne veut pas dire que de
nouvelles infrastructures ne seraient pas intéressantes, mais je rappelle
encore que celles qui existent déjà font très bien le travail et constituent un
milieu de vie qui fait... qui rencontre bien les besoins développementaux des
enfants. Alors, je ne vois pas pourquoi on changerait ça sous prétexte qu'on a
besoin d'avoir des maternelles quatre ans pour des enfants défavorisés en
milieu défavorisé.
Les milieux défavorisés, les maternelles
quatre ans en milieu défavorisé, ça manque le bateau un peu parce que ce n'est
pas tous les enfants qui vivent en milieu défavorisé qui sont défavorisés et
qui sont atteints dans leur développement. Alors donc, on manque ici d'une
approche ciblée, et c'est de ça dont on a besoin, pas de maternelles quatre ans
partout pour tout le monde. On n'a pas besoin de ça.
Les infrastructures sont déjà là pour
avoir une belle approche ciblée pour dépister les enfants de quatre ans qui
sont déjà atteints ou même plus jeunes. Donc, de déplacer tout ça, de créer de
nouvelles infrastructures, ça implique de déplacer un paquet d'enfants qui
n'ont pas besoin d'être déplacés. Et, en cela, par rapport aux besoins
développementaux, ça peut constituer, oui, une menace à la qualité de leur
développement.
Deuxièmement, j'aimerais rappeler à tout
le monde, et c'est... là, c'est le chercheur qui parle, que vos expériences
personnelles ne sont pas représentatives de la population. Alors, ceci étant
dit, ce n'est pas parce que vous, vous vivez des choses extraordinaires avec
vos enfants, qu'ils ont fréquenté une belle école, que ça s'est bien passé avec
à quatre ans et la transition que c'est vrai pour tout le monde. Alors, ici,
vous êtes victimes de vos présuppositions par votre expérience personnelle, et,
comme argument, c'est un peu faible.
M. Émond : Est-ce que, M. le
Président, je peux juste me permettre? Je vais...
Le Président (M.
Asselin) : En sept secondes.
M. Émond : En sept secondes...
Une voix
: Et pour
terminer...
M. Émond : ...je voudrais me
porter en faux contre des... en tout respect pour M. le chercheur...
Le Président (M.
Asselin) : Merci beaucoup.
M. Émond : ...je pense que
collectivement nos expériences personnelles font en sorte d'alimenter, là.
Le Président (M.
Asselin) : M. le député de Richelieu, on poursuivra ce débat-là
à un autre moment. Mme la députée de Saint-Laurent, à vous la parole.
Mme Rizqy : Bien, en tout
respect, bien, moi-même, je suis chercheuse et je ne peux qu'abonder dans le
même sens. Il faut faire attention aux biais que nous portons tous à
l'intérieur de nous par nos propres expériences personnelles, de ne pas
généraliser. C'est ce que le chercheur tentait de souligner.
Alors, avant de commencer, M. le
Président, moi, vous savez, les sondages, ce n'est pas ma force, mais de temps
en temps on en a. Vous savez, vous avez posé une excellente question. Vous avez
demandé : Qui qui a demandé les maternelles quatre ans? Moi aussi, je me
suis posé la même question, bien, pendant plusieurs mois. Parce que les
parents, là, différents sondages, bien, à 61 %, 65 %, bien, ils
pensent que c'est le CPE, le meilleur endroit, à quatre ans. À Laval... Ça, ce
n'est pas vous qui avez payé ça... pour ça, là. Ça, c'est des comités de
parents de Laval, ça n'a rien à voir avec vous, 61 % défavorables pour les
maternelles quatre ans.
Pourtant, persiste et signe, on continue.
J'ai une question pour vous : Est-ce que vous auriez aimé voir ici
aujourd'hui le ministre de la Famille?
Mme Lessard (Francine) : Vous
vous adressez à moi?
Mme Rizqy : Oui, Mme Lessard.
Mme Lessard (Francine) : Bien
oui. Bien, j'ai rencontré le ministre de la Famille à quelques reprises au
cours des derniers mois, parce que le ministre de la Famille a un mandat très
large, en fait, de 0-12 ans. Alors, il doit s'occuper d'offrir des services aux
enfants de 0-12 ans. C'est le mandat que la société québécoise a encadré pour
la Famille. Donc, moi, quand j'ai des questions concernant les enfants de deux
ans, ou de quatre ans, ou même un peu plus vieux, c'est à lui que je m'adresse.
Par contre, dans le dossier des
maternelles quatre ans, je me suis fait diriger rapidement vers le ministre de
l'Éducation, que je connais moins, mais que j'espère connaître. Mais, bref,
voilà...
Mme Rizqy : Ça fait que...
Mme Lessard (Francine) : Oui,
effectivement, j'aurais aimé que M. Lacombe soit présent parce qu'on parle des
enfants qui sont sous sa gouverne.
• (17 h 10) •
Mme Rizqy : Tout à fait. Puis,
vous savez... ou peut-être que vous ne le savez pas, je vais vous l'apprendre,
il siège sur 57 comités interministériels, mais aucun portant sur la maternelle
quatre ans. Il faut le faire, quand même, parce qu'apparemment on devait faire
ça en complémentarité, hein? Est-ce que c'est bien, habituellement, qu'un
ministre de la Famille et de l'Éducation se parlent, puis que leurs
fonctionnaires se parlent pour s'assurer que justement...
Mme Rizqy : ...il siège
sur 57 comités interministériels, mais aucun portant sur la maternelle
quatre ans. Il faut le faire, quand même. Parce qu'apparemment on devait faire
ça en complémentarité, hein? Est-ce que c'est bien, habituellement, qu'un
ministre de la Famille et de l'Éducation se parlent puis que leurs
fonctionnaires se parlent pour s'assurer que, justement, s'ils disent que c'est
en complémentarité, bien, qu'il y ait véritablement un comité interministériel
au travail pour nos enfants?
Mme Lessard (Francine) :
Tout à fait. Non, mais vous avez raison. Il y a dans ce débat sociétal, qui
dure maintenant depuis plusieurs mois... il y a quand même beaucoup
d'improvisation, il y a beaucoup de... on vient tout juste de nommer encore...
on veut offrir le libre choix aux parents. Premièrement, il faudrait parler à
ces parents-là. Ces parents-là ont demandé d'être entendus, ils ont demandé des
auditions, ils ont demandé des consultations. Il n'y aura pas de consultation,
à ce que je peux constater. Donc, on n'entendra pas les parents, on va décider
que les parents...
Le Président
(M. Asselin) : ...en ce moment...
Mme Rizqy : M. le Président,
ce que Mme Lessard tente de souligner, c'est que plusieurs personnes auraient
aimé être entendues et qu'il y a des trous dans l'horaire.
Le Président
(M. Asselin) : Oui... vous comprenez qu'on est en
consultation en ce moment.
Mme Rizqy : Une seconde,
M. le Président, une seconde, j'ai le micro. Il y a des trous dans l'horaire,
et, malgré les trous dans l'horaire, les gens que nous avons tenté de faire
asseoir ici pour les consultations particulières, le gouvernement les a refusés.
Le Président
(M. Asselin) : Les premiers que l'on voulait faire
asseoir, ce sont eux, puis ils sont là. Alors, on va les écouter.
Mme Rizqy : Vous
permettez? J'ai ici une analyse d'impact pour la maternelle quatre ans qui a
été faite par le ministère de l'Éducation. Est-ce que vous en avez trouvé une
qui a été faite par le ministère de la Famille? Parce que moi, j'ai cherché.
Mme Lessard (Francine) :
Non, aucune.
Mme Rizqy : Ah! d'accord.
Nous avons la chance d'avoir le professeur Moreau, qui est chercheur. Et vous
avez plusieurs années derrière la cravate en recherche de la petite enfance.
J'ai quand même fait quelques recherches sur vous, là. Est-ce que quelqu'un
vous a appelé avant de lancer les maternelles quatre ans puis... pour
s'asseoir... et avoir une rencontre avec vous avant de lancer ça? Non? J'ai vu
qu'il y a quelques années, vous avez fait une étude avec plusieurs autres
chercheurs sur le zéro-cinq ans. À ma connaissance, il n'y a pas grand monde
qui a été appelé dans votre groupe pour, avant le déploiement de... Bien, en
fait, avant l'annonce de la maternelle quatre ans, donc, il n'y a personne qui
a appelé nos bons chercheurs québécois, les spécialistes de la petite enfance.
M. Moreau (Jacques) :
Bien, écoutez, c'est peut-être...
Mme Rizqy : Avant
l'annonce, là.
M. Moreau (Jacques) :
Oui, mais c'est peut-être tout simplement parce que je suis comme... Je suis à
l'école de travail social, donc les gens ne s'imaginent pas qu'un spécialiste
de la petite enfance puisse être en travail social. J'y suis tout simplement
pour la raison suivante, c'est que j'ai toujours cru à l'action collective
beaucoup plus qu'aux actions individuelles et que, en ce qui concerne
l'intervention auprès des enfants démunis, des enfants atteints dans leur
développement ou à risque dans leur développement, bien, les actions
collectives sont à privilégier sur les actions individuelles. Donc, c'est pour
ça que je suis là, c'est tout.
Mme Rizqy : Oui, oui. Ah!
personne ici qui va douter de votre bonne foi. J'aimerais juste citer un
passage d'une de vos... plusieurs études, parce que vous êtes
collaborateur : «Rappelons qu'une intervention directe auprès de l'enfant,
par exemple, des services de garde éducatifs ou la prématernelle, est
conseillée pour les enfants vivant dans un contexte de vulnérabilité.» Nous, ça
fait quand même plusieurs mois qu'on répète que le déploiement des maternelles
quatre ans en milieu défavorisé devrait être continué, mais non pas le
mur-à-mur ou universel parce que lorsqu'on décide de prioriser tout le monde,
on ne priorise plus ceux qui en ont plus besoin.
M. Moreau (Jacques) :
C'est un peu ça, oui.
Mme Rizqy : Vous êtes
d'accord, avec ça? D'accord.
M. Moreau (Jacques) :
Oui, je suis d'accord avec ça.
Mme Rizqy : Parfait.
Et...
M. Moreau (Jacques) : Je
vous rappelle que le Conseil supérieur de l'éducation en 2012 a émis un avis,
hein, et je ne sais pas si le ministre est au courant, mais le Conseil
supérieur de l'éducation à l'époque recommandait de laisser les quatre ans là
où ils sont.
Mme Rizqy : Tout à fait.
M. Moreau (Jacques) :
Dans l'esprit de l'expérience finlandaise de pédagogie sociale, à laquelle les
CPE, dans la structure qu'elles étaient et qu'elles sont encore,
correspondaient en termes de philosophie et d'action... au principe de
pédagogie sociale. Donc, je ne vois pas dans cet esprit-là... puis, encore une
fois, je répète, je ne vois pas l'intérêt de créer de nouvelles
infrastructures.
Mme Rizqy : Nous non
plus. Dr Moreau, tantôt, vous avez parlé de quelque chose de très important,
vous avez mentionné... de diminuer, au fond, les changements. Dans le cadre du
projet de loi, les maternelles quatre ans, le ministre de l'Éducation a
demandé, là, aux commissions scolaires : Envoyez-nous, là, des classes,
des projets de classes. Pas des besoins d'élèves, il parlait toujours de
classes, donc, du béton. Et...
M. Moreau (Jacques) :
Bien...
Mme Rizqy : ...si vous
permettez, en Outaouais, on a une commission scolaire qui a fait la proposition
suivante d'avoir une école complète juste de maternelles quatre ans. Donc, si
on suit cette logique, de zéro à trois ans, ils pourraient être dans une CPE ou
dans un service de garde. À quatre ans, on s'en va à l'école des quatre ans.
Et, après ça, on s'en va à l'autre école, de cinq ans à 12 ans. Vous
trouvez ça comment, ce...
M. Moreau (Jacques) : Ça
ne me paraît pas une bonne idée.
Mme Rizqy : Non, hein?
M. Moreau (Jacques) :
Non, non, non...
Mme Rizqy : ...une école
complète juste de maternelles quatre ans. Donc, si on suit cette logique, de
zéro à trois ans, il pourrait être dans un CPE ou dans un service de garde. À
quatre ans, on s'en va à l'école des quatre ans et, après ça, on s'en va à
l'autre école de cinq ans à 12 ans. Vous trouvez ça comment, ce...
M. Moreau (Jacques) : Ça
ne me paraît pas une bonne idée.
Mme Rizqy : Non, hein?
M. Moreau (Jacques) :
Non. Non.
Mme Rizqy : Moi non plus.
M. Moreau (Jacques) : Non.
C'est... Une école complète de quatre ans, c'est beaucoup trop gros. C'est... À
cet âge-là, les sentiments... le sentiment de sécurité est encore très
important. Et, comme je le disais tantôt, l'étage développemental et les jalons
développementaux sont beaucoup centrés sur les dimensions socioaffectives du développement
à ce moment-là. Et donc, de créer des environnements à l'intérieur desquels on
va générer de l'insécurité, genre une maternelle... une école complète de, je
ne sais pas, 400, 500, 600...
Mme Rizqy : ...on a des
écoles à 1 000 élèves au primaire.
M. Moreau (Jacques) : Ah!
Au primaire, d'accord.
Mme Rizqy : Oui,
1 000.
M. Moreau (Jacques) :
Alors, ça, ça dessert complètement les besoins développementaux des quatre ans,
des dimensions pareilles. Ça va à l'encontre de leurs besoins et de ce qu'on
connaît aussi de ce qui est bon pour les enfants de cet âge-là. Ce qui est bon
pour les enfants de cet âge-là, c'est un milieu sécuritaire, c'est un milieu
prévisible, c'est un milieu dans lequel les relations entre personnes, les
enfants entre eux-mêmes et avec les adultes, que ce soit des relations
bienveillantes, que ce soit des relations harmonieuses, que ce soit des
relations où les adultes vont servir de guides et de modèles, alors, au sens
scientifique, c'est-à-dire dans l'esprit de l'étayage de Vygotsky et dans
l'esprit du modeling de Bandura. Et pour faire ça, ça prend des petits groupes,
et non seulement des petits groupes, mais des petits groupes dans une petite
infrastructure à l'échelle de la dimension de la vie de ces enfants-là. C'est
ça que ça prend.
Mme Rizqy : Tout à fait,
puis j'avais même assisté une fois à une conférence, lorsqu'on imaginait les
villes à l'échelle des enfants. Et tantôt vous avez parlé des transports,
Mme Lessard, je me suis aussi assise avec les transporteurs et ils ont
dit : Comment qu'ils vont faire pour prendre la première marche? Qu'est-ce
qui en est de la ceinture de sécurité? Il n'y en a pas. Et j'aimerais aussi,
puisqu'en terminant — il ne me reste que quelques secondes, je vois
le président qui me regarde — Mme Lessard, pouvez-vous nous
rassurer? Vous, là, vous n'avez pas de CPE avec 1 000 enfants, là.
Mme Lessard (Francine) :
Pardon?
Mme Rizqy : Vous n'avez
pas d'établissement de CPE avec 1 000 enfants.
Mme Lessard (Francine) :
Non. 80 au plus.
Mme Rizqy : Alors, c'est
petit, hein? C'est une échelle très enfant.
Mme Lessard (Francine) :
Une installation, bien, selon les critères édictés par la loi, c'est au maximum
80 places.
Mme Rizqy : Et vos...
Moi, j'ai vu une vidéo sur Facebook d'une des éducatrices de CPE qui pleurait,
qui était alarmée. Elle dit : Eux autres, ils font encore de la formation
continue, parce que quand il y a eu... À un moment donné, le premier ministre
qui a parlé du réseau des services de garde, en parlant de technicienne de
garde, elle a dit : Nous autres, là, on fait de la formation continue. Je
pense, dans un contexte aussi de pénurie de main-d'oeuvre, êtes-vous d'accord
que, si on commence à prendre des enfants des CPE ou des services de garde,
ainsi que les éducatrices, au fond, on n'est pas en train de déshabiller le
ministre Lacombe pour habiller le ministre Roberge?
Mme Lessard (Francine) :
Bien, je pense que le portrait que vous dressez est un portrait qu'on craint
énormément aussi effectivement, parce que si on prend... si on a des
maternelles quatre ans un peu partout au Québec, évidemment, il est possible
que des éducatrices, nos bonnes éducatrices, les éducatrices qui sont avec nous
depuis longtemps et qui sont performantes, fassent le choix aussi de quitter
pour aller travailler dans le milieu de l'éducation, bien, oui, à ce moment-là,
on vient d'affaiblir le réseau des services éducatifs.
Mme Rizqy : En terminant...
Le Président (M. Asselin) :
On a terminé. Effectivement, vous avez raison. La parole est à la députée de
Sherbrooke maintenant.
Mme Rizqy : Ah! non, mais, en
terminant...
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je regarde votre mémoire, il y a des recommandations très
intéressantes, notamment que la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance soit modifiée pour que le droit à la fréquentation des enfants zéro à
cinq ans soit reconnu; également, qu'on prenne les moyens pour offrir la
gratuité universelle des services éducatifs à tous les enfants de quatre ans.
Je pense que si on veut vraiment donner le choix aux parents, ce sont
d'excellentes recommandations. Moi, j'espère qu'elles seront entendues.
J'aimerais aussi vous entendre... Vous
avez nommé tout à l'heure qu'il y avait besoin... qu'on avait besoin d'avoir
une passerelle efficace entre le réseau des services éducatifs et le système de
santé, parce qu'en ce moment, souvent, c'est là que ça accrochait quand vous en
faisiez, du dépistage dans vos réseaux, le suivi ne se fait pas. Qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour améliorer cette passerelle-là? Est-ce que les mesures
d'Agir tôt, qui ont été proposées dans les derniers mois, sont suffisantes?
Qu'est-ce que vous voyez qui peut se faire de plus?
Mme Lessard (Francine) :
Bien, effectivement, il faut poursuivre nos travaux. Il faut se questionner sur
comment on peut faire, mais il faut faire... Il ne faut pas juste se
questionner, il faut passer à l'action. Il faut être capable d'organiser, puis
on est capables de le faire, parce qu'on a un gouvernement. On a plusieurs
ministères, mais on a quand même un gouvernement au Québec. Alors, il faut que
gouvernement-là soit capable de faire des arrimages entre ses différents
ministères et d'arriver à, effectivement, prioriser des enveloppes budgétaires
pour offrir des passerelles efficaces entre le moment où il y a une observation
et le moment où l'enfant, et le parent, a besoin d'un soutien qui appartient
là, au ministère de la Santé et des Services sociaux.
• (17 h 20) •
Alors, c'est...
Mme Lessard (Francine) :
...entre ses différents ministères et d'arriver à effectivement prioriser des enveloppes
budgétaires pour offrir des passerelles efficaces entre le moment où il y a une
observation et le moment où l'enfant et le parent ont besoin d'un soutien qui
appartient, là, au ministère de la Santé et des Services sociaux. Alors, c'est
par des ententes, c'est par des budgets. Effectivement, on va devoir mettre de
l'argent. Mais on est prêt à en mettre, de l'argent, vraiment beaucoup d'argent
pour développer des maternelles quatre ans. Alors, si on prenait ces argents-là
pour compléter le réseau actuel et pour lui donner la passerelle dont il a
besoin pour assurer que ces tout-petits-là, au Québec, quand ils ont un problème,
quand ils ont besoin d'aide, bien, on est capable d'avoir effectivement cette
aide-là et que les professionnels prennent en charge la famille... Parce que ce
n'est pas juste l'enfant, hein, souvent c'est la famille. Donc, il faut
travailler à ça, il faut y mettre le temps et l'argent pour être capables
justement de se reparler dans quelques années puis de se dire : Bien, les
enfants qui arrivent à l'école à cinq ans avec encore des petits pacsacs plus
ou moins complétés, bien, il y en a de moins en moins. Et pourquoi? Parce qu'on
a agi rapidement, on a agi au jour un, et on agit en complémentarité avec la
Santé et les Services sociaux, c'est de ce ministère-là qu'on a besoin.
Mme Labrie : Parfait.
Je...
Le Président
(M. Asselin) : Merci beaucoup. Il vous restait cinq
secondes.
Mme Labrie : C'est
correct. Merci.
Le Président
(M. Asselin) : Alors, nos consultations particulières se
poursuivent avec la députée de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Je pense qu'on décèle quelques paradoxes, puis je veux juste
nommer ça rapidement, là.
D'abord, le gouvernement nous dit :
C'est tellement bon, la maternelle quatre ans, qu'il faut l'offrir à tout le
monde. Mais, en même temps, il nous dit : Il faut vraiment respecter le
libre choix. Donc, il y a comme dans ça quelque chose qui dit : Il
faudrait l'offrir à tous, tous, tous les enfants pour qu'ils se développent
parfaitement, mais, en même temps, il faut évidemment laisser le libre choix
aux parents. Ça m'apparaît plus un argument pour faire atterrir les choses
que... plutôt d'être fondé sur la science.
L'autre chose, c'est : on dit le
libre choix, mais le libre choix, il va être là parce qu'on va offrir la
maternelle quatre ans à tous les enfants, mais on n'offrira pas les CPE à tous
les enfants, alors qu'il y a 42 000 enfants qui attendent une place,
puis il y a beaucoup des parents que c'est là qu'ils souhaitent la place. Puis
l'autre chose, c'est qu'on nous dit : L'agir tôt, c'est vraiment
fondamental. Mais il y a près de 20 000 enfants qui sont dans des
services de garde complètement non régis, sans programme éducatif, puis le
gouvernement ne s'attaque pas à ça. Donc, je voulais juste le dire, parce que
je trouve qu'à un moment donné, quand on se réclame de la science, il faut
aussi être cohérent puis entendre tous les arguments.
Deux choses. Le gouvernement nous
dit : La maternelle quatre ans, c'est prioritaire, parce qu'on a des
enseignants qui sont formés, puis l'autre chose, parce qu'on a des
spécialistes. On l'entend tout le temps : À quatre ans, il va pouvoir y
avoir des spécialistes, des orthopédagogues, des gens dans les écoles qui sont
là, qui vont pouvoir accompagner les enfants. Qu'est-ce que vous répondez à ces
deux arguments-là?
M. Moreau (Jacques) : Bien, ça
dépend des spécialistes. Pour certains enfants, pas pour tous. Je veux dire, la
majorité des enfants se développent bien, là, c'est 85 % des enfants à peu
près qui se développent harmonieusement jusqu'à l'âge adulte. Donc, c'est
autour de 15 %... entre 15 % et 20 %, selon les époques et les
endroits, qui vont être atteints dans leur développement de façon plus ou moins
sévère, et là je parle... et il y a une proportion ici qui vont avoir... être
atteints à cause de raisons neurobiologiques que l'on connaît. Les autres,
c'est à cause de l'environnement qu'ils ne font pas leur travail dans... dès
leur jeune âge. Et là, ces enfants-là qui sont atteints dans leur
développement, avec eux, là, oui, on peut faire quelque chose, et c'est avec
ces enfants-là qu'on a besoin justement de ressources supplémentaires pour que
le travail pour les aider à rattraper leur développement puisse se faire. Donc,
oui, pour ces enfants-là en particulier, on a besoin de spécialistes
orthophoniques et autres, orthopédagogues et ainsi de suite, ça va de soi, pour
soutenir l'action éducative qui se fait déjà en CPE. Donc, ce n'est pas
nécessaire de créer des maternelles quatre ans. Ce qui est nécessaire, c'est de
soutenir le réseau qui existe déjà, qui fait son bon travail...
Le Président (M.
Asselin) : M. Moreau.
M. Moreau (Jacques) : ...en
termes d'action éducative et de leur donner le soutien nécessaire pour que,
quand on rencontre dans ces environnements-là des enfants atteints...
Le Président (M.
Asselin) : Mme Lessard, Mme Breton, je vous remercie de votre
contribution à nos débats.
M. Moreau (Jacques) : ...on
puisse le faire.
Le Président (M.
Asselin) : C'est la fin. Alors, on va suspendre quelques
instants en attente du prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 27)
Le Président (M.
Asselin) : M. Létourneau, si vous voulez bien, on va débuter
par un consentement, parce qu'on va déroger de la fin, on va dépasser l'heure
prévue de 18 heures. Est-ce que vous acceptez? Quelques minutes.
18 h 12, peut-être, 18 h 15.
Une voix
: ...
Le Président (M.
Asselin) : Quand même! Alors, on va écouter des gens de la CSN,
nos amis M. Létourneau, Mme Longchamps, Mme Bénard, Mme Thibault-Larose... Bellerose.
Alors, je vous laisse vous présenter, vous le faites mieux que moi de toute
façon, et puis un premier 10 minutes.
M. Létourneau
(Jacques) : Alors, je suis... Oui, oui. Merci, M. le Président.
Je suis accompagné de Lucie Longchamps, qui est, à la direction de la
Fédération de la santé et des services sociaux, responsable du secteur privé;
Mireille Bénard, qui est conseillère politique à l'exécutif de la CSN; et Anne
Thibault-Bellerose, qui est au service de recherche et qui a travaillé sur la
rédaction de ce mémoire; et moi-même...
Le Président (M.
Asselin) : Excellent.
M. Létourneau
(Jacques) : ...Jacques Létourneau, président de la CSN.
Alors, M. le ministre, messieurs dames les
députés, ça nous fait extrêmement plaisir d'être là cet après-midi pour vous
entretenir du projet de loi n° 5. Peut-être, pour le
bénéfice de la commission, rappeler que la CSN, c'est une organisation
syndicale qui représente 300 000 travailleuses, travailleurs à travers le
Québec, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Et, dans le
sujet qui nous intéresse, c'est important de mentionner que nous représentons
10 500 travailleuses, travailleurs dans les CPE au Québec, on représente
3 200 responsables de services de garde en milieu familial accrédités, on
représente la majorité des travailleuses et travailleurs qui sont dans les
services de garde dans les commissions scolaires et on représente aussi les
enseignants et les enseignantes qui enseignent au collégial, là, la technique
d'éducation à l'enfance. Alors, évidemment, nous, quand le gouvernement de la
CAQ, et que le premier ministre, et que le ministre de l'Éducation ont annoncé
leur volonté d'adresser la question des enfants en difficulté au Québec, on a
salué évidemment cette volonté-là politique. J'avais moi-même parlé à M.
Legault pour le féliciter et insister justement sur cette dimension que le
Québec ne pouvait pas faire l'économie de s'occuper des jeunes, de l'avenir,
particulièrement des jeunes qui sont en difficulté, et j'avais assuré le
premier ministre que la CSN participerait à l'ensemble des travaux qui
pourraient mener éventuellement à une prise en charge collective de cette
question.
• (17 h 30) •
Vous savez, la CSN, depuis plusieurs
années, on s'intéresse à la question de la petite enfance parce qu'on
représente des travailleuses et des travailleurs, mais aussi et surtout parce
qu'on est une organisation qui intervient dans les grands enjeux sociétaux, et
on a toujours considéré fondamental de s'occuper de nos jeunes au Québec. On
avait d'ailleurs appuyé fortement la politique familiale en 1997, qui, faut-il
le rappeler, avait permis, là, de régulariser toute la gamme de services des
centres de la petite enfance, des RSG tout en permettant justement l'arrivée
importante des femmes sur le marché du travail, parce qu'on le sait, quand on
parle du zéro à cinq ans, bien, on sait que ça s'adresse particulièrement, là,
en termes de besoin de services de garde pour les femmes. Donc, la CSN s'est
inscrite dans cette perspective-là...
17 h 30 (version non révisée)
M. Létourneau
(Jacques) : ...des centres de la petite enfance, des RSG tout
en permettant, justement, l'arrivée importante des femmes sur le marché du
travail. Parce qu'on le sait, quand on parle du zéro à cinq ans, bien on sait
que ça s'adresse particulièrement, là, en termes de besoin de service de garde
pour les femmes. Donc, la CSN, s'est inscrite dans cette perspective-là dès
1997. Disons qu'on a trouvé dure, la période ou les périodes d'austérité qui
ont malmené le réseau des CPE et des RSG notamment. Et là, comme je l'ai
mentionné tantôt, quand la CAQ a été élue, on a dit : Bon, on est-u
capables de se rasseoir au Québec puis de regarder comment qu'on va poigner
ensemble la question de la petite enfance puis des besoins particuliers des
jeunes qui sont en difficulté.
Et là je dois vous avouer qu'on a été un
peu étonné, parce que les premiers échanges qu'on a eus, notamment avec le
ministre de l'Éducation, on comprenait qu'on n'était pas dans une approche
maternelle quatre ans mur à mur. On nous avait dit, même son de cloche du côté
du ministère de la Famille, on nous avait dit : On va y aller en
complémentarité. L'idée, ce n'est pas de mettre en opposition une proposition
de services avec une autre. On va travailler dans les complémentarités. Parce
que je tiens à le souligner, là, la CSN, puis je l'ai même fait publiquement
dans une lettre ouverte au Devoir récemment, on n'est pas contre, dans
les milieux défavorisés, le principe de la maternelle quatre ans. On n'est pas
en train de vous dire que c'est épouvantable de faire ce débat-là. Mais, en
même temps, comme organisation syndicale, on est extrêmement inquiet quand on
voit le gouvernement aller de l'avant avec une approche mur à mur où, là, on va
carrément mettre la maternelle quatre ans en concurrence avec le réseau des CPE
et des RSG.
Et là, il va sans dire que, quand on voit
ce que ça représente comme coût pour le gouvernement du Québec, alors qu'on
sort de périodes d'austérité où il y a des nécessités de réinvestissement
majeur en santé et services sociaux, en éducation, notamment, pour traiter les
cas d'élèves en difficulté, on pense que ce n'est pas le bon choix, de mettre
800 millions, 1 milliard, jusqu'à 2 milliards dans des classes
de maternelle quatre ans alors qu'on devrait consolider ce qui existe déjà. Et
tantôt on parlait... Il manque de, quoi, 40 000, 45 000 places?
La CAQ nous avait dit : On va ajouter 30 000 places dans les
CPE. On pense qu'on devrait, dès maintenant, envoyer un signal clair qu'on va
travailler à consolider les services qui existent déjà pour permettre,
justement, à une prise ne charge, pas juste des enfants de quatre ans, mais des
enfants aussi de zéro à quatre ans, parce qu'il y a des spécialistes qui vous
l'ont dit, puis qui vont vous le répéter — moi, je n'en suis pas un,
là, je suis un syndicaliste — mais disons que, quand on regarde les
études, on comprend que le dépistage va souvent se faire et est nécessaire
avant l'âge de quatre ans. Puis, quand tu veux mettre en place des services,
là, les parents du Québec pourraient témoigner à la queue leu leu pour vous
dire que, dans toutes les écoles du Québec, essaie d'avoir un orthopédagogue,
un orthophoniste, un éducateur spécialisé. C'est des mois, des mois, des mois,
voire des années d'attente quand ton enfant n'est pas un enfant qui est
turbulent. Et donc consolidons ce qui existe déjà dans les CPE, dans les RSG,
et travaillons en complémentarité.
Donc, nous, on dit au gouvernement : Votre
approche mur à mur, ce qu'elle risque de faire, c'est d'engloutir des sommes
énormes dans une voie qui va non seulement se faire au désavantage de ce qui
existe déjà, mais pire, on est en train de se donner une nouvelle perspective
avec le changement du gouvernement, alors qu'on avait déjà au Québec un modèle
particulier qui est le propre du Québec. On peut bien parler de l'Ontario puis
de New York, là, mais, à New York, faire garder son enfant, là, dans une
garderie privée, ça coûte 50 $ US par jour. Alors, qu'au Québec on s'est
donné collectivement les moyens, justement, de se donner ces services de
qualité pour permettre de répondre aux besoins des enfants puis de ceux qui
sont en difficulté. Il me reste-tu encore du temps?
Le Président (M. Asselin) :
3 min 28 s.
M. Létourneau
(Jacques) : Ah! C'est bon. C'est bon. Peut-être un autre...
Peut-être un autre élément sur lequel je veux insister, je l'ai dit tantôt, on
représente des travailleuses, des travailleurs qui sont dans les services de garde
en milieu scolaire. Et ce que l'on nous a dit, parce qu'il existe déjà des
maternelles, des maternelles quatre ans. Alors, j'ai entendu tantôt d'autres
intervenants qui ont précédé qui disaient que les ratios, puis on peut vous le
confirmer, les ratios dans les services de garde en milieu scolaire sont
extrêmement élevés. On parle d'un technicien éducateur pour 20 enfants.
Donc, il y a un problème qu'on doit absolument... on doit absolument attaquer
indépendamment du débat qui se fera sur on va-tu de l'avant ou pas avec plus de
maternelles quatre ans. Et, dans ce qui existe déjà sur le principe du
mi-temps, là, tu sais, du partage des expertises, nous, on nous le souligne de
notre côté, chez les gens qu'on représente, qu'on devrait miser davantage sur une
approche... une approche pédagogique plus inclusive avec les personnels. Que ce
soit des techniciens en service de garde ou des techniciennes ou des
techniciens en éducation spécialisée, les gens qu'on représente aussi dans les
écoles nous ont dit : On devrait paire partie de l'équipe-école parce
que...
M. Létourneau
(Jacques) : ...chez les gens qu'on représente, qu'on devrait
miser davantage sur une approche... une approche pédagogique plus inclusive
avec les personnels. Que ce soient des techniciens en service de garde ou des
techniciennes ou des techniciens en éducation spécialisée, les gens qu'on
représente aussi dans les écoles nous ont dit : On devrait faire partie de
l'équipe-école. Parce que souvent les gens ne sont pas considérés dans les plans
d'intervention auprès des enfants qui sont en difficulté.
Donc, essentiellement, vous allez le voir
à la fin de notre mémoire, je ne sais pas si vous avez eu le temps de le lire parce
qu'on n'a été convoqués que vendredi dernier, mais on a une série de recommandations
où on met effectivement l'accent sur arrêter la généralisation de la maternelle
quatre ans partout sur le territoire du Québec, poursuivre le développement des
places en milieu familial et en CPE et, peut-être pour finir, instaurer la
gratuité des services de garde éducatifs pour les familles à faibles revenus et
la gratuité pour tous les enfants de quatre ans. Parce que, si on veut
permettre justement aux gens qui sont dans les milieux défavorisés d'intégrer le
réseau de la petite enfance, des services éducatifs, bien, on devrait permettre
la gratuité. Puis, pour les enfants de quatre ans, bien, si on veut, effectivement,
s'en occuper, on devrait leur permettre d'avoir accès à des services de garde
éducatifs de façon gratuite.
Alors, voilà pour l'essentiel. Ça fait le
tour de notre propos. Évidemment, mes collègues qui m'accompagnent vont se
faire un plaisir aussi de participer à l'échange et de répondre à vos questions.
Le Président
(M. Asselin) :Merci beaucoup pour
votre présentation. D'autant que nous avons reçu votre mémoire... Alors, nous
allons le lire ou nous l'avons déjà lu. Mes collègues sont ici à témoin, on lit
tout ce qu'on entend... on lit tout ce que c'est qu'on reçoit.
M. Létourneau (Jacques) :
Non, moi, je n'ai pas de... Je n'ai pas de...
Le Président
(M. Asselin) : Parfait. Parfait.
M. Létourneau
(Jacques) : Vous allez le lire attentivement.
Le Président
(M. Asselin) : Bon. Alors, je laisse la parole pour
16 minutes au ministre de l'Éducation, qui va vous... diriger les échanges
pour ce bout de temps là.
M. Roberge : Merci bien, M.
le Président. Merci pour votre présentation. Dans la conclusion de votre mémoire,
on dit, dans le premier paragraphe : «La généralisation de la maternelle
quatre ans prendra des années et des fonds publics par milliards pour atteindre
ses objectifs». Bon, «généralisation», je veux apporter quand même un bémol. On
souhaite que ce soit accessible à tous, et non pas l'imposer à tout le monde,
puis on ne s'attend pas à ce que 100 % des parents fassent ce choix-là,
considérant qu'il y a une offre qui est diversifiée, qui est déjà très
diversifiée, hein? Tantôt j'ai dit CPE, garderies subventionnées, garderies non
subventionnées, milieu familial régi, milieu familial non régi, puis j'en
oublie peut-être. On est déjà à cinq, six avec la maternelle quatre ans. Donc,
il y a diversité d'offres en ce moment.
Mais, quand on dit que, bon, d'offrir
davantage de maternelles quatre ans, ça prendrait du temps et ça coûterait de
l'argent... considérant qu'il y a déjà autour de 40 000 parents sur
les listes d'attente des CPE, on est d'accord que, si on voulait déployer
davantage de CPE, ça prendrait aussi du temps et de l'argent. Vous êtes
d'accord avec ça?
M. Létourneau
(Jacques) : Bien, absolument. Nous, on pense depuis plusieurs
années, et c'est ce qu'on réclamait il y a déjà... Même avant, quand on a parlé
de politique familiale au Québec, on s'était déjà donné des objectifs assez
clairs d'investissement dans ce qui est en train de se développer, notamment,
avec les CPE et les RSG. Bon, je vous l'ai mentionné tantôt, on a eu la période
malheureuse sous la gouvernance libérale où on a été en austérité. Puis, il ne
faut pas se le cacher, même les libéraux ont favorisé le développement du privé
au détriment même des CPE et des RSG. Mais c'est clair qu'à partir du moment où
on dit : Demain matin, on doit investir dans les CPE et les RSG, on vous
le dit, on va investir dans ce qui existe déjà. Bien sûr que ça coûte de
l'argent. Je veux dire, à partir du moment où tu ouvres des places, il va
falloir que tu embauches des travailleurs et des travailleuses. Mes collègues
pourront mieux vous l'expliquer que moi, mais c'est évident pour nous que
l'expertise qui existe dans les CPE et les RSG, à partir de la formation que
les travailleuses et les travailleurs reçoivent, c'est une formation qui est
appropriée aux besoins des jeunes.
Donc, nous, on dit : Tant qu'à miser
sur, au Québec, l'importance de prendre en charge les enfants en difficulté,
faisons-le à partir des ressources qui existent déjà. Alors, oui, bien sûr, il
va falloir mettre des sous. Je n'ai pas de calculatrice pour savoir exactement
comment ça va coûter. Mais ce que je comprends par contre, c'est que... pour
inventer un nouveau modèle en le généralisant à travers le Québec, ce qu'on
comprend, c'est que ça va coûter pas mal d'argent. Nous, on dit :
Investissons dans ce qui existe déjà, puis, peut-être, ajoutons aussi des
ressources dans les écoles primaires et secondaires pour soutenir les enfants
qui sont déjà en difficulté puis qui ont de la misère à avoir des services à
l'heure où on se parle.
• (17 h 40) •
M. Roberge : Mais je
pense qu'il faut aller au-delà du débat de chiffres quand on investit dans nos
services publics. C'est vrai que le précédent gouvernement libéral a vraiment
priorisé non pas les réseaux publics, que ce soient les quatre ans
ou — au compte-gouttes, il y en a eu, là, des quatre ans en milieu
défavorisé — ou les CPE, ils sont vraiment allés à tout crin vers le
privé. Ce n'est pas notre orientation du tout, là. On le voit, là, sur
13 000 places...
M. Roberge : ...nos
services publics. C'est vrai que le précédent gouvernement libéral a vraiment
priorisé non pas les réseaux publics, que ça soit les quatre ans ou... Au
compte-gouttes, là, il y en a, là, des quatre ans dans les milieux défavorisés,
ou les CPE, ils sont vraiment allés à tout crin vers le privé. Ce n'est pas
notre orientation du tout, là, on le voit, là : sur
13 000 places, il y en a facilement 11 000 qui seront autour des
CPE puis le déploiement des maternelles quatre ans, on peut en discuter. Mais
ce n'est certainement pas une privatisation. On investit dans nos services
publics.
Mais il faut faire attention quand même
avec les chiffres parce que, dans le communiqué diffusé par votre organisation
aujourd'hui, on dit : «Pourquoi dépenser près de 2 milliards de
dollars en béton?», supposant que la maternelle quatre ans qu'on veut déployer,
avec à peu près 50 % de fréquentation, ça coûterait 2 milliards. Bon,
je pense qu'il faut investir dans nos services publics, il faut investir dans
la jeunesse, puis ce n'est pas une dépense. Puis je ne veux pas en faire un
débat de chiffres, mais quand on lance un chiffre de 2 milliards, je pense
qu'il faut faire attention quand même parce qu'on se trompe de 100 %, là.
C'est quand même quelque chose parce que les commissions scolaires nous ont
dit, quand on les a consultées il y a quelques mois à peine, que pour offrir
les services à 100 % des enfants, ça prendrait, en tout,
5 200 classes. Ça, c'est les commissions scolaires qui nous disent
ça : Ça prendrait 5 200 classes.
Nous, on pense qu'en cinq ans, on va le
déployer puis qu'il y a 50 %, à peu près, des parents vont faire ce choix.
C'est une estimation, d'accord? Bien ça, ça voudrait dire 2 600 en tout.
2 600 classes en tout, quand il y en a, grosso modo 400 de déjà ouvertes,
bon, il en manque 2 200. On en ouvre 250 en septembre. Il en reste
1 950 à ouvrir. Il y a 709 classes de libres dans le réseau scolaire.
C'est ce que nous disent les commissions scolaires. Il y a 709 classes,
là, qui attendent. On les chauffées vides tout l'hiver. Il y a 709 classes
qui disent : On pourrait les utiliser. Il nous reste grosso modo
1 240, 1 250 classes à bâtir. Mais, à 800 000 $
chaque, ça fait un peu moins d'un milliard. Donc, je ne prétends pas que c'est
gratuit. Je dis que, sur les 2 600 classes, il y en a plus de la
moitié qui sont déjà construites, et qu'avec une estimation de
800 000 $ par classe, on est à moins d'un milliard. C'est de
l'argent, un milliard dans le Plan québécois des infrastructures. Et je vous
rappelle que notre PQI, sur 10 ans, c'est de 21 milliards. Notre PQI
qu'on a mis sur 10 ans, en éducation et enseignement supérieur, là, notre
investissement pour agrandir, construire, rénover, c'est
21 milliards. Et là on est en train de dire grosso modo, pour avoir
un peu moins d'un milliard pour construire des classes de maternelle quatre
ans. Donc, de dire qu'on met tous nos oeufs dans le même panier, ça serait...
vous ne l'avez pas dit, mais d'autres l'ont dit avant vous. Donc, un milliard
sur 21, je ne pense pas qu'on peut nous accuser de tout mettre dans le même panier.
Et ce n'est certainement pas 2 milliards comme ce qui a été dit. C'est
moins de la moitié.
Donc, je comprends qu'il ne faut pas faire
qu'un débat de chiffres, mais, quand on les utilise, il faut faire attention.
Et je vois quelqu'un qui veut réagir. Je veux juste dire une dernière chose
avant de vous céder la parole pour qu'on échange ensemble. C'est que non
seulement un milliard sur 21, c'est loin d'être 100 %, là, et c'est à peu
près plus 5 % de l'argent qu'on met dans le PQI. Et ensuite on ne fat pas
que ça, on va en construire des CPE. On va rajouter plus de
10 000 places dans notre réseau.
Une voix
: ...
M. Roberge : Voilà,
voilà! Donc, juste question de chiffres, c'est ce que je voulais apporter tout
de même, et je vais laisser... je vais vous laisser discuter de ce sujet-là. Je
sens que les gens ont quelque chose à dire.
M. Létourneau
(Jacques) : Oui, bien vas-y, Lucie, oui, oui.
Mme Longchamps (Lucie) :
Donc, puis d'emblée je vais vous dire que, moi, je suis une éducatrice, je suis
également une responsable de service de garde en milieu familial qui maintenant
est suspendue de ses fonctions parce que j'ai d'autres fonctions à la
fédération, qui a été responsable des services de garde pendant plus de
25 ans. Moi, je vais nous sortir du débat des chiffres parce que c'est
loin d'être ma fonction principale. Éducatrice, on n'est pas dans les
milliards, pas du tout. Mais ce que je nous rappellerais, c'est que ce
milliard-là, si on l'investissait dans le 0-5 ans, dans le tout-petit, il
aurait un bien meilleur effet que ce que l'on veut. Ce que l'on veut
présentement, dans la politique, puis elle était noble, la politique que vous
avez mise de l'avant, c'était de détecter et d'aider les tout-petits à quatre
ans.
Présentement, puis on vous l'a dit, puis
on n'est pas les seuls à vous le dire, les enfants, dès les premières semaines
de leur entrée, autant en centre de la petite enfance que chez les responsables
des services de garde en milieu familial régis, subventionnés, au bout de
quelques semaines, on les détecte. Au bout de quelques semaines, on met toute
une famille si ce n'est pas un village en alerte parce qu'un enfant a un souci
ou fragilité. Une fois ça fait, on n'a pas de services et on est en attente, et
on est en attente.
Là, ce qu'on nous promet, c'est qu'avec
l'entrée à la maternelle quatre ans, il y aura des services. Vous comprendrez
qu'on a de la difficulté à croire ça parce que présentement, nous, nous, on
lève la main, nous, on lève les drapeaux, et il n'y a pas de services pour ces
parents-là. On se demande également il est où, l'empressement. Moi, pour avoir
éduqué des enfants, à quatre ans, je vais vous les comparer puis je vais vous
faire une image, parce que ça fait partie de ma formation d'éducatrice. Un
enfant, c'est une chenille, c'est une toute petite...
Mme Longchamps (Lucie) :
...nous, on lève la main, nous, on lève les drapeaux, et il n'y a pas de
services pour ces parents-là.
On se demande également
il est où, l'empressement. Moi, pour avoir éduqué des enfants, à quatre ans...
Je vais vous les comparer puis je vais vous faire une image, parce que ça fait
partie de ma formation d'éducatrice. Un enfant, c'est une chenille, c'est une
toute petite chenille à qui on espère un jour va prendre son envol. Je ne vois
pas ce qu'il y a dans la précipiter, la petite chenille, au bord du précipice
et à lui dire : On doit attendre que tu sois prête. On doit attendre
qu'elle déploie ses ailes et qu'elle ait hâte d'y aller. C'est ce qui arrive à
nos enfants vers le... à ce temps-ci de l'année, là, ils ont hâte à l'entrée en
septembre, parce qu'ils ont eu cinq ans au cours de l'année. C'est quoi,
l'empressement au Québec à vouloir mettre des enfants dans les maternelles
quatre ans, quand l'on sait ce qui se fait en CPE et en milieux familiaux régis
subventionnés, qui est de qualité, qu'on passe la rampe, que la loi ait été
revue dernièrement et ses règlements, qu'il y aura sous peu le dossier de
l'enfant, que le programme éducatif a été revu et que la formation des
responsables de service de garde en milieu familial, on est les premiers à dire
qu'on voudrait une adaptation plus grande, qu'on vous a présenté des projets
pour que ça se fasse en douceur avec les responsables, dans le respect de ce
qu'elles sont et de ce qu'elles font. Donc, sortons-nous du débat des chiffres,
sortons-nous du panier de services, on est là pour les enfants, pour les
enfants. Puis comprenez bien qu'en CPE, dans plusieurs CPE, ça ne les
fragilisera pas. Je ne dirais pas la même chose pour les responsables de
services de garde, dont moi... j'ai le coeur très collé à ça, parce que j'en
suis une, mais on est là avant tout pour les enfants.
Moi, j'ai fait
partie du grand forum qu'il y a eu à l'Association québécoise des centres à la
petite enfance. 70 organismes tous azimuts, un consensus : à quatre ans,
ces enfants-là ne sont pas prêts pour la grande école. Et, quand vous la
décrivez, bien, il y aura le matériel, il y aura les classes, il y aura les
salles... bien, vous décrivez un centre de la petite enfance ou une responsable
de service de garde en milieu familial régi et subventionné. Donc, vous voulez
refaire ce qui est fait déjà. Mettons cet argent-là au bon endroit, permettons à
ces travailleuses-là... et développons les places qui sont promises. Vous nous
dites : Il y a 10 000 places qui seront ajoutées. Ça fait des années
qu'on nous promet des places, et elles ne s'ajoutent pas. Ajoutons-les
maintenant. Les parents, s'ils avaient le choix, c'est là qu'ils iraient, les
études le démontrent. Si vous voulez faire un parallèle équitable, mettez ça
gratuit, les services de garde éducatifs à l'enfance, on vous dit, idéalement,
avec les parents à faible revenu et, dans le meilleur des mondes, pour tous les
parents du Québec. L'éducation, là, ça ne commence pas à cinq ans, ça commence
dès la pouponnière, on devrait permettre à tous les enfants d'avoir des
services éducatifs de qualité.
Mme Bénard
(Mireille) : ...juste ajouter, si c'est possible, pour répondre
à M. Roberge sans faire un débat de chiffres, là, mais le problème, quand on
dit, bon, on vise que 50 % des enfants puissent avoir accès à des maternelles
quatre ans... le problème, c'est que le plan de développement, il n'est pas
connu. Et, pour l'instant, ce qu'on dit aux commissions scolaires, c'est :
Offrez les maternelles quatre ans, mais c'est un peu aléatoire. Alors, oui, il
peut y avoir des places, des classes qui sont prêtes à recevoir des enfants,
mais dans quel quartier, à quel endroit? Est-ce que c'est dans un quartier ou
dans une ville où on en a vraiment de besoin ou c'est dans une ville où il y a
des CPE, des RSG autour, puis que les besoins sont comblés? On ne connaît pas
le plan de développement, alors on ne peut pas faire une adéquation entre «les
places disponibles, on va les utiliser»... Si ces classes-là ne sont pas dans
un endroit où on en a besoin, bien, ça va être en pure perte. Ce qu'on demande,
c'est qu'il y ait une bonne complémentarité entre les services existants et
qu'on ne puisse pas ouvrir des classes de maternelle dans les endroits où on
n'en a pas besoin puis qu'on cible bien les endroits où on va les ouvrir, pour
ne pas qu'il y ait des compétitions entre les différents milieux.
Le Président (M.
Asselin) :M. le ministre.
M. Roberge : Oui. Bien, pour
faire ce plan et finir de le déployer, il va falloir évidemment adopter le projet
de loi pour avancer. Je vais laisser mon collègue avancer.
Le Président (M. Asselin) :Très bien. M. le député de Beauce-Sud, à vous la parole.
M. Poulin : Pour combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Asselin) : Un gros quatre minutes.
M. Poulin : 30 minutes?
Le Président (M.
Asselin) : Quatre minutes.
M. Poulin : Ah! O.K.!
Des voix
: Ha, ha, ha!
Une voix
: C'est bien
essayé, c'est bien essayé.
M. Poulin : J'étais prêt.
J'étais prêt. Effectivement, bien, pour le quatre minutes que nous avons
ensemble, pour revenir un peu sur les propos du ministre, effectivement, il y a
beaucoup plus de choses qui nous unissent qui nous éloignent, surtout lorsqu'on
parle de bien offrir des services à nos enfants. Vous le soulignez même à
l'intérieur de votre mémoire, vous dites qu'il faut enquêter sur les raisons
qui expliquent que 20 % des enfants québécois ne fréquentent pas un
service éducatif de quatre ans. Alors, je pense que, là-dessus... à quatre ans,
donc, on a la même vision à ce niveau-là.
Et, entre autres, il faut juste se le
rappeler, là, je pense que vous l'avez dit, de bon aloi, tout à l'heure, que ce
qui a fait très mal aux services de garde, c'est la modulation des tarifs en
fonction du salaire des parents qui a été faite par le précédent gouvernement
libéral. Je voulais en parler à Mme Lessard, tout à l'heure, parce que,
lorsqu'on regarde les archives, ça a été extrêmement difficile pour le
service... réseau des services de garde. Et, en même temps, ce que ça a fait
aussi, c'est que ça a peut-être questionné certains parents, à l'âge de 0-4
ans, sur la façon dont on envoyait nos enfants dans le réseau. Alors, ça, ça a
fait excessivement mal.
• (17 h 50) •
Il n'en demeure pas moins que je suis très
heureux de vous entendre, somme toute, confirmer les services de la
prématernelle quatre ans. Vous n'êtes pas contre, de ce que j'en comprends.
Vous dites que vous voulez arrêter la généralisation. C'est ce que...
M. Boulet : ...questionner
certains parents à l'âge de 0-4 ans sur la façon dont on a envoyé nos
enfants dans le réseau. Alors, ça, ça a fait excessivement mal.
Il n'en demeure pas moins que je suis très
heureux de vous entendre, somme toute, confirmer les services de la
prématernelle quatre ans. Vous n'êtes pas contre, de ce que j'en comprends.
Vous dites que vous voulez arrêter la généralisation. C'est ce que j'en ai
compris. Cependant, vous qui êtes déployés à la grandeur du Québec, qui offrez
un service exceptionnel à nos enfants, j'imagine que vous avez constaté que les
gens, qu'ils soient en milieu défavorisé ou non, il y avait un détectage
précoce à faire, et que, peu importe le code postal, peu importe le salaire des
parents, les gens risquaient... ou les jeunes plutôt risquaient d'avoir un
diagnostic. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation-là que, peu
importe le statut dans lequel le jeune se trouve, il a un risque, par exemple,
d'être aphasique, dyspraxique, et qu'il risque d'avoir des difficultés à
l'école?
Le Président
(M. Asselin) : M. le député a pris deux minutes. Il vous
reste deux minutes.
M. Létourneau
(Jacques) : Oui, mais je... voulez-vous... Je peux bien faire
30 secondes, là, puis je vais laisser mes collègues, mais moi, je pense
qu'une des difficultés, c'est... puis on le dit dans notre document, c'est que,
d'abord, il n'y a rien d'obligatoire dans l'approche ni de votre côté, ni dans
un CPE ni dans un RSG. Un parent qui décide de garder son enfant jusqu'à la
maternelle... Même la maternelle n'est pas obligatoire encore aujourd'hui au
Québec. Alors, imaginons.
Bon, une fois que j'ai dit ça, il faut
qu'on se penche sur le phénomène du pourquoi, parfois, dans des secteurs ou des
milieux plus défavorisés, on n'est pas porté à inscrire ses enfants. Alors, une
de nos réponses à nous, c'est que le dépistage, il devrait se faire avant
quatre ans. Le dépistage devrait se faire au bas âge, là, puis on a plusieurs
exemples chez les experts, semble-t-il, qui confirment qu'un enfant qui est
dépisté à deux ans et qui est pris en charge à trois ans, bien, quand il va
rentrer en maternelle à cinq ans, déjà, il va être équipé pour affronter la
question des services plus adaptés à sa réalité. Bien, je ne sais pas si...
M. Boulet : ...tout
simplement avoir une réponse parce que vous avez une expertise incroyable à la
grandeur du Québec. Est-ce que des jeunes, qu'ils se retrouvent en milieu
défavorisé ou non, sont à l'abri de diagnostics? Parce qu'on parle d'égalité
des chances, particulièrement.
Mme Longchamps (Lucie) :
Exact. La réponse, elle est claire : Non, puis la fragilité ne va pas avec
le code postal. Par contre, ce que je vais vous mettre de l'avant, c'est qu'un
enfant qui a une fragilité, il arrive à quatre ans puis il irait dans une des
maternelles quatre ans. Il a quoi... 182 jours, 200 jours de classe
par année? Moi, je ne suis pas enseignante, là, je suis éducatrice. Il... Vous
le savez, quand on arrive dans un nouveau milieu, il y a toute une adaptation.
L'enfant devra s'adapter, en plus de sa fragilité, à un nouveau groupe, à une
nouvelle enseignante, à un nouveau lieu, à traîner sa boîte à lunch
possiblement parce que sinon il y aurait bien des frais, aller au service de
garde, aller... puis, l'été qui suivra, à aller ailleurs parce que l'école sera
fermée. Cet enfant-là qui a une fragilité, elle a été détectée en services
éducatifs, bien sûr s'il a eu une place, bien sûr s'il y a eu accès. Pourquoi
on voudrait déraciner cet enfant-là pour la dernière année, croyant qu'en
allant en maternelle quatre ans...
Le Président
(M. Asselin) : Mme Longchamps, je vous remercie.
Mme Longchamps (Lucie) :
Merci.
Le Président
(M. Asselin) : On va écouter Mme la députée de
Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Continuez,
Mme Longchamps, vous étiez sur une belle lancée.
Mme Longchamps (Lucie) :
Alors, pourquoi croire qu'en le déracinant puis en allant dans la maternelle
quatre ans, cet enfant-là va tout à coup vivre différemment? Cet enfant-là, on
l'a déjà vu, et ce qu'on doit trouver, c'est pourquoi les parents... parce
qu'un enfant qui a souvent une fragilité au Québec, malheureusement, non, ça ne
vient pas avec le code postal, mais malheureusement parfois oui, et ça vient
avec une famille qui a des fragilités également. En centre de la petite enfance
et en responsable des services de garde en milieu familial régis et
subventionnés, il y a un lien de proximité qui se crée, il y a une aide qui se
crée quotidienne. Ce parent-là, il est rencontré deux fois par jour. Ce
parent-là, on fait des liens avez lui et on l'aide souvent à mieux faire dans
son rôle de parent. Cet enfant-là, il ne vient pas tout seul sur une île, il a
un village autour de lui. Donc, moi, je ne crois pas que, déraciner cet
enfant-là en pensant qu'en le mettant dans une maternelle quatre ans, ça va
résoudre tous les problèmes au Québec. Bien au contraire. Puis je vous l'ai dit
d'emblée, on promet... les sous doivent être préalablement. On n'est pas contre
la maternelle quatre ans, mais pas de la façon dont elle se fait présentement,
pas dans la façon que certaines commissions scolaires vont... présentement font
des appels à certains parents, et ça s'est vu. Il y a des endroits où on a eu
des indications où il y a des services qui pourraient être donnés à un enfant
où on lui a dit : Bien, tes services arriveront plus tôt si cet enfant-là
va à la maternelle quatre ans. Présentement, il se fait des choses déloyales
qu'on déplore également.
Mme Rizqy : Continuons
là-dessus, Mme Longchamps, les affaires déloyales parce que, lorsqu'il a
été question de déployer les maternelles quatre ans de façon complémentaire aux
services déjà existants avec les services éducatifs, moi, je m'attendais à ce
que le ministre la compte, s'assure que, le ministre de l'Éducation et son
ministère n'aillent pas piger non seulement les enfants, mais aussi les
éducatrices dans votre cour.
Mme Longchamps (Lucie) :
Et là ce n'est pas ce qui va se faire. Veux veux pas, il y a un transvidement
qui va se faire.
Mme Rizqy : J'ai eu...
J'ai entendu dire que certains parents ont... Des courriels ont été reçus par
le ministère de l'Éducation de parents qui fréquentaient des services
éducatifs, notamment...
Mme Rizqy : ...dans votre
cour.
Mme Longchamps (Lucie) :
Et là ce n'est pas ce qui va se faire. Veux veux pas, il y a un transvidement
qui va se faire.
Mme Rizqy : J'ai eu...
J'ai entendu dire que certains parents ont... Des courriels ont été reçus par
le ministère de l'Éducation de parents qui fréquentaient des services
éducatifs, notamment en CPE, pour faire de la publicité plus ciblée pour les
inciter à fréquenter la maternelle quatre ans parce que ça ne se bouscule pas
aux portes pour les inscriptions.
Mme Longchamps (Lucie) :
On a entendu la même chose, Mme Rizqy. On a entendu la même chose, puis on
a les mêmes indications.
Mme Rizqy : Dites-moi, est-ce
que vous, vous avez pu bénéficier, de la part du ministre Lacombe, le ministre
de la Famille... est-ce que vous avez pu bénéficier, du ministre de la Famille,
d'une publicité sur Facebook à coup de 90 000 $ pour faire la
promotion des CPE?
Mme Longchamps (Lucie) :
Non. Nous, on a défendu ce que l'on faisait en étant les spécialistes de la
petite enfance, en mettant de l'avant la campagne 4 ans, c'pas grand,
une campagne qui fait bon train puis que les parents... quand on explique bien
tout ce qu'il y a derrière la maternelle quatre ans et ce qui est dans le
non-dit, donc la boîte à lunch, la période estivale, le congé de Noël, les
congés pédagogiques... le parent, il ne le réalise pas d'emblée que tous ces
coûts-là sont associés, et, quand tu lui fais le portrait clair, sans tomber
dans le... tenter d'avantager un côté plus que l'autre, le parent voit clairement
où est l'avantage de son enfant.
Mme Rizqy : J'ai eu
l'occasion, moi, de voir la publicité sur Facebook pour faire la promotion des
maternelles quatre ans du gouvernement de la CAQ. Nulle part, ce n'était
indiqué que les CPE, c'est 261 jours versus 182 jours. Nulle part, ce
n'était indiqué qu'en CPE... deux collations, un repas fournis, alors que le
parent, en maternelle quatre ans, devra le fournir. Nulle part, ce n'est
indiqué que l'été, bonne chance pour trouver un camp de jour... si votre municipalité
l'offre et sont prêts pour l'offrir. Bon, vous n'êtes pas non plus avocat en
protection du consommateur, là, mais trouvez-vous que c'est transparent comme
méthode de faire pour dire libre choix aux parents de décider?
Mme Longchamps (Lucie) :
Moi, je vous dirais que non. Et, dans tout ce processus-là, on ne compte pas
l'été au terrain de jeu. Admettons que, dans une certaine municipalité, oui, on
mette de l'avant le terrain de jeu. À quatre ans — puis vous en avez
probablement eu, certains d'entre vous, des enfants de quatre ans — à
quatre ans, un enfant, là, ça ne se crème pas tout seul l'été. Et, vous le
savez, le soleil, au Québec... on les crème plusieurs fois par jour. Un enfant
de quatre ans, ça perd son chapeau au moins une fois par jour. Un enfant de
quatre ans, ça ne sait pas où ça a mis ses ses chaussures. Ça ne se rappelle
plus sa boîte à lunch, elle est de quelle couleur. Puis je ne ferai pas dans le
sexisme, mais principalement c'est un garçon, parfois tu lui demandes : Est-ce
que c'est à toi, ce chandail-là... il ne le sait pas. Il dit : Moi, je
pense que oui. À matin, il était arrivé avec.
Une voix
: Wo! Wo! Wo!
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Longchamps (Lucie) :
S'il... Écoutez, c'est... sans tomber... Parce que le garçon, souvent, c'est
maman qui l'habille, ou papa, puis la fille choisit plus, dans la coquetterie.
Mais un enfant de quatre ans, ça a des besoins qui ne seront pas répondus
minimalement dans les camps de jours. Ça ne pourra pas.
Mme Rizqy : Ma
compréhension, c'est qu'en CPE, le maximum, c'est 80 enfants parce que
l'environnement est très important. On a des écoles au Québec que, oui, c'est
des écoles primaires à 300 élèves, mais on a d'autres écoles avec
1 000 élèves. C'est une réalité que nous avons. Vous, là, vous
représentez 300 000 travailleurs. Là-dedans, il doit y avoir quand
même quelques parents, j'imagine. Est-ce que vos parents, que vous représentez,
qui sont syndiqués chez vous, est-ce qu'eux autres, ils ont déchiré leur
chemise pour avoir des maternelles quatre ans?
M. Létourneau
(Jacques) : Moi, je n'ai rien entendu à ce compte. Évidemment,
on n'a pas fait de sondage, là, auprès de l'ensemble des travailleuses ou des
travailleurs. Mais disons qu'à chaque fois que la question de la scolarisation
des enfants en bas âge s'est posée, par exemple, dans un congrès de la CSN,
moi, j'ai souvent entendu les travailleurs puis les travailleuses témoigner...
Notamment, je dirais, depuis les années 90, parce qu'avant ça, ce sont les
citoyens et les citoyennes qui ont pris en charge la création des garderies
populaires pour être capables de répondre aux besoins. Alors, moi, je n'ai
jamais entendu, honnêtement, là, puis ça fait 25 ans que je suis à la CSN,
dans les congrès de militants ou militantes ou de travailleurs, travailleurs...
venir nous dire : Ça n'a pas de sens. Au contraire, développons. J'ai
même eu la chance de participer à une ligne ouverte récemment sur cette
question-là, puis il n'y a pas personne qui commande les gens de la population
qui appellent. C'étaient des enseignantes, des enseignants de primaire,
secondaire qui appelaient pour dire : Nous, on a envoyé nos enfants dans
les CPE, dans les RSG, puis on l'a apprécié, puis, de grâce, mettez en place
les ressources financières pour soutenir les élèves qui sont déjà diagnostiqués
en difficulté puis qui ont de la misère à avoir une heure d'orthopédagogue par
semaine parce qu'on manque de ressources, là.
Mme Rizqy : Moi, je ne me
suis pas promenée à New York ni en Ontario pour voir comment ça fonctionnait,
leurs maternelles quatre ans à eux, mais je me suis promenée au Québec, puis ce
que j'ai entendu sur le terrain, c'est la chose suivante. C'est qu'une fois
qu'il y a un diagnostic en service de garde ou en CPE, c'est la ressource qui est
difficile à avoir.
• (18 heures) •
Et Mme Longchamps, tantôt, vous
l'avez dit, ce n'est pas un débat de chiffres, mais, en même temps, ce l'est.
J'aimerais vous amener sur un terrain, parce que moi, je l'ai quantifié,
combien ça coûtait. Pendant que certains pensent 250 millions, moi, mon
calcul, là, c'était le suivant. Puis je ne l'ai pas fait avec n'importe qui, je
l'ai fait avec l'ancien ministre des Finances. Je suis arrivée à environ
2 milliards. Parce que, oui, il y a une infrastructure, mais, après ça,
c'est les coûts du système. Puis il faut savoir qu'on a environ
80 000 naissances au Québec par année. Donc, 80 000 enfants
en maternelle quatre ans... et, du propre aveu, lors d'étude de crédits...
18 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...pendant que
certains pensent que ça coûte 250 millions, moi, mon calcul, là, c'était
le suivant — puis je ne l'ai pas fait avec n'importe qui, je l'ai
fait avec l'ancien ministre des Finances — je suis arrivée à environ
2 milliards parce que, oui, il y a une infrastructure, mais ensuite c'est
les coûts de système. Puis il faut savoir qu'on a environ 80 000 naissances
au Québec par année. Donc, 80 000 enfants en maternelle quatre ans,
et du propre aveu, lors de l'étude des crédits du ministre de l'Éducation,
c'est 10 600 $, un enfant en maternelle quatre ans, environ 5 500 $
pour une période de 180 jours si on faisait 180 jours. 180 jours, un
enfant en CPE reviendrait à 5 500 $, mais, si on étendait pour
l'entièreté, c'est-à-dire 262 jours, on arrive à 7 090 $. Donc,
un enfant en CPE, là, qui passe toute l'année, presque, là-dedans,
7 092 $. 180 jours en maternelle quatre ans, donc moins, pas de boîte
à lunch, 10 500 $, 10 600 $, environ. Donc, on arrive
environ à 1 953 000 000 $, vous comprendrez, j'ai arrondi à
2 milliards. Ce 2 milliards, vous, Mme Longchamps, si un jour
vous étiez ministre des Finances, le mettriez-vous en services ou dans du
béton?
Mme Longchamps (Lucie) :
La réponse est claire, hein, la poser, c'est y répondre, on le mettrait dans
les services. Puis effectivement les chiffres que vous avez portés, c'est des
chiffres qui ont été portés à notre attention, parce que... J'ai voulu nous
sortir... votre chiffre, parce que je voulais essentiellement qu'on parle des
enfants, parce que c'est la fonction principale que j'ai, entre autres, à la
fédération de la santé de la CSN, c'est de représenter les travailleuses qui
s'occupent de ces tout-petits là. Et, dans tout ce débat-là, on les a...
Mme Rizqy : Oubliés.
Mme Longchamps (Lucie) :
Sans dire «oubliés»... probablement oubliés. On parle de panier de services. Un
enfant de quatre ans, on ne devrait pas le mettre face à un panier de services,
on devrait le mettre face à un service qui devrait lui être donné quand il a
une fragilité.
Mme Rizqy : Tout à fait.
Et beaucoup... à plusieurs reprises, le ministre de l'Éducation a parlé de
classes disponibles chauffées l'hiver, alors qu'elles étaient vides. Moi,
personnellement, quand une classe est disponible puis qu'il y a un besoin, je
peux vous assurer qu'on a des directeurs d'écoles qui vont la remplir pour une
sixième année, une quatrième année. Vous comprendrez que, quand elle est vide,
c'est parce qu'il n'y a pas d'enfants dans cette école ou dans cette région
administrative, là, alors c'est normal qu'à ce moment-là ça ne serve pas à
grand-chose d'ouvrir une classe là, de maternelle quatre ans. Et j'ai regardé
le nombre d'inscriptions, on en a, à certains endroits, que c'est zéro, c'est
deux, trois élèves, et, à d'autres endroits, où est-ce que ça déborde dans le
réseau de l'éducation. Par exemple, commission scolaire Pointe-de-l'Île,
3 000 élèves que nous devons trouver une place pour l'automne. Alors,
vous comprendrez que ma priorité, moi, ce n'est pas tant de trouver une classe,
mais de trouver l'élève en question puis d'offrir le service à l'élève. Alors,
c'est pour ça que le 2 milliards, pour moi, devrait toujours d'abord
suivre l'élève, et non pas la classe de disponible.
M. Lacharité (Jean) :
Bien, moi, si vous permettez, il faut avoir fréquenté les écoles, au cours des
10-15 dernières années, pour constater l'importance puis la nécessité de
réinvestir pour les moderniser, hein? Parce qu'il y a quelqu'un qui disait
avant nous : Les écoles ont été construites à l'époque de Duplessis. Là,
des chaudières dans des classes de cours puis... Alors donc, il y a des
besoins, là, bien basiques, là. Avant même de penser que tu vas construire des
nouvelles affaires, il y a des besoins bien basiques, puis évidemment il y a
des besoins personnels... de personnels.
Mme Rizqy : Au niveau du
PQI, lorsqu'on parle justement des besoins de base, le président du Conseil du
trésor, il l'a quand même admis, là, l'entièreté de l'argent additionnel, ça va
pour les maternelles quatre ans. Alors, lorsqu'on parle de 900 millions de
dollars additionnels, ça s'en va pour les maternelles quatre ans. J'aimerais...
il ne me reste que quelques secondes. Est-ce que vous avez des personnes, des éducatrices
qui ont peur de perdre leur emploi étant donné que, si jamais la maternelle
quatre ans est déployée, les services de garde en milieu familial, elles pourraient
être à risque?
Mme Longchamps (Lucie) :
Absolument. Et l'analyse financière qui a été présentée quand le projet de loi
n° 5 est sorti, effectivement les responsables des services de garde en
milieu familial régis et subventionnés pourraient en faire les frais.
Le Président
(M. Asselin) : Merci beaucoup. Alors, vous étiez présent
depuis le début, aux gens de New York, etc. ont pu élaborer. Maintenant, on a,
pour 2 min 40 s, la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. J'aimerais également vous remercier pour votre prise de parole, je
vais dire enflammée. C'était très, très énergique, et merci pour ça. Puis, pour
les recommandations que vous avez faites aussi, je vais revenir, comme d'autres
l'on fait, sur la deuxième, enquêter sur les raisons expliquant que 20 %
des enfants québécois ne fréquentent pas un service éducatif à quatre ans.
C'est un des arguments qui est souvent avancé par le gouvernement pour
justifier ce projet-là, puis effectivement ce n'est pas clair du tout qu'on va
réussir à les rejoindre davantage avec le projet actuel. Je souligne aussi la
recommandation n° 5, là, d'instaurer la gratuité pour
tous les enfants de quatre ans dans les services éducatifs. Je pense
qu'effectivement, si on veut offrir un choix réel aux parents, c'est là vers où
il faut aller.
Vous avez nommé qu'un des enjeux, en ce
moment, c'est le fait que les services ne sont pas là pour les parents, qu'ils
ne sont pas là quand les éducatrices signalent des problèmes de développement
avec des enfants qui sont dans les milieux de garde éducatifs, souvent ils ne
sont pas là non plus même quand l'enfant est rendu en milieu scolaire, hein?
Même si l'enfant a fréquenté une maternelle quatre ans qui existe en ce moment,
des fois, ils sont rendus en trois, quatrième année, ils n'ont toujours pas vu
de spécialiste. Est-ce que c'est quelque chose dont vous... que vous constatez
aussi auprès de vos membres? Vous avez des membres en...
Mme Bénard
(Mireille) : Bien, c'est quelque chose qu'on constate auprès...
Mme Labrie : ...des enfants qui
sont dans les milieux de garde éducatifs, souvent ils ne sont pas là non plus,
même quand l'enfant est rendu en milieu scolaire, hein? Même si l'enfant a
fréquenté une maternelle quatre ans qui existe en ce moment, des fois, ils sont
rendus en trois, quatrième année, ils n'ont toujours pas vu de spécialiste.
Est-ce que c'est quelque chose dont vous... que vous constatez aussi auprès de
vos membres? Vous avez des membres en...
Mme Bénard
(Mireille) : Bien, c'est quelque chose qu'on constate auprès de
nos membres, mais aussi que les parents qu'on représente puis la question a été
posée à Jacques Létourneau tantôt : Les parents, qu'est-ce qu'ils disent?
Quand on fait ces discussions-là, dans nos instances, les gens viennent souvent
intervenir en tant que parents, effectivement. Et c'est ce dont ils nous
témoignent le plus, c'est les difficultés personnellement qu'ils ont eues à
obtenir des services par la suite et l'obligation, souvent, d'aller au privé
puis même au privé, bon, c'est cher, mais il y a aussi des attentes, c'est quand
même assez long.
Donc, le principal cri du cœur des parents
est beaucoup plus envers : Donnez-nous des services pour nous soutenir,
pour nous aider, là...
Mme Labrie : Donc, la priorité
devrait être de plutôt réduire les listes d'attente pour accéder à un
spécialiste, soit en milieu éducatif, soit en milieu scolaire.
M. Létourneau
(Jacques) : Oui, puis, si vous permettez, il y a de meilleurs
arrimages avec le réseau de la santé et des services sociaux et tous ceux qui
travaillent en santé mentale. Mais là aussi, il y a eu beaucoup de compressions
budgétaires ces dernières années. Mais il n'est pas rare d'entendre des gens
nous dire, quand ils ont des élèves... des enfants, pardon, qui ont des problèmes
d'apprentissage, qui vont se faire dire : J'espère que vous avez des
assurances privées, parce que si vous n'avez pas d'assurances privées, vous
allez attendre pendant un an avant d'avoir un neuropsychologue qui va évaluer
les difficultés de votre enfant.
Donc, ça, c'est une réalité avec laquelle
on vit aujourd'hui. Mais que nous, on vive avec ça, c'est une chose, mais que
les enfants, qui ne bénéficient pas des services auxquels ils devraient avoir
droit, ça, c'est beaucoup plus dramatique et dans ce sens-là, je pense que
c'est... je pense que tout le monde fait pas mal consensus là-dessus.
Le Président (M.
Asselin) : Merci. On va vous permettre de rester enflammés
encore pour 2 min 40 s avec la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. Je pense qu'on est très heureux d'être enfin dans le vif du
débat. Donc, merci beaucoup d'être là. Je vous entendais tantôt souligner que
la politique de l'enfance, de la petite enfance en 1997, ça avait été une
grande avancée. Moi, ce que j'aimerais du gouvernement, c'est justement qu'il
nous dépose un politique, parce qu'en ce moment il a plein d'idées, il a un
objectif louable d'accompagner les enfants, les petits de la meilleure manière,
mais on a les maternelles quatre ans, on a la pseudocomplémentarité avec le
ministre de la Famille, sauf qu'on apprend, exemple après exemple, qu'il n'y a
pas vraiment de collégialité entre les deux ministères. On nous dit qu'on va
développer des places. Et on a le ministre des Services sociaux qui, lui, a
tout un programme, semble-t-il, pour accompagner le dépistage des tout-petits,
mais comme vous le dites très bien, c'est une chose de dépister, mais après il
faut que les services soient au rendez-vous. Donc, j'aimerais vous entendre à
savoir si on devrait miser là-dedans, nous, ça fait des mois qu'on demande un
plan de déploiement et de complémentarité, on aimerait ça l'avoir avant d'aller
plus loin.
Puis l'autre chose sur laquelle je veux
vous entendre, c'est que le ministre dit beaucoup que l'opposition s'oppose et
que les groupes qui sont contre, ce sont des lobbys. Donc, évidemment, vous
êtes là uniquement pour défendre vos membres qui sont des éducatrices, donc
vous n'êtes pas là pour le bien commun et la science. J'aimerais vous entendre
par rapport à ça, à savoir pourquoi, dans le fond, ce ne serait pas mieux en
maternelle quatre ans si on suit les arguments : Les gens sont formés. Ils
sont allés à l'université. Il y a des spécialistes. Alors, est-ce que vous
êtes, dans le fond, un lobby obnubilé par vos membres?
Mme Longchamps (Lucie) : Bien,
je vais tenter de... Mais un enfant de quatre ans, ça n'a pas la maturité ni
physiologique ni psychologique d'aller dans un grand groupe, d'aller à l'école,
et ça, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les chercheurs, Dr Chicoine, Claire
Chamberland, une grande chercheure de l'UQAM, les enfants n'ont pas la maturité
pour ça. Et, vous savez, j'aurais beaucoup de choses à dire et je vais tenter
de vous le dire en peu de mots, ce qui fait que, parfois, je m'enflamme parce
que c'est un sujet qui me tient beaucoup, beaucoup à coeur, on a souligné tout
à l'heure par des précédents qu'ils pourraient entrer à la maternelle quatre
ans à trois ans. Vous savez, maintenant, un enfant qui a une fragilité a
possiblement aussi un problème avec ses sphincters. Qu'arrivera-t-il, s'il a
trois ans, et qu'il n'a pas de contrôle encore et qu'il a encore une couche? Et
on le voit de plus en plus dans les centres de la petite enfance, des enfants à
quatre ans encore avec une couche parce qu'ils ont une fragilité.
Donc, cet enfant-là, on va le déraciner
parce que peut-être que son parent n'aura pas fait toute l'analyse. Puis on ne
met pas en cause les parents au Québec, un parent, ça veut toujours ce qu'il y
a de mieux pour son enfant...
Le Président (M.
Asselin) :Je vous remercie beaucoup pour
la conclusion. M. Létourneau, Mme Bénard, Mme Thibault-Larose, c'est terminé malheureusement.
Des voix
: ...
Le Président (M.
Asselin) :Je vous remercie pour la contribution
à nos travaux. La commission ajourne ses travaux jusqu'à demain matin, 10 h 45
pour... où on poursuivra nos mandats. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 10)
Le Président (M.
Asselin) : ...mandat. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 10)