Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
martes 28 mai 2019
-
Vol. 45 N° 16
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l’instruction publique et d’autres dispositions à l’égard des services de l’éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans
Aller directement au contenu du Journal des débats
10 h 30 (version non révisée)
(Dix heures quarante-six minutes)
Le Président (M.
Asselin) :À l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture
et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission
est réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre de la consultation
particulière du projet de loi n° 5, la Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique et autres dispositions à l'égard
des services de l'éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans.
Mme
la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements ?
La
Secrétaire
: Non, M. le Président, il n'y a aucun remplacement
ce matin.
Le
Président (M. Asselin) : Parfait. Cet avant-midi, on va entendre la
Fédération des comités de parents. Je leur souhaite la bienvenue et je les
invite à se présenter. Vous allez avoir un 10 minutes pour présenter votre
mémoire, et puis après, on va débuter les échanges avec les membres de la
commission. À vous la parole.
M. Roy (Kévin) : Merci. M. le
Président, M. le ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, je me
présente, Kévin Roy, président de la Fédération des comités de parents du Québec.
Je suis accompagné aujourd'hui de Mme Corinne Payne, directrice générale, et de
Me Jean-François Rioux, secrétaire général.
Depuis près de 45 ans, la Fédération a
pour mission de représenter les droits et intérêts de tous les parents des
élèves de l'école publique du Québec, peu importe leurs lieux de résidences et
leurs conditions sociales. C'est donc en tant que porte-parole des parents que
je vous présente notre mémoire.
Le dossier des services éducatifs aux
enfants de quatre ans est un sujet de réflexion et de travaux au sein de notre organisation
depuis 2013, lorsque la ministre Malavoy, du Parti québécois, a déposé le projet
de loi n° 23 concernant des services éducatifs aux
élèves de quatre ans vivant en milieu défavorisé. À ce moment, les parents
délégués de notre conseil général avaient émis des recommandations qui
concernaient principalement le respect de la complémentarité des différents
services éducatifs, le droit de tous les élèves de recevoir des services de
qualité, ainsi que le rôle essentiel du conseil d'établissement et du comité de
parents en termes de soutien aux parents dans leurs milieux.
La composition de notre conseil général est en
évolution continue, mais vous constaterez dans notre mémoire que ces trois
thèmes ont conservé leur importance. En 2016, la fédération a mené une consultation
sur la réussite éducative, projet initié par le ministre Proulx du Parti
libéral. 82 % des parents étaient contre l'implantation obligatoire de la
maternelle quatre ans. Par contre, les deux tiers étaient favorables à l'implantation
de la maternelle quatre ans si sa fréquentation restait sur une base
volontaire. En 2017, le conseil général a de nouveau travaillé sur les
maternelles quatre ans, cette fois sur leur déploiement, sans tenir compte de
l'indice de défavorisation des écoles. Les parents ont soulevé de nouveaux
points : leur besoin d'échange continu avec l'enseignant, leur volonté
d'avoir accès à une offre diversifiée leur permettant de choisir en fonction de
leurs besoins et leurs capacités, et leur souhait d'un environnement adapté,
stimulant et sécuritaire pour les enfants.
Au début de l'année 2019, la FCPQ a lancé
un sondage éclair en ligne, ouvert à tous, sur les services éducatifs aux
maternelles quatre ans... aux enfants de quatre ans. Les résultats de ce sondage
ont contribué à amorcer des réflexions... ont servi, en fait, à amorcer les
réflexions lorsque nous avons travaillé de nouveau en conseil général, à notre
dernier conseil général, au mois d'avril.
• (10 h 50) •
Je prends une minute pour vous expliquer
le fonctionnement de notre conseil général. Toutes les orientations politiques
de la fédération naissent au conseil...
M. Roy (Kévin) : ...ont servi,
en fait, à amorcer les réflexions lorsque nous avons travaillé de nouveau en
conseil général, à notre dernier conseil général, au mois d'avril.
Je prends une minute pour vous expliquer
le fonctionnement de notre conseil général. Toutes les orientations politiques
de la fédération naissent au conseil général. Celui-ci est constitué de deux
délégués de chaque comité de parents de commissions scolaires que nous
représentons, pour un total de 124 délégués. Quatre fois par année, ces parents
bénévoles se réunissent pour réfléchir, échanger et travailler sur des sujets
d'actualité ou sur des dossiers qui préoccupent les parents. Une fois par
année, les délégués du forum de parents d'élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, qu'on appelle parents EHDAA, se réunissent
dans le même but. C'est avec les résultats de ces travaux que la fédération
formule ses orientations. Voilà d'où vient notre légitimité : de parents
de partout au Québec qui ont pour mission de favoriser la réussite et le
bien-être de tous les élèves. Ce sont les réflexions de notre conseil général
et du forum de parents EHDAA d'avril dernier qui sont détaillées dans notre
mémoire.
L'élément principal à retenir, selon les
parents, c'est le libre-choix. Les parents sont les premiers responsables de
l'éducation de leurs enfants et doivent être en mesure de choisir le service
éducatif qui convient le mieux à leurs besoins. La maternelle quatre ans doit
donc demeurer optionnelle. Les parents ne peuvent être contre un choix
supplémentaire de service éducatif pour leurs enfants, ils ont cependant
exprimé certaines inquiétudes par rapport au déploiement des maternelles quatre
ans partout au Québec. C'est pourquoi les délégués de la fédération se sont mis
en mode solution pour proposer des conditions gagnantes dans lesquelles les
maternelles quatre ans devraient être déployées. Nos propositions se
distinguent des mémoires à caractère scientifique. Elles présentent les
réflexions des parents sur les sujets que nous trouvons importants en tant que
premiers responsables de l'éducation de nos enfants.
Les résultats de notre sondage éclair en
ligne de janvier dernier révèlent une tendance forte vers les CPE comme premier
choix de service éducatif pour les enfants. Lorsque les délégués de notre
conseil général ont pris connaissance de cette tendance, ils l'ont expliquée
par la satisfaction et la confiance qu'ont les parents envers les services
actuellement disponibles. C'est pourquoi nous recommandons que les maternelles
quatre ans soient déployées en s'inspirant des éléments appréciés des parents
dans les milieux de garde actuels. Ces éléments sont énumérés à la page 5 de
notre mémoire. De plus, nous recommandons que les objectifs des maternelles
quatre ans et des autres services pour les enfants soient clairement définis et
diffusés aux parents afin qu'ils puissent faire un choix de service éducatif de
façon libre et éclairée.
La majorité des délégués se sont prononcés
en faveur du changement proposé dans la loi voulant que les services éducatifs
soient obligatoirement dispensés à tous les enfants de quatre ans dont les
parents en feront la demande. La FCPQ recommande donc que la maternelle quatre
ans demeure optionnelle et soit clairement identifiée comme un choix parmi d'autres
services disponibles pour les enfants de quatre ans.
L'équité est une des préoccupations de la
FCPQ. Si le projet de loi n° 5 est adopté, les jeunes
issus de milieux défavorisés n'auront plus l'exclusivité de la maternelle
quatre ans. Il a pourtant été démontré que la scolarisation précoce de ces
enfants réduit l'impact de leurs possibles lacunes cognitives, comportementales
ou motrices et favorise la préparation à l'école. Dans le cas des enfants
provenant de milieux défavorisés, la scolarité précoce est donc un moyen de
lutte à la pauvreté et à l'exclusion. La FCPQ demande que le déploiement des
maternelles quatre ans n'ait pas pour effet d'amoindrir les impacts positifs
démontrés de ce service pour les enfants vulnérables. La notion de complémentarité
est omniprésente dans les réflexions des parents depuis 2013. Les parents sont
clairs dans leurs orientations, les maternelles quatre ans doivent s'inscrire
en complément des services déjà existants. Par exemple, les partenaires et les
fournisseurs devraient travailler selon une approche coordonnée et intégrée
pour que les programmes et services soient plus adaptables aux besoins locaux.
Toutefois, l'article 6 du projet de loi prévoit la suppression d'un alinéa
important de la Loi sur l'instruction publique qui prévoit d'assurer la
complémentarité entre les services éducatifs du préscolaire. Nous craignons que
la suppression de cet alinéa mette fin à l'objectif de complémentarité entre
les services aux enfants de quatre ans. 67 % de nos membres sont contre ce
changement. Nous avons plusieurs suggestions pour assurer la complémentarité
des services : la création de ponts entre les services, le développement
de partenariats avec les professionnels et les organismes publics et
communautaires afin de favoriser le dépistage et l'accompagnement, et enfin la
présence d'une personne pivot assurant le lien et les communications entre les
parents et tous les intervenants.
En ce qui concerne le déploiement en tant
que tel des maternelles quatre ans, les parents tiennent à ce qu'il soit
réalisé en bonne et due forme. Le personnel doit bénéficier d'une formation...
M. Roy (Kévin) : ...présence
d'une personne pivot assurant le lien et les communications entre les parents
et tous les intervenants.
En ce qui concerne le déploiement en tant
que tel des maternelles quatre ans, les parents tiennent à ce qu'il soit
réalisé en bonne et due forme. Le personnel doit bénéficier d'une formation
adaptée. Les parents recommandent que le ratio élèves-adulte soit le même que
celui en CPE. Par ailleurs, les CPE offrent 10 heures de services quotidiennement
toute l'année. Un service équivalent doit être offert en maternelle quatre ans.
Les infrastructures doivent être accessibles aux enfants de quatre ans. Il est
essentiel de s'assurer que les classes soient adaptées au rythme et au développement
des enfants de quatre ans et soient appuyées par des données probantes. Il faut
être prêt le jour un pour ne pas mettre en péril les apprentissages et le développement
des enfants.
Le gouvernement s'est engagé à ce que les
ressources financières soient au rendez-vous pour les maternelles quatre ans.
Les parents soulignent que le financement doit également être suffisant pour
les autres ressources éducatives disponibles. Si ce n'est pas le cas, ce ne
sera plus un véritable choix pour les parents.
En conclusion, comme toujours dans le
milieu de l'éducation, les besoins des élèves doivent rester au centre de la
prise de décision. Nos conditions gagnantes essentielles à leur implantation,
pour les parents, sont l'adaptation des services aux besoins, au rythme et au développement
des enfants de quatre ans, des communications soutenues entre les parents et
tous les intervenants, le déploiement de partenariats avec les ressources
disponibles dans chaque milieu, la complémentarité des services offerts dans
chaque milieu et des campagnes d'information pour que les parents soient libres
de faire un choix éclairé qui convient aux besoins de leur enfant. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Asselin) :
Merci, M. Roy. Je vous remercie de votre contribution. On va débuter la période
des échanges. La parole est au ministre pour 16 minutes. À vous la parole.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci à vous, les représentants des parents. Très content de vous
avoir, parce que définitivement que dans l'ambition du gouvernement de déployer
l'offre de services, bien, on veut offrir un choix. C'est vrai que ce n'est pas
une obligation. Il n'a jamais été dans notre intention de rendre la maternelle
quatre ans obligatoire. D'ailleurs, je suis en accord avec vos membres quand
ils s'étaient prononcés à 83 % contre l'obligation de fréquenter la
maternelle quatre ans. Ça n'a jamais été dans nos plans, on se comprend bien.
Donc, on veut que les parents aient davantage d'options. Donc, vous n'êtes
pas... à ce que je comprends, vous n'êtes pas contre le choix qu'on offrirait
aux parents, qui est un réel choix, parce qu'en ce moment il n'y a pas vraiment
le choix, là, il y a de la place pour à peu près 5 %, 6 % des parents
ou donc des enfants, et plusieurs... dans plusieurs cas, bien, c'est
géographiquement inaccessible.
Cependant, je vous demanderais d'avoir un
peu de... un peu plus d'information par rapport à la diffusion de
l'information, à la diffusion de la disponibilité. Est-ce que vous êtes
d'accord pour que, si une classe s'ouvre, si le service devient disponible dans
un quartier ou dans un village, que la commission scolaire prenne les moyens
pour informer les parents, plusieurs moyens pour leur dire : Bien, voici,
cette offre de services est maintenant disponible, sachez-le. Vous pourrez vous
inscrire ou pas. Mais est-ce que vous êtes d'accord pour qu'on diffuse cette
information-là pour que les parents aient le choix?
M. Roy (Kévin) : ...pour
favoriser le choix libre des parents, il faut qu'ils aient l'information
disponible. Il faut qu'ils sachent c'est quoi, les objectifs de la maternelle
quatre ans et c'est quoi aussi, les objectifs des programmes qui existent
actuellement, donc les CPE, l'éducation même à... et même l'éducation à la
maison ou le programme Passe-Partout. Donc, il y a d'autres choix. Nous, on
pense que la diffusion d'information est importante pour que les parents
puissent prendre un choix éclairé, libre, pour qu'ils aient toutes les
informations disponibles. Parce que présentement, les informations que les
parents ont, les informations qui se rendent jusqu'aux parents ou qui sont
diffusées des fois dans les médias, dans les médias sociaux, des fois, c'est
des histoires de — je vais le dire comme ça — des histoires
de peur qu'on entend, autant d'un côté que de l'autre. Nous, ce qu'on dit,
c'est qu'on ne veut pas favoriser un choix ou l'autre, on veut que les parents
soient libres de choisir ce qu'ils veulent dans le programme qu'ils veulent,
dans le service qu'ils... dans tout l'éventail de services qui sont offerts.
Donc, d'émettre, de faire des... d'émettre des informations, des publications
qui pourraient servir d'aides pour les parents pour faire un choix, nous, on est
tout à fait d'accord avec ça.
Je pourrais peut-être même aller un peu
plus loin. En fait, il y a certains parents qui nous proposent que ça soit de
l'information qui soit diffusée conjointement entre les CPE et la commission
scolaire ou entre les différents ministères, donc, pour qu'il y ait une
information neutre qui vienne des deux parties, entre guillemets, en même temps
où des... toute l'offre de services qui sont disponibles pour eux.
• (11 heures) •
M. Roberge : Je trouve ça
intéressant que vous dites : deux parties, entre guillemets. Il n'y a pas
deux parties, hein, il y a un seul gouvernement. Le ministère de la...
11 h (version non révisée)
M. Roy (Kévin) : ...entre
les CPE et la commission scolaire, ou entre les différents ministères, donc,
pour qu'il y ait une information neutre qui vienne des «deux partis», entre
guillemets, en même temps, ou toute les offres de services qui sont
disponibles.
M. Roberge : Je trouve ça
intéressant que vous dites «deux partis» entre guillemets. Il n'y a pas deux
partis, hein, au... il y a un seul gouvernement. Le ministère de la Famille, le
ministère de l'Éducation, le ministère de la Santé travaillent en équipe. Bien
des gens essaient d'opposer la Famille à l'Éducation, l'Éducation à la Santé.
J'ai l'impression que c'est peut-être un relent du passé, mais... il y a un
seul gouvernement du Québec, hein, qui est là pour servir les enfants, qui est
là pour servir les parents, et il n'y a pas deux services qui sont concurrents,
mais il y a plutôt une offre de services qui est complémentaire.
Donc, à cet égard-là, j'aime bien l'idée
d'informer les parents, peut-être via les bureaux coordonnateurs, hein, qui en
ce moment peuvent dire aux parents : Bien, il y a une place de libre en
CPE, une place de libre en milieu familial. Mais on pourrait peut-être informer
aussi : Il y a une place de libre en maternelle quatre ans. Il y a des
gens qui disent que, si on informe quelqu'un dont l'enfant a deux ans, a trois
ans, qui est dans un réseau du service de garde éducatif... si on l'informe qu'il
y a une classe qui s'ouvre, c'est mal. C'est du vol d'enfant, c'est du vol de cotisations
syndicales, c'est du vol de parents puis c'est du maraudage. Déjà, le terme, il
est syndical, «maraudage».
Est-ce que vous pensez que ce n'est pas
correct puis qu'il ne faudrait pas informer les parents qui sont déjà dans un
service de garde? S'il y a une classe qui s'ouvre, là, il ne faudrait pas leur
dire. Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Roy (Kévin) : Il faut
informer les parents. Il faut qu'ils aient toutes les... comme je l'ai dit
tantôt, il faut qu'ils aient toutes les options pour qu'ils puissent faire un
choix libre. Il faut qu'ils aient le choix, en fait, justement, de chacune des
options qui sont sur la table.
Puis je vais revenir sur mon guillemet de
«à chacun des partis», là. C'est l'information que les parents sur le terrain
qu'on reçoit présentement... Il y a deux options qui s'affrontent, mais, dans
les faits, ça ne devrait pas être ça. Les parents, je pense qu'ils sont assez,
je vais le dire comme ça, intelligents pour choisir ce qui est le mieux pour
leur enfant, puis c'est pour ça que le libre choix, il est important pour nous.
Puis il faut qu'ils aient... je reviens encore là-dessus, il faut qu'ils aient
toute l'information des choix disponibles. Sinon, si l'information est...
influencée par... je vais dire... contre un parti ou l'autre, ce n'est pas un
réel choix pour les parents.
M. Roberge : Donc,
l'essentiel, je pense... il faudrait probablement que les différents réseaux
collaborent davantage, comme les ministères et les ministres collaborent dans
le gouvernement.
Et probablement que chaque réseau est le
meilleur pour expliquer son offre de services. Probablement que... Quand je dis
«le réseau des services de garde»... il y a des réseaux, là : CPE,
subventionné, non subventionné, à la maison régi, non régi. Je pense que chacun
d'entre eux devrait parler de ce qu'il offre, de la qualité de la formation,
des gens qui s'occupent des enfants, de l'horaire. Puis, de la même façon, le réseau
scolaire peut préciser quelle est son offre plutôt que d'avoir une information
contraire, mais une information diffamatoire, bien là, que... Imaginez que la
commission scolaire expliquerait ce qu'il y a de pas bon dans les CPE, puis
que, là, les CPE expliqueraient ce qu'il y a de pas bon dans la maternelle
quatre ans. Ça ne serait peut-être pas la bonne façon. Il faudrait plutôt que
chacun fasse la... je dirais même, la promotion de son réseau, en expliquant ce
qu'il a de bon.
Mais, parlant d'information, vous dites
qu'il y a des enjeux, qu'il y a des parents qui se questionnent, qui veulent
être rassurés ou qui veulent être informés sur la stabilité des gens qui sont
dans l'offre de services maternelle quatre ans, la qualification du personnel,
les infrastructures seront-elles adaptées et le financement. Est-ce que je fais
bien le tour des préoccupations des parents qui disent : Bien, sur le
réseau des quatre ans, on a des inquiétudes sur ces éléments-là? Est-ce qu'il y
a d'autres choses que j'oublie ou c'est vraiment là qu'il y a des enjeux
peut-être d'inquiétude?
M. Roy (Kévin) : ...
principales, ce qu'on entend des parents sur le terrain, les parents qui sont
présents avec leurs enfants, là, c'est ce qu'on entend... les inquiétudes.
M. Roberge : Donc, on a
un travail d'information à faire encore plus grand auprès des parents. Bien,
j'ai envie de répondre à quelques-unes de ces questions-là.
Qualification du personnel. Bien, je pense
que les gens qui accueilleront les enfants dans les maternelles quatre ans sont
des gens qui ont une formation en éducation préscolaire et enseignement
primaire. Des fois, on dit : C'est des profs du primaire. Mais je l'ai
fait, le baccalauréat, je sais ce que c'est, j'ai accueilli plusieurs
stagiaires qui faisaient ce baccalauréat-là. C'est vraiment un baccalauréat qui
est double, là : éducation préscolaire et enseignement primaire, c'est la
même formation.
Et ce qu'il y a d'important, puis je pense
que ce n'est pas assez connu, c'est qu'il y a deux personnes dans nos classes
de maternelle quatre ans. Il y a l'enseignant ou l'enseignante, puis
l'éducatrice. Je pourrais dire éducateur, mais bien souvent ce sont des femmes.
Donc, on a les deux. On a... moi, ce que j'appelle... c'est l'équipe de feu.
Donc, je pense qu'on n'a pas à s'inquiéter quand on va conduire nos enfants à
l'école ou une maternelle quatre ans quand on sait qu'il y a quelqu'un qui est
bachelier en éducation préscolaire et éducation primaire puis qu'il est épaulé
par quelqu'un qui est titulaire d'une technique...
M. Roberge : ...mais bien
souvent ce sont des femmes. Donc, on a les deux. On a, moi, ce que j'appelle,
c'est l'équipe de feu. Donc, je pense qu'on n'a pas à s'inquiéter quand on va
conduire nos enfants à l'école ou une maternelle quatre ans quand on sait qu'il
y a quelqu'un qui est bachelier en éducation préscolaire, éducation primaire
puis qui est épaulé par quelqu'un qui est titulaire d'une technique au cégep en
éducation, puis tout ce monde-là en plus est épaulé par des professionnels,
psychologues, psychoéducateurs, orthophonistes, orthopédagogues. Certains
vont nous dire : Oui, mais il en manque dans le réseau. J'ai le goût de
dire : Il faut parler au passé. On est un peu traumatisé par les années
précédentes, là. Puis si on regarde en avant, bien, il va en avoir 600 de plus
en septembre prochain, des professionnels. Donc, pour la qualification, je
pense qu'il y a quelque chose de rassurant.
Infrastructures inadaptées. Peut-être que
les gens s'imaginent l'école avec les bureaux adaptés pour les enfants de
sixième année. Qu'est-ce que vous pensez qu'il y a comme craintes à l'égard des
parents pour le local?
M. Roy (Kévin) : Bien, on
n'est pas des spécialistes en ressources matérielles. Mais les craintes que,
nous, on entend, moi, j'entends en fait sur le terrain, c'est, entre autres,
l'autobus. Est-ce qu'ils vont être capables d'embarquer dans l'autobus tout
seuls? Est-ce que les éviers, les toilettes, les cours de récréation vont être
adaptés pour les jeunes de quatre ans. Ce sont les craintes... enfin, ce sont
les craintes qu'on entend des parents sur le terrain.
Mme Payne (Corinne) : C'est
nos bébés, hein?
M. Roy (Kévin) : C'est nos
bébés, oui.
M. Roberge : D'accord. J'en ai
eu des petits de trois ans, de quatre ans. Bien, moi, j'ai le goût de dire qu'il
y aura pour les parents qui font le choix de la maternelle quatre ans. C'est un
choix, bien sûr. Une fois bien informé, on peut faire le choix. Oui, il y a le
transport par autobus qui est disponible qui n'est pas obligatoire. Il faut
bien dire que le parent qui dit : Bien, moi, je suis bien content. C'est
une plus-value. Il y a le transport qui se fait des fois en gros autobus, mais
souvent en plus petit puis des fois même en auto, en berline, hein? Il suffit
de vérifier. Peut-être que les parents vont être agréablement surpris de savoir
qu'ils vont être transportés en voiture.
Puis il y a le fait aussi que s'ils
disent : Bien, je ne veux pas envoyer mon enfant en maternelle quatre ans.
Je veux l'envoyer dans une garderie éducative. Je ne veux pas qu'il prenne
l'autobus. S'il va le reconduire à la garderie, ils vont y aller en voiture.
Alors, ils peuvent aussi aller reconduire à la maternelle quatre ans en voiture
s'ils ont cette inquiétude-là. Il y a déjà 394 classes quand même qui sont
ouvertes par les précédents gouvernements d'ailleurs et pour lesquelles
certains sont transportés en autobus et que ça se fait assez bien.
Pour ce qui est du matériel, j'ai le goût
de dire qu'il faut regarder ce qui se passe déjà dans les maternelles cinq ans.
Les classes des maternelles cinq ans n'ont rien à voir avec les classes
d'enfants de deuxième année, troisième année, sixième année, hein? Il n'y a pas
des bureaux avec les enfants assis en rang d'oignons avec une chaise trop
grande pour eux puis le bureau trop grand puis le matériel trop grand puis les
lavabos trop hauts. On est capable d'adapter des classes à la hauteur de nos
petits de cinq ans comme on pourra le faire pour la hauteur de nos petits de
quatre ans. Les toilettes aussi. Ça se vend des toilettes plus petites. On est
capable d'en acheter pour nos tout-petits, évidemment.
Mais juste dire qu'à la maison, je ne suis
pas sûr que tout le monde a une toilette haute comme ça. Et pourtant, les
enfants vont à la toilette quand même, hein? Parce qu'on met un petit banc
d'appoint, on met un petit siège d'appoint puis ça fonctionne. Ça fonctionne à
la maison, devrait être capable de fonctionner à l'école aussi. Mais, ceci dit,
notre ambition, c'est d'adapter le mobilier puis d'avoir même des toilettes,
même des lavabos à la bonne hauteur. Mais je comprends cette inquiétude-là
parce qu'on dit : Bien, là, je ne veux pas envoyer mon enfant avec les
grands.
Manque de financement. C'est une autre
inquiétude. Est-ce que vous voulez... Ça s'est manifesté comment cette crainte
de manque de financement? J'ai de la misère à imaginer comment on pourrait
déployer un réseau sans le financer.
Mme Payne (Corinne) : Je peux
dire quelque chose? Je pense M. Roy a déjà dit : C'est parce que les
parents qu'est-ce qu'ils entendent présentement, c'est toutes les histoires
d'horreur qui se passent qui va arriver avec les maternelles quatre ans. Puis
il n'a pas toutes les bonnes informations. Puis qu'on a dit qu'il faut qu'il
soit informé, il faut qu'il soit informé que tout est là. Parce que
présentement... qu'on entend ou quand on est sur le terrain comme parent, pas
nous autres qui sont assis ici avec vous autres qui sait toute la vraie
histoire, qui veut des règles... qui a vu tout l'argent qui est injecté dans le
système, qui voit tous les efforts qui sont faits par tout le monde partout. Mais
le parent à Baie-Comeau ou le parent à Outaouais puis le parent à Marieville,
là, qu'est-ce qu'il voit, c'est vraiment les horreurs qui passent dans les
journals aujourd'hui. Puis c'est vraiment affreux, ce maternelle quatre ans là.
Alors, il faut qu'on trouve les moyens pour dire qu'il y a des choses positives
dans la maternelle quatre ans aussi. Puis pour certains enfants, c'est le
meilleur choix. Pour d'autres, c'est de rester dans le CPE puis d'autres, de
rester dans un milieu familial puis pour d'autres, c'est de rester dans une garderie
privée. Mais il faut qu'on mette l'aspect positif de la maternelle quatre ans.
Parce que je vais vous dire que mon garçon, là, rendu à quatre ans, il était
prêt pour aller à l'école. Puis c'était la meilleure place pour lui. Puis
rester une autre année en CPE, aux garderies, ce n'était pas à son service, ce
n'était pas bon pour lui.
• (11 h 10) •
Je sais que les autres enfants que la
maternelle quatre ans a changé leur vie...
Mme Payne (Corinne) :
...aspects positifs de la maternelle quatre ans parce que je vais vous dire que
mon garçon, là, rendu à quatre ans, était prêt pour aller à l'école, puis
c'était la meilleure place pour lui. Puis rester une autre année en CPE ou
garderie, ce n'était pas à son service, ce n'était pas bon pour lui. Je sais
que les autres enfants que la maternelle quatre ans a changé leurs vies parce
qu'ils ont eu les services qu'ils avaient besoin alors. Puis ce n'est pas être obligatoire,
mais c'est d'être optionnel que les parents peuvent faire les vrais choix.
Puis, présentement, la seule chose qu'ils entendent sur la maternelle quatre
ans, c'est des histoires d'horreur. Il ne va pas y avoir de local. Ils ne vont
pas être capables d'embarquer dans l'autobus. Ils vont... Écoute, ça ne finit
plus. Maintenant, je ne regarde même plus les articles sur la maternelle quatre
ans, c'est tellement négatif. Puis ce n'est pas pour dire que je vais choisir
la maternelle quatre ans pour tous mes enfants, mais pour l'enfant qui en a le
besoin, c'est bon de l'avoir. Alors...
M. Roy (Kévin) : Je peux
compléter?
Mme Payne (Corinne) :
Oui, oui.
M. Roy (Kévin) : Pour
prendre un exemple terre à terre, nous, on voit ça comme... un peu comme un
menu, tu sais, au restaurant. Donc, je vais y aller le McDonald, O.K., le McDo.
Tu sais, mes enfants, ils prenaient toujours un Joyeux festin croquettes,
O.K., jusqu'à temps qu'ils découvrent qu'il y a un autre choix possible. Il y a
le choix du cheeseburger ou du «grilled cheese». Il y a d'autres choix
possibles. Donc, quand... on ne peut pas... chez nous, les parents, on ne peut
pas être contre un deuxième choix, tu sais, tant qu'il reste optionnel. Mais ce
qui est important, c'est que les parents aient toute l'information, puis la
bonne information.
Donc, il y a un choix qui existe, qui est
là puis qui fait bien à tout le monde, puis tout le monde... bien, ce qu'on
entend, c'est que ça répond aux besoins de tout le monde. Mais on ne peut pas
contre l'ajout d'un autre service qui peut apporter des services différents
pour les enfants qui ont des besoins différents. Mais quand les parents ne le
connaissent pas ce service-là, donc c'est difficile de faire le choix. Ça fait
qu'on ne peut pas être contre l'ajout d'un autre Joyeux festin au menu. Je vais
y aller comme ça.
M. Roberge : J'adore
votre allégorie et je comprends que...
Le Président
(M. Asselin) : Il vous reste une minute.
M. Roberge : ...qu'on a
besoin de plus d'information. Il faudrait peut-être que cesse la
désinformation. Ça serait plus facile pour les parents juste de regarder ce
qu'il se passe plutôt que de faire le ménage entre la campagne de peur et la
vérité, etc., que chaque réseau explique ce qu'il se passe dans son réseau,
puis les parents fassent un choix éclairé.
Une dernière très rapide. Avez-vous évalué
la satisfaction des parents dont les enfants fréquentent en ce moment la
maternelle quatre ans?
M. Roy (Kévin) : Il y a
le sondage qu'on a fait, le sondage éclair qui était disponible à tous sur nos
réseaux sociaux, qu'on a fait en février dernier. Il y a 67 % de nos
répondants avaient envoyé ou avaient des enfants qui fréquentaient le CPE donc,
puis le deux tiers en fait de nos parents, de nos répondants aussi ont répondu
qu'ils choisiraient le CPE en premier. Donc, on peut s'attendre que c'est les
parents qui fréquentent les CPE, on peut dire, on peut interpréter notre
sondage en disant qu'ils recommanderaient, ça serait leur choix en fait pour
les enfants.
M. Roberge : Dans le
fond, le programme est tellement nouveau que vous n'avez pas une masse critique
de parents qui ont essayé le service de maternelle quatre ans pour en parler,
mais qu'ils soient satisfaits de l'offre des services des CPE. Tant mieux! Mais
il n'y a pas suffisamment de parents qui sont capables de parler de la
maternelle quatre ans. C'est ça, l'affaire.
Le Président
(M. Asselin) : Je vous arrête, le temps est présentement
écoulé. Alors, je vous remercie beaucoup, M. le ministre. On va laisser la
parole à la députée de Saint-Laurent pour 10 min 40 s. À vous la
parole.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Je me permets de souligner la présence de Liberté
éducative des parents qui font l'école à la maison qui sont ici dans la salle
aujourd'hui. Parce qu'on parle de libre choix, puis c'est triste que des gens
comme eux se battent pour avoir une rencontre avec le ministre de l'Éducation, qu'ils
aimeraient vraiment être entendus sur le libre choix réel. Mais, à défaut
d'être entendus, vous êtes vus, alors, bonjour. Bonjour aussi à M. Roy, à
Mme Payne et, désolée, M. Rioux. Bienvenue parmi nous.
Vous parlez... vous avez donné l'exemple
du McDonald pour comparer le réseau de l'éducation. Je vais prendre votre
exemple, pas que ça aurait été le mien, mais j'aime bien votre exemple. Quand
vous allez au McDonald avec votre enfant, vous sortez votre portefeuille. Votre
enfant va choisir soit son Joyeux festin ou, peut-être plus aventureux, va
prendre un McPoulet. Mais vous comprendrez que McDonald, de leur côté, ils
attendent votre choix, le choix de l'enfant avant de sortir la marchandise du
frigidaire, du congélateur. Donc, il n'y a pas vraiment de pertes. Que votre
enfant choisisse le Joyeux festin ou un McPoulet, ils vont sortir la boulette,
soit la boulette de viande, soit la boulette... la McCroquette pour l'enfant.
Mais, si on prend votre exemple, puis
qu'on le met dans le réseau de l'éducation publique, et que, là, je sors les
deux boulettes en même temps puis que je fais chauffer les deux boulettes en
même temps, puis votre enfant veut peut-être tester les deux, prend une bouchée
dans la boulette puis une autre bouchée dans la McCroquette, est-ce que ça se
peut que, là, en ce moment, nos ressources, on vient de les diviser en deux
puis qu'il peut peut-être avoir des ressources qui ne seront pas utilisées à
leur plein potentiel?
M. Roy (Kévin) : On
peut... tu sais, nous, tu sais, on ne défend pas un service ou l'autre, on
défend vraiment le libre choix des parents. Ça fait que sortir...
Mme Rizqy : ...votre
exemple, M. Roy, parce qu'il est très pertinent, votre exemple. Vous
prenez un exemple. Vous prenez un exemple où est-ce qu'est de savoir, oui ou
non, la ressource, là... parce que les besoins, là, on va s'entendre, on est
tous d'accord que les besoins sont illimités, puis on veut tous le libre choix.
Mais les ressources, par définition, sont limitées. Vous-même vous l'avez dit
ici quand vous êtes venu lorsqu'on a fait l'étude du projet de loi n° 12 qui portait sur les frais facturés aux parents. Vous
l'avez dit vous-même : «Les parents, tout pourrait être gratuit, on ne
peut pas.» Vous l'avez dit, ça venait de votre bouche. Maintenant, moi, je
reprends votre exemple...
Mme Rizqy : ...on va
s'entendre, on est tous d'accord que les besoins sont illimités, puis on a tous
le libre choix. Mais les ressources par définition sont limitées, vous-même,
vous l'avez dit ici, quand vous êtes venu lorsqu'on a fait l'étude du projet de
loi n° 12, qui portait sur les frais fracturés aux parents, vous l'avez
dit vous-même : Les parents, tout pourrait être gratuit, on ne peut pas.
Vous l'avez dit, ça vient de votre bouche.
Maintenant, moi, je reprends votre
exemple, les croquettes, le Joyeux festin, est-ce que vous êtes d'accord qu'il
est possible qu'avec le budget qu'on a que peut-être on ne pourra pas offrir
autant la croquette que la boulette, et que c'est, par conséquent, qu'il faut peut-être
déployer les maternelles quatre ans, d'abord et avant tout, en milieu
défavorisé et où est-ce qu'il y a d'autres besoins? Et, en ce qui a trait de
milieu défavorisé, peut-être que la priorité, c'est de revoir l'indice de
défavorisation qui n'a pas été revu pour vraiment coller l'indice de
défavorisation avec le portefeuille réel des parents et non pas leur code
postal. Parce qu'on sait, en ce moment, on regarde la scolarisation de la mère,
entre autres choses, ainsi que leurs revenus et malheureusement ce n'est pas un
portrait réel de la situation et on utilise un code postal au lieu d'utiliser
le revenu net du parent.
Alors, pensez-vous que, si on a 2 milliards
de dollars à investir en éducation, on pourrait, d'abord et avant tout, aller
plus vers le service? Et vos parents mentionnent qu'eux priorisent les CPE,
est-ce qu'on devrait aussi continuer à offrir l'offre de service CPE et ajouter
les maternelles quatre ans pour les enfants plus défavorisés?
M. Roy (Kévin) : Je pense que
le choix devrait être disponible à tous les parents, peu importe, comme vous
l'avez dit, le code postal. Puis on s'attend à ce que les ressources soient là.
Parce que si on veut que les parents fassent un libre choix, un choix éclairé,
il faut que les services soient comparables, il faut que les services soient
équivalents un avec l'autre. Il faut que les ressources soient là. Puis vous
avez parlé du choix des maternelles quatre ans, donc juste en complément, je me
permets de retourner au sondage qu'on a fait pour compléter mon intervention de
tantôt. Dans notre sondage, il y avait 6 % des parents qui... leur enfant
avait fréquenté la maternelle quatre ans. Puis les répondants ont dit à
12 % qu'ils choisiraient la maternelle quatre ans en premier. Donc là, on
voit qu'il y a seulement 6 % qui ont fréquenté, mais ça génère quand même
un 12 % des parents qui enverraient leur jeune à la maternelle quatre ans,
si ce serait disponible, donc...
Mme Rizqy : Vous avez aussi
d'autres chiffres, d'autres chiffres qui préfèrent le CPE, mais, moi, mon
objectif, ce n'est pas de savoir... je reste encore dans mes questions de libre
choix, parce que c'est important ce que vous soulevez avec votre exemple de McDonald,
qui est fort éloquent. Lorsque vous parlez de libre choix, donc vous, ce serait
un parent, un enfant peut choisir, autant maternelle quatre ans en CPE, donc il
faudrait qu'il ait une offre de choix pour les deux. Donc, si on y va... il y a
environ 83 000 naissances par année au Québec, 83 000 naissances,
donc 83 000 places en CPE, 83 000 places en maternelle quatre ans,
est-ce que c'est ça, avec l'exemple du McDonald, qu'on fait?
M. Roy (Kévin) : Il faut qu'il
y ait le choix, il faut qu'il y ait la disponibilité pour ces places-là, on le
dit, pour faire un choix réel, il faut qu'il y ait la disponibilité. Donc,
comme c'est le cas présentement, les classes, les commissions scolaires
adaptent les groupes à la grosseur de la cohorte qu'ils vont avoir. Donc,
j'imagine que ça va être comme ça encore.
Mme Rizqy : Juste pour bien
comprendre, est-ce que votre souhait puis est-ce que vos membres... parce que
quand, moi, je lis le sondage, ce n'est pas ce que j'en décèle, là, mais
peut-être que vous, vous avez parlé plus de personnes, pour mieux comprendre.
Est-ce qu'ils voudraient avoir 83 000 places en CPE et 83 000 places
de disponibles en maternelle quatre ans pour réellement avoir le libre choix?
Est-ce que c'est ça...
M. Roy (Kévin) : Si les
parents demandent... si les 83 000 parents, qui ont des enfants d'âge de
quatre ans, veulent aller en CPE, ils devraient avoir la place disponible. Si
on veut avoir un réel choix, c'est ce qu'il faut avoir. Puis là on parle de
CPE, maternelle quatre ans, mais, je pense aussi à Passe-Partout, je pense aux
gens en arrière, à l'école à la maison, je pense au milieu familial.
Mme Rizqy : ...répondez bien à
ma question.
Mme Payne (Corinne) : Je pense
qu'on ne peut pas avoir deux places pour chaque enfant, on va dire les vraies
affaires. En même temps, rendu, quand chaque enfant arrive à cinq ans ou six
ans, on va dire six ans, parce que cinq ans, ce n'est pas obligatoire non plus,
malgré que 90 % des enfants y vont à cinq ans. Mais, quand un enfant
arrive à six ans, il faut qu'on lui trouve une place pour entrer à l'école.
Mme Rizqy : C'est pour ça que
la Loi sur l'instruction publique s'assure de cela.
Mme Payne (Corinne) : Tout à
fait.
Mme Rizqy : Mais revenons
juste aux maternelles quatre ans, CPE, si vous le permettez, parce qu'on n'est
pas vraiment sur les sixièmes années, on est vraiment sur l'enjeu des quatre
ans. Tantôt, on a parlé de la publicité, est-ce que vos membres sont au
courant? Puis est-ce qu'il y a un tableau qui dresse bien la différence entre
une place, par exemple, en CPE, une place en maternelle quatre ans ou en milieu
familial régi? Le ministre parle de faire de la publicité. Moi, je n'ai aucun
problème avec la publicité en autant que l'information réelle et factuelle soit
disponible.
• (11 h 20) •
Est-ce que vos membres sont au courant
que, par exemple, en matière de CPE, la limite, c'est 80 enfants, mais que, par
exemple, dans nos écoles, en ce moment, la moyenne est autour de 370? Mais,
pour avoir visité plusieurs écoles, il y a des écoles primaires avec des élèves
de 1 000 élèves. Est-ce que ça, c'est, par exemple, une préoccupation que
vous entendez? Parce qu'au-delà de savoir que la salle de bains ne sera pas
adaptée, peut-être qu'il y a des parents qui vont être préoccupés de savoir que
leur enfant va aussi fréquenter un milieu de vie avec beaucoup plus de monde,
et que là son degré pour développer d'autres compétences comme, par exemple,
s'attacher, s'ouvrir sur les autres est peut-être plus difficile dans un milieu
de vie avec 1 000 élèves...
Mme Rizqy : ...peut-être qu'il
y a des parents qui vont être préoccupés de savoir que leur enfant va aussi
fréquenter un milieu de vie avec beaucoup plus de monde et que, là, son degré
pour développer d'autres compétences, comme par exemple s'attacher, s'ouvrir
sur les autres, il peut être plus difficile dans un milieu de vie avec 1 000 élèves
versus 80 maximum.
M. Roy (Kévin) : Vous
avez parlé de campagnes de promotion. Moi, ce n'est pas ça que les parents...
Ce n'est pas ça qu'on dit dans notre mémoire. Ce n'est pas ça, notre
recommandation. C'est des campagnes d'information. En fait, il faut que ça soit
neutre. Il faut que les deux réseaux... Puis il ne faut pas que ça soit en
concurrence un à l'autre. Puis même que notre... Un, les parents ont dit :
Il faudrait que l'information vienne d'une même voix pour pouvoir bien faire
les comparables. Puis, non, les parents ne sont peut-être pas au fait du maximum
possible dans chacun des réseaux, mais ils sont certainement au fait des ratios
présentement dans les écoles versus les CPE. Il faut offrir des choses plus
terrain, qui sont plus connues, qui sont plus diffusées, mais ça serait
important que la diffusion de l'information soit là pour que les parents
puissent avoir vraiment le réel libre-choix.
Mme Rizqy : Bien, c'est
parce qu'il y a eu une campagne qui a été faite de publicité sur Facebook par
le ministère de l'Éducation, mais il n'y a pas eu de campagne qui a été faite
par le ministère de la Famille. Est-ce que vous, vous trouvez... Vous parlez de
complémentarité et que les deux services soient offerts. En ce moment, le
ministre de la Famille... D'ailleurs ma collègue de Westmount—Saint-Louis, elle
me l'a mentionné plusieurs fois, ils ne se parlent pas. Le ministre de la
Famille siège sur 57 tables interministérielles, pardon, mais aucune pour
les maternelles quatre ans. Est-ce que, pour vous, ça, c'est normal?
M. Roy (Kévin) : Nous, on
n'est pas dans la régie interne de comment ça se passe, mais on souhaite que
les deux réseaux... les réseaux se parlent puis communiquent. La méthode de le
faire, ça vous appartient, ça appartient aux parlementaires. Mais nous, pour
assurer la complémentarité, il faut que les deux réseaux se parlent, il faut
qu'il y ait des échanges.
Mme Rizqy : Tantôt vous avez
mentionné que vous aimez... que vos parents vous ont dit que le ratio, c'était
important, l'étendue d'heures, c'était important, l'infrastructure, c'était
important. J'avais l'impression qu'il décrivait une CPE.
M. Roy (Kévin) : Oui.
Bien, on l'a dit. En fait, les parents, ce qu'ils connaissent présentement,
c'est le réseau des CPE. Leur enfance, ils sont allés là. Ils viennent après à
la fédération, ils fréquentent le réseau scolaire et ils deviennent nos parents
qu'on... les parents qu'on représente. Donc, c'est ce qu'ils connaissent, c'est
ce qui va bien en général. Donc, c'est les bases qui... C'est les bases qu'ils
prennent pour mettre leurs conditions, en fait, pour le déploiement des
maternelles quatre ans.
Mme Rizqy : O.K. Tantôt,
vous avec aussi mentionné... Vous m'avez fait sourire, Mme Payne, parce
que vous disiez qu'il y avait eu une campagne d'horreur dans les journaux. Vous
savez... Vous n'êtes pas sans savoir qu'évidemment les journalistes font
travail de journalisme d'investigation, que c'est toujours factuel et que,
dernièrement, on a même eu un rapport qui a été... qui a sorti, qui a été
rédigé par Dre Mylène Drouin qui dresse un portrait des maternelles cinq ans où
est-ce qu'il y avait beaucoup vulnérabilités. Alors, je comprends que, là, vous
n'ouvrez plus les journaux, mais j'espère que vous lirez le rapport de la
direction régionale de la santé publique qui dresse un portrait assez important
pour les maternelles cinq ans. Parce que tantôt vous l'avez mentionné que, même
si vous devrez avoir deux choix, mais vous êtes consciente que les ressources
sont limitées. Alors, lorsqu'on a 2 milliards investi dans le réseau de
l'éducation, c'est important de le faire avec un plan. Et nous, nos réticences,
c'est qu'en ce moment on n'a pas encore le plan. Alors, c'est pour ça qu'on
l'attend avec beaucoup de patience à ce jour, ce plan, parce que déployer des
maternelles quatre ans, c'est important, mais il faut le faire correctement et
s'assurer que, lorsqu'on dépiste des troubles, un, on peut le faire bien avant
quatre ans, mais là c'est sûr que le service... Et je pense que vos parents,
c'est ce qu'ils veulent aussi, c'est le service une fois qu'un trouble a été
dépisté.
Mme Payne (Corinne) : Si
vous le permettez, je vais vous dire que, cette année, je pense qu'on a un plan
plus que jamais pour les maternelles quatre ans de cette année qui s'en vient.
On a eu des informations plus tôt que jamais. Habituellement, ça arrive à la
fin de...
Le Président
(M. Asselin) : Malheureusement, le temps pour cet
échange-là est écoulé. Je laisse la parole à la députée de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vais reprendre moi aussi, l'analogie du menu, que je trouvais
intéressante. Parce que dans votre... Parmi les recommandations que vous faite,
là, il y a celle que l'offre, la n° 11, que l'offre des
maternelles quatre ans en milieu scolaire respecte les principes du libre-choix
des parents et que celui-ci peut être exercé sans contrainte ni pression. Je ne
sais pas si vous partagez mon analyse, mais, moi, il me semble que c'est quand
même une contrainte si une des options au menu est affichée, mais n'est pas
disponible, tu sais. Si on souhaite choisir quelque chose et qu'il n'y a pas de
place disponible, c'est une contrainte. Le gouvernement la nomme lui-même en
disant que c'est une contrainte qu'il y ait des parents qui veulent la
maternelle quatre ans mais n'y ont pas accès. Moi, ce que je constate, c'est
qu'il y a aussi des parents qui souhaitent d'autres types de milieux de garde
et qui n'y ont pas accès non plus. Donc, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Roy
(Kévin) : Pour qu'ils aient... Vous avez quand même bien résumé, mais
pour qu'ils aient le libre-choix, en fait, il faut qu'ils aient accès au
service qu'ils vont choisir. Puis on ne dit pas de déployer 83 000,
le chiffre, je pense, qui était dans chacun des côtés. Je pense qu'on est
capable de réfléchir puis de regarder vers où on s'en va, faire des estimations
pour ouvrir les bonnes... le bon nombre de places dans chacun des réseaux.
Mme Labrie : ...faudrait
déployer parallèlement plus de places aussi dans le réseau de la petite
enfance.
M. Roy (Kévin) : Pour
qu'ils aient le libre-choix, oui.
Mme Labrie : Oui.
Parfait.
M. Roy (Kévin) : Pour que
le choix soit valide. Oui.
Mme Labrie : Vous dites
aussi que toute l'information doit être transmise aux parents pour qu'ils
puissent faire un choix éclairé. Est-ce que, pour vous, ça...
M. Roy (Kévin) : ...faire des
estimations pour ouvrir le bon nombre de places dans chacun des réseaux.
Mme Labrie : ...redéployer
parallèlement plus de places aussi dans le réseau de la petite enfance.
M. Roy (Kévin) : Pour qu'ils
aient le libre-choix, oui. Pour que le choix soit...
Mme Labrie : Oui. Parfait.
Vous dites aussi que toute l'information doit être transmise aux parents pour
qu'ils puissent faire un choix éclairé. Est-ce que, pour vous, ça inclut de l'information,
par exemple, comme les tarifs du service de garde, le nombre de jours de
service par année?
M. Roy (Kévin) : Oui. Oui, certainement.
Mme Labrie : Ça devrait être
transmis aux parents. Parfait. Puis aussi vous avez... une de vos recommandations,
la numéro 14, c'est concernant le ratio. Vous proposez que le ratio soit le
même que celui en CPE, donc c'est un pour 10.
M. Roy (Kévin) : Un pour 10,
puis en tout temps, donc.
Mme Labrie : En tout temps.
M. Roy (Kévin) : Ce qui n'est
pas précisé, mais qui est précisé dans notre mémoire, donc.
Mme Labrie : Donc, vous
incluez les services de garde, également, vous pensez que ça devrait être...
M. Roy (Kévin) : En tout temps
pendant les heures de services éducatifs, donc, en tout temp qu'il y ait... Si
le groupe est de 20, bien, qu'il y ait deux adultes en tout temps pendant les
heures de services éducatifs.
Mme Labrie : Parce qu'en ce
moment, en service de garde, donc, au début et en fin de journée, c'est un pour
20, le ratio, et, sur l'heure du dîner... c'est un pour 60 pour la
surveillances du dîner. Donc, vous pensez que ça devrait être également un pour
10 pour les enfants du préscolaire... de quatre ans?
M. Roy (Kévin) : Bien, peut-être
pas dans les services de garde, on ne s'est pas rendu jusque-là, mais, dans les
heures de classe, quand l'enfant est dans la classe de maternelle quatre ans,
là, les parents ont demandé un ratio de un pour 10, effectivement, le même
qu'en CPE.
Mme Labrie : Parfait. Parfait.
Il me reste...
Le Président (M.
Asselin) : 10 secondes.
Mme Labrie : Bien, je vous
remercie beaucoup d'être venu ce matin.
Le Président (M.
Asselin) : On avait seulement 2 min 40 s, on a
encore 2 min 40 s avec la députée de Joliette.
Mme
Hivon
: Merci
beaucoup. Pouvez-vous juste me dire, la consultation que vous avez faite, c'est
environ 2 000 répondants?
Une voix
: 1 000.
Mme
Hivon
:
1 000. 1 000 répondants, O.K. Parfait. De partout au Québec, il n'y a
pas de... Parfait.
M. Roy (Kévin) : Oui, c'est ça,
c'était ouvert à tous, on a fait ça... Avant d'avoir un projet de loi, ce
sondage-là était vraiment plus large puis était juste pour meubler des
réflexions, des discussions en vue du conseil général qu'on a eu en avril, donc
c'était plus introductif, se faire une idée là-dessus puis commencer à
travailler.
Mme
Hivon
: Je
pense que, en tout cas, c'est une information qu'il est pertinent d'avoir,
parce que le ministre parle beaucoup du libre-choix, et donc, si le gouvernement
veut être dans cette optique-là du libre-choix... je pense qu'il faut écouter
les parents, si c'est ça, la logique qui est de l'avant.
Donc, mes collègues en ont parlé, c'est
sûr que nous, on est d'avis que, pour avoir un vrai libre-choix, ce n'est pas
juste de dire : On va offrir la maternelle quatre ans à tous les enfants,
mais c'est on va offrir aussi les CPE aux parents qui souhaitent les CPE, parce
quem je le rappelle, il y a moins du quart des enfants de quatre ans qui
fréquentent un CPE, alors que, même quand on regarde votre sondage, il y a beaucoup
plus de parents qui souhaiteraient avoir une place aussi en CPE.
Mais moi, j'aimerais sortir un peu de ce
débat-là et vous demander : Vous, là, comme représentants des parents, pas
maternelle quatre ans, CPE, tout ça, mais votre besoin prioritaire, ce que vous
estimez qui est la chose la plus importante en ce moment pour les enfants, si
vous aviez le choix de dire : Nous, c'est là qu'on veut investir, est-ce
que c'est réduire les ratios enseignant-enfants, est-ce que c'est d'avoir plus
de spécialistes, est-ce que c'est d'avoir des plus belles écoles? Qu'est-ce que
les parents vous disent? Qu'est-ce qui serait leur priorité?
M. Roy (Kévin) : Les discussions...
il faut qu'on ramène les discussions à la base, tu sais, qui est la... tu sais,
la réussite du plus grand nombre. En fait, moi, j'irais même dire la réussite
de tous les élèves, selon leurs capacités ou selon ce qu'ils sont... Il faut
amener les enfants au plus loin qu'ils sont capables d'aller, chacun des
enfants. Il faut adapter nos services pour ça. Sans y aller précis, tu sais,
aller mesure par mesure, mais il faut faire en sorte que l'ensemble des mesures
servent... que l'objectif reste le même : la réussite de nos élèves, de
nos enfants.
Mme
Hivon
: Il
n'y a pas une demande qui vient plus souvent de la part des parents, de
dire : On trouve qu'il y a beaucoup d'enfants dans la classe ou on trouve
que c'est difficile, des fois, d'avoir des services, ou, au contraire, on
voudrait qu'il y ait de l'école à quatre ans. Il n'y a pas quelque chose qui
revient plus souvent chez les parents, comme préoccupation.
Mme Payne (Corinne) : En représentant
tous les parents du Québec, tout le monde a un besoin différent, alors c'est
en... on peut dire en compétition entre eux autres pour c'est quoi... on veut
que chaque enfant a les services a qu'il a besoin.
Le Président (M.
Asselin) : Mme Payne, M. Roy, M. Rioux, je vous remercie beaucoup
de votre contribution. Nous suspendons nos travaux jusqu'à environ
16 h 15, et puis on continue d'être à l'écoute de vos points de vue. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 18)
Le Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de
l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres
dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire destinés aux
élèves âgés de 4 ans.
Cet
après-midi, nous allons débuter nos consultations avec les représentantes du Conseil
supérieur de l'éducation. Je vous souhaite la bienvenue à votre Assemblée
nationale. Vous disposez d'une période de temps de 10 minutes pour votre
présentation et par la suite vous aurez l'occasion d'échanger avec les élus. Et
je vous demanderais, pour les fins d'enregistrement, de bien vouloir mentionner
vos noms et fonctions. Sans plus tarder, la parole est à vous.
Mme
Lassonde (Maryse) : Parfait. Merci. Je suis Maryse Lassonde,
présidente du Conseil supérieur de l'éducation, et je suis accompagnée de Mmes
Christina Vigna, secrétaire générale, et Marina St-Louis, agente de recherche
au conseil. M. le Président de la commission, je peux commencer?
Le
Président (M. Tanguay) : Je vous en prie.
Mme
Lassonde (Maryse) : Bon, alors, M. le Président de la
commission, M. le ministre, mesdames et messieurs, députés, membres de la
commission, depuis maintenant 55 ans, le conseil est un observateur attentif
des changements qui surviennent au sein de la société en éducation. Dans sa
fonction de conseil auprès du ministre et en tant qu'organisme indépendant de
consultation et de réflexion en vue du développement d'une vision globale et
prospective de l'éducation, le conseil s'est prononcé à maintes reprises sur
l'importance de la qualité et l'accessibilité des services offerts aux enfants
et sur la nécessité de s'adapter à leurs besoins.
La réalisation
du présent mémoire s'appuie sur les écrits antérieurs du conseil mais aussi sur
la littérature scientifique récente et les délibérations de ses instances
concernées par le sujet, soit la Commission de l'éducation préscolaire et de
l'enseignement primaire et la table du conseil.
• (16 h 20) •
Avant de
partager avec vous les deux principaux messages du mémoire déposé devant la
commission, je tiens à préciser que les propos du conseil ne cherchent pas à trancher
le débat actuel sur la question des maternelles quatre ans et des services de
garde éducatifs à l'enfance. La contribution du conseil...
Mme Lassonde
(Maryse) : ...et de l'enseignement primaire et la table du
conseil.
Avant de partager avec vous les deux
principaux messages du mémoire déposé devant la commission, je tiens à préciser
que les propos du conseil ne cherchent pas à trancher le débat actuel sur la question
des maternelles quatre ans et des services de garde éducatifs à l'enfance. La contribution
du conseil s'efforce plutôt de mettre en avant les besoins et caractéristiques
des enfants de quatre ans ainsi que les enjeux liés à la qualité et à l'accessibilité
des services qui leur sont offerts.
Deux messages principaux se dégagent de
notre mémoire. Le premier est un message dans lequel le conseil accueille favorablement
l'intention du législateur d'intervenir tôt auprès des enfants tout en saluant
l'intention poursuivie de mieux prendre en compte les besoins des tout-petits.
Le second est un message reflétant une certaine inquiétude liée à la qualité
des services offerts, à la transition vers la maternelle quatre ans et à la conciliation
travail-famille-études. Permettez-moi de clarifier notre position à ces égards.
Au niveau des bénéfices, rappelons que
l'Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle de 2017
montre qu'un peu plus d'un enfant sur quatre présente une vulnérabilité dans au
moins un des cinq domaines de développement suivants : santé physique et bien-être,
compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier
et habilités de communication et connaissances générales. Cette proportion tend
à augmenter avec le degré de défavorisation dans lequel les enfants
grandissent. Des services éducatifs de qualité peuvent avoir des effets
bénéfiques sur le développement des enfants, particulièrement pour les
populations vulnérables. Intervenir tôt peut réduire les écarts et favoriser
l'égalité des chances.
Dans ce contexte, le conseil reconnaît que
l'accès à une maternelle quatre ans en fonction de la seule distribution
géographique de la pauvreté comporte des limites intrinsèques. En effet, la
vulnérabilité ne saurait se limiter au milieu économique où vit la famille.
L'universalité permettrait également à certaines familles de ne pas craindre un
effet de stigmatisation. Et, en outre, il apparaît que les familles à faibles
revenus ont moins tendance à recourir à des services éducatifs. De plus,
l'universalité de la maternelle quatre ans assurerait le droit de tout enfant
de recevoir des services éducatifs personnalisés sans égard à la présence d'un
handicap ou de troubles comportementaux. Enfin, l'universalité de ce service
est également soutenue par une volonté sous-jacente du gouvernement du Québec
d'intervenir tôt auprès des enfants qui semblent présenter des vulnérabilités.
Voilà pour les bénéfices.
Passons aux enjeux, dont le premier
identifié par le conseil concerne la qualité. Au Québec, deux études récentes
apportent un éclairage sur la qualité des maternelles quatre ans. La première,
menée par l'équipe de Japel, a examiné la qualité de l'environnement éducatif
en maternelle quatre ans sur un échantillon de 304 enfants. Il s'en
dégage — et je cite — que «la qualité de l'environnement
éducatif est généralement très basse avec des lacunes marquées en ce qui a
trait au mobilier et à l'aménagement des lieux, aux soins personnels, à la
stimulation du langage et du raisonnement, aux activités offertes, aux
interactions et à la structure du service». La seconde étude, menée par April
et collaborateurs auprès de 415 enfants, rapporte des résultats plus positifs,
bien qu'il ait été difficile de trouver un soutien à l'apprentissage de qualité
élevée dans les écoles échantillonnées.
Rappelons que récemment, soit en 2019, le
Fonds des Nations unies pour l'enfance indiquait que la qualité du service
éducatif peut exercer une influence sur le développement de l'enfant. Or, le
conseil perçoit des enjeux de qualité au regard du ratio, du programme éducatif
et de la formation initiale et continue du personnel eut égard à la maternelle
quatre ans.
Concernant le ratio, même si a priori
aucun consensus n'a été établi quant à l'effet de la taille du groupe sur la
réussite, leur effet chez les jeunes enfants et ceux qui sont plus vulnérables
que les autres est de plus en plus documenté et se révélerait positif. Dans
cette optique, les ratios actuels en classe et au service de garde en milieu
scolaire nous apparaissent préoccupants, particulièrement dans les milieux
socioéconomiquement défavorisés, même avec le soutien à mi-temps d'une
ressource qui accompagne le personnel enseignant.
En ce qui concerne le programme éducatif,
bien qu'il soit de plus en plus admis que le développement du langage apparaît
comme un prédicteur de la réussite ultérieure, ce développement ne se fait pas
isolément. Le conseil souscrit à l'approche de développement global où toutes
les dimensions ont leur importance pour le développement de l'enfant. Le conseil
rappelle d'ailleurs que, dans une perspective d'éducation inclusive, tout doit
être mis en oeuvre pour permettre à l'enfant de développer son plein potentiel,
quel que soit ce potentiel. Le conseil insiste également sur le fait que
l'apprentissage au préscolaire doit être basé sur le plaisir, la découverte et
le jeu, éléments essentiels et constitutifs des droits fondamentaux de
l'enfant.
Évidemment, afin de soutenir la qualité
des processus, la formation initiale et continue de l'ensemble du personnel intervenant
auprès des enfants doit pouvoir mener à des interactions de qualité basées sur
la connaissance du développement des enfants de cet âge. Au niveau
universitaire, afin de bien considérer les particularités du préscolaire, il
importe d'augmenter le nombre de cours portant particulièrement sur celui-ci et
d'instaurer un stage obligatoire à cet ordre d'enseignement...
Mme Lassonde
(Maryse) : ...intervenant auprès des enfants doit pouvoir mener
à des interactions de qualité basées sur la connaissance du développement des
enfants de cet âge. Au niveau universitaire, afin de bien considérer les
particularités du préscolaire, il importe d'augmenter le nombre de cours
portant particulièrement sur celui-ci et d'instaurer un stage obligatoire à cet
ordre d'enseignement.
Le deuxième enjeu porte sur la question de
la transition vers la maternelle quatre ans. Pour être harmonieuse, la
transition doit se baser, entre autres, sur la collaboration entre les
différentes personnes intervenant auprès des enfants et sur la préparation de
l'école à recevoir l'enfant et sa famille. Quant à l'organisation des services,
elle doit notamment pouvoir favoriser cette collaboration.
Le conseil observe toutefois que la
complémentarité des services et la concertation entre le réseau de la santé et
des services sociaux et le réseau de l'éducation posent des défis dans
plusieurs milieux. L'arrivée des enfants de quatre ans pourrait exercer une
pression supplémentaire sur le réseau scolaire si le réseau de la santé et des
services sociaux interrompt les services spécialisés au moment où l'enfant
entre à l'école.
Par ailleurs, le conseil se questionne sur
les répercussions qu'un déploiement universel des maternelles quatre ans peut
avoir sur la pérennité d'autres services qui contribuent à répondre aux besoins
spécifiques des populations vulnérables, comme le service d'animation
Passe-Partout.
Enfin, le dernier enjeu concerne la
conciliation travail-études-famille. La fréquentation de la maternelle quatre
ans implique le recours au service de garde en milieu scolaire et à la garde
estivale pour nombre de familles étant donné que l'école offre des services
éducatifs gratuits à l'intérieur de plages horaires restreintes.
Or, le conseil est d'avis que la
contribution financière requise des parents pour ces services peut constituer
un frein à leur accès. Il constate également que la présence des services de
garde en milieu scolaire n'est pas encore garantie dans tous les
établissements, particulièrement hors de la région de Montréal. Il semble, en
outre, que les activités offertes par les camps de jour et les terrains de jeu
des municipalités ne sont pas toujours adaptées aux besoins des enfants de
quatre à six ans.
Ainsi, pour toutes ces raisons et
considérant les réalités variables d'un milieu à l'autre, le conseil convie le
législateur à offrir la maternelle quatre ans en fonction des besoins et des
demandes des milieux et selon les ressources professionnelles, matérielles et
financières disponibles.
Il recommande d'accompagner les milieux
dans un déploiement progressif des maternelles quatre ans et de mettre en
oeuvre les conditions relatives, un, à la qualité structurelle, soit à la taille
du groupe, la formation du personnel, deux, à la qualité des processus, soit la
qualité des interactions entre l'intervenant et l'enfant, soutien par le jeu,
relation avec les parents, trois, à un accès équitable au service de garde en
milieu scolaire et à des services de garde estivale de qualité afin de
favoriser la conciliation travail-études-famille, quatre, à l'augmentation du
recours à ces services par les populations vulnérables et à la mise en place de
services appropriés à leurs besoins spécifiques et, enfin, cinq, à
l'amélioration continue de la qualité de ces services.
En résumé, si le conseil reconnaît
l'intention de certains objectifs de ce projet de loi, il soulève des questions
sur les enjeux inhérents à un déploiement universel des maternelles quatre ans,
que ce soit quant à la qualité des services, à la transition vécue et à
conciliation travail-études-famille.
Par ailleurs, le conseil tient à rappeler
que l'État, en tant que responsable de l'éducation, considérée comme bien
commun, doit faire en sorte que les services dispensés soient accessibles et de
qualité. Le conseil insiste sur l'importance pour le gouvernement du Québec de
mettre en place des mesures qui visent à assurer une concertation entre les
services offerts par le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, le ministère de la Famille et le ministère de la Santé et des
Services sociaux afin de rendre accessibles les ressources professionnelles,
matérielles et financières nécessaires au développement du plein potentiel de
chaque enfant.
M. le Président, M. le ministre, mesdames
et messieurs, députés, membres de la commission, je vous remercie de votre
attention.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup, et nous allons maintenant débuter la période d'échange, et,
pour un premier bloc de 16 minutes, je cède la parole au ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Bonjour, Mme la présidente. Bien content d'échanger avec vous.
J'aime bien que vous manifestiez à la fois une adhésion à cette idée de
déployer le service mais toujours avec une préoccupation de qualité de
services. Parce que déployer pour déployer, ce n'est pas intéressant. Ce n'est
pas un objectif en soi. Il faut évidemment que les services de qualité soient
au rendez-vous, donc formation, programmes de... formation des accompagnateurs
mais aussi programmes de formation, lieux, espaces, mobilier. On se rejoint.
Je vois qu'une de vos préoccupations que
je retrouve dans le... dans votre... autant dans votre rapport que dans votre
allocution, c'est l'idée que ça pourrait exercer une pression supplémentaire
soit sur le réseau scolaire soit sur le réseau de la santé. Donc, à cet
égard-là, est-ce que vous pensez que la mise en place, qui commencera
incessamment, du programme Agir tôt, qu'on met en place en synergie, là, à
trois ministres, trois ministères, ministre délégué à la Santé, le ministre de
la Famille, moi-même, pour...
M. Roberge : ...Donc, à
cet égard-là, est-ce que vous pensez que la mise en place, qui commencera
incessamment, du programme Agir tôt, qu'on a mis en place en synergie, là, à
trois ministres, trois ministères, le ministre délégué à la Santé, le ministre
de la Famille, moi-même, pour intervenir très, très tôt, bien... même avant les
quatre ans, pour à la fois les retards de développement et les troubles
neurologiques, ça démontre qu'on ne déshabillera pas... est-ce que vous trouvez
que c'est une démonstration suffisante qu'on ne déshabillera pas le réseau de
la santé pour habiller le réseau de l'éducation?
Mme Lassonde
(Maryse) : C'est certainement une très bonne initiative. Pour
mieux refléter, je pense, les discussions qui ont eu lieu autour de la
commission, je vais demander à Mme Saint-Louis, peut-être, de vous
préciser ce qui vraiment posait problème, finalement, ou ce qui inquiétait la
commission et le conseil par la suite.
Mme St-Louis (Marina) :
Ce que les personnes de la Commission de l'éducation préscolaire et de
l'enseignement primaire nous ont fait valoir, c'est que parfois, une fois que
les enfants de quatre ans entrent à l'école... parfois le système de la santé,
un peu, se dégage de certaines évaluations, et c'est au réseau de l'éducation à
prendre en charge ces évaluations et la concertation des services.
M. Roberge : O.K. Mais je
vous rassure tout de suite que ce n'est pas notre intention du tout, du tout.
On sait bien que ça commence à la naissance, comme l'a dit d'ailleurs au salon
bleu mon collègue le ministre délégué à la Santé il y a peut-être une heure,
deux heures. On pense qu'il faut faire du repérage. Pas toujours du diagnostic
nécessairement, mais, à tout le moins, du repérage et de l'intervention très,
très tôt pour agir tout de suite, autant pour aider les éducatrices qui les
accompagnent lors des services de garde éducatifs à l'enfance... qui peut peut
très bien aller jusqu'à cinq ans, parce que les parents peuvent faire ce choix
aussi de laisser leur enfant dans le réseau du service de garde éducatif à
l'enfance, même à quatre ans, évidemment, ou bien de le poursuivre une fois que
les parents font le choix de la maternelle quatre ans, si c'est le cas.
Et vous citez deux études aussi... vous
dites : «Passons aux enjeux...», et vous citez un premier texte, celui de
Mme Japel, publié en 2017. Mais il faut le dire, le rapport Japel se base
sur ce qui se passait dans les classes en 2014‑2015. Puis je trouve ça
intéressant que vous l'ayez mentionné quand même parce que, lors des premières
années... Moi, je salue le courage et la vision du premier gouvernement du
Parti québécois qui a fait adopter ce projet de loi là, même si ce n'était
qu'en milieu défavorisé. Il y avait quand même une vision là. Malheureusement,
il n'y avait pas les fonds pour aménager les classes, puis ça se reflète dans
le rapport Japel, là. Ça dit : «La qualité de l'environnement éducatif est
généralement très basse avec des lacunes marquées en ce qui a trait au mobilier
et à l'aménagement des lieux.» Il faut dire qu'il a fallu attendre sept années
pour que le gouvernement alloue presque 12 000 $, là...
11 000 $ par classe pour aménager les locaux. Donc, on peut penser
que, si on faisait un nouveau rapport dans les classes de cette année, 2018‑2019,
et même 2019‑2020, et pour la suite, avec 11 000 $ par classe pour
aménager les locaux et acheter du matériel, je pense que ça répondrait à la
fois à votre préoccupation et celle de Mme Japel.
Mme Lassonde (Maryse) :
En fait, il y a les deux éléments dans cette étude-là. C'est sûr que la
maternelle à temps plein donnait de meilleurs résultats que la maternelle à
demi-temps.
Par ailleurs, ce n'était pas que le
mobilier, ce n'étaient pas que les ressources matérielles, il y avait aussi le
fait qu'il y avait un problème aussi qui avait été relevé quant à la
stimulation du langage, du raisonnement, quant aux activités offertes, quant
aux interactions aussi entre éducatrices et enfants. Donc, à cette époque-là, c'est
ce qui était rapporté. Il y avait quand même eu une amélioration dans un
domaine, c'était dans le domaine langagier. Donc, il y avait quand même un
aspect positif. Puis elle insistait, en fait aussi, en conclusion, qu'il
fallait vraiment, pour avoir de bons effets... qu'il fallait simplement
augmenter la qualité.
M. Roberge : Tout
simplement. Et c'est ce qui s'est fait ces dernières années, il faut le dire,
même sous le précédent gouvernement, puis c'est ce qu'on veut continuer à
faire. On a eu des discussions avec elle et les membres de mon cabinet,
récemment, puis elle misait beaucoup sur la formation des enseignants, une
formation continue... une formation initiale, mais une formation continue, de
même que sur un programme qui serait encore mieux adapté.
Et on met en œuvre ses recommandations
puisque, vous le savez sans doute, on a mis en place un comité, présidé par
Mme Monique Brodeur, pour avoir un cycle du préscolaire, quatre ans et
cinq ans. Qu'est-ce que vous pensez de cette perspective-là? Non pas d'avoir un
programme maternelle quatre ans, un programme maternelle cinq ans, mais avoir
un programme cycle du préscolaire avec une approche mixte. Puis c'est important
de le préciser, une approche mixte, ça veut dire... moi, j'appelle ça la «ludification
de l'apprentissage», ça veut dire qu'on y va par le jeu. Est-ce que c'est une
approche, d'après vous, qui est prometteuse et qui tient compte de la
recherche?
• (16 h 30) •
Mme Lassonde
(Maryse) : C'est une bonne approche, certainement. Il ne faut
pas oublier par contre, et puis le rapport, le mémoire de l'Ordre des
psychologues du Québec le dit bien, l'enfant de quatre ans est différent de
l'enfant de cinq ans. Il y a quand même cet aspect-là qui... et c'est un...
16 h 30 (version non révisée)
M. Roberge : ...c'est-à-dire
qu'on y va par le jeu, est-ce que c'est une approche, d'après vous, qui est
prometteuse et qui tient compte de la recherche?
Mme Lassonde (Maryse) :
C'est une bonne approche, certainement. Il ne faut pas oublier par contre, et
puis le rapport, le mémoire de l'Ordre des psychologues du Québec le dit bien,
l'enfant de quatre ans est différent de l'enfant de cinq ans. Il y a quand même
cet aspect-là qui... Et c'est un gros pas entre les deux, finalement parce que
le développement cognitif et social se fait tellement rapidement à ces âges-là
qu'il y a quand même une assez grosse différence entre les deux. Mais c'est
bien de mettre ensemble les activités d'un cycle préscolaire.
M. Roberge : Oui. Bien sûr,
quand on dit : un cycle du préscolaire, ça ne veut pas dire qu'on voit la
même chose à quatre ans et à cinq ans. Ça veut dire justement qu'on laisse plus
de temps justement aux enfants plutôt que d'avoir un programme par année. C'est
beaucoup plus rigide parce qu'on considère qu'un enfant de quatre ans, c'est
comme ça, un enfant de cinq ans, c'est comme ça. Or, des fois, il y a 11 ans
et... Il y a 11 mois et quelques semaines entre le plus jeune du groupe et le
plus vieux du groupe, hein?
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui. Tout à fait.
M. Roberge : Moi, j'ai une
grande fille de 15 ans qui est à peu près la plus jeune de sa classe à chaque
année. Plus petite, ça paraissait plus; plus vieille, ça paraît moins. Mais on
le sait bien, donc, l'idée d'avoir un programme cycle, puis c'est ce qu'on voit
au primaire aussi, je pense... la perspective derrière l'idée d'avoir des
programmes cycles, c'est de tenir davantage compte des différences de maturité
des enfants.
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui. Absolument, c'est parfait, très bien. C'est
sûr, encore une fois, on rappelle que le conseil veut insister beaucoup sur le
fait que c'est tout le développement global de l'enfant qui doit être considéré
et pas seulement le développement langagier. Parce qu'il y a des tendances
parfois, dans certaines écoles, de vouloir développer surtout le langage,
bien... peut-être aux dépens des autres sphères du développement.
M. Roberge : Maintenant, vous
dites de faire attention, de ne pas aller trop vite mais d'y aller quand même.
Vous dites : «Pour toutes ces raisons et considérant la réalité variable
d'un milieu à l'autre, le conseil convie le législateur à offrir la maternelle
quatre ans en fonction des besoins et des demandes des milieux, et bien sûr
selon les ressources professionnelles.» Évidemment, on n'ouvre pas une
classe si on n'a pas de ressources professionnelles, c'est bien évident. C'est
pour ça qu'on le fait sur cinq ans, etc. Donc, vous ne souscrivez pas au fait
que, dans la mesure où on a des locaux, des enseignants et des éducatrices,
évidemment, c'est sûr, mais dans la mesure où on a local, enseignante,
éducatrice, il ne faudrait pas se limiter à déployer la maternelle quatre ans
seulement en milieu défavorisé.
Mme Lassonde
(Maryse) : En fait, bon, il y a plusieurs aspects à cette
question-là. Il n'y a pas que les enfants de milieux défavorisés qui ont des
atteintes, aussi, hein? Donc, les enfants, donc, de milieux favorisés peuvent
aussi avoir des troubles de développement. Donc, il faut... L'approche
universelle peut être très bonne.
Mais on ne parle pas ici que des
ressources professorales, ou enseignantes, ou ressources matérielles. On parle
aussi de certains enjeux, également, là, auxquels il faut faire face
finalement. Et donc, parmi ces enjeux-là, si... juste pour les... pour y
revenir finalement, c'est qu'on a aussi la question de la transition maternelle
quatre ans, bien s'assurer finalement que la relation avec la famille et l'école,
avec la famille et les différents intervenants qui oeuvrent auprès de l'enfant,
que cette relation soit bonne. Donc, ça aussi, c'est un enjeu.
On a aussi finalement comme enjeu sur...
le troisième... j'essaie de revenir là-dessus... Par la qualité aussi. Oui, la
transition, puis la conciliation, oui, il y a ça aussi dont il faut tenir
compte. Évidemment, le troisième enjeu qui est très important, la conciliation
travail-études-famille. Il faut aussi en tenir compte, de ça. Donc, c'est bien
d'avoir les ressources, le matériel, les locaux, tout ça, mais il y a encore
des enjeux aussi qu'il faut considérer finalement.
M. Roberge : Certaines
personnes ont fait valoir un enjeu aussi, celui de la stabilité pour les
enfants, stabilité de lieux puis aussi d'avoir... pas trop avoir de personnes
différentes, là, qui changent. Quoique, évidemment, la garderie, des fois, on
vieillit, on change d'éducatrice. Mais il me semble que c'est assez commun,
même s'il n'y avait aucune maternelle quatre ans, que des parents changent de
milieu de garde pendant que les enfants vieillissent. Ce n'est pas rare.
Enfin, moi, je l'ai vécu, puis beaucoup de
gens l'ont vécu, qu'avec les tout-petits, par choix ou des fois à cause de la
liste d'attente pour avoir une place en CPE... Mais parfois il arrive aussi que
c'est un choix numéro un. Les gens, quand l'enfant est tout-petit, on
dit : Bon, on va l'envoyer en milieu familial, ça va ressembler plus à la
maison. Puis en même temps, bien, il y a aussi la réalité de la liste d'attente.
Puis souvent, vers trois, quatre ans, oup, on finit par avoir une place en CPE.
Donc, il arrive que de toute façon l'enfant fasse un, deux, trois, et, à
quatre, change de milieu pour aller de toute façon en garderie, puis rechange
de lieu pour aller en maternelle cinq ans.
Je vous vois opiner. C'est quelque chose
que...
• (16 h 40) •
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui. C'est sûr que ce sont des situations qui
arrivent. Mais évidemment on veut toujours prôner finalement la stabilité,
d'une certaine façon. La permanence, stabilité des images aussi, des gens
auxquels on s'attache. Alors, oui, c'est sûr qu'il y en a, des situations où...
M. Roberge : ...c'est quelque
chose...
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui, c'est sûr que ce sont des situations qui
arrivent, mais évidemment on veut toujours prôner finalement la stabilité,
d'une certaine façon, la permanence, stabilité des images aussi des gens
auxquels on s'attache. Alors, oui, c'est sûr qu'il y en a, des situations où
les enfants peuvent passer d'un milieu à l'autre. Évidemment, dans un monde
idéal, ce serait bien que ce ne soit pas... On aura plein de réponses à vous
donner, alors oui... alors non... c'est ce qu'on vous dit, oui, c'est ça, justement,
aussi pour assurer aussi cette permanence ou assurer une forme de stabilité, ce
serait bien aussi qu'il y ait une collaboration entre les différents acteurs
concernés, avec une continuité de l'expérience éducative, dans le sens où, si
l'enfant passe d'un certain milieu à un autre, ce serait bien qu'il y ait quand
même des liens qui soient gardés entre ces différents milieux. Alors, ça, c'est
très important aussi.
M. Roberge : Je peux vous dire
que mon collègue le ministre de la Famille travaille très fort pour avoir...
formaliser les mécanismes et les outils de communication entre le service de
garde éducatif et la maison, mais aussi le transfert de ce dossier-là, que ce
soit à l'école, quand l'enfant y va, à cinq ans, ou à quatre ans pour faire son
cycle du préscolaire, l'idée d'avoir un dossier qui suit, en tout cas, c'est quelque
chose sur lequel on travaille, et pas sur des années, là, à très court terme, il
y aura quelque chose, une offre bonifiée.
Hier, j'ai eu un échange intéressant avec
les gens de l'association des éducatrices de service de garde en milieu
scolaire, qui voyaient aussi une opportunité de stabilité pour eux, pour elles,
pour... en milieu de travail, mais aussi pour les enfants, en sachant que, si,
quand le parent va reconduire son enfant à l'école, supposons, pour le petit de
quatre ans, bien, il peut être accueilli par l'éducatrice du service de garde,
mais cette même éducatrice peut rester avec l'enfant dans la classe... parce
qu'on aura un duo, là, il faut se le dire, éducatrice-enseignante, en maternelle
quatre ans, et d'avoir cette stabilité qui continue, évidemment, à supposer que
cette éducatrice ait toute la formation nécessaire.
Mais est-ce que vous voyez, d'abord, cette
opportunité d'avoir une stabilité puis aussi cet avantage d'avoir un duo
enseignante-éducatrice qui intervient dans une classe?
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui, absolument, le duo peut être très bien, ça
s'est fait en Ontario, certains duos marchent très, très bien. Mais quand on
parle des services de garde, parfois, ce ne sont pas les mêmes intervenants, ce
ne sont pas les éducatrices qui sont là pour le service de garde. En général,
c'est un diplôme d'études professionnelles, hein, qui est requis, et donc elles
sont... les personnes sont là le matin, le midi, parfois dans la cour, parfois
après l'école, mais ce n'est pas nécessairement l'éducatrice. Non, en fait, ce
n'est pas l'éducatrice qui s'occupe des services de garde en général.
Concernant le duo enseignant et
éducatrice, là aussi, l'équilibre peut être difficile à trouver, hein, donc...
J'ai entendu des commentaires à la commission d'enseignement préscolaire,
primaire, où on disait : Bien, il ne faudrait pas que l'éducatrice, ce
soit celle qui s'occupe de moucher les enfants, puis de s'occuper de toutes les
choses qui sont moins agréables, et puis que l'enseignante fasse les choses
soi-disant un peu plus nobles. Alors, il y a quand même un équilibre aussi à
trouver à ce niveau-là, entre les deux, justement, pour ne pas qu'il y ait une
forme de hiérarchie qui soit menée. Je pense que le rôle de l'éducatrice, dans
un cas semblable, va être crucial, parce que c'est elle peut-être qui va aussi
assurer la qualité de l'apprentissage par le jeu, puisqu'elle a été formée très
souvent là-dedans.
M. Roberge : Vous avez raison
de soulever cet enjeu-là. Cependant, j'ai visité plusieurs classes, la semaine
dernière, justement, où je rencontrais de duos, là, enseignante-éducatrice, en Ontario.
Ils nous ont dit que parfois la première année... ce n'était pas habituel de
travailler en duo. Mais je n'en ai rencontré aucune qui reculerait, et elles
nous disaient qu'au fil des années, même au fil de quelques mois, se créait une
dynamique où il n'y en avait pas une qui était inféodée à l'autre, là, une qui
s'occupe de moucher puis l'autre s'occupe de faire les comptines, là. C'était
plus quelque chose qui était complémentaire, et c'est, d'après moi, une
plus-value pour développer le plein potentiel des enfants. Est-ce que vous
pensez que, donc, ce déploiement, dans des bonnes conditions, peut contribuer,
avec bien d'autres choses, avec des services professionnels, à amener une
égalité des chances?
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui, certainement que le service d'éducation pour
les enfants de quatre ans, c'est très important, ça peut certainement — il
y a des preuves là-dessus — ça peut améliorer le rendement d'un
enfant et ses conditions ou ses capacités de réussite, éventuellement.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci. Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges maintenant pour un
bloc de 10 min 40 s, avec la collègue de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président...
Mme Lassonde
(Maryse) : ...ça peut certainement, il y a des preuves là-dessus,
ça peut améliorer le rendement d'un enfant et ses conditions ou ses capacités
de réussite éventuellement.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci. Merci beaucoup. Nous allons poursuivre les échanges maintenant pour un
bloc de 10 min 40 s avec la collègue de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci de votre présence. Je reconnais aussi dans la
salle Mme Berlus qui est avec la liberté éducative, une autre maman qui
fait l'école à la maison qui, elle aussi, avec plusieurs autres milliers de
parents, tente désespérément de rejoindre le ministre de l'Éducation afin de
pouvoir parler factuellement de qu'est-ce que c'est de faire de l'école à la
maison. Alors, pour commencer, merci pour votre mémoire, Mme Lassonde. Évidemment,
je lis à la fin que vous mentionnez, «il recommande d'accompagner les milieux
dans un déploiement progressif des maternelles quatre ans et de mettre en
oeuvre les conditions relatives...» Je ne citerai pas toutes les conditions,
mais j'imagine que ce sont ce qu'on peut résumer des conditions gagnantes pour
un bon déploiement. Et nous, ça fait quand même plusieurs mois, ce que nous
réclamons aussi, un déploiement progressif. Mais évidemment vous parlez aussi
des milieux défavorisés, mais vous dites que ça peut être... ce n'est pas en
fonction du code postal. Là-dessus, là, nous vous rejoignons totalement parce
que c'est bien au-delà d'un code postal, le milieu défavorisé.
Je profite de votre présence, ici, parce
que vous étiez aussi présente lors du projet de loi n° 12, qui parle...
qui était question des frais facturés aux parents. Dans votre début
d'allocution, vous avez parlé d'accessibilité et d'égalité des chances. Je me
permets de refaire un portrait de la situation depuis le nouveau gouvernement.
Le premier projet de loi en matière d'éducation était de retirer
900 millions de dollars d'argent direct en matière de... pour les
commissions scolaires, qui était pallié à partir du budget consolidé. Donc, les
commissions scolaires, on vient uniformiser le taux. Par conséquent, elles ne
peuvent pas aller chercher 900 millions de dollars de taxe scolaire
directement, mais ça partait quand même, ce 900 millions, du budget
consolidé du gouvernement. Par la suite, il y a eu le projet de loi n° 12
où il y a eu beaucoup de questions d'accessibilité des chances. Et on voit
qu'aujourd'hui, le projet de loi n° 5, il est question de 2 millions
de dollars d'investissement pour les quatre prochaines années pour être en
mesure de déployer les maternelles quatre ans.
Et je fais le lien suivant parce que, dans
le projet de loi n° 12, tout est une question aussi de priorités. Et là ce
que nous avons entendu, vous avez parlé que le système québécois est un des
plus inégalitaires au... au pays, pardon. Aujourd'hui, pensez-vous que c'est
encore la priorité, la maternelle quatre ans, ou c'est d'abord de pallier aux
égalités des chances dans un premier temps dans le réseau actuel?
Mme Lassonde
(Maryse) : Je pense qu'il faut travailler sur tous les aspects.
En fait, quand on parle de l'égalité des chances, c'est aussi d'aller chercher
ces tout-petits de quatre ans et de leur donner une chance de pouvoir être
stimulés et donc d'avoir une approche qui va leur permettre de se développer.
Et ça, on sait que la maternelle quatre ans, dans les milieux défavorisés, il y
a quand même eu des effets positifs, au moins au niveau du langage. Alors, je
pense qu'il faut agir sur tous les côtés d'une certaine façon, donc, s'occuper
des petits qui sont vulnérables. Et même, quand ils ne le sont pas,
vulnérables, c'est juste les faire évoluer, mieux évoluer. De la même façon, il
est évident que, lorsqu'on parle des frais scolaires, évidemment, c'est ce que
j'avais dit ici au nom du conseil, les frais scolaires demandés pour encourager
les programmes particuliers, finalement, bien, ça défavorise les enfants qui
sont dans des milieux socioéconomiquement plus... moins favorisés, c'est sûr.
Parce que... Je vous avais apporté des statistiques à ce niveau-là. Vous...
Donc... Ou dans... Il y a seulement 14 %, je pense, c'est dans... de
programmes à projets particuliers dans les milieux défavorisés, alors que c'est
presque la moitié dans les milieux moyens et favorisés.
Mme Rizqy : Puis
pensez-vous que, dans les... Est-ce que vous avez visité des CPE avant la
rédaction de votre rapport?
Mme Lassonde
(Maryse) : Je connais bien les CPE. Oui. Oui, en tant que
grand-maman.
Mme Rizqy : Pensez-vous
que... Pensez-vous qu'en ce moment ceux qui fréquentent les CPE sont bien
servis?
Mme Lassonde
(Maryse) : On n'a pas voulu... On a toujours dit... Le conseil
a toujours dit, finalement, que les services éducatifs étaient de très grande
qualité au Québec. Alors, c'est la qualité qui compte pour nous. Et on avait
dit, donc, en 2012, dans notre avis, c'est qu'on disait que c'était bien de
développer les maternelles quatre ans dans les milieux socioéconomiquement
défavorisés d'une part, premièrement, mais on disait aussi qu'il était bien de
développer le système qu'on avait aussi de centres de la petite enfance parce
que c'étaient des services de qualité. Mais, pour le moment, ici, le conseil ne
s'est pas prononcé sur une comparaison entre les deux.
• (16 h 50) •
Mme Rizqy : Parfait. Vous
savez parfaitement aussi l'état de la situation avec les enseignants, la
pénurie d'enseignants, la pénurie de suppléants aux enseignants également,
ainsi que le nombre croissant d'enseignants qui sont en congé de maladie, et
que cette situation est réelle, et qu'il nous...
Mme Lassonde
(Maryse) : ...de comparaison entre les deux.
Mme Rizqy : Vous savez parfaitement
aussi l'état de la situation avec les enseignants, la pénurie d'enseignants, la
pénurie de suppléants aux enseignants également ainsi que le nombre croissant
d'enseignants qui sont en congé de maladie, que cette situation est réelle et
qu'il nous manque présentement juste pour le réseau actuel des enseignants pour
répondre à nos besoins présentement.
Il y a quelques semaines, le ministre a
évoqué la proposition d'avoir une maîtrise qualifiante pour pallier... avoir
plus d'enseignants notamment pour les maternelles quatre ans. Vous en pensez
quoi?
Mme Lassonde
(Maryse) : On ne s'est pas penché sur cet aspect-là. Donc, on
n'a pas fait de comparaison. Bien, je sais que ça existe dans d'autres
provinces, par exemple. Mais on n'a pas fait la comparaison ni... on n'a pas
étudié les effets de ce type de formation là puis je ne voudrais pas m'avancer
surtout au nom du conseil. Évidemment, je n'ai pas de chiffres ou de données
factuelles.
Mme Rizqy : Mais c'est plus au
niveau de la formation parce que dans les recommandations évidemment, c'est la
formation du personnel. Est-ce que vous êtes d'accord qu'habituellement, lorsqu'il
est question des plus petits, il y a une formation plus spécifique à avoir?
Mme Lassonde
(Maryse) : Absolument, ça, c'est très clair. Autant en service
de garde où le diplôme d'études professionnelles devrait être requis autant au
niveau finalement dans les services éducatifs où il faut aussi avoir un diplôme
d'études collégiales et autant au niveau de la formation universitaire, il faut
avoir davantage de formation au niveau de tout ce qui est préscolaire, le
développement cognitif, développement du cerveau et le reste.
Mme Rizqy : Pour le bénéfice
de ceux qui nous écoutent à la maison, les parents, en ce moment, la maîtrise
qualifiante, on peut permettre, par exemple, à une personne qui a un
baccalauréat, par exemple, en histoire, de faire sa maîtrise qualifiante. Il
peut enseigner au secondaire. Ce qui n'est pas le cas présentement pour le primaire.
Avec la proposition du présent gouvernement, ils explorent cette avenue et ils
explorent aussi l'avenue suivante que les éducatrices puissent faire une voie
alternative pour être en mesure d'enseigner dans les maternelles quatre ans.
Vous comprenez qu'une fois que
l'enseignant est dans le réseau de l'éducation, par exemple, dans cette voie
alternative pour enseigner en maternelle quatre ans, cette personne-là pourrait
aussi, cette éducatrice, est-ce qu'elle pourrait aussi se promener à l'intérieur
du réseau de l'éducation puis enseigner aux deuxième année, quatrième année,
sixième année?
Mme Lassonde
(Maryse) : En fait, dans une condition semblable, ce qu'il
faudrait favoriser, puis on l'a déjà dit dans d'autres documents, c'est la
formation D.E.C-bac. Donc, d'assurer finalement que cette personne-là qui a un
D.E.C. professionnel puisse accéder au bac plus facilement, qu'il y ait une
reconnaissance de certains cours et ça, ça marche très bien. Ça marche très
bien, par exemple, dans les cas de «nursing» et je pense que ça serait
peut-être quelque chose à envisager. Le conseil s'est prononcé là-dessus, sur
le fait qu'on devrait augmenter ces passerelles entre le D.E.C. et le bac.
Mme Rizqy : Il n'était pas
question pour préciser ma... ce n'était pas une question d'augmenter un passant
entre un D.E.C. et un bac, c'est quelqu'un qui... parce que, là, on parle... en
fait, on ne sait pas trop de quoi qu'il est question parce que le ministre n'a
pas encore précisé sa vision. Mais on parlait de soit d'une maîtrise
qualifiante qui pourrait se faire sur 10 ans. Donc, on pourrait avoir une
éducatrice qui avec un D.E.C. puisse enseigner en maternelle quatre ans et
avoir 10 ans pour se qualifier. Est-ce que ça, le Conseil supérieur a regardé
cette question?
Mme Lassonde
(Maryse) : On ne l'a pas regardée. Encore une fois, on ne s'est
pas penché là-dessus. C'est une situation qui est nouvelle et donc, on ne s'est
pas penché là-dessus. Mais encore une fois, les passerelles D.E.C.-bac, oui. Et
ça, ça marche très bien et ça devrait être renforci.
Mme Rizqy : Vous parlez des
services qui peut être un frein lorsqu'il est question de manque de gratuité.
En ce moment, dans le réseau primaire, il y a de plus en plus aussi des projets
pédagogiques particuliers qui sont déployés de façon importante.
Pensez-vous, là, qu'en ce moment, que les
parents lorsqu'ils vont inscrire leur enfant en maternelle quatre qui pensent
que c'est gratuit peuvent avoir une surprise soit parce que le service de garde
ne sera pas gratuit ou parce que le service de garde ne sera pas disponible
nécessairement en région et que les journées pédagogiques sont facturées et que
l'été, il n'y a pas de maternelle quatre ans?
Mme Lassonde
(Maryse) : On a soulevé ce problème-là de conciliation
famille-travail-études. C'est sûr qu'il faudrait trouver les meilleures
conditions possible pour que ça n'arrive pas finalement. Alors pour que les
parents puissent continuer de travailler et que l'enfant soit bien également.
Alors, on pense toujours au bien de l'enfant.
Mme Rizqy : Oui, habituellement.
Et, en terminant, si vous deviez... parce que je comprends que vous avez
dit : On aimerait que l'offre soit offerte à tous. Mais évidemment, c'est
que par définition les ressources sont limitées.
Si vous deviez déployer des maternelles
quatre ans, comment le feriez-vous?
Mme Lassonde
(Maryse) : Bon, écoutez. Ce qu'on dit, nous, ce n'est pas à
nous de décider finalement. Je pense que c'est à vous tous de voir où sont les
ressources, où sont les conditions gagnantes... Nous, on a énuméré les
conditions qui étaient nécessaires pour que ça se produise bien. Alors, c'est à
vous de vérifier, de vous assurer que ces conditions-là soient rencontrées pour
que ça puisse être...
Mme Lassonde
(Maryse) : ...qu'on dit, nous : Ce n'est pas à nous de
décider, finalement. Je pense, c'est à vous tous de voir où sont les
ressources, où sont les conditions gagnantes qu'on a énumérées. Nous, on a
énuméré les conditions qui étaient nécessaires pour que ça se produise bien.
Alors, c'est à vous de vérifier, de vous assurer que ces conditions-là soient
rencontrées pour que ça puisse être fait, finalement, ou réparti, les
maternelles quatre ans.
Mme Rizqy : Bien, nous, on
aimerait bien le voir, mais vous comprenez qu'on n'a pas encore de plan de
déploiement. À ce stade-ci, est-ce que le conseil supérieur aimerait voir justement
un plan de déploiement pour être en mesure de bien analyser les impacts, les
effets positifs, et voir aussi où est-ce qu'il peut y avoir des améliorations
de faites?
Mme Lassonde
(Maryse) : Bien, on a déjà... Je pense que c'est relativement
clair, les conditions qui doivent être rencontrées pour que ça marche bien. On
s'inquiète, si ces conditions ne sont pas rencontrées, que la qualité n'y sera
pas. Puis la qualité, si on veut faire du développement vraiment positif de
l'enfant, bien, la qualité est primordiale. Alors, on a fait la liste des
conditions. On ne peut pas les... Je pense qu'on a fait notre devoir, finalement,
en les énumérant.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Alors, maintenant, nous poursuivons les échanges avec la
représentante du deuxième groupe d'opposition, la collègue de Sherbrooke, pour
2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Vous avez abordé dans votre mémoire les ratios, en nommant, notamment,
que c'était préoccupant en classe et au service de garde. Il y a des groupes
qui sont venus ici nous proposer que le ratio en service de garde soit, par
exemple, d'un pour 15, alors qu'actuellement c'est un pour 20, parfois même, en
surveillance du dîner, un pour 60.
Il y a d'autres groupes qui nous ont
proposé qu'on adopte le même ratio en classe de maternelle quatre ans qu'en
CPE, soit un pour 10. Avez-vous une position, au Conseil supérieur de
l'éducation?
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui. On a fait quand même un examen des choses qui
sont... par exemple, un rapport de l'OCDE. On a aussi examiné d'autres travaux,
en particulier ceux de Haeck, de Connolly et Haeck en 2018. En fait, le ratio
est extrêmement important quand les enfants sont très jeunes, et c'est encore
plus important dans les milieux socioéconomiquement défavorisés. Alors, c'est
là où il faut le faire.
On a vu des études Haeck, finalement, qui
montrent que peut-être, quand les enfants sont plus âgés, ce facteur-là est
moins important. Mais chez les tout-petits, oui, puis surtout chez les enfants
de milieux défavorisés pour favoriser, en fait, la qualité des interactions
également puis favoriser l'apprentissage.
Mme Labrie : Mais vous n'avez
pas de ratio à proposer spécifiquement.
Mme Lassonde
(Maryse) : On a... on a simplement dit que le ratio qui était
là, qui était proposé tel quel, ne semblait pas suffisant, surtout pour les
tout-petits, oui.
Mme Labrie : O.K. Donc, un
pour 15, un pour 17, c'est trop élevé. Par rapport aux contributions
financières qui sont exigées pour le service de garde, vous dites que ça peut
être un frein à l'accès. Bon, j'extrapole. Comme le coût est similaire dans les
services éducatifs à la petite enfance, je devine que ça peut aussi être un
frein à l'accès. Est-ce que vous pensez que les frais devraient être abolis
pour les services éducatifs pour les enfants de quatre ans si on veut favoriser
leur réussite?
Mme Lassonde
(Maryse) : Je pense qu'il faudrait vraiment s'assurer que les
enfants qui viennent... qui proviennent de milieux socioéconomiquement
défavorisés n'aient pas à subir ça, qu'ils puissent vraiment avoir le même
service que tous les autres. Et, dans ces cas-là, je pense qu'il devrait y
avoir une... favoriser ces enfants-là, finalement. Donc, ce n'est pas
nécessaire peut-être que ce soit dans toutes les familles mais certainement au
niveau des enfants qui proviennent d'un milieu socioéconomiquement défavorisé.
Ils ont besoin de plus de stimulation, puis, quand on stimule ces enfants-là
aussi très tôt dans la vie et de façon adéquate, avec qualité, il y a vraiment
un potentiel qui peut se développer, et ça, les études le confirment, à court
et à long terme.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Nous poursuivons nos échanges pour
2 min 40 s avec la collègue de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci beaucoup. Donc, à la page 3 de votre présentation, vous dites que
l'arrivée des enfants de quatre ans pourrait exercer une pression
supplémentaire sur le réseau. C'est le réseau de la... sur le réseau scolaire
si le réseau santé et services sociaux interrompt les services spécialisés au
moment où l'enfant entre à l'école.
Je voudrais vous entendre un peu sur les
diverses ramifications par rapport au continuum de services. On sait que c'est
pas mal déjà le cas. Quand les enfants entrent à cinq ans, c'est le milieu
scolaire qui est supposé prendre le relais des services sociaux.
Un des arguments qui est beaucoup fait,
c'est de dire que les maternelles quatre ans vont avoir un bénéfice parce que
les enfants vont avoir des services spécialisés à l'école. Mais hier les
représentants, notamment, des centres de la petite enfance, de la CSN, nous ont
dit : Nous, on en fait, du dépistage, dans les centres de la petite
enfance, mais le défi, c'est qu'il n'y a pas de service qui suit parce qu'il y
a une grande pénurie de services.
J'aimerais vous entendre sur un peu
l'ensemble de ces enjeux-là, le continuum, puis aussi l'absence de services en
moment. Puis est-ce que ça va faire une si grosse différence qu'à quatre ans il
puisse y avoir, par exemple, orthopédagogue ou les services de l'école?
• (17 heures) •
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui. En fait, le dépistage peut être fait dans
plusieurs milieux, et ça se fait aussi dans les milieux de services éducatifs,
en CPE, et le reste. On parle de dépistage, mais l'intervention, non. Et là,
l'intervention, on a besoin de ressources spécialisées. Parfois, dans certains
milieux, en tout cas, dans les écoles...
17 h (version non révisée)
Mme Lassonde
(Maryse) : ...en fait, le dépistage peut être fait dans plusieurs
milieux, et ça se fait aussi dans les milieux de services éducatifs, en CPE, et
le reste. On parle de dépistage, mais l'intervention, non. Et là, l'intervention,
on a besoin de ressources spécialisées. Parfois, dans certains milieux, en tout
cas, dans les écoles, il y a déjà des ressources spécialisées, orthopédagogie,
orthophonie. Extrêmement important, là, pour les tout-petits. Donc, il y a probablement,
dans certains milieux, plus d'accès aux ressources professionnelles. Alors, cet
accès-là devrait favoriser le développement des enfants, absolument, oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis, quand on parle d'agir tôt, un des gros enjeux, c'est justement de
dire : On n'attendra pas quatre ans ou cinq ans, donc il faut agir très
tôt. Est-ce que vous avez des recommandations à faire sur justement ce
continuum et l'accès aux services pour les enfants qui vont être dépistés, par
exemple, en lien avec les services sociaux? Parce que normalement l'orthophonie
devrait être disponible, tout ça, pour les tout-petits.
Mme Lassonde
(Maryse) : Oui, idéalement. Bon, donc il y a beaucoup de
professionnels qui sont maintenant habilités aussi à faire du dépistage, mais
pas du diagnostic, il faut bien s'entendre. Mais, pour ce qui est de
l'intervention, idéalement, il faudrait que le réseau de la santé soit très,
très proche du réseau de l'éducation, finalement, pour permettre d'avoir une
certaine fluidité entre ces deux réseaux-là. Je sais par expérience que, très
souvent, les enfants peuvent attendre... ou les parents, plutôt, attendent pour
leurs enfants pendant deux ans avant d'avoir une évaluation — j'en
faisais, moi — et donc ça peut être très, très long, finalement. Et
c'est sûr que ça, ce n'est pas idéal et d'autant plus que ces évaluations-là,
quand elles ne se font pas dans le contexte du réseau de la santé, bien, c'est
très cher.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci. Bien, je vous remercie beaucoup, représentantes du Conseil supérieur de
l'éducation, pour votre participation à nos travaux.
Pour la suite des choses, je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Tanguay) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux et nous entendons maintenant
les représentants et représentantes de l'Association des garderies privées du Québec.
Bienvenue à votre Assemblée nationale. Vous disposez d'une période de 10
minutes pour votre présentation. Pour les fins d'enregistrement, j'aimerais...
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Tanguay) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons poursuivre nos travaux. Et nous entendons
maintenant les représentants, représentantes de l'Association des garderies
privées du Québec. Bienvenue à votre Assemblée nationale. Vous disposez d'une
période de 10 minutes pour votre présentation. Pour les fins d'enregistrement,
j'aimerais que vous puissiez vous identifier, et par la suite vous aurez
l'occasion de discuter avec les élus. Alors, la parole est à vous.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Bonjour.
Merci de nous accueillir ici aujourd'hui. Mon nom est Mona Lisa Borrega, je
suis vice-présidente à l'Association des garderies privées du Québec. Je suis
ici aujourd'hui avec mon collègue Samir Alahmad, qui est notre président. Notre
association regroupe majoritairement, très majoritairement des services de
garde subventionnés à contribution réduite, comme les CPE.
Alors, l'Association des garderies privées
est très préoccupée par la position du gouvernement sur la place des enfants de
quatre ans. La place des enfants de quatre ans a toujours été dans les services
de garde éducatifs à la petite enfance et demeure... qui demeurent toujours
encore pour nous la meilleure place. Pourquoi? Parce que chez nous, chaque
enfant est unique. On a des petits ratios : 10 par groupe, par rapport à
15 et plus à l'école. La taille de nos installations, à la garderie, est beaucoup
mieux adaptée à l'âge des enfants comparativement à la taille de l'école.
L'enfant demeure dans un environnement calme et stable toute la journée du
moment où il arrive jusqu'au moment où les parents viennent le chercher le
soir. La formation des éducatrices est concentrée sur eux, car elles sont
spécialisées en enseignement à la petite enfance. Le programme éducatif
appliqué dans le réseau des services de garde éducatifs favorise le développement
harmonieux de l'enfant et touche les domaines de développement chez lui comme
le développement physique, moteur, cognitif, langagier, social et affectif. Il est
important de souligner qu'en général, les professeurs à l'école primaire ont l'éducation
nécessaire pour enseigner au primaire, mais pas nécessairement la formation
requise pour enseigner à la petite enfance zéro à cinq ans, alors qu'à la
garderie, le personnel éducateur est formé spécifiquement en éducation à la
petite enfance. À la lumière de ce qui précède, il est évident que les enfants
de quatre ans ont une meilleure qualité de vie dans les services de garde
éducatifs.
En plus, le programme éducatif Accueillir
la petite enfance démontre l'importance des parents, car ce sont eux, les
principaux agents dans la vie de leurs enfants. Plus que jamais, les jeunes
enfants ont besoin d'une base solide, et cela inclut le soutien à leur famille.
Nous croyons que le fait de maintenir les enfants à la garderie... les enfants
de quatre ans plus longtemps permettra aux services de garde éducatifs de
travailler encore plus longtemps aux côtés des familles pour les aider et leur
donner le soutien nécessaire. À la garderie, tout le personnel connaît le nom
de chaque enfant ainsi que le nom de chaque parent. Nous connaissons intimement
chaque famille avec laquelle nous vivons chaque jour pendant plusieurs années,
nous connaissons leurs problèmes, leurs préoccupations, leurs soucis. Bref,
nous faisons partie de ces familles. Malheureusement, ces familles n'auront pas
cette même relation de soutien et de stabilité dans les écoles. À la garderie,
la taille de l'installation favorise la proximité. Les parents, les éducatrices
et la direction développent tout naturellement au fil du temps des relations
significatives qui créent chez le parent un sentiment d'appartenance qui est
essentiel pour cultiver son implication parentale dans le succès de son enfant.
Les garderies font un travail exceptionnel
quant au dépistage précoce des enfants qui présentent des problèmes
d'adaptation. Il faut miser davantage sur cet élément pour bien préparer les
enfants pour l'école.
Investir dans la petite enfance est un investissement
qui rapporte, car c'est investir dans le futur du Québec.
• (17 h 10) •
Aujourd'hui, l'AGPQ se pose la
question : Quelle est la motivation du gouvernement d'implanter des
maternelles mur à mur quatre ans? On a créé depuis 1997 un réseau de services
de garde éducatifs subventionnés qui a coûté des milliards et qui a engagé une ressource
humaine impressionnante. On a créé un réseau qui non seulement a fait ses
preuves hors de tout doute, mais qui ne cesse de se perfectionner. Notre système
de garde subventionné est unique en Amérique du Nord. Il fait l'envie de beaucoup
de gouvernements et d'intervenants partout dans le monde. Le Québec a une
notoriété internationale et un leadership solide dans le domaine de l'éducation
à la petite enfance. Le Québec n'a aucunement besoin d'aller voir le système
ontarien ni le système new-yorkais afin de nous orienter à ce sujet...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...d'intervenants partout dans le monde. Le Québec a une notoriété internationale
et un leadership solide dans le domaine de l'éducation à la petite enfance. Le
Québec n'a aucunement besoin d'aller voir le système ontarien ni le système
new-yorkais afin de nous orienter à ce sujet. Bien au contraire, c'est le
Québec qui pourrait leur en montrer, car ni l'Ontario ni New York n'a un
système subventionné comme le nôtre.
Pendant la campagne électorale, la CAQ a
pris un engagement ferme de développer des maternelles quatre ans. Toutefois,
il faut faire attention de ne pas fragiliser les services de garde éducatifs ou
nuire au bien-être de l'enfant pour remplir des promesses électorales.
Maintenant que la CAQ est au pouvoir et forme le gouvernement, elle a accès à
toutes les vraies données, elle doit donc se baser sur ces données crédibles et
réelles pour prendre des décisions réfléchies et laisser tomber les hypothèses
qu'elle avançait avant la campagne. Ce qui est déplorable chez les politiciens
de chez nous, c'est qu'à chaque fois qu'ils veulent faire un changement
contesté par nos experts et nos professionnels du milieu, ils vont fouiller
partout ailleurs dans le monde jusqu'à temps qu'ils trouvent quelqu'un qui fait
pareil de ce qu'ils veulent faire et l'annoncent haut et fort sans connaître
les motifs pourquoi et les motivations des gens d'avoir choisi ce modèle. Il
est important de se rappeler que chaque endroit a sa réalité, son contexte
particulier et ses priorités. S'il peut à Paris, il ne faut pas sortir nos
parapluies à Québec.
En conclusion, l'AGPQ veut revenir à la
source et demande au gouvernement de laisser de côté la partisanerie, la
politique et les grands ego pour que nous puissions continuer à faire partie
d'un Québec fou de ses enfants, et pour y arriver, il faut penser avant tout à
l'enfant. Laisser les enfants de quatre ans dans leurs petits milieux
sécuritaires bien encadrés que sont les installations en services de garde
éducatifs régis du Québec. Développer rapidement des services de garde
éducatifs dans les régions, les municipalités où il manque de places plutôt que
de les entasser dans des écoles où il manque d'espace, il manque de locaux, il
manque de professeurs, et que ça tombe en ruine.
Exempter les familles à faibles revenus du
tarif de base 8,25 $ pour les encourager à envoyer leurs enfants en
services de garde. En ce moment, le service de garde est gratuit pour un parent
sur l'aide sociale. Pourtant, les familles qui ont des revenus d'environ
30 000 $ par année, être obligées de payer 2 153 $ par
année, par enfant, c'est énorme. Pourtant, ces familles n'ont pas plus les
moyens de payer ce montant-là que les familles sur l'aide sociale.
Il faut harmoniser le programme éducatif
pour les enfants de quatre ans dans les deux réseaux, les services de garde et
les écoles principalement au niveau des activités dirigées. Le gouvernement implante
des maternelles quatre ans dans toutes les régions. Le fait que l'AGPQ est ici
aujourd'hui, on veut juste que ce soit précis, connu qu'on n'est pas contre le
fait qu'on implante des maternelles quatre ans. La seule chose, c'est qu'il
faut faire attention, il faut les implanter dans des endroits où c'est
impossible d'installer des services de garde subventionnés. Si c'est le cas, et
que les écoles peuvent répondre à l'appel, leur offre serait bienvenue.
Toutefois, le gouvernement doit bien cibler ces endroits et ces quartiers
défavorisés. Il doit également savoir pourquoi le taux de participation des
parents dans ces services de garde et dans ces quartiers est si faible, et
mettre en place un système pour favoriser la participation comme, par exemple, éliminer
la contribution parentale pour les familles à faibles revenus.
Finalement, l'AGPQ souligne qu'il ne faut
surtout pas fragiliser un réseau qui est notre fierté et qui nous a coûté si
cher en créant une compétition malsaine entre le service de garde éducatif et
les écoles, car en bout de ligne ces deux réseaux sont financés par l'État. Il
faut maintenir et voire même renforcer le réseau des services de garde
éducatifs, cet investissement aura des effets positifs permanents sur l'avenir
de nos jeunes lorsqu'ils seront adolescents, jeunes adultes et adultes. Merci
de votre écoute.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Avant de céder la parole au ministre pour un bloc, un premier
bloc d'échange de 15 minutes, j'invite tout le monde autour de la table, y
incluant nos invités, Mme Borrega, à avoir un dialogue respectueux et
mesuré, et, en ce sens-là, nous pouvons donc débuter nos échanges sur ces
bonnes bases-là. Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Roberge : Merci bien,
M. le Président. Merci pour votre présentation. Quelques petites questions pour
bien comprendre. Est-ce qu'il y a dans le réseau des services de garde privés,
la plupart du temps subventionnés, il semble que c'est ceux que vous
représentez, est-ce qu'il y a beaucoup de locaux qui sont vides à l'heure
actuelle?
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Non.
M. Roberge : Est-ce qu'en
ce moment...
M. Roberge : ...petites questions
pour bien comprendre. Est-ce qu'il y a... dans le réseau des services de garde privés,
la plupart du temps subventionnés, semble-t-il que c'est ceux que vous
représentez, est-ce qu'il y a beaucoup de locaux qui sont vides à l'heure
actuelle?
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Non.
M. Roberge : Est-ce qu'en
ce moment...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Bien, il y aurait la possibilité d'avoir plus d'élèves, mais la majorité des
services de garde sont au maximum de leur licence.
M. Roberge : O.K. Alors,
je comprends qu'il y a peut-être... Il peut arriver que certains groupes ne
sont pas au ratio maximal. Vous n'avez pas des locaux, là, de... 20, 30, 80,
200, 500 locaux qui sont vides.
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Non, ce n'est pas ça que je veux dire. L'installation maximale est de
80 places. Si tu as droit... Si tu as de la place pour 80 places et
qu'on t'a donné 80, bien, tu ne peux pas aller à 81 ou 82.
M. Roberge : Et est-ce
qu'à l'heure actuelle, de ce que vous savez, dans le réseau des garderies
éducatives privées, il y a des difficultés de recrutement, de rétention du personnel?
Mme Borrega (Mona Lisa) :
À ce que je comprends, il y en a partout dans le réseau. O.K.? Ce n'est pas
le... Ce n'est pas juste les garderies privées, les CPE ont les mêmes
problèmes. Nous, on est le réseau subventionné, on a les mêmes problèmes que
tout le monde. C'est pire dans certaines régions.
M. Roberge : O.K. Bien,
c'est ce que je pensais aussi, mais je préférais vous le demander à vous, qui
connaissez mieux le réseau que vous représentez. Parce que justement je pense
qu'il y a une... à plusieurs endroits, dans plusieurs domaines au Québec, une
pénurie de travailleurs, vous n'y échappez pas. Le réseau scolaire à certains
égards dans certaines régions...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...de rareté...
M. Roberge : ...l'ont
aussi la rareté de personnel. Ça dépend des régions. C'est plus criant dans
certaines régions que d'autres.
Vous avez parlé tout à l'heure, vous avez
dit plusieurs choses, mais vous avez dit notamment qu'à New York... on ne
pouvait pas comparer New York avec le Québec, on ne peut pas comparer l'Ontario
avec le Québec. Je suis d'accord que toute comparaison peut être boiteuse à
certains égards parce que ce n'est jamais pareil. On ne peut pas
copier-coller. Cependant, on peut s'inspirer... comme on s'inspire de ce qui
se passe en France, comme la France s'inspire de ce qui se passe ici, comme on
s'inspire de ce qui se passe en Scandinavie, comme... bon, c'est... On regarde
toujours ce qui se passe ailleurs.
Mais vous avez dit que ça n'existe pas
l'accessibilité, un réseau subventionné, mais pourtant hier il y a des gens de
New York qui sont venus nous dire que, pour les milieux défavorisés, puis les
deux personnes qui nous parlaient hier venaient de districts new-yorkais où
presque 100 % des parents avaient la gratuité dans le réseau des services
de garde, il y avait ce qu'ils appellent des «vouchers», donc, oui, ça pouvait
coûter cher, ça pouvait coûter jusqu'à 10 000 $ par année, mais, en
réalité, les gens paient zéro parce que c'est l'État qui l'absorbe, les coûts,
comme on pourrait dire que votre réseau a une grande valeur, mais les parents
ne paient pas 100 %. Mais on ne peut pas dire qu'à New York, c'est très
cher, l'accessibilité au réseau de garderies n'existe pas.
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...moi, je ne connais pas... je m'excuse, je ne connais pas New York, O.K., à
part de bien aller me promener dans les rues de New York, là.
Moi, ce que je dis, c'est que ce qu'on a
ici, au Québec, c'est unique et puis on est en train d'essayer de fragiliser le
système, alors qu'on devrait le solidifier. On peut faire des choses
remarquables au niveau du dépistage précoce, quatre ans, là. Puis moi, j'ai
l'air... je le sais, on a fait la présentation, je suis une personne qui est
passionnée par mon travail puis je pense que ça paraît. C'est très frustrant,
notre travail, parce qu'on le voit tout de suite, quand ils sont tout petits,
un enfant qui a besoin... qui a un besoin particulier, puis on a besoin d'aide,
puis on ne nous l'apporte pas, cette aide-là. Puis, à quatre ans, ce n'est pas
là que vous allez l'aider, c'est au service de garde. Puis, au service de
garde, nous autres, on est capables de l'accompagner jusqu'à il arrive à
l'école. Je suis d'accord avec vous qu'il y a des places qu'il n'y en a pas,
puis il faut les aider, il y a un besoin criant. Mais allez donc aider ceux qui
veulent se faire aider aussi.
M. Roberge : Je pense qu'il
faut faire attention de ne pas opposer les choses puis de ne pas dire :
C'est en garderie, ce n'est pas à quatre ans... ou : C'est à quatre ans,
ce n'est pas en garderie. Je pense qu'on a cette ambition d'aider tous nos
jeunes. Parce que, même à quatre ans puis à cinq ans, ce n'est pas fini. Puis,
dans le réseau scolaire, en secondaire II, en secondaire III, il y a
encore des jeunes qui ont besoin d'aide...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Absolument.
M. Roberge : ...puis il
ne faut pas concentrer 100 % de nos professionnels ni à quatre ans, ni à
trois ans, ni à 12 ans. Je pense que les jeunes qui ont des difficultés,
qui ont des vulnérabilités ont le droit de recevoir de l'aide à tous égards et
à tout moment.
Et qu'est-ce que vous pensez, justement,
pour les zéro-trois puis les zéro-quatre, du programme que mon collègue le
ministre délégué, M. Carmant, est en train d'implanter, le programme Agir
tôt, qui veut faire, en partenariat, et qui... il veut envoyer des gens du
réseau de la santé vous aider dans votre réseau. Comment vous voyez cette
initiative gouvernementale?
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Moi, je l'accueille, je l'accueille, cette initiative-là, sauf que ça fait
plusieurs mois que j'en entends parler, j'ai hâte qu'elle se concrétise parce
que les journées passent, puis les semaines passent, puis les années passent, et
puis on a toujours le même problème, puis je vous dis, c'est un problème
criant, là. Les enfants à besoins particuliers, dans les cinq dernières années,
on en a vu que... c'est quasiment le double, là. Ce n'était pas comme ça il y a
10 ans.
• (17 h 20) •
M. Roberge : Je peux vous
dire que le programme Agir tôt, d'intervention précoce, avec les gens du réseau
des services de garde éducatifs, sera implanté plus rapidement que le
programme...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...les enfants à besoins particuliers dans les cinq dernières années, on en a
vu que... c'est quasiment le double, là.
M. Roberge : Bien, je peux...
Mme Borrega (Mona Lisa) : Ce
n'était pas comme ça il y a 10 ans.
M. Roberge : Je peux vous dire
que le programme Agir tôt d'intervention précoce, avec les gens du réseau des services
de garde éducatifs, sera implanté plus rapidement que le programme de maternelle
quatre ans, parce que le programme de maternelle quatre ans...
Mme Borrega (Mona Lisa) : Je
veux y croire.
M. Roberge : ...c'est définitivement
sur cinq ans. Agir tôt, ça commence de manière plus rapide, parce qu'il y a
urgence. Et on n'oppose pas l'aide aux enfants en difficulté chez les 0-3 ans à
l'aide qu'on donne aux quatre ans, on travaille en synergie. Puis, si vous
permettez, je vais laisser mon collègue poursuivre, parce qu'il voulait
poursuivre les échanges avec vous.
Le Président (M. Tanguay) :
Oui, bonjour. Alors, collègue du comté de Beauce-Sud, la parole est à vous.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Mona Lisa, Samir, quel plaisir de vous retrouver.
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Toujours un plaisir.
M. Poulin : J'avais hâte qu'on
puisse échanger ensemble, parce qu'on a eu le privilège de travailler ensemble,
à l'époque, nous étions dans l'opposition. À ce moment-là, j'étais conseiller
politique responsable des dossiers de la famille, et, très humblement, c'est un
peu avec vous que j'ai découvert ce magnifique univers des services de garde
que nous avons au Québec, effectivement, services de garde qui se déclinent via
les centres de la petite enfance et également le réseau de garde subventionné.
Et on a eu d'excellents échanges, particulièrement lors de deux moments clés du
service de garde, je me souviens du projet de loi sur les places fantômes,
c'est comme ça que l'on l'appelait à l'époque, donc ces places qui étaient
subventionnées et qui n'étaient pas occupées par des enfants, donc on a eu le
plaisir de pouvoir échanger là-dessus et également la modulation des tarifs de
garderie, qui a fait extrêmement mal dans le réseau des services de garde, qui
était un choc tarifaire assez important pour les familles du Québec, lorsqu'on
a lié le tarif des garderies au salaire des parents. Je me souviens des nombreux
échanges qu'on avait eus sur cette question-là et aussi, bien entendu, le fait
que notre gouvernement s'est engagé à rétablir le service de garde unique sur
une période quatre ans. Alors, c'est déjà commencé, et on va le poursuivre par
la suite. Et je sais pertinemment que c'est applaudi par votre réseau puis
également applaudi par l'Association québécoise des centres de la petite
enfance.
On avait également échangé beaucoup sur le
choix des parents de choisir où ils envoyaient leurs enfants, entre autres de
dire pourquoi ils devraient seulement les envoyer, par exemple, en CPE ou
devraient seulement les envoyer en garderie privée. On s'était dit :
Faisons confiance aux parents pour décider l'endroit où ils envoient leurs
enfants. Alors, je me souviens que cette guerre-là qui a duré trop longtemps au
Québec, mais qui, je crois, s'est calmée, parce qu'on sait également que les
services de garde privés que vous représentez sont régis par la Loi des
services éducatifs à l'enfance, donc qui offrent les mêmes barèmes, les mêmes
enjeux, par exemple, d'un CPE. Et je sais, pour bien vous connaître, que vous
avez une confiance inébranlable aux parents pour envoyer, où ils souhaitent,
leurs enfants.
Dans le cas qui nous préoccupe
aujourd'hui, vous faites toujours confiance aux parents pour décider où ils
envoient leurs enfants?
M. Alahmad (Samir) : Mais, tu
vois...
M. Poulin : Cher Samir...
M. Alahmad (Samir) : ...ça me
fait plaisir de vous voir. Nous autres, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui
vraiment, au-delà de toute la partisanerie, au-delà de tous nos intérêts
corporatifs ou autres, il faut voir, vraiment penser c'est quoi qui est bon
pour l'enfant avant tout. Et malheureusement on essaie de trouver c'est quoi,
cette idée vraiment de transférer des enfants, parce que c'est ça qu'on fait
présentement, on transfère des enfants des garderies dans les maternelles
quatre ans. Nous, la façon la plus simple, mis à part qu'il manque des locaux
dans les écoles, mis à part qu'il ma0nque des professeurs, mis à part que ça
coûte cher, ça coûte moins cher, on met tout ça à côté, là, voir c'est quoi le
plus que l'enfant, il a dans une école qu'il n'a pas dans une garderie et c'est
ça, comme société, on doit poser cette question. Et si capable on est de nous
convaincre que l'enfant, il est mieux dans une école, bien, on n'est pas contre
la vertu, là, il y a d'autres enfants chez nous, là, il y a les enfants, les
poupons, il y a le un an, le deux ans, le trois ans. Ce n'est pas une question
que nous, vraiment, qu'on regarde.
C'est sûr que, si on veut avoir une
migration totale, peut-être, ce n'est pas souhaité pour personne. Qu'est-ce que
l'école offre plus qu'un service de garde? Nous, on est allés dans les écoles,
on a pris une journée type dans une école maternelle quatre
ans — maternelle quatre ans, ça existe déjà — puis on a
pris une journée type dans un service de garde éducatif de qualité. L'enfant,
il arrive le matin chez nous, il rentre tout de suite dans son local, il arrive
dans une école. S'il arrive un peu de bonne heure, le service de garde, puis
après ça, il commence. Il y a des périodes de jeu libre, des champs d'activité,
il fait... il chante, il bouge, comme on dit, ses jouets, c'est magique. Puis
après ça, il y a des activités dirigées. Ils ont des activités dirigées dans
les écoles, on a des activités dirigées. Il y a des périodes de sieste, on a
une période de sieste. Il y a la nourriture, le repas, on a le repas, puis il
sort dehors après, puis il joue...
M. Alahmad (Samir) : ...des
champs d'activité, il fait... il chante, il bouge, il... Comme on dit, c'est
jouer, c'est magique. Puis après ça, il y a des activités dirigées — ils
l'ont, des activités dirigées dans les écoles, on a des activités dirigées; il
y a des périodes de sieste, on a une période de sieste; il y a la nourriture,
le repas, on a le repas, puis il sort dehors après, puis il joue.
Puis en fin de compte, si on décortique
tout ça, là, il y a affaires prioritaires une heure et demie, ou à peu près, d'activités
dirigées dans l'école et de chez nous. Là, leurs activités dirigées, est-ce que
c'est plus orienté, le préscolaire, que chez nous. Je ne sais pas. Nous, on
fait du préscolaire aussi. Nous, qu'est-ce qu'on a dit? On a un système qui
fonctionne et on... vraiment, on parle de ce une heure et demie. Est-ce qu'on
peut harmoniser ce une heure et demie du réseau scolaire de notre réseau? Qu'est-ce
que je dis, Samuel? Puis, je veux dire, nos éducatrices, elles ont une
formation de trois ans et elles sont toutes capables d'enseigner cette une
heure et demie de...
Parce qu'en fin de compte, tout ce qu'on
fait, le débat aujourd'hui, le débat de maternelle, ce n'est pas parce qu'un
enfant, il rentre dans une école... on a la vérité absolue parce qu'il est dans
une école, pas parce que dans l'école on appelle enseignant puis chez nous on
l'appelle éducatrice. Ça n'a plus rien de différent. La différence :
Est-ce qu'on est capable d'harmoniser, de voir nos deux programmes, de dire
c'est quoi, l'objectif, qu'est-ce qu'on recherche, de travailler les deux
ensemble, et vraiment que ça soit un système?
Là, maintenant, on n'est pas contre dans
des places où il n'y a pas accès à un service de garde, personne qui n'a accès,
qui peuvent aller dans les écoles, au contraire. On n'est pas contre la vertu.
Mais le problème, on se bat, là, maintenant. Tous les deux, on va prendre une
1 h 30 min ou à peu près par jour et on est capables, faire ce
1 h 30 min.
M. Poulin : Oui. Mais je suis
très content de vous entendre dire, à l'Association des garderies privées,
aujourd'hui, qu'il y a une possible harmonisation, en même temps, que vous
n'êtes pas contre la prématernelle quatre ans, Mona Lisa vient de l'exprimer,
et, du même coup, que l'harmonisation, elle est importante et qu'elle est
essentielle. Et je pense qu'on se doit de travailler à ce niveau-là, comme on
le fait avec Agir tôt ou ailleurs. Alors, l'harmonisation devient possible.
Et je suis également très content de vous
entendre dire que c'est au-delà d'une bataille de réseau comme un autre, comme
vous avez trop souvent joué dans ce film-là, contre vous, dans le réseau des
services de garde. Des fois, on tente de nous le ramener très injustement.
Mais, d'abord et avant tout, c'est le choix des parents, qui préconise, et vous
avez dit quelque chose d'hyperimportant, entrée de jeu : Le bien-être
également des enfants.
Et je pense que le réseau scolaire
québécois, on entendait tout à l'heure le Conseil supérieur de l'éducation, a
cette volonté-là également de faire en sorte que les enfants puissent être bien
dans notre réseau scolaire, et je sais pertinemment que, ce dont le Québec
s'est doté également, d'un service de garde subventionné, a à coeur également
le bien-être des enfants du Québec. Alors, la complémentarité, elle existe, et
je pense qu'elle peut se faire.
Là où je souhaitais vous entendre... M. le
Président, combien il nous reste de temps, la partie gouvernementale?
Le Président (M. Tanguay) :
Moins de deux minutes.
M. Poulin : Moins de deux
minutes. Peut-être en terminant, parce que vous êtes à la grandeur du Québec,
il y a des milieux défavorisés, des milieux qui se retrouvent dans une
situation qui est beaucoup mieux. Vous avez parlé de détectage précoce tout à
l'heure. J'imagine, vous, peu importe le code postal où se retrouve votre
service de garde, il y a des jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage ou
certains défis, j'imagine, peu importe qu'ils soient en milieu défavorisé ou
non.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Oui,
bien oui. Absolument.
M. Alahmad (Samir) : C'est
sûr et certain. C'est...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
C'est partout. Ça ne connaît pas de région.
M. Alahmad (Samir) : La
difficulté avec des enfants, là, ce n'est pas une valeur économique. Oui, à un
moment donné, c'est... l'économie peut influencer ou peut déranger un peu, mais
il y a des enfants qui viennent des milieux les plus aisés que tu peux
imaginer, ils ont vraiment des problématiques, toutes sortes de problèmes.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Puis
une des choses qu'on voulait, c'est : On a besoin d'un investissement du
gouvernement dans... justement pour le dépistage, et puis pas juste pour le
dépistage, pour le suivi, parce qu'avec notre expérience on a vu que, quand on
intervient tôt... Ces enfants-là, ils ne sont pas perdus dans le système, c'est
qu'ils se mêlent tellement avec les autres enfants qu'une fois rendus à l'école
tu ne sais même pas que c'est un enfant qui avait eu un problème à la garderie,
là.
M. Poulin : Bien, d'où
l'importance du détectage le plus tôt possible, d'où l'importance de
l'harmonisation entre votre réseau et la prématernelle quatre ans, et de faire
en sorte que ça puisse se poursuivre en également...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...on en fait, de la prématernelle...
M. Poulin : Et vous en faites
effectivement...
Mme Borrega (Mona Lisa) :
...depuis des années. C'est pour...
M. Poulin : ...effectivement,
et vous détectez, et tout ça pourra se faire en harmonie, comme vous
l'exprimiez tout à l'heure, d'où le libre choix des parents, que ce soit en
garderie privée ou en CPE.
M. Alahmad (Samir) : Mais le
libre choix du parent, on... c'est tout à fait... on est tout à fait pour. La
seule chose, malheureusement, qu'est-ce qu'on voit jusqu'à date, on voit qu'on
essaie de vraiment de bouger les enfants dans un milieu qui fonctionne...
Le Président (M. Tanguay) :
Merci...
M. Alahmad (Samir) : ...qui
travaille bien vers un autre milieu. C'est ça qui nous dérange, là.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Alors, maintenant, nous allons poursuivre nos échanges. Vous
aurez l'occasion de poursuivre le débat dans un contexte d'échange maintenant
avec la collègue de Saint-Laurent pour 10 minutes.
• (17 h 30) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Je suis un peu perturbée par le commentaire de la partie
gouvernementale, parce qu'ils parlent beaucoup du modèle de New York, mais...
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Tanguay) : ...beaucoup,
alors maintenant nous allons poursuivre nos échanges, vous aurez l'occasion de
poursuivre le débat dans un contexte d'échange, maintenant, avec la collègue de
Saint-Laurent pour 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Je suis un peu perturbée par le commentaire de la partie gouvernementale,
parce qu'ils parlent beaucoup du modèle de New York. Mais parlons-en, puis ça
va être bon... pour votre bénéfice, parce que vous avez bien mentionné, Mme
Borrega, que vous ne connaissez pas le modèle de New York, puis beaucoup de Québécois
non plus, qui nous écoutent, ne connaissent pas le modèle de New York. Un, il
faut savoir que, contrairement au système québécois, à New York, ils n'en ont
pas, de CPE, puis ils n'en ont pas, de services de garde comme nous avons. Et
lorsqu'on parle de services de garde modulés, oui, ils existent, à New York,
mais la modulation, bien... On peut trouver même plusieurs blogues écrits par
des New-Yorkaises, des mères qui écrivent par rapport aux maternelles quatre
ans new-yorkaises. Elles écrivent la chose suivante : un, ça leur coûte environ
1 675 $ par mois, le service de garde, donc l'équivalent d'environ
2 000 $ canadiens. Donc, pour une mère qui décide d'aller travailler,
ça lui coûte environ 27 000 $ de service de garde new-yorkais. Oui,
il existe... Et hier on a eu la chance d'avoir un des représentants du district
le plus pauvre de New York, le district 7, et, oui, il y a des mesures pour les
familles à faibles revenus, que c'est gratuit. Mais nous autres aussi, au Québec,
on a cette mesure-là. C'est comme si le gouvernement de la CAQ avait oublié que
ça existait aussi au Québec. On a instauré des mesures pour que les services de
garde subventionnés et les CPE soient gratuits.
Mais ils oublient aussi de mentionner une
autre affaire, parlant des maternelles quatre ans, mais les mères et les pères
qui travaillent, eux, en parlent, ils disent la chose suivante : Bien, la maternelle
quatre ans, ça commence à 9 heures puis ça termine à 15 h 20.
Mais, pour les parents qui travaillent, la vie ne commence pas à 9 heures,
puis ça ne finit pas à 15 heures.
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Surtout à New York.
Mme Rizqy : Exact. Alors, même
chose, j'imagine que pour nos familles québécoises, le travail, ça ne commence
pas à 9 heures, puis ça ne finit pas à 15 heures. Et ils disent qu'à New
York, s'ils veulent avoir, pour la maternelle quatre ans, un service
extensionné, par exemple, déposer l'enfant à 6 heures le matin ou
7 heures, ou venir le reprendre plus tard, par exemple, et/ou revenir le
reprendre après 17 heures ou après 18 heures, bien, il faut payer, et
là ça coûte environ 560 $ US par mois, donc environ un autre
6 000 $ de frais supplémentaires.
Mais nous autres aussi, au Québec, quand
on parle de libre-choix, encore faut-il parler d'affaires sérieuses, alors il y
a des comparables. Donc, par exemple, vous, j'imagine que vous ne commencez pas
votre service à 8 h 30 ni à 9 heures, vous le commencez tôt.
Une voix
: ...
Mme Rizqy : Est-ce que vous
terminez avant ou après 3 heures?
Mme Borrega (Mona Lisa) : Pas mal
après.
Mme Rizqy : Pas mal après.
M. Alahmad (Samir) : C'est
régi, on commence à 7 heures puis on doit fermer minimalement à
18 heures.
Mme Rizqy : Alors donc, ça,
c'est pour les parents qui ont des enfants et qui travaillent, ils n'auront pas
besoin.... ils n'ont pas de frais surprise, hein, s'ils déposent leurs enfants
à 7 heures et non pas à 8 h 30?
M. Alahmad (Samir) : Dans le
frais de base de la contribution réduite, on doit fournir jusqu'à
10 heures de garde continue par jour, mais on est ouverts 11 heures,
mais on doit fournir minimalement... si le parent le désire, c'est
10 heures.
Mme Rizqy : Beaucoup plus
extensionné que les maternelles quatre ans.
M. Alahmad (Samir) : Ça ne se
compare pas, oui.
Mme Rizqy : Ça ne se compare
pas. Et dites-moi, vous, là, vous offrez des repas?
Mme Borrega (Mona Lisa) : Oui.
Mme Rizqy : Alors vous...
Mme Borrega (Mona Lisa) : On
offre des collations aussi en plus des repas, on en donne deux, oui.
Mme Rizqy : Ah oui, deux. Deux
collations. Et dites-moi, maternelle quatre ans libre-choix, est-ce que les
parents sont au courant qu'il n'y a pas de repas puis que ça va être facturé?
Mme Borrega (Mona Lisa) : On
est à la veille de leur donner notre tableau.
Mme Rizqy : Dites-moi, comment
vous avez réagi lorsque, devant le mur de la pénurie d'enseignants, on a
entendu dire que le gouvernement pensait aller chercher les éducatrices, les
former? Est-ce que vous, ça vous enchante de savoir que les gens que vous avez
formés qui travaillent chez vous vont peut-être quitter pour aller à la maternelle
quatre ans?
Mme Borrega (Mona Lisa) :
Bien, moi, je suis surprise de voir qu'un ministère vient faire du maraudage
dans l'autre ministère. Ça, je trouve... c'est vraiment spécial, c'est la
première fois que j'entends parler de quelque chose comme ça, là.
Mme Rizqy : En parlant du ministre
de la Famille, malheureusement, qui ne... Parce que c'est sûr qu'on s'attendait
tous qu'il y ait une collaboration, puis même de le voir ici. Dites-moi, est-ce
que, depuis qu'ils ont annoncé les maternelles quatre ans, il y a eu une
demande du ministre de la Famille pour visiter vos installations?
Mme Borrega (Mona Lisa) : Pour
visiter nos installations.
Mme Rizqy : Oui, pour vous
rencontrer, pour parler des maternelles quatre ans avec vous. Est-ce qu'ils ont
fait des demandes pour venir vous visiter, pour voir... Parce que vous
comprenez que le premier ministre, lorsqu'il a fait l'annonce des maternelles
quatre ans, il dit : Le choix pour les parents va être évident, ils ont le
choix d'avoir une école, des enseignants de qualité ou des techniciennes de
garde. Est-ce qu'à ce moment-là le ministre a offert de venir vous rencontrer?
M. Alahmad (Samir) : On a
rencontré le ministre de la Famille à quelques reprises, effectivement. Il nous
a expliqué, dès le début. C'est sûr, dès l'annonce des maternelles quatre ans,
le réseau en entier a montré son inquiétude. Le ministre de la Famille nous a
assurés, dans le temps, que... Écoutez, là, on va le faire en complémentarité
avec les services existants. Que ça soit un CPE, que ça soit des garderies
privées subventionnées, on ne vient pas, un, marcher par-dessus de l'autre, on
va le faire parce qu'il y a des enfants, effectivement, ils n'ont pas accès à
aucun réseau, ni un ni l'autre, puis on va aller chercher ces enfants...
M. Alahmad (Samir) :
...autant qu'écoutez, là, on va le faire en complémentarité avec les services
existants. Que ça soit un CPE, que ça soit des garderies privées
subventionnées, on ne vient pas, un, marcher par-dessus de l'autre, on va le
faire parce qu'il y a des enfants effectivement ils n'ont pas accès à aucun
réseau ni à un, ni l'autre, puis on va aller chercher ces enfants-là. Ça fait
qu'il nous a assuré à plusieurs, plusieurs reprises que charte canadienne qui
va arriver. La seule chose, c'est que — j'ouvre une petite
parenthèse — les estimés qu'on a estimés pendant la campagne
électorale, les enfants de quatre ans qui ne fréquentent pas aucun réseau
étaient surestimés. On a lancé un chiffre vraiment qui n'est pas réel. Ça fait
que, là, on a eu des discussions. Je pense qu'après un certain mois dans le
gouvernement, on a entendu le chiffre qui est un peu plus réel, combien
d'enfants de quatre ans qui n'ont pas accès. Ça fait que, nous, comme on a dit
tout à l'heure, on n'est pas contre que dans un secteur, dans une région... regarde,
on n'est pas des masochistes, s'il n'y a pas un service de garde, puis l'école
peut fournir ou peut ouvrir, ou doit ouvrir, fournir ce service. Mais le ministre
de la Famille que vraiment c'est ça qui va arriver. Mais malheureusement...
Mme Rizqy : Le ministre
de la Famille vous a rencontrés, parce que souvent le ministre de l'Éducation
nous parle d'un duo de feu. Est-ce qu'ils vous ont rencontré ensemble?
M. Alahmad (Samir) :
Non, non.
Mme Rizqy : O.K.
M. Alahmad (Samir) : On
a rencontré le ministre de la Famille tout seul. La seule, qu'est-ce qu'il se
passe aujourd'hui, on suit les nouvelles comme tout le monde, on suit les
lettres qui ont été envoyées aux parents, puis on a trouvé, dans ces lettres,
et donc puisque ça sortait dans la politique, que vraiment on fait du
maraudage, et ça, je trouve que c'est malheureux parce qu'on va habiller un
pour... déshabiller un pour habiller l'autre. Puis si vraiment le système
fonctionne bien, pourquoi ce genre de maraudage?
Mme Rizqy : On ne peut
pas être plus d'accord avec vous.
En janvier, on pouvait lire que le
ministre de la Famille disait qu'il n'y allait pas avoir de maternelles quatre
ans près des CPE ou des services de garde. Maintenant qu'on n'a toujours pas
plan de déploiement, est-ce que vous avez des assurances, des garanties qu'il
n'y aura pas justement ces maternelles quatre ans près de vos installations?
M. Alahmad (Samir) :
Quand on a rencontré le ministre, il était ferme là-dessus qu'il n'y aura pas
de genre d'un en face de l'autre, et pour le bien-être de tout le monde. Mais
malheureusement, comme j'ai dit, depuis ce temps-là à aujourd'hui, il n'y a
aucune garantie, aucune assurance qui nous assure que, ça, ça ne va pas
produire. Au contraire, les indices qu'on reçoit dans le réseau et les lettres
qu'on envoie dans le réseau, on trouve que vraiment on va cibler tous les
parents. On ne cible pas uniquement les parents qui n'ont pas aucun service. On
est en train de vraiment cibler tout le monde.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci. Pour le 2 min 30 s restant, je cède la parole à la collègue
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui.
Merci. Je vais juste continuer en même... la même ligne que ma collègue quand
on parle de l'impact sur le réseau des services de garde, surtout votre réseau.
Je présume que vous avez lu l'impact qui a été produit par le ministère de
l'Éducation, car on sait que le ministre... le ministère de la Famille n'en ont
produit aucun impact.
J'aimerais vous entendre un peu par
rapport à la manque à gagner de 88,3 millions de dollars qui indiqué ici,
l'impact. Vous avez parlé de la complémentarité puis de l'harmonie.
Trouvez-vous que cet impact ou ce manque dans votre réseau, ça, c'est
l'harmonie?
M. Alahmad (Samir) :
Mais c'est sûr que c'est difficile vraiment aujourd'hui de chiffrer ce manque à
gagner, et de un et de deux, c'est difficile de voir la préférence de parents
et c'est quoi vraiment leur choix. Nous autres, on revient à une chose, et on
n'a pas de problème dans les services de garde, les enfants sont corrects.
Comme je disais tout à l'heure, le un, une heure et demie par jour, on est
capable de travailler ensemble pour que ça soit égal dans le réseau. Pourquoi
l'État? Que ça soit un manque à gagner chez nous, que ça soit de plus d'argent
que l'État va dépenser dans un réseau pour rien. Pourquoi ce genre de choses?
Mme Maccarone : Je ne
parle pas de... je parle vraiment de l'impact. Ce serait un manque de revenus
pour le réseau. On parle la complémentarité. Mais on sait, avec l'ouverture des
maternelles quatre ans, qu'il y aura vraiment des fermetures des garderies
privées subventionnées. C'est ça qui est écrit ici. Alors, quand, vous, vous
parlez de la complémentarité, est-ce que la fermeture de vos installations,
c'est ça, la complémentarité?
M. Alahmad (Samir) :
Non. C'est sûr et certain. Mais il faut faire attention, je pense, dans l'étude
d'impact, puis en fait parle plutôt dans les garderies privées non
subventionnées.
Mme Maccarone : Mais,
l'impact, ça reste quand même sur le réseau des services de garde.
M. Alahmad (Samir) : Il
y a un certain impact. Comme je dis, c'est sûr, il va y avoir un impact surtout
si on veut aller mur à mur, on va transférer le trois quarts des enfants d'un
réseau à un autre. J'espère que ce n'est pas ça qui va se produire, et ce n'est
pas l'objectif non plus.
Mme Maccarone :
Pourriez-vous parler, et je ne sais pas combien de temps qu'il nous reste, mais
un peu sur l'impact dans les régions? Parce qu'on sait l'impact sur la
métropole, c'est vastement différent de l'impact sur le réseau parce que c'est
manquant dans l'impact qui est produit par le ministère de l'Éducation,
l'impact sur votre réseau dans les régions.
Le Président (M. Tanguay) :
Quelques secondes.
M. Alahmad (Samir) :
Mais c'est sûr, dans les régions, c'est plus problématique parce que, dans les
régions, il n'y a pas la possibilité que beaucoup des écoles, beaucoup des
services de garde. Si jamais il y a un service de garde, on va en faire une
classe de maternelle. Là, il faut voir vraiment : Est-ce qu'il y a assez
d'enfants pour que les deux réseaux fonctionnent bien?
Le Président (M. Tanguay) :
Merci.
• (17 h 40) •
M. Alahmad (Samir) :
Sinon, ça devient plus...
Le Président (M. Tanguay) :
...quelques secondes.
M. Alahmad (Samir) : C'est
sûr, dans les régions, c'est plus problématique parce que dans les régions, il
n'y a pas la possibilité que beaucoup des écoles, beaucoup des services de
garde. Si jamais il y a un service de garde, on va en faire une classe de maternelle.
Là, il faut voir vraiment : Est-ce qu'il y a assez d'enfants pour que les
deux réseaux fonctionnent bien?
Le Président (M. Tanguay) :
Merci.
M. Alahmad (Samir) : Sinon,
ça devient plus désastreux dans la région.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Pour 2 min 30 s, je cède maintenant la parole à notre
collègue de Sherbrooke.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Bon. Dans votre réseau, les éducatrices font déjà du dépistage,
hein, ça a été mentionné. Vous dites que l'aide n'est pas rendez-vous et que,
même depuis l'annonce du gouvernement il y a quelques mois, il n'y a toujours
pas de différence. Pourtant, si on veut l'égalité des chances et respecter le
choix des parents, il va falloir que les services nécessaires soient déployés
dans tous les milieux. On ne voudrait pas, par exemple, qu'un parent prenne sa
décision en pensant qu'il va avoir accès à un orthophoniste seulement à la maternelle
quatre ans, mais qui ne réussira pas y avoir accès dans d'autres types de services
de garde éducatifs.
Qu'est-ce qui peut être fait pour mieux
répondre aux besoins des enfants dans votre milieu pour s'assurer qu'il y ait vraiment
une égalité dans les services déployés?
M. Alahmad (Samir) : Ça,
c'est une bonne question parce qu'un des arguments que le gouvernement... ils
ont avancé que, dans les écoles, ils ont plus de support. Nous autres, on
trouve, c'est tout à fait aberrant parce que c'est le même enfant. Puis ils ont
évalué dans leurs études qu'à peu près 50 % des enfants, ils vont aller
dans les écoles, 50 %, ils vont rester dans le service de garde éducatif.
Si, comme gouvernement, on accepte que 50 % dans les écoles, ils vont
avoir un support orthophonistes, orthopédagogues et autres, et autres, et dans
les services de garde, on n'a pas ce service, ça devient vraiment
discriminatoire pour nos enfants. C'est sûr et certain, nous, comme réseau, on
a dit : Au lieu d'aller peut-être dépenser l'argent pour un système qui
fonctionne bien, si on a un certain «loose» qu'on dépend dans les deux réseaux
pour le genre de support pour les enfants en besoin, et il y a un besoin criant
pour ces enfants-là. Vraiment, dans le réseau, chez nous, c'est encore plus, il
y a un manque criant à ce niveau-là.
Le Président (M. Tanguay) :
Vous avez terminé?
Mme Labrie : Est-ce qu'il me
reste du temps?
Le Président (M. Tanguay) :
Une minute.
Mme Labrie : Ah bon! Mon Dieu!
C'est rare qu'il me reste du temps, je n'y crois pas. Donc, c'est un constat
que vous faites déjà dans l'état actuel des choses. En ce moment, il y a des
services qui existent en milieu scolaire et qui n'existent pas dans vos
réseaux, là...
M. Alahmad (Samir) : C'est
sûr et certain.
Mme Labrie : ...des professionnels
qui ne sont pas disponibles.
M. Alahmad (Samir) : Même si
dans les écoles, il y a un manque, mais ils ont plus de ressources que nous,
c'est sûr et certain. Puis, nous autres, depuis des années, on demande plus de ressources...
Mme Labrie : On n'offre pas en
ce moment les mêmes services aux enfants d'un à quatre ans qu'aux enfants un
peu plus vieux.
M. Alahmad (Samir) : On
réussit toujours à trouver du service à droite puis à gauche que ce soit... des
fois, les parents, ils vont aller au privé, des fois, à droite, des fois, à
gauche, mais il y a un manque, et ce manque-là, c'est contrôlé par l'État.
C'est l'État puis les enfants, c'est dans les deux réseaux, c'est des enfants
qui ont le droit à ce service-là, pourquoi... parce que dans une école, ils ont
droit à un service, chez nous, ils n'ont pas droit à ce service-là.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci.
M. Alahmad (Samir) : Je
trouve qu'il y a une iniquité à ce niveau-là.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. La bonne nouvelle se termine là. Alors, maintenant, pour
2 min 30 s, la collègue de Joliette.
Mme
Hivon
:
Merci. Je veux continuer exactement dans le même sens. Hier, des représentants
donc de services de garde éducatifs nous ont dit : Vous savez, nous, on en
fait du dépistage parce qu'on voit les enfants, des fois, à deux ans, on voit déjà
un problème de langage, tout ça, donc on en fait, mais on n'arrive pas à avoir
des services. Et je veux vous entendre un peu là-dessus parce que, moi, j'ai
une grande préoccupation en ce moment, je demande, depuis des mois, le plan
global de déploiement et de complémentarité avec la famille et avec les services
sociaux parce que vous y avez fait référence. Le ministre des Services sociaux
a dit qu'il déploierait, là, des services puis des passerelles. Mais alors
qu'on parle de 2 milliards pour les maternelles quatre ans, on est autour
de 40 millions pour la prochaine année seulement pour ces services-là,
alors que les besoins sont énormes.
Donc, moi, j'aimerais savoir : Est-ce
que vous partagez ce constat-là qu'il y a un grand manque, une fois qu'un
problème est identifié pour un enfant et tôt, à deux ans, à trois ans, puis on
parle d'agir tôt, je pense que c'est important qu'on voie un problème à deux
ans ou à trois ans de pouvoir agir, est-ce que vous en détectez? Est-ce que
vous en décelez de ces problèmes-là puis qu'est-ce qui arrive?
Mme Borrega (Mona Lisa) : On
en voit beaucoup. Ce qui arrive en service de garde, des fois, c'est les mêmes problèmes
qui se répètent. On est capable d'aller chercher de l'aide. On forme les
éducatrices sur un problème spécifique puis, des fois, ils peuvent transférer
cette aide-là qu'elles ont apprise avec un enfant, avec un autre enfant. Mais
c'est important d'agir très tôt parce que, si on n'adresse pas le problème, ça
va s'amplifier puis ça peut amener d'autres problèmes. Mais il y a un manque, il
y a un manque de ressources puis j'ai remarqué aussi, on nous consulte souvent
à l'AGPQ. Des fois, les parents vont aller chercher de l'aide au privé, hein,
puis même au privé, il commence à voir des manques de ressources.
Mme
Hivon
:
Donc, c'est un réel enjeu comme pour l'orthophonie ou des services comme ça.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Oui,
absolument.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis dites-moi, pour ce qui est de la formation, parce qu'on entend beaucoup
des comparaisons, deux des arguments qui sont faits beaucoup pour la maternelle
quatre ans, c'est qu'il va avoir des services et que les gens vont être...
Mme
Hivon
:
...des manques de ressources, donc c'est un réel enjeu, comme pour
l'orthophonie ou des services comme ça.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Oui.
Absolument.
Mme
Hivon
: O.K.
Puis, dites-moi, pour ce qui est de la formation... parce qu'on entend beaucoup
des comparaisons. Deux des arguments qui sont faits beaucoup pour la maternelle
quatre ans, c'est qu'il va avoir des services et que les gens vont être formés,
donc vont avoir une formation universitaire. D'autres nous disent : Oui,
mais ils ont juste quelques cours dans leur cursus universitaire. Pour vous,
là, l'enjeu de la formation, quand vous entendez ça, qu'est-ce que vous avez
envie de dire, là-dessus, de vos éducatrices versus les enseignantes dans les
écoles?
Le Président (M. Tanguay) :
...10 secondes.
Mme Borrega (Mona Lisa) : Je
ne peux pas aller parler de l'enseignement à l'école, parce que je ne suis pas
allée, O.K., témoigner. Je peux vous dire, dans les services de garde, nos
éducatrices sont formées en petite enfance, c'est trois années de DEC et, en
plus de toute l'expérience qu'elles ont, c'est solide, la formation qu'elles
ont. On vient de revoir Accueillir la petite enfance, ça fait trois ans que le
ministère travaille là-dessus, la nouvelle version a été publiée le 9 mai.
Le déploiement de cette formation à tout le réseau se fait, a commencé déjà.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup.
Mme Borrega (Mona Lisa) :
C'est ça.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Alors, nous vous remercions, représentants, représentantes de
l'Association des garderies privées du Québec pour votre participation à nos
travaux. Et maintenant la commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 46)
19 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 19 h 33)
Le Président (M. Tanguay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de
l'éducation reprend ses travaux. Je vous demande de bien vouloir éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques.
Nous
poursuivons les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 5, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services
de l'éducation préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans.
Ce
soir, nous entendons donc les représentantes, représentants de l'Association
québécoise du personnel de direction des écoles. Bienvenue à votre Assemblée
nationale. Vous disposez d'une période de 10 minutes de présentation,
durant laquelle je vous prierais de bien vouloir vous identifier, et, par la suite,
vous aurez l'occasion d'échanger avec les collègues. Alors, sans plus tarder,
la parole est à vous.
M. Ouellet
(Carl) : Merci. M. le Président, M. ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, Mmes les députées, MM. les députés... oui... oui,
c'est ça. Bon.
Bonjour,
je suis Carl Ouellet et je préside l'Association québécoise du personnel de
direction des écoles, l'AQPDE. Je suis accompagné de Mme Line Lachance,
vice-présidente de l'association et directrice d'école à la commission scolaire
des Navigateurs, et de Mme Maryse Noël, directrice d'école à la commission
scolaire des Patriotes.
Notre
association a pour but de faire reconnaître et de défendre les intérêts
professionnels, sociaux, politiques et économiques des directions d'école ainsi
que de contribuer à leur développement profession.
Près
de 30 ans après le rapport Un Québec fou de ses enfants et après
l'implantation d'un réseau des services de garde reconnu et de qualité, force
est de constater qu'encore 25 % des enfants de quatre ans ne
fréquentent aucun service éducatif. Cela représente plus de
22 000 enfants. Le gouvernement a déposé le projet de loi n° 5
sur la maternelle quatre ans afin de se donner un nouvel outil pour agir tôt,
pour dépister plus rapidement les troubles d'apprentissage et pour aider nos
élèves à réussir, selon les propos du premier ministre.
D'entrée de
jeu, nous souhaitons indiquer que nous sommes en faveur de l'objectif du
gouvernement d'offrir la maternelle quatre ans sur tout le territoire du Québec
en respectant le choix du parent. Nous sommes persuadés que le dépistage des
enfants nous aidera dans la mise en place d'actions pour prévenir d'éventuelles
difficultés. Il est important d'offrir une intervention éducative à ces jeunes
pour mieux les préparer à la maternelle cinq ans et au reste de leur
cheminement scolaire. Dans ce processus, nous croyons que le déploiement des
maternelles quatre ans doit se faire en complémentarité avec le réseau actuel
des services de garde et que le choix des parents d'opter pour un réseau ou
pour un autre doit également être respecté...
M. Ouellet (Carl) : ...des
jeunes pour mieux les préparer à la maternelle cinq ans et au reste de leur
cheminement scolaire. Dans ce processus, nous croyons que le déploiement des
maternelles quatre ans doit se faire en complémentarité avec le réseau actuel
des services de garde et que le choix des parents adopté pour un réseau ou pour
un autre doit également être respecté.
Nous voulons rappeler aux membres de la commission
que les maternelles quatre ans non obligatoires existent depuis plusieurs
années dans certaines écoles et que les élèves et leurs parents sont
satisfaits. Les directions de ces écoles offrent à leur clientèle un excellent
service, et ce, avec l'apport de son personnel qualifié.
Par ailleurs, nous souhaitons attirer
l'attention du ministre sur plusieurs facteurs qui pourraient contrecarrer son
plan de déploiement. Les coûts réels, la pénurie de main-d'oeuvre et la
capacité actuelle d'accueil des élèves.
Bref, les défis d'implantation sont
grands, mais il faut être ferme sur l'objectif tout en étant souple sur les
modalités de déploiement. Également, comme gage de réussite, la flexibilité, la
collaboration et l'ouverture de l'offre publique de services devraient prendre
le dessus pour viser la réussite de tous les élèves du Québec.
Pour nous, il est clair que l'implantation
des maternelles quatre ans est un plus à l'offre de services déjà existante parce
que les écoles couvrent la totalité du territoire québécois pour accroître le
dépistage et l'intervention précoces parce que nous allons donner l'assurance à
tous les parents dont ils peuvent obtenir à proximité de leur résidence un
service éducatif pour leurs enfants dès l'âge de quatre ans.
Le rôle de l'État est de mettre en place
les outils facilitant cette coopération. En ce sens, le ministre devrait
intégrer à la Loi sur l'instruction publique une table de concertation de la
petite enfance composée de représentants de parents, de directions d'écoles
primaires, de représentants des réseaux de service de garde et de la santé. J'y
reviendrai un peu plus loin.
Le ministre devra aussi demander la
poursuite des travaux sur l'arrimage du programme d'études de maternelle quatre
ans avec le programme de la maternelle cinq ans. L'option d'avoir un cycle
préscolaire est une excellente nouvelle, car elle permettra le travail d'équipe
et la souplesse d'organisation que nous n'avons pas lorsque l'on travaille en
vase clos ou seul. De plus, ce cycle permettra de travailler sur le développement
de l'enfant sur deux ans. Un des incontournables est également d'améliorer la
formation initiale et continue des enseignants au préscolaire.
Nous sommes également convaincus que les
parents sont les personnes les mieux placées pour diriger leurs enfants vers le
service le plus approprié. La société offre aux parents une panoplie de
services. Bien sûr, il leur appartient de s'informer sur la particularité de
ces services et de leur qualité. Mais il nous revient également à nous,
responsables d'organisations publiques, de leur faire connaître ces services et
de la manière la plus efficace pour y accéder.
Dans le même ordre d'idées, il faut
réalistement voir les obstacles importants qui pourraient nuire à
l'implantation de ce projet. D'abord, il faut penser aux coûts réels pour
l'ouverture des classes. Outre l'aménagement de matériel, il faut prévoir des
agrandissements tels que de locaux pour exercer de la psychomotricité ou les
salles communes dans les écoles qui sont déjà au maximum de leur capacité.
Actuellement, de nombreuses écoles ont de
la difficulté à loger tous les élèves dans des locaux adéquats. Dans plusieurs
cas, au lieu d'agrandir, nous devrons changer la vocation des locaux, par
exemple, fermer la bibliothèque et y mettre des classes, réaffecter des locaux
réservés aux professionnels, réduire l'espace disponible pour les services de
garde notamment sur l'heure du dîner.
Là où aucune de ces options n'est
possible, des projets d'agrandissement doivent émerger et l'ajout de classes
modulaires devra être installé. Ce dernier phénomène est d'ailleurs en
expansion depuis les dernières années. Il est clair que l'arrivée de nouvelles
classes d'éducation préscolaire quatre ans mettra de la pression supplémentaire
sur des infrastructures déjà utilisées à leurs limites.
Dans ce contexte, nous demandons au gouvernement
de garantir l'investissement de sommes nécessaires dans les infrastructures
scolaires, installations et équipement, pour assurer la disponibilité de locaux
de qualité adaptés à des enfants de quatre ans. Ces investissements ne doivent
pas être pris dans les sommes déjà dévolues aux autres niveaux scolaires. En
clair, il ne faut pas déshabiller Paul pour habiller Jacques.
Notre seconde préoccupation concerne la
pénurie actuelle de personnel, autant chez le personnel enseignant, le
personnel de soutien que chez les professionnels, la rareté de main-d'oeuvre
est bien présente dans nos écoles, et ce, partout au Québec.
Le ministre a annoncé certaines solutions
pour contrer la pénurie d'enseignants. Mais, à court terme, la pénurie des
autres personnels est tout aussi importante et préoccupante.
Ces défis sont importants. Nous devons
être créatifs.
• (19 h 40) •
Notre troisième préoccupation concerne la
complémentarité des services offerts aux jeunes. Nous proposons que le ministre
intègre à la Loi sur l'instruction publique la mise en place sur le territoire
de chaque commission scolaire une table de concertation de la petite enfance
composée de...
M. Ouellet (Carl) : ...et préoccupante.
Ces défis sont importants, nous devons être créatifs.
Notre troisième préoccupation concerne la
complémentarité des services offerts aux jeunes. Nous proposons que le ministre
intègre à la Loi sur l'instruction publique la mise en place sur le territoire
de chaque commission scolaire d'une table de concertation de la petite enfance
composée de représentants de parents, de directions d'école primaire, de
représentants des réseaux des services de garde et du réseau de la santé. Cette
table aurait pour mission de veiller à ce que tous les enfants de quatre ans puissent
accéder à des services éducatifs de qualité, à harmoniser les programmes de la
petite enfance avec le préscolaire pour permettre un curriculum développemental
optimal ainsi que voir au déploiement et à l'harmonisation des services sur le
territoire.
En conclusion, l'AQPDE adhère à l'objectif
d'un dépistage précoce des troubles d'apprentissage pour que des interventions
pédagogiques rapides soient appliquées chez les enfants de quatre ans plus
vulnérables. En ce sens, le projet d'implanter des maternelles quatre ans sur
tout le territoire est un outil complémentaire au réseau des services de garde
existant qui vise à diminuer les écarts d'apprentissages entre les enfants.
Nous sommes donc en faveur de la maternelle quatre ans temps plein non obligatoire,
et, pour nous, c'est aux parents à qui revient le choix de diriger son enfant
vers le service approprié.
Enfin, pour s'assurer de la réussite de ce
projet, travaillons en même temps sur les défis que représentent la
main-d'oeuvre et les espaces physiques à aménager. Donnons-nous du temps pour
bien faire les choses, nous sommes convaincus que nous saurons en tirer profit
à long terme. Merci.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Nous allons maintenant, pour une période de 16 minutes, débuter
les échanges, et je cède la parole en ce sens au ministre. Merci.
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Merci pour votre présentation très intéressante. Vous avez
clairement affirmé votre parti-pris en faveur du déploiement de l'offre de services,
mais vous avez quand même souligné des enjeux intéressants, puis je trouve ça
pertinent. Parce que c'est important de réussir le déploiement, hein, on ne
déploie pas pour déployer, on le fait parce qu'on sait que ça va répondre aux
besoins des enfants, on sait que ça va répondre aux besoins des familles, on
doit bien le faire, au nom des enfants, puis dans le respect aussi de ceux qui
font l'école à chaque jour. Toutes les équipes-écoles aussi, qui n'ont pas à
être bousculées ou entassées dans des locaux trop petits, ou on ne souhaite pas
non plus le faire d'une manière qui viendrait priver nos écoles primaires de
locaux de musique, de locaux d'art, de locaux de spécialistes. Ce ne serait
pas, je pense, favorable d'opposer une bonne mesure à une disponibilité de
locaux pour donner de l'enseignement de qualité aux jeunes qui sont plus
grands, puis ce n'est pas notre perspective. On demande aux commissions
scolaires de nous demander des constructions d'écoles, on demande aux
commissions scolaires de nous demander des agrandissements d'écoles, on ne leur
demande pas de fermer des classes de spécialistes ou d'enlever des classes
d'anglais pour faire des maternelles quatre ans.
Une des autres choses que vous ciblez,
c'est... vous le dites textuellement, page 5, puis c'est très pertinent aussi,
là, vous dites, bon, vous allez construire des écoles, vous allez agrandir des
écoles et vous dites : «Ces investissements ne doivent pas être pris dans
les sommes déjà dévolues aux autres niveaux scolaires.» Et c'est une inquiétude
que vous soulevez, c'est une inquiétude que surtout les partis d'opposition ont
soulevée. Il ne faudrait pas que ça arrive. Je suis d'accord et je vous dis, ça
n'arrivera pas, parce que, bien, on ne vient pas de décider quelque part au mois
de mai qu'on voulait déployer les maternelles quatre ans puis on n'avait pas
prévu ça dans le budget, hein, c'est... C'était dans notre plateforme, c'était
dans nos positions.
Puis par rapport au Plan québécois des
infrastructures du précédent gouvernement libéral, le PQI, on a rajouté
6 milliards dans le PQI par rapport à ce que le précédent gouvernement
avait mis sur la table. Donc, le PQI 2018‑2028, parce que c'est sur 10 ans,
vous êtes familier avec ça, était inférieur de 6 milliards à celui qu'on a
mis sur la table. Donc, il y a 6 milliards d'argent neuf. Et le
déploiement des maternelles quatre ans, en termes d'investissement en
infrastructures, ça représente à peu près 1 milliard. Donc, même en
mettant 1 milliard pour construire, agrandir des écoles, pour avoir de la
place, et là, je vous parle de l'implantation finale sur cinq ans, même en
mettant 1 milliard là-dedans, bien, il va rester 5 milliards de plus
que le dernier PQI du dernier gouvernement. Donc, je veux vous rassurer
là-dessus, il ne s'agit absolument pas d'empêcher des écoles secondaires d'être
construites, d'empêcher des constructions de gymnases, parce qu'il y a beaucoup
d'écoles primaires qui n'ont pas de gymnase. On ne dira pas, bien là, il faut
faire des maternelles quatre ans, ça fait que, tant pis pour vous, vous n'aurez
pas de gymnase, hein? On ne s'en va pas dans cette perspective-là.
Donc, je voulais répondre à certaines de
vos questions. C'est sûr que je préfère vous entendre que de faire des
discours, mais, en même temps, c'est un échange. Comme vous soulevez des
questions, je trouve ça pertinent d'y répondre.
Maintenant, j'en ai une...
M. Roberge : ...on ne dira
pas : Bien là, il faut faire des maternelles quatre ans, ça fait que tant
pis pour vous, vous n'aurez pas de gymnase, hein? On ne s'en va pas dans cette
perspective-là.
Donc, je voulais répondre à certaines de
vos questions. C'est sûr que je préfère vous entendre que de faire des
discours, mais, en même temps, c'est un échange. Comme vous soulevez des
questions, je trouve ça pertinent d'y répondre.
Maintenant, j'en ai une question pour vous
parce que vous... En prenant position pour le déploiement, vous nous dites en
quelque part qu'il ne faudrait pas se limiter à faire la maternelle quatre ans
temps plein seulement en milieu défavorisé. Et, si on n'adoptait pas le projet
de loi n° 5, sur lequel on commence à travailler
ensemble, on ne pourrait pas le déployer partout. Alors, pourquoi, pourquoi ne
devrait-on pas se limiter à déployer la maternelle quatre ans seulement en
milieu défavorisé? Pourquoi il faut l'offrir partout, même là où c'est la
classe moyenne, même là où il y a des classes aisées ou des gens qui ont des
revenus très élevés?
Mme Noël (Maryse) : Bien, tout
simplement parce que dans tous les milieux, défavorisés ou favorisés, il y a
des enfants qui n'ont pas accès à des services de qualité en CPE, ou en
installation, ou en milieu familial. Donc, pour ça, je pense que ce serait
pertinent que tous les enfants de quatre ans puissent avoir accès à une offre
de services élargie.
M. Roberge : Et une autre
inquiétude que vous soulevez... Bien, c'est bien, on est en faveur. Bon, on
veut que ça réponde aux besoins des parents, des enfants. Cependant, il
faudrait faire attention. Il faudrait qu'il y ait des locaux disponibles. Bon,
j'ai parlé des coûts. Mais est-ce que vous, comme direction d'école, vos
membres ont été sollicités lors du coup de sonde ou du questionnaire qui a été
envoyé, décembre, janvier, là, pour... peut-être avant, en réalité, novembre.
Le temps qu'on compile, ça a été en 2019, mais le questionnaire 2018, est-ce
que vous et vos membres avez participé à la rédaction de ça pour savoir s'il y
avait des classes de disponibles? Est-ce que vous avez eu connaissance de ça?
Mme Lachance (Line) : ...en
fait, je pense... Si je peux me permettre, c'est plus les commissions scolaires
qui ont dû répondre à ce questionnaire-là, parce que ce n'est pas descendu dans
chacune de nos écoles. Mais, oui, c'est un enjeu quand même majeur parce que
juste... si je prends juste mon école, la mienne, je n'ai pas de place à...
présentement pour accueillir. Je n'ai pas de local disponible.
M. Roberge : O.K. Bien, c'est
ça que je me demandais. Donc, en réalité, ce sont les... ceux qui s'occupent
des infrastructures dans les commissions scolaires. Ce n'est pas directement
les directions d'école.
Mme Lachance (Line) : Oui,
tout à fait, oui.
M. Roberge : D'accord. Parce
que la question des locaux est au coeur évidemment... On ne peut pas... Comme
j'ai déjà dit qu'on ne voulait pas priver les élèves et les équipes-écoles de
milieux... de classes de spécialistes pour entasser des gens, c'est important
de savoir s'il y a des locaux disponibles ou pas et de les utiliser.
Force est d'admettre qu'il y en avait
parce que les 250 qu'on va ouvrir en septembre en plus des 394 ouvertes par les
précédents gouvernements vont être dans des classes qui étaient libres. Les
commissions scolaires nous disent que même avec les 394 ouvertes, même avec les
250 de septembre, il en reste 709 encore qui sont libres à la grandeur du
Québec dans le réseau primaire. Et on ne parle pas de petits placards, là, on
parle... 709 classes disponibles.
C'est pour ça que tout à l'heure je suis
arrivé avec le chiffre où ça pourrait prendre à peu près 1 milliard. Parce
qu'on se base sur les chiffres de nos partenaires, les commissions scolaires,
qui nous disent que, si on l'offrait à 100 %, si 100 % des enfants,
plutôt, s'inscrivaient, on aurait besoin de 5 200 classes. On sait bien
que ce n'est pas 100 % des parents qui vont envoyer leur enfant en
maternelle quatre ans. Vous l'avez bien dit. Vous avez parlé de
complémentarité. Vous avez parlé de l'offre de services éducatifs, des CPE et
d'autres réseaux. Ça fait qu'on estime à peu près à 50 % les parents qui
feraient, à terme, sur cinq ans, le choix de la maternelle quatre ans. On
comprend que c'est une estimation. C'est comme si on mettait un nouveau produit
sur le marché. On a fait pas mal de recherche et développement. On est au
courant. On a vérifié parmi ceux qui l'ont fait puis on estime à peu près à
50 %. Donc, la moitié de 5 200 classes, c'est 2 600.
Et donc, des 2 600 classes qu'on aura
besoin d'ici cinq ans, il y en a 394 qui sont déjà ouvertes, pas besoin de les
construire, 250 qu'on additionne en septembre prochain, qui sont disponibles,
pas besoin de les construire. 709 que les commissions scolaires nous ont déjà
ciblées comme étant disponibles sont vides. Au moment où on se parle, là, il y
a des classes vides. Donc, il en reste à peu près 1 247 à construire, à
ajouter. Puis je vous dis : On ne souhaite pas que ça soit 1 247
modulaires. On veut investir dans du solide, dans du beau, dans du grand. On
veut les construire, ces 1 247 classes. À 800 000 $ de la classe
à peu près, on arrive à 1 milliard.
• (19 h 50) •
Donc, je refaisais la mathématique parce
qu'il y a des gens qui se demandent d'où vient ce chiffre-là puis il y a des
gens galvaudent toutes sortes chiffres, là. Ils disent : 2 milliards,
3 milliards, 5 milliards. Il faut arrêter de faire peur aux gens, là.
On est plus autour de 1 milliard en PQI. Puis les coûts de système, hein,
comme on a à chaque année...
M. Roberge : ...je refaisais la
mathématique, parce qu'il y a des gens qui se demandent d'où vient ce
chiffre-là, puis il y a des gens qui galvaudent toutes sortes de chiffres, là.
Ils disent 2 milliards, 3 milliards, 5 milliards. On va arrêter
de faire peur aux gens, là, on est plus autour de 1 milliard en PQI.
Puis les coûts de système, hein, comme on
a à chaque année... on paie nos profs, on paie tout ce qu'il faut pour ouvrir
nos classes de première année, de deuxième année, de troisième année... bien,
on pense qu'à terme, les coûts de système, ce sera de 436 millions de
dollars par année.
Donc, à l'an cinq, au moment où ça coûtera
le plus cher, là, donc 1 milliard PQI, 436 en coûts de système récurrents.
Et à ce moment-là on pense qu'on aura atteint l'universalité. Donc, ce n'est
pas 2 milliards, 3 milliards, 5 milliards. Puis est-ce qu'on a
l'argent? Certainement qu'on a l'argent, hein? On a dit qu'on a ajouté plus de
6 milliards dans le PQI. Puis on a les ressources pour le faire.
Cependant, ma question, maintenant qu'on a clarifié quelques chiffres, la question...
Des voix
: ...
M. Roberge : Bien oui, mais on
est là pour se parler. Ma question, ça serait de savoir, d'après vous... Vous
avez des membres qui vivent déjà des classes, qui utilisent et qui ont des
classes de maternelle quatre ans. Quel est le feed-back, quelle est la
rétroaction de vos membres, qui rencontrent les parents, qui rencontrent les
gens des services de garde, qui rencontrent les enseignants? Est-ce que ça se
passe bien? Pas en 2014, 2015, 2016. Les premières années, ce n'est jamais les
meilleures. Mais supposons cette année, est-ce que ça se passe bien,
l'implantation? Comment ça se vit par ceux qui la vivent au quotidien?
Mme Noël (Maryse) : Bien, moi,
j'accueille depuis la rentrée 2018 une maternelle quatre ans. Ce sont 17
enfants qui... donc pour la moitié, étaient à la maison, qui n'avaient pas
accès à un service de garde en milieu... en CPE. Ça se passe bien. C'est
certain que les premières semaines, on s'est adaptés à eux et ils se sont
adaptés à nous. Mais je garde ma quatre ans pour l'année prochaine et j'en suis
très heureuse.
M. Roberge : Et vous avez
précisé que la moitié était à la maison. C'est assez formidable. Ça veut dire
qu'avec cette offre-là, pour 17... Bon, la moitié de 17, on va dire que c'est
9,5... on va dire soit neuf soit 10, là, on va faire attention à nos petits, on
va dire neuf... étaient à la maison. Ça veut donc dire que c'est soit des
parents qui n'avaient pas accès parce qu'ils étaient sur la fameuse liste
d'attente, il faut se le dire, là, il y a quelque chose comme 42 000
enfants sur une liste d'attente; soit qu'ils étaient sur une liste d'attente,
soit que les parents choisissaient de les garder à la maison ou ailleurs. Mais,
parce que l'offre était intéressante, ils ont choisi l'école. Est-ce que vous
avez entendu ça : Bien, moi, je n'aurais pas fait garder mon enfant, mais
vu que c'est l'école, je vais l'envoyer?
Mme Noël (Maryse) : J'ai eu ce
genre de commentaire là. Bon, moi, j'ai eu l'annonce tardivement, à la fin de
l'année scolaire précédente, là, que j'accueillerais la troisième classe quatre
ans de ma commission scolaire. Donc, j'ai répondu à plusieurs questions de
parents : Oui, mais, pourquoi je devrais faire le choix de l'envoyer à la
maternelle quatre ans plutôt que de le garder avec moi encore à la maison? Je
trouve que deux jours, deux demi-journées au Passe-Partout, ce n'est pas
suffisant pour qu'il puisse socialiser davantage.
Donc, oui, ces parents-là étaient contents
de voir qu'il y avait une autre possibilité puis que c'était accessible, avec
aussi la possibilité d'un service d'autobus pour les ramener à la maison. Donc,
oui, les parents étaient contents de voir que, dans notre milieu, on offrait
finalement... parce qu'on avait l'espace physique pour l'accueillir, une
maternelle quatre ans à temps plein.
M. Roberge : Et du côté des...
Vous avez dit que les jeunes prennent l'autobus. Il peut y avoir des parents
qui vont les reconduire peut-être matin et soir. Les jeunes prennent l'autobus.
Comment ça se passe, les petits de quatre ans, dans le transport scolaire?
Est-ce qu'ils sont dans le gros autobus, je sais qu'il y en a des plus petits
parfois, dans votre... ce que vous connaissez, ce que vous vivez?
Mme Noël (Maryse) : Le matin,
les enfants du préscolaire arrivent en même temps que nos élèves du primaire.
Ce ne sont pas la majorité de nos enfants de quatre ans qui sont transportés
par autobus, mais ça va bien, on les a installés dans les premiers bancs. Ils
débarquent les premiers à l'école, puis le soir ils reprennent l'autobus
seulement avec le préscolaire quatre et cinq ans, retournent à la maison à la
même heure.
M. Roberge : Donc, ils
arrivent, disons, avec les grands, mais sur les premiers bancs en avant, puis
il n'y a pas de problème, et ils repartent dans des autobus seulement du
préscolaire quatre ans et cinq ans ensemble.
Mme Noël (Maryse) : Oui.
M. Roberge : Parce que
l'horaire est différent.
Mme Noël (Maryse) : Tout à
fait.
M. Ouellet (Carl) : Puis pour
nous... Je peux-tu ajouter quelque chose?
M. Roberge : Oui, bien sûr.
M. Ouellet (Carl) : Pour nous,
le fait d'avoir un cycle du préscolaire, donc quatre ans et cinq ans, ça vient
aussi nous aider dans l'organisation bien sûr, mais pour les enseignants, pour
le personnel aussi, là. On fait un travail d'équipe, les jeunes s'entraident,
alors c'est un plus pour nous, là, de créer un cycle préscolaire. Il faut
continuer dans cette lignée-là.
M. Roberge : Donc le comité,
là, qu'on a créé, présidé par Mme Brodeur...
M. Ouellet (Carl) : Oui.
M. Roberge : ...l'idée d'avoir
un cadre... quelque chose de plus arrimé, je pense... Le programme quatre ans
et le programme cinq ans se parlent, en ce moment, là, il y a des liens, mais c'est
définitivement amélioré, puis vous êtes contents de savoir que ça s'en vient.
Une voix
: Oui.
M. Roberge : O.K. Vous vouliez
ajouter...
Mme Lachance (Line) : J'allais
ajouter, en fait, il le faut, que ce soit...
M. Roberge :
...Mme Brodeur, ...d'avoir encore quelque chose de plus arrimé, je pense.
Le programme 4 ans et le programme 5 ans se parlent, en ce moment,
là, il y a des liens, mais c'est définitivement amélioré. Vous êtes contents de
savoir que ça s'en vient? O.K. Vous vouliez ajouter quelque chose?
Mme Lachance (Line) : J'allais
ajouter : en fait il le faut, que ce soit arrimé et travaillé en
concertation, là, ces gens-là.
M. Roberge : Pour ce qui est
du moment du service de garde, parfois les parents... les enfants peuvent
arriver avant le début des classes. Est-ce que les jeunes, selon votre
expérience, sont avec les grands et est-ce que ça se passe bien ou... sont-ils ensemble,
4 ans et 5 ans, dans les classes? Comment ça se vit, le moment de service
de garde, matin et soir, dans votre cas?
Mme Noël (Maryse) : Nous,
c'est certain que la période du matin, on a davantage de périodes multiâges,
puis au fur et à mesure que la fin de période de service de garde approche,
bien là, on fait des regroupements davantage plus petits/plus grands. Tout de
suite après... bien, à l'heure du dîner, ils sont séparés, c'est les... le
préscolaire est d'un côté, les grands sont de l'autre, puis, en fin de journée,
c'est le préscolaire 4 ans, d'un côté, avec quelques 5 ans, bon, question
de respecter, là, les ratios prévus pour les éducatrices. Mais c'est seulement
qu'en toute fin de journée, là, je vous dirais, après cinq heures, où nos
tout-petits sont de nouveau en multiâge avec des plus grands, mais à cinq
heures... à 17 heures, le nombre d'enfants présents au service de garde
est déjà beaucoup moins important.
M. Roberge : Puis est-ce que
c'est quelque chose qui amène des conflits? Est-ce que les enfants ont peur? Est-ce
que vous, ça vous fait peur? C'est dangereux?
Mme Noël (Maryse) : Non. Il y
a tellement de belles choses qui se produisent entre les grands et les petits.
Physiquement parlant, dans mon école, actuellement, ma classe de 4 ans est
installée dans le bout du corridor où c'est principalement des classes de
troisième cycle, il se passe, là, du partenariat, du parrainage des petits, des
grands, puis c'est gagnant pour les petits et pour les grands. Donc, le petit
coco qui a de la difficulté à atteindre sa boîte à lunch, dans son casier, le
grand de sixième qui passe à côté : Attends, je vais t'aider. Merci
beaucoup. C'est source d'apprentissage que le multiâge également.
M. Roberge : Et, dans votre
école, il y a à peu près combien d'élèves?
Mme Noël (Maryse) : Bien, moi,
j'ai la chance d'avoir une toute petite école encore, là, on vient d'ouvrir,
240 élèves que j'ai actuellement.
M. Roberge : Mais des petites
écoles, il y en a pas mal, parce que... les écoles de moins de 200, il y en a
1 067 au Québec. Sur 2 400 écoles, il y a 1 067 écoles
de moins de 200 enfants, donc on ne peut pas dire que c'est rarissime, des
petites écoles à milieu humain. Merci.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Je vais maintenant céder la parole pour une période de
10 min 40 s à la collègue de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
vais essayer d'être brève pour vous donner la chance d'être entendus. Je sais
que le ministre de l'Éducation dit que les premières années, ce ne sont jamais
les meilleures, j'en suis. Dans votre rapport, vous parlez que justement il
faut faire le dépistage précoce, puis on est tous d'accord là-dessus. À partir
de quand qu'on peut dépister? À partir de quel âge qu'on peut dépister?
Mme Lachance (Line) : En fait,
on peut dépister tôt, dépendamment de... Quand on parle de dépistage en
orthophonie, par exemple, il y a des enfants qui sont déjà dépistés très tôt,
dès l'âge de trois ans, ça se fait souvent au CLSC, ou que les parents se
rendent compte que leurs enfants ont des difficultés, éprouvent des
difficultés. Donc, ce dépistage-là se fait quand même tôt en orthophonie,
beaucoup... oui.
Mme Rizqy : Savez-vous si, par
exemple, en CPE puis en service de garde, ils sont capables aussi de dépister
puis de travailler justement avec le CLSC avant d'arriver à l'école?
Mme Lachance (Line) : Bien, en
fait, ça prend un orthophoniste, hein, pour dépister, ça prend... ce n'est pas
une éducatrice du service de garde ou un enseignant même qui peut dépister. Oui
il peut remarquer certaines choses, mais ça revient... la responsabilité d'une
orthophoniste à le faire, et les orthophonistes, bien, on en a dans nos écoles,
hein, oui.
Mme Rizqy : En CPE puis en
service de garde, lorsqu'une éducatrice ou, par exemple, à l'école, une
enseignante... parce qu'ils dépistent, par exemple, et qui voient qu'il y a une
anomalie, bien, ils vont habituellement parler avec le CLSC pour être en mesure
après ça d'avoir un diagnostic. La même chose qui est faite aussi à l'école, on
va avoir une enseignante qui va remarquer quelque chose, qui va vous assurer
qu'un professionnel puisse vous donner un diagnostic?
Mme Lachance (Line) : Oui,
tout à fait, mais souvent, au CPE, en fait le délai d'attente est peut-être plus
grand, parce qu'ils passent par le CLSC alors qu'à l'école, bien... on a des
orthophonistes qui sont attitrés dans nos écoles, donc le dépistage se fait et
il va y avoir des services plus rapidement.
Mme Rizqy : Avez-vous fait une
étude de comparable pour vérifier le temps d'attente entre CPE puis maternelles
quatre ans ou maternelles 5 ans?
Mme Lachance (Line) : Non, je
ne l'ai pas fait.
• (20 heures) •
Mme Rizqy : Donc... mais c'est
juste parce que... avant de dire que si c'est plus long ou pas long, je me
demandais si vous avez quelque chose pour appuyer ce fait et pour... Vous
mentionnez aussi, dans votre rapport, qu'il y a des écoles partout au Québec,
mais il y a aussi des services de garde et des CPE partout au Québec.
Pensez-vous que... peut-être une des lacunes qu'il y a, c'est lorsque, par
exemple, on un enfant qui est dans un CPE...
20 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...c'est juste parce
qu'avant de dire que si c'est plus long ou pas long, je me demandais si vous
aviez quelque chose pour appuyer ce fait et pour... Vous mentionnez aussi, dans
votre rapport qu'il y a des écoles partout au Québec, mais aussi des services
de garde, des CPE partout au Québec. Pensez-vous que peut-être une des lacunes
qu'il y a, c'est lorsque, par exemple, on un enfant qui est un CPE ou service
de garde qui a eu un diagnostic et que, par la suite, se rend à l'école, que
son dossier ne suit pas et que c'est peut-être là où est-ce qu'on devrait
travailler puis avoir un arrimage des services, du suivi pour s'assurer que
justement le dossier de l'enfant ne tombe pas entre deux chaises?
Mme Lachance (Line) : Je pense
qu'il faut quand même être honnête, le dossier suit. Quand on a des élèves qui
ont reçu des services, ont un diagnostic en bas âge et qu'ils arrivent au
préscolaire cinq ans, le dossier de l'élève va suivre, bien sûr. Les
partenaires qui sont autour de l'enfant vont nou faire part des difficultés qui
sont... afin de bien acceuillir l'enfant au scolaire.
Mme Rizqy : Parce que, nous,
ce qu'on entend, c'est que souvent les parents, une fois que, par exemple, il y
a eu un diagnostic et un service avec le CLSC, lorsqu'ils arrivent à l'école,
on me dit que ce n'est plus le CLSC qui offre le service, c'est rendu à
l'école, et là il y a un délai d'attente pour reprendre le service. Quand je
parle que les dossiers suivent, je parle aussi du service qui suit.
Mme Noël
(Maryse) : Si je peux me permettre. Quand un enfant a un
diagnostic et un dépistage avant d'arriver dans le réseau scolaire et qu'il est
pris en charge par un de nos partenaires du réseau... des reseaux de la santé,
CRDI, CMR et compagnie, il y a des ententes qui ont cours dans certaines
régions où c'est le CMR et le CRDI qui vont offrir le service jusqu'à un
certain temps de l'année de la première année de scolarisation. Donc, actuellement,
c'est plus répendu chez nos cinq ans. Donc, un enfant qui a un suivi en
orthophonie avec un de nos partenaires va avoir du service par ce partenaire-là
jusqu'à presque à la fin de sa première année de scolarisation, donc à la fin
de sa maternelle. Et par la suite il y a un transfert qui est fait avec notre
professionnel à l'école.
Mme Rizqy : Et présentement
est-ce que vous avez des délais d'attente pour les professionnels?
Mme Noël (Maryse) : Mais, à
chaque année, nos professionnels analysent les dossiers qui vont nous être
acheminés. Donc là, dans la période d'inscription pour la prochaine année
scolaire, nos orthophonistes ont validé chacun des formulaires, voir quels
étaient les élèves pour qui les services seraient nécessaires, ont commencé une
priorisation, ont commecé déjà à dire : Bien, tel enfant devrait être vu
en réévaluation par nos services cet été de façon à être un petit peu plus
rapides à l'automne pour offrir l'accompagnement et le service à ces
enfants-là.
Mme Rizqy : J'aimerais juste
savoir est-ce qu'il y a des délais d'attente? Est-ce que tous les enfants qui
ont eu un diagnostic ont présentement toutes les heures qu'ils doivent avoir,
ou ça se peut qu'il y ait des endriots où est-ce que, par manque de
main-d'oeuvre qualifiée, par exemple qu'il n'y a pas assez d'orthophonistes,
que justement ils sont obligés, par exemple, de donner moins d'heures? Si, par
exemple, un enfant a besoin de trois heures, il en reçoit une heure et demie,
est-ce que ça peut arriver?
Mme Noël (Maryse) : C'est
certain qu'en fonction des dossiers des élèves, c'est possible qu'il y ait des
choix à faire. Est-ce qu'on a les ressources? Oui. Est-ce qu'elles sont en
quantité suffisante? Non.
Mme Rizqy : Tantôt, vous avez
parlé que, vous, vous avez la chance detre dans une école neuve avec 240 élèves.
Alors, on est tous bien contents. Ppuis évidemment la réalité n'est pas partout
pareille parce que le parc immobilier québécois date de plusieurs années, et d'ailleurs
une intervenante nous a même rappelé que ça date de l'époque, pour 75 % de
notre parc immobilier scolaire, date de l'époque de M. Duplessis. Pour les
autres écoles où est-ce que, par exemple, ça peut arriver, on a quelques écoles
où est-ce qu'il y a environ 1 000 enfants. Est-ce que vous trouvez
que ça serait adapté de mettre une maternelle quatre ans?
Mme Noël (Maryse) : Mais il y
a des déjà maternelles cinq ans dans ces écoles-là, puis, oui, c'est vrai que
le quatre ans et le cinq ans, là, quand on commence l'année scolaire, on a quelques
quatre ans qui ne l'ont pas tout à fait encore et qui peuvent avoir trois ans
trois quarts. Mais le milieu scolaire est un milieu qui est capable de
s'adapter
#et non pas dans une petite école, parce qu'il y a
une grande différence entre une petite école neuve à 240 et une école un peu
moins neuve avec 1 000 élèves.
Mais, si vous permettez, je vais dans une
autre question parce que le temps presse. Parce que vous avez aussi la... vous
avez parlé de... le petit coco qui essaie justement de prendre sa boîte à lunch
puis qu'heureusement il y a quelqu'un de plus grand que lui qui peut prendre sa
boîte à lunch.
Mme Rizqy : ...et non pas dans
une petite école, parce qu'il y a une grande différence entre une petite école
neuve à 240 et une école un peu moins neuve avec 1 000 élèves.
Mais, si vous permettez, je vais aller
dans une autre question parce que le temps presse. Parce que vous avez fait
aussi la... vous avez parlé de... le petit coco qui essaie justement de prendre
sa boîte à lunch, puis qu'heureusement il y a quelqu'un de plus grand que lui
qui peut prendre sa boîte à lunch. Présentement, pour les parents, ce que... on
compare évidemment tous les services, les boîtes à lunch, vous, à l'école,
c'est... j'imagine que c'est parce que c'est les parents qui le fournit.
Mme Noël (Maryse) : Oui. Tous
les enfants apportent leur lunch à mon école. Je... Nous, nous n'avons pas de
service de traiteur. Certaines écoles offrent le service de repas chaud. Ce
n'est pas le cas à mon école actuellement puisque la demande n'y était pas,
mais effectivement chaque parent doit fournir le repas de son enfant.
Mme Rizqy : Est-ce que vous
êtes au courant que dans plusieurs écoles en ce moment, puisqu'il manque
d'espace, les enfants doivent manger dans leur classe? Ils n'ont plus de
cafétéria.
Mme Noël (Maryse) : Bien, en
fait...
Mme Lachance (Line) : Bien, je
pense que c'est la réalité dans plusieurs écoles, là, hein, de... La plupart
des écoles, les enfants, oui, il y a des locaux pour les services de garde, on
en a quelques-uns, mais c'est la réalité à l'heure actuelle, là. Beaucoup
d'enfants mangent dans les classes...
Mme Rizqy : Mais justement,
tant qu'à investir 2 milliards de dollars, est-ce qu'on pourrait peut-être
construire davantage d'écoles pour répondre aux besoins actuels? Juste en
priorité. Parce que je comprends que, si on avait des milliards et des
milliards, on voudrait tous avoir deux choix, deux possibilités. Mais on n'a
pas les ressources illimitées et, tant qu'à avoir ce 2 milliards, est-ce
que peut-être, là, qu'en ce moment ce serait la priorité d'avoir plus de
construction d'écoles pour peut-être les cinquième année, les sixième année,
les autres élèves qui sont déjà dans le réseau?
Mme Lachance (Line) : Bien,
moi, je pense que... Présentement, moi, j'ai une école qui... je vais
accueillir presque 700 élèves l'an prochain, et j'ai du préscolaire cinq ans
jusqu'à la sixième année, puis je trouve que... Comme a dit ma collègue tantôt,
je pense que le... que cette ouverture-là d'avoir des petits avec des grands
amène une responsabilité partagée, donc, chez nos grands, qu'ils aident les petits
et vice et versa. Donc, ça se... Je ne vois pas la difficulté à l'heure
actuelle.
Mme Rizqy : ...pas de la
complémentarité des services entre les petits puis les grands. Je parlais de la
priorisation qu'on devait faire des ressources et de l'argent des Québécois,
les contribuables qui paient des impôts. En ce moment, on a des besoins
urgents.
Vous comprenez qu'aujourd'hui on a des
enfants autistes qui, par exemple, sont retrouvés dans un placard par manque
d'espace, que ce n'est pas sécuritaire, qu'on a d'autres écoles aussi... suivi
les nouvelles, on a d'autres écoles aussi que... en ce moment avec des enfants
avec des vulnérabilités importantes. Le nombre d'enfants qui ont des troubles
de spectre de l'autisme a augmenté de façon importante au Québec. Alors, on en
a plus. On a plus d'enfants aussi avec des TDAH.
Alors, ça fait que les ratios ont diminué
et ça fait aussi dire qu'on a besoin de plus de locaux et, par conséquent, à
ajouter d'abord une priorité entre maternelles quatre ans où est-ce qu'on a
déjà des services de CPE, des services de garde, versus les enfants qui sont
déjà dans notre réseau de l'éducation, qui sont en ce moment en deuxième,
troisième année, quatrième année. Eux autres aussi, il faut qu'on s'en occupe,
puis ils sont déjà dans le réseau. C'est pour ça que je me demandais :
Est-ce qu'on devait prioriser les besoins actuels ou ajouter un autre service?
Entre les deux, si vous avez 2 milliards, est-ce que vous allez d'abord
répondre à nos enfants qui sont dans votre classe?
Le Président (M. Tanguay) : En
quelques secondes.
M. Ouellet (Carl) : Bien,
présentement, on nous demande... on est consultés sur les maternelles quatre
ans. Donc, je vous répondrai qu'on a fait notre travail sur les maternelles
quatre ans. Si on avait plus d'argent, c'est sûr qu'on prendrait la poule et
l'oeuf, mais présentement on est consultés sur les maternelles quatre ans et,
pour nous, on pense que c'est essentiel...
Le Président (M. Tanguay) :
Merci beaucoup. Nous allons poursuivre nos échanges avec la collègue de
Sherbrooke pour une période de 2 min 40 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Vous êtes directeur, directrice d'école. J'aimerais ça vous demander
comment ça se passe dans vos écoles, dans les écoles de vos collègues, quand un
enfant a besoin de services professionnels. Est-ce qu'il y a des spécialistes
dans vos écoles, et est-ce qu'ils réussissent à répondre aux besoins de tous
les enfants au moment où l'enseignant signale le besoin ou est-ce qu'ils ont
besoin d'aller au privé? Parce que je vous ai entendus parler de priorisation
tout à l'heure. Donc, s'il y a des spécialistes, je comprends qu'ils priorisent
des dossiers. Est-ce que ça veut dire qu'ils ne réussissent pas à prendre tous
les dossiers?
Mme Lachance (Line) : ...bien
réussir à... Il y a des ajouts qui ont été faits, hein, pour l'an prochain, on
en est bien contents, au niveau budgétaire. Donc, c'est sûr qu'on va... J'ose
espérer qu'avec ces sommes qui ont été ajoutées, qu'on va pouvoir réussir à
effectivement répondre à tous les besoins de nos élèves.
Mme Labrie : Donc, vous êtes
en train de me dire qu'avec les ajouts qui sont prévus pour la prochaine année
scolaire, les orthopédagogues, les orthophonistes, les psychologues, il n'y
aura plus de liste d'attente. Il va y en avoir suffisamment pour répondre à
tous les besoins.
Mme Lachance (Line) : ...je
n'irais pas jusqu'à dire : Il n'y aura pas de liste d'attente. Je pense
qu'il faut être honnête, là. Il restera peut-être toujours des enfants qui...
Comme on priorise, hein, on y va bien sûr avec la...
Mme Labrie : ...auront besoin
d'aller au privé, par exemple, pour consulter un spécialiste.
• (20 h 10) •
Mme Lachance (Line) : Bien...
quand même, les parents qui vont au privé, des fois, c'est par choix. Des fois,
c'est le choix du parent qui va...
Mme Lachance (Line) : ...il n'y
aura pas de liste d'attente, je pense qu'il faut être honnête, là, il restera peut-être
toujours des enfants... on priorise, hein, on y va bien sûr avec...
Mme Labrie : Ils auront besoin
d'aller au privé, par exemple, pour consulter un spécialiste.
Mme Lachance (Line) : Bien,
ils sont rares quand même, les parents qui vont au privé, des fois, c'est par
choix, des fois, c'est le choix du parent qui va préférer aller au privé pour
x, y raisons, des fois, c'est parce qu'ils ne veulent pas nécessairement qu'on
ait tout le rapport, ils vont nous donner juste les recommandations. Donc,
c'est une réalité. Donc, des fois, c'est le choix du parent et non pas le
nôtre.
M. Ouellet (Carl) : Mais, en
même temps, c'est sûr que là on met en place une structure, donc on pense qu'on
va dépister plus tôt. On pense qu'à moyen terme on va en avoir moins, de listes
d'attente, parce qu'on va avoir traité plus tôt ces jeunes-là, en arrivant à
quatre ans, à cinq ans et en mettant plus de ressources dans les prochaines
années pour les professionnels.
Mme Labrie : Mais c'est-à-dire
que, s'il y a du dépistage qui se fait plus tôt, il va y avoir de plus en plus
de dossiers, là, il va y avoir de plus en plus de plans d'intervention à faire,
c'est clair qu'il va y avoir de plus en plus de besoins de spécialistes. Est-ce
que ce qui est mis sur la table en ce moment par le ministère va répondre à ce
besoin-là?
Mme Lachance (Line) : En fait,
quand on travaille avec le dépistage et l'Agir tôt, c'est dans le but
qu'éventuellement les enfants arrivent en deuxième ou en troisième année et que
leurs besoins ont été comblés. Donc, c'est pour ça, l'Agir tôt, moi, je crois
beaucoup à l'Agir tôt...
Mme Labrie : Mais là, ce qu'on
entend beaucoup, les parents nous contactent, des fois, leur enfant est en
cinq, sixième année, puis ils n'ont toujours pas eu les services même si ça a
été identifié dès la maternelle, dès la première année. Ça fait que j'ai de la
misère à croire qu'avec ce qui a été proposé pour la prochaine année scolaire,
que là vous me dites : Ça n'arrivera plus.
Le Président (M. Tanguay) : En
quelques secondes.
Mme Lachance (Line) : Bien, je
ne pense pas qu'on est en train de dire que ça n'arrivera plus, mais ça va
arriver moins.
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Maintenant, pour une période de 2 min 40 s, je cède la
parole à notre collègue de Joliette.
Mme
Hivon
:
Bonjour. Merci beaucoup de votre présentation. Le ministre a parlé longuement
donc de ses chiffres, et c'est très intéressant, on en apprend toujours plus
parce que les chiffres bougent, encore hier, ils ont bougé. Donc, on a juste un
petit message comme ça si jamais le ministre nous les avait donnés, il y a deux
mois ou trois mois, les bons chiffres, bien, évidemment, on aurait eu l'information,
nous aussi, il y a trois mois, ça aurait été utile.
Donc, je voulais juste voir avec vous,
parce que ça fait deux fois... en partant, vous avez dit : Il y a 20 %
ou 22 000 enfants qui ne fréquentent aucun service de garde éducatif ou
milieu éducatif. Puis, quand on vous a demandé : Pourquoi ça ne devrait
pas être restreint au milieu défavorisé? Vous êtes revenus avec cette
raison-là : Parce qu'il y a des enfants dans tous les milieux qui n'ont
pas accès à aucun service éducatif. Et là, évidemment, on part, puis ce qui va
faire le déploiement, on ne le sait pas comment le plan de déploiement va se
faire, mais on comprend que c'est à partir des locaux libres et non pas tant à
partir des besoins des enfants. Mais est-ce qu'on ne devrait justement pas
inverser puis dire que la priorité devrait aller à des enfants qui ne
fréquentent rien et qui ont peut-être plus de vulnérabilité quand ils arrivent
à cinq ans, parce qu'ils n'ont pas été en contact avec aucun service éducatif?
M. Ouellet (Carl) : Pour
répondre à votre question, dans le fond, on s'est fié à la démographie du
Québec pour aller chercher le 22 000 présentement ou 25 %. On s'est
fié au 25 % d'élèves, d'enfants qui n'avaient aucun service. Donc, quand
on regarde les statistiques ici, au Québec, ça représente environ 22 000.
Vous me dites : Est-ce qu'on devrait prioriser les milieux plus
défavorisés? C'est déjà fait, le déploiement est là dans les milieux, sept,
huit, neuf.
Mme
Hivon
: Ce
n'est pas les milieux défavorisés parce que, tantôt, à cette question-là, on a
dit : Non, pas besoin, mais parce qu'il y a des enfants qui ne fréquentent
aucun service de garde éducatif dans des milieux plus favorisés. Donc, il y a
deux fois où ça a été ça, votre explication, ça fait que je voulais savoir si,
pour vous, c'est ça, la plus grande préoccupation.
M. Ouellet (Carl) : Non, ce
qu'on dit, c'est : Il faut continuer, mais les services ont été mis en
place dans les milieux défavorisés présentement et on regarde pour les services
plus favorisés. Et la prétention qu'on a, c'est que, même dans les milieux plus
favorisés, il y a des élèves qui sont vulnérables aussi, là. Il y a des
quartiers où il y a des endroits où c'est plus difficile pour certains élèves.
C'est ces élèves-là qu'il faut toucher, qu'il faut aller chercher.
Mme
Hivon
:
Est-ce que...
M. Ouellet (Carl) : Et on
croit, on pense qu'une grande majorité de ces élèves-là se retrouve dans le 22 000
qui ne fréquentent aucun service présentement.
Mme
Hivon
:
Est-ce que donc vous pensez qu'on devrait peut-être essayer de rejoindre en
priorité davantage les parents dont les enfants ne fréquentent aucun service de
garde plutôt que, par exemple, ceux qui sont déjà en CPE?
M. Ouellet (Carl) : L'offre de
service est là. C'est certain que, idéalement, ce serait ça, mais l'offre de
service est pour tout le monde. Il y a plein de services, il faut rejoindre les
parents qui choisissent le bon service approprié à leurs enfants.
Le Président (M. Tanguay) :
Merci.
M. Ouellet (Carl) : Si c'est
la maternelle quatre ans, c'est la maternelle quatre ans. Si c'est les CPE...
Mme
Hivon
:
Comment ils font ça pour le savoir, les parents?
Le Président (M. Tanguay) : Merci
beaucoup. Malheureusement, c'est déjà tout le temps que nous avons. On a déjà
dépassé.
Alors, merci aux représentantes, représentant
de l'Association québécoise du personnel de direction des écoles pour votre participation.
Je vous remercie donc pour la contribution à nos travaux. La commission ajourne
ses travaux jusqu'au mercredi 29 mai 2019, après les affaires courantes, où
elle poursuivra son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Tanguay) :
...son mandat. Merci.
(Fin de la séance à 20 h 15)