Journal des débats de la Commission de la culture et de l’éducation
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
martes 27 août 2019
-
Vol. 45 N° 24
Mandat d'initiative - Avenir des médias d’information
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Ciccone) :
S'il vous plaît, veuillez prendre place. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la culture et de
l'éducation ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
M. LeBel : ...
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, M. le député.
M. LeBel : ... si possible.
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, allez-y.
M. LeBel : J'aimerais avoir de
l'information de la commission sur... Je pense que ça faisait consensus ici, on
voulait se déplacer en région, au moins deux régions pour aller entendre les
médias régionaux. J'aimerais savoir où on en est rendus avec ça. Le temps
presse, et, si on veut se rendre en région, permettre aux gens devenir déposer
des mémoires, on devrait avoir une décision le plus rapidement possible.
Le Président (M. Ciccone) :
Mais je crois comprendre que la demande a été acheminée auprès de la Commission
de l'Assemblée nationale, puis nous sommes toujours en attente d'une décision,
là.
M. LeBel : J'invite tout le
monde à faire des pressions auprès de cette commission pour qu'elle décide rapidement
de nous autoriser les frais parce que tout le monde serait heureux, je pense,
d'aller entendre les gens en région de... de ce qui se passe en région par
rapport aux médias. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député, votre message... Oui?
M. Poulin : ...
Le Président (M. Ciccone) :
Monsieur...
M. Poulin : ...rappeler à
l'ordre. C'est un souhait de l'ensemble des membres de la commission de se
déplacer en région. Entre autres, on avait ciblé deux régions où on souhaitait
passer du temps pour pouvoir rencontrer les médias, prendre le temps de les
écouter, de les entendre. Alors, de notre côté nous avons réitéré le souhait
d'aller visiter ces deux régions-là. Et effectivement, M. le Président, vous
faites bien de le rappeler, on est en attente de la décision de la Commission
de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci... Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci. Je
suis totalement d'accord avec le collègue de Rimouski, on s'en était parlé.
Moi, ce que je tiens à mentionner... parce que, malheureusement, dans le salon
bleu, ça a déjà été dit que, si la commission était lente, puis si notre... la ministre
avait dit : C'est long, puis c'est long, la commission, puis je ne
comprends pas que ce soit si long... puis là je vais regarder le député de Saint-Jean,
on s'était tous regardés en se disant : Bien là, c'est parce que tout
allait très, très bien.
Je veux juste exprimer à la caméra que ce
n'est pas le souhait des élus actuellement de retarder quoi que ce soit dans
cette commission-là. On a toujours mis vraiment l'épaule à la roue. Tout le
monde travaille en collégialité. Mais là il faut quand même qu'on puisse avoir rapidement
un retour parce que, rendus à la fin du mois de septembre, on va tous être à l'Assemblée
nationale et on n'aura plus le temps d'aller en région, on le sait très bien. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : ... en
terminant, pour faire du pouce sur ce que ma collègue la députée de Verdun
vient de dire, effectivement, on est en attente de la Commission de l'Assemblée
nationale, qui ne relève par du gouvernement du Québec puis qui ne relève pas
de la ministre. Je pense que le souhait de l'ensemble de la population du
Québec, c'est que cette commission-là puisse aller rapidement. C'est le souhait
également du gouvernement du Québec. Alors, je pense que nos travaux vont bien jusqu'à
présent, vont rondement, et on est en attente, effectivement, de la Commission
de l'Assemblée nationale, qui, je souhaite le rappeler, ne relève pas du gouvernement
du Québec. Mais je pense que le point d'ordre de mon collègue de Rimouski
pourra peut-être amener une pression supplémentaire, particulièrement auprès de
la présidence de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Et moi, je souhaiterais qu'on débute la commission.
M. Poulin : Ah! moi
aussi.
Le Président (M. Ciccone) :
On a des invités qui sont avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup.
Alors, la commission est réunie afin de...
M. Poulin : ...nos travaux vont
bien jusqu'à présent, vont rondement, et on est en attente, effectivement, de
la Commission de l'Assemblée nationale, qui, je souhaite le rappeler, ne relève
pas du gouvernement du Québec. Mais je pense que le point d'ordre de mon
collègue de Rimouski pourra peut-être amener une pression supplémentaire,
particulièrement auprès de la présidence de l'Assemblée nationale.
Une voix
:
Consentement.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Et moi, je souhaiterais qu'on débute la commission.
M. Poulin : Ah! moi aussi.
Le Président (M. Ciccone) :
On a des invités qui sont avec nous aujourd'hui. Merci beaucoup.
Alors, la commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières concernant le mandat d'initiative portant sur l'avenir des médias
d'information.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements pour ce mandat?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Labrie (Sherbrooke) est remplacée par Mme Dorion
(Taschereau) et Mme Hivon (Joliette), par M. LeBel (Rimouski).
Le Président (M. Ciccone) :
On m'indique qu'il y a consentement pour les remplacements suivants pour toutes
les séances de cette semaine.
La Secrétaire
:
M. Asselin (Vanier-Les Rivières) sera remplacé par M. Allaire
(Maskinongé) et Mme Grondin (Argenteuil), par M. Thouin (Rousseau).
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, Mme la députée de Verdun?
Mme Melançon : Nous allons,
bien sûr, donner notre consentement, mais ce que nous souhaiterions, du côté,
aussi, gouvernemental, c'est que la collaboration puisse aller dans les deux
sens pour ce genre de collaboration dans les différentes commissions.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, Mme la députée de Verdun.
Cet avant-midi, nous entendrons la
Centrale des syndicats du Québec, la fédération professionnelle des
journalismes du Québec, l'Association des journalistes indépendants du Québec
et l'Association des médias écrits communautaires du Québec.
Maintenant, je souhaite la bienvenue aux
représentants de la Centrale des syndicats du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter, ainsi que les personnes qui vous accompagnent, et à procéder à votre
exposé. La parole est maintenant à vous.
Mme Éthier (Sonia) :
Merci, M. le Président. M. le Président, membres de la commission, je vous
remercie beaucoup de permettre à la CSQ de présenter son point de vue sur
l'avenir des médias. Je vous présente Mme Nicole de Sève, conseillère au
dossier, et moi-même, Sonia Éthier, présidente de la Centrale des syndicats du
Québec. Vous le savez sûrement, la CSQ représente 200 000 membres et
compte 10 fédérations, 240 syndicats affiliés en fonction de leur secteur
d'activité. Et en particulier, nous représentons le Syndicat des employés en
radio-télédiffusion de Télé-Québec. Donc, la CSQ tient vraiment à souligner l'initiative
de cette commission, qui est non partisane et qui est vraiment très importante,
parce que l'écosystème dans lequel évoluent l'ensemble des médias est plus que
transformé, on le sait, on le voit, par, cette semaine, les nouvelles
technologies de l'information.
Donc, comme vous avez pu le constater à la
lecture du mémoire, nous avons choisi de consacrer presque exclusivement notre
mémoire aux enjeux entourant Télé-Québec parce que c'est notre télévision
publique nationale et aussi pour son rayonnement en région. D'ailleurs, nous
connaissons quand même bien Télé-Québec, puisque nous nous y sommes intéressés
depuis plusieurs années. Et on croit que son unicité réside dans sa mission
d'éducation, de culture et d'information, totalement différente des réseaux
privés. Donc, on réitère que le gouvernement a la responsabilité de protéger la
seule chaîne publique québécoise, dont la voix permet à l'ensemble de la
population de participer à tous les grands débats qui la concernent. Et c'est
un élément que nous avions dit en 2004 dans notre mémoire, lorsqu'il y a eu la
consultation du groupe de travail chargé de l'examen de Télé-Québec.
Puisque vous avez pris connaissance du
mémoire, nous allons quand même aborder les éléments qui nous semblent les plus
importants, et on va vous faire part de nos recommandations. Premièrement, dire
que Télé-Québec, c'est une petite et une grande télévision publique nous amène
à faire trois constats qui sont vraiment très importants. L'auditoire de
Télé-Québec est en hausse. Entre autres, on sait que Télé-Québec a rejoint 3,8
millions de téléspectateurs, en moyenne, chaque semaine, et donc 51 % des
francophones. Et rappelons aussi que 75 % des émissions sont offertes sur
le site Internet telequebec.tv, lancé en 2004, et on y retrouve quand même
963 000 visiteuses et visiteurs par mois, et ce site est le cinquième site
télévisuel le plus visité.
D'ailleurs, dans son rapport annuel, le
diffuseur public précise qu'en tant que média public francophone
multiplateforme Télé-Québec va être présente sur toutes les plateformes
numériques pour répondre à son mandat d'accessibilité sur le territoire.
D'ailleurs, dans une entrevue radiophonique, la ministre de la Culture suggère
une piste de réflexion très intéressante, qui est d'utiliser la plateforme
numérique de Télé-Québec pour diffuser de l'information, en disant que celle-ci
est sous-exploitée, et ça rejoint, vous allez voir, une de nos demandes. Et
rappelons qu'en 2018 dans le cadre de la nouvelle politique culturelle,
l'ancien gouvernement a octroyé 13,7 millions de dollars à Télé-Québec,
sur trois ans, pour accroître la diffusion de contenu audiovisuel sur la
plateforme telequebec.tv.
• (9 h 40) •
Donc, une première recommandation, c'est
que nous tenons à souligner cette contribution supplémentaire, qui a été...
Mme Éthier
(Sonia) : ...l'ancien gouvernement a octroyé 13,7 millions
de dollars à Télé-Québec sur trois ans pour accroître la diffusion de contenu
audiovisuel sur la plateforme telequebec.tv. Donc, une première recommandation,
c'est que nous tenons à souligner cette contribution supplémentaire qui a été
bienvenue pour Télé-Québec. Et on demande aussi au gouvernement du Québec
d'assurer à l'ensemble du réseau de Télé-Québec le financement qui lui est
nécessaire pour lui permettre de se développer adéquatement.
Donc, un autre élément important. Depuis
2014, on retrouve sur le site Web du diffuseur, La fabrique culturelle
qui est un média à 100 % numérique et, comme vous le savez, on y retrouve
1,1 million de visites d'internautes, plusieurs membres et des demandes de
branchement. C'est donc une plateforme unique qui constitue un canal
d'information culturelle régionale parce que vous savez que nous sommes dans
10 régions, 10 régions, plus précisément et, ce qui est bien important,
c'est que ça contribue à la vitalité économique des régions.
Mais il y a quand même une certaine
problématique, c'est qu'il y a 340 000 ménages qui n'ont pas accès à
Internet malgré le programme Branché qui avait été lancé en 2016, et il y a
seulement neuf projets qui ont été acceptés sur les 82 soumis. Donc, une
deuxième recommandation, c'est qu'on pense que le gouvernement devrait
peut-être accélérer le financement de ces projets en attente, dans le cadre du
programme Branché, afin de permettre à toutes les régions d'avoir accès à
Internet. Et on a aussi une autre recommandation, qu'on invite le gouvernement
à déposer un plan qui vise à déployer un service de haute vitesse performant
dans toutes les régions du Québec et de discuter avec les MRC qui sont intéressées
par ce projet.
Malgré la présence dans les
10 bureaux régionaux, on sait bien que les citoyens, il y a un droit, je
dirais, fondamental, qu'ils ont droit de se reconnaître et de revendiquer une
présence à l'écran à travers leurs fenêtres nationales. Donc, on l'avait
mentionné, à la page 7 de notre mémoire, cette absence se vérifie
aujourd'hui, on le sait, et risque de se faire sentir encore plus parce que les
hebdomadaires régionaux de la presse écrite sont durement touchés, et ça laisse
craindre à des déserts médiatiques que plusieurs régions ou localités n'auront
accès à des nouvelles qui les concernent. On se rappelle, hein, que les géants
du Web, par une concurrence, on va dire, déloyale ont déjà entraîné la
fermeture de 28 % des journaux régionaux, et ça continue, et ça depuis
2010. Donc, on est inquiets. Et les problèmes vécus par le Groupe Capitales
Médias illustrent l'ampleur du problème, et on pense que le gouvernement doit
trouver des solutions qui sont durables. Et on prend un petit moment pour
exprimer notre solidarité envers les travailleuses et travailleurs qui
traversent cette période et on veut quand même saluer le geste du gouvernement
pour l'aide ponctuelle apportée. Et il faut trouver collectivement des
solutions, mais c'est vraiment à court terme qu'il faut le faire.
En fait on croit que Télé-Québec ne peut
pas remplacer ces médias. Ça, c'est bien important de le noter. Mais elle peut
contribuer à maintenir une vitalité d'information dans toutes les régions.
Peut-être devrions-nous consacrer plus d'efforts à la production d'émissions
d'affaires publiques ou de bulletins d'information régionaux. C'est une
question qu'on peut se poser ici. Donc, une autre recommandation, est-ce que...
on invite le gouvernement à réfléchir à accorder un mandat d'information
régionale à Télé-Québec. Donc, c'est une réflexion qu'on soumet.
Sur la question du financement, on sait
que les dépenses à Télé-Québec sont plus importantes que les revenus. Il y a
eu, dans le rapport annuel, un déficit, un manque à gagner de 4 millions.
Et, malgré l'aide supplémentaire qui a été apportée, c'est un pas dans la bonne
direction, mais c'est insuffisant. Pour nous, il faut un financement qui est
stable, récurrent. Est-ce que le gouvernement pourrait faire plus? On pense que
oui. Et donc on a quelques petites solutions, c'est-à-dire on invite la
commission, le gouvernement d'investir une partie de la taxe de vente du Québec
perçue par Revenu Québec, puis je pense qu'il y d'autres organisations qui ont
aussi soumis ces propositions, auprès des grandes compagnies comme Amazon et,
etc., dans des mesures aux médias québécois, particulièrement Télé-Québec et
aussi... Et à l'image de ce qu'il se fait dans certains pays européens, est-ce
que le gouvernement du Québec pourrait étudier la possibilité d'obliger les
gros joueurs de l'information à payer des impôts et des redevances à l'État du
Québec pour contribuer au financement des médias québécois? On sait que le
fédéral a fermé la porte mais à cette possibilité, mais on croit que le
gouvernement du Québec pourrait faire preuve d'un courage politique afin de
permettre aux médias régionaux de continuer leur mission.
Donc, en conclusion, ce que, je pense, il
est important de retenir...
Mme Éthier (Sonia) :
...québécois. On sait que le fédéral a fermé la porte à cette possibilité, mais
on croit que le gouvernement du Québec pourrait faire preuve d'un courage politique
afin de permettre aux médias régionaux de continuer leur mission.
Donc, en conclusion, ce que je pense qu'il
est important de retenir, c'est la pérennité de Télé-Québec, son développement
régional, en assurer le financement. Et rappelons-nous aussi qu'une information
de qualité, c'est aussi le gage d'une démocratie en santé. Et je le rappelle,
je l'ai dit au départ, mais que Télé-Québec, c'est un bien collectif. Et le gouvernement
a la responsabilité de protéger la seule chaîne québécoise dont la voix permet
à l'ensemble de la population de participer à tous les débats.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous sommes maintenant rendus à la période
d'échange, et on commence avec la partie gouvernementale pour 15 minutes, avec le
député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup , M.
le Président. Je vous salue. Merci également pour votre présence en commission
parlementaire ce matin.
Merci de nous parler également de Télé-Québec,
qu'on ne répétera jamais assez l'importance de cette télévision québécoise,
l'importance de la financer, de la soutenir, également de tenir des émissions
d'affaires publiques, vous l'avez bien signifié. Depuis déjà plusieurs années,
à Télé-Québec, on a assisté à un tournant qui est fort intéressant où on
retrouve de nouvelles émissions d'affaires publiques qui brassent, qui
remettent en question et qui, je crois, font bouger le Québec et offrent
surtout une programmation de grande qualité aux Québécois.
Évidemment, il faut investir dans
Télé-Québec. Le nerf de la guerre... on l'a vu, là, depuis déjà plusieurs
jours... le nerf de la guerre, ça demeure l'argent. Alors, il faut investir des
sommes financières qui sont importantes. Je pense qu'on l'a fait également dans
le dernier budget. Mais tout part aussi de la projection qu'on souhaite donner
à Télé-Québec.
Avant, peut-être, de venir à ma question, vous
nous avez parlé d'Internet haute vitesse. Effectivement, c'est très important.
Le gouvernement du Québec va proposer un plan au cours des prochaines semaines,
des prochains mois qui va viser à répondre à ce souhait d'avoir Internet haute
vitesse le plus rapidement possible dans toutes les régions du Québec, donc qui
va nous permettre effectivement de consommer à son maximum des médias
québécois. Donc, ça, c'est un élément fort important sur lequel on est déjà au
travail. Ça aurait dû être fait depuis longtemps, mais pour l'instant, on agit.
Et je veux vous parler du mandat, que vous
proposez, d'information régionale du côté de Télé-Québec. Dans un moment où,
oui, on souhaite une diversité d'information dans les différentes régions, mais
à un moment où on a déjà des médias régionaux privés dans les régions du Québec
qui vivent des moments aussi extrêmement difficiles — vous avez fait
référence tout à l'heure à Capitales Médias.
Alors, j'aimerais avoir votre vision sur
une cohabitation entre un nouveau modèle d'information publique en région, où
Radio-Canada se trouve déjà, et le fait qu'on a déjà des joueurs privés mais
également des hebdos coopératifs, que ce soit du Web, de la télé, de l'écrit.
Et là, d'en ajouter un autre, tout dans cette optique du souhait d'avoir une
pluralité d'information, de la diversité d'information, d'avoir plus de joueurs
qui se retrouvent dans la même région, mais comment vous verriez cette
cohabitation-là, qui ne pourrait pas nuire à des joueurs en place qui ont déjà
des défis?
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, écoutez, ce que je disais tout à l'heure, il ne faut absolument pas qu'on
installe une compétition. Ça, c'est vraiment important dans le traitement que
la commission va devoir traiter, dans les réflexions que vous allez avoir. Il
n'est pas question d'entrer en compétition. Je pense qu'il peut y avoir une
complémentarité. Et Télé-Québec peut assurément avoir un rôle à l'intérieur de
toute la question de l'information.
M. Poulin : Est-ce que, dans
ce rôle-là, vous voyez quelque chose d'être précis? C'est sûr que les bulletins
de nouvelles régionaux quotidiens demeurent très importants. Ça se fait en
complémentarité souvent avec le quotidien du coin parce qu'on sait que, quand
même, pour remplir un bulletin de nouvelles de 30 minutes à tous les jours, ou
de 45 minutes, ou d'une heure, ça nous prend du contenu, ça nous prend de la
nouvelle, donc ça nous prend des journalistes qui vont sur le terrain et qui
creusent la nouvelle, qui, par exemple dans une région comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ont à couvrir un large territoire. Alors, ça prendrait des ressources assez importantes,
parce que l'objectif, ce serait de le faire mais de le faire bien, de ce que je
comprends de ce que vous me dites.
• (9 h 50) •
Mme de Sève (Nicole) : Il y a
une différence entre dire : Nous allons avoir une chaîne de télévision
publique qui ferait de l'information quotidienne. Il peut y avoir différentes
hypothèses qui sont développées. Exemple, un bulletin d'information régional et
local qui pourrait être hebdomadaire ou mensuel. Ce n'est pas... Ou bien des
émissions d'affaires publiques qui mettent en jeu des enjeux régionaux. On a déjà
eu Droit de parole, mais ce n'était pas très local et régional. Il peut
y avoir cette mission-là qui est confiée. Si on a été capables de créer Espaces
autochtones, c'est parce qu'il y avait une population qui était tout à fait
oubliée dans l'appui journalistique au Québec. Bien, si on est capables de le
faire et de rendre enfin, parce qu'ils vont avoir enfin leur premier bulletin
francophone hebdomaire à compter de l'automne, bien pourquoi on ne le ferait
pas pour l'ensemble de la population qui vit dans des régions où, je...
Mme de Sève (Nicole) : ...qui
était tout à fait oublié dans l'appui journalistique au Québec. Bien, si on est
capables de le faire et de rendre enfin... parce que, bon, avoir enfin leur
premier bulletin francophone hebdomadaire à compter de l'automne, bien,
pourquoi on ne le ferait pas pour l'ensemble de la population qui vit dans des
régions où... je m'excuse, mais moi, j'ai commencé, quand j'étais très jeune,
au Clairon de Saint-Hyacinthe, mais je sais que la plupart des hebdos ou
des hebdos, même de quartier, dans plusieurs villes, ont disparu, il n'est plus
question de ce qui se passe, mes marchands ne savent pas à qui s'adresser. Ce
n'est pas vrai qu'ils vont tous annoncer dans la La Voix de l'Est, La Tribune
ou quoi que ce soit. Donc, qu'est-ce qu'on fait pour faire rayonner, pas
simplement la nouvelle nationale, mais la nouvelle régionale, les enjeux
régionaux, qu'ils soient économiques, qu'ils soient sportifs, qu'ils soient
culturels? Et c'est pour ça qu'elle a sa place, je suis convaincue.
Maintenant, le modèle est à travailler
avec Télé-Québec. Mais si on était capables de développer ce créneau-là en
matière de la fabrique culturelle et d'être capables de développer et de faire
connaître nos artistes, qui sont partout en région, on est capables de le faire
pour l'ensemble des autres médias d'information sans écraser personne, parce
que de toute façon il y en a la majorité qui sont déjà morts. Alors, pourquoi
ne pas utiliser ce que nous avons peut-être de meilleur, qui est notre
télévision publique?
M. Poulin : Bien,
Mme Éthier et Mme de Sève, elle était là aussi, mon
interrogation, à dire : Si on ajoute un nouveau joueur, de quelle façon on
peut y trouver bien sa place sans que ça enlève quelque chose aux autres? Puis
je pense que vous mettez le doigt sur un bobo hyper important, les «success
stories», si vous me passez l'expression en anglais, qui existent déjà à la
télévision québécoise, avons-nous la possibilité de les déplacer davantage en
région, qu'ils parlent davantage des régions? Là, Tout le monde en parle,
à Radio-Canada, ils ne se sont pas bien, bien déplacés dans les régions au
cours des dernières années, puis Dieu sait que c'est un succès à la télévision
québécoise. Alors, de faire parler les régions dans nos émissions de télévision
québécoises actuelles, je pense qu'il y a des incitatifs que nous devrions
créer, pas seulement à Télé-Québec, mais également dans les grandes chaînes de
télévision, à dire : Parlez-nous plus des régions et mettez en valeur
cette information régionale là.
Je me souviens d'une émission à
Radio-Canada, La petite séduction, qui se promenait dans les villages du
Québec, puis qui mettait en valeur les trésors de nos villages au Québec, et il
en faudrait plus de ça, il en faudrait plus de moments où on peut mettre en
valeur ce qui se passe dans nos régions. Alors, je pense que vous avez bien
raison, puis effectivement Télé-Québec doit être un partenaire précieux. En
vous remerciant, je vais céder la parole à un de mes collègues.
Le Président (M. Ciccone) :
Je reconnais maintenant le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci, M. le
Président. Évidemment, vous l'avez dit d'entrée de jeu, votre mémoire est
beaucoup concentré sur Télé-Québec, mais j'ai aimé entendre ce que vous avez
dit par rapport aux raisons pourquoi vous en arrivez là et la description que
vous faisiez, entre autres, de la région autour de Saint-Hyacinthe des médias
écrits. Et c'est un peu ça que je voulais vous entendre nous dire, dans la
mesure où aussitôt qu'on parle de Télé-Québec puis d'information, tout le monde
pense au passé. On est en 2019, vous réclamez de l'Internet pour tous, partout,
tout le temps, à haute vitesse, parce qu'on veut faire, pas nécessairement ce
qu'on a connu, dans le passé, en termes de contenu et de production télévisuelle,
mais je vous ai entendues répéter ce qu'on a entendu de la ministre, la semaine
dernière ou la semaine d'avant, qui parlait d'une plateforme de contenu écrit
aussi. Quelqu'un me soulignait récemment qu'il y a probablement plus de contenu
écrit sur la plateforme de radiocanada.ca/info que... sinon nulle part ailleurs
que dans beaucoup d'autres plateformes de média écrit. Donc, il y a une espèce
de convergence des contenus en ce moment.
Expliquez-moi ce que vous avez en tête. Et
je comprends que vous êtes la partie syndicale, là, O.K.? D'ailleurs,
Télé-Québec vient nous voir mercredi après-midi, on va pouvoir leur demander à
eux. Mais de votre point de vue, ces contenus-là régionaux, locaux auxquels
vous rêvez, ce serait quoi?
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, je pense que Mme de Sève a bien répondu tout à l'heure sur la
spécificité que Télé-Québec peut avoir. Et moi, j'insiste sur le fait qu'il y a
une question de démocratie, d'expression de la démocratie par rapport à ce que
Télé-Québec peut faire et sa mission première, hein? Mission première, on l'a
dit tout à l'heure : éducation, culture, information. Et je pense que les
citoyennes et citoyens des régions doivent et peuvent avoir accès à ce qui se
passe au niveau régional pour exprimer leur... en toute démocratie. Par
exemple, quand il y a des élections, s'il n'y a pas de médias écrits ou s'il
n'y a pas de possibilité pour les citoyens de connaître ce qui se passe dans
leur région, bien, je pense que ça pourrait être un aspect qui pourrait être
abordé par Télé-Québec, là.
M. Lemieux : Justement... À
moins que vous ayez quelque chose à rajouter, madame?
Mme de Sève (Nicole) : ...Vous
parlez de... j'ai un exemple, moi, qui me vient en tête : Quand
entendons-nous parler du secteur des pêcheries sur les grands médias
télévisuels? Rarement, sauf quand il y a une crise de la morue ou bien donc
qu'on n'est pas capables de sortir nos bateaux pour la pêche au crabe...
M. Lemieux : ... justement...
à moins que vous ayez quelque chose à rajouter, madame?
Mme de Sève (Nicole) : Vous
parlez de... Il y a un exemple, moi, qui me vient en tête. Quand entendons-nous
parler du secteur des pêcheries sur les grands médias télévisuels? Rarement.
Sauf quand il y a une crise de la morue ou bien donc qu'on n'est pas capables
de sortir nos bateaux pour la pêche au crabe, nos crabiers. Il me semble que
ça, ça peut être intéressant, dans une région, de poser l'ensemble des enjeux,
qui peut être même repris après ça sur la scène nationale, mais d'essayer de
voir, dans le quotidien, qu'est-ce que ça veut dire, la crise des pêcheries,
comment ça peut se résorber. C'est dans ce sens-là où il y a des enjeux.
À part Montréal, là, il y a des enjeux au
Québec. Je suis une petite fille de Montréal, ça fait que je n'ai pas de problème
de le dire. Mais il y a des enjeux qui sont sérieux dans le développement économique,
dans le développement culturel. La vitalité des cégeps en région, tout ce qui
se fait au niveau de la culture dans nos cégeps, qui n'est jamais repris. C'est
bien beau, le Rideau vert, c'est bien beau, La Cordée, c'est bien beau, mais il
y a des choses qui se passent. C'est dans ce sens-là où il peut y avoir cet
agenda politique qui nous permet de fouiller certaines questions qui vont aller
chercher le cœur des gens. Ils vont savoir qu'on parle de Maria, de Carleton ou
d'ailleurs. Puis ça, c'est important, mais on n'en entend jamais parler. On va
parler... oui, quand ils vont sortir le bateau, puis quand ils vont rentrer,
puis les quotas. Mais il y avait d'autres choses à discuter dans ces enjeux-là.
Donc, ça peut être un exemple. Je ne
parlerai pas au nom de Télé-Québec, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a...
L'imagination au pouvoir, ça peut faire des merveilles.
M. Lemieux : J'ai presque
envie de vous dire que vous prêchez à un converti. Mais, en même temps, je
voudrais vous entendre davantage sur votre vision de ce que ce serait... et je
comprends très bien que ce n'est pas vous qui faites la programmation. Mais les
arguments, là, sur la montréalisation des ondes, on en a... déjà hier, en une
demi-journée, on en a empilé pas mal. Puis je suis d'accord avec vous par
rapport aux besoins que les régions ont de parler au reste des Québécois, mais
ils ont besoin de se parler entre eux aussi. Ils ont besoin de savoir c'est
quoi, les faits, pour être capables d'en discuter dans une grande émission
d'affaires publiques et une tribune, dont vous parliez tout à l'heure, qui
ressemble à La Fabrique culturelle, j'en suis. Mais il faut qu'on
commence par savoir ce qui se passe chez soi.
Est-ce que vous... Est-ce que c'est ça,
votre vision? Est-ce que vous voulez que Télé-Québec participe à la
dissémination de l'information de base dans les régions aux régions?
Mme de Sève (Nicole) :
J'aurais envie de vous répondre, monsieur, que, si jamais vous allez dans ce
sens d'élargir le mandat de Télé-Québec, il y a plusieurs intervenants au
Québec qui vont être heureuses et heureux de s'asseoir pour discuter de ce
que... Mais ce n'est pas aujourd'hui que je vais vous dire comment ça va se
faire. De toute façon, je n'ai pas cette capacité-là. Mais on peut s'asseoir et
de voir. Et, à ce moment-là, là, vous pouvez asseoir vos MRC, vous pouvez
asseoir plein d'actrices et d'acteurs, vos réalisateurs qui sont déjà dans le
champ, qui sont déjà dans le milieu, et de voir ça serait quoi. Et on peut y
aller progressivement. On ne va pas transformer ça du jour au lendemain.
Mais je pense qu'aujourd'hui on ne peut
pas. Même vous, vous ne seriez... vous ne pourriez pas le faire. Donc, essayons
de dire : L'acceptez-vous, l'élargissement du mandat, comme gouvernement?
Si vous l'acceptez, si vous le passez, à ce moment-là, on va se rasseoir,
groupe de travail, puis on va avancer puis on peut avancer très vite.
M. Lemieux : On va en
reparler avec Télé-Québec demain. Puis je ne veux pas aller trop loin dans le
dossier par rapport à la direction, et pas le syndicat.
N'empêche qu'en 2011 le rapport Payette,
qui était probablement le dernier rapport conséquent par rapport à ce qu'on est
en train de faire aujourd'hui, proposait d'étudier la faisabilité d'une
plateforme d'information interrégionale. J'ai presque envie de dire que c'était
très visionnaire à l'époque parce que c'est un peu ce dont on est en train de
parler en ce moment. D'ailleurs, en 2012, ils ont travaillé là-dessus puis ils
ont effectivement publié un projet relativement concret à l'époque. Vous opinez
du bonnet, vous le connaissez aussi bien que ce que j'ai pu en lire moi aussi.
Sans dire oui, c'est ça que ça prend, c'est l'esprit de ce que vous voudriez
voir, je pense. Je veux savoir.
Mme de Sève (Nicole) :
Encore une fois, je vous répète que, oui, il y a des choses qui étaient très
intéressantes dans le rapport Payette. Moi, je nous invite, si vous prenez
cette orientation-là, que nous nous assoyons et nous regardons comment nous
pouvons le développer.
M. Lemieux : Vous avez
parlé de démocratie tout à l'heure. Effectivement, c'est un leitmotiv. Il n'y a
pas personne qui vit ces jours-ci sans savoir que l'information est reliée à la
démocratie. Le problème de ceux qui viennent nous voir, c'est qu'ils ont besoin
de retrouver une marge de manoeuvre financière. Ce que je conclus de ce que
vous nous dites, c'est qu'il faut élargir le mandat, mais ça va prendre des
gros moyens pour aller avec aussi.
• (10 heures) •
Mme Éthier
(Sonia) : C'est incontournable pour nous, puis je pense
qu'on... Je lisais le rapport de Daniel Giroux, de l'Université Laval, qui...
Il y avait un élément qui était très important sur le soutien financier des
gouvernements. Puis on... Puis je pense que ça vaut la peine de se rappeler que
l'information, ce n'est pas un bien comme les autres...
10 h (version non révisée)
Mme Éthier (Sonia) :
...dès le rapport de Daniel Giroux, de l'Université Laval, qui... il avait un
élément qui était très important sur le soutien financier des gouvernements. Et
je pense que ça vaut la peine de se rappeler que : L'information, ce n'est
pas un bien comme les autres. Là, je le cite. D'abord parce que ça contribue au
dynamisme de la vie démocratique d'une société, qu'elle tisse des liens de
nature diverse entre les personnes qui la composent.
Et il y a plusieurs caractéristiques qui
sont importantes parce que les frais encourus par la collecte de nos nouvelles,
son traitement, sa diffusion, c'est le même coût pour si on diffuse pour
10 000 ou pour 100 000 personnes. Et là, ce qui apparaît de plus en
plus, je dirais, déterminant dans le paysage, c'est que les nouvelles,
lorsqu'elles sont publiées, échappent au contrôle...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Éthier (Sonia) :
Pardon?
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Éthier (Sonia) :
Oui, c'est ça. C'est que je pense que le gouvernement devra se questionner sur est-ce
qu'on investit davantage parce que c'est une question de démocratie puis je pense
que...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci.
Mme Éthier (Sonia) :
...une société serait gagnante à ce que les gens puissent connaître...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci.
Mme Éthier (Sonia) :
...oui.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci. Je dois respecter le temps malheureusement. Merci beaucoup.
Mme Éthier (Sonia) :
Parfait.
Le Président (M. Ciccone) :
Je cède maintenant la parole pour près de 10 minutes à l'opposition officielle,
soit à la députée de Verdun. Allez-y.
Mme Melançon : Bien, moi, vous
étiez sur une lancée. Je vous laisserais quelques minutes, en tout cas, une ou
deux minutes si vous voulez terminer parce que, là, je vous ai sentie pressée
vers la fin. Est-ce que vous aviez d'autres choses à ajouter parce que c'était
quand même intéressant?
Mme Éthier (Sonia) :
Je disais par rapport au questionnement sur l'information qui n'est pas un
bien, hein, comme d'autres biens. Et c'est tout à fait dans l'intérêt du
gouvernement et des citoyennes et des citoyens que justement les citoyens
puissent exercer leur démocratie, prendre connaissance des enjeux régionaux qui
les concernent pour être capables de se les approprier puis de s'exprimer
aussi.
Alors, est-ce qu'on peut penser que le
gouvernement laisse «passer la parade» et puis, on l'a salué tout à l'heure,
là, le 5 millions qui a été rapidement prêté, là, pour qu'on puisse
continuer. On pensait de poursuivre jusqu'en décembre. Ça ne sera
malheureusement pas possible. Mais c'est vraiment très...
Puis là, en plus, je regardais, ce matin,
dans les médias : Le gouvernement du Québec a dépensé 3,7 millions en
publicité sur la plateforme du géant web, 12 % en 2018‑2019, mais 9 %
l'année précédente.
Alors, là, il y a une question à se
poser : Est-ce qu'on peut continuer comme ça? Est-ce qu'il n'y aurait pas
des éléments qu'on pourrait... des gestes que le gouvernement pourrait poser
pour encourager les médias régionaux pour être capable de les sauver puis
sauver cette démocratie nécessaire aux citoyennes et citoyens?
Mme Melançon : Merci. Je
voulais que vous puissiez aller jusqu'au bout de votre idée. Donc, merci. Je
vais avoir quelques questions en rafale pour vous si vous permettez.
D'abord sur l'exemplarité de l'État, hein,
on a voté une motion à l'Assemblée nationale et j'ai posé la question à
différents groupes hier, à savoir : Est-ce que vous avez fait certains
calculs de votre côté, à savoir où va se retrouver l'équilibre? Est-ce qu'on
doit comme élus demander à l'Assemblée nationale ainsi qu'au gouvernement des
publicités? On ne peut pas complètement ignorer les grands joueurs du Web, mais
en même temps, ça prend aussi l'équilibre. Et puis je voyais les différents
tableaux, là, qui nous montraient l'explosion justement où on utilisait
peut-être trop ces géants du web.
Alors, je ne sais pas si vous, vous avez
fait un calcul en pourcentage à ce que cela représente? J'ai posé différentes
questions. Plusieurs m'ont dit, non, là. Ce n'est vraiment pas une trappe.
C'est juste pour savoir si vous l'avez regardé.
Mme Éthier (Sonia) :
Nous n'avons pas fait ce travail là.
Mme Melançon : D'accord. J'ai
trouvé ça intéressant à l'intérieur du mémoire. Vous parlez des 10 bureaux
régionaux. Donc, il y a quand même des régions où il n'y a pas de bureaux
régionaux actuellement. Donc où il pourrait y avoir un désert dont on parlait
hier, un certain désert médiatique. Est-ce que vous pouvez me cibler là où il
n'y en a pas? Et là où on devrait en avoir. Et, dans un deuxième temps, est-ce
que vous avez calculé combien est-ce que ça pourrait représenter... Combien on
a besoin pour arriver à peu près, là, où vous nous amenez? Est-ce que vous
l'avez chiffré?
Mme Éthier (Sonia) :
Absolument pas. Nous, on n'a pas chiffré toute cette question, là. Au fond, ce
qu'on voulait faire, c'est d'amener des pistes de réflexion pour la commission,
pour...
Mme Melançon : ...on a besoin
pour arriver à peu près là où vous nous amenez, est-ce que vous l'avez chiffré?
Mme Éthier (Sonia) :
Absolument pas. On n'a pas chiffré toute cette question, là. Au fond, ce qu'on
voulait faire, c'est d'amener des pistes de réflexion pour la commission, pour
réfléchir, pour trouver des solutions.
Mme Melançon : Parce qu'il
faut réfléchir un peu à l'extérieur de la boîte, hein, on l'a dit assez souvent,
là, je pense que le modèle, on est arrivé à une fin en soi, là. Si on est tous
là en commission, c'est qu'on voit qu'on a besoin de nouveaux modèles
d'affaires, on a besoin de réfléchir. Alors, je vais réfléchir à l'extérieur de
la boîte avec vous ce matin. Si, par exemple, puis je le lance comme ça, là, en
toute réflexion avec vous : Si on mettait Tou.tv, Illico, si tout le monde
pouvait se regrouper sous un même chapeau pour tenter justement d'être
attrayant pour la population pour pouvoir se retrouver avec bien sûr des
vitrines plus régionales, sous un chapeau qu'on pourrait identifier comme étant
Télé-Québec... est-ce que vous pensez que c'est quelque chose qui est faisable?
M. de Sève (Nicole) : Vous
êtes rendue pas mal loin dans votre réflexion, dans les fusions d'organigrammes
et d'organisations. Tou.tv se retrouve sur le site de Radio-Canada, Illico, à
ce que je sache, c'est privé, et Télé-Québec, c'est notre seule télévision
publique. Une proposition comme la vôtre m'inquiète, dans le sens que... est-ce
qu'on risquerait de perdre justement cet aspect qui est extrêmement important,
qui fait que Télé-Québec est une télévision publique?
Ça, ça m'inquiète. Pas fermée, mais encore
là, j'aurais envie de dire qu'on met un peu la charrue en avant des boeufs,
pour prendre une belle expression québécoise, dans le sens que, si vous
acceptez, comme commission parlementaire, de recommander qu'il y ait, oui, un
élargissement du mandat de Télé-Québec, et qu'on soit capables de... dans des
formules, je pense que, là, à ce moment-là, il pourrait y avoir ces
ouvertures-là, parce que ces mesures... Je vais prendre un exemple, moi,
j'étais de la négociation pour le Régime québécois d'assurance parentale. Quand
on me demandait combien c'était pour chiffrer, je leur disais :
Voulez-vous, on va reconnaître les principes, le congé pour les mères, les
pères, les congés... puis après, les actuaires vont aller la Régie des rentes
puis ils vont le calculer. Bien, je vous fais la même proposition :
Pouvez-vous être capable de regarder un principe, un élément qui fait que oui,
et maintenant, après ça, prendre à des groupes qui ont l'expertise de dire
combien ça va coûter, combien de... combien on va imposer à la masse salariale,
si on ferait un fonds déjà... C'est dans ce sens-là que... Vous nous posez des questions
de mise en oeuvre, et nous ne savons même pas si la commission va recommander quelque
chose. Ça fait que c'est un peu ça.
Mme Melançon : Je vais vous
interrompre quelques secondes, là...
M. de Sève (Nicole) : Pas
juste vous, là.
Mme Melançon : Je pense qu'on
est tous là pour réfléchir ensemble.
M. de Sève (Nicole) : Oui,
mais pas aller aussi loin.
Mme Melançon : On en profite,
mais je ne veux pas imputer à quiconque ou... je ne veux pas aller là-dedans,
je ne faisais que lancer une idée, on vient de dire qu'il fallait réfléchir à
l'extérieur de la boîte, chose que je faisais.
Je vais revenir à Mme Éthier, alors. Je
lisais bien, à l'intérieur aussi du mémoire, en page 9, sur Netflix, vous êtes
donc d'accord avec l'idée qu'on puisse faire un fonds dédié avec le nouvel
argent qui entre actuellement au gouvernement. Si j'ai bien saisi, là, la
portée en page 9, là, de votre mémoire, donc vous, vous êtes d'accord avec un
fonds dédié, moi, j'étais un petit peu large lorsque j'ai fait la proposition,
là, je voyais vraiment un fonds pour, et la culture... Parce que, dans le fond,
là, on a un contenant, puis le contenant, bien, c'est les Facebook, c'est les
GAFA, on va se le dire comme ça. Le problème, c'est le contenu. Et là, actuellement...
Et c'est dans le droit d'auteur, il est là, le problème, là, c'est sur le droit
d'auteur, tant pour... Là, on parle des médias, moi, je le voyais un peu plus
large, parce que le contenu québécois... tout est dans dans tout. Mais vous,
vous étiez un peu plus... vous étiez un peu plus directe. Pouvez-vous aller
plus loin dans votre idée, s'il vous plaît?
Mme Éthier (Sonia) :
Bien, sur la proposition qu'on a faite, je pense qu'à la base, ce qu'on se
disait, c'est que, sur la question de la taxe de vente du Québec — c'est
à ça que vous référez — qui est prélevée, bien, à la base, est-ce
qu'on peut répondre à cette question-là? Est-ce que... Si le gouvernement
accepte de prendre une partie de ce qui est prélevé pour investir dans les
médias, dans les médias et dans Télé-Québec... Bien, premièrement, oui ou non?
Si c'est oui, combien? Et on va régler une partie du problème. Parce que je
pense que c'est une source de revenus qui... c'est faisable, je ne pense pas
que ça, c'est une volonté politique, c'est faisable, ça peut se faire.
• (10 h 10) •
Puis ensuite, bien, l'autre possibilité
que nous disions, c'était de percevoir des impôts, là, sur les grands...
Mme Éthier (Sonia) :
...parce que je pense que c'est une source de revenus qui... c'est faisable, je
ne pense pas que ça... c'est une volonté politique, c'est faisable, ça peut se
faire.
Puis ensuite, bien, l'autre possibilité
que nous disions, c'était de percevoir des impôts, là, sur les grands joueurs, parce
que... je regardais aussi, il y a quand même 74 % de la part que se
partagent Facebook, Google sur 6,8 milliards en publicité au Canada, ce
n'est quand même pas rien, tout ça, là, ce n'est pas rien. Ça fait que je pense
qu'il y a des gestes à poser, il y a une... ça, ça part de la volonté
politique, et une fois que ça, ça sera fait... moi, je pense que, quand on a
des revenus supplémentaires, bien, il reste qu'après on peut... il y a bien des
choses qu'on peut faire, puis qui vous seront soumises, en commission ici, par
les différentes intervenantes et intervenants.
Le Président (M. Ciccone) :
Je reconnais la députée de Saint-Laurent. Il vous reste 26 secondes.
Mme Rizqy : Oh!... Mme Éthier,
je l'ai fait, le calcul, avec mes collègues. Juste avec une taxe GAFA de
3 %, c'est 20 millions. J'aimerais vous entendre rapidement. Il y a
une réforme collégiale... je sais que le principe, on est d'accord,
Mme de Sève, mais il faut aussi trouver des solutions après ça pour
le long terme, réforme que les gens de... l'Université de Washington a créée,
un nouveau qui s'appelle Calling Bullshit, c'est pour aider aussi les citoyens
à comprendre c'est quoi, de la vraie information, puis voir ce qu'est de la
désinformation. Dans notre réforme collégiale, est-ce qu'elle serait
souhaitable?
Le Président (M. Ciccone) :
Mme la députée, il ne reste plus de temps malheureusement.
Mme Rizqy : Bien, est-ce qu'on
peut avoir un oui ou un non avec consentement ou une courte réponse avec
consentement?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui? O.K. On rajoute du temps, on a un consentement. Une réponse rapide, s'il
vous plaît.
Mme Éthier (Sonia) :Bien, je ne saurais pas quoi vous répondre sur la question de
la réforme collégiale, mais à votre...
Mme Rizqy : ...formation de la
citoyenneté, est-ce que... justement on est rendus là, avec tellement de
désinformation, qu'on pourrait faire ce que l'Université de Washington a fait
et créer un nouveau programme de trois crédits, qui justement s'appelle Calling
Bullshit?
Mme Éthier (Sonia) :
Je pense que ça va être aux gens du réseau collégial de répondre, mais sur le
fond de ce que vous dites sur la question de la désinformation...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît. En terminant.
Mme Éthier (Sonia) :
...je suis tout à fait d'accord, parce que là, les gens s'informent sur
Facebook, c'est quand même... il y a une prise de conscience à faire.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de Taschereau pour
une période de 2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. J'ai 2 min 30 s, je vais essayer d'aller vite. Bon,
on parle de plus en plus, à travers le monde, d'impôts sur les grands joueurs
du numérique, d'imposer leur chiffre d'affaires qui est fait chez nous, ils
font des centaines de millions chez nous, ne paient aucun impôt, et cet
argent-là, qui serait récurrent puis qui grandirait en même temps que la
révolution, qui arriverait dans nos coffres... la révolution numérique,
excusez-moi, qui arriverait dans nos coffres pourrait nous permettre de
financer les médias à long terme, l'information à Québec à long terme.
Moi, en ce moment, je suis plutôt inquiète
de la non-position du gouvernement ou des députés aussi du gouvernement dans
cet enjeu-là. On ne les a pas entendus parler de cette question-là. On a
entendu beaucoup de gens, en commission, venir nous dire : C'est une des
options qui est à regarder, puis qui est très importante. Au fédéral, c'est la
même chose, ils sont complètement sur le neutre. Même eux, ils le disent :
Ah! pas tout de suite... Ah! il faut voir... bon.
Puisqu'il s'agit quand même de la
sauvegarde puis de la vie de notre culture, de notre information locale, de ce
qui anime notre identité, et c'est beaucoup plus large, l'information touche à
beaucoup plus que juste l'information elle-même, qu'est-ce qu'on fait si le
fédéral refuse de bouger, refuse, sur le long terme, de faire quoi que ce soit?
Est-ce que ça pourrait être une bonne idée de tenter de rapatrier, comme ça
s'est fait à d'autres époques... Aujourd'hui ça nous apparaît bien
extraterrestre, mais c'est des mobilisations qu'on pourrait faire lever, de
rapatrier tous les pouvoirs en communication, en culture, de façon à
dire : Bien, nous, notre spécificité dans le monde, on va avoir tous les
pouvoirs pour la protéger. J'aimerais avoir votre avis là-dessus.
Mme de Sève (Nicole) : Je
pense que, dans l'état actuel des relations fédérales-provinciales, rapatrier
tous les pouvoirs, c'est un peu beaucoup. Par contre, si on est capables
d'aller chercher des ententes très significatives sur la main-d'oeuvre, de
rapatrier des pouvoirs, notamment en ce qui concerne l'immigration, je suis
convaincue qu'on peut faire des pas de géant sur la culture d'autant plus que,
comme vous l'avez si bien dit, c'est un créneau de notre identité et qui est
extrêmement important pour la population québécoise. Ça vaut la peine de tenter
le coup. Il peut y avoir une mobilisation citoyenne. il y en a eu, du temps du
gouvernement Harper, des mobilisations citoyennes pour sauver Radio-Canada, si
vous vous souvenez, très forte. Donc, il y a moyen sûrement de pouvoir
augmenter les pouvoirs. Je ne suis pas certaine que, dans le cadre actuel, on
pourrait tout rapatrier, mais je pense qu'on est capables. Sinon, bien, faisons
à notre tête, soyons maîtres chez nous.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski pour une période
de 2 min 30 s.
M. LeBel : On ne peut pas
commencer sur des meilleurs mots, «maîtres chez nous», ça commence bien. Tout
le monde ici, autour de la table, se dit nationaliste de ce temps ici, là, tous
les partis politiques devenus des nationalistes. Mais si on est vraiment
nationalistes, il faut aller revendiquer à Ottawa ces mesures-là. Rapatrier nos
pouvoirs, c'est une question d'identité, c'est une question de culture, c'est
une question de langue, c'est beaucoup plus large que l'avenir des médias à mon
avis...
M. LeBel : ...tout le monde
ici, autour de la table, se dit nationaliste de ce temps-ci, tous les partis politiques
sont devenus des nationalistes. Mais, si on est vraiment nationalistes, il faut
aller revendiquer à Ottawa ces mesures-là, rapatrier nos pouvoirs. C'est une question
d'identité, c'est une question de culture, c'est une question de langue, c'est toujours
plus large que l'avenir des médias, à mon avis.
Sur l'avenir des médias, peut-être
aussi... moi, je fais une parenthèse, les salles de presse ont certaines responsabilités
déjà aujourd'hui, j'ai beaucoup de témoignages de journalistes en région qui
veulent vendre leur topo national puis ça ne passe jamais. Ils essaient bien de
parler des crabiers puis du bateau puis... mais à part le traversier
Matane-Godbout, il n'a rien qui passe au national. Il y a une responsabilité
aussi des grands médias de laisser, de temps en temps, leurs journalistes en
région, à prendre un peu de place aux nouvelles nationales. Puis on concentre beaucoup...
Le Journal de Québec maintenant, on aime le hockey, M. le Président, Le
Journal de Québec, on va voir Les Remparts, mais bien rare qu'on voit
L'Océanic ou les Saguenéens, on parle des Remparts. Pourtant, c'est des équipes
de hockey dans nos régions qui font partie de notre identité aussi en région.
Le Théâtre les gens d'en bas au Bic, ils sont en grandes difficultés actuellement.
On se bat, mais si ce théâtre-là était ici, à Québec, on en entendrait parler,
il ferait la première page des journaux, mais là, on est en région, on en
entend moins parler. Ça fait que c'est hyperimportant, là, ce que vous dites.
Et je reviens rapidement, Télé-Québec, effectivement,
il y a quelque chose à faire avec ça, plusieurs en parlent. Hier, quelqu'un
nous parlait des mutuelles de services, parce qu'un peu comme disait mon
collègue, Télé-Québec, il faut qu'ils prennent la place en région, mais il
faudrait qu'ils aient une façon de concerter avec les médias qui sont déjà en
région. Si Télé-Québec pourrait aller chercher ce qui se passe aussi avec les
médias en région puis les propulser au niveau national, il y aurait peut-être
quelque chose à faire. Moi, Télé-Québec, O.K., mais avec une certaine concertation,
quelque chose de nouveau qu'on pourrait faire avec les médias qui existent déjà
en région.
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. LeBel : Désolé.
Mme Éthier (Sonia) :
C'est une excellente conclusion, il faut qu'il y ait une concertation, puis on
le disait tout à l'heure, il n'est pas question, dans les solutions ou les propositions
qu'on fait, de remplacer les médias qui existent. Oui, effectivement, il
pourrait y avoir une belle concertation puis c'est une excellente idée.
M. LeBel : Merci.
Mme de Sève (Nicole) : Prenez
juste l'exemple de Radio-Canada, qui va aller chercher des journalistes dans
d'autres médias écrits et qu'ils font témoigner dans des émissions, et tout, on
peut le faire dans une région, on peut le faire avec l'antenne régionale qui va
prendre les gens du quotidien ou des gens d'hebdo et de dire sur cette
question-là...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci.
Mme de Sève (Nicole) : ...c'est
possible.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je reconnais maintenant Mme la députée de Marie-Victorin pour deux
minutes.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup. Je trouve que votre proposition est extrêmement intéressante parce
que vous mettez le doigt sur la nécessité d'assurer la diversité de
l'information partout dans nos régions, donc il n'est pas question de
remplacer, mais bien d'assurer la diversité. Puis ça me fait penser que, dans
plusieurs pays scandinaves comme la Norvège, la Finlande, c'est exactement ce
qu'ils ont fait pour assurer la vitalité des médias en région. Lorsqu'il y
avait très peu de médias dans une région donnée, le gouvernement, par exemple,
le gouvernement suédois, le gouvernement norvégien a décidé de subventionner un
joueur public pour venir l'ajouter dans l'équation et ainsi donc assurer la
diversité des médias. Donc, ça me faisait vraiment penser à ce qui se fait
là-bas.
Maintenant, on a beaucoup parlé du futur,
de l'avenir de Télé-Québec, mais est-ce que vous avez des membres... est-ce que
vous représentez des membres à la CSQ, qui sont à Télé-Québec et quel est
l'état actuel des choses?
Mme Éthier (Sonia) :
Bien oui, on l'a dit, d'entrée de jeu, on représente le Syndicat des employés
de Télé-Québec qui sont environ 460 travailleuses et travailleurs, là. Et, bien
sûr, Télé-Québec, on le sait, a des difficultés financières, a été aidé par le
gouvernement, mais je pense qu'il faut que Télé-Québec continue de vivre, que
le gouvernement continue de le faire rayonner. Comme on disait, c'est la
télévision publique qui nous appartient, et je pense que tous ces travailleuses
et travailleurs mettent la main à la pâte pour faire en sorte que Télé-Québec
rayonne. Et d'ailleurs combien de Gémeaux ont été remportés par la qualité de
ce qui se fait? Puis ça, bien, ça passe par les travailleuses et travailleurs.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, merci beaucoup, merci beaucoup pour votre contribution à ces travaux.
Surtout merci, Mme de Sève, pour votre grande passion. Merci beaucoup. Je
suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 20)
(Reprise à 10 h 22)
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants des fédérations
professionnelles des journalismes du Québec. Je vous rappelle que vos disposez
de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter, ainsi
que les personnes qui vous accompagnent, et à procéder à votre exposé. La
parole est maintenant à vous.
M. Giroux (Stéphane) : Alors,
merci, M. Ciccone. Mon nom est Stéphane Giroux, et je suis président de la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Je suis accompagné par
notre directrice générale, Catherine Lafrance. Et on devine que vous avez pas
mal tous lu notre mémoire, alors je ne le lirai pas intégralement ce matin. Je
vais passer... Je vais résumer les points et ensuite porter attention sur les
événements des derniers jours.
Notre organisme existe depuis 50 ans. Il
s'agit d'un OBNL qui regroupe environ 1 800 journalistes au Québec,
répartis dans plus de 250 médias écrits et électroniques. Pour vous donner une
idée, 35 % de nos membres viennent de la presse écrite. La FPJQ est une
association professionnelle qui s'est donné le mandat de défendre la liberté de
presse et le droit du public à l'information. Nos interventions, chaque fois
que cette... Nous intervenons chaque fois que cette liberté nous semble
menacée, que ce soit à cause de facteurs économiques, de situations politiques
ou de contextes juridiques. Nous sommes régulièrement appelés à agir quand nos
membres se font refuser l'accès à des assemblées publiques ou qu'ils ne peuvent
obtenir des documents publics, pour ne nommer que ces exemples. La FPJQ
distribue aussi une carte de presse, qui est reconnue à travers le monde. Pour
l'obtenir, nos membres professionnels doivent démontrer qu'ils travaillent de
façon régulière pour une ou plusieurs entreprises de presse et doivent
s'engager à adhérer et à respecter notre code de déontologie.
Il a beaucoup été question des médias dans
la crise que l'on connaît, mais peu des journalistes, alors je vous invite donc
à vous poser cette question : Qu'est-ce que c'est, un journaliste? Et
voici comment on nous répond... on vous répond, à la FPJQ : C'est
quelqu'un qui exerce une fonction de journaliste la personne qui travaille à la
diffusion d'informations ou d'opinions sur des questions d'actualité dans une
optique d'intérêt public, au service des citoyens, et non pas d'intérêts
particuliers. Cette définition est, à notre sens, importante parce que, si on
ne sait pas ce que fait un journaliste, on ne comprend pas bien pourquoi il
faut défendre le ou les médias pour lequel ou pour lesquels il travaille. Si on
ne comprend pas bien qu'un journaliste travaille pour le public, et seulement
pour lui, le but de l'exercice auquel nous nous adonnons aujourd'hui est
futile.
La FPJQ a été témoin, depuis un
demi-siècle, de grands changements...
M. Giroux (Stéphane) : ...
pourquoi il faut défendre le ou les médias pour lequel ou pour lesquels ils
travaillent. Si on ne comprend pas bien qu'un journaliste travaille pour le
public et seulement pour lui, le but de l'exercice auquel nous nous adonnons aujourd'hui
est futile. La FPJQ a été témoin depuis un demi-siècle de grands changements
dans le monde médiatique, mais la crise dans laquelle des journaux sont plongés
n'a aucune mesure avec tout ce que nous avons vu jusqu'ici. Un rapport du Forum
des politiques publiques au Canada a recensé la fermeture de 225 hebdos et
27 quotidiens depuis 2010. C'est des centaines de postes de travailleurs
de l'information qui ont disparu durant cette période. Et c'est sans compter la
menace qui pèse sur les quotidiens du Groupe Capitales Médias.
Il faut endiguer la saignée, stopper cette
érosion de l'information avant que des régions entières du Québec ne se
retrouvent dans une espèce de trou noir. Pour ce faire, alors, nos
recommandations sont les suivantes.
Nous demandons à Québec de mettre sur pied
une aide pour plusieurs types de médias, qu'ils produisent de l'information
quotidienne ou hebdomadaire, numérique ou imprimée, que leur modèle d'affaires
repose sur l'abonnement ou la gratuité des contenus. Cette aide pourrait
prendre la forme d'un crédit d'impôt pour les entreprises de presse semblable à
celle annoncée dans le dernier budget fédéral.
Nous demandons une réduction de l'effort
financier imposé aux journaux, notamment en diminuant la compensation exigée
dans la valorisation des matières résiduelles, le recyclage.
Nous demandons au gouvernement du Québec
qu'il fasse pression sur Ottawa pour que des redevances pour la presse
productrice de contenu journalistique soient exigées aux entreprises du GAFA.
J'espère qu'on n'a pas besoin de répéter que veut dire GAFA.
Nous demandons au gouvernement québécois
qu'il fasse pression pour qu'Ottawa amende ses lois sur le droit d'auteur pour
contraindre les géants du Web à respecter les droits d'auteur en obligeant les
plateformes en ligne qui publient du contenu journalistique à conclure des
ententes avec les auteurs de contenu.
Nous demandons au gouvernement québécois
qu'il revendique auprès d'Ottawa la gestion des droits d'auteur et des redevances
qui y sont associées au nom de la souveraineté culturelle du Québec.
Nous demandons à toutes les municipalités
du Québec qu'elles recommencent à publier leurs avis publics dans les journaux
régionaux et, évidemment, on demande à Québec de les contraindre à le faire.
Nous demandons la même chose au gouvernement, qu'il soit provincial ou fédéral.
Sur l'urgence d'agir, les quotidiens et
les hebdos ne peuvent tout simplement pas lutter à armes égales avec Google et
Facebook. Ils font face à un ennemi mille fois plus puissant qu'eux. Notre
mémoire, à l'instar de plusieurs autres, démontre la profondeur de la crise
dans laquelle sont plongés les journaux, mais c'est l'actualité des derniers
jours, quand le Groupe Capitales Médias a annoncé qu'il se plaçait sous la
protection de la Loi sur la faillite qui prouve hors de tout doute l'urgence
d'agir. La fermeture de ces six quotidiens, si elle devait se réaliser,
représenterait la disparition de la moitié des quotidiens de langue française
au Québec. Imaginons un instant ce qui arriverait si le seul journal pour la
région de l'Outaouais fermait ses portes, même chose pour Trois-Rivières,
Granby, Sherbrooke et, évidemment, le Saguenay. La perte de couverture
journalistique en région serait catastrophique pour ces communautés et l'effet
domino de ces fermetures.
Je pense au Soleil qui assure une
présence dans l'Est-du-Québec et la Gaspésie, où on ne retrouve aucun
quotidien. J'ai moi-même commencé ma carrière en Gaspésie en écrivant pour Le Soleil.
Les réactions ont été nombreuses depuis cette annonce. Certains remettent en
question le modèle d'affaire des journaux et se demandent, par exemple,
pourquoi les contribuables devraient payer pour soutenir une presse qui n'est
plus financièrement viable. La réponse est simple. Parce que le prix à payer
pour la société québécoise serait énorme. Le prix à payer, c'est la disparition
des sources d'information, la fin dans certaines régions de l'essentielle
pluralité des voix dans une démocratie en santé et le retour à l'obscurantisme.
En région, ce sont souvent les journalistes de la presse écrite qui couvrent
les assemblées des conseils municipaux, qui s'intéressent au travail des élus,
par exemple. Sans eux, les décisions seraient prises derrière des portes
closes, sans que les citoyens n'en soient avisés. C'est la porte ouverte à des
petites dictatures. On en a vu.
• (10 h 30) •
Oui, la presse a besoin de l'aide de
l'État en ce moment. Elle est loin d'être la seule industrie dans cette
situation. L'avionnerie s'est aussi tournée vers le gouvernement, les
industries culturelles...
10 h 30 (version non révisée)
M. Giroux (Stéphane) : ...derrière
des portes closes, sans que les citoyens n'en soient avisés. C'est la porte
ouverte à des petites dictatures. On en a vu.
Oui, la presse a besoin de l'aide de
l'État en ce moment. Elle est loin d'être la seule industrie dans cette
situation. L'avionnerie s'est aussi tournée vers le gouvernement, les
industries culturelles le font régulièrement pour ne parler que de ceux-là.
Plusieurs voix s'élèvent déjà pour laisser entendre que, si la presse est
subventionnée par l'État, elle devient un outil de propagande. Bien, il n'en
est rien. Donnons l'exemple de Radio-Canada qui est financé en partie par le
gouvernement fédéral, et son service de l'information est l'un des plus
crédibles et respecté au Canada. La majorité des grands médias adhère à un code
de déontologie très strict qui les met à l'abri de toute influence extérieure.
Et je vous rappelle la description des journalistes que nous avons faite un peu
plus tôt. Les journalistes travaillent pour le public, seulement pour le
public, et des mécanismes existent pour protéger et assurer l'indépendance
journalistique. Je vous remercie.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Giroux. C'est maintenant le temps de passer justement à
la partie gouvernementale pour une période de 15 minutes. Je reconnais le
député de... voyons, Beauce-Sud, merci.
M. Poulin : Merci, M. le
Président. Je pense que vous ne l'oublierez plus d'ici la fin de la semaine ou
de la fin de la journée, du moins.
Merci à la FPJQ d'être avec nous aujourd'hui,
fort apprécié. Félicitations pour votre campagne, également, que vous avez mis
en place sur les réseaux sociaux qui vise justement à mettre de l'avant le
travail qui est fait par nos hebdos locaux, entre autres, mais bien sûr par les
quotidiens et la presse dans son ensemble. Il ne suffit pas non plus de prendre
une photo puis de la mettre sur les réseaux sociaux, on s'entend, il faut poser
des gestes, et je pense que ces gestes-là devaient être posés il y a plusieurs
années, doivent l'être aujourd'hui et devront l'être dans le futur. Alors,
sachez que vous avez une oreille attentive des élus de l'Assemblée nationale également
pour le futur.
On a beaucoup de questions du côté de la
partie ministérielle, alors je vais m'y faire très vite. Vous avez parlé de
l'indépendance des médias, du droit des auteurs, on pourra y revenir, mais je
veux parler de votre relation avec les patrons de presse. Compte tenu du fait
que vous avez à lutter pour s'assurer qu'on puisse avoir des salles de
nouvelles qui sont remplies, des salles de nouvelles qui visent une destination
qui est celle de donner le plus d'informations possibles aux citoyens, on veut
également protéger le journalisme d'enquête, on veut s'assurer qu'il y ait plus
de ressources qui y soient accordées, mais, au même moment, on ne veut pas
délaisser la nouvelle quotidienne qui est très importante, entre autres, dans
les régions.
Donc, quelle est votre relation avec la majorité
des médias de presse au niveau de la façon dont on peut faire... on peut mettre
en place nos salles de rédaction? Parce qu'on parle beaucoup des revenus dans
le cadre de cette commission parlementaire là, et c'est important, mais
l'investissement qui, pour plusieurs, peut être considérée comme une dépense,
moi, j'aime mieux parle d'investissement, il faut aussi en parler. Alors, le
fait qu'on investit dans une salle de nouvelles, ce que ça rapporte, pas juste
en termes de publicité, mais ce que ça rapporte en termes de crédibilité
également de l'information.
Alors, actuellement, quelle est votre
relation avec les principaux médias pour la place des journalistes dans les
salles de nouvelles et s'assurer qu'on puisse en avoir le maximum?
M. Giroux (Stéphane) : Je vais
laisser Mme Lafrance répondre.
Mme Lafrance (Catherine) :
Merci, Stéphane. Merci. On n'a même pas besoin d'appuyer sur le bouton, c'est
bien, ça se fait tout seul.
Bien, écoutez, première des choses, nous,
à la FPJQ, évidemment, on ne fait pas d'ingérence. On ne se mêle pas d'administration
des salles de rédaction des entreprises de presse, des modèles d'affaires. On
n'a ni les compétences ni l'intérêt pour le faire. Cependant, notre relation,
pour répondre à votre question, avec les entreprises de presse et les grands
patrons, patronnes d'entreprises de presse, elle est excellente. Plusieurs sont
membres chez nous d'ailleurs. Pourquoi? Parce qu'on travaille tous dans le même
but. Le but, c'est de faire de l'information la meilleure information possible
pour le public québécois, et c'est ce qu'on a à coeur aussi. Donc, on défend
non seulement le droit du public à l'information, mais la qualité de
l'information. Et non seulement la relation des patrons d'entreprises de
presse, elle est bonne avec nous, mais les patrons d'entreprises de presse se
parlent, ils ont de bonnes relations entre eux. Évidemment, vous vous en doutez
bien, ils sont tous dans la même industrie malgré la compétition et malgré ce
qu'on peut croire, vu de l'extérieur. Cependant, ils sont tous bien conscients
que, écoutez, pour reprendre, si vous voulez, un exemple, ou une allégorie avec
ce qui se passe dans l'actualité en ce moment, la forêt brûle, et il est temps
d'endiguer ça, il est temps de contrôler tout ça. Je pense que les patrons de
presse ont à coeur, d'abord et avant tout, l'information. Ce sont des gens qui
sont impliqués dans le milieu d'information. Beaucoup sont d'anciens
journalistes. Ils ont toujours fait de l'information, toute leur vie, pour la
plupart. C'est ce qu'ils défendent d'abord et avant tout avant de défendre les
intérêts financiers. Bien sûr, ils ont ça à coeur, mais je ne suis pas sûre
qu'en ce moment, ce soit leur seule préoccupation. Je pense qu'ils veulent tous
éviter les fermetures et ils veulent tous conserver... continuer à embaucher
des journalistes. Et dans le meilleur des cas, idéalement, d'ici quelques
années, ils aimeraient tous réembaucher des journalistes. Parce que je vous
rappelle qu'au Québec, au cours des dernières années, il s'est perdu des
dizaines et des dizaines, voire des centaines d'emplois de journalistes dans la
province, dans toutes les régions. Il y a des régions qui sont moins bien
desservies maintenant qu'elles l'étaient il y a encore quelques années, et ça,
c'est terrible. C'est terrible pour les travailleurs, pour les emplois mais
pour la population d'abord et avant tout. Donc, je pense que tous
s'entendent pour dire qu'il faut...
Mme Lafrance (Catherine) :
...dernières années, il s'est perdu des dizaines et des dizaines, voire des
centaines d'emplois de journalistes dans la province, dans toutes les régions. Il
y a des régions qui sont moins bien desservies maintenant qu'elles l'étaient il
y a encore quelques années, et ça, c'est terrible. C'est terrible pour les
travailleurs, pour les emplois mais pour la population d'abord et avant tout.
Donc, je pense que tous s'entendent pour
dire qu'il faut, oui, sauver la presse, mais il faut que la presse ne soit plus
sur l'espèce de respirateur artificiel sur lequel il est branché depuis des
années. Il faut que la presse soit viable. Il faut qu'elle soit prospère.
Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas se mettre à penser à une certaine prospérité?
Le Québec, la société québécoise et les Québécois méritent une presse écrite en
santé, en santé financière, en santé, et méritent que tous les territoires
soient couverts, et que des journalistes puissent travailler partout, parce que,
comme on le dit et on le répète, les journalistes travaillent pour le public.
J'espère que ça répond à votre question. J'ai débordé un peu.
M. Poulin : Non, mais fort
intéressant. Merci beaucoup. Je vais céder la parole à l'un de mes collègues de
la partie ministérielle.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je reconnais le député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci et bienvenue. Je pense que vous êtes bien placé, M. Giroux,
pour parler de la réalité des médias anglophones. J'aimerais ça vous
entendre : Comment ça se compare, les médias d'expression anglaise versus
la situation, l'état des faits ou l'état actuel, là, des médias francophones et
anglophones? S'il y a un écart, j'aimerais ça l'entendre. Et aussi :
Comment vous voyez cette crise-là dans l'optique justement où est-ce que les
GAFA, bien, vraiment, sont plus traditionnellement en anglais? Donc, on
pourrait penser que les médias anglophones sont plus vulnérables par cette
compétition plus internationale. J'aimerais ça vous entendre.
M. Giroux (Stéphane) : Bien,
les médias anglophones au Québec font face aux mêmes problèmes que les médias
francophones. Le problème est universel à travers le Canada, à travers l'Amérique
du Nord. Au Québec, puis je me fie évidemment au fait que j'ai travaillé dans
quelques médias anglophones, quelques médias francophones, ça se rejoint beaucoup.
La différence, c'est que, du côté anglophone, ces médias-là doivent en plus
faire face à la diminution constante de la communauté anglophone.
The Gazette, à Montréal,
comparé à ce que c'était il y a 25, 30 ans, c'est tout mince, là. Ils peinent à
faire une couverture adéquate parce que les ressources, les budgets ne sont
plus là. Ils appartiennent évidemment à des intérêts financiers importants où
peut-être que le... ils voient l'avenir différemment.
Je pense au Sherbrooke Record, où
j'ai publié mes premiers textes il y a 33 ans, à l'époque, c'était un grand
quotidien, même si le tirage était très mince. Maintenant, c'est un tout petit
journal qui en arrache chaque année. Je parlais à l'éditrice l'autre jour, qui
disait : On n'est jamais sûrs si on va être là l'année prochaine.
En Gaspésie, il y a un tout petit hebdo
qui s'appelle The Spec, qui existe depuis au-dessus de 40 ans. Eux
autres, ils survivent presque uniquement par abonnement, par des nostalgiques,
et ils reçoivent des dons, ils reçoivent de la publicité locale, mais, encore
là, eux autres ne savent jamais d'une année à l'autre s'il va être encore là.
C'est pour ça que, du côté anglais, c'est
plus complexe. On le sait, eux autres, c'est la perte de marché publicitaire et
la décroissance démographique qui les affectent encore plus.
M. Skeete : Donc, si... pour
résumer, au Secrétariat des relations avec les Québécois d'expression anglaise,
on met beaucoup d'emphase pour réduire l'exode des Québécois d'expression
anglaise du Québec. Donc, si, d'un côté, le gouvernement agit concrètement là,
compte tenu des résultats de cette commission, on serait en mesure peut-être
d'aider aussi la communauté anglaise et les médias anglophones.
M. Giroux (Stéphane) : Ah!
absolument. La FPJQ défend la presse, le journalisme au Québec, qu'il soit
francophone ou anglophone, et d'ailleurs...
Mme Lafrance (Catherine) : Et
même la presse ethnique.
M. Giroux (Stéphane) :
...plusieurs de nos membres représentent la presse ethnique. Les communautés
culturelles bien souvent ont des journaux au Québec, et ceux qui respectent
notre code de déontologie font partie évidemment de notre organisation.
M. Skeete : ...beaucoup. Merci
beaucoup. Je cède à mes autres collègues.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Maskinongé. À vous la
parole.
M. Allaire : Merci, M. le
Président. Hier, la question me brûlait les lèvres. Finalement, je pense que
vous étiez vraiment la bonne organisation pour recevoir cette question-là. Moi,
je m'interroge beaucoup sur la santé du métier de journaliste actuellement. On
le sait, plusieurs intervenants nous l'ont dit aussi hier, c'est une crise qui
était quand même prévisible, là. Déjà, il y a 10 ans, il y avait des signes
avant-coureurs.
• (10 h 40) •
Il y a eu, au cours des 10 dernières
années, beaucoup de réorganisation, probablement engendrée par l'employeur...
M. Allaire : ...moi, je
m'interroge beaucoup sur la santé du métier de journaliste actuellement. On le
sait, plusieurs intervenants nous l'ont dit aussi hier, c'est une crise qui
était quand même prévisible, là. Déjà, il y a 10 ans, il y avait des
signes avant-coureurs. Il y a eu, au cours des 10 dernières années,
beaucoup de réorganisations, probablement engendrées par l'employeur, des
concessions qui ont été demandées, d'ailleurs, aux journalistes, pour un peu,
probablement, en prendre un peu plus dans leur cour, là — on parlait
des journalistes-orchestres, là, hier.
Est-ce qu'il y a eu beaucoup de
journalistes qui ont quitté la profession par eux-mêmes dans les... vous en
avez peut-être abordé un peu, tantôt... vous l'avez abordé, tantôt, là, mais
j'aimerais que vous alliez un petit peu plus loin là-dedans, donc, pour nous
démontrer est-ce que vraiment le métier de journaliste, là, a perdu une
certaine expertise, là, au cours des dernières années, là.
M. Giroux (Stéphane) :
Énormément, énormément. Je n'ai pas de chiffres à vous donner, mais la plupart
des grandes salles de nouvelles au Québec ont offert des forfaits, des
packages, là, de mise à la retraite pour leurs employés les plus séniors, qui,
par définition, coûtent plus cher. On engage des jeunes de plus en plus de
façon précaire, des petits contrats à court terme, pour une fraction des
salaires qui ont déjà existé dans le milieu. Les revenus, les conditions de
travail qu'on connaissait dans les années 80, c'est fini. Il y a eu une
époque où, bon, hier, les représentants de LaPresse en ont
parlé, où la semaine de 4 jours était la norme. Ça fait des années que c'est
fini, ça. Les salaires stagnent depuis très longtemps. On est chanceux, dans
nos renouvellements de convention collective, si on réussit à avoir le coût de
la vie. On essaie de garder nos acquis. Il y a de moins en moins de
journalistes syndiqués. Les salaires sont bas. Le salaire moyen, c'est
50 000 par année. Ce n'est pas mauvais, mais, pour un journaliste qui a
passé quatre ans à l'université, à un moment donné, on veut se marier, on veut
avoir des enfants, on cherche une stabilité, il y en a beaucoup qui sont tentés
de quitter le métier. Et je vais laisser Catherine compléter là-dessus, parce
que je crois...
Mme Lafrance (Catherine) : Je
ne veux vraiment pas t'interrompre.
M. Giroux (Stéphane) : ...oui.
Mais ce qu'il faut retenir, c'est que, oui, je connais beaucoup de gens qui ont
quitté la profession. C'est souvent des jeunes, hein, ils ont fait quelques
années, cinq, six ans, ils sont toujours en bas de l'échelle, ont toujours très
peu de séniorité, et puis ils sont dans la jeune trentaine, puis on les voit,
ils quittent, ils deviennent attachés politiques, attachés de presse,
responsables des communications dans le privé. Il y en a beaucoup, de ça;
toutes des professions nobles, mais, ultimement, ils ne font plus de
journalisme pour l'intérêt public.
Mme Lafrance (Catherine) :
Est-ce que je pourrais compléter?
M. Giroux (Stéphane) : Je vais
laisser Catherine compléter, oui.
Mme Lafrance (Catherine) : Je
suis vraiment désolée. Je voulais juste compléter parce qu'évidemment nous,
dans nos bureaux de la FPJQ, on voit les membres, on leur donne leur carte de
presse, on connaît un peu leur historique, si vous voulez, de carrière, là, et,
oui, effectivement, Stéphane a raison, c'est assez effroyable de voir les
changements dans la profession.
Et quand on parle des journalistes, peut-être
qu'on devrait dire aussi travailleurs de l'information parce qu'il y a des
journalistes qui ont quitté, mais il y a des photographes qui ont quitté le
métier, il y a des caricaturistes qui ont quitté le métier. Ça a un effet
domino sur toutes les strates, si vous voulez, de cette profession-là. Ça a un
impact aussi sur les journalistes pigistes, qui sont peut-être plus nombreux
qu'ils l'étaient avant parce qu'il est de plus en plus difficile d'obtenir un
emploi stable. Certains le font par choix, mais d'autres le font parce qu'ils
n'ont pas le choix non plus. Le salaire médian, le salaire moyen des pigistes a
baissé. C'est devenu presque impossible maintenant au Québec de vivre quand on
est pigiste. Je pense que... et là, je ne donnerai pas ma main au feu, là, mais
je pense que le salaire est à peu près 22 000 par an, le salaire moyen
pour les pigistes au Québec, et ce sont souvent des gens qui travaillent
énormément. Ce n'est pas parce qu'ils ne travaillent pas beaucoup, mais c'est
parce que le prix au feuillet, bien, c'est devenu presque dérisoire. Les
conditions sont de plus en plus difficiles pour tous les types de journalistes,
si vous voulez, et de travailleurs de l'information.
M. Allaire : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député de Saint-Jean, il vous reste 1 min 50 s.
M. Lemieux : Oupelaïe! Merci,
M. le Président. Je ne peux pas m'empêcher de remarquer une phrase de votre
mémoire : «Pendant que les postes de journalistes — parce que
j'enchaîne sur ce que vous disiez, Mme Lafrance — pendant que
les postes de journalistes disparaissent, le gouvernement concentre son aide
aux infrastructures numériques. La question qui se pose, c'est : À quoi
serviront ces infrastructures quand il n'y aura plus de journalistes pour les
alimenter?»
En fait, vous avez, en bons journalistes
que vous êtes, travaillé beaucoup en questions et un peu en réponse,
aujourd'hui. Vous avez posé la question : Qu'est-ce qu'un journaliste?
Vous avez fourni la réponse. Vous avez posé la question : Pourquoi
payer — puis je voudrais revenir là-dessus,
M. Giroux — pourquoi payer pour ces services-là? En fait, la
question est double parce que les gens maintenant ne paient plus ou, en tout
cas, généralement parlant, là, on donne l'information. Donc, dans le fond, ce
qu'on va faire ou ce qu'on attend que le gouvernement fasse, c'est de payer
pour le...
M. Lemieux : ...pourquoi payer,
puis je voudrais revenir là-dessus, M. Giroux, pourquoi payer pour ces
services-là? En fait, la question est double, parce que les gens, maintenant,
ne paient plus ou, en tout cas, généralement parlant, là, on donne l'information.
Donc, dans le fond, ce qu'on va faire ou
ce qu'on attend que le gouvernement fasse, c'est de payer pour le public qui ne
paye pas pour avoir l'information en espérant que ça s'améliore, mais il n'y a
pas vraiment de bonne solution, parce qu'il n'y a pas encore de bon modèle
d'affaires, jusqu'à preuve du contraire. Vous avez dit tantôt, ce n'était pas
dans votre cour, les modèles d'affaires, mais de votre point de vue, qu'est-ce
qu'il faut qu'on fasse pour que les citoyens du Québec, qui ont droit à
l'information en vertu de l'article 44 de la charte, aient plus d'information,
aient encore une aussi bonne, sinon une meilleure information partout sur le
territoire?
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, s'il vous plaît.
M. Lemieux :
Oups! Excusez-moi.
M. Giroux (Stéphane) : Alors,
très rapidement, l'information n'est pas gratuite. Les gens pensent que, parce
qu'ils lisent un grand titre sur leur téléphone cellulaire, c'est gratuit. Elle
doit être payée, et, comme on l'entend depuis hier, le fait est que des géants
comme Google, Facebook, ramassent notre contenu...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
M. Giroux (Stéphane) : ...le
distribue gratuitement, et puis on n'est pas rémunérés au bout du compte.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, M. Giroux. Je reconnais maintenant la députée de Saint-Laurent
pour une période de 10 minutes.
Mme Rizqy : Bonjour. Bonjour,
Mme Lafrance, M. Giroux. Bienvenue.
Tantôt, vous avez dit : Il faut
sauver la presse, puis moi, j'ai envie de dire : Il faut sauver la
démocratie, notre pilier. Et si vous... vous autres aussi?
M. Giroux (Stéphane) : Il ne
peut pas y avoir de démocratie s'il n'y a pas de presse libre.
Mme Rizqy : Exactement, puis
ça, c'est le plus haut tribunal aussi du Canada qui l'a dit. Et on est en train
de réfléchir, oui, à des solutions immédiates, parce qu'il y a urgence d'agir,
le feu est pris. On peut faire cette commission, puis on va la faire, mais, en
attendant, il y a quand même une mise à jour économique puis il y en a un,
pompier, il s'appelle le ministre des Finances. C'est lui, là, qui a la
capacité, là, lors de sa mise à jour économique, de dire : Non seulement,
oui, on fait une aide immédiate, mais non seulement ça, on peut avoir une taxe
GAFA immédiate pour le Québec. On est autonomes, on a notre propre Agence de
revenu du Québec où est-ce qu'on peut collecter les géants du Web, puis
immédiatement il y aurait des entrées d'argent. On peut le faire dès la mise à
jour économique qui arrive au mois de novembre.
On peut aussi s'assurer d'avoir des
redevances. Tout ça, c'est quelque chose qu'on est capable de faire, et on ne
pourra pas attendre. Mais je vois aussi... hier, on en a parlé des chiffres
puis de la fiscalité. Moi, j'ai envie aussi de voir un peu plus au court et
moyen terme, parce qu'éventuellement, nous, on va écrire un rapport. En
éducation de l'enseignement supérieur, il y a des questions qui se posent au
niveau collégial. Vous avez préparé 30 secondes avant d'y croire.
Dans la réforme collégiale, pensez-vous qu'on pourrait réfléchir à ce que ce
cours entre dans le cursus obligatoire? Parce que clairement, clairement, il y
a de la désinformation. La vitesse, là... l'infobésité, c'est un nouveau terme,
parce qu'il y a tellement d'informations que les gens ne sont même plus
capables de savoir le vrai du faux, et on gobe de l'information sans
nécessairement vérifier si elle vient même d'une source fiable.
M. Giroux (Stéphane) : La
désinformation, les fausses nouvelles, c'est probablement la pire catastrophe
du XXIe siècle dans la démocratie et c'est un petit peu à la lumière de ça
qu'on a lancé le programme 30 secondes. C'est une des grandes
réalisations de la FPJQ.
Maintenant, oui, j'aimerais ça que ce soit
enseigné, pas juste au collégial, au secondaire puis, si c'était juste de moi,
au primaire, parce que la désinformation commence très tôt. Et une des grandes
raisons pourquoi le grand public est rendu méfiant envers la presse, n'est plus
trop sûr si on doit nous croire, nous faire confiance, c'est justement parce
que les gens, là, ils consultent leurs nouvelles non pas dans un journal
reconnu, mais sur leur page Facebook. La page Facebook, là, l'algorithme, il
n'est pas programmé en fonction de ce qui est vrai, de ce qui est faux. Il est
programmé en fonction de vos croyances.
Alors, les gens reçoivent des avis, des
«updates», puis on ne sait jamais. C'est tellement bien fait maintenant, là,
que c'est à s'y méprendre. Vous et moi, on sait faire la différence, on a une
formation. Mais quelqu'un à la maison qui a perdu l'habitude de lire son
journal avant d'aller travailler le matin, peut-être que cette personne-là ne
le sait pas. Moi, j'ai des gens dans ma famille, très, très bien éduqués, qui
viennent me voir, disent : J'ai entendu dire telle affaire, c'est-u vrai?
Je suis là : Non, où tu as vu ça? Puis là je regarde le titre, là je vois
ce qui s'est fait, je vois la manipulation qui s'est faite. Puis les gens qui
font de la déformation, qui font de la... eux autres, bien, ils sont tout aussi
habiles. Ils vont aller dire : Non, non, c'est les médias traditionnels
qui font de la propagande, c'est eux autres qu'il faut se méfier.
• (10 h 50) •
C'est parce que nous autres, on a une
formation pour bien le faire...
M. Giroux (Stéphane) : ...je
vois la manipulation qui s'est faite, puis les gens qui font de la déformation,
qui font la... eux autres, bien, ils sont tout aussi habiles, ils vont aller
dire : Non, non, c'est les médias traditionnels qui font de la propagande,
c'est eux autres qu'il faut se méfier.
C'est parce que nous autres, on a une
formation pour bien le faire et un code d'éthique à suivre, et puis, évidemment,
on doit montrer patte blanche à chaque fois qu'on publie quelque chose, on a un
conseil de presse qui nous force à respecter nos normes déontologiques. C'est
pour ça que, selon nous, un programme comme 30 secondes devrait faire
partie d'un curriculum à l'école. Catherine aimerait compléter.
Mme Lafrance (Catherine) : Je
veux juste vous dire et vous annoncer que ce formidable programme,
30 secondes — je prêche pour notre paroisse,
évidemment — eh bien, il connaît un tel succès qu'on est en train de
travailler sur une version, justement, pour des adultes, et éventuellement on
travaillera sur une version aussi pour... enfin, tous les adultes, pour les
gens un peu plus âgés, aussi, parce que c'est toutes les couches de la société
qui est frappée par ce phénomène de, je dirais, désinformation, mais aussi de
manque de connaissance des médias. Alors donc, on travaille là-dessus, et je
pense que plus cette formation sera donnée d'une façon ou d'une autre, mieux ça
sera.
Et je voudrais juste reprendre ce que vous
disiez à propos de l'énoncé économique. Oui, l'argent est le nerf de la guerre,
et on est ici entre autres pour parler de ça, bien sûr. Mais je vous rappelle
que dans notre campagne qu'on a lancée très récemment, dont il a été question
il y a quelques minutes, ce qu'on dit nous, à la FPJQ, c'est : C'est toute
la société qui doit soutenir ses journaux, toute la société. Je pense aux
municipalités, qui, depuis plusieurs années, ont cessé de publier les avis dans
les journaux. Pour les municipalités, c'est une infime partie de leurs budgets,
je pense que c'est moins de 2 %. Pour un journal, c'est un sérieux coup de
main.
Il faut que les municipalités recommencent
à publier leurs avis dans les journaux, il faut que le gouvernement du Québec
publie dans les journaux ses avis, ses publicités, il faut que le gouvernement
fédéral le fasse également, il faut que l'entreprise privée le fasse. Il faut
que toute la société se mette à comprendre que, si elle n'encourage pas les
journaux, bien, ils vont mourir. C'est comme vouloir avoir un restaurant de
quartier, un restaurant au coin de chez soi, puis jamais ne vouloir y aller.
Bien, il ne va pas pouvoir continuer à exister, ce restaurant-là. Donc, tout le
monde doit mettre la main à la pâte et tout le monde doit soutenir les
journaux.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci beaucoup.
Alors, bonjour à vous deux, merci d'être là. Moi, j'ai décidé, bien sûr, de
joindre votre mouvement. On a été plusieurs à le faire, et non, ce n'est pas
uniquement de prendre une photo et de dire que je soutiens mon journal, mais
c'est aussi de pouvoir mettre de la publicité dans les journaux, c'est une
façon de soutenir nos journaux locaux. Et sachez que c'est en ce sens, où moi,
j'ai voulu le faire, que plusieurs élus l'ont fait. Et j'invite vraiment
l'ensemble de la population à prendre une photo, bien sûr, avec leurs journaux,
et dire qu'ils le soutiennent et le lire, et le dire. Alors, voilà, je voulais
simplement faire ce point.
C'est très intéressant, la campagne
30 secondes, de savoir aussi qu'on va élargir le tout parce que, oui,
c'est vrai que souvent on peut s'y méprendre. Et savoir qu'on va y aller avec
les adultes, j'espère qu'on pourra, du côté de l'Assemblée nationale, tenter de
vous aider là-dessus parce que c'est vraiment... c'est de l'éducation, de
l'éducation grand public. Alors, bravo pour ça.
Une voix
: ...
Mme Melançon : J'ai passé le
message, voilà! Je veux revenir. Hier, on a entendu plusieurs syndicats qui
nous disaient : Oui, on a besoin d'investissements qui viennent de l'État,
justement, pour revoir, dans le fond, le modèle économique des médias, mais que
ces investissements-là viennent avec des obligations. Et je me lance et je vous
pose la question parce qu'il a déjà été question, pour les journalistes,
d'avoir un statut, un ordre professionnel, aussi, pour pouvoir justement
rassurer. Vous parliez de méfiance, tout à l'heure, M. Giroux. Est-ce que la
FPJQ là-dessus a une nouvelle réflexion? Parce que je me rappelle, là, ça fait
presque huit, neuf ans, là, où cette discussion-là avait eu lieu. Où est-ce
qu'on en est de votre côté?
M. Giroux (Stéphane) :
Écoutez, la question a été largement débattue lors de la sortie du rapport
Payette, au début de la décennie. Le principe semble intéressant à certains
égards, si c'est pour distinguer ceux qui se collent ou non à un code
déontologique. Mais, si le gouvernement ou un organisme non journalistique a
son mot à dire sur notre façon de travailler, c'est non. C'est pour cela que
les détenteurs de la carte de presse, par exemple, de la FPJQ, jouissent d'une
bonne réputation, parce qu'ils doivent se soumettre à des critères sérieux et
rigoureux. C'est pour ça, selon nous, faire partie d'un organisme reconnu,
auquel les grandes organisations de presse sont déjà impliquées...
M. Giroux (Stéphane) : ...de la
FPJQ jouissent d'une bonne réputation parce qu'ils doivent se soumettre à des
critères sérieux et rigoureux. Pour ça, selon nous, faire partie d'un organisme
reconnu auquel les grandes organisations de presse sont déjà impliquées est un
rempart suffisant. Mais je vais être honnête avec vous, la question continue à
diviser même parmi nos membres.
Quant à un ordre professionnel, là, c'est beaucoup
plus difficile. Un ordre professionnel comme ceux qui représentent les
médecins, avocats, ingénieurs, c'est absolument incompatible avec la liberté
d'expression telle que garantie par la Charte des droits et libertés. On ne
peut pas s'imaginer un monde où la liberté d'expression, d'opinion, de faire
des reportages, de contester le gouvernement serait tributaire d'une permission
d'un organisme de contrôle. Un journaliste qui dérange se ferait réduire au
silence si, tout à coup, l'organisme de contrôle devenait politisé. C'est
impensable puis juridiquement impossible. Alors, c'est pour ça que la question
n'est même pas soulevée dans la plupart des pays occidentaux.
Le Président (M. Ciccone) :
Il reste 10 secondes, Mme la députée.
Mme Melançon :
Zut! j'aurai d'autres questions, principalement sur le recyclage, où on va
devoir aussi, bien sûr... On veut prendre les GAFA, là, on veut leur parler.
Bien, Amazon est souvent ignoré, avec le suremballage, les boîtes de carton. On
va devoir en reparler.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de Taschereau pour
2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci. J'ai lu
votre mémoire, qui est superintéressant, puis on appuie beaucoup, beaucoup des
suggestions que vous faites là-dedans, qui sont intelligentes et à suivre
absolument.
Mais j'ai une autre question, et là je ne
veux pas vous mettre mal à l'aise, c'est vraiment une question que beaucoup de
gens, surtout dans ma génération, se posent, et j'aimerais avoir des réponses à
leur donner. Il y a eu une baisse de confiance envers les journalistes dans les
dernières années. Il y a beaucoup de monde qui disent : Moi, je ne
consomme même plus ça, je ne crois plus à ça. Sur le blogue de la FPJQ, il y a
Jean-François Cliche qui écrivait à ce sujet puis qui disait : «Cette
confiance-là, nous l'avons collectivement laissée s'étioler au fil des décennies
même si notre métier en dépend, et on ne s'en parle pas entre journalistes
comme si on n'avait pas de pouvoir d'action là-dessus.»
Là, la confiance du public, moi, je la
vois comme plus que jamais nécessaire, surtout s'il faut financer une partie de
la vie médiatique avec des fonds publics. Est-ce que la FPJQ ou les
journalistes se posent la question entre eux, à savoir : Est-ce qu'on a
une responsabilité dans cette désaffection-là du public? S'il y en a une,
est-ce qu'on fait partie aussi du problème? Et, dans les deux cas, est-ce qu'on
peut faire partie de la solution puis comme... pour regagner la confiance du
public, qui est vraiment nécessaire à notre démocratie?
M. Giroux (Stéphane) : Je peux
répondre. Dans le fond, effectivement, il y a eu une érosion. Durant les années
80, en télévision, dans l'écrit, il y a eu une espèce de virage vers ce qui
rapporte plutôt que... ce qui rapporte financièrement pour les entreprises de
presse plutôt que la qualité. Ça devenait plus payant de mettre quatre
journalistes sur les faits divers que de mettre un correspondant à Washington,
mettons. Et puis on ajoute à ça l'arrivée de l'internet, des médias sociaux,
qui a ouvert la porte à la désinformation. Les gens se mêlent. Et puis là on se
retrouve dans une situation où, effectivement, les gens ne sont plus trop sûrs
s'ils peuvent faire confiance ou non. Oui, on se pose la question sur la
crédibilité. Et ça me fait plaisir de vous annoncer aujourd'hui que ça va être
le thème de notre congrès au mois de novembre, à Saint-Sauveur.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Giroux (Stéphane) : Et puis
évidemment les députés, s'ils ont des doutes, là, ils sont invités à
participer.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski pour
2 min 30 s.
M. LeBel : Oui, bonjour.
Québec demande à Ottawa qu'il impose aux entreprises du GAFA. Québec... fasse
pression sur Ottawa afin d'amender les lois. Québec revendique auprès d'Ottawa
la gestion des droits d'auteurs. Qu'est-ce qu'on fait si Ottawa n'écoute pas?
M. Giroux (Stéphane) :
Écoutez, Ottawa, en ce moment, est dans la même situation que plusieurs autres
pays qui font face à ce problème-là. Puis je pense qu'à l'international ce
qu'on découvre, c'est qu'il y a une certaine... Hein, qui bouge en premier? On
vient de voir que la France s'est décidée à agir. Le président américain
dit : Bien, si vous faites ça à mes GAFA, moi, je vais taxer votre vin. Il
y a des enjeux qui dépassent malheureusement ça, et ça serait bien le fun que
quelqu'un se réveille à Ottawa parce que le gouvernement à Ottawa, qu'il soit
conservateur ou libéral, ils ont laissé tout couler il y a une dizaine
d'années.
• (11 heures) •
M. LeBel : Est-ce que vous
seriez fiers de nous si la commission, d'une façon unanime, on s'entend pour
revendiquer tous ces...
11 h (version non révisée)
M. Giroux (Stéphane) : ...et
passe malheureusement ça. Mais ça serait bien le fun que quelqu'un se réveille
à Ottawa, parce que le gouvernement à Ottawa, qu'il soit conservateur ou
libéral, ont laissé tout couler il y a une dizaine d'années.
M. LeBel : Est-ce que vous
seriez fier de nous si la commission, de façon unanime, on s'entend pour
revendiquer tous ces droits-là, qu'on devrait avoir d'Ottawa? Si on
s'entendait, dans une déclaration unanime, tout le monde, qu'on demande à
Ottawa de bouger, vous seriez fier de nous?
M. Giroux (Stéphane) : Je
pense que ça va faire partie de votre travail et de votre message.
M. LeBel : On va essayer... On
va essayer de vous rendre fier.
M. Giroux (Stéphane) :
L'histoire du Québec s'en est...
M. LeBel : Moi, j'ai juste un commentaire
puis c'est un peu en lien avec ce que ma collègue vient de dire. On écoute les
bulletins de nouvelles maintenant, il y a une grande partie des bulletins de
nouvelles, ce n'est pas des topos, c'est des commentateurs qui viennent nous
dire quoi penser.
Moi, j'aimerais mieux avoir un topo de
temps en temps dans mes régions puis de décider moi-même qu'est-ce que j'ai à
penser avant de me le faire dire par un commentateur. Vous ne trouvez pas qu'il
y a un problème, là? De plus en plus, c'est comme ça. Tu ouvres le topo, tu as
cinq minutes de discussion avec un commentateur. Il me semble... Il n'y a pas
un problème, là?
M. Giroux (Stéphane) : La question
est intéressante et puis... J'ai participé à une étude il y a quelques années,
avec le syndicat Unifor, puis on avait fait l'analyse du coût des reportages.
Et le fait est, là, qu'une enquête journalistique peut coûter jusqu'à 10 000 $
et peut-être même 100 000 $ sur les gros dossiers.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Giroux (Stéphane) : Et
puis, une chronique, ça ne coûte rien. Ça ne coûte rien. Alors, des fois, il y
a des médias, à court de budgets, pour faire du journalisme d'enquête...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Giroux.
M. Giroux (Stéphane) : ...va
faire du commentaire.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je reconnais maintenant la députée de Marie-Victorin, pour une période
de deux minutes.
Mme Fournier
: Merci.
C'est super intéressant, puis je voulais justement faire du pouce sur ce qu'ont
dit avant moi les collègues de Verdun, Taschereau et Rimouski concernant toute
cette question-là de la confiance, puis je pense que ça a un lien avec la place
de plus en plus grande de l'opinion dans les médias. Et la députée de Verdun
faisait référence au statut de journaliste, qui a déjà été discuté dans les
années passées. Mais je vous soumets bien humblement que je pense que c'est une
partie de la solution, dans le sens qu'il y a beaucoup de gens qui perdent
confiance dans l'information, parce que c'est devenu difficile pour le citoyen
de distinguer ce qu'est de l'opinion versus ce qui une information rigoureuse,
vérifiée, écrite par des journalistes qui, eux, suivent un code de déontologie,
auquel ne sont pas tenus des chroniqueurs ou des blogueurs, par exemple, qui
n'ont pas le statut de journaliste ou qui ne sont pas journalistes.
Donc, vous ne croyez pas que ça pourrait
être, disons, une idée à réétudier dans ce contexte-là, par exemple, à votre
congrès du mois de novembre?
M. Giroux (Stéphane) : On peut
certainement en parler, mais vous voyez tout de suite le problème, où il y
aurait deux statuts de journalistes, un pour ceux qui font de l'opinion, qui
ont certaines responsabilités; d'autres, ceux qui font de la nouvelle, qui ont
d'autres responsabilités. Moi, j'ai toujours l'inquiétude de «Un instant,
j'ai liberté de presse, j'ai le droit d'écrire ce que je veux, où je veux,
quand je veux, comment je veux». C'est là, là. Je veux dire, la liberté de la
presse, la liberté d'expression, c'est un des plus grands dons de la
démocratie. Ça peut être mal utilisé. Moi, j'ai toujours dit : Ça serait
le fun si les journaux étaient un petit peu plus sérieux dans la façon de
séparer bien précisément ce qui est la nouvelle, ce qui est l'information, mais
ce n'est pas si simple que ça, tu sais.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
Mme Fournier
: Mais le
citoyen, au cœur de ça...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Fournier
: ...je
pense qu'il a besoin de davantage d'outils pour distinguer les deux parties de
l'information.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
M. Giroux (Stéphane) : L'éducation,
l'éducation.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup de votre présence. Votre contribution est inestimable
pour cette commission. Je demanderais cependant au groupe de l'Association des
journalistes indépendants du Québec de prendre place rapidement, car nous avons
quelques minutes de retard. Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 4)
(Reprise à 11 h 5)
Le Président (M. Ciccone) :
On prend place rapidement, s'il vous plaît! Merci beaucoup.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants
de l'Association des journalistes indépendants du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent, à procéder à votre
exposé. La parole est à maintenant vous.
Mme Brassard-Lecours
(Gabrielle) : Bonjour. Gabrielle Brassard-Lecours, présidente de
l'Association des journalistes indépendants du Québec, et journaliste
indépendante. Je suis d'ailleurs une récipiendaire de la bourse de
30 secondes du programme qui a été exposé juste avant moi. Donc, voilà.
Merci beaucoup de nous recevoir à la
commission. À l'instar de nos collègues donc de la Fédération des journalistes
professionnels du Québec et deux de la Fédération nationale des communications
à laquelle nous sommes affiliés et de la plupart des groupes qui défilent
devant vous cette semaine, on partage les inquiétudes quant à l'avenir des
médias comme nous le démontre aussi la récente crise chez le Groupe Capitales
Médias. Nous partageons également plusieurs des solutions qu'ils proposent pour
sortir sortir de l'impasse.
Pour vous mettre en contexte,
l'Association des journalistes indépendants s'est fondée à Montréal en 1988.
Elle défend l'indépendance des journalistes face aux pressions économiques et
politiques qui s'exercent sur le métier et elle participe, par ses actions et
son discours public au renouvellement des perspectives sur le journalisme
indépendant et l'évolution des pratiques journalistiques contemporaines.
Il était important pour nous, aujourd'hui,
de témoigner de la réalité particulière des journalistes indépendants dans
cette crise dont mon collègue va vous parler dans quelques instants. Il s'agit
toutefois que les journalistes pigistes indépendants sont de plus en plus
nombreux, même quand ils travaillent à temps plein dans les médias, ils sont
souvent sur des sièges éjectables. Ils sont aussi présents autant à Montréal
que partout dans la province. Les pigistes sont d'ailleurs parfois les seuls
correspondants régionaux qui alimentent nos médias nationaux. Et les
journalistes de l'AJIQ sont aussi des professionnels au même titre que tous les
autres journalistes qui répondent à un code déontologique et travaillent avec
rigueur et éthique. Il y a d'ailleurs de nombreux journaux et magazines qui
dépendent largement des pigistes pour leur contenu.
M. Van Vliet (Simon) : Bonjour.
Simon Van Vliet, vice-président de l'AJIQ. Donc, les conditions de travail
des journalistes pigistes comme Gabrielle et moi et les membres de l'AJIQ sont
caractérisées par une très grande précarité. Mais, à une certaine époque pas si
lointaine, des journalistes de renom quittaient leurs postes salariés et
syndiqués pour devenir pigistes. C'est le choix qu'a fait notamment
René Lévesque en 1956. Et beaucoup de gens, à cette époque-là,
choisissaient la liberté et l'autonomie professionnelle que confère le statut
de pigiste pour développer, avancer leurs carrières et pouvoir faire plusieurs
choses différentes, pas être dépendants d'un seul employeur. Et c'est ce qu'on
pourrait appeler l'âge d'or de la pige, là, où on avait beaucoup
d'opportunités, des bons tarifs, des contrats décents. Ça, ça s'est poursuivi,
disons, jusqu'au tournant des années 80. Puis, à partir de là, on a vu un
virage brutal vers la précarisation du statut et des conditions de travail des
journalistes indépendants. Aujourd'hui, dans certaines rédactions, c'est
30 % à 50 % des effectifs de la salle de rédaction qui sont des
surnuméraires, c'est-à-dire des pigistes qui sont sur le «payroll», si vous me
passez l'expression, mais qui n'ont aucune sécurité d'emploi, qui sont à
contrat à la semaine, au mois. Et pour les autres, bien, sauf quelques rares
exceptions, là, les tarifs qui sont pratiqués dans l'industrie ont stagné
depuis le début des années 80, ce qui fait que les pigistes ont vu leurs
revenus diminuer d'à peu près 30 % en 30 ans, entre les
années 80 puis le début des années 2010. Et la tendance à la
précarisation s'est accélérée grandement dans les années 1990‑2000, et
préfigurait, à bien des égards, la crise que le milieu connaît depuis une
dizaine d'années dans son ensemble.
• (11 h 10) •
Il faut dire que l'absence d'un cadre de
négociation collective désavantage grandement les journalistes indépendants qui
n'ont pratiquement aucun pouvoir de négociation individuel face aux grands
groupes de presse. D'autant plus que le marché québécois, tant dans le secteur
de la presse écrite, des quotidiens, les hebdos, les magazines, que dans la
presse audiovisuelle, en radiotélévision sont contrôlés par des oligopoles qui
profitent de leur position dominante pour imposer des contrats abusifs...
M. Van Vliet (Simon) :
...grands groupes de presse, d'autant plus que le marché québécois, tant dans
le secteur de la presse écrite, les quotidiens, les hebdos, les magazines, que
dans la presse audiovisuelle en radiotélévision, est contrôlé par des
oligopoles qui profitent de leur position dominante pour imposer des contrats
abusifs, pour maintenir des contrats au strict minimum, ce qui pousse bien des
pigistes à diversifier leurs activités notamment en prenant des contrats à
côté, parfois dans des zones déontologiques plutôt floues, et surtout de faire
plus avec moins en moins de temps. Depuis le tournant des années 2000, la
plupart des éditeurs de périodiques au Québec exigent de la part de leurs
collaborateurs pigistes des cessions complètes de droits sans aucune autre rémunération
qu'un cachet de première publication souvent déjà minime. Parfois, on demande
même de renoncer aux droits moraux dans les contrats, et, sans signer ces
contrats-là, on ne peut pas collaborer. Donc, c'est ce qu'on appelle les
«contrats d'adhésion». C'est non négociable. Et donc cette espèce de spoliation
là des journalistes indépendants par les entreprises de presse, à bien des
égards, est très similaire à celle qu'on connaît avec les Google, Amazon et
Facebook, qui reprennent sans payer des contenus produits à grands frais par
des entreprises de presse, et c'est la même réalité qui fait que les entreprises
de presse sont aujourd'hui au bord de la faillite pour certaines et que de
nombreux journalistes indépendants peinent à joindre les deux bouts en
travaillant à la pige. Et c'est pour ça que ma collègue va maintenant vous
parler de l'enjeu du financement des médias.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Alors, il y a plusieurs propositions qu'on a entendues ici depuis le début des
travaux de la commission ainsi que la solution qui est... une des solutions qui
est envisagée pour le Groupe Capitales Médias qui ne sont pas nouvelles à
celles de l'AJIQ. La plupart des médias indépendants et beaucoup de médias
communautaires qui sont... qui survivent, certains depuis 30 ans, d'autres qui
sont plus récents qui se sont formés sur le Web, se forment dès le départ en
coopérative ou en organisme à but non lucratif non seulement pour des raisons
économiques, mais pour des raisons évidentes d'indépendance, qui est une valeur
cruciale et indissociable de notre métier de journaliste.
Si la syndicalisation des journalistes est
venue assurer l'indépendance des salles de rédaction par la mise en place de conditions
favorisant le respect de la déontologie journalistique, la protection syndicale
n'a jamais complètement éliminé la possibilité pour les propriétaires de
s'immiscer dans les salles de nouvelles. En 2013, une étude du Conseil de
presse du Québec soulignait d'ailleurs que la convergence d'intérêts
commerciaux, publicitaires et corporatifs au sein des grands groupes de presse
menace l'indépendance journalistique. Il semble évident, et depuis longtemps,
que l'unique modèle actionnaires-publicitaires ne fonctionne plus pour les
médias. Il est impératif de repenser l'économie complète des médias, aucun
média ne devrait être la propriété d'un seul individu ou d'une poignée
d'actionnaires.
Mais, dans cette foulée, à notre avis, il
est essentiel de pouvoir bénéficier d'une aide de l'État, que ce soit sous
forme d'aide récurrente au fonctionnement ou pour des projets spéciaux. Cette
aide étatique doit être équitable et ouverte à tous les médias. En France, une enveloppe
budgétaire dédiée aux médias est assurée, peu importe le gouvernement au
pouvoir. D'autres initiatives innovatrices existent aussi, comme le site Web
Jaimelinfo.fr, qui réunit plus d'une centaine de médias que le public peut
financer à la carte. Même chose aux États-Unis avec la très récente apparition
de civil.co, une plateforme qui héberge des rédactions de partout dans le monde
financées par le public via une cryptomonnaie interne, ce qui permet la
décentralisation complète de la plateforme. La mise en place de programmes de
financement calqués sur ceux destinés au secteur culturel permettrait non
seulement aux médias traditionnels de traverser la crise actuelle, mais également
de favoriser l'émergence de nouveaux médias qui explorent des modèles
économiques, techniques et éditoriaux qui offrent de nouvelles voies au
journalisme indépendant de qualité.
M. Van Vliet (Simon) : Ce
modèle-là du système culturel, il existe depuis des décennies, il est déjà en application
dans certains secteurs de l'industrie des médias, dont la production télévisuelle
et cinématographique, les périodiques, les médias communautaires. Ce système-là
existe depuis plus de 50 ans et n'a jamais donné lieu à des ingérences politiques
notables, même pour les sociétés d'État qui sont financées en majeure partie directement
par l'État. C'est pour ça qu'on suggère de reproduire cet écosystème de
financement là dans le système... dans l'écosystème des médias et, pour cela,
donc de reconnaître les médias d'information comme des organisations
culturelles qui peuvent être admissibles à du soutien similaire aux industries
culturelles et aux organismes artistiques. Plus spécifiquement, on peut
s'inspirer de la mécanique qui existe en créant des programmes balisés et
normés sous forme de soutien au fonctionnement, mais aussi aux projets pour les
organismes à but non lucratif, de crédits d'impôt, de prêts, de garanties de
prêt pour...
M. Van Vliet (Simon) :
...admissibles à du soutien similaire aux industries culturelles et aux organismes
artistiques. Plus spécifiquement, on peut s'inspirer de la mécanique qui existe
en créant des programmes balisés et normés sous forme de soutien au fonctionnement,
mais aussi aux projets pour les organismes à but non lucratif, de crédits
d'impôt, de prêts, de garantie de prêts pour les organismes à but lucratif et
des mesures directes de soutien pour les journalistes indépendants sous forme
de bourses de recherche, de création, de formation, de production, comme c'est
le cas pour les artistes.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Van Vliet (Simon) :
Enfin, ça fait 15 ans que le modèle de la négociation collective a été
évoqué, d'abord, dans le rapport Bernier en 2003, ensuite, dans le rapport
Payette en 2011. Cette idée-là de s'inspirer de la loi sur le statut de
l'artiste, c'est ce qu'on prône à l'AJIQ depuis 30 ans.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci.
M. Van Vliet (Simon) :
Merci de le considérer.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Beauce-Sud pour une
période de 15 minutes.
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci pour votre présentation fort intéressante.
Très intéressant également quand on parle d'indépendance des médias, donc, de
vous entendre particulièrement sur ce volet à titre de journalistes
indépendants. J'ai plusieurs questions, je vais essayer d'y aller de façon
assez courte.
Au niveau de la rémunération des
journalistes indépendants, pour les gens qui nous écoutent à la maison, vous
avez dit que, depuis le début des années 80, ça a stagné. Alors, ça, ça ne
date pas d'hier. On peut penser à quoi, en termes de rémunération? Certains
sont rémunérés au mot, d'autres, au texte, d'autres, à l'ampleur de
l'exclusivité. Donc, j'aimerais que vous nous dressiez un portrait de la rémunération
que vous avez.
Mme Brassard-Lecours
(Gabrielle) : Bien, c'est un des gros problèmes pour les journalistes
pigistes, c'est qu'en ce moment au Québec il n'y a pas de tarification de base,
donc c'est vraiment à la carte et c'est vraiment selon l'entreprise pour
laquelle on travaille.
On peut vous donner un exemple. Par
exemple, Le Devoir, qui a le même tarif depuis à peu près
25 ans, paie, par exemple, 50 $ pour un texte de 500 mots. Vous
comprenez que ce n'est pas beaucoup, hein? C'est ça. Donc, ils paient 50 $
pour... oui, c'est ça, 500 mots... 250 mots. Donc, 100 $ pour un
texte, ce qui n'est pas assez pour vivre. Donc, vous comprenez qu'il faut qu'on
multiplie beaucoup les contrats pour pouvoir payer la vie avec ça. Il y a les
magazines. Il y a certains magazines qui paient un petit peu, par exemple,
125 $ au feuillet. Un feuillet, c'est 250 mots ou
1 500 caractères. Mais ce n'est vraiment pas le cas dans les médias
en général, là.
C'est très fluctuant, ce qui fait que
c'est difficile de... Le portrait est très, très inégal, de la tarification. Et
justement c'est pour ça qu'on prône un peu un statut plus balisé, qui nous
permettrait au moins d'avoir un tarif de base, peu importe pour qui on travaille.
Et l'AJIQ travaille beaucoup en ce sens-là.
M. Van Vliet (Simon) : Si
je peux ajouter... Donc, on a Le Devoir à 50 $ du feuillet.
Là, on est dans la moyenne de ce qui se fait en presse écrite quotidienne. Il y
a des endroits où on va... ça va descendre jusqu'à 35 $ du feuillet,
parfois même moins. Parfois, c'est un forfait unique pour un texte, peu importe
le nombre de mots, parfois avec une photo qui n'est pas rémunérée. On peut
avoir des publications, surtout des publications scientifiques ou des publications
spécialisées qui vont aller jusqu'à 135 $, 150 $ du feuillet. Ça,
c'est en presse écrite.
La photographie de presse, là, c'est tout
un autre secteur, où, là encore, il y a une très grande disparité. Parfois, on
paie les photos, parfois, on ne les paie même pas. Parfois, on demande à un
journaliste professionnel... à un photographe professionnel d'en faire, mais
parfois on demande au journaliste qui n'est pas photographe de simplement
fournir une photo prise avec son téléphone.
Et, dans le domaine de la
radiotélédiffusion, là, souvent, on est soit dans des tarifs horaires sous
forme de surnuméraire, ou à contrat, ou carrément à forfait, avec des forfaits
à la journée, des forfaits à la semaine.
Donc, on a une disparité énorme qui fait
que c'est très dur, surtout pour les journalistes qui débutent dans le métier,
de savoir qu'est-ce qu'il est raisonnable d'exiger. Parce qu'évidemment la
question de la rémunération, elle n'est jamais abordée dès la commande par le
client ou quand on soumet une proposition au client. On soumet une proposition.
Ah oui! ça vous intéresse, parfait. Puis là c'est seulement en cours de route
que, là, il faut finir par poser la question : Mais c'est combien que vous
payez? Puis là souvent on a la mauvaise surprise de réaliser qu'on va
travailler deux jours, une semaine sur un projet qui va nous rapporter
200 $, 500 $ si on est chanceux. Alors, c'est vraiment ça, l'enjeu de
base, la rémunération, clairement.
M. Poulin : Et j'imagine
que, dans la valorisation du métier de journaliste, il doit être extrêmement
difficile auprès de vos membres de dire : Justement, toi, tu demandes
combien versus un autre? Puis de quelle façon on peut négocier puis, en même
temps, offrir un certain standard en lien avec la rémunération. Donc, ça doit
être extrêmement difficile.
• (11 h 20) •
Comment vous faites pour naviguer à l'ère
de l'exclusivité? On a vu des médias québécois remercier des journalistes s'ils
partageaient leur voix, par exemple, avec d'autres médias qui sont en compétition.
Alors, vous, comment vous faites pour réussir à naviguer...
M. Poulin : ...rémunération,
donc ça doit être extrêmement difficile. Et comment vous faites pour naviguer à
l'ère de l'exclusivité? On a vu des médias québécois remercier des journalistes
s'ils partageaient leurs voix, par exemple, avec d'autres médias qui sont en
compétition. Alors, vous, comment vous faites pour réussir à naviguer à l'ère
de l'exclusivité? On comprend que votre texte est exclusif. Lorsque vous le
vendez, vous vendez également une exclusivité, vous vendez une nouvelle, en
tout cas, du moins le plus souvent possible. Mais comment vous faites pour
réussir à tirer votre épingle du jeu puis à convaincre les directeurs
d'information que, même si, dans deux ou trois semaines, ils vont vous lire
dans un autre média, peut-être sur un autre sujet, alors comment vous faites
pour traverser le temps de l'exclusivité?
M. Van Vliet (Simon) : Bien,
il y a beaucoup de règles implicites, évidemment. Il n'y a aucune règle
formelle. Mais ce qui est certain, c'est que beaucoup du développement de
carrière des journalistes indépendants se fait sur une base de relation de
confiance avec les rédactions, ce qui fait que, si on propose un sujet à une
rédaction, bien on attend minimalement d'avoir une réponse de ce média-là avant
de le proposer ailleurs. On peut aller jusqu'à dire : Si vous ne le prenez
pas, je vais aller le proposer à quelqu'un d'autre. C'est une question de
confiance à ce moment-là, de dire : Bien, moi, je suis confiant de pouvoir
continuer à avoir des contrats avec cette entreprise de presse là. Il s'agit
seulement de faire preuve d'un certain jugement et de s'assurer de nouer des
relations avec les rédactions avec lesquelles on collabore. Puis ce n'est pas
facile, parce qu'il y a énormément de pression dans les rédactions. Il y a
énormément de roulement aussi avec toutes les coupures de postes qu'il y a eu.
Ce qui fait que c'est très, très difficile, puis c'est vraiment une question,
parfois, de marcher sur des oeufs, parfois se retenir de proposer quelque chose
à une entreprise de presse concurrente, de peur de perdre les contrats plus
réguliers qu'on a avec une autre entreprise. C'est un travail d'équilibriste
sur un fil très précaire.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Ce qu'il faut ajouter aussi, c'est qu'il y a plusieurs entreprises qui
comprennent bien cette clause d'exclusivité là et qui exigent qu'on cède la
totalité de nos droits d'auteur. C'est-à-dire qu'ils achètent notre texte pour
100 ans, sur toutes les plateformes «forever», qu'on ne peut pas du tout, du
tout vendre ailleurs, tout ça. Donc, ça aussi, c'est difficile, parce que ça
fait qu'on ne peut pas, là, justement proposer ailleurs. Puis souvent, les
pigistes qui sont... qui ont du succès, là, disons, bien ils tirent leur
épingle du jeu, par exemple, en proposant un sujet mais en proposant des angles
différents à plusieurs médias. Donc, comme ça, ils peuvent un peu rentabiliser
le même sujet, mais pas tout à fait avec le même angle. Mais ça, c'est dans le
cas où justement on ne se fait pas demander de céder nos droits d'auteur, et
nous, on conseille souvent à nos membres de ne pas accepter ce genre de contrat
là, mais, en même temps, ils ont besoin de manger, ils ont besoin de vivre,
donc on se retrouve dans un cercle vicieux qui est un peu difficile, puis c'est
pour ça qu'on revendique un peu d'avoir un statut un petit peu plus affirmé,
là, pour qu'on puisse se protéger un peu de ça.
M. Van Vliet (Simon) : Parce
que, dans la réalité, si je peux me permettre, c'est seulement les journalistes
les plus privilégiés qui peuvent se permettre de refuser de céder leurs droits,
qui peuvent se permettre de renoncer à collaborer avec un média, parce qu'ils
savent qu'il va y en avoir d'autres. Mais la plupart des jeunes journalistes
qui commencent n'ont pas ce luxe-là de dire non à des clauses abusives comme
celle de renoncer à ses droits d'auteur.
M. Poulin : Puis vous êtes des
entrepreneurs aussi, alors l'objectif, c'est que... Quand on a un contrat, si
on dit non une fois, ils risquent de ne pas nous rappeler par la suite, puis
ils disent : Arrange-toi. C'est ça.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Exactement. Donc, c'est un jeu d'équilibre où on veut cultiver un peu nos
bonnes relations avec les rédactions, donc on... c'est ça, on navigue...
M. Poulin : Peut-être que je
vois une opportunité pour vous — avant de céder la parole à mon
collègue — parce qu'on a beaucoup parlé de niches, et l'importance
d'avoir des niches extrêmement précises. Évidemment que s'il y avait une
direction de dire, sur une masse salariale, il y a des crédits d'impôt, dans
les salles d'information et tout ça, c'est sûr que, là, on entre dans quelqu'un
qui est embauché, si on parle de la masse salariale. On pourrait définir par la
suite le journalisme en tant que tel, qui pourrait être, donc, les journalistes
à la pige, et tout, mais dans un volet où on veut des niches, en région, où on
veut plus d'exclusif, on veut plus de journalisme d'enquête, on veut plus de
médias d'information en région qui couvrent des sujets extrêmement précis,
est-ce que vous voyez une opportunité pour les journalistes indépendants de
s'inscrire rapidement dans ce volet-là, et qui pourrait aider vos membres,
d'une certaine façon?
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Vous voulez dire une niche spécialisée?
M. Poulin : Si le
gouvernement, dans sa façon dont on souhaite que l'information soit
communiquée, donc qu'il y ait plus de médias de niche ou encore, du moins, de
sujets de niche... Est-ce que vous voyez une opportunité pour les journalistes
indépendants d'avoir des sujets très précis qui pourraient être supportés
davantage?
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, je pense que oui, ça pourrait être une option, dans la mesure où on a
plusieurs de nos membres qui sont déjà un peu spécialisés, là, c'est-à-dire qui
ont des enjeux avec lesquels ils se sentent plus à l'aise de... ils ont des
sujets qui leur tiennent plus à coeur que d'autres, donc j'imagine que ça
pourrait être une option. En même temps, je vous dirais que...
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, je pense que, oui, ça pourrait être une option, dans la mesure où on a
plusieurs de nos membres qui sont déjà un peu spécialisés, là, c'est-à-dire qui
ont des enjeux avec lesquels ils se sentent plus à l'aise de... ils ont des
sujets qui leur tiennent plus à coeur que d'autres. Donc, j'imagine que ça
pourrait être une option. En même temps, je vous dirais que, par exemple,
l'aide fédérale qui est annoncée en ce moment n'aidera pas les médias qui sont
nichés, justement, spécialisés. Donc, ça va être un peu...
M. Poulin : ...prendre un
média qui existe déjà et l'amener vers certaines niches ou l'amener vers
certains volets qui ne sont pas suffisamment apportés, entre autres les régions
du Québec.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, ça veut dire que ce serait plus intéressant si c'était à un niveau
individuel que pour des médias indépendants qui seraient obligés un peu de
transformer leur mission, si vous voulez. Mais, à un niveau individuel, oui,
j'imagine que ça pourrait être une option.
M. Van Vliet (Simon) : C'est
qu'il y a deux grands modèles pour vivre de la pige. C'est soit on se
spécialise puis on devient la personne de référence que les médias vont appeler
s'il y a des sujets à faire en agriculture, en agronomie, en sciences, en...
Mais si...
L'autre modèle, c'est de faire... d'être
un généraliste, mais là on se retrouve à travailler un peu dans les platebandes
des médias généralistes qui ont déjà leur personnel et donc on a les restants,
si on veut. On a les cahiers spéciaux, on a les commandes que les gens
réguliers n'ont pas le temps de faire ou refusent de faire parce qu'ils ont des
clauses de conscience dans leur contrat que, comme pigiste, on n'a pas.
Donc, c'est ça, la réalité des
journalistes indépendants qui ne se spécialisent pas, c'est que ça leur laisse
très peu d'espace pour développer leur marché, si je peux dire.
M. Poulin : Merci beaucoup. Je
laisserai la parole à...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. M. le député de Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Lemieux : Oui. Quatre
minutes, c'est ça?
Le Président (M. Ciccone) :
4 min 3 s.
M. Lemieux : Trois secondes?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, quatre minutes.
M. Lemieux : Quatre minutes. Merci,
M. le Président. On a beaucoup... Vous avez beaucoup parlé de vos conditions de
travail, de rémunération. Je voudrais parler de la réalité terrain, parce qu'à
la page 3 de votre mémoire, vous dites : «Si les journalistes indépendants
vivent des difficultés liées à la précarité et aux contrats inéquitables dans
les grands centres, la situation est pire en région.» Et là je pensais que ça
voulait dire... avec les médias régionaux. Mais vous rajoutez : «Pourtant,
les journalistes indépendants des régions représentent une force pour nos
médias concentrés à Montréal.»
La réalité au quotidien pour la majorité,
là, de vos membres, c'est qu'ils travaillent en région pour Montréal ou pour
les grands centres ou ils travaillent en région pour les médias régionaux?
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, ils travaillent en majorité pour les médias qui sont concentrés à
Montréal, parce que souvent, en région, il n'y a qu'un seul journal, qui a déjà
un peu ses employés. Donc, oui, c'est sûr qu'il collabore, là. Par exemple, on
a des membres en Abitibi, on en a deux, trois qui collaborent régulièrement
avec Radio-Canada en Abitibi, mais ils alimentent aussi, tu sais, un peu
Radio-Canada national quand c'est nécessaire et ils témoignent souvent... ils
alimentent beaucoup les médias qui sont à Montréal, parce que souvent les
médias concentrés à Montréal n'ont pas de correspondant en région ou très peu.
Donc, ils font un peu les deux, mais c'est aussi parce que les opportunités de
travail, s'ils se concentrent seulement sur les médias de leur région, sont un
peu limitées pour les journalistes indépendants.
M. Lemieux : On a parlé de
gruyère et de désert médiatique à certains endroits sur le vaste territoire
québécois, et ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de monde dans ces vastes
territoires là. Je vous signale que je suis député de Saint-Jean,
Saint-Jean-sur-Richelieu, 100 000 personnes, 11e ville au Québec. On a
deux hebdos et une station de radio musicale.
Donc... et la montréalisation des ondes
fait en sorte qu'on n'en voit pas de média de Montréal. M. le député de
Rimouski et moi, on partage la même opinion là-dessus. Mais dans votre cas, ce
territoire-là, il vous appartient. Le problème, c'est vos clients, parce que
vous êtes capable de le couvrir. Vous êtes suffisamment nombreux pour le
couvrir. C'est juste qu'il n'y a pas personne pour acheter votre matériel.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
...puis ça, bien, c'est lié à l'enjeu plus large de la montréalisation générale
de l'information, là, qui a bien de la misère à sortir de la métropole et tout
ça. Donc, c'est sûr que, par ricochet, bien, ça atteint aussi les journalistes
indépendants.
M. Lemieux : Mais on
s'entend... je ne sais pas si on va s'entendre, mais la nature médiatique étant
ce qu'elle est, la montréalisation des ondes, on ne remettra pas le génie dans
la bouteille, là. Ça, c'est pas mal réglé. Mais est-ce qu'on peut produire plus
et mieux de contenus régionaux, au moins pour les régions et interrégional?
Après tout, l'Internet, ça marche des deux bords, hein?
• (11 h 30) •
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, tout à fait, puis nous, à l'AJIQ, en général, on prône le travail
collaboratif. Donc, c'est pour ça qu'on fait appel... on encourage nos membres
à vendre le plus de sujets possible au plus de médias régionaux, nationaux,
montréalais, tout ça. Donc, moi, je pense qu'une des solutions aussi à une
partie de la crise, c'est le travail collaboratif, là. On n'est plus à l'époque
où on peut travailler en silo puis, si on pouvait sortir un peu du modèle
actionnaire...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
...régionaux, nationaux, montréalais, tout ça. Donc, moi, je pense qu'une des
solutions aussi à une partie de la crise, c'est le travail collaboratif, là. On
n'est plus à l'époque où on peut travailler en silo. Puis, si on pouvait sortir
un peu du modèle actionnaires-publicitaires, puis qu'on se batte pour tirer
notre bord de la couverte, ce serait très bénéfique de pouvoir travailler beaucoup
plus ensemble, justement, interrégionaux, avec Montréal. Ça nous paraît
essentiel de sortir d'un carcan individualiste, là, à travers cette crise-là.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Van Vliet (Simon) : Il a
été question, là, de donner un rôle régional à Télé-Québec, par exemple. C'est
certain que les pigistes en région pourraient être une source d'information
importante pour une espèce d'agence de presse régionale que Télé-Québec
pourrait devenir. Ça, ce serait très intéressant, relativement à faible coût.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup.
M. Lemieux : C'était la
question que je n'ai pas eu le temps de vous poser. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci beaucoup
d'être présents aujourd'hui. On va tenter de mettre un peu de viande autour de
l'os parce que... Dans le fond, c'est très intéressant, puis vous arrivez
justement avec une nouvelle idée, à l'intérêt avec le statut de l'artiste. Et
moi, c'est un peu plus là-dessus, là, où je voudrais nous guider ensemble.
L'attractivité, donc, au milieu journalistique, on en a parlé un peu plus tôt
ce matin et hier aussi, avec un professeur d'université. Et on comprend qu'avec
la diminution des conditions socioéconomiques que vous vivez... 30 % en 30
ans, là, ce n'est pas rien, là, on va se le dire. Je pense que de savoir et
d'expliquer aux gens qu'il n'y a pas vraiment d'encadrement sur votre métier...
C'est assez surprenant, surtout lorsqu'on fait le choix, comme vous le disiez
un peu plus tôt, de devenir journaliste indépendant.
Vous savez qu'avec la politique
culturelle, donc, qui a été déposée par l'ancien gouvernement et qui a été bien
acceptée, je vais le dire comme ça, là, par le nouveau gouvernement il y a les
deux lois sur le statut de l'artiste, qui doivent être réouvertes. J'imagine
que ce que vous souhaitez aujourd'hui, et c'est ce que j'entends, c'est qu'on
puisse introduire dans ces lois-là... Parce qu'une fois que les lois sont
faites et sont fermées, c'est difficile de les rouvrir. Mais là comme on doit
les réouvrir avec la nouvelle politique culturelle, j'imagine que votre
souhait, c'est que vous puissiez intégrer ce statut de l'artiste là pour avoir
un encadrement.
M. Van Vliet (Simon) :
Absolument. Puis vous parliez, avec nos collègues de la FPJQ, du statut de
journaliste. À l'AJIQ, bien, on a, depuis les débuts, une revendication sur la
reconnaissance du statut juridique des journalistes indépendants
spécifiquement. Et c'est parce que la loi sur le statut de l'artiste venait
d'être adoptée quand l'AJIQ a été fondée. Il faut savoir que la négociation
collective existe seulement dans la loi sur les métiers de la scène et de
l'audiovisuel, et que les... bien... et du... oui, donc la scène, le théâtre,
la danse et la télévision, l'enregistrement sonore, mais pas dans le domaine de
la littérature. Donc, nous, c'est certain qu'une grosse partie des revenus des
journalistes pigistes se fait, en presse écrite, dans les magazines, donc dans
ce qui retomberait sous le coup de la loi sur la littérature.
Donc, si on envisageait d'intégrer le
statut de... la reconnaissance des journalistes indépendants comme artistes au
sens de la loi, il faudrait, à tout le moins, inclure dans la loi sur la
littérature le même mécanisme de négociation collective que celui qui existe
dans l'autre loi. L'alternative, ce serait de créer un régime particulier pour
les journalistes indépendants, mais c'est certain que ce serait un peu
contre-productif de créer une loi spécifique à un corps de métier, alors qu'on
a déjà deux lois qui encadrent l'ensemble des professions de la culture. Et
donc il s'agirait simplement d'élargir un petit peu la portée de ces deux lois
là pour inclure les métiers de la culture et des communications. Et à ce
moment-là, effectivement, ce serait le bon moment de le faire dans l'étude de
ces deux lois là, qui datent d'il y a plus de 30 ans, quand même.
Mme Melançon : Tout à fait,
mais qui avaient quand même été réouvertes au début des années 2000. Je me
souviens très bien de ces moments-là. J'en prends bonne note. Je ne sais
toujours pas à quel moment on va être à l'intérieur de ces deux lois, puisque
j'ai déjà posé des questions en ce sens-là. Je ne sais pas à quel moment, là,
du côté gouvernemental, on a l'intention de réouvrir. Mais sachez que j'ai bien
entendu, et je connais plutôt bien ces deux lois là, donc on pourra sans doute
s'en reparler.
J'aimerais revenir avec vous sur... Vous
avez parlé d'une possible agence de presse régionale, là, avec Télé-Québec, là,
un peu ce qu'on mentionnait tout à l'heure. Mais je sais... Et je sais que vous
êtes très au fait, mais il y a aussi des problématiques avec LaPresse
canadienne actuellement. Parce qu'il y a un effet domino avec la situation
qu'on vit depuis deux semaines avec les six quotidiens en région, là. Si on n'a
plus des...
Mme Melançon :
...régionale, là, avec Télé-Québec, là, un peu ce qu'on mentionnait tout à
l'heure. Mais je sais... et je sais que vous êtes très au fait, mais il y a
aussi des problématiques avec LaPresse canadienne actuellement
parce qu'il y a un effet domino avec la situation qu'on vit depuis deux
semaines avec les six quotidiens en région, là. Si on n'a plus des quotidiens à
nourrir, ces agences... cette agence de presse là va être mise à mal
assurément. Alors, il faut s'assurer d'une survie. Est-ce que vous ne voyez
pas, dans un doublon comme celui-là, une possibilité justement qu'on
affaiblisse un pour essayer de redonner un peu à l'autre?
Mme Brassard-Lecours
(Gabrielle) : Moi, j'ai envie de dire que, si LaPresse
canadienne engage nos journalistes indépendants, c'est super. Mais, si ce
n'est pas le cas...
Mme Melançon : Non, c'est
ça.
Mme Brassard-Lecours
(Gabrielle) : ...bien, justement, nous, on essaie de trouver dans le
fond des espaces pour que nos journalistes puissent vivre, puissent couvrir
leurs histoires. Si ça se fait à travers soit une agence régionale ou un genre
de plateforme, on n'est pas fermés à ça. Tu sais, on ne veut pas affaiblir
personne, là. On essaie juste de trouver un peu des solutions, là. Mais, oui,
ça...
Mme Melançon : Parfait.
C'est parce que, moi, j'essaie de le voir quand même dans la globalité. Vous
comprenez? Puis j'entends très, très, très bien aussi votre position. Mais ce
que j'entends en même temps, c'est que, pour vous, la meilleure façon de donner
des emplois aux journalistes indépendants, c'est la diversité des sources
d'information.
M. Van Vliet (Simon) :
C'est certain. Puis, pour répondre à votre question un peu plus globale, il y
aurait peut-être des possibilités de convergence, si je peux utiliser ce mot-là
sans la connotation politique, entre LaPresse canadienne et
une éventuelle agence régionale de Télé-Québec, par le biais d'une association
coopérative entre deux organisations. C'est là qu'on est, et il faut aller vers
ça de mettre en commun nos ressources pour faire mieux avec le peu de
ressources qu'on a et être capables d'aller générer davantage de revenus pour
l'ensemble des joueurs du milieu. Donc, oui, la crise met en cause
éventuellement la survie de LaPresse canadienne en français
au Québec, mais peut-être qu'il y a une opportunité, dans cette crise-là, de
redéfinir les rôles des différents acteurs de l'information au niveau régional.
Mme Melançon : Lorsque
vous parliez, tout à l'heure, de la renonciation des droits moraux, est-ce
que — et je ne connais pas la réponse, donc c'est une vraie, vraie
question — est-ce qu'un journaliste indépendant a droit de regard sur
le titre qu'il y aura à son article?
M. Van Vliet (Simon) :
S'il renonce à ses droits moraux, certainement pas. S'il n'y renonce pas, a
priori, oui. Mais ça dépend vraiment des pratiques dans les rédactions. Il y a
des rédactions qui...
Mme Melançon : C'est
inégal.
M. Van Vliet (Simon) :
...qui demandent de suggérer des titres et des sous-titres. Il y a des
rédactions qui n'en tiennent pas compte. Donc, c'est très variable. Mais je
vous dirais que la renonciation aux droits moraux va beaucoup plus loin que ça
parce que ça permettrait théoriquement à média de reprendre des éléments de
contenu, notamment des citations attribuées à une source puis de les mettre
dans un encadré publicitaire dans un contexte complètement. Je veux dire, il y
a peu de médias qui font ça, mais ça ils s'arrogent le droit de faire ça. Et
accessoirement on parlait des droits d'auteur aussi, beaucoup de contrats
demandent les cessions de droits pour les adaptations au cinéma, au théâtre, en
romans, alors que les entreprises de presse n'ont ni les moyens ni l'intention
d'exercer ces droits-là, mais se les réservent pour éviter d'avoir à demander
la permission ultérieurement.
Mme Melançon : Je crois
qu'on va devoir se reparler parce qu'on est vraiment pressés dans le temps,
puis il y en a tellement à dire. Mais sachez une chose, pour un statut, en tout
cas dans le statut de l'artiste, je pense qu'il y a vraiment un lieu
d'atterrissage possible. Il faut le regarder de tous les angles. Je vais céder
la parole à ma collègue qui brûle d'en vie de vous poser des questions.
Le Président (M. Ciccone) :
Je reconnais la députée Saint-Laurent pour 1 min 45 s.
• (11 h 40) •
Mme Rizqy : Bonjour. L'an
dernier, j'étais au Salon du livre et j'ai eu l'occasion de rencontrer
Frédérick Lavoie et Jasmin Lavoie, deux journalistes internationaux
indépendants qui sont partis, bien, de Chicoutimi, aller à l'extérieur du pays,
un au Pakistan en Inde, et qu'ils ont fait un échange épistolaire qui a donné
un livre Frères amis, frères ennemis. Et je trouvais que, quand ils sont
revenus au Québec, mais ils ont donné, après ça, des conférences et ils ont
publié un livre, mais que, non seulement ils ont couvert la presse internationale
et, même à suite à ce qu'ils reviennent au Québec, ils nourrissent nos
réflexions de qu'est-ce qu'il se passe, là, à l'extérieur du pays, qu'est-ce
qu'il se passe à l'intérieur du Québec. Ils font beaucoup quand même de
conférence. Et j'étais en train de réfléchir comment qu'on peut aider, car
évidemment on ne devient pas riche en publiant nécessairement un livre et pas
riche quand on fait la couverture internationale de façon indépendante. Et j'ai
regardé même est-ce que vous avez réfléchi, par exemple, à des mesures de
défiscalisation. J'ai vu aussi que, par exemple, au...
Mme Rizqy : ...quand même de
conférence, et j'étais en train de réfléchir comment qu'on peut aider, car évidemment
on ne devient pas riche en publiant nécessairement un livre et pas riche quand
on fait la couverture internationale de façon indépendante, et j'ai regardé
même... est-ce que vous avez réfléchi, par exemple, à des mesures de
défiscalisation? J'ai vu aussi que par exemple au... Frédérick Lavoie a eu aussi
une bourse... une subvention, pardon, du Conseil des arts canadiens pour la
publication d'un deuxième livre. J'aimerais vous entendre sur défiscalisation
et aussi possibilité d'avoir des subventions, parce qu'il y a aussi la
pédagogie qui se fait à travers tout ce travail par la suite, quand ils
reviennent ici, au pays.
Le Président (M. Ciccone) :
En 25 secondes, s'il vous plaît.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, c'est sûr que c'est des pistes intéressantes, mais je peux vous dire,
pour les connaître aussi, ils ne gagnent pas super bien leur vie, il n'y a
personne qui a payé leur billet d'avion pour qu'ils s'installent en Asie, tout
ça. Moi-même, comme je disais, je suis récipiendaire de la bourse 30 secondes
qui va m'amener à faire 15, 20 ateliers cet automne à travers le Québec, mais,
tu sais, c'est 3 000 $, là, c'est loin d'être un salaire annuel.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Donc, il faut réfléchir, mais, oui, c'est dans nos plans d'obtenir plus de
bourses.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de
Taschereau pour 2 min 30 s.
Mme Dorion : Je n'ai pas
longtemps puis j'ai deux questions, ça fait que, pour la première, vous pouvez
y aller dans une réponse la plus courte possible. Vous parlez beaucoup de
soutien public. Est-ce qu'on devrait, pour permettre ça, entre autres, imposer
les géants du numérique?
M. Van Vliet (Simon) : Oui,
mais peut-être qu'on pourrait envisager d'autres choses, comme de taxer les
achats publicitaires au Canada. Il y a des entreprises qui ont les moyens
d'acheter de la publicité. Pourquoi est-ce qu'elles ne contribueraient pas à un
fonds à travers une taxe sur leurs achats publicitaires?
Mme Dorion : Merci. Puis on
parle aussi beaucoup de but non lucratif, on sait qu'il y a des journalistes en
ce moment qui essaient de créer une coop pour sauver les journaux de Capitales
Médias. Il y a d'autres tests qui sont avancés : des OSBL, des petits organismes
médias sans but lucratif. Pouvez-vous nous dire en quoi c'est un avantage ou
quels sont les avantages de ça par rapport aux modèles qui sont soumis à la
pression du profit puis du clic?
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien, on l'a un peu exposé tout à l'heure, mais nous, on pense qu'il n'y a
aucun média qui devrait être la propriété unique d'un individu ou de deux,
trois actionnaires. Le modèle coopératif OBNL, ça remet un peu le pouvoir aux
artisans et aussi aux lecteurs. Et donc, ça peut changer beaucoup la donne sur,
un, le type d'information qu'on fait, hein? Parce qu'on parlait un peu de la
crise de confiance. Il y a ça aussi dans la crise des médias, puis on n'en
parle pas beaucoup, mais peut-être que, si l'information était un petit peu
plus proche des gens, les gens se sentiraient plus investis dans leurs médias
et, quand il y a des crises comme ça, se sentiraient plus interpellés, et
peut-être qu'il y aurait aussi moins de crises. Et, c'est ça, donc, ce
modèle-là remettrait un peu le pouvoir dans les gens qui font le journal et
dans les gens qui le lisent, et on pense que ce serait une des solutions.
M. Van Vliet (Simon) :
Regardez, LaPresse a été capable d'aller chercher plusieurs
centaines de milliers de dollars en dons depuis qu'elle est un OSBL. Je ne
pense pas qu'il y a beaucoup de gens qui auraient donné de l'argent à LaPresse
quand elle appartenait à Power Corp. Donc, il y a clairement un levier là qui
renforce la confiance, qui donne le contrôle au public sur l'information et qui
est très clairement porteur pour nous, d'autant plus que — on ne se
le cachera pas — des entreprises de presse qui font de l'argent avec
l'information, il n'y en a pratiquement plus. Donc, peut-être que c'est le
temps de mettre le modèle à but lucratif de côté pour ce qui est de produire de
l'information.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Maintenant, la parole est au député de Rimouski pour une
période de 2 min 30 s.
M. LeBel : Bien, merci, j'ai
appris beaucoup. Je ne connaissais pas votre situation comme ça puis comment
vous travaillez, les relations avec les médias. J'ai appris beaucoup de votre
présentation. Vous êtes beaucoup en région? Il y a beaucoup de pigistes qui
sont un peu déployés partout au Québec?
M. Van Vliet (Simon) : Il y en
a beaucoup. Il y en a qui font leur travail pour des magazines ou des
publications spécialisées qui ne sont pas forcément basées à Montréal. Puis il
y en a un certain nombre qui alimentent ou alimentaient les quotidiens
nationaux par leur travail. Mais, oui, on n'a pas de chiffre, mais il y en a
plusieurs dizaines, voire quelques centaines, là, d'éparpillés, si je peux
dire, à travers le Québec.
M. LeBel : O.K. Dans le fond,
dans l'objectif de diffuser de l'information qui vient des régions sur les
grands médias nationaux, pour que le Québec sache ce qu'il se passe dans les
régions, vous êtes des éléments importants là-dedans. Je comprends qu'en vous
aidant, en vous soutenant, on va faire en sorte aussi qu'on va parler des
régions du Québec dans les grands médias. Et vous faites partie de la solution,
et ça, c'est ce que j'ai compris. Et pour ça, il faut... peut-être avec le
statut d'artiste qu'on pourra regarder, là, mais ça... effectivement, ça fait
partie de la solution pour faire connaître les régions, l'international aussi,
là, on vient d'en parler. Hier, les gens de LaPresse nous
ont parlé de ça aussi, il y a de moins en moins d'information qui vient de
l'international. Vous êtes aussi... vous faites aussi partie de la solution
là-dedans parce que vous produisez de l'information internationale.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Tout à fait, on a énormément de pigistes qui voyagent, et moi, c'est un de mes
chevaux de bataille, pour avoir fait une maîtrise en journalisme
international...
M. LeBel : ...on vient d'en
parler, hier, les gens de la presse nous ont parlé de ça aussi, il y a de moins
en moins d'information qui vient de l'international. Vous êtes aussi... vous
faites aussi partie de la solution là-dedans parce que vous produisez
l'information internationale.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Tout à fait, on a énormément de pigistes qui voyagent et, moi, c'est un de mes
cheval de bataille pour avoir fait une maîtrise en journalisme international
ici, à Laval, on trouve ça très important surtout que c'est un peu le parent
pauvre, là, de l'information au Québec, je trouve, l'information internationale.
Et par ailleurs on a... l'indépendance des journalistes leur permet aussi de
partir, hein, puis de voyager, c'est juste que c'est difficile pour eux. On a
deux ou trois pigistes qui sont capables de rentabiliser leur voyage quand ils
partent à l'étranger en vendant plusieurs piges, mais, tu sais, ils ne font pas
un profit énorme.
Cependant, comme les régions, souvent,
c'est des journalistes qui sont des gens de correspondants pour les médias
nationaux ici, donc souvent ils sont les seuls sur place à être... à couvrir un
conflit ou un enjeu important...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
...donc, oui, on est là-dedans aussi.
Le Président (M. Ciccone) :
Mme la députée de Marie-Victorin, la parole est à vous pour deux minutes.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup pour votre présentation. Il y avait beaucoup de franchise dans votre
mémoire aussi, je pense que c'était un des avantages de l'indépendance.
À la page 4 de votre mémoire, vous faites
le lien justement entre les balises déontologiques qui fléchissent, la qualité
de l'information qui diminue avec la crise de confiance du public à l'égard des
journalistes puis du monde des médias en général. Je trouve ça intéressant que
vous dressiez un tel lien de causalité. Je me demandais, selon vous, de votre
perspective, quelles sont les raisons qui font en sorte justement que les
balises déontologiques diminuent et affectant, du coup, la qualité
d'information.
M. Van Vliet (Simon) : Il y a
deux éléments de réponse, de un, il y a le fait que les médias eux-mêmes ont de
moins en moins d'indépendance financière, donc dépendent de plus en plus de
leurs revenus publicitaires et ils sont prêts à faire de plus en plus de
compromis. Dans la soi-disant muraille de Chine entre la publicité puis la
rédaction, il y a de plus en plus de trous. Et, d'autre part, les pigistes sont
dans cette situation-là au niveau individuel et sont parfois obligés d'accepter
de faire des cahiers spéciaux qui sont, en réalité, des publireportages, de
faire parfois du marketing de contenu qui n'est pas identifié comme tel, ça,
c'est la pression économique qui s'exerce, tant sur les entreprises de presse,
que sur les journalistes eux-mêmes qui expliquent ça, il y a un lien très, très
clair de cause à effet.
Mme Fournier
: Est-ce
que vous sentez une certaine pression pour produire un contenu qui va générer
des réactions, par exemple, virales sur le Web? On parle souvent de la
dictature du clic, tout ça, est-ce que c'est une expérience que vous voyez sur
le terrain?
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
Bien oui, c'est sûr, puis, tu sais, nous, on ne connaît aucun journaliste
indépendant qui vit 100 % de la presse écrite pure et dure, en faisant
juste du journalisme, tu sais, on est obligé de diversifier notre activité. Et
ça nous arrive de faire des tops 10 pour MSN, là, tu sais, on fait ça, des
fois, juste parce que, bien, c'est vite fait, c'est payant, tout ça, mais ce
n'est évidemment pas...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
Mme Brassard-Lecours (Gabrielle) :
...notre aspiration profonde.
Mme Fournier
: Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup à vous deux pour votre contribution. J'inviterais, s'il vous
plaît, l'Association des médias écrits communautaires du Québec à prendre place
rapidement, s'il vous plaît. Je suspends pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Ciccone) :
Veuillez prendre place, s'il vous plaît. Je vous souhaite la bienvenue aux représentants
de l'Association des médias écrits communautaires du Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent, à procéder à votre
exposé. La parole est maintenant à vous.
M. Girouard (Yvan Noé) :
Bonjour. Yvan Noé Girouard, directeur général de l'AMECQ. Je suis accompagné du
président de l'association, François Beaudreau...
Le Président (M. Ciccone) :
...que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent et à procéder à
votre exposé. La parole est maintenant à vous.
M. Girouard (Yvan Noé) :
Bonjour. Yvan Noé Girouard, directeur général de l'AMECQ. Je suis accompagné du
président de l'association, François Beaudreau.
L'AMECQ existe... a été fondée en 1980, et
présentement on a 81 journaux qui sont membres. On entend, par journal
communautaire, qui est un journal de propriété collective et de gestion
démocratique. Alors, nous, nos journaux, c'est de l'information locale et
régionale. On pourrait dire aussi hyperlocale parce qu'on a des tout petits
journaux qui font de l'information dans leur village.
Je vois autour de la table, ici, il y a
quelques députés qui ont des journaux communautaires dans leur circonscription.
Alors, vous savez pas mal dans quoi ça consiste et leurs difficultés de financement
aussi. On va y revenir tantôt.
Il y a une étude qui a été menée par la
firme Advanis-Jolicoeur en février 2018 auprès de 3 150 personnes, qui
démontre que le nombre moyen de lecteurs par foyer est de 1,39, que le temps
lecture moyen est de 30 minutes, et que la durée de conservation d'un
exemplaire est de 9,2 jours, et, de plus, 94 % des sondés affirment que
leur journal communautaire reflète bien la communauté locale.
Alors, ce sont des gens qui, dans leur
milieu, disent : On a... Il n'y a pas d'information qui vient chez nous,
donc on va prendre les moyens puis on va se doter d'un outil d'information. Ce
sont, pour la plupart, des bénévoles, O.K.? Je dirais, l'AMECQ, il y a près de
1 500 bénévoles dans l'ensemble des journaux, 700 qui le sont de façon
plus régulière, puis on pourrait dire des employés de soutien, qui sont payés
des... qui font du travail administratif, et des pigistes. Il pourrait... ça
pourrait aller autour de 200 personnes. Mais généralement ce sont des
bénévoles. Et, même s'il y a des employés payés, il y a des bénévoles qui
gravitent autour d'eux. Je vais laisser la parole à François.
M. Beaudreau (François) : Vous
savez, pour produire un journal communautaire, il y a beaucoup d'énergie qui
est dépensée pour récolter les fonds nécessaires pour la survie de ces
journaux-là, pour le fonctionnement de ces journaux-là. Parmi les ressources
qui sont à notre disposition, il y a la publicité locale. Elle aussi, elle
souffre du développement du Web, des achats en ligne, des choses comme ça. Beaucoup
de nos commerces... Dans vos petites municipalités, là, beaucoup de nos
commerces ferment puis ils ne seront pas remplacés, puis ce n'est pas nécessairement
faute de relève, hein? Alors, c'est plus difficile pour nous.
Cela dit, nos journaux continuent quand
même d'offrir une vitrine intéressante à cette clientèle-là, parce que ce n'est
pas tous les commerces qui se destinent au Web, au commerce branché. On est
encore... on a encore une place de choix vis-à-vis de ça, sauf qu'on a des
revenus autonomes comme ça qui s'en vont en diminuant.
Et puis il faut mentionner aussi, qu'est-ce
qui était important pour nous, c'est la publicité gouvernementale. On parle ici
d'un énoncé de politique gouvernementale qui remonte à 1995 et puis qui a été
préparé par le Conseil exécutif, qui invitait les ministères, les sociétés
d'État, les organismes qui relèvent des ministères, à allouer 4 % de leur
budget de publicité existant, 4 %, aux médias communautaires. On s'entend,
les médias communautaires, ce n'est pas seulement les journaux, c'est aussi la
radio, c'est aussi les télévisions autonomes.
Bon, ça n'a jamais été atteint, cet
objectif-là, sauf qu'il y a longtemps, dans les années 90 et au détour des
années 2000, il y avait suffisamment de revenus publicitaires générés par
l'État québécois, qui étaient investis dans les journaux communautaires, qui
permettaient même de faire nos frais avec ces montants-là, hein? On parle, par
exemple, au détour des années 2000, là, il y avait à peu près
500 000 $ qui étaient alloués à l'ensemble des journaux
communautaires. 2018, l'État québécois a dépensé 78 000 $ dans les
journaux communautaires, répartis dans 80 journaux. Contentez-vous, le fédéral,
zéro avec une barre. Donc, si... Ce serait primordial, à ce moment-là, que les
médias écrits communautaires reçoivent la part qui est prévue... la juste part
qui est prévue à cet énoncé de politique gouvernementale là.
Et puis ensuite je vais vous parler
brièvement du numérique, du papier versus le Web. Vous le savez, le... peu
importe le support, hein, qu'il soit numérique, qu'il soit papier, pour les
médias communautaires, l'enjeu, c'est la production du contenu, d'un contenu de
qualité. Ça, on s'assure de le faire, nous autres, avec notre association qui
va dispenser des formations continues, qui va dispenser des formations
thématiques dans le cadre de différentes activités, qu'on rejoint tous nos
membres...
M. Beaudreau (François) :
...communautaires, l'enjeu, c'est la production du contenu, d'un contenu de
qualité. Ça, on s'assure de le faire, nous autres, avec notre association, qui
va dispenser des formations continues, qui va dispenser des formations
thématiques dans le cadre de différentes activités qu'on rejoint tous nos
membres, nos 80 membres, 81.
Et puis... Mais maintenant, pour alimenter
le contenu sur une plateforme Web, évidemment, c'est différent un petit peu du
papier. Vous savez, quand on met en ligne une page Web, vous avez en moyenne
quatre secondes pour attirer l'attention du lecteur. C'est très différent du
papier. Et puis les revenus, évidemment, sur le Web, ne suivent pas du tout, on
n'a pas trouvé le modèle d'affaires, on le cherche. Vous savez, des fois, comme
Yvan Noé le mentionnait tantôt, on a des communautés qui sont à petite échelle,
hein, qui ont 400... Par exemple, vous connaissez ça, vous, M. Émond, à
Saint-Aimé et Massueville, il y a 400 portes. Quand vous faites le tour, là,
dans votre campagne, il y a 400 portes. Ce n'est pas beaucoup, hein, mais, pour
rejoindre ces gens-là, évidemment, si on met une publicité Web, avec le nombre
de clics, on n'y arrivera pas, hein? On a même des journaux qui ont été jusqu'à
faire du porte-à-porte pour dire : Visitez notre site Web, tout ça. Non,
le papier est encore pertinent chez les médias écrits communautaires. Yvan Noé
le mentionnait tantôt, c'est 1,39 lecteur par foyer qui passe au-delà d'une
demi-heure là-dessus. Alors, dans ce contexte-là, il est primordial que l'État québécois
rétablisse sa politique d'achat conformément à cet énoncé de politique gouvernementale.
Pour nous, là, c'est une question de survie et puis c'est essentiel. Voilà. Je
te repasse la parole.
M. Girouard (Yvan Noé) : O.K.
Je voudrais vous parler de la problématique de RecycleMédias. Actuellement, le
montant demandé, le montant moyen, aux journaux qui dépassent le 15 tonnes
est de 3 000 $ par année, dont une partie sous forme de publicité
pour RecycleMédias. Le contrat publicitaire de deux ans a été donné, là, à une
agence du gouvernement qui s'appelle l'agence Challenge Média. Le gouvernement
du Québec se doit d'intervenir, surtout en considérant que cette taxation est déjà
perçue plusieurs fois par les papeteries, les imprimeurs, les journaux. Alors,
l'intervenant RecycleMédias ne fait que contribuer au déclin des journaux communautaire.
Malgré les récentes subventions accordées
par le ministère de la Culture et des Communications et aussi du ministère de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques... accordées
à RecycleMédias, nous persistons à croire que cette taxe devrait complètement
être abolie. Cette taxe ne fait que confirmer que les journaux et, par
ricochet, l'information locale et régionale qui est transmise sont considérés,
excusez-moi, comme des déchets.
Alors, les journaux communautaires, quels
sont nos défis à relever? Nos principaux défis sont variés : l'adaptation
au Web et au vidéojournalisme, l'arrimage entre la version papier et les médias
sociaux, l'atteinte de l'objectif du 4 % en matière de publicité
gouvernementale, la migration du journal communautaire vers le multimédia, la
mise à contribution des MRC pour la création de médias communautaires
régionaux, la recherche de personnes aptes à faire du financement et à
s'occuper du sociofinancement, le maintien des trois principales sources de
financement : gouvernemental, municipal et publicitaire, la recherche de
solutions pour contrer le vieillissement des bénévoles et l'exode des jeunes.
Malgré ces défis de taille, les journaux
communautaires de l'AMECQ persistent à penser que, dans 10 ans, ils existeront
toujours. La principale fierté des journaux est leur longévité. Le fait d'avoir
réussi à durer en étant toujours là pour leurs communautés et surtout en étant
appréciés par leurs lecteurs, ne jamais tomber dans la facilité et demeurer
pertinent constitue un credo pour la plupart des journaux communautaire. Le
journal communautaire est aimé des petits et des grands, des enfants et des
grands-parents. On peut sentir l'attachement de la population au journal
communautaire, qui est entre autres là pour donner des moments de gloire à des
individus ordinaires.
En somme, un journal communautaire, c'est
un reflet de la communauté. Quand leur journal parle d'eux, que ce soit d'un
bénévole d'un organisme du milieu, d'un artiste local ou d'une personne ordinaire
qui vient d'accomplir un geste extraordinaire, les gens s'y reconnaissent.
En conclusion, bien, j'aimerais dire que
les journaux écrits communautaires jouent un rôle de premier plan dans la
production et la diffusion de l'information dans leur milieu, plus encore, un
média écrit communautaire est un lieu de débat, d'expression, un outil de
développement, un outil essentiel pour appuyer la production artistique et
culturelle qui émane des régions. Les médias communautaires du Québec font
partie de l'essence même de nos régions. Toujours disponibles, ils ont survécu
aux nombreux changements des dernières années, que ceux-ci fussent politiques,
technologiques ou sociaux. Ils résistent aux pressions et au changement. Le
dévouement des bénévoles permet de conserver...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci...
• (12 heures) •
M. Girouard (Yvan Noé) :
...ces parties intégrantes du tissu social des régions desservies...
12 h (version non révisée)
M. Girouard (Yvan Noé) : ...de
l'essence même de nos régions. Toujours disponibles, ils ont survécu aux
nombreux changements des dernières années, que ceux-ci fussent politiques, technologiques
ou sociaux. Ils résistent aux pressions et au changement. Le dévouement des
bénévoles permet de conserver...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci...
M. Girouard (Yvan Noé) :
...ces parties intégrantes du tissu social des régions desservies car les
médias...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci...
M. Girouard (Yvan Noé) :
...écrits communautaires sont là pour renseigner les résidents locaux sur ce
qui se passe dans leurs quartiers...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci...
M. Girouard (Yvan Noé) :
...dans leurs villages.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup...
M. Girouard (Yvan Noé) : Je
lance un cri du coeur : Sauvons les médias écrits communautaires.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je pense que les députés vous ont entendus. Je passe maintenant la
parole au député de Beauce-Sud pour 15 minutes.
M. Poulin : Merci, M. le
Président. M. Beaudreau, M. Girard, merci pour votre présence, merci pour votre
témoignage, également, en commission parlementaire. Merci de rappeler
l'importance du papier. Parce que, dans cette ère du numérique, on pourrait
oublier assez facilement l'importance, oui, effectivement, de l'industrie, qui
en est une, avec les imprimeries, qui sont fort importantes, entre autres dans
les régions du Québec, mais l'importance, qui est encore agréable, d'aller
chercher son journal, de le lire, de l'étendre sur la table, d'acheter un livre
papier, pas seulement de le consommer de façon numérique. Et ça, c'est pour
tous les âges, hein? On pourrait penser que les jeunes, on aime mieux le
numérique, là. Moi, dans mon cas, j'ai un très grand plaisir à lire du papier.
Voyez-vous, j'utilise énormément de papier, ici, en commission parlementaire,
puis ça me fait grandement plaisir de le faire. Et vous faites bien de le
réitérer en région et dans les grands centres, l'importance, donc, du papier.
Des médias communautaires aussi. On aura
tout à l'heure l'association des radios communautaires et d'autres gens qui
oeuvrent dans le secteur. Vous êtes souvent le seul média au monde à parler des
gens de cette région-là, à parler des gens de la municipalité. Alors, ça, c'est
très important, et, quand on parle de démocratie, de préserver l'importance de
l'information, il faut inévitablement préserver les médias communautaires.
Mais ça ne date pas d'hier, hein? 2004,
Dominique Vien, qui était une excellente députée de Bellechasse, avec qui j'ai
eu le plaisir de travailler, rédigeait, à titre d'adjointe parlementaire à la
ministre de la Culture et des Communications... à ce moment-là, elle était
adjointe parlementaire de Line Beauchamp, avait rédigé un rapport fort intéressant
que j'ai eu la chance de lire en fin de semaine, Les médias communautaires
au Québec. Aviez-vous collaboré, à l'époque? Bien, probablement que votre
association, oui.
M. Beaudreau (François) : Oui,
on a été interpellés.
M. Poulin : Probablement que
votre association... certainement. Et ce qu'on retrouve à l'intérieur de ce
rapport-là, dans certains cas, c'est une mine d'or, c'est des choses qui
auraient dû être faites, qui auraient pu être faites. Il y a des choses qui ont
été faites, mais on voit qu'il y a des problématiques qui existaient en 2004 et
qui existent encore aujourd'hui.
Entre autres, on dit : «Plusieurs
médias communautaires ne génèrent pas suffisamment de revenus pour assumer
pleinement l'embauche des employés nécessaires. Ils font appel aux programmes
d'emploi des gouvernements du Québec et du Canada. Cependant, ces programmes
n'autorisent que des emplois sur une base ponctuelle et généralement peu
rémunérée, ce qui ne permet pas à l'employé de s'engager à long terme dans l'organisme.
Ils constituent des solutions palliatives acceptables, mais qui ne permettent
pas de combler des besoins de personnel régulier.» Alors, j'imagine que c'est
encore un défi au niveau de l'embauche aujourd'hui.
Autre sujet qui était abordé dans cet
excellent rapport, on disait : «La notoriété des médias communautaires
auprès des annonceurs, des groupes, des individus et des collectivités visés
est un défi.»
Depuis 2004, est-ce que vous avez réussi
ou sentez-vous que vous pourriez vous doter d'une stratégie pour laquelle le
gouvernement peut être partenaire pour sensibiliser davantage les entreprises?
Je parle du privé, de l'argent privé à investir dans nos médias communautaires
écrits.
M. Beaudreau (François) : Pour
sensibiliser les... on est assez présents. Ça dépend de la taille des médias,
ça dépend des endroits. Si vous prenez, par exemple... on a des médias qui ont
un tirage de, quoi, 400, 600 exemplaires, le cercle est assez restreint. À
quelles entreprises... Des fois, c'est des villages où est-ce qu'il y a une
désertification de l'activité commerciale et industrielle, hein, c'est déporté
vers les villes plus grandes. Ce serait plus difficile. Les journaux qui ont
des plus grandes tailles... Et on en a, des journaux, à Montréal, par exemple, et
puis ailleurs, qui ont au-delà de 40 000 exemplaires en tirage. Eux
le font bien, eux réussissent à intéresser. Bien, investir, on s'entend. On
parle d'investissements publicitaires. Dans la participation, à ce moment-là,
ça émane plus des citoyens, bon, qu'ils soient corporatifs ou pas, mais ça
émane plus des citoyens, c'est de l'information qui est prise en charge par le
milieu. C'est ça un petit peu, les journaux qui sont membres de l'AMECQ.
M. Poulin : En même temps...
et je vous fais une suggestion. Moi, je suis député de Beauce-Sud, donc, une
région extrêmement rurale, j'ai 24 municipalités, j'ai des petits médias
dans chacune municipalité, j'ai même des journaux municipaux — là,
c'est autre chose, c'est géré par la municipalité. Mais le coût de publicité
dans vos médias n'est pas très élevé et rejoint énormément de gens, quand on le
compare au per capita. Alors, de dire qu'il y a seulement 400 personnes
dans la municipalité, oui, mais le coût de la publicité est tellement peu élevé
que je rejoins énormément de gens, somme toute. Et moi, je vous invite... puis
je pense qu'on devra réfléchir, comme commission parlementaire, à vous appuyer
dans cette stratégie de mise en valeur des médias écrits communautaires qui
rejoint énormément de gens et qui coûte très peu en termes de publicité. Une
moyenne, un quart de page chez vous, là, ça peut coûter combien?
M. Beaudreau (François) :
Bien, chez nous, on a 21 000 exemplaires; ça va coûter à peu près
400 $
M. Poulin : Pas cher,
monsieur, là.
M. Beaudreau (François) : Non.
Ça fonctionne, aussi, hein?
M. Poulin : Bien oui, je le
sais que ça fonctionne, je le sais.
M. Beaudreau (François) :
Bien, vous voyez, les revenus gouvernementaux...
M. Poulin : ...qui rejoint
énormément de gens et qui coûte très peu en termes de publicité. Une moyenne,
un quart de page chez vous, là, ça peut coûter combien?
M. Beaudreau (François) :
Bien, chez nous, on a 21 000 exemplaires. Ça va coûter à peu près 400 $.
M. Poulin : Pas cher,
monsieur, là.
M. Beaudreau (François) :
Non. Ça fonctionne aussi, hein?
M. Poulin : Bien oui. Je
le sais, que ça fonctionne. Je le sais. Oui.
M. Beaudreau (François) :
Bien, vous voyez, les revenus gouvernementaux ont fondu. On survit, hein?
Alors, on fait notre job sur le terrain.
M. Poulin : Mais c'est
important que le coût de la publicité vous réussissiez à rejoindre énormément
de gens et que c'est encore peu élevé.
M. Beaudreau (François) :
...que vous le mentionniez, M. le député, parce que, justement, on entame une
démarche prochainement auprès des intervenants des journaux communautaires
comme ça pour — Yvan Noé pourrait vous en parler un petit peu plus
longuement — pour approcher, justement, le milieu dans lequel on
évolue, chacun, pour rapprocher les gens du milieu de quelque horizon qu'ils
soient, qu'ils soient du milieu commercial ou sans but lucratif, pour les
rapprocher de leurs médias communautaires.
M. Girouard (Yvan Noé) :
Parce qu'effectivement, dans une petite municipalité, les commerçants se
disent : Je dois être là. Parce que le commerçant, il s'identifie aussi au
milieu communautaire. La mentalité est différente dans les villes plus grandes,
là, mais je ne le sais pas, je prends en note votre suggestion, mais je ne sais
pas si d'augmenter le coût de la publicité ça va être bien vu de la part des
commerçants dans les petites municipalités. Bon, en tout cas.
M. Poulin : ...demandé de
doubler, là. Il y a peut-être un juste milieu à y avoir aussi.
M. Girouard (Yvan Noé) :
Peut-être. Mais il faut voir. C'est libre à chacun de nos journaux, hein? Nous,
on ne se mêle pas de leur gestion. On a un projet présentement. On a une étude
qui va être mise en marche cet automne. On veut faire le portrait de l'artisan
de la presse communautaire, aussi bien l'employé, le bénévole, aussi les
organismes communautaires qui participent au journal communautaire. Parce qu'il
y a beaucoup de journaux qui reçoivent des communiqués de la part des
organismes communautaires de leur milieu. Alors, on veut avoir leur opinion
aussi à eux. Et, bien sûr, les commerçants locaux vont être questionnés sur
leur perception du journal communautaire dans lequel ils annoncent. Puis on
pourra peut-être ajouter une question à savoir s'ils sont prêts à augmenter le
coût.
M. Poulin : C'est fort
important. Moi, j'ai oeuvré dans les médias communautaires à la radio. J'ai
renouvelé des sciences... des licences, pardon, avec le CRTC. On avait un gros
travail de pédagogie à faire sur la vente de la publicité dans les médias
communautaires à l'effet que ce n'était pas très élevé. J'ai travaillé en radio
privée, là, je parle de la radio, on vendait un spot de 30 secondes
100 $ et, à la station communautaire, on le vendait 30 $, tu sais. Et
pourtant, j'avais des très bonnes cotes d'écoute puis j'avais, tu sais, de très
bonnes possibilités d'être entendu. Au niveau du taux de lectorat des médias
communautaires, on parle des territoires, là, qui sont couverts, là, par vous,
là. Vous parliez de 21 000 portes, mais est-ce que vous avez les
moyens d'étudier le taux de lectorat ou est-ce qu'on pourrait, justement, vous
appuyer dans cette mesure de taux de lectorat qui vous permettrait d'aller
davantage devant les annonceurs?
M. Girouard (Yvan Noé) :
...une étude qui a été faite en janvier 2018, là. Vous pouvez la
consulter. Elle est en ligne sur notre site Web, www.amecq.ca.
M. Poulin : Est-ce que
vous pouvez partager aussi peut-être quelques faits saillants avec les membres
de la commission?
M. Beaudreau (François) :
Bien... Oui, vas-y...
M. Girouard (Yvan Noé) :
Oui. Bien, justement, le taux de lectorat, le taux de pénétration qui est très
bon. Le taux de perception des publicités aussi. Je n'ai pas les chiffres, là,
en mémoire, là. Je n'ai pas l'étude avec moi. Tu pourrais donner les faits
saillants, tu les as, toi, en résumé.
M. Beaudreau (François) :
Bien, oui, j'ai le taux d'appréciation. J'ai... Qu'est-ce que vous voulez
savoir, exactement comme...
M. Poulin : On pourra
peut-être se reparler. Puis, pour nos travaux, c'était pour prouver le taux de
lectorat de vos médias écrits communautaires, pour prouver que les gens le
lisent et que... C'est ça que je souhaite entendre.
M. Girouard (Yvan Noé) :
C'est là. Moi, je vous invite à aller sur notre site puis aller lire l'étude
détaillée, là. C'est un... C'est assez volumineux.
M. Poulin : O.K. Parfait.
Parfait. On va s'en occuper sans problème. Alors, je vous remercie puis je vais
céder la parole à un membre de mon gouvernement.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, je cède la parole au député de Sainte-Rose.
M. Skeete : Merci, M. le
Président. Je me demande, dans vos données, c'est quoi l'âge moyen des
consommateurs des journaux communautaires?
M. Girouard (Yvan Noé) :
Il est assez élevé. La moyenne d'âge, attendez un petit peu, 65 ans et
plus, c'est sûr que c'est le plus élevé, c'est 57 % parce que... en
région. Parce que les...
M. Skeete : Je pose la
question parce que — puis c'est un constat que je fais, là, ce n'est
pas une opinion, là — mais je me demande si, justement, la difficulté
à transitionner vers l'ère numérique est due au fait que les gens sont habitués
d'avoir leur journal. Moi, j'ai la chance de me souvenir aussi des journaux
quand il n'y avait rien d'autre, puis je suis un consommateur maintenant de mes
nouvelles de manière numérique. Ça fait que je pense que suis bien positionné
pour voir les deux côtés. Je me demande si vous n'êtes pas un peu en décalage
de qu'est-ce que les médias nationaux ont vécu. Et je me demande si, en
focussant sur la clientèle qui ne veut pas, justement, faire cette transition
numérique là, vous ne vous mettez pas davantage en péril. Je me demande si vous
avez analysé ça.
• (12 h 10) •
M. Girouard (Yvan Noé) :
Mais on se met... On a engagé un programme, là, du ministère de la Culture et
des Communications. On a...
M. Skeete : ...en focussant sur
la clientèle qui ne veut pas, justement, faire cette transition numérique là,
vous ne vous mettez pas davantage en péril. Je me demande si vous avez analysé
ça.
M. Girouard (Yvan Noé) : On
se met... On a engagé un programme, là, du ministère de la Culture et des
Communications, on a le réseau ADN, là, des agents de développement numérique.
Alors, on a... depuis quelques mois, on a une personne qui travaille chez nous
pour ça, trouver des solutions, comment dire à nos journaux : Voici, il
existe des médias sociaux pour lesquels vous pouvez, là, faire connaître davantage
le journal. On travaille là-dessus, il n'y a pas de problème.
Maintenant, c'est sûr que, dans les
petites municipalités, en région, la population, elle est vieillissante, puis
il y a des villages — je lisais un reportage dernièrement,
là — il y a peut-être une vingtaine de villages qui peuvent fermer,
là, au cours des deux, trois prochaines années...
M. Poulin : ...
M. Girouard (Yvan Noé) : Hein?
M. Poulin : ...ce n'était pas
vrai, ça.
M. Girouard (Yvan Noé) : Ce
n'est pas vrai ça?
M. Poulin : Hein, Harold, ce
n'est pas vrai?
M. Girouard (Yvan Noé) : Bon,
tant mieux, bonne nouvelle.
M. Poulin : Fake news.
M. Girouard (Yvan Noé) : Tant
mieux. Et les jeunes, quelqu'un me disait : Oui, mais les jeunes, dans
leurs villages, ils pourraient travailler sur le numérique pour le journal.
Oui, mais le jeune, là, il s'en va ailleurs, il quitte le village, il s'en va
étudier à l'extérieur, et tout ça. Est-ce que lui aurait le goût de dire :
Moi, je suis à Sherbrooke, puis je vais travailler pour le petit journal qui
est à Lingwick par exemple? Je ne le sais pas.
M. Skeete : Vous êtes le
deuxième à venir ici, puis d'évoquer une tendance démographique aussi, puis je
pense que ça, c'est dans l'angle mort... chers collègues, je vous soumets ça,
dans l'angle mort un peu de nos analyses. Il y a aussi un enjeu démographique.
Alors, la solution ultime, je pense, doit passer par une considération
démographique aussi par rapport à la solution qu'on va avoir, parce qu'on parle
de la montréalisation des médias en même temps qu'il y a un... on vide nos
régions. Alors, je pense qu'on doit aussi s'attarder là-dessus. Bien, merci
beaucoup, ça...
M. Beaudreau (François) :
...M. le député, que cette clientèle-là, 57 % de nos lecteurs, mérite
aussi d'être desservie, hein, fut-elle âgée de 65 ans et plus. Et
deuxièmement, on multiplie les efforts, à l'association, pour le virage
numérique, formation après formation, et tout ça, et puis on emboîte le pas.
C'est encore un petit peu délicat de nos jours, parce qu'il y a des régions où
est-ce que le Web, bon, ne voyage pas à la même vitesse que chez nous, par
exemple, tu sais.
M. Poulin : Vous soulevez un
bon point et ce n'était surtout pas pour dire que les citoyens plus âgés, qui
consomment encore le papier, ne sont pas importants, sauf qu'on cherche une
solution à moyen, long terme, et j'aimerais ça du moins... peut-être je suis un
peu arrogant de penser ça, mais j'aimerais ça que la solution qu'on propose
soit viable dans 30, 40 ans. Alors, c'est pour ça que je pose la question, la
démographie et la tendance aussi. Merci beaucoup, M. le Président.
M. Girouard (Yvan Noé) :
...aussi la solution, on est conscients qu'il faut prendre ce virage numérique.
Vous savez, dans notre étude, on avait... on posait la question : Est-ce
que vous savez que votre journal... parce que les journaux qui ont été... les
gens qui ont été interviewés, c'étaient tous des gens issus... dans leur
région, c'était un journal qui était aussi sur le Web. On leur demandait :
Savez-vous que votre journal est sur le Web? Bien, je pense qu'il y en avait
47 % qui disaient : Oui, on le sait. Mais combien allaient le
consulter, là? C'était 5 % des gens qui allaient voir le journal sur le
Web.
Alors, ce qu'on veut faire présentement — je
suis un fervent des médias sociaux, Facebook, entre autres, Instagram, et tout
ça — c'est d'inciter les lecteurs de ces journaux-là à aller sur le
Web pour aller lire le journal. Aussi, on travaille là-dessus. La solution, là,
moi, je ne l'ai pas encore, mais on cherche.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Saint-Jean pour
1 min 40 s.
M. Lemieux : Bien, je n'ai pas
beaucoup de temps. Je voulais vous rappeler qu'hier j'ai dit, à un moment
donné, que le Groupe Capitales Médias, la crise qu'ils ont vécue la semaine
dernière, ça avait le bon côté d'amener les projecteurs sur cette commission et
que le public entende davantage parler de ça. Mais je me trompe ou, de votre
côté, c'était presque une mauvaise nouvelle, dans le sens que tous les
projecteurs allaient aller là justement, puis que le secteur communautaire
n'allait pas recevoir l'oreille, l'attention et les soins, qui font en sorte
que vous, vous n'avez pas déclaré faillite ou bien vous n'avez pas demandé la
protection du tribunal contre la faillite la semaine dernière?
Mais le cri du coeur que vous avez essayé
de lancer, en terminant, puis le président, vous le laissez faire, mais de
justesse... mais je regrette que personne ne le voit, là, parce que, dans le
mémoire, vous avez écrit ça tout petit partout, puis là, à la fin, c'est très
gros, c'est : SAUVONS NOS MÉDIAS ÉCRITS COMMUNAUTAIRES. Vous êtes en péril
à quelque part, là, vous, là?
M. Girouard (Yvan Noé) : On
est en péril pour différentes raisons : il y a la publicité qui n'est pas
au rendez-vous, surtout la publicité gouvernementale, si c'était seulement que
le 4 %, ce serait bien; il y a la publicité locale, que c'est difficile
aussi pour les commerçants locaux; il y a aussi le vieillissement...
M. Girouard (Yvan Noé) : ...il
y a la publicité qui n'est pas au rendez-vous. Surtout la publicité gouvernementale,
si ce n'était seulement que le 4 %, ce serait bien. Il y a la publicité
locale que c'est difficile aussi pour les commerçants locaux. Il y a aussi le
vieillissement des bénévoles, le recrutement des bénévoles. On voit que nos
bénévoles sont âgés. Écoutez, moi, ça fait 29 ans que je suis là. Quand je suis
arrivé, j'étais dans la jeune trentaine dynamique...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Girouard (Yvan Noé) : Hein?
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Girouard (Yvan Noé) : En
terminant? Bien, c'est ça, c'est la difficulté. Les bénévoles d'âge plus jeune,
ils ne sont comme pas là, et les... Vous m'avez fait perdre le fil.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis désolé de vous couper dans votre cri du coeur à chaque
fois, mais je dois respecter le temps. Je reconnais maintenant la députée de,
voyons, Saint-Laurent pour une période de 10 minutes.
Mme Rizqy : Bonjour,
messieurs. Bienvenue parmi nous.
Juste avant de commencer, tantôt, le
député de Beauce-Sud avait un rapport. J'imagine qu'il prend l'engagement de le
déposer à la commission et surtout un engagement de tenir tout ce qui était
inscrit avec son gouvernement, parce que...
M. Poulin : Le rapport est
déjà public, effectivement.
Mme Rizqy : Oui, mais le
rapport...
M. Poulin : Est-ce qu'on en...
Mme Rizqy : Mais je n'ai pas
terminé. Je pense que je m'adresse à la présidence.
Le Président (M. Ciccone) :
S'il vous plaît, s'il vous plaît!
Mme Rizqy : Je n'ai pas
terminé. Mon propos, c'est que, puisque nous sommes le 27 août 2019 et non pas
le 27 août 2018, la campagne est loin, est terminée, la campagne électorale, je
pense qu'aujourd'hui on doit faire un travail vraiment rigoureux, mais aussi un
travail qui nous apporte des solutions. On peut regarder le passé ou on peut
agir maintenant. Puis, si on veut agir maintenant, si vous déposez le rapport
puis que vous prenez l'engagement de mettre les solutions que vous avez
mentionnées immédiatement de l'avant, on va vous soutenir. Fin de la
parenthèse.
Maintenant, je me tourne vers vous... Mais
je n'ai pas entendu si vous allez dire oui, si vous prenez tous les engagements
là-dedans, mais vous êtes quand même maintenant au pouvoir. Alors, je me tourne
vers vous parce que justement, tantôt, vous avez mentionné que certains députés,
dans leur comté, ont des journaux communautaires. Bien, c'est le cas, par
exemple, pour ma collège la députée d'Acadie et moi-même. On a le Journal
des Voisins, qui fait un travail vraiment remarquable, hyperlocal, et c'est
des réalités, là, vraiment du quotidien. Tantôt, j'entendais les gens qui
disent, d'une part : Moi, j'aime ça papier; d'autres qui disent : Ah!
non, non, il faut faire un virage numérique. Je regarde, par exemple, chez
nous, dans notre comté, bien oui, il y en a beaucoup qui aiment avoir leur
journal papier, puis qui l'annotent, puis d'autres que c'est aussi pour des
raisons d'acuité visuelle. Moi-même, je souffre de sécheresse oculaire, donc
j'achète encore mes livres papier puis j'aime bien lire mes livres papier.
J'aime ça, lire mon journal papier encore.
En ce qui a trait à la question
d'augmenter vos tarifs publicitaires, je ne pense pas que ça appartient à nous
de commencer à vous dicter comment faire. Puis d'ailleurs l'indépendance et la
distance nécessaire... faire en sorte, je crois, que ce n'est pas notre rôle, à
moins que je me trompe, de vous dire comment tarifer vos publicités et vos
placements publicitaires. N'est-ce pas?
M. Girouard (Yvan Noé) : Ce
n'est pas à nous de faire ça. De toute façon...
M. Beaudreau (François) :
Mais... Oui, vas-y.
M. Girouard (Yvan Noé) : Bien,
on peut discuter avec nos membres, mais en tout cas...
M. Beaudreau (François)
:
On respecte la gestion de normes de nos membres, hein?
M. Girouard (Yvan Noé) : Vous
savez, on fait des rencontres régionales et on rencontre nos journaux puis on
discute avec eux pour savoir qu'est-ce que nous, l'AMECQ, on peut faire pour
eux puis qu'est-ce qui est... bon, qu'est-ce qu'ils aimeraient éventuellement
qu'on fasse pour les aider. Mais la question de publicité, c'est sûr, on a des
rencontres en Abitibi, au mois de septembre, et en Gaspésie. On va en discuter
de ça aussi.
Mme Rizqy : J'ai eu à quelques
occasions la chance d'aller à FM 103.3, qui est dans le comté, je crois, de ma
collègue de Marie-Victorin, et on discute de sujets, des fois, qui sont moins
populaires. À l'époque, moi, une des premières fois que j'ai été invitée,
c'était pour parler de la lutte contre les paradis fiscaux. Puis justement
c'est vraiment... c'est une belle occasion de vraiment discuter de façon
beaucoup plus longue, hein, parce que les entrevues, souvent, dans les radios
communautaires, bien, ce n'est pas du six minutes où est-ce qu'on doit vraiment
condenser notre propos. Des fois, on a 30 minutes, des fois même une heure, et
ça nous permet d'aller beaucoup plus en profondeur avec, bien, le journaliste
qui nous interroge, mais aussi avec la population. Des fois, on prend aussi des
appels. Trouvez-vous justement que ça nous permet de faire davantage, des fois,
de pédagogie avec le travail qui est fait avec le communautaire?
• (12 h 20) •
M. Girouard (Yvan Noé) : ...de
pédagogie aussi puis d'importance d'être près du terrain qu'on couvre. Je pense
aux sempiternels gaz de schiste. Ça a commencé chez nous, ça, hein? À
Saint-François-du-Lac, il a commencé à avoir des forages exploratoires pour ça.
On a été les premiers à couvrir ça, pas parce que c'était un scoop, tout ça,
mais c'était anodin, c'était dans le champ d'un agriculteur, et puis qu'on
connaissait tout ça, puis on a approché ça, et puis on a commencé à gratter ça
un petit peu. Puis, plus tard, après ça, quand il y a eu... quand les médias
plus importants se sont mis à s'intéresser à cette question-là, bien, ils nous
consultaient, ils nous... On travaille avec notre milieu. Et puis... de
pédagogie aussi, quand on est invités, on va dans les écoles. On va leur parler
de comment rédiger un communiqué, des choses comme ça. Et puis plusieurs le
font, hein, dans nos membres, c'est sûr...
M. Beaudreau (François) : ...se
sont mis à s'intéresser à cette question-là, bien, ils nous consultaient, ils
nous... on travaille avec notre milieu et puis... de pédagogie aussi. Quand on
est invités, on va dans les écoles, on va leur parler de comment rédiger un
communiqué, des choses comme ça. Et puis plusieurs le font, hein, dans nos
membres, c'est sûr.
Mme Rizqy : Oui, d'ailleurs...
puis j'ai étudié, et vécu en Estrie, et même travaillé comme professeure
pendant presque 10 ans... Puis d'ailleurs, par exemple, les algues bleues,
c'est le réseau communautaire qui s'est mis ensemble et, par la voix de
différents journaux, puis en Estrie, il y en avait quand même beaucoup de
journaux communautaires, qui ont permis justement de mettre en lumière une
problématique très, très, très locale, qui a pris des proportions nationales.
Je reste encore dans le communautaire, par
exemple la Télévision Rive-Sud, qui est toujours dans... je pense, encore dans
le comté de Marie-Victorin, et ça nous permet encore une fois d'avoir des
émissions mais aussi, pour plusieurs, leurs premiers emplois dans le monde des
médias. Et ma collègue la députée de Fabre, elle, elle aime beaucoup... elle
émane du communautaire et elle me parle souvent que ça donne la première chose
et même, des fois, une occasion à d'autres de trouver une tribune et de donner
les outils pour, par la suite, prendre davantage d'assurance. Est-ce que je me
trompe?
M. Beaudreau (François) : ...on
a une jeune chroniqueuse qui tient des blogues, qui fait des chroniques sur les
parutions, les livres, les livres québécois qui sont parus, et puis ça lui
offre, à ce moment-là, un tremplin qu'elle apprécie beaucoup, d'avoir ce
rayonnement-là beaucoup plus important que sur le Web, par exemple, et puis de
rejoindre une clientèle comme ça, là, à chaque fois. Oui, oui, c'est sûr. Puis
c'est tellement vrai ce que vous dites, c'est sûr que souvent, des gens qui ont
été formés dans les médias communautaires, après ça, vont malheureusement nous
quitter mais pour de meilleurs jours. Voilà.
Mme Rizqy : Oui. Merci
beaucoup puis puisque sa jeunesse... je regarde le député de Beauce-Sud qui est
aussi secrétaire à la jeunesse. Je sens qu'on a eu son oreille très attentive,
à ce moment-ci.
Des voix
: ...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. S'il vous plaît, ne pas vous interpeler, s'il vous plaît. Vous
savez que vous ne pouvez pas vous interpeler, M. le député. Maintenant, je cède
la parole à la députée de Verdun.
Mme Melançon : Écoutez,
c'est... Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. C'est vrai que vous êtes
une école, je vais dire ça comme ça, mais je le dis avec beaucoup de
remerciements dans la voix, parce que les jeunes... puis on voyait tout à
l'heure des journalistes indépendants qui étaient avec nous, disaient à quel
point ça pouvait être complexe. Il faut se faire d'abord la main aussi. Il faut
avoir des endroits où on peut débuter. Et, bien sûr, vous les perdez
rapidement, là, c'est ce que j'entends aussi dans votre propos.
Je veux quand même revenir sur... On a
reçu Marie-Ève Martel hier devant la commission, qui nous a parlé de
problématiques, quand même, en région, et je voulais savoir si, de votre
côté... parce que, bien sûr, là, on parlait de quotidiens ou d'hebdos en
région, mais je voulais savoir si vous viviez aussi ces mêmes problématiques
là. Si vous devez, par exemple, couvrir de l'information municipale, est-ce que
c'est facile d'avoir le lien avec la municipalité ou avec les élus ou si c'est
compliqué?
M. Girouard (Yvan Noé) : Ça
dépend des municipalités. Il y a des endroits, la collaboration est très, très
bonne puis il y a d'autres endroits... je pense à un village dans
Chaudière-Appalaches où j'ai dû me rendre pour aller rencontrer le maire. C'est
que les bénévoles écrivaient... Il y avait deux bénévoles, ils ont écrit des
textes, mais ça allait à l'encontre, peut-être, de l'idéologie de la
municipalité, du maire entre autres, et la directrice municipale n'avait pas
aimé. Elle a même téléphoné au ministère de la Culture et des Communications
pour dire que le journal n'existait plus, mais qu'elle voulait que la
subvention soit transférée à la municipalité. En tout cas, des affaires comme
ça, là, c'est des histoires d'horreur, si bien que les deux bénévoles ont cessé
d'écrire leurs chroniques sur la politique municipale. Mais, bon, en tout cas,
ça, c'est un exemple qui ne va pas... Ce n'est pas généralisé, mais il y a des
cas comme ça qui arrivent de temps à autre.
Mme Melançon : Et donc
j'imagine que vous êtes aussi à la merci... parce qu'on parlait de publicité
tout à l'heure, un peu comme les autres, à la merci de, s'il y a des gens qui
n'aiment pas ce que vous écrivez, ne mettront pas nécessairement de publicité,
et bon, là...
M. Girouard (Yvan Noé) : Il y
a des journaux que leur locaux étaient dans l'édifice municipal, là, dans le
centre communautaire et que le maire a décidé de... bon, le journal, là, vous
sortez de là. Il y a deux cas comme ça.
Mme Melançon : Vous vous êtes
fait évincer.
M. Girouard (Yvan Noé) : Oui,
oui, absolument. Mais, bon, il y a... dans d'autres cas, c'est très bien, là.
La municipalité va donner un montant et va... ils vont publier leurs pages, là,
les séances du conseil vont être publiées dedans, de... En général, ça va bien,
mais il y a quelques cas où, quand c'est affreux, c'est affreux.
Mme Melançon : Et depuis les
dernières années, est-ce que... Combien... Il y avait combien de médias,
disons, il y a 10 ans...
M. Girouard (Yvan Noé) :
...va donner un montant, et ils vont publier leur page, là, les séances du
conseil vont être publiés dedans... En général, ça va bien, mais il y a
quelques cas où... quand c'est affreux, c'est affreux.
Mme Melançon : Et, depuis
les dernières années, est-ce que... combien... Il y avait combien de médias,
disons, il y a 10 ans, communautaires écrits? Puis aujourd'hui? Est-ce que
vous en avez perdu beaucoup dans les dernières années?
Le Président (M. Ciccone) :
En 25 secondes, s'il vous plaît.
M. Girouard (Yvan Noé) :
Dans les 10 dernières années, non, mais on en a déjà eu 100, disons, dans
les années... fin des années 90, début 2000, là, on était 100. Donc,
on a baissé à 80.
Mme Melançon : O.K.
Parfait. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Je reconnais maintenant la députée de Taschereau
pour une période de 2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. On comprend, de votre mémoire ainsi que de celui de d'autres... de beaucoup
d'autres, qu'il va falloir une multiplicité de mesures pour soutenir les médias
en général, puis les médias communautaires en particulier, des mesures qui vont
soit venir des fonds publics, d'une manière ou d'une autre, soit d'une partie
du public.
Parmi ces mesures-là, est-ce que vous
considérez que ça serait une erreur de ne pas faire contribuer les géants du
numérique, qui sont à l'origine de la crise des médias, qui font des millions,
des centaines de millions de dollars au Québec et qui ne paient pas d'impôt?
M. Girouard (Yvan Noé) :
Bien, c'est sûr qu'ils devraient contribuer, là. Mais il y a aussi le fait
que... Je ne sais pas si le gouvernement du Québec où il place son argent. Si
seulement que le gouvernement du Québec respectait le 4 % de publicité, ça
irait déjà beaucoup mieux. Est-ce que le gouvernement du Québec va faire de la
publicité sur Google, sur Facebook, et tout ça, là? Je ne sais pas s'il y a des
chiffres que vous... ça serait à vous de me le dire. Mais, comme... c'est
comme... il faut que le gouvernement du Québec commence par être un bon citoyen
corporatif lui-même, là.
Mme Dorion : Pour l'idée
du 4 %, je suis vraiment d'accord avec vous, puis on est... Mais, en fait,
c'est... on va de plus en plus reprocher au gouvernement d'avoir mis beaucoup
de publicité dans les géants du numérique, justement. C'est sûr que, là, c'est
rare que je vais être compréhensive avec le gouvernement, mais je suis d'une
génération qui est sur les réseaux sociaux beaucoup, puis... là, le gouvernement
va être pris entre deux choix avec cet argent-là, soit soutenir les médias ou
soit atteindre les gens qu'il veut atteindre avec sa publicité. Des fois, il
veut atteindre principalement les jeunes. Des fois, il veut être sûr
d'atteindre une partie de la population, puis, avec la publicité, c'est
beaucoup plus facile.
Par contre, ce n'est pas normal que les
compagnies, les géants du numérique fassent autant d'argent avec un contenu qui
est créé par vous, par vos membres ou par d'autres journalistes et qu'ils ne
paient rien en redevances. Donc, s'ils font de l'argent, moi, ça devrait
leur... ça devrait revenir aux médias, finalement, qui sont la raison pour
laquelle les gens vont sur les plateformes, se branchent sur Internet, etc.
Une voix
: ...
Le Président (M. Ciccone) :
En 20 secondes, s'il vous plaît.
Mme Dorion : Allez-y.
M. Beaudreau (François) :
Oui, excusez. Ils viennent exploiter nos contenus, mais je pense que votre
réflexion, votre suggestion, elle est d'autant plus appropriée. On parle des...
on parlait tantôt des médias régionaux que sont, par exemple, dans notre coin, Le
Nouvelliste ou La Tribune, tout ça. Nous autres, ça nous ébranle
aussi. C'est nos locomotives, c'est... quand on voit le travail là-dedans, qui
est bien fait.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski pour
150 secondes.
M. LeBel : Merci. Merci. Des
fois, il y a... c'est... Puis, en lisant votre mémoire, on le voit, des fois, il
y a juste des... des choses qui ne seraient pas si compliquées à changer, puis
ça vous donnerait un coup de main.
Je pense entre autres à Postes Canada, que
vous dites, qui est... que c'est très cher, là, faire la diffusion. Peut-être
juste une façon d'adapter... que Postes Canada adapte ses affaires à votre
réalité ou aux besoins, ça aiderait. D'ailleurs, je pense qu'il faudrait mettre
Postes Canada dans notre déclaration commune de revendication par rapport à Ottawa.
On va le rajouter dans nos affaires.
Le recyclage, ça aussi, il me semble qu'on
devrait être capables, au niveau du gouvernement, de dire : Bien là, il y
a une situation particulière, est-ce qu'on est capables d'adapter notre programme,
ne pas vous traiter comme on traite tous les autres, parce que...
L'autre élément, vous êtes les seuls à en
avoir parlé, puis on en a parlé un peu tantôt, c'est le vieillissement de la population.
Il ne faut pas prendre ça comme un problème, là... La population vieillit dans
nos villages, puis là on a besoin de vous autres, on a besoin des médias communautaires
comme vous autres, qui vont continuer à parler à ces gens-là, à ces gens-là de
65 ans et plus. Puis moi, je suis content de voir, là, le pourcentage de 65 ans
et plus qui vont lire vos affaires. C'est très important, là, ces gens-là, il
ne faut pas les laisser isolés. On sait que la population vieillissante devient
isolée. Vos médias, c'est une façon de sortir de l'isolement. Moi, je prends ça
en note. Je suis porte-parole aussi du dossier des aînés. Pour moi, ce que vous
venez de dire là, je vais garder ça dans ma réflexion par rapport à comment on
va adapter nos sociétés au vieillissement de la population. Vous êtes des
outils importants pour faire en sorte que nos aînés ne soient pas isolés.
Puis les médias communautaires, c'est des
médias proches du monde, proches de nos communautés. On veut la revitalisation
du monde rural, on veut s'assurer que nos villages vivent. Bien, pour ça, ça
prend aussi des médias communautaires qui vont parler des villages, qui vont
parler entre eux autres, des médias comme le vôtre aussi, des bulletins de
liaison, mais ça prend ça pour que le monde puisse se parler puis qu'on puisse
continuer à vivre dans nos villages.
• (12 h 30) •
Puis les médias communautaires, c'est
aussi une façon de faire passer des courants d'idées différents...
12 h 30 (version non révisée)
M. LeBel : ...on veut la
revitalisation du monde rural, on veut s'assurer que nos villages vivent, bien,
pour ça, ça prend aussi des médias communautaires qui vont parler des villages,
qui vont parler entre eux autres. Les médias comme le vôtre aussi, des bulletins
à liaison, mais ça prend ça pour que le monde puisse se parler puis qu'on
puisse continuer à vivre dans nos villages.
Puis les médias communautaires, c'est
aussi une façon de faire passer des courants d'idées différents. Je pense, entre
autres... il y a plusieurs artistes qui écrivent dans certains médias. Chez
nous, on a un média, Le mouton noir, qui a même, tu sais, des idées
différentes. C'est très, très important et ça va faire partie sûrement de nos revendications.
Merci. Ce n'est pas une question, c'est un appui total.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Mme la députée de Marie-Victorin, pour deux minutes.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup. Moi, ça va faire bientôt trois ans que je suis députée et quand je
suis arrivée, il y avait deux journaux communautaires qui couvraient ma circonscription.
Il y avait, bien sûr, le Point Sud, mais également MédiaSud, qui
était mené par feu Maurice Giroux, mais qui a depuis, malheureusement, fermé
ses portes, faute de relève. Pourtant, il était entièrement déjà sur le Web.
Le journal Point Sud est encore distribué
partout dans ma circonscription puis c'est ça qui est intéressant, c'est
tangible. En même temps, tout le monde peut mettre la main dessus, va couvrir
des histoires qu'aucun autre média ne couvre. Toutes les belles choses qui se
font, justement, dans le milieu communautaire et on a parlé beaucoup de la
réalité en régions plus éloignées, des journaux communautaires comme ça, mais
les journaux aussi en milieu urbain ont de la difficulté également à renouveler
leurs bénévoles. Pourtant, eux ne sont pas affectés par l'exode des jeunes, par
exemple. Est-ce que vous avez étudié ça, le phénomène plus spécifique des
journaux communautaires en milieu urbain? Pourquoi c'est si difficile d'aller
recruter, par exemple, de nouveaux bénévoles?
M. Girouard (Yvan Noé) : On ne
s'est pas penché vraiment là-dessus, mais... C'est sûr que tout est plus
difficile : les rapports, les contacts humains en milieu urbain, on
dirait... Bon, les gens sont tassés les uns sur les autres, c'est vrai, mais
ils ne se connaissent pas.
Dans une petite municipalité, tout le
monde connaît à peu près tout le monde. C'est juste ça. Moi, je vois juste ça
comme raison, là.
Mme Fournier
: Donc,
l'effritement du sentiment de communauté dans les milieux plus urbains, vous
diriez?
M. Girouard (Yvan Noé) :
Sentiment d'appartenance, peut-être.
Mme Fournier
: Oui,
sentiment d'appartenance.
M. Beaudreau (François) : Les
gens la consomment, les gens embarquent dans un média communautaire et puis,
pour la durée, c'est-à-dire qu'ils vont passer 20, 30, 40 ans à collaborer avec
leur journal. Quand arrive le moment de renouveler, souvent, on n'y pense pas — on
se pense éternel un petit peu — c'est comme, on s'y prend un petit
peu tard. On veut installer ça aussi chez nos membres, on en parle...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Beaudreau (François) : ...
d'être conscient de cette réalité-là et puis de penser à la relève aussi, de
travailler aussi fort là-dessus que pour le virage numérique, qui, en passant,
chez les médias communautaires, est supporté par les journaux papier.
Mme Fournier
: Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Beaudreau, M. Girouard. Merci beaucoup pour votre contribution.
Chers collègues, merci beaucoup de votre participation. Je vous rappelle que
cet après-midi, nous serons à la salle Marie-Claire-Kirkland. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures pile. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 heures)
Le Président (M. Ciccone) :
La commission reprend ses travaux afin de poursuivre les auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières concernant le mandat d'initiative
portant sur l'avenir des médias d'information.
Cet après-midi, nous entendrons la
Fédération des télévisions communautaires autonomes du Québec, l'Association
des radiodiffuseurs communautaires du Québec, l'Association des journaux
régionaux du Québec, Hebdos Québec et le MPV Radio.
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants
de la... on a tu la... la première ici, la Fédération des télévisions
communautaires autonomes du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi
que les personnes qui vous accompagnent, à procéder à votre exposé. Vous avez maintenant
la parole.
Mme Hinse (Amélie) : Merci.
Bonjour à tout le monde. Merci de nous avoir invités à cette commission, on est
très heureux. Donc, je me présente, Amélie Hinse, je suis la directrice
générale de la fédération et je suis en compagnie de Sylvain Racine qui est
président de la fédération ainsi que directeur général de la Télévision
régionale des Moulins à Terrebonne.
M. Racine (Sylvain) : C'est
bien ça.
Mme Hinse (Amélie) : Voilà.
Donc, j'imagine que vous aviez tous pris connaissance du mémoire qu'on a déposé
en mai dernier, si je ne me trompe pas. Donc, on ne va pas revenir le lire en
entier devant vous, mais on va peut-être insister un peu sur les points
principaux qu'on pensait important de mettre de l'avant aujourd'hui. Mais avant
ça, j'aimerais présenter un peu c'est quoi les télévisions communautaires
autonomes au Québec.
Il y a 40 membres à la fédération. On
est présent dans 14 des 17 régions administratives de la province. Les télévisions
communautaires autonomes couvrent à peu près 400 municipalités partout
dans la province, ce qui est quand même beaucoup. C'est souvent des municipalités
qui ne sont pas desservies par les médias, les grands conglomérats, les médias
traditionnels, surtout en ce qui a trait à la télévision.
Les TV produisent en moyenne six heures de
programmation originale par semaine sur à peu près 39 semaines par année.
Il y a une majorité des télévisions qui sont fermées l'été mais elles sont
fermées... c'est qu'elles ne diffusent pas de la programmation originale, mais
souvent elles vont, en fait, la produire, donc filmer et le montage, etc. De
ces six heures là, en moyenne, il y a presque deux heures complètes qui sont de
l'information locale par semaine. Donc, ça, c'est quand même assez important.
Les TV, sinon, c'est 112 emplois à
temps plein plus une trentaine à temps partiel. Mais c'est surtout à peu près
1 000 bénévoles qui gravitent autour des télévisions communautaires
partout au Québec.
Et puis le contenu qu'on produit qui
est... je vous inviterais à aller voir la programmation des télévisions dans
vos régions. J'ai regardé, puis il y en a dans pratiquement toutes vos
circonscriptions, probablement que vous les connaissez déjà. En Gaspésie, il y
en a quatre, dans la circonscription de la Gaspésie, et ils sont très
nécessaires parce que la télévision se... les grands réseaux se rendent que
très rarement à Mont-Louis. On produit pour à peu près 550 $ de l'heure
les émissions, ce qui est à peu près 10 fois moins cher que la télévision
commerciale ou la télévision d'État. Donc, ça, c'est quelque chose qui est
considérable.
Vous avez déjà vu... parce que, bon, c'est
votre deuxième journée quand même, puis vous avez eu un bel exposé de Marie-Ève
Martel hier sur l'importance des nouvelles locales, comment c'était
indispensable à la démocratie. Bien, les médias communautaires en général, donc
nous aussi en particulier, on participe à cette démocratie-là. Parce que les
médias communautaires, c'est aujourd'hui le seul espace citoyen où les gens, la
population peut s'exprimer librement, où ils peuvent se sentir représentés à la
télévision. Donc, c'est pour ça qu'on pense qu'on est d'autant plus important.
On assure évidemment une information de
proximité qui est devenue de plus en plus rare avec la montréalisation de
l'information, avec la concentration des médias. Puis je dirais, ce qui fait
notre plus grande particularité par rapport aux médias plus traditionnels,
c'est que nos médias sont là pour servir l'intérêt public et non les intérêts
pécuniers. Donc, nous, on n'est pas là, les télévisions...
Mme Hinse (Amélie) :
...concentration des médias. Puis je dirais ce qui fait notre plus grande
particularité par rapport aux médias plus traditionnels, c'est que nos médias
sont là pour servir l'intérêt public et non les intérêts pécuniers. Donc, nous,
on n'est pas là, les télévisions communautaires ne sont pas là pour faire de
l'argent, mais bien pour dépenser l'argent pour servir le citoyen en
information, en culture, éducation. C'est notre mission de base.
Donc, c'est un très grand moteur aussi de développement
des régions et, ça, on ne le dira jamais assez. Parce que les régions où il n'y
a pas de médias, qui ne sont pas capables de se voir à la télé, s'entendre à la
radio, se lire dans les journaux, c'est sûr et certain que le développement
économique et social ne peut pas se faire pleinement. Donc, on pense que, là
aussi, on a un très grand rôle à jouer.
Maintenant, je vais passer la parole à mon
président, Sylvain Racine, qui va parler un peu des dernières réglementations
du CRTC puis l'impact que ça l'a eu sur nous.
M. Racette (Sylvain) : En
effet, le CRTC révise sa politique environ à tous les cinq ans. Et lors de la
dernière révision, en 2016, ils ont adopté une réglementation qui permet aux
câblodistributeurs de réaffecter l'argent de la licence communautaire vers les
stations dites locales. Stations locales, pour votre information, c'est TVA
Sherbrooke, TVA Gatineau. Or, donc, il est question de prendre l'argent destiné
à la télé communautaire pour le verser à l'entreprise privée.
Ça s'est déjà fait parce qu'il y a
plusieurs câblos qui se sont prévalus de cette réglementation-là, entre autres,
SHAW à Vancouver, s'en est servie. Il y a également Rogers dans la région
d'Edmonton et de Toronto.
Vidéotron ne l'a pas encore fait dans la
licence de Montréal. Mais ça demeure une inquiétude pour les télévisions qui
sont dans la couronne de Montréal, qui pourraient être affectées grandement par
une telle réaffectation de l'argent. Alors, si Vidéotron décidait du jour au
lendemain de fermer son canal communautaire et de ne plus subventionner les
télévisions... il y a sept télévisions communautaires dans la couronne de
Montréal... bien, c'est des pertes de financement très, très, très importantes
que les télévisions communautaires subiraient. Donc, c'est pour nous une espèce
d'épée de Damoclès qui plane au-dessus de nos têtes et qui nous inquiète grandement.
Ça fait partie de l'ensemble des autres sujets d'inquiétude. Mais, vous allez
voir, on en a quelques-uns à vous présenter à ce sujet-là.
Une voix
: ...
M. Racette (Sylvain) : Oui.
J'aimerais aussi vous parler du fameux 4 % de publicité gouvernementale. Vous
savez, les télévisions communautaires, nous n'avons pas droit à la publicité
conventionnelle. Je ne peux pas faire de publicité dans un poste de télévision
pour une entreprise, je ne peux donner de prix, je ne peux pas donner de
produits, je ne pas faire grand'chose. Donc, j'ai très peu d'accès à la
publicité dite conventionnelle.
On a droit à la commandite de
prestige : Cette émission vous est présentée grâce à la collaboration de
X. Mais il n'y a pas beaucoup de gens qui sont intéressés à juste subventionner
une télévision communautaire. Ils veulent vendre leurs produits et on les
comprend.
Alors, ça a pour effet que la seule
publicité auquel on a vraiment accès, c'est la publicité gouvernementale. Ce
fameux 4 % qu'on n'atteint jamais, si on regarde le dernier rapport, la
moyenne pour l'ensemble des ministères et des agences gouvernementales, c'est
environ 3 % qu'on a atteint.
Je pense que Mme la ministre Nathalie Roy,
dans une de ses premières interventions, a soulevé cette problématique-là. Il faudra
voir maintenant comment on peut essayer de trouver une solution à ce problème.
On souhaiterait, nous, que... en fait, c'est un décret qui a été énoncé... on
souhaiterait que ça passe comme une loi plutôt pour forcer l'ensemble des
ministères et l'ensemble des agences à respecter ce fameux 4 % parce que
c'est de l'argent supplémentaire qui arriverait dans les télévisions
communautaires sans pour autant impliquer de dépenses additionnelles pour le
gouvernement.
L'argent, elle est déjà là, elle est dans
les ministères. Les budgets sont déjà alloués pour la publicité. Qu'on donne le
4 % à tous les médias communautaires et on va s'en porter que mieux
définitivement.
• (14 h 10) •
Mme Hinse (Amélie) : Sinon, ce
que je voulais ajouter avant de terminer, en fait, c'est que la crise des
médias actuelle, ce pour quoi on est en commission aujourd'hui, ce n'est pas
une crise de manque d'intérêt du public. Les gens, toutes les études l'ont
démontré...
Mme Hinse (Amélie) : ...sinon,
ce que je voulais ajouter avant de terminer, en fait, c'est que la crise des
médias actuelle, ce pour quoi on est en commission aujourd'hui, ce n'est pas
une crise de manque d'intérêt du public. Les gens, toutes les études l'ont
démontré, consomment les nouvelles locales, en veulent, pensent que c'est important
et indispensable pour la démocratie pour l'exercice de la citoyenneté. La
crise, elle est financière. Et puis les revenus sont en baisse pour tout le
monde, la télévision, pour tous les médias, en fait, les journaux, télé, radio.
Et puis évidemment on essayait, on essaie d'apporter des solutions. On redouble
d'efforts pour l'autofinancement, mais même les grands conglomérats ne l'ont
pas trouvée, la solution miracle.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Hinse (Amélie) : Donc, c'est
sûr qu'on ne prétend pas avoir, nous non plus, la réponse. Mais on pense
qu'avec votre aide, votre participation, on va y arriver.
Le Président (M. Ciccone) :
Alors, merci beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Maintenant, je suis
prêt à entendre la partie gouvernementale pour 15 minutes, avec le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci pour votre participation à cette commission parlementaire
et votre mémoire, qui était fort intéressant. Nous recevions un peu plus tôt aujourd'hui
les médias écrits communautaires. Nous allons recevoir les radios
communautaires tout à l'heure. Alors, bien content de pouvoir entendre cette
fois-ci la télévision communautaire.
Évidemment, lorsqu'on pose cette
question-là ici, on peut parler des revenus, des dépenses, des investissements.
Mais vous l'avez effleurée de bon aloi, toute la question de la publicité, mais
également le coût d'une publicité lorsqu'on se retrouve, par exemple, dans les
télévisions communautaires, le coût de production qui peut être plus élevé, par
exemple, qu'un spot de radio de 30 secondes ou encore l'écrit comme tel ou ce
qu'on peut retrouver à l'intérieur des pages radiophoniques.
Alors, j'aimerais savoir le coût de
production moyen, on va dire ça comme ça, d'une publicité dans la télévision
communautaire, que ce soit, entre autres, les publicités de prestiges, que vous
appelez, lorsqu'un commanditaire achète, et également le coût qui coûte à
acheter, en moyenne, là, pour le commerçant ou encore l'industrie.
M. Racette (Sylvain) : Bien,
en fait, comme on n'a pas droit à la publicité conventionnelle, il y a très peu
de publicité qui circule sur les canaux communautaires. La publicité, quand on
dit la commandite de prestige, bien, évidemment, les coûts de production ne
sont pas tellement élevés parce qu'on parle de quelques secondes en début, où
on dit : Cette émission vous est présentée grâce à la collaboration de...
Ça ne nécessite pas nécessairement des investissements importants.
Par contre, si on regarde les coûts par
rapport à la publicité gouvernementale, bien on parle d'environ 45 $ par
parution de 30 secondes.
M. Poulin : Vous me parlez de
l'achat ou de la production?
M. Racette (Sylvain) : De
l'achat.
M. Poulin : De l'achat.
L'achat, hein?
M. Racette (Sylvain) : De
l'achat, parce que la production, ce n'est pas les télés qui la font, c'est des
agences.
M. Poulin : En sous-traitance.
O.K., d'accord. Concernant le 4 %... puis je vais revenir au rapport de
Dominique Vien, qui est un bon rapport, soit dit en passant, je tiens juste à
le signifier, sur les médias communautaires, qui a été déposé en 2004. Et il y
a des éléments fort intéressants à l'intérieur concernant le placement
gouvernemental. Et là vous allez voir, ça ne touche aucune bannière politique,
ce que je vais dire. Je pense que tout le monde y passe.
Alors, on dit : «L'adoption par le
gouvernement, en février 1995, de la Politique concernant certaines dépenses de
placement publicitaire visait à accroître les dépenses publicitaires du
gouvernement dans les médias communautaires jusqu'à un minimum de 4 %.
Après 10 ans d'application de cette politique — on est en 2004, O.K.,
donc après 10 ans, là, donc de 1994 à 2004 ou 1995, on dit — selon
les données d'application de cette politique, force est de constater que cet
objectif n'a jamais été pleinement atteint.»
Alors, ce que vous nous dites aujourd'hui,
en 2019, est vrai, mais en 2004, était aussi vrai. Alors, ça prouve qu'il y a
un effort à faire. Et, je pense, ça devra être écrit presque noir sur blanc à
l'intérieur de notre rapport. Et selon les données fournies par le directeur
général de l'information gouvernementale responsable de l'application de la
politique, les placements globaux du gouvernement se situent en moyenne à
2,5 % au total des sommes investies en placement publicitaire.
Et les sociétés d'État, on le vit
aujourd'hui dans les nouvelles, où Le Devoir a fait un bon travail
de nous dire, les sociétés d'État, quel était le pourcentage... C'est important
de se rappeler que les dépenses des médias communautaires en 2004 ne
représentent que 1,3 % de leurs dépenses globales de placement
publicitaire. Et la mission de certaines sociétés, on pense à Loto-Québec, à la
Société des alcools, peut sembler contradictoire avec la nature du matériel
publicitaire axé sur des produits ne pouvant parfois pas être diffusés dans ce
type de média. Donc, ça revient à ce que vous nous disiez tout à l'heure.
Or, la presque totalité des budgets de
Loto-Québec et de la SAQ est actuellement consacrée à des campagnes marketing
de produits et non à des campagnes sociétales. Alors, ça aussi, c'est un enjeu
qui est fort important, de voir de quelle façon on dépense cette publicité-là,
des fois, oui, à des fins sociétales, mais aussi, des fois, à des fins de
marketing proprement dit.
Donc, pour les médias communautaires, il
peut y avoir un élément fort important pour les campagnes sociétales, entre
autres, de dire : On achète un pourcentage de produits parce qu'on
souhaite sensibiliser davantage la population, entre autres dans les...
M. Poulin : ...un enjeu qui est
fort important, de voir de quelle façon on dépense cette publicité-là, des
fois, oui, à des fins sociétales, mais aussi des fois à des fins de marketing
proprement dit. Donc, pour les médias communautaires, il peut y avoir un
élément fort important pour les campagnes sociétales, entre autres, de
dire : On achète un pourcentage de produits parce qu'on souhaite
sensibiliser davantage la population, entre autres dans les régions du Québec.
Alors, je trouvais fort intéressant ce passage de ce rapport.
Et, si on disait... — et je vous
pose la question bien humblement — si on réussissait, oui, comme
gouvernement, à atteindre ce 4 % — et je pense que c'est
l'objectif que nous avons. Collectivement, les sociétés d'État, et on le
constate ce matin, doivent faire une réflexion beaucoup plus grande et puis
beaucoup plus profonde de la façon dont ils investissent leur
financement — est-ce qu'on devrait réfléchir à un pourcentage
extrêmement précis qu'il pourrait être très avantageux de mettre à l'intérieur
du communautaire, et au niveau gouvernemental, et peut-être au niveau également
des entreprises privées? Puis je vous demande la question, puis je trouve ça
important, sur le coût de votre publicité, parce que ce n'est pas énorme, là.
45 $ l'achat, ce n'est pas élevé, et vous rejoignez beaucoup de gens.
Alors, de quelle façon on peut avoir des
réflexes de se tourner vers vous pour pouvoir rejoindre ces gens-là?
Mme Hinse (Amélie) : Bien,
cette question-là, en fait, on se la pose depuis longtemps, parce qu'à chaque
année ou presque, on rencontre en fait les... soit les directeurs des
communications de tous les ministères, puis en fait le travail est toujours à
refaire, parce qu'il y a un roulement de personnel particulièrement élevé. Bon.
Ça, je le comprends. Mais on a... cette année, à l'interne, au ministère de la
Culture, ils ont fait une espèce d'enquête interne au sein des ministères pour
savoir, bon, pourquoi : Comment ça que vous n'investissez pas dans les
médias communautaires malgré le décret qui existe? Et puis la réponse, c'est
souvent : Bien, on ne le savait pas, puis tout le monde se relance la
balle. Donc, nous, on ne sait plus à quelle porte cogner, en fait, parce qu'on cogne
aux portes à toutes les années.
Et puis pour revenir sur ce que vous
disiez sur la moyenne de 2,5 % en investissements, vous savez, le
4 %, en soi, bon, c'est sûr qu'on pourrait demander 6 %, 12 %,
20 %, là, tu sais, on... il n'y aurait pas de limite, sauf que 2,5 %
en moyenne, c'est un peu biaisé de le montrer comme ça, parce que, si on
regardait la médiane, qui est un chiffre qui parlerait beaucoup plus, ce serait
bien en deçà de ça, parce qu'il y a un ministère ou une agence qui a investi 36 %
de son budget, mais évidemment c'est sur... 44 000 $ sur une année,
donc ce n'est pas un montant énorme au bout du compte, quand même, mais ça fait
augmenter la moyenne considérablement puis ça ne veut rien dire, là,
finalement, là. Donc, déjà, si le 4 % était respecté par tous les
ministères... Parce que, là, c'est un tiers des ministères seulement qui ont
rempli leur... je ne dirai pas «quota», mais qui ont investi dans les médias
communautaires, un tiers seulement. Donc, on parle de 2,5 %, mais c'est...
il y a les deux tiers qui ont investi zéro.
Donc, c'est ça, je ne pense pas que...
Oui, je pense que de parler d'un pourcentage, de l'élever... Parce qu'on ne se
le cachera pas, depuis 10 ans les investissements en publicité gouvernementale
ont chuté drastiquement, donc le 4 % reste le même. Même s'il était
atteint, je pense qu'on n'arriverait même pas au niveau des investissements qui
étaient faits il y a 10 ou 15 ans, parce que les montants, ils ont diminué à la
source, puis ça, bien, on veut bien le comprendre, là, tu sais, tout le monde
essaie de maximiser. Puis la publicité Web coûte beaucoup moins cher que la
publicité traditionnelle, donc ça permet de rejoindre plus de personnes en
investissant moins. Donc, c'est plein de facteurs un peu comme ça.
M. Poulin : Très intéressant,
ce que vous dites là, Mme Hinse. Puis, sur le numérique, est-ce qu'il ne
faudrait pas... Bien, deux éléments. Est-ce qu'il ne faudrait pas encourager
davantage les combos? Je m'explique. On sait qu'on l'a vu entre autres au
niveau privé, de dire : Une radio communautaire et une télévision
communautaire pourraient travailler davantage ensemble au niveau de la vente de
publicité, même si on sait que les lois, au CRTC, il y a certains défis. Et mon
autre question est : Est-ce qu'on pourrait, d'une certaine façon, imaginer
une possibilité également qu'on puisse mieux travailler en collaboration
également, oui, avec différents journalistes qui se retrouvent à la fois à la
radio communautaire et à la télé communautaire qui pourraient réduire un
certain coût de main-d'oeuvre, mais qui assurent quand même une source
d'information qui peut être complémentaire? Parce que souvent, un journaliste
communautaire dans une radio, il va avoir 25 heures-semaine — je vous
donne un exemple — puis vous pourriez, vous, lui offrir 15
heures-semaine. Donc, on aurait un beau 40 heures-semaine à offrir à quelqu'un
dans la région qui fait du média communautaire. Alors, comment votre fédération
pourrait travailler davantage, exemple, avec les radios, puis je dirais même
avec les médias écrits, pour peut-être réduire un peu notre coût de masse
salariale puis voir à plus long terme pour offrir une meilleure information
avec peut-être même les trois fédérations qu'on rencontre aujourd'hui?
• (14 h 20) •
Mme Hinse (Amélie) : Bien, ça,
c'est des questions qu'on s'est déjà posées, puis c'est évidemment dans un
monde idéal, absolument, sauf que, quand on regarde les territoires couverts
par les licences de radio, de T.V., les endroits où il y aurait un chevauchement
qui serait pertinent...
Mme Hinse (Amélie) : ...bien,
ça, c'est des questions qu'on s'est déjà posées, puis c'est... évidemment, dans
un monde idéal, absolument. Sauf que, quand on regarde les territoires couverts
par les licences de radio, de TV, les endroits où il y aurait un chevauchement
qui serait pertinent, qui couvrirait les mêmes... soit MRC, ou comtés, ou
villes, très, très peu parce que...
Une voix
: ...
Mme Hinse (Amélie) : ...c'est
ça, souvent, dans un endroit où il y a une télévision communautaire, bien, il
n'y a pas un besoin, nécessairement, de la population de se partir une radio ou
un journal. Donc, on se... je ne dirais pas qu'on se sépare le territoire, mais
ça adonne comme ça et, bien, on pense que, de toute façon, c'est très bien
parce que ça permet d'avoir des nouvelles locales sur un territoire beaucoup
plus grand.
M. Poulin : Oui, à certains
endroits, par exemple, on a les deux, donc, peut-être qu'à ce niveau-là, il y a
quelque chose à regarder.
Télévision numérique, le virage numérique,
je veux vous entendre là-dessus. Si les gens vous écoutent, c'est qu'ils sont
dans le confort de leur foyer, souhaitent écouter la télévision communautaire.
Comment vous voyez le transfert vers le numérique? Moi, je pense à Beauce.tv
chez nous, là, qui a toutes les archives de la télévision communautaire, il y
a... des beaux trésors se retrouvent sur le Web. Je crois beaucoup également au
domaine des archives, lorsqu'on va aller retrouver facilement quelque chose facilement,
qui s'est fait à la télé communautaire à une certaine époque. Même que nos
grands diffuseurs ont un gros travail à faire pour rendre faciles nos archives
sur le numérique. C'est du gros travail, ça coûte assez cher, mais souvent on
aimerait ça écouter une reprise de Virginie puis on ne peut pas le
faire, alors, je me dis, il y a peut-être une façon qu'on peut créer des choses
davantage. Alors, je veux vous entendre sur ce virage numérique qui est super
important.
Mme Hinse (Amélie) : Avant de
laisser parler Sylvain, Beauce.tv, ce n'est pas une télévision communautaire,
par contre, là, c'est vraiment régional et...
M. Poulin : Ils ont été
achetés par le privé récemment, mais avant c'était communautaire.
Mme Hinse (Amélie) : Non, en
fait...
M. Poulin : C'était la
télévision communautaire de Beauceville qui l'a mise sur Beauce.tv.
Mme Hinse (Amélie) : Non,
exactement, c'est là que vous vous trompez, mais on pourra en parler. Oui, je
les connais très bien. Beauceville sont membres chez nous.
M. Poulin : Bien, Martin...
Vous connaissez Martin?
Mme Hinse (Amélie) : Oui,
bien, c'est ça : Martin a pris le canal, l'ancien canal. Beauceville a été
obligée de se transférer sur un autre canal, mais il n'a pas acheté, ça a été
fait de manière insidieuse, je dirais.
M. Poulin : Oui, mais la
télévision communautaire de Beauceville se retrouve sur Beauce.tv au niveau des
archives.
Mme Hinse (Amélie) : Oui, très
possible.
M. Poulin : Bon, parfait,
merci.
M. Racine (Sylvain) : Bien,
d'ailleurs, grâce au Plan culturel numérique, il y a plusieurs de nos télévisions
qui ont pu bénéficier de subventions pour créer des archives et mettre sur
archive des émissions. Je sais que chez nous, en tout cas, on a des émissions
qui datent de 1978 qui sont maintenant en archive et que les gens peuvent aller
visionner, les gens... (panne de son) ...participer, alors, c'est toujours bien
agréable pour ces gens-là d'avoir accès à l'information. Mais le numérique a
aussi un côté un petit peu insidieux, parce qu'il ne faut pas oublier que nos
subventions, nos sources de revenus proviennent du canal linéaire,
actuellement, toutes les sources de revenus à part le PAMEC. Et ça coûte cher,
le numérique, ça coûte cher, les médias sociaux. Mettre nos émissions en
archive, mettre notre programmation... Nous, on a beaucoup d'émissions en direct
qui sont simultanément diffusées sur le Web. Bien, tout ça, ça coûte cher, mais
on n'a pas de revenus qui nous proviennent d'Internet actuellement, aucune
source de revenus. Alors, c'est un endroit où on aimerait éventuellement qu'il
y ait des interventions qui se fassent parce qu'on participe au contenu, mais il
n'y a pas d'argent qui nous vient d'Internet. Alors, pour nous, c'est plus
difficile. Ça demande des efforts considérables. On est conscients que c'est
une nécessité, qu'on soit sur Internet, mais on n'a pas les revenus qui
viennent avec la dépense.
Mme Hinse (Amélie) : C'est un
peu ça, le problème, parce que la plupart de nos membres sont présents en
ligne. C'est-à-dire qu'il y en a qui vont diffuser en direct sur Internet, en
simultané... que sur le canal linéaire, il y en a qui vont mettre leur émission
en ligne le lendemain que c'est diffusé pour la première fois...
Une voix
: ...
Mme Hinse (Amélie) : ...oui,
mais c'est évident que c'est nécessaire pour rejoindre plus de gens, pour
rejoindre ceux qui n'écoutent pas la télévision — je parle de la
machine — sauf que, c'est ça, ça rapporte à peu près rien de plus,
mais c'est des dépenses supplémentaires, puis c'est là, le problème. C'est pour
ça qu'on en a parlé, puis je pense que tout le monde qui va passer devant vous
va en parler, de l'importance de faire participer ceux qui offrent le moyen que
l'information se rende aux gens, Internet, les canaux comme ça, les nouveaux
canaux de distribution, ils doivent participer à la création du contenu, sinon
c'est sûr que ça ne peut pas... on ne peut pas survivre.
M. Poulin : Bien noté, merci
beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Pour combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) :
1 min 26 s.
M. Lemieux : merci beaucoup,
M. le Président. Je voulais justement essayer de comparer, parce que vous avez
raison, on a tous des télés communautaires, mais il y a quelque chose de
particulier, c'est qu'elles ne se valent pas toutes. Elles ne sont pas toutes
semblables. Je ne connais pas aussi bien Beauce.tv que mon ami de Beauce-Sud,
mais je sais qu'il y en a qui sont très agressives sur le Web, d'autres moins.
Je voudrais que vous me fassiez un petit portrait, avec les 40 secondes
qu'il vous reste, d'où on est, dans la moyenne. La bonne moyenne, la bonne
fourchette de la moyenne, elle se situe où, par rapport au genre de contenu
qu'on fait et au genre de contenant...
M. Lemieux : ...mon ami de Beauce-Sud,
mais je sais qu'il y en a qui sont très agressives sur le Web, d'autres moins.
Je voudrais que vous me fassiez un petit portrait, avec les 40 secondes
qu'il vous reste, d'où on est dans la moyenne. La bonne moyenne, la bonne
fourchette de la moyenne, elle se situe où par rapport aux genres de contenus
qu'on fait et aux genres de contenants qu'on envoie sur le Web?
Mme Hinse (Amélie) : Oui, j'ai
des chiffres, mais je dirais que 80 % de nos membres sont présents en
ligne. Puis c'est sûr que pour le direct, c'est loin d'être tout le monde qui
peut le faire. Puis il y en a que c'est par contrainte du câblodistributeur, parce
que le câblodistributeur qui, lui, considère qu'il paye pour la production,
veut avoir l'exclusivité, parce que, pour beaucoup de ses membres... de ses
abonnés c'est-à-dire, c'est un moyen de rétention d'avoir... d'offrir le canal
communautaire.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Hinse (Amélie) : Donc, il
faut qu'il attende de le mettre... que ça passe à la télévision avant. Mais
sinon, c'est la très, très grande majorité de nos membres qui sont en ligne,
là.
M. Lemieux : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je suis prêt maintenant à reconnaître un membre de l'opposition officielle.
Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Bonjour à vous
deux. Merci beaucoup d'être présents aujourd'hui. Écoutez, je vais vous poser
certaines questions et rappelons-nous une chose, on n'est pas des experts du
CRTC ici. On laisse... actuellement, c'est un autre palier de gouvernement, là,
qui regarde le tout, mais je veux quand même que vous puissiez expliquer
pourquoi vous n'avez pas le droit de faire de la publicité, parce que c'est
important, là, que les gens puissent bien comprendre.
M. Racine (Sylvain) : Je vous
dirai qu'au cours des 10 dernières années j'ai participé à trois reprises
aux audiences. J'ai comparu devant le CRTC, et, à chaque fois, on arrivait avec
les mêmes demandes d'accès à la publicité.
Maintenant, il y a un lobby qui se fait,
venant des stations dites commerciales, qui eux prétendent que la tarte, elle
est déjà petite et qu'ils ne veulent pas la partager. Moi, je ne suis pas
d'accord avec ce principe-là. Je ne pense pas que Ford Canada va annoncer à la
télévision communautaire de Beauceville et je n'ai rien contre ça. Mais il faut
penser à une publicité plus locale. Le fleuriste du coin va annoncer, le petit
garagiste va annoncer, et ça n'enlève rien aux médias nationaux. Mais le lobby
fait en sorte qu'ils font des pressions auprès du CRTC continuellement pour ne
pas qu'on ait accès à la publicité commerciale.
Mme Melançon : Alors, ma
prochaine question sera la suivante. Depuis tout à l'heure, on parle du
4 %, et, juste pour éclairer ceux et celles qui nous regardent ou ceux qui
ne le savent pas, ce 4 % là n'est pas atteint, année après année, puis ce
n'est pas parce qu'il y a un manque d'intérêt, là. Moi, je peux vous dire que
j'ai déjà été directrice de cabinet dans une autre vie, là, au ministère de la Culture,
où on faisait écrire les ministres, je pense que vous vous rappelez très bien
de ça, où on faisait envoyer la note. Et malheureusement, dans un premier
temps, je vois... puis je regardais les chiffres, encore une fois, avec
consternation, je vais dire ça comme ça, où c'est dommage qu'on ne soit pas en
mesure d'atteindre le 4 %.
Mais si on l'atteignait, le 4 %, en
dollars sonnants, ça représente quoi? Parce que des pourcentages, on peut en
parler, là, puis ça... il faudrait juste avoir une idée pour que tout le monde
puisse être sur le même pied d'égalité.
M. Racine (Sylvain) : Bien, je
peux quand même vous dire que, si on atteignait le 4 % aujourd'hui, on
serait quand même très loin des sommes qu'on avait il y a une dizaine d'années.
On s'entend que les budgets publicitaires ont été réduits considérablement, et
le pourcentage étant ce qu'il est, bien, hein, c'est une cause à effet.
Alors, c'est sûr que ça ne serait pas
suffisant. Nous, on souhaiterait que le 4 % soit refermé, c'est-à-dire que
ça soit une loi ou quelque chose du genre. Puis si c'était bonifié, bien, ce
serait encore mieux, parce qu'évidemment les télés communautaires, on ne se le
cachera pas, l'argent, c'est le nerf de la guerre, et actuellement, bien, on
manque d'argent, définitivement.
Mme Melançon : On ne fera pas
une grosse guerre. C'est ce que j'entends, là.
Mme Hinse (Amélie) : On ne
tofferait pas longtemps. Mais c'est de 12 000 $ à 15 000 $,
à peu près, par télévision. On est une quarantaine. Puis ça, c'est pour les TV,
parce qu'après ça la production et les prix ne sont pas les mêmes pour la radio
et les journaux. Donc, je ne pourrais pas parler en leur nom, mais je dirais
que ça pourrait ressembler à ça pour nous.
Mme Melançon : D'accord. Vous
me parlez de 112 emplois. Je le disais un peu plus tôt avec les médias
écrits communautaires, j'imagine que vous êtes une école extraordinaire et
j'imagine aussi que les jeunes qui peuvent sortir de certains cégeps ou
certaines universités vont chez vous, se font la main, et vous les perdez
rapidement aussi, j'imagine.
• (14 h 30) •
M. Racine (Sylvain) :
Évidemment qu'on les perd rapidement. Si je vous donnais la liste des...
14 h 30 (version non révisée)
Mme Melançon :
...extraordinaire, et j'imagine aussi que les jeunes qui peuvent sortir de
certains cégeps ou certaines universités vont chez vous, se font la main, et
vous les perdez rapidement aussi, j'imagine.
M. Racine (Sylvain) :
Évidemment qu'on les perd rapidement. Si je vous donnais la liste des
journalistes que vous connaissez qui ont passé par la télévision communautaire,
vous seriez peut-être surprise, qu'on pense à Jocelyne Cazin, qu'on pense à
Joël Goulet, qui était à TVA, qu'on pense à... Il y en a une multitude, une
multitude, et ils ont, pour la plupart, passé par les télévisions
communautaires, et ils sont venus se faire la main, et... bon, évidemment, dès
qu'ils sont bons, on les perd un petit peu. Moi, j'en ai perdu un il y a
quelques mois à peine. Il est parti à Radio-Canada, et c'est ça. Puis c'est
normal, c'est... on est une école.
Mme Melançon : C'est une
pépinière.
M. Racine (Sylvain) : Voilà.
Mme Melançon : Alors,
dites-moi... Là, j'ai bien lu, là, mais moi, je veux vous l'entendre dire puis
je ne veux pas qu'on aille là-dedans, là, mais je veux vous entendre : La
suite, parce que là on là pour parler de l'avenir des médias.
M. Racine (Sylvain) : Bien,
l'avenir des médias va passer, selon moi, par la réforme du système qui est en
révision actuellement au CRTC. On sait qu'il y a une commission qui a été créée
également au CRTC pour revoir la loi. On ne sait pas où ça va nous mener. On ne
sait pas jusqu'où ils vont pouvoir se rendre. Il va y avoir un changement peut-être
de gouvernement ou pas. Alors, ça reste un gros point d'interrogation pour
nous, l'avenir.
Mme Melançon : Comme on est quand
même à la remorque, je dirais, du CRTC, de notre côté, j'imagine que, tout
comme moi, vous avez été surpris d'apprendre que le 11 janvier dernier le gouvernement
du Québec n'a pas cru bon déposer aucun mémoire pour la révision des deux lois,
celle en radiodiffusion et celle en télédiffusion.
Moi, de mémoire, là, je n'ai pas souvenir
qu'on ait laissé un pan aussi important, malheureusement, qu'on n'ait pas
comblé ce vide-là. Je me rappelle qu'on a déjà déposé, et là je vous pointe un
peu plus du doigt, là, qu'on avait déposé des demandes bien claires. On était
ensemble là-dessus. J'imagine que vous étiez surpris de voir qu'on n'avait pas
pris le crayon pour déposer la position du Québec.
M. Racine (Sylvain) : Bien, on
se pose toujours bien des questions. Évidemment, on souhaiterait que les
intérêts du Québec soient toujours défendus. Maintenant, je ne connais pas les
motivations qui sont derrière cette décision-là, mais évidemment, nous, en tout
cas, on fait des représentations et on va continuer d'en faire.
Mme Hinse (Amélie) : On
travaille toujours en... bien, pas en collaboration, mais on contacte toujours
le ministère de la Culture, quand il y a dépôt de mémoire au CRTC, parce qu'eux
demandent à voir le nôtre, parce qu'ils veulent nous appuyer, parce que
souvent... Parce qu'on le sait, le ministère, c'est un allié pour nous. Il
finance les TV. Puis on n'est peut-être pas d'accord sur tout puis on demande
l'indexation au minimum de notre programme d'aide, sauf que c'est ça, on
travaille ensemble, puis, quand je les ai contactés, ils m'ont dit : Non,
je ne pense pas qu'on va en écrire un cette année. C'est la première fois.
Mme Melançon : D'accord. Moi,
ça, ça me trouble, et je tiens à le répéter ici : Il faut assumer un
leadership. On peut bien parler de l'avenir des médias en long et en large,
mais encore faut-il que le gouvernement prenne la plume lorsque c'est le temps.
Moi, je veux vous remercier vraiment
d'être présents aujourd'hui, parce qu'il y a une chose que je me rappelle, et
j'invite aussi les élus à participer aux télés communautaires. Je sais que vous
demandez ça. Ces six heures de programmation dont vous parlez, là, vous avez
besoin de les combler. Nous autres, on est des personnages qui ne vous coûtent
rien. Je le dis un peu à la blague, mais, très honnêtement, on doit faire plus
d'émissions publiques. Vous le disiez tout à l'heure. J'espère vraiment qu'on
va continuer puis j'espère que tous les élus ici vont aller au micro devant la
caméra des télés communautaires.
Et vous pouvez compter sur moi parce qu'on
va continuer à poser les bonnes questions, parce que l'avenir des médias, je
vous le dis, ça passe par le CRTC en télévision. Vous êtes la première télé que
nous recevons aujourd'hui. Vous allez pouvoir compter sur moi pour que je
puisse continuer à m'assurer qu'on ait une présence assidue, parce que le
Québec mérite d'avoir une voix à Ottawa. Merci beaucoup.
M. Racine (Sylvain) : Je peux
vous dire que, règle générale, on a une excellente collaboration de la part des
élus, et que tout le monde participe volontiers à nos émissions.
Mme Melançon : Tant mieux.
C'est de la musique à mes oreilles.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Est-ce que vous avez d'autres intervenants?
Une voix
: ...
Le Président (M. Ciccone) :
1 min 15 s. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. Je
vais aller un peu plus au niveau des chiffres, si vous me permettez, parce que
tantôt vous avez parlé que... ma collègue l'a souligné, il n'y a pas eu de
demande au niveau du CRTC en janvier dernier, et il y aura bientôt une campagne
électorale au niveau fédéral. Est-ce que vous pensez qu'il serait important que
le gouvernement du Québec ait des demandes notamment pour aller de l'avant...
Mme Rizqy : ...je vais aller un
peu plus au niveau des chiffres, si vous permettez, parce que, tantôt, vous
avez parlé que — ma collègue l'a souligné — il n'y a pas eu
de demande au niveau du CRTC en janvier dernier, il y aura bientôt une campagne
électorale au niveau fédéral. Est-ce que vous pensez qu'il serait important que
le gouvernement du Québec ait des demandes, notamment pour aller de l'avant
avec une demande sur une taxe GAFA qui peut générer quand même, juste pour
Facebook, une taxe de 3 %, peut générer 20 millions d'entrée d'argent
pour le Québec seulement? Pensez-vous que ça devrait être une demande immédiate
lors de cette campagne?
Mme Hinse (Amélie) : C'est
évident que le momentum, il est parfait, là, vous allez terminer les travaux de
la commission, puis eux vont être en campagne électorale, c'est le moment
idéal. Le panel d'experts en charge de la révision de la loi a sorti, en juin
dernier, ce qu'il avait entendu dans ses consultations, mais ça va aller à
l'année prochaine avant qu'il remette son rapport. On ne sait pas quel
gouvernement qu'on va avoir là, mais c'est le temps, là, de leur dire qu'est-ce
qu'on veut, là.
Le Président (M. Ciccone) :
Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup. Je suis maintenant rendu à reconnaître
un membre du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Taschereau pour 2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président... Je me pose une question. Beaucoup, beaucoup de mémoires disaient,
ce 4 % là, c'est essentiel, pourquoi ça ne s'est jamais fait puis,
bon, c'est de l'argent qui diminue, en plus, comme vous le disiez tantôt. Et,
en même temps, on reconnaît aussi, dans beaucoup des mémoires, le rôle essentiel,
la fonction de service essentiel à la population de l'information, puis de
l'information locale puis de l'information communautaire. Puis ça, moi, je suis
à fond là-dedans, je l'ai remarqué plusieurs fois, tu sais, autant sur les
réseaux sociaux, on va cibler des gens qui nous ressemblent ou qu'on veut
atteindre, autant quand j'ai, moi-même, commencé à écrire dans un journal
communautaire de quartier à Québec. Puis là, si je veux rejoindre mon voisin, à
qui je ne parle jamais, je veux rejoindre du monde, c'est différent puis c'est
sur une base géographique, ça rapproche les gens, c'est vraiment essentiel.
Pourquoi est-ce que, puisque c'est un
besoin essentiel, puisque les fonds publics vont être nécessaires pour faire
survivre les médias communautaires en général, pourquoi est-ce qu'au lieu de
dire : Bien, mettez donc de la publicité, le gouvernement, dans nos
médias, pourquoi est-ce qu'on n'exigerait pas plus clairement : Participez
donc à notre financement, au fonctionnement de manière récurrente sans qu'on
ait besoin de toujours faire des demandes à toutes sortes de patentes? Est-ce
que ça ne pourrait pas être plus simple? Parce que, d'un point de vue
gouvernemental, faire une pub très, très efficace pour pas cher ou moins
efficace pour plus cher...
M. Racine (Sylvain) : Il
existe déjà un programme au ministère de la Culture qui s'appelle le Programme
d'aide aux médias communautaires qui aide financièrement au fonctionnement.
C'est un programme qui est en révision actuellement, on doit participer
d'ailleurs et soumettre nos idées à cet effet-là. Bon. On souhaite toujours que
le programme soit bonifié, mais c'est quand même... ça fait plusieurs années,
ça fait plusieurs années que, sur le plan du fonctionnement, on a de l'aide
gouvernementale et, pour certaines télévisions, ça peut représenter tout près
de 40 000 $ à 45 000 $ par année.
Mme Dorion : Puis ce serait...
c'est comme gênant d'en demander plus, ou qu'est-ce qui fait que... parce
que...
Mme Hinse (Amélie) : Ah non,
on ne se gêne pas.
Mme Dorion : ...non, hein? O.K.
M. Racine (Sylvain) : On ne se
gêne pour le faire...
Mme Dorion : ...parce que ce
serait une bonne idée qu'il y en ait plus finalement.
M. Racine (Sylvain) : ...mais
il y a des normes, c'est basé sur le nombre d'heures de production, etc. Alors,
on respecte le programme, mais là le programme, il va être en révision.
Mme Dorion : Donc, ce serait
une bonne idée qu'il soit bonifié.
M. Racine (Sylvain) : Bien, absolument.
Mme Dorion : Ça vous
libérerait finalement plus que de... O.K.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup.
M. Racine (Sylvain) : On ne
dira pas non à ça.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski pour une période de
2 min 30 s.
M. LeBel : Merci beaucoup.
Bonjour. J'ai déjà été dans les télés communautaires du temps que j'avais des
cheveux, ça fait déjà assez longtemps...
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. LeBel : ...et l'importance
de l'autonomie, pour moi, c'est ça qui est majeur. Mais, quand je suis à
Rimouski, moi, je suis câblé Telus. Quand je veux voir le conseil de ville,
c'est maCommunauté qu'il faut que je syntonise. Quand je suis à Québec, je suis
câblé Vidéotron, si je veux voir les choses de la ville, c'est MAtv et quand...
on dit que Bell, il y a un autre système tvONE, puis Rogers, ça fait leurs
affaires. Ça fait que, quand on va sur leur site, eux autres, si tu cliques
télé communautaire, tu tombes sur MAtv, maCommunauté, puis ces affaires-là.
C'est quoi, vos relations avec les câblos?
• (14 h 40) •
M. Racine (Sylvain) : En fait,
à la fin des années 70, quand la loi sur la télévision communautaire a été
créée, c'était une exclusivité des câblodistributeurs. Donc, quand Bell est
arrivé sur le marché avec les satellites, etc., ils n'avaient pas le droit à
ça. Maintenant, Bell, avec la fibre, ils sont un peu plus dans la section
câblodistributeur, ils ont maintenant droit. On a fait des demandes aux
dernières audiences, en disant : On souhaiterait être diffusés par l'ensemble
des câblos d'un territoire donné. Moi, dans mon territoire, Vidéotron
représente à peu près 50 % des abonnés. Si j'étais également diffusé sur
Bell, bien, je rejoindrais facilement 90 %, 95 % de ma population.
Mais actuellement, encore une fois, la façon dont les règles sont faites au...
M. Racine (Sylvain) : ...dans
mon territoire, Vidéotron représente à peu près 50 % des abonnés. Si
j'étais également diffusé sur Bell, bien, je rejoindrais facilement 90 %,
95 % de ma population. Mais, actuellement, encore une fois, la façon dont
les règles sont faites au CRTC, bien, on n'a pas cette possibilité-là, qui
serait, je pense, une solution idéale.
M. LeBel : Et c'est... MAtv
puis maCommunauté, ces affaires-là, c'est comme des télés communautaires,
maintenant, non?
M. Racine (Sylvain) : Bien, Ma
TV, ce n'est pas une station communautaire, hein, ça reste une station qui est
du câblodistributeur comme tel, qui est financée à même les fonds
communautaires, mais...
M. LeBel : C'est la
compétition qui ne devrait pas être faite, à mon avis, on devrait garder les
télés communautaires autonomes.
M. Racine (Sylvain) : Bien,
vous savez, encore une fois, dans la dernière réglementation, le pourcentage
qui était alloué aux télés communautaires, qui était, à l'époque, 2 %, a
été coupé à 1,5 %...
M. LeBel : ...détournement.
M. Racine (Sylvain) : ...parce
que le CRTC disait : Il y a trop d'argent dans le communautaire.
Le Président
(M. Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
M. Racine (Sylvain) : Ce qu'il
voulait dire, je pense, c'est qu'il y a trop d'argent au niveau des câblos,
mais les câblos ne le partagent pas avec les télés communautaires autonomes, ou
très peu, alors c'est ce qui fait qu'on a moins de sous.
M. LeBel : C'est comme la
météo, ce n'est pas fiable.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président
(M. Ciccone) : Merci. Je reconnais maintenant la députée de Marie-Victorin
pour deux minutes.
Mme Fournier : Merci beaucoup.
Alors, je suis... à Longueuil, j'ai la chance d'être couverte par la Télévision
Rive-Sud, donc TVRS , sur le territoire de l'agglo. Malheureusement, c'est
juste diffusé pour les gens qui ont Vidéotron à la maison, comme vous l'avez si
bien dit. Puis, dans votre présentation, ça m'a interpellée, le fait que vous
disiez que vous sentiez que vous aviez comme une épée de Damoclès au-dessus de
la tête en ce qui a trait aux licences, en raison justement des fameuses
décisions du CRTC. Alors, j'aimerais que vous puissiez nous en dire plus à ce
sujet-là. Où en sont vos discussions avec Vidéotron? Est-ce qu'ils ont vraiment
l'intention de retirer leur licence? Quelle est la situation
M. Racine (Sylvain) : Écoutez,
c'est très difficile à dire, parce qu'on est conscients que MAtv, c'est quand
même un groupe de personnel syndiqué.Vidéotron ne va pas annoncer trois mois
d'avance ou quatre mois d'avance qu'ils ont l'intention de le fermer, ça va se
faire comme ça. Alors, on ne sait pas. Nous, ce qu'on se dit, ce n'est pas
est-ce qu'ils vont le faire, la question qu'on se pose, c'est quand vont-ils le
faire? Parce que les concurrents l'ont fait ailleurs, et personnellement je
vous le dis, si j'étais à la tête de TVA, bien, je réclamerais ces sous-là pour
aider mes stations locales. Mais comme je suis à la tête de la fédération, je
dis non à ça, parce que c'est de l'argent du public qui va aller encore une
fois à l'entreprise privée, et ça ne devrait pas être le cas.
Mme Hinse (Amélie) : Et
surtout, ça ne va pas financer des vraies nouvelles locales, selon nous. Parce
que nous, on est présents dans des petites municipalités, puis ce n'est pas
vrai que TVA va venir couvrir quelque chose à Warwick, là, parce qu'il a pris
l'argent de la télévision communautaire pour aller couvrir le local, tu sais,
donc...
Mme Fournier : ...région de
Montréal, on n'a pas non plus de petites stations, par exemple, de TVA à
Longueuil.
Le Président
(M. Ciccone) : En terminant, svp
Mme Fournier : Bien sûr, on
est couvert par la télé nationale, donc, à ce moment-là, dans toute la
périphérie, on se trouverait à perdre de l'information.
Le Président
(M. Ciccone) : Merci beaucoup. Merci beaucoup pour votre grande
contribution à cette commission. Je vais suspendre quelques instants pour
permettre à l'Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec de
prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 46)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association des radiodiffuseurs
communautaires du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter ainsi que les
personnes qui vous accompagnent et à procéder à votre exposé. La parole est à
vous.
M. Bougie (Martin) :
Merci. Mmes, MM. les commissaires, citoyens à l'écoute, mon nom est
Martin Bougie, et je suis directeur général de l'Association des radios
communautaires du Québec, ARCQ, pour les intimes. Je suis aujourd'hui
accompagné de Tanya Beaumont, notre présidente; François Carrier,
notre vice-président qui est aussi directeur général de la radio CHIP Pontiac,
et Éric Tétreault également administrateur de l'association et directeur
général du FM 103.3 à Longueuil.
Donc, nous sommes l'Association des radios
communautaires du Québec, et vous remercions de l'opportunité que vous nous
donnez de prendre part à cette conversation collective sur l'avenir des médias
et du droit du public à l'information. Ce droit du public à l'information doit
être au centre de nos préoccupations parce que les vrais perdants, si on ne
fait rien, ce seront les citoyens du Québec. Nous avons une responsabilité
collective de préserver ce droit.
La radio aussi est un média information,
et la radio communautaire ne fait pas exception. Ce débat nous anime et nous
interpelle. Présente dans le paysage médiatique québécois depuis bientôt
50 ans, c'est aujourd'hui une quarantaine radios communautaires qui
desservent des centaines de municipalités au Québec. 24 heures par jour,
sept jours par semaine, ce sont 250 employés et 2 000 bénévoles
qui participent à la programmation et la gestion de nos organisations. Elles sont
solidement ancrées dans leurs milieux, appuyées par plus de
20 000 membres qui prennent part à leur vie démocratique.
La radio communautaire est aussi un outil
de démocratisation des médias en ouvrant ses ondes aux citoyens et aux
différents groupes communautaires. Nos radios sont toutes portées par une
mission qui trouvent une grande partie de sa pertinence aujourd'hui dans la
production d'une information de proximité. Pour les médias nationaux et
régionaux qui s'adressent à un large public, qui doivent faire des liens à
partir d'enjeux plus globaux, toute nouvelle locale n'est pas forcément
pertinente. Par exemple, en temps d'inondations, ces médias peuvent s'attarder
à faire le point sur la situation prévalant dans... ne peuvent s'attarder sur
la situation prévalant dans tel ou tel village. C'est beaucoup trop pointu pour
leur angle. Et pourtant cette information est cruciale pour les citoyens
directement touchés. Combien de nouvelles ne seraient pas traitées sans la
présence de médias consacrés à l'information de proximité?
Le citoyen a aussi besoin de ce regard
local ancré dans sa réalité quotidienne, un regard porté par un interlocuteur
qui comprend sa réalité, qui partage ses valeurs, son histoire, sa culture, sa
langue, et qui parle avec son accent. Nos radios vivent au rythme de leurs
communautés. Chaque jour, plus de 300 nouvelles locales et hyper locales
sont produites par les journalistes dans nos radios favorisant ainsi la
mobilisation des citoyens devant les enjeux locaux.
Grâce à un modèle d'affaires hautement
adaptable, la radio communautaire a su s'implanter dans des milieux aux
réalités très diversifiées. À l'heure où on cherche de nouveaux modèles
d'affaires, nous pourrions commencer par observer les composantes de notre
écosystème médiatique et miser sur la complémentarité de ceux-ci au profit du
citoyen. Si la spécialité d'un média privé est d'opérer dans des marchés des
créneaux avec un potentiel commercial, force est de reconnaître que de moins en
moins de marchés offrent un rendement intéressant. L'actualité nous le rappelle
à chaque jour.
• (14 h 50) •
L'information a une valeur sociale très
forte, mais sa valeur économique est négative. On ne peut plus se fier aux lois
du marché pour garantir l'information. La radio communautaire, comme nombre
d'entreprises d'économie sociale, a tendance à s'installer dans des marchés qui
ont des besoins mais qui sont jugés non rentables par le secteur privé. Selon
nos données internes, le surplus moyen d'une radio communautaire, le surplus
moyen annuel est de moins de 2 000 $, démonstration faite du faible
intérêt commercial des marchés que nous desservons. Et pourtant, elles font de
l'information de proximité. Pourquoi? Parce qu'elles poursuivent une mission
collective cherchant à maximiser l'impact social...
M. Bougie (Martin) : ...selon
nos données internes, le surplus moyen d'une radio communautaire, le surplus
moyen annuel est de moins de 2 000 $, démonstration faite du faible
intérêt commercial des marchés que nous desservons. Et pourtant, elles font de
l'information de proximité. Pourquoi? Parce qu'elles poursuivent une mission
collective cherchant à maximiser l'impact social.
La radio communautaire, c'est aussi une
garantie de service local pour la collectivité qui la crée. En effet, son
modèle de propriété collective fait en sorte qu'elle ne peut être achetée. Sa
mission ne peut être changée sans un large consensus social, un large consensus
pour ses uniques propriétaires, c'est-à-dire les membres de sa communauté.
La radio communautaire devient donc un
rempart contre un mouvement de concentration des médias et de montréalisation
d'information. Par son modèle de gouvernance démocratique, encourageant la
participation citoyenne, la radio communautaire s'assure de la pertinence de
ses programmations. Citons l'exemple des conseils d'administration, nos radios,
qui sont toutes composées de citoyens s'impliquant bénévolement à la gestion
stratégique de leurs médias. L'ancrage de la radio communautaire dans sa
communauté est réel. Si on mesure la valeur d'un média par l'appui qu'il reçoit
par sa communauté, la radio communautaire, dont l'existence même est le
résultat d'une volonté collective de se doter d'un média local, producteur
d'information de proximité, eh bien, ça représente une grande valeur aux yeux
de ses citoyens.
Mme Beaumont (Tanya) : Cette
mission, elle est bien noble. Elle est vitale pour nos communautés, mais elle a
un coût. Nos radios consacrent entre 25 % et 40 % de leurs dépenses
de programmation à la production d'information de proximité. Elles évoluent
dans un environnement réglementaire complexe qui fait sa spécificité, mais qui
apporte aussi son lot de défis. Elles doivent assumer les mêmes dépenses de
base qu'une radio privée.
Elles font face aux mêmes défis liés au numérique.
Elles doivent faire face à la transformation des métiers de la radio, à la
multiplication des plateformes de diffusion et aux changements des habitudes de
consommation. Elles fonctionnent souvent avec des moyens limités, et la ligne
entre survie et viabilité peut être mince. Cette réalité les empêche souvent
d'offrir des conditions de travail compétitives, ce qui a un impact sur leur
capacité d'embauche et de rétention de leurs ressources.
Même s'il y a plusieurs beaux exemples de
gens qui font carrière dans nos radios, elles sont pour plusieurs le point de
départ, la première expérience concrète avant de passer dans les médias privés
et publics. On peut le voir comme un problème ou comme une opportunité de
reconnaître le rôle de formation que nous jouons.
On dit souvent qu'on fait des miracles
avec des petits moyens en radio communautaire, mais on se pose la
question : Est-ce vraiment nécessaire? En bout de ligne, c'est la qualité
du service aux citoyens dont il est question. Un secteur communautaire habilité
à pleinement réaliser sa mission ne serait-il pas un objectif collectif à viser
pour préserver le droit du public à l'information?
Si l'arc est l'humble porte-parole de ses
membres, c'est d'abord et avant tout un regroupement de radios qui ont envie
d'évoluer ensemble, de mutualiser leurs efforts pour contribuer à
l'épanouissement de notre secteur. L'information est le moteur de nos actions.
Nous travaillons actuellement à la mise en
place d'une agence de presse interrégionale, plateforme alimentée par les
contenus de nos radios. Cette plateforme a comme objectif d'augmenter la
découvrabilité des contenus de nos médias et de faire rayonner l'information
locale. S'il semble déjà y avoir un consensus social sur la nécessité de
soutenir nos médias d'information, une question se pose : Qui doit payer?
Les citoyens? Nous faisons face à la culture de la gratuité, mais nous croyons
que la propension d'un citoyen à payer pour un service d'information est
proportionnelle à la valeur qu'il lui accorde. Dans le cas des radios
communautaires, c'est en moyenne 30 % des revenus qui proviennent des
levées de fonds diverses. Nos communautés contribuent déjà à leurs médias.
La communauté d'affaires? On n'achète pas
de la publicité dans un média pour l'encourager, mais parce qu'il est efficace
pour rejoindre un public cible. Une partie de la responsabilité va donc vers
les médias qui se doivent d'être crédibles, professionnels et pertinents.
Le droit du public à l'information, c'est
notre responsabilité à tous. Dans le contexte où le marché ne permet plus de
garantir des services d'information, nous croyons qu'il est de l'obligation de
nos élus à mettre en place des mesures, des pratiques et des politiques pour
soutenir la production d'information.
Parlons de publicités gouvernementales.
Les messages du gouvernement sont d'intérêt public. Il est de la responsabilité
de nos élus de s'assurer de rejoindre le plus de citoyens sur le plus grand
territoire possible. Dans ce contexte, l'achat de publicités dans les médias
locaux n'est plus un mal nécessaire, mais bien un moyen du gouvernement
d'atteindre ses objectifs de communication. Actuellement, on peut pointer du
doigt certaines pratiques qui pourraient être changées pour le bénéfice de
tous. Si les placements publicitaires dans les GAFA peuvent faire partie d'une
stratégie globale, on ne peut pas tout mettre nos oeufs dans le même panier, on
doit diversifier les placements. Même en publicités traditionnelles radio, les
achats gouvernementaux sont souvent concentrés dans les réseaux de Bell et
Cogeco qui rejoignent essentiellement les agglomérations urbaines. N'oublions
pas que 50 % de la population vit en dehors des centres urbains. Le
gouvernement du Québec s'est donné une directive d'investir au moins 4 % de
ses achats publicitaires dans les médias communautaires. Cet objectif n'a
jamais été atteint depuis sa mise en vigueur il y a plus de 20 ans...
Mme Beaumont (Tanya) : ...qui
rejoignent essentiellement les agglomérations urbaines. N'oublions pas que 50 %
de la population vit en dehors des centres urbains. Le gouvernement du Québec
s'est donné une directive d'investir au moins 4 % de ses achats
publicitaires dans les médias communautaires. Cet objectif n'a jamais été
atteint depuis sa mise en vigueur, il y a plus de 20 ans, et ça devrait être
écrit noir sur blanc dans votre rapport.
Nous appuyons, à l'ARCQ, toute mesure qui
viendra supporter le coût de la mission d'information de nos médias. C'est la
survie qui en est question. Fonds de soutien au journalisme, crédit d'impôt
pour entreprises privées, redevances des GAFA et des fournisseurs d'accès.
Plusieurs solutions sont présentement sur la table. Nous croyons qu'elles
doivent être étudiées. Mais toute solution mise en place devra reposer sur des
critères objectifs basés sur l'intérêt du citoyen et les besoins de nos
régions. Le rôle de l'État n'est pas de décider du sort de tel ou tel groupe
média, mais de s'assurer que chacune de ses composantes de notre écosystème,
notamment les éléments privés et collectifs, contribuent aux objectifs, en
ayant les moyens de jouer leurs rôles respectifs et complémentaires.
En conclusion, parce que le respect du
droit à l'information est une responsabilité collective, l'ARCQ recommande que
le Québec se dote d'une politique publique en information parce que la radio
communautaire a l'information de proximité au coeur de sa mission, une
gouvernance démocratique apportant ancrage et pertinence, une garantie de
service local par sa propriété collective, un modèle économique adaptable,
centré sur la finalité sociale, et peut jouer un rôle important et
complémentaire dans le maintien du droit à l'information. L'ARCQ recommande que
le rôle essentiel de la radio communautaire...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Beaumont (Tanya) : ...dans
le maintien de l'offre d'information locale et régionale soit reconnu et que ce
rôle soit soutenu par des mesures concrètes de support à la production et de
diffusion de nos contenus journalistiques et d'encadrement des ressources.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je vous ai donné 25 secondes. Merci. Nous sommes maintenant... Merci
pour votre exposé. Nous sommes maintenant rendus à la période d'échange, d'une
durée de 15 minutes, avec la partie gouvernementale, et on débute avec le
député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Mme Beaumont, M.
Carrier, M. Bougie, M. Tétreault, merci pour votre présentation fort
intéressante.
Deux, trois éléments. J'ai été dans les
stations de radio communautaires. J'ai fait des renouvellements avec le CRTC.
Je sais c'est quoi, qu'il y ait des pourcentages de gospel que je dois mettre à
ma programmation, où je dois tenter de rendre ça le plus intéressant possible à
longueur de journée, avec les contraintes que le CRTC nous met, qui ne sont pas
toujours mauvaises en tant que telles, qui sont des fois de bon aloi puis qui
permettent justement aux radios communautaires de diffuser un contenu qui est
différent.
Cependant, la radio, elle est là pour
rester. Malgré tout ce qu'on a pu dire dans les dernières années, malgré les
crises qu'il a pu y avoir dans le monde des médias, la radio est un média qui a
traversé le temps parce qu'il a toujours réussi à se renouveler. C'est sûr
qu'il y a des défis. On pense à l'art du «pretape», là, qui est rendu très à la
mode, où les animateurs radio ne sont plus du tout en direct, où ils animent
leur météo d'avance, ils diffusent ça plus tard. Bref, le métier d'animateur
radio a changé énormément. Le métier de journaliste également a changé aussi.
J'aimerais que vous parliez de l'expertise
que vous avez développée, mais qu'on se doit encore de développer, dans les
radios communautaires, parce qu'il ne faut pas se leurrer, il y a de la
compétition. Lorsqu'un citoyen décide, par exemple, d'écouter des stations de
radio, il a différents choix qui s'offrent à lui. Donc, pour assurer une
fidélité à son auditoire, c'est un défi. Puis vous n'avez pas nécessairement
les mêmes moyens puis vous avez des contraintes supplémentaires qui vous sont
mises devant le CRTC. Alors, de quelle façon pouvons-nous continuer de
convaincre les publicitaires de se tourner vers vous? Puis qu'est-ce que le
gouvernement pourrait faire pour tenter, malgré les contraintes du CRTC, qui,
je le rappelle, ne sont pas toutes mauvaises... On pourrait quand même vous
appuyer dans cette compétition-là du monde radiophonique, qui est
superimportant. Pour plusieurs de ces radios, quand je regarde les membres que
vous avez, qui a diminué avec le temps, quand je regarde les membres que vous
avez, il n'en demeure pas moins que vous êtes très souvent la seule radio au
monde à parler de ces gens-là. Alors, c'est important en termes d'information
locale et régionale. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire pour vous aider et vous
appuyer au niveau de l'expertise dans ce monde extrêmement compétitif?
M. Tétreault (Éric) : Je suis
bien placé pour en parler parce que j'ai une station de radio. Je gère une
station de radio depuis 25 ans à Longueuil et j'ai tout le débordement de
Montréal. Et, chez nous, oui, j'ai des employés, j'ai des bénévoles, mais c'est
tous des gens qui, à quelque part, ont un mandat de qualité en ondes, et ça,
c'est fondamental. Si je n'ai pas cette notion de qualité là, on n'existe pas,
parce que, sur la bande FM, on peut se promener, il y a 32 stations dans la
grande région de Montréal, ça fait qu'il y a 32 autres raisons de m'écouter.
Donc, ça, c'est sûr, puis, je pense, c'est la même chose pour pas mal
l'ensemble des stations de radio, la notion de qualité, elle est là.
• (15 heures) •
Souvent, les gens ont toujours l'aspect de
la perception du milieu communautaire, mais, je peux vous dire, avec les
années, on a beaucoup évolué. Le milieu a beaucoup évolué puis également
l'écoute a beaucoup évolué. C'est sûr, il y a une fragmentation. Mais
aujourd'hui les gens sont beaucoup plus aptes à, nécessairement, nous essayer,
à nous aimer puis à nous écouter à chaque jour. Donc, la notion de qualité, on
ne peut pas la coller nécessairement à qu'est-ce qu'on fait. La preuve, c'est
qu'on forme énormément de gens, des journalistes, des animateurs. On est
vraiment une pépinière à l'ensemble du Québec. Nous, c'est 34 stations de radio
partout au Québec qu'on rejoint, donc c'est quoi, c'est plus...
15 h (version non révisée)
M. Tétreault (Éric) : ...puis à
nous écouter à chaque jour. Donc, la notion de qualité, on ne peut pas la
coller nécessairement à qu'est-ce qu'on fait. La preuve, c'est qu'on forme
énormément de gens, des journalistes, des animateurs. On est vraiment une
pépinière à l'ensemble du Québec. Nous, c'est 32... c'est 34 stations de radio
partout au Québec qu'on rejoint.
Donc, c'est quoi, c'est plus d'un million
de personnes qu'on rejoint par semaine. Souvent, il y a toujours cette
notion-là de... cette mauvaise perception là du milieu communautaire, ce qui a toujours
tendance à nous aplanir un peu, mais il ne faut pas oublier aussi qu'on a un
modèle d'affaires qui est un modèle d'enteprise d'économie sociale, qui est un
modèle unique. Et on ne l'a pas parti voilà deux ans, là. Ça fait 40 ans
qu'on l'a parti.
Donc, il y a une grande expertise que le ministère
aussi possède. Notre ministère de la Culture est au courant de ça. On lui fait
comme des redditions de comptes à chaque année pour avoir une certaine
subvention. Donc, moi, c'est un point par rapport à la qualité que je fais le
lien. Il y a un beau modèle au Québec, même précurseur mondialement, d'un
réseau des radios communautaires, qui produit énormément d'information partout
au Québec, puis il est sous-exploité, puis souvent on n'en parle pas beaucoup. Parce
que dans les grands réseaux, je suis bien placé à Longueuil pour nécessairement
le savoir, on essaie d'éviter de mentionner d'autres médias et, encore plus
vrai, un média comme le nôtre.
Vous savez, notre force, nous, c'est qu'on
appartient à la communauté, on est gérés par la communauté et aussi on est
alimentés par la communauté. C'est un peu le modèle du média de demain, ça.
C'est qu'est-ce qu'on est, en tout cas, 34 stations de radio et plus de
160 médias communautaires au Québec. Mais souvent, c'est ça, on n'en parle
pas beaucoup dans les revues. Il y a certaines stations de Montréal qu'on
parle, mais moi, je suis bien placé à Longueuil, je suis à côté des camions, je
les vois passer, de tous les réseaux, et c'est très rare qu'on parle de
qu'est-ce qu'on fait.
Ça fait que, oui, la qualité, il y en a beaucoup.
De toute façon, je sais qu'il y a des gens qui passent dans notre réseau. Vous
pouvez nécessairement témoigner de la qualité qu'il y a chez nous.
M. Poulin : En terminant,
avant de céder la parole à mon collègue, j'aimerais qu'on parle du virage
radiophonique numérique. On regarde QUB radio, là, je prends l'exemple
national, mais bien d'autres, Radio-Canada... la radio de Radio-Canada a fait
un virage assez important en mettant ses podcasts qui sont disponibles.
Nous-mêmes, là, ce soir, on va réécouter certaines entrevues qu'on a manquées parce
que maintenant on peut consommer... comme la télé, on peut commencer la radio
lorsqu'on le veut.
Quel impact ça a auprès des radios
communautaires, ce changement-là? Puis est-ce qu'on pourrait vous supporter
davantage dans un virage numérique, sur du podcast qui est disponible en ligne,
sur une accessibilité qui est plus facile de votre côté.
M. Bougie (Martin) : Bien, écoutez,
la radio communautaire est une radio d'abord et avant tout, puis on fait face
au même environnement que tout le monde. Au Canada, pour... on dit qu'il y a...
en fait, que les... dans les 35 ans et moins, il y en a moins... plus de
50 % qui n'ont pas de récepteur FM à la maison. Alors, un récepteur radio,
c'est ça et ça va être ça demain, et pour nous, pour nos médias, c'est les
auditeurs de demain à qui il faut penser, hein? De plus en plus, nous serons
des producteurs de contenu avec des plateformes de diffusion à notre portée.
Donc, il faut que nos médias s'adaptent,
là. C'est une question de survie, en fait. Il faut s'adapter aux auditoires qui
s'en viennent, parce que leur monde est différent, ceux qui ont 15, 20 ans aujourd'hui.
Il ne sera pas différent demain, ils vont continuer à vouloir consommer les
contenus où je veux, quand je veux, comme je veux. C'est fini, l'heure des rendez-vous
en radio. Ton émission de jazz le jeudi à 7 heures, ça m'intéresse, mais
je ne veux pas l'écouter le jeudi, pas à 7 heures, je veux l'écouter sur
mon... Donc, il faut qu'on aille là.
Et nos métiers sont en pleine
transformation. On ne doit plus seulement rendre une nouvelle, parce qu'on est
ici pour parler d'information aussi, on ne peut plus juste rendre une nouvelle
au micro. Il faut aussi l'agrémenter d'images puis d'un petit texte pour le
site Internet. On a un réalisateur audio, ça va prendre un réalisateur
numérique, bien sûr, bientôt pour faire un lien avec les réseaux sociaux. Donc,
vraiment, on fait face à ce changement-là puis on n'y fait pas exception. On a
un modèle d'affaires, comme disait Éric, qui est là depuis plus que
40 ans. Bon, le buzz sur Internet, c'est l'interaction entre les
auditoires et les producteurs. Bien, nous, on est... nous sommes des médias
interactifs depuis notre création. Notre modèle d'affaires, il est là, il
suffit juste de l'encourager.
Si je peux me permettre de glisser un peu
sur votre question précédente, qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce que le gouvernement
peut faire pour nos médias, on a parlé du coût de la mission dans notre exposé.
Il faut savoir, on fait... nos médias font face aux mêmes dépenses de base
qu'une radio, mais dans un marché ou un créneau qui n'est pas rentable, et
pourtant on continue à dépenser entre 25 % et 40 % de nos budgets
dans la production... de nos budgets de programmation dans la production
d'information. C'est là qu'il faut qu'on soit aidés. Si on croit ce modèle-là
qui est collectif, démocratique, qui est vraiment bien implanté déjà, on n'a
pas besoin de réinventer la roue. On est implantés dans notre paysage. Si on y
croit, supportons nos services d'information.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je reconnais maintenant le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : 34 stations, mais
l'autre chiffre que j'ai retenu de ce que vous avez dit, c'est un million
d'auditeurs. Je ne connais pas le placement média. Je connais les médias, mais
le placement, je n'en ai jamais fait, mais j'ai une bonne idée de comment ça
fonctionne. Quand je dépense, que ce soit...
Le Président (M. Ciccone) :
...je reconnais maintenant le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : 34 stations.
Mais l'autre chiffre que j'ai retenu de ce que vous avez dit, c'est 1 million
d'auditeurs. Je ne connais pas le placement média. Je connais les médias, mais
le placement, je n'en ai jamais fait, mais j'ai une bonne idée de comment ça
fonctionne. Quand je dépense, que ce soit du 4 % ou que ce soit n'importe
quoi d'autre, là, le 4 % gouvernemental ou n'importe quelle campagne de
pub, je veux acheter national. J'achète national. Il m'en manque combien dans
ma couverture nationale? Puis est-ce que je me trompe ou vous êtes ce qui fait
la différence du total?
M. Bougie (Martin) : Écoutez,
on parle aussi... puis je pense que c'est important, pour moi, c'est crucial
dans le débat, c'est la responsabilité du gouvernement dans son placement publicitaire.
On peut parler de pourcentage, mais on peut parler de sa responsabilité. Le gouvernement
ne peut pas avoir une attitude comme l'acheteur privé, qui va rechercher à
rejoindre un certain pourcentage de son public cible. Donc, j'achète Montréal,
Québec, puis quelques... je patche dans quelques régions, puis j'ai atteint mon
objectif. Non. Le gouvernement, ses messages, ce sont des messages d'intérêt
public, il doit s'adresser à un maximum de citoyens sur le plus grand territoire
possible. Ce million d'auditeurs là qu'on a, oui, ils sont dans les zones
urbaines, mais il ne faut pas oublier qu'il y en a plusieurs qui sont en
région, en fait, la grosse majorité, et qui sont... pour lesquels notre radio
est le seul média à qui on parle. Donc, oui, en radio, je peux acheter chez
Bell et Cogeco, mais est-ce que je parle à la population de la Côte-Nord? Est-ce
que je parle à Carleton, à Gaspé? Est-ce que je parle à... bon... la liste est
longue. Mais je pense que c'est ça qu'il faut ramener au centre. En tant que gouvernement,
mais en tant qu'organisme public, on a cette responsabilité.
Alors, la publicité dans nos médias, ce
n'est pas un mal nécessaire. Non, non. Je pense que c'est une logique de
gagnant-gagnant qui permet, oui, de financer nos médias, mais d'augmenter la
portée des messages du gouvernement.
M. Lemieux : Voilà pour
la publicité. Merci du message.
Parlons de contenu, maintenant. Le mixte radio,
d'une radio communautaire moyenne au Québec, désolé de ramener ça à une
moyenne, là, mais il faut qu'on se comprenne puis il faut qu'on ramène ça à
quelque chose de comparable... Radio parlée, radio musicale, radio
d'information. On est où dans le mixte de la moyenne des ours, là?
M. Tétreault (Éric) : Bien, la
moyenne... de toute façon on est régis par le CRTC, ça fait que la moyenne est
assez facile à faire. À quelque part, chacun a son mandat du CRTC à respecter. Il
y a un contenu oral à respecter, il y a des catégories de musique à respecter.
Ça fait qu'en vrai le format, il se ressemble. C'est sûr qu'il y a peut-être un
choix musical qui peut changer. Mais les contenus francophones, c'est la même
réalité pour tout le monde. Et donc on vit avec ça. Puis aussi par rapport à
l'information, il y en a qui ont différents mandats. C'est sûr que, dans
certaines régions, c'est souvent... la salle de nouvelles, c'est la seule salle
de nouvelles qu'il peut y avoir. Bien, aussi, dans des grandes régions. Je peux
vous dire qu'à Longueuil on a besoin des trois médias communautaires qui sont
là, parce que sans eux, bien, il y aurait un grand vide démocratique.
M. Lemieux : Oui. Bien,
justement, mon collègue de Beauce-Sud tout à l'heure parlait aux gens de la
télé communautaire en disant : Il me semble qu'il y aurait des alliances
naturelles. On est en 2019, et vous êtes multiplateforme de plus en plus,
n'est-ce pas? Je lisais... d'ailleurs vous l'avez... Ce que vous avez dit tout
à l'heure, vous l'avez écrit au paragraphe 45, le principal défi, il n'est pas
technique, c'est les métiers de la radio qui évoluent. Vous êtes de plus en
plus multiplateforme. Vous ne pourriez pas travailler ensemble, avec la radio,
puis avec la télé, puis l'écrit?
M. Tétreault (Éric) : Bien,
écoutez... Je suis content, comme, d'entendre ça, parce qu'en 2009 j'ai préparé
un plan d'affaires pour réunir l'ensemble des médias communautaires. Ce
projet-là a été appuyé par Christine St-Pierre, qui était ministre à l'époque,
qui est venue lors du lancement au Théâtre de la ville, à Longueuil, qui était
emballée... par ce projet-là parce que ça pouvait faire boule de neige partout
au Québec. Malheureusement, le monde communautaire, c'est difficile de
travailler ensemble, et ça a été difficile. Ensuite, bon, la télé a eu ses
raisons, le journal a eu plein d'autres raisons. Donc, du fait qu'avec le
temps, bien, à quelque part, ce projet-là s'est effrité et s'est éteint voilà
pas longtemps, avec... nécessairement comme le décès d'un des fondateurs.
M. Carrier (François) : ...si
on me permet également, il y en a déjà, des collaborations, il faut dire. Puis
dépendamment aussi de l'écosystème où on est, nous autres, chez nous, dans le
Pontiac, c'est sûr qu'on collabore avec les journaux locaux qui y sont, et
davantage aussi parce que nous, on a deux communautés de langues différentes,
donc les anglophones et les francophones. Donc, on s'assure de faire tout ça.
Mais moi, je peux dire que déjà, lorsque c'est nécessaire, on le fait, à mon
avis. Puis c'est très complémentaire, ce qu'on a pour le moment.
• (15 h 10) •
D'ailleurs, si on regarde... Tantôt, votre
question concernant entre autres ce qu'on fait tous les jours... parce que je
pense que l'information, c'est vraiment ce qui nous intéresse... nous, durant
les inondations qu'on a vécues récemment, on était vraiment seuls sur notre
territoire avec 19 municipalités à couvrir, ce qui n'était vraiment pas
évident. Et notre rôle a tellement été nécessaire et gratifiant, je dirais, à
cet effet-là... Et c'est là qu'on a attiré le plus d'auditeurs et aussi de publicité
locale, aussi. Ça, il ne faut pas l'oublier également. On a quelque chose
d'intéressant, je pense, à offrir. Et je pense que c'est comme ça également
qu'on réussit, de notre côté, à avoir notre image de marque, c'est-à-dire
d'être là, d'être présent quand c'est le bon moment. Il y a des événements
parfois malheureux, mais il y a...
M. Carrier (François) :
...d'auditeurs et aussi de publicité locale. C'est ça, il ne faut pas l'oublier
également. On a quelque chose d'intéressant, je pense, à offrir. Et je pense
que c'est comme ça également qu'on réussit de notre côté à avoir notre image de
marque, c'est-à-dire d'être là, d'être présent quand c'est le bon moment.
Il y a des événements parfois malheureux,
mais il y a des événements où ce qui est intéressant, c'est que les gens
pensent à nous maintenant. Ils pensent directement, à savoir, oui, il y a des
médias sociaux, mais à 27 reprises, nous, de notre côté, on a dû intervenir
pour faire en sorte que des rumeurs ne soient pas propagées dans notre
communauté, ce qui n'était pas évident. Alors, c'est ce genre de chose là
aussi, je pense qu'il faut retenir en termes d'information.
M. Lemieux : Vous avez
souligné le paragraphe 45, mais il y a le 47 que je trouvais passionnant
aussi : Le pouvoir a changé de mains. De plus en plus, nous devenons des
producteurs de contenu... je fais rapidement parce qu'il ne reste pas beaucoup
de temps... il doit être au service complémentaire aux produits en ondes...
J'ai retenu aussi un autre chiffre tantôt,
2 000 $, la différence entre la fin de l'année puis les profits puis
les pertes, là. Avez-vous les moyens de compléter le virage? Parce que ça en
prend un de toute évidence avec les «podcasts» puis de tout ce dont on parlait,
là. Avez-vous les moyens de le faire?
M. Bougie (Martin) : Bien,
est-ce qu'il y a quelqu'un au Québec qui a les moyens de le faire en ce moment?
Je pose la question. Ce n'est pas... mais ça demande des investissements
énormes et puis c'est beaucoup plus un centre de coûts qu'un centre de profits
présentement.
On n'a pas le choix d'être là comme je le
disais tantôt, ne serait-ce que pour faire face aux prochains auditeurs. Il
faut être là. Mais c'est des énormes investissements. Le Plan culturel
numérique a contribué. Mais, c'est une longue marche pour nos médias pour
essayer de, oui, de mettre ensemble la mission de radiodiffusion sur toutes les
plateformes, là, dans les conditions financières qui sont les nôtres.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre de l'opposition
officielle, Mme la députée de Verdun.
Mme Melançon : Merci, merci à
vous quatre d'être présents. Je connais assez bien les radios communautaires
parce qu'on a déjà fait le tour, on s'est parlé à quelques reprises aussi.
Je veux aussi souligner pour ceux et
celles qui nous écoutent actuellement l'importance, bien sûr... là, vous l'avez
dit, en sécurité publique. On le voit... on l'a vu chez vous, là, dans le
Pontiac dernièrement. Moi, je me rappelle, là, d'un échange qu'on avait eu avec
Natashquan parce que justement il n'y a personne qui se rend là-bas puis
lorsqu'il arrive, en tout cas, des événements qui soient malheureux ou, en tout
cas, d'ordre de sécurité, le gouvernement est toujours bien, bien, bien heureux
de pouvoir se tourner vers vos radios.
Moi, je vais passer un commentaire tout de
suite puis ça aura été dit. Puis j'aurais dû le faire aussi tout à l'heure avec
les télés communautaires. Pour plusieurs, lorsqu'on parle des radios ou des
télés communautaires, on se rapporte aux années 1980 où il y avait des
problèmes majeurs de décor ou, en tout cas, où le son sonnait pas tout à fait
juste ou... juste dire aux gens, là, qui n'ont pas écouté la radio
communautaire dernièrement, c'est formidable ce que vous faites avec des
montants, en tout cas, pas substantiels dans le cas où on parle actuellement.
Mais je peux vous dire que pas plus tard que la semaine dernière, j'étais avec
CFUT. J'étais avec Robert Bernard. Et je suis allée écouter, on a du temps, on
peut échanger, on est à Shawinigan où on peut prendre le temps justement
d'échanger et bravo pour le travail que vous faites. Je voulais minimalement le
dire.
Je lisais aussi que pour arriver à boucler
la boucle... moi, je me rappelle toujours de CKRL qui fait son radiothon. Cette
année, je pense que c'est autour de 50 000 $ qu'on a été capable
d'amasser, hein, avec le radiothon. Ce n'est pas drôle d'être obligé à chaque
fois, là, de passer le chapeau. Je vais dire ça comme ça bien que ce ne soit
pas... Mais il faut que vous soyez créatifs à chaque fois.
Bien sûr, le 4 % puis là, vous me
voyez arriver, là, pourquoi le 4 %? Puis pourquoi... On doit faire
un travail, mais je pense qu'on va devoir aussi se baser ailleurs parce que ça
ne fait deux, trois, quatre ou cinq reprises qu'on essaie de faire atteindre le
4 %, là. J'ai joué dans ce film-là. Je sais de quoi il est question. C'est
super difficile puis je le disais tout à l'heure, je pense que dès qu'il va y
avoir une sortie de 1 $ qui sera fait par le ministère du Conseil exécutif
parce que c'est là où c'est rendu pour la publicité, bien, il y a 1 $ qui
part, mais il y a un pourcentage qui devrait automatiquement être versé dans un
autre compte, là, pour assurer que ça s'en aille dans les médias
communautaires. Ça, je suis prête à faire ce débat-là.
Je veux quand même vous poser la question
parce que, là, on est en radiodiffusion et je l'ai posée, vous m'avez entendue
tout à l'heure dire : Moi, j'étais surprise de voir que le gouvernement du
Québec n'ait pas voulu déposer quoi que cela soit à Ottawa et ça vous regarde,
vous aussi.
Quelle aurait été une demande que vous
auriez pu faire pour la révision des deux lois au CRTC...
Mme Melançon : ...diffusion. Et
je l'ai posée. Vous m'avez entendu, tout à l'heure, dire... Moi, j'étais
surprise de voir que le gouvernement du Québec n'ait pas voulu déposer quoi que
ce soit à Ottawa, et ça vous regarde vous aussi. Quelle aurait été une demande
que vous auriez pu faire, pour la révision des deux lois, au CRTC?
M. Bougie (Martin) : Par
rapport au gouvernement du Québec?
Mme Melançon : Oui.
M. Bougie (Martin) : Bien, en
fait... Bien là, écoutez, c'est de juridiction fédérale, là.
Mme Melançon : Oui.
M. Bougie (Martin) : Je ne
veux pas me prononcer sur... Mais, en fait, nous, dans... on a déposé un
mémoire dans le cadre de cette révision-là, puis c'est clair, bon, on parlait
des contraintes du CRTC, les contraintes... Nous... Oui, ça complexifie un peu
la gestion de nos médias, mais on pense que ça nous campe aussi dans la... ça
nous force à réaliser notre mission.
Mais la chose la plus importante, puis ça
peut toucher aussi les discussions qui ont lieu ici concernant les GAFAM de ce
monde... mais je pense que c'est aussi que l'espace canadien, mais ici,
l'espace québécois, soit ouvert aux joueurs, mais que tous les joueurs qui sont
dans cet espace-là jouent les mêmes règles du jeu, autant au niveau
réglementaire que fiscal. Alors, on ne peut plus aujourd'hui — je le
crois, c'est mon avis, et je le partage, là — tolérer qu'il y ait des
grandes entreprises qui viennent qui vont chercher nos contenus, nos revenus.
Il y a une cassure au niveau économique aussi, là. Ce n'est pas nécessairement
les producteurs de contenu qui font l'argent dans les territoires numériques,
là. Donc, c'est les fournisseurs d'accès, c'est les grands, c'est les GAFA de
ce monde. Donc, il faut que... il faut retrouver une certaine équité fiscale
dans ce monde-là.
Mme Melançon : J'ai une
question pour M. Tétreault. Tout à l'heure... Moi, je me rappelle en 2009, là,
je me rappelle de ce que vous aviez fait comme proposition. C'est très clair
dans ma mémoire. Là, vous me dites que c'est fini, mort, enterré? Parce que
j'étais pour vous... Là, vous m'avez devancée. Je voulais savoir on en était
où.
M. Tétreault (Éric) : C'est
vrai que c'est fini, mort, enterré parce que celui qui m'a aidé à mettre ça en
place, il est décédé voilà un an.
Mme Melançon : Oh!
M. Tétreault (Éric) : Il
s'appelait M. Maurice Giroux.
Mme Melançon : Oui, bien sûr,
bien sûr.
M. Tétreault (Éric) : Il a été
le membre fondateur de notre station de radio.
Mme Melançon : Bien sûr.
M. Tétreault (Éric) : Donc,
oui, à quelque part, chacun avait des intérêts un peu différents là-dedans.
Donc, tout ça est parti dans différentes directions. Moi, j'ai toujours
continué. C'est moi qui a préparé le plan d'affaires. J'avais quand même pas
mal de données de tout ça. Mais la télé avait d'autres objectifs. Il ne faut
pas oublier aussi que c'est quand même difficile d'amener... Moi, je travaille
déjà avec le privé. Je suis en partenariat avec plein de privé autour de moi.
Je n'ai aucun problème avec ça. Mais le domaine communautaire, il a d'autres
philosophies et d'autres valeurs. Ça fait que ce n'est pas toujours évident de
nécessairement amener à travailler ensemble. Mais, si, aujourd'hui, ce
projet-là serait... Nécessairement, là, 10 ans après, bien, je pense qu'on
serait un joueur... un des plus gros joueurs sur le territoire, ça, c'est sûr.
Puis la Rive-Sud, c'est grand, là, on ne
s'en rend pas compte. C'est 500 000 de population, hein? Si on prend
l'accès à environ, là, 10 minutes des ponts, et on est, quoi, cinq... il y a
cinq hebdos et trois médias communautaires. C'est comme le territoire de la
Capitale-Nationale. On n'est pas beaucoup pour couvrir tout ce qui se passe. Je
pourrais vous dire : Ils ont besoin de leurs médias communautaires, et
principalement d'une station de radio aussi. Bien, c'est pour ça qu'on est là.
Puis on n'a pas de radio régionale, il n'y a pas de télé régionale, comme
disait tantôt Catherine. Il n'y a pas... Ce n'est pas payant. Ils sont juste
l'autre bord du pont. Ce n'est pas du tout dans leurs plans. Il y a
Radio-Canada qui a essayé de faire quelque chose, à un moment donné aussi,
canal Dix30, puis ça n'a pas fonctionné.
Ça fait que notre modèle, nous, qui est, à
quelque part, sans but lucratif, avec d'autres façons de financer, c'est le
modèle qui fonctionne dans un marché extrêmement compétitif.
Mme Melançon : Je vous pose la
question parce que c'est pour les membres de toute la commission, là. Il ne
faut pas qu'on commence à dire : Oui, peut-être, est-ce qu'on pourrait
essayer de les marier de force, là? Je pense qu'on a entendu clairement qu'il y
a... Non, mais c'est vrai. C'est parce qu'on va devoir écrire quelque chose à
un moment donné, puis je voudrais que ce soit bien enregistré.
M. Tétreault (Éric) : Bien, ce
n'est pas nécessairement un mariage. C'est de nous reconnaître et d'investir.
Ce n'est pas un don, ce n'est pas... Tu sais, le 4 %, souvent... Bon,
O.K., on va lui donner le 4 % pour qu'il se ferme. Ce n'est pas ça. C'est
d'investir.
Mme Melançon : Mais...
M. Tétreault (Éric) : Puis
même, ce n'est même pas 4 %. Dans notre tête à nous, 4 %, on parlait
de ça en 1996. En 2019... c'est 6 % aujourd'hui, et c'est ça qui doit être
investi dans les médias communautaires. On parle nécessairement pour les 160
qu'il y a au Québec. C'est ça qui manque présentement, puis c'est ce coup de
pouce là qu'on a de besoin. Et ça, en plus, ce n'est même pas... c'est de
l'argent qui est déjà là. C'est de répartir différemment. Ce n'est pas de
nouvel argent.
Mme Melançon : Je voulais
surtout indiquer, M. Tétreault... c'était surtout le fait que... de dire :
Bien, on ne peut pas faire des économies d'échelle en allant mettre et la télé,
et l'écrit, et la radio ensemble. Ce n'est pas ça, le but. Parce que, vous
savez quoi? Le travail que vous faites, là, il est trop important au quotidien
pour qu'on essayait de faire des économies. Il n'y en a plus, d'économies, à
faire. Je pense que vous l'avez...
M. Tétreault (Éric) : Des
économies d'échelle, je peux vous dire, on est spécialistes là-dedans.
Mme Melançon : Ah oui!
M. Tétreault (Éric) : Ça fait
25 ans, moi, que je monte des échelles, là.
Mme Melançon : Vous l'avez
fait, l'effort.
M. Tétreault (Éric) : Je suis
pas mal spécialiste là-dedans, je peux vous dire.
Mme Melançon : Tout à fait,
tout à fait. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) :
1 min 50 s.
• (15 h 20) •
Mme Melançon : O.K.
1 min 50 s. Si on se tourne vers l'avenir, là, pour vous, il est
heureux... Parce que là, je vois que vous êtes quand même là. On s'en est quand
même...
Une voix
:
...spécialiste, là-dedans, je peux vous dire.
Mme Melançon : Tout à fait, tout
à fait. Il me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) :
1 min 50 s.
Mme Melançon : O.K.
1 min 50 s. Si on se tourne vers l'avenir, là, pour vous, il est
heureux... parce que là je vois que vous êtes quand même là, on s'en est quand
même sorti, et je voyais les chiffres, un peu plus tôt, où on démontrait qu'en
publicité il s'en était moins perdu en radio que dans les autres médias. Est-ce
que c'est vrai? Puis là je continue à vous regarder, parce que c'est vous qui
êtes...
M. Tétreault (Éric) : Bien,
oui, on a une baisse. Moi, chez nous, j'ai une baisse quand même assez
importante. C'est sûr que la radio s'en sort mieux par rapport à son format,
par rapport au numérique, ça, c'est sûr et certain. Mais nous, c'est toute la
volonté du gouvernement d'investir qui n'est pas là, parce que les montants,
c'est des montants ridicules qu'on en placement publicitaire national, c'est
ridicule, j'aime mieux même ne pas le dire comment c'est ridicule. Par rapport
à la portée qu'on a, puis les gens nécessairement qu'on rejoint sur le
territoire, c'est des montants qu'on trouve... on a bien beau essayer de
travailler avec les agences, tout le monde, il n'y a rien qui bouge, parce
qu'au gouvernement ça ne bouge pas, le lien ne se fait pas.
M. Bougie (Martin) : Parce
que... si je peux me permettre, je vous dirais que oui, au niveau de la vente
de publicité, on note surtout que la publicité locale ne décroît pas très vite,
preuve en est faite de l'importance que les commerçants voient pour la
contribution de nos radios. Mais il faut comprendre aussi que la plupart de nos
radios sont dans les marchés qui sont peu attrayants pour les grands annonceurs
nationaux commerciaux. Alors, c'est pour ça que l'impact des achats
gouvernementaux est si important.
Juste un mot sur le 4 %...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Bougie (Martin) : Pardon?
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Bougie (Martin) : Oui, je
vais juste terminer rapidement. Je veux juste le mettre... le 4 %, en 2017‑2018,
il était de 1 million à 3,2 %. Atteindre le 4 %, ça voulait dire
1,2 million divisé par les 160 médias communautaires, on parle de
7 800 $ en moyenne, annuellement, par média. Donc, ce n'est pas la
solution, c'est une partie de la solution.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt maintenant à reconnaître la députée de Taschereau
pour 2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci. Je lisais,
dans votre mémoire, que vous recommandiez que les règles soient les mêmes pour
tous, peu importe leur taille, leur nature et leur provenance. Ça veut dire
quoi?
M. Tétreault (Éric) : ...juste
par rapport à l'information locale, on en produit, on a 50 journalistes de
notre réseau, on couvre toutes les régions du Québec. Juste chez nous, c'est
cinq à huit nouvelles par jour qu'on diffuse en ondes, 13 bulletins qu'on
met sur Internet, qu'on met sur Facebook, tout ça, c'est énorme, mais on a de
la misère à faire reconnaître ça. Je regarde juste, là, les dernières semaines,
on parle rarement de ce qui est produit dans nos salles de nouvelles. On est
là, on est un joueur important au Québec.
Mme Dorion : C'est quoi, les
règles qui devraient être les mêmes pour tous?
Mme Gougeon (Mélanie) : Bien,
sur les règles... ici, on faisait aussi beaucoup référence aux règles fiscales,
j'en ai parlé tantôt, c'est l'équité fiscale, l'équité par rapport à tous les
joueurs qui sont là. Donc, oui, tu es un joueur, tu offres tes contenus ou
tes... au Québec, bien, on a des taxes à payer et il faut que ce système-là
tourne et aide à financer ceux qui produisent des contenus.
Mme Dorion : Donc, vous parlez
plus spécifiquement de quelles compagnies?
M. Bougie (Martin) : Bien,
c'est en gros les GAFA de ce monde, là, oui.
Mme Dorion : Vous en avez
parlé, d'autres en ont parlé, l'information, surtout l'information de proximité
locale est un bien public, c'est une nécessité dans une société en santé d'en
avoir, puis qu'il n'y ait pas de désert médiatique, où n'est plus capable de
comprendre notre société. Pouvez-vous nous dire... vous avez parlé de
l'économie sociale, qui est un modèle de demain pour les médias. La crise des
médias, en ce moment, nous... en tout cas nous indique un peu... c'est une des
voies peut-être à suivre. Pouvez-vous nous dire en quoi ce serait préférable
pour la qualité de l'information, pour le bien public que ça représente par
rapport à l'entreprise privée, dont la raison d'être est le profit?
M. Bougie (Martin) : Bien,
écoutez, comme on disait, dans notre présentation, il y a un écosystème en
place, l'entreprise privée a sa spécialité, nous avons la nôtre. Pourquoi une
propriété... la propriété collective, qu'est-ce que ça amène? C'est la garantie
de service. Une radio communautaire ne peut pas être achetée, sa mission ne
peut pas être changée donc, à l'heure où est-ce qu'on voit les médias.
L'entreprise privée doit maximiser le rendement, je ne porte pas de jugement,
c'est sa nature. Et l'information, ça coûte cher, ça ne rapporte rien, donc
c'est normal qu'on coupe là en premier. L'entreprise sans but lucratif, elle
est sans but lucratif, mais elle a un très grand but social. Donc...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Bougie (Martin) : ...cette
information-là, on continue à la faire et... donc la propriété collective et
aussi la participation à la gestion démocratique qui nous permet de rester
pertinents.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski pour
2 min 30 s.
M. LeBel : Merci. Chez nous, à
Rimouski, j'ai une bonne radio communautaire, qui est très présente un peu
partout. Aux Îles-de-la-Madeleine, la radio communautaire, c'est la vie des
Îles, ce n'est pas compliqué. Puis on est loin des caricatures de François
Pérusse, là, quand on parle des radios communautaires, tu sais, on est rendu
ailleurs.
Je me pose quand même une question sur le
placement média du gouvernement. Je ne me trompe pas, là, c'est le... services
partagés du Québec qui choisit, il y a une direction ou il y a une décision qui
est prise d'acheter...
M. LeBel : ... on est loin des
caricatures de François Pérusse, là, quand on parle des radios communautaires.
C'est... On est rendus ailleurs.
Je me pose quand même une question. Sur le
placement média du gouvernement. Je ne me trompe pas, là, c'est le service
partagé du Québec qui choisit. Il y a une direction qui... ou il y a une
décision qui est prise d'acheter de la publicité un peu partout. Est-ce que
vous pensez que le placement média, qui est déjà pas beaucoup dans le milieu
communautaire, dans les radios communautaires, est-ce que vous pensez qu'il est
distribué équitablement dans toutes les régions du Québec?
M. Bougie (Martin) : Non.
Premièrement, c'est une directive hein? On va se le dire. Ce n'est pas une
politique, donc il n'y a personne qui est tenu de le faire. Donc... Ensuite...
Là, j'ai perdu mon fil. Votre question était sur la...
M. LeBel : Bien, c'est parce
que c'est un groupe de fonctionnaires à Québec...
M. Bougie (Martin) : Ah!
l'équité.
M. LeBel : ... de placer
les...
M. Bougie (Martin) : O.K. Il
n'y a aucun objectif d'équité. Dans l'énoncé, il n'y a aucun objectif d'équité,
aucun objectif de couverture territoriale, rien. C'est juste une volonté de
placer un pourcentage dans les médias communautaires.
M. LeBel : Ça fait qu'on
pourrait atteindre, mettons que c'est 2 %, 3 %, là, qu'on est rendus.
Ça pourrait être... les 2 %, 3 % pourraient être focusés à Québec,
puis à Montréal, puis ils auraient atteint... Ça serait du placement dans le
milieu communautaire, puis il ne pourrait y avoir rien dans les régions.
M. Bougie (Martin) : Bien, ça
pourrait être ça, oui. C'est pour ça que nous, on prône... on rappelle que
c'est une responsabilité du gouvernement, de s'assurer qu'il va placer dans
toutes les régions puis, à ce moment-là, ce placement-là, dans les médias
communautaires, vient aider à maximiser la portée de ces messages-là.
M. LeBel : Est-ce que vous...
M. Carrier (François) : Si je
peux me permettre également...
M. LeBel : Je n'ai pas beaucoup
de temps, mais juste deux secondes. Est-ce qu'on pourrait penser que la
décision de faire du placement média dans le milieu communautaire, en
respectant l'enveloppe, pourrait être prise par des directions régionales d'une
façon équitable?
M. Carrier (François) : Je
pense que oui, il y aurait moyen de le faire. Nous, on veut juste, entre autres,
un exemple rapide, maladie de Lyme, c'est dans notre région où on peut avoir le
plus haut taux d'avoir cette maladie-là et pourtant, on n'a eu aucun placement publicitaire.
Par contre, je prends mon auto, j'arrive à Montréal, j'écoute une autre station
de radio et là, je l'entends à quelques reprises. Alors, il y a quelque chose
là-dedans, là, il y a une analyse qui n'est pas faite et même chose aussi lors
des élections municipales également, qui ont eu lieu en 2017. Ça a été vraiment
assez pitoyable. De notre côté, on avait des postes pour travailler pour les
élections, mais c'était à Gatineau qu'on entendait justement cette publicité-là,
et pas chez nous, et il y a 150 kilomètres entre les deux.
M. LeBel : C'est l'effet de la
centralisation, des décisions à Québec. Souvent, les gens qui prennent des
décisions, ils ne connaissent pas les réalités des régions et ne connaissent
pas les radios communautaires dans les régions. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Je suis prêt maintenant à reconnaître la députée de Marie-Victorin pour deux
minutes.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup à vous quatre. Moi, d'entrée de jeu, je vais répondre à l'appel de M.
Tétreault et témoigner de la qualité qu'on retrouve dans les radios
communautaires. Évidemment, je connais bien Éric. Je souligne aussi la
créativité incroyable dont ils font preuve, parce que ce n'est vraiment pas
facile, le marché de la région de Montréal, évidemment, la compétition avec les
réseaux nationaux, mais c'est tellement important d'un point de vue
démocratique, parce que sans la présence des médias communautaires comme les
vôtres, on n'aurait tout simplement pas accès à des nouvelles locales, à des
nouvelles régionales.
Tantôt, j'interpellais, donc,
l'Association des médias écrits communautaires puis... qui me faisaient part
que c'était vraiment au niveau du sentiment d'appartenance en milieu urbain
qu'il fallait travailler pour augmenter l'attractivité des médias
communautaires et, au 103,3, justement, à Longueuil, je sais, Éric, que vous
avez travaillé beaucoup sur un projet pour faire, justement, mousser ce
sentiment d'appartenance puis je trouvais que ce serait une bonne idée que tu
en fasses part ici, aux membres de la commission, comment ça a été généré.
M. Tétreault (Éric) : C'est...
Bien, moi, c'est un projet identitaire. On s'est rendu compte que sur le
territoire, l'identité manquait ou peut-être qu'il n'y avait pas de porteur de
drapeau sur l'aspect identitaire, et on a décidé, vu que la radio, c'est un
haut-parleur qui rejoint l'ensemble de la population, qui divertit puis qui
aussi, on est toujours en contact avec la population, on s'est dit : On a
un rôle à jouer là-dedans, de nécessairement s'assurer que les gens, bien ils
ont bien informés, mais aussi sont fiers d'habiter un territoire. C'est plus
facile de passer un message comme ça à la radio que de le mettre sur papier,
ça, c'est sûr et certain.
Mais nos médias, on a un mandat aussi,
bien culturel, musical, tout l'aspect identitaire, on a un mandat très
important dans notre communauté. Nous, à Longueuil, comme c'est un projet qui
nous tient à cœur, c'est vraiment de faire rayonner cette fierté-là, d'habiter
notre territoire.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Merci beaucoup pour votre contribution aux
travaux de cette commission. Je vais suspendre les travaux quelques instants
afin de permettre aux représentants de l'Association des journaux régionaux du
Québec... il y aura également interprétation simultanée. On va vous
l'expliquer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 30)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 33)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de l'Association des
journaux régionaux du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Je vous invite donc à vous présenter ainsi
que les personnes qui vous accompagnent et à procéder à votre exposé. La parole
est à vous.
Mme Goneau (Sylvie) :
Merci. Je suis Sylvie Goneau. Je suis la directrice générale de l'Association
des journaux régionaux du Québec, et Michael Sochaczevski qui est un membre du
conseil d'administration. Doris Haddock a dit : «La démocratie n'est pas
quelque chose que nous possédons, mais bien quelque chose que nous exerçons».
Notre mémoire parle justement d'un outil démocratique et l'inquiétude que les
communautés anglophones du Québec affrontent avec la menace imminente de la
fermeture des journaux anglophones communautaires. À la une, nous pouvions lire
Fermeture imminente des journaux de Capitales Médias, une triste réalité.
Mais je voudrais vous rappeler que le Stanstead Journal, un journal qui
a servi sa communauté anglophone depuis 1845 a publié son dernier journal le
28 mai 2019. 16 journaux communautaires anglophones ont fermé les
portes depuis 1980. Dans la majorité de ces instances, ces communautés n'ont
aucune autre source d'information locale. Et c'est cette même absence de
nouvelles qui contribue au sentiment d'isolement, de séparation et de
désinformation dans les communautés anglophones du Québec.
Le travail de collaboration entre le
gouvernement et le QCNA doit débuter aujourd'hui si nous voulons maintenir la
diffusion de nouvelles locales libres d'influence partisane. Le QCNA voit d'un
bon oeil cet exercice de consultation et garantit au gouvernement son entière
collaboration dans l'atteinte de nos objectifs respectifs qui est d'assurer la
survie de nos journaux locaux, leur intégrité et surtout leur indépendance
journalistique. Cette survie auquel nous faisons référence est d'une importance
vitale pour le développement, l'épanouissement et le bien-être des communautés
anglophones. Nous pouvons lire dans l'étude effectuée...
Mme Goneau (Sylvie) :
...respectifs qui est d'assurer la survie de nos journaux locaux, leur
intégrité et surtout leur indépendance journalistique. Cette survie à laquelle
nous faisons référence est d'une importance vitale pour le développement,
l'épanouissement et le bien-être des communautés anglophones. Nous pouvons lire
dans l'étude effectuée par le QCNA et financée par le Secrétariat des relations
avec les Québécois d'expression anglaise que les médias communautaires
contribuent à informer les gens sur la santé et les services sociaux, aider à
comprendre les enjeux communautaires en plus d'informer sur les décisions
politiques locales. 40 % des gens qui ont accès à un journal communautaire
se disent informés, contrairement à 25 % des gens qui n'y ont pas accès du
tout. Nous pouvons aussi lire qu'un grand nombre de citoyens n'ont tout simplement
pas accès à des médias communautaires, et, dans ces situations, 82 % de
ces citoyens se tournent vers des médias nationaux qui contiennent très peu et
souvent aucune information locale.
Nous avons choisi trois enjeux qui, dans
notre opinion, pourront faire une différence indispensable dans la viabilité
économique des journaux communautaires. Je vais vous parler de la distinction
entre le modèle d'affaires des journaux communautaires francophones et
anglophones. Voici ce qui est écrit sur le site Internet de la commission de la
culture et des communications. Être la vision est être le catalyseur d'une
culture unique, diversifiée, accessible, inclusive, laquelle appelle au partenariat
et à la participation citoyenne. Mais le Québec n'a pas qu'une seule culture,
et nous sommes un peuple diversifié, et nous devons être inclusifs.
Dans le programme de financement Soutien
aux médias communautaires écrits, il n'y a aucune considération pour cette
diversité. En français, nous définissons journaux communautaires
automatiquement comme étant un OBNL issu de la communauté, du bénévolat. Par
contre, dans la culture anglophone, la National Newspaper Association définit
journaux communautaires comme «tous journaux qui s'affichent étant engagés à
servir une communauté spécifique». Nous pouvons aussi retrouver une définition
similaire avec Wikipédia et dans les travaux universitaires. Plus de 65
journaux communautaires reçoivent un financement du ministère et seulement deux
sont anglophones. Ces journaux reçoivent en plus le fameux 4 % que
personne ne semble recevoir de publicité du gouvernement.
Nous demandons à la commission de
reconnaître que nous atteignons tous les objectifs du programme, sauf le modèle
d'affaires. Les journaux communautaires anglophones du Québec servent leurs
communautés, produisent des nouvelles originales appuyées sur la réalité locale
et encouragent la participation via son implication dans les organismes
communautaires, comme le QCGN, en plus de cultiver une attitude d'excellence
parmi ses membres. Nous rencontrons tous les critères, sauf un : nous ne
sommes pas un OBNL. Mais d'utiliser ce seul élément pour refuser l'appui aux
journaux communautaires est discriminatif en plus de démontrer une
malconnaissance du sujet, parce que seulement trois journaux sur 32 au Québec
remplissent ce critère.
M. Sochaczevski (Michael) :Mr. President, membres distingués. Thank you for hearing us and for
understanding the importance of local news. I'm a board member of the QCNA and
I'm the publisher of the The Suburban Newspaper, Québec's largest
English weekly newspaper. On Wednesdays, we publish over 100,000 copies. That
compares to 45,000 copies by the Montreal Gazette on Wednesday. We've
been in business for 50 years. We've seen and undergone much technological
change. We have survived and we have thrived. This year, we will have a loss,
and the cause is the Québec Government, not the Internet, not technological
change, not lack of customers, just the policies of the Government. Good news!
Most of these policies were inherited. But if you do not change them now, you
will preside over the demise of the community newspaper industry in Québec.
• (15 h 40) •
Four problems we can fix.
Number one: Government Public Works not using advertising for newspapers.
You've heard this before. When the last election came, Premier Legault did not
go visit Google of Facebook, but he did come to visit The Suburban and
many other local newspapers. When the Government needs to broadcast a message,
say changing the election date, they use full-page add in the newspapers
because they know people will see it and will read it. They don't put it on the
Internet where somebody might see it, they don't just put it on their Web site
and hope somebody is going to go there. But when it comes to publishing their
obligations, or public tenders, or job openings, or whatever else the
Government must advertise, then, it is OK? No, it is not. And to spend those
millions of dollars that end up in foreign pockets instead of keeping those
dollars within the province, spending...
M. Sochaczevski
(Michael) : ...when it comes to publishing
their obligations, or public tenders, or job openings, or whatever else the Government must advertise, then, it is OK? No, it is not. And to spend those
millions of dollars that end up in foreign pockets instead of keeping those
dollars within the province, spending in local media, that is foolish. And then
you bail out the papers that fail because you understand that local news is
important.
Number two, legislation
allowing municipalities to not publish their bylaws. Two years ago, legislation
was introduced, exempting municipalities from publishing their bylaws in
newspapers. This creates a lessen form of democracy and leads nowhere good.
Some municipalities continue to publish their bylaws but they pick and choose
which ones. Readers think they see everything. That's not a good situation.
...of the panel, when
was the last time you checked out your municipality's Website to see what laws
changed? Anybody? Because I didn't either. I don't know anyone who does. Are we
better off? So Hampstead saves a few thousand dollars from their multimillion
dollar budget, and its 8,000 households have no idea that it's illegal to water
their lawn on Wednesday. I'm making that out. Oh! You didn't know? Too bad,
it's on our Website. Too late, law is passed.
It's not a good idea for
anyone, but if you don't correct it fast, it will be too late, there will be no
more local media to publish in, and then you spend money bailing out the
newspaper that failed, because you understand that local news is important.
Problem three, the
recycle tax, a noble idea, gone wrong. In 2010, it was introduced to help cover
the cost of the recycling box. A few problem... paper, which is easily
recyclable and valuable and get sold for value is treated the same as the items
that have no value in the box. The tax has increased more than 500% since 2010.
Imagine your house, taxes are what, $10,000 on your house? Imagine that they're
now $50,000. Can you afford that? We can't afford the increase either.
Over the last four years,
our industry has reduced the tonnage by 20%, only to be met with an increased
cost per tonne. Imagine the suburban, the only newspaper left, we have to pay
the whole $9 million? The law doesn't work. It's ridiculous. When LaPresse stopped printing, everybody's cost per tonne jumped. We have no
input on the cost, we have no ability to decrease our share and 65% to 75% of
the recycling ends up in the garbage anyways.
If you... last one. Help
is too long and too onerous. There are good government programs. In December
2017, I applied for a grant to help study and convert our print paper into an
Internet paper, which will happen over time, but we cannot get ahead of our
readers' habits. We have moved, but we can't go faster than the readers. We
applied for the program, we paid past phase one and we didn't have phase two.
It's been two and a half years. We were the only one who could apply because
the documents were so long and so complicated to fill out. Out of 30 members of
the QCNA, we were the only ones who manage to hand in the documents and we're
still waiting, two and a half years later.
Le Président (M.
Ciccone) :Thank you, sir. Thank you very much. Nous sommes maintenant rendus à la période d'échange avec la partie gouvernementale pour
une période de 15 minutes, et je reconnais le député
deSainte-Rose.
M. Skeete :Merci beaucoup, M. le Président. Mme Goneau, thank you very much for being here.
J'aurais une question
pour vous par rapport, Mme
Goneau, en passant, par rapport...
Vous avez touché, sur un point important, notamment à l'intérieur de... Puis vu
que vous avez touché rapidement, je veux juste essayer de comprendre. Vous avez
parlé de... les affiches de santé et services sociaux, les indications
d'éducation à l'intérieur des journaux. Pouvez-vous me parler un peu plus de
ça? C'est quoi, l'impact précis dans la communauté d'expression anglaise par rapport à ces notifications-là qu'on
peut trouver dans les journaux locaux communautaires?
Mme Goneau
(Sylvie) : Merci. Dans l'étude qui a été faite
par QCNA, en collaboration avec le secrétariat — je ne redirai pas le nom parce qu'il est vraiment long — on est allés chercher,
justement, des témoignages de gens, ce qu'un journal communautaire veut dire
pour eux. Puis certains des communautaires, je les ai pris en note ici,
c'est : Nous voulons savoir ce qui se passe dans la communauté, et notre
journal est la source de cette information. Quand on a un...
Mme Goneau (Sylvie) : ...de
gens, ce qu'un journal communautaire veut dire pour eux, puis certains des
communautaires, je les ai pris en note ici, c'est : Nous voulons savoir ce
qui se passe dans la communauté, et notre journal est la source de cette
information.
Quand on a un média local dans la
communauté, on se sent informé, branché, en santé, énergisé, impliqué. Les
médias stimulent l'économie locale avec un partage d'informations sur les
emplois, sur les investissements, au niveau de la de la santé et les services
sociaux, les campagnes de vaccins, les services sociaux, en cas de sinistres,
ou l'aide, les changements au niveau des services sociaux. Ce sont tous des
éléments que les gens ont ramenés dans l'étude comme étant une source
d'information qui était vitale et primordiale à leur bien-être.
M. Skeete : Merci beaucoup
pour cette clarification-là. Vous avez aussi parlé d'une différence d'écart
entre les plans d'affaires, ce qu'on reconnaît dans le réseau francophone, pour
financer, puis vous avez parlé notamment d'une différence de définition du mot
«communautaire». Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'ajouter un peu
là-dessus.
Mme Gonin (Sylvie) : Oui.
Bien, c'est typique, pour nous, dans la culture francophone. Quand on parle de
communautaire, que ça soit le centre communautaire, tout ça, ce qu'on vient à
l'idée tout de suite, c'est, tu sais, les soupers spaghetti, le bénévolat, le
t-shirt, les activités pour les jeunes, puis tout ça.
Mais, dans la communauté anglophone, quand
on parle de «community» puis surtout «community news», «local community
newspapers», on fait référence à une nouvelle qui est locale, qui est issue du
milieu, un journal qui est enraciné dans sa communauté, qui dessert
l'information auquel les gens ont besoin pour justement se sentir branchés,
pour que la communauté puisse évoluer, s'épanouir, être vraiment... se sentir
comme si elle était vraiment partie intégrante.
Puis il faut se souvenir qu'au Québec
c'est à peu près un petit peu plus d'un million de citoyens qui sont
anglophones, c'est 13,7 partie de la population. Ils sont souvent très
isolés. Puis c'est à l'intérieur du journal communautaire qu'on se sent
justement branché puis qu'on se sent pleinement québécois, impliqué.
Donc, quand on fait allusion seulement à
un modèle d'affaires, on exclut toute la richesse que le journal communautaire
livre à sa communauté, son engagement et son dévouement de livrer une nouvelle
qui est juste, et puis qui est locale, puis qui est démocratique en même temps.
Ce n'est pas juste de l'appuyer seulement sur un mot, il faut regarder au-delà
de la formule.
Puis, je vous le garantis, il n'y a pas un
propriétaire d'un journal communautaire, au Québec, qui va faire retraite
millionnaire. Je vous le dis.
M. Skeete :
Merci beaucoup. You were ... sir, a couple of moments ago, about a fourth
problematic. You ran a little bit over time. I'd like you maybe to give us a
little bit more information about the help that's there, people, historic
Governments, this Government. The Government wants to help, but there are
problems accessing. Can you give me a little bit more detail there?
M. Sochaczevski
(Michael) : Absolutely. There was a great government program announced to help us
convert to the Internet, on today, to do a proper study, to do a study of our
readers, to do a study of what they want and how to convert it. Great program.
The documents were so onerous to do. Of the 30 newspapers in the QCNA, only one
managed to fill it out. And it had to be in French. OK. But it's just another
hurdle and another burden. And the level of detail and questions that were in
there were enormous. It took almost a full-time personal month to fill this
out. Then we hand it in. That's just phase I. Congratulations, you qualified
for phase I. Here is your prize: another document, three times as big. Now, you
fill out the documents for phase II, we hand that in, we make the deadline. And
we haven't heard since.
M. Skeete : How long ago was that, sir?
M. Sochaczevski
(Michael) : We started the process in December
2017. We finalized phase II maybe six months ago. Still waiting.
M. Skeete :OK. So, would it be fair to say that...
Because in the past budget, we doubled the allocation for the Secretary, and
one of the ways that we support communities, the Government of Quebecker that
is, is by helping build capacity. And one of the ways that we build capacity is
by helping various community groups with giving them resources in order to
access government programs that exist. That's something that's useful?
M. Sochaczevski
(Michael) : That would be wonderful. Thank you.
M. Skeete :
Wonderful?
M. Sochaczevski
(Michael) : Wonderful.
• (15 h 50) •
M. Skeete :
OK. I would like you also to speak a little bit more about the recycling tax. I
had heard about this before because I've had some conversations with...
M. Skeete : ...programs that
exists. That's something that's usefull.
M. Sochaczevski (Michael) :
That would be wonderful.
M. Skeete : OK.
M. Sochaczevski (Michael) : Thank
you.
M. Skeete : Wonderful. OK.
I would like you also to speak a little
bit more about the recycling tax. I was... I had heard about this before
because I've had some conversations with ... , not to name him, and ... was quite passionnate about
his plea about the recycling tax. Can you give me a sense? Because, I think
that Quebeckers in general would say that recycling is a good thing and that
creating any type of incentive that removes the desire of companies to produce
less paper. I think Quebeckers would tell us, «Well, you know, we like this
idea of putting a cost on waste.» Can you help me understand the bone that you
have to pick with that particular aspect of...
M. Sochaczevski (Michael) : At
the outside of the recycling taxe, we all thought it was a good idea. No
problem, we'll pay our share. Part of it was in dollars, part of it was in
advertising. We were happy to be good corporate citizens. As we worked to
reduce our tonnage, we were penalized. Ah! you worked hard, you reduced your
tonnage. Guess what? Next year per ton rate went up three times.
M. Skeete : So, you say at the
same time that you reduced your... the amount of waste...
M. Sochaczevski (Michael) : We
reduced the number of tons.
M. Skeete : The rate went up.
M. Sochaczevski (Michael) :
The rate went up to cover the difference. So, there is no incentive in the tax
because LaPresse stop printing, I got... my bill went up
three times.
M. Skeete : So, LaPresse
leaves the paper market, and then the amount doesn't change.
M. Sochaczevski (Michael) :
I'm the only guy left.
M. Skeete : So, the waste went
down, but the amount doesn'tchange, and you guys got stock whith the rest of
the bag.
M. Sochaczevski (Michael) :
Exactly.
M. Skeete : I see.
M. Sochaczevski (Michael) :
The law as it is doesn't work. It creates a disincentive. The incentive is now
print under a certain treshold and you're not to pay at all. A whole bunch of
papers don't pay at all because they're under a certain treshold. If you add up
all those papers, it's a significant amount.
M. Skeete : I see. Thank you
very much.
Mme Goneau (Sylvie) : I think
I just like to add to that. Our newspapers are archived. Newspapers are
archived because of their importance democratic informational content. Right?
They also represent the communities culture, the communities history.
Everything that happens in a community is written in the newspapers. You find
the people history and trials and tribulations, and successes. They're all
reported in newspapers. Which is why they are so important in and are achived.
Right?
M. Skeete : If I understand
your point correctly, you're trying to say then that here we are taxing this
waste, and you're saying, «Well, that's not waste, it's actually similar to a
book.»
Mme Goneau (Sylvie) : Yes.
M. Skeete : It's not recycling
a glass bottle, it's similar to a book.
Mme Goneau (Sylvie) : Exactly.
M. Skeete : Which do we tax a
book?
Mme Goneau (Sylvie) : You
don't tax a book. Right? And I understand taxing a can of empty beans but I
don't understand taxing and comparing a newspaper to a can of empty beans. I
really don't get that, and that is direspectful towards our communication, and
our transparency, and the way this civilisation communicates whith it's
population, and how the communities communicate and bind amongts each other.
This is the tool that makes a community blossom and thrive, and we are taxing
it like an empty can of soda. Something wrong whith that.
M. Skeete : Thank you for
clarifying. M. le Président, j'ai terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Maintenant, la parole est au député de Saint-Jean.
M. Lemieux : J'ai bien
entendu, Mme Goneau, votre... your president. Your chairman was also
saying that, when it started, it was a very good idea. It just went wrong
somewere. So much so, that isn't that true that, last year, under our
government, and the year before that, most of RecycleMédias extra funds needed
for that upgrade you're were talking about, and the fact that it was multplied
by two or by three because LaPresse stopped printing, it
was pardon sort of thing. There was a bigger credit last year and the year
before that was in there?
M. Sochaczevski (Michael) :
For last year.
M. Lemieux : Yes. OK. Parlons
de communties paper, madame.
Mme Goneau (Sylvie) : Excusez.
M. Lemieux : Oui, Mme Goneau.
Mme Goneau (Sylvie) : Mais
c'était quand même très minime, là, sur la facture totale, là.
M. Lemieux : Oui, oui, oui. Je
n'ai pas dit que...
Mme Goneau (Sylvie) : Oui,
oui, tu sais, parce qu'il ne faut pas dire parce que... parce qu'on a... puis
je comprends la volonté, puis, moi, je suis très reconnaissante de ce qui a été
donné, tu sais. Mais...
M. Lemieux : C'est juste ça
que je voulais entendre. C'est correct.
Mme Goneau (Sylvie) : Mais
c'est ça. Mais il ne faut pas se dire qu'on a résolu le problème.
M. Lemieux : Non, non, non.
Mais, cette année, il y a eu un énorme effort de fait dans le budget.
Je veux parler des communities newspapers.
Je comprends très bien la sémantique de l'affaire. On pourrait même faire de
l'éthymologie, puis on pourrait faire un petit peu aussi de prospective à
l'intérieur des cultures particulières, des communautés. On peut s'en aller
voir la Gaspésie, et l'importance...
M. Lemieux : ...dans le budget.
Je veux parler des «community newspapers». Je veux dire, je comprends très bien
la sémantique de l'affaire, on pourrait même faire de l'étymologie puis on
pourrait faire un petit peu aussi de prospective à l'intérieur des cultures
particulières des communautés, on peut s'en aller voir la Gaspésie et l'importance
des «community newspapers» en Gaspésie, même si, dans certains cas, ils sont
privés. Et dans votre rapport, le tableau que vous nous donnez est très
éloquent quand on compare, entre autres, les journaux francophones hors Québec
et les journaux anglophones au Québec. C'est presque inversement proportionnel,
ils sont pas mal tous OBNL francophones puis ils sont pas mal tous entreprises.
Bon.
Mais moi, ce que je veux savoir, c'est, à
part le 4 % du communautaire, là, dont on a parlé avec les médias écrits,
communautaires, avec les radios communautaires, avec les télés communautaires,
le fameux 4 %, à part ce 4 % là, qu'est-ce que ça va changer pour
vous si on considère cette façon de voir le «community newspaper» comme si
c'était un journal communautaire? J'imagine que vous demandez ça pour avoir ce
statut-là.
Mme Goneau (Sylvie) : Bien,
tout à fait, parce qu'un, on ne peut pas obtenir le 4 % à moins d'être
reconnu, puis on ne peut pas être reconnu dans le programme si on n'est pas un
OBNL. Donc, on vient systématiquement d'éliminer tous, sauf trois, journaux
communautaires anglophones de recevoir tout financement du Québec, sauf la
transformation numérique. Donc, nos homologues francophones reçoivent du
financement au fonctionnement, un appui au fonctionnement, puis nous, de notre
côté, tous les journaux ne peuvent pas y accéder. Puis là on ajoute à ça le 4 %.
Parce que si tu es reconnu à l'intérieur de ce programme-là, bien là, tu es
incorporé dans le fameux 4 % que... j'aime l'idée du 6 %, là, mais
c'est ça, tu es finalement incorporé à l'intérieur de ça.
M. Lemieux : Perhaps we can
chat on that a little bit.
M. Sochaczevski (Michael) : If
I can just add to that : If you add our proper share, not a lot, but just
our proper share... We have 1 million anglophones in the province of
Québec. If we get our proper share of advertising, and you take off the
recycling burden, and you put back the municipal bylaws having to publish,
we'll take care of ourselves, we won't need a handout, you won't need a bailout
to Groupe Capitales or anybody else.
M. Lemieux : Yes. We'll keep
talking about that for a minute and a half, because it's a level playing field
in that respect. Whatever you just mentionned, it's the same thing for most
papers in Québec in terms of the RecycleMédias tax and in terms of the other
automatic gains they have from the cities that they don't get anymore after
Bill 122 and all of that. It's a level playing field.
My question, my point was if you're the
biggest newspaper, if the suburban is so big and so business wise, why is it so
important to get the community recognition, because all you're going to get
there is 4 %?
Mme Goneau (Sylvie) : Merci,
mais juste... pardon...
M. Lemieux : He was just
teling me something important there.
M. Sochaczevski (Michael) :
The 4 % is 4 % of your spending budget. Your spending budget is
enormous. The dollars that trickle-down to my fraction of that 4 % isn't
significant for our enterprise. The trickle-down effect of the dollars kept in
this province affects the newspapers...
M. Lemieux : Sorry, I just
have 20 more seconds. I thought that, business wise, it was more a good deal
for you to get the advertising dollars than the 4 %, or eventually
6 %, that we were talking about earlier.
M. Sochaczevski (Michael) :
The advertising dollars.
M. Lemieux : Yes.
M. Sochaczevski (Michael) :
The advertising dollars coming out of...
M. Lemieux : ...the
communities...
Le Président
(M. Ciccone) : En terminant, s'il vous plaît.
Mme Goneau (Sylvie) : En fait,
dans nos recommandations puis au gouvernement, c'est... un, c'est de pouvoir
modifier la définition justement pour qu'on puisse y avoir accès, au 4 %,
mais aussi c'est d'incorporer un 13 % de publicité dirigée aux médias
anglophones, parce que ce 13 % là représente la population québécoise.
Le Président
(M. Ciccone) : Merci, Mme Goneau. Merci beaucoup. Avant de
poursuivre, est-ce que je peux avoir le consentement pour redistribuer le temps
de Mme la députée de Taschereau qui a quitté, avec les partis d'opposition?
Des voix
: ...
Le Président
(M. Ciccone) : ...l'opposition.
Des voix
: ...
Le Président
(M. Ciccone) : Merci beaucoup. Alors, je donne la parole à la
députée de Westmount—Saint-Louis pour un total de 11 min 30 s.
• (16 heures) •
Mme Maccarone : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre mémoire. J'ose espérer que d'autres
membres de la communauté vont déposer également leurs réflexions pour que les
membres de cette commission puissent en prendre connaissance, parce que ce que
vous avez partagé avec nous, c'est très important. Ça fait que merci
beaucoup...
16 h (version non révisée)
Le Président (M. Ciccone) :
...11 min 30 s.
Mme Maccarone : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre mémoire. J'ose espérer que d'autres
membres de la communauté vont déposer également leurs réflexions pour que les
membres de cette commission puissent en prendre connaissance parce que ce que
vous avez partagé avec nous, c'est très important. Ça fait que merci beaucoup.
Mme Goneau, je ne sais pas si vous voulez
compléter qu'est-ce que vous avez commencé à dire. Ça fait qu'étant donné qu'on
a deux minutes de surplus je vous cède la parole.
Mme Goneau (Sylvie) : Oui,
justement. On représente tous les journaux communautaires du Québec, donc les
membres, donc, c'est tout près de... c'est une trentaine de journaux, là,
anglophones. Et puis le 4 %, pour nous, c'est important, mais ajoutez à
ça... On représente une communauté qui est vraiment isolée. Même à l'intérieur
d'un centre urbain, une communauté, tu sais, d'expression anglaise se sent
isolée. Donc, pour nous, c'est 13,7 % de la population que les journaux
desservent. Donc, on demanderait au gouvernement, dans son budget de publicité
et puis d'annonces publiques... c'est de s'assurer que ce pourcentage-là
retourne justement vers les médias anglophones pour s'assurer que les
communautés à travers le Québec sont bien informées et bien desservies puis au
courant de ce que vous faites, parce que vous faites des bonnes choses. Il faut
s'en vanter, des fois, et vantez-vous... ce que le monde le lit.
Mme Maccarone : Merci. J'étais
super contente de voir le tableau que vous avez élaboré, avec le partenariat
que vous avez avec l'APF, l'Association de la presse francophone. Entre autres,
dans mon comté de Westmount—Saint-Louis, je fais la lecture du Westmount
Independent, Canadian Jewish News, The Suburban, The
Senior Times. Alors, j'ai trouvé ça fort intéressant de voir le partenariat
puis la collaboration que vous avez déjà en place.
J'aimerais vous entendre un peu par
rapport à, exemple, l'impact sur The Sherbrooke Record, par exemple,
parce qu'on sait que la distribution, ça se fait par l'entremise de La Tribune.
What can... just to show how it's not just
an anglophone community issue. It has a direct impact because they're tied
together, right? So the anglophone and francophone media are really... it's a
marriage, in many cases, in many of the communities. Can you explain to us a
little bit about the impact on the francophone media and how that will have a
contributing impact on the anglophone media?
Mme Goneau (Sylvie) : En fait,
dans certaines communautés, certaines communautés, je pourrais dire, sont très
choyées parce qu'on retrouve plusieurs formes de médias. On va avoir des médias
communautaires francophones et des médias communautaires anglophones. Par
contre, dans certaines autres communautés, on retrouve un ou l'autre, et puis
plusieurs endroits à travers le Québec n'ont plus aucune source de média
communautaire. Elles sont disparues presque à jamais.
Dans les communautés où on retrouve un
média communautaire, souvent, maintenant, on trouve une collaboration où il y a
une page qui est insérée à l'intérieur du journal communautaire, puis cette
page-là va représenter la communauté... si c'est un journal anglophone, soit la
communauté francophone ou, à l'inverse, ça va être une page anglophone. Mais ce
n'est pas suffisant pour nourrir la communauté, puis vraiment bien informer,
puis garder les gens à l'affût de qu'est-ce qui se passe en ce moment.
Je voudrais dire, la menace de fermeture
n'affecte pas nécessairement juste les journaux anglophones, mais on fait face
à ça quotidiennement, nous. Et puis, comme je disais, souvent, dans les
communautés où c'est un journal anglophone, quand il disparaît, il ne reste
aucune autre forme de média communautaire anglophone. Il n'en reste... Il n'y a
juste plus rien.
M. Sochaczevski (Michael) :
Nobody wants a handout, not a French paper, not an English paper. All we want
is an environment where the laws are not making it more restrictive. It's a
tough, competitive environment today. We understand that. We're rising to the
challenges. But the laws in place by the Government cannot take away from what
we had before, at a time when we're dealing with all these other changes.
Mme Maccarone : Could you tell
the members of this committee a little bit more about the impact of finding
talent, right, so journalists, for the anglophone media networks or any other
minority language networks? I know we're tied right now. We're speaking with
regards to the anglophone community. But it's not the only minority language
community that wil have a significant impact with the decline of local print
newspapers. I know, for example, The Suburban, the distribution is
completely changed in Laval, for example, not at all the same type of news, not
the same paper. In fact, it's not news, it's entertainment, right? It's
completely evolved. So what about having access to journalists and the impact
that that's had on you?
M. Sochaczevski (Michael) : Go
ahead.
Mme Goneau (Sylvie) : O.K. On
a justement le... Patrimoine Canada a financé un programme de stagiaires pour
des...
Mme Maccarone : ...what about having access to journalists and the impact that
that's had on you?
(Consultation)
Mme Goneau (Sylvie) : O.K. On
a justement le... Patrimoine Canada a financé un programme de stagiaire pour
des journalistes ou d'autres services professionnels que les journaux avaient
besoin. Puis, en région éloignée, puis même certaines régions urbaines, les
journaux qui avaient postulé puis qui voulaient avoir, justement, un stagiaire,
un journaliste, tout ça, se sont désistés du programme parce qu'ils étaient
incapables de trouver un journaliste qui était prêt à se déplacer en région. Souvent,
la subvention n'est pas adaptée aux conditions de vie, au coût de vie. Les
jeunes ne veulent pas nécessairement aller s'installer aux Îles-de-la-Madeleine
pour travailler à la radio communautaire, ou à Blanc-Sablon, ou à, tu sais, en
Gaspé pour travailler dans le journal communautaire. Et puis, ces gens-là, ils
se retrouvent avec zéro ressource puis ont déjà de la difficulté à fournir de
l'information journalistique. Souvent, ils prennent des journalistes à la pige.
Le Président (M. Ciccone) :
On poursuit.
M. Sochaczevski
(Michael) : Supply and demand. Smaller
population, smaller pool of students to pool from. Higher prices you have to
pay.
Mme Maccarone :
And less advertising.
M. Sochaczevski
(Michael) : And less... Well, advertising is there. We just have to
provide the value for the customers. We can, we will. News is important. You
understand, we understand. News is important. The format is the question. The
format today is still a hard print copy. We have 225 000 readers. I
know 20 000 of my readers are reading on line. But if I go tell my
advertisers that I have 20 000 readers on line instead of the
225 000 readers that they want to advertise to, they're not paying.
So, I will get there. We will move. But today we're still in print. And in
Laval, the Chomedey News is still in print, and all the community
newspapers in the Pontiac. It's the only source of local news available. The
economic sense is still a print newspaper today.
Mme Maccarone :
Still in print, but the distribution has significantly changed, hasn't it? I
mean we know now, for example, it's not coming in the Publi-Sac anymore because
that's too expensive. And so, we're having to be more creative in how we're
getting that news out to the community, which is of concern specifically for
our seniors, as we've mentioned here many times over and over again, so that
they're not isolated, so that they do have access to that local community news.
As a former advertiser myself, I've bought advertising, I used to. I'd sell it
often by saying — I don't know if anybody out there is
listening — that if you're trying to date somebody and you're doing
it in the dark and you're winking, the only person that knows that you're doing
it is you. So advertising is really crucial, important to get the word out
there.
You mentioned earlier,
when you were talking about the conversion to Web, and the program, and I
understand that the difficulties behind the program, all of that work and
effort that went in to working toward that, how much money did that represent
for you in terms of funding that you would have received toward a conversion
program?
M. Sochaczevski
(Michael) : How much money did we spend? Or how much money...
Mme Maccarone :
How much money... How much money did you spend and how much were you hoping to
receive as part of a subsidy?
M. Sochaczevski
(Michael) : We probably spent 10 000 $ to 15 000 $
in time and organization. We had to create a study and send it out to be
eligible. The first phase paid us back, probably about 17 000 $. So
we were even for the first phase. But now we were able to apply for
phase II. If we are successful in phase II, it could represent about
200 000 $ to help us in a year long conversion.
• (16 h 10) •
Mme Goneau
(Sylvie) : Puis le problème avec ce programme-là, spécifiquement, ici,
dans tous les membres que le QCNA a, il y a un journal seulement qui a eu la
capacité puis les ressources de remplir au complet le formulaire puis de passer
à travers du processus. Quand QCNA a approché le programme pour dire :
Nous, on voudrait avoir le financement qui va représenter l'ensemble des
membre, puis QCNA va aider avec cette transformation-là, puis nous, on va faire
l'étude, puis pour tous les différents journaux, puis aider avec la mise en
place, le gouvernement... le programme nous a répondu : Bien, on vous
donne le maximum qu'un journal peut recevoir. Bien là, j'ai dit : Bien ça,
ce n'est pas à l'avantage. Si tu me donnes le même montant que chacun... un
montant que chacun peut aller chercher, j'ai dit, moi ce n'est pas viable, puis
c'est une perte pour les journaux. Ils sont aussi bien de le faire eux-mêmes
parce qu'il y a trop d'argent sur la table. Mais il n'y avait pas d'ouverture
d'esprit pour qu'un organisme qui représente les journaux communautaires
puisse, elle, faire les démarches...
Mme Goneau (Sylvie) : ...un
montant que chacun peut aller chercher, j'ai dit, moi ce n'est pas viable, puis
c'est une perte pour les journaux. Ils sont aussi bien de le faire eux-mêmes
parce qu'il y a trop d'argent sur la table. Mais il n'y avait pas d'ouverture
d'esprit pour qu'un organisme qui représente les journaux communautaires
puisse, elle, faire les démarches pour aller chercher ces subventions-là pour
que les journaux puissent faire une transition numérique. Donc, on est encore
dans une impasse même quand les journaux veulent avancer. Puis comme organisme,
nous, on tente de faciliter cette transition-là. On a une fin de non-recevoir
du programme qui est déjà mis en place par le gouvernement.
Mme Maccarone : Vous avez
mentionné auparavant... accès aux fonds de Patrimoine Canada . Est-ce que votre
organisation a aussi accès à des fonds de patrimoine? Et les plus petits organismes
qui sont des OBNL, est-ce qu'eux, ils ont accès à, mettons, des fonds
d'ententes Canada-Québec? Et si oui, comment est-ce qu'ils peuvent faire une
application pour recevoir ces fonds-là?
Mme Goneau (Sylvie) : Mon
Dieu...
Le Président (M. Ciccone) :
En 30 secondes, 30 secondes.
Mme Goneau (Sylvie) : QCNA
reçoit son financement... une partie de son financement opérationnel par PCH,
et puis les membres, ses membres peuvent postuler sur la majorité des
programmes gouvernementaux canadiens parce que la définition n'est pas limitée
sur un plan d'affaires. Donc, ils desservent la communauté pour le gouvernement
du Canada, ils remplissent un service des langues officielles.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Rimouski
pour un temps de 3 min 15 s.
M. LeBel : Bien, j'en ai gagné
un peu, merci. Bien, bonjour. J'aimerais... il y a une semaine ou deux, là,
c'était la crise de Capitales Médias, les grands quotidiens et tout ça. Et là,
bien, les gens qui nous écoutent, ils nous entendent parler des journaux
communautaires. Ils peuvent dire, que : C'était quoi, là, qu'est-ce qui
s'est passé? Comme si on ne parlait pas de la même chose. Mais on parle des
mêmes enjeux, du droit des citoyens à avoir de l'information. Et je suis
content qu'on prenne le temps d'en parler.
Ce que vous dites, c'est par rapport à
votre communauté, c'est la même chose qu'on a dans les régions. C'est important
d'avoir des médias communautaires qui parlent de notre monde, qui parlent de
chez nous, qui parlent de nos affaires, de nos... Puis ce serait à même
important que, des fois, ce qui se passe dans votre communauté, qu'on entendre
nous autres aussi chez nous de ce qui se passe chez vous. Des fois, il faut
partager ces informations-là, je trouve ça important.
Tantôt, vous avez parlé... puis là... de
la différence entre un journal communautaire, là, puis votre définition. Il
faut trouver une solution à ça, mais, en même temps, ça voudrait dire, si je
prends votre définition, mon hebdo local devient un journal communautaire?
Mme Goneau (Sylvie) : Non,
parce que dans le programme comme tel, il y a une limitation sur le nombre de
publications. Tu ne peux pas avoir un quotidien, ça ne cadrera pas.
M. LeBel : C'est un hebdo?
Mme Goneau (Sylvie) : Il y a
un maximum de fois que le journal peut être publié pour rentrer dans la
catégorie journal communautaire.
M. LeBel : O.K. En tout cas,
il faudra regarder ça comme il faut, parce que c'est sûr que, moi, chez nous,
l'avantage, là, le journal... l'hebdo local de Rimouski, bien, c'est sûr que
c'est très communautaire, là, ils parlent des gens de chez nous, mais ce n'est
pas un journal communautaire, à notre façon. Il faudrait... en tout cas, il
faut... Mais je suis sûr qu'on est capable de faire ça, me semble, on est du
monde intelligent, on devrait être capable d'y arriver.
Mme Goneau (Sylvie) : Moi, je
pense que oui. On est allé sur la lune, apparemment, à un moment donné.
M. LeBel : Sur le recyclage...
Mme Goneau (Sylvie) : Ça,
c'est vraiment plus simple. Vous et moi, un café.
M. LeBel : On devrait être
correct. Sur le recyclage, vous avez allumé beaucoup de lumières, là. Il faut
regarder comme il faut, qu'est-ce qui s'est passé, votre explication tantôt, je
pense que ça nous alerte, là, si la loi ne donne pas les résultats.
Dans votre mémoire, vous ne parlez
nullement du fédéral, presque tous les autres mémoires en ont parlé, sur le
fait que le fédéral devrait imposer les Google, Amazon, les affaires de ce
monde pour aller chercher un peu d'argent pour aider, entre autres, le
financement des médias communautaires, protéger les journalistes, les droits
d'auteur des journalistes, et il y a une grande... ça semble faire consensus,
là, qu'il faudra faire de la pression sur le gouvernement fédéral pour
participer à résoudre le problème de la crise des médias au Québec. Est-ce que
vous êtes de cette mobilisation-là? Est-ce que vous êtes de cette réflexion-là
aussi?
Le Président (M. Ciccone) :
Dans 30... 30 seconds.
M. Sochaczevski (Michael) :The federal government gave a grant for writers this year, a tax
credit for writers this year. So we called the federal... because our taxes are
due now, we called the federal government, they said: MRQ is processing this.
We called MRQ, he says: I don't know. What do we do? There's a tax credit
available, the federal government says MRQ's taking care of it, MRQ doesn't
know what's... Please coordinate so that the programs out there, we can take
access to, please.
Le Président (M. Ciccone) :
Thank you, thank you, merci. Merci beaucoup. Je suis maintenant prêt à
reconnaître la députée de Marie-Victorin.
M. LeBel : Un petit dernier
mot?
Le Président (M. Ciccone) :
Bien, si la députée de Marie-Victorin veut laisser répondre...
M. LeBel : Ah bien non!
Garde-les, là.
Le Président (M. Ciccone) :
...pour 2 min 15 s.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup pour votre présentation. Mme Goneau, vous avez en fait commencé
votre exposé en nous expliquant la différence dans la culture anglophone versus
la culture francophone, bon, de la définition de «média communautaire»...
Le Président (M. Ciccone) :
...reconnaître la députée de Marie-Victorin. Bien, si la députée de Marie-Victorin
veut laisser répondre...
M. LeBel : Ah bien non!
Garde-les, là.
Le Président (M. Ciccone) :
...pour 2 min 15 s.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup pour votre présentation. Mme Goneau, vous avez en fait commencé votre
exposé en nous expliquant la différence dans la culture anglophone versus la
culture francophone, bon, de la définition de «média communautaire», si on
veut. Mais vous avez omis de parler... Quand même, il y a une différence, justement,
dans... entre la culture francophone et la culture anglophone dans la
philanthropie. Par exemple, on sait que dans la culture anglo-saxonne, c'est
une culture beaucoup plus ancrée. Donc, dans ce contexte-là, ma première
question serait : Pourquoi, puisque dans le milieu anglophone il y a cette
culture-là qui est plus développée, le modèle d'affaires d'économie sociale,
d'OBNL ne serait-il pas un modèle intéressant pour vos médias anglophones? Et
ma deuxième question, à laquelle vous pourrez répondre en rafale, concerne
peut-être plus spécifiquement... Je sais qu'il y a un média en Estrie, un média
anglophone, je crois, qui fonctionne par abonnement. C'est un média local. Je
me demandais si c'était une pratique répandue dans le milieu anglophone. Si
oui, pourquoi? Sinon, est-ce que ça pourrait être une voie de solution?
Mme Goneau (Sylvie) : Il y en
a... Juste pour... Je vais commencer avec votre dernière question. Il y en a,
des journaux, qui choisissent l'abonnement pour limiter le coût de distribution
justement parce que les journaux tentent de limiter les coûts le plus possible
pour pouvoir avoir une entreprise qui est viable, économiquement viable puis
pouvoir continuer à livrer la nouvelle. Donc, ils n'ont pas le choix. Puis il y
a certains endroits qu'ils couvrent tellement des grands territoires que
d'avoir une livraison à chaque porte n'aurait pas de sens non plus
nécessairement. Ça fait qu'il y a différents enjeux qui font... qui parlent de
différentes façons de livraison.
Puis, pour ce qui est du modèle
d'affaires, bien, écoutez, il y en a certains... Il y a un nouveau... Le Gleaner
avait fermé, puis là il est réouvert, il est seulement sur Web. Il n'a
pas... très peu de parutions, mais il en a quand même. C'est un OBNL
maintenant. Donc, oui, ça arrive. Le Spec, à Gaspé, c'est un OBNL. Mais,
tu sais, le Stanstead, qui a fermé, il était...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Goneau (Sylvie) : ...il a
commencé en 1845. Je veux dire, il y en a beaucoup, de ces journaux-là, ils
n'ont pas été ouverts hier, là, tu sais. Ça fait que... Tu sais, ça fait que tu
ne dis pas à quelqu'un qui a une entreprise : Ferme ton entreprise pour la
convertir en OBNL pour que tu puisses aller chercher des subventions.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Merci beaucoup pour votre contribution. Thank you very much, Sir, for
your contribution. Je suspends les travaux quelques instants pour permettre à
Hebdos Québec de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite la bienvenue aux représentants d'Hebdos Québec. Je vous rappelle
que vous disposez...
(Reprise à 16 h 20)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite la bienvenue aux représentants de Hebdos Québec. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous invite donc à vous
présenter, ainsi que la personne qui vous accompagne, ou vice versa, ou... les
personnes qui vous accompagnent, et à procéder à votre exposé. La parole est
maintenant à vous.
M. Chartier (Benoit) : Alors,
merci, M. Ciccone, de l'accueil cet après-midi à l'Assemblée nationale. On est
très heureux. Alors, je me présente, je suis Benoit Chartier. Je suis président
d'Hebdos Québec. Hebdos Québec est une association d'hebdomadaires à la
grandeur du Québec. Je reviendrai un petit peu plus tard vous expliquer
qu'est-ce qu'Hebdos Québec. Personnellement, je suis président éditeur d'un
groupe de presse qui édite cinq journaux. Entre autres, parmi les cinq journaux
que nous éditons, nous éditons Le Courrier de Saint-Hyacinthe, qui est
le doyen de la presse française en Amérique du Nord, fondé en 1853. Nous sommes
à notre 169e année d'existence. Et, je vous le dis tout de suite, on est ici
aujourd'hui, on va aller à 200 ans. C'est notre but.
Alors, ceci dit, à ma gauche, j'ai le
président de notre comité mémoire d'Hebdos Québec, notre ami Renel Bouchard,
qui a présidé le comité pour mettre à jour notre mémoire, qu'on vous a déposé
au mois de juin. M. Bouchard est aussi éditeur du journal Le Canada Français
et propriétaire de plusieurs autres journaux à travers la province de Québec.
Et à ma droite, j'ai Mme Josée Pilotte, éditrice fondatrice du journal l'Accès
Laurentides, qui est un journal publié à Saint-Sauveur, et qui est une
entrepreneuse très connue dans la région des Laurentides.
Alors, je vais vous brosser un peu le
portrait d'Hebdos Québec. Alors là, on n'est pas du tout dans le communautaire
ici, là, cet après-midi. Dans le cas d'Hebdos Québec, Hebdos Québec va parler
au nom de l'ensemble de la presse hebdomadaire régionale du Québec. Alors, on
parle de 120 hebdomadaires, 3,4 millions d'exemplaires imprimés par semaine,
distribués à chacune de vos portes, vous, les députés, dans vos comtés et à
toutes les autres portes des résidents du Québec, près de cinq millions de
lecteurs, 150 millions de chiffre d'affaires, 900 emplois directs, près de
1 200 à 1 300 emplois indirects, une couverture totale du Québec.
Comme je l'ai mentionné, chacun de vous reçoit un journal de votre comté. Nous
avons une salle de rédaction qui vous suit, chacun de vous. Vous devez
connaître probablement chaque journaliste de votre comté, qui couvre votre
territoire. Nous connaissons aussi vos attachés de politique très bien. Donc,
on est vraiment intimement liés.
Aussi, les 120 journaux qui sont publiés
au Québec depuis de nombreuses années sont tous publiés par des entrepreneurs.
C'est ça qui est important. Alors, ici, chaque éditeur, comme on peut
mentionner, est vraiment à l'affût de tout qu'est-ce qui se passe à son journal
et il est vraiment... excusez un peu l'expression, là, mais il est vraiment au
bat présentement avec la publication de ces journaux. Alors, c'est vraiment une
association qui est à but lucratif, qui existe depuis de nombreuses années, et
qui touche à l'ensemble des Québécois, et qui joue un rôle majeur dans la
démocratie. C'est qu'est-ce qui est important à mentionner.
Je vais céder la parole à mon collègue
Renel Bouchard. Parce qu'on a quand même une liste d'épicerie pour vous. Parce
que je vous avoue que les temps sont durs depuis trois ans. Bon, on a eu
l'histoire de Capitales Médias la semaine passée. C'était peut-être un peu
annoncé depuis deux ans. Mais même dans la presse régionale hebdomadaire, les
temps sont extrêmement difficiles. On parle d'une baisse majeure des revenus
pour l'ensemble des journaux depuis de nombreuses années. On ne reviendra pas,
là, sur toutes les causes de ça. Je pense qu'on les sait toutes, là. On en
parle depuis deux semaines, là, ad vitam papermanne, comme on peut dire. Et,
par contre, nous, on s'est penchés... puis on a plusieurs solutions à vous
proposer aujourd'hui.
Et alors à toi, Renel.
M. Bouchard (Renel) : O.K.,
merci. Merci de nous recevoir et de nous écouter. Alors, je voudrais attirer
votre attention, d'abord, sur le fait que la presse hebdomadaire, mais la
presse écrite en général, dans le moment, ne traverse pas seulement une crise.
On traverse un changement social qui va nous mener ailleurs, qui va changer
notre société et qui va changer surtout notre industrie, notre façon de voir.
Alors, on pense qu'on est rendus à une époque où il va falloir une forme d'aide
permanente pour la fabrication des produits journalistiques, pour soutenir le
journalisme professionnel et, forcément, nos salles de rédaction, que ce soit
les salles de rédaction des hebdos comme les nôtres ou d'autres salles de
rédaction, dans la radio ou...
M. Bouchard (Renel) :
...on est rendus à une époque où il va falloir une forme d'aide permanente pour
la fabrication des produits journalistiques, pour soutenir le journalisme
professionnel et forcément nos salles de rédaction, que ce soit les salles de
rédaction des hebdos comme les nôtres ou d'autres salles de rédaction dans la
radio ou chez les quotidiens.
Alors, les changements permanents qu'on
souhaite. Évidemment, le gouvernement, vous l'entendez depuis deux jours, vous
allez l'entendre pour le reste de la semaine, là, il faut que le gouvernement
aille chercher de l'argent chez ceux qui profitent de l'information. Et cet
argent-là, bien, on pense qu'il y en a une partie qui, de façon permanente,
doit revenir pour soutenir les salles de rédaction. Alors, on pense que la
première mesure, c'est évidemment de contribuer à 25 % de la masse
salariale des équipes qui sont nécessaires pour produire l'information dans nos
journaux.
Vous en avez entendu parler assez
largement tantôt, mais évidemment, le problème du... la taxe sur le recyclage
est très importante dans notre industrie. On remercie les deux derniers
gouvernements qui ont fait un effort important dans les deux derniers budgets
pour nous soulager un peu. Mais je voudrais juste vous faire remarquer qu'une
taxe imposée comme celle-là aux journaux pour le recyclage du papier, c'est
quelque chose qui est unique dans le monde au niveau où on parle. Alors, on ne
pense pas que les journaux au Québec devraient avoir à payer une taxe comme ça.
On pense qu'on devrait être considéré comme le livre, dans le fond, puis qu'on
aura... C'est mettre un poids supplémentaire sur les journaux à une époque où
on ne peut pas se permettre, où on n'a pas des marges de manoeuvre pour se...
pour payer ces montants-là qui sont quand même assez importants. Heureusement
le gouvernement nous a aidés dans le dernier budget, mais il n'y a rien de fait
pour le prochain. Pour la prochaine année, dans l'année 2019 qu'on
budgète, là, on n'a rien. On n'a rien de prévu. Alors, je pense que c'est un
problème important sur lequel vous devriez vous pencher pour nous aider.
Il est clair que la crise des avis publics
a frappé les hebdos plus que d'autres, parce qu'on couvre les
1 300 municipalités du Québec. Puis il ne faut pas se le cacher, là,
quand le gouvernement a permis que les avis publics sortent des journaux, ça
s'est fait à vitesse grand V. Il nous en reste. Il y a des municipalités qui
ont continué de vouloir contribuer, dans le fond, à l'information locale et
régionale de leur coin de pays, mais, la majorité, ils sont sortis. Puis il ne
faut pas se compter d'histoire, là, un avis public, dans le fond, dans un site
Web d'une grande ville, là, ça n'a pas d'impact. Puis le problème, ce que
souvent ça fait l'affaire de certains élus même, malheureusement. Alors, la
population, elle, elle mérite d'être informée, de savoir ce qu'il se passe. Et
on pense que les avis publics doivent revenir dans les journaux. Ils peuvent
revenir sous forme numérique ou sous forme papier, mais ils doivent revenir
dans des organes d'information régionaux.
Et il y a même des municipalités qui ont
commencé à se faire des bulletins, à faire leurs propres bulletins
d'information qui vont sortir aux deux semaines, par exemple, puis ils vont
vendre... Ils ont commencé à vendre de la publicité là-dedans, comme s'ils
voulaient devenir eux autres même des journaux. Alors, il y a un besoin
d'information, mais il y a un besoin d'information qui va être fait avec du
recul puis par des professionnels. On ne peut pas laisser les municipalités
s'en aller dans ce secteur-là parce que, finalement, si on laisse aller les
choses comme elles vont là, dans une dizaine d'années, on va avoir le même...
non seulement des déserts journalistiques dans certaines régions, comme vous
l'avez déjà entendu, mais en plus, la démocratie municipale va ressembler à la
démocratie scolaire qu'on a aujourd'hui, donc un désintérêt de la population
qui est généralisé. Alors, ça serait des conséquences assez graves parce que la
démocratie municipale, c'est un des piliers de notre organisation sociale au
Québec.
Je vais vous parler aussi de l'apport de
la publicité gouvernementale. Malheureusement, la publicité gouvernementale,
elle passe par un secrétariat qui a trois agences d'accréditées au gouvernement
pour gérer ces campagnes-là, et ces trois agences-là, là, la dernière chose
qu'ils veulent avoir, c'est de ce casser la tête avec des hebdos
communautaires, puis en plus encore moins avec des hebdos régionaux. Puis, avec
une centaine de journaux, pour faire des campagnes là-dedans, tout est compliqué
pour eux autres. Puis, regarde, c'est bien plus facile de prendre un gros
budget d'un million, là, puis ils mettent ça dans leur... ils ont tout formé
quasiment des compagnies soeurs pour gérer les publicités numériques. Alors,
ils font une cote comme agence de publicité, puis ils donnent le contrat... le
sous-contrat de gérer la publicité numérique, la programmatique, à une de leurs
filiales. Ça fait que, de même, c'est vite fait, c'est bien payant pour eux
autres, mais ça ne rend pas service aux citoyens du Québec. Je pense que le...
• (16 h 30) •
Nous autres, pour vous donner un exemple,
nous autres, les hebdos, on a une agence de publicité nationale qui dessert
l'ensemble de notre industrie au complet, puis qui serait très bien capable de
faire les placements publicitaires pour l'ensemble de nos journaux, puis pour
même d'autres médias aussi. Mais, quand ça passe directement par les grandes
agences de Montréal, on s'entend, là, que le Québec, ce n'est pas la
préoccupation principale, et, malheureusement, c'est mal réparti. On n'est pas
les premiers à vous le dire, mais on ne sera probablement pas les derniers.
Mais on pense qu'on devrait avoir une part importante de ces budgets-là pour
les... qui pourrait aller jusqu'à 30 % à 40 %. C'est parce que c'est
ce que représente le poids...
16 h 30 (version non révisée)
M. Bouchard (Renel) : ...par
les grandes agences de Montréal, on s'entend, là, que le Québec, ce n'est pas
la préoccupation principale, et, malheureusement, c'est mal réparti. On n'est
pas les premiers à vous le dire, mais on ne sera probablement pas les derniers.
Mais on pense qu'on devrait avoir une part importante de ces budgets-là pour
les... qui pourrait aller jusqu'à 30 % à 40 %. C'est parce que c'est
ce que représente le poids des régions...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Bouchard (Renel) : Alors,
en terminant, il y a deux aides particulières qu'on doit vous demander pour une
période de transition. Il y en a une qui nous apparaît plus importante que
d'autres...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Le temps est écoulé..
M. Bouchard (Renel) : On va
aller en parler tantôt.
Le Président (M. Ciccone) :
...mais je pense que vous allez avoir le temps de revenir, une chance de
revenir, là, je suis persuadé. Je regarde le député de Beauce-Sud. Vous avez la
parole.
M. Poulin : Oui, mais vous
pouvez continuer, monsieur, oui.
Le Président (M. Ciccone) :
Parfait.
M. Bouchard (Renel) : En fait,
je voudrais vous mentionner le fait que, quand on parle de la crise des médias,
on fait partie d'une crise qui est plus grande, qui est la crise des commerces
de proximité. Aujourd'hui, là, le petit... dans une région, une ville comme
Saint-Jean ou Saint-Hyacinthe, on a 2 000 commerces, et ces commerces-là,
c'est en grande majorité des commerces de proximité qui souffrent du Walmart,
qui souffrent d'Amazon, qui souffrent de tout ça. Donc, ils sont dans la même
crise que nous autres. Alors, une des choses qu'on vous demanderait puis qu'on
pense qu'elle pourrait aider non seulement nous autres, mais aussi ces
commerces-là, on pense que, pour une période de transition, le gouvernement
pourrait donner un crédit d'impôt additionnel. Mettons que quelqu'un a un commerce
de détail qui est propriété d'un petit commerce d'une ville. S'il décide
d'acheter de la publicité dans notre journal, soit de la publicité papier, ou
soit de la publicité numérique, parce que tous nos journaux aujourd'hui offrent
des produits numériques aussi, alors, quand il achète de la publicité chez
nous, son crédit d'impôt devrait être égal à 100... ça devrait être déductible
d'impôt à 150 % pour raffermir le lien entre les petits commerçants, qui
sont à 90 %, 95 % de nos villes, dans nos régions, et c'est la grosse
majorité de nos commerçants.
Et il faut être conscient du fait aussi
que le plus grand expert en marketing qu'un grand nombre de ces petits
commerçants là vont voir dans leur vie, ce n'est pas un V.P. marketing, ils
n'ont pas le moyen de s'en payer, puis ce n'est pas une agence de publicité
qu'ils vont voir non plus, ça prend des budgets de 50 000 $,
100 000 $ pour être capable de faire affaire avec une agence. Alors,
leur plus grand expert, entre guillemets, pour faire leur propre promotion,
c'est souvent quelqu'un de notre équipe d'hebdos, de conseillers. Alors, notre
dernière demande : on pense que, pour une période de transition, on
pourrait avoir... bon, on pourrait... Hebdos Québec, avec... à travers sa
fondation, pourrait recevoir un montant de 4 millions qui nous permettrait
de revisiter toutes les salles de vente et les salles de rédaction aussi des
100, 120 hebdos au Québec et de reformer toutes nos équipes de vente
traditionnelle à des nouveaux produits, au numérique, parce que dans nos salles
on a du personnel de tous les âges, bien entendu, mais on a du personnel, de
façon importante, dans une période de transition comme celle-là, qui doit être
recyclé pour mieux servir l'ensemble des petits commerces de nos villes, de nos
régions. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je reconnais maintenant le député de Beauce-Sud, toujours.
M. Poulin : Absolument, ce ne
sera vraiment pas très long. Félicitations pour votre mémoire très concret,
très clair, et il y a plusieurs solutions. Également, vous avez souligné le
rôle des agences de médias, vous dites des V.P. marketing, et tout ça, mais
c'est important ce que vous dites parce que souvent les concessionnaires
automobiles se font conseiller par des firmes de plein d'endroits, qui
disent : Là, ton budget, là, il faut que tu mettes au moins 80 %,
90 % sur les réseaux sociaux, c'est là que ça se passe, là, ton journal,
oublie-le. Et, je pense, pour moi, il y a non seulement une méconnaissance du
marché publicitaire, une méconnaissance d'où les gens se trouvent, au-delà de
l'importance de l'information régionale et de sauvegarder nos hebdos dans nos
localités, je pense que ces agences de marketing là, qui sont parfois des
bien-pensants, devraient plutôt se rapprocher de la réalité, je pense qu'ils
ont intérêt à vous connaître, et ça, c'est très important, c'est comme, ils ont
intérêt à connaître les médias communautaires qu'on a entendus plus tôt
aujourd'hui.
Hebdos Québec, vous avez reçu, en 2017‑2018,
un montant de 293 992 $ et, en 2018‑2019, un montant de
73 000 $ pour un total de 367 000 $, ça avait été donné
donc par une subvention pour couvrir une partie des frais liés à la réalisation
du projet intitulé Virage numérique - intégré Web Plateforme de contenu et
application mobile. J'aimerais savoir, avec ces sommes-là qui ont été remises,
ce 367 000 $, est-ce que ça atteint vos objectifs? Est-ce que ça a
permis de faire ce virage numérique là? Ça avait été donné par le ministère de
la Culture à l'époque.
M. Chartier (Benoit) :
Exactement, voilà, ça fait à peu près deux ans que le montant...
M. Poulin : Oui, effectivement.
M. Chartier (Benoit) :
...c'est la plateforme millénium, nous avons... nous nous sommes associés à une
plateforme européenne qui nous a aidés à numériser notre contenu sur les
tablettes et mobiles, mais, bon... et, en même temps, parallèlement à ça, on a
aussi... ça nous a aidés aussi à nos ateliers de montage, là, en lien à la
production de nos journaux. Écoutez, oui, ça a réussi à aller rechercher du leadership
numérique et ça a été très, très intéressant pour l'association.
Ceci dit, nous, je ne crois pas qu'à l'association
nous allons renouveler l'expérience avec...
M. Chartier (Benoit) : ...de
nos journaux, écoutez, oui, on a... ça a réussi à aller rechercher du
leadership numérique et ça a été très, très intéressant pour l'association.
Ceci dit, nous, je ne crois pas qu'à l'association nous allons renouveler
l'expérience avec ces plateformes-là. On va plus laisser chaque éditeur opérer
ces liens numériques avec la communauté.
M. Poulin : O.K. Donc, est-ce
que ce 367 000 là, vous jugez que... a permis d'atteindre les objectifs
que vous souhaitiez?
M. Chartier (Benoit) : Oui,
oui, nécessairement, là.
M. Poulin : Oui, du moins,
exploratoire.
M. Chartier (Benoit) : Du
moins, exploratoire. Mais moi, je veux revenir sur le fait des conseillers, que
vous dites, publicitaires au niveau numérique. Ça, il y a un grand rôle qu'on
ne parle pas beaucoup présentement dans la... depuis le début de la commission,
c'est le rôle des agences de publicité au Québec. Ils se sont jetés dans les
bras du GAFA carrément. Ils ont laissé tomber les médias traditionnels du
Québec.
Bon, il faut dire aujourd'hui que les
grandes agences appartiennent à tous des grands consortiums japonais, ou
européens ,ou américains, mais c'est un fait, ça, que les agences n'aident pas
les médias traditionnels, n'aident pas la presse écrite présentement, depuis
les trois, quatre dernières années, conseillent leurs clients, que ce soit le
concessionnaire automobile, le fabricant automobile ou... même à ça, à la SAQ
et/ou Hydro-Québec, là, ils font affaire avec des grandes agences, et c'est eux
qui conseillent les gens d'aller annoncer sur le GAFA, là. Et ça, c'est très,
très insidieux comme technique et, en même temps, c'est très dévastateur pour
l'ensemble des médias traditionnels.
M. Bouchard (Renel) : Puis ça
fait aussi qu'il y a beaucoup de lecteurs qui ne sont pas... beaucoup de
citoyens qui ne sont pas rejoints par ces moyens publicitaires là. Vous savez,
des fois, quand on est dans cette industrie-là qui a des passages difficiles,
on se pose des questions.
Nous autres, récemment, dans notre
organisation... on est à Victoriaville, où il y a le journal La Nouvelle.
C'est un très bon journal, qui est là depuis bien longtemps. On veut savoir
qu'est-ce que les gens pensent de notre journal. On a fait un sondage au
printemps. Bien, il y a 74,4 % de la population qui lisent notre journal
au moins une fois par semaine. C'est un journal qui est publié deux fois par
semaine. Il y a plus que deux lecteurs, dans 61 % des foyers, qui lisent le
journal, il y a plus que deux lecteurs. Puis il y a 51 % des lecteurs
seulement, de tous ces lecteurs-là, qui consultent le site Web. Et, parmi les
lecteurs, les gens de 55 ans et plus, bien, les trois quarts, là, ils
s'informent uniquement sur le papier.
Le problème des agences de publicité, pour
revenir à ce que Benoit disait, ils accélèrent un mouvement social qui est
naturel. Ça s'en va vers ça, mais eux autres, ils accélèrent ça en fonction de
leurs intérêts à eux autres, pas...
M. Chartier (Benoit) :
...parce qu'ils prennent deux cotes, c'est ça.
M. Bouchard (Renel) : Oui.
Donc, pas en fonction des besoins puis des intérêts des communautés qu'ils
desservent puis des clients qu'ils desservent, nécessairement.
Alors, il y a comme une dysfonction entre
les projections des budgets publicitaires numériques et ce que la population...
et l'endroit où la population est rendue là-dedans. Alors, c'est sûr qu'on s'en
va, à chaque année, de plus en plus vers le numérique. Mais on n'est pas là,
puis il y a une partie de la population qui n'est pas là. Il faut en tenir
compte, puis c'est important que le gouvernement en tienne compte aussi quand
il fait de la publicité.
M. Chartier (Benoit) : Ces
agences-là auraient dû être invitées à la commission et venir parler de leurs
pratiques. Moi, je vous le dis. C'est une pratique qui est... enfin, en tout
cas, ils auraient dû être invités puis ils auraient dû être ici pour répondre à
vos questions.
M. Poulin : ...un échange
préalable à ce niveau-là. L'important, c'est de laisser beaucoup l'espace,
effectivement, à vous. Mais sur les agences comme telles de placement, là,
effectivement, il y a des enjeux qui sont extrêmement spécifiques puis très
importants. Je pense que mon collègue de Richelieu avait effectivement une
question.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. À vous la parole, M. le député de Richelieu.
M. Émond : Merci, M. le
Président. J'attendais d'être reconnu...
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, mais c'est parce que je voyais des députés qui s'interpellaient, là.
Merci.
M. Émond : Merci. Merci
beaucoup. Merci pour votre présence. M. Chartier, vous êtes ici, bien sûr, à
titre de président d'Hebdos médias. Vous avez dit un peu plus tôt que vous êtes
également éditeur pour cinq hebdomadaires, dont dans ma région à Sorel-Tracy.
M. Chartier (Benoit) :
Exactement, Les 2 Rives,le si célèbre journal Les 2 Rives
de Sorel.
M. Émond : Exact. J'en profite
d'ailleurs pour saluer Marcel, Jean-Philippe avec qui j'ai eu le bonheur
d'accorder une entrevue ce midi.
M. Chartier (Benoit) : ...et
mon ami Jean-Philippe, exactement.
M. Émond : Je souligne la
présence également de Philippe, un propriétaire d'un autre journal dans un
autre coin de la Montérégie, qui suit les travaux avec beaucoup...
M. Chartier (Benoit) : ...ici
avec nous, là, qui nous écoute.
M. Émond : Exact, Philippe que
j'ai connu avec Anne-Marie dans une autre vie, puis c'est volontaire que je
nomme les gens par leur prénom, parce que, selon moi, les hebdos régionaux,
vous faites partie de la famille dans chacune de nos régions. Vous êtes
essentiels à la collectivité, puis je...
M. Chartier (Benoit) : ...on connaît
vos attachés, on vous connaît tous personnellement.
M. Émond : D'accord. Ceci
étant dit, j'ai pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de votre mot que vous
avez publié, à saveur éditoriale, dans les derniers jours, dans vos hebdos, une
pratique pas très courante, je pense. C'était la première fois que je vous
lisais, puis un véritable cri du coeur.
M. Chartier (Benoit) : Exactement.
• (16 h 40) •
M. Émond : Vous avez
mentionné, dans votre mot, un peu comme M. Bouchard l'a fait tantôt, le
retrait de la publication des avis publics de la part des municipalités, qui a
été mis en place précédemment...
M. Émond : ...je pense, c'était
la première fois que je vous lisais, puis un véritable cri du coeur.
M. Chartier (Benoit) :
Exactement.
M. Émond : Vous avez
mentionné, dans votre mot, un peu comme M. Bouchard l'a fait tantôt, le retrait
de la publication des avis publics de la part des municipalités, qui a été mis
en place précédemment. Est-ce que vous avez mesuré l'impact financier chez vos
membres d'Hebdos Québec, mais également chez vous, avec vos cinq publications?
M. Chartier (Benoit) : C'est plusieurs
centaines milliers de dollars. Et je ne comprends pas encore, là... Je
m'excuse, mais je ne comprends pas encore le gouvernement libéral, précédant le
gouvernement de la CAQ, d'avoir accepté... Nous avions fait des présentations
ici. Je suis venu ici, là, pas dans cette salle-là parce qu'elle n'existait
pas, là, je suis venu dans le salon rouge, là, dire qu'on ne devait pas retirer
les avis publics. C'était le ministre des Affaires municipales à l'époque, là,
monsieur... enfin, son nom m'échappe, là. Et, pour nous, là, déjà, voilà deux
ans, la crise était commencée dans les médias, et là, en plus, on nous enlève
les avis publics dans l'ensemble du Québec. On parle de millions de dollars
pour les hebdos.
Au-delà des sous, c'est aussi une démocratie
qu'on enlève, là. Alors, les gens veulent se tenir informés de qu'est-ce qui se
passe dans leur ville, dans leur région. Ils veulent savoir le changement de
zonage. Là, on l'envoie, comme dit Renel, sur le site Internet de la ville,
dans le troisième onglet, 10e page, en bas. Ça prend quasiment... Il faut que
tu ouvres le «sitemap» de la ville pour comprendre où aller lire l'avis. Quant
à moi, c'est carrément antidémocratique, ce geste-là. On m'avait expliqué qu'on
était en 2017, à l'époque, puis que c'était comme ça, la vie, aujourd'hui. On
m'avait même dit : S'il y avait un journal qui partirait aujourd'hui,
probablement que les avis publics seraient juste sur l'Internet. Mais, pour
nous, là, c'est assez critique puis c'est dommageable. C'est un préjudice.
M. Bouchard (Renel) : Pour
donner des chiffres, ça peut représenter à peu près 5 % du budget d'un
journal.
M. Émond : O.K. Dans votre
mémoire, vous dites également que vos hebdos sont la meilleure tribune, pour un
député, maire, pour rejoindre les électeurs en région. Nous le faisons tous, je
crois, dans nos régions respectives, publier non seulement sous forme
d'entrevue, de communiqué, mais de publicité, là, pour...
M. Chartier (Benoit) : Bien,
nous couvrons tout le...
M. Émond : Oui, oui, exact.
M. Chartier (Benoit) : Nous
sommes là tout le temps.
M. Émond : Tantôt... Je
m'excuse, tantôt, vous avez parlé des GAFA, bien entendu, avec des intervenants
précédents. On a des collègues qui ont dit que la tendance, le phénomène est là
pour rester. On n'est pas en train de dire que c'est une bonne chose ou que
c'est une mauvaise chose. Mais, dans ce contexte-là... Puis on essaie, avec
différents intervenants, de faire sortir des chiffres. Quel serait, selon vous,
le pourcentage acceptable, pour les unités gouvernementales, le gouvernement
mais les députés ou autres unités gouvernementales, pour le taux de placement
dans les médias traditionnels versus la publicité numérique dans les GAFA?
Est-ce qu'un 20 % - 80 %, un 10 % - 90 %...
M. Bouchard (Renel) : En fait,
je vais répondre à votre question, mais de façon un peu différente. Au lieu de
donner des budgets immenses, mettons, à placer sur Facebook... C'est qu'à
l'intérieur des budgets même les placements sur Facebook et les placements sur
Google ou les autres formes de publicité numérique, si vous... Il y a
aujourd'hui au moins une dizaine de formes de publicité numérique qui finissent
par rejoindre les GAFA d'une façon ou d'une autre. Alors, c'est que ces
campagnes-là, il faut prendre l'habitude... il faut que nos commerces prennent
l'habitude de les planifier justement avec des personnes locales, des gens
comme nos représentants publicitaires ou les représentants publicitaires des
quotidiens ou ceux de la radio, mais ne pas faire affaire directement avec les
GAFA ou ces choses-là. Il faut que ça... Il faut trouver un moyen... Dans le
fond, dans l'évolution de notre industrie... Nous autres, on travaille en
région, puis ce qu'on essaie de... on a commencé à chercher dans le moment,
c'est un moyen de régionaliser le fameux courant de publicité numérique. On
n'ira pas à l'encontre de la publicité numérique. On l'intègre dans nos
plateformes. Vous pouvez aller voir, par exemple, il y a un site Web qu'on a
lancé cette semaine — notre organisation, on a 21 hebdos au
Québec — ça s'appelle icisolutions.ca. Vous allez voir, là, c'est une
panoplie d'une dizaine, douzaine de formes de publicité numérique.
Alors, on est à une époque où, dans nos
hebdos, là, je peux vous dire que, d'ici très peu de temps, vous ne pourrez
plus acheter juste une publicité papier chez nous. Notre publicité, quand vous
allez l'acheter chez nous, elle va être à la fois papier, elle va être à la
fois sur votre site Web, si vous en avez un, elle va être sur un site Web d'une
autre organisation, elle va être sur votre page Facebook puis sur la page
Facebook de notre organisation automatiquement. Ça n'existera même plus, une
publicité papier comme telle. On s'en va dans la bonne direction.
M. Émond : ...bien, M.
Bouchard. Je vous remercie. Puis je vais juste passer la parole à mon collègue
de Saint-Jean pour lui permettre de poser rapidement sa question.
Le Président (M. Ciccone) :
M. le député de Saint-Jean, vous avez 50 secondes.
M. Lemieux : 50 secondes? M.
Bouchard ou M. le président, dans votre recommandation pour l'incitatif pour
les commerçants, c'est clair, là, 50 %, tout ça, mais juste avant, quand
vous l'expliquez, vous dites : Toute l'économie régionale est tributaire
de la santé des hebdos, c'est 95 % de notre chiffre d'affaires. Mais c'est
aussi bon pour tout ce monde-là, ce que vous êtes en train de demander.
M. Bouchard (Renel) :
Exactement. Ça va renforcer... Dans le fond, pour beaucoup de ces petits
commerçants là...
M. Lemieux : ...c'est
clair, là, 50 %, tout ça. Mais, juste avant, quand vous l'expliquez, vous
dites : Toute l'économie régionale est tributaire de la santé des hebdos.
C'est 95 % de notre chiffre d'affaires. Mais c'est aussi bon pour tout ce
monde-là, ce que vous êtes en train de demander.
M. Bouchard (Renel) :
Exactement, ça va renforcer, en fait... dans le fond, pour beaucoup de ces
petits commerçants-là, qui en arrachent aussi dans la crise des médias de
proximité... parce qu'ils ont des nouveaux concurrents aux autres aussi,
Amazon, qui est le plus facile à énumérer. Alors, ces gens-là, c'est une mesure
qui aiderait non seulement nous autres, mais qui aiderait tous les petits
commerces de proximité dans toutes nos villes puis nos régions.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Bouchard (Renel) :
J'ai terminé.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Formidable, formidable. Je vais passer maintenant la parole à
l'opposition officielle pour une période de 11 min 30 s. Je donne
la parole à la députée de Verdun.
Mme Melançon : Alors,
bonjour. Merci beaucoup de vous êtes déplacés. Je veux saluer les gens qui vous
accompagnent aussi derrière. Alors, merci beaucoup d'être présents. C'est
important, votre présence, et vous faites bien de dire que votre présence...
dans chacune des régions, hein, vous êtes une forme de tissu social, je vais
dire ça comme ça.
Et je vais vous poser une question, puis
je ne veux pas avoir l'air dure, mais... je sais que vous avez la réponse, mais
je veux que tout le monde puisse l'entendre. Pourquoi un annonceur se tourne
vers les GAFA actuellement?
M. Chartier (Benoit) :
Bien, pour deux raisons, peut-être trois. Un, peut-être le prix, qui est moins
cher. Deux, parce que peut-être qu'il y a une certaine agence de publicité...
ou un conseiller à l'extérieur de notre périphérie lui conseille d'aller sur le
GAFA. Et aussi peut-être au niveau du ciblage, là, parce que le GAFA, on parle
beaucoup...
Une voix
: Parce que
c'est mesurable.
M. Chartier (Benoit) :
Parce que c'est mesurable et ciblable. Alors là, ça, c'est un peu l'argument
massue qu'a le GAFA face aux médias traditionnels.
Mme Melançon : Je vous
pose la question parce que moi, là, dans Verdun, je le sais que mon hebdo va
être un peu partout, va être dans tous les commerces, va rester là pendant
plusieurs jours, va les atteindre, les gens. Plus difficile à savoir le nombre
de clics.
Mais, en même temps, est-ce qu'on peut se
dire entre nous qu'à un moment donné le nombre de clics, on peut se poser des
questions sur ce qu'on nous vend?
M. Bouchard (Renel) : En
fait, là, vous savez qu'on dit souvent dans l'industrie qu'un taux de clic de
0,08 %, moins de 1 %, c'est un bon taux de clic moyen. Bien, si un
journal est distribué à 50 000 copies, pensez-vous qu'il n'y a pas
50 personnes qui vont le lire? Voyons donc, tu sais, c'est... Le problème
qu'on a nous autres dans notre industrie, on n'est pas capables de le mesurer
sous cette forme-là, mais...
M. Chartier (Benoit) : On
n'a pas le clic officiel de l'ordinateur, du serveur, mais on peut parler quand
même de 1,5 lecteur par copie minimum. À 50 000 copies, là, on
rejoint quasiment 75 000 personnes ou...
Mme Melançon : Donc, on
peut peut-être se dire entre nous qu'il faudrait répéter ce qu'on est en train
de se dire là. Là, je vois des gens derrière qui font signe : Oui, oui,
oui. Mais on a acheté, à un moment donné, une mode, je vais dire ça comme ça.
Puis, bien sûr, là, je vous le dis, là, moi, je suis sur Facebook, je suis sur
Twitter, vous l'êtes aussi.
M. Chartier (Benoit) :
Bien, on l'est tous, on l'est tous.
Mme Melançon : Mais je
pense qu'on doit prendre... On a pris ce virage-là, mais je voulais vous poser
la question parce que je pense que c'est des choses qui doivent être dites à un
moment donné. Et le 2 mai dernier, vous en faisiez part, il y a une motion à
l'Assemblée nationale pour parler de l'exemplarité de l'État.
Moi, j'ai une question pour vous parce que
vous êtes mieux branchés que quiconque : Est-ce que vous savez s'il y a eu
ou non une directive qui a été émise par le gouvernement actuellement pour la
publicité?
M. Chartier (Benoit) :
Non.
Mme Melançon : Non, vous
ne le savez pas, ou non, il n'y en a pas eu?
M. Chartier (Benoit) :
Non, il n'y a pas eu de... On n'a pas vu de changement.
M. Bouchard (Renel) : Pas
à notre connaissance.
M. Chartier (Benoit) :
Pas à notre connaissance, là. Moi, je n'ai pas vu de changement. D'ailleurs...
Mme Melançon : D'accord.
Donc, ça, ça va être intéressant, là aussi, à ce qu'on puisse, tout le monde
ensemble, là, voir peut-être à exiger des directives de la commission parce
que, dans le fond, quand on fait une motion comme ça à l'Assemblée nationale
qui est votée...
M. Chartier (Benoit) :
Bien, il est supposé d'avoir des suites.
Mme Melançon : Bien sûr,
qui est votée à l'unanimité. Moi, je m'attendais que le 3 mai, rapidement,
qu'il y ait un sous-ministre ou une ministre...
M. Chartier (Benoit) :
Oui, mais vous allez affronter vos agences de publicité, qui vous conseillent.
Mme Melançon :
Clairement, mais c'est...
M. Chartier (Benoit) : Et
ils vont vous dire : Vous ne faites pas la bonne décision.
Mme Melançon :
M. Chartier...
M. Chartier (Benoit) :
C'est ça qu'il vont vous dire, les agences de publicité et de placement.
M. Chartier (Benoit) :
M. Chartier, est-ce que vous étiez là tout à l'heure lorsque je disais
qu'à chaque dollar qu'on veut investir... puis là je parlais aux médias
communautaires, mais, à chaque dollar qui doit sortir, bien, qu'on envoie un
pourcentage...
M. Chartier (Benoit) :
Bien oui, bien oui.
M. Chartier (Benoit) :
Bien, je pense qu'il va falloir qu'on fasse la même chose avec nos hebdos aussi
si on veut avoir la suite dans les idées.
M. Chartier (Benoit) : Ça
va prendre une loi. Ça va prendre une loi en bonne et due forme, votée à
l'Assemblée nationale, pour que ça puisse rendre... devenir réalité pour les
médias traditionnels du Québec.
• (16 h 50) •
Mme Melançon : Génial.
J'ai deux petites questions en rafale parce qu'après ça j'ai ma collègue aussi
qui veut intervenir. Le 25 % pour la masse salariale, est-ce que vous,
vous l'avez définie ou non? J'explique ma question parce que, là, il y a le
député, tantôt, de Richelieu, là, qui est allé dans mon 80-20 que je pose
depuis hier. Mais, moi, ce que je veux savoir, c'est : Dans le...
Mme Melançon : ...en rafale
parce qu'après ça j'ai ma collègue aussi qui veut intervenir. Le 25 % pour
la masse salariale, est-ce que vous, vous l'avez défini ou non? J'explique ma question,
parce que, là, il y a le député, tantôt, de Richelieu, là, qui est allé dans
mon 80-20 que je pose depuis hier, mais moi, ce que je veux savoir, c'est que,
dans le 25 % de la masse salariale, est-ce que c'est la masse salariale
juste de la rédaction? Comment vous le voyez, de la masse salariale, de votre
côté?
M. Bouchard (Renel) : Nous, on
parle de ceux... de tous les employés qui sont affectés à la production du
journal. Parce que ce n'est pas juste les journalistes, maintenant, dans les
salles de rédaction modernes, avec les nouveaux médias, on a des gens qui sont
spécialisés dans les plateformes Facebook, on a des graphistes qui sont
spécialisés pour faire à la fois des maquettes sur papier et retransmettre ça
sous forme numérique. Alors, les salles de rédaction, c'est moins... ce n'est
pas cloisonné comme avant. Alors, je pense qu'un des problèmes qu'on voyait à
l'origine dans la mesure fédérale qui a été annoncée... ça semblait trop
restrictif, ça ne représente pas les salles de rédaction modernes.
Mme Pilotte (Josée) : Nos
journalistes sont devenus multitâches aussi.
Mme Melançon : Pardon, je n'ai
pas entendu.
Mme Pilotte (Josée) : Nos
journalistes sont devenus multitâches aussi.
Mme Melançon : Ah oui, tout à
fait. Tout à fait. Tout à fait. D'accord. Excellent. M. le Président, comme
vous voulez...
Le Président
(M. Ciccone) : Je passe la parole.
Mme Melançon : Oui, c'est ça.
Le Président
(M. Ciccone) : Je passe la parole à la députée de
Saint-Laurent. À vous la parole.
Mme Rizqy : Oui,
effectivement, on n'explique pas comment ça se fait que les gens comme Facebook
et Google... Alphabet ne sont pas présents. C'est comme arriver à une scène
d'accident, prendre la déposition, des accidentés, des victimes, puis de
laisser aller le chauffard, puis on ne lui demande pas c'est quoi son avis à
lui puis comment ça se fait qu'il ne paie pas d'impôt.
Mme Pilote, je suis contente de vous voir.
Vous représentez un journal qui est aussi dans un milieu touristique, puis les
gens, souvent, quand ils arrivent dans un milieu touristique, bien, ils ne
savent pas tout ce qui se passe, mais des fois ils rentrent dans un café puis
ils l'ont, votre journal, ils peuvent savoir les différentes petites activités
qui ont lieu, à moins que je me trompe... la dernière fois, moi, je suis allée
dans les Laurentides, j'ai pu voir votre journal puis je savais qu'il y avait
quelques activités où est-ce que je pouvais prendre part.
Mme Pilotte (Josée) : Oui,
exactement.
Mme Rizqy : Donc, ça permet
aussi... il y a aussi là-dedans une économie sociale qui se crée, puis tout ce
que ma collègue disait, en matière de tissu social, que vous êtes capables de
vous maintenir en région.
Mme Pilotte (Josée) : Bien,
nous, on représente 10 municipalités, 10 petites municipalités qu'on doit faire
rayonner, c'est quand même un grand territoire. Alors, vraiment, je veux dire,
c'est un journal qui essaie vraiment de faire rayonner tous les petits
villages, tu sais, à chaque semaine, puis écrire la petite histoire à chaque
semaine de ça, d'aller à tous les conseils municipaux de chaque ville. Alors,
c'est beaucoup pour des petites salles de presse. Maintenant, on a peut-être un
journaliste, deux journalistes à temps plein, alors c'est beaucoup de travail
pour...
Mme Rizqy : Pour couvrir 10
municipalités.
Mme Pilotte (Josée) : Oui.
Oui.
Mme Rizqy : Mais, d'entrée de
jeu, on l'a mentionné, vous êtes une femme entrepreneur. Je suis pas mal
certaine que vous payez vos impôts.
Mme Pilotte (Josée) : Oui.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Chartier (Benoit) : On les
paie tous.
Mme Rizqy : Oui... Oui, bien,
j'aimerais ça entendre vraiment Mme Pilotte, à titre de... vous, vous n'avez
pas beaucoup parlé, mais vous avez quand même bien parlé, puis je vais donner
l'occasion à Mme Pilotte de pouvoir nous parler de sa réalité à titre de femme
d'affaires aussi. Vous, vous payez des impôts, vous assurez aussi la masse
salariale sur vos employés. Si je vous dis que vos revenus publicitaires,
évidemment, vous le savez, sont imposables, mais que Facebook, pour une portion
de 2,9 milliards de dollars de revenus qui ont été générés au Canada en
matière de revenus publicitaires, ont payé zéro impôt, êtes-vous heurtée?
Mme Pilotte (Josée) : Je suis
scandalisée, moi aussi. Oui. Puis c'est difficile, tu sais, je veux dire, moi,
je regarde, pour un petit journal comme moi, c'est difficile, je veux dire, on
paie énormément... on paie énormément d'impôts, on peut se le dire, alors c'est
difficile même de faire de l'argent, tu sais, pour un entrepreneur comme moi,
tu, sais, je veux dire. J'ai deux journaux, je veux dire, on fait vivre une
vingtaine de familles, je veux dire, on participe à l'économie locale, on
essaie d'inciter à l'achat local aussi, à l'esprit d'appartenance, donc, oui,
c'est scandaleux quand on entend ça, surtout qu'ils viennent voler notre
contenu.
M. Chartier (Benoit) : En
plus.
Mme Pilotte (Josée) : En plus.
Mme Rizqy : En plus. Oui. Et
là je vais reprendre mon petit chapeau de fiscaliste, si vous permettez.
Lorsque l'article 19 dans la loi de l'impôt avait été rédigé, on voulait vraiment
s'assurer que les dépenses publicitaires... on favorise la presse écrite
locale. Maintenant, on sait qu'on n'a pas modernisé la loi. Par conséquent,
tous les médias numériques peuvent avoir quand même droit à cette dépense. Il y
a évidemment une campagne fédérale qui se dessine maintenant. Il me semble
qu'il serait juste et à propos d'avoir des revendications pour le gouvernement
du Québec pour tous les partis politiques qui veulent avoir notre vote, qui
veulent nous représenter et qui sont des défendeurs de la grande démocratie. Il
me semble que la moindre des choses, c'est d'avoir une taxe GAFA puis de
moderniser justement l'article 19 de la loi de l'impôt pour s'assurer que
justement la presse écrite, non seulement soit sauvegardée, mais que notre
démocratie ne soit pas en péril.
Mme Pilotte (Josée) : Oui,
tout à fait.
Mme Rizqy : Pour la mise à
jour économique qui arrive prochainement, à l'automne 2019, au niveau du
gouvernement du Québec, pensez-vous que le Québec... avez-vous...
Mme Rizqy : ... GAFA puis de
moderniser justement l'article 19 de la loi de l'impôt pour s'assurer que justement
la presse écrite non seulement soit sauvegardée, mais que notre démocratie ne
soit pas en péril.
Mme Pilotte (Josée) : Oui, tout
à fait.
Mme Rizqy : Pour la mise à
jour économique qui arrive prochainement, à l'automne 2019, au niveau du gouvernement
du Québec, pensez-vous que le Québec... avez-vous cette demande-là face... un
peu comme à l'instar de la France, et va de l'avant avec la taxe GAFA qui
pourrait générer immédiatement, là, juste avec Facebook, je n'ai pas fait
Google, inquiétez-vous pas, je vais faire mes chiffres, je vais mettre à jour
mon tableau, mais peut générer 20 millions de dollars?
Il me semble que, dès maintenant, le ministre
des Finances du Québec peut agir, il a la capacité. Et Revenu Québec, on est
autonome, on est indépendant. On n'a pas besoin d'Ottawa pour agir. On l'a fait
pour Netflix. Maintenant, il faut s'occuper de Facebook. Pensez-vous que, dès
la mise à jour économique, on devrait avoir déjà un engagement du gouvernement
actuel?
Mme Pilotte (Josée) : Bien, je
crois que oui. Je pense que c'est clair.
Mme Rizqy : Bon, bien, moi
aussi. Moi aussi, c'est clair. Moi, je n'ai plus de question.
Le Président (M. Ciccone) :
Il reste 1 min 20 s.
Mme Rizqy : Si vous avez des
demandes, c'est le temps, là. Vous avez le micro.
M. Bouchard (Renel) : Bien, on
peut juste vous dire, par exemple, Benoit, il est propriétaire d'un journal qui
est à copie vendue, moi, Le Canada français à Saint-Jean, et nos
lecteurs paient la TPS puis la TVQ quand ils achètent leur copie. C'est facile
de ne pas payer ses taxes quand on fait affaire avec Facebook, mais, quand on
fait affaire avec nous autres, on les...
M. Chartier (Benoit) : Moi,
honnêtement, c'est incompréhensible, ce qu'on vit depuis les quatre dernières
années, là. C'est... On est comme dans un film où le monde marche à l'envers,
là. C'est de coup dur en coup dur, tout le temps, tout le temps, et on dirait
que personne... les paliers gouvernementaux ne réagissent pas à tout ça, puis
je ne suis pas le premier à le dire.
Bon, il y a eu la France, là, qui a quand
même réagi, mais on voit que Donald Trump a quand même répondu assez...
Mme Rizqy : Oui, mais ils se
sont entendus hier, là.
M. Chartier (Benoit) : Oui.
Bon, enfin...
Mme Rizqy : Alors, là, c'est
réglé. Il ne taxera pas le vin. Ils vont aller de l'avant, et il y a une
entente. Et j'aimerais juste vous répondre, avant de faire la lutte contre
les... avant de me lancer en politique, je faisais la lutte contre les paradis
fiscaux...
M. Chartier (Benoit) : Oui,
oui, oui. On vous a vue à la télévision. Oui.
Mme Rizqy : ...je le fais
encore, et j'aimerais vous dire que, dans le cas de Netflix, on l'a faite, la
bataille. Là, on va la faire pour Facebook, et aussi des choix personnels que
tous les députés...
M. Chartier (Benoit) : Puis
Google aussi...
Mme Rizqy : ...si vous
permettez...
M. Chartier (Benoit) :
...parce que Google est le plus gros joueur...
Mme Rizqy : Tout... Oui, oui. Tout
le monde. Oui, mais...
M. Chartier (Benoit) : ...qui
fait le plus mal présentement.
Mme Rizqy : Oui, absolument,
vous avez raison, là. Je prenais l'image de Facebook. Et, si vous permettez,
c'est qu'il y a une réalité. Tous les députés, on peut choisir de ne pas faire
de publicité. Moi, c'est un choix que j'ai décidé de faire. Je n'en fais pas,
de publicité sponsorisée, sur les médias sociaux. Zéro puis une barre.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup.
M. Chartier (Benoit) :
...bravo, félicitations!
M. Ciccone :
Merci beaucoup...
M. Chartier (Benoit) : Bravo!
(Applaudissements)
Le Président (M. Ciccone) :
Je vous demanderais, s'il vous plaît, de ne pas applaudir dans une salle de
commission. Je passe maintenant la parole au député de Rimouski pour
3 min 15 s.
M. LeBel : Bonjour. Pour les
avis des municipalités, je suis d'accord avec vous, mais, pour l'instant,
personne ne veut s'engager... en tout cas, du côté gouvernemental, on ne s'est
pas engagé de revenir en arrière, mais c'est certain qu'on ne peut pas faire...
on ne peut pas passer à côté de ça dans notre rapport final. Il faudra en
parler.
Sur le...
M. Chartier (Benoit) : ...son
nom m'est revenu, là, qui avait fait le changement...
M. LeBel : ...?
M. Chartier (Benoit) : ...pour
la loi des...
Une voix
: Pour la loi n° 22.
M. Chartier (Benoit) : ...la
loi n° 22. Oui, c'est ça.
M. LeBel : Le placement média,
je suis d'accord avec vous, là, c'est très centralisé, et on... aucune idée de
l'impact dans les régions. Est-ce qu'une nouvelle façon pour le gouvernement de
faire le placement média en décentralisant les décisions dans les directions
régionales des ministères pourrait être une façon de coller le placement aux
réalités des régions puis plus proche de vos journaux? Ça pourrait-u être une
façon?
M. Chartier (Benoit) : ...
M. Bouchard (Renel) : Tous les
centres de décision sont conscients de chacune des régions du Québec. C'est sûr
que ça peut avoir un... ça va avoir un impact sur les placements. Des régions
vont exister, premièrement, puis... ce qui n'est pas toujours le cas dans les
grandes agences à Montréal, puis... Bon, et puis, s'ils existent, les régions,
ils vont placer dans leur région. Ils vont avoir des budgets pour ça. C'est une
des solutions possibles. Ce n'est pas la seule, mais c'en est une.
M. LeBel : Parce que souvent
les directions régionales des ministères le voient. Les directeurs voient la situation
puis ils n'ont pas le pouvoir de placer. Ils font des activités en région, mais
ils ne peuvent pas eux autres mêmes décider de mettre une publicité dans leur
hebdo parce qu'il faut que ça passe par Dieu le Père qui est à Québec, qui
décide tout.
M. Chartier (Benoit) : ...
M. Bouchard (Renel) : ...tu
sais, il y a quelqu'un qui vous donnait l'exemple, là, la maladie de Lyme, là,
ils font la publicité à Montréal, mais il n'y en a pas, de bibitte, pour ça.
M. LeBel : Ce matin, à Radio-Canada,
à Rimouski, le propriétaire du journal Le Placoteux, c'est un hebdo du
Kamouraska, disait... Parce qu'on a proposé ici souvent, là, de... crédit
d'impôt à la masse salariale pour les journalistes ou un fonds pour les
journalistes. Le propriétaire disait : Pour faire virer un journal, il y a
l'équipe de graphisme, de publicité, etc. Quand on voit les autres secteurs
d'activité qui reçoivent de l'aide, c'est pour tous les employés. Pourquoi ne
serait pas la même chose pour nous? Il faudrait être plus équitable.
M. Bouchard (Renel) : Bien,
c'est pour ça qu'on vous dit que la taxe... le 25 % sur la masse
salariale, ce serait sur la masse salariale de tous ceux qui sont...
Mme Pilotte (Josée) : ...
M. Bouchard (Renel) : ...qui
produisent, qui sont attachés à la production du journal.
M. LeBel : Mais on a quand
même, nous autres, l'objectif de s'assurer qu'il y ait des salles de nouvelles
solides. Comment on fait pour s'assurer de tout ça?
• (17 heures) •
M. Bouchard (Renel) : Bien, tu
sais, il faut... Tu ne peux pas donner de subvention à un journal qui n'a pas
une bonne... qui n'a pas une salle de rédaction qui fait de l'allure, là. Il y
a un minimum que le... Bien, le fédéral est en train de regarder ses noms, il
veut mettre un minimum de journalistes. Il faut qu'il y ait un minimum de
journalistes, puis que ça aille même en priorité à subventionner une masse
salariale pour les journalistes. C'est une excellente chose. C'est une
excellente chose parce que tu sais... Mais je comprends la difficulté pour un gouvernement
de... quand il fait des règlements...
17 h (version non révisée)
M. Bouchard (Renel) : ...le
fédéral est en train de regarder ses noms, il veut mettre un minimum de
journalistes. Il faut qu'il y ait un minimum de journalistes, puis que ça aille
même en priorité à subventionner une masse salariale pour les journalistes,
c'est une excellente chose. C'est une excellente chose parce que, tu sais...
mais je comprends la difficulté pour un gouvernement de... quand tu fais des
règlements...
M. Chartier (Benoit) :
...tirer la ligne.
M. Bouchard (Renel) : ...de
tirer une ligne. Mais il est clair que la... c'est une priorité de
subventionner d'abord les journalistes et tous ceux qui gravitent autour.
M. Chartier (Benoit) : ...les
photographes...
M. Bouchard (Renel) : Un
photographe de presse, c'est nécessaire.
M. Chartier (Benoit) :
...secrétaires de rédaction, correcteurs, infographes, producteurs de
contenu...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. LeBel : Parce que vous
faites de l'excellent travail dans nos régions, mais vos salles de
journalistes, c'est de plus en plus petit, et on a des grandes régions. C'est
difficile à couvrir. Ça fait qu'on couvre les villes principales, puis on...
Des voix
: ...
M. LeBel : C'est ça.
M. Bouchard (Renel) : Il
faudrait inclure les pigistes parce que dans une région comme la vôtre, les
pigistes sont extrêmement importants à cause des distances qui sont grandes.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de Marie-Victorin
pour une période de 2 min 15 s.
Mme Fournier
: Merci
beaucoup. Je vais y aller rapidement. J'ai deux questions. Vous y répondrez en
rafale.
Je crois que c'est une excellente idée, le
50% de crédit d'impôt pour la publicité pour les PME, mais je vous lance la
question : Réalistement, est-ce qu'on doit rester, dans le monde de
l'information, vers un modèle d'affaires axé sur la publicité quand — on
va se parler franchement — par exemple, un quart de publicité dans un
hebdomadaire local, ça peut coûter autour... en tout cas, chez nous, ça coûte
1 000 $, ça peut être en page 15, un peu plus loin parfois, puis
je pourrais couvrir, par exemple, l'équivalent de 1,5 fois la taille de ma
circonscription pour le même montant sur les réseaux sociaux. Donc, je me
demandais si vous aviez quand même la réflexion vers un autre modèle d'affaires
qui pourrait être possible, parce que c'est ce à quoi on réfléchit, ici,
notamment, à la commission.
Deuxièmement, la question des Publi-Sac,
qui est quand même très abordée dans l'actualité par les temps qui courent, ça
représente combien, en termes financiers, pour les hebdos locaux? Je pense que
c'est important qu'on en parle. Et quelles pourraient être les solutions si ce
n'était pas des Publi-Sac?
M. Chartier (Benoit) : Je vais
répondre à la question du Publi-Sac, puis je laisserai mon collègue Bouchard
répondre à la question de la publicité. Au niveau du Publi-Sac, nécessairement,
là, il y a un enjeu majeur aussi. On en parle dans le mémoire. On n'en a pas
parlé ici, là, mais il y a un enjeu majeur en lien avec le fait que le
Publi-Sac fait partie intégrante de l'écosystème de la presse hebdomadaire au
Québec. C'est notre réseau de distribution qui nous aide à aller à chaque porte
à toutes les semaines à un coût raisonnable. Alors, c'est clair que, là, on
entend des débats, là, autour du Publi-Sac, entre guillemets, environnementaux,
qui fait que, bon, il y a peut-être quelques villes qui se questionnent à
savoir est-ce que c'est nécessaire encore et est-ce qu'on ne devrait peut-être
pas... on devrait peut-être jouer plus sévère avec le Publi-Sac. C'est sûr que
ça va avoir un impact direct sur chaque hebdo. Ça, c'est clair.
Mme Fournier
: Vous
n'avez pas le montant en particulier?
M. Chartier (Benoit) : Bien,
un montant en particulier... C'est au niveau des taux de distribution, des
coûts de distribution selon le coût de distribution et la diffusion du journal
en question. Alors, il y a des hebdos qui tirent, dans ta région... Le
Courrier...
Mme Fournier
: ...du
Sud.
M. Chartier (Benoit) : ...du
Sud est à 120 000 copies, alors, ce journal-là dépense beaucoup pour
distribuer ses journaux. Il y a d'autres journaux où c'est 20 000,
25 000 copies de diffusion. Alors, ça varie selon les journaux. Sauf qu'on
ne peut pas...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
M. Chartier (Benoit) : ...la
problématique. Le réseau du Publi-Sac est comme très important.
M. Ciccone :
Merci. Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de
la commission, et merci pour votre grande passion pour vos hebdos ici, du
Québec.
Je fais une pause pour accueillir le MPV
Radio qui prendra place dans quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 7)
Le Président (M. Ciccone) :
Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de MPV Radio. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous invite
donc à vous présenter ainsi que les personnes qui vous accompagnent et à
procéder à votre exposé. La parole est maintenant à vous pour 10 minutes.
Mme Vachon (Isabelle) :
Bonjour. Je suis Isabelle Vachon, je suis vice-présidente de MPV Radio. Je suis
accompagnée de Catherine Vachon qui est la présidente de MPV Radio, et tout de
suite, nous sommes soeurs. Alors, c'est le même Vachon, on va régler ce
détail-là tout de suite.
Alors, M. le Président, Mmes et MM. les
parlementaires, merci d'être ici. Si vous êtes ici, c'est parce que vous avez
un intérêt pour les médias, pour les médias en région, pour l'information. Le
nom de notre entreprise le dit : Radio, MPV Radio, on est propriétaires
d'aucune station de radio. Nous sommes une maison de représentation en
publicité nationale, et on va vous parler d'une ère de la guerre, on va vous
parler d'argent parce que l'argent, c'est ce qui fait vivre les médias en région
et c'est ce qui manque cruellement en ce moment.
Je suis dans cette salle et j'étais dans
le salon rouge depuis hier à écouter tous les intervenants avec énormément
d'intérêt. C'est notre raison d'être, nous, à MPV Radio, la radio régionale.
Donc, une maison de représentation en
publicité nationale spécialisée dans l'obtention des budgets publicitaires pour
les stations de radio régionales. On a bâti notre crédibilité sur notre
expérience, notre expérience du terrain, notre connaissance des médias de l'intérieur
comme de l'extérieur, en fait, Catherine et moi, on a oeuvré toute notre vie
dans les médias. C'est une entreprise familiale, MPV Radio, c'est nos parents
qui l'avait, qui l'ont bâtie. Mon père a passé sa vie dans les médias, «born
and raised», désolée d'utiliser cette expression anglaise, mais c'est vraiment
ce que nous sommes.
• (17 h 10) •
Je vous dirais que maintenant, on
représente, à ce jour, une trentaine de stations de radio au Canada, mais pour
la plupart des stations au Québec, que des stations de radio francophone. On en
a sur la Côte-Nord, dans l'Est-du-Québec, dans les Laurentides, dans les
Hautes-Laurentides, dans les Bois-Francs, la Montérégie, le Témiscamingue, la
Gaspésie, la Beauce, ça résonne. Ça nous donne, ça, une vision claire de ce qui
se passe sur le terrain et ça nous donne une légitimité aujourd'hui, même si on
est une entreprise, de vous dire comment les budgets du gouvernement ont fondu
comme neige au soleil. Ça fait 10 ans que je suis chez MPV Radio, et je
vous dirais qu'en 10 ans, la situation s'est détériorée. Il y a
10 ans, quand on avait des placements du gouvernement, c'était, pour plus
plusieurs ministères, pratiquement systématique d'utiliser toutes les stations
de radio régionales, c'était très important. Et maintenant, bien, les agences
choisissent certaines régions pour toutes sortes de raisons, mais une chose est
certaine, c'est qu'en ce moment, il n'y a aucune campagne du gouvernement qui
couvre toutes les régions du Québec. Et, nous, on négocie avec l'agence de
publicité Cossette, on les voit, les budgets, on voit ce qui se passe. Et notre
rôle, c'est de nous assurer que toutes les stations, toutes les...
Mme Vachon (Isabelle) :
...c'est qu'en ce moment il n'y a aucune campagne du gouvernement qui couvre
toutes les régions du Québec. Et nous, on négocie avec l'agence de publicité
Cossette. On les voit, les budgets. On voit ce qui se passe, et notre rôle,
c'est de nous assurer que toutes les stations, toutes les régions du Québec,
toutes les régions que nous représentons soient retenues dans la planification
des campagnes publicitaires qui touchent tous les Québécois.
Aujourd'hui, je vais vous parler
spécifiquement des placements du gouvernement du Québec, mais le gouvernement
doit quand même être un leader et montrer l'exemple. En tant que maison de
représentation en publicité nationale, on se fait la voix des stations de radio
régionales qu'on représente et, comme je vous le disais, on le constate que les
campagnes publicitaires fondent. Et quand on demande pourquoi, on nous
dit : Ah! on n'a pas d'argent. C'est indéfendable. On ne peut pas
dire : C'est parce qu'on manque d'argent. Vous avez de l'argent pour un
grand marché comme Québec, vous avez un grand... vous avez de l'argent pour
Montréal, pas d'argent pour Sorel, pas d'argent pour Baie-Comeau, pas d'argent
pour Rimouski, pas d'argent pour Sept-Îles. Il n'y a pas de citoyen de deuxième
classe au Québec, à ce que je sache. Il y a des gens qui paient des impôts et
qui ont droit d'être informés. Pas d'argent, pour nous, là, ce n'est pas une
excuse qui est justifiable.
Et c'est une situation que l'on qualifie
d'injuste, puis ça devient préoccupant quand il s'agit de messages d'intérêt
public, qui concernent la sécurité et la sécurité des Québécois. Par exemple,
on pense à des ministères comme le MSSS, des campagnes de grippe. Pourquoi
est-ce qu'on peut se justifier de dire qu'il y a certains marchés où il
n'y aura pas de publicité? Puis on parle de... Moi, j'ai des marchés exclusifs,
là. À Mont-Laurier, la station de radio qui est là, c'est la station de radio
de la région. Si vous voulez écouter autre chose, vous allez avoir
Radio-Canada, qui est une station de radio de grande qualité, mais qui n'a pas
de publicité. Mais si le MSSS veut dire à ces gens-là qu'il y a une campagne de
vaccination contre la grippe, par exemple, bien, il faut utiliser la station de
radio régionale. C'est important de le faire. C'est important de parler à ces
gens-là.
Donc, quand il est question de sécurité,
on se dit : Il y a une inéquité. Il faut absolument que tous les gens du
Québec, que tous les citoyens et peu importe leur appartenance géographique ou
démographique, doivent être exposés avec la même fréquence, la même intensité
aux messages du gouvernement. Ça, c'est une question d'équité et ce n'est pas
le cas.
Il y a des stations qu'on représente qui
en reçoivent, d'autres qui en ont une fraction et d'autres qui n'en ont pas du
tout. On est tellement dedans, je peux vous donner un exemple de ce que c'est,
une campagne qui est étrangement planifiée. Il y a eu une campagne sur les
algues bleues. C'est important, les algues bleues, dire aux gens : Lavez
vos bateaux, attention, nos lacs, nos forêts, notre écologie. Des stations des
Hautes-Laurentides, des Basses-Laurentides, de Lanaudière, de l'Estrie,
personne n'a le message. C'est incompréhensible. Pourquoi? On ne le sait pas.
Alors, c'est pour ça qu'on vous parle
aujourd'hui puis qu'on vous dit, en tant que parlementaires, en tant que
députés, il est important de s'assurer que le message passe, que vous deveniez
des leaders, de dire : Nous, on veut que ça, ça se rende aux gens qui
paient des impôts et qui ont besoin de savoir cette information-là. Et surtout
que le dollar publicitaire du gouvernement, gouvernement du Québec, c'est un
moteur d'économie régionale. Les Québécois ont le droit à une information de
qualité, peu importe la région où ils vivent, et cette information doit être
ancrée dans leur réalité. C'est ce que leur offre la radio régionale privée.
C'est un média traditionnel dont l'écoute demeure très stable au fil des ans,
mais dont la survie est menacée par un glissement des budgets publicitaires
vers le Web.
Bien sûr, on en parle depuis le début de
cette commission des fameux GAFA. Annoncer sur Google, Facebook, c'est des
dollars qui sont dépensés à l'extérieur du Québec. Les budgets publicitaires
dépensés en radio régionale sont directement injectés dans l'économie locale
pour une meilleure vitalité économique. Annoncer sur le Web en région, et ça,
c'est important pour nous, n'a pas du tout, mais pas du tout le même impact
qu'en milieu urbain car la population y a plus difficilement accès, Internet
étant souvent moins rapide, moins accessible et moins performant. On le sait,
on parle de, quoi, 340 000 familles qui ne sont pas branchées. Il y a des
analphabètes. Il y a des gens qui n'ont pas accès à l'information en région
autrement qu'en écoutant la radio régionale, et c'est vraiment important. Et
quand on nous dit parfois, lors de planifications de campagne : Nous
allons prendre les grands marchés, et, pour le reste...
Mme Vachon (Isabelle) : ...qui
ne sont pas branchés. Il y a des analphabètes. Il y a des gens qui n'ont pas
accès à l'information en région autrement qu'en écoutant la radio régionale, et
c'est vraiment important.
Et, quand on nous dit parfois, lors de planifications
de campagne : Nous allons prendre les grands marchés et, pour le reste, on
ira sur le Web, j'ai envie de leur dire : Mais faites l'inverse. C'est
dans les régions qu'on doit annoncer à la radio. Je ne dis pas de ne pas le
faire dans les grands marchés, loin de là, mais de se contenter des grands
marchés et de dire : Le Web va faire le reste pour les régions, selon
nous, c'est manquer sa cible.
D'ailleurs, il y a eu une campagne de publicité
il n'y a pas si longtemps de la SAAQ. C'était sur le cellulaire au volant. Il y
a des grandes routes qui sont extrêmement dangereuses au Québec. On pense à la
117, la 138, la 158. Les stations qui desservent la population qui vit sur ces
routes-là n'ont pas été sélectionnées dans la campagne de publicité, et, à
l'époque, le ministre Poëti avait dit : On a manqué notre cible.
Bien, il faut, selon nous, apprendre de ça
et utiliser les outils. Les stations de radio régionales, elles sont là. Elles sont
écoutées. Elles sont vivantes, mais elles veulent continuer de vivre. Et elles
ont besoin de l'argent des publicités du gouvernement, mais ce n'est pas de la
charité. C'est une meilleure distribution du budget pour que le gouvernement
puisse mieux passer son message. Donc, tout le monde gagne. Votre argent est
mieux distribué. La population est mieux informée. Et les stations de radio
reçoivent leur part de ce budget-là, et, pour nous, c'est extrêmement
important.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Vachon (Isabelle) : En
terminant, les bénéfices, bien, c'est un outil de survie essentiel pour la
radio régionale dans un contexte qui est difficile. On a parlé beaucoup de la
crise des médias, et je trouve qu'on n'a pas beaucoup parlé de la radio. Puis
je tiens à dire que la radio, c'est un média d'information, que c'est un poumon
pour les régions, puis ça permet à la culture de demeurer vivante. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Ça paraît que vous travaillez à la radio, vous avez arrêté à
zéro seconde. Bravo, bravo! Je suis prêt maintenant à reconnaître la partie
gouvernementale pour 15 minutes. Le député de Beauce-Sud, la parole est à vous.
M. Poulin : Merci beaucoup, M.
le Président. Wow! Mmes Vachon, merci infiniment pour ce beau témoignage. J'en
ai presque des frissons. J'ai fait de la radio privée. Je me souviens de voir,
dans mon «log» de radio, MPV Radio et de savoir exactement les placements
publicitaires que vous faisiez. Merci également de faire de la business en
famille. J'imagine que ce n'est pas toujours facile, mais ça permet de
traverser le temps, et ça, c'est important. Quand vous parlez que vos parents
avaient fondé l'entreprise, je suis allé voir sur votre site Internet. C'est
fort intéressant, votre historique, et j'aurais beaucoup de plaisir à discuter
plus amplement avec vous, malgré le 15 minutes qui nous est alloué pour... de
notre côté.
Je veux revenir sur la publicité
gouvernementale. Je suis extrêmement préoccupé par ce que j'ai entendu, entre
autres dans les choix publicitaires qui sont faits. On a beau investir pour
faire la conceptualisation d'une publicité, mais, si la diffusion, elle est
ratée, pour moi, la publicité n'existe pas. Et, si on fait un choix, comme société — bien,
on fait un choix aussi comme gouvernement — de faire de la
conceptualisation, de faire des publicités et qu'on les diffuse mal, pour moi,
j'y vois un grand problème.
J'imagine... On se connaît depuis quelques
secondes, mais j'imagine que vous avez déjà transmis ces revendications-là et
j'aimerais savoir la réponse que vous avez eue au Secrétariat à la
communication gouvernementale.
Mme Vachon (Catherine) : Oui,
en effet, on a fait des représentations auprès du gouvernement. On a fait des représentations
à plusieurs reprises auprès de Cossette, qui est responsable des achats, mais
pas de la planification de tous les ministères. C'est sûr que les agences
jouent un rôle très important. Et, quand on a rencontré le gouvernement...
Parce qu'en fait ça ne date pas de la crise des médias qu'on revendique une
équité dans la distribution des messages publicitaires du gouvernement au
Québec, parce que c'est une grande injustice, selon nous. Et les stations qu'on
représente se sentent vraiment comme des citoyens de seconde zone,
personnellement, parce qu'on considère qu'ils ne valent pas la peine d'être
exposés à un message et aussi comme source de revenus très importante pour
leurs stations de radio.
• (17 h 20) •
On nous a répondu que le mandat, c'était
bel et bien de diffuser en région, mais les régions, c'est comme un grand
fourre-tout. Il y a les centres urbains puis il y a les régions, puis les
régions, bien, ce n'est pas juste Sherbrooke, Trois-Rivières, Gatineau et,
bien, Rimouski, parce que c'est des villes dans lesquelles il y a des stations
régionales appartenant à des groupes comme Bell et Cogeco. Et ça, c'est des
achats, je dirais, sans vouloir être péjorative, faciles pour les agences parce
qu'elles disent : Ça y est, c'est réglé, on a acheté les réseaux, on a
acheté les régions. Vous n'êtes pas...
Mme Vachon (Catherine) :
...dans lesquelles il y a des stations régionales appartenant à des groupes
comme Bell et Cogeco. Et ça, c'est des achats, je dirais, sans vouloir être
péjorative, faciles pour les agences parce qu'ils disent : Ça y est, c'est
réglé, on a acheté les réseaux, on a acheté les régions. Vous n'êtes pas sur la
Côte-Nord, vous n'êtes pas à Baie-Comeau, vous n'êtes pas à Sept-Îles, vous
n'êtes pas à Gaspé, vous n'êtes pas à Matane, vous n'êtes pas à New Carlisle,
vous n'êtes pas à Mont-Laurier, vous n'êtes pas à Granby, et, jusqu'à tout récemment,
ils n'étaient pas à Saint-Georges de Beauce. On s'est battus bec et ongles, et
ils ont reconnu que c'était un non-sens. Donc, il y a, je pense, une... je ne
sais pas si c'est un manque de personnel, un manque de ressources.
On se fait dire aussi que c'est facile,
avec les réseaux sociaux, parce qu'on a des résultats à la semaine, en termes
de sondages et de fréquentation, alors que pour la radio... Quoique ça tend à
changer parce qu'on a maintenant une deuxième source de sondage. Mais avec
Numeris en région, pour ceux qui avaient des moyens de s'abonner, parce que ça
coûte cher : un sondage par année à l'automne. Puis c'est plus difficile
de montrer ça à ton client, que ça soit le gouvernement ou que ça soit GM, de
dire : Bon, bien, on va se fier sur les sondages d'automne, quand il y en
a un, ou des sondages d'automne sur trois ans, ou, pas pantoute, on va y aller parce
que c'est la seule station. Parce que c'est facile de comprendre que, quand tu
es dans un marché exclusif puis qu'il y a une station de radio, bien, les gens
écoutent cette station de radio là, tu sais? Mais c'est plus difficile à
défendre. C'est un peu la lecture que nous, on en fait.
M. Poulin : Non, mais vous
avez raison. Nous, on a fait de nombreux sondages en Beauce, puis j'étais, le
matin, le plus écouté, toutes radios de Québec concurrentes dans ma région.
Puis c'est vrai, puis ça augmentait vite à part de ça. Ça allait super bien.
Mais l'enjeu que vous soulevez est très
important sur le snobisme envers les régions du Québec. Et, depuis que je suis
député, donc, ça ne fait même pas un an, on doit se battre dans tous les ministères,
partout à travers le Québec, pour rappeler c'est quoi, les régions du Québec.
Donc, ce que vous nous dites aujourd'hui ne me surprend pas.
Et vraiment, ce n'est pas des compétitions
entre régions, c'est une méconnaissance et/ou un snobisme qu'il y a, que ce
soit lorsqu'on développe des programmes, lorsqu'on fait de la politique
publique, où on oublie effectivement certaines régions du Québec. Alors moi, je
ne suis pas surpris, tout en étant surpris, en étant préoccupé sur le fait
qu'on exclut certaines régions de messages publicitaires.
Alors, vous nous dites : Ça ne date
pas d'hier. Sachez qu'on va tenter de trouver la solution afin de sensibiliser davantage
aux gens qui font les achats. Oui, effectivement, il y a Cossette qui peut
faire certains placements publicitaires, mais, d'abord et avant tout, ça passe
de la commande puis d'une volonté du client...
Mme Vachon (Isabelle) : Voilà,
c'est la commande. Tout est là.
M. Poulin : ...exactement, la
volonté du client de bien faire ces placements publicitaires à la grandeur du Québec.
Et ça ne coûte pas plus cher, vraiment, là. C'est des choix qu'il faut faire.
Mme Vachon (Isabelle) : Les
gens qui vivent en région, là, ce n'est pas une punition, c'est un désir. C'est
un plaisir de vivre là et d'être là. Et c'est vrai qu'il y a toujours quelque
chose d'un peu péjoratif quand on parle des régions. Non, les régions, c'est
les régions, c'est des gens qui sont là, c'est des entreprises qui sont belles,
des gens qui ont envie de vivre là, qui ont envie d'avoir leurs budgets
publicitaires, ils ont envie d'entendre parler de vous, ils ont envie
d'entendre ces messages-là. Et surtout, dans les régions, bien, il n'y a pas de
«mixed media» autant que dans les grands centres. Donc, la radio devient encore
plus importante. Ça devient un véhicule important et majeur.
Mme Vachon (Catherine) : Pour
ajouter peut-être à une question qui avait été posée : Quel serait le
pourcentage idéal de répartition publicitaire entre les GAFA et les médias
traditionnels?, on ne peut pas répondre à cette question-là facilement parce
qu'en région justement, comme il n'y a pas de «mixed media», bien, il devrait y
en avoir plus, puis, en plus, ils n'ont pas accès à Internet haute vitesse
encore. Ça va sûrement venir. Donc, il devrait y en avoir plus. Donc, c'est une
répartition... c'est un travail, puis ce travail-là, je ne suis pas certaine
qu'il est fait correctement. Puis c'est un snobisme, peut-être, oui, mais c'est
surtout une méconnaissance, tu sais?
M. Poulin : Oui. Bien, on en
est là. Puis, avant de céder la parole à mon collègue le député de Saint-Jean,
je pense que, si... Et c'est pour ça que, tout à l'heure, on l'a abordé, les
agences de presse, la façon dont on explique à nos clients où ça fonctionne, où
ça fonctionne moins. J'étais à Chapais-Chibougamau, cet été, la radio, le
journal a un rôle clé hyperimportant, on fabrique des vedettes locales incroyables
avec nos stations de médias... nos stations de radio et nos différents médias.
Alors, c'est évident qu'il va falloir faire un tour de roue supplémentaire.
Mais, si le gouvernement donne l'exemple, je pense qu'il y a bien des gens qui
vont suivre par la suite. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Saint-Jean.
M. Lemieux : J'ai déjà animé Génies
en herbe, alors on va... Vous vous souvenez comment ça marchait, Génies
en herbe? Là, on est rendus à la fin, ça va aller vite. Je veux juste
savoir, dans votre vision des choses et dans la pratique que vous faites, est-ce
que c'est la même chose, selon vous, dans les mêmes marchés, pour l'écrit?
Mme Vachon (Catherine) : Je
suppose que oui. Je suppose que oui...
M. Lemieux : ...comment ça
marchait, Génies en herbe, là on est rendus à la fin, ça va aller vite.
Je veux juste savoir, dans votre vision
des choses et dans la pratique que vous faites, est-ce que c'est la même chose,
selon vous, dans les mêmes marchés pour les...
Mme Vachon (Catherine) : Je
suppose que oui. Je suppose que oui. Nous, évidemment, c'est la radio qui est
notre client, mais la façon dont on se fait répondre, dans les agences, sur la
façon dont les choses sont planifiées... C'est sûr que nous, on est tributaires
des réseaux, des réseaux de radio. Donc, quand ils disent qu'ils s'en vont...
on couvre les régions, je m'excuse, Rimouski, bien, ça ne couvre pas New
Carlisle.
M. Lemieux : Ah! puis ils ont
leur propre station à New Carlisle...
Mme Vachon (Isabelle) : Oui,
c'est ça, mais pas achetée...
Mme Vachon (Catherine) : Mais
pas achetée. c'est ça.
M. Lemieux : Et René Lévesque
était... Oui, là, je sais bien... Mais non, mais, je veux dire, ça ne couvre
pas New Carlisle. Bien, vous n'auriez pas gagné à Génies en herbe, c'est
juste cinq secondes.
L'autre question relativement
rapide : Est-ce que c'est la même réalité... je n'essaie pas de ménager le
gouvernement là-dedans, là, mais vous avez d'autres gros clients à part le gouvernement,
hein? Vous avez parlé de GM, vous avez d'autres gros clients nationaux. Est-ce
que c'est le même combat?
Mme Vachon (Isabelle) : Pas
pour tous les clients.
M. Lemieux : Parce que...
Mme Vachon (Isabelle) : Parce
qu'il y en a qui reconnaissent la valeur de la radio régionale et qui l'utilise
amplement. Il y a des grands clients qui regardent où sont leurs concessions.
S'il y a une station de radio, il l'achète systématiquement, et ça existe.
Mme Vachon (Catherine) : On a
des franchisés... prenons un exemple au hasard, McDonald ou Tim Horton, à
Mont-Laurier, s'il y a de la publicité nationale sur sa station de radio locale
et qu'il voit un impact direct sur ses ventes, il reconnaît la valeur de
l'apport publicitaire en radio, bien, il va revenir.
Mais juste pour ajouter, le gouvernement,
ce n'est pas un client comme les autres. Le gouvernement, en plus de vouloir
rejoindre, avec une stratégie efficace, le plus de gens possible, a le
devoir... bien, un devoir moral, d'équité. Donc, c'est ça qu'on défend, mais
là, en plus, s'ajoute la question de survie dans le cas d'une crise. Ça fait
que là, ce n'est plus une question juste d'un budget qu'on n'a pas, puis qu'on
devrait avoir, puis que ce n'est pas juste. C'est que là cet argent-là, on en a
besoin pour notre survie.
Ça fait qu'avant de parler d'opération
sauvetage, si on pouvait juste régler cette question-là qui est un «win-win»,
là, bien, au moins, on aurait un petit bout de chemin de fait puis, après ça,
on verra s'il y a d'autres solutions qui pourraient être apportées.
M. Lemieux : Je suis tout à
fait d'accord, d'autant plus que c'est une responsabilité, de la part du
gouvernement, de parler à chaque citoyen, quelle que soit l'urgence, ou la
cause, ou la raison, là. En quelque part, il n'y a pas de citoyen de deuxième
zone, mais il y en a qui sont dans une zone... Moi, je dis toujours que
Montréal, c'est juste l'autre moitié du Québec, hein? C'est méchant de le dire
comme ça, mais, en quelque part, quand on est dans les régions, on finit par le
voir, là, en quelque part.
Vous alliez dire quelque chose, je vous ai
coupées.
Mme Vachon (Isabelle) : Bien,
j'allais dire que le seul moment où le gouvernement utilise toutes les
stations... bien, pas le gouvernement, mais quand c'est le temps des élections,
quand c'est le temps de faire sortir le vote, le DGEQ achète systématiquement à
toutes les stations de radio.
Une voix
: Puis les
partis, hein?
Mme Vachon (Catherine) : Les
partis, non.
Mme Vachon (Isabelle) : Non,
pas les partis.
M. Lemieux : Justement, faites
notre éducation et puis... à moins que des mains se lèvent de mon côté de la
table, il nous reste 3 min 10 s.
Une voix
: On est les
derniers, on peut continuer.
M. Lemieux : Non, non, mais il
y en a d'autres.
Le Président (M. Ciccone) :
Quatre minutes.
M. Lemieux : Quatre minutes.
C'est encore mieux. Faites notre éducation, parce que j'ai travaillé toute ma
vie dans les médias, mais le placement média, ça reste encore un mystère, puis
je pense que c'est parce que les gens qui travaillent dedans veulent que ça
reste... En quelque part, c'est dur à suivre. Même quand on est dans les
médias, c'est dur à suivre, pourquoi, vous, vous faites ça, pourquoi ils ont
besoin d'intermédiaires, pourquoi vous faites juste ceux là puis pas les
autres, parce qu'il y en a d'autres, indépendants.
Mme Vachon (Catherine) : Bien,
dans les régions, ils n'ont pas... la vente nationale, c'est très différent de
la vente locale, où les gens ont leur représentant sur place qu'ils vont
rencontrer, les commerces de proximité, puis, bon, ils se connaissent et tout.
Pour la vente nationale, c'est de la
négociation avec des agences du Québec, de Toronto, même des États-Unis, puis
ça prend, disons, une expertise un peu différente. Et nous, pourquoi on a une
expertise en radio régionale? Parce que des grands groupes ont déjà une force de
vente qui est capable de faire ça pour leurs stations.
M. Lemieux : Là, vous venez de
mettre le doigt sur... pas une partie du problème, mais une partie de la raison
pour laquelle le grand public ne comprend pas. Quand on dit «nationale», dans
la tête du monde, c'est nationale. Alors, quand vous dites «les grands
groupes», vous parlez des deux grandes chaînes qui sont assises à la table
nationale. Mais combien de pourcentage du Québec, en têtes de Québécois, ils
couvrent, les deux grands groupes radios au Québec, grosso modo, là, plus ou
moins 5 %?
Mme Vachon (Catherine) : Bien,
je pourrais vous donner de pourcentages, mais ce qui arrive, c'est que ces
groupes-là, Cogeco et Bell, sont présents dans les mêmes marchés, les deux. Ils
sont achetés, les deux, dans les mêmes marchés. Il y a comme une surexposition
dans certains marchés puis une non-exposition ou sous-exposition dans d'autres.
Qu'est-ce que ça représente comme
pourcentages? Il faudrait faire le calcul, là. On sait où est-ce qu'ils
sont : Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Rimouski...
• (17 h 30) •
M. Lemieux : Je vais poser ma
question à l'envers. Combien du Québec est un...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Vachon (Catherine) : ...ils
sont achetés, les deux, dans les mêmes marchés. Il y a comme une surexposition
dans certains marchés puis une non-exposition, ou sous-exposition dans
d'autres.
Qu'est-ce que ça représente, comme pourcentage?
Il faudrait faire le calcul, là, on sait où est-ce qu'ils sont : Montréal,
Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Sherbrooke...
M. Lemieux : Je vais poser ma question
à l'envers.
Mme Vachon (Catherine) : O.K.
M. Lemieux : Combien du Québec
est un désert... Combien de... pas de pourcentage, mais... La proportion québécoise
non-desservie ou mal desservie, parce qu'il y a des exceptions comme Beauce,
là, mais... récemment, mais combien du territoire est mal desservi, quand on
dit : Ah! on a acheté National, nous autres. On a fait un mixte média puis
on a mis national radio?
Mme Vachon (Catherine) : Bien,
comme Isabelle disait tantôt, dans toutes les régions qu'on représente — on
ne les représente pas toutes — mais dans toutes les régions qu'on
représente, le seul organisme gouvernemental qui retient les stations qu'on
représente, c'est Élections Québec et ça tend à baisser dans tous les
ministères. Le ministère des Transports annonçait, le MSSS annonçait. Là, c'est
des pinottes puis, des fois, certaines stations, zéro.
M. Lemieux : On s'est fait
dire tout à l'heure — là, c'est vrai que mon temps achève, par
exemple — mais on s'est fait dire tout à l'heure que même les médias
sociaux... oui, on peut remonter après ça jusqu'au GAFA, mais que M. Bouchard,
de Icimédias, avec les hebdos, disait : On est capables de gérer
l'investissement média de notre client, mon vendeur de souliers qui me donne
10 000 $ pour sa campagne. Il en veut un peu de médias sociaux, ou il
en veut même beaucoup puis si moi, je lui place — faire du placement,
je n'ai pas compris ça encore, là — puis si moi, je lui place, au
moins, je peux faire une faire une cut là-dessus, au moins, je peux gérer sa
campagne, il y a de l'argent pour moi là-dedans.
Le mixte média, il a changé énormément.
Est-ce qu'on est rendus au bout du changement, là, ou ça continue de bouger
énormément?
Mme Vachon (Isabelle) : On
n'est pas au bout du changement.
Une voix
: Non, non.
M. Lemieux : Non?
Mme Vachon (Isabelle) : Je
pense qu'on ne verra pas le bout. On...
Mme Vachon (Catherine) : On
remarque cependant, nous, dans les achats qu'on reçoit par les clients
nationaux réguliers, qui sont les bannières, là, les grosses bannières qui sont
présentes dans tous les marchés, on a remarqué, au fil des ans, là, avec
l'arrivée des médias sociaux, les tentatives de... bon, cette année, woup! tout
d'un coup, on n'avait plus de budget, ou une baisse de 80 % puis on
apprenait par la bande que ça s'en allait aux réseaux sociaux.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Vachon (Catherine) : Puis,
l'année suivante, il revenait.
M. Lemieux : Merci. Vous
gagnez Placements en herbe. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je reconnais maintenant un membre de l'opposition officielle, Mme la
députée de Verdun.
Mme Melançon : Mmes Vachon,
bonjour. Vous avez été très assidues, je tiens à le dire, là. On voyait hier
votre écoute et ce que je comprends de ce que vous abordez, c'est, d'abord, qu'il
n'y a pas de coordination régtionale, un manque de connaissances quand il y a quelque
chose qui se passe dans une région puis qui, finalement, on ne l'aborde pas
dans ladite région où est-ce que qu'on devrait le faire.
La différence, je vous dirais, entre la...
puis là, c'est ma lecture à moi, là, puis vous me corrigez si j'ai tort, mais
la différence entre la pub gouvernementale puis la pub qui vient de grands
acheteurs, c'est que ça rapporte aux grands achteurs, puis ils le savent que ça
leur rapporte dans certaines régions, alors que le gouvernement, ça ne rapporte
pas. Et c'est sur ces balises-là, je trouve, où il y a une déficience, puis là,
on en apprend jour après jour, heure après heure, là.
Je connais très, très bien CHLC, mon ami
Georges Daviault, parce que moi, j'ai fai tle choix un jour...
Mme Vachon (Isabelle) : ...en
ce moment.
Mme Melançon : Ah! bien,
alors, cher Georges, je te salue. Il va rire, parce que je les connais très
bien. Moi, j'ai fait le choix d'aller à Baie-Comeau il y a plusieurs années.
J'ai habité la Côte-Nord pendant près de cinq ans et c'est vrai que lorsque
l'on parle des régions, c'est comme si on parlait des régions, hein, parce
qu'on veut... Et pourtant, et pourtant, les régions, c'est le nerf de la guerre
du Québec et je suis très fâchée d'entendre ce que vous m'avez... ce que vous
avez dit tantôt, je vais le dire comme ça, là.
Je trouve ça dérangeant, choquant et je ne
sais pas qui s'occupe du côté gouvernemental, puis je vous regarde, puis là, je
n'envoie pas aucune flèche, je tiens à le dire officiellement, mais il va
falloir qu'il y ait un spécialiste à bord, puis qu'il reste là, puis qu'on ait
du monde de talent qui va comprendre ce qu'on est en train de discuter
actuellement, puis qui va rester là aussi, parce qu'il y a souvent des jeux de
chaises musicales, c'est vrai. Puis dans les ministères, là, moi, j'ai été à la
tête d'un ministère comme ministre, mais j'ai aussi été dans des ministères
comme directrice de cabinet, puis on avait beau envoyer des directives, et là,
vous me voyez venir, le 2 mai dernier...
Mme Melançon : ...puis qui vont
rester là aussi, parce qu'il y a souvent des jeux de chaise musicale, c'est
vrai, puis dans les ministères, là... moi, j'ai été à la tête d'un ministère
comme ministre, mais j'ai aussi été dans des ministères comme directrice de
cabinet, puis on avait beau envoyer des directives... et là vous me voyez
venir, le 2 mai dernier, parce que je sentais la chose venir, j'ai moi-même
présenté une motion à l'Assemblée nationale qui a été votée par l'ensemble des
élus. Et là j'apprenais tout à l'heure... j'ai posé la question, parce que je
ne le savais pas, s'il y avait eu une directive, et clairement on m'a répondu
que non, on m'a dit qu'on n'avait rien vu encore de changement. Je pense qu'un
des gestes urgents à poser, c'est celui-ci. Et là je me tourne vers les membres
de la commission et de la partie gouvernementale : passez le message. Moi,
je ne serai pas fâchée si ça commence là, là. Mais, honnêtement, il y a quand
même un problème. Entre le 2 mai... juin, juillet, août, bientôt
septembre, quatre mois, on a voté une motion à l'Assemblée nationale, je
comprends qu'on revient de vacances, là, puis je comprends, mais je pense que
tout ne ferme pas l'été. En tout cas, moi, mon bureau de comté, ça a roulé tout
l'été. Ça fait que, mesdames, je veux juste vous dire que ce côté-là, moi, je
l'ai entendu, moi, je vais le défendre, puis s'il y a un manque de leadership,
bien, je vais prendre l'oxygène qu'il y a puis je vais le prendre, le
leadership, s'il faut qu'on le prenne. Mais clairement, actuellement, il y a
une directive qui aurait dû être donnée.
Je vous reviens sur l'idée des GAFA, puis
j'entendais, donc, les Google et Amazon, les Facebook qui viennent, puis j'ai
posé la question tout à l'heure puis, j'imagine, c'est la même chose parce qu'à
la radio il y a aussi des clics, hein? Vous autres, vous le savez, combien de
personnes viennent cliquer. Puis souvent, du côté des Amazon et Google, ils
veulent faire calculer le nombre de clics. Comment est-ce que vous... Êtes-vous
compétitifs? Je vais dire ça comme ça. Puis, là, «let's go»! Vendez-moi votre
affaire parce que...
Mme Vachon (Catherine) :
Vas-y.
Mme Vachon (Isabelle) : Bien,
en fait — tu pourras compléter — en fait, si la radio est
compétitive?
Mme Vachon (Catherine) : En
termes de qualité de sondages?
Mme Vachon (Isabelle) : Bien
oui! En qualité... en termes d'écoute, de sondages et de réinvestissement
dans... ne serait-ce que ça. Parce que l'argent qui est dépensé dans la station
de radio locale, elle reste dans la région. Elle est réinvestie. Tu sais, c'est
un dollar qui se promène puis qui revient. Celui qu'on prend puis qu'on envoie
dans les GAFA, on l'envoie par en arrière puis on l'envoie en Californie.
Mme Vachon (Catherine) : Puis
on ne le voit plus.
Mme Vachon (Isabelle) : Puis
on ne le voit plus.
Mme Melançon : C'est ça.
Alors, hier — vous étiez là, et je vous ai senties même un peu
interpellées — il y a un groupe... et là j'oublie lequel, je ne
voulais pas aller refouiller dans chacun de mes onglets, mais il y a un groupe
qui a dit : Tout ce qui s'appelle publicité qui est envoyée dans les
GAFA... parce que dans le... les gens reçoivent un crédit d'impôt, hein, les
entreprises qui font de la publicité, là, peuvent avoir un crédit d'impôt, si
on les soustrayait pour pouvoir justement vous rendre encore plus attractifs,
est-ce que vous pensez que ça peut changer le visage de la façon dont sera fait
la publicité chez certain?
Mme Vachon (Catherine) : Bien,
il faudrait voir les raisons pour lesquelles les agences de publicité qui ont
quand même beaucoup de pouvoir, à ce que nous, on en comprend, en termes de...
stratégique, les raisons pour lesquelles elles choisissent d'aller vers les
médias sociaux.
Nous autres, quand on parle d'équité, on
parle d'équité en termes géographiques, mais je pense que démographiques aussi,
c'est important, puis de s'adresser juste aux jeunes, bien, tu rates ta cible, surtout
quand tu dis que les vieux sont... parce qu'ils disent ça beaucoup, là, qu'en
radio régionale l'auditoire est plus âgé, mais quand j'entends une publicité du
MSSS dire que les dangers de la grippe sont particulièrement sévères chez la
population plus âgée, bien, comment ça se fait que vous n'êtes pas à la radio,
là? Tu sais, il y a quelque chose dans une uniformisation de planification qui
ne tient même pas compte de la cible à laquelle tu t'adresses. Puis, en termes
de mesures, la radio devient de plus en plus compétitive avec une nouvelle
firme de sondage avec laquelle les stations deviennent beaucoup partenaires, il
y a eu beaucoup de partenariats qui ont été signés parce que c'est plus
abordable, puis la mécanique est... passe par le streaming sur le Web. Donc, ça
va être mesurable de façon aussi compétitive que ce qu'on retrouve sur le Web.
Mme Vachon (Isabelle) : Sur le
Web, oui, avec des données hebdomadaires, là, ce qu'on n'a pas avec Numeris en
ce moment.
• (17 h 40) •
Mme Melançon : J'en ai parlé un
peu plus tôt, et là ça va être un peu plus une critique, du CRTC... Parce que,
de toute façon, vous connaissez...
Mme Vachon (Catherine) :
...aussi compétitive que ce qu'on retrouve sur le Web.
Mme Vachon (Isabelle) : Sur le
Web, oui. Avec des données hebdomadaires, là, ce qu'on n'a pas avec Numeris en
ce moment.
Mme Melançon : J'en ai parlé
un peu plus tôt — et là ça va être un peu plus une critique — du
CRTC, parce que, de toute façon, vous connaissez par coeur, vous autres, le
CRTC, là, j'en suis persuadée : Qu'est-ce qu'on devrait, comme Québécois,
dire à Ottawa, actuellement, des lois sur le CRTC en radiodiffusion?
Mme Vachon (Isabelle) : À quel
niveau?
Mme Melançon : Bien, en représentation.
Parce qu'on a manqué certaines ouvertures pour aller... Parce que vous savez
qu'ils ont rouvert les deux lois.
Mme Vachon (Isabelle) : Oui.
Oui, oui.
Mme Melançon : Moi, je veux
savoir, si vous étiez ministre de la Culture, qu'est-ce que vous iriez dire
directement à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec au CRTC?
Mme Vachon (Isabelle) : Bien,
en fait, c'est de maintenir, du moins, ce qu'on a en ce moment, là, de ne pas
détruire ce qui est en place. je ne sais pas si c'est à ce niveau-là que vous
voulez m'amener, mais pour maintenir la culture vivante, il faut qu'elle soit
exposée dans toute sa diversité et pour ça, ça prend des médias un peu partout,
ça prend des médias différents puis ça prend des médias régionaux, puis ça, il
ne faut pas toucher à ça.
Mme Melançon : C'est très
clair et c'est très bien entendu. Je veux juste vous dire, si les artistes font
des tournées dans chaque région, c'est justement pour pouvoir faire, hein,
rayonner leur savoir-faire, puis là je...
Une voix
: ...
Mme Melançon : Pardon?
Mme Vachon (Catherine) : Ils
aiment ça.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Melançon : Bien oui, c'est
exactement là où je m'en allais, ils veulent aller...
Mme Vachon (Catherine) : Bien
oui, absolument.
Mme Melançon : ...justement,
ils veulent faire la tournée. Et je veux juste revenir sur la radio, parce que
vous parlez de démographie. Souvent, on se dit qu'on est dans une population
vieillissante, là, mais est-ce que je suis rendue «out» à ce point-là de penser
que je suis... moi, j'aime ça, la radio, puis je pense que je ne suis pas trop
vieille, mais je pense que les jeunes aiment ça, la radio?
Le Président (M. Ciccone) :
En 20 secondes, s'il vous plaît.
Mme Vachon (Catherine) : Bien,
je pense que oui, les jeunes aiment ça, la radio. Oui, ils sont... Nos enfants
ont 25 ans, là, puis ils ne sont pas... ils sont nés avec la radio qui jouait
dans la maison, mais ils ont des habitudes de consommation différentes. Mais je
pense qu'en région, quand tu y retournes, parce que, bien souvent, tu vas
étudier dans un grand centre, tu reviens en région, tu veux savoir ce qui se
passe à ton conseil de ville, tu veux savoir si ton équipe de balle-molle a
gagné, puis ça, ça ne changera pas, puis il y a juste la radio qui peut te
donner ça...
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Je suis prêt maintenant à reconnaître la députée de Taschereau
pour 2 min 30 s.
Mme Dorion : Merci. Bonjour.
Merci pour la présentation. J'aimerais savoir, dans la trentaine de radios que
vous représentez, est-ce que toutes font de l'information? Est-ce que toutes
ont un journaliste puis est-ce que c'est de l'information locale sur quoi ils
travaillent?
Mme Vachon (Isabelle) : Oui.
Toutes les stations de radio font de l'information locale, mais pas au même
niveau, elles y vont selon leurs moyens, et, malheureusement, bien, les moyens
diminuent, et souvent, bien, c'est là qu'elles ont tendance à couper, parce que
c'est ce qui coûte cher souvent dans une station de radio. Mais elles sont
écoutées pour ça, les stations de radio locales.
Mme Vachon (Catherine) : C'est
leur raison d'être.
Mme Vachon (Isabelle) : Parce
que c'est leur raison d'être, parce qu'elles parlent aux gens de leurs régions.
Puis d'ailleurs le taux de rétention d'un message sur une station de radio
locale est plus important que s'il est entendu sur une station nationale, par
exemple. Vous vous promenez en voiture, vous entendez le même message sur votre
station de radio locale de votre ville, il s'adresse à vous, vous l'entendez,
le même message, sur une station de radio nationale, il s'adresse moins à vous.
Ça fait que c'est pour vous dire à quel point ce qui est diffusé sur une
station de radio locale est important.
Mme Dorion : Mais donc il y a
des journalistes qui, sur place, pour la radio, vont... enquêtent sur la
réalité locale.
Mme Vachon (Isabelle) : Sur
place, bien oui, certainement. Oui, oui, oui.
Mme Vachon (Catherine) : De la
même manière que dans les hebdos. Pas de salle de nouvelles dans une station de
radio locale, ça ne se peut pas, même s'il y a juste un journaliste. Mais c'est
sûr qu'à un moment donné, quand tu n'as plus les budgets, tu coupes, tu coupes,
tu coupes, les réceptionnistes sont aussi un peu vendeuses, un peu...
Mme Vachon (Isabelle) : Un peu
scriptes, un peu routage, un peu tout.
Mme Vachon (Catherine) : ...un
peu scriptes, un peu routage, un peu comptabilité. S'il y a un poste où on
essaie de garder une certaine étanchéité puis une certaine indépendance, c'est
celui du journaliste, puis c'est important qu'il soit là, sinon ça n'existe
plus. Ce n'est pas de la radio divertissement de la façon dont on l'entend dans
les grands centres, c'est une radio d'information.
Mme Dorion : Puis, dernière question,
il nous reste 15 secondes, mais est-ce qu'on devrait imposer le revenu des
GAFA ici, qui ne paient pas d'impôt, ou des grandes entreprises numériques pour
redistribuer ça?
Une voix
: Oui.
Mme Dorion : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Je suis prêt maintenant à...
Mme Vachon (Catherine) :
...de la façon dont on l'entend dans les grands centres, c'est une radio d'information.
Mme Dorion : Puis,
dernière question, il nous reste 15 secondes. Mais est-ce qu'on devrait
imposer le revenu des GAFA ici qui ne paient pas d'impôt, des grandes entreprises
numériques pour redistribuer ça?
Mme Vachon (Catherine) :
Oui.
Mme Dorion : Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci beaucoup. Merci beaucoup. Je suis prêt maintenant à reconnaître le député
de Rimouski pour une période de 2 min 30 s.
M. LeBel : Merci. J'ai posé la
question aux gens des radios communautaires, soit l'équité des placements en
médias. Ils n'étaient pas certains, mais ils avaient deviné que ce n'était pas
équitable, là, même dans son propre réseau. Il y a des radios communautaires en
région qui n'avaient pas les mêmes montants que d'autres. Puis le gars du Pontiac
qui disait que, lui, il vivait quelque chose par rapport à la maladie de Lyme
et que l'investissement en médias était fait dans les Laurentides ou bien
ailleurs, tu sais. Ça fait que je pense qu'il y avait quelque chose là. Et les
hebdos nous ont dit à peu près la même affaire. Puis là, moi, quand je vois ça,
là, ça me met en beau Saint-Sacrement de voir que le ministère des Transports,
aucune campagne régionale, saint... Hydro-Québec... Puis quel imbécile qui a
pensé qu'en mettant ça juste à Rimouski qu'il va couvrir tout le
Bas-Saint-Laurent? Tu sais, il faut... il y a peut-être des cours de géographie
qui devraient se donner au gouvernement.
Puis, tu sais, quand on parle des GM puis
McDo, à Rivière-du-Loup, j'ai GM puis McDo, c'est sûr qu'il va dire à son
réseau : N'achetez pas à Rimouski, ce n'est pas ma clientèle. Il faut
acheter dans les groupes Simard. Je les connais, moi, la gang de
Rivière-du-Loup. C'est là qu'il faut aller. Tu sais, c'est eux autres qui vont
rejoindre la clientèle. Les autres, ils ont allumé, les GM et les McDo.
Pourquoi qu'il n'y a personne au gouvernement qui allume? Puis augmenter
aussi les budgets. Augmenter la publicité dans nos médias régionaux. On parle
d'équité, mais il faut aussi... je pense qu'on est rendu là, il faut aussi
encourager nos médias, augmenter la publicité. Dans le Bas-Saint-Laurent, une
personne sur quatre qui a 65 ans et plus. Quelqu'un devrait aussi allumer
que c'est des personnes vieillissantes, qu'on doit passer par la radio si on
veut les atteindre, puis passer par la radio pas juste à Rimouski, partout, à
Montmagny, à Rivière-du-Loup, à Matane, à New Carlisle, un peu partout.
J'ai posé tantôt... je me suis dit :
Est-ce qu'une façon de faire ça, de s'assurer que ça va en région, de
décentraliser la décision aux directions régionales des ministères plutôt que
de garder ça à Québec? Est-ce que ça pourrait être une des solutions?
Mme Vachon (Catherine) :
Bien, au fond, ce qu'il faut, c'est bien, bien simple, là, c'est que ça soit
systématiquement dans toutes les régions parce que le message, il s'adresse
très, très rarement à une partie de la population. Un message du gouvernement,
c'est un message qui s'adresse à l'ensemble des Québécois, sauf, je ne sais
pas, moi...
Mme Vachon (Isabelle) :
...il y a des régions qui ne sont pas touchées.
Mme Vachon (Catherine) :
Oui, oui, bon, c'est ça. Ou un problème d'Hydro-Québec sur certains...
Mme Vachon (Isabelle) :
Mais le pot, la maladie de Lyme... le cellulaire au volant...
Mme Vachon (Catherine) :
La grippe, ça s'adresse à tout le monde. Donc, ça devrait être systématique,
puis il n'y aurait plus de calcul à faire, c'est comme ça, puis c'est tout le
monde qui l'a.
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant.
M. LeBel : Juste dire que ce
n'est vraiment pas une punition de vivre en région. Il y a plein de choses qui
se vivent en région, puis on a besoin d'entendre parler de ça, puis on a besoin
de donner à nos médias la possibilité d'en parler : les cégeps,
l'université, la recherche, la culture, le ROSEQ. Dans l'Est-du-Québec, il y a
plein de choses à faire. Merci.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci, M. le député de Rimouski. Je reconnais maintenant la députée de
Marie-Victorin pour deux minutes.
Mme Fournier
:
merci beaucoup pour votre présentation, et je partage la surprise et
l'indignation en quelque sorte de mes collègues quant au placement publicitaire
qui est réalisé par le gouvernement, surtout quand on pense que c'est des
informations d'intérêt public, donc des choses, comme vous l'avez bien dit, qui
doivent être entendues par un maximum de Québécois partout en région.
Entendons-nous bien, il y a quand même, je dirais, peut-être deux types de
publicité gouvernementale. Il y a tout ce qui est d'intérêt public, donc les
informations que vous avez fait référence, au cannabis, on a parlé de maladie
de Lyme et tout ça. Bon. Il y a aussi l'autre partie qui est peut-être plus la
promotion de certaines politiques publiques où, par exemple, quand on fait la
promotion du budget, tout ça, qui ne sont pas nécessairement dans la même
catégorie, en tout cas de mon point de vue.
Je serais curieuse justement de savoir
quelle est la proportion, si vous avez l'information, entre, je dirais,
peut-être les campagnes d'information publique versus la promotion de
certaines... disons, de certains programmes gouvernementaux.
Mme Vachon (Catherine) :
Bien, d'une manière générale, comme on disait tantôt, la plupart des messages
sont d'intérêt public, mais relèvent également de ce qu'on appelle la publicité
du gouvernement du Québec, la SAAQ... la SAQ, et les loteries. C'est sûr qu'on
ne peut pas mettre ça dans la même catégorie que tout le monde a droit de
savoir que le rosé est en vente cette semaine. Mais il reste quand même que c'est
planifié par les mêmes gens selon les mêmes barèmes. Puis, quand on va au-delà
de l'équité puis qu'on parle de moteurs de survie économique, bien, moi, je ne
fais plus de distinction rendue là parce que je me dis que des SAQ il y en a
partout, puis pourquoi pas avoir la publicité de la Société des alcools dans
toutes les régions. Pourquoi certaines plutôt que d'autres?
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
Mme Fournier
:
Est-ce que vous catégorisez ou vous rentrez tout ça dans la même...
Mme Vachon (Catherine) :
Mais ce n'est pas nous qui faisons les catégories, c'est les agences
elles-mêmes, puis ça rentre dans le budget global du gouvernement.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci...
Mme Vachon (Catherine) : ...de
la Société des alcools dans toutes les régions, pourquoi certaines plutôt que
d'autres?
Le Président (M. Ciccone) :
Oui, en terminant, s'il vous plaît.
Mme Fournier
: Est-ce
que vous catégorisez ou vous rentrez tout ça dans la même...
Mme Vachon (Catherine) :
...catégorie, c'est des agences elles-mêmes, puis ça rentre dans le budget
global du gouvernement.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Vachon et Mme Vachon. Je vous remercie pour votre contribution.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, mercredi 28 août 2019, à 9 h 30 au salon rouge. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 50)