Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version finale du Journal est publiée dans un délai de 2 à 4 mois suivant la date de la séance de la commission.
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Le
miércoles 16 septembre 2020
-
Vol. 45 N° 60
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du régime d’assurance parentale afin de favoriser la conciliation famille-travail
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11 h (version non révisée)
(Onze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde. Alors, à l'ordre! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du travail
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet
de loi n° 51, Loi visant principalement à améliorer la flexibilité du
régime d'assurance parentale afin de favoriser la conciliation travail-famille.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Richard (Duplessis) est remplacée par Mme Hivon
(Joliette).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, Mme la secrétaire. Y a-t-il des droits…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...publiques sur le projet de loi n° 51, Loi visant principalement à
améliorer la flexibilité du régime d'assurance parentale afin de favoriser la
conciliation travail-famille.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Richard (Duplessis) est remplacée par
Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Mme la secrétaire, y a-t-il des droits de vote par procuration?
La Secrétaire
: Oui,
Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) dispose d'un droit de vote
par procuration au nom de M. Bélanger (Orford); et M. Derraji
(Nelligan) dispose d'un droit de vote par procuration au nom de M. Leitão
(Robert-Baldwin).
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, ce matin, nous allons entendre les deux groupes suivants : Mme
Carmen Lavallée, professeure à la Faculté de droit de l'Université de
Sherbrooke, et la Confédération des syndicats nationaux.
Je vous souhaite la bienvenue, Mme
Lavallée, je vous invite à commencer votre exposé. Vous avez 10 minutes. Nous
avons convenu qu'on vous accorderait quelque temps supplémentaire pris sur le
temps de parole, ou de question, ou d'échange du ministre. Avant de commencer
votre exposé, je vous demande de bien vous présenter.
Mme Lavallée (Carmen) : Alors,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Mon nom, comme vous l'avez mentionné, est
Carmen Lavallée. Je suis professeure titulaire de droit à la Faculté de droit
de l'Université de Sherbrooke et vice-doyenne à la recherche et aux études supérieures
de type recherche de l'Université de Sherbrooke à la Faculté de droit.
Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et
MM. les parlementaires, d'abord merci de me donner l'occasion d'apporter ma
contribution à la réflexion que vous menez actuellement sur le Régime québécois
d'assurance parentale.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner les
efforts importants qui ont déjà été faits dans le but de rendre le régime
québécois, dont nous sommes tous absolument très fiers, encore plus flexible et
encore plus juste.
• (11 h 20) •
Je vous avais fait suivre un article
scientifique dans lequel on avait analysé, avec deux de mes collègues qui sont
des spécialistes du droit à l'égalité, étant moi-même une spécialiste des
droits de l'enfant... procédé à une analyse juridique très détaillée de la loi
actuelle sur les régimes québécois... sur le régime et qui expliquait les
raisons juridiques pour lesquelles on arrivait à la conclusion que la loi
actuelle était discriminatoire à l'endroit des enfants adoptés.
Dans un premier temps, je dois dire que je
trouve que c'est important que l'égalité s'inscrive dans la loi elle-même, mais
je pense que c'est déjà relativement acquis, là, que ce sera le cas. Et, à ce
titre-là, je pense que les amendements qui ont été déposés, là, par le
ministre, vont tout à fait dans le sens du respect du droit à l'égalité de tous
dans l'accès au Régime québécois d'assurance parentale.
En réalité, il faut modifier la loi parce
qu'il faut briser la confusion qui continue dans une certaine mesure de régner
autour des congés d'adoption. Cette confusion perpétue l'idée selon laquelle
accorder la même protection à des enfants adoptés constituerait en quelque
sorte une négation ou un amoindrissement de la protection que l'on accorde aux
femmes qui accouchent. En fait, on a tendance à considérer que c'est des vases
communicants, hein, que, si on donne plus, ça fait perdre, alors que ce n'est
pas du tout le cas. Ces protections-là ne sont pas des vases communicants.
Évidemment, il y a toujours une jurisprudence
antérieure, et il existe une certaine crainte de voir ressurgir certaines...
Mme Lavallée (Carmen) :
...qui accouchent. En fait, on a tendance à considérer que c'est des vases
communicants, hein, que, si on donne plus, ça fait perdre, alors que ce n'est
pas du tout le cas. Ces protections-là ne sont pas des vases communicants.
Évidemment, il y a toujours une
jurisprudence antérieure, et il existe une certaine crainte de voir ressurgir
certaines décisions antérieures qui pourraient amener à une contestation d'une
loi qui serait maintenant plus égalitaire. Je pourrais reprendre ici, là, les
raisons pour lesquelles je pense qu'il faut écarter cette façon de réagir parce
qu'à notre avis la jurisprudence antérieure est largement obsolète sur cette
question-là, pour deux raisons principales.
La première, c'est que, lorsqu'on fait une
analyse assez pointue des objectifs du Régime québécois d'assurance parentale
versus les objectifs de la Loi sur l'assurance-chômage, dont elle s'inspire...
dont le régime s'inspire, on voit très clairement que les objectifs des deux
régimes sont tout à fait différents.
Or, dans l'analyse qu'on fait d'une
législation en vertu de l'article 15 de la charte canadienne pour
déterminer si on contrevient ou pas au droit à l'égalité, les objectifs de la
loi sont un élément fondamental. Ici, le régime québécois, lorsqu'on l'analyse,
on voit que c'est un objectif de soutien aux familles. D'ailleurs, on le voit
sur le site du régime, où on dit que «l'objectif du régime est de soutenir
financièrement les nouveaux parents et de les encourager dans leur désir
d'avoir des enfants».
Donc, des objectifs différents auraient dû
mener à des régimes différents. Malheureusement, on s'est inspiré quand même
beaucoup de la Loi sur l'assurance-chômage, et c'est exclusivement les droits
des parents qu'on a mis de l'avant. Donc, c'est là qu'on a vu toutes sortes de
contestations devant les tribunaux : droits des mères biologiques contre
celui des mères adoptantes, droits des mères adoptantes versus les pères
biologiques, pères adoptants contre pères biologiques. Bon, vous connaissez
toute la saga autour de ça.
Or, toutes ces décisions-là... Deuxième
raison pourquoi elles nous apparaissent... cette jurisprudence-là nous apparaît
obsolète, dans toutes ces décisions-là, on ne prend jamais en considération
l'effet que produisent ces lois-là sur les enfants adoptés. Or, il est
maintenant reconnu juridiquement, de façon certaine, que le législateur ne peut
plus détourner son regard, lorsqu'il légifère, des conséquences que produisent
aussi sur les enfants la mise en oeuvre des politiques sociales et familiales.
Donc, si on analyse... Et je ne reprendrai
pas ici, là, le détail. Vous l'avez dans l'article. Et j'avais joint un résumé
aussi de l'article qui présente, je pense, le raisonnement juridique qui nous
avait amenés à dire que c'était discriminatoire. Il faut quand même voir que
les enfants adoptés sont un groupe qui, historiquement, a été considéré comme
un groupe vulnérable. Pendant longtemps, la loi ne leur a pas accordé les mêmes
droits qu'aux enfants biologiques, notamment en ce qui concerne l'accès aux droits
successoraux et aux droits alimentaires. Donc, il est clair que la différence
de traitement que la loi continue d'avoir présentement, là, constitue, en
quelque sorte, un désavantage historique à l'endroit de ce groupe-là.
On pourrait évidemment prétendre que, dans
le but de soutenir les familles, le...
Mme Lavallée (Carmen) :
…alimentaires. Donc, il est clair que la différence de traitement que la loi
continue d'avoir présentement, là, constitue, en quelque sorte, un désavantage
historique à l'endroit de ce groupe-là.
On pourrait évidemment prétendre que, dans
le but de soutenir les familles, le législateur n'est pas tenu de sauver tout
le monde en même temps, qu'il peut faire des choix, qu'il peut prioriser, par
exemple, les femmes qui accouchent, et personne, je pense, ne remet en question
la nécessité d'accorder une protection à ce niveau-là, aux femmes qui
accouchent. Toutefois, dans le choix que fait le législateur, il ne peut
légiférer en contravention de l'article 15. Une fois la différence de
traitement établie dans la loi, et elle est assez clairement établie, il
reviendrait au législateur de démontrer que cette différence de traitement là
peut se justifier dans le cadre d'une société libre et démocratique. Et je
pense que la principale difficulté rencontrée à ce niveau-là serait d'établir
qu'il existe un lien rationnel entre les objectifs de la loi, qui sont assurer
la protection des familles, et le moyen choisi pour y arriver qui consiste,
finalement, à établir une différence de traitement entre deux groupes
vulnérables.
Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue
aussi, dans l'analyse qu'on fait, que les dispositions de la loi se répercutent
directement dans les conventions collectives de travail. Donc, à partir du
moment où la loi traite différemment différents groupes vulnérables, ça se
répercute souvent avec beaucoup plus d'ampleur dans les conventions collectives
parce que, dans les conventions collectives, la plupart du temps, il n'y a pas
de prestation parentale. Donc, on a congé de maternité, un congé d'adoption
qui, suite à une décision du Tribunal des droits de la personne, a entraîné une
réduction extrêmement importante des congés d'adoption.
En fait, d'où remonte cette confusion-là?
Et je pense qu'il faut retourner à la première décision qui a été rendue, c'est
l'affaire Schachter, c'est une affaire qui a été rendue en vertu de la Loi sur
l'assurance‑chômage, et il faut savoir qu'à l'époque la Loi sur l'assurance‑chômage
prévoyait qu'une femme qui accouche avait le droit à 15 semaines de congé
et qu'une personne qui adopte un enfant avait droit à 15 semaines de
congé. Donc, d'entrée de jeu, la loi fédérale établissait l'égalité de
traitement entre les deux groupes de parent. Mme Schachter a accouché, a pris
son congé de maternité de 15 semaines, après quoi, M. Schachter a
attaqué la loi fédérale en prétendant que les pères adoptant avaient droit à un
congé qui lui était, à lui, refusé comme père biologique.
Curieusement, la Cour d'appel fédérale lui
a donné raison, mais elle a oublié un élément important dans sa décision, c'est
le fait que, pour se prévaloir du congé d'adoption, le père adoptant, il faut
que sa conjointe ne se soit pas déjà prévalue d'un congé parental, hein? Donc,
c'est une différence très importante. À la suite de ça, le gouvernement a
concédé les droits des pères adoptants. Donc, à la fois la Cour d'appel
fédérale et la Cour suprême du Canada n'a pas eu à se pencher sur le fond de la
question. Mais deux juges de la Cour suprême du Canada, le juge en chef et le
juge La Forest — vous l'avez, là, dans le document que je vous ai
laissé — ont émis des doutes très sérieux sur le fait… ou sur les
conclusions de la…
Mme Lavallée (Carmen) : …la
Cour d'appel fédérale et la Cour suprême du Canada n'ont pas eu à se pencher
sur le fond de la question. Mais deux juges de la Cour suprême du Canada, le
juge en chef et le juge Laforest — vous l'avez, là, dans le document
que je vous ai laissé — ont émis des doutes très sérieux sur le fait…
ou sur les conclusions de la Cour fédérale.
Avec le recul qu'on a présentement sur ces
questions-là, on peut se demander, mais pourquoi la Cour fédérale n'a-t-elle
pas simplement dit à M. Schachter : Vous ne pouvez pas prendre de congé
d'adoption parce que vous n'avez pas adopté d'enfant. Comme on dit à bon titre
aux mères adoptantes : Vous ne pouvez pas prendre de congé de maternité
parce que vous n'avez pas accouché. C'est des raisons différentes qui
justifient les congés.
Je pense que la confusion, elle repose sur
une confusion entre le congé d'adoption et le congé de responsabilité
parentale. Cette confusion-là, on la retrouve aussi dans le Régime québécois
d'assurance parentale et on la voit même dans la Loi d'interprétation du
régime, où on peut lire que «les prestations d'option sont versées pour
permettre aux parents d'établir des liens affectifs avec leurs enfants
adoptés». C'est une affirmation inexacte et qui entraîne de la confusion. Tous
les parents ont besoin de développer des liens affectifs avec leurs enfants, et
on peut comprendre que des parents biologiques, si on interprète comme ça le
congé d'adoption, se sentent floués de ne pas y avoir droit eux aussi.
Le congé d'accueil et de soutien en vue de
l'adoption, tel qu'il est défini dans les amendements, ce n'est pas la même
chose que le congé de responsabilité parentale. Et il doit être défini comme un
temps accordé aux parents et à l'enfant pour lui permettre de surmonter les difficultés
induites par son parcours préadoptif. Si c'est un congé qui est souvent associé
à la théorie de l'attachement, les troubles de l'attachement, ce n'est pas des
troubles affectifs, c'est des troubles qui sont induits par l'instabilité et
l'insécurité qui est présente chez les enfants adoptés et qui est due au fait
que les adultes n'ont pas répondu ou ont répondu inadéquatement aux signes de
détresse envoyés par l'enfant.
Les effets délétères de cette forme de
maltraitance qui est maintenant reconnue, on la retrouve… il y a des centaines
d'articles scientifiques qui l'établissent maintenant en service social, en
médecine. C'est une réalité qui existe autant en adoption interne qu'en adoption
internationale. Et c'est la raison pour laquelle le congé d'adoption ne sert
pas à développer des liens affectifs au départ, c'est cette insécurité-là qu'on
demande aux parents adoptants de réparer. Et, s'ils n'y arrivent pas, le développement
de la relation affective n'est pas possible, hein, il y a une période où il faut
réparer quelque chose avant de pouvoir développer, avec des prestations
parentales, une relation affective avec son enfant, comme n'importe quel autre
parent d'ailleurs qui est amené à le faire.
• (11 h 30) •
Donc, si je repars des amendements, là, qui
ont été déposés, on voit quand même qu'on est arrivés à une égalité de
traitement à ce niveau-là. Je fais rapidement quelques petits commentaires. Je
ferais peut-être encore un petit changement, si vous me permettez de le
proposer, j'enlèverais du côté des congés d'adoption, là, congés d'adoption
exclusive…
11 h 30 (version non révisée)
Mme Lavallée (Carmen) : ...on
voit quand même qu'on est arrivé à une égalité de traitement à ce niveau-là.
Je ferai rapidement quelques petits
commentaires. Je ferais peut-être encore un petit changement, si vous permettez
de le proposer. J'enlèverais du côté des congés d'adoption, là, congé
d'adoption exclusive ou partageable, jt9 que ça entraîne encore de la confusion
avec le congé d'accueil et de soutient. Les 32 semaines, là, exclusives ou
partageables qu'on attribue à la fois aux parents biologiques et aux parents
adoptants. Je les appellerais simplement «congé de prestation parentale» qui
serait possible à la fois pour des parents biologiques et à la fois pour des
parents adoptants.
Je pense que la meilleure façon de
libeller la loi pour la rendre la moins... aux contestations, c'est de très
bien déterminer à quoi sert chacun des congés et ensuite d'établir clairement
dans la loi que la volonté du législateur, désormais, c'est de répondre aux
besoins de deux groupes particulièrement... dans une situation de vulnérabilité.
Évidemment, le congé de maternité avec les femmes qui accouchent et personne ne
remet ça d'aucune manière en question. Et aussi une protection pour un autre
groupe vulnérable qui est maintenant reconnu que sont les enfants adoptés.
Je dirais peut-être, si vous me posez la question
tout à l'heure, je vous parlerai bien de la question de l'adoption de l'enfant
du conjoint, qui m'apparaît ici probablement être un peu problématique. Je vous
dirai pourquoi. Et je vous dirais aussi peut-être que le congé de paternité, il
faudrait peut-être repenser l'appellation de ce congé-là pour les raisons que
je vous expliquerai si vous me le permettez. Je sais que j'ai abusé de votre
temps, je vous remercie beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Je vous remercie pour votre exposé. Nous donnons maintenant la parole au
ministre pour commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez
13 minutes.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, vous remercier, Mme Lavallée. Vous avez maintenant, vous
le savez bien, jouer un rôle qui est quand même assez prépondérant dans les
amendements que nous avons soumis à l'Assemblée nationale au mois de mars
dernier après des discussions, là, relativement intensives avec ma collègue de
Joliette que vous connaissez bien. J'apprécie votre pensée. Pendant un temps,
je me souvenais à quel point j'appréciais mes cours à la faculté de droit. Vous
entendre, votre profondeur, votre rigueur, le développement de vos idées, c'est
particulièrement... ça a beaucoup de valeur pédagogique pour nous, là, ici, ce
matin.
Je vais vous donner certainement
l'opportunité d'aller plus loin, mais si on remonte à 2006, quant il y a eu la
négociation de l'entente entre Canada, Québec. On a sorti de la loi fédérale
sur l'assurance-emploi ce qui concernait le régime que nous avons bâti au
Québec, le RQAP. Comment vous expliquez l'évolution de l'espèce de dichotomie
entre les objectifs, là, quand vous dites : La jurisprudence est obsolète
parce que les objectifs de la loi fédérale ne sont pas les mêmes que le...
M. Boulet : ...ce qui
concernait le régime que nous avons bâti au Québec, le RQAP. Comment vous
expliquez l'évolution de l'espèce de dichotomie entre les objectifs, là, quand
vous dites : La jurisprudence est obsolète parce que les objectifs de la
loi fédérale ne sont pas les mêmes que le RQAP. À quoi vous attribuez cette
ambivalence-là ou cette orientation-là dans les objectifs qui ne sont plus les
mêmes?
Mme Lavallée (Carmen) : Écoutez,
je pense qu'au moment où on a négocié, là, le... on pourrait dire, le
rapatriement de cette compétence-là de Loi de l'assurance-chômage vers le Québec
pour la création du Régime québécois d'assurance parentaleil fallait évidemment
justifier de raisons qui pouvaient expliquer pourquoi on voulait notre propre
régime d'assurance parentale. Et l'une des principales qui a été évoquée, et
ça, nous, on a procédé à l'étude de toutes les commissions parlementaires qui
ont eu lieu, et, dans l'article, on a repris, là, des grands bouts des
discussions, c'est qu'on a dit : Nous, au Québec, il est temps de mettre
fin au lien qui existe entre l'arrivée d'un enfant et la perte de son emploi.
Donc, on ne veut plus que l'arrivée d'un enfant soit associée à la perte d'un
emploi, on n'est plus dans un régime d'assurance-emploi où là on va s'orienter
exclusivement sur les adultes, et là il y a une logique de dire : La femme
qui accouche, c'est une travailleuse, donc elle est privée, pendant un certain
temps, d'occuper son emploi, elle doit être indemnisée.
Là, nous, on a dit : Non, nous, on
veut un régime qui s'apparente plus à une politique familiale quelque part. On
veut un régime qui est plus large, qui vise à soutenir les parents... et on le
dit sur le site Web, à soutenir les parents dans leur désir d'avoir des
enfants. Donc là, on est avec des objectifs qui sont beaucoup plus larges. Et,
dans la mise en oeuvre d'une politique sociale qui vise à soutenir la famille,
on ne peut plus faire abstraction des effets sur les enfants que produit cette
loi-là.
Et c'est dans ce sens-là que je vous
dis : Les objectifs étant distincts, lorsqu'on procède à l'analyse en
vertu de l'article 15 de la charte pour déterminer si la loi est
discriminatoire au sens de l'article 15, une des premières choses qu'on voit,
c'est qu'on retourne aux objectifs de la loi. Donc, si les objectifs de la loi
sont de soutenir les parents et dans leur désir d'avoir des enfants, c'est pour
ça que je vous dis : On va mal le lien rationnel qu'il y a entre le
fait... On le voit pour les femmes qui accouchent, on leur donne un congé,
c'est parfait. On voit mal le lien rationnel qu'il y a entre cet objectif-là et
le fait de priver un autre groupe vulnérable de la même protection de la loi.
Et c'est pour ça que je vous dis que ce
n'est pas des vases communicants. Avec la Loi sur l'assurance-chômage,
évidemment les droits de la femme qui accouche étaient prépondérants parce
qu'il n'y avait pas d'autres objectifs que ceux-là. Ici, dans un régime qui
vise plus à soutenir la famille et les parents, on dit : Oui, mais quels
sont les gens qui doivent être soutenus? Et le choix ou le moyen que le
législateur prend pour arriver à son objectif, qui est de soutenir la famille,
ça, il ne peut pas le faire en violation de l'article 15...
Mme Lavallée (Carmen) :
...dans un régime qui vise plus à soutenir la famille et les parents, on
dit : Oui, mais quels sont les gens qui doivent être soutenus? Et le choix
ou le moyen que le législateur prend pour arriver à son objectif, qui est de
soutenir la famille, ça, il ne peut pas le faire en violation de l'article 15.
Je ne sais pas si ça répond.
M. Boulet : Oui, tout à
fait. Donc, la jurisprudence que vous considérez comme étant obsolète, qui
dit : On ne peut pas conférer une pleine égalité parce que c'est ne pas
reconnaître les effets physiologiques qu'une grossesse peut avoir sur une mère
biologique, ne tient plus la route parce que la grille d'analyse...
Mme Lavallée (Carmen) :
N'est plus la même.
M. Boulet : ...que les
tribunaux utilisent dans l'interprétation et l'application de l'article 15
de la charte canadienne nécessite un regard précis des objectifs et s'assurer
que les moyens, donc ce qui est dans le régime, est compatible, il y a un lien
rationnel avec les objectifs.
Mme Lavallée (Carmen) :
Qui est raisonnable. La loi dit «un lien raisonnable», hein? Donc, il faut
qu'en regardant ça on se dise : Bien, voici les objectifs qu'on poursuit
et, pour arriver à l'atteinte de ces objectifs-là, voici les moyens qu'on met
en oeuvre.
M. Boulet : Je l'ai vraiment
réalisé, hein? On avait quand même fait dans le dépôt initial un grand pas en
avant. On avait réduit considérablement l'écart entre les mères et les... les
mères adoptives et les mères biologiques. Mais, ceci dit, ce n'était pas
l'égalité parfaite, puis je le comprends puis ça me rassure, moi, au plan
juridique.
Est-ce qu'en sens inverse d'avoir maintenu
le régime tel qu'il était nous exposait à des risques de poursuites
judiciaires, en invoquant encore l'article 15 et en suivant le même
raisonnement?
Mme Lavallée (Carmen) :
Absolument. Moi, je pense que le projet de loi n° 51, tel qu'il est... a
été déposé, sans les amendements, à mon avis, les risques de contestation sont
beaucoup plus grands que la... qu'il soit contesté qu'avec les amendements
parce que...
M. Boulet : Tout à fait.
Mme Lavallée (Carmen) :
...si on adopte aussi les amendements, si on dit clairement : Voici
l'objectif du congé d'adoption, si on dit : Les responsabilités
parentales, c'est pour tout le monde, ça, il n'y a plus de différence. C'est là
que je trouve qu'il y a encore un peu une confusion, c'est qu'on a un congé
d'accueil d'adoption puis ensuite on a un congé d'adoption. On dit : C'est
quoi, le congé d'adoption, il sert à quoi?
M. Boulet : Je comprends.
Mme Lavallée (Carmen) :
C'est un congé de prestation parentale. Il sert... Dans les deux cas, dans les
deux types de famille, il sert à la même chose.
M. Boulet : Qu'on soit
biologique ou adoptant. Oui, tout à fait.
Mme Lavallée (Carmen) :
Oui. Et là on a une égalité de ça, on a un congé de maternité qui répond... Et,
tu sais, on dit : Ça leur fait perdre... En fait, si on diminuait le congé
pour les femmes qui accouchent, là, je vous dirais : Bien là, pas sûre, tu
sais.
Mais, à partir du moment où, sans coûts
additionnels excessifs — et ça, la Cour suprême l'a souvent
dit — sans coûts additionnels excessifs, on est en mesure de répondre
aux besoins des deux groupes vulnérables, c'est là qu'on ne voit pas la
raisonnabilité du moyen qui est mis en oeuvre.
M. Boulet : C'est pour ça
que c'est quand même assez étonnant qu'il n'y ait pas eu de poursuites dans le
temps, là. Parce qu'avant le projet initial il y avait encore plus de risques
parce que, comme je vous mentionnais, on a réduit l'écart, donc les risques
étaient encore plus présents...
Mme Lavallée (Carmen) : ...la
raisonnabilité du moyen qui est mis en oeuvre.
M. Boulet : C'est pour ça que
c'est quand même assez étonnant qu'il n'y ait pas eu de poursuite dans le
temps, là, parce qu'avant le projet initial, il y avait encore plus de risques.
Parce que, comme je vous mentionnais, on a réduit l'écart, donc les risques
étaient encore plus présents avant. Donc, c'est étonnant qu'il n'y ait quand
même pas eu de poursuite. Et nous, on partait de la prémisse qu'il aurait pu y
avoir des risques avec une égalité parfaite, mais c'est sûr qu'on a réalisé
qu'il y avait un consensus social extrêmement puissant qui coexistait avec
l'engagement électoral du parti gouvernemental. Moi, je me disais : On va
y aller graduellement, on va y aller progressivement. On avait fait un grand
pas en avant, mais je suis vraiment content du résultat, Mme Lavallée,
puis je vous remercie beaucoup.
Je veux y aller assez... on aura
l'occasion peut-être de se reparler parce que j'ai plein de questions à vous
poser, mais je veux vous laisser parler. Congé de paternité, qu'est-ce que vous
avez à dire?
• (11 h 40) •
Mme Lavallée (Carmen) : Bien,
en fait, je comprends que... bien, le congé de paternité, personnellement,
j'aurais eu tendance à le qualifier de congé de conjoint ou de conjointe de la
femme qui accouche, hein? Ça fait presque 20 ans maintenant que le Code
civil reconnaît des droits aux familles homoparentales. Je pense qu'il y aurait
peut-être une adaptation du vocabulaire ici qui serait nécessaire. Je sais que
ces cas-là sont réglés par les gestionnaires du... par le conseil, là, au cas
par cas un peu. Et je pense que, dans les faits, je présume, je n'ai pas eu
cette information-là, mais je présume qu'ils accordent, par exemple, dans un
couple de femmes, quand il y en a une des deux qui accouche, je présume qu'on
accorde le congé de paternité à sa conjointe.
M. Boulet : Exactement.
Totalement.
Mme Lavallée (Carmen) : Alors
là, je me dis...
M. Boulet : Mais au niveau des
concepts, vous avez totalement raison.
Mme Lavallée (Carmen) : Oui.
M. Boulet : Et vous savez
qu'on est en processus de réforme des règles de filiation, là...
Mme Lavallée (Carmen) :
Absolument. Absolument.
M. Boulet : ...puis du droit
de la famille, les règles qui sont dans le Code civil du Québec, et on va faire
l'adaptation qui s'impose.
Mme Lavallée (Carmen) :
D'accord. Donc, c'est pour ça...
M. Boulet : Mais dans
l'application puis dans la loi, vous allez voir qu'il y a peu d'utilisation de
concepts, là, on y va vraiment en fonction de la réalité qui est spécifique.
Mais la question des mères porteuses, par exemple, ça, ça...
Mme Lavallée (Carmen) : Oui,
absolument, la question se pose. Et évidemment, on est face à une réforme
majeure du droit de la famille. Je pense que votre collègue travaille... du ministre
de la Justice travaille déjà sur ça. À partir du moment où, et je ne présume de
rien, là, je ne suis pas dans le secret des dieux, mais à partir du moment où
on encadre le régime des mères porteuses, évidemment, pour l'attribution des
congés parentaux, la question va se poser, hein, qui va bénéficier des
régimes... des congés à ce moment-là? Alors, bien évidemment, on peut penser
que la mère porteuse est la femme qui accouche, qu'elle aurait droit au congé
de maternité, bien évidemment. S'il y a remise de l'enfant dès la naissance,
bien là, on aurait des gens qui auraient droit à une prestation parentale et à
l'autre... Je pense que c'est à peu près la seule façon de diviser les choses.
Mon intervention ne vise pas à critiquer
sur cet aspect-là fond de la loi. C'est juste que je trouve qu'il y aura un
effort à faire pour mettre le vocabulaire en accord avec ce qu'on fait déjà.
Mais je sais que la question, présentement, est délicate parce que
l'article 541...
Mme Lavallée (Carmen) : …pense
que c'est à peu près la seule façon de diviser les choses. Mon intervention ne
vise pas à critiquer sur cet aspect-là le fond de la loi. C'est juste que je
trouve qu'il y aura un effort à faire pour mettre le vocabulaire en accord avec
ce qu'on fait déjà. Mais je sais que la question, présentement, est délicate parce
que l'article 541 du Code civil dit que les contrats de mères porteuses
sont sans effets juridiques, mais dans les faits, ils en produisent, des effets
juridiques, parce que quand la mère remet l'enfant au couple qui… demandeur,
qu'on appelle, au couple d'intention, bien, en réalité, ça produit des effets.
Puisqu'en plus, la Cour d'appel du Québec a dit que l'adoption était possible
dans ce cas-là, on passe par l'adoption de l'enfant du conjoint pour établir
l'affiliation à l'égard de l'autre homme ou… d'un homme, mais des fois, ce
n'est pas juste des couples d'hommes, hein, ça peut être un couple hétérosexuel
aussi qui a recours aux services d'une mère porteuse.
M. Boulet : Tout à fait. Et je
trouvais intéressant quand vous référiez aussi… quand on dit : «les
prestations parentales ou d'adoption partageables», ça devrait se limiter à
être des prestations partageables, indépendamment que ça soit… tu sais, il y a
une…
Mme Lavallée (Carmen) : Sans
distinction.
M. Boulet : Oui, absolument.
Il y a une certaine forme de redondance. Je veux vous entendre maintenant… je
ne sais pas combien il me reste de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il vous reste 1 min 20 s.
M. Boulet : Allez, vite,
Mme Lavallée. L'adoption de l'enfant du conjoint, vous aviez un mot à dire
là-dessus.
Mme Lavallée (Carmen) : Oui.
Je veux juste attirer votre attention sur cette forme d'adoption de l'enfant du
conjoint. C'est une adoption qui, dans les faits, passe très souvent sous le
radar. C'est-à-dire qu'on ne sait pas exactement il y en a combien et c'est une
forme d'adoption qui présente des caractéristiques particulières, et je vais
essayer de vous dire rapidement pourquoi.
Dans une étude que j'ai menée avec
Romaine Ouellette, une professeure de l'INRS, là, l'Institut national de
la recherche scientifique. On a dépouillé, dans le district Saint-François de Sherbrooke,
1 700 dossiers d'adoption entre 1950 et 2014. On a départagé les
internationales des internes, et dans les adoptions internes, on a départagé
les adoptions d'un enfant en protection de la jeunesse d'une adoption
intrafamiliale ou l'adoption de l'enfant du conjoint. Qu'est-ce que qu'on
entend par l'adoption de l'enfant du conjoint? C'est dans à peu près 97 %
des cas, c'est le nouveau conjoint de la mère qui va adopter le ou les enfants
qu'elle aurait eus d'une précédente union.
Dans les données qu'on a obtenues, et je
ne prétends pas que c'est valide…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion, allez-y rapidement. En conclusion, il reste 10 secondes.
Mme Lavallée (Carmen) : Ce
n'est pas… on doit traiter probablement ces adoptions-là différemment parce
qu'à mon avis, elles ne remplissent pas les critères du congé d'adoption qu'on
vient d'établir. Si quelqu'un d'autre me pose la question, je vais dire
pourquoi.
M. Boulet : Oui. Mais j'aurais
aimé ça vous parler aussi, Mme Lavallée, des risques d'un retour au
travail hâtif d'un parent adoptant.
Mme Lavallée (Carmen) :
Absolument.
M. Boulet : J'aurais aimé ça
que vous dissertiez aussi sur ce que vous appelez la normalité adoptive…
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau, M. le ministre.
M. Boulet : Merci beaucoup,
Mme Lavallée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Lavallée (Carmen) : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, M. le ministre. Alors, d'un commun accord, on a convenu que
l'autre groupe, ce serait le troisième groupe d'opposition qui prendrait la
parole…
M. Boulet : ...des risques d'un
retour au travail hâtif d'un parent adoptant.
Mme Lavallée (Carmen) : Absolument.
M. Boulet : J'aurais aimé ça
que vous dissertiez aussi sur ce que vous appelez la normalité adoptive.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
C'est beau, M. le ministre.
M. Boulet : Merci beaucoup,
Mme Lavallée.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Lavallée (Carmen) : Merci.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, merci, M. le ministre. Alors, d'un commun accord, on a convenu que
l'autre groupe, ce serait le troisième groupe d'opposition qui prendrait la
parole avec la députée de Joliette. Vous disposez de 2 min 40 s.
Mme
Hivon
: Merci,
Mme la Présidente. Imaginez, vous trouvez que vous manquez de temps, j'ai
2 min 40 s. Donc, Me Lavallée, merci infiniment. Vous savez que
vos travaux ont été très utiles pour convaincre le ministre, donc, de déposer
les amendements que vous avez vus et d'adopter le vocable spécifique et la réalité
spécifique d'un congé d'accueil et de soutien, donc, relatifs à l'adoption.
Je comprends qu'aujourd'hui vraiment vos
explications sont très claires, très solides, parce que l'argument qui a été
mis de l'avant pour maintenir une différence, vous l'avez bien entendu, puis
c'est ce que vous tentez de démonter, c'étaient les risques de poursuite. Et je
pense que ce qui est particulièrement éloquent dans ce que vous dites aujourd'hui,
c'est que, d'une part, ces risques-là étaient associés probablement à une
mauvaise interprétation de la jurisprudence qui était fondée — je
veux bien résumer — sur une loi aux objectifs différents, qui était
la Loi sur l'assurance‑chômage, qui n'a pas les mêmes objectifs que notre loi.
Et, par ailleurs, on aurait pu avoir des poursuites basées sur la violation des
droits de l'enfant si on gardait une distinction. Donc, c'est un argument,
disons, qui pouvait être vu comme mal fondé. Et surtout, moi, je pense
qu'au-delà de la perspective purement juridique, le questionnement, c'était de
se dire : Mais vu le consensus social, puis on l'a vu dans la mobilisation
qui a eu cours, qui porterait un recours comme celui-là, là, logiquement, de
venir dire qu'on brime la mère biologique, pas parce qu'on lui enlève quelque
chose, mais parce qu'on donne l'égalité aux parents adoptants?
Donc, merci beaucoup d'avoir clarifié ça.
Ça peut être très utile quand les gens vont retourner au débat. Puis il y
aurait plein de choses à dire, mais je pense que vous faites tellement bien de
dire que ce congé-là, il a des objectifs spécifiques qui sont de surmonter les
difficultés induites par le parcours préadoption, ce qui est fondamental.
Certains parents diraient qu'il faudrait avoir un congé plus étendu même
tellement ces difficultés-là sont importantes.
Très concrètement, je comprends que vous
nous dites que...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
30 secondes.
Mme
Hivon
: Ah!
c'est plein, que c'est mieux de... ce serait mieux d'enlever la réalité de
congé d'adoption, on garde la nouvelle appellation pour le congé précis, vous
parleriez simplement de congé parental, que ce soit biologique ou... le
maternité demeure, le paternité ou du conjoint, mais vous appelleriez ça
parental...
Mme Lavallée (Carmen) : Oui.
Mme
Hivon
: O.K.
Mme Lavallée (Carmen) : Parce
qu'en fait c'est les mêmes réalités, je pense, hein? Quand je dis : Tous
les parents veulent développer des liens affectifs avec leur enfant, c'est tout
à fait exact. C'est que l'enfant adopté, contrairement à un enfant qui naît, ce
n'est pas une page blanche, hein, il a déjà... Et on sait... Dans l'article, on
l'explique bien, hein, ils ont un vécu préadoptif important. Ils sont adoptés
maintenant à des âges plus avancés. C'est des enfants qui...
Mme Lavallée (Carmen) : ...leur
enfant, c'est tout à fait exact. C'est que l'enfant adopté, contrairement à un
enfant qui naît, ce n'est pas une page blanche, hein, il a déjà... Et on
sait... Dans l'article, on l'explique bien, hein? Ils ont un vécu préadoptif important.
Ils sont adoptés maintenant à des âges plus avancés. C'est des enfants qui
présentent déjà certains problèmes d'adaptation et, en adoption interne, c'est
des enfants en protection de la jeunesse.
Je ne parlerai pas de la protection de la
jeunesse ici, mais on sait qu'on reproche souvent au directeur de la protection
de la jeunesse de laisser trop de temps, hein? Donc, pendant tout ce temps-là,
là, où l'enfant est en famille d'accueil...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, on vous remercie beaucoup.
Mme Lavallée (Carmen) : C'est
des choses à réparer.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci à la députée de Joliette. On y va maintenant avec le porte-parole de l'opposition
officielle, avec le député de Nelligan. Vous disposez de
10 min 40 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Je vais être très bref parce que, sérieusement, je veux vraiment
vous entendre. Excellente présentation, très éloquente, beaucoup d'arguments.
Ça nous a clarifié pas mal de points.
Je vais refaire... parce que je pense que
vous n'avez pas eu le temps, au niveau de votre présentation. Mais,
concrètement, vous êtes au courant où on est maintenant dans le processus. Ça
s'en vient, l'étude article par article, avec M. le ministre.
Concrètement, j'ai vu qu'il y a plusieurs
éléments dans votre présentation. Mais, si on veut répondre au-delà de la question,
vous avez dit : Congé de prestations parentales. Ça, vous insistez sur ça au
niveau de la sémantique, mais aussi en tenant compte de la réalité. Au-delà de
vos arguments ou de vos propositions qui touchent les autres lois, sur quoi
vous insistez aujourd'hui, dans cette commission, que nous tous, les
parlementaires, on doit insister pour que ce projet de loi aille de l'avant?
Mme Lavallée (Carmen) : Bien,
je pense que j'ai déjà un peu mentionné... Ce qu'il est important de faire
valoir, je crois, c'est que ce qu'on veut, je pense, collectivement, c'est
mettre la loi à l'abri des contestations judiciaires. En réalité, la façon de
la mettre à l'abri, c'est de donner une impression à la société que les gens
sont traités équitablement, hein? Donc, c'est sûr qu'il n'y a jamais rien de
parfait, puis des fois il y a des adoptants qui pourraient dire : Oui,
mais nous, on en veut plus puis...
• (11 h 50) •
Parce qu'on fait des catégories, et, à
l'intérieur des catégories, il y a des différences, hein? Il y a des femmes
qui, peut-être, 18 semaines de congé de maternité, ce n'est pas assez dans
leur cas. Il y a des parents adoptants qui vont dire : Moi, mes enfants,
ils ont vécu des choses tellement épouvantables que... Mais là on essaie de
tracer des catégories, en sachant, par ailleurs, qu'il y a des cas individuels.
Mais la loi ne peut pas régler tous les cas individuels qui se présentent.
Donc, l'objectif, c'est d'établir clairement
les objectifs de chacun des congés pour qu'on puisse par ailleurs... je
reprends l'exemple de M. Schachter, là, pour... qu'on aurait pu maintenant
dire à un père biologique qui contesterait, en disant : Moi, je n'ai pas
de congé d'adoption, bien, lui expliquer clairement qu'il ne peut pas avoir un
congé d'adoption parce qu'il n'est pas, dans les faits, confronté à cette
difficulté-là.
M. Derraji : Oui. J'essaie
juste de résumer. Désolé. Probablement, mon cerveau comprend autrement. Vous voulez
qu'on soit beaucoup plus clairs, au niveau du projet de loi, au niveau de
l'utilisation de la sémantique, être beaucoup plus clairs.
Mme Lavallée (Carmen) : Sur
les...
Mme Lavallée (Carmen) :
...expliquer clairement qu'il ne peut pas avoir un congé d'adoption parce qu'il
n'est pas, dans les faits, confronté à cette difficulté-là.
M. Derraji : Oui. J'essaie
juste de résumer, désolé... probablement mon cerveau comprend autrement. Vous
voulez qu'on soit beaucoup plus clair au niveau du projet de loi,k au niveau de
l'utilisation de la sémantique, et... être beaucoup plus clair.
Mme Lavallée (Carmen) : Sur
les objectifs, oui. Et utiliser les termes... C'est pour ça que je
recommanderais d'enlever «congé d'adoption seul». C'est pour ça que je pense
qu'il faut changer l'appellation «congé de paternité». Je pense que, sur le
fond, là, le projet de loi, avec les amendements, il correspond... je pense
qu'il est vraiment le résultat d'un consensus social.
M. Derraji : ...je veux plus
profiter de votre présence. Un, vous avez dit, au début : Le libellé de la
loi... vous proposez qu'on le change. J'ai entendu le libellé, le nom de la
loi...
Mme Lavallée (Carmen) : Non,
je ne crois pas, non. Je me suis peut-être mal exprimée, je...
M. Derraji : Mais j'ai cru
comprendre que le libellé au début...
Mme Lavallée (Carmen) : Non,
le libellé me... je ne vois pas rien de particulièrement problématique avec le
libellé, non.
M. Derraji : O.K. Donc, ce qu'il
y a à l'intérieur de la loi maintenant vous convient. À part les prestations
parentales, donc, partageables entre les parents, séparer le... répondre aux
besoins de la maternité, donc les femmes qui accouchent, les enfants adoptés, au
niveau de l'angle enfant adopté, est-ce que ce qui est proposé dans la loi vous
convient?
Mme Lavallée (Carmen) : Je
pense que c'est équitable.
M. Derraji : Équitable entre
tous les groupes.
Mme Lavallée (Carmen) : Entre
les groupes. Parce qu'en fait, puis c'est le grand défi, là, du libellé de
cette loi-là, c'est de prendre en considération les besoins de différents
groupes. Alors, il n'est pas question de donner préséance ici à qui que ce
soit. C'est de dire est-ce que ça correspond à une réalité? Et je pense que
oui, si on libelle vraiment bien en utilisant le vocabulaire adéquat, je pense
qu'on a un projet de loi formidable et qui est une avancée, là, par rapport à
d'autres juridictions, certainement.
M. Derraji : Excellent.
L'autre point, et je sais que c'est un peu... très difficile, parce qu'on parle
d'un autre projet de loi. Vous avez évoqué l'article 541, si je ne me trompe
pas. O.K., là, ça concerne autre chose, mais comment, selon vous, selon votre interprétation,
en date d'aujourd'hui — nous sommes en train d'étudier ce projet de
loi — on peut faire quand même des avancées en attendant le travail
que le gouvernement est en train de faire par rapport à un autre projet de loi?
Mme Lavallée (Carmen) : Oui,
bien, en fait, la question avec les mères porteuses va se poser. Évidemment, il
faut que la mère porteuse soit au Québec, hein, donc, parce qu'il y a des
contrats de mère porteuse où la mère porteuse est à l'étranger. Donc, première
distinction qu'il faudra faire dans l'attribution du congé, évidemment, ça
prend une mère porteuse québécoise. Et il faudra déterminer ensuite qui seront
les autres parents qui vont se partager les congés parentaux. Et quand bien
même la mère ne met pas son nom à l'acte de naissance de l'enfant — ça,
ça va être en débat, là, dans le projet de loi sur la
filiation — elle a quand même droit au congé de maternité, hein? Ce
n'est pas le lien de filiation qui lui donne droit au congé, c'est le fait de
mettre au monde un enfant, d'avoir eu une grossesse, un accouchement. La
question qui va se poser par la suite, prenons un exemple...
Mme Lavallée (Carmen) : …ne met
pas son nom à l'acte de naissance de l'enfant, ça, ça va être en débat, là,
dans le projet de loi sur la filiation, elle a quand même droit au congé de
maternité, hein, ce n'est pas le lien de filiation qui lui donne droit au
congé, c'est le fait de mettre au monde un enfant, d'avoir eu une grossesse, un
accouchement.
La question qui va se poser par la suite…
prenons un exemple d'un couple hétérosexuel qui aurait recours aux services
d'une mère porteuse au Québec. La mère porteuse aura son congé de maternité tel
que prévu dans la loi, et les parents d'intention pourraient se partager le
congé de prestation parentale entre eux puisque c'est un congé exclusif ou
partageable.
M. Derraji : En date d'aujourd'hui,
je ne pense pas que, dans ce projet-là, pas… mais, vous, vous pensez quoi,
c'est quoi, la porte de sortie en attendant que ça se règle dans notre projet
de loi?
Mme Lavallée (Carmen) : Bien, je
pense que la porte, elle existe déjà parce que, dans les faits, on est arrivés
à faire des cas… En réalité, la loi, elle ne pourra jamais prévoir tous les cas
de figure. C'est sûr que là, avec la réforme du droit de la famille, je pense
que ces congés-là pour les familles… parentales ne pourront plus rester dans
l'ombre, c'est-à-dire gérés à la pièce par le conseil de gestion du régime
d'assurance parentale, il va falloir… si le législateur va vers une
reconnaissance et un encadrement des contrats de mère porteuse, il faudrait que
les gens sachent, à l'avance, quels congés auxquels ils auront droit, alors que
là, comme c'est géré un peu à la pièce, à la discrétion puis avec… ce n'est pas
aucune malveillance, là, comprenez-moi bien, là, c'est géré à la pièce par le
conseil de gestion, le problème, c'est que les gens ne le savent pas et ils se
disent : Je vais demander au conseil de gestion si j'ai droit à un congé,
puis là je ne sais pas à qui je vais avoir affaire.
Et, historiquement, on sait qu'il y en a
qui se sont fait dire non, parce qu'on a dit : Ah, c'est sans effet
juridique, il y en a qui l'ont eu. Temporairement, je pense qu'on peut vivre peut-être
avec ça, mais il faudrait que ça vienne dans la lumière. Si on reconnaît, par
exemple, les couples de même sexe, on leur reconnaît le droit de recourir aux
services d'une mère porteuse, il faut leur dire à l'avance lorsque cet
enfant-là va... Quand on va lui voir le bout de son nez qui va le prendre en
charge et quels sont les congés qu'ils auront.
M. Derraji : Mais j'imagine,
le ministre, il est d'accord. Encore une fois, je vais être généreux, je pense
que j'ai aimé la dernière question mais n'abusez pas, la dernière question.
Non, non, non, parce que je voulais la poser, la dernière, uniquement la
dernière question sur le travail des... celles que vous avez mentionnées.
M. Boulet : Des mères
porteuses.
M. Derraji : Oui, oui, oui...
Non, non, non,
Mme Lavallée (Carmen) :
L'adoption
M. Derraji : Oui... s'il vous
plaît, j'avais le...
M. Boulet : Ah! Oui, oui, tout
à fait. Oui, que j'aurais aimé l'entendre sur les incidences d'un retour au
travail hâtif de parents adoptants. Il y a des risques dont vous parliez puis
j'aurais aimé ça que vous élaboriez là-dessus.
Mme Lavallée (Carmen) :
Écoutez, ça, on ne le retrouve pas nécessairement dans la littérature
juridique. C'est beaucoup dans la littérature en médecine et en service social.
Je vous disais, comme on demande aux parents de réparer une profonde insécurité
chez un enfant. En fait, le trouble affectif, là, il se développe parce que
l'enfant, il pleure. Il est à l'orphelinat dans son lit. Ils pleurent tous en
même temps. Il a faim. Il n'est pas nourri. On le nourrit quand il n'a pas
faim. On ne répond pas à ses besoins. Il perd confiance en l'adulte...
Mme Lavallée (Carmen) :
...de réparer une profonde insécurité chez un enfant. En fait, le trouble
affectif, là, il se développe parce que l'enfant, il pleure. Il est à
l'orphelinat dans son lit. Ils pleurent tous en même temps. Il a faim. Il n'est
pas nourri. On le nourrit quand il n'a pas faim. On ne répond pas à ses
besoins. Il perd confiance en l'adulte. Les adultes ne répondent pas ou
répondent mal. On le voit en adoption... En adoption interne, on a des parents
dont les capacités parentales sont restreintes pour toutes sortes de raisons,
abus de drogues, problèmes sociaux, peu importe, ce n'est pas... Mais l'enfant,
lui, il est là. Il pleure. Il a besoin qu'on s'occupe de lui. Il a besoin qu'on
le sécurise. Ce n'est pas fait.
Cette insécurité-là et ce manque de
confiance que l'enfant développe à l'égard de l'adulte, lorsqu'on le place dans
une famille adoptante... Et ça, des parents adoptants, si vous en entendez, il
y en a plusieurs qui pourraient vous en témoigner. Par exemple, un père qui me
disait : Ma fille, pendant plus de six mois, j'ai été incapable de la
prendre dans mes bras. Elle était collée sur mon épouse constamment. Cette
insécurité-là, elle peut se traduire comme ça concrètement : un enfant qui
s'agrippe et, dès qu'on le pose, il hurle. C'est des troubles affectifs
importants.
C'est pour ça que le congé d'adoption, il
est pour ces enfants-là. Avant de penser que l'enfant va vous aimer, là, il
faut d'abord qu'il soit sécurisé. Il faut qu'il fasse confiance. Quand il fait
confiance, il développe une relation affective. Et les études démontrent — et
pour répondre à votre question, je parle trop — les études démontrent
que le délai que ça peut prendre pour un enfant adopté pour récupérer son
niveau de développement d'un enfant qui aurait toujours vécu avec ses parents,
ça peut aller jusqu'à huit ans, dans certains cas. Et on admet que pour
certains enfants adoptés, malgré le fait qu'ils vont beaucoup progresser dans
leur développement affectif et cognitif, ils n'atteindront jamais le niveau
qu'ils auraient pu atteindre s'ils n'avaient pas été placés dans cette
situation-là.
Donc, évidemment, quand on a dans... Vous
allez entendre les syndicats tantôt, j'aurais eu deux mots à dire sur les
syndicats. Quand on réduit les congés d'adoption à cinq semaines dans les
conventions collectives du secteur public et quand on va même jusqu'à dire que
parfois, si les deux parents sont membres de la même unité syndicale, ils
doivent se partager le congé, donc on est rendus à deux semaines et demie,
chacun, payées comme congé d'adoption, là, vous comprenez qu'on ne répond pas
aux besoins des enfants adoptés, mais gravement...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
Mme Lavallée (Carmen) : Et
c'est pour ça que je vous disais...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci, merci, merci.
Mme Lavallée (Carmen) :
...c'est important que ça soit égalitaire parce que ça s'en va dans les
conventions collectives. Puis, dans les conventions collectives — je
suis délinquante, hein? — il n'y en a pas, de prestation parentale.
Donc, c'est très, très coûteux, si on réduit, c'est très coûteux pour les
familles.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Parfait. Merci beaucoup. Nous poursuivons avec le deuxième groupe d'opposition,
avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez 2 min 40 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Merci d'être ici aujourd'hui. Justement, j'allais vous poser la
question sur les conventions collectives, je le vois dans votre mémoire que ça
prend une certaine place. Quand on parle des… J'aimerais ça que vous nous
identifiez, donc, vraiment bien les problèmes. Puis ensuite, quand vous
dites : J'aimerais ça leur parler, aux centrales syndicales, mais il y a
aussi la partie patronale qui est le Conseil du trésor...
12 h (version non révisée)
M. Leduc : …merci d'être ici
aujourd'hui. Justement, j'allais vous poser la question sur les conventions
collectives, je le vois dans votre mémoire que ça prend une certaine place.
Quand on parle des… j'aimerais ça que vous nous identifiez dans… vraiment bien
les problèmes, puis ensuite, quand vous dites : J'aimerais ça leur parler,
aux centrales syndicales, mais il y a aussi la partie patronale qui est le Conseil
du trésor qui, souvent, trace la ligne de ce qu'il veut ou ne veut pas, là,
puis, des fois, le syndicat est un peu obligé d'accepter des choses ou
d'autres. Ils peuvent les contester par la suite, mais c'est toujours délicat
quand c'est eux-mêmes qui ont signé la convention collective. Mais si vous
pouvez peut-être nous parler un peu plus, donc, de cet aspect-là?
Mme Lavallée (Carmen) : Bien,
en fait, la difficulté avec les conventions collectives de travail, c'est que,
comme je disais, dans la très grande majorité, il n'y en a pas de prestations
parentales, hein? Donc, dans les conventions collectives de travail, en
général, il y a un congé de maternité, il y a un congé d'adoption, et il peut y
en avoir maintenant, là, je n'ai pas étudié récemment le cas.
Donc, à la suite d'une décision de la Cour
d'appel du Québec qui a été rendue, j'oublie l'année, mais vous l'avez dans le
document, où on a dit à un père biologique qu'il avait le droit d'avoir le même
congé qu'un père adoptant, sur le fondement de ce qu'on a dit tout à l'heure.
On avait des congés d'adoption de 10 semaines dans la plupart des conventions
collectives et des congés de paternité de cinq semaines. On n'a pas augmenté
les congés de paternité, on a réduit les congés d'adoption à cinq semaines pour
égaliser, entre guillemets, les différents congés, ce qui fait en sorte que les
adoptants, comme ce n'est pas des congés de paternité, hein, c'est un adoptant,
on a réduit, pour la personne adoptante, son congé à cinq semaines payées. Il
n'y a pas de prestations parentales, donc c'est sûr qu'on peut dire : Dans
la loi sur le Régime québécois d'assurance parentale, elle a droit à
37 semaines, tu sais, dans la loi, là, actuelle, là. Mais, au-delà du cinq
semaines, c'est 32 semaines à ses frais.
Donc, c'est pour ça que je vous dis :
Quand les conventions collectives... Quand la loi... Je vais le formuler autrement.
Quand la loi sur le Régime québécois d'assurance parentale autorise les
employeurs et les syndicats à créer des différences dans les conventions
collectives sur l'attribution des congés, régulièrement, et pour ne pas dire tout
le temps, ça s'est fait au détriment des parents adoptants. Pourquoi? Parce que
les parents adoptants, c'est des syndiqués aussi, mais ils sont peu nombreux.
Et si on regarde l'historique des contestations, tantôt vous disiez, M. le
ministre : Pourquoi ça n'a pas été contesté avant? Les contestations qui
ont été menées l'ont toujours été par des syndiqués qui ont invoqué, au départ,
dans leur convention collective et dans la loi, et comme ils sont très
nombreux... Si on regarde l'histoire, les syndicats et les employeurs, assez
souvent, comme dans le cas de l'affaire Schachter, ont concédé, hein, ont
dit : Ah! c'est vrai. Et cette décision-là de la Cour d'appel, la Cour
d'appel ne s'est pas penchée sur le fond de la question, pas plus que la Cour
suprême dans l'affaire Schachter. Pourquoi? Parce que le syndicat et les
employeurs se sont entendus pour diminuer et concéder les droits des parents
adoptants parce que c'est des groupes qui sont plus ou moins organisés, pas
très nombreux. Je ne sais pas si ça répond.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On a déjà dépassé le temps. On vous remercie beaucoup, Mme Lavallée, hein?
Très intéressant. Alors...
Mme Lavallée (Carmen) : ...employeurs
se sont entendus pour diminuer et concéder les droits des parents adoptants
parce que c'est des groupes qui sont plus ou moins organisés, pas très
nombreux. Je ne sais pas si ça répond.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On a déjà dépassé le temps. On vous remercie beaucoup, Mme Lavallée, hein?
Très intéressant. Alors, écoutez, nous suspendons les travaux quelques instants
pour donner la chance au deuxième groupe de s'installer. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 3)
(Reprise à 12 h 9)
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Alors, nous allons commencer bientôt. Bonjour, je vous souhaite la bienvenue.
Alors, je souhaite la bienvenue à Mme Senneville et Mme Joncas de la Confédération
des syndicats nationaux. Je vous rappelle que vous avez 10 minutes où vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé. Avant de commencer, je vous
rappellerais ou je vous soulignerais de bien vous présenter et ensuite vous
pourrez présenter votre exposé.
• (11 h 40) •
Mme Senneville (Caroline) :
Parfait, alors bonjour, je suis Caroline Senneville, je suis première
vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux, la CSN pour les
intimes, et je suis accompagnée de Nathalie Joncas conseillère syndicale et
actuaire à la CSN. Voilà.
Donc, le RQAP.. Permettez-moi d'entrée de
jeu de prendre quand même un peu de temps pour souligner le fait que le RQAP
fait l'objet, a fait l'objet et continue de faire l'objet d'un fort consensus
social au Québec et que c'est un gain important pour l'ensemble de la population
du Québec. C'est, d'ailleurs... je ne bouderai pas mon plaisir d'indiquer qu'il
est issu d'un travail de longue haleine, de coalition, qui a été initié par la
CSN à la fin des années 80, une coalition, oui, syndicale, mais de groupes
de femmes, de groupes de défenses des familles aussi. Ça a pris une bonne
quinzaine d'années pour que cette lutte-là arrive à terme, mais ça valait la
peine parce qu'on a un programme, comme je le disais, qui fait l'objet d'un
fort consensus social et qui est performant, et qui a fait ses preuves.
Ce programme-là a permis de faire en sorte
que la naissance d'un enfant ne soit plus... ou adoption d'un enfant ne soit
plus cause d'appauvrissement pour une famille. On va se le dire,
particulièrement appauvrissement des femmes, c'était le travail des femmes qui
est touché en premier lieu. Ça fait en sorte que le taux de participation des
femmes au marché du travail, on est les champions nord-américains de ce taux de
participation là des femmes. Il y a eu d'autres mesures sociales, mais
celle-ci, je pense, elle a joué un rôle fort important. Et troisièmement, le
régime a permis une présence accrue des pères auprès de leurs enfants. Et là
aussi, on est dans le palmarès des nations qui permettent de voir... que les
pères aient une relation plus proche de leurs enfants.
Donc, on souligne de façon positive les
mesures supplémentaires qui sont, de façon générale, là, les mesures
supplémentaires qui sont prévues dans le projet de loi. Par exemple, le quatre
semaines de vacances... de congé supplémentaire, pardon, si les parents
partagent au moins 10 semaines de congé, on trouve...
Mme Senneville (Caroline) :
…façon positive, les mesures supplémentaires qui sont… de façon générale, là,
les mesures supplémentaires qui sont prévues dans le projet de loi. Par
exemple, le quatre semaines de vacances… de congé supplémentaire, pardon,
si les parents partagent au moins 10 semaines de congé, on trouve que
c'est quelque chose de bien. On ajoute quelque chose au père sans enlever à la
mère, ça favorise le partage, on va l'espérer, peut-être, le dialogue dans les
couples.
On est contents aussi de l'augmentation de
l'exemption pour cumuler des revenus de travail en plus de la prestation du
régime. On porte quand même à la commission… à l'attention de la commission la
problématique, en tout cas, qu'on souhaite qui n'arrive pas, c'est que cette
possibilité-là… que les employeurs ne mettent pas de pression indue sur les
parents pour reprendre le travail, par exemple, à temps partiel.
On sait que… bon, c'est sûr qu'il y a un
spécial COVID, là, mais avant la COVID, on était en rareté, en pénurie. Même
pendant la COVID, il y a des secteurs bien précis où il y a encore rareté et
pénurie et, bon, les modifications, on l'espère, vont vivre pendant quelques
années, et on l'espère aussi, la COVID sera derrière nous. Donc, il faut
exercer une vigilance à cet égard-là. Le RQAP, c'est un programme de congé pour
permettre aux parents d'être auprès de leurs enfants et de ne pas s'appauvrir
pendant ce temps-là.
On pense que la même vigilance devrait
être au rendez-vous en ce qui a trait à la plus grande flexibilité pour le
moment où on prend ces congés. Alors, avant, on pouvait les étendre sur
52 semaines. Maintenant, ce qui est proposé, c'est 78 semaines.
Alors, on est aussi favorables à ça, mais avec la même vigilance qui doit
s'exercer. Puis je peux vous dire qu'avant même la modification, nous, comme
syndicat, on est témoins d'employeurs qui peuvent appeler puis qui font des
pressions.
Alors, il faut vraiment qu'il y ait
entente entre les deux et de faire en sorte que le congé soit préservé. Donc,
la souplesse sur les vacances aussi par rapport au congé de maternité, là, de
18 à 20 semaines, ce sont des choses qu'on accueille favorablement, ainsi
que l'ajout de cinq semaines pour les naissances ou les adoptions
multiples.
On a… en tout cas, on voit dans le projet
de modification, là, le projet de modifications législatives, on voit une
volonté gouvernementale de les améliorer, notamment pour les… aussi pour les
parents adoptants. Ça fait l'objet de débats publics et on sait que les parents
adoptants avaient ou ont un sentiment d'iniquité à l'égard du régime et que la
nouvelle mouture de la loi a comme objectif à améliorer ceci. Donc, oui, nous
en sommes aussi, mais on a quand même des préoccupations en termes d'équité, tu
sais, qu'il reste à régler, à notre sens, entre les deux types de régime.
Première iniquité, je vous dirais, c'est
que, dans la nouvelle mouture de la loi, pour les congés d'adoption, c'est un
seul type de congé, il n'y a…
Mme Senneville (Caroline) :
...en termes d'équité, tu sais, qu'il reste à régler, à notre sens, entre les
deux types de régime.
Première iniquité, je vous dirais, c'est
que, dans la nouvelle mouture de la loi, pour les congés d'adoption, c'est un
seul type de congé, il n'y a rien de dédié. Alors, l'objectif du régime de faire
en sorte qu'il y ait des congés dédiés au père, l'objectif de faire que le père
joue un rôle plus grand auprès de sa famille, qu'il y a un sentiment plus...
qu'il y a un sentiment de proximité avec ses enfants, bien, c'est totalement
absent du congé d'adoption.
Alors, si c'est des principes qui sont
bons et qui nous guident lorsqu'il y a une naissance biologique, naturelle, là,
bien, il nous semble que ça devrait être des principes qui nous guident aussi
quand il y a adoption. Donc, le fait qu'il n'y ait aucun congé dédié dans les
congés d'adoption, pour nous, c'est quelque chose qui pourrait être amélioré.
Ça fait aussi... Le fait qu'il n'y ait pas
de congé dédié à l'un ou l'autre des parents, ça fait en sorte qu'un seul
parent peut passer beaucoup plus de temps ou... en tout cas, beaucoup... plus
de temps avec son enfant que dans le cas de parents qui ne seraient pas
adoptants. Donc, nous, on pense qu'il faut faire attention à ça puis peut-être
créer... mettre des balises parce que, c'est ça, ça... comme il y a des dédiés,
le congé de maternité ne peut pas être transféré de l'un à l'autre, le congé de
paternité ne peut pas être transféré de l'un à l'autre, et, dans le congé
adoptant, bien, on peut accumuler... une seule personne peut accumuler jusqu'à
55 semaines de congé.
Le principal problème pour nous qu'on
voit, d'inéquité, c'est tout ce qui touche au congé de maternité. Il faut
comprendre que, dans les congés parentaux, à notre avis, le congé de maternité
est quand même spécial. C'est un congé qui a été instauré, bien sûr, pour être
près de ses enfants, mais c'est un congé qui tient en compte aussi la santé de
la mère. La convention 183 de l'OIT, qui traite des congés de maternité,
met de l'avant ce principe-là. Le congé de maternité, c'est pour la santé de la
mère et la santé de l'enfant à naître ou qui vient à naître.
Il y a des spécificités au congé de
maternité, hein, que notre régime prévoit. Pendant le congé de maternité, on ne
peut pas cumuler d'autres revenus. On est d'accord avec ça parce qu'on se remet
d'un accouchement. Il n'est pas... Mais, en cas de décès, par exemple, une mère
qui décède, elle ne peut pas transférer les congés au père. Donc, il y a vraiment
des spécificités par rapport à ce congé-là. Puis on voit aussi que, là, il y a
inéquité, hein, quand il y a une ou l'autre des personnes qui ne peut pas
utiliser le congé.
Et, plus souvent qu'autrement, la mère va
prendre son congé de maternité avant la naissance, quelques semaines, pour sa
santé, pour la santé de l'enfant... Par exemple, le taux de naissances
prématurées est lié à l'état... à la condition de la mère, à l'état de santé de
la mère. Donc, ces mères-là, avec la nouvelle mouture, si elles prennent deux,
trois, quatre semaines de congé de maternité...
Mme Senneville (Caroline) :
...pour sa santé, pour la santé de l'enfant. Par exemple, le taux de naissance
prématuré est lié à l'état, à la condition de la mère, à l'état de santé de la
mère. Donc, ces mères-là, avec la nouvelle mouture, si elles prennent deux,
trois, quatre semaines de congé de maternité avant, bien, elles, elles auront
moins de temps avec leurs enfants que les parents adoptants. Alors, on a voulu
corriger une équité, et je pense que peut-être on n'a pas vu... bien, en tout
cas, peut-être que c'est resté dans l'angle mort, mais nous, on l'a vu. Et je
vous dirais que, pour un nombre significatif de femmes, elles n'ont pas le
choix. Toutes les femmes qui sont sur le programme de maternité sans danger,
qui est géré par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la
sécurité du travail, toutes ces femmes-là qui sont retirées de leur milieu de
travail, parce que leur milieu de travail est jugé dangereux pour elles ou pour
leur enfant à naître, sont obligées de quitter leur... d'être sur le régime
québécois... le RQAP, quatre semaines avant la date de l'accouchement. Donc,
forcément, pour toutes les femmes qui sont en retrait préventif, elles ont
quatre semaines de moins avec leur enfant.
Alors, c'est ces angles morts là qu'on a
voulu mettre de l'avant... éclairer, je vous dirais, par rapport aux parents
adoptants, donc faire en sorte qu'il y ait des congés dédiés puis de faire en
sorte que les mères qui... ne soient plus obligées de prendre un congé de
maternité avant... quand on bénéficie du programme de maternité sans danger.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Alors, merci pour l'exposé. Nous allons débuter la période d'échange
avec M. le ministre. M. le ministre, vous disposez de 16 minutes.
• (11 h 50) •
M. Boulet : Oui. Merci, Mme la
Présidente. D'abord, vous remercier, Caroline, Nathalie, présentation, qualité
du mémoire, les recommandations. Évidemment, ça va susciter des réflexions
additionnelles, mais je pense que globalement vous êtes totalement favorables
aux bonifications qui apparaissent dans ce projet de loi là, n° 51.
Deux, particulièrement, là, dont vous avez fait état, l'augmentation de
l'exemption pour les revenus concurrents. Ça, est-ce que vous pouvez nous dire
si le 25 %... parce que c'était 25 % du montant de la prestation
avant. Comme vous savez, maintenant, dans le projet de loi, ça va être augmenté
à un revenu qui est équivalent à la différence entre le revenu hebdomadaire et
le montant de la prestation, donc la personne va pouvoir cumuler... tu sais, si
elle gagnait 700 $ puis elle a une prestation de 400 $, elle va
pouvoir gagner 300 $. Ça va être bénéfique. Donc, je pense qu'on en est
convaincus tenant compte de l'état aussi actuel du marché du travail. Est-ce
qu'à votre connaissance le 25 % pouvait constituer un frein pour le retour
au travail à temps partiel, ou pour certaines femmes, ou certains... tu sais,
que ce soit des parents A ou B, là, parce que je ne veux pas embarquer un homme
ou une femme, là, parce que, parfois, c'est deux hommes ou deux femmes...
M. Boulet : ...qu'à votre connaissance
le 25 % pouvait constituer un frein pour le retour au travail à temps
partiel, ou pour certaines femmes, ou certains... tu sais, que ce soit des
parents A ou B, là, parce que je ne veux pas embarquer un homme ou une femme,
là, parce que, parfois, c'est deux hommes ou deux femmes. J'aimerais ça,
Caroline, vous entendre là-dessus.
Mme Senneville (Caroline) :
En fait, il faut comprendre que vous parlez à un syndicat, puis une des
premières choses qu'on essaie de négocier dans les conventions collectives,
c'est que la différence entre notre... le Régime québécois d'assurance
parentale et notre salaire soit comblé, à tout le moins, en partie, par un
régime de la convention collective, là, comme il y a des régimes d'assurance
collective, etc. Donc, ça touche peut-être moins les gens qui sont syndiqués.
Moi, je n'ai pas entendu parler que
c'était nécessairement un frein, mais... Je ne sais pas, Nathalie, si toi, tu
as des exemples concrets, là?
Mme Joncas (Nathalie) : Mais,
oui, à certains endroits, là, le 25 %, plus le salaire... quand tu
dépasses le salaire moyen, ça ne faisait pas beaucoup, puis pour certaines
personnes, ça pouvait représenter même pas une journée par semaine, là, tu
sais, donc c'est difficile. Et plus particulièrement la mère, là, lorsqu'elle
est... ça fait... dans les dernières semaines, de retourner tranquillement au
travail, de faire un retour progressif pour se remettre... Ça, souvent, c'est
ce qui est désiré par les mères, de peut-être, là, dans les cinq, six dernières
semaines. Mais quand c'est juste une journée, puis ça ne fait même pas une
journée, ça ne vaut pas la peine de le faire. Mais là avec... en augmentant
cette exemption-là, ça va permettre d'avoir un retour au travail beaucoup plus
productif, puis d'avoir aussi... de rentrer, puis de faire un... parce qu'avec
les enfants, tu sais, donc, oui, ça crée un frein. Et je pense que c'est un
ajout assez intéressant.
M. Boulet : O.K. Merci.
J'aimerais ça aussi vous entendre sur l'incitatif, là. Bon, vous le
mentionniez, il y aurait un ajout de quatre semaines partageables si les deux
parents partagent 10 semaines... prennent 10 semaines dans le congé
partageable. Donc, ça, on le voit comme un incitatif au père pour qu'il
s'investisse un peu plus dans la sphère familiale, parce que les pères, au
Québec, prennent le congé de paternité, mais prennent peu dans le congé
parental partageable. Comment vous... Qu'est-ce que vous auriez à dire
là-dessus, là, Caroline, là?
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, c'est une mesure, effectivement, incitative. C'est une carotte, là, tu
sais, c'est un bonus, un bonus au partage. Il faut... En tout cas, on pense que
c'est une bonne idée. On verra à l'usage, là, si... est-ce que c'est utilisé,
ou pas utilisé. Mais on trouve que c'est une approche innovante, qui fait en
sorte que les couples, les familles peuvent avoir plus si c'est basé sur le
mariage... sur le partage.
Puis on... dans l'équilibre des choses, on
n'a pas à enlever au congé de maternité, on n'a pas à enlever au congé
parental. C'est que c'est un bonus. Alors, on pense qu'effectivement... Et ça
va permettre, en tout cas, on le souhaite, des dialogues, puis de voir, bien,
ensemble comment on peut faire pour aller chercher quatre semaines de plus.
M. Boulet : Je préfère le mot
«incitatif» à «bonus»...
Mme Senneville (Caroline) :
...au congé de maternité, on n'a pas enlevé au congé parental, c'est un bonus.
Alors, on pense qu'effectivement... Et ça va permettre, en tout cas on le
souhaite, des dialogues puis de voir, bien, ensemble comment on peut faire pour
aller chercher quatre semaines de plus.
M. Boulet : Je préfère le mot
«incitatif» à «bonus». Ceci dit, j'aimerais vous entendre... Parce que ce n'est
pas tellement clair pour moi, là, quand vous parlez de congés dédiés. En ce qui
concerne les congés d'adoption, il y en a plus qu'avant, parce qu'avant le
projet de loi, c'était 37 semaines partageables, et dans le projet de loi il y
a cinq semaines exclusives aux parents A et B et il y a le 32 semaines
partageables, ce qui fait un cinq semaines globalement additionnelles. Mais il
y a quand même un pas de fait dans la direction des congés dédiés. Est-ce qu'il
y avait autre chose que je n'avais pas saisi, Caroline?
Mme Senneville (Caroline) :
C'est dans le congé d'adoption.
M. Boulet : Oui, dans le congé
d'adoption.
Mme Senneville (Caroline) :
Bien, le congé d'adoption...
M. Boulet : C'est dans le
partageable. Avant, c'était 37. Maintenant, c'est... Puis il n'y avait pas
d'exclusivité avant. Là, maintenant, il y a cinq, cinq plus le 32.
Mme Senneville (Caroline) :
Oui, mais ce qui peut arriver, O.K., c'est que, quand il y a un des deux... une
des deux personnes dans le couple n'a pas accès au régime, tu sais, puis, si on
n'a pas de revenu d'emploi, on perd tous nos congés, on n'a pas accès. Alors,
chez les personnes adoptantes, bien, elles peuvent avoir beaucoup plus de
congés pour être avec leur enfant, parce que ce qui est dédié est beaucoup plus
petit.
Le cas de la mort de la mère d'un enfant,
tu sais, alors, la mère meurt, le congé de maternité, il passe à la trappe, et
le père... alors que, si la même situation se passe chez les adoptants... On ne
le souhaite pas, là, puis ce ne sont pas... mais ce ne sont pas des situations
courantes, mais ça fait en sorte que dans ces situations-là, clairement, un
parent adoptant qui est seul pour toutes sortes de raisons, parce qu'il a moins
de dédié, va avoir plus de temps avec son enfant. Et on rajoute le troisième
bout : quand il y a un congé de maternité avec une naissance, bien, il y a
un bout du congé de maternité, c'est pour la santé de la mère, et donc elle le
prend avant la naissance obligatoirement si elle est en retrait préventif,
selon son état de santé et ce qui est possible si elle n'est pas en retrait
préventif, et ça aussi, ça fait en sorte que, quand on met les deux côte à côte
puis on dit : Bien, pour... c'est important que les parents puissent
passer le plus de temps possible avec leur enfant, là, on se rend compte qu'il
y a des cas où il y a un avantage plus d'un côté que de l'autre.
M. Boulet : Et vous parlez
même, Caroline, d'inéquité, parce que vous... quand vous mettez l'accent sur le
temps consacré ou passé avec l'enfant, vous dites : Bon. Celles qui se
servent du programme de maternité sans danger, on appelait ça des retraits
préventifs, ou celles qui débutent leur congé de maternité avant sont
désavantagées, et vous référiez à une inéquité. Et ça...
M. Boulet : ...passé avec
l'enfant, vous dites, bon, celle qui se sert du programme de Maternité sans
danger, on appelait ça des retraits préventifs, ou celles qui débutent leur
congé de maternité avant sont désavantagées, et vous référiez à une inéquité.
Et ça, est-ce que vous pensez que ça peut
engendrer des contentieux dans les milieux syndiqués en vertu des conventions
collectives? Est-ce qu'il y a des mères biologiques ou, ultimement, des pères
biologiques qui pourraient faire des griefs en se basant sur cette inéquité-là?
Mme Joncas (Nathalie) :
Mais c'est... Moi, là, je ne suis pas prête à dire qu'il y a inéquité. Je pense
qu'on parle de sentiment d'inéquité. Tu sais, c'est vraiment, là...
M. Boulet : Une
perception d'inéquité.
Mme Joncas (Nathalie) :
Bien, c'est une perception. Parce que, là, je ne veux pas rentrer dans est-ce
qu'il y a vraiment inéquité.
M. Boulet : Je suis un
peu plus à l'aise, oui.
Mme Joncas (Nathalie) : Je
pense qu'on est tous dans des perceptions, autant du point de vue des parents
adoptants que du point de vue de ceux qui vont regarder ce congé-là puis après
ça vont se dire : Est-ce que, moi, c'est inéquitable? Vous avez entendu le
Conseil du... le premier, là, qui est venu, je pense, c'est le Conseil du
statut de la femme, qui disait qu'il y a des mères qui sont seules qui
voudraient avoir droit au congé de paternité parce qu'elles ne l'ont pas. Il y
a des pères qui, si jamais la mère n'est pas admissible au régime, pourraient
vouloir avoir droit aux 18 semaines.
Ce qu'on vous dit, c'est qu'il y a
comme... Dans le régime actuel, pour les parents biologiques, il y a beaucoup
de limitations. Il y a des semaines maximums que la mère peut avoir, puis il y
a des semaines maximums que le père peut avoir. Il faut que ces maximums-là
soient équitables des deux côtés puis qu'on ne puisse pas, parce qu'on est un
père biologique, avec accès à moins au... globalement, de semaines, que si on
est un parent adoptant.
Puis ce n'est pas de... Je pense que ce
qu'on chercher à trouver, c'est qu'il n'y ait pas de sentiment d'inéquité des
deux côtés pour affaiblir le régime. Le régime doit rester avec un grand consensus,
puis on ne veut pas qu'en créant une modification, ça crée un sentiment pour
d'autres personnes. Ça fait qu'il faut regarder ces angles morts là pour
s'assurer que, parce que tu es un père biologique, bien, tu n'as... tu ne peux
pas séparer tes... tu n'as pas le droit aux 55 semaines ou, si mettons...
pour la mère... si le père adoptant, il a le droit à 50 semaines, puis le père
biologique, il a le droit juste à 37, il y a comme un sentiment peut-être
d'inéquité.
M. Boulet : Oui, un
sentiment ou une perception, là. C'est parce que j'avais compris qu'il y avait
une inéquité. Il faut simplement faire attention dans le discours.
Puis je pense que ça me fait réaliser
encore une fois à quel point c'est important de repréciser les objectifs de
notre régime pour éviter qu'il y ait une confusion, puis pour éviter de
comparer ce qu'un a versus l'autre, puis coller à la réalité qui est
spécifique, tant aux parents biologiques qu'aux parents adoptants.
• (12 h 30) •
Puis il y avait une professeure de la
Faculté de droit de l'Université de Sherbrooke, je ne sais pas si vous l'avez
entendue, qui est venue avant, qui parlait de la réalité affective des
parents... des enfants adoptés, par exemple, qui vivent dans un contexte de
vulnérabilité, là. Souvent, là, quand ces enfants-là n'ont pas la chaleur
humaine, n'ont pas le niveau d'affection qui est attendu, développent des
problématiques humaines...
12 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...réalité
affective des enfants adoptés, par exemple, qui vivent dans un contexte de
vulnérabilité, là. Souvent, là, quand ces enfants-là n'ont pas la chaleur
humaine, n'ont pas le niveau d'affection qui est attendu développent des
problématiques humaines qui doivent requérir beaucoup plus de temps du père ou
de la mère. Là, tu sais, l'enfant qui s'agrippe à sa mère parce qu'il a un
problème affectif puis que ça dure pendant six mois, il y a des... parfois, il
y a des retards affectifs qui durent pendant des années avant d'être comblés. Ça
fait que je pense qu'au Québec, il faut redire à quel point notre régime est progressiste
et à quel point il s'est différencié avec le temps du régime qui est dans la
loi fédérale sur l'assurance-emploi, en tout cas je ne veux pas trop donner
de... Mais je ne serai certainement pas confortable à ce qu'on parle
d'iniquité. Tu sais, en fait, on a voulu éviter des iniquités en allant dans la
direction des amendements qu'on a soumis. Je pense qu'avant le dépôt initial il
y avait des iniquités qui auraient même pu engendrer des procédures judiciaires
qu'on a atténuées avec le projet de loi n° 51 et qu'on a encore plus
diminuées avec les amendements où on confère une égalité totale, là, quant au
nombre de semaines tant dans le régime de base que dans le régime particulier.
Oui, Nathalie?
Mme Joncas (Nathalie) : ...je
peux ajouter, mais je pense que, si vous n'ajoutez pas à ça quelques balises
sur le régime d'adoption, vous... là, il risque d'y avoir certaines iniquités.
Il y a... Moi... Ce qu'on vous dit, c'est qu'il y a quand même... votre projet
va dans la bonne direction, mais il faudrait vraiment regarder à y mettre
certaines autres balises pour être certain que ça n'en crée pas, des iniquités,
puis ça n'a pas ce sentiment-là... Tu sais, il y a des missions différentes,
mais il y a probablement... Tu sais, un père, là, qui est biologique, qui a le
droit juste à 37 semaines, ça va être très difficile de lui dire qu'un père qui
adopte, lui, a le droit à 50 semaines ou à 55 semaines. Tu sais, il y a un
moment donné où il faut que ça rejoigne un petit peu, ça fait que ce qu'on
voudrait, c'est qu'il y ait un peu plus de rapprochement entre les conditions
qui sont beaucoup plus strictes pour les trois congés qui sont là dans le
régime actuel puis ceux que vous allez mettre en place pour les adoptions.
C'est un peu...
M. Boulet : Puis quand tu
parles, Nathalie, de balises pour les parents adoptants, si tu avais à en
identifier une à proposer, qu'est-ce que tu dirais?
Mme Joncas (Nathalie) : Bien,
il y a des maximums, il y a certains maximums qui existent. Un père biologique
n'a pas le droit à plus que 37 semaines, tu sais, donc...
M. Boulet : Bien, il a son...
il y a le cinq semaines plus le 32 partageables.
Mme Joncas (Nathalie) : Plus
son 32. C'est ça, il n'a pas... Lui, là, même s'il est tout seul au régime,
c'est le maximum que le RQAP va donner à cette famille-là si la conjointe n'est
pas admissible, c'est 37 semaines. Il n'aura jamais plus que... tu sais, il
n'aura jamais plus que ça.
M. Boulet : Et c'est quoi, la
balise qu'on imposerait au père ou aux parents adoptants équivalents ou... il
n'y a pas d'équivalence, là, mais...
Mme Joncas (Nathalie) :
Bien... tu sais, c'est pour ça que je vous dis, ce n'est pas si simple, c'est
des choses qui sont quand même complexes. Donc, pourquoi est-ce qu'on ne
devrait pas avoir certains maximums...
Mme Joncas (Nathalie) :
...c'est 37 semaines. Il n'y aura jamais plus que... tu sais, il n'y aura jamais
plus que ça.
M. Boulet : Et c'est quoi, la
balise qu'on imposerait au père ou aux parents adoptants, équivalant ou... il
n'y a pas d'équivalence, là, mais...
Mme Joncas (Nathalie) :
Bien... tu sais, c'est pour ça que je vous dis, là, ce n'est pas si simple,
c'est des choses qui sont quand même complexes. Donc, pourquoi est-ce qu'on ne
devrait pas avoir certains maximums sur, oui, le 55 semaines, mais est-ce qu'on
ne devrait pas avoir des maximums? Est-ce que le père... tu sais, le père
adoptant ne devrait pas, lui aussi, avoir un maximum, puis la mère aussi pour
que... peut-être qu'ils ont des semaines aussi à prendre en même temps ou...
Mais peut-être qu'il y a certaines limites ou balises qui pourraient être
ajoutées, tu sais.
M. Boulet : Oui, je comprends.
En même temps...
Mme Senneville (Caroline) :
Ou, à l'inverse...
Mme Joncas (Nathalie) : Ou à
l'inverse.
Mme Senneville (Caroline) :
...si ton conjoint n'est pas admissible au congé ou si la mère décède... bien,
on comprend que si j'avais adopté, j'aurais eu droit à 55 semaines, alors, non,
je n'ai pas adopté, mais, en plus, j'ai le décès de la mère, et moi, bien, à 37
semaines, merci, bonsoir, je passe à la trappe, alors...
M. Boulet : Oui. En même temps,
l'égalité, ce n'est pas toujours une affaire de quantité ou de nombre, hein, il
faut coller à la réalité spécifique. Tu sais, je parlais, là, des problèmes...
tu sais, c'est un régime qui vise à soutenir les parents qui accueillent un
enfant, financièrement, mais aussi leur permettre de passer un temps de
qualité. Puis c'est sûr que la dynamique humaine n'est pas la même pour un...
Tu sais, si je prends l'exemple du père qui adopte ou... du parent adoptant et
du père biologique, c'est sûr que la mère a son congé spécifique de maternité
pour le volet un peu plus physiologique, là. Mais je comprends,
balises, oui. Puis père biologique pourrait... parce que j'en ai entendu parler
puis j'ai lu là-dessus aussi, qu'il pourrait se sentir victime. Mais ça, c'est
une perception d'iniquité, parce que, quand tu analyses la réalité des congés, il
y a une égalité, selon moi, qui est parfaite, là, ou... Mais je peux comprendre
la perception, Nathalie, d'iniquité.
Mme Senneville (Caroline) :
C'est ça, puis, tu sais, moi, je disais, à l'introduction : Ce régime-là,
il fait l'objet d'un fort consensus social.
M. Boulet : Bien oui.
Mme Senneville (Caroline) :
Alors, il faut que ça continue.
M. Boulet : Tout à fait.
Mme Senneville (Caroline) :
Et pour ça, bien, il faut s'attaquer aussi, je pense, aux perceptions. Puis
qu'on le veuille ou non, les gens se comparent. Tu sais, les gens vont... Tu
sais, ah! toi, puis ah! moi. Donc, il faut, à partir du moment où on voit que,
woups! ce n'est peut-être pas tout à fait pareil, il peut y avoir différents
types de solutions, bien, c'est de faire en sorte que le maximum de temps
puisse...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion...
Mme Senneville (Caroline) : ...être
passé... C'est ça qu'on se dit, là, il faut que les gens, malgré le congé de
maternité...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
En conclusion. Il reste 10 secondes.
M. Boulet : Ça va être une
belle opportunité, notre commission parlementaire, de voir à faire de la
pédagogie...
Mme Senneville (Caroline) :
Autour de...
M. Boulet : ...collectivement
pour éliminer ce type de perceptions là qui peuvent se développer dans les
milieux syndiqués et non-syndiqués, là. Merci beaucoup à vous deux, hein,
j'apprécie toujours vous rencontrer et discuter. Puis ça se fait toujours de
manière très, très sereine, hein? Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous poursuivons avec l'opposition officielle,
avec le député de Nelligan. Vous disposez de 10 min 40 s...
M. Derraji : Merci...
M. Boulet : …merci beaucoup à
vous deux, hein, j'apprécie toujours vous rencontrer et discuter, puis ça se
fait toujours de manière très, très sereine. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Nous poursuivons avec l'opposition officielle,
avec le député de Nelligan. Vous disposez de 10 min 40 s.
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présence. Des arguments qui m'ont fait beaucoup
réfléchir. Première question. Vos membres, est-ce que vous avez… je ne sais pas
si vous avez ces statistiques, les parents biologiques versus les parents
adoptifs… adoptants, plutôt?
Mme Senneville (Caroline) :
On ne les a pas pour nos membres, mais on les a pour le régime. C'est à peu
près 400 parents, 400 familles adoptantes par année.
M. Derraji : Oui, mais ce qui
m'intéresse moi, c'est parce que vous avez parlé d'un sentiment d'iniquité, et
la question du ministre était dans le sens où on veut que les gens adhèrent. On
veut justement éviter la perception, parce que ça a été dit lors de votre échange.
Je me demande, à l'intérieur de
l'organisation que vous représentez, comment on peut aujourd'hui, nous, membres
de cette commission, vous accompagnez mais vous donnez aussi des arguments que
cette perception qu'il y ait une iniquité envers tel parent versus un autre…
parce que vous avez parlé des balises. Mais jusqu'à maintenant, j'essaie juste
de comprendre le raisonnement derrière votre inquiétude parce que, juste avant
vous, je peux vous partager très brièvement, et je vais vous laisser… je vois que
vous voulez répondre, la professeure qui était avant vous nous a sensibilisés
beaucoup, beaucoup par rapport au contexte de vulnérabilité, à la réalité
affective, et parfois ça peut aller jusqu'à 8 ans avant que le lien… qu'on
commence à le voir. Donc, il y a aussi ça qui est sur notre table. J'aimerais
bien vous entendre.
Mme Senneville (Caroline) :
Je vais le faire, puis tu couvriras ce que je ne couvrirai pas. Nous là, que
les parents adoptants aient le nombre de semaines qu'ils ont là, on est d'accord
avec ça, O.K.? Ça améliore le sort pour les parents adoptants, ces familles-là
ont des défis, puis que le régime puisse y répondre en partie parce que le
reste, bon, il y a les services sociaux, puis, vous savez, on peut donner
naissance à un enfant handicapé aussi, là, et là c'est d'autres choses qui
embarquent. Parfait.
Mais si vous prenez deux familles, une où
il y a une naissance naturelle et il y a une des deux personnes, pour quelque
raison que ce soit, elle n'avait pas les revenus suffisants, ce n'est pas
quelqu'un qui était au Canada depuis assez longtemps ou sort des études, est
trop malade, n'a pas accès au régime. À ce moment-là, cette famille-là, et là
on n'est plus dans la perception, cette famille-là a sensiblement moins de
semaines pour être avec ses enfants qu'une famille où les deux parents
adoptants vivent la même situation parce qu'il y a moins de restrictions sur
qui peut prendre les congés. Alors, ça, c'est… — excuse-moi,
Nathalie, je ne suis pas actuaire — mais c'est ma thématique.
M. Derraji : Au-delà de
l'actuariat, sérieux, au-delà de la mathématique, je suis un homme de science,
mais j'essaie juste de suivre la logique. Et corrigez-moi si je me trompe,
est-ce qu'on compare de la même chose? Peut-être que je me trompe. Est-ce qu'on
compare vraiment de la même chose? Au-delà de la mathématique, au-delà de
l'actuariat…
M. Derraji : ...au-delà de
l'actuariat, sérieux, au-delà de la mathématique, je suis un homme de science,
mais j'essaie juste de suivre la logique. Et corrigez-moi si je me trompe. Est-ce
qu'on compare la même chose? Peut-être que je me trompe. Est-ce qu'on compare vraiment
de la même chose? Au-delà de la mathématique, au-delà de l'actuariat, est-ce
qu'on parle de la même chose? J'ai...
Tous, avant vous, une excellente présentation.
Moi, ça m'a... Si, je l'ai lu. Bien, on parle de d'autres choses importantes
dans le cas d'une famille qui adopte. Donc, est-ce qu'on compare vraiment les
pommes avec les pommes ou on va rester juste... Et c'est correct. Probablement,
c'est votre plaidoyer aujourd'hui. Regardons les semaines. Si c'est ça, c'est
bon, on passe à autre chose.
• (12 h 40) •
Mme Joncas (Nathalie) :
Premièrement, on vous parle du quatre semaines. Vous nous avez demandé
qu'est-ce que nos membres... Nos membres nous demandent : Pourquoi je dois
partir quatre semaines avant? Ça, là... avant ma date de maternité, si je veux
être avec mes enfants, parce que j'en ai besoin? Il y a des enfants qui
naissent de façon prématurée, qui sont deux mois à l'hôpital, trois mois à l'hôpital.
La mère ni le père ne peuvent être avec ces enfants-là à la naissance, puis il
y en a un certain montant. Ça demande : Pourquoi est-ce que je ne peux
pas, après, reprendre ces semaines-là pour être avec mon enfant? Parce que
l'enfant qui arrive prématuré, lui aussi, il a des besoins spéciaux. Vous avez
écouté ceux-là.
Moi, j'ai rencontré des parents, là, avec
l'association de... avec Leucan, qui ça fait des années qu'ils nous demandent.
Ils ont des enfants malades, ils ont des... dans les premières années, des
enfants qui reçoivent de la chimio, puis ils voudraient avoir plus de semaines
pour être capables d'être avec leur enfant parce qu'ils ont des besoins. Mais,
à toutes les fois, on répond : Le régime, là, il est bâti sur certains
principes et il n'est pas bâti nécessairement autour du besoin des enfants.
Parce que les besoins des enfants, ils
sont multiples. Les enfants adoptés en ont, les enfants malades en ont, les
enfants prématurés en ont. Si on faisait ça et qu'on modulait le RQAP sur la
base des besoins des enfants, il y aurait plusieurs situations qui
viendraient... Et c'est juste là qu'on vous dit : C'est un terrain assez
glissant, si on va sur le besoin des enfants puis on commence à moduler le
RQAP, à savoir : Est-ce qu'il faut donner plus de semaines aux parents
parce que l'enfant est en phase terminale, puis il a trois mois à vivre, puis
là il faut l'accompagner?
Donc, ce que je veux juste vous dire,
c'est qu'il faut peut-être regarder certaines balises pour garder de façon un
peu plus mathématique, mettons, certaines limites pour essayer de ne pas
glisser sur des terrains de besoins, et tout. C'était un petit peu plus comme
ça.
M. Derraji : Je comprends
votre argumentaire, et on n'est pas obligés d'être d'accord, mais je veux juste
comprendre le fondement derrière, parce que là on va entamer notre procédure
d'étudier avec... le projet de loi avec M. le ministre.
Hier, le Conseil du statut de la femme
nous a sensibilisés par rapport à deux enjeux, l'enjeu des familles monoparentales
et l'enjeu des parents... des étudiants... les étudiants...
Une voix
: ...
M. Derraji : Oui, ça, ça a été
le regroupement en fin de journée. S'il y a des cas, le ministre était déjà
ouvert par rapport à des projets pilotes. Là, ce que vous soulevez, dans votre
exemple concret pour nous faire sensibiliser par rapport aux balises, qu'il y a
d'autres cas d'exception, genre des familles avec des enfants malades où la
femme a besoin d'avoir...
M. Derraji : ...le ministre
était déjà ouvert par rapport à des projets pilotes. Là, ce que vous soulevez
dans votre exemple concret pour me faire sensibiliser par rapport aux balises,
qu'il y a d'autres cas d'exception, genre des familles avec des enfants malades
ou la femme a besoin d'avoir plusieurs autres semaines parce qu'elle-même, elle
a besoin d'être soignée, d'être à l'hôpital. Mais là je reviens à l'idée de
départ. Ça, c'est des cas d'exception que le régime peut, ciblant l'ordre de...
un ordre bien précis, on parlait hier de 1 300 élèves ou étudiants qui
recevaient des bourses, on parlait des 2 200 en cas de familles
monoparentales. Là, dans le cas que... vous dites que, s'il n'y a pas de
balise, on risque de glisser. Bien, est-ce qu'on peut quantifier du moment que
vous avez la logique mathématique derrière? Oublions, là, les parents adoptants
et les parents biologiques. Ça va créer quoi au niveau des groupes que vous
voyez qu'il risque d'y avoir une injustice?
Mme Joncas (Nathalie) : Je
vous dirais, là, les besoins, là, les demandes pour le RQAP pour avoir... le
nombre de demandes où je trouvais... que, moi, j'ai entendu, là, de nos membres
et tout où c'est des choses qui tombent sous le sens, que tu dis : Oui,
ces personnes-là devraient avoir des semaines, il y en a, là, il y en a beaucoup.
C'est vraiment...
M. Derraji : Nommez-les, s'il
vous plaît. Parce que c'est exactement avec ce raisonnement que probablement on
va avoir d'autres solutions. Nommez-les, ces groupes.
Mme Joncas (Nathalie) : Bien
là, je vous en ai quelques-uns, là. Je vous en ai nommé... Il y a les enfants
malades, il y a plusieurs choses. Mais, en même temps, je vais vous revenir,
là, moi, je ne veux pas... puis je ne pense pas qu'aujourd'hui... puis notre
intervention, ce n'était pas d'ouvrir le RQAP. Ce qu'on vous disait, c'est
qu'il y a un certain équilibre à maintenir. Et on est assez d'accord que ce
n'est pas le temps non plus d'augmenter les cotisations du RQAP, le taux de
cotisation, là. Ça, c'est important de maintenir ça aussi. C'est... La seule
chose qu'on voulait vous dire, c'est...
Mme Senneville (Caroline) :
Ce n'est pas un programme social, c'est un programme financé par les salariés
et les employeurs pour soutenir les familles au moment où il y a des enfants
qui arrivent puis, dans le cas des familles qui ne sont pas adoptantes, donner
un congé pour la santé de la mère qui accouche avant et après. Alors, ça, c'est
le but du Régime québécois d'assurance parentale.
M. Derraji : Oui, oui, on
s'entend, ça, par rapport au but. Hier, tout au long de la journée, les groupes
qui sont venus, surtout des groupes patronaux... Là, je peux... Je ne sais pas
si vous avez suivi la journée hier. Sérieux, là, c'est unanime. Moi, ça m'a
surpris. Presque, presque, à part quelques groupes. O.K., non, je ne vais pas
dire unanime, je retire unanime. Il y avait quand même un consensus par rapport
aux avantages d'avoir une autre lecture. Moi, j'essaie juste de
comprendre : Les balises, c'est quoi, de quelle nature? Et vous voyez un
sentiment d'iniquité ou d'injustice. C'est là mon questionnement parce qu'avec
vos arguments on va voir ces lunettes rendu à l'étape de l'étude article par
article du projet de loi. Donc, c'est pour cela que je vous pose la question.
Alimentez-nous, alimentez-moi en premier lieu aussi pour que, rendu à l'étape
de l'article par article, je vais avoir cette lecture. Écoutez, la CSN, M. le
ministre...
M. Derraji : ...c'est là mon questionnement,
parce qu'avec vos arguments, on va voir ces lunettes rendu à l'étude article
par article du projet de loi. Donc, c'est pour cela que je vous pose la question.
Alimentez-nous, alimentez-moi en premier lieu aussi, pour que rendu à l'étape
de l'article par article, je vais avoir cette lecture. Écoutez, la CSN, M. le
ministre, vous a dit qu'il y avait une iniquité par rapport à ça et... à cela.
Comment on peut éviter justement ce sentiment d'iniquité? Pour cela, moi, je
n'étais pas convaincu. J'ai entendu votre présentation, j'ai vu les réponses à M.
le ministre, et à date, je vous repose la question : Pourquoi on doit être
sensible à cette iniquité et cette injustice?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il reste une minute.
Mme Senneville (Caroline) :
Je vais dire, première chose, les quatre semaines de retrait... pour les femmes
qui sont en retrait préventif, où on te dit : Tu n'as pas... tu es obligée
de prendre ton congé de maternité. On oblige la femme qui est en retrait
préventif à être quatre semaines de moins avec son enfant parce que son milieu
de travail est dangereux, potentiellement dangereux pour elle ou la santé de
son enfant. Ça, c'est un élément important.
M. Derraji : O.K. Avez-vous un
autre élément? Il reste encore du temps.
Mme Joncas (Nathalie) : Non,
mais moi, je vous invite juste à... peut-être à regarder, à regarder certaines situations.
Si une mère biologique est seule au dossier, si une mère adoptante... Est-ce
qu'on est à peu près dans les mêmes eaux? Je pense que les modifications qui
sont apportées, ça s'en va dans la bonne direction. Ce qu'on vous dit, c'est peut-être
juste de regarder plusieurs cas pour vous assurer que c'est tout ficelé correct
puis qu'on garde ce consensus-là qui est plus large, tu sais. C'est un peu ce
qu'on voulait vous dire.
M. Boulet : Monsef...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Il reste 20 secondes. Vous lui laissez...
M. Derraji : ...
M. Boulet : C'est important
pour moi parce que je l'ai fait vérifier dans la loi. La loi permet de
transférer les prestations de maternité en cas de décès de la mère. Dnc, c'est
possible de le faire. C'est ce qu'on me donne, Nathalie. Donc, je voulais...
Parce que, Caroline, vous l'aviez soulevé, là, mais la loi permet de le faire.
Mme Joncas (Nathalie) :
...jugement, là, que... ça avait été interdit, là.
M. Boulet : Ah oui?
Mme Joncas (Nathalie) : On
l'avait amené.
M. Boulet : Bien, moi, on me
confirme que c'est possible.
Mme Senneville (Caroline) :
Je l'ai en photocopie, on...
Mme Joncas (Nathalie) : On
vous le laissera.
Mme Senneville (Caroline) :
On vous le laissera.
M. Boulet : ...mais c'est peut-être
un cas d'espèce, il y avait peut-être des éléments particuliers, là, de circonstance.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...10 secondes, à M. le député de Nelligan.
M. Derraji : ...clairement, à
la lumière de votre présentation, je pense, un effort, M. le ministre, par
rapport à la vulgarisation, doit être fait... et qu'on soit beaucoup plus clair
au niveau de certains passages au niveau du projet de loi. Je pense que c'est extrêmement
nécessaire, oui
M. Boulet : Moi, je suis
ouvert à tout.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci.
M. Boulet : Toutes les lois
ont besoin d'être clarifiées, hein...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Merci, M. le ministre. Merci, député de Nelligan. Nous poursuivons avec
le deuxième groupe d'opposition, avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous
disposez de 2 min 40 s.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bienvenue. Un des sujets, moi, qui a attiré mon attention
depuis le début, c'est la question, donc, des quatre semaines supplémentaires
si les deux parents se partagent. Puis je veux référer à votre mémoire. Quand
vous l'abordez, cet enjeu-là, à la page 6, vous dites : «La mesure
volontaire qui consiste à octroyer quatre semaines additionnelles au congé
parental si chacun des parents utilise au moins 10 semaines de ce congé est
préférable à un transfert de semaines de prestation du congé parental vers le
congé dédié au père». Bien...
M. Leduc : ...puis je veux
référer à votre mémoire. Quand vous l'abordez, cet enjeu-là, à la page six,
vous dites : «La mesure volontaire qui consiste à octroyer quatre semaines
additionnelles au congé parental si chacun des parents utilise au moins
10 semaines de ce congé est préférable à un transfert de semaines de
prestation du congé parental vers le congé dédié au père». Bien, d'abord, il me
semble que personne n'a proposé ça, qu'on pige dans le congé parental pour le
donner exclusivement au père. On était surtout dans un contexte de surplus et d'additionner,
pas de... Mais, en tout cas...
Et après, vous dites : «Elle
encourage la présence des pères sans pour autant retirer automatiquement des
semaines de prestations aux mères». Puis là, là-dessus, c'est là qu'on se
rejoint peut-être sur le fond, mais moins sur la forme, dans le sens où le
partage obligatoire de 10-10 plus quatre va automatiquement retirer, dans les
faits, des congés, des semaines aux mères dans la mesure où est-ce que,
statistiquement, la plupart utilisent beaucoup de semaines parentales. Bien
sûr, ce n'est pas réservé aux mères. Bien sûr, ce n'est pas comme ça que c'est
philosophiquement construit, mais dans le réel, dans le quotidien, c'est ce que
c'est. Puis c'est pour ça que plusieurs personnes, moi le premier, proposaient
plutôt de dire : S'il y a des surplus et si on vise à améliorer la
présence père, ce qui, je pense, est notre objectif conjoint, on devrait plutôt
mettre des nouvelles semaines, mais réservées au père. Là, on aurait l'objectif
atteint et on éviterait de potentiellement faire perdre des semaines aux mères,
ce qui, au niveau statistique, va se révéler de toute façon si cette mesure-là
est appliquée.
Mme Senneville (Caroline) :
Nous, on doit absolument protéger le congé de maternité. Puis j'ai fait
référence aux conventions internationales, il y en a plusieurs qui ont été
signées à la fois pour la santé de la mère et de l'enfant. À 18 semaines,
on est au-delà de ce que proposent d'ailleurs les chartes internationales. Donc
ça, ça doit être absolument être protégé.
Le reste, c'est une histoire de famille.
Dans une société qui vise l'égalité, on ne devrait pas privilégier l'un ou
l'autre. Dans une société équitable envers les sexes, vers lequel on chemine de
plus en plus, mais où tout n'est pas arrivé encore, c'est une question de
partage, de voir ensemble, qu'est-ce que ça adonne mieux selon chacun type
d'emploi, etc., le goût des personnes. On prend pour acquis que normalement, c'est
les femmes, peut-être qu'on devrait prendre moins pour acquis. Donc nous, oui,
protéger le congé de maternité. Le congé parental porte très bien son nom. Il
est utilisé à bon escient, que ce soit l'un ou l'autre des parents qui
l'utilisent.
M. Leduc : Parce que, ce que
j'avais lu...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
...
• (12 h 50) •
M. Leduc : Pardon?
La Présidente (Mme IsaBelle) :
30 secondes.
M. Leduc : 30 secondes.
Rapidement, ce que j'avais lu, c'est que, pour les pères, c'est souvent...
c'est assez facile d'avoir accès au congé de père, les cinq semaines, les
employeurs sont assez connaissant de ça, et c'est quand on embarque dans la
portion du parental qu'il y a du chichi, culturellement parlant, bien sûr, donc
c'est là qu'on voulait intervenir.
Mme Joncas (Nathalie) : Bien,
je pense que le projet de loi... cette mesure-là, là, il y a déjà des semaines
dédiées, effectivement, ça a permis que les pères soient plus présents. Le fait
de faire réfléchir les couples sur le partage, c'est important parce qu'on vise
tous à avoir une égalité des salaires et les femmes, vu qu'elles ont une longue
période de maternité, traînent longtemps cette baisse, ça se reflète... Vous
avez parlé... Hier, il y en a plusieurs qui ont parlé des pays scandinaves et
si on regarde les études, c'est beaucoup cette cause-là qui fait en sorte qu'on
n'est jamais capables fermer le gap, là, entre les salaires des hommes et les
salaires des femmes. Donc, d'arriver à faire ce partage-là, si on vise à avoir,
à un moment donné, une égalité, il va falloir qu'on le fasse, ce débat-là, de
partage...
Mme Joncas (Nathalie) :
...cette baisse, ça se reflète... Vous avez parlé... Hier, il y en a plusieurs
qui ont parlé des pays scandinaves et si on regarde les études, c'est beaucoup
cette cause-là qui fait en sorte qu'on n'est jamais capables fermer le «gap»,
là, entre le salaire des hommes et le salaire des femmes. Donc, d'arriver à
faire ce partage-là, sinon vise à avoir, à un moment donné, une égalité, il va
falloir qu'on le fasse, ce débat-là, de partage de ces congés-là et peut-être
que ça n'arrivera pas avec la mesure qui est dans le projet de loi, arriver
avec un partage égal, mais en même temps, d'avoir des journées dédiées de
parler d'un partage, congé parental, c'est peut-être... c'est deux mesures qui
font en sorte qu'on va peut-être arriver où on veut à fin, tu sais.
De rajouter des journées, là, il n'y a
personne qui est contre ça, de rajouter des semaines, là. S'il y a des surplus,
on pourrait rajouter... puis là, je voudrais juste aussi que selon les
statistiques du RQAP, là, les congés du père sont souvent pris conjointement
avec ceux de la mère. Donc, ça serait aussi intéressant qu'il y ait des pères
qui prennent leurs semaines tout seuls avec leur enfant. Donc, si, dans les
partageables, là, ça, ça va forcer les pères avec être tout seuls avec l'enfant
puis peut-être atteindre des objectifs qui sont plus intéressants que de leur
donner des semaines additionnelles.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Merci. Nous poursuivons avec le troisième groupe d'opposition, avec la députée
de Joliette, 2 min 40 s.
Mme
Hivon
: Oui,
merci beaucoup. Je pense que ce que je vais faire... Merci pour votre
présentation, qui suscite plein de réactions, mais qui est très intéressante.
Je vais vous soumettre quelques éléments,
j'ai très peu de temps, puis vous pourrez répondre. Je comprends vraiment que
vous, votre préoccupation, d'une part, c'est que le congé de maternité soit parfaitement
protégé; moi, je comprends qu'il n'y a aucun changement par rapport à ça. Donc,
vous m'éclairerez, à savoir comment, en faisant la comparaison, ça peut venir
miner le congé, parce que, dans le fond, il est protégé. La réalité du congé
est 18 semaines, tout ça est protégé.
Peut-être juste... C'est sûr qu'il y a de
la pédagogie à faire de manière globale, parce qu'en ce moment, environ 400,
vous l'avez bien dit, adoptions par année versus 80 000, 85 000
naissances. La réalité biologique est pas mal plus présente avec les besoins
des familles biologiques que celles des familles adoptantes. Mais peut-être
juste une précision, la personne, souvent, commence son congé d'adoption avant
d'avoir son enfant. C'est un peu la même chose qu'une mère qui serait en
retrait préventif.
À l'international, vous allez arriver
quelques semaines avant de pouvoir avoir votre enfant. Des fois, il y a des
familles qui vont faire deux, trois voyages, un mois, deux mois. Tout ça n'est
pas pris en compte, là-dedans là, mais, je veux dire, c'est une réalité qui est
là. Même chose pour les parents au Québec en banque mixte. Souvent les parents
biologiques ont encore des droits au début. Donc, il y a toute une réalité très
complexe aussi.
Ça fait que je ne pense pas qu'on peut
dire parfaitement que le congé d'adoption, il commence au jour 1, avec l'enfant
versus... Donc, il y a ça puis l'autre chose sur laquelle je voulais vous
entendre, c'est quand vous dites : Mais, par exemple, pour un congé de
famille biologique, un des deux parents, peut-être n'a pas droit au régime, au
RQAP, donc il y aurait un genre de sentiment d'inéquité, mais ça peut être la
même chose sur un... dans une réalité adoptante, là. Un des deux parents peut
aussi ne pas avoir droit au RQAP pour les mêmes raisons, parce qu'il n'a pas de
cotisation, parce qu'il a une réalité différente.
Donc, je voulais juste que vous me
précisiez ça, là.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est tout le temps que nous aurons.
Mme Senneville (Caroline) :
Le retrait... Le quatre semaines...
Mme
Hivon
: ...qu'il
y aurait un genre de sentiment d'inéquité, mais ça peut être la même chose sur
un... dans une réalité adoptante, là. Un des deux parents peut aussi ne pas
avoir droit au RQAP pour les mêmes raisons, parce qu'il n'a pas de cotisation,
parce qu'il a une réalité différente. Donc, je voulais juste que vous me
précisiez ça, là...
La Présidente (Mme IsaBelle) :
Oui, c'est tout le temps que nous aurons.
Mme Senneville (Caroline) :
Le retrait... Le quatre semaines, là, c'est une obligation. C'est écrit. Tu...
Ce n'est pas un choix. On n'est pas capable de mesurer, on n'est pas capable
de... C'est une obligation, et c'est une obligation qui est faite dans une
réalité que je ne contrôle pas, c'est-à-dire le niveau de dangerosité de mon
milieu de travail. Donc là, effectivement, le... cette obligation-là, pour
quelque chose qui ne relève pas de moi, c'est vécu comme ça.
Oui, il y a des groupes... il y a des
familles, il y a un des deux qui n'a pas le droit, mais à... parce qu'il y a
beaucoup de... il y a plus de balises et de restrictions sur... dans les
familles qui sont non adoptantes, je vais dire ça comme ça. Ça veut dire que ce
qui n'est pas utilisé peut basculer à l'autre parent, ce qui n'est pas le cas.
Donc, au total, quand on prend famille, famille, bien, s'il y a des familles
monoparentales ou s'il y a des familles où... il y a une des deux personnes qui
n'a pas accès au régime, dans la famille adoptante, comme il y a moins de
balises, elle va pouvoir prendre plus de semaines. Cette famille-là va pouvoir
prendre plus de semaines qu'une famille où on leur aura mis plus de balises.
La Présidente (Mme IsaBelle) :
On vous remercie beaucoup, madame... un sujet passionnant, hein?... Mme
Senneville et Mme Joncas, pour votre contribution aux travaux.
Alors, la commission ajourne ses travaux
au jeudi 17 septembre, vers 15 heures, soit après les affaires courantes.
Merci, à demain.
(Fin de la séance à 12 h 55)