Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
viernes 6 novembre 2020
-
Vol. 45 N° 67
Interpellation du député de LaFontaine au ministre de la Famille sur le sujet suivant : Déclin de l’offre, depuis octobre 2018, de nos services de garde éducatifs à l’enfance sous la mauvaise gouverne caquiste
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la Commission
des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie aujourd'hui afin de procéder à l'interpellation du député
de LaFontaine au ministre de la Famille sur le sujet suivant : déclin de
l'offre depuis 2018 de nos services de garde éducatifs à l'enfance sous la
mauvaise gouverne caquiste. Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin
(Jean-Talon); Mme Samson (Iberville), par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Barrette (La Pinière), par M. Tanguay
(LaFontaine); Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke); Mme Perry
Mélançon (Gaspé), par...
10 h (version non révisée)
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...caquiste.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par Mme Boutin
(Jean-Talon); Mme Samson (Iberville), par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Barrette (La Pinière), par M. Tanguay
(LaFontaine); Mme Dorion (Taschereau), par Mme Labrie (Sherbrooke); Mme
Perry Mélançon (Gaspé), par Mme Hivon (Joliette).
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup. Je comprends qu'il y a une entente à
l'effet que le deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième
série d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition interviendra
lors de la cinquième série d'interventions.
Nous allons donc débuter. M. le député de
LaFontaine, vous avez donc la parole pour 10 minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente, d'abord, pour vous saluer et saluer la secrétaire
de la commission, saluer le ministre, les collègues également de la banquette
ministérielle, celles et ceux qui accompagnent également le ministre, saluer ma
collègue de Sherbrooke, du deuxième groupe d'opposition.
Ce matin, nous étions et nous sommes
heureux, Mme la Présidente, d'avoir l'occasion de discuter du dossier de
famille, ce matin, parce qu'évidemment oui, il y a la pandémie, il y a
l'éléphant dans la pièce, la pandémie, la façon dont on gère, oui, le système
de santé, nos écoles, les CHSLD, et ainsi de suite, mais il y a le service de
garde au Québec, les services de garde, qui regroupent, en quatre grands
secteurs, les CPE en milieu familial, places en garderie privée subventionnée
et aussi, il faut le mentionner, les places en garderie privée non
subventionnée. Ça, c'est aujourd'hui, à peu près, Mme la Présidente, un peu
plus de 306 000 places en garderie. Je pense que c'est important et
heureux que l'interpellation, donc, porte sur ce sujet important aujourd'hui.
Vous l'avez mentionné, vous l'avez
souligné, le titre que nous avons, de l'opposition officielle, parce que c'est
notre choix que d'inscrire la famille, ce matin, dans l'interpellation, la
dernière, je crois, que nous avons : le déclin de l'offre, depuis 2018, de
nos services de garde éducatifs à l'enfance sous la mauvaise gouverne caquiste.
Et ça, Mme la Présidente, je pense que, si le ton est bon, on peut dire tout,
on peut passer tout message. Quand le ton est bon et quand on s'accroche aux
faits, il est important de débattre et d'être capable de le dire.
Et j'espère qu'au courant du débat...
Parce qu'on avait eu un exercice le 20 août dernier, lors des crédits, et on
avait posé certaines questions au ministre, et on voit qu'en matière de famille
les chiffres sont souvent évolutifs, les chiffres sont trop souvent
parcellaires. Vous ne pouvez pas, Mme la Présidente, améliorer ce que vous ne
mesurez pas, et on constate qu'en famille, première des choses, le bilan il est
famélique. Mais on constate également que les données sont, semble-t-il, sous
la gouverne du ministre, excessivement difficiles à obtenir.
Premier élément. Août 2018, campagne
électorale, le premier ministre, chef de la Coalition avenir Québec, à
l'époque, avait fait une promesse de créer 50 000 places en garderie, ce
qui aurait pour effet de faire disparaître, à toutes fins pratiques, la liste
d'attente. À l'époque, la liste d'attente était au-dessus de 40 000. On
disait, en début de mandat de la CAQ, 42 000, la liste d'attente. Bien,
août 2018, promesse électorale de...
M. Tanguay
: ...Québec à
l'époque, avait fait une promesse de créer 50 000 places en garderie, ce
qui aurait pour effet de faire disparaître à toutes fins pratiques la liste
d'attente. À l'époque, la liste d'attente était au-dessus de 40 000; on
disait en début de mandat de la CAQ : 42 000, la liste d'attente.
Bien, août 2018, promesse électorale de la CAQ a été de dire : On va créer
50 000 places en garderie au cours du mandat et on va à toutes fins
pratiques éliminer toute liste d'attente pour les parents qui ont inscrit leur
enfant sur la liste.
Ça, cette promesse électorale là, Mme la
Présidente, a été reconfirmée par le ministre de la Famille lors de son point
de presse du 20 février 2019. 20 février 2019, ça fait près de deux ans. 20
février 2019, cette conférence de presse là était la veille, on m'indique,
d'une interpellation qui avait été inscrite par ma collègue prédécesseure
porte-parole de l'opposition officielle en matière de la famille. Le ministre
était sorti publiquement la veille ou les heures précédant cette
interpellation-là pour faire des annonces pour, évidemment, se protéger contre
l'interpellation qui s'en venait. Alors, 20 février 2019, conférence de presse.
J'y référerai, Mme la Présidente, régulièrement, parce que, là, le ministre, de
un, a confirmé que l'engagement électoral de la CAQ, c'était de créer
50 000 nouvelles places. «On, essentiellement — et je cite le
ministre ici — on a...» Et il parlait de ses prédécesseurs à la
Famille. Alors, je cite le ministre de la Famille : «On a fait de belles
annonces à ce moment-là, on a émis des communiqués de presse et on a fait nos
choux gras en disant qu'on investissait dans la petite enfance, mais la
réalité, c'est que ces places-là dorment toujours, elles ne sont pas
accessibles.» Fin de la citation. Le ministre, il venait de dire, Mme la
Présidente : Avant moi, le déluge. Mes prédécesseurs n'ont pas été bons.
Moi, je vais être bon, moi, je vais être meilleur. Et a réaffirmé, reconfirmé
la promesse électorale de 50 000 nouvelles places qu'ils allaient créer au
cours du mandat.
Le ministre, à ce moment-là, a avancé
plusieurs chiffres, et on va prendre le temps durant l'interpellation d'y aller
chiffre par chiffre. Puis j'invite le ministre, là, s'il a des chiffres encore
plus à jour, bien, qu'il nous les donne, parce qu'il y a des chiffres... Mme la
Présidente, nonobstant un engagement du 20 août dernier, lors des crédits, le
chiffre sur la promesse de 2 500 places qu'il s'était engagé à nous
remettre, bien, il a fallu... Ce n'est pas l'engagement, il n'a pas donné suite
à son engagement à la commission, il a fallu avoir une demande d'accès à
l'information pour avoir le chiffre. Je vais vous le dire tout de suite, les
2 500 places qu'il avait promises en février 2019, dans le budget 2019‑2020,
des 2 500 places, Mme la Présidente, il y en a 460 qui à l'heure actuelle
ont été réalisées. 460 de réalisées, c'est 18 % de l'objectif atteint, et
nous sommes à trois mois de l'échéance que lui-même, il avait fixée. Et je le
cite encore, 20 février 2019, je le cite, le ministre : «On a l'intention
de concrétiser sur le terrain 13 500 places au cours des deux prochaines
années.» Fin de la citation. Vous allez dire : 13 500 places? M. le
député, vous venez de parler de 2 500 places. Oui, parce qu'il ne
promettait pas uniquement de réaliser 2 500 places dans le deux ans. Février
2019, février 2021, c'est dans trois mois. Il y avait un premier 2 500
places, il en a fait en date du 31 août...
M. Tanguay
: ...vous
allez dire : 13 500 places, M. le député, vous venez de parler de
2 500 places. Oui, parce qu'il ne promettait pas uniquement de
réaliser 2 500 places dans le deux ans, février 2019. Février 2021,
c'est dans trois mois. Il y avait un premier 2 500 places, il en a
fait, en date du 31 août, 460. C'est 18 %. Il reste trois mois, il
n'atteindra pas l'objectif. Mais il parlait à ce moment-là d'un
13 500 places. Du 13 500 à enlever 2 500, il y avait un
autre 11 000 places que le ministre s'était aussi engagé à réaliser dans
les deux ans qui suivaient février 2019. C'est dans trois mois. Ces
11 000 places là, c'étaient des places qui avaient déjà été prévues,
budgétées, 2011‑2013, puis il était particulièrement un peu élogieux par
rapport, justement, à ses prédécesseurs.
Et je vous ramène à la citation que je
vous ai faite en disant : Ils ont fait des annonces, ils ont dormi
là-dessus puis, à la fin de la journée, les places n'étaient pas accessibles.
Il a dit : Moi, je vais régler ça, moi, je suis meilleur que les autres.
Ce 11 000 places là, qui était anciennement annoncé et budgété, qui
n'était pas réalisé, il dit : Encore une fois, on a l'intention de
concrétiser sur le terrain 13 5000 places au cours des deux
prochaines années. Bien, de ce 11 000 place là qui complète le
13 5000, Mme la Présidente, il y en a 671. 671 sur 11 000, c'est
6 % d'un objectif d'atteint. 94 % de l'objectif n'est pas atteint.
Ça, c'est les chiffres en date du 31 mars 2020. Je le mets au défi de me
donner d'autres chiffres, là. Je le mets au défi de me dire : À partir du
31 mars 2020, M. le député de LaFontaine, ce n'est pas 671. On a fait un
grand bond qui nous rapproche réellement près de la zone de 11 000. Je le
mets au défi de me donner ce chiffre-là. Les chiffres que j'ai, c'est au
31 mars 2020. Mais ça, c'est 6 % d'un objectif d'atteint, 94 %
non atteint puis il lui reste trois mois pour livrer ça.
Tout ça, Mme la Présidente, c'est
important de le mentionner, et je vais citer encore une fois le ministre lors
de son point de presse. Parce qu'il disait, à ce moment-là... parce que, là, il
va vous dire : Bien, vous savez, il y a des considérants puis il faut
vérifier les obstacles et tout ça. Marco Bélair-Cirino, lui, pose la question
suivante et je le cite, 20 février 2019, par rapport aux
11 000 places : «C'est quoi les obstacles? On parle de
11 000 places qui ne sont toujours pas réalisées, certaines qui ont
été octroyées en 2011. C'est quoi, les principaux obstacles?» Réponse du
ministre : «Bien, il n'y en a pas tant que ça. Les précédents
gouvernements — plus loin, il dit — les précédents
gouvernements les ont annoncées. La moindre des choses, c'est qu'elles
atterrissent sur le terrain puis qu'elles soient offertes aux tout-petits.» Fin
de la citation du ministre.
Alors, lui-même confirmait non seulement,
Mme la Présidente, qu'avant lui le déluge... les ministres de la Famille n'étaient
pas bons, que lui, il confirmait qu'il allait créer 50 000 places,
50 000 places sur le mandat de quatre ans puis qu'il allait éliminer
à toute fin pratique la liste d'attente de 42 000 places. Si vous en
créez 50 puis il y a une liste d'attente de 42, hourra, vous avez 8 000
places de disponibles qui ne sont pas comblées, mais ce n'est pas du ça. Le
réseau, Mme la Présidente, recule. Parce qu'à des taux comme ça, là, lorsqu'il
annonce au budget 2019‑2020, lorsqu'il annonce 2 500 places,
puis qu'il dit : Je vais le réaliser sur terrain dans les deux ans, puis
qu'on se rend compte que ça, c'est rendu à...
M. Tanguay
: ...places
de disponibles qui ne sont pas comblées, mais ce n'est pas du ça. Le réseau, Mme
la Présidente, recule. Parce qu'à des taux comme ça, là, lorsqu'il annonce au
budget 2019‑2020, lorsqu'il annonce 2 500 places, puis qu'il dit : Je
vais le réaliser sur terrain dans les deux ans, puis qu'on se rend compte que
ça, c'est rendu à 82 % non réalisé en trois mois, vous prenez un recul.
S'il les annonce, Mme la Présidente, c'était pour combler un besoin. Et ce
n'est même pas pour combler un besoin en entier parce que la liste de
42 000, Mme la Présidente, est passée de 42 000 sous sa gouverne à
plus de 46 000, la liste d'attente. Alors, on est loin du 50 000 qui
allait annihiler la liste d'attente, on est en train de creuser encore plus
profond notre trou de manque de place de garderie au Québec sous la mauvaise
gouverne de la CAQ.
• (10 h 10) •
Alors, une fois qu'on a dit ça, on a
résumé l'objectif de l'interpellation, chiffres à l'appui. Puis je lance le
défi au ministre de venir contredire n'importe quel chiffre, puis il ne pourra
pas le faire, Mme la Présidente, parce c'est ces chiffres à lui qu'on lui a
demandés, des chiffres qu'on a demandés, entre autres, sur engagement. Puis je
reviens là-dessus parce que, lors des crédits du 20 août dernier, c'était 33
sur 2 500 qui étaient réalisés. Il a dit : Non, non, non, vous n'avez
pas le bon chiffre, vous n'avez pas le bon chiffre. Et, à ce moment-là, il nous
avait dit : Ce n'est pas 33, en date du 20 août, c'est 426. Bien, on a
dit : Bien, donnez-nous l'engagement de nous donner les vrais chiffres. On
ne les a jamais eus, on a fait une demande d'accès à l'information puis on les
a forcés à nous dire qu'au 31 août de cette année, 31 août de cette année,
c'était 460 sur 2 500. Honnêtement, on aura l'occasion de l'étayer, mais
on recule sous la CAQ.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...M. le député. Votre droit de réplique en cette ouverture
d'interpellation pour 10 minutes, M. le ministre.
M. Lacombe : Super, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir de vous voir ce matin. Bonjour
aux collègues aussi de l'autre côté. La journée commence bien, Mme la Présidente.
Je suis content d'entendre le député de LaFontaine nous dire que, quand le ton
est bon, on peut tout se dire, et je ne peux être plus d'accord avec lui. Donc,
je suis content qu'on parte les discussions sur cette base-là ce matin.
Le député de LaFontaine me lance un défi.
Écoutez, on n'est pas dans une compétition de cours d'école, mais ça me fera
plaisir tout de même de répondre à ses questions de façon factuelle sur les
places qui ont réellement été concrétisées. Donc, je peux y aller peut-être
avec des éléments un peu plus formels, avec des éléments un peu plus numérotés,
là, si vous voulez, ou chiffrés plutôt, et ensuite je pourrai peut-être donner
un peu de contexte.
Si vous voyez en date du 20 février 2019,
selon les différents appels de projets, donc j'invite peut-être le député de
LaFontaine à prendre ces chiffres-là en note qui sont les plus à jour. En date
du 20 février 2019, les places qui ont été mises sous permis selon les
différents appels de projets : pour les appels de projets 2011 et 2013, on
a mis 1 185 places de cet appel de projets là sous permis; l'appel de
projets 2018, on a mis 86 places de cet appel de projets là sous permis; et
l'appel de projets 2019, on a mis 463 places sous permis qui étaient... qui
originaient de cet appel de projets 2019...
M. Lacombe : ...places de cet
appel de projets là sous permis. L'appel de projets 2018, on a mis 86 places de
cet appel de projets là sous permis. Et l'appel de projets 2019, on a mis 463
places sous permis qui étaient... qui originaient de cet appel de projets 2019.
Pur un total de 1 734 places. Donc, on est loin du chiffre qu'avance le
député de LaFontaine, mais voici le chiffre le plus à jour.
Ensuite, je veux quand même faire une
parenthèse. Lorsqu'on se fait reprocher de ne pas lui avoir transmis les documents,
on a beaucoup de respect pour les institutions, il y a des procédures à suivre.
Bon, habituellement, il y a une demande qui émane de la commission, ensuite, le
ministère fournit les documents, c'est transmis. Donc, nous, on est bien
disposés à fournir les documents lorsqu'on aura les demandes qui seront faites effectivement
en bonne et due forme. Mais sinon, de façon orale, comme je le fais actuellement
ça me fait toujours plaisir de pouvoir répondre aux questions du député de LaFontaine.
Moi, ce que je retiens, Mme la Présidente,
de ce que le député de LaFontaine vient de nous dire ce matin, c'est qu'il
trouve que les gestionnaires sur le terrain sont paresseux. C'est ce que le
député de LaFontaine nous dit.
M. Tanguay
: ...non.
Pouvez-vous m'entendre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste ne pas utiliser le mot «paresseux», s'il vous plaît.
On continue.
11789 M. Tanguay: ...
17949 La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je viens de demander d'utiliser des termes appropriés.
M. Tanguay
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Allez-y. Allez-y, M. le député.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je demande au ministre de retirer ce qu'il vient
de dire. Les gens qui nous ont écoutés à la maison ont pu constater que je n'ai
jamais traité personne, encore moins les gens sur le terrain, de paresseux. Je
ne veux pas qu'il me fasse dire... Je veux que ce soit rayé du transcrit, je
n'ai jamais dit ça, et qu'il retire ses paroles.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre, je vais vous demander de retirer vos
paroles.
M. Lacombe : Je vais retirer
mes paroles. Effectivement, le député de LaFontaine n'a pas dit mot pour mot
que les gestionnaires sont paresseux. Mais ce qu'il vient de nous dire — on
va le décortiquer — c'est que les places sur le terrain ne se
développent pas assez vite. Pas d'appel au règlement? Parfait. Donc, on est
d'accord là-dessus.
Par la suite, peut-être que le député de
LaFontaine ne comprend pas encore comment le réseau se développe, mais ce n'est
pas le ministère de la Famille qui opère les CPE ou les garderies sur le
terrain, ce sont les gestionnaires, les gestionnaires, qui développent en même
temps les nouvelles installations quand on leur octroie des places.
Évidemment, il y a quelque chose qu'on
n'avait pas prévu, Mme la Présidente, ça s'appelle la pandémie. Ça fait sept
mois que les gestionnaires sur le terrain, ce qu'ils font, c'est de leur mieux
pour être capables de faire en sorte que les tout-petits qui viennent dans
leurs installations soient en sécurité. Donc, je pense que quand on regarde ça,
logiquement, humainement, on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils livrent la
marchandise aussi rapidement que s'il n'y avait pas eu de pandémie du tout.
Donc, nous, au ministère de la Famille, on
contrôle ce qu'on peut contrôler. Donc, on contrôle le financement, ça, c'est
une chose; on contrôle aussi le cadre dans lequel on demande aux CPE de se
développer, aux garderies de se développer, de développer leurs nouvelles
installations. Ça, c'est une chose. Et quand on se fixe des objectifs, on se
les fixe avec l'environnement qu'on a au moment...
M. Lacombe : ...du tout. Donc,
nous, au ministère de la Famille, on contrôle ce qu'on peut contrôler. Donc, on
contrôle le financement, ça, c'est une chose; on contrôle aussi le cadre dans
lequel on demande aux CPE de se développer, aux garderies de se développer, de développer
leurs nouvelles installations. Ça, c'est une chose et quand on se fixe des
objectifs, on se les fixe avec l'environnement qu'on a au moment où on se les
fait. Donc, quand on s'est fixé ces objectifs-là, qui étaient ambitieux, qui
étaient raisonnables, par ailleurs, on se les est fixés parce que le contexte
était normal. La pandémie est arrivée par la suite.
Est-ce qu'on pense vraiment, est-ce que le
député de LaFontaine pense vraiment que sur le terrain, les gestionnaires en ce
moment ont autant qu'avant pour développer? La réponse, c'est non. Et moi, je
pense que le message le plus clair que je veux leur lancer, c'est que vous
n'êtes pas paresseux, vous êtes travaillants, vous êtes travaillantes. Moi, je
sais que vous faites de votre mieux à chaque jour et ce n'est pas vrai que moi,
comme ministre de la Famille, je vais aller leur taper sur les doigts, en
disant : On va vous retirer vos places parce que vous êtes en retard de
quelques mois dans le développement. On va leur laisser se concentrer sur la
crise, on va leur donner les moyens, comme avec l'annonce qu'on a faite ce
matin de 50 millions de dollars, pour les aider à passer à travers la
crise et on va faire notre possible pour que le réseau continue de se
développer aussi. Mais, évidemment, la priorité, ça va demeurer la santé et la
sécurité.
Donc, moi, je suis quand même heureux de
voir que malgré la pandémie, il y a beaucoup de places qui ont été concrétisées
dans la dernière année. Est-ce que c'est aussi ambitieux que ce qu'on s'était fixé?
Non. Est-ce que je vais leur lancer la pierre? Est-ce que je vais leur taper
sur les doigts? Non. Si le député de LaFontaine trouve que ça ne va pas assez
vite, j'invite les gestionnaires sur le terrain à en prendre note. C'est la
critique qu'il fait de leur travail, parce que c'est eux qui développent les
nouvelles installations. Moi, je ne ferai pas ça de mon côté, Mme la Présidente.
Donc, on va continuer à les épauler et
moi, je reviens avec une chose. Je vais revenir avec ça autant et aussi longtemps
que le député de LaFontaine va arriver avec toutes ses statistiques, parce que,
vous savez, là, des statistiques, j'en ai un cartable rempli ici, là. Je
pourrais vous lancer au visage des chiffres pour essayer de vous aveugler. Je
pourrais essayer de mélanger toutes ces données-là, pour que les gens qui nous
écoutent n'y comprennent rien. Moi, je pense que personne n'est capable de se
retrouver dans tout ce que le député de LaFontaine a avancé au cours des
dernières minutes. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que nous, ce
qu'on est en train de faire, là, c'est réparer le dégât libéral qui nous a été
laissé et n'a pas assez de nos deux mains pour y arriver.
Il n'y a personne au Québec, là, il n'y a
personne au Québec — si vous en connaissez, présentez-les-moi — mais
je pense que la Parti libéral, ça a été le champion du développement des
services de garde éducatifs au Québec, en termes d'accessibilité ou en termes
de qualité. Il n'y a personne qui pense ça, là. Donc, nous, on est en train de réparer
les pots cassés, on fait de notre mieux, mais, comme je vous dis, on n'a pas
assez de nos deux mains. Et ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il faut la
relancer, la machine. Quand on est arrivés, là, il n'y en avait pas de projets
qui étaient dans le pipe-line, qui étaient prêts à être annoncés. Il a fallu
partir de zéro pour tous ces projets-là, notamment en annonçant des nouvelles
places, mais aussi en débloquant les fameuses 11 000 nouvelles... les
11 000 anciennes places qui avaient été annoncées, mais qui n'avaient
jamais été concrétisées.
Puis le député de LaFontaine me citait
tantôt, en disant : Il y avait de beaux communiqués de presse qui étaient
faits, de belles photos qui étaient...
M. Lacombe : ...de zéro pour
tous ces projets-là, notamment en annonçant des nouvelles places, mais aussi en
débloquant les fameuses 11 000 nouvelles... les
11 000 anciennes places qui avaient été annoncées mais qui n'avaient
jamais été concrétisées.
Puis le député de LaFontaine me citait
tantôt, en disant : Il y avait de beaux communiqués de presse qui étaient
faits, de belles photos qui étaient prises. Effectivement, c'est le cas. J'ai
un article ici, là, qui date de 2016. C'est le député de Huntingdon de
l'époque, qui annonçait un CPE. Regardez-moi ça, les belles photos avec des
enfants, des pelles. On lance un CPE. Ça n'a jamais été construit parce que le
chèque n'a jamais suivi, parce que, pour les libéraux, la petite enfance puis
l'éducation, ça coûte trop cher.
Donc, nous, ce qu'on a fait quand on est
arrivés, c'est qu'on a signé des chèques. On a envoyé des chèques aux centres
de la petite enfance puis aux garderies qui avaient des projets, pour leur
dire : Vos projets, ils peuvent aller de l'avant. Puis il y en a, parce
qu'on a pris le téléphone, là, on a appelé chacun des promoteurs, je vais vous
le répéter encore une fois, il y en a qui nous ont dit : De quoi vous nous
parlez? On ne se rappelait même pas qu'on avait des places. La direction
générale a changé, le conseil d'administration a changé. On ne s'en rappelait
même pas.
• (10 h 20) •
Les libéraux aiment nous faire croire que
ce sont les champions de la gestion. Ils laissaient dormir ces places-là sans
même prendre le téléphone pour voir si les gestionnaires voulaient les
développer. Ils ne s'en rappelaient même pas qu'ils avaient des places. Donc, évidemment,
dans ces cas-là, nous, on les a reprises, les places, et on les a remises au
jeu. On a refait un appel de projets pour les donner à des développeurs qui
voulaient vraiment les offrir à des tout-petits, puis on a fait ça dans les
derniers mois.
Le chiffre qui parle le plus, et c'est
celui que je voulais vous donner tantôt et je me suis égaré parce qu'il y a
tellement de choses à dire, mais la donnée qui parle le plus, c'est les projets
que nous, on met de l'avant et qu'on finance pour qu'ils puissent réellement se
concrétiser. Donc, liste des projets financés par le programme des
infrastructures par exercice financier.
Donc, on se rappelle les années où le
Parti libéral a été au pouvoir. Je sais que, dans l'entourage du député de
LaFontaine, il y a des gens qui étaient, à l'époque aussi, au cabinet du
ministre de la Famille, donc qui connaissent bien ces chiffres-là.
2014‑2015, 30 projets financés, pour
un total de 30 millions. 2015‑2016, 19 projets seulement financés,
pour un total de 9 millions. 2016‑2017, 19 projets, pour un total de
7,5 millions. 2017‑2018, 19 projets, encore une fois, sur l'ensemble
du territoire québécois, pour 7,8 millions. 2018‑2019, 18 projets
seulement, pour 5,6 millions. 2019‑2020, 53 projets, Mme la
Présidente, 53. Il y a un bond assez important. Ça, c'est notre bilan à nous,
près de 31 millions de dollars. 2020‑2021, on est rendus à 46. L'année
financière, évidemment, n'est pas du tout terminée. Il reste encore plusieurs
mois. On est en bonne voie de dépasser ça et on est déjà à plus d'argent que
l'année dernière, avec 32,5 millions. Donc, ça, c'est notre bilan à nous.
Quand le député de LaFontaine se plaît à
rappeler qu'il manque de places au Québec, c'est le bilan libéral, et,
honnêtement, moi, je suis tanné d'en parler. J'aimerais ça qu'on parle de notre
bilan à nous, et notre bilan à nous, c'est...
M. Lacombe : ...on est en
bonne voie de dépasser ça. Et on est déjà à plus d'argent que l'année dernière
avec 102,5 millions. Donc, ça, c'est notre bilan à nous. Quand le député
de LaFontaine se plaît à rappeler qu'il manque de places au Québec, c'est le
bilan libéral. Et honnêtement, moi, je suis tanné d'en parler. J'aimerais ça
qu'on parle de notre bilan à nous. Et notre bilan à nous, c'est qu'on
développe, vous le voyez. Et ces projets-là, ça va se mettre à ouvrir. Mais il
fallait d'abord et avant tout les concrétiser en leur offrant du financement.
Et c'est ce qu'on fait. Et on va continuer d'épauler les gestionnaires sur le
terrain pour qu'ils puissent développer les projets le plus rapidement possible.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Nous débutons donc la période
d'échange. Alors, je vous rappelle que c'est une période d'échange. Vous
bénéficiez, M. le député de LaFontaine, de cinq minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le ministre ne veut pas nous donner ses chiffres.
Le ministre vient d'avouer qu'il a des cartables pleins de chiffres, mais qu'il
ne veut pas se lancer dans les chiffres. Puis je le comprends parce que les
chiffres démontreraient, Mme la Présidente, par a plus b que le système recule,
que le réseau des garderies recule sous sa mauvaise gouverne à lui, le ministre
de la Famille puis du premier ministre de la Coalition avenir Québec.
Le ministre dit : «Je pourrais vous
aveugler avec des chiffres». Mme la Présidente, il ne nous aveuglera pas avec
des chiffres. Il pourrait peut-être prétendre nous éclairer avec des chiffres.
Puis là, il vient de nous balancer un autre chiffre. Puis j'ouvre une
parenthèse. Moi, du domaine où je viens, quand on prend un engagement, on le
respecte. Il n'y a pas besoin de se faire dire comment marcher par qui que ce
soit. Quand le 20 août 2020 en commission parlementaire on lui dit sur le
2 000... Puis il dit : Ah! Puis un peu condescendant, il dit :
«Les gens à la maison ne peuvent pas comprendre les chiffres que je dis, que
j'avance, moi». Je pense que les gens, là, ils comprennent. Puis je pense que
je suis assez intelligible, Mme la Présidente, pour que les gens comprennent.
Le ministre, les gens à la maison, là, qui
nous écoutez, là, le ministre a promis, il y a deux ans, 2 500 places.
Il en a livré 460. Les gens comprennent ça à la maison. Il n'a pas réalisé
80 % et plus de son objectif. Les gens comprennent ça. Quand, lors des
crédits, sur le 2 500, on avait posé la question : Il y en a combien
de réalisés? Ah! Bien, en date du 31 mars 2020, il y en a 33 qui étaient
réalisés. Aux crédits, on prend ces chiffres-là. Le 20 août 2020 dernier,
on dit : Il y en a juste 33. Il dit : «Non, non, non, ce n'est pas
33». Puis là, il nous avait balancé, Mme la Présidente, un autre chiffre de
426. Alors, j'ai dit là, là, aie, j'ai dit : Pouvez-vous avoir le vrai
chiffre? En date d'aujourd'hui, c'est 426? Pouvez-vous vous engager à nous
donner les vrais chiffres? Il avait dit oui. Là, il vient de nous dire :
«Bien, moi, j'attendais que la commission nous dise». On a fait une demande
d'accès à l'information, puis on avait fait un suivi avec la commission. Puis
il avait dit : Non, je n'ai pas eu la réponse du ministre.
Alors, quand le ministre dit : De un,
c'est trop compliqué pour les personnes à la maison que, moi, je me fasse
comprendre quand je leur dis ça. Mme la Présidente, entre moi, les gens à la
maison puis le ministre, je pense que c'est ce dernier qui a de la misère avec
les chiffres. Puis quand il dit que, lui-même, c'est son étalon de mesure parce
qu'il ne comprend pas ce chiffre-là, Mme la Présidente, on a un sapré problème
au...
M. Tanguay
: ...à la
maison, que moi, je me fasse comprendre quand je leur dis ça. Mme la Présidente,
entre moi, les gens à la maison puis le ministre, je pense que c'est ce dernier
qui a de la misère avec les chiffres. Puis quand il dit que, lui-même, c'est
son étalon de mesure parce qu'il ne comprend pas ce chiffre-là, Mme la
Présidente, on a un sapré problème, au Québec, dans notre service de garderies
sous le ministre de la CAQ. Quand lui, il dit : C'est trop compliqué à
comprendre, que sa promesse de 2 500... il est rendu à 460 places, puis
que ça, ça représente 82 % de pas réalisé, Mme la Présidente, tout le
monde à la maison a compris ça. Le ministre vient de nous dire : Moi, des
chiffres, j'en ai plein, mais je ne les donne pas. Il vient de nous dire qu'il
ne nous donne pas les chiffres parce que ce serait trop compliqué pour le
député de LaFontaine, puis le député de LaFontaine ne serait pas capable de se
faire comprendre par les gens à la maison. Ça, Mme la Présidente, je pense que
c'est indigne.
Et je pense qu'au privé, là, il serait
congédié, Mme la Présidente. Parce qu'il est là pour répondre. Il est là pour
répondre, Mme la Présidente, de son administration. Il est là pour répondre de
son administration. Quand il vient dire, et je le cite... quand il vient dire
que je suis en train de taper sur la tête de tout le monde en Famille puis que
je suis en train de dire que tout le monde en Famille, les gens dans le réseau,
ils sont paresseux parce que... Ce n'est pas ça que je dis. C'est à lui de
répondre, Mme la Présidente.
Et quand il dit... puis là on a peut-être
la réponse pourquoi ça recule, sous la CAQ, dans le service de garde, il est en
train de dire : Bien, moi — c'est un aveu de faiblesse total — moi,
je ne peux pas rien faire, tout reproche que vous pourriez verbaliser, député
de LaFontaine — c'est le ministre, là, qui parle — bien,
tout reproche, ce n'est pas à moi que ça va aller, ça va aller dans le réseau,
ça va aller aux autres, puis vous ne devriez pas faire ça, ce n'est pas beau.
La responsabilité ministérielle... C'est toujours bien son ministère, Mme la
Présidente, qui accorde les places, qui fait la planification. C'est toujours
bien son ministère, Mme la Présidente, qui dit qu'à Montréal puis Laval, là,
mes cartes démontrent qu'il manque zéro place. Bien, qu'il vienne donc dans nos
comtés. Qu'il vienne donc dans le comté de ma collègue, entre autres, à
Bourassa-Sauvé, dans le comté de LaFontaine, on en a, des cas, il y a un manque
de places à Montréal et Laval. C'est toujours bien son ministère qui fait cette
mauvaise planification là sous sa gouverne, qui dit que, et lui reprend ces
cartes-là, à Laval et à Montréal, très chers concitoyens et concitoyennes,
arrêtez de vous plaindre, il manque zéro place. Le ministre a les chiffres qui
lui permettent de dire ça, mais il ne vous les donnera pas, il ne me les
donnera pas, c'est trop compliqué pour nous autres, pour comprendre. Ça, Mme la
Présidente, je trouve que c'est insultant et je trouve qu'il se décharge de sa
responsabilité ministérielle. Il vient de nous le dire par a plus b, qu'il ne
veut pas donner les chiffres, que ce n'est pas sa responsabilité. C'est un
constat d'échec, et encore une fois, dans le privé, il serait congédié.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, M. le député. M. le ministre, votre réplique, pour
cinq minutes.
M. Lacombe : Mme la
Présidente, je suis sans mot. Je vous le dis, honnêtement, je suis... à chaque
fois, là, j'ai l'impression, là, d'assister à une mauvaise pièce de théâtre.
Quand la députée de Joliette prend la parole, là, je ne suis pas toujours
d'accord avec elle, mais je le sais, qu'elle le fait parce qu'elle croit au
service de garde éducatif. Quand la députée de Sherbrooke prend la parole, je
ne suis pas toujours d'accord avec elle, puis on a tous...
M. Lacombe : ...je suis... à
chaque fois, là, j'ai l'impression, là, d'assister à une mauvaise pièce de
théâtre. Quand la députée de Joliette prend la parole, là, je ne suis pas toujours
d'accord avec elle, mais je sais qu'elle le fait parce qu'elle croit au service
de garde éducatif. Quand la députée de Sherbrooke prend la parole, je ne suis
pas toujours d'accord avec elle — puis on a tous nos différends, là,
on n'a pas la même vision des choses — mais je le sais qu'elle le
fait de façon honnête. Quand le député de LaFontaine... et là il faut que je
fasse attention à ce que je dis parce que je sais que je vais me faire rappeler
à l'ordre, là, mais, quand le député de LaFontaine se découvre une passion
nouvelle pour les services de garde éducatifs, il faut que tout le monde à la
maison comprenne, là, il faut que tout le monde à la maison comprenne que c'est
essentiellement une pièce de théâtre politique pour nous mettre dans une
situation...
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : S'il vous plaît.
Une voix
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : S'il vous plaît. S'il vous plaît.
Des voix
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Juste un instant, juste un instant.
M. Tanguay
: ...je fais
mon travail, Mme la Présidente, qu'il utilise des mots parlementaires, ça
s'enseigne, ça s'apprend, il ne peut pas prétendre que l'opposition officielle
fait du théâtre. On veut faire le débat chiffres à l'appui. Puis qu'il fasse
les rappels au règlement si je déborde, mais là lui, il déborde, puis je vous
demande de le rappeler à l'ordre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vous ai demandé tantôt un échange cordial, j'aimerais
que ça se poursuive comme ça. On a bien commencé, il reste encore beaucoup de
temps, et je préfère que ce soit bien cordial. M. le ministre, vous poursuivez.
M. Lacombe : Donc, le député
de LaFontaine a raison, il fait son travail de critique en matière de services
de garde éducatifs à l'enfance, de critiquer le gouvernement. Mais moi, je
pense que son travail lui mériterait un congédiement dans le privé, pour
reprendre ses mots, parce que c'est tout simplement surréaliste de l'entendre.
Et, quand le député de LaFontaine nous
parle, là, moi, ce qui me fait sourire, il y a beaucoup de choses qui ne me
font pas sourire, mais ça, ça me fait sourire, c'est que les gens qui
l'écoutent peuvent se dire : Hum, ça a du bon sens ce que le député de
LaFontaine dit, parce que c'est un réseau qui est très complexe, le réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance. Mais les gens qui sont dans notre
réseau, les directeurs, les directrices de CPE, les gens des associations, les
éducateurs, les éducatrices qui l'écoutent savent très bien que ce qu'il dit,
ce n'est pas la réalité, que ça ne fonctionne pas comme ça. Et ce que ça
démontre, c'est une méconnaissance du réseau. Et les gens qui connaissent le
réseau, qui l'écoutent, là, le savent qu'il ne connaît pas le réseau quand il
dit des choses comme ça. Parce que les gens qui sont sur le terrain et qui
développent en ce moment, ce n'est pas vrai, qu'ils sont paresseux. Moi, je ne
pense pas qu'ils sont paresseux. Je pense qu'ils font de leur mieux avec la
pandémie qui leur est tombée dessus depuis le début.
• (10 h 30) •
Parce que vous avez remarqué, le député de
LaFontaine ne parle pas dans la pandémie. Il nous dit que ça ne se développe
pas assez vite : Ça ne se développe pas assez vite, il faudrait, là, que
ça se développe plus vite, puis le ministre, là, ne tient pas sa parole. Mais ça
ne prend pas en considération le fait qu'on est en pleine pandémie puis que ce
sont les gestionnaires qui développent. Ce n'est pas le ministère de la Famille
qui construit les CPE, c'est la gestionnaire. Je vous l'explique, là, c'est la
directrice ou le directeur du CPE qui, en plus de gérer toute son équipe, qui a
des enjeux avec la COVID, de gérer les allées et venues des parents, de
s'assurer qu'il y a assez de matériel de protection...
10 h 30 (version non révisée)
M. Lacombe : ...puis que ce
sont les gestionnaires qui développent. Ce n'est pas le ministère de la Famille
qui construit les CPE, c'est la gestionnaire. Je vous l'explique, là, c'est la
directrice ou le directeur du CPE qui, en plus de gérer toute son équipe, qui a
des enjeux avec la COVID, de gérer les allées et venues des parents, de s'assurer
qu'il y a assez de matériel de protection, c'est lui-même qui doit faire les
appels de... qui doit faire les soumissions, par exemple, pour faire construire
le nouvel immeuble, qui doit gérer les architectes, qui doit faire les
aller-retour avec le ministère de la Famille pour s'assurer que la construction
va bien. Et ce que le député de LaFontaine nous dit, c'est : Ça ne va pas
assez vite.
Donc, moi, je pense que les gens, là, qui
sont sur le terrain prennent note de ça. Puis je pense sincèrement que le
député de LaFontaine devrait prendre le téléphone puis parler aux partenaires.
Je le sais que ça doit être gênant, je le sais, mais je pense que ses fonctions
nécessitent qu'il pile sur son orgueil et qu'il téléphone aux partenaires. Et
moi, je pose la question : Qui est la directrice générale de l'Association
québécoise des centres de la petite enfance au Québec? Sans lui faire chuchoter
à l'oreille? Bon, je vois, là, que l'information se passe. Que veut dire
CQSEPE? Que veut dire CQSEPE?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : S'il vous plaît, s'il vous plaît! On s'adresse à la
présidence, s'il vous plaît. S'il vous plaît, s'il vous plaît!
M. Lacombe : Qui est le
deuxième plus gros syndicat au Québec en matière de petite enfance? Quel est le
nom de la directrice générale du Conseil québécois des services éducatifs à la
petite enfance? Il ne le sait pas, le député de LaFontaine parce qu'il ne leur
parle pas. Ou, en tout cas, s'il leur parle, je serais rassuré, mais ne leur
parle nécessairement pas assez longtemps parce qu'il ne comprend pas comment ça
fonctionne.
Donc, moi, j'invite le député de
LaFontaine à être prudent. On a des gens sur le terrain qui sont très
sollicités, qui sont très occupés, et moi, je veux qu'on leur donne les outils
et je ne veux surtout pas qu'on les traite de pas bons, je ne veux surtout pas
qu'on les traite de paresseux. Moi, je veux qu'ils puissent continuer à faire
leur travail, d'abord et avant tout de protéger la santé puis la sécurité des
tout-petits. Ça, c'est ma priorité. Après ça, s'il y a un retard dans la
construction des CPE, je l'expliquerai, je l'assumerai et je pense que les gens
vont comprendre. Mais de mettre en péril la santé et la sécurité, moi, je
n'accepterai jamais ça, c'est ça, la priorité et c'est ce que les gestionnaires
font. C'est la première chose qu'ils font quand ils arrivent le matin.
Ensuite de ça, évidemment, les projets de
développement sont importants, et moi, je vais continuer de les épauler pour
qu'on puisse aller le plus rapidement possible, même si les chiffres ne sont
pas décourageants en ce moment, ils sont plutôt inspirants.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je reconnais maintenant la
députée de Bellechasse pour une période de cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. D'entrée de jeu, je vais me permettre de resaluer mes collègues,
saluer le ministre, saluer le collègue de LaFontaine, la collègue de Sherbrooke
et bien sûr la collègue de Joliette. Je suis heureuse d'être ici ce matin pour
discuter suite à l'interpellation du collègue de LaFontaine au niveau de
l'offre de services de garde.
Quand on parle de services de garde au
Québec, ça a été une innovation, mon doux, grandement saluée, que celle de
l'implantation des services de garde au Québec comme on les connaît
aujourd'hui. Bien sûr, on a vu à travers le temps des enjeux particuliers au
niveau de l'accessibilité des services. Je vais évidemment... Je pense...
Mme Lachance : ...ça a été
une innovation, mon doux, grandement saluée, que celle de l'implantation des services
de garde au Québec, comme on les connaît aujourd'hui.
Bien sûr, on a vu à travers le temps des
enjeux particuliers au niveau de l'accessibilité des services. Je vais évidemment...
Je pense que c'est important de faire un retour dans le passé puis de revoir un
peu parce que, quand on parle d'accessibilité, on parle avant tout non
seulement de places, mais on parle de familles, on parle d'enfants qui sont en
attente, on parle de parents qui se cassent la tête pour trouver des places
adéquates. Et quand je dis adéquates, je veux dire de bonnes places, de belles
places pour leurs enfants.
Donc, je vais remonter dans le temps. Puis
j'en ai déjà parlé, j'ai quand même une bonne expérience avec les services de
garde. De ce fait, je vous ai déjà exprimé que j'avais fait le choix dans les
années 90 d'avoir un service de garde à la maison, mais je ne vous ai jamais
expliqué d'où c'est venu, pourquoi c'est venu.
Début des années 70, et je remonte,
ma foi, très loin, certains, ici, n'étaient pas nés, j'étais une petite fille
d'une famille où les deux parents travaillaient à temps plein. À l'époque, ce
n'était pas si fréquent, et j'ai dû moi-même, donc, fréquenter un service de
garde à temps plein. Ça voulait dire quoi, un service de garde à temps plein
dans les années 70? Bien, c'était des femmes à la maison, qui gardaient.
Si je vous fais état de la situation, nous étions 13, 14, peut-être 15, dans
une salle de jeu d'environ 12 par 12. Et je vous dirais qu'on ne voyait pas
souvent le soleil.
C'était ça, les services de garde dans ces
années-là. C'était des gardiennes à la maison. Il n'y avait pas une
organisation, ma foi, qui était très grande. Puis je ne peux pas dire que mon
expérience en service de garde de l'époque m'a plu. De sorte que, lorsque
moi-même j'ai eu des enfants, jamais ne me serait venue l'idée que mes enfants
aient à vivre cette époque-là, de services de garde qui était, ma foi, assez
difficile pour les enfants. Quand tu ne sors pas, que tu ne vois pas le jour
puis que tu es plusieurs dans une salle de jeu, ça, c'est... On est loin de ça
aujourd'hui.
Donc, si on remonte dans le temps,
l'année 1996, moratoire sur les services de garde. 1997, c'était la
politique familiale portant le nom Les enfants au coeur de nos choix,
grandement saluée. Puis il faut le dire, c'était très noble, c'était dû. Puis
je pense qu'à l'époque le Parti québécois faisait un virage qui était essentiel
en, justement, en offrant des services de garde, en voulant offrir des services
de garde pour tous et de qualité. Donc...
Par contre, je dirais que, déjà, à
l'époque, si on se rappelle, en 1997, il y avait un objectif de création de
places qui était de 73 000 places en garderie. À ce moment-là, je
vous avais mentionné précédemment que, pour ma part, je ne voulais pas faire
garder mes enfants dans une garderie comme je l'avais connue. Donc, je m'étais
dit : Je vais ouvrir une garderie. Et puis j'avais une voisine...
Mme Lachance : ...objectif de
création de places qui était de 73 000 places en garderie. À ce moment-là,
je vous avais mentionné précédemment que, pour ma part, je ne voulais pas faire
garder mes enfants dans une garderie comme je l'avais connu, donc je m'étais
dit : Je vais ouvrir une garderie. Et puis j'avais une voisine à l'époque
qui avait une grosse garderie ici, dans le Vieux-Québec, une grosse garderie à
l'époque, 60 places, une garderie privée. Et puis parfois j'avais l'occasion,
quand j'étais petite, d'aller dans sa garderie. Pour moi, là, rentrer dans une
garderie organisée comme ça, avec des jouets de la peinture, écoutez, c'était
deux choses totalement différentes avec ce que moi, j'avais vécu, et c'est ça
que je visais à offrir à mes enfants.
Donc, à l'époque, j'avais commencé une
petite étude de marché avec l'aide de ma voisine qui était dans le milieu
depuis très longtemps pour ouvrir une garderie privée. Bien sûr, le moratoire
est arrivé, je me suis fait couper l'herbe sous le pied. Par contre, comme je
vous le dis, l'idée derrière ça, d'offrir un service de qualité à tous les
enfants me plaisait beaucoup parce que l'enjeu était très là. Quand on a
commencé à créer les places, c'était 73 000 places. Dans les chiffres que
moi, j'avais recueillis auprès de l'Institut de la statistique et de
Statistique Canada, bien, je voyais un besoin beaucoup plus grand que ça. Donc,
déjà au départ, on partait avec un arriérage entre les besoins réels de la
population en termes de service de garde. En plus de cela, on a grosso modo une
partie de la population qui a fait le choix, avec un service aussi alléchant...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...Alors, on entame maintenant la deuxième série
d'interventions. Il fait beau, il fait chaud, on est vendredi, un bon ton, s'il
vous plaît. M. le député de LaFontaine pour cinq minutes.
M. Tanguay
: Et je vous
remercie, Mme la Présidente, de nous dire : Il fait beau, il fait chaud,
de nous rappeler peut-être à des souvenirs meilleurs pour calmer un peu les
ardeurs. Mais on le fait avec passion et on a la prétention de le faire avec
pertinence aussi.
Et honnêtement, Mme la Présidente, j'ai
bien des défauts, j'ai des gros défauts, bien des défauts, ça, c'est notoire.
Mais il y en a un, défaut, qu'on ne pourra pas m'accoler, c'est de ne pas faire
mon travail, c'est de ne pas être près de mes dossiers et c'est de ne pas être
outillé et de ne pas avoir la prétention de connaître son dossier.
Le ministre nous a dit plus tôt : Les
chiffres, j'en ai plein mon cartable. «Bring it on», on va les regarder, les
chiffres, puis on va vous donner votre bulletin. Le 2 500 places, votre
bulletin, c'est un échec, c'est 18 %.
Une voix
: ...
M. Tanguay
: Vous avez
tout à fait raison, Mme la Présidente, je m'adresse à vous. Il a dit : Le
député devrait s'intéresser... Donc, il ne veut pas donner les chiffres, ça
prend la demande d'accès à l'information pour avoir les chiffres pour lesquels
il s'est personnellement engagé à fournir. On l'a eu, le 460 sur le 2 500,
c'est 18 %, c'est réglé. Le monde à la maison, ils ont tout compris ça, le
ministre dit qu'ils n'ont pas besoin de savoir les chiffres, puis moi, je n'ai
pas besoin d'avoir les chiffres parce que c'est intelligible pour les gens à la
maison. Attention.
Deuxième chose. Il dit : Le député de
LaFontaine devrait faire son travail puis il devrait s'occuper du réseau, il
devrait être plus proche des gens. Puis il m'a mis au défi de nommer la
directrice générale de...
M. Tanguay
: ...compris
ça. Le ministre dit qu'ils n'ont pas besoin de savoir les chiffres, puis moi,
je n'ai pas besoin d'avoir les chiffres parce que c'est intelligible pour les
gens à la maison. Attention.
Deuxième chose. Il dit : Le député de
LaFontaine devrait faire son travail puis il devrait s'occuper du réseau, il
devrait être plus proche des gens. Puis il m'a mis au défi de nommer la
directrice générale de l'AQCPE, en laissant entendre que je ne faisais pas mon
travail, que je ne les connaissais pas. Bien, mal lui en prit, Mme la
Présidente. Elles font partie, Geneviève Bélisle et Marie-Claude Lemieux...
Puis qu'il leur parle, elles vont le redire. Lundi après-midi de cette semaine,
on était au téléphone pendant près d'une heure. J'ai ici mes notes personnelles
de l'entretien que j'ai eu avec ces deux représentantes de l'AQCPE. Puis il
vient, pour justifier sa position, puis pour justifier l'édifice qu'il essaie
de dresser devant nous, en disant qu'on ne connaît pas ça, les chiffres, c'est
compliqué, je ne vais pas vous les donner... Vous ne connaissez même pas votre
réseau. Je le mets même au défi de nommer Geneviève Bélisle, la directrice
générale de l'AQCPE. Je lui parle... On lui a parlé lundi. J'ai mes notes
personnelles.
• (10 h 40) •
Alors, ça, Mme la Présidente... Il peut
bien faire des reproches, mais... Puis des notes personnelles, là, j'en ai
plein ici, là. Puis qu'il aille voir sur les réseaux sociaux. Celles et ceux à
qui j'ai parlé, elles se connaissent. Ils sont assez... un petit peu déchaînés
sur les réseaux sociaux contre le ministre, qui vient de dire que le député de
LaFontaine ne les rencontre pas. Allez les voir. On leur a tous parlé, Mme la
Présidente. Alors, première des choses, quand son édifice tient là-dessus, ne
veut pas nous donner les chiffres, c'est trop compliqué, vous ne comprendriez
pas... Non, qu'il nous les donne.
Après ça, quand on lui met dans le visage
les chiffres que l'on a puis qu'on dit que c'est un échec, il dit : Ah!
bien là vous êtes en train de pointer du doigt les gens du réseau. Il
dit : Vous êtes en train de pointer du doigt l'AQCPE, tout ça, les
organismes, vous êtes en train de pointer du doigt celles et ceux qui sont sur
le terrain, vous les traitez de paresseux. Tout le monde sait, à la maison, que
ce n'est pas du tout ça qu'on fait. Lui, il est ministre de la Famille, il a
une fonction, il a des responsabilités. Et en ce sens-là, c'est important de le
souligner, quand il dit, moi, le député de LaFontaine, je dis que ça ne va pas
assez vite, ce n'est pas moi qui le dis. C'est lui qui l'a dit, Mme la
Présidente. C'est lui qui a mis la barre. Dans les deux ans — ça
finit en février 2021 — il va y avoir 13 500 nouvelles places
qui seront réalisées. Sur le 11 000 d'anciennes, il y en a 6 % de
réalisées; sur le 2 500, 18 % de réalisées. Ça, c'est un échec
retentissant, Mme la Présidente.
Et quand il dit que c'est nous qui disons
que ça ne va pas assez vite... C'est lui-même qui a mis la barre. Puis
rappelez-vous de la première citation que je vous ai faite, quand il disait,
parlant de ses prédécesseurs ministres, lui, le ministre, du haut de son
expérience du 20 février 2019, il disait : On a fait de belles annonces à
ce moment-là, on a émis des communiqués de presse et on a fait nos choux gras
en disant que, bien, on investissait dans la petite enfance, mais en réalité,
c'est que ces places-là dorment toujours, elles ne sont pas accessibles, fin de
la citation. Puis il dit : Moi, je vais les réaliser. Alors, c'est encore plus
gênant pour lui quand il met la barre à ce niveau-là, puis qu'on voit que c'est
un échec total.
Il parlait un peu plus tôt de la pandémie,
Mme la Présidente. La pandémie ne lui a pas... Je ne l'ai pas entendu dire
qu'il reniait le 2 500 places dans le budget 2019-2020. La pandémie ne lui
a jamais fait dire : À cause de la pandémie, on ne va pas réaliser le
2 500 places dans le budget...
M. Tanguay
: ...puis
qu'on voit que c'est un échec total.
Il parlait, un peu plus tôt, de la
pandémie, Mme la Présidente. La pandémie ne lui a pas... Je ne l'ai pas entendu
dire qu'il reniait le 2 500 places dans le budget 2019‑2020. La pandémie
ne lui a jamais fait dire : À cause de la pandémie, on ne va pas réaliser
le 2 500 places dans le budget 2019‑2020. Ce n'est pas la pandémie également
qui lui fait dire : On ne va pas en réaliser dans le dernier budget, il en
a rajouté 2 500, Mme la Présidente, dans le budget 2020‑2021. Et il a, le
5 octobre dernier, Mme la Présidente, annoncé... il a encore une fois annoncé
des places qui allaient être... qu'il veut réaliser à l'intérieur du
2 000. Il a annoncé, le 5 octobre dernier, 4 359 places, dont
2 500 dans le dernier budget.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Alors, je me tourne maintenant
du côté du ministre. Vous bénéficiez de cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, tu sais, nous, là, on continue de faire notre travail et on a
bien une prétention, c'est que c'est sûr, la barre n'est pas haute, c'est sûr
qu'on va faire mieux que le Parti libéral. Ça, on s'entend là-dessus.
Maintenant, c'est à nous de fixer nos objectifs
pour qu'ils soient plus ambitieux, parce que, comme je vous le dis, on ne se
comparera pas aux pires, on veut se comparer aux meilleurs. Si le député de LaFontaine
pense que la pandémie n'a pas d'effet, c'est son choix. Moi qui est à la tête
du ministère de la Famille, je vous dis que ça en a un, effet. Je vous dis que,
si le député de LaFontaine prend le téléphone et appelle des gestionnaires d'établissements,
des directeurs, des directrices de CPE ou de garderies, il vont lui dire que ça
a un effet.
D'ailleurs, ils nous demandent, là, des
délais, parce qu'ils voient bien qu'ils ne pourront pas développer dans le
temps qu'on a leur a demandé. Puis vous savez quoi? Moi, ça ne me fait pas
sortir de mes gonds, ça ne me fâche pas. Ça me déçoit, évidemment, parce qu'on
aimerait ça, pouvoir les réaliser le plus rapidement possible, comme on avait
dit qu'on le ferait avant la pandémie. Mais je pense que tous les Québécois qui
nous écoutent, là, comprennent très bien qu'on ne peut pas avoir le même plan
de match avant ou après la pandémie. Puis j'écoutais le député de LaFontaine
puis ça me rappelait la période de questions, cette semaine, où le collègue de Robert-Baldwin
nous dit : Bien, en matière économique, vous ne pouvez pas avoir le même
plan avant la pandémie qu'après la pandémie. Puis on lui dit : Effectivement,
on est en train d'adapter notre plan, et vous allez voir, on va arriver avec quelque
chose de robuste. Et là ce que le député de LaFontaine, nous dit, c'est le
contraire du député de Robert-Baldwin, c'est : Le plan que vous avez
énoncé avant, vous devez le suivre malgré la pandémie. Évidemment, c'est
impossible. C'est impossible, et moi, comme ministre de la Famille, je
n'imposerai pas ça aux directeurs et aux directrices de CPE.
Parce que ce le député de LaFontaine
sous-entend, c'est qu'on devrait dire aux gestionnaires : Bien, vous ne
développez pas assez vite, vous ne faites pas votre job comme du monde, donc je
suis obligé de vous retirer vos places. Parce qu'ultimement si on gardait le
même plan de match, ce serait ça. Moi, je ne ferai pas ça. Moi, je ne vivrai
pas avec ça sur la conscience, d'avoir été intransigeant. Ce n'est pas la bonne
chose à faire, il faut être flexible, parce qu'on a une pandémie qui nécessite
que les gestionnaires, actuellement, mettent tous leurs efforts, tous leurs
efforts pour assurer la santé et la sécurité des tout-petits, pour s'assurer
que nos CPE et nos garderies, nos milieux familiaux puissent rester ouverts.
Et, oui, quand il reste du temps, bien, oui, ce temps-là, effectivement, on
peut le déployer à développer le réseau. Mais nous, en tout cas, on va être
flexibles et on va le développer, le réseau.
Je vous donnais les chiffres...
M. Lacombe : ...mettent tous
leurs efforts, tous leurs efforts pour assurer la santé et la sécurité des
tout-petits, pour s'assurer que nos CPE puis nos garderies, nos milieux
familiaux puissent rester ouverts, et, oui, quand il leur reste du temps, bien,
ce temps-là, effectivement, on peut le déployer à développer le réseau.
Mais nous, en tout cas, on va être
flexibles et on va le développer, le réseau. Je vous donnais les chiffres
tantôt. La volonté, elle est là, les chiffres ne mentent pas. Et le député de LaFontaine
dit que je ne veux pas les donner. Je vous en donne, des chiffres. C'est de
bonne guerre, bon, il veut faire croire aux gens que je ne suis pas transparent.
Je suis très transparent. Quand je donne des entrevues, je réponds aux
questions. Quand l'opposition me demande des rencontres...
Parce que le député de LaFontaine ne m'a jamais
demandé de rencontre et ne m'a jamais fait de proposition constructive. L'opposition...
D'autres collègues en font, le député de LaFontaine n'en fait jamais. Quelle
est la proposition constructive du député de LaFontaine pour nous aider à
améliorer le réseau? Est-ce qu'il a des suggestions pour les éducatrices en
milieu familial pour nous aider à développer ce créneau-là? Est-ce qu'il a des
suggestions pour qu'on soit capables de développer plus rapidement nos services
de garde éducatifs à l'enfance? Moi, je suis prêt à l'écouter. Mais, depuis
qu'il est arrivé en poste, zéro puis une barre, il ne nous a jamais rien dit.
Donc, je sais que le Parti libéral est bon pour faire la leçon. Ça, on le sait
tous. Mais, pour donner des pistes de solution puis nous aider concrètement
dans un esprit qui est parfois non partisan, quand on est hors des caméras, ça,
pas très bons là-dedans, parce qu'ils ne nous ont jamais fait de suggestions.
Donc, ma porte est ouverte. S'il souhaite
nous rencontrer, s'il souhaite nous faire des suggestions constructives, ça me
fera plaisir de l'écouter. Mais peu importe, je vous dirais bien humblement
puis en tout respect, on n'a pas besoin de son aide. Nous, on va de l'avant, et
je peux vous dire une chose, c'est que, quand on va quitter le ministère de la
Famille, moi, je pense qu'on va le quitter en le laissant en bien, bien, bien
meilleure posture que lorsqu'on l'a pris. Parce que de quoi on a hérité, au
fond? On a hérité d'un système où il y a tellement de garde-fous... Parce qu'on
se rappelle que le député de LaFontaine, à l'époque où il était ministre de la
Famille, a posé des gestes qui ont fait en sorte qu'il y a des contrats, qu'il
y a des permis de garderie qui ont été octroyés en échange de contributions à
la caisse du Parti libéral. Ça fait en sorte que maintenant on vit avec
tellement de barrières, là, que c'est long, développer. Et nous, c'est de ça
dont on hérite, et là on se fait critiquer aujourd'hui que ça ne va pas assez
vite notamment parce qu'on doit conjuguer avec les barrières dont on a hérité
parce que le député de LaFontaine, alors qu'il était ministre de la Famille, il
y a eu des cas où il échangeait des permis de garderie à ses amis contre des
milliers de dollars à la caisse libérale. C'est ça, la vérité, là. Donc, nous,
de notre côté, on va continuer notre travail puis on laissera le réseau en bon
état.
M. Tanguay
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : S'il vous plaît!
M. Tanguay
: Si le
ministre... De un, je voudrais faire un appel au règlement sur la pertinence,
211, et sur le motif indigne, 35. Ce qu'avance le ministre, Mme la Présidente,
n'est aucunement pertinent, et il parle d'un collègue qui est là... qui n'est
plus là depuis 10 ans. S'il veut réellement tomber à ce niveau-là, puis on ne
veut pas y aller, on va lui parler de son dossier de faillite. Si c'est
réellement ça qu'il veut, là, tomber dans la boue, là, puis brasser de la boue,
là, je ne serai pas pertinent, puis je n'avais pas l'intention de le faire,
mais, s'il veut aller à ce niveau-là, puis vous laissez faire ça, on parlera de
son incapacité de gérer les fonds publics à...
M. Tanguay
:
...d'un collègue qui est là... qui n'est plus là depuis 10 ans. S'il veut réellement
tomber à ce niveau-là, puis on ne veut pas y aller, on va lui parler de son
dossier de faillite. Si c'est réellement ça qu'il veut, là, tomber dans la
boue, là, puis brasser de la boue, là, puis je ne serai pas pertinent puis ce
n'était même pas mon intention de le faire, mais il veut aller à ce niveau-là
puis vous laisser faire ça, on parlera de son incapacité de gérer des fonds
publics à cause de son dossier de faillite. Il veut-u réellement qu'on fasse
ça?
Des voix
: ...
Mme Boutin : Oui,
respectueux, là.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Quel règlement? Quel règlement?
Mme Labrie : Bien, la
base même du savoir-vivre.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : M. le ministre, on va juste... Je vais vous demander de
retirer vos propos et de retourner sur le...
M. Lacombe : Que moi, je
retire mes propos?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Oui.
M. Lacombe : À l'effet
de...
Une voix
: ...député de
LaFontaine...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je m'excuse. Donc, excusez, je pensais que c'était le ministre.
Je vais vous demander... Oui, je vais vous demander de retirer vos propos.
M. Tanguay
: Je
les retire, Mme la Présidente, parce que ça ne serait pas pertinent. Je vous
demande qu'il retire ses propos...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Je vais... S'il vous plaît...
M. Tanguay
: Je
les retire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Vous les retirez. Je vais vous demander de poursuivre sur
le thème, s'il vous plaît, pour les huit dernières secondes.
M. Tanguay
: ...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Il n'a pas de propos à retirer. Je vais lui demander de
revenir sur le thème.
M. Lacombe : Bien, je
vous le dis en tout respect, c'est sûr que ce n'est pas... Ce n'est pas mon
intention, là, de vouloir traîner personne dans la boue, mais aujourd'hui on
vit avec des restrictions qui nous viennent de cette époque-là, qui s'appellent
notamment des comités consultatifs...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre.
M. Lacombe : ...qui nous
obligent à prendre beaucoup plus de temps.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Je me retourne maintenant du côté de la députée de Jean-Talon
pour une période de cinq minutes.
Mme Boutin : Merci, Mme
la Présidente. Vraiment, je pense que... Juste pour qu'on rectifie le tir, je
pense qu'on est capable d'avoir des propos respectueux ici. C'est un sujet extrêmement
important. Ça touche beaucoup de personnes. Je vois des femmes devant moi, la députée
de Sherbrooke, la députée de Joliette. Je pense que c'est un sujet qui nous
touche, les services de garde. Ça a changé la vie de beaucoup de femmes dans la
société québécoise. Je ne veux pas être trop baveuse non plus, mais je voudrais
saluer aussi le courage du député de LaFontaine, d'être ici, compte tenu du
passé peu glorieux du Parti libéral en matière de garderie.
• (10 h 50) •
Vous savez, moi, j'ai la chance de faire
partie d'une commission, la Commission de l'administration publique. J'aime le
côté pragmatique de cette commission-là, mais aussi l'accès qu'on a à la Vérificatrice
générale. Puis récemment, il y a deux semaines, le rapport... Il y a un rapport
qui a été déposé dont un volet touchait le ministère de la Famille. Puis je
pense que ça vaut la peine d'en parler un petit peu parce que ce rapport-là,
oui, il touche à une partie du présent gouvernement, mais beaucoup du passé du
précédent gouvernement. Puis on sait dans ce rapport-là que
46 000 enfants attendaient toujours une place en date du
28 novembre 2019. Ces 46 000 enfants là ne datent pas de la
dernière année ou des derniers deux ans. C'est une accumulation de plusieurs
années. Puis à ceux-ci s'ajoutaient 9 000 enfants qui fréquentaient
un service de garde éducatif non subventionné par le ministère de la Famille,
mais qui attendent encore une place.
L'offre de places en subventionné est
clairement insuffisante par rapport... Les propos de la Vérificatrice générale,
et d'ailleurs l'Institut de la statistique de Québec... du Québec, pardon,
prévoit une hausse d'un peu plus de 18 000 enfants âgés de zéro à
trois ans d'ici 2024. On est un petit baby-boom, puis je pense qu'il y a un
immense besoin. Et dès son arrivée, dès qu'on est arrivé au pouvoir, dans le
fond, le ministre... quand le ministre de la Famille a été nommé ministre de la
Famille, tu sais, c'est sûr qu'il a constaté...
Mme Boutin : ...de la
statistique de Québec... du Québec, pardon, prévoit une hausse d'un peu plus de
18 000 enfants âgés entre zéro et trois ans d'ici 2024. On est un petit
baby-boom puis je pense qu'il y a un immense besoin et dès son arrivée... dès
notre arrivée au pouvoir, dans le fond, quand le ministre de la Famille a été
nommé ministre de la Famille, tu sais, c'est sûr qu'il a constaté, il a fait le
même constat que la Vérificatrice générale, qu'il y avait un immense manque à
gagner et qu'il fallait créer des places, là. On pense... On avait annoncé
précédemment 11 000 places, mais auxquelles il n'y avait pas vraiment de
budget attaché. Donc, on faisait des annonces pompeuses, mais sans avoir
attaché ça dans le budget.
Donc, on est arrivés puis il y avait un
immense besoin. Clairement, le réseau... tout le monde s'entend ici que le
réseau est sous-développé. Quand on pense qu'il y a environ... dans les
régions, là, 58 régions... J'ai ici, on estime que 58 territoires sur 161 au Québec
est en déficit de places. Puis les annonces puis l'appel à projets qui ont été
faits récemment par le ministre de la Famille vont vraiment dans ce sens-là,
ciblés.
Moi, j'aimerais... J'adore ça quand le député
de LaFontaine parle de chiffres et de mesures, parce que je pense, c'est hyper
important. Je le cite, d'ailleurs, il l'a dit dans sa première
intervention : «Vous ne pouvez pas améliorer ce que vous ne pouvez pas
mesurer.» J'adore ça, parce que c'était très difficile dans le passé de créer
de nouvelles places, parce qu'il n'y avait aucune mesure, aucune cible dans le
précédent plan stratégique.
Dans la... À la Commission de
l'administration publique, on regarde ça, les plans
stratégiques — moi, j'adore ça — puis je me suis permis de
regarder le plan qui avait été déposé, qui couvrait la période 2017 à 2022
et puis il n'y avait aucun objectif clair de création de places en garderie.
Tout, j'ai lu au complet, ce plan-là, aucune cible quantifiée. Donc, c'est très
difficile d'atteindre un objectif et de créer de places quand il n'y a aucun
chiffre, aucune cible dans un plan stratégique qui va de 2017 à 2022. Puis j'ai
décidé de creuser un petit peu plus, puis d'aller voir le bulletin des
ministères de L'Actualité, qui regardait tous les plans, puis je
cite : «Certains plans stratégiques — là, on parle du précédent
gouvernement. C'était le bulletin d'Actualité, qui couvrait, dans
le fond, les plans, justement, de 2017 — Certains plans stratégiques
sont si faibles qu'il est permis de se demander si ces ministères comprennent
leur mission. Par exemple, le ministère de la Famille, doté d'un budget de 2,5
milliards de dollars, souhaite visiter 250 CPE sur les 1 562 que compte le
Québec afin de vérifier la qualité des installations… mais n'a pas de mesures
quantifiables concernant la qualité. Et le nombre de places à créer pour
combler les besoins, présent dans le précédent plan du ministère, a disparu.» Donc,
c'est très difficile de créer des places et d'avoir des objectifs et
d'atteindre des objectifs quand il n'y a aucun chiffre.
Si on regarde le plan qui a été déposé en
2018, qui couvre la période 2018‑2019, parce que, tu sais, l'ancien
président du Conseil du trésor avait à coeur d'atteindre des cibles
quantifiables, donc le ministre de la Famille a eu comme l'une des cibles,
c'est vraiment d'atteindre un taux de 90 % de création des 15 000
places annoncées. Donc, ça inclut les 11 000 plus les 5 000
supplémentaires. Donc, il y a des cibles qui sont quantifiables, c'est
absolument nécessaire à l'atteinte des objectifs puis je pense que le ministre
de la Famille continue de garde le cap...
Mme Boutin : ...un taux de 90 %
de création des 15 000 places annoncées. Donc, ça inclut les
11 000 plus les 5 000 supplémentaires.
Donc, il y a des cibles qui sont
quantifiables, c'est absolument nécessaire à l'atteinte des objectifs puis je
pense que le ministre de la Famille continue de garder le cap malgré la
pandémie. Malgré qu'il y a un ralentissement, on garde la cible de création de
places en garderie, parce qu'au final, bien, ce sont des familles qui vont en
bénéficier, des femmes qui vont pouvoir travailler, des hommes aussi, mais
personnellement, je trouve que ça bénéficie beaucoup aux femmes. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. Nous entamons maintenant la
troisième série d'interventions avec la représentante du deuxième groupe
d'opposition. Mme la députée de Sherbrooke, vous avez cinq minutes.
Mme Labrie : Merci, Mme la
Présidente. Je suis contente aussi qu'on prenne un moment aujourd'hui pour
parler de l'offre en services de garde éducatifs, quoique c'est assez
surprenant de voir le Parti libéral soulever lui-même l'enjeu. On est assez
nombreux à trouver que, pendant leur passage au gouvernement, ils ont plutôt
saboté le réseau que de travailler à le développer, mais bon. J'espère que leur
nouvel intérêt est sincère et durable pour le réseau des CPE.
Honnêtement... Là, la CAQ forme le
gouvernement depuis deux ans. C'est trop peu pour avoir développé le réseau au
point de répondre à la demande des familles, là, ça, c'est certain, mais c'est
assez pour qu'on se fasse une bonne idée de leur vision du développement du
réseau. Et là, moi, mon impression, c'est que leur projet, c'est d'en faire un
peu plus que le Parti libéral, parce que ça paraît bien. Comme ça, ils peuvent
dire, puis il l'a dit, le ministre, que ça fait des années qu'il n'y a aucun
gouvernement qui a autant investi dans le réseau. Il le répète souvent puis
c'est vrai, mais disons que, pour un gouvernement qui aime se dire ambitieux,
c'est quand même assez gênant de se contenter d'être meilleurs que les pires.
Et le ministre de la Famille lui-même, il le rappelle très souvent, il l'a fait
ce matin, à quel point les libéraux, ils n'en ont pas développé, des places.
Donc, j'ai du mal à comprendre sa fierté de simplement faire mieux que son
prédécesseur.
Ce que la CAQ a fait jusqu'à maintenant
pour développer le réseau, ce n'est pas du tout, du tout à la hauteur des
attentes pour les dizaines de milliers de familles qui attendent une place pour
retourner au travail, pour les dizaines de milliers de familles aussi qui ont
une place au privé mais qui voudraient une place en CPE, ni pour les milliers
de femmes enceintes qui angoissent déjà parce qu'elles savent que ça va être
difficile de trouver une place et qu'elles ont peur de devoir rester à la
maison et de faire une croix sur leur indépendance économique.
Moi, personnellement, je trouve que c'est
très choquant de voir qu'en ce moment les mères se demandent... les futures
mères, se demandent si et quand elles vont pouvoir retourner travailler après
avoir eu un enfant, comme si on était encore en 1950. Et malheureusement, elles
ont raison de s'inquiéter parce que la réalité, c'est qu'en ce moment il y a
des milliers de femmes qui ne travaillent pas, pas par choix, mais parce
qu'elles n'ont pas de service de garde. Il y a des travailleuses essentielles
en sans soldes forcés qui attendent juste ça, une place pour aller travailler.
Il y a des femmes qui abandonnent des études parce qu'elles n'ont pas de place
en service de garde. Et moi, bien, je refuse que ce soit ça, le Québec. Et je
ne comprends pas qu'un gouvernement qui se dit féministe, qui dit que le
développement des enfants, c'est sa priorité puisse voir ça et se contenter de
saupoudrage de créations de places.
Et, pour vrai, j'aimerais ça que ce ne
soit pas seulement le projet du Parti québécois et de Québec solidaire de
compléter le réseau. Je pense que c'est un projet qu'une majorité de Québécois
partage, peu importe leur allégeance politique, et j'aimerais ça que ce soit
aussi le projet de la CAQ. Mais en ce moment, il n'y a rien qui nous indique
que c'est ça, leur objectif et ils y vont plutôt au...
Mme Labrie : ...j'aimerais ça
que ce ne soit pas seulement le projet du Parti québécois et de Québec solidaire
de compléter le réseau. Je pense que c'est un projet qu'une majorité de Québécois
partagent, peu importe leur allégeance politique. Et j'aimerais ça que ce soit
aussi le projet de la CAQ, mais en ce moment, il n'y a rien qui nous indique
que c'est ça, leur objectif. Et ils y vont plutôt au compte-goutte, même s'il y
a presque 50 000 familles qui attendent, et ça, c'est des chiffres qui
datent de plusieurs mois.
Donc, quand le ministre, là, il a annoncé
son appel de projets en octobre, là, il a dit : Les 4 359 nouvelles
places vont coûter à peine 72 millions par année, en plus du coût des
nouvelles infrastructures, entre 75 et 90 millions de dollars... Je ne
veux pas dire que ce n'est rien, là, parce que je ne veux pas insulter le
ministre puis je le sais qu'il a probablement travaillé superfort pour aller
chercher chaque dollar de cet argent-là, considérant le peu d'intérêt de son
gouvernement pour le ministère de la Famille, mais on va se le dire, là, c'est
vraiment très peu.
Quand la CAQ développe des maternelles
quatre ans, pour chaque place, ça leur coûte plus que deux fois plus cher que
ça en infrastructures. Calculez-le. À 800 000 $, en moyenne, par
classe, pour des classes de, maximum, 17 enfants, c'est beaucoup plus que le
double de ce que ça coûte en infrastructures pour créer une place en CPE. Et
pourtant, le ministre de l'Éducation trouve que c'est le meilleur
investissement qu'on peut faire, puis le premier ministre aussi. Donc, moi, je
ne comprends pas comment ça se fait que, pour développer des maternelles quatre
ans, le ministre... le premier ministre dit «ça coûtera ce que ça
coûtera», mais qu'en même temps le ministre de la Famille, lui, il a autant de
mal à aller chercher des fonds pour développer son réseau, alors qu'on pourrait
créer littéralement deux fois plus de places avec le même argent que ce qui est
mis dans les infrastructures en maternelles quatre ans.
La CAQ, en ce moment, là, elle devrait
s'engager à mettre en place un réseau universel de CPE, comme ils le font pour
les maternelles quatre ans, et ça pourrait même faire partie de leur plan de
relance. Mais pour l'instant, tout ce qu'on voit, c'est un manque de vision en
petite enfance.
Moi, il y a un an et demi, j'ai demandé au
ministre si son gouvernement était prêt à reconnaître le droit à un service de
garde éducatif de qualité pour tous les enfants du Québec, puis la réponse,
c'était non. Et pourtant, ce serait une superbelle manière d'envoyer un message
très clair sur les intentions de la CAQ de vraiment compléter le réseau. Le
gouvernement pourrait faire exactement comme ils ont fait pour les maternelles
quatre ans, prévoir l'existence de ce droit-là dans la loi, prévoir qu'il va
entrer en vigueur par décret au moment où le réseau va être complété. C'est ça
qui a été fait pour les maternelles quatre ans. Et au moins, les Québécois
seraient certains que la CAQ vise à répondre aux besoins de places, parce qu'en
ce moment les parents, ils ont littéralement l'impression de faire rire d'eux.
Donc, je repose la question : Est-ce
que la CAQ aspire à compléter le réseau? Si oui, d'ici combien de temps? Et,
pour rassurer tout le monde sur leurs intentions, est-ce qu'ils peuvent
garantir, dans une loi, le droit à un service de garde éducatif de qualité,
quitte à attendre à ce que le réseau soit complété pour que la loi entre en
vigueur?
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci, Mme la députée. Votre réponse, M. le ministre, pour
une période de cinq minutes.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bien, c'est une bonne question parce que c'est une question
qu'on doit se poser, je trouve, en ayant une vue d'ensemble, en ayant une vue
d'ensemble de la situation. Donc, un service... Pour moi, un service qui est
offert à un petit, un tout-petit de quatre ans, quand c'est un bon service,
c'est la bonne chose à faire.
• (11 heures) •
Donc, vous savez, je ne referai pas toute
l'histoire des maternelles quatre ans, mais pour nous, ce n'est pas des
services...
11 h (version non révisée)
M. Lacombe : ...en ayant
une vue d'ensemble, en ayant une vue d'ensemble de la situation. Donc, un
service... Pour moi, un service qui est offert à un petit, un tout-petit de quatre
ans, quand c'est un bon service, c'est la bonne chose à faire.
Donc, vous savez, et je ne referai pas
toute l'histoire des maternelles quatre ans, mais pour nous ce n'est pas des
services qui s'opposent, c'est des services qui sont complémentaires et c'est
des services publics. Quand on pense à la maternelle quatre ans, c'est un
service public de qualité qui va être offert par des gens compétents, comme
dans mon service de garde éducatif à l'enfance. Donc, moi, je n'ai pas... Je
n'ai pas de crainte pour les enfants. Et je comprends tout à fait qu'il y a beaucoup
de parents qui vont faire ce choix-là parce qu'entre ces deux bons choix là, la
décision que les parents vont prendre, ce sera nécessairement une bonne
décision.
Donc, il faut aussi mettre la maternelle
quatre ans dans cette équation-là parce que c'est un service qu'on va offrir.
Quand un petit, un tout-petit fréquente une classe de maternelle quatre ans,
l'investissement qu'on fait pour lui, c'est un investissement qu'on aurait dû
faire de toute façon en service de garde éducatif à l'enfance. Donc, moi, je
vois l'investissement par enfant et peut-être pas par type de service. Je pense
que, quand le service est de qualité, on est tous gagnants.
Donc, quand on regarde ça dans sa
totalité, on a actuellement plus de 16 000 places au Québec qui sont
en réalisation pour vrai, des vraies places, là, en réalisation, pour
lesquelles je ne me suis pas promené aux quatre coins du Québec pour prendre
des photos. On les a débloquées. On veut que ça se fasse le plus rapidement
possible. Donc, on a plus de 16 000 places. Et ça, ça fait
objectivement très longtemps que ce n'est pas arrivé au Québec.
Donc, l'idée, et je réponds à ça quand
même parce que l'idée, ce n'est pas d'être fiers de faire mieux que le Parti
libéral parce que, là, bon, ce n'est pas très difficile de faire plus que le
Parti libéral. Puis je le disais tantôt, moi, je ne veux pas me comparer aux
pires, je veux me comparer aux meilleurs, aux meilleurs. Mais l'idée, c'est
plutôt de dire, quand je me fais faire la leçon, quand on se fait faire la
leçon par des gens qui ont mis le feu dans le réseau, je trouve que c'est un
peu odieux.
Mais revenons à la question de la députée
de Sherbrooke. Moi, je pense qu'on doit regarder ça d'un point de vue global.
On a plus de 16 000 places actuellement en réalisation. Ça fait très
longtemps que ce n'est pas arrivé au Québec. On a lancé un projet aussi de
conversion parce que l'idée, c'est d'avoir accès à une place, mais c'est
d'avoir aussi accès à une place qui est subventionnée à 8,35 $. Donc,
c'est ça que les gens veulent souvent, c'est des places subventionnées. Et
c'est pour ça qu'on a mis sur pied notre projet de conversion, notamment pour
agir dans les secteurs les plus défavorisés de Montréal, où, là-bas, les
parents, lorsqu'ils magasinent, en quelque sorte, là, le service de garde pour
leur enfant, ils ont beaucoup moins de chances qu'ailleurs au Québec. En
Gaspésie, par exemple, 100 % des places sont subventionnées, alors que
dans des quartiers très défavorisés, comme à Montréal-Nord, par exemple,
Saint-Michel, on est à peu près, grosso modo, à une place sur deux seulement.
Donc, pour moi, c'était important aussi
d'arriver avec la conversion qu'aucun autre gouvernement a acceptée. Il n'y en
a pas un qui avait accepté de faire ça, sauf au départ, à la création du réseau
en 1997 pour constituer le réseau. Mais tout de suite après, la porte a été
fermée pour dire que la conversion, ça ne crée pas de nouvelles places. Mais
dans une région comme Montréal, par exemple, on n'a pas le choix de faire la
conversion si on veut rendre des places accessibles, plus facilement
accessibles...
M. Lacombe : ...qui avait
accepté de faire ça, sauf au départ, à la création du réseau en 1997 pour
constituer le réseau. Mais tout de suite après, la porte a été fermée pour dire
que la conversion, ça ne crée pas de nouvelles places. Mais dans une région
comme Montréal, par exemple, on n'a pas le choix de faire la conversion si on
veut rendre des places accessibles... plus facilement accessibles... plus
facilement accessibles aux parents, là, du point de vue financier.
Donc, plus de 16 000 places actuellement
en réalisation, un projet de conversion pour être capable d'offrir plus d'accessibilité
aux parents et la création de la maternelle quatre ans qui va nécessairement
offrir des services à des enfants qui n'avaient pas de services avant. Parce
que, oui, il y a certains enfants qui viennent des CPE et des garderies en
maternelle quatre ans. Quand vous regardez la classe de maternelle quatre ans,
là, ce matin, là, il y a des enfants, oui, qui étaient avant en CPE ou en
garderie, mais il y en a... et ça, c'est intéressant, là, il y en a qui
n'avaient pas de services. Parce que pour les parents, ce n'était pas nécessaire
de les envoyer à la garderie ou au CPE, mais eux préfèrent les envoyer à la
maternelle quatre ans. Et moi, je me dis que, si on réussit à leur offrir un
service, tout le monde est gagnant, là. Ça, c'est une excellente nouvelle. Il
faut être fier de ça.
Donc, maternelle quatre ans qui est une
nouvelle offre, qui offre des services à des nouveaux tout-petits qui n'en
avaient pas avant, qui libère aussi des places dans les services de garde
éducatifs pour que d'autres parents qui sont en attente, parfois avec des
enfants plus jeunes que quatre ans, puissent y avoir accès. Donc, cette
libération de places là, conjuguée à notre création qui est à plus de 16 000
actuellement en route, même si c'est ralenti un peu en raison de la COVID, et
au fait qu'on va convertir des places, moi, je pense qu'on a un bon plan de
match, je pense qu'on a un bon plan de match. Et, vous savez, moi, je n'ai
pas à tordre le bras de mes collègues pour y arriver. Là, ce qu'on doit faire,
là, c'est accélérer la création, freiner l'explosion de places non
subventionnées qui a eu lieu au Québec, sous le règne du Parti libéral, puis
arranger tout ça. Puis je pense qu'on est en bonne voie d'y arriver.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je me tourne maintenant du
côté de la députée de Lotbinière-Frontenac pour une période de cinq minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, Mme la Présidente. Donc, j'aimerais
saluer tous mes collègues aujourd'hui puis je suis très contente d'être ici.
J'ai entendu le député de LaFontaine tout
à l'heure qui nous presse de développer des nouvelles places. Bien, moi, je
veux rappeler qu'en tant que députée j'ai annoncé une subvention pour une
garderie dans mon comté pour des places qui avaient été annoncées en 2013.
Pourtant, quand je les ai annoncées, on était en 2019. C'était quoi la raison?
Donc, le Parti libéral avait annoncé des places, mais il n'avait jamais mis
l'argent qui devait accompagner ces places-là. Donc, les places n'ont pas été développées.
Donc, c'est ça, la situation. Et nous, par exemple, comme gouvernement, on
investit de l'argent pour les développer. On est une société des plus avancées
en matière d'accès aux services de garde. On a un service de garderie abordable
et varié. Que ce soit au privé, privé subventionné ou dans les régimes publics,
les parents ont accès à des milieux stimulants qui répondent à leurs besoins
puis aux besoins de leurs enfants.
Moi, je vais vous parler un petit peu de
moi parce qu'ailleurs au Canada...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : …abordable et varié, que ce soit au privé,
privé-subventionné ou dans les régimes publics. Les parents ont accès à des
milieux stimulants qui répondent à leurs besoins puis aux besoins de leurs
enfants.
Moi, je vais vous parler un petit peu de
moi parce qu'ailleurs au Canada, là, les services de garde sont très
dispendieux. Moi, j'ai habité à Toronto pendant quatre ans. Mon fils est né
là-bas. Dans le temps, en 2000, il n'y avait pas de congés de maternité,
malheureusement, d'un an, c'était seulement six mois, puis on devait envoyer
nos bébés, là, à six mois dans un service de garde. Puis je me souviens que,
dans ce temps-là, ça pesait beaucoup sur le budget, là, c'était
1 300 $ pour un bébé de six mois à 18 mois, là, qu'il fallait payer
pour un service de garde par mois. Donc, ici, là, on a regardé les chiffres,
là, puis ça tourne environ, avec tous les programmes qu'on a droit, ça tourne
environ à 1 736 $ par an. Donc, c'est vraiment une grosse, grosse différence.
Et on est très chanceux parce que, justement, il y a quelques années, on a fait
ce choix-là au Québec.
Donc, oui, il manque beaucoup de places
puis, oui, il faut développer des places, il y a un grand besoin, mais on ne
peut pas dire que la COVID n'a pas eu d'influence sur le développement des
places parce que, oui, ça a apporté des retards parce qu'on a mis le Québec sur
pause pendant quelques mois, on a dû tout se réorganiser. Il y a beaucoup
d'investissements en construction, les entreprises ont un agenda beaucoup plus
serré. Donc, on ne peut pas dire que les projets de construction, ils n'ont pas
eu de retard, là.
Donc, moi, je veux aussi souligner que,
quand on a fermé les services de garde le 13 mars 2020, bien, le gouvernement a
réagi promptement. On a mis en place des services de garde. C'est des services
essentiels qui ont été mis en place pour les personnes qui travaillaient dans
le milieu de la santé. Puis aussi on a investi au niveau, là, de la sécurité
puis des mesures sanitaires, puis on a investi un montant de
38,8 millions. Donc, ça a demandé beaucoup d'organisation, beaucoup de
temps. Puis c'est pour ça que, moi, je dis qu'il y a… les travaux de
construction, il y a eu du retard à cause de la COVID.
Donc, je voudrais rappeler aussi qu'on
avait fait un scénario de quatre phases pour rouvrir les garderies après la
pause puis on a aussi mis en place beaucoup de mesures pour supporter nos
services de garde…
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...rappeler aussi qu'on avait fait un
scénario de quatre phases pour réouvrir les garderies après la pause puis on a
aussi mis en place beaucoup de mesures pour supporter nos services de garde,
nos familles puis les travailleurs des services de garde. Il y a eu beaucoup
d'aides-mémoire, des recommandations et puis, ensuite, on a fait beaucoup de
mesures sanitaires, pour être certains que nos travailleurs soient en sécurité.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. On entame maintenant série
d'interventions, que je souhaite harmonieuses, s'il vous plaît. Alors, je me
tourne du côté du député de LaFontaine pour cinq minutes.
• (11 h 10) •
M. Tanguay
: Oui, merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je note votre enthousiasme à me recéder la parole
puis je vais essayer qu'elles le soient également, mais quand on est passionné
par un sujet, Mme la Présidente, je veux dire, on est commis, on est engagé ou
on ne l'est pas.
Pandémie explique les reculs. On va mettre
quelque chose bien au clair : le ministre a annoncé, en février 2020 notamment,
2 500 places, ça a été dans le budget 2019‑2020,
2 500 places. À moins que je n'aie mal compris un peu plus tôt,
recule-t-il ou pas sur l'objectif d'exécuter... de réaliser ces
2 500 places-là? On a fait la démonstration qu'il y en avait
uniquement 460 , 18 % de réalisé. Recule-t-il là-dessus à cause de la
pandémie? Premier élément, puis je pense qu'il prend des notes pour pouvoir
apporter des réponses à chacun de ces points-là. Recule-t-il sur le
2 500 places 19‑20? Dernier budget 20‑21, trois jours avant le
vendredi 13, de déclaration d'état d'urgence au Québec, il avait annoncé
dans le budget un autre 2 500 places, 20‑21, places en services de
garde subventionnés. Recule-t-il ou pas sur cet autre
2 500 places-là? Ça fait 5 000, là.
Bon, il y a eu l'annonce du 5 octobre
dernier. L'annonce du 5 octobre dernier, Mme la Présidente, ça c'est le
troisième point, s'il peut l'aborder, il a annoncé 4 359 places.
Là-dedans, puis c'est correct, il y a une petite erreur dans le communiqué, là,
on faisait référence, dans le communiqué de presse, là, fait saillant, la
première ligne, dans le 4 359 places, on faisait référence aux
2 500 nouvelles places subventionnées, dans le budget, c'est marqué
2019‑2020, mais je pense qu'il fallait y lire 2020‑2021, parce qu'il y a un
deuxième 2 500 places qui a été budgété dans 2020‑2021. Alors, c'est
probablement une erreur du communiqué. Mais, si c'est moi qui fais erreur, il
me corrigera.
Alors, 4 359 places. Il réannonçait
le 5 octobre, Mme la Présidente, ce qu'on savait déjà depuis le budget ou,
au pire, si j'ai tort, ce qu'on savait depuis le budget d'il y a deux ans, à
savoir…
M. Tanguay
: ...dans 2020‑2021.
Alors, c'est probablement une erreur du communiqué. Mais, si c'est moi qui fais
erreur, il me corrigera.
Alors, 4 359 places. Il réannonçait
le 5 octobre, Mme la Présidente, ce qu'on savait déjà depuis le budget ou, au
pire, si j'ai tort, ce qu'on savait depuis le budget d'il y a deux ans, à savoir
que, du 4 359 places, il y en avait un 2 500 — donc, il
fallait soustraire ça — qui avaient déjà été annoncées. Alors, quand
le ministre nous dit... — et puis, je l'ai cité d'entrée de jeu, il
faisait le grief à ses prédécesseurs d'annoncer, puis de réannoncer, puis de
faire du réchauffé — on peut dire que c'est un peu du réchauffé.
C'est le pâté chinois du lendemain, ça, Mme la Présidente, qu'on met au
micro-ondes pendant deux minutes puis qu'on remange. C'est correct, mais c'est
du réchauffé. C'est bien correct, ça fait un bon repas. Mais ce 2 500
places là, on le savait depuis six mois, il n'avait pas besoin de nous le
réannoncer.
Maintenant, 4 359. Puis les chiffres,
il en emmène, des chiffres, puis je suis correct. Je suis content que la
collègue de Jean-Talon, elle aime ça, elle aussi, les chiffres. Pour moi, on
s'entendrait bien, elle et moi, peut-être plus qu'avec le ministre. Mais ça, ce
n'est pas moi qui décide, c'est le premier ministre, Mme la Présidente. Puis je
ne veux pas créer de conflit entre leurs deux, ils ont de l'air à bien
s'entendre. Alors, elle aime les chiffres; moi, j'aime les chiffres.
Emmenez-en, des chiffres! Alors, 4 359 moins mon pâté chinois réchauffé,
2 500 places, il reste 1 859 places.
De ça, Mme la Présidente, ce que moi, j'ai
été estomaqué, parce que je député de Montréal, j'ai parlé de ma collègue de
Bourassa-Sauvé, ma voisine, qui m'en parle parce que je suis porte-parole du
dossier, puis également mes autres collègues, également, m'en parlent sur l'île
de Montréal, de ce 1 859 places là, il n'y en avait aucune pour quatre
régions du Québec : Nord-du-Québec, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Laval et
Montréal. On ne peut pas dire, comme prétend le ministre, puis c'est un autre
point sur lequel j'aimerais l'entendre, on ne peut pas dire que Montréal, la
carte, elle est verte, Montréal n'a pas de besoin de places. On ne peut pas
dire ça. Sur le terrain, on le voit, on s'en rend compte, il y a un manque de
places et un manque de places subventionnées, Mme la Présidente. Et je sais que
le ministre, quand il est arrivé, il a dit : Ah! les cartes qui étaient
là, elles n'étaient pas bonnes, on les enlève. Mais, quand il dit que Montréal,
Laval notamment sont au vert, ça ne tient pas la route.
Dernier élément dans les secondes, puis faites-vous-en
pas, Mme la Présidente, je vais finir à temps. Dernier élément, on n'a pas
parlé des 8 000 places que le ministre déplorait le 20 février 2019,
8 000 places non utilisées en milieu familial. Il disait que c'était une
donnée préoccupante, Mme la Présidente, il disait même, le 20 août dernier, je
le cite : J'en fais une obsession. Bien, le 8 000 places non
utilisées est rendu... était rendu, en août dernier, à trois fois plus, à
24 000 places non utilisées en milieu familial. J'aimerais savoir aujourd'hui
comment il se porte avec son obsession.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. M. le ministre, pour une
période de cinq minutes.
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Oui, j'ai vraiment une obsession, puis c'est qu'on fasse
mieux puis qu'on fasse plus pour les familles du Québec. Parce que,
honnêtement, quand on attend une place en services de garde éducatifs puis
qu'on se demande si on va pouvoir aller travailler quand notre congé de paternité
ou de maternité se termine, ce n'est pas drôle. Puis c'est ce à quoi...
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : ...de cinq minutes.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Oui, j'ai vraiment une obsession, puis c'est qu'on fasse mieux
puis qu'on fasse plus pour les familles du Québec. Parce que, honnêtement,
quand on attend une place en services de garde éducatifs puis qu'on se demande
si on va pouvoir aller travailler quand notre congé de paternité ou de
maternité se termine, ce n'est pas drôle. Puis c'est ce à quoi on s'affère à
chaque matin, quand on se lève, au ministère de la Famille. Donc, ça, c'est mon
obsession.
Et, oui, je m'entends très bien avec ma
collègue de Jean-Talon, d'ailleurs, avec qui on a travaillé un super dossier
sur les organismes communautaires familles dans sa circonscription, puis ça a
culminé par une belle annonce qui n'est pas encore faite, en fait, là, ça s'en
vient, il ne faut pas que je vende la peau de l'ours. Mais, oui, on s'entend
très bien parce qu'on travaille en équipe, et chez nous il n'y a pas de
chicane, tout le monde s'entend bien.
Donc, oui, on continue de travailler. Et
là je pourrais revenir point par point sur tout ce que le député de LaFontaine
vient d'énumérer, mais je vais y aller peut-être plus simplement, puis ça va
répondre tout autant à la question. Toutes les places qu'on a annoncées dans
chacun de nos budgets vont être développées. Donc, on ne recule pas sur ces
places-là, les places vont aller de l'avant. Là, il ne faut pas confondre
l'annonce des places dans le budget avec l'annonce de l'octroi de ces
places-là, quand on a ouvert l'appel de projets et que là on les attribue. Il
ne faut pas additionner ces chiffres-là, évidemment, ça ne s'additionne pas,
là. Mais toutes les places qui ont été annoncées dans le budget, évidemment, on
va les concrétiser.
Je vous le disais, bien sûr qu'on ne peut
pas garder le même plan de match, le même échéancier qu'avant la COVID, ça, ce
ne serait pas raisonnable, ce ne serait pas raisonnable de demander ça aux
gestionnaires sur le terrain qui font des miracles à chaque jour, mais on va
s'adapter. Puis je vous promets une chose, Mme la Présidente, ça va se faire
plus rapidement qu'avant, ça, c'est sûr. Mais c'est difficile à battre parce
que, tu sais, le député de LaFontaine nous dit... il nous a servi du réchauffé.
Moi, je vous donne une image, là, c'est parce que le pâté chinois est en train
de refroidir sur le comptoir depuis sept ans dans certains cas, là. On a été
bien chanceux de ne pas être obligés de le jeter. Dans certains cas, il a fallu
le mettre aux poubelles, parce qu'il n'était plus mangeable. Donc, les places,
ça ne servait à rien qu'on les développe, les gestionnaires ne voulaient plus
les développer. Puis dans d'autres cas, oui, on les a réchauffés, mais est-ce
qu'il aurait préféré qu'on laisse le monde crever de faim, pour vous donner une
autre image, ou qu'on leur serve ce pâté chinois réchauffé? Moi, je préfère
servir du pâté chinois réchauffé, hein? Mais c'est leur pâté chinois, donc
j'espère qu'il va prendre note de ça, il a contribué, c'est une oeuvre
collective, ce pâté chinois.
Mais, blague à part, on va continuer de
développer et on va le faire dans toutes les régions où il y a des besoins. Le
député de LaFontaine, bon, tantôt me critique en disant que je vais trop loin
en critiquant les actions passées du Parti libéral et là m'attaque avec mon
dossier de proposition de consommateur, dont, encore une fois, je n'ai pas
honte, Mme la Présidente. Vous savez, parfois, dans la vie, on a des problèmes
de santé, notre famille est frappée par des problèmes de santé qui font en
sorte qu'effectivement il y a des bouts plus difficiles. Et c'est intéressant,
je vais quand même prendre 10 secondes pour le dire, parce que, quand le député
de LaFontaine s'attaque à moi comme ça, en disant : Vous savez, le
ministre de la Famille a eu des problèmes financiers dans le passé, bien, il
s'attaque à toutes les familles qui en ont eu. Ce n'est pas toutes les familles
au Québec qui ont échangé des places de garderie contre des contributions
illégales. Ce n'est pas toutes les familles qui ont fait ça. Mais il y a
beaucoup de familles au Québec qui ont des problèmes financiers pour des
raisons qui sont hors de leur contrôle...
M. Lacombe : ...de LaFontaine
s'attaque à moi, comme ça, en disant : Vous savez, le ministre de la
Famille, il a eu des problèmes financiers dans le passé... mais il s'attaque à
toutes les familles qui en ont eus. Ce n'est pas toutes les familles au Québec
qui ont échangé des places de garderie contre des contributions illégales. Ce
n'est pas toutes les familles qui ont fait ça. Mais il y a beaucoup de familles
au Québec qui ont des problèmes financiers, pour des raisons qui sont hors de
leur contrôle, souvent, entre autres, des problèmes de santé d'un proche.
Donc, honnêtement, ça... moi, j'encourage
le député de LaFontaine, si ça lui fait du bien, à continuer, mais je ne suis
pas sûr que c'est gagnant pour lui, puis je ne suis pas sûr que c'est très
édifiant non plus de s'attaquer à tous les Québécois qui ont des problèmes
financiers, notamment dans LaFontaine, hein, qui compte aussi des gens qui
peuvent avoir des problèmes financiers et qui aimeraient ça — vous
savez quoi, Mme la Présidente? — avoir des places à 8,35 $.
Mais sous le Parti libéral, ça a été
difficile, à Montréal, d'avoir des places subventionnées, comme partout au
Québec. Augmentation, sous leur règne, de 100 %, 200 %, peut-être
1 000 %, 2 000 %? Non, 2 700 % d'augmentation des
garderies non subventionnées. Là, je ne dis pas ça, parce que je dis que les
garderies non subventionnées sont des pas bonnes, je dis ça parce que ce sont
des garderies qui voudraient, elles, offrir des tarifs à 8,35 $, mais le
Parti libéral a préféré offrir ces places-là aux parents, en leur disant :
Vous allez payer, vous, 40 $, 45 $, 50 $, parce que nous, le
Parti libéral, on trouve que l'éducation de la petite enfance, ça coûte trop
cher. Donc, c'est ça qui est arrivé. Et, quand vous regardez, là, par
exemple, ça, c'est un tableau qui l'illustre bien, quand vous voyez ça en
rouge, là, ça, c'est l'augmentation des places non subventionnées au Québec.
Vous voyez ça, ça a bondi. Regardez les autres courbes, là, ça, c'est les
autres types de service de garde qui n'ont pas augmenté au même rythme, hein,
évidemment, sur une dizaine d'années. Donc, ça, ce n'est pas notre bilan, là.
Puis l'idée, ce n'est pas de faire de la politique politique puis dire :
Bien, ce n'est pas ma faute, c'est la faute du Parti libéral, puis avoir l'air
de deux enfants dans la cour d'école, mais c'est de dire : On est en train
de nettoyer votre dégât. On a besoin de nos deux mains. On n'a pas le temps de
s'obstiner…
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Lecours, Les Plaines) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Je me tourne maintenant du côté de la députée
de Jean-Talon pour une période de cinq minutes.
Mme Boutin : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, j'aime les chiffres puis j'aime que le ministre de
la Famille ait mentionné le tarif 8,35 $. J'aime les chiffres, mais j'aime
encore plus… il y a quelque chose que j'aime encore plus, c'est quand les gens
tiennent parole. Alors, j'espère que le ministre de la Famille va tenir parole,
j'ai très confiance, en fait, en matière de création de places en garderie.
Par contre, je me
souviens — c'est notre devise au Québec — je me souviens
d'un certain moment, en 2015, où est-ce qu'un ancien premier ministre a rompu
sa promesse. Et puis on est plusieurs ici, ceux qui ont des familles, qui y ont
goûté, puis je trouvais ça superpertinent que le ministre en parle brièvement.
Je ne sais pas s'il y en a qui se souviennent, en tout cas, moi, je m'en
souviens, ainsi que tous mes amis qui ont des enfants d'un certain âge qui fréquentaient
les garderies. Mais le précédent premier ministre s'était engagé à ne pas
hausser les frais de garde en dehors de sa campagne 2015. Et une des premières
actions qu'il a faites quand il a été élu, c'est justement de non seulement
hausser les frais de garde de manière assez drastique, mais que ces hausses-là
soient rétroactives.
À cette époque-là, juste avant les
hausses, une famille comme la mienne…
Mme Boutin : ...pas hausser
les frais de garde en dehors de sa campagne 2015. Et, l'une des premières
actions qu'il a faites quand il a été élu, c'est justement de, non seulement
hausser les frais de garde de manière assez drastique, mais que ces hausses-là
soient rétroactives.
À cette époque-là, juste avant les
hausses, une famille comme la mienne payait en moyenne une contribution de 7,30 $
par jour. Quand on a deux enfants à la garderie, ça veut dire 73 $ par
semaine, je dis pour deux enfants, 300 $ par mois, 3 500 $ par
année. Quand le tarif, pour une famille, par exemple, qui fait un revenu
familial de 75 000 $ — ce n'est pas énorme, là, deux
personnes qui ensemble font 75 000 $, c'est le propre de nombreuses
familles de la classe moyenne au Québec — la contribution
additionnelle augmentait graduellement pour atteindre environ 20 $ pour un
revenu familial, ça, c'est pour 158 000, là, mais un revenu familial
global. Ça, pour beaucoup, beaucoup, beaucoup de familles au Québec, de la
classe moyenne — moi, je l'ai calculé parce que j'ai reçu moi-même
une facture — si le tarif était à 20 $ par jour par enfant, ça
équivalait environ 9 600 $ pour deux enfants, ce qui était une
différence de 6 000 $.
Mais ce qui est arrivé en 2015, je me
souviens, au printemps, le lendemain... pas longtemps après l'élection,
plusieurs familles au Québec, environ 18 500 familles au Québec ont
reçu une facture. On nous demandait de rembourser, c'était environ entre
3 000 $ et 6 000 $, c'était un remboursement rétroactif,
juste avant les vacances estivales. On était une petite gang au Québec à se
dire : Mais, mon Dieu, ça n'a aucun bon sens, c'est n'est pas ça qu'on
nous avait dit. C'était un bris de l'engagement et ça a fait très mal aux
familles du Québec. D'ailleurs, j'ai lui des articles, hier, à ce sujet-là, il
y a plus de 5 000 familles qui ont été incapables... qui étaient
incapables de rembourser dans l'immédiat et qui ont dû avoir une entente
spéciale avec Revenu Québec.
C'est quand même un choc, là, parce qu'on
paie des factures, on paie nos voitures, nos maisons puis on... Ce n'est pas
vrai que c'est facile de vivre quand tu es dans la classe moyenne, tout est
compté au quart de tour, ton épicerie, puis là, du jour au lendemain, il faut
que tu rembourses un 5 000 $ qui n'était pas du tout prévu. Puis le
ministre de la Famille l'a mentionné, il y a beaucoup de familles là-dedans qui
ont des enjeux financiers pour plein de raisons, puis on n'est vraiment pas
dans le jugement là, mais on a besoin d'avoir une certaine prévisibilité puis
savoir qu'est-ce qu'on va payer justement, là, en termes de service de garde.
Puis je salue le ministre, parce que l'une
des premières actions qu'il a posées dans l'année qui a suivi, c'était
justement... puis, on s'était engagés à ça pendant la campagne 2018, de
ramener les frais de garde à 8,35 $ si je ne me trompe pas. Puis, non
seulement, cette annonce-là a eu lieu rapidement, mais elle était rétroactive à
janvier 2019. Puis, c'était une annonce... Cet engagement-là a été réalisé
trois ans avant ce qu'on avait prévu. On avait prévu le faire à la fin du
mandat, mais on a été capable de le faire rapidement parce que les familles du
Québec, c'était très important pour elles. Moi, j'en fais partie dans notre
parti, mais dans tous partis, là, il y a des femmes aussi des hommes qui ont
des enfants, puis ça faisait quand même une grande différence.
Donc, je salue ça, ainsi que l'importance
justement d'accorder... on appelle ça l'universalité des services de garde.
C'est sûr que ce n'est pas parfait, au Québec, encore. Moi, j'en connais. Puis,
dans mon comté, d'ailleurs, quand je faisais du porte à porte, on annonçait...
on faisait cette annonce-là...
Mme Boutin : ...les hommes qui
ont des enfants. Puis ça faisait quand même une grande différence, donc je
salue ça, ainsi que l'importance justement d'accorder... on appelle ça
l'universalité des services de garde. C'est sûr que ce n'est pas parfait, au Québec,
encore. Moi, j'en connais, puis dans mon comté, d'ailleurs, quand je faisais du
porte à porte, on annonçait... on faisait cette annonce-là, puis on en a fait
ensemble, mais... puis là ce n'est pas un message pour le ministre, mais il y
avait plusieurs familles qui disaient : Bien, moi, ça ne me touche pas,
parce que ma garderie, elle n'est pas subventionnée. Donc, il y a encore du
chemin à faire, puis le ministre en est pleinement conscient, tu sais. Il y a
une famille sur trois, quand on faisait du porte à porte, qui étaient super
contentes, puis il y en a plusieurs qui disaient : Oui, mais moi, ça ne
fait pas une grande différence, je paie déjà assez cher. Dans mon comté...
c'est certain que j'ai un comté qui est quand même assez bien nanti, il y a des
poches de pauvreté, mais bien nanti, les gens sont capables, peut-être, de se
payer ça, mais je pense qu'on a conscience, depuis qu'on a des enfants, qu'on
paie des frais de garde, on a... on est sur les listes d'attente. Le ministre a
d'ailleurs eu une place en CPE, dernièrement, après une longue attente, je le
sais. On a conscience de ce que les familles vivent, puis il y a du chemin à
faire, mais je pense que le ministre... Je compte sur vous pour tenir parole.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. On entame maintenant la
cinquième série d'interventions. Je me tourne du côté de la représentante du
troisième groupe d'opposition, la députée de Joliette, pour cinq minutes.
Mme
Hivon
:
Merci, Mme la Présidente. Alors, salutations à tous les collègues, au ministre,
et à son équipe, et à mes collègues porte-parole des oppositions.
Il y a, selon les chiffres que le ministre
nous a donnés lors des derniers crédits, 13 000 places existantes,
c'est-à-dire qui dorment sur les tablettes en milieu de garde familial régi,
faute d'éducatrices pour pouvoir les offrir concrètement à des familles du
Québec. En plus, de ce que je comprends, il y a à peu près le même nombre de
places qui sont détenues par des éducatrices qui ont des services de garde mais
qui ne peuvent pas être comblées parce qu'elles restent, en quelque sorte,
vacantes. Notamment, des éducatrices qui pourraient offrir jusqu'à neuf places
si elles avaient de l'aide, donc, d'une autre personne mais qui n'ont pas cette
autre personne là, donc qui doivent se limiter à un service de garde éducatif
de six places.
Le ministre ne sera pas surpris que je lui
parle à nouveau de cette question-là, c'est une très grande préoccupation pour
nous, c'est toute la question de la pénurie des éducatrices et l'importance qui
va avec ça de valoriser la profession, d'avoir un plan de match clair pour
redonner toutes ses lettres de noblesse à la profession, qui, je pense, était
très valorisée quand justement on a mis sur pied tout le réseau des services de
garde éducatifs avec les CPE, avec Mme Marois, avec Mme Léger. C'était une
valorisation énorme qui allait avec cette profession-là, parce qu'autant qu'on
s'attardait à créer des bonnes places de qualité en service de garde éducatif
autant évidemment on s'attardait à valoriser cette profession-là qui est
fondamentale. Donc, j'ai très peur et on a très peur que l'on vive une crise
d'une pénurie qui ne va aller qu'en s'accentuant et qu'on puisse vivre...
Mme
Hivon
: …à
créer dans bonnes places de qualité en service de garde éducatif, autant
évidemment on s'attardait à valoriser cette profession-là qui est fondamentale.
Donc, j'ai très peur, et on a très peur que l'on vive une crise d'une pénurie
qui ne va aller qu'en s'accentuant et qu'on puisse vivre des conséquences aussi
graves que ce qu'on voit dans le domaine de la santé avec les préposés aux
bénéficiaires, avec les infirmières. Donc, je pense que le ministre est très
conscient de ça, mais on ne peut pas s'attendre, on ne peut pas attendre à
encore plus, je dirais, de pénurie et une telle crise.
Donc, le ministre sait aussi qu'il y a une
baisse draconienne des inscriptions dans les programmes, dans les cégeps en
éducation à la petite enfance. Donc, moi, je veux savoir quel est son plan de
match concrètement pour valoriser la profession, pour faire des démarches
publiquement pour attirer des étudiants dans ces programmes-là, pour donner les
conditions de travail que ces professionnels-là méritent, que ces éducatrices
méritent.
Par ailleurs, l'autre volet que je veux
aborder, c'est toute la question du manque de places, particulièrement dans
certaines de nos régions. Le ministre sait à quel point ma collègue de Gaspé se
bat avec toute sa passion pour avoir un nombre de places adéquat en Gaspésie,
et il y a eu une énorme déception de ma collègue mais de tout le milieu en
Gaspésie parce qu'on a annoncé, lors de la dernière annonce du ministre,
32 places en Gaspésie, au complet, alors que les besoins sont de centaines
de places. Juste à Gaspé, plus de 100 parents sont en attente. Puis le
ministre peut nous sortir ses graphiques, et tout ça, mais il y a une réalité
très concrète qui parle. Et ce sont tous les acteurs économiques qui se sont
mobilisés depuis des mois parce que c'est un frein à la rétention de jeunes
familles. C'est la même chose dans le Bas-Saint-Laurent, mon collègue aussi de Rimouski
en parle abondamment, les acteurs économiques sont sortis aussi il y a quelques
mois.
Et il y a beaucoup, beaucoup d'enjeux qui
sont beaucoup plus globaux, et on parle de la place des femmes, la relance et
les femmes, les femmes qui ont été touchées par la pandémie. Or, les faits sont
que ce sont beaucoup de femmes qui restent à la maison, faute de places. Et ça,
c'est un énorme enjeu. Donc, je veux savoir ce que le ministre va faire pour
ces régions-là, particulièrement pour la Gaspésie.
Et je veux aussi porter à son attention
que les règles qui entourent le développement de places pour les CPE, souvent,
sont très formelles, et pour des petits milieux, il y a une complexité
importante. Quand on veut réajuster, par exemple, avoir quelques places de plus
poupon versus des places plus âgé parce que les besoins changent, et tout ça,
il faut faire une nouvelle demande de permis. Quand on veut changer la
configuration, il va falloir ramener des plans d'architecte. Donc, il y a cette
réalité-là qui est très complexe.
• (11 h 30) •
Puis, dans les plus petits milieux, il y a
tout un enjeu aussi du nombre minimal de places qui doivent être octroyées par
centre pour pouvoir développer quelque chose qui crée des embûches
supplémentaires. Donc, je veux savoir ce que le ministre a en tête pour pouvoir
répondre davantage à ces besoins-là qu'on retrouve notamment dans les régions
du Québec. J'aurais plein d'autres...
11 h 30 (version non révisée)
Mme
Hivon
:
...il y a tout un enjeu aussi du nombre minimal de places qui doivent être
octroyées par centre pour pouvoir développer quelque chose qui crée des
embûches supplémentaires.
Donc, je veux savoir ce que le ministre a
en tête pour pouvoir répondre davantage à ces besoins-là, qu'on retrouve notamment
dans les régions du Québec. J'aurais plein d'autres... J'ai droit à un gros
cinq minutes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, Mme la députée. M. le ministre, votre cinq
minutes.
M. Lacombe : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bon, là, c'est intéressant, on a des sujets de
fond, là, sur lesquels on peut parler plutôt que juste s'obstiner sur des
chiffres. Puis c'est des questions qui sont très pertinentes, donc je vais
essayer de faire des réponses très courtes pour pouvoir... pour couvrir tout le
chemin.
Là, je retiens peut-être trois choses. La question
de la main-d'oeuvre, on pourrait effectivement en parler longtemps, la question
du nombre de places en Gaspésie, notamment, puis la question du... la question,
là, de tout le fardeau, là, qui est imposé aux demandeurs.
Donc, peut-être commencer par la question
du fardeau qui est imposé aux demandeurs. Honnêtement, moi, je veux que ça se
développe vite. Donc, s'il y a des éléments sur lesquels on peut être plus
flexibles, s'il y a des éléments qui sont effectivement portés à notre attention...
puis ça me fera plaisir de peut-être en reparler hors salon bleu pour avoir
plus de temps, mais sur lesquels on peut agir, on a une équipe au ministère qui
est dédiée à atteindre les objectifs qu'on s'est fixés puis qui est tout aussi
motivée que moi. Donc, je suis persuadé que, s'il y a des aménagements à faire,
dans la limite de ce qu'on peut faire... parce que parfois on est contraint par
la loi, puis là, évidemment, on peut dire on peut changer la loi, mais c'est
compliqué, changer la loi à très courte échéance, mais ceci dit, ça pourrait
même aller jusque là. S'il y a des modifications à faire et qu'on est capables
de les faire, moi, je suis très ouvert pour qu'on puisse développer plus rapidement
puis enlever un fardeau aux gens qui développent sur le terrain, parce que, je
le disais tantôt, ils en ont plein leurs bottes en ce moment.
Ensuite, pour la Gaspésie, bon, là, la
Gaspésie, c'est un bon exemple parce qu'on a eu des bonnes discussions en
équipe là-dessus. Pour moi, c'était incontournable qu'il fallait poser un geste
pour la Gaspésie parce que c'est l'illustration même que le système qu'on a,
donc le système qui nous sert à estimer les besoins avec nos cartes, il n'est
pas parfait. Et ça, on ne s'en cache pas qu'il n'est pas parfait. On est en
train de l'améliorer. On a hérité de ce bazou, si je peux dire, là, puis on est
en train de l'améliorer dans le garage, là. Donc, ça, on est conscients qu'il y
a un problème.
Et, pour moi, c'était le meilleur exemple,
la Gaspésie, parce qu'on avait des gens qui venaient nous dire... Parce qu'en
Gaspésie il n'y a pas eu de projets qui ont été déposés en 2018 ou en 2019 parce
qu'à ce moment-là ils n'en avaient pas vraiment besoin, il n'y avait pas de
projets qui avaient été déposés. Mais ce qu'on comprend, c'est qu'il y a une
entreprise qui s'est établie là-bas, puis ça fait en sorte qu'il y a beaucoup
de familles qui convergent, puis là il y a un besoin, et là tout le monde se
mobilise. Et les outils qu'on a au ministère ne reflètent pas ça. Mais
évidemment moi, comme ministre qui s'est fait demander de gouverner avec
humanisme et gros bon sens, je vois ça et je me dis : Effectivement, ça
n'a pas de bon sens. On ne peut pas juste se fier à la colonne de chiffres puis
dire : Bien, on ne leur donnera pas de places parce que notre outil nous
dit qu'ils n'ont pas besoin de places.
Donc, ce qu'on a fait dans ce cas-là, puis
c'était important pour moi de le faire, c'est qu'on a fait un appel de projets
ou on a ciblé les territoires en déficit, donc les endroits où les cartes sont
en rouge, là, sur le modèle que vous voyez, qui...
M. Lacombe : …effectivement, ça
n'a pas de bon sens. On ne peut pas juste se fier à la colonne de chiffres puis
dire, bien, on ne leur donnera pas de places parce que notre outil nous dit
qu'ils n'ont pas besoin de place.
Donc, ce qu'on a fait dans ce cas-là, puis
c'est important pour moi de le faire, c'est qu'on a fait un appel de projets où
on a ciblé les territoires en déficit, donc les endroits où les cartes sont en
rouge, là, sur le modèle que vous voyez, qui est sur le Web, mais où on a, par
ailleurs, où j'ai, par ailleurs, décidé de dire : Les territoires qui sont
en faible équilibre, là, ceux qui selon notre modèle, là, seraient sur la
ligne, un modèle qui n'est pas parfait, hein, donc, pour ces territoires-là,
j'ai dit : On va réserver une enveloppe de places, 500 places qui vont
pouvoir être développées dans ces territoires-là.
Donc, ces territoires-là, la consigne
qu'on leur a donnée, l'invitation qu'on leur a lancée, c'est : Déposez un
projet, même si nos cartes, là, nous disent que, théoriquement, vous n'avez pas
besoin de places, nous, on pense que ça se pourrait, effectivement, que vous en
ayez besoin parce que le modèle, il n'est pas parfait. Donc, on leur a
dit : Déposez un projet, et, si votre communauté l'a justifié, le comité
consultatif, qui date d'une certaine époque, si le comité consultatif nous
dit : Oui, effectivement, il y a un besoin, parce qu'il faut absolument
passer par cette étape-là, bien, on va vous les donner, vos places.
Et là après, le 33, là, que vous avez vu,
j'ai eu l'occasion de l'expliquer. J'ai aussi, bon, le respect des
institutions, des équipes avec qui je travaille. On m'a dit que, pour des
raisons techniques, là, au ministère, il fallait absolument mettre un chiffre
réparti comme ça, par région, mais j'ai aussi dit que si... qu'il allait y
avoir des endroits où il n'y en aurait pas, de projet, là, déposé, ou des
projets déposés qui ne seraient pas acceptés, et qu'en Gaspésie il se pouvait très
bien qu'il y ait un projet pour beaucoup plus que 33 places qui soit
déposé et qui soit accepté.
Donc, je veux lancer le message aux gens
de la Gaspésie qui nous écoutent : l'appel de projets que j'ai lancé, il a
été conçu notamment en pensant spécifiquement à votre région, pour faire une
exception pour votre région, qui est presque du sur-mesure, pour être capable
de venir régler un problème qui est causé par les vieux outils, là, dont on a
hérité. Donc, moi, je suis assez confiant là-dessus.
Sur la main-d'oeuvre, maintenant, vous
avez raison qu'on a tout un problème. Les inscriptions sont en chute libre. Les
admissions sont en chute libre. Le taux d'abandon est épouvantable. Moi, je ne
suis pas fier de ça. Je veux absolument que ça remonte. Je pense qu'on envoie
des bons signaux, en ce moment, en disant : On développe. Ça, je pense que
c'est la première chose qu'il faut faire, mais, ensuite de ça, il faut valoriser
aussi d'une autre façon, et on est en train de travailler là-dessus, et j'en
fais ma priorité d'ici la fin du mandat.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Mme la députée de
Bellechasse, pour 4 min 40 s.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Je suis d'accord avec le collègue de LaFontaine, c'est un sujet
passionnant qui nous passionne tous. C'est juste qu'on n'exprime pas notre
passion tous de la même façon. Alors, il y a quelques minutes, en fait, il n'y
a pas si longtemps, j'ai été prise de court. Le cinq minutes se terminait, et
je n'avais même pas terminé mon introduction. Alors, je vais accélérer puis
essayer d'aller au coeur de mes préoccupations.
Comme je l'ai dit, services de garde à l'enfance,
nos services de garde à l'enfance, qui ont été mis en place dans les
années 97, sont un service, ma foi, envié de plusieurs et d'une qualité
exceptionnelle, avec des gens bien formés, dévoués, qui travaillent très fort
chaque jour pour nos enfants. On est quand même...
Mme Lachance : …nos services de
garde à l'enfance qui ont été mis en place dans les années 97 sont un
service, ma foi, envié de plusieurs et d'une qualité exceptionnelle, avec des
gens bien formés, dévoués, qui travaillent très fort chaque jour pour nous
enfants. On est quand même… on a quand même débuté l'implantation avec des
données qui n'étaient peut-être pas tout à fait au point, et de surcroît,
l'engouement en a surpris plus d'un et a fait en sorte que dès le départ, le
nombre de places aurait bénéficié d'une accélération.
Ce que les parents souhaitent, ce sont des
places de qualité et des places abordables. Donc, comme le disait ma collègue
de Jean-Talon, des places subventionnées. Au cours des années libérales, peu de
places ont été créées, peu de nouvelles places ont été créées, subventionnées.
Par contre, comme le ministre l'a dit, une explosion des places en milieu privé
ont eu lieu. On parle quand même, entre 2014 et 2018, de
20 605 places non subventionnées, contrairement à
11 945 places subventionnées.
En tant que gouvernement, quand on regarde
ça puis qu'on a tout ça dans les mains, on a la responsabilité d'apprendre des
erreurs du passé et de se tourner vers l'avenir avec un objectif commun. Ici, aujourd'hui,
les collègues l'ont mentionné, plusieurs problématiques ont été soulevées et le
ministre a répondu et, tu sais, qu'il s'agisse de la création de places qui
doit être accélérée, de la conversion de places… je voudrais le souligner aussi
parce que la conversion, c'est quand même 3 500 places non
subventionnées qui vont être converties par notre gouvernement. Ce n'est pas
rien pour rendre tout ça équitable pour les parents du Québec.
Au-delà de ça, le ministre l'a mentionné,
on a besoin de places, il faut convertir les places, l'organisation doit être
revue, comme il l'a mentionné. Puis comme ça a aussi été souligné par le
rapport de la Vérificatrice générale, certaines lacunes ont été mises en
lumière. Le ministre, lors de sa première intervention, nous a parlé des
barrières, des barrières qui sont, ma foi, un frein à l'accélération et à la
création de places. Alors, il faut s'y pencher et comme l'a dit la collègue de Joliette,
ça prend plus de flexibilité.
En bref, on a besoin de place pour les
parents du Québec, on a besoin de places qui se réalisent rapidement. La bonne
nouvelle, dans tout ça, c'est que j'ai des discussions fréquentes avec le
ministre et je sais que oui, vraiment, c'est une passion pour lui et puis je
dirais même qu'il en fait une obsession. Le ministre veut vraiment arriver à
réorganiser, à travailler d'arrache-pied pour pouvoir permettre à tous les
enfants et les parents qui désirent avoir une place ou qui ont besoin d'une
place, comme le mentionnait… pour travailler.
Je pense entre autres à une jeune
entrepreneure de ma circonscription qui est venue me voir il y a environ un an
et qui n'était même pas capable de retourner dans sa propre entreprise. Je la
salue, d'ailleurs, Véronique. On pense à toi tous les jours, et puis tout ça,
bien, sous les bons…
Mme Lachance : ...pour
travailler. Je pense entre autres à une jeune entrepreneure de ma circonscription
qui est venue me voir il y a environ un an et qui n'était même pas capable de
retourner dans sa propre entreprise. Je la salue, d'ailleurs, Véronique, on
pense à toi tous les jours. Et puis tout ça, bien, sous les bons travaux du ministre,
ce sont des choses auxquelles il s'attelle fermement. Et évidemment je suis
très confiante et très heureuse du travail qu'il a accompli jusqu'à aujourd'hui.
Et en confiance pour l'avenir, parce que je le sais, qu'il y travaille très
fort et que c'est son objectif.
• (11 h 40) •
Alors, je suis contente de cette intervention
qu'on a eu l'occasion de faire aujourd'hui, qui nous a permis de mettre en
lumière tout ça. Je remercie le ministre pour son travail, je tiens à le
souligner. C'est des discussions qu'on a régulièrement, et il est sur la bonne
voie. Alors, Mme la Présidente, dans tout ça, dans cette journée passionnée
qu'on a eue, moi, je suis contente d'avoir pu prendre la parole et d'avoir pu
faire le tour de la question. Puis d'être la dernière à parler, ça nous permet
aussi de faire le «wrap-up», si on veut, l'expression anglaise, le résumé de
tout ce qui a été dit. Alors, sur ce, Mme la Présidente, je suis contente,
merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, nous en
sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre, vous avez la
parole pour 10 minutes.
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vais me servir de ces 10 minutes notamment pour revenir
sur certains points qui ont été soulevés par la députée de Joliette, là, sur
lesquels j'aurais voulu m'étendre un petit peu plus longuement, là, notamment
sur les responsables de services de garde en milieu familial.
Je vais terminer peut-être ma réponse sur
la pénurie de main-d'oeuvre, parce que j'avais une discussion avec les gens du
réseau, récemment, où je leur disais que d'ici la fin du mandat, ce serait effectivement
la priorité que je me donnerais, parce qu'on est rendu à un point où c'est très
grave. Et le travail, il était déjà commencé depuis un moment, mais la nature
du défi, je vais dire, a changé. Parce qu'on était dans un contexte de rareté.
Donc, on a été élus en octobre 2018, et les gens qui connaissent la politique...
Les gens qui nous écoutent connaissent peut-être un peu moins le fonctionnement
derrière les rideaux, mais le temps, bon, d'arriver, tout ça, de constituer les
équipes, le travail, disons, là, au début de l'année 2019, a commencé de façon
sérieuse. Et l'année 2019, ça a pas mal été la seule année qu'on a eue avec le
réseau pour être capables d'arriver avec quelque chose d'intéressant, parce
qu'ensuite, début 2018 ou presque, là... début 2020, j'en perds la notion du
temps, au début 2020, la pandémie a frappé. Mais dans cette année-là, 2019, on
a fait beaucoup de travail, au ministère de la Famille, avec les partenaires,
et on est arrivés avec un plan intéressant. Et à ce moment-là on était en
rareté de main-d'oeuvre. Et là la COVID est arrivée, donc évidemment on a dû
mettre tout ça, nécessairement, sur pause, parce qu'on a dû surmonter ce
défi-là, surtout dans les premiers mois, c'était absolument incroyable, là,
comme défi à remonter, puis on l'a fait avec les partenaires. Mais le défi a
changé parce que cette rareté de main-d'oeuvre s'est transformée du jour au
lendemain en pénurie de main-d'oeuvre accentuée par la crise, le fait qu'il y a
des éducatrices qui ont décidé de quitter parce qu'elles souhaitaient faire
autre chose...
M. Lacombe : ...c'était absolument
incroyable comme défi à remonter, puis on l'a fait avec les partenaires. Mais
le défi a changé parce que cette rareté de main-d'oeuvre s'est transformée du
jour au lendemain en une pénurie de main-d'oeuvre accentuée par la crise, le
fait qu'il y ait des éducatrices qui ont décidé de quitter parce qu'elles
souhaitaient faire autre chose, parce que d'autres éducatrices ont dû quitter
parce qu'elles avaient un état de santé qui leur demandait de faire ça. Bref,
le... je vais dire, le schéma ou le contexte a changé, et ça commande maintenant
des moyens qui sont différents.
Donc, depuis déjà quelques semaines, j'en
ai fait ma priorité. D'ici la fin du mandat, il faut s'assurer de pouvoir
donner un coup de barre. Et il y a eu déjà plusieurs rencontres qui ont été
faites pour adapter le plan de match qu'on avait, notamment pour lancer une
grande campagne avec les services de garde éducatifs, dont on n'est pas les
patrons, hein? Ultimement, on les encadre avec une loi et un règlement, mais on
n'est pas les employeurs. Dans le réseau de l'éducation, pas directement non
plus, mais un petit peu plus avec les centres de services scolaires. Mais il y
a une différence qui est celle que nous, on n'a pas ce lien d'emploi
directement là avec eux.
Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a lancé
une grande campagne pour connaître leurs besoins réels, pas juste des
approximations ou des estimations, mais savoir aujourd'hui, là, combien il vous
manque de monde sur le plancher, combien il vous manque d'éducatrices, de
responsables de l'entretien, et ce travail-là va bon train. Donc, il va bon
train, il y a déjà beaucoup d'inscriptions qui ont eu lieu au site
Jetravaille!, et j'aurai l'occasion d'y revenir, là, assez rapidement. Vous
allez voir, on va lancer une campagne à court terme pour être capables de
combler ces postes-là, pour les aider, pour aider les employeurs que sont les
CPE privés, les entreprises privées qui sont les garderies à combler ces
postes-là. On va leur donner un coup de main comme gouvernement, évidemment.
Puis, à plus long terme, il faut aussi se
poser la question : Qu'est-ce qu'on peut faire? Parce que le court terme,
c'est un enjeu, mais le long terme, qu'est-ce que peut faire pour stimuler
l'intérêt pour la profession pour qu'on puisse avoir des éducatrices formées
puis qu'on ne fasse pas de compromis sur la qualité? Parce que là, à court
terme, il va falloir faire des compromis sur le ratio, on n'a pas le choix.
Mais, à plus long terme, il ne faut pas que ça s'installe. Puis moi, je vous le
dis honnêtement, là, il ne faut pas que ça s'installe, parce qu'on ne peut pas
niveler par le bas, puis il faut garder et même améliorer la qualité de ce
qu'on a.
Donc, il y a aussi un travail qui va se
faire, il y a une campagne de valorisation à plus grande échelle ciblée, là,
sur les gens qui sont des candidats ou des candidates potentiels. Évidemment,
on ne ciblera pas les gens à la retraite, là, mais on va cibler les gens, les
jeunes pour qu'ils s'inscrivent et ça, ça s'en vient. Et on a reçu des bonnes
suggestions aussi de certains membres de l'opposition, notamment la députée de
Sherbrooke, là, pour le milieu familial, donc on va regarder ça aussi, on est
en train de le regarder parce qu'il faut effectivement faire quelque chose.
Parce que le nombre d'éducatrices en milieu familial diminue d'année en année.
Moi, je pense... et je sais qu'il y en a
beaucoup, là, qui nous écoutent actuellement, je pense qu'une raison de ça, on
voit les statistiques baisser, je pense qu'il y en a beaucoup qui quittent par
la garde non reconnue. Donc, pour l'enfant ou le parent, il n'y a pas de bris
de service parce qu'il continue d'avoir son service, mais nous, dans nos
statistiques, on voit qu'il y a une perte de responsable de service de garde
parce qu'elle vient...
M. Lacombe : ...écoute actuellement.
Je pense qu'une raison de ça, on voit les statistiques baisser, je pense qu'il
y en a beaucoup qui quittent par la garde non reconnue. Donc, pour l'enfant ou
le parent, il n'y a pas de bris de service parce qu'il continue d'avoir son
service, mais nous, dans nos statistiques, on voit qu'il y a une perte de
responsable de service de garde parce qu'elle devient responsable d'un service
de garde non reconnu parfois.
Et je les comprends, là, dans certains
cas, parce que la paperasse qu'on leur impose, elle est assez importante, puis
le service qui est offert par les bureaux coordonnateurs, il y en a de très
bons, il y en a de moins bons, c'est parfois inégal puis ça fait en sorte qu'il
y en a qui se décourage. Donc, ce sont tous des enjeux, là, qui sont sur notre
écran radar et sur lesquels on travaille. Donc, je voulais peut-être terminer
là-dessus avant de faire ma conclusion, c'est la priorité que je me donne d'ici
la fin du mandat et c'est déjà bien commencé.
Maintenant, en conclusion, je veux qu'on
parle de notre bilan. Donc, je vais évacuer peut-être tout de suite le bilan
dont on a hérité pour vous dire notre bilan à nous, c'est quoi. Le bilan du
Parti libéral, tout le monde s'entend pour dire, bon, qu'il n'est pas
reluisant, qu'il ne faut pas partir de ça puis se contenter de dire qu'on va
faire un peu mieux. Mais, c'est quoi? Avant 2010, je ne m'étendrai pas
là-dessus, mais c'est du fligne-flagne qui a fait les manchettes — si
les gens Google, ils vont très bien trouver tout ce qui s'est passé, ce n'était
pas reluisant — c'est des compressions fracassantes en petite enfance
pour être capable de revenir à l'équilibre budgétaire. Est-ce que c'était la
chose à faire? Moi, je pense qu'en petite enfance, quand on fait des compressions,
on n'est jamais gagnants. Moi, je pense que c'est un investissement la petite
enfance, puis, pour nous, on ne pense pas comme les libéraux, on ne pense pas
que ça coûte trop cher. Donc, c'est des compressions fracassantes, c'est du
fligne-flagne avant 2010, c'est des baisses dramatiques dans les inscriptions,
des baisses dramatiques dans les niveaux d'inscription, puis c'est notamment
l'imposition de l'odieuse taxe famille, que je vais appelée, dont moi aussi
j'avais été victime à ce moment-là comme parent, avec tout ce que ça a apporté,
comme bien d'autres parents.
Notre bilan à nous, quel est-il? Notre
bilan à nous, c'est 16 000 places actuellement en réalisation pour
vrai, des vraies places en réalisation. Pas des places pour lesquelles on a
pris des belles photos avec des beaux communiqués qui ne se réaliseront pas,
là, des places pour lesquelles on a fait ou on est en train de faire les
chèques. Donc, ça, c'est notre bilan, 16 000 nouvelles places. Ça
s'ajoute donc à cette donnée que je vous ai exprimée, là, qu'il n'y a pas eu
autant de projets financés depuis presque une décennie au Québec. Ça s'ajoute
aux 3 500 places qui vont être converties un peu partout au Québec pour
redonner à des parents plus de chances d'avoir accès à une place à 8,35 $,
c'est l'abolition de la taxe famille. Donc, ça, c'est notre bilan à nous puis
c'est un bilan dont je suis très fier.
Maintenant, est-ce que va veut dire que
tout est parfait? Non. Il nous reste des défis. Il nous reste le défi de la
main-d'oeuvre auquel on doit s'attaquer. Et ça, ce n'est pas facile. C'est un
peu comme dans un couple, hein? Si votre couple est en très, très, très mauvais
étant, ce n'est pas vrai que demain matin, ça va aller bien. C'est un travail
de longue haleine. Et redonner confiance aux jeunes que la profession
d'éducatrice, c'est une profession d'avenir, ce n'est pas évident, ce n'est pas
évident. Donc, il faut le faire, et c'est un grand défi. Donc, ce défi-là, on
s'y attelle avec les partenaires du réseau.
Il y a le défi, bien sûr, de la...
M. Lacombe : …ce n'est pas vrai
que demain matin, ça va aller bien. C'est un travail de longue haleine. Et
redonner confiance aux jeunes que la profession d'éducatrice, c'est une
profession d'avenir, ce n'est pas évident, ce n'est pas évident. Donc, il faut
le faire, et c'est un grand défi. Donc, ce défi-là, on s'y attelle avec les
partenaires du réseau.
Il y a le défi, bien sûr, de la COVID qui
vient toujours nous ralentir dans ce qu'on voudrait faire à gauche, à droite
parce que, la vérité, c'est qu'on gère des urgences encore à tous les jours.
Donc, c'est ce défi de continuer de garder le cap et d'épauler le réseau malgré
tout ce qui se passe actuellement, les gestionnaires qui vivent, tout comme
nous au ministère, des situations qu'ils n'ont jamais vécues. Donc, ça, c'est
les deux grands défis qu'on a.
Et moi, je suis persuadé, je suis
persuadé, encore une fois, qu'on va laisser le ministère de la Famille en bien
meilleur état qu'on l'a trouvé, j'en suis persuadé, parce que ce qu'on fait,
moi, j'en suis très, très fier. Et je terminerais avec une question pour le
député de LaFontaine. Parce que tantôt, bon, il m'a mis un peu au défi, là, en
me disant : Bon, je le mets au défi, tout ça. J'ai répondu à sa question.
Moi, je le mets au défi peut-être de répondre à une question, à une seule
question : De quoi le Parti libéral du Québec est-il le plus fier dans son
bilan en matière de petite enfance au Québec? Moi, je me pose cette
question-là, comme bien des Québécois. Merci.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je me tourne maintenant du
côté du député de LaFontaine, également pour une période de 10 minutes.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Le ministre aura pris neuf minutes, il a laissé
une minute sur la table, il avait fini de parler. Alors, je pense que… puis, de
notre côté, on n'aura pas fini de parler, je vous l'annonce, Mme la Présidente,
après mon 10 minutes, il nous manquerait du temps pour compléter tout ce
qu'on a à dire dans cet important dossier, mais je vois que le ministre a
laissé sa dernière minute sur la table, il avait fini de parler, il avait dit
ce qu'il avait à dire.
• (11 h 50) •
Rappelons les propos du ministre, je le
cite, il y a près de deux ans : «On a l'intention de concrétiser sur le
terrain 13 500 places au cours des deux prochaines années.» Fin de la
citation. Ça, tout le monde l'a compris à la maison qu'au cours des deux
prochaines années, sur le terrain, 13 500 places. Alors, il vient de
nous dire : Il y a 16 000 places en réalisation, Mme la
Présidente. Je le détrompe, les 16 000, ou la liste des milliers de
places auxquelles il fait référence, allez voir dans les documents, l'immense
majorité de ces places ne sont que théoriques, et dans la colonne, dans la
case «niveau d'avancement», vous allez lire
textuellement : «aucune étape de franchie». Alors, je ne le sais pas
si la collègue de Jean-Talon, quand elle dit : Elle aime les chiffres, je
ne sais pas si elle va aimer celui-là, c'est réellement le seul chiffre que
j'ai eu à ma question : Sur les 13 500, en début d'échange, combien
sont réalisées? Le ministre a mentionné 1 734. Réalisées sur le
terrain : 1 734 sur 13 500. Ça fait 13 %. 13 % à un
examen, quand on allait à l'école, Mme la Présidente, c'est un échec
retentissant. La députée de Jean-Talon aime également, et elle le dit, les gens
qui tiennent parole, puis elle a dit espérer que le ministre tienne…
M. Tanguay
: …sur le
terrain, 1 734 sur 13 500, ça fait 13 %, 13 % à un examen,
quand on allait à l'école, Mme la Présidente, c'est un échec retentissant. La
députée de Jean-Talon aime également, et elle le dit, les gens qui tiennent
parole puis elle a dit espérer que le ministre tienne parole. Je ne l'ai pas
entendu dire, Mme la Présidente, je ne l'ai pas entendu revenir sur la promesse
électorale qu'ils avaient faite. Le premier ministre, à l'époque, chef de la
CAQ, premier ministre aujourd'hui, et le ministre de la Famille avaient promis
de créer, dans le mandat, 50 000 nouvelles places. Il a réitéré cette
promesse-là en février 2019. Je pense que la collègue de Jean-Talon a raison de
ne pas crier victoire trop vite, a raison de verbaliser son désir en
disant : «Je souhaite, j'espère qu'elle a dit que le ministre va respecter
sa parole.» Fin de la citation.
Bien, ça, Mme la Présidente, on peut voir
que ça ne tient pas la route. Et, quand je viens d'entendre le ministre, à
mi-mandat, dire qu'il est fier de 16 000 places qu'il projette de
réaliser, on est loin du 50 000, de un, mais, de deux, je viens de le
démontrer, le 16 000, auquel il fait référence, les milliers de places ne
sont que théoriques, Mme la Présidente, et, à la colonne niveau d'avancement,
aucune étape réalisée. Alors, on parlait tantôt du réchauffé, on parlait que le
ministre, lui, ne voulait pas servir du pâté chinois réchauffé deux jours
après. Vous le savez, le pâté chinois, c'est steak, blé d'Inde, patate, bien,
ce que nous sert le ministre aujourd'hui, c'est juste des patates, puis chose
certaine, ça qualifie bien son bilan parce qu'il est en train de faire patate,
Mme la Présidente.
Une fois qu'on a dit ça, c'est les
familles du Québec qui nous préoccupent, le ministre a dit, il l'a verbalisé
comme ça, et ce n'est pas… ce n'est pas vain que d'y référer, le ministre a
dit : J'espère laisser le ministère de la Famille dans un meilleur état.
Le débat qui s'est tenu aujourd'hui, Mme la Présidente, ce n'est pas le
ministère de la Famille qui nous préoccupe, c'est les parents, c'est les
enfants, c'est la fameuse liste d'attente, c'est les promesses rompues, Mme la
Présidente, puis c'est le système, l'accessibilité aux services de garde au
Québec. Et, en ce sens-là, on peut voir que les chiffres le démontrent très
clairement, ça ne tient pas la route.
Autre élément qui a été abordé, la liste
d'attente. Je reviens avec ma collègue de Jean-Talon qui aime les chiffres, je
ne sais pas si elle va aimer ce chiffre-là, la liste d'attente, au début du
mandat, était de 42 000. En date du 31 décembre 2019, la liste d'attente
est très précisément rendue de 42 000 à 46 237, plus de 4 000
noms d'enfant sur la liste d'attente. Elle aime les chiffres, je ne sais pas si
elle va aimer ce chiffre-là, j'en doute.
Autre élément… puis on dit souvent :
Ça, c'est «acid test», des fois, dans certains domaines, on va dire, c'est
«acid test». J'ai ici,
Mme la Présidente, le tableau des places réalisées. Sous les quatre vocables,
que ce soit en CPE, milieu familial privé subventionné, privé non subventionné,
on fait une mesure au 1er avril 2019 et, un an plus tard, 31 mars 2020. Au 1er
avril 2019, Mme la Présidente…
M. Tanguay
: ...des
places réalisées sous les quatre vocables, que ce soit en CPE, milieu familial,
privé subventionné, privé non subventionné. On fait une mesure au
1er avril 2019 et un an plus tard, 31 mars 2020. Au 1er avril
2019, Mme la Présidente, le réseau services de garde était à 305 083.
305 083. Un an plus tard, sous la gouverne de la CAQ, il était à
306 152. Alors, d'un réseau qui est passé de 305 000 — j'arrondis — à
306 000 durant l'année 2019‑2020 sous la CAQ, ça, c'est un autre
indicateur, Mme la Présidente, qui démontre que le gouvernement a fait patate.
Ça, c'est important de le mentionner.
Il dit, le ministre... Puis je reviens à
ce que j'ai dit du tout début, puis la collègue de Jean-Talon, elle dit qu'elle
aime ça quand on dit ça : Vous ne pouvez pas améliorer ce que vous ne
mesurez pas. Le ministre a dit que le taux d'occupation, l'estimation des
besoins, les fameuses cartes, Mme la Présidente, il a qualifié ça, et je le
cite, de «bazou». Il a hérité, semble-t-il, d'un bazou. Ah bon!
Lorsqu'il a publié les récentes cartes,
Mme la Présidente... Et il vient de nous dire qu'il a essayé d'améliorer, mais
ça reste pour lui un bazou. Bien, lorsqu'il a publié les récentes cartes, il a
oublié de nous dire que les cartes qu'il nous publiait puis qui mettaient
Montréal et Laval étaient filles d'un bazou, Mme la Présidente.
Et c'est sur ce bazou-là qu'aujourd'hui sa
gestion, que nous prétendons, en tout respect, mauvaise, lui fait dire, lors de
l'annonce du 5 octobre : Bien, les données que j'ai par rapport au
taux de couverture, l'estimation des besoins, il vient de nous dire que ça, ce
n'est pas bon, c'est encore un bazou. Bien, sur ce bazou-là il a annoncé le
5 octobre que partout au Québec il allait y avoir des places, mais pas
dans quatre régions, Nord-du-Québec, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Laval et
Montréal.
Bien, Mme la Présidente, il vient de
confirmer par a plus b ce que l'on disait. Sa carte, qui met Montréal,
notamment, et Laval au vert ne tient pas la route. Il vient nous dire que c'est
un bazou. Mais aujourd'hui, hier puis avant-hier, depuis deux ans, il prend des
décisions d'octroi ou pas de places, des décisions budgétaires basées sur un
indicateur qui ne fonctionne pas du tout, un bazou.
Je reviens à ce que je disais, vous ne
pouvez pas améliorer ce que vous ne mesurez pas. Là, il a dit : Bien,
écoutez, on va compenser au bazou, puis on va essayer de faire du cas par cas,
puis on va essayer, nous, de mettre notre jugeote à profit, puis d'essayer
d'octroyer... Le réseau, Mme la Présidente, doit avoir des poids et
contrepoids, on le sait. Et, en ce sens-là, le ministre, lui, se propose de
pallier à un indicateur qui n'est pas fiable, selon ses propres dires, et de
faire en sorte, donc, lui, d'essayer de faire le reste de la catalogue, le
reste, si vous me permettez l'expression, du patchwork.
Alors, continuons. Le ministre dit qu'il y
a un problème de main-d'oeuvre. Le problème de main-d'oeuvre, il a même dit
qu'on est passés d'une rareté à une pénurie. Et le ministre a dit, et je le
cite, au niveau des taux d'abandon, il a dit : «C'est épouvantable, le
taux d'abandon de la profession d'éducatrice.» C'est épouvantable, selon le
ministre. Mais le ministre...
M. Tanguay
: …le
ministre dit qu'il y a un problème de main-d'oeuvre. Le problème de main-d'oeuvre,
il a même dit qu'on est passé d'une rareté à une pénurie. Et le ministre a dit,
et je le cite : Au niveau des taux d'abandon — il a dit — c'est
épouvantable, le taux d'abandon de la profession d'éducatrice. C'est
épouvantable selon le ministre.
Mais le ministre n'a pas, aujourd'hui,
autre chose que de nous dire deux éléments : On y travaille, mais il se
dépêche de dire : Ce n'est pas évident. Il l'a dit, ces deux mots «pas
évident». On y travaille, pas évident. La pénurie de main-d'oeuvre, la rareté
de main-d'oeuvre, qualifiez-le comme vous voulez, ça fait deux ans qu'il
est ministre, on n'a toujours pas aujourd'hui de plan précis, de plan concret,
de plan tangible qui va venir répondre à ce besoin-là. Puis ce manque-là, Mme
la Présidente, d'éducatrices dans nos réseaux de services de garde, c'est plus
qu'hier, moins que demain. Et en ce sens-là, je déplore le fait qu'il n'y ait
pas de plan en place déjà, il y travaille.
Les statistiques auront été, Mme la
Présidente, très clairement établies. Le ministre avait annoncé dans les deux
ans, ça se finit, ça, dans trois mois, 13 500 places, Mme la
Présidente. Bien, des 13 500 places, il y en a à peine 1 100 qui
ont été réalisées. 1 100 sur 13 500 alors que son étalon de mesure…
Il a dit : Avant moi, le déluge, les autres avant moi, ils n'étaient pas
bons, moi, je suis bon, je vais régler ça! Ce n'est pas compliqué, je vais régler
ça. Bien, on voit qu'il ne réalise même pas son engagement, pas électoral parce
que l'engagement électoral, on vient de l'exclure, le 50 000, ça ne se
fera pas. Il ne pourra pas réaliser ça, de un, alors il faut qu'il le constate,
il faut qu'il le dise. Mais après avoir été en poste, élu le 1er octobre 2018,
cinq mois après, Mme la Présidente, il réaffirmait des chiffres qui ne tiennent
pas la route, et ça, ça qualifie bien, réellement, l'intention… pas
l'intention, mais l'opportunité que nous voulions de pouvoir discuter du déclin
de l'offre, depuis 2018, de nos services de garde éducatifs à l'enfance sous la
mauvaise gouverne caquiste. On l'a démontré, tous les chiffres, tous les
indicateurs font preuve d'un déclin.
Et pour le premier ministre de la Coalition
avenir Québec et son ministre de la Famille, on peut très bien conclure que ce
sont de grands parleurs, mais de petits faiseurs.
La Présidente (Mme Lecours, Les
Plaines) : Merci beaucoup, M. le député. Ceci met fin à
l'interpellation. Alors, compte tenu de l'heure, je lève la séance et la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci à
tous.
(Fin de la séance à 12 heures)