Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
martes 18 février 2020
-
Vol. 45 N° 48
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 52, Loi visant à renforcer le régime d’examen des plaintes du réseau de la santé et des services sociaux notamment pour les usagers qui reçoivent des services des établissements privés
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10 h (version non révisée)
(Dix heures une minute)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Bienvenue
à tous et bon matin. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de la santé et des services sociaux ouverte. Je vous souhaite la
bienvenue et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques — je vais
commencer par donner l'exemple.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 52, Loi visant à renforcer le régime d'examen des
plaintes du réseau de la santé et des services sociaux, notamment pour les
usagers qui reçoivent des services des établissements privés.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président : M. Benjamin (Viau) est remplacé par M. Rousselle (Vimont);
Mme David (Marguerite-Bourgeoys) par Mme Sauvé (Fabre); M. Zanetti
(Jean-Lesage) par Mme Dorion (Taschereau); M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)
par M. LeBel (Rimouski).
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la secrétaire. Nous débuterons ce matin par les
remarques préliminaires puis nous entendrons par la suite les organismes
suivants : Le Conseil pour la protection des malades et le Regroupement
provincial des comités des usagers. La dernière présentation se fera par
visioconférence. C'est la première, hein? Donc, je corrige, ce sera la première
présentation qui sera faite par visioconférence.
J'invite maintenant la ministre des Aînés
et Proches aidants à faire ses remarques préliminaires. Mme la ministre, vous
disposez de six minutes. La parole est à vous.
Mme Blais (Prévost) : Je
dispose de...
Le Président (M. Provençal)
: Six minutes.
Mme Blais (Prévost) : M. le
Président, merci. Aujourd'hui s'amorcent les consultations sur le projet de loi
n° 52, qui vise à renforcer le régime d'examen de
plaintes du réseau de la santé et des services sociaux, notamment pour les
usagers qui reçoivent des services des établissements privés.
En premier lieu, j'aimerais remercier les
groupes que nous entendrons pendant ces trois jours et remercier aussi les
collègues députés de leur contribution à l'amélioration des services.
Ce projet de loi vise à accroître la
protection offerte aux personnes en situation de vulnérabilité ou qui vivent de
la maltraitance, notamment les aînés, soutenir le respect des droits des
usagers, consolider leur confiance envers le régime d'examen des plaintes. Pour
ce faire, nous traiterons principalement de la partialité et neutralité des
commissaires dans l'exercice de leurs fonctions, de l'indépendance de ces
derniers et du portrait des plaintes déposées, afin de pouvoir avoir un regard
juste et équitable de tous les établissements, qu'ils soient publics ou privés.
Ce sont toutes des conditions essentielles et concrètes pour améliorer la
qualité des soins et des services du réseau de la santé et des services
sociaux.
Le projet de loi ne vise pas l'ensemble du
processus de traitement des plaintes. Cependant, je tiens à vous rassurer qu'à
la lecture des mémoires, j'ai colligé diverses demandes et recommandations
concernant d'autres mesures et orientations non prévues par le projet de loi.
Toutes ces recommandations ont été prises en note et feront l'objet d'une
analyse par le ministère. Ce projet de loi, c'est un premier pas vers
l'amélioration du processus de plainte. Nous sommes fermement engagés à changer
les choses. D'une action à l'autre, nous améliorons les services, trouvons des
solutions pérennes.
La Loi sur les services de santé et les
services sociaux prévoit un régime d'examen des plaintes pour les usagers du
réseau de la santé et des services sociaux s'appliquant dans les établissements
de santé et de services sociaux publics et privés. Le régime, qui se veut
accessible, permet à un usager qui s'estime lésé dans ses droits d'exprimer son
insatisfaction ou de déposer une plainte auprès d'un commissaire local aux
plaintes et à la qualité des services ou auprès d'un médecin examinateur, et ce,
en toute...
Mme Blais (Prévost) :
...sociaux publics et privés. Le régime qui se veut accessible permet à un
usager qui s'estime lésé dans ses droits d'exprimer son insatisfaction ou de
déposer une plainte auprès d'un commissaire local aux plaintes et la qualité
des services ou auprès d'un médecin examinateur, et ce, en toute
confidentialité et sans crainte de représailles. Nommé par le conseil
d'administration d'un établissement, le commissaire est responsable envers lui
du respect des droits des usagers et du traitement diligent de leurs plaintes.
Il traite également les signalements effectués dans le cadre de la politique de
lutte contre la maltraitance adoptée en vertu de la loi qui vise à lutter
contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en
situation de vulnérabilité. Dans le cas d'une plainte concernant un médecin, un
dentiste ou un pharmacien, ce rôle incombe à un médecin examinateur ainsi nommé
par le conseil d'administration.
Les plaintes et les mesures correctives
qui résultent du régime d'examen des plaintes témoignent de sa pertinence et
constituent un intrant important dans l'amélioration de la qualité des services
rendus par les établissements. Néanmoins certaines situations préoccupantes qui
touchent le traitement des plaintes ont été portées à mon attention. Et nous
avons décidé d'agir au bénéfice des usagers. En effet, nous devons assurer la
neutralité, l'impartialité et l'indépendance du commissaire et du médecin
examinateur dans l'exercice de leurs fonctions. Nous souhaitons aussi donner
des leviers nécessaires aux CISSS et CIUSSS pour assurer une vigie dans le
contexte de la responsabilité populationnelle qu'ils assument. Nous voulons
avoir un portrait complet de l'examen des plaintes traitées dans le réseau de
la santé et des services du Québec.
Nous désirons par ce projet de loi nous
concentrer sur l'indépendance des commissaires pour le bénéfice des usagers et
une uniformisation des procédures afin de mieux répondre aux plaintes, mais
avoir un meilleur regard des rapports déposés annuellement. Il prévoit
notamment que le traitement des plaintes des usagers qui reçoivent des services
d'un établissement privé serait confié aux commissaires et aux médecins
examinateurs du CISSS ou du CIUSSS à l'égard de toute installation d'un tel
établissement situé sur son territoire. Le commissaire serait aussi responsable
de traiter les signalements faits dans le cadre de la politique de lutte contre
la maltraitance dans un établissement privé.
Dans ce contexte, le projet de loi ajoute
l'obligation des établissements privés d'informer les usagers de toute autre
personne qui visite l'établissement de leurs droits de porter plainte. Ainsi,
ils devraient rendre disponible l'information relative à la procédure d'examen
des plaintes en affichant à la vue du public un document explicatif sur la
procédure de plainte et indiquer les coordonnées du commissaire. Le projet de
loi précise des critères d'indépendance pour sa nomination et pour toute la
durée du mandat des commissaires afin d'empêcher le conflit d'intérêts.
Le projet de loi prévoit qu'un
représentant du CISSS et du CIUSSS serait ajouté au comité de vigilance et de
la qualité des établissements privés. Ce comité est notamment responsable
d'effectuer le suivi des recommandations qui sont formulées par le commissaire,
le médecin examinateur et le Protecteur du citoyen à la suite du traitement des
plaintes.
Le projet de loi ajoute l'obligation des
établissements publics d'utiliser un actif informationnel en vue de gérer les
dossiers de plainte des usagers. Pour ne pas créer de confusion au niveau de la
qualité des services, le projet de loi prévoit aussi que le centre intégré de
santé et de services sociaux qui serait responsable du traitement des plaintes
d'un établissement privé devrait présenter les informations relatives à ces
plaintes de manière distincte dans les rapports relatifs à la procédure
d'examen des plaintes dont la production est exigée par la loi.
À ces mesures prévues par le projet de loi
s'ajoute en parallèle la création d'une fonction de commissaire-conseil au
ministère de la Santé et des Services sociaux. Tout en respectant l'autonomie
et l'indépendance des commissaires locaux, ce commissaire-conseil va assurer le
leadership afin de mobiliser les différents acteurs du régime d'examen des
plaintes. Son rôle consistera à établir un réseau de communication entre le
ministère de la Santé, les commissaires et les médecins examinateurs, à
s'assurer que les mesures recommandées seront mises en place, à conseiller les
commissaires, notamment sur les meilleures pratiques à adopter et leur
harmonisation, à recommander la mise en oeuvre de solutions quant aux enjeux
portés à sa connaissance en matière de plainte.
Je remercie encore toutes les personnes
qui participent à cette commission. Je souhaite des échanges constructifs afin
d'améliorer les services à tous les usagers du réseau. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. J'invite maintenant la porte-parole
de l'opposition officielle et députée de Fabre à nous faire part de ses
remarques préliminaires pour une durée de quatre minutes. La parole est à vous.
• (10 h 10) •
Mme Sauvé : Merci
beaucoup, M. le Président. Je serai très brève...
Mme Blais (Prévost) :
...afin d'améliorer les services à tous les usagers du réseau. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. J'invite maintenant la porte-parole
de l'opposition officielle et députée de Fabre à nous faire part de ses remarques
préliminaires pour une durée de quatre minutes. La parole est à vous.
Mme Sauvé : Merci
beaucoup, M. le Président. Je serai très brève. Dans un premier élan, je veux
saluer la ministre et son projet de loi, qui s'inscrit dans une intention
louable. Ça sera avec grand plaisir que nous serons dans un mode de collaboration
à vouloir, tel que notre rôle nous le suggère à chaque fois qu'on siège dans
une commission parlementaire, s'assurer qu'on évolue et qu'on contribue au projet
de loi pour en faire le meilleur projet de loi possible. Alors, c'est dans cet
esprit où nous travaillerons en collaboration.
Je veux saluer les collègues de l'équipe gouvernementale,
mon cher collègue, bien sûr, de Vimont, les collègues de Rimouski et de Taschereau.
Alors donc, ce sera un travail
constructif, tous ensemble, parce qu'il faut bien le dire, M. le Président, au
coeur de tout ce débat et ces discussions que nous aurons, ce sont les soins
aux aînés qui nous préoccupent tous autour de cette table.
Alors, le moment précieux qui est devant
nous, c'est d'entendre, d'être à l'écoute des tous les groupes qui ont bien sûr
analysé le projet de loi avec beaucoup d'attention, mais qui auront à exprimer
leurs préoccupations, pour qu'on contribue, tous ensemble, véritablement. Mais
soyez assuré, M. le Président, que nous serons bien souvent les porte-voix, les
messagers de préoccupation que les groupes nous exprimeront.
Alors, voilà pour mon petit mot. Donc, je
laisserais... je vous redonnerais la parole, M. le Président. Merci pour ce
temps, et que le travail commence.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. J'invite maintenant la porte-parole
du deuxième groupe d'opposition et députée de Taschereau à énoncer ses
remarques préliminaires pour une durée d'une minute. La parole est à vous.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. Bonjour à tous, je vous salue tous, et merci d'être là et de vous
pencher sur cette... ce projet de loi qui m'apparaît important et répondre à un
réel besoin. C'est toujours intéressant de comprendre ça et de lier ça à la
réalité des gens qui souffrent, qui ont des besoins, qui ne trouvent pas de
réponse souvent. Donc, on est en mode écoute avec tous les intervenants qui
vont venir nous parler. C'est pour moi quelque chose d'assez nouveau, donc,
même chose, on va se faire le porte-voix de ce qu'on entend et des
préoccupations légitimes qui se... qui émergent dans la société, en espérant
faire le meilleur projet de loi possible. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. J'invite maintenant le porte-parole du
troisième groupe d'opposition et député de Rimouski à formuler ses remarques
préliminaires pour une durée maximale d'une minute. La parole est à vous.
M. LeBel : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. On m'a dit qu'on allait parler
d'indépendance ici aujourd'hui, ça fait que ça m'a intéressé tout de suite, il
fallait que je vienne faire un tour.
Sérieusement, sérieusement, j'avais
participé au projet de loi sur la maltraitance, et il y a eu... il y avait un
bon sentiment de travail, tout le monde ensemble voulait travailler. C'est la
députée des Mille-Îles qui avait déposé le projet de loi, et tous les partis
politiques, on a bien travaillé ensemble. Puis je pense que ça va être la même
chose aujourd'hui, je suis convaincu que ça va être la même chose. Mais ça va
nous servir aussi, cette commission-là, à évaluer aussi ce que cette loi a pu
faire, la loi sur la maltraitance, évaluer un peu l'avancement, qu'est-ce que
ça a pu faire, puis peut-être faire des corrections qu'il faut.
C'est sûr que, moi, c'est un dossier qui
me touche beaucoup, le dossier de la qualité de vie des aînés. Et je vais poser
beaucoup de questions pour connaître un peu la réalité, dans l'ensemble, la
réalité.
Moi, j'ai déposé un projet de loi
récemment sur la création d'un protecteur des aînés. Moi, je pense qu'on serait
rendus là, mais ça va me permettre, cette commission-là, de mieux comprendre la
situation et d'avancer là-dedans. Ça fait que merci tout le monde puis bon
travail.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député, pour ces remarques préliminaires.
Nous allons maintenant débuter les
auditions. Comme spécifié, la première présentation se fera en partie par
visioconférence. Je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du
Conseil pour la protection des malades. Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé. Puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et à
commencer votre exposé. Je vous cède la parole.
M. Brunet (Paul G.) :
Merci, M. le Président, Mme la ministre, messieurs dames les membres de
l'Assemblée nationale. Paul Brunet du conseil. Depuis 45 ans, nous
oeuvrons à la défense des droits des usagers du réseau de la santé. Je suis
accompagné : Mme Marielle Raymond, présidente du comité d'usagers de
Rivière-du-Loup, elle s'est déplacée ce matin en voiture, toute seule; et aussi
d'un autre collègue du conseil d'administration, M. Daniel Pilote, qui est
lui-même résident de CHSLD. Lui, là, il vit les plaintes par en dedans. Il va
nous en parler dans quelques instants, c'est pour ça que je l'ai invité, parce
que, lui, il sait pas mal comment ça se passe et surtout comment il subit les
délais trop longs, le croyons-nous, du régime.
Le régime existe depuis 2001, hein? On est
dû pour faire un peu de ménage, solide. Et la ministre, je prends au bond son
invitation, parce qu'elle dit qu'elle est ouverte à plus d'affaires qu'il en a
dans le projet de loi. Et c'est évidemment à ça qu'on invite le gouvernement à
passer : faire un ménage et avancer dans ce régime-là qui le mérite
certainement.
Alors, je survole...
M. Brunet (Paul G.) :
...existe depuis 2001, hein? On est dû pour faire un peu de ménage solide. Et
la ministre, je prends au bond son invitation, parce qu'elle dit qu'elle est
ouverte à plus d'affaires qu'il y en a dans le projet de loi, et c'est
évidemment à ça qu'on invite le gouvernement à passer, faire un ménage et
avancer dans ce régime-là qui le mérite certainement.
Alors, je survole quelques éléments. Les
délais sont trop longs, 45 jours. On a franchement l'impression qu'en plus
de subir les affres d'une situation qu'a vécue un résident, une résidente ou un
usager, tout simplement, qu'en plus, il doit être puni par le délai trop long
qu'on passe à analyser. Je dois dire à la décharge des commissaires que,
souvent, les rapports sont bien faits, sont étoffés, mais au bout du compte,
là, quand ça fait 63 jours, là, qu'on attend, bien souvent, on accouche
d'une souris. Alors, la qualité, la profondeur, l'exhaustivité des rapports des
commissaires sont parfois impeccables, mais avec très peu de résultats pour le
résident, très peu de résultats pour l'usager. Et c'est là-dessus que je passe
tout de suite la main... je passe la parole à mon collègue et ami, Daniel
Pilote, qui a déposé des plaintes. On les a déposées en annexe du présent
mémoire. Bonjour, Daniel.
M. Pilote (Daniel) : Bonjour,
tout le monde. Je suis bien content, en tout cas, de pouvoir participer avec,
c'est sûr, ma condition de handicap qui ne me permet pas, là, de venir jusqu'à Québec
facilement. Et puis grâce aux visioconférences, bien, je suis bien content.
Je vais commencer... vu que je n'ai pas
l'habitude, là, de faire ça, on va commencer. Mesdames, messieurs du comité
directeur de la direction, j'aimerais vous remercier pour m'avoir permis de
participer à la vidéoconférence pour le projet de loi n° 52.
Donc, je suis directeur administratif du
CPM depuis trois ans et usager au CHSLD du Centre d'hébergement Champagnat à
Saint-Jean-sur-Richelieu. J'ai une condition de handicap sévère causé par la
dystrophie musculaire becker avec une perte d'autonomie depuis l'âge de neuf
ans. Mon expérience est assez variée, entre autres avec le maintien à domicile,
relations avec mes proches aidants qu'entrepreneur et formation en services
financiers. Je crois que ma participation est importante pour le projet de loi n° 52 et j'ai constaté qu'il y a beaucoup de difficultés
avec le système de plaintes dans le système de santé. Et j'ai pris des notes
durant un an que je vais vous soumettre pour analyse. En fait, elles ont été
déposées dans le système de plaintes et cela va vous donner une petite idée,
là, pour améliorer le temps pour résoudre et solutionner.
Je crois que les plaintes avec le centre
d'hébergement privé est une bonne idée parce qu'aucun système de plaintes
n'existait auparavant avec les centres intégrés de santé. Par contre, je crains
un alourdissement du système de plaintes, que l'on doit améliorer.
Imaginez-vous que, présentement, une plainte est traitée au-delà de
45 jours. C'est vraiment trop long pour le traitement, surtout que les
conclusions de plaintes ne mentionnent pas d'excuses à l'usager. Je pense que
l'on doit exclure les commissaires aux plaintes dans les centres intégrés de
santé pour éviter le favoritisme et complicité.
• (10 h 20) •
En conclusion, je pense que nous devons
inclure un système de plaintes au centre d'hébergement privé, cependant, nous
devons exclure les commissaires des centres intégrés pour une indépendance,
ceci pour éviter des conflits d'intérêts et diminuer...
M. Pilote (Daniel) : ...un système
de plainte au centre d'hébergement privé. Cependant, nous devons exclure les
commissaires des centres intégrés pour une indépendance, ceci pour éviter des conflits
d'intérêts et diminuer les ententes secrètes ou peut-être de l'aveuglement
volontaire qui pourrait subsister. J'aimerais vous remercier, chers membres du
comité directeur de la commission.
M. Brunet (Paul G.) : Je veux
juste revenir très rapidement sur une plainte que Daniel a faite en juin 2019
où... laquelle plainte a été rejetée. Daniel s'est plaint qu'un matin, à
9 heures, l'administration a décidé de faire une rencontre de tous les
préposés. À 9 heures le matin en centre d'hébergement, là, c'est le moment
critique où on donne les soins d'hygiène, les soins de chevet. Eh bien, non, l'administration
a décidé, elle, qu'elle scrapait tout ça, qu'elle envoyait les bénéficiaires.
Il a fait une plainte, ça a été rejeté.
Ma conclusion, c'est que la gestion l'a
emporté sur la mission de l'hébergement. Et ça, je trouve ça scandaleux
qu'encore aujourd'hui les administrations continuent à prendre de telles
décisions. Je trouve ça difficilement acceptable.
Je ne veux pas aller trop en détail,
puisque le temps va nous manquer, mais je veux tout de même attirer votre
attention sur des affaires bien simples qui ne coûtent pas cher qu'on a
observées, nous autres, depuis toutes ces années. C'est-à-dire que d'abord les
commissaires devraient relever désormais du ministère de la Santé, peut-être le
commissaire-conseil au ministère, parce que c'est trop proche. J'ai trop vu
d'apparence, peut-être pas dans les faits, mais d'apparence de conflit
d'intérêts entre la direction générale...
Demander que les bureaux des commissaires
ne soient plus dans la section administration, direction générale. Vous seriez
surpris combien des usagers nous ont dit qu'ils n'osent pas aller faire une
plainte parce qu'il faut qu'ils passent devant le bureau du D.G, en 2019, là,
pas en 1958! Il y a encore ces problèmes-là très simples.
On ne devrait pas partager nos systèmes de
communication. Quand on appelle au bureau du commissaire, ça ne devrait pas
répondre : Direction générale, bonjour!
Comme le... comme le médecin examinateur,
dis-je, ces gens-là sont non seulement responsables de faire fonctionner le
système de plainte, mais ils sont aussi imputables. Et je pense qu'ils
mériteraient, ils gagneraient à sentir qu'ils sont plus imputables que ce qu'on
a vécu jusqu'à maintenant.
Aussi, dans une disposition du projet de
loi, vous proposez que l'établissement doit informer l'usager qu'il peut porter
une plainte. Encore faut-il s'assurer qu'on lui facilitera le moyen de la
formuler, ladite plainte, surtout quand l'usager est accablé de perte de
mobilité importante.
Évidemment, le principal but de notre
présentation, c'est de raccourcir les délais qui, à notre avis, éventuellement
conduisent à l'injustice, hein? Les Anglais disent : «Justice delayed,
justice denied». C'est vraiment et souvent le cas chez beaucoup d'usagers qui
ont porté plainte et qui finissent par s'adresser à nous.
Je ne veux pas finir sans vous dire que
désormais on devrait demander au commissaire d'user de plus de son initiative,
aller au-devant des usagers, pas attendre qu'ils appellent. Il y en a qui n'ont
pas de mains pour appeler. Que désormais les rapports annuels des commissaires
comprennent au moins 25 % de ses interventions qu'il aurait faites ou
qu'elle aurait faites de sa propre initiative. Aller au-devant des usagers.
Je ne veux pas finir sans donner la parole
à ma collègue, Mme Raymond, qui a beaucoup plus d'expérience que moi dans toutes
sortes de choses.
Le Président (M. Provençal)
: 30 secondes, madame, mais vous pourrez déborder un petit
peu.
Mme Raymond (Marielle) :
Bonjour, tout le monde. Je salue tous les gens membres de l'Assemblée nationale
qui sont ici et qui font un travail formidable. Et vous êtes là pour être notre
porte-parole quand on n'en a pas.
Et je vais vous dire une chose. Peut-être
que dû à mon âge, hein... j'ai 77 ans, et je travaille encore à plein temps
comme bénévole. Hier, j'étais à Rimouski au comité de gestion des risques du
CISSS du Bas-Saint-Laurent et aujourd'hui je suis ici. Je me véhicule encore.
Il y en a qui disent : Tu vas encore à Québec puis à Montréal. Bien oui,
je vais à Boston, ce n'est pas l'âge qui m'arrête. Mais c'est l'âge... Vous
savez qu'un vieux assis ça voit beaucoup plus loin qu'un jeune debout. Je ne
veux pas insulter les jeunes qui sont ici, mais c'est ça. C'est parce que c'est
l'expérience.
Et je vis avec des gens qui sont dans des
résidences, parce que je fais des visites ministérielles dans les résidences,
là, les CHSLD, je vais dans des résidences intermédiaires, je vais dans des
résidences privées mettre mon nez pour voir. Je ne vais pas pour me faire voir,
comme disait un certain directeur général de CISSS, à un moment donné, quand il
se promenait, c'était pour se faire voir. Moi, je vais pour voir...
Mme Raymond (Marielle) : ...je
vais dans des résidences intermédiaires, je vais dans des résidences privées
mettre mon nez pour voir. Je ne vais pas pour me faire voir. Comme disaient
certains directeurs généraux des CISSS, là, à un moment donné, quand ils se
promenaient, c'était pour se faire voir. Moi, je vais pour voir qu'est-ce qu'il
se passe vraiment.
Et les commissaires plaintes, je peux vous
dire que je les verrais beaucoup plus avec une autonomie, un peu comme la Protectrice
du citoyen. Pas parce qu'ils sont mauvais, pas parce qu'ils ne font pas un bon
travail, mais parce que, justement, de passer devant le bureau... J'ai fait
même déplacer un bureau de commissaires aux plaintes à un moment donné parce
qu'on passait devant la direction générale, puis tout ça. Bien, qu'est-ce que
c'est que vous faites, hein? Vous encensez à ce moment-là. Donc, c'est ça.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, madame. Je vous
remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échanges. Mme la ministre, vous disposez... je vous cède la parole.
Mme Blais (Prévost) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vais poser une question et après laisser la
parole à mes collègues, et peut-être remercier aussi le sous-ministre et les
membres de l'équipe ministère de la Santé et des Services sociaux qui nous ont
aidés pour l'élaboration de ce projet de loi.
Tout d'abord, je vous ai bien entendu,
M. Brunet, Mme Raymond, M. Pilote, très heureuse, M. Pilote
que vous soyez là, je vous ai entendu concernant le délai. C'est quelque chose
qu'on... une question qu'on va poser aux commissaires aux plaintes quand ils
vont venir. J'entends très bien ce que vous êtes en train de dire
M. Brunet, et on va garder ça en mémoire, là. Si vous trouvez que
45 jours, c'est trop long, on peut peut-être trouver une voie de passage.
La question que j'aimerais vous poser,
c'est : Vous avez mentionné que vous aimeriez que les commissaires aux
plaintes relèvent du commissaire-conseil, pouvez-vous élaborer un peu plus?
C'est quoi votre vision par rapport à ça?
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
ce que je sens, ce que j'entends, ce que j'ai vu, c'est souvent qu'il s'établit
une certaine familiarité entre le commissariat et la direction générale pour
toutes sortes de raisons qui ne sont pas nécessairement mauvaises, mais qui, à
un moment donné, finissent par empêcher le commissaire de faire un travail qui
soit le plus indépendant possible. Je le sais qu'ils ne peuvent pas être aussi
indépendants qu'un juge. Il y a une question de principe d'inamovibilité et une
question de rémunération. Alors, toutes ces questions-là sont importantes, mais
je crois que si la personne qui est vraiment responsable, qui est le boss des
commissaires était au ministère, on risquerait d'avoir moins de chance de trouver
cette proximité qui parfois, à la longue...
J'ai vu en Beauce un commissaire écrire à
un usager pour lui dire qu'après étude, il ne pense pas que sa plainte serait
fondée et il met le directeur général en copie. Ça ne se fait pas, mais c'est
une pratique. Alors, est-ce que c'est parce qu'ils sont trop habitués ensemble?
Ce que je sais, c'est que si le patron ou la patronne était au ministère, peut-être
qu'on se garderait une petite gêne dans notre travail. C'est une proposition.
Le Président (M. Provençal)
: ...
Mme Picard : Merci, M. le
Président. J'aurais une question. Je ne sais pas lequel de vous trois voudrait
bien m'y répondre. Si le projet de loi comme tel est adopté, croyez-vous que
les patients vont être un petit plus en confiance de faire une plainte?
Pensez-vous que ça va augmenter un petit peu le... Pensez-vous qu'ils vont être
plus enclins à faire des plaintes, qu'ils vont se sentir plus en sécurité?
M. Brunet (Paul G.) :
C'est-à-dire qu'on vise beaucoup les établissements privés. Nous, on vous
propose de le mettre partout. Pas normal que quand tu vas dans une clinique qui
accepte l'assurance-maladie, que l'usager n'ait pas un recours pour faire une
plainte contre le professionnel ou la professionnelle concerné. Nous, on voudrait
que votre projet de loi aille... il s'applique partout où la carte
d'assurance-maladie s'applique, pas juste à certains endroits. D'ailleurs je
sens qu'il y a une définition qui est peut-être défectueuse dans le projet de
loi. Mais, on devrait couvrir partout où des gens reçoivent des soins payés par
l'État, avoir possibilité de porter plainte plutôt que d'être obligé d'aller au
Collège des médecins ou je ne sais trop à quel saint se vouer.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Oui, merci, M.
le Président. Vous avez parlé d'exclure des CIUSSS et d'enlever du côté des
administrations, est-ce que vous verriez les bureaux mêmes du commissaire à
l'extérieur carrément des CISSS, de CIUSSS, des...
M. Brunet (Paul G.) : Tu
sais, depuis 2001 que ça existe, là, le régime de plaintes. Commençons par les
sortir de là, puis à la prochaine réforme, si ça ne marche pas encore, on les
sortira physiquement des lieux. Mais je sais qu'il y a des places que le commissaire,
la commissaire sont vraiment loin de l'administration, et je pense que ça... On
n'a pas besoin d'en dire plus, c'est important. Et là où ça se fait, là où on a
sorti le commissaire des lieux de l'administration, de la direction, on sent
qu'il y a une sérénité accrue dans son travail.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
• (10 h 30) •
Mme Blais (Prévost) : Vous
avez mentionné qu'il faudrait que...
10 h 30 (version non révisée)
M. Brunet (Paul G.) : ...je
pense qu'on n'a pas besoin d'en dire plus, c'est important. Et là où ça se
fait, là où on a sorti le commissaire des lieux de l'administration de la direction,
on sent qu'il y a une sérénité accrue dans son travail.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Vous
avez mentionné qu'il faudrait que la question des plaintes soit dans tous les
endroits où il y a des soins et des services. Mais dans le projet de loi de la
Santé et des Services sociaux, il y a... effectivement, les résidences privées
font partie... peuvent aussi porter plainte au commissaire aux plaintes.
Actuellement, dans ce projet de loi
n° 52, ça vise 91 établissements privés et privés conventionnés, entre
autres 40 CHSLD privés, et 54 CHSLD privés conventionnés, et quelques autres
établissements comme L'Hôpital chinois, là, qui est un CHSLD. Mais les
commissaires aux plaintes ont aussi cette capacité à pouvoir traiter des
plaintes des résidences privées là où il y a des soins et des services.
Peut-être aussi mentionner, parce que M.
Pilote semblait inquiet, on va embaucher aussi plus de commissaires aux
plaintes pour être en mesure... et des commissaires aux plaintes adjoints, là,
pour être en mesure de pouvoir gérer mieux les plaintes parce que sinon ce
serait impossible, là. Si on demande aux établissements privés de se délester
de leurs commissaires aux plaintes puis de ne pas en engager d'autres, je pense
qu'on a un... effectivement, on a un problème.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Lotbinière-Frontenac avait demandé la
parole.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Bonjour. Moi, j'avais une question
concernant... Bien, vous disiez que l'analyse des dossiers était trop longue.
Vous disiez que, par contre, la qualité des rapports était appréciable, mais
les résultats étaient minimes. Est-ce que vous pouvez nous parler de ça? Puis
vous aviez... Je pense que vous disiez aussi que le pouvoir d'intervention des
commissaires aux plaintes... ils n'utilisaient pas assez leur pouvoir, donc
j'aimerais ça que vous nous parliez de ça.
M. Brunet (Paul G.) : O.K.
Alors, la première chose, vous me dites que souhaitez entendre parler de
l'intervention. Oui, il y a des places où ils sont vraiment interventionnistes,
les commissaires. Et on le voit, puis ça se sent. Puis il y a d'autres places,
on ne les voit pas, on ne les voit pas assez, puis si les gens veulent faire
une plainte, bien, appelez-moi. Tu sais, depuis que maintenant c'est le conseil
d'administration qui les embauche, bien, c'est une personne souvent avec
certains délégués. Mais ils ne circulent pas assez. Moi, j'aimerais ça que les
commissaires aillent au-devant des usagers.
Et c'est pour ça qu'on dit qu'on aimerait
imposer, respectueusement, un certain pourcentage d'interventions de
l'initiative même. J'ai osé dire ça à Saint-Michel... une fois dans une
conférence et la commissaire s'est levée, elle a dit : Moi, je vais là
tous les jours puis je vais partout. Alors, il faut faire attention, il y en a
qui le font. Et on sait que c'est une minorité des nos commissaires que l'on
apprécie par ailleurs.
Le Président (M. Provençal)
: Ah oui! Allez-y, madame. Complémentaire.
Mme Raymond (Marielle) : Bon,
concernant ces choses-là, là, moi, je vais vous donner un petit exemple. Il y a
quelques années, donc en 1994, il m'est arrivé quelque chose dans le
Bas-Saint-Laurent de très triste à L'Isle-Verte où il y a des gens qui sont
brûlés. Avant que cette chose-là arrive, il y avait l'agence régionale, ce
n'était pas les CIUSSS, c'était l'agence régionale qui visait pour les
commissaires. Il y avait un commissaire aux plaintes régional qui, lui, avait
le droit d'aller dans des résidences privées et qui avaient le droit aussi pour
les ambulances, et c'est lui qui réglait ça.
Moi, j'avais vu quelque chose à cette
résidence-là que je n'aimais pas mais que je ne pouvais pas rien faire.
Qu'est-ce qu'on pouvait faire à ce moment-là? C'était de voir le commissaire
régional un petit peu en catimini puis lui dire : Bien, moi, j'aimerais ça
que vous alliez faire un petit tour. Grâce à M. Delage, pas Cyrille, mais
l'autre M. Delage qui était commissaire aux plaintes régional et qui était allé
faire un petit tour au mois de novembre 1993, il y a au moins une personne qui
a été sauvée du feu de L'Isle-Verte, et elle est décédée au CHSLD des
Chaufailles l'année passée à Rivière-du-Loup à l'âge de 103 ans. Et la famille
m'a remerciée d'avoir sauvé leur mère.
Parce que, quand le président régional
était allé, une personne qui frappait dans une porte, puis on a demandé au
monsieur : Mais qu'est-ce qui se passe, pourquoi qu'elle frappe comme ça?
Parce qu'elle faisait un peu d'errance, on l'embarrait dans sa chambre. Il
dit : Vous n'avez pas le droit de faire ça. Et il dit : Vous avez
deux jours pour la sortir d'ici. Et elle s'est en allée dans un CHSLD chez
nous, et il l'a sauvée.
Voyez-vous? L'indépendance, il y avait un
peu plus d'indépendance à ce moment-là, le commissaire aux plaintes régional
qui était à Rimouski et qui était capable de faire des choses comme ça. Donc,
quand je pense... L'indépendance, là, c'est un peu une petite chose comme ça.
C'est qu'aujourd'hui les commissaires aux plaintes qui sont là...
Mme Raymond (Marielle) :
...voyez-vous, l'indépendance... il y avait un peu plus d'indépendance à ce
moment-là, le commissaire aux plaintes régional qui était à Rimouski et qui
était capable de faire des choses comme ça. Donc, quand je pense...
l'indépendance, là, c'est un peu une petite chose comme ça. C'est
qu'aujourd'hui les commissaires aux plaintes qui sont là, c'est sûr qu'ils
ont... On ne mord pas la main qui te nourrit, hein, et ils ont un petit peu une
indépendance et, quelquefois, bien, on ferme un peu les yeux parce que... parce
qu'on manque de places dans les établissements.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre aimerait...
Mme Blais (Prévost) : Oui.
J'aimerais vous dire, entre autres, la raison du commissaire-conseil, même s'il
ne fait pas partie du projet de loi, c'est entre autres, M. Brunet, pour
harmoniser les pratiques, mieux communiquer, parce que les commissaires aux
plaintes sont assez isolés, d'une certaine façon, hein? Ils sont seuls dans les
établissements. Donc, ça va permettre une meilleure harmonisation des
pratiques. Le commissaire aux plaintes peut très bien dire : Allez
au-devant et n'attendez pas. Donc, on peut améliorer ces pratiques-là. Et la
raison du projet de loi n° 52, c'est pour être en
mesure de donner aussi plus d'indépendance au commissaire aux plaintes et
peut-être de trouver des voies de passage pour y parvenir.
Et peut-être, en terminant, vous dire
qu'il y a un total de 13 400 mesures correctives qui ont été émises en
2018‑2019. De celles-ci, 9 184 ont été recommandées lors de la conclusion
des dossiers de plaintes par les commissaires aux plaintes et à la qualité des
services en réalité 2 991 autres, à la suite de leurs interventions. Quant
aux médecins examinateurs, c'est 725 mesures. Donc, il y a quand même... il y a
beaucoup de plaintes qui sont quand même réglées par les commissaires aux
plaintes, mais essayons le plus possible d'améliorer pour faire en sorte qu'ils
aient encore plus de liberté d'agir.
M. Brunet (Paul G.) : Oui,
mais peut-être aussi avoir... grâce peut-être aux commissaires-conseil, être
moins vite sur la demande d'extension de délai, tu sais. Parce que, là, on
parle de 45, mais souvent ça finit par 60, 63, là. Vous avez deux exemples où
Daniel a fait une plainte, et le plus triste, c'est que, dans la deuxième
plainte, on lui demande encore un délai, alors que c'est la même plainte qu'un
an auparavant. Alors, ça ne fait pas sérieux, et évidemment c'est l'usager qui
paie pour pendant tout ce temps-là. Moi, je disais, à la blague, un jour :
Toutes les plaintes reliées aux menus puis aux repas, là, pendant le délai
durant lequel traîne l'étude, il faudrait que tous les administrateurs de
l'établissement mangent la même affaire qui est l'objet de la plainte.
Peut-être que ça se réglerait plus vite, je ne sais pas.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, M. le Président. Excusez ma voix. Alors, merci à vous trois. M. Brunet,
vous avez parlé, dans le projet de loi n° 52, qu'il y
avait une définition qui semblait problématique. J'aimerais que vous élaboriez,
s'il vous plaît.
M. Brunet (Paul G.) : En
fait, elle est trop restrictive, selon nous. C'est la définition d'établissement,
où... Nous, la ministre nous connaît depuis un certain temps, on pense
qu'encore une fois partout où quelqu'un reçoit des soins avec la carte
d'assurance maladie il devrait avoir un recours, une plainte, le droit de faire
une plainte. Dans une clinique privée où vous donnez votre carte d'assurance
maladie, si vous n'êtes pas content, «tough luck», il n'y en a pas, de recours.
Ce n'est pas normal que de l'argent, des deniers publics qui servent à vous
soigner où que ce soit au Québec ne puissent pas vous permettre de porter
plainte contre le professionnel ou contre l'établissement. Pas normal. Là, je
les envoie aux petites créances. Ce n'est pas assez, il faut pouvoir porter
plainte quand c'est de l'argent public qui sert à donner le soin, où que vous
soyez, où que vous vous trouviez au Québec.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Oui, Mme la députée.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
J'aimerais, au niveau des statistiques, savoir combien est-ce qu'il y a de
plaintes par année.
M. Brunet (Paul G.) : Je ne
le sais pas. Je n'ai pas trouvé de rapport consolidé au ministère. Il y en a
par région, mais je n'ai pas trouvé de rapport consolidé.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) : Et
quelles sont les plaintes les plus fréquentes?
• (10 h 40) •
M. Brunet (Paul G.) : Les
plaintes les plus fréquentes sont... Daniel pourrait en témoigner, c'est
souvent le manque de soins ou la baisse du niveau de soins, surtout devant...
depuis la réforme, moins la réforme que l'objectif de déficit zéro. Oui, la
pénurie a aggravé des affaires, mais je trouve, des fois, que la pénurie a le
dos large. J'ai parlé avec la présidente de l'ordre des infirmières
auxiliaires. Ils sont 15 000 membres. Elle me dit que 40 % des filles
qui travaillent comme infirmières auxiliaires sont obligées d'avoir un deuxième
emploi parce que le réseau ne leur donne pas assez d'ouvrage. C'est 6 000
personnes, ça, madame, qui sont disponibles maintenant. Ne me parlez pas de
pénurie tant qu'on n'aura pas dit à ces filles-là, ces 6 000 personnes
là : Entrez dans le réseau, on va vous donner plus d'heures. Il y en a, du
monde qui est prêt à travailler, présentement. Parlez à la présidente de
l'ordre des infirmières auxiliaires, elle m'a dit ça il y a quelques semaines à
peine. Il y a des filles qui travaillent au St-Hubert… je n'ai rien contre
St-Hubert Bar-B-Q, mais on a besoin de gens dans le réseau puis en CHSLD...
M. Brunet (Paul G.) : …ces
6 000 personnes là : Entrez dans le réseau, on va vous donner
plus d'heures. Il y en a du monde qui est prêt à travailler présentement.
Parlez à la présidente de l'ordre des infirmières auxiliaires. Elle m'a dit ça
il y a quelques semaines à peine. Il y a des filles qui travaillent au
St-Hubert… je n'ai rien contre St-Hubert Bar-B-Q, mais on a besoin de gens dans
le réseau puis en CHSLD. On… il y a du monde de disponible, faisons-les
travailler.
Une voix
: Merci.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Je cède maintenant la parole à la députée de… Non,
excusez, de Fabre.
Mme Sauvé : De Fabre.
Le Président (M. Provençal)
: 11 minutes.
Mme Sauvé : Merci beaucoup,
M. le Président. D'abord, je veux saluer M. Brunet, je veux saluer Mme
Raymond, très admirative de votre sagesse, madame, et je veux saluer le courage
de M. Pilote, merci d'être avec nous aujourd'hui et de nous parler de
votre témoignage qui est au coeur de ce projet de loi.
Il y a plusieurs questions qui ont été
amenées par la ministre et les collègues. Moi, il y a un élément clé sur lequel
j'aimerais vraiment vous poser des questions, au-delà du projet de loi et de
son intention. Vous avez bien nommé tantôt, entre autres, en lien avec votre…
une des vos recommandations de votre mémoire, la recommandation n° 5, je
pense… la 4, pardon, quand vous dites que le bureau du commissaire et de son
délégué ne doit jamais être aménagé dans la même section de l'établissement que
celle dans laquelle loge l'administration de la direction. Ce que vous êtes en
train de nommer, quand vous nommez ça, c'est vraiment la peur de dénoncer,
hein, la peur de la démarche de la plainte pour l'aîné, la famille aussi.
Alors, je veux vraiment vous entendre
là-dessus, au-delà de votre recommandation n° 4 puis l'intention du projet
de loi. Est-ce qu'on va régler… est-ce que c'est suffisant pour redonner
confiance aux aînés, pour faire en sorte que leurs familles aussi vont vouloir
dire : On y va de l'avant? D'abord, parce qu'évidemment il y a eu cette
réalité préoccupante qu'on tente de régler, mais dans l'esprit des gens, ça
demeure présent. Alors, ça, c'est très important.
Puis aussi parce que, comme vous l'avez si
bien dit, souvent, on accouche d'une souris. On est en train, après la plainte…
puis d'ailleurs, M. Pilote, dans le détail de tout ce qu'il a vécu, on
voit bien que le résultat de la plainte, c'est un rappel au personnel. Alors,
moi, je veux vous entendre là-dessus. Est-ce qu'on est en train de
véritablement régler la peur de dénoncer?
M. Brunet (Paul G.) : Veux-tu
parler, Daniel?
M. Pilote (Daniel) : S'il vous
plaît, très important, les personnes qui sont en perte d'autonomie, qu'est-ce
qui arrive, c'est qu'ils n'ont plus d'intérêt à se plaindre, d'accord? Même
s'ils subissent de la maltraitance, ils se disent : Ah! à l'âge que je
suis rendu… ou, même, ils ne s'en aperçoivent pas. C'est ça qui est… c'est ça,
la difficulté là-dedans. Ils ne s'aperçoivent pas qu'ils sont en maltraitance,
et ça, c'est grave, là.
Qu'est-ce qui arrive, c'est que certains
membres du personnel peuvent peut-être abuser de ça. De toute façon, elle ne
s'apercevra pas, ça fait que… Donc, c'est des gestes précipités, surtout ça, surtout
des gestes rapides. Donc, c'est sûr que, quand tu fais des gestes rapidement,
bien, tu risques de faire de la maltraitance. Donc, là-dessus, le problème,
c'est qu'ils ne se plaignent pas, malgré la maltraitance.
M. Brunet (Paul G.) : Je peux
aussi ajouter, aux propos de Daniel, le fait que c'est très difficile… On est
devant la Cour supérieure présentement avec un recours collectif pour le passé,
et trouver un résident, une résidente de CHSLD qui veut parler comme Daniel le
fait, à ma mémoire, moi… Il y a Claude Brunet qui l'a fait, il a payé cher,
hein, en 1997, 1998… pardon, en 1988. Daniel ose parler, c'est très difficile.
On cherche des résidents, des gens qui peuvent parler, malgré la lourdeur de
leur handicap, c'est très difficile. Et je salue encore avec admiration, là, ce
que Daniel fait, et je lui dis à chaque fois que je lui parle : Si tu sens
que tu te fais tasser ou… comme mon frère Claude l'a senti avant qu'on le jette
par terre et qu'il en meure en… je ne me souviens plus, en 1988. En 1988.
Claude est mort en 1988.
Une voix
: En 1998.
M. Brunet (Paul G.) : Non, il
est mort le 23 juin 1988. Peu importe. Alors, c'est ça. Comme vous le
dites, là, cette sensation-là qu'on est aussi bien... et de toute façon,
comment voulez-vous vous plaindre de quelqu'un qui, malgré toute…
M. Brunet (Paul G.) :
...Claude est mort en 1988...
Une voix
: En 1998.
M. Brunet (Paul G.) : Non, il
est mort le 23 juin 1988. Peu importe. Alors, c'est ça. Comme vous le
dites, là, cette sensation-là qu'on est aussi bien... et de toute façon,
comment voulez-vous vous plaindre de quelqu'un qui, malgré toute sa bonne
volonté — j'étais à Saint-Charles-Borromée récemment, je sais que Mme
la ministre y était aussi il n'y a pas si longtemps — quelqu'un qui
est lourdement handicapé, qui ne peut pas bouger, un préposé rentre puis il lui
dit au préposé : Je ne veux pas être lavé aujourd'hui. Le préposé lui
dit : Laissez-moi faire mon travail, puis il le lave quand même. Il ne
peut pas bouger. On a fait une plainte. Ça a pris des mois. Finalement, il a eu
une suspension de quelques jours.
C'est l'usager qui a le droit de décider
ce qui va lui arriver et c'est très difficile pour des gens qui ont... besoins
vitaux de ces soins-là de se plaindre. On a de la misère à le comprendre, nous
autres, mais je commence, moi, après toutes ces années, à comprendre la
délicatesse de ce dont on parle et l'importance d'avoir des commissaires qui
vont au-devant des usagers. Ça va être une loi, un projet de loi encore plus
fort si vous l'adoptez.
Le Président (M. Provençal)
: Député de Vimont.
Mme Raymond (Marielle) :
Excusez-moi. Madame...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, madame.
Mme Raymond (Marielle) :
J'aurais voulu rajouter quelque chose. Vous savez, ce n'est pas seulement les
gens qui sont hébergés ou les gens qui reçoivent des services dans les centres
hospitaliers, mais ce sont souvent leurs parents qui n'osent plus parler. C'est
la loi de l'omerta parce qu'on a peur des répercussions sur nos usagers. Ça,
c'est... je vois ça encore régulièrement parce que moi, au comité des usagers,
on m'appelle. On m'appelle des Laurentides parce qu'on veut déménager une
personne à 50 kilomètres de chez elle pour être hébergée puis qu'on n'a
personne pour aller la visiter tout près. Tu sais, des choses comme ça puis on
n'ose pas.
Et les comités de résidents qui sont dans
les CHSLD ont aussi cette difficulté-là à faire parler les gens, ils ont peur
pour leurs personnes hébergées. Ça, c'est la loi de l'omerta qui arrive un peu
partout. Puis je vais vous dire une chose, je ne les blâme pas, j'ai fait ça vis-à-vis
de ma propre mère, à un moment donné, la loi de l'omerta, parce que j'avais
peur que ça se répercute contre ma mère. Et c'est pour ça que je suis venue au
comité des usagers il y a 15 ans, parce que je vivais de regrets.
Par contre, quand ma mère était décédée,
j'ai mis le pied à terre puis j'ai fait des choses pour ça. Mais vous savez,
hein, je comprends les familles. On a toujours peur que nos parents soient
maltraités par ricochet.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Vimont.
M. Rousselle : Merci, M. le
Président. Écoutez, je voudrais me servir de votre expérience, que ça soit
M. Pilote, que ça soit M. Brunet et vous, Mme Raymond.
Justement, je m'en vais dans le même sens d'aller au-devant des usagers. Vous
parlez que c'est la loi de l'omerta puis je peux comprendre qu'à un moment
donné, tu ne veux pas que quelqu'un de ta famille soit brimé dans ses droits.
Mais là, je réfléchissais à un moment donné, je me disais : Ceux qui n'ont
pas de famille, ceux qui ont de la difficulté à communiquer, que ça soit une
autre langue, ou ceux qui sont tout simplement muets ou tout dépendant, il
arrive quoi, à eux?
Donc, je vois vraiment dans aller
au-devant des usagers l'importance de ça. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus.
M. Brunet (Paul G.) : C'est
tellement important, ce que vous dites parce que des gens... sont lourdement
handicapés, il y en a qui ne parlent pas, il y en a qui ne voient pas et...
mais soyons un peu positifs. Rappelons-nous qu'avec un bon rapport... et ça
fait partie d'une des formations qu'on donne, comment intervenir en CHSLD au
sein d'un comité, je pense que quand on a des interlocuteurs en autorité sur
les unités, en général, avec les gens bien intentionnés de bonne... on règle
les problèmes. Pas besoin de faire une plainte. Et grâce à beaucoup de gens,
beaucoup de femmes et d'hommes qui travaillent sur les planchers, on règle des
affaires simples, mineures, qui peuvent se régler rapidement. Mais quand on est
rendus à porter plainte, là, on a peur, la famille hésite et c'est là où le
commissaire, la commissaire peuvent jouer un rôle déterminant. D'abord pour
aérer tout ça, pour rendre plus transparent ce qui se passe et c'est en allant
sur les unités qu'on sait qu'est-ce que ça sent, on entend ce qui se passe et
on voit.
Et que tout le monde convienne, et c'est
ce que je dis souvent aux membres des comités, de convenir de votre patinoire
sur les unités et dans les CHSLD. Si jamais on vous empêche d'y aller tous
azimuts, ils vous empêchent de jouer votre rôle. Le principal rôle des comités,
c'est de défendre les droits collectifs de l'établissement. Si vous ne pouvez
pas aller voir personne, c'est sûr que ces gens-là qui vous empêchent de le
faire contreviennent à la loi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée de Fabre. Oui, il vous reste
1 min 30 s.
• (10 h 50) •
Mme Sauvé : Parfait. Merci, M.
le Président. Alors, je vais faire rapidement. J'aurais bien d'autres questions
mais... Si je vous ai bien compris, dans votre demande n° 9,
de s'assurer que, dans le rapport aux autorités, il y a au moins 25 % des
interventions qui sont issues des initiatives, dans le fond, avec cette
recommandation-là, c'est un peu comme...
Mme Sauvé : ...parfait. Merci,
M. le Président. Alors, je vais faire rapidement. J'aurais bien d'autres
questions mais... Si je vous ai bien compris, dans votre demande n° 9,
de s'assurer que, dans le rapport aux autorités, il y a au moins 25 % des
interventions qui sont issues des initiatives, dans le fond, avec cette
recommandation-là, c'est un peu comme un indicateur de performance de votre 8,
qui demande justement au commissaire d'aller sur les lieux. Est-ce que je me
trompe quand... vous allez dans ce sens-là?
M. Brunet (Paul G.) : Non,
madame, ne vous trompez pas. Je pense, j'ai mis un... J'ai posé un geste de
plus pour nous assurer que, formellement, dans les rapports annuels, on voit
qu'il y a eu des interventions d'initiatives, et c'est tout à l'honneur des
commissaires, dont plusieurs le font, rappelons-le. Mais ce n'est pas assez
nombreux pour les endroits que je visite. Alors, je pense que, ça, oui, 8 et 9
vont ensemble pour que nos commissaires, leurs délégués aillent plus auprès des
usagers.
Mme Sauvé : Parfait. Merci. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de Taschereau.
Mme Dorion : J'ai combien de
temps?
Le Président (M. Provençal)
: 2 min 45 s.
Mme Dorion : Merci. Merci,
M. Brunet, merci, Mme Raymond, merci, M. Pilote. Déjà, ça nous
fait voir de façon plus concrète un peu le monde dans lequel on a à se plonger.
Il y a eu des critiques aussi par rapport
à l'indépendance des commissaires aux plaintes dans le réseau public. Ça
existe. Il y a eu... Bon, la question d'indépendance se pose aussi là. Selon
vous, qui connaissez bien ça de l'intérieur, qu'est-ce qui... Dans le mode de
nomination de ces commissaires-là, donc, ils vont être plus nombreux si le projet
de loi va de l'avant? Qu'est-ce qu'il est important qu'il se passe ou qu'il ne
se passe pas? Qu'est-ce qu'il est important d'éviter ou qu'est-ce qu'il est important
de favoriser dans ce mode de nomination là des commissaires aux plaintes?
M. Brunet (Paul G.) : Pour
avoir une idée sur comment on est indépendant, puis je suis juriste moi-même
puis je sais comment on aime les juges, il faut éloigner le plus possible le
lieu.... ou la personne qui nomme du lieu où la personne va oeuvrer.
Évidemment, tu sais, idéalement, on
devrait dire : Le ministère devrait les nommer, mais, les dernières quatre
années, là, j'ai été terrifié, moi, par les nominations centralisées, que là je
n'ose plus dire ça. Tu sais, je veux dire, on a scrapé littéralement le peu de
ce qu'on voulait ou pouvait faire de bien à cet égard.
Alors, je me méfie des nominations
centralisées, on sait pourquoi, et j'abonde dans le sens où on aurait un
commissaire-conseil, au ministère, qui jetterait un regard sur ces gens-là, peut-être
les nommer localement, il y a des gars et des filles qui font de très belles
jobs, là, mais on a besoin de renforcer.
Ça a parti en 2001, cette affaire-là, et
je pense qu'on a ce que ça prend aujourd'hui, au gouvernement et chez les ministres
que j'ai rencontrés, pour dire : O.K. On va poser un geste courageux — il
faut le faire, hein? — poser un geste courageux, mais c'est un régime
de plaintes qui va valoir la peine d'être... de continuer à être encouragé.
Nous, évidemment, dans un monde idéal, on
vous a déjà dit qu'un vrai régime de plaintes, c'est nous, au Conseil pour la
protection des malades, qui devrions le gérer, mais je sais que nos politiciens
sont hésitants là-dessus puis je le respecte. Mais, en attendant, améliorons ce
que l'on a.
Mme Dorion : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
: 30 secondes.
Mme Dorion : Et, concrètement,
quelle forme ça pourrait prendre que les commissaires aillent au-devant des
malades, aillent au-devant des aînés pour prendre le pouls dans une situation
où eux n'osent pas? Concrètement, comment on peut faire ça?
M. Brunet (Paul G.) : Bien,
ils sortent de leurs bureaux puis ils se promènent dans les installations, dans
les établissements où ils ont juridiction, mettent moins de posters
«appelez-moi». Allons-y. Et je sais qu'il y a des filles et des gars qui le
font, puis, savez-vous, là où j'entends qu'ils le font, ça va mieux. Pourquoi?
Parce que les intervenants connaissent mieux la commissaire, le commissaire.
Ils savent de quel bois ces gens-là se chauffent, quelle autorité ils et elles
ont, et finalement il s'instaure un climat de confiance, d'intervention où
chacun a un rôle, et ça crée... tu sais, ça crée une présence. Moi, je m'occupe
des droits des usagers. Vous, qu'est-ce que vous faites?
Sans le dire, on prend notre place, et, à
chaque fois que j'ai vu ça, évidemment, c'était... comme à Saint-Michel-des-Ha!
Ha! où la commissaire est extraordinaire. J'ai vu que ça faisait du bien aux
usagers.
Le Président (M. Provençal)
: Je cède maintenant la parole au député de Rimouski pour
2 min 45 s.
M. LeBel : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Comme je n'ai pas beaucoup de temps... Je ne
veux pas jouer au chauvin rimouskois, mais je suis très fier de vous, madame,
très fier.
Vous avez parlé deux, trois fois du
commissaire-conseil. La ministre aussi en a parlé. Vous trouvez que c'était
un... il aurait un rôle important sur assurer l'indépendance. Mais le
commissaire-conseil n'est pas dans le projet de loi. Est-ce que vous pensez
qu'on devrait l'intégrer puis préciser son rôle dans le projet de loi?
M. Brunet (Paul G.) : Je
pense, ça vaudrait la peine d'élaborer quelque chose là-dessus. Remarquez que
la plupart de nos recommandations non plus ne sont pas dans le projet de loi.
J'en ai profité, parce que je connais Mme Blais un peu plus, de... tu
sais, d'ouvrir un peu les horizons dans ce qui m'apparaît une opportunité
extraordinaire de revoir puis d'améliorer l'indépendance puis les moyens
d'action du ou de la commissaire. Et c'est pour ça que je dis : O.K...
M. Brunet (Paul G.) :
...ne sont pas dans le projet de loi. J'en ai profité, parce que je connais
Mme Blais un peu plus, de... tu sais, d'ouvrir un peu les horizons dans ce
qui m'apparaît une opportunité extraordinaire, de revoir puis d'améliorer
l'indépendance puis les moyens d'action du ou de la commissaire. Et c'est pour
ça que je dis : O.K., ouvrons ça et ayons quelqu'un au ministère qui
regarde ça d'en haut puis qui essaie d'uniformiser. Savez-vous qu'il y a des
commissaires dans le nord de la ville de Montréal qui ont dit, qui m'ont
dit : M. Brunet, nous, on ne défend pas les malades, là. Non, non,
non, nous, notre rôle, c'est de vérifier si, après analyse, le droit d'un
usager a été compromis. Et Seigneur! je te dis que c'est restrictif, c'est plus
restrictif que ce la loi prévoit en regard de leur autorité d'ailleurs.
M. LeBel : Mais, comme le
commissaire-conseil semble être important, me semble qu'on pourrait comme
préciser son rôle dans le projet de loi, et ça pourrait aider l'indépendance.
M. Brunet (Paul G.) :
Oui, d'accord.
M. LeBel : Madame, vous
parliez d'omerta. L'omerta, c'est autant... bon, dans le privé, on peut le
deviner, mais c'est aussi dans le public, l'omerta.
Mme Raymond (Marielle) :
Ha, ha, ha!
M. LeBel : Ça veut dire
oui, ça?
Mme Raymond (Marielle) :
Je veux vous dire une chose. La commissaire aux plaintes... Moi, j'ai déjà
visité un jour une résidence intermédiaire avec une commissaire aux plaintes
qu'on avait à ce moment-là. On est arrivées, là, sans être invitées, là. On
s'est dit, dans l'après-midi, que les gens avaient un beau petit biscuit puis
le jus Tropicana, etc. Et c'était trop beau pour être vrai, hein? Quand on est
sorties, toutes les deux, on s'est regardées, elle m'a dit : Qu'est-ce que
vous en pensez? J'ai dit : Vous? Trop beau pour être vrai. Bien, six mois
après, on avait fait fermer la résidence. Parce que c'était juste un indice
qu'il y avait quelque chose sous roche qui... C'est de voir qu'est-ce qui se
passe vraiment. Vous savez, il faut avoir des yeux tout le tour de la tête quelquefois.
L'année passée, je vais vous dire une chose, j'ai fait fermer une résidence à
La Pocatière que je n'aurais pas été adopter un petit chien là. Et j'ai
été obligée de me fâcher avec mon CISSS puis la commissaire aux plaintes avec:
Bien, c'est parce qu'il n'y avait pas de place où les mettre, le gens. Ils ne
savaient pas où les envoyer. Mais, quand ça coule, là, puis que, tu sais, les
seaux sont à terre puis les choses ne sont pas bien nettoyées, puis, je vous
dis, là, hein, bien, à un moment donné, bien, là, on a eu peur que j'aille dans
les journaux ou à la télévision, et on l'a fermée. C'est ça, là. Vous savez, la
commissaire aux plaintes, elle était liée un peu avec le CISSS, parce qu'il n'y
avait pas de place pour envoyer les gens.
M. LeBel : Là, j'aurais
une question là, là.
Mme Raymond (Marielle) :
Bien, c'est ça. C'est ça, la loi de l'omerta, c'est ça d'être sur place.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie, Mme Raymond, MM. Brunet et
Pilote pour leur contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 58)
11 h (version non révisée)
(Reprise à 11 h 2)
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons reprendre nos travaux. Je souhaite maintenant
la bienvenue aux représentants du Regroupement provincial du comité des
usagers. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite à vous présenter puis à initier votre exposé.
M. Ménard (Claude) : M. le
Président, Mme la ministre, membres de la commission, mon nom est Claude
Ménard. Je suis le président du Regroupement provincial des comités des usagers
et je suis accompagné de la directrice générale, Mme Patricia Gagné.
Créé en 2004, le Regroupement provincial
des comités des usagers regroupe aujourd'hui la majorité des comités des
usagers et de résidents du Québec, ce qui en fait un acteur incontournable dans
la défense des droits des usagers auprès de la population et de partenaires,
dont le ministère de la Santé et des Services sociaux.
À deux reprises au cours des dernières
années, son taux de membership a été évalué par une firme d'experts certifiant,
dans un premier temps, son taux d'adhésion à 71 %, et, dans un deuxième
temps, à 86 %.
Régulièrement, le RPCU entend les
préoccupations des membres des comités des usagers et de résidents, qui sont
des acteurs de proximité, grâce aux activités récurrentes et structurantes
qu'il a mises en place. Ces dernières permettent d'entendre la voix des usagers
et surtout celles de leurs défendeurs. L'offre de services du RPCU comprend les
formations dispensées partout au Québec, les consultations périodiques, des
échanges avec ses membres et un soutien quotidien dans leur mandat, ainsi que
les congrès nationaux qui rassemblent chaque année plus de 500 participants
venant de toutes les régions du Québec.
Pour la rédaction de ce mémoire, le
regroupement a procédé à une consultation de ses membres par voie électronique,
en dépit du court délai imposé. Dans un deuxième temps, le mémoire a été soumis
aux membres du conseil d'administration pour être bonifié et validé.
Porter plainte est un geste constructif
qui assure le respect des droits. Donc, l'objectif fondamental du régime
d'examen des plaintes est l'amélioration continue de la qualité des soins et
des services du réseau de la santé et des services sociaux.
Nous considérons que les principes
suivants devraient guider les élus de l'Assemblée nationale du Québec dans
leurs réflexions, discussions et prises de décision : entre autres, la
neutralité du commissaire aux plaintes et à la qualité des services; la
crédibilité du régime d'examen des plaintes; la prise en considération de la
vulnérabilité des personnes vivant en CHSLD, sans égard au statut public ou
privé de l'établissement, et le risque de maltraitance dont elles peuvent être
victimes...
M. Ménard (Claude) : ...la
crédibilité du régime d'examen des plaintes, la prise en considération de la vulnérabilité
des personnes vivant en CHSLD, sans égard au statut public ou privé de l'établissement,
et le risque de maltraitance dont elles peuvent être victimes.
Depuis de nombreuses années,
l'indépendance du commissaire aux plaintes et à la qualité des services est
soulevée et, de ce fait, son impartialité et sa neutralité. Nous entendons
régulièrement cette réflexion venant de nos comités.
Nous ne remettons pas en cause la qualité
du travail professionnel et la sincérité et l'engagement des commissaires, y
compris ceux en CHSLD privés. Plusieurs ont d'ailleurs enrichi nos congrès lors
de leur présence comme congressistes, conférenciers et animateurs d'ateliers de
formation.
Or, même s'il est qualifié comme personne
indépendante, le commissaire aux plaintes et à la qualité des services est un
employé de l'établissement. De ce fait, il est juge et partie.
Le regroupement souhaite que le régime
d'examen des plaintes soit revu de façon à garantir aux usagers une entière
objectivité dans le traitement de leurs plaintes.
Nous proposons une neutralité balisée des
commissaires aux plaintes et à la qualité des services, et que ceux-ci relèvent
dorénavant d'une organisation indépendante des CISSS ou des CIUSSS, cette
organisation étant du ressort du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Les commissaires ne seraient donc plus des employés d'un établissement qui
dispensent des services, mais des employés de l'État, lequel a l'obligation de
garantir une neutralité absolue et une équité dans ses relations avec tous les
citoyens. Il devrait en être ainsi pour le médecin examinateur qui devrait
également relever d'une organisation autre que le prestateur de services.
Mme Gagné (Patricia M.) : M.
le Président, Mme la ministre, bonjour. Alors, la défense des droits est ainsi
à géométrie variable. Les comités des usagers et de résidents ont pour
fonctions légales, entre autres, de faire la promotion de l'amélioration de la
qualité des services, ce qui correspond, en fait, à la finalité de l'objectif
du processus de plaintes et d'accompagner un usager, à sa demande, lorsque
celui-ci entame une démarche en ce sens.
Alors, dans le secteur public, ce qu'on
voit, c'est qu'il y a des comités de résidents dans chaque établissement de
soins de longue durée chapeautés par un comité d'usagers qui, eux, sont
chapeautés par des CUCI, des comités d'usagers des centres intégrés, alors que
dans le secteur privé, donc, ils ne reçoivent pas de subventions gouvernementales
et la promotion et la défense de droits, elle est incertaine, elle est
approximative et souvent au bon vouloir de la direction des cesdits établissements.
Alors, ce qu'on souhaite, c'est que les mécanismes
de soutien soient les mêmes, c'est-à-dire que la défense des droits soit
équivalente, qu'un usager soit en établissement privé ou... privé conventionné
ou public, donc les mêmes droits et que le ministère de la Santé et des
Services sociaux s'assure de la présence et du bon fonctionnement de comités de
résidents et de comités d'usagers, donc supervisés par un comité d'usagers dans
les CHSLD privés et privés non conventionnés.
Finalement, alors nos recommandations en
synthèse, c'est que les les commissaires aux plaintes et à la qualité des
services ainsi que les médecins examinateurs relèvent dorénavant d'une
institution indépendante du prestateur de services qui a une reddition de
compte locale à faire. Parce que ce qu'on craint, c'est la concentration, un
peu, des pouvoirs, alors que cette organisation-là ait des comptes à rendre au
niveau local, régional, que le ministère de la Santé et des Services sociaux
s'assure de la présence et du bon fonctionnement des comités des usagers et de
résidents dans tous les CHSLD, que le délai de 45 jours concernant le
traitement d'une plainte soit respecté et que le gouvernement mette sur pied
une vaste campagne d'information en vue de faire connaître le régime d'examen
des plaintes et son application.
• (11 h 10) •
Finalement, M. le Président, je me permets
de demander, au nom aussi des comités des usagers, s'il vous plaît, d'avoir davantage
de temps la prochaine fois, lorsqu'il y a des consultations...
Mme Gagné (Patricia M.) :
...en vue de faire connaître le régime d'examen des plaintes et son application.
Finalement, M. le Président, je me permets
de demander au nom aussi des comités des usagers, s'il vous plaît, d'avoir davantage
de temps la prochaine fois, lorsqu'il y a des consultations, des consultations
particulières. Nous avons été aussi consultés récemment en ligne pour des
politiques de soins de longue durée et proches aidants. Alors, d'avoir plus de
temps, ça nous permet d'avoir un... de faire une meilleure consultation de nos
membres, ce qui pour nous est important, est primordial en fait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Très bien reçu. Merci beaucoup de votre présentation. Nous
allons maintenant commencer la période d'échange. Alors, Mme la ministre, à vous
la parole.
Mme Blais (Prévost) :
Oui. Je vous remercie pour votre présence. J'ai beaucoup d'admiration pour le regroupement
des comités des usagers qui doit faire respecter les 12 droits des
usagers. Vous avez un rôle important. Et d'ailleurs, avec la nomination d'un
commissaire-conseil, on va s'assurer qu'il y aura un lien important entre les
commissaires aux plaintes et les comités des usagers. Ça m'apparaît tout à fait
concordant. Vous mentionnez, M. Ménard, que vous aimeriez une plus grande
indépendance des commissaires aux plaintes. Qu'est-ce que vous faites avec le
lien avec les deux... l'ajout de deux critères qu'il y a dans le projet de loi,
soit qu'il n'y ait pas de lien familial avec le P.D.G. et le P.D.G.A., président-directeur
général, et pas de lien financier également? Ce n'est pas suffisant pour vous?
Vous aimeriez vraiment que les commissaires relèvent, un peu comme le
mentionnait la protection... le comité de la protection des malades, du
commissaire-conseil?
M. Ménard (Claude) :
Oui. Oui, effectivement. Trop souvent, on entend de la part des différents
comités : On ne retrouve pas cette impartialité-là. On a beau dire, ce
n'est plus... Parce que, dans le passé, on a eu des commissaires qui étaient le
beau-frère, la belle-soeur, le cousin, la cousine ou même la conjointe, là,
d'un propriétaire. Ça, on ne voit plus ça aujourd'hui, mais les gens
requestionnent encore de nouveau cette impartialité-là. La grande majorité des
gens qui siègent à titre de commissaire, effectivement, le font de façon
indépendante. Mais trop souvent ce sont des gens qui viennent également du
réseau. On a beau entendre : C'est important de connaître le réseau pour
être capable d'intervenir, mais certains moments donnés, excusez l'expression,
mais ce qu'on entend : Ils sont trop collés, ils sont trop près de toute
cette gestion, là, de la mécanique. Alors, le fait de sortir complètement de l'organisation,
bien, les gens jugent que, un, on y retrouverait davantage cette indépendance.
Pour moi, c'est nouveau d'entendre, là, ce
que vous venez de proposer. Est-ce qu'on serait en faveur d'une telle
orientation? Dans toute éventualité, j'oserais amener une suggestion, c'est
que, un, dans l'éventualité où on met cette mécanisme en place, bien, qu'on
l'évalue après deux ans. Et de là dire : Bien, est-ce qu'il faut aller
encore plus loin? Bien, de... Et c'est un petit peu là où, dans le fond, il y
aurait toute cette indépendance-là, dans le fond.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée de Soulanges.
M. Picard
:
Bonjour. Merci beaucoup pour votre présence. Mme Gagné, vous avez
mentionné la promotion de, bien, ce qui va changer surtout avec le nouveau projet
de loi. Selon vous, comment... C'est quoi, la meilleure façon d'aller rejoindre
la population? Comment mieux passer le message puis comment les amener à faire
plus de plaintes?
Mme Gagné (Patricia M.) :
Bien, en fait, ce qu'on constate, c'est que le processus... que l'accessibilité
du processus d'accompagnement des insatisfactions et de la gestion des plaintes
est méconnue encore, malgré les affichages, là, dans les institutions. Alors...
Et même que, cette année, le conseil d'administration, il y a quelques
semaines, nous a demandé de faire des représentations auprès des ministères...
du ministère, afin que la semaine des droits tenue à chaque automne soit aussi
publicisée par le ministère, c'est-à-dire, soit faite avec nous, le
regroupement parce que c'est méconnu, parce qu'on a l'impression... Nous, on
est à l'intérieur, on pense que c'est acquis, que tout le monde est bien au
fait des processus, de ses droits et tout ça, mais c'est loin d'être... C'est
vraiment loin d'être cela.
M. Picard
: À
propos de l'obligation d'un...
Mme Gagné (Patricia M.) :
…soit faite avec nous, le regroupement, parce que c'est méconnu, parce qu'on a
l'impression, nous, on est à l'intérieur, on pense que c'est acquis, que tout
le monde est bien au fait des processus, de ses droits, et tout ça, mais c'est
loin, c'est vraiment loin…
Mme Picard : À propos de l'obligation
d'un signalement, est-ce que vous croyez que, pour les personnes qui ne sont
pas capables de s'exprimer ou qui n'ont pas de famille, j'aimerais vous
entendre aussi à propos de ça pour faire passer le message au niveau de la
plainte, là.
Mme Gagné (Patricia M.) : Au
niveau de?
Mme Picard : Bien, en fait, quelqu'un
qui ne peut pas s'exprimer ou quelqu'un qui ne peut pas… ou qui n'a pas de
famille, l'employé, l'infirmière pourrait faire un signalement. Est-ce que vous
croyez que ça roule rondement dans le réseau en ce moment à ce niveau-là?
Mme Gagné (Patricia M.) :
C'est une bonne question, en fait, c'est une bonne préoccupation. Je n'ai pas vraiment
de documentation à ce sujet-là, on pourrait sonder nos membres. Mais une chose
est certaine, c'est qu'il doit avoir un processus pour que les personnes qui ne
puissent pas s'exprimer, qui ne peuvent pas exprimer leurs droits, faire valoir
leurs droits, puissent le faire. Tout à fait. Sous quelle forme?
M. Ménard (Claude) : Peut-être
en complément d'information, on le sait qu'au niveau de la maltraitance, si je
suis un employé puis je vois un de mes confrères ou une consoeur qui pose un
geste de maltraitance, je pense que la démarche de dénonciation, elle est
présente. Mais, en lien avec les droits des usagers, les 12 droits, de mettre
cette pression-là au niveau du personnel dans le contexte actuel, où on se
retrouve avec une pénurie de membres du personnel, je pense que ce serait, là,
un peu beaucoup demander, là, au niveau du personnel.
Et c'est là où le rôle des gens qui
siègent au sein des comités de résidents ou de comité des usagers ont un rôle
primordial à jouer, d'être les yeux, les oreilles et la voix de ces
personnes-là qui ne sont plus en mesure à cause d'une perte d'autonomie
majeure, ou etc. Mais, en même temps, je pense que la présence, là, du
commissaire sur place, ce qu'on entend puis ce qu'on voit au niveau des
différents rapports, c'est que le commissaire est invité une fois par année,
dans l'installation, lors de l'assemblée générale annuelle du comité. Si je
veux faire valoir mon rôle, un, qu'il y ait des mandats du commissaire aussi de
faire la promotion des droits, je ne pense pas que c'est la présence, une fois
par année, dans l'installation qu'il est en mesure de jouer son plein rôle.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président. Merci de votre présence ici aujourd'hui, c'est très éclairant pour
nous. Vous parlez, dans votre document, de soutien aux familles et aux proches
aidants, j'aimerais vous entendre un petit peu plus là-dessus.
Mme Gagné (Patricia M.) : En
fait, pour nous, dans un processus d'amélioration continue et d'accompagnement
au niveau des insatisfactions et de gestion des plaintes, les proches jouent un
rôle vraiment majeur et surtout en hébergement de soins de longue durée. Alors,
nous pensons, et nous l'avons écrit, mais pas dit ce matin, on a fait un
résumé, là, qu'il devrait avoir des mesures, là, dans la politique nationale
pour les proches aidants afin de les outiller pour un meilleur accompagnement
des usagers.
Mme Guillemette : …un exemple
de mesures qui pourraient être prises pour faciliter.
Mme Gagné (Patricia M.) :
Bien, ça pourrait être, par exemple, soit des outils, de l'information, de la formation
et inclure l'accompagnement des comités d'usagers pour les proches aidants plus
spécifiquement. Donc, accroître le mandat du comité d'usagers, par exemple.
Mme Guillemette : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Oui,
juste une question pour m'assurer que vous êtes tout à fait d'accord, en accord
avec le fait que, dorénavant, les commissaires aux plaintes relèvent du public
et non plus du privé. Je mentionnais, en ouverture, qu'il y avait 91
établissements privés, donc des établissements qui embauchent leur propre
commissaire aux plaintes. Mais, maintenant, les commissaires aux plaintes
relèveraient du public puis, selon le projet de loi des établissements, là, ils
sont nommés par le conseil d'administration. Donc, vous êtes en harmonie avec
cette prise de position là.
• (11 h 20) •
M. Ménard (Claude) :
Entièrement en accord avec cette décision-là, en n'oubliant pas qu'il faut que,
un, le nombre de commissaires, là, soit présent, soit augmenté aussi, là…
Mme Blais (Prévost) : ...cette
prise de position là?
M. Ménard (Claude) : Entièrement
en accord avec, là, cette décision-là, en n'oubliant pas qu'il faut que, un, le
nombre de commissaires, là, soit... présents soit augmenté aussi, là. Pourquoi?
Parce que, un, il y a certains... à certains endroits, il y a des difficultés
qui se vivent actuellement, là. Un de nos comités des usagers, entre autres le
comité des usagers du Centre-Ouest-de l'Île-de-Montréal, dans son rapport
annuel, démontrait que huit usagers sur 10, leur délai de réponse a été au-delà
de 45 jours. Alors, si on augmente la surcharge au niveau de ce commissariat-là
puis que les effectifs ne sont pas augmentés, comment on va venir à bout d'en
arriver à dire que, dans un délai raisonnable de 45 jours, on va être en mesure
de répondre aux besoins puis aux attentes, là?
Mme Blais (Prévost) : Juste
pour vous rassurer, M. Ménard et Mme Gagné, évidemment, il y aura l'ajout de
commissaires, parce que sinon, ce serait impensable. Je veux juste vous
rassurer là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Mme Gagné, M. Ménard, merci beaucoup de la présentation. Au niveau de vos
comités, il semble y avoir un grand questionnement: De quelle façon seront
traitées les plaintes, formelles ou informelles? Alors, j'aimerais que vous
élaboriez sur ce questionnement-là.
M. Ménard (Claude) : Si j'ai
bien compris, c'est: De quelle façon les plaintes sont formulées auprès des
comités?
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Oui.
M. Ménard (Claude) : Alors,
bien, un, les gens nous parviennent, là... soit l'usager lui-même, ou un faible
pourcentage nous vient des proches.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Souvent?
M. Ménard (Claude) : Oui. Pourquoi?
Parce que, un... Je dis un faible pourcentage, parce que, un, ce qu'on remarque
de plus en plus dans le réseau public, c'est que les gens qui arrivent en CHSLD
sont là pour une courte période de temps comparativement à 15 ans passés, où
les gens arrivaient en CHSLD avec leur voiture, allaient passer six mois par
année en Floride et revenaient tout bronzés, puis là on fait un autre six mois,
là, etc. Mais ce n'est plus la réalité aujourd'hui, alors ce qui fait que, un,
le court temps de présence... dans le fond, là, les membres de famille ou les
proches sont de moins en moins présents, dû à ça. Et l'autre facteur également,
c'est la distance. Pourquoi? Parce qu'aujourd'hui, on veut que notre parent ou
notre enfant reçoive des soins de qualité. Alors, la place qui est disponible
est à 50 ou 80 kilomètres. Est-ce que, moi, j'ai les moyens? Est-ce que le
transport en commun est là? L'accessibilité pour dans le fond accompagner mon
parent vers les derniers jours, ce n'est pas nécessairement présent, là.
Alors, ce qui est certain, c'est que les
membres de comité de résidents ont un rôle, là, majeur à jouer dans le sens de
l'importance d'observer ce qui se vit puis ce qui se passe à l'intérieur. On le
sait, qu'un comité de résidents ou un comité des usagers ne peut pas déposer
une plainte. Mais d'amener l'usager ou le membre de famille, bien, je pense que
c'est son rôle majeur à jouer, là.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Mais il semble, là, que dans le questionnement, aussi, c'est de la façon
qu'elles vont être traitées, les plaintes, face aux comités. Ils semblent inquiets
de la façon que nous allons les traiter.
M. Ménard (Claude) : Bien, lorsqu'on
parle que, un, le délai est plus de 45 jours, c'est cette préoccupation-là. Si
on prend l'installation CHSLD, de plus en plus, la moyenne des gens sont là
pour une durée, là, entre six mois, neuf mois. Alors, si je dépose une plainte aujourd'hui,
et là le commissaire est surchargé, demande de prolonger le temps, est-ce que
je vais avoir ma réponse avant de quitter ce monde? Alors...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
C'est ma dernière... O.K.
M. Ménard (Claude) : ...toute
la question de pas de représailles aussi rentre en lieu, là.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Parfait. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Oui, je
vous entends bien, M. Ménard, Mme Gagné. Moi aussi, je suis préoccupée par les
délais, et je crois que c'est inacceptable et que nous allons devoir faire un
effort pour faire en sorte que les commissaires aux plaintes soient en mesure
de...
M. Ménard (Claude) :
...aussi rentre en lieu, là.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Parfait, merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) :
Oui, je vous entends bien, M. Ménard, Mme Gagné. Moi aussi, je suis
préoccupée par les délais et je crois que c'est inacceptable et que nous allons
devoir faire un effort pour faire en sorte que les commissaires aux plaintes
soient en mesure de déposer les rapports le plus rapidement possible. Même
45 jours, ça peut sembler long, là. Il y a peut-être des raisons pour
lesquelles c'est plus long, et on va poser la question aux commissaires aux
plaintes quand ils vont venir.
Mais, avec le dossier informationnel, ça
va permettre... Ce sera une obligation. Actuellement, il n'y a pas d'obligation
de déposer les plaintes dans un dossier informationnel, et ça va permettre
d'avoir un éclairage sur l'ensemble des plaintes, même si ces plaintes-là sont
confidentielles, là. Confidentielles, il faut bien le dire. Mais on va pouvoir
savoir si dans tel, par exemple, établissement, il y a beaucoup plus de
plaintes, ça va nous permettre d'avoir un regard différent. Mais on va avoir un
dossier au moins, il va y avoir cette obligation, et ça, je trouve que c'est
important.
M. Ménard (Claude) :
Excellent.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Il reste une minute.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
... Les plaintes, quel genre de plaintes qui sont formulées, est-ce que ... des
plaintes souvent d'atteinte psychologique, harcèlement ou physique?
M. Ménard (Claude) : Ça
se rapproche, là, quand même, là, très, très près de gestes qui sont posés, le
geste qui est posé, est-ce que c'est un geste de maltraitance? Est-ce que c'est
un geste qui est posé parce que, un, on a tant de résidents ou de résidentes à
combler leurs besoins dans un délai très, très court? Je ne voudrais pas mettre
la responsabilité au niveau d'une pénurie de personnel parce que le personnel
qui est là actuellement, je pense que, pour la grande majorité, les gestes qui
sont posés, c'est des gestes qui sont attentionnés et avec un «caring» extraordinaire
au niveau des résidents puis des résidentes, là, tu sais. Mais des fois ça peut
être un geste parce que, un, on est précipité à poser le geste, là, tu sais.
C'est beaucoup plus, là, dans ce sens-là qu'on va entendre, là, des
préoccupations.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je cède maintenant la
parole à la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci, M. le
Président. Alors, M. Ménard, Mme Gagné, un plaisir de vous entendre.
Merci pour votre éclairage. Et on a bien entendu que vous aviez eu des délais
courts, donc on comprend bien, mais il n'en reste pas moins que votre mémoire,
il est d'une grande qualité. Merci pour vos recommandations.
On vient de parler, il y a une discussion
autour de la notion du délai, du délai prescrit des 45 jours, ce qui n'est
pas nécessairement respecté, vous l'avez constaté. Moi, je trouve... Je vais
vous dire très honnêtement, là, c'est fort intéressant d'entendre les groupes
et de vous entendre parce que vous avez eu toute cette analyse très fine de l'ensemble
d'un processus de démarche au-delà du projet de loi, puis ça nous amène des
éclairages additionnels. Le but c'est, oui, bien sûr, il y a le projet de loi
devant nous, mais on l'a dit d'entrée de jeu, on veut bonifier puis de traiter
de tous les aspects du processus de la démarche de plainte. Pour nous, là, ça
fait en sorte qu'on se dit : Il y a peut-être des éléments, effectivement,
qui ne sont pas là puis qui pourront être ajoutés au projet de loi.
Donc, merci pour cet éclairage sur le
délai, parce que ça fait deux groupes, vous êtes le deuxième... puis il est clairement
question de ce délai non respecté. On l'a vu dans un témoignage précédemment,
on était dans les 63 jours. Alors, c'est des inquiétudes de plus. C'est
une démarche qui prend beaucoup de temps puis qui mérite d'être respectueuse du
délai qui est prescrit.
Moi, je vais vous parler de quelque chose
qui m'interpelle beaucoup, c'est le lien entre le comité des usagers résidents
et le commissaire actuellement. Moi, pour moi, c'est très important de se dire
que l'aîné, sa famille développe un lien significatif avec des gens. Il faut
être en confiance. Et, bien que votre rôle ne soit pas de déposer et de faire
la démarche de la plainte, l'aîné peut s'identifier à vous, vous parle de la
situation et il y a ce lien de confiance là qui s'établit.
Comment ça se passe dans la transition,
là, au niveau du lien de confiance entre des aînés qui vous racontent leur
histoire et leur situation difficile, entre vous et le commissaire local qui
est présentement en place, par rapport à ce lien de confiance là?
• (11 h 30) •
M. Ménard (Claude) :
O.K. Comme je disais tantôt, un comité des usagers ou de résidents ne peut pas
déposer une plainte, mais il n'y a rien qui l'empêche de sensibiliser le
commissaire, et je pense que la grande majorité du temps, c'est ce qui se fait,
là. Il y a un contact, là, quand même très, très direct, là...
11 h 30 (version non révisée)
M. Ménard (Claude) : ...comme
je disais tantôt, un comité des usagers ou de résidents ne peut pas déposer une
plainte, mais il n'y a rien qui l'empêche de sensibiliser le commissaire. Et je
pense que la grande majorité du temps, c'est ce qui se fait, là, il y a un
contact, là, quand même très, très direct, là, avec le commissaire. Dans
certains établissements, le local ou le bureau du comité des usagers est à côté
du bureau du commissaire, alors le lien est direct, là, tu sais. Et je ne crois
pas qu'un membre de comité ou un comité de résidents ou des usagers
s'empêcherait de sensibiliser le commissaire par rapport à une situation qui se
vit actuellement, là. Notre rôle, effectivement, c'est d'encourager l'usager,
le résident, le proche, les membres de famille à déposer la plainte, mais il
n'y a rien qui nous empêche, là, de sensibiliser. C'est fort possible qu'il y a
une famille qui va venir faire une plainte concernant, là, tel geste qui a été
posé ou telle action qui n'a pas été posée. Alors, déjà, le commissaire peut
être en attente de dire : Bien, c'est fort possible qu'au niveau de cette installation-là,
je vais recevoir une plainte.
Mme Sauvé : Je vous entends très
bien, puis ça me rassure. Avec votre réponse, vous me rassurez, mais, en même
temps, vous dites : On ne s'empêchera pas, ils ne s'empêcheront pas de le
faire. Est-ce qu'on pourrait aller plus loin et dire : On souhaiterait
qu'ils le fassent? Parce que, dans les faits, je reviens là-dessus, puis pour
avoir été une grande partie de ma vie en intervention, c'est sûr que ce lien
significatif là qui doit se transférer, il est essentiel pour la confiance de
l'aîné qui vit une situation difficile. Alors, est-ce que vous ne souhaitez pas
qu'il y ait ce lien-là presque obligatoire de dire : On amène la famille,
via le comité d'usagers, de résidents, à rencontrer, à parler au commissaire. Est-ce
qu'il n'y a pas un lien vraiment souhaité, plus que ne pas s'empêcher de le faire?
M. Ménard (Claude) : Je
serais entièrement d'accord avec cette façon de procéder, mais il faut tenir
compte qu'un comité de résidents, ce sont des bénévoles. Un comité de résidents
avec un budget de 1 000 $ par année ne peut pas s'embaucher une personne-ressource
pour, dans le fond, jouer ce rôle-là, tu sais. Par rapport au comité des
usagers, dans le gros établissement, au niveau de la santé ou dans une mission
de réadaptation, qui a un budget qui est complètement différent, alors eux
peuvent s'embaucher une personne-ressource qui, dans le fond, peut être
présente, là, de façon beaucoup plus régulière ou journalière au niveau de l'installation
que... Demander à des bénévoles d'assurer une permanence sept jours par semaine
dans une installation CHSLD, je pense que c'est beaucoup demander au niveau des
bénévoles.
Mme Sauvé : Est-ce que j'ai
encore du temps, M. le Président?
Le Président (M. Provençal)
: Oui, il vous reste 5 min 30 s.
Mme Sauvé : Bien heureuse.
Merci. Vous avez mis, dans vos recommandations, l'évaluation de l'impact de ce projet
de loi, et je trouve ça très important, parce que, malgré la bonne volonté de
vouloir réviser le processus, il y aura des mécanismes qui seront prévus qui
s'ajouteront à ce qui se fait déjà, il y aura... Puis, au coeur du projet de
loi, on s'entend qu'il y a toute la notion de neutralité, il y a toute la question
d'uniformité aussi. Ça pourrait être quoi, les indicateurs de mesures? Qu'est-ce
qui pourrait faire en sorte que vous dites : On a un projet de loi qui est
concluant, ça va donner un impact positif? Je voudrais vous entendre là-dessus.
Mme Gagné (Patricia M.) :
Bien, je pense que des statistiques sur la hausse du nombre de plaintes en
CHSLD privés, déjà, ça va être un bon indicateur.
Mme Sauvé : Je voulais
voir... pardon, je me suis étouffée, je voulais voir aussi avec vous le
parcours, le parcours, donc, entre le comité de résidents, d'usagers, le
commissaire local. Ça, on en a parlé, on a parlé aussi du 45 jours. Vous,
est-ce que vous craignez vraiment qu'il va y avoir un alourdissement? Parce
que, là, on est en train de confier, dans le fond, vraiment... puis vous n'êtes
pas entré dans la question de la pénurie, je vous ai bien entendu, mais il n'en
reste pas moins que, dans la réalité, on va confier à des commissaires locaux
publics, du réseau public, donc, un mandat additionnel, alors qu'il y a déjà
des délais qui ne sont pas respectés. Je veux revenir, là, sur la notion de
crainte de l'alourdissement. Il ne faudrait surtout pas que ça se prolonge.
Mme Gagné (Patricia M.) :
Bien, c'est sûr qu'il ne faudrait pas que ça se prolonge. Mais, en tout cas,
moi, je suis rassurée avec la réponse de la ministre, là, qui a bon espoir
que... en fait, qui fait en sorte que les délais ne se rallongent pas, mais
même se rétrécissent avec l'ajout de...
Mme Gagné (Patricia M.) :
...bien, c'est sûr qu'il ne faudrait pas que ça se prolonge. Mais, en tout cas,
moi, je suis rassurée avec la réponse de la ministre, là, qui a bon espoir
que... en fait, qui fait en sorte que les délais ne se rallongent pas, mais
même se rétrécissent avec l'ajout de commissaires.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va? Je vais maintenant céder la parole à la députée de Taschereau.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. Je suis curieuse. Dans votre mémoire, vous dites : Les
commissaires seraient donc... Vous suggérez que les commissaires pourraient ne
plus être des employés d'un établissement qui dispense des services, mais des
employés de l'État. Est-ce qu'un peu comme les intervenants qui étaient là
avant vous, dans l'idéal, ce serait des personnes nommées par l'État un peu
comme le Protecteur du citoyen ou est-ce que là, ce ne serait pas nécessaire
d'aller jusque là? C'est quoi votre avis?
Mme Gagné (Patricia M.) :
Oui, bien, nous, en fait, justement, lorsqu'on discutait des positions, là, du
regroupement, on pensait à une organisation comme le Curateur public, ce n'est
pas dans son mandat, ou Protecteur du citoyen, effectivement, donc aussi
autonome et indépendante que ça.
Mme Dorion : Ça serait le
degré d'autonomie et d'indépendance idéal, là, qui serait...
Mme Gagné (Patricia M.) :
Oui. Oui.
Mme Dorion : Et, est-ce que...
On parle beaucoup du fait de... du manque d'information ou d'à quel point
l'information quant aux plaintes ne se rend pas jusqu'aux bénéficiaires. Est-ce
que ça serait une bonne idée d'inclure dans la description de tâches du
commissaire de se rendre ponctuellement sur les lieux... de se rendre et de
parler voire faire la tournée un peu des usagers de façon indépendante, là,
pour aller tâter le pouls un peu, étant donné que pour beaucoup d'usagers,
juste l'idée de se plaindre est très loin dans leur esprit malgré le fait
qu'ils vivent des abus parfois.
Mme Gagné (Patricia M.) :
Bien, ça peut être intimidant pour une personne aînée de voir arriver le
commissaire aux plaintes. Je pense que donner plus de moyens et de ressources
aux comités de résidents en place, ça serait déjà une bonne amélioration
pour... parce que ce sont eux qui ont une proximité régulière avec les
résidents. Donc, ils sont en mesure aussi de créer un lien de confiance et de
faire le lien avec le commissaire comme on disait tout à l'heure.
Mme Dorion : O.K. merci
beaucoup.
Mme Gagné (Patricia M.) :
Plaisir.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je vais céder la parole maintenant au député de
Rimouski.
M. LeBel : Merci, M. le
Président. Bonjour. Je vais aller dans le même sens que ma collègue. Parce que
là, tantôt, il y avait... je pense qu'il y avait... ce n'était pas très clair.
Dans votre mémoire, là, pourtant c'est bien dit : «Nous proposons une
neutralité balisée des commissaires aux plaintes et à la qualité des services,
et que ceux-ci relèvent dorénavant d'une organisation indépendante des CISSS ou
des CIUSSS, cette organisation étant du ressort du ministère de la Santé et des
Services sociaux». Bref, vous voulez que ça soit indépendant des CISSS, des
CIUSSS et du ministère, indépendant complètement. Pourquoi vous arrivez à cette
conclusion-là? Est-ce que vous avez des exemples qui nous disent que ça ne peut
pas marcher quand un commissaire aux plaintes est attaché aux CISSS, aux CIUSSS
ou au ministère?
M. Ménard (Claude) : Par
bris... pour ne pas faire de bris de confidentialité, je ne me permettrai pas
de présenter des situations, là, question d'identifier soit des personnes ou
des actions qui ont été posées. Mais, un, qu'une personne dépose une plainte,
le, la commissaire demande un délai, et après 120 jours, émet son rapport
en disant : Aucune recommandation. Il y a une insatisfaction de cette
personne-là, s'en va en deuxième instance, au niveau du Protecteur, et un an et
demi après le 90 jours, on dit : Monsieur, madame, vous aviez
entièrement raison. Et on demande à l'établissement de rétablir, là, telle,
telle, telle chose. Alors, c'est quasiment deux ans, là. Alors, pour nous,
c'est inconcevable, là, tu sais. Et si on s'attarde plus en fonction de CHSLD,
la plupart des gens qui arrivent en CHSLD aujourd'hui, après deux ans, ils ne
sont plus là, là.
M. LeBel : O.K. Mais, pour
vous, c'est clair, les commissaires aux plaintes ne doivent pas relever du
ministère de la Santé et des Services sociaux.
M. Ménard (Claude) : C'est la
recommandation qu'on émet. Dans toute éventualité où cette recommandation-là
n'est pas retenue, je pense que la suggestion de la ministre est intéressante.
Mais je vais en ajouter une recommandation, que dans un délai de deux ans,
qu'on puisse évaluer le rôle de cette personne-là, et s'il y a place à
l'amélioration au niveau du régime, bien, qu'on aille de l'avant.
M. LeBel : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vous remercie pour votre participation à nos
travaux.
La commission suspend ses travaux... après
les affaires courantes, vers 15 h 30. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
M. Ménard (Claude) : ...au
niveau du régime, mais qu'on aille de l'avant.
M. LeBel : Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je vous remercie pour votre participation à nos
travaux.
La commission suspend ses travaux... après
les affaires courantes, vers 15 h 30. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Provençal)
: Bonjour, tout le monde. La Commission de la santé et des
services sociaux reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la
salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 52, Loi
visant à renforcer le régime d'examen des plaintes du réseau de la santé et des
services sociaux notamment pour les usagers qui reçoivent des services des
établissements privés. Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : le Protecteur du citoyen, la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec et la Fédération des centres d'assistance et
d'accompagnement aux plaintes.
Comme la séance a commencé à
15 h 37, j'ai besoin consentement pour que nous puissions poursuivre
nos travaux jusqu'à 17 h 52 afin de pouvoir donner le temps requis
aux groupes qui viennent nous visiter. Consentement?
Une voix
: Oui.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Maintenant, je
souhaite la bienvenue au Protecteur du citoyen. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
à commencer votre exposé. Je vous cède la parole.
Mme Rinfret (Marie) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants,
Mmes, MM. les députés, membres de la commission, je me présente, Marie Rinfret,
Protectrice du citoyen. Je suis accompagnée cet après-midi, à ma droite, de M.
Claude Dussault, vice-protecteur aux Services aux citoyens et aux usagers, et
de M. Nicolas Rousseau, coordonnateur des enquêtes du secteur Soutien à
l'autonomie des personnes âgées à la Direction des enquêtes en santé et
services sociaux.
Je remercie la Commission de la santé et
des services sociaux de nous avons invités à participer aux consultations sur
le projet de loi n° 52. Je souhaite rappeler que le Protecteur du citoyen
intervient principalement en deuxième recours auprès des instances du réseau de
la santé et des services sociaux. Nous agissons habituellement à la suite des
conclusions du commissaire aux plaintes et à la qualité des services de l'établissement
dans lequel les usagers et les usagères ont obtenu les services qui font
l'objet de leur insatisfaction.
Nous pouvons aussi toujours intervenir au
premier niveau à la suite d'un signalement par un tiers ou de notre propre initiative.
C'est ainsi que nous veillons au respect des droits des personnes dans le réseau
de la santé et des services sociaux.
• (15 h 40) •
Le régime d'examen des plaintes de ce
réseau revêt une grande importance pour la population. En effet, il constitue
un moyen d'assurer le respect de leurs droits et d'obtenir une amélioration
constante de la qualité des soins...
Mme Rinfret (Marie) : ...dans
le réseau de la santé et des services sociaux.
Le régime d'examen des plaintes de ce
réseau revêt une grande importance pour la population. En effet, il constitue
un moyen d'assurer le respect de leurs droits et d'obtenir une amélioration
constante de la qualité des soins et des services qui y sont dispensés.
D'entrée de jeu, je souscris entièrement
aux objectifs du projet de loi n° 52, qui vise le renforcement du régime
d'examen des plaintes du réseau de la santé et des services sociaux. Je suis en
effet d'avis qu'il devrait favoriser l'indépendance des commissaires aux
plaintes et à la qualité des services et accroître la protection des personnes
aînées en situation de vulnérabilité.
Toutefois, je souhaite vous faire part de
certaines préoccupations relatives à des dispositions particulières de ce projet
de loi. J'aborderai aussi le rôle du commissaire-conseil dont la création a été
annoncée en parallèle du dépôt du projet de loi n° 52.
Rappelons d'abord que le projet de loi
prévoit qu'en premier recours, les plaintes et les signalements des personnes
hébergées dans les CHSDL privés seraient dorénavant examinés par les commissaires
aux plaintes et à la qualité des services ou par les médecins examinateurs des centres
intégrés des services... des centres intégrés de santé et de services sociaux
et des centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux plutôt
que par ceux des établissements privés, comme c'est le cas actuellement.
Ce sont 91 établissements privés qui
sont visés par le projet de loi n° 52. À titre indicatif, entre le
1er avril 2019 et le 31 janvier 2020, soit sur une période de
10 mois, le Protecteur du citoyen a traité 61 motifs de plaintes et
de signalements concernant des CHSLD privés. Cela représente environ 25 %
du nombre total de motifs de plaintes et de signalements traités dans des
milieux de type CHSLD. 36 % des plaintes ou signalements visant les CHSLD
privés étaient fondés.
À l'occasion de signalements ou d'enquêtes
de notre propre initiative, nous avons constaté que, dans certains cas, les
CHSLD privés n'ont même pas de commissaire, et ce, malgré leur obligation
légale d'en désigner un. Et, lorsqu'il y en a un, la petite taille de certains
établissements privés peut donner à certaines personnes une impression de
proximité avec la direction.
Nous y avons aussi constaté que des établissements
privés ne prenaient que peu ou pas de mesures pour informer les personnes qui y
résident ou même leurs proches de la possibilité de formuler une plainte. À cet
égard, le projet de loi n° 52 prévoit une obligation pour les établissements
privés d'informer les personnes hébergées et leurs représentants légaux à
propos du régime d'examen des plaintes.
Le Protecteur du citoyen s'en réjouit,
mais je souligne qu'il sera essentiel de bien faire connaître, à toutes les
personnes concernées dans chaque établissement privé, la possibilité de déposer
une plainte au commissaire aux plaintes et la qualité des services du centre
intégré de santé et de services sociaux ou du centre intégré universitaire de
santé et de services sociaux du territoire où est situé cet établissement, la
procédure de traitement de cette plainte, ainsi que la possibilité de
s'adresser au Protecteur du citoyen si l'insatisfaction demeure ou, à défaut
d'une réponse, dans les 45 jours du dépôt de la plainte.
Une disposition transitoire, soit à l'article 11
du projet de loi, prévoit que le délai maximal de 45 jours inscrit dans la
loi sur la santé et les services sociaux pour le traitement des plaintes auprès
du commissaire ou du médecin examinateur du CISSS ou du CIUSSS qui a compétence
recommencerait à courir à compter de la date de l'entrée en vigueur de
l'article 1 du projet de loi n° 52. Je rappelle
que la loi sur la santé et les services sociaux prévoit que le défaut du
commissaire de communiquer ses conclusions dans ce délai de 45 jours donne
la possibilité d'un recours auprès du Protecteur du citoyen.
Pour assurer une transition harmonieuse et
équitable du régime d'examen des plaintes, les commissaires aux plaintes et à
la qualité des services des CISSS et... ou des CIUSSS qui auront compétence
devront prendre les mesures nécessaires afin de répondre aux personnes
plaignantes le plus tôt possible à l'intérieur du nouveau délai de
45 jours, compte tenu du temps déjà écoulé. De plus, j'estime essentiel
que les commissaires aux plaintes et à la qualité des services des CISSS et des
CIUSSS informent par écrit les personnes touchées du transfert de leurs
dossiers, de ses effets, notamment sur le nouveau délai, et de leurs droits, et
ce, dès la réception de leur dossier. J'en fais une recommandation.
La présentation du projet de loi n° 52
s'est également accompagnée d'une annonce visant la création d'un...
Mme Rinfret (Marie) : ...par
écrit les personnes touchées du transfert de leur dossier et ses effets,
notamment sur le nouveau délai, et de leurs droits, et ce, dès la réception de
leur dossier. J'en fais une recommandation.
La présentation du projet de loi n° 52,
ça a été également accompagné d'une annonce visant la création d'un poste de
commissaire-conseil au sein du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le Protecteur du citoyen salue l'arrivée de ce nouvel interlocuteur. Je
souligne cependant la nécessité de respecter en tout temps l'indépendance des
commissaires aux plaintes et à la qualité des services.
Ma préoccupation à cet égard concerne le
fait qu'en relevant administrativement du ministère, le commissaire-conseil
pourrait être placé dans une situation délicate entre son devoir de loyauté et
le respect de l'indépendance des commissaires, qui leur permet d'exercer leurs
fonctions en toute impartialité. Il devra donc faire preuve de doigté pour
maintenir cet équilibre afin que la création de cette fonction de
commissaire-conseil soit l'occasion de réaffirmer l'indépendance et de garantir
l'autonomie de fonction des commissaires aux plaintes et à la qualité des
services dans le traitement des plaintes.
En somme, le Protecteur du citoyen
souscrit aux objectifs poursuivis et accueille favorablement le renforcement
proposé du régime d'examen des plaintes.
Les constats et les préoccupations que je
vous présente aujourd'hui visent à bonifier le projet de loi n° 52 afin de
renforcer ce régime ainsi que l'indépendance de la fonction de Commissaire aux
plaintes et à la qualité des services. Enfin, un fort leadership du
commissaire-conseil sera nécessaire et devra s'exercer dans le respect de
l'indépendance des Commissaires aux plaintes et à la qualité des services.
Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Nous débutons
maintenant la période d'échange. Mme la ministre, je vous cède la parole.
Mme Blais (Prévost) : Merci
beaucoup, M. le Président, j'aurai trois courtes questions. Je vous remercie
Mme Rinfret, M. Dussault, M. Rousseau, pour ce mémoire, qui me
réconforte beaucoup dans ce projet de loi n° 52. Mon collègue de Rimouski
a déposé un projet de loi récemment, demandant un Protecteur du citoyen pour...
Protecteur pour les aînés. Croyez-vous que le Protecteur du citoyen couvre
justement la question du Protecteur des aînés?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, bien sûr que le Protecteur du citoyen a non seulement compétence en ce
qui concerne tous les services qui peuvent être offerts dans le réseau de la
santé et des services sociaux, mais également en ce qui concerne les services
publics offerts par les ministères et les organismes. Cette double compétence,
je vous dirais, nous permet donc de régler des dossiers de plaintes qui
pourraient nous venir de personnes aînées, par exemple, visant tant Retraite
Québec qu'un service offert dans un CHSLD, par exemple.
Donc, à cet égard-là, je considère que
nous... en raison de la mission des mandats qui nous sont confiés, tant en
vertu de la Loi sur le Protecteur du citoyen qu'en vertu de la Loi sur le
Protecteur des usagers dans le réseau de la santé et des services sociaux, que
nous sommes une institution tout à fait, je vous dirais, adaptée ou justifiée pour
faire en sorte que les droits des personnes âgées, aînées, nos aînés soient
respectés, tant dans le réseau de la santé et des services sociaux qu'à l'égard
des ministères et des organismes publics.
Mme Blais (Prévost) : Mme la
Protecteur du citoyen, vous saluez aussi l'arrivée d'un commissaire-conseil,
mais en même temps, vous nous mettez en garde parce que le commissaire-conseil
serait au ministère de la Santé et des Services sociaux. Avez-vous une idée où
vous placeriez ce commissaire-conseil ou comment il pourrait avoir un peu plus
d'indépendance?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, je mets en garde et l'objectif qui est visé... parce que je n'ai pas
de solution comme telle, sinon que, peut-être, le placer dans l'organigramme du
ministère, un peu comme le Commissaire à la santé et au bien-être. Maintenant,
au-delà de ça, ma préoccupation est vraiment de faire en sorte qu'il n'y ait
pas... et qu'il n'y ait pas apparence également d'ingérence du
commissaire-conseil dans le traitement des plaintes. À cet égard-là, nous avons
pris connaissance de la description d'emploi du commissaire-conseil qui était
proposée, et à ce titre-là, la prudence sera de mise dans les interventions que
pourra faire le commissaire-conseil à l'égard des commissaires aux plaintes et
à la qualité des services.
• (17 h 50) •
Mme Blais (Prévost) :
J'aimerais vous...
Mme Rinfret (Marie) :
...emploi du commissaire-conseil qui était proposé. Et, à ce titre-là, la
prudence sera de mise dans les interventions que pourra faire le commissaire-conseil
à l'égard des commissaires aux plaintes et à la qualité des services.
Mme Blais (Prévost) :
J'aimerais vous rassurer parce qu'on ne veut pas qu'il y ait de conflit entre
les deux. C'est surtout pour harmoniser les pratiques, pour aider à la communication,
pour faire en sorte que partout sur le territoire du Québec dans les établissements
on puisse offrir la même qualité de soins et de services par le biais des
commissaires aux plaintes et à la qualité des services.
Et en terminant, ce matin, on a entendu
des personnes qui disaient que ce serait bien mieux que les commissaires aux
plaintes et à la qualité des services relèvent du ministère de la Santé et des
Services sociaux plutôt que des CISSS, et des CIUSSS, des établissements, et
des conseils d'administration. Quel est votre point de vue là-dessus.
Mme Rinfret (Marie) : À cet
égard-là, et ce n'est pas la première fois que je vais énoncer cette position
devant vous, les parlementaires, les commissaires aux plaintes et à la qualité
des services, en étant désignés par le conseil d'administration des CISSS et
des CIUSSS et en relevant des conseils d'administration, leur donnent somme
toute une indépendance par rapport à l'administration, par rapport aux établissements
qui sont sous la responsabilité du CISSS ou du CIUSSS.
Je vous dirais que l'ajout de l'article 30.1,
également, dans le projet de loi n° 52, qui vient ajouter des conditions,
en fait, qui viennent garantir l'absence de conflit d'intérêts du commissaire par
rapport à l'établissement qui pourrait être sous sa compétence nous offre également
des garanties qui nous permettent, ma foi, d'être rassurés quant à
l'indépendance des commissaires.
Par ailleurs, je tiens à vous dire également
qu'à titre de Protecteur du citoyen nous sommes compétents pour recevoir toutes
plaintes qui viseraient un commissaire aux plaintes et à la qualité des
services. Donc, à ce titre-là... Et nous en avons à l'occasion. Et, à ce
titre-là, on fait les recommandations qui s'imposent pour corriger le préjudice
s'il y avait préjudice ou encore on opère une médiation entre les parties pour
s'assurer qu'effectivement non seulement y a-t-il une indépendance de la part
du commissaire aux plaintes et à la qualité des services, mais que cette indépendance-là,
elle est bien comprise de la part de la partie plaignante.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée de Lotbinière-Frontenac, vous m'avez
signifié votre intention de poser des questions.
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac) :
Bonjour. J'aimerais ça que vous nous parliez un petit peu plus de
l'indépendance de la fonction de commissaire puis favoriser de manière adéquate
l'indépendance de la fonction du commissaire aux plaintes. J'aimerais que ça
que vous élaboriez là-dessus.
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, encore une fois, le fait que le commissaire aux plaintes et à la
qualité des services soit nommé par le conseil d'administration, qu'il relève
du conseil d'administration, qu'on ait dans le cadre du projet de loi
n° 52 ajouté l'article 30.1 qui vient donner les qualités nécessaires aux
personnes pour agir comme commissaire aux plaintes, ça nous donne, nous, les
garanties suffisantes pour asseoir l'indépendance de cette personne dans le
traitement des plaintes, notamment des CHSLD privés.
Il y a un élément également qui permet à
toutes personnes qui seraient insatisfaites de la décision rendue par le
commissaire aux plaintes ou encore qui jugeraient que le conseil
d'administration n'apporte pas... ou encore que l'établissement visé par les
recommandations du commissaire n'y accorde pas suffisamment d'intérêt pour
mettre en oeuvre ses recommandations, toutes personnes peuvent nous transmettre
leurs plaintes à cet égard-là. Et, d'entrée de jeu, le Protecteur du citoyen
non seulement... En fait, on a une compétence de regarder cette plainte-là non
pas avec l'enquête qui a pu être faite par le commissaire aux plaintes, mais on
ouvre un dossier qui nous est propre. Et on va recueillir les faits, bien sûr,
auprès du commissaire aux plaintes et à la qualité des services qui a fait
enquête, mais tous faits qui seraient pertinents à émettre... à poser
nous-mêmes notre jugement et à émettre les recommandations nécessaires le cas
échéant.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la ministre...
Mme Rinfret (Marie) : ...et on
va recueillir les faits, bien sûr, auprès du commissaire aux plaintes et à la
qualité des services qui a fait enquête, mais tout fait qui serait pertinent à
émettre... à poser nous-mêmes notre jugement et à émettre les recommandations
nécessaires, le cas échéant.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Oui. Mme
la Protectrice du citoyen, je crois que, d'un point de vue de perception
perceptuelle, il y a des personnes qui sont inquiètes parce que les P.D.G. des
CISSS et des CIUSSS siègent au conseil d'administration et on demande à ce que
le P.D.G. ou le P.D.G.A. soit à l'extérieur du conseil d'administration.
Pensez-vous que si le commissaire aux plaintes, lorsqu'il fait son exposé
devant le conseil d'administration, devrait demander au président-directeur
général... ou de sortir de la salle pour que le commissaire aux plaintes se
sente encore mieux... plus à l'aise d'exprimer ce qu'il ressent, ce qu'il vit,
ce qu'il...
Mme Rinfret (Marie) : Oui.
Bien, ma réponse, ce sera la même que celle de tout à l'heure. Le commissaire
aux plaintes à la qualité des services ne relève pas du P.D.G., il relève du
conseil d'administration.
Mme Blais (Prévost) : ...
Mme Rinfret (Marie) : Oui. Il
relève du conseil d'administration, du CISSS ou du CIUSSS. Donc, à cet
égard-là, toute personne du conseil d'administration qui pourrait se sentir en
conflit d'intérêts par rapport aux recommandations du commissaire aux plaintes
et à la qualité des services, bien, aura l'obligation de dénoncer soit ce
conflit d'intérêts là ou de sortir lors de la présentation. Mais le P.D.G. n'a
pas d'autorité sur le commissaire aux plaintes et à la qualité des services.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, M. le Président. Mme Rinfret, après lecture du p.l. n° 52,
quelle serait la bonification à apporter?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, on en a... il y en a une particulièrement, là, pour laquelle je fais
une recommandation et qui est de modifier la disposition transitoire pour y
ajouter une obligation pour les commissaires aux plaintes et à la qualité des
services d'informer par écrit les parties plaignantes de leurs nouveaux droits
pour bien leur expliquer la transition entre l'ancien régime et le nouveau. Ça,
c'est une mesure que nous proposons.
Maintenant, dans le cadre du projet de
loi, mes préoccupations sont de faire en sorte que soit sauvegardée
l'indépendance du commissaire aux plaintes et à la qualité des services dans le
traitement des plaintes. Et à ce titre-là, pourquoi cette indépendance, elle est
si importante? C'est pour garantir aux personnes qui vivent une insatisfaction
en l'espèce, dans les CHSLD privés, d'avoir la garantie que le traitement de
leurs plaintes va être fait de manière impartiale. Et donc, à ce titre-là, il
faut que le commissaire aux plaintes ait les coudées franches pour examiner
leurs dossiers et l'examinent en toute impartialité.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Est-ce qu'il y a d'autres interventions de la
part... des questions?
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : ...
Le Président (M. Provençal)
: Oui, Mme la députée de Lotbinière.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Vous parlez du commissaire-conseil, qu'il
exerce un fort leadership, mais tout en respectant l'indépendance des
commissaires aux plaintes. Donc, j'aimerais que vous élaboriez là-dessus.
Mme Rinfret (Marie) : Vous
savez, l'apparence de non-ingérence est aussi importante que la non-ingérence.
Et à ce titre-là, la position du commissaire-conseil à l'égard des commissaires
aux plaintes et à la qualité des services doit en être une de grande prudence
pour ne pas intervenir dans le traitement d'une plainte qui serait soumise à
l'attention d'un commissaire aux plaintes et à la qualité des services.
• (16 heures) •
Alors, en ce sens-là, on salue l'arrivée
de ce commissaire-conseil parce qu'il peut apporter, au ministère, au réseau,
des éléments systémiques d'amélioration dans le traitement des plaintes, mais
on ne veut pas, et ce, d'aucune façon, qu'il puisse, d'une manière ou d'une
autre, s'ingérer dans le traitement d'un dossier soumis à un commissaire aux
plaintes et à la qualité des services...
16 h (version non révisée)
Mme Rinfret (Marie) : …dans le
traitement des plaintes, mais on ne veut pas, et ce, d'aucune façon, qu'ils
puissent, d'une manière ou d'une autre, s'ingérer dans le traitement d'un
dossier soumis à un commissaire aux plaintes et à la qualité des services.
Mme Blais (Prévost) : Une fois
de plus, Mme la protecteur, je vais vous rassurer, ça ne fera pas partie du
rôle du commissaire aux plaintes. Ce matin, on a entendu différentes personnes
nous dire que le délai de 45 jours, c'était trop long, et que, même,
parfois, ça dépassait 45 jours. On nous a proposé 15 jours. Vous avez
beaucoup d'expérience. Est-ce que vous trouvez que 15 jours, c'est trop
court? Est-ce que vous trouvez que 45 jours, c'est un délai raisonnable?
J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Rinfret (Marie) : Moi,
j'ai envie de vous répondre là-dessus que, le 45 jours, c'est un délai
maximal. Dans la loi, c'est comme ça, et ça veut donc dire qu'un dossier qui
peut être traité à l'intérieur de cinq jours devrait être traité dans un délai
de cinq jours. Vous savez, quand on reçoit chez nous… Je vous ai parlé de mon
pouvoir d'enquête de notre propre initiative, quand on reçoit des signalements
de la part d'un tiers, par exemple, qui juge qu'une situation dans un CHSLD
privé serait préjudiciable par rapport aux usagers et aux usagères… nous en
fait état, bien, nous évaluons immédiatement, par le biais d'une préenquête, si
nous devons intervenir. Et au cas où, effectivement, la situation est urgente,
on y va immédiatement et on règle le dossier le plus rapidement possible pour
faire en sorte que la situation préjudiciable soit corrigée. Il doit en être de
même pour les commissaires aux plaintes et à la qualité des services à qui on
dépose des plaintes. J'imagine qu'ils doivent établir un ordre de priorité et,
conséquemment, à l'intérieur du délai qui ne peut dépasser 45 jours,
prioriser les dossiers et intervenir le plus rapidement possible, lorsque c'est
nécessaire.
Maintenant, j'ajouterai que, lorsque le
délai de 45 jours est dépassé, on peut, nous, déposer une plainte, ce qui
arrive, et, dès lors, nous, on prend contact. Avant d'ouvrir le dossier, on
prend contact avec le commissaire aux plaintes et à la qualité des services
pour vérifier avec lui s'il est sur le point de rendre sa décision, auquel cas,
on rappelle la personne qui a porté la situation à notre attention. On lui
explique qu'il devrait recevoir sa décision dans les jours qui suivent et que,
s'il ne l'a pas, bien, ma foi, qu'il fasse… qu'il nous rappelle à nouveau, et
là, on va intervenir.
Donc, je vous dirais, ce qui est
extrêmement important, dans tout ça, c'est de gérer les attentes des personnes
qui déposent des plaintes, leur expliquer, leur dire où on en est rendus dans
un dossier. Nous, c'est comme ça qu'on procède quand les gens nous soumettent
un signalement ou une plainte, on leur indique le délai de traitement, on les
tient informés au fur et à mesure de nos enquêtes, et généralement les gens
sont satisfaits.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à
Mme la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci, M. le
Président. Alors, bon après-midi. Merci à vous, Mme Rinfret, M. Dussault,
M. Rousseau, pour votre présentation et toute la réflexion que vous avez
faite. J'ai beaucoup apprécié, entre autres… parce qu'évidemment le projet de
loi, il est issu d'une préoccupation et d'un état de situation, donc quand vous
nous nommez les 61 motifs de plainte, la réalité des CHSLD privés, tout
ça, alors, pour moi, ça constitue un peu les éléments du portrait qui font en
sorte qu'on est devant ce projet de loi.
Moi, la question que je vais avoir… puis
il y a eu beaucoup de questions précédentes qui ont permis de clarifier
certains de vos propos, mais moi, je reste encore préoccupée, entre autres, par
rapport à la notion de transition, les mesures transitoires. À partir de moment
où ce projet de loi… les règles auront changé, la gouvernance aura changé. On
s'entend, évidemment, puis j'en ai parlé ce matin de ma préoccupation, à
savoir : Les gens auront-ils toujours peur de dénoncer, même si la loi
existera? Je sais que vous avez nommé, dans votre mémoire, des mesures
transitoires. Vous avez nommé, entre autres, le transfert du dossier, ça, c'est
absolument important. Vous avez nommé aussi des campagnes d'information, mais
est-ce que vous pensez que ça va être suffisant? Parce qu'en même temps il va
falloir évaluer le projet de loi, voir les impacts, et, si les comportements
n'ont pas changé au-delà des actions qui seront…
Mme Sauvé : ...vous avez nommé
aussi des campagnes d'information. Mais est-ce que vous pensez que ça va être
suffisant? Parce qu'en même temps, il va falloir évaluer le projet de loi, voir
les impacts, et, si les comportements n'ont pas changé, au-delà des actions qui
seront dans cette loi, bien, finalement, on n'est pas plus avancés.
Alors, moi, je suis... je trouve
intéressant ce que vous proposez, mais la question que j'aimerais vous
poser : Est-ce qu'on ne peut pas aller plus loin, alors qu'on a entendu,
pas plus tard que ce matin, d'autres mesures, d'autres suggestions? Est-ce
qu'on ne devrait pas aller un petit peu plus loin dans les mesures
transitoires?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, pour moi, quand vous parlez d'un besoin d'informations, j'ai envie de
vous dire que ça ne devrait pas être transitoire. Des... Un besoin
d'informations... L'information, ça doit être continu. On doit constamment
informer les personnes qui sont... qui résident notamment dans les CHSLD
privés, mais également leurs proches, de leurs droits et également de leur...
de la façon qu'ils ont pour les exercer, ces droits-là. Donc, à savoir,
d'entrée de jeu, de déposer une plainte à un commissaire aux plaintes et à la
qualité des services. Également, on parle, si vous n'êtes pas satisfait de la
décision du commissaire aux plaintes et à la qualité des services, le recours
au Protecteur du citoyen.
Un élément qu'il est intéressant que vous
sachiez, c'est que présentement, dans la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, dès le moment où un commissaire aux plaintes et à la qualité
des services rend une décision à une personne qui a déposé une plainte, il doit
l'informer du deuxième recours au Protecteur du citoyen. Donc, à cet égard-là,
l'information, elle est connue de la personne qui dépose une plainte.
Malgré cela, vous avez raison de faire
état de crainte de représailles. Il faut donc agir en amont également. Et à ce
titre-là, dans le projet de loi n° 52, on prévoit, au
comité de vigilance et à la qualité... je pense que...
Une voix
: ...et de la
qualité.
Mme Rinfret (Marie) : ...et
de la qualité, on ajoute une personne. En fait, il y aura maintenant deux
personnes d'un établissement du réseau public qui vont siéger au comité de
vigilance et de qualité. Donc, ça, pour nous, c'est une plus-value parce que ça
va permettre aux personnes, notamment des CISSS ou du CIUSSS, d'agir de manière
proactive par rapport à des situations qui pourraient être portées à
l'attention du comité de vigilance — je vais l'appeler comme ça, tout
simplement, là — et donc leur permettre d'intervenir d'une manière
plus adéquate, et donc de manière plus proactive par rapport à des situations
qui pourraient être portées à leur attention, ce qu'ils n'ont pas
nécessairement actuellement.
Parce que dans... ça, c'est un des
constats qu'on a également... dans ces CHSLD privés, qui sont souvent des
petites installations, il n'y a pas nécessairement de comité de vigilance et de
qualité. Alors, nous, là-dessus, on souhaite qu'il y ait une mise en place de
ces comités, lorsqu'ils n'existent pas, et, lorsqu'ils existent, que leur
fonctionnement soit très, je dirais, efficient, dans la mesure où c'est là un
endroit où on peut s'assurer, lorsque, notamment, il y a des ententes de
services entre les CHSLD privés et les CIUSSS, que les personnes qui y sont,
qui y résident obtiennent les soins dont elles ont besoin, compte tenu de leur
situation.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Vimont.
M. Rousselle : Merci. Merci,
madame, merci, messieurs, d'être ici, premièrement, puis merci de votre
mémoire, que j'ai regardé vraiment. Écoutez, c'est la première fois que je vais
être d'accord avec mon collègue de Rimouski concernant l'indépendance, mais...
pour les commissaires. Écoutez, on parlait tantôt avec le conseil de la
protection des malades, qui disait : Allez au-devant des usagers. Vous le
savez comme moi, les personnes âgées, bien souvent, qui n'ont pas de famille,
donc, sont comme démunies et bien souvent, les personnes âgées, vous devez le
savoir, justement, sont comme intimidées devant les procédures. Donc, est-ce
que vous avez regardé ce côté-là?
• (16 h 10) •
Parce que c'est bien beau mettre de
l'indépendance, et tout, là, mais ces gens-là, qui ont besoin d'assistance…
Puis des fois, vous le dites, là, il n'y a même pas de commissaire assigné,
justement, à certaines résidences ou encore... trop petites, et puis bien
souvent…
M. Rousselle : …devant les
procédures. Donc, est-ce que vous avez regardez ce côté-là? Parce que c'est
bien beau, mettre l'indépendance et tout, là, mais ces gens-là, qui ont besoin
d'assistance… Puis, des fois, vous le dites, là, il n'y a même pas de commissaire
assigné justement à certaines résidences, ou encore elles sont trop petites, et
puis, bien souvent, ça… En tout cas, ils sont vraiment intimidés. Est-ce que
vous avez regardé ce côté-là?
Mme Rinfret (Marie) : D'abord,
un, vous avez raison de souligner l'importance d'intervenir en amont. Il y a au
sein de ces installations, de ces établissements des comités des usagers. Il y
a également les centres d'accompagnement et d'assistance aux plaintes qui
viennent accompagner les personnes. Donc, à l'intérieur de chaque
établissement, de chaque installation, les personnes qui ont besoin d'être
informées de leurs droits peuvent se tourner vers des regroupements de gens qui
vont les supporter pour bien les diriger, soit pour un dépôt de plainte ou
encore — puis là je pense aux comités des usagers — les aider
dans l'organisation de leur vie au sein de l'établissement ou de
l'installation.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Oui, trois minutes.
Mme Sauvé : Merci, M. le
Président. Je voulais poursuivre avec la notion d'indépendance, et vous en
parlez dans votre mémoire à la page 3. Tantôt, vous en avez parlé, l'indépendance
des commissaires aux plaintes, puis là j'ai un peu une pensée opérationnelle,
là. Comment est-ce que dans les faits on s'assure de l'indépendance? Il y a une
définition qui est prévue au projet de loi qui est, entre autres, bon,
l'absence de relation d'intérêt susceptible de nuire à sa neutralité, les liens
familiaux, les liens financiers. Mais comment, comment on s'assure de ça?
Est-ce que c'est dès le début du mandat, quand la nouvelle loi, si elle est adoptée...
Donc, est-ce que déjà on demande des déclarations d'intérêt dès le départ?
Est-ce qu'on a une définition un peu plus élargie pour s'assurer… Parce que ce
n'est pas très, très... ce n'est pas très poussé comme définition. Alors,
est-ce qu'on va un peu plus loin, au-delà des liens familiaux et des liens
financiers, pour assurer l'indépendance?
Donc, est-ce qu'il y a une déclaration dès
le départ dans le mandat des commissaires aux plaintes, ou bien c'est en cours
de mandat, au fil des décisions, où là le commissaire désigne s'il est en conflit
d'intérêts ou pas? Je voulais voir un peu, là, dans la procédure
l'opérationnalisation de ça.
Mme Rinfret (Marie) : Écoutez,
d'abord, un, comme vous le soulignez, on ajoute l'article 30.1, qui vient
définir, là, les qualités nécessaires puis surtout ce qui donnerait une
non-indépendance, là, et la loi, également, prévoit… la loi sur la santé et les
services sociaux prévoit que le conseil d'administration doit prendre les
mesures pour préserver en tout temps l'indépendance du commissaire qui agit
sous leur autorité dans l'exercice de leurs fonctions. Donc, il y a... sur le
plan législatif, là, je vous dirais, il y a ces mesures-là.
Maintenant, il faut voir dans les établissements
s'il y a un code d'éthique, de déontologie. C'est le type de mesure qui
pourrait renforcer l'indépendance, le cas échéant. En ce qui nous concerne, je
vous dirais que toute mesure qui viendrait appuyer l'indépendance des commissaires
aux plaintes et à la qualité des services, on est toujours favorables, là, à
cela.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Une voix
: ...
Le Président (M. Provençal)
: 32 secondes, oui.
Mme Sauvé : Un commentaire,
simplement.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, allez-y.
Mme Sauvé : Alors, je voulais
juste vous dire que vous avez deviné ma pensée, parce que je trouve ça
intéressant, l'idée d'aller jusqu'à un code d'éthique, alors, simplement.
Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée
de Taschereau.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. Je n'ai pas de question particulière pour nos intervenants à ce
moment-ci. Si vous êtes d'accord, si tout le monde est d'accord, je laisserais peut-être
mon temps au député de Rimouski. Avec deux minutes, on n'a pas le temps souvent
d'aller en profondeur. Donc, ça lui permettrait de le faire.
Le Président (M. Provençal)
:Ça me prend le consentement. Merci.
Alors, la parole est au député de Rimouski.
M. LeBel : On est encore un
peu dans le temps de la Saint-Valentin. C'est important, ça. Merci.
Bonjour. Ce matin, des gens nous parlaient
de l'omerta dans nos... au niveau privé comme public. Selon votre expérience,
ça se traduit comment? Est-ce que vous croyez à ça, qu'il y a un sentiment
d'omerta dans nos institutions?
Mme Rinfret (Marie) : Est-ce
qu'il y a une crainte de représailles? Parce que c'est ce que je décode quand
on parle d'omerta. Je vous dirais que...
M. LeBel : ...votre
expérience, ça se traduit comment? Est-ce que vous croyez à ça, qu'il y a un
sentiment d'omerta dans nos institutions?
Mme Rinfret (Marie) : Est-ce
qu'il y a une crainte de représailles, parce que c'est ce que je décode quand
on parle... quand on parle d'omerta? Je vous dirais que... On n'a pas... Chez
nous, on n'a pas... On n'a pas ce sentiment-là. En fait, quand... Puis il faut
être bien clair aussi, là, quand les gens font appel au Protecteur du citoyen,
ils savent que leur plainte, leur demande ou leur signalement va être traité de
manière confidentielle. Et à ce titre-là, donc, ils ne craignent pas de nous
faire état de la situation qu'ils vivraient ou qu'ils constateraient à
l'intérieur d'un CHSLD privé, par exemple. C'est certain que, si on a un
dossier particulier d'une personne, à ce moment-là, on va... On va lui dire,
nécessairement, que... Bien, on va dévoiler... On va dévoiler son nom, parce
qu'on a besoin de travailler avec l'instance pour savoir... obtenir son
dossier, par exemple, etc. Mais à ce titre-là, la personne sait aussi que si,
dans ce contexte-là, elle est victime de représailles, et ça, on l'a fait
rarement, mais on a dû le faire, nous sommes intervenus auprès soit du ministère
ou soit de l'instance visée pour que cesse toute mesure de représailles, que ce
soit à l'égard d'un membre du personnel ou encore d'un usager ou d'une usagère.
M. LeBel : Parce que,
moi, j'ai participé à l'adoption de la loi visant à lutter contre la
maltraitance, là, il y a deux ans, là. Mais des fois j'écoute, là, puis
j'écoutais les... J'ai l'impression qu'on a des choses où qu'on n'a pas avancé,
là. On disait qu'il manquait d'information, il fallait en donner, qu'il fallait
concerter les groupes et les... le comité d'action aux plaintes, le comité
d'usager. On disait ça il y a deux ans. Qu'est-ce qui s'est passé? Est-ce qu'on
a avancé ou il y a encore des choses à faire? Comment... Comment on arrive,
encore aujourd'hui, à de dire qu'il manque d'information?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez. Et puis c'est pour ça que je répondais sur la question dans un
contexte transitoire. Moi, je vous dirais qu'il faut que ce soit vraiment de
manière continue. Hein, les gens, les résidents des centres d'hébergement et de
soins de longue durée, qu'ils soient publics ou privés, sont là de passage. Il
faut donc que les personnes qui y résident, dès le moment de leur entrée, de
leur arrivée, que...
M. LeBel : C'est toujours à
recommencer.
Mme Rinfret (Marie) : Oui,
c'est toujours à recommencer. Il ne faut pas se lasser de le recommencer, de le
dire à nouveau, de l'expliquer. Quand on se retrouve en situation de penser
devoir déposer une plainte, on se sent souvent victime ou, en tout cas, à tout
le moins, insatisfait du service qu'on a rendu, et à ce titre-là, il ne faut
pas être gêné de déposer une plainte.
M. LeBel : Je comprends
l'idée. Il y a un roulement, ça fait qu'il faut toujours recommencer le travail
de...
Mme Rinfret (Marie) :
Absolument, absolument.
M. LeBel : Le commissaire aux
plaintes... Vous parlez de l'importance du commissaire-conseil, qui va... mais
le commissaire-conseil ne se retrouve pas dans la loi, là. Il n'est pas inscrit
dans la loi, là, son rôle n'est pas précisé. Est-ce que vous pensez qu'on
devrait travailler là-dessus avec la ministre, voir comment on pourrait
préciser le commissaire, le rôle du commissaire-conseil dans la loi pour aider
les commissaires?
Mme Rinfret (Marie) :
Écoutez, ça vous appartient, c'est... Ma réponse sera celle-ci. C'est... Pour
nous, c'est un interlocuteur privilégié pour le ministère, puisque le régime
d'examen des plaintes relève du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Donc, d'avoir un tel interlocuteur, ça ne peut qu'être un bénéfice pour le
ministère.
Le Président (M. Provençal)
: 40 secondes.
M. LeBel : 40 secondes?
L'indépendance. Il faut que je parle d'indépendance. Lors du projet de loi il y
a deux ans, je parlais beaucoup de la maltraitance organisationnelle. On avait
de la misère, du côté gouvernemental, à expliquer que ça... à avouer qu'il
pouvait y avoir de la maltraitance organisationnelle. Mais c'est sûr qu'il y a
de la maltraitance organisationnelle. Là, l'indépendance du commissaire est
importante parce que, s'il manque de préposés, puis on ne donne pas les bons
services, le commissaire, comment il fait pour intervenir contre son propre
ministère ou contre le CISSS? Et c'est là que je trouve qu'il faut absolument
trouver la façon de rendre le commissaire le plus indépendant possible.
• (16 h 20) •
Ce qui me permet aussi de dire
qu'éventuellement... Moi, j'avais déposé un projet de loi pour créer un vrai
Protecteur des citoyens complètement indépendant. Je sais que mon projet de loi
ne sera jamais appelé, là, mais en même temps, ce que je voulais, c'est créer
une réflexion là-dessus. Il y a beaucoup d'aînés, de plus en plus. Dans mon
coin de pays, il y a une personne sur quatre qui a 65 ans et plus. Ils sont
dans des...
M. LeBel : ...éventuellement,
moi, j'avais déposé un projet de loi pour créer un vrai Protecteur des citoyens
complètement indépendant. Je sais que mon projet de loi ne sera jamais appelé,
là, mais en même temps, ce que je voulais, c'est créer une réflexion là-dessus.
Il y a beaucoup d'aînés, de plus en plus.
Dans mon coin de pays, il y a une personne sur quatre qui a 65 ans et
plus. Ils sont dans des villages, isolés dans des villages. Il faut trouver des
façons pour permettre à ces gens-là d'une façon facile d'atteindre... de
rejoindre la personne qui va les aider, qui va défendre leurs droits.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le député.
M. LeBel : ...m'excuse, la
question qui finit comme ça.
Mme Rinfret (Marie) : Oui, la
question est en deux temps, d'abord le deuxième bout, n'hésitez jamais à faire
la promotion du Protecteur du citoyen parce que dans l'hypothèse où je n'aurais
pas compétence, je vais toujours référer la personne au bon endroit, toujours,
en toutes circonstances. Ça fait partie des devoirs inhérents d'un Protecteur
du citoyen, d'un ombudsman parlementaire, ce que je suis, et mon institution
est très soucieuse de cela. Et on demande aux gens, s'ils n'ont pas obtenu la
réponse qu'ils voulaient, de nous rappeler à ce moment-là pour qu'on les
redirige à nouveau vers la bonne personne. Et le cas échéant, on va intervenir
si jamais quelqu'un était vraiment dans une situation intolérable.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme Rinfret. Merci à vous tous pour
votre contribution aux travaux de la commission. Je suspends les travaux
quelques instants afin de permettre au prochain groupe de prendre place.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Provençal)
: Nous écouterons maintenant les représentants de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite à vous présenter et à commencer votre exposé, et je vous cède la parole.
Mme Bédard
(Nancy) : Alors, bonjour, M. le Président, Mme la ministre, MM.,
Mmes les députés. Alors, on va commencer par les remerciements. Merci vraiment
pour cette invitation à ces audiences qui portent sur la commission sur le projet
de loi n° 52. Alors, j'aimerais vous présenter les gens qui
m'accompagnent. Sonia Mancier, qui est la présidente de FIQ, secteur privé, et
Suzanne Prévost, qui est une conseillère syndicale au secteur sociopolitique de
la fédération.
Donc, nous représentons les professionnels
en soins qui oeuvrent au sein des établissements publics et privés, et ce, sur
la vaste majorité du territoire du Québec. Nous avons, au sein de nos rangs,
plus de 1 800 professionnels en soins, qui oeuvrent dans les
établissements privés du Québec.
Donc, ce n'est pas un secret pour
personne, les actions que mène notre organisation...
Mme Bédard (Nancy) :
...et privé, et ce, sur la majorité du territoire du Québec. Nous avons, au
sein de nos rangs, plus de 1 800 professionnels en soins qui oeuvrent dans
les établissements privés du Québec.
Donc, ce n'est pas un secret pour personne,
les actions que mène notre organisation sont motivées par le souci d'offrir
constamment des soins de qualité et sécuritaires à la population du Québec tout
en revendiquant les conditions de travail puis les conditions d'exercice pour
que les professionnels en soins puissent y arriver, bien sûr.
Aujourd'hui, nous accueillons, M. le
Président et Mme la ministre, favorablement toutes les bonifications apportées
au régime d'examen des plaintes des usagers car nous croyons que ces derniers
et leurs proches sont en droit d'exprimer leur mécontentement, leurs
inquiétudes et leurs attentes qui sont liés aux soins et aux services reçus
dans notre réseau. Cependant, on va souhaiter attirer votre attention et vous
soumettre bien sûr quelques commentaires qui sont relatifs à votre projet qui
est à l'étude.
Donc, tout d'abord, on prend acte et on
salue la ministre d'allouer de nouvelles sommes d'argent pour embaucher nécessairement
des commissaires de plus pour que ces derniers puissent vraiment accomplir les
nouvelles responsabilités qui leur seront confiées. Mais cependant, nous
restons quand même fortement préoccupés par la charge de travail des commissaires
locaux qui ne cesse d'augmenter au fil du temps. Un examen rapide des données
contenues au rapport annuel des dernières années démontre que la tâche des commissaires
s'alourdit constamment. Outre les plaintes des usagers ou de leurs représentants,
le nombre d'interventions par les commissaires est en hausse dans la très
grande majorité des établissements. Depuis l'adoption de la loi sur la
maltraitance, les commissaires sont aussi responsables de recevoir les plaintes
et les signalements qui découlent aussi de cette loi, et nous ne connaissons
pas encore toute l'ampleur réelle du travail à accomplir, notamment par cette
loi, parce que certains établissements n'ont même pas encore déployé de politique
concernant cet enjeu. Le journal LaPresse rapportait, en
octobre dernier, que près de 866 dossiers de cette nature liés à cette loi ont
été traités par les commissaires locaux. Donc, sans présumer de l'avenir, on
peut facilement déduire que le nombre de plaintes et de signalements pourrait
progresser. Ce n'est pas ce qu'on souhaite, c'est pour ça qu'on a une recommandation
3, qui est fort importante dans notre dossier, notamment.
Nous demandons au législateur, dans notre
première recommandation, de s'engager, après avoir consulté les commissaires — ça,
c'est important — à fournir suffisamment de ressources financières,
humaines et matérielles pour accomplir l'importante tâche qui leur est confiée.
Donc, pour la prochaine portion, je vais
laisser la présidente de FIQ secteur privé, Sonia Mancier, vous parler de notre
deuxième préoccupation.
Mme Mancier (Sonia) :
Bonjour. Notre deuxième préoccupation est celle qui touche l'impartialité des
commissaires. En ce sens, nous saluons la volonté du législateur de vouloir
renforcer le régime par le dépôt du présent projet de loi.
Parce qu'il relève directement du conseil
d'administration, le commissaire local occupe une place particulière au sein de
l'établissement. Cette absence de lien hiérarchique avec la direction générale
de l'établissement permet au commissaire d'exercer sa fonction en toute
impartialité.
Nous sommes toutefois interpellés par
l'annonce de la création d'un poste de commissaire-conseil, au sein du
ministère, fait au moment du dépôt du projet de loi. Dans un premier temps,
nous convenons que la création de ce poste peut démontrer l'importance que l'on
accorde au régime d'examen des plaintes. Cependant, nous nous questionnons au
sujet de certaines responsabilités confiées au commissaire-conseil.
Par exemple, ce nouveau
commissaire-conseil aura la responsabilité de faire une vigie systémique des
mesures correctives recommandées par les commissaires locaux. Il pourra aussi
être appelé à soutenir les commissaires locaux dans le cas de situations
complexes. Comment les membres des comités de vigilance au sein des
établissements vont-ils interagir avec le commissaire-conseil dans le cadre de
la vigie sur les mesures correctives à implanter? Quel sera le lien
hiérarchique entre le commissaire-conseil et les commissaires locaux? Voilà
autant de questions qui nous laissent perplexes quant aux réelles motivations
sous-jacentes à la création de ce poste.
Sans pour autant s'inscrire en faux contre
cette initiative du gouvernement, initiative faite de façon concomitante avec
le dépôt du projet de loi, nous voulons tout de même vous souligner que
certaines fonctions du commissaire-conseil ainsi que son intégration au sein du
ministère sont susceptibles de miner en partie d'indépendance et l'impartialité
des commissaires locaux. Conséquemment, nous vous recommandons de maintenir
cette indépendance et cette impartialité des commissaires, car elles sont le
gage de l'efficacité du régime d'examen des plaintes.
• (16 h 30) •
Mme Bédard
(Nancy) : Finalement, on veut profiter de l'opportunité qui
nous est offerte aujourd'hui, bien sûr, pour vous mentionner aussi l'importance
d'agir en amont. Alors, il faut améliorer la qualité des soins, des services
aux patients puis ainsi contribuer à diminuer la charge...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Mancier (Sonia) : ...elles
sont le gage de l'efficacité du régime d'examen des plaintes.
Mme Bédard
(Nancy) : Finalement, on veut profiter de l'opportunité qui
nous est offerte aujourd'hui, bien sûr, pour vous mentionner aussi l'importance
d'agir en amont. Alors, il faut améliorer la qualité des soins, des services
aux patients puis ainsi contribuer à diminuer la charge des commissaires
locaux. Alors, ça, ça doit être l'objectif ultime, nécessairement.
Depuis quelques années, notre organisation
propose et expérimente les ratios sécuritaires professionnels en soins-patients
dans les établissements de santé du réseau. Nous ne sommes pas les seuls à
vouloir promulguer cette solution. Ça a été fait ailleurs dans le monde. Ça a
généré des résultats probants, notamment sur la diminution efficace au niveau
des plaintes, et aussi, avec tout ce qui a été essayé ailleurs dans le monde, il
y a plus de 15 ans d'écrits scientifiques qui est fait. Donc, ce n'est pas
qu'une lubie syndicale, je vous l'assure, cette lutte.
Les ratios syndicaux... Les ratios
sécuritaires des soins permettent d'attirer les professionnels en soins dans le
réseau, de les retenir en santé. Ils améliorent la qualité et la sécurité des
soins pour l'ensemble des patients en plus d'assurer une meilleure efficacité
du réseau.
Plus de 500 000 incidents,
accidents ont été déclarés au cours de la dernière année au sein des établissements
de la santé. Les plus fréquents, vous le savez, sont les chutes et les erreurs
liées à la médication, et ce, très générateur de plaintes au niveau de nos
commissaires. Nous croyons raisonnable que ce nombre ne reflète même pas la
vraie réalité parce que, vous en avez parlé, on le sait, la loi qui règne, la
loi du silence, la loi de l'omerta génère aussi beaucoup de retenue par rapport
à ça. Alors, 500 000 incidents, accidents, ce n'est probablement même
pas la réalité.
Donc, ces situations déplorables causent
des souffrances, des souffrances aux patients, des souffrances à leurs proches
en plus de donner lieu à un volume important de plaintes ou de demandes
d'intervention auprès des commissaires aux plaintes.
Par ailleurs, le Bureau du coroner a
conclu, à la suite d'enquêtes liées à des événements tragiques, que diminuer le
ratio de patients par infirmière aurait pour effet d'augmenter la sécurité des
soins, et particulièrement dans les CHSLD. Le Bureau du coroner... La
Protectrice du citoyen, dans son dernier rapport, souligne l'intérêt de la
solution à mettre en place au niveau des ratios.
Nous croyons qu'il faut agir aussi à la
source du problème, revoir la composition de l'équipe de soins ainsi que le
nombre de professionnels en soins qui s'occupent des patients. L'implantation
des ratios professionnels en soins-patients va permettre une augmentation de la
capacité à réaliser l'ensemble des activités professionnelles et une plus
grande qualité et sécurité des soins, et ce, pour le plus grand bénéfice de la
population et des patients. En somme, nous vous recommandons de fixer par une
loi des ratios professionnels en soins-patients et de les implanter au sein des
établissements de santé sur l'ensemble du territoire québécois.
Nous estimons que nos propositions vont
contribuer vraiment positivement à renforcer le régime d'examen des plaintes
des usagers en plus d'améliorer la qualité et la sécurité des soins de nos
patients. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie pour votre exposé. Mme la ministre, à
vous la parole.
Mme Blais (Prévost) : Merci,
M. le Président. Merci beaucoup, Mmes Bédard, Mancier et Prévost.
Mme Bédard, vous parlez souvent avec la ministre de la Santé et des
Services sociaux concernant les ratios, ça fait que je sais que vous avez une
très bonne communication avec elle.
Mais tout à l'heure je crois que vous
étiez présente quand le député de Rimouski a parlé d'information. Et l'une des
raisons de ce projet de loi n° 52, c'est
particulièrement pour les établissements privés où vous mentionniez qu'il y a
des établissements qui n'ont pas encore de politique de maltraitance. Il y a
des établissements qui n'ont pas cette information. Depuis que la loi n° 115 est adoptée, il faut que tous les établissements
soient à jour, et possèdent cette politique en maltraitance, et obtiennent
l'information nécessaire, et c'est très, très, très important.
Et c'est l'une des raisons pour laquelle
on suggère, dans le projet de loi n° 52, qu'il y ait
l'obligation de déposer, dans un dossier informationnel, toutes les plaintes.
Évidemment qu'il y aura plus de plaintes parce qu'il y a des plaintes qui n'ont
pas été déposées dans le dossier. Alors, oui, il y aura certainement plus de
plaintes, mais c'est comme ça qu'on va être en mesure, je crois, de faire des
corrections avec le temps.
Vous parlez du commissaire-conseil. Vous
avez certaines inquiétudes par rapport au commissaire-conseil, par rapport à
l'ingérence qu'il pourrait avoir avec le comité de vigilance. Il n'aura aucun
lien avec le comité de vigilance. Au contraire, il y a des établissements
privés, actuellement, qui n'ont pas de comité de vigilance. C'est la raison
pour laquelle, en quelque sorte, on va forcer le comité de vigilance puisqu'il
y aura des représentants des CISSS et des CIUSSS qui seront présents.
Le commissaire-conseil, je crois, se veut
plus comme un conseil pour harmoniser les pratiques, pour faire en sorte que le
commissaire aux plaintes et à la qualité des services se sente moins seul,
parce qu'ils se sentent très seuls. Puis je veux vous rassurer...
Mme Blais (Prévost) : ...il y
aura des représentants des CISSS et des CIUSSS qui seront présents. Le
commissaire-conseil, je crois, se veut plus comme conseil pour harmoniser les
pratiques, pour faire en sorte que le commissaire aux plaintes et à la qualité
des services se sente moins seul, parce qu'ils se sentent très seuls. Puis, je
veux vous rassurer, si jamais, si jamais les commissaires aux plaintes et à la
qualité ont trop de travail... Parce que je sais que dans la loi n° 115,
ils n'ont pas été avisés, ils n'ont pas été consultés concernant l'obligation
de s'occuper des plaintes en matière de maltraitance. Donc, oui, il y a eu une
charge supplémentaire au niveau de leur travail. Donc on va devoir veiller
là-dessus, c'est très important.
Ma question, hein, je fais un long
préambule puis je veux laisser mes collègues... parlez-moi un peu plus du
commissaire-conseil, est-ce que vous l'accueillez favorablement finalement?
S'il y a cette indépendance, est-ce que vous l'accueillez favorablement?
Mme Bédard
(Nancy) : Bien, la zone de difficulté qu'on avait considérant
que ça ne fait pas partie du projet de loi, c'était nécessairement de ne pas
trop savoir l'objectif, avec tout l'ensemble de ces rôles, qu'est-ce qu'il
allait jouer, qu'est-ce qu'on allait lui donner comme fonction. Donc, c'était
difficile pour nous de se dire : Est-ce qu'on est favorable ou non à ça.
Ce qu'on comprend, c'est que vous, comme ministre, vous avez des besoins.
Notamment si ce commissaire-conseil, là, peut répondre et faire en sorte que
vous ayez une lecture plus juste de ce qui se passe, c'est une chose. Mais
effectivement il ne faut pas que ça ait l'air d'une centralisation, il ne faut
pas que ça ait l'air... que le comité de vigilance de nos établissements sente
qu'il y a une confusion dans les rôles.
Alors, ça, je pense que tous les acteurs
l'ont dit aujourd'hui : l'impartialité. Il faut s'assurer que tout ce qui
se passe au niveau local, on ait le plus possible d'objectivité. Alors, ce
commissaire-conseil là, on doit s'assurer de bien comprendre son rôle et ne pas
avoir de confusion pour pas non plus que... et autant le conseil
d'administration, le comité de vigilance, le commissaire local sentent qu'il y
a quelqu'un au-dessus de lui qui pourrait venir influencer ou apporter des
éléments.
Donc, c'est tout autant de questions qui
nous permettaient difficilement d'apprécier ce nouveau rôle-là. Donc, c'est
difficile pour moi aujourd'hui de venir totalement vous dire le positif de ça,
comment on le voit, parce qu'il nous manquait énormément d'informations, puis
on aurait apprécié potentiellement qu'elles soient dans le projet de loi.
Mme Blais (Prévost) : ...le député
de Rimouski qui pose la question très souvent par rapport à ça.
Mme Bédard, en terminant, le commissaire-conseil n'est pas un commissaire
à la ministre. C'est vraiment un commissaire-conseil pour les commissaires aux
plaintes afin de mieux communiquer puisque les commissaires aux plaintes et à
la qualité se sentent souvent seuls dans leur établissement à cause de leur
rôle et à cause de leur distance aussi. C'est pour harmoniser les pratiques,
mieux communiquer, mieux faire en sorte qu'ils soient davantage outillés. Mais,
vous avez raison de le préciser, et nous allons en tenir compte. Je vous
remercie.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Roberval.
Mme Guillemette : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup d'être ici, ça nous donne un bon point de vue. Vous
parliez de votre inquiétude sur la charge de travail des commissaires locaux. Est-ce
que le fait d'avoir des commissaires-conseils pourrait les soutenir... n se
sentant mieux soutenus, en ayant des pratiques standardisées, comme le disait
la ministre, est-ce que ça pourrait faire en sorte de diminuer la charge de
travail des commissaires?
Mme Bédard (Nancy) :
Deux éléments. J'imagine que ce que la ministre vient de me donner comme
information, ça émane d'une demande des commissaires. Ça fait que si les
commissaires locaux se sont sentis seuls puis qu'ils ont dit : On aimerait
ça avoir quelqu'un, puis que ça émane d'une demande des commissaires, j'imagine
que ça pourrait potentiellement les aider.
Mais est-ce que c'est ce qu'on veut? Est-ce
que ça prend quelqu'un du ministère? Puis, il faut toujours penser que le
diable est dans les détails, hein? Un commissaire-conseil qui vient du ministère,
s'il y a des orientations, des éléments, c'est toujours difficile, là, pour
savoir comment ça fonctionne des orientations, parfois les gens osent, n'osent
pas. L'indépendance va faire en sorte que, si on pense que nos commissaires
sont en fardeau, c'est la solution que le commissaire-conseil va venir les
aider dans les dossiers, comment il va faire les... comment ils vont travailler
ensemble. Je ne pense pas que ça soit une des solutions nécessairement. Donc,
je suis comme plus d'avis qu'il faut voir avec les commissaires locaux leurs
besoins pour y arriver.
Ce que je... Ce qu'on constate, c'est...
on parlait des délais de 45 jours, il y a quand même beaucoup de plaintes
qui dépassent les 45 jours. Donc, c'est un des indicateurs qu'on peut
potentiellement dire qu'ils sont en fardeau de tâche, effectivement. Donc, moi,
je me fie sur la ministre et les gens pour qu'eux viennent nous dire qu'est-ce
que ça prend pour les aider pour arriver dans le délai de 45 jours. Ce qui
doit se traiter de façon plus rapide doit être traité de façon plus rapide,
mais il ne doit certainement pas y avoir de dépassement.
• (16 h 40) •
Donc, je suis...
Mme Bédard (Nancy) :
...qu'ils sont en fardeau de tâche, effectivement. Donc,
moi, je me fie sur la ministre et les gens pour qu'eux viennent nous dire qu'est-ce
que ça prend pour les aider pour arriver dans le délai de 45 jours. Ce qui doit
se traiter de façon plus rapide doit être traité de façon plus rapide, mais il
ne doit certainement pas y avoir de dépassement.
Donc, je suis d'avis que c'est eux qui
devraient être en mesure de venir nous le dire et je ne porterai pas cette
parole-là pour dire que c'est le commissaire qu'on parle ici, là, qui pourrait
venir du ministère, qui va venir travailler les dossiers dans un CISSS ou dans
un CIUSSS donné, là. Pour moi, ça m'apparaîtrait assez particulier comme
fonction.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Merci,
Mme Bédard. J'aimerais juste rectifier une chose qui n'a rien à voir avec vous,
mais ce ne sont pas les commissaires aux plaintes et à la qualité des services
qui ont mentionné qu'ils avaient besoin d'un commissaire-conseil, là, ça vient
du fait qu'il faut harmoniser les pratiques. Et, si on fait en sorte qu'il y a
dossier informationnel, ça prend plus de communication, et c'est vrai... Quand
vous représentez des infirmières, des infirmiers, il y en a plusieurs dans un
établissement. Mais, dans un établissement, il n'y a pas plusieurs commissaires
aux plaintes, donc c'est beaucoup plus difficile. Et à cause de leur
indépendance et à cause des plaintes que ces personnes traitent, c'est beaucoup
plus difficile, les interactions. On ne peut pas commencer à dire à tout le
monde qu'est-ce qui se passe par rapport aux plaintes. C'est confidentiel.
Alors, c'est beaucoup plus dans cet ordre-là de pouvoir les accompagner pour
harmoniser, pour mieux communiquer, pour faire progresser les pratiques qu'un
commissaire-conseil serait nommé. Je voulais seulement rectifier.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Bonjour. Moi, je
me pose la question : Comment, vous, les infirmières, pouvez promouvoir
les changements du projet de loi? Comment, sur le terrain, vous pouvez en
parler aux patients? Comment on pourrait faire le lien?
Mme Bédard
(Nancy) : Ça, c'est une excellente question et c'est
extrêmement difficile. Parce que je vais vous donner un seul exemple puis la...
et c'est la loi de l'omerta, j'ai entendu tantôt, j'ai participé un 15, 20
minutes, là, il y a des préoccupations par rapport à ça. Puis moi, j'ai des
professionnels en soins qui échangent avec les patients à tous les jours sur
certaines difficultés, des constats que les patients viennent dire. Et souvent,
les professionnels en soins, leur réflexe, c'est de se dire : Bien, tu
sais, si vous avez une plainte à formuler, je peux vous aider, je peux vous
donner le document, je vais apporter le pamphlet. Et je peux vous dire que
plusieurs professionnels, quand ils font cette démarche-là, ils se font taper
sur les doigts d'avoir fait ça. On a des exemples. Et c'est extrêmement
difficile.
Donc, votre question est pertinente. Si,
dans le projet de loi, vous pouvez réussir à écrire quelque chose pour protéger
les gens qui veulent promouvoir comment on fait des... c'est quoi, le chemin
pour aller faire des plaintes, je vais être extrêmement intéressée à le
regarder. Mais malheureusement, actuellement, l'état du réseau ne permet pas
aux professionnels en soins, en tout cas, de faire la promotion, parce que tout
est regardé, puis la ligne est mince entre : tu déclares une situation, tu
as parlé au patient, tu l'as comme presque... pas soutenu, mais, tu sais, tu as
peut-être dit : Bien oui, vous devriez peut-être faire une plainte
là-dessus ou non. Parce que, tu sais, les patients nous parlent puis ils
veulent savoir aussi ce qu'on en pense. Pas si évident que ça. On est des
confidents pour eux. Ils se fient sur nous. Et je peux vous dire une chose, on
est regardés, puis c'est extrêmement difficile.
Alors, moi, je veux bien vous dire comment
on pourrait faire la promotion, mais j'ai envie de vous dire :
Protégez-nous, Seigneur. Parce que je peux vous dire une chose, c'est
extrêmement difficile dans le réseau actuellement d'échanger à ce niveau-là sur
tout, tout. On est... à tous les jours, les professionnelles en soins
souhaitent être à la défense des droits et des intérêts des patients et à tous
les jours, quand ils font autre chose qu'une tâche réellement où on les confie,
elles se font taper sur les doigts. Et vous le savez, c'est à toutes les
semaines qu'on entend dans les médias qu'est-ce qu'on a fait avec une
professionnelle en soins qui a osé dénoncer une situation. Pourquoi? Pour que
son patient puisse être bien soigné.
Alors, malheureusement, je suis obligée de
vous dire que ce n'est pas aujourd'hui que je vais vous dire comment je vais
faire la promotion, mais je vais vous demander de m'aider pour qu'on puisse faire
cette promotion-là puis qu'on soit vraiment protégés pour la faire.
Mme Picard : Est-ce qu'il me
reste du temps? J'aurais une autre question.
Le Président (M. Provençal)
: Oui, oui.
Mme Picard : Par rapport un
petit peu à ça, est-ce qu'on pourrait, supposons, dans un établissement
hospitalier... (panne de son) ...du patient en chambre... hospitalisation, on
pourrait... Concrètement, est-ce que ça pourrait se faire pour les infirmières
dans les admissions?
Mme Bédard
(Nancy) : Moi, je pense que oui, toute politique, tout élément
qui renforcira ça, qui permettra à ce moment-là de le faire, et c'est surtout
de garder ce temps-là pour être capable de bien accueillir le patient. Mais il
va falloir que ça vienne et soutenu par des politiques qui, malheureusement, ne
devraient pas... on ne devrait pas avoir besoin de ça pour être dédouané de
faire ça. Mais aujourd'hui, je suis obligée de vous dire que si ça fait partie
du protocole puis si on l'ajoute... Mais, encore là, il va falloir qu'on
travaille quand même pour être très à l'aise à ce qu'une portion de l'admission
que la professionnelle en soins fait avec le patient puisse être dédiée à ça
puis qu'on lui laisse... qu'on lui fasse confiance de ce que ça veut dire. Actuellement,
c'est difficile.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Très,
très, très préoccupée...
Mme Bédard (Nancy) :
...encore là, il va falloir qu'on travaille quand même pour être très à l'aise
à ce qu'une portion de l'admission que la professionnelle en soins fait avec le
patient puisse être dédiée à ça puis qu'on lui laisse... qu'on lui fasse
confiance de ce que ça veut dire. Actuellement, c'est difficile.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Très,
très, très préoccupée par ce que vous venez de dire, Mme Bédard, par
rapport au fait que... Protégez-nous, Seigneur! C'est ça que vous avez dit.
Aidez-nous à nous protéger. Vous savez, il y a la loi n° 115,
où ça a été un petit peu difficile d'obtenir le signalement obligatoire. Et
avec ce signalement obligatoire vient le fait qu'on doit protéger aussi
l'employé, que l'employé ne peut pas perdre son travail s'il signale, s'il
dénonce. Et pourtant ce que vous êtes en train de dire, c'est que vous vous
faites taper sur les doigts. Malgré cette loi-là, vous vous faites taper sur
les doigts. Qu'est-ce qu'on va faire de plus?
Mme Bédard
(Nancy) : Encore pire qu'avant la loi, encore pire qu'avant la
loi. Moi, je peux vous dire qu'aujourd'hui, la loyauté, le conflit de loyauté
et l'exigence de loyauté des directions envers eux et l'établissement plus
qu'envers notre patient... Nous avons un code de déontologie. À tous les jours,
on nous demande de ne pas suivre notre code de déontologie. À tous les jours,
mes membres, que je représente, s'ils ont voulu divulgué... Même s'ils ont fait
toutes les choses correctement au départ, là — il y a toutes les politiques,
comment on fait les éléments; à un moment donné, il y a des limites quand ces
gens-là ne sont pas entendus pour protéger leurs patients — ce qu'on
leur dit toujours, c'est : Vous avez manqué de loyauté envers l'établissement.
Alors, c'est la loyauté envers les cadres, la loyauté envers l'établissement
plus qu'envers le patient. Et nos professionnels en soins sont en conflit de
loyauté continuellement. Et vous avez raison. Et, pour moi, la... cette loi-là
a été là, mais aujourd'hui, pour plein de raisons, la situation est encore pire
qu'elle l'est par rapport à cette loi-là et à ce que mes professionnels en
soins vivent.
Mme Blais (Prévost) :
Mme Bédard, aidez-moi maintenant à vous aider.
Mme Bédard
(Nancy) : Oui.
Mme Blais (Prévost) : Qu'est-ce
qu'on devrait faire?
Mme Bédard
(Nancy) : Bien, j'aurais aimé... Depuis un an, j'ai demandé le
plus souvent possible que l'ensemble des établissements m'avisent sur tous les
cas qui sont portés à l'attention des syndicats locaux pour que j'aie tous les
dossiers sur mon bureau et que je sois en mesure soit d'en faire part à la
ministre soit d'être capable de faire des sorties média pour dénoncer ça et de
demander de rétroagir sur les sanctions faites. Et je fais le maximum que je
peux faire. J'ai écrit, dans un établissement dernièrement, dans le temps des
fêtes, en mettant l'Estrie — je vais le dire pour ne pas le
nommer — en mettant la ministre en copie. Je ne sais pas, là. Je
dénonce, je suis dans les médias, je mets la ministre en copie, je...
Il faut travailler en amont avec les dirigeants
puis leur dire que les professionnelles en soins, elles ont... elles sont à la
défense des droits et des intérêts des patients. Et, quand elles dénoncent,
quand elles disent ce qu'elles ont besoin, qu'est-ce qu'elles n'ont pas pour
soigner adéquatement leurs patients, on doit les écouter, on doit faire en
sorte... Et ça, c'est les dirigeants. Ça fait partie de leurs obligations,
leurs devoirs, bien plus que nous ici. C'est l'obligation et le devoir, selon
la LSSSS, de nos directrices de soins infirmiers, de nos dirigeants. Alors, je
pense qu'il faut leur rappeler leurs obligations, leurs devoirs et l'écoute
qu'elles doivent avoir auprès des professionnelles en soins. Au lieu de les
taper... de leur taper sur les doigts, elles doivent les féliciter quand elles
montent aux barricades pour s'assurer qu'on donne les moyens de bien soigner
les patients.
Mais on n'est pas là actuellement. Moi, je
rêve du jour où on va voir les professionnelles en soins, qui, outre leur rôle
d'aller prendre une pression, viennent dire qu'est-ce que les patients ont de
besoin pour être bien soignés, pour diminuer les plaintes, pour qu'on ne manque
pas de soins, pour donner les soins selon les standards, selon les normes.
C'est ce qu'on tente de faire. C'est ça, l'«advocacy», c'est ce qu'on travaille
actuellement. Mais les professionnelles en soins, malheureusement, on dirait
que ce n'est pas bien reçu, ça ne fait pas comme... ils ne veulent pas nous
voir dans ce rôle-là.
Alors, je pense qu'à la base il faut
rappeler aux établissements tout le rôle des professionnelles en soins et
qu'ils devraient prendre ça, à la base, comme étant tous les éléments pour
travailler ce qu'il y a à travailler pour être capable de donner les soins.
Mme Blais (Prévost) : En
2009, quand j'ai déposé un plan d'action pour combattre la maltraitance envers
les aînés, on disait qu'il n'y en avait pas de maltraitance envers les aînés,
c'était envers les femmes, les enfants. Quand j'ai parlé de maltraitance dans
les établissements, on a dit : Ça n'existe pas, les établissements ne
maltraitent pas. Puis aujourd'hui on est rendus à parler commissaire aux
plaintes, on est rendus... Écoutez, on a beaucoup de travail à faire. Je vous
remercie, Mme Bédard.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la ministre. Je vais maintenant céder la parole
à la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci
beaucoup, M. le Président. Mme Bédard, Mme Mancier, Mme Prévost,
merci pour votre cri du coeur, parce qu'il faut dire les choses et se rappeler
qu'on est tous là pour les soins aux patients et aux aînés. Alors, merci pour
ce cri du coeur.
• (16 h 50) •
Moi, je veux amener sur... j'ai deux
grandes questions à vous poser. Vous avez parlé, dans votre mémoire, vous
l'avez exprimé tantôt, l'alourdissement que ça peut représenter pour les
commissaires locaux d'avoir à agrandir le territoire, évidemment, en incluant
les établissements privés. Vous vous préoccupez de ça. Vous demandez dans les
recommandations, votre recommandation 1 de votre mémoire, plus de ressources
financières, de ressources humaines....
Mme Sauvé : ...vous avez
parlé dans votre mémoire, vous l'avez exprimé tantôt, l'alourdissement que ça
peut représenter pour les commissaires locaux d'avoir à agrandir le territoire,
évidemment, en incluant les établissements privés. Vous vous préoccupez de ça.
Vous demandez dans les recommandations, votre recommandation 1 de votre
mémoire, plus de ressources financières, de ressources humaines.
Il faut se rappeler que, quand on a parlé
depuis ce matin du délai du 45 jours, qui n'est pas toujours respecté, c'est
autant au niveau public que privé. Alors, quand on prend acte de ça, on est en
train de se dire que, même au niveau public, on n'y arrive pas nécessairement.
Et là on est en train d'ajouter, malgré la vertu du projet de loi, on est en
train d'ajouter, effectivement, des tâches, des mandats importants. Alors, je
vous rejoins beaucoup dans la préoccupation que vous avez par rapport à
l'alourdissement et l'historique que vous en faites.
Je vois que, dans cette recommandation-là,
vous nommez aussi que, pour connaître les besoins d'ajout de personnes, des
besoins financiers, vous souhaitez que soient consultés les commissaires.
Comment ça pourrait se faire, cette consultation-là? Qui la ferait, finalement?
Toujours dans un souci d'être près des besoins, mais dans le respect de la
neutralité. Alors, comment ça se ferait cette consultation?
Mme Bédard
(Nancy) : Bien, à mon avis, la ministre qui présente ce projet
de loi, si elle veut être en mesure de mettre l'ensemble des éléments qui
sont... Bien, c'est sûr que ça serait intéressant qu'elle entendre les...
certainement les commissaires. Mais, tu sais, ce n'est comme pas à moi de
décider nécessairement qui sont les acteurs les mieux placés pour entendre ces
commissaires-là.
Mais ma préoccupation, c'est que les
meilleures personnes pour venir dire leurs réels besoins au niveau des
ressources financières, matérielles, avec ce qu'on leur a donné dans les
dernières années, la tâche, ajouter les privés maintenant, c'est eux qui vont
mettre l'ensemble des éléments pour que la ministre ou les législateurs soient
en mesure de mieux, finalement, cerner le réel besoin sur l'augmentation,
notamment, là, des commissaires.
Mme Sauvé : Merci
beaucoup. Autre préoccupation que j'ai, puis vous l'avez bien exprimée, bien
que puisse être intéressante la notion de l'ajout du commissaire-conseil, vous
vous questionnez parce que, dans le projet de loi, ce n'est pas vraiment
mentionné, le rôle, le mandat.
Moi, je vais vous dire, là, vous avez
utilisé des mots qui me rejoignent quand vous parlez de confusion de rôles, là,
parce qu'entre le comité de vigilance puis le commissaire-conseil, qui n'est
pas vraiment défini dans le projet de loi... Là, tantôt, on a entendu la
ministre dire que les deux ne se parlent pas vraiment parce que le comité... le
commissaire-conseil va y aller dans la vigie systématique, mais, en même temps,
l'autre fait la vigilance. Moi, franchement, je m'y perds un peu.
Je veux voir avec vous, si vous aviez,
vous, à définir un rôle distinct, une valeur ajoutée en mettant en place ce
commissaire-conseil, ça serait quoi, le mandat précis qui pourrait être en vrai
soutien aux commissaires locaux, et tout ça?
Mme Bédard
(Nancy) : Bien, je vais rester un peu sur la même ligne que
j'étais, je pense que les commissaires locaux, là... Tu sais, moi, je ne les ai
pas consultés. Donc, si les commissaires locaux, il y a une valeur ajoutée pour
eux d'avoir un commissaire-conseil, bien, c'est à eux un peu de définir leurs
besoins et la valeur ajoutée qu'il pourrait y avoir, tout en étant très
consciente qu'ils doivent avoir les coudées franches constamment et que ce
commissaire-conseil-là ne doit aucunement dans son rôle miner cet espace-là
qu'elles ont besoin, de toute leur impartialité, l'objectivité. Si c'est pour
du soutien, de l'harmonisation, de les aider, et ça répond à leurs besoins,
alors ce commissaire-là devrait avoir ce rôle-là. Donc, je n'ai pas autre chose
à dire que c'est eux finalement qui devraient définir le besoin. Et puis la
ministre me le disait tout à l'heure, ce n'est pas pour elle, ce n'est pas dans
ce but-là, ce n'est pas... c'est vraiment en soutien.
Alors, c'est à eux de définir ça, mais
toujours dans la réelle impartialité et, dans son rôle, bien, de ne pas avoir
de confusion. Le comité de vigilance, tu as un conseil d'administration, tu as
une commissaire. Alors, cette personne-là, ça doit extrêmement important qu'on
sache... Et après ça tu as... Bien, on a la Protectrice du citoyen. Je veux
dire, à un moment donné, il faut s'assurer que l'ensemble des acteurs qu'on met
à la disposition d'un processus ait leur valeur ajoutée puis leur rôle bien à
eux.
Alors, c'est surtout ça, l'intervention
qu'on voulait faire par rapport à ce poste-là ou ce nouveau rôle là qu'on voit
apparaître.
Mme Sauvé : Combien de
temps me reste-t-il?
Le Président (M. Provençal)
: Six minutes.
Mme Sauvé : Six minutes.
Merci, M. le Président. Il y a un élément qui n'a pas été souligné, mais
j'aimerais ça vous entendre puis que vous ameniez votre réflexion là-dessus. On
connaît la réalité préoccupante, évidemment, les commissaires locaux qui sont
là ou qui n'existent pas, le manque d'accompagnement des résidents dans les CHSLD
privés et l'imperfection de la situation, et tout ça, alors qu'est amené le
projet de loi n° 52.
Est-ce que vous pensez que ce qui est
proposé, là, la solution qui est amenée par la ministre avec le projet de loi
n° 52... Moi, je me...
Mme Sauvé : ...le manque d'accompagnement
des résidents dans les CHSLD privés, l'imperfection de la situation, et tout
ça, alors qu'il a amené le projet de loi n° 52. Est-ce
que vous pensez que ce qui est proposé, là, la solution qui est amenée par la ministre
avec le projet de loi n° 52... Moi, je me
préoccupe... bien qu'imparfait, le modèle actuel, on est en train de mettre peut-être
un peu de côté la proximité de la réalité des besoins. Je pense à des CHSLD
privés qui font leur travail, qui font bien leur travail et qui sont accompagnateurs
des aînés et des résidents vers des démarches de plaintes. Est-ce qu'on n'est
pas en train de perdre, en même temps, avec le projet de loi, un petit peu de
proximité par rapport aux besoins des CHSLD privés?
Mme Bédard (Nancy) :
Ça va me faire plaisir de laisser la présidente du secteur privé vous répondre
à ce sujet-là.
Mme Mancier (Sonia) : Moi, je
pense que vous avez soulevé quelque chose qui était très important, tout à
l'heure, c'est les rôles des personnes. Parce que ce que je peux vous dire,
pour me promener dans la quarantaine de CHSLD privés puis privés
conventionnés... privés, c'est de voir le fait que les gens ne connaissent pas
les moyens qui sont à leur disposition pour dénoncer telle ou telle situation.
Ça, c'est compliqué. Quand vous voyez des familles qui s'adressent à la
première personne qu'ils trouvent, que ce soit une professionnelle en soins,
que ce soit quelqu'un du comité des résidents parce qu'on ne sait pas à qui
s'adresser, ça pose vraiment problème. Et là vous le dites. Alors, ce sont
souvent des petits établissements, et, dans ces petits établissements là, tout
le monde se connaît, et donc tout le monde se parle très, très facilement, ce
qui est bien aussi, mais à un moment donné, il faut que chacun ait son rôle.
Et, si vous me permettez, je voudrais
reprendre ce que vous demandiez tout à l'heure, Mme Blais, concernant la
promotion. Moi il y a quelque chose qui me choque régulièrement dans les CHSLD,
c'est de voir la semaine de promotion des droits des aînés. C'est quelque
chose... des usagers, pardon, c'est quelque chose qu'on ne voit pratiquement
pas ou, quand on voit une affiche, elle est dans un ascenseur. Alors, si vous
n'avez pas la chance d'avoir quelqu'un au deuxième étage, vous ne le voyez pas.
Je trouve ça difficile. Les gens ne savent pas à qui s'adresser.
Par contre, on a vu des situations où
quand vous avez accès à la commissaire locale ou qu'elle intervient dans des
enquêtes et qu'elle a la possibilité de discuter avec le monde du plancher pour
mener à bien son enquête, ça peut donner parfois des résultats surprenants.
Donc, cette proximité-là, oui, elle est... quelque part, elle est importante
aussi, parce qu'aujourd'hui, Mme Bédard vous l'a dit, les professionnels sont
sous la loi de l'omertà, et, oui, il y en a, il y en a, ça n'arrête pas. Et ce
qui me gêne encore plus, c'est de voir que certains établissements font signer
des codes d'éthique où effectivement il est fait état de cette loyauté qu'on
doit avoir vis-à-vis de l'établissement. Donc, on vous rappelle indirectement
qu'il y a des choses qu'on ne doit pas dire puis qu'on est tout le temps lié à
la confidentialité. Mais on a quand même des choses qu'on peut dire. Mais des
familles elles-mêmes, des familles qui ne déclarent pas les plaintes non plus
et qui vont juste le dire à la professionnelle en soins parce qu'ils ont peur
de ne plus avoir de services, ça, c'est la réalité du plancher.
Vous savez, je disais, il y a toujours
trois sortes de familles, enfin, un peu, pour moi, je vais essayer d'imager...
d'imaginer ça un petit peu de la façon suivante. Vous avez des familles qui
voient aller les professionnels toute la journée, courir, puis il savent très
bien que les soins ne sont pas donnés, que les soins sont superficiels, parce
que, comme vous l'a dit Mme Bédard, tout à l'heure, les ratios, c'est une
aberration. On fonctionne sur des ratios de Philippe Voyer, aujourd'hui, qui...
de mémoire, c'est de 2013. La réalité est complètement à côté de ce qu'il
faudrait aujourd'hui comme ratio pour travailler correctement et donner
l'ensemble des soins. La clientèle possède en général, on va dire, une dizaine
de pathologies. Et quand on voit des cas complexes comme ça, on s'entend que ça
demande du monde pour gérer tout ça. Donc, il est clair que même si la personne
donne tout ce qu'elle peut donner dans une journée, c'est clair qu'il y a des
soins qui ne sont pas donnés. Ça, c'est quelque chose de régulier. Ce n'est pas
pour rien que les CHSLD font la une des journaux continuellement. C'est
vendeur, ce genre de choses.
Donc, la proximité, oui, ça, c'est clair,
il faut qu'elle soit... qu'il y ait quelque chose où les gens puissent se
retrouver, sachent où aller, à quelle porte il faut frapper quand on a besoin
de dénoncer quelque chose. Je vous dis, c'est une aberration, de voir que les
gens ne savent pas, que ce soit l'usager lui-même... ne savent pas à qui
s'adresser. Donc, la promotion, oui, je suis d'accord, mais je pense qu'elle
devrait relever du ministère, mais ça, c'est mon avis. Mais il faudrait imposer
aux employeurs qu'il y ait une meilleure promotion aussi. C'est une semaine
importante, ça.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, je vais maintenant céder... Il
reste, excusez-moi, 25 secondes.
• (17 heures) •
Mme Sauvé : Bien, écoutez, je
veux simplement remercier, parce que j'ai pris note ici des éléments que vous
avez...
17 h (version non révisée)
Mme Mancier (Sonia) :
...faudrait imposer aux employeurs qu'il y ait une meilleure promotion aussi.
C'est une semaine importante, ça.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, je vais maintenant
céder... Il reste, excusez, 25 secondes.
Mme Sauvé : Bien, écoutez, je
veux simplement remercier parce que j'ai pris note ici des éléments que vous
avez amenés. Puis de nous parler du terrain comme vous le faites, c'est très
important pour cette commission. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, je vais céder maintenant la parole à Mme la
députée de Taschereau.
Mme Dorion : Merci, M. le
Président. Mme Bédard, dans votre exposé, vous avez fait un lien entre les
ratios et la possible... probable augmentation des plaintes dans les prochaines
années en disant : Si les ratios ne s'améliorent pas, ça ne risque pas de
s'améliorer non plus du côté des plaintes. Donc, ce qu'on cherche à faire, puis
c'est très bien, c'est de favoriser et de rendre ça plus simple, plus facile,
plus connu, le processus de plaintes pour les usagers.
Mais moi, j'aimerais ça savoir, en
contrepartie, parce que, si on ne touche pas à ça, on va se retrouver avec un
problème où les soignants vont être squeezés un peu entre deux mondes, c'est
quoi... qu'en est-il en ce moment du traitement des plaintes du personnel
soignant dans les CHSLD privés.
Mme Mancier (Sonia) : Je vais
vous demander de reformuler, là, juste la dernière partie.
Mme Dorion : On parle souvent
de plaintes d'usagers et on... c'est ce qu'on essaie de... on travaille
là-dessus. Mais les plaintes, si le personnel soignant doit se plaindre de quelque
chose, dans la gestion, dans la direction, dans la façon dont le travail se
fait ou lui est imposé, dans un CHSLD privé, comment ça se passe? Et c'est quoi
la situation, c'est bonne santé, mauvaise santé, comment, tu sais... de ce
processus-là?
Mme Mancier (Sonia) : Je vous
dirais que c'est compliqué parce que les plaintes... on a l'impression que les
gens sont toujours bâillonnés déjà à la base et qu'on ne peut pas déposer une
plainte. Et moi, je vais vous dire, ça va être cru ce que je vais vous dire là,
mais quand une professionnelle en soins dépose une plainte, c'est marrant,
hein, mais parallèlement on a souvent... on voit souvent ça, on va vous monter
un dossier sur vos compétences professionnelles quelque part pour vous faire
taire. Il y a des choses qu'il faut dénoncer.
Et comme on le disait, on a des
obligations déontologiques, on doit dénoncer, la loi sur la maltraitance fait
qu'on doit dénoncer aussi et on devrait pouvoir le faire tout le temps sans se
poser de question : Est-ce que je fais bien, est-ce que je ne fais pas
bien? C'est une obligation déontologique de le faire. C'est humain de le faire.
On ne peut pas constater une situation et ne pas la dénoncer. Mais je vous dis,
c'est très fermé. C'est très, très compliqué. On le voit dans les plaintes qui
touchent nos membres.
Et puis je pourrais vous parler d'un exemple
très rapide auquel j'ai assisté un mois d'août dernier. Une plainte est déposée
par une famille, la famille demande une sanction exemplaire contre la
professionnelle en soi. L'employeur contacte le syndicat pour dire : La
personne va être congédiée et va être dénoncée à l'ordre. Parce que ça aussi,
c'est une chose très facile qu'on fait, on dénonce à l'ordre. Bien, je vous
dirais que, cette journée-là, quand on est arrivé en version de faits, j'étais
très contente d'avoir la commissaire aux plaintes qui était là pour entendre ce
qui se disait parce qu'on a été obligé de faire la démonstration, enfin le
syndicat à dû faire la démonstration de toutes les tâches qu'avait la
professionnelle en soins qui est déjà... Parce que cette professionnelle en
soins s'était déjà plainte qu'il y avait des situations inadmissibles. Vous
savez, quand vous avez 40 patients à qui vous devez distribuer des pilules le
soir et que vous avez une infirmière qui est responsable de 220 patients, c'est
inadmissible. C'est inadmissible.
Aujourd'hui, là, puis c'est un secret pour
personne, là, j'ai hâte d'entendre les autres associations en parler
d'ailleurs, une infirmière pour 150 patients, est-ce qu'on trouve ça normal?
Dans une chaîne de production, on ne ferait jamais ça.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, madame, je suis obligé de vous
interrompre. Alors, je vais céder la parole au député de Rimouski.
M. LeBel : Bonjour. Moi, je
n'en reviens pas, là, quand vous dites que les gens ne connaissent pas à qui
d'adresser. Tu sais, on a tout parlé de ça il y a deux ans sur le projet de loi...
Ça, je tombe en bas de ma chaise.
L'autre élément, ce qu'on parlait il y a
deux ans, c'est la maltraitance organisationnelle. Puis ça, personne ne voulait
le reconnaître. Ça fait que... il disait une infirmière ou un préposé pouvait
voir quelqu'un de la famille voler un aîné, ça, il faut que tu dénonces. Mais
j'ai l'impression que les législateurs, à l'époque, on avait juste ça en tête,
mais on n'avait pas en tête que quelqu'un pourrait dénoncer le manque de
personnel puis le manque de ratio. Mais tu sais, ça... Mais c'est ça qui fait
qu'aujourd'hui ça pète, tu sais, ça ne marche pas.
Puis là on vous demande à vous autres...
on vous met de la pression puis on vous dit : Vous avez... vous devez la
loyauté, puis vous êtes déchirés par ça, puis il y a des... Mais vous ne pensez
pas que les commissaires aux plaintes vont avoir la même pression de loyauté?
Mme Bédard
(Nancy) : Bien, c'est ce qu'on veut s'assurer qu'il n'arrive
pas. Puis il faut absolument que le législateur, que la ministre soit
intransigeante à ce niveau-là. Dans tous les éléments du projet de loi, on doit
s'assurer de sécuriser l'ensemble des commissaires aux plaintes pour s'assurer
que jamais elles ne vivent ça.
Est-ce qu'elles vivent le conflit de
loyauté...
Mme Bédard (Nancy) :
...bien, c'est ce qu'on veut s'assurer qu'il n'arrive pas. Puis il faut absolument
que le législateur, que la ministre soit intransigeante à ce niveau-là. Dans
tous les éléments du projet de loi, on doit s'assurer de sécuriser l'ensemble
des commissaires aux plaintes pour s'assurer que jamais elles ne vivent ça.
Est-ce qu'elles vivent le conflit de
loyauté à certains égards? Bien, moi, je... il y a certains établissements qui
sont beaucoup plus durs que d'autres, justement, sur ce qu'ils ont comme effet
sur nos professionnels en soins quand ils parlent. Donc, je peux peut-être
prétendre qu'ils sont de même pour tout l'ensemble des gens qui oeuvrent dans
leur établissement. Alors, peut-être qu'on devrait lever, de temps en temps,
des drapeaux, si on voit que, dans un établissement, il y a certaines difficultés,
ou il y a beaucoup moins plaintes, ou comment le traitement des plaintes... Il
faudrait peut-être regarder si ce n'est pas harmonisé, certains éléments puis
des drapeaux, pour se dire : Qu'est-ce qu'il se passe dans cet
établissement-là? Mais certainement la question est tout à fait pertinente à
ça.
Mais, en plus, la commissaire, elle
devrait même avoir le temps de pouvoir se promener dans les centres d'activité.
Et c'est surtout ça, l'affaire. C'est que, là, elle est tellement juste sur les
plaintes, mais, dans son rôle, elle devrait être en mesure d'aller voir ce qui
se passe et d'émettre des recommandations. Et ce rôle-là n'est à peu près pas
fait, ce qui est dommage. Alors, c'est un peu pour ça qu'on se disait :
Peut-être, effectivement, pour arriver à ce que vous disiez, on devrait faire
en sorte que, dans un volet qu'elle a à faire, la commissaire, elle puisse même
le faire en toute liberté. Mais ça, j'ai hâte de voir ça.
M. LeBel : Mais il faut qu'il
y ait une équipe avec, qu'il y ait du monde.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député, je vais être obligé de vous interrompre.
Merci.
Alors, je remercie les représentantes de
la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec pour leur contribution
aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre au prochain groupe de prendre place et je vais vous demander
de reprendre place rapidement, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 7)
(Reprise à 17
h 10
)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Je souhaite
maintenant la bienvenue aux représentants de la Fédération des centres
d'assistance et d'accompagnement aux plaintes. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous présenter et
à débuter votre exposé.
Mme Fortin (Manon) : Bonjour.
Mon nom est Manon Fortin. Je suis directrice générale de la Fédération des
centres d'assistance et d'accompagnement aux plaintes, et ça nous fait plaisir
d'être ici aujourd'hui. Pour les besoins de la cause, je suis accompagnée de
Mme Nathalie Dubois, à ma droite, qui est directrice générale adjointe de la
fédération, et de M. Ian Renaud-Lauzé, directeur général du Centre
d'assistance et d'accompagnement aux plaintes de la Capitale-Nationale.
Donc, merci pour votre accueil. Pour nous,
c'est un moment privilégié pour pouvoir, dans le fond, intervenir en regard du
régime d'examen des plaintes, sur les propositions du projet de loi, mais
également sur… on profite de l'occasion pour examiner de plus près le régime
d'examen des plaintes et attirer votre attention sur certains éléments qui, à
notre avis, mériteraient une bonification.
Donc, dans un premier temps, on vous a remis
des pochettes, les centres d'assistance et d'accompagnement aux plaintes ont
pour mandat, de la part de la ministre, d'accompagner et d'assister les usagers
du réseau de la santé et des services sociaux, en vertu de l'article 76.6
et 76.7. Leur existence… depuis plus de 25 ans, ils oeuvrent dans chacune
des régions du Québec, ce sont des organismes communautaires. Et, au cours de
la dernière année, plus de 10 000 demandes de service. On est le
secret le mieux gardé, mais, par contre, les usagers nous trouvent, donc c'est
une bonne nouvelle. On travaille particulièrement en collaboration avec les
commissaires aux plaintes, les professionnels de la santé qui sont notre source
de référence principale. Donc, les professionnels de la santé viennent voir les
CAPP et réfèrent les usagers. Donc, c'est une nouvelle, je pense, qui est
importante à vous donner.
Donc, au niveau de notre mémoire,
différentes recommandations. Je vais commencer, dès à présent, étant donné que
nous avons seulement 10 minutes. Nous accueillons favorablement, bien sûr,
le projet de loi qui est déposé. D'ailleurs, au niveau de l'indépendance du
commissaire aux plaintes, au niveau des CHSLD privés, c'est quelque chose que
nous avions noté dans le cadre d'un mémoire déposé, je crois, dans le cadre du
projet de loi n° 115. Donc, c'est certain que la question de
l'indépendance du commissaire est importante afin d'être en mesure d'avoir les
coudées franches pour émettre des recommandations et des conclusions. Donc, le
fait que le commissaire aux plaintes, dans les CHSLD privés, relève directement
de la direction générale, était problématique.
Donc, de plus, nous, nous souhaitons aller
un peu plus loin au niveau de l'indépendance du commissaire. On dit : Oui,
effectivement, il y a des mesures, des éléments que vous mettez en place dans
le projet de loi au niveau de l'indépendance liée à la personne du commissaire,
et nous, on dit : Au niveau de l'établissement comme tel, le conseil
d'administration, particulièrement depuis la réforme de 2015, où le
président-directeur général, qui assure aussi la direction de l'établissement,
doit être en mesure, là, de… siège au sein du conseil d'administration en ayant
droit de vote. Donc… et le Commissaire aux plaintes relève du conseil
d'administration. Donc, on dit : Il doit y avoir des mesures qui soient
mises en place pour garantir cette indépendance-là, mais du côté de
l'établissement. Donc, ça, c'est bien important.
Pour le prochain point, qui touche plus
l'aspect de la maltraitance, je vais donner la parole à mon ami, Ian
Renaud-Lauzé.
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Oui.
Bonjour, merci de nous recevoir. Pour ce qui est de la maltraitance, c'est…
Depuis l'introduction du projet de loi visant à lutter contre la maltraitance,
ce qu'on peut constater, c'est qu'on a donné un double chapeau au commissariat
aux plaintes et c'est sûr que ça donne une nouvelle voix, un nouveau sujet à
aborder. Cependant, on est devant une situation où on a des gens avec un double
chapeau, un chapeau «régime examen des plaintes» et un chapeau «maltraitance»,
ce qui fait qu'une fois rendu sur le terrain, des fois, là, on a de la
confusion un peu sur : Quand on s'adresse au commissariat aux plaintes, on
s'adresse au commissariat aux plaintes à quel sujet et de quelle façon? Donc,
on a vraiment nos deux recours qui sont superposés parce qu'il y a des éléments
de la maltraitance qui ne pourront pas être traités par le commissariat
nécessairement. Quand c'est une histoire d'une famille qui exploite une
personne âgée, ça doit sortir du commissariat. On s'entend que ce n'est pas la
personne la plus appropriée pour le faire, mais, à d'autres occasions, quand on
parle justement de maltraitance organisationnelle, notamment, c'est... on a
vraiment une confusion entre le régime d'examen des plaintes, je dirais, et la
lutte à maltraitance. Peut-être que…
M. Renaud-Lauzé (Ian) :
...exploite une personne âgée, ça doit sortir du commissariat. On s'entend que
ce n'est pas la personne la plus appropriée pour le faire, mais à d'autres
occasions, quand on parle justement de maltraitance organisationnelle, notamment,
c'est... on a vraiment une confusion entre le régime d'examen des plaintes, je
dirais, et la lutte à maltraitance. Peut-être que cette supposition-là est nécessaire
et même souhaitable. Cependant, dans les processus, ça mérite d'être clarifié.
C'est ce qu'on constate beaucoup à ce niveau-là.
D'un autre côté, étant donné que la
maltraitance est traitée à même le régime d'examen des plaintes, il y a la question
du recours au Protecteur du citoyen. Est-ce que le Protecteur du citoyen est
prêt à accueillir des plaintes où la nature est la maltraitance? Puis ça, c'est
comme, on pourrait dire, une page blanche dans le... dans la loi actuellement
qui mène à, justement, de la confusion alors que normalement, toute plainte
dans le régime d'examen des plaintes devrait être... pouvoir être soumis en
deuxième instance au Protecteur du citoyen. Ça, c'est une des choses qui nous
préoccupe.
Mme Fortin (Manon) : Oui, de
plus, ce qu'on se rend compte, c'est qu'au niveau de la maltraitance, souvent,
la maltraitance, ça prend la forme d'un droit. Donc, je pense qu'une des
volontés du projet de loi n° 115, c'était de... Puis Marie Beaulieu, de la
chaire de recherche l'amenait beaucoup, c'était de rendre visible, de... rendre
visible cette maltraitance-là au Québec pour qu'on puisse justement agir sur.
Et là, ce qu'on constate, c'est que souvent, cette maltraitance-là prend la
forme d'un droit lésé et va se transformer comme ça dans la consignation des
données au niveau des commissaires aux plaintes. C'est ce qu'on constate.
La difficulté aussi de nommer la
maltraitance organisationnelle, donc de mettre une étiquette sur quelqu'un qui
maltraite un patient. Je vous dirais que c'est quelque chose de difficile au
sein de l'établissement, ça. Donc, c'était pour compléter ce que
M. Renaud-Lauzé disait.
Je vais transmettre la parole à
Mme Dubois qui abordera l'aspect des plaintes médicales plus
particulièrement.
Mme Dubois (Nathalie) :
Merci. Donc, si l'indépendance des commissaires aux plaintes et à la qualité
des services n'est pas toujours optimale, celle des médecins examinateurs nous
préoccupe également.
En effet, une étude avant été réalisée en
2016 auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux qui révélait que
60 % des médecins examinateurs exerçaient une autre fonction au sein même
de l'établissement. Alors, le fait d'avoir comme ça un double emploi au sein
d'un seul établissement, selon nous, nuit à la crédibilité du régime d'examen
des plaintes, parce que ça freine bon nombre d'usagers qui souhaiteraient
porter plainte. Il nous semble dès lors indispensable de mieux garantir
l'indépendance des médecins examinateurs.
D'un autre côté, on est aussi conscient
qu'il y a un problème au niveau du recrutement des médecins examinateurs. C'est
quelque chose que les CAAP constatent sur le terrain. Et ça aussi, ça entache
la crédibilité du régime, parce que cette pénurie entraîne des délais
importants au niveau de l'examen des plaintes. Dans l'un des CAAP, on a vu des
plaintes jusqu'à trois ans d'attente, alors que le délai de traitement,
normalement, est de 45 jours.
On invite donc le gouvernement à
travailler de concert avec notamment l'ACMPD et le Collège des médecins afin de
régler le problème de recrutement affectant le volet du régime d'examen des
plaintes.
Enfin, on aimerait attirer votre attention
sur les plaintes qui touchent les médecins qui exercent dans les établissements
privés tels que les groupes de médecine familiale ou les GMFU, super-cliniques également.
Celles-ci ne peuvent pas être traitées par les médecins examinateurs, parce que
c'est en dehors du cadre du régime d'examen des plaintes et ça, ça prive les
usagers du fait de faire valoir leurs droits. Nous aimerions que ce type de
plaintes puisse être englobé dans le régime d'examen des plaintes, comme c'est déjà
le cas pour certaines autres structures dites privées comme les résidences
privées pour aînés ou même les organismes communautaires.
Mme Fortin (Manon) : Donc, en
ce qui concerne, je vous dirais... Je pense qu'il y a une réelle possibilité
d'interpeller le Collège des médecins et l'Association des conseils des
médecins, dentistes et pharmaciens pour le recrutement de, par exemple, de
médecins retraités. Je pense qu'ils ont un intérêt, d'après les discussions que
j'ai eues avec eux, pour justement contribuer à amener une solution au régime
d'examen des plaintes qui est une démarche beaucoup moins lourde que celle au
niveau de l'ordre professionnel.
Donc, le point suivant que j'aimerais
aborder avec vous touche particulièrement la table des acteurs du régime
d'examen des plaintes et particulièrement les acteurs du régime d'examen des
plaintes qui concourent à l'assistance et à l'accompagnement, donc qui sont les
commissaires aux plaintes, les comités d'usagers et les centres d'assistance
d'accompagnement aux plaintes. On croit qu'il y aurait matière à aller plus
loin afin de préciser le rôle de chacun, parce que même si on dit qu'ils font
tous de l'assistance et de l'accompagnement, le travail qui est fait par chacun
diffère d'une façon importante. Il y a également la promotion du régime
d'examen des plaintes.
Tout à l'heure, Mme Bédard parlait et
on entendait parler que pour entreprendre une démarche de plainte, c'est
vraiment difficile, donc, parce que les gens ne sont pas informés. Je vous
dirais que ce n'est pas quelque chose qui est facile à promouvoir, le milieu ne
favorise pas ça. Je vais laisser la parole à Ian là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
• (17 h 20) •
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Oui.
Bien, c'est tout simplement... pour faire très...
Mme Fortin (Manon) :
...démarche de plainte, c'est vraiment difficile, donc, parce que les gens ne
sont pas informés. Je vous dirais que ce n'est pas quelque chose qui est facile
à promouvoir, le milieu ne favorise pas ça. Je vais laisser la parole à Ian
là-dessus.
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Oui.
Bien, c'est tout simplement... pour faire très simple, on parle du volume de
plaintes présentement, que les commissariats ont de la misère à arriver.
Imaginez quand ils ont la responsabilité en plus de s'assurer d'informer la
population et les usagers de leurs droits. C'est la même chose en termes de
lutte à la maltraitance. Ce qu'on constate présentement sur le terrain, c'est
que dans la législation, c'est très clair, il y a un devoir d'informer, de
faire la promotion. Est-ce que ça se fait? Je vous laisse cette question-là.
Le Président (M. Provençal)
: Nous allons donc maintenant poursuivre nos échanges avec Mme
la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Je n'ai
pas compris la question. Je n'ai pas compris votre question à la fin, là,
mais... Merci, M. Renaud-Lauzé, Mme Dubois et Mme Fortin. C'est
intéressant, ce que vous dites, puis j'aimerais peut-être, d'entrée de jeu,
faire... une rectification, un rectificatif. Oui, les commissaires aux plaintes
et à la qualité des services ont obtenu, je dirais, une responsabilité
supplémentaire quand, dans la loi n° 115, on leur a
imposé de prendre les plaintes concernant la maltraitance. Il n'y a pas eu de
sommes additionnelles pour accompagner les commissaires aux plaintes. Ça, ça
date de 2018.
Je veux vous rassurer, nous allons
augmenter le nombre de commissaires adjoints pour permettre justement aux
commissaires aux plaintes de pouvoir faire leur travail, parce que ce n'est pas
vrai qu'on va enlever les commissaires aux plaintes dans les CHSLD privés,
privés conventionnés, et donner toute la responsabilité aux commissaires aux
plaintes et à la qualité des services sans ajouter des effectifs, parce que
sinon, ce serait impossible.
Moi, je crois que c'est possible de faire
les deux parce qu'une plainte, c'est une plainte. Et dans les cas de
maltraitance, c'est très subtil, la maltraitance, hein. C'est aussi la
négligence, c'est aussi l'alimentation quand ça arrive froid, quand ce n'est
pas donné. C'est très... tout ça, ça fait partie, je crois, d'un tout.
Il y a un deuxième recours et vous l'avez
mentionné, Mme Dubois, c'est le Protecteur du citoyen. Juste pour les
CHSLD privés, le Protecteur du citoyen a quand même réglé 61 cas. Il y a
40 CHSLD privés et il y a 54 CHSLD privés conventionnés et il en a
réglé 61 en un an. Donc, ça, c'est au-delà des commissaires aux plaintes. Ma
question est la suivante : Maintenant, comment voyez-vous votre rôle à
l'intérieur, je dirais, de... pas nécessairement de ce projet de loi, mais là
où vous pourriez travailler en harmonie avec les commissaires aux plaintes,
avec le Centre d'accompagnement aux plaintes et aussi avec le
commissaire-conseil? Quand vous parliez d'information, c'est aussi le rôle du
commissaire-conseil de faire en sorte de faire... d'informer dans les
établissements, de faire en sorte qu'on puisse connaître davantage le
commissaire aux plaintes. Mais votre rôle à vous?
Mme Fortin (Manon) : Bien,
dans le fond, notre rôle à nous, c'est vraiment d'aider l'usager dans sa
démarche parce que des fois, c'est compliqué. Donc, les gens qui sollicitent
notre aide au niveau des différents centres d'assistance d'accompagnement aux
plaintes, où on a des conseillers qui sont des professionnels en relations
d'aide, là, qui accompagnent les gens. Donc, on prend le temps de vraiment
rédiger leur lettre de plainte, les accompagner tout au long du recours, que ce
soit lors de la rencontre avec le commissaire aux plaintes, le cas échéant, ou,
en deuxième instance, avec le Protecteur du citoyen...
Mme Blais (Prévost) : Donc,
vous travaillez main dans la main...
Mme Fortin (Manon) :
Absolument. Oui, oui, on travaille avec les acteurs du régime. Au niveau des
comités d'usagers, même chose. Leur travail est différent parce qu'ils sont
plus au niveau bénévole comme tel, mais il reste qu'on a un bon partenariat qui
s'est établi, surtout avec les acteurs du régime d'examen des plaintes. Au
niveau du commissaire-conseil, je vous dirais que nous, on voit vraiment son
rôle pour... Nous, on est au niveau national comme Fédération des CAAPet on est
en mesure d'observer, parce qu'on représente les centres d'assistance du
Québec, que le rôle du commissaire-conseil va être vraiment important.
Je parlais avec Mme Charland, la
responsable du regroupement des commissaires, et je sais que c'est un besoin
qu'ils ont d'avoir un vis-à-vis national qui prenne en charge certaines choses.
Déjà, eux autres sont bien occupés. Je regardais, juste pour préparer le
mémoire qu'ils vont venir présenter, bien, eux autres, là, pendant ce temps-là,
ils ne traitent pas de plaintes, hein. Donc, il y a, de plus en plus, une
nécessité pour les commissaires d'avoir une normalisation de la pratique,
d'avoir quantité d'actions qui doivent être posées au niveau d'une animation,
je dirais, de la table des commissaires.
Donc, c'est un rôle qui, à mon avis, est
vraiment important et qui aurait même dû être mis en place avant. Avant! C'est
un besoin que moi, je constate, puis que les commissaires ont nommé à plusieurs
reprises parce que...
Mme Fortin (Manon) :
...quantité d'actions qui doivent être posées au niveau d'une animation, je
dirais, de la table des commissaires. Donc, c'est un rôle qui à mon avis est vraiment
important et qui aurait même dû être mis en place avant, avant. C'est un besoin
que, moi, je constate puis que les commissaires ont nommé à plusieurs reprises,
parce que je suis en contact direct avec eux très fréquemment.
Mme Blais (Prévost) : On vient
de nous dire... Certains groupes nous ont dit: Les commissaires aux plaintes
devraient aller au-devant. Mais est-ce que c'est réellement le rôle du
commissaire aux plaintes d'aller au-devant ou de recevoir la plainte?
Mme Fortin (Manon) : Oui, Mme
la ministre, parce qu'au niveau de la loi santé services sociaux, la loi
prévoit que le rôle de promotion du régime d'examen des plaintes et des droits
des usagers appartient au commissaire aux plaintes. C'est spécifiquement
mentionné à l'article 3... 33 de la loi santé et services sociaux. Donc, oui,
ça fait partie de son rôle. Moi, je pense qu'on doit mettre de l'avant une
campagne nationale de sensibilisation sur les droits en santé et sur le régime
d'examen des plaintes qui appartiendrait au ministère et on doit aussi donner
les moyens, en termes de ressources financières, aux commissaires pour faire
leur travail de promotion du régime d'examen des plaintes et de droits des
usagers. Parce qu'en ce moment... Nous, quand on faisait... Moi, j'étais
directrice générale du CAAP — Capitale-Nationale, et, quand je
faisais un travail de promotion en collaboration avec les commissaires aux
plaintes, c'est les CAP qui payaient, qui sont des organismes communautaires,
parce que les commissaires n'avaient pas une cenne. Non, ça, ça n'a pas de bon
sens. Si on veut faire la promotion puis que ça ne soit pas juste lettre morte,
on doit s'assurer de donner les moyens pour pouvoir le réaliser, les moyens en
termes de ressources humaines, mais les moyens aussi en termes de ressources
financières.
Mme Blais (Prévost) : J'ai 75
questions à vous poser, mais je vais laisser mes collègues.
Le Président (M. Provençal)
: Qui prend la suite? La députée de Soulanges.
Mme Picard : Merci. Bonjour.
Vous avez parlé du recrutement des médecins examinateurs, qui devrait se faire
plutôt à l'extérieur de l'établissement. Donc, vous suggérez, si je comprends
bien, que ce soit vraiment un médecin qui soit au niveau du ministère ou
bien... Où vous le voyez, votre médecin examinateur, exactement?
Mme Fortin (Manon) :
C'est-à-dire que dans les faits, en ce moment, le médecin examinateur est nommé
au sein de l'établissement. Mais la problématique, c'est le recrutement,
c'est-à-dire qu'il n'y a personne qui veut faire cette job-là, parce que,
contrairement aux autres, je dirais, médecins qui ont vu leur revenu augmenter,
les médecins examinateurs, eux autres, ils ont vu leur revenu diminuer. Donc,
il n'y a plus personne qui veut faire cette job-là. Donc, ça a de l'air bizarre
à dire, mais il y aurait peut-être une révision de la rémunération qui serait
nécessaire à ce niveau-là pour s'assurer d'avoir du monde qui veulent faire le
travail. Puis, aussi, étant donné qu'il n'y a personne qui se porte volontaire
puis qui désire le faire, bien, je sais que le ministère a fait un travail de
recrutement pour être en mesure de recruter des médecins, mais... ça a porté
fruit, mais pas suffisamment. Donc, il y a un besoin de se doter de moyens,
puis, moi, je me dis, pour avoir parlé avec M. Gaudreault et... du Collège des
médecins, puis également M. Arata, de l'association du CMDP, conseils médecins,
dentistes et pharmaciens, je leur ai dit: Je pense que vous avez avantage à ce
que le régime d'examen des plaintes fonctionne, hein? On s'entend qu'eux
autres, ils aiment bien mieux que ça passe dans le régime d'examen des plaintes
que ça débarque au collège. Je me suis dit: Ils ont un intérêt, alors peut-être
qu'on pourrait travailler ensemble pour que ça ne dérape pas, parce que j'ai
dit: En ce moment, là, il y a vraiment du plomb dans l'aile au niveau du volet
plaintes médicales puis il y a une difficulté au niveau du ministère d'agir
là-dessus, parce qu'on dirait que les docteurs, c'est comme Dieu le Père. Donc,
moi, je pense que, si on veut que ça fonctionne, il faut faire quelque chose,
puis, moi, je pense qu'il y a une résonance quand on leur dit: Ça vous tente-tu
que ça débarque au collège? Non, ça ne leur tente pas.
Bien là, moi, je fais ce travail-là de
contact avec eux, mais je pense que le ministère pourrait faire une bien
meilleure job, parce que, moi... on est des organismes communautaires, là. Ils
nous aiment bien, là. On va aller les voir pour... parce qu'ils sont en train
de travailler l'assistance et l'accompagnement, là, qu'ils veulent... donc ils
nous interpellés en ce sens-là. Mais il demeure qu'il y a un travail à faire à
ce niveau-là, puis je pense qu'ils ont des sensibilités. Donc, peut-être qu'ils
pourraient nous fournir des médecins retraités.
Mme Blais (Prévost) : J'ai une
question, puis après ça je passe la parole, peut-être une dernière question. Le
Protecteur du citoyen, tout à l'heure, je lui ai demandé: Est-ce que le fait
que les commissaires aux plaintes relèvent du conseil d'administration, et on
sait que c'est dans un établissement, puis le P.D.G.... Est-ce que ça vous
dérange? Elle dit: Non, les commissaires aux plaintes ne relèvent pas des
présidents-directeurs généraux des CISSS et des CIUSSS. Est-ce que, ça, ça vous
conforte?
Mme Fortin (Manon) : Bien,
nous, ce qu'on a observé, en tout cas quand on a scruté la loi, on a vu que le
P.D.G. de l'établissement, il siège au conseil d'administration puis il a le
droit de vote, puis c'est le conseil d'administration qui engage les
commissaires. Donc, on s'est dit: Oui, il y a peut-être une petite affaire là
qu'on a besoin de ficeler pour s'assurer de bien, bien, bien baliser
l'indépendance du commissaire, là.
Mme Blais (Prévost) : Et vous
lui demandez de se retirer quand le commissaire aux plaintes vient au conseil
d'administration?
• (17 h 30) •
Mme Fortin (Manon) : Je ne le
sais pas, puis en tout cas chaque conseil d'administration pourrait se pencher
sur, justement, des moyens à mettre en place à cet effet-là.
J'aimerais revenir...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Fortin (Manon) : ...qu'on
a besoin de ficeler pour s'assurer de bien baliser l'indépendance du
commissaire, là.
Mme Blais (Prévost) : ...quand
le commissaire aux plaintes vient au conseil d'administration.
Mme Fortin (Manon) : Aïe! Je
ne le sais pas, puis, en tout cas, chaque conseil d'administration pourrait se
pencher sur justement des moyens à mettre en place à cet effet-là.
J'aimerais revenir sur... parce que tantôt
on était en arrière puis on entendait : Au niveau du comité vigilance, il
y a-tu un danger, commissaire-conseil? Non, pas du tout. Ce n'est pas du tout
dans la même cour, là. Il faut s'entendre. Les commissaires aux plaintes, au
niveau du régional ou du local, ils sont sur le plancher des vaches puis ils
travaillent avec les comités de vigilance. Le commissaire-conseil est au niveau
du palier national puis il travaille avec les commissaires, mais il ne s'en va
pas dans le traitement des plaintes. Donc, c'est vraiment... Il n'y a pas de
crainte à avoir. C'est deux choses complètement différentes.
Le Président (M. Provençal)
: Députée de Roberval.
Mme Guillemette : ...merci.
Votre première recommandation, vous parlez de se doter de moyens concrets pour
garantir l'indépendance. De quels moyens, outre la présence dans des lieux non
administratifs et... Outre ça, quels moyens concrets on pourrait mettre en
place, dans ce projet de loi là, pour...
Mme Fortin (Manon) : Bien, je
pense que les conseils d'administration pourraient se pencher sur l'analyse de
ce défi-là, je dirais, donc, pour justement mettre en place des mesures en ce
sens-là. Je sens que mon ami Ian a quelque chose à dire.
M. Renaud-Lauzé (Ian) : À ce
sujet-là, c'est juste... La chose qu'il faut conscientiser, c'est... Le
commissaire aux plaintes, c'est quand même quelqu'un qui va avoir une
collaboration intensive avec les différentes directions d'un CISSS ou d'un
CIUSSS. Cette personne-là, justement, par son rôle quand même qui est un rôle
critique dans le réseau, il faut lui garantir que, dans son rapport avec les
différents intervenants de l'établissement, qu'il ait toutes les marges de
manoeuvre pour faire son travail.
Généralement, il y a des commissaires qui
réussissent très bien à définir leur cour, leur carré de sable, mais est-ce que
c'est uniformisé partout au Québec? Est-ce que le carré de sable est le même
pour chaque commissaire au Québec? Là-dessus, on a pu voir des variations qui
méritent justement de s'assurer que, du point de vue... l'indépendance du point
de vue du rapport à l'établissement soit aussi garantie, pas seulement qu'il
n'y ait pas de conflit d'intérêts par rapport à la personne elle-même et son
portefeuille d'actions.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Soulanges.
Mme Picard : Excusez-moi.
J'aimerais savoir, au niveau de vos relations avec les usagers, avec les
patients, c'est quoi, le plus grand enjeu que vous avez quand vous faites vos
relations avec eux, la langue? Je parle... Est-ce qu'il y a une barrière qui
est principale, là, que vous...
Mme Fortin (Manon) :
...laisser répondre là-dessus.
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Si je
viens par rapport à la clientèle particulière qui est liée au projet de loi
actuel, puis ça pourrait être la même chose pour les résidences privées pour
aînés, la principale composante, le principal enjeu, c'est la peur, c'est les
craintes, qu'elles soient fondées ou pas. Là-dessus, je ne veux pas... Des
fois, c'est juste une crainte de représailles qui n'est peut-être même pas
actualisée, qui n'est pas réelle, sauf que cette crainte-là est présente. Donc,
lorsqu'on est devant une vraie situation, cette crainte-là est encore présente.
Donc, c'est réussir à... excusez-moi, détricoter ces craintes-là pour pouvoir
permettre à la personne de faire sa démarche.
Puis on a un enjeu justement quand on est
dans la zone grise où ce n'est plus une question... la personne est... Elle
n'est pas sous tutelle, elle n'est pas sous curatelle, mais elle est
vulnérable. Puis justement c'est une zone grise, justement, qui demande, des
fois, justement, qu'est-ce qu'on fait collectivement pour s'assurer que les
droits de ces personnes qui sont vulnérables sont respectés, puis on a encore
un enjeu là à comprendre c'est quoi, la vulnérabilité, puis c'est quoi, les
facteurs de protection qu'on donne aux personnes.
Puis, les CAAP, c'est ce qu'on essaie de
faire justement, c'est de développer... Des fois, je dis à mon équipe :
Comment on fait pour mettre de la ouate autour des personnes pour mieux les
accompagner, puis qu'ils se sentent bien dans leurs démarches? Mais on a
vraiment un gros défi de dépasser les craintes de base.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la ministre.
Mme Blais (Prévost) : Oui. Il
faut bien comprendre aussi que, dans nos établissements, actuellement, qu'ils
soient privés, privés conventionnés, publics, 80 % des personnes hébergées
ont des troubles neurocognitifs majeurs. Donc, il y a beaucoup de plaintes qui
proviennent des familles, et pas nécessairement des personnes.
Écoutez, je visite des CHSLD
régulièrement. Je vois cette incapacité de pouvoir se plaindre. Donc, il faut
que les familles soient présentes et que les familles puissent aussi porter
plainte. Donc, c'est ce que vous voyez également à travers le travail que vous
faites.
Mme Fortin (Manon) : Oui,
absolument. Beaucoup quand on parle des aînés en CHSLD. Absolument. Ce sont souvent
les familles, les représentants légaux qui vont faire la démarche...
(Interruption)
Le Président (M. Provençal)
: On va devoir suspendre. Vous allez m'excuser, madame. On
est appelés au...
Mme Blais (Prévost) :
...puissent aussi porter plainte. Donc, c'est ce que vous voyez également à
travers le travail que vous faites.
Mme Fortin (Manon) : Oui, absolument.
Beaucoup quand on parle des aînés en CHSLD, absolument. Ce sont souvent les
familles, les représentants légaux qui vont faire la démarche...
Le Président (M. Provençal)
: On va... On va devoir suspendre, vous allez m'excuser,
madame. On est appelés au salon bleu, mais avant de quitter pour le salon bleu,
je vais avoir besoin de votre consentement pour déborder du temps qu'on avait déjà
prévu pour pouvoir permettre de terminer avec ce groupe. Consentement. Merci.
Alors, on... Je vous invite à vous diriger au...
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise à 17 h 59)
La Présidente (Mme Guillemette) :
Bonjour, tout le monde. Nous reprenons nos travaux. Donc, il nous reste
1 min 50 s à la partie gouvernementale. Avez-vous encore des
questions?
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
là, vous me prenez de court, hein? Je vais laisser Mme Blais, l'autre
Mme Blais poser la question.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Lorsqu'il y a une plainte portée par un bénéficiaire, au moment de la plainte,
et puis le bénéficiaire va se sentir menacé, qu'est-ce que vous faites à ce
moment-là? Est-ce qu'il y a des recours? Est-ce qu'il y a une protection? Parce
qu'il y a souvent de l'intimidation, hein, suite à une plainte, alors quelles
sont les procédures ou la façon de faire?
Mme Fortin (Manon) : La loi
prévoit, dans le fond, que le commissaire, dans le cas de représailles, doit
intervenir sur-le-champ. Donc, c'est sûr qu'à partir du moment où il y a quelqu'un
qui est présent, qui regarde la situation, ça dérange un petit peu, hein? Donc,
ça se replace, je dirais, les choses qui ne sont pas nécessairement correctes.
• (18 heures) •
Par contre, des fois les représailles se
font de façon insidieuse. Donc, il arrive, particulièrement en milieu
d'hébergement, où là, la personne est captive pour ses soins et ses besoins,
des besoins qui sont vraiment essentiels, donc là...
18 h (version non révisée)
Mme Fortin (Manon) :
...les choses qui ne sont pas nécessairement correctes.
Par contre, des fois, les représailles se
font de façon insidieuse. Donc, il arrive... Particulièrement en milieu d'hébergement,
où, là, la personne est captive pour ses soins et ses besoins, des besoins qui
sont vraiment essentiels, donc là ça devient... C'est vraiment délicat, là, tu
sais. Donc, ça...
C'est pour ça que je vous dirais que le
rôle des centres d'assistance est important parce que ça, ça permet de rétablir
l'équilibre des forces. C'est ce qu'on observe, là. Donc, quand qu'on est
présents... Parce qu'on est quand même assez soft, nous, on ne navigue pas dans
la défense de droits, on est vraiment dans l'assistance et l'accompagnement et
on initie des moyens pour donner, je dirais, le pouvoir à la personne de
pouvoir agir sur sa situation, quand c'est possible, ou son représentant.
Donc, je pense que ça, ça peut faire une
différence. Mais il reste qu'il y aura toujours cette situation-là où la
personne en hébergement, elle est plus vulnérable aux représailles, donc...
Puis on a... on devra toujours avoir une vigilance à cet effet-là, toujours.
La Présidente
(Mme Guillemette) : Merci. Merci beaucoup. Je donnerais
maintenant la parole à la députée de Fabre.
Mme Sauvé : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, merci à vous, Mme Fortin,
Mme Dubois, Ian Renaud-Lauzé. Merci à vous, à vous trois, pour votre
présentation. Désolée de cette interruption, mais nous avions un devoir à
effectuer.
Alors donc, écoutez, moi, je veux
revenir... parce que vous avez commencé à parler un peu du terrain. Je crois
beaucoup à la forme d'accompagnement que vous offrez via, bien sûr, votre
mission, votre mandat d'organisme communautaire. Et vous avez commencé à bien
sûr dire que, quand vous rencontrez les aînés, les résidents ou leur famille,
c'est beaucoup la réalité... la peur des représailles qui est un peu à
l'avant-plan.
J'aimerais ça vous entendre vraiment, là,
quand vous parlez à vos membres dans toutes les régions du Québec où il y a les
CAAP, j'aimerais ça vous entendre vraiment sur d'autres réalités. Est-ce qu'il
y a des... par exemple, des besoins d'information? Parce qu'on l'a bien nommé
depuis ce matin que parfois les rôles sont... Il y a de la confusion, les rôles
ne sont pas clairs.
Alors, quels sont les autres besoins
exprimés par les familles, les aînés, les résidents auprès de vos intervenants
des CAAP?
Mme Fortin (Manon) : Une
chose qui est sûre, j'aimerais revenir sur le fait qu'il ne faut pas penser,
là, qu'à chaque plainte il y a un risque de représailles. Ce serait faux de
dire ça. O.K.?
Donc, au niveau... Je vous dirais que les
CAAP vont donner aussi beaucoup de séances d'information. À vrai dire, le rôle
de promotion du régime en ce moment, là, c'est les centres d'assistance qui le
font par des actions... des séances d'information auprès des organismes communautaires,
auprès des groupes d'aînés, particulièrement en ce moment, là, aussi dans les
résidences privées pour aînés.
Donc, il y a un travail qui se fait au
niveau des séances d'information. Et peut-être que je laisserais Ian compléter
par rapport à la question sur plus... au niveau de l'intervention.
Pourriez-vous répéter, pour les besoins de M. Lauzé, la question?
Mme Sauvé :
Certainement. Moi, je veux en savoir un peu plus sur les réalités terrain qui
sont nommées par les résidents, les aînés qui vont vers les intervenants des
CAAP, qui sont vos membres.
M. Renaud-Lauzé (Ian) :
Bien, premièrement, il peut y avoir aussi les proches, hein? On en parlait
tantôt, il y a souvent des représentants. C'est sûr que ça va être la qualité
des services souvent, les rapports humains, le sentiment de se faire traiter
comme un numéro, beaucoup, là, on s'entend... tu sais, justement, la
distribution des médicaments, ces différents éléments là qui sont faits sous
pression, rapidement, puis qu'on doit... le plus vite possible, et qui met
souvent des risques d'erreur. Donc, c'est sûr que ces situations-là qui ont
déjà été relatées vont revenir chez nous.
L'autre côté, je vous dirais, surtout
quand on parle du secteur privé, qui sont... qui est à même le réseau, là, je
parle des résidences privées pour aînés, les établissements, il y a aussi une
relation d'affaires. Cette relation d'affaires là, je vous dirais, elle est
assez brusque pour des gens qui sont vulnérables. Exemple... résidence privée
pour aînés, quand c'est le temps de signer un bail, il y a beaucoup de
résidences, puis comment ça fonctionne, c'est qu'on fait la tournée des portes,
puis : Signez votre renouvellement là. Dans la loi sur... dans le Code
civil, c'est très clair. Généralement, les gens doivent avoir un mois environ
pour réfléchir : Est-ce que cette hausse de loyer, ces changements-là à
mes services, ils sont-u corrects ou pas? On ne donne pas ce temps-là. On ne
s'assure pas que l'aîné est accompagné d'un proche pour bien comprendre les
modifications qui ont été faites au contrat qui le lie à la résidence.
Ça, c'est des exemples, justement, là, de
situations qu'on peut avoir sur le terrain.
Mme Sauvé : Est-ce que,
justement, quand vous avez des besoins qui sont exprimés comme ça, est-ce que
vous faites des liens de partenariat avec... je pense, par exemple, aux ACEF
par rapport aux questions financières. Est-ce qu'il y a d'autres liens de
partenariat que vous...
M. Renaud-Lauzé (Ian) : ...ça,
c'est des exemples, justement, là, de situations qu'on peut avoir sur le
terrain.
Mme Sauvé : Est-ce que... Justement,
quand vous avez des besoins qui sont exprimés comme ça, est-ce que vous faites
des liens de partenariat avec... Je pense, par exemple, aux ACEF, par rapport
aux questions financières. Est-ce qu'il y a d'autres liens de partenariat que
vous élaborez en lien avec les besoins qui sont exprimés sur le terrain?
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Bien,
en fait, on a un mandat...
Mme Sauvé : O.K.
M. Renaud-Lauzé (Ian) :
...aussi au niveau des résidences... pour les baux en résidences privées pour aînés.
Mme Sauvé : O.K.
M. Renaud-Lauzé (Ian) : On a
ce mandat-là. Mais c'est clair qu'on essaie justement d'améliorer notre collaboration
avec le CIUSSS. Au-delà du... excusez-moi, du commissaire aux plaintes, c'est
aussi les autres intervenants au niveau du CIUSSS qui vont agir à même les
résidences, parce qu'eux aussi, c'est des gens qui sont témoins de situations.
Même si c'est à l'extérieur du CIUSSS comme tel, exemple, ou du CISSS, un
intervenant du maintien à domicile va se présenter dans les résidences privées
pour aînés. Donc, ces gens-là aussi doivent faire partie de la solution... puis
que l'information soit transmise, entre autres, dans un processus d'assistance,
d'accompagnement quand il y a une situation qui inadmissible.
Mme Sauvé : Je pense que vous
avez un rôle clé à travers tout le parcours, le cheminement de la démarche de
la plainte, parce que vous êtes effectivement dans un mode intervention, ce qui
peut vous distinguer par rapport aux autres acteurs. Moi, j'ai été, d'abord, très
positivement surprise de voir le nombre d'accompagnements que vous faites.
10 000, là, c'est vraiment... c'est très éloquent.
Mme Fortin (Manon) : Nous
sommes... de services.
Mme Sauvé : Oui.
Mme Fortin (Manon) : Donc, à
l'intérieur de ça, il y a les accompagnements, il y a également les demandes d'information...
Mme Sauvé : O.K., d'accord.
Mme Fortin (Manon) : ...et
les demandes de soutien-conseil.
Mme Sauvé : O.K.
Mme Fortin (Manon) : Donc, il
y a trois types de services, c'est important de le spécifier, oui, c'est ça.
Mme Sauvé : Oui, merci pour
la précision. J'ai été surprise, d'un autre côté d'apprendre que la majorité
des vos références, ça vient des professionnels de la santé.
Mme Fortin (Manon) : Et des commissaires
aux plaintes.
Mme Sauvé : Et des commissaires
aux plaintes.
Mme Fortin (Manon) : Numéro
un, commissaires aux plaintes.
Mme Sauvé : O.K., d'accord.
Mme Fortin (Manon) : Et
professionnels de la santé, c'est les deuxièmes.
Mme Sauvé : O.K., c'est les
deuxièmes.
Mme Fortin (Manon) : Oui.
Mme Sauvé : Vous avez, dans
votre mémoire, à la recommandation 9. Malgré les bons liens qui se tissent
et tout ça, vous souhaitez qu'il y ait une meilleure coordination par rapport à
tous les acteurs du régime d'examen des plaintes. Alors, est-ce que vous pouvez
qualifier vraiment des solutions qui permettraient concrètement de bonifier?
Parce qu'il y a un manque d'information? Parce que ce n'est pas aussi fluide
que vous le souhaiteriez? Mais qu'est-ce qui, concrètement, pourrait améliorer
cette coordination entre les différents acteurs?
Mme Fortin (Manon) : Bien, je
vous dirais qu'il y a... Premièrement, il faut savoir qu'il y a une étude comparée
du régime d'examen des plaintes entre le Québec et la France qui vient tout
juste de sortir en novembre 2019 qui nous a... qui va dans le même sens de ce
qu'on amène. Donc, la nécessité de préciser le rôle des intervenants qui
sont... qui ont, je dirais, comme fonction d'assister et d'accompagner. Le
Protecteur du citoyen disait : Le commissaire aux plaintes, il a un rôle à
assister... pour assister et accompagner. Mais, dans le fond, selon leurs
analyses, c'est 10 % des commissaires, c'est 10 % du travail des
commissaires d'assister et d'accompagner, puis ils n'ont pas le temps, ils
n'ont pas le temps, ça va vite.
Nous, notre rôle est vraiment concentré à
ce niveau-là et ce sont des professionnels. L'assistance et l'accompagnement
des comités d'usagers individuels, c'est plus des bénévoles. Donc, il y a le
défi de la connaissance au niveau des droits, au niveau de l'assistance, au
niveau de... donc, qui n'est pas la même. Donc, chacun a comme... Moi, je me
dis : Bien, c'est sûr que les centres d'assistance, c'est leur tasse de
thé. Bien, pourquoi on ne s'entendrait pas pour comment on va fonctionner
ensemble quand ça devient trop complexe, là, puis c'est un comité d'usagers,
pitche-les donc au CAAP, hein? Le CAAP, lui, c'est sa tasse de thé. Quand le
commissaire, ça devient trop complexe... Par exemple, quand j'étais au
CAAP—Capitale-Nationale, je ne sais pas si c'est encore comme ça, toutes les
plaintes médicales étaient transférées au CAAP, systématiquement.
Donc, il y a comme des façons de faire qui
pourraient être établies pour que chacun se sente bien. Parce que, moi, je sais
qu'il y a des bénévoles de comités d'usagers qui ne se sentent pas à l'aise
dans des plaintes complexes, puis assister, accompagner, pour eux, ça consiste
en : Je vais aller amener l'usager au commissaire; bien, ils ont dit qu'on
l'assiste, qu'on l'accompagne. Tandis que, nous autres, l'assistance,
l'accompagnement est beaucoup plus complexe que ça, là. Donc, je me dis :
On... C'est comme un fourre-tout, le mot «assistance et accompagnement».
Peut-être qu'on aurait avantage à définir un peu plus les rôles pour, par la
suite, en faire la promotion auprès des usagers. Parce que, là, en ce moment,
vous rentrez dans un établissement, là... Je suis rentrée dans un centre hospitalier
dernièrement, je cherchais les pancartes, moi, aucune pancarte régime d'examen
des plaintes, aucun dépliant. Où est-ce qu'ils sont? Il y a une difficulté
importante d'atterrir sur le plancher des vaches pour informer les gens que ça
existe, ça. Ça, c'est vraiment essentiel.
• (18 h 10) •
Puis ça fait longtemps qu'on en parle...
avec la Direction de l'éthique et de la qualité avec qui on... c'est notre
interlocuteur. Puis je pense qu'il y a une volonté. Mais, en même temps, il
faut débloquer des fonds pour faire ça. Et puis je pense qu'on a peur aussi
que, si on met trop d'affiches, trop de dépliants, que tout le monde aille se
plaindre. Bien, peut-être qu'il faut dépasser ça. Puis les gens, je veux dire,
leur objectif, ce n'est pas nécessairement...
Mme Fortin (Manon) : ...avec
qui on... c'est notre interlocuteur. Puis je pense qu'il y a une volonté, mais en
même temps, il faut débloquer des fonds pour faire ça. Et puis je pense qu'on a
peur aussi que, si on met trop d'affiches, trop de dépliants, que tout le monde
aille se plaindre. Bien, peut-être qu'il faut dépasser ça. Puis les gens, je
veux dire, leur objectif, ce n'est pas nécessairement ça.
Puis il ne faut pas oublier que le régime
d'examen des plaintes, sa vocation première, ce n'est pas l'amélioration de la
qualité des services. On l'entend beaucoup dire, ça. Ce sont le respect des
droits des usagers. Les législateurs, à l'origine, c'est ça qu'ils voulaient.
Ça doit garantir le respect des droits des usagers et, par ricochet, l'amélioration
de la qualité des services. Donc, il y a vraiment un travail de promotion
important à faire.
Mme Sauvé : Est-ce qu'il me
reste du temps?
Le Président (M. Provençal)
: Il vous reste 1 min 30 s.
Mme Sauvé : Oh mon Dieu! je
vais essayer de faire ça rapidement. Écoutez, vous parlez... puis c'est
tellement important, l'information, la confusion des rôles. Moi, j'aimerais ça,
là, pour les gens qui nous écoutent, vraiment que vous nous expliquiez, là, le
parcours type de quelqu'un qui s'adresse à vous, que ça vienne... que la
référence vienne de professionnels de la santé ou d'un commissaire, comment ça
se passe, dans les étapes, pour nous expliquer un petit peu la complexité du
parcours. Mais dans la réalité, ça ressemble à quoi au quotidien?
Mme Fortin (Manon) : Bien, je
pourrais peut-être transmettre la parole à Ian, mais je vais commencer.
D'abord, dans un premier temps, il faut savoir que les centres d'assistance et
d'accompagnement aux plaintes, leur majeure, là, c'est les centres hospitaliers
et la direction de la protection de la jeunesse. Donc, ça, particulièrement,
là, il y a un gros volume qui vient à ce niveau-là. Il y a aussi... On est
beaucoup identifiés aux aînés. Oui, il y a beaucoup d'aînés qui sollicitent
notre aide, mais il reste que notre majeure, elle est à ce niveau-là. Mais dans
les centres hospitaliers, on voit beaucoup d'aînés, hein? Souvent, les maladies
chroniques, tout ça, souvent, ils sont bien là.
Donc, je pense qu'Ian est bien placé pour
expliquer le parcours d'un usager. Je pourrais le faire, mais j'aime bien...
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Oh
mon Dieu! Aïe! méchant défi.
Mme Fortin (Manon) :
"Let's go."
M. Renaud-Lauzé (Ian) :
Grossièrement, c'est que nous, on accueille la personne puis on écoute c'est quoi,
son histoire. Puis l'idée, c'est de mettre en valeur son histoire, puis ne pas
que la personne ait le tracas administratif de la démarche de plainte. Les
conseillers prennent en charge le côté... le tracas administratif pour faire
cheminer finalement l'histoire de la personne, justement pour simplifier au
maximum le poids de la démarche qu'a à faire la personne, juste ramener son
histoire, est-ce que c'est assez simple et court. Ça ressemble pas mal à ce
qu'on va faire. Mais on va la suivre à toutes les étapes de sa démarche,
justement pour retirer ce fardeau administratif là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Mme Fortin (Manon) : Que ce
soit préciser l'objet de sa plainte, que ce soit l'accompagner, la préparer
pour la rencontre, souvent, expliquer les conclusions. C'est très... C'est
difficile à comprendre. Donc, il y a ça aussi. Donc, il y a différentes choses,
mais qui sont très, très concrètes, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, madame. Alors, je vais céder la parole au
député de Rimouski.
M. LeBel : Merci, M. le
Président. Bonjour.
Mme Fortin (Manon) : Bonjour.
M. LeBel : Tantôt, vous avez
dit que vous avez de la difficulté pour attirer des médecins examinateurs, que
c'était compliqué. On pourrait leur proposer de dealer la prime à l'oxygène.
Pour eux autres, ça pourrait être pas pire pour en amener quelques-uns.
Dans, il y a deux, trois ans, là, quand
j'ai... je ne me rappelle pas, c'est peut-être deux ans, là, la loi n° 115, on disait, au début, qu'il y avait au moins 12 à 15
portes d'entrée pour... puis qu'il fallait corriger ça puis essayer d'en amener
au moins une ou deux, gros max, pour que le monde soient démêlés. Aujourd'hui,
là, comment...si vous avez à évaluer ça sur une échelle de 10, un, on n'a rien
amélioré, puis 10, on a amélioré des choses?
Mme Fortin (Manon) : Oui,
O.K. Je ne suis pas sûre que ce système de pointage là permet d'apporter les
nuances nécessaires, mais disons que... je dirais que... je mettrais peut-être
une cote, de trois, quatre sur 10 en ce moment...
M. LeBel : Ah oui?
Mme Fortin (Manon) : ...ce
qu'on a amélioré. Dans le sens qu'on a commencé à nommer ça. On sent qu'il y a
un inconfort sur le terrain. On ne sait pas trop comment nommer ça, ce n'est
pas toujours évident. Ça passe souvent dans la trappe du régime d'examen des
plaintes, droits des usagers. Ce n'est pas évident, là, bon, et puis... Mais je
pense qu'il y a une volonté d'essayer de mettre en place des choses. Mais je
pense que la mentalité collective évolue, évolue. Donc, c'est un peu ça.
M. LeBel : Sur la...
M. Renaud-Lauzé (Ian) : Je
pourrais...
Mme Fortin (Manon) : Oui,
peut-être, tu veux compléter?
M. LeBel : Bien, peut-être,
rapidement, avant, là. Tu sais, sur l'indépendance des commissaires, vous
proposez d'avoir des enveloppes dédiées, que ça leur permettrait de travailler
dans leur... L'enveloppe serait déterminée par qui?
Mme Fortin (Manon) : Bien, je
pense que le ministère pourra déterminer l'enveloppe.
M. LeBel : Ce ne serait pas
par les CISSS? Ce serait...
Mme Fortin (Manon) : Bien,
c'est sûr que ça doit être probablement à même le budget des centres intégrés.
En ce moment, c'est comme ça, là. Je pense que c'est des technicalités qui
pourraient être définies plus par le ministère.
M. LeBel : O.K. Puis une
dernière question rapidement. Je n'ai pas beaucoup de temps, ça fait que j'y
vais en rafale. Quand vous accompagnez des gens pour des plaintes, comment on
peut prendre en considération les différences des personnes? On n'accompagne
pas une femme ou un homme de la même façon. Et moi, j'ai rencontré des gens des
communautés LGBTQ, qui trouvent ça bien difficile, que, des fois, ils ont passé
leur vie à sortir du placard, puis ça a été compliqué, puis là ils rentrent en
résidence, puis ça recommence, ils ont... Comment vous... Comment on ajuste nos
interventions?
Mme Fortin (Manon) : Bien,
nous, on est très sensibles à ça parce qu'on a des collaborations qui sont
établies, avec la Fondation Émergence, notamment, qui est directement liée aux
gens qui... les personnes LGBT. Donc, nous, c'est vraiment... Ce sont des...
Nos gens, nos conseillers, ce sont des travailleurs sociaux...
15479 M. LeBel : ...ajuste nos interventions.
Mme Fortin (Manon) : Bien,
nous, on est très sensibles à ça parce qu'on a des collaborations qui sont
établies, avec la Fondation Émergence, notamment, qui est directement liée aux
gens qui... les personnes LGBT. Donc, nous, c'est vraiment... ce sont... nos
gens, nos conseillers, ce sont des travailleurs sociaux, des conseillers en orientation.
Donc, ils ont un positionnement intérieur d'accompagnement, déjà, en partant,
donc le jugement, ce n'est pas quelque chose qui fait partie, je dirais, de
notre bagage. En plus, vous savez, nous, on accompagne beaucoup, beaucoup
de parents au niveau de la direction de la protection de la jeunesse, on vient
d'ailleurs de déposer un mémoire, là, et on fait ressortir des choses. Puis
vous savez, dans ces cas-là, souvent, on voit toutes sortes de situations qui
sont très, très difficiles. Donc, s'il y a eu un jugement à s'exercer, peut-être
qu'on l'aurait fait là. Non, pas du tout, ça ne fait pas partie de notre ADN,
comme organisation, donc, cet accompagnement-là inconditionnel, en toutes circonstances.
On est comme du bon pain, finalement.
Mme LeBel : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Je remercie les membres de la Fédération des centres
d'assistance et d'accompagnement aux plaintes pour leur contribution à nos
travaux. La commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle
accomplira un autre mandat. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 16)