Journal des débats de la Commission de la santé et des services sociaux
Version préliminaire
42-1
(début : 27 novembre 2018)
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Le
viernes 27 novembre 2020
-
Vol. 45 N° 68
Interpellation de la cheffe du deuxième groupe d’opposition au ministre de
la Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant : Les lacunes dans
l'offre de service de soins de santé et services sociaux pour les peuples
autochtones au Québec
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante-neuf minutes)
Le Président (M. Provençal)
:À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare la séance de la Commission de la santé et des services sociaux ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à l'interpellation de la cheffe du
deuxième groupe d'opposition au ministre de la Santé et des Services sociaux
sur le sujet suivant : les lacunes dans l'offre de services de soins de
santé et services sociaux pour les peuples autochtones du Québec.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Mme Picard (Soulanges) est remplacée par M. Lemieux
(Saint-Jean); Mme Montpetit (Maurice-Richard), par M. Kelley
(Jacques-Cartier); M. Zanetti (Jean-Lesage), par Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques); et M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par
M. Ouellet (René-Lévesque).
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je comprends qu'il y a une entente à
l'effet que l'opposition officielle interviendra lors de la deuxième, quatrième
et sixième série d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition
interviendra lors de la cinquième série d'interventions. Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, vous avez la parole pour 10 minutes. À vous,
madame.
• (10 heures) •
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde. Merci d'être là. En fait, je veux commencer
par nous rappeler qu'est-ce qui nous...
10 h (version non révisée)
Le Président (M. Provençal)
: ...lors de la cinquième série d'interventions.
Mme la cheffe du deuxième groupe
d'opposition, vous avez la parole pour 10 minutes. À vous, madame.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde, merci d'être là. En fait, je veux commencer
par nous rappeler qu'est-ce qui nous rassemble ici aujourd'hui. Le 8 octobre
2019, le gouvernement a fait une promesse aux Premières Nations et aux Inuits
qui partagent le territoire. Il s'est engagé à leur donner accès, sans aucune
discrimination, à tous les services sociaux et de santé. Il s'est engagé à ce
que les autochtones puissent jouir en toute égalité du meilleur état possible
de santé physique et mentale. Il s'est engagé à prendre les mesures nécessaires
pour assurer la pleine réalisation de ce droit. C'est ça qui est écrit dans la déclaration
des Nations unies pour le droit des peuples autochtones, dont nous avons adopté
les principes ici même en octobre dernier.
On va se le dire, ça ne devrait pas
prendre l'ONU pour nous dire ça. Tout le monde devrait avoir le même accès aux
soins de santé, tout le monde devrait se sentir en sécurité dans nos hôpitaux
et nos cliniques. Le drapeau qui flotte au-dessus de chacune d'elles, qu'est-ce
qu'il veut dire? Bien, il veut dire : Ici, vous allez être traités avec
dignité et avec respect. C'est nos valeurs de base au Québec. Mais le décès de
Joyce Echaquan nous a ramenés sur terre. Les autochtones n'ont pas le même
accès aux soins de santé que les autres. Les autochtones vivent du racisme dans
le réseau de la santé, du racisme qui est systémique, parce qu'il est toléré
par le système.
Le symbole de notre échec, c'est Joyce,
mais pas juste Joyce. C'est les gens de Natashquan, qui ne peuvent pas veiller
leurs proches en fin de vie selon les rites qu'ils ont toujours pratiqués, avec
la sauge, avec les tambours, avec la communauté présente. C'est la communauté
de Maliotenam, qui perd ses enfants quand la DPJ intervient, sans respect des
droits et de la culture innue. C'est Marie-Louise Niquay, de Manawan, forcée de
déménager à Joliette pour faire son hémodialyse, Marie-Louise, qui a dû choisir
entre sa santé, les soins et sa famille. C'est Levi Kumarluk, décédé d'un
poumon perforé 18 heures après son accident, parce qu'on ne voulait pas lui
accorder l'évacuation médicale dont il avait besoin. C'est la mère de Nancy, à
Salluit, qui est allée au dispensaire avec des vertiges, des malaises. Elle
souffrait, elle a dit qu'elle était malade. Au dispensaire, on ne l'a pas crue.
Ils l'ont retournée chez elle trois fois, ils l'ont retournée à la maison trois
fois...
Mme Massé : ... C'est la mère
de Nancy, à Salluit, qui est allée au dispensaire avec des vertiges, des
malaises. Elle souffrait, elle a dit qu'elle était malade. Au dispensaire, on
ne l'a pas crue. Ils l'ont retournée chez elle trois fois, ils l'ont retournée
à la maison trois fois, elle revenait. Malheureusement, la mère de Nancy
n'était pas soûle, elle avait attrapé le botulisme, et elle en est décédée. Ce
sont les jeunes enfants du Nunavik et Eeyou Istchee qui doivent se rendre à Montréal
ou à Québec tout seuls pour une intervention d'urgence, faire des heures et des
heures d'avion, débarquer dans une ville où tu n'as jamais mis les pieds qui ne
ressemble en rien à tout ce que tu as connu depuis que tu es né, te faire
soigner par des gens qui ne savent pas parler ta langue, tout ça sans tes
parents proches, sans quelqu'un pour t'accompagner.
Je me pose la question, M. le
Président : Est-ce qu'on accepterait ça si c'étaient nos enfants? Est-ce
qu'on accepterait que nos proches se fassent traiter de même sur leurs terres,
qu'ils ont toujours occupées? Est-ce qu'on accepterait cette discrimination qui
ronge le système si les discriminés, c'étaient nous? Non, je ne pense pas. Je
ne pense pas qu'on accepterait ça puis je ne pense pas que les Québécois et
Québécoises l'acceptent non plus, maintenant que Joyce nous a ouvert les yeux.
M. le Président, ça a pris le courage
d'une femme sur son lit de mort pour lever son cellulaire et pour montrer au
Québec ce que les gouvernements successifs savaient déjà depuis longtemps. Le racisme
que les autochtones vivent dans notre système de santé, l'accès inégal aux
soins, ça fait longtemps que les gouvernements sont au courant. On a eu la
commission Viens, on a eu l'enquête sur les femmes et les filles autochtones
disparues et assassinées, on a eu des centaines d'histoires comme celle-là,
comme celle de Joyce. À chaque fois, les politiciens s'en sortent, s'en lavent
les mains, puis ils laissent pourrir la situation, puis on attend la prochaine
crise. Et maintenant que la situation les rattrape, ils nous disent que cette
fois-là, ça va changer. Je suis désolée, M. le Président, mais les autochtones,
ils ont déjà vu neiger, là, ils étaient icitte avant nous autres. Cette
fois-ci, ça va prendre plus que des paroles, plus que des paroles en l'air, ça
va prendre des résultats, des gestes concrets, des actions concrètes, des
résultats.
La semaine dernière, la communauté de
Joyce a pris l'initiative, car le Conseil des Attikamekw de Manawan et le
Conseil de la nation attikamekw ont proposé le Principe de Joyce. Le Principe
de Joyce, c'est garantir à tous les autochtones un accès équitable, sans
discrimination aux services sociaux et aux soins de santé; c'est défendre...
Mme Massé : ...car le Conseil
des Atikamekw de Manawan et le Conseil de la nation atikamekw ont proposé le
Principe de Joyce. Le Principe de Joyce, c'est garantir à tous les autochtones
un accès équitable sans discrimination aux services sociaux et aux soins de
santé. C'est de défendre leurs droits, leurs droits à la santé physique,
mentale, émotionnelle, spirituelle au lieu de le bafouer, ce droit-là. De
connaître et de respecter leur savoir traditionnel et leurs pratiques en
matière de santé. Même si ces gens-là sont en colère, ils nous ont tendu la
main. Quand le gouvernement a refusé le principe de Joyce cette semaine,
qu'est-ce que vous pensez qu'ils ont compris? Eh bien, ils ont compris qu'à la
CAQ les mots «racisme systémique», ça dérange plus que le racisme lui-même. Ce
n'est pas comme ça qu'on bâtit la confiance, M. le Président. Les autochtones
vont nous faire confiance le jour où on va les écouter.
Ce que les autochtones nous disent, c'est
que le problème, ce n'est pas les individus, ce n'est pas les Québécois, c'est
le système, c'est l'effet de 400 ans de colonialisme et des traumatismes
qui en découlent. Le ministre a fait une annonce sur la formation du personnel,
l'argent qui a été mis à reconstruire le Centre d'amitié autochtone de
Joliette, c'est bien, mais le problème est beaucoup plus profond que ça et il
le sait. On a un système à reconstruire, M. le Président.
Aujourd'hui, j'avais interpellé le
capitaine de ce système, de ce service, pardon, qui est le ministre de la Santé.
Pourquoi? Bien, parce que je voulais savoir ce qu'il allait faire, lui, comme capitaine
de la santé et des services sociaux pour que les services deviennent
sécuritaires pour les autochtones. Je voulais savoir ce que le ministre de la
Santé allait faire pour les traiter en égaux, pas juste à Joliette, mais
partout au Québec. Mais le ministre de la Santé n'est pas là. Finalement,
sachez que je m'adresse au ministre responsable des Affaires autochtones, puis
je suis un peu déçue, mais ce n'est pas parce que je ne l'aime pas. Et il le
sait parce que je lui en avais parlé. Pour moi, si on veut discuter de nation à
nation, bien, il faut que, lorsqu'on parle des autochtones en santé, que le ministre
de la Santé s'en sente imputable. C'est lui, c'est de façon transversale dont
il faut aborder les choses et non pas comme un dossier parmi les autres.
J'avais honnêtement cru, j'ai espéré jusqu'à hier soir, que le gouvernement
avait saisi cette dimension-là, que M. Legault avait envoyé un message
clair à l'ensemble de ses ministres.
Alors, M. le Président, ça fait deux ans
que la CAQ est en poste. Ça fait un an que le rapport de la...
Mme Massé : ...j'avais honnêtement
cru, j'ai espéré jusqu'à hier soir, que le gouvernement avait saisi cette
dimension-là, que M. Legault avait envoyé un message clair à l'ensemble de
ses ministres.
Alors, M. le Président, ça fait deux ans
que la CAQ est en poste. Ça fait un an que le rapport de la commission Viens a
été déposé. Ça fait cinq mois que le ministre de la Santé est ministre de la
Santé. Ça fait deux mois qu'on a un nouveau ministre des Affaires autochtones.
Bon, peut-être, qu'ils ne sentent pas cette urgence-là, mais les autochtones,
eux, ils baignent là-dedans depuis des générations. Alors, aujourd'hui,
j'espère que nous aurons la chance... Parce que moi, ce que je vais faire, je
vais pointer vers des trous, des lacunes du filet qui nous ont été mis en
lumière par les différentes commissions depuis des années, et je vais amener
des solutions, et c'est clair pour moi que ça commence par la reconnaissance du
Principe de Joyce et donc de l'existence réelle du racisme systématique dans la
société québécoise et particulièrement dans le système de santé.
• (10 h 10) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
également pour une période de 10 minutes. À vous la parole.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, merci. Je veux saluer les gens qui m'accompagnent aujourd'hui,
d'abord toute l'équipe qui est avec moi. Et, vous savez, j'ai déjà fait des
interpellations comme député mais jamais comme ministre. Et, quand les
ministres saluaient l'équipe, je me demandais pourquoi ils le faisaient avec
tant d'insistance. Je vous confirme que c'est beaucoup de travail pour
l'équipe. Alors, merci beaucoup aux hommes et aux femmes qui sont ici avec moi.
Les députés de la banquette ministérielle, député de Saint-Jean, députée de
Roberval, députée d'Abitibi-Ouest, merci beaucoup. Et, M. le Président, je
prends la peine de le mentionner parce que c'est un exercice qui est important
aujourd'hui, exercice démocratique qui est très important. Et, quand on veut
faire de la transparence, ça demande de la recherche, et je vous confirme que
l'équipe a travaillé très fort jusqu'à cette nuit. Alors, beau travail qui a
été fait.
M. le Président, je vais me permettre
aussi de saluer les gens qui nous regardent à la maison et plus
particulièrement deux personnes aujourd'hui. Puis je suis sûr que mes collègues
de l'opposition ne m'en voudront pas. Premièrement, le grand chef de la nation
attikamek, Constant Awashish, qui m'a dit qu'il nous écouterait, qui était très
intéressé par nos débats. Alors, encore une fois, une belle occasion que vous
nous donnez de parler des relations avec les autochtones, c'est tellement
important. Et la deuxième personne que je veux saluer, bien, écoutez, je pense
que c'est notre doyenne qui nous écoute aujourd'hui, c'est ma grand-mère qui va
avoir 102 ans dans quelques semaines. Alors... Et je vous dis, elle est
très critique, et je ne veux pas la décevoir, elle déteste quand on se chicane
quand on se chicane entre nous puis elle déteste quand on dit que c'est la
faute des autres. Alors, grand-maman, je vais m'assurer de ne pas te décevoir
aujourd'hui.
M. le Président, premièrement, je voudrais
répondre à l'interrogation à savoir la présence du ministre de la Santé
aujourd'hui. Et, effectivement, ma collègue m'en avait parlé il y a... je pense
voilà une semaine son intention. Et, vous savez, je pense que je ne vais
surprendre personne aujourd'hui en vous disant qu'il y a une grande pandémie.
Et mon collègue ministre de la Santé est présentement très occupé à combattre
cette pandémie. Mais je veux vous rassurer, je veux rassurer parce que, depuis
le début de mon arrivée en mandat, oui... à ce mandat-là, le premier ministre a
passé un message clair à l'ensemble des ministres qu'on devait travailler
ensemble. Et, M. le Président, lorsque j'ai été nommé, le premier geste que
j'ai fait, c'est d'envoyer un message à l'ensemble des députés de cette Chambre
en disant...
M. Lafrenière : ...très occupé
à combattre cette pandémie. Mais je veux vous rassurer, je veux vous rassurer,
parce que depuis le début de mon arrivée en mandat... oui... ce mandat-là, le premier
ministre a passé un message clair à l'ensemble des ministres. On devait travailler
ensemble. Et, M. le Président, lorsque j'ai été nommé, le premier geste que
j'ai fait, c'est d'envoyer un message à l'ensemble des députés de cette Chambre
en disant : On doit travailler ensemble. Les efforts autochtones, ce n'est
pas le travail d'une personne, c'est délicat, c'est important. Alors, j'ai
envoyé ce message-là d'ouverture puis je vous confirme, M. le Président, que
mes collègues ministres ont répondu à l'appel, ont répondu présent.
Et dans le cas particulier du ministre de
la Santé, on a travaillé très fort ensemble, et la preuve, c'est que la
première annonce qu'on a faite, premier geste concret, parce que ma collègue a
raison, les gens des Premières Nations nous le disent : On a entendu
parler beaucoup, il y a beaucoup de choses qui ont été dites, il y a beaucoup
de rencontres qui ont été faites, mais nous, on veut de l'action. Montrez-nous
des gestes concrets.
Et le premier geste concret qu'on a posé,
c'est avec le ministre de la Santé. Et c'est une première annonce qu'on a faite.
Parce que lorsque... La collègue me demandait : Est-ce qu'on tolère ça? Est-ce
qu'on tolèrerait ça si ça arrivait à un de nos proches, un de nos enfants? Puis
la réponse, c'est non. C'est non, et la preuve, c'est qu'on agit. Et ça ne sera
pas réglé rapidement, ma collègue a fait référence à 400 ans d'histoire. Il n'y
a pas de magie là-dedans, là, je ne réglerai pas ça du jour au lendemain, ça va
demander beaucoup de travail. Et, M. le Président, je veux vous rassurer, je
veux rassurer les gens qui nous écoutent, on est dans l'action, présentement.
Mais ça va prendre du temps, ça va prendre de la patience, il va y avoir des
moments plus difficiles. Et c'est l'engagement que j'ai obtenu de la part des
chefs et des grands chefs des différentes nations, des différentes communautés.
Je leur disais : O.K., on va avancer. On va être dans l'action. Ça ne se
fera peut-être pas à 100 % dans l'objectif de la façon que vous vouliez ou
de la façon que vous vouliez, mais vous savez, on est très ouverts à la
critique. Puis je pense qu'aujourd'hui c'est ce qu'on va recevoir, on va
recevoir de l'information qui va nous permettre d'être encore plus exacts dans
nos gestes, dans nos façons de travailler avec les Premières Nations.
Je veux aussi vous dire que depuis mon
arrivée en poste, j'ai préparé un plan qui s'appelle J'ai espoir. Et moi, M. le
Président, je crois qu'ici on doit avoir espoir qu'on va faire mieux, qu'on va
y arriver ensemble en corrigeant notre système. Puis la collègue a raison, oui,
il y a des individus sur lesquels on doit travailler, mais un système aussi
qu'on doit améliorer.
Et on l'a déjà annoncé dans notre première
annonce en matière de santé, qu'on devait avoir de la formation. Et, vous
savez, je vais vous donner un geste très important que le ministre de la Santé
a posé à ce moment-là. Il aurait pu dire qu'on va former, dans le fond, les
infirmières, les préposés aux bénéficiaires, les docteurs, donc le personnel
soignant. Non. Sa décision a été une décision courageuse de dire : On va
former tout le monde dans le système hospitalier. La personne qui fait
l'entretien, le préposé aux bénéficiaires, la personne à la réception, tout le
monde va être formé. Alors, c'est la première grande décision qu'il a prise. La
deuxième, ça a été de dire : On ne fera pas ça juste à Joliette. Oui, on
commence à quelque part, mais c'est l'ensemble du système de la santé qui va
avoir cette formation-là. Parce que, oui, M. le Président, il faut être
proactif. On ne peut pas réparer... faire du cas par cas, il faut vraiment être
proactif, et c'est ce qu'il veut faire.
Alors, moi, je veux rassurer ma collègue
de l'opposition en lui disant : On a un ministre de la Santé qui prend ça
très au sérieux et qui est dans l'action. Puis aujourd'hui, oui, je vais parler
en tant que ministre responsable des Affaires autochtones, mais je parle au nom
de mon gouvernement, parce qu'on travaille ensemble dans ces dossiers-là, et
dans chacune des annonces, il y a d'autres ministres qui étaient avec moi, et,
à preuve, on va en avoir une plus tard aujourd'hui...
M. Lafrenière : ...je veux
rassurer ma collègue de l'opposition, en lui disant : On a un ministre de
la Santé qui prend ça très au sérieux, puis qui est dans l'action et aujourd'hui,
oui, je vais parler en tant que ministre responsable des Affaires autochtones,
mais je parle au nom de mon gouvernement, parce qu'on travaille ensemble dans
ces dossiers-là, et dans chacune des annonces, il y a d'autres ministres qui
étaient avec moi, et, à preuve, on va en avoir une plus tard aujourd'hui, et je
vais avoir une collègue ministre qui va être avec moi pour cette annonce-là. Ça
vous démontre à quel point, M. le Président, c'est vraiment un travail
d'équipe, et j'ai tendu la main dans le passé, je la tends encore aujourd'hui,
en disant : On doit travailler ensemble.
Collègues des oppositions, vous avez des
suggestions, des commentaires à nous faire, on est vraiment là pour travailler
ensemble. Ce sujet-là est trop important pour en faire de la partisanerie et je
veux vous rassurer, M. le Président, jusqu'à présent, nos travaux sont faits de
cette façon-là et les collègues de l'opposition ont vraiment tout fait pour
aider, pour faire avancer la cause j'en suis très, très, très heureux. Bravo.
Depuis mon arrivée, ça a vraiment été une
relation d'ouverture avec les communautés, établir des contacts et malgré le
fait qu'on est en période de pandémie, vous allez comprendre que de faire des
relations pour la première fois, de contacter des gens par téléphone, c'est
plus difficile qu'en personne, mais c'est la réalité qu'on vit avec la
pandémie.
Aujourd'hui, j'espère avoir l'occasion de
parler de ce qui va bien dans le système, parce qu'il y a des belles choses. Il
y a des belles réussites, mais je veux vous dire aussi, M. le Président, que
malgré tout ça, on sait qu'il y a des lacunes, on sait qu'il y a du travail à
faire et, la preuve, on s'est donné un plan de 200 millions, un plan, j'ai
espoir, qu'on va mettre en branle dans les prochaines semaines. J'avais promis
une annonce par semaine et c'est ce qu'on fait, c'est ce qu'on livre. Pourquoi
c'est si important? Parce qu'encore une fois, les membres de Premières Nations
nous disent : Assez parlé. On a raconté à plusieurs reprises ce qu'on
avait vécu. Agissez, faites quelque chose.
Le plan va être en trois phases, M. le
Président. La première phase, c'est maintenant. Il y a une urgence d'agir, de
démontrer qu'on est capables de faire des changements et, vous savez, les
allochtones nous font la même demande, hein? Tout le monde, au Québec, veut que
ça bouge. Les éléments tragiques de Joyce Echaquan ont été un électrochoc. Ils
nous ont demandé de bouger, de réagir. C'est ce qu'on fait.
La deuxième phase sera l'année prochaine,
et là, on aura plus de temps pour le travailler, et j'espère le travailler,
même avec les groupes d'opposition, parce que je crois vraiment que c'est
ensemble qu'on va y arriver. Et la troisième phase, M. le Président, c'est la
page blanche. C'est cette phase que je me garde avec les Premières Nations pour
dire : Voyons... Voyons peut-être des points qu'on n'aurait pas vus, nous,
dans notre planification. Développons ensemble cette troisième phase,
laissons-nous la chance, dans le fond, de réajuster le tir et de corriger des
lacunes qu'on n'aurait peut-être pas vues.
Alors, M. le Président, ce que je vous dis
depuis tout à l'heure, c'est qu'on est très ouverts : très ouverts à la
critique, très ouverts à corriger nos plans aussi et d'ailleurs, quand on a
fait la première annonce pour la sécurisation culturelle, on a dit : Voici
où on veut aller. Cependant, dans l'application, on a de l'ouverture et, à
preuve, lorsque mardi, j'ai reçu le Principe de Joyce... la semaine passée,
mardi passé, je l'ai reçu, une semaine plus tard, j'ai donné suite à mon engagement,
j'ai fait une sortie médiatique, ici, en disant qu'on saluait le travail.
C'est un travail qui est colossal, c'est
un travail qui va nous aider avec le ministre de la Santé pour voir comment,
justement, ajuster notre principe de sécurisation culturelle. Et on est
d'accord avec le principe. Cependant, il y a un mot qui nous divise, il y a une
expression qui nous...
M. Lafrenière : ...semaine
plus tard, j'ai donné suite à mon engagement, j'ai fait une sortie médiatique,
ici, en disant qu'on saluait le travail. C'est un travail qui est colossal,
c'est un travail qui va nous aider avec le ministre de la Santé pour voir
comment, justement, ajuster notre principe de sécurisation culturelle. Et on
est d'accord avec le principe. Cependant, il y a un mot qui nous divise, il y a
une expression qui nous divise, et c'est le racisme systémique. Et ça, depuis
le jour 1, ça a été très clair avec les différentes nations, M. le
Président.
Alors, je comprends, les gens pourraient
déçus, mais ils ne peuvent pas être surpris. Et il y a une expression anglaise
que je ne peux pas traduire, qui dit : «We agree to disagree». Et sur ce
terme, c'est comme ça que je me suis adressé à des membres de la nation
attikamek en disant : Écoutez, on est d'accord avec ce qu'il y a dans le
principe. C'est vraiment intéressant. Et le fait qu'il y a eu des
consultations, pour nous, c'est une grande richesse pour nous aider à améliorer
ce qu'on veut faire en sécurisation culturelle. Cependant, il y a une chose qui
est très claire pour nous depuis plusieurs semaines. À chaque fois que le terme
de racisme systémique fait surface, ça divise les gens. Et même ça fait monter
de l'intolérance. Il y a des commentaires vraiment qui sont inapropos qui sont
dits. Et là on s'est dit : On va combattre le racisme. Ça ne nous empêche
pas de le faire.
Et, M. le Président, malgré notre
désaccord sur le terme racisme systémique, ça ne m'a jamais empêché de
travailler avec une nation. Ça ne m'a jamais empêché de travailler avec un
groupe, un leader parce que ce qu'on veut faire au final, c'est combattre le
racisme. Et ça, c'est notre ferme intention. Puis, M. le Président, on va
continuer de le faire. On va continuer de le faire parce que c'est important
pour nous.
• (10 h 20) •
En terminant mon introduction, je voulais
vous dire que, dans notre plan, depuis mon arrivée, on a parlé de trois axes.
Et j'espère être capable de vous en parler aujourd'hui, parce que nos relations
vont s'améliorer en développant l'amélioration culturelle, le développement culturel,
le développement économique et, oui, le développement touristique parce que, M.
le Président, dans les prochaines années, j'ai l'impression que les Québécois
vont vouloir voyager beaucoup plus au Québec. On veut développer une offre
touristique autochtone parce que je crois fermement, M. le Président, que de
cette façon-là on va se rapprocher et on va travailler sur ce qui est si
important pour moi, c'est-à-dire le vivre-ensemble. On a à se connaître, on a à
se respecter. Puis au final ce qu'on veut, c'est bien vivre ensemble. Alors, M.
le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. Nous allons maintenant
débuter la période d'échange. Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition,
vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes. À vous.
Mme Massé : Merci. Bon,
je reste assise. Désolée, j'ai appris qu'on faisait ça assis. Mais moi, c'est
rare, je suis toujours debout d'habitude, hein? En fait, le premier thème que
je vais aborder, c'est la question de la sécurisation culturelle et la
responsabilité populationnelle. J'imagine qu'avec vous il y a des gens aussi du
ministère de la Santé. Ils vont savoir très bien de quoi je parle. Alors, c'est
sûr que ce qui est frappant lorsqu'on est en lien avec les gens des Premières
Nations, c'est qu'ils ont peur d'aller dans le système de santé ou dans le système
des services sociaux, d'ailleurs, parce que l'expérience qu'ils ont vécu depuis
des décennies, depuis des siècles, est une expérience négative.
Alors, peur de faire face aux préjugés et
de ne pas être pris au sérieux, de ne pas recevoir le bon diagnostic, le bon
traitement, peur de ne plus revoir...
Mme Massé : ...l'expérience
qu'ils ont vécue depuis des décennies, depuis des siècles, est une expérience
négative. Alors, peur de faire face aux préjugés et de ne pas être pris au
sérieux, de ne pas recevoir le bon diagnostic, le bon traitement, peur de ne
plus revoir son enfant, peur... jusqu'à la peur de mourir. C'est des peurs qui
habitent les gens des Premières Nations et qui fait que, bien, ils se tiennent
plus à l'extérieur qu'à l'intérieur du système de santé. Alors, la sécurisation
culturelle, dans les faits, ce n'est pas que juste reconnaître, entendre et
reconnaître qu'ils ont peur, c'est d'agir en fonction de ça. Alors, moi, je
pense qu'il y a un appel à l'action dans le rapport Viens, qui est l'appel 74,
qui donne une indication au ministre de la Santé de comment il pourrait
rassurer les gens des Premières Nations, et je le lis, c'est : «Modifier
la loi sur la santé et les services sociaux et la Loi sur les services de santé
et les services sociaux pour les autochtones cris pour y enchâsser la notion de
sécurisation culturelle.» Et dans ce sens, faire ce travail-là en collaboration
avec les Premières Nations. C'est-à-dire que si on reconnaît qu'effectivement
le principe de sécurisation culturelle est fondamental, bien, il faut que cette
loi soit... que la loi sur la santé et les services sociaux enchâsse le
principe même. Des définitions, il y en a, hein, il y en a, il n'y a pas... les
autochtones en ont définies, il y a... au niveau de l'éducation, au niveau de
la santé, je veux dire, c'est défini, là, ça fait que je ne vais pas prendre le
temps ici pour le définir. Ce que je vous dis, c'est qu'il faut l'enchâsser. M.
le Président, mon cinq minutes, je le prends en entier, c'est ça?
Le Président (M. Provençal)
: Oui.
Mme Massé : Bien. Alors, je
lance ça comme piste. Il y a un trou dans le filet, sécurité... sécurisation
culturelle, sécurité des autochtones, je nommerais. Une des façons d'obliger
l'État à répondre à ce trou dans le filet, c'est d'enchâsser dans la loi sur...
la LSSS, comme on dit, ce principe de sécurisation culturelle.
Et je me dis, tant qu'à faire, tant qu'à
aller jouer dans cette loi-là, bien, ça pourrait être intéressant, et ça aussi,
ça enverrait un sacré bon message, que le ministère de la Santé et des Services
sociaux oblige ses institutions à divulguer les informations qu'elles ont
concernant les enfants disparus. Je pense notamment aux Attikameks, qui nous
ont fait de grandes représentations pour nous expliquer — mais je
sais qu'ils ne sont pas les seuls — nous expliquer qu'il y a quelque
chose qui ne marche dans le système de santé et de services sociaux, puisqu'ils
n'arrivent pas à savoir ce qui s'est passé avec leurs enfants qui leur étaient
enlevés et qui se retrouvaient à quelque part dans le système de santé et
services sociaux. Alors, je pense que, tant qu'à jouer dans la loi, bien, ça
vaudrait la peine aussi d'inscrire ce qu'on a failli faire dans un autre cadre
de loi par le passé...
Mme Massé : ...qui leur était
enlevé et qui se retrouvait à quelque part dans le système de santé et services
sociaux. Alors, je pense que, tant qu'à jouer dans la loi, bien, ça vaudrait la
peine aussi d'inscrire ce qu'on a failli faire dans un autre cadre de loi par
le passé. La prédécesseure du ministre actuel des Affaires autochtones avait
signifié son intérêt de refaire un projet de loi autonome, ce que nous
demandaient les Premières Nations. Je pense que, si on inscrivait, en
travaillant avec eux autres, dans la loi sur la santé et les services sociaux,
cet appel à la transparence des institutions, je pense qu'il y aurait là
quelque chose d'intérêt.
Je vais juste terminer, parce que cinq
minutes, c'est très court, sur la question de la responsabilité
populationnelle. C'est simple, ça fait partie de la loi sur la santé et les
services sociaux. Je pense que, dans les faits, d'adopter le Principe de Joyce
serait une façon de venir inscrire la reconnaissance que nous avons au Québec
que la santé de nos gens, peu importe leurs origines, elle est inscrite par la responsabilité
populationnelle qu'a le ministère de la Santé et des Services sociaux. Et une
façon de le faire, c'est bien sûr de reconnaître aussi le Principe de Joyce et
ce principe-là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, M. le Président, nos échanges sont déjà très riches. Et
j'ai pris en note trois points importants que ma collègue a soulignés.
Je vais commencer par la sécurisation
culturelle. Et j'ai bien aimé lorsqu'elle a mentionné que plusieurs ont des
définitions différentes. Et je vais vous avouer, moi, bien honnêtement, quand
je suis arrivé dans le dossier, j'ai demandé ce que ça voulait dire effectivement,
parce qu'il y a plusieurs façons de le voir. Et moi, je vais vous donner deux
pistes de réponse, une réponse que j'ai trouvé très simple mais qui m'a marqué
énormément, et c'est le grand chef Constant Awashish qui un jour m'a dit :
Tu sais, Ian, il y a une jeune fille de 10 ans qui est venue me voir qui
m'a dit qu'elle s'inquiétait pour son avenir. Mais moi, M. le Président, je
vais vous avouer que j'ai deux grandes filles de 11 ans, 12 ans, et
jamais mes enfants ne m'ont dit s'inquiéter pour leur avenir. Et ce que cette
jeune fille là venait de lui dire, c'est que, dans le fond, avec tout ce qu'elle
avait entendu avec l'histoire tragique de Joyce Echaquan, pour elle, elle
craignait le type de soin qu'elle aurait. Et pour moi, M. le Président, quand
on entend quelque chose comme ça, je pense qu'on n'a plus besoin de définition
par la suite pour la sécurisation culturelle, on comprend ce qu'ils vivent, on
comprend bien.
Et c'est tellement important pour nous que
l'annonce numéro un qu'on a faite, c'est vraiment la sécurisation culturelle,
et c'est-à-dire de façon concrète. Et je comprends très bien quand on parle de
l'enchâsser dans la loi, c'est à l'étude présentement. Oui, c'est important,
c'est à l'étude.
Cependant, quand on parle de geste concret
pour les Premières Nations, ils ont des atteintes beaucoup plus terrain. Et la
première façon qu'on a trouvée, c'est d'avoir des navigateurs, M. le Président.
Ça, c'est un terme qui peut avoir l'air bizarre. Juste vous rassurer, ce sont
des humains, ce n'est pas un principe de tablette, là, ce sont des navigateurs,
des humains qui vont accueillir les membres des Premières Nations dans le
système de santé. Parce que, vous savez, des fois, ça peut être assez
impersonnel comme édifice, c'est quand même assez grand, alors où on va,
problème de langue parfois, problème de reconnaissance. Alors, nos navigateurs
vont être là pour accueillir les membres des Premières Nations, pour les...
M. Lafrenière : ...ce sont des
navigateurs, des humains qui vont accueillir les membres des Premières Nations
dans le système de santé. Parce que, vous savez, des fois, ça peut être assez
impersonnel comme édifice, c'est quand même assez grand, alors où on va,
problème de langue parfois, problème de reconnaissance. Alors, nos navigateurs
vont être là pour accueillir les membres des Premières Nations, pour les
rassurer et s'assurer en plus de ça qu'ils vont avoir les bons soins, donc de
les diriger. Ça, c'est la première des choses.
Deuxième des choses, on parle d'agents de
liaison. Donc, c'est de faire en sorte que l'information du terrain remonte
jusqu'au niveau décisionnel, parce que ma collègue l'a bien dit tout à l'heure,
il faut regarder notre système, comment améliorer le système. Alors, ça, ça a
été la première étape, première partie importante qu'on a annoncée. Et ça, ça a
commencé avec Joliette et ce sera fait dans tous les centres. Et je l'ai dit tout
à l'heure, on parle d'une formation qui va être étendue à tous les centres.
Alors, ça, moi, je trouve ça rassurant. Ça, c'était pour la sécurisation
culturelle, M. le Président.
Quand on parle de projets de loi, et ma
collègue a mentionné... on se rappellera le projet de loi n° 31,
et j'y étais, je pense qu'on y était ensemble aussi, c'était sur un autre
sujet. Et il y avait eu tentative, justement, de corriger cette lacune du passé
pour donner réponse à des parents qui ont des questions tellement importantes.
Et c'était un dossier déchirant. Je n'aime pas dire le terme «dossier» parce
que ce sont des hommes, des femmes, des familles, qui ont vécu des moments
horribles. Et, M. le Président, lors du retrait de cette partie du projet de
loi n° 31, il y a un engagement qui avait pris par ma
prédécesseure d'aller jusqu'à la fin des choses, de revenir avec une offre
bonifiée. Et, aujourd'hui, devant mes collègues de l'opposition, je prends le
même engagement en vous disant : Ça s'en vient, ça s'en vient. C'est extrêmement
important. On a compris le message, cependant, de le faire différemment parce
que, justement, on travaille ensemble puis on grandit dans tout ça. Alors, oui,
il y aura quelque chose de différent qui sera présenté.
Et, encore une fois, je tends la main à
mes collègues de l'opposition. Travaillons ensemble pour le livrer parce qu'il
y a des attentes. Et, M. le Président, on parle de 1984. Il y a beaucoup
d'attentes des parents qui ont des attentes envers nous. Et je parle des
derniers cas, M. le Président. Ma collègue de l'opposition me fait signe que ça
remonte aux années 70 aussi, mais les derniers cas, c'est 1984, et je vous
dis que ça remonte à... on pourrait même dire Matusalem, comme disait ma grand-mère.
Alors, on a du travail à faire là-dessus,
mais je pense, M. le Président, qu'on va devoir le faire sans partisanerie. On
va devoir travailler ensemble, oppositions et gouvernement. Parce qu'encore là
c'est un bel exemple qu'on doit livrer. Il y a des attentes, puis les gens des
Premières Nations qui nous écoutent ont formulé des attentes. Ma collègue a
bien fait de le mentionner tout à l'heure, entre autres, il y a la nation
attikamek, mais il y en a bien d'autres qui ont des attentes envers nous de
livrer cette information-là.
Alors, ce que je viens de vous dire, M. le
Président, c'est qu'on sait qu'il y a du travail à faire. On sait qu'il y a du
travail à faire. On sait que ce n'est pas terminé. Mais moi, je veux vous
rassurer en vous disant qu'au gouvernement on est une équipe complète, dont
plusieurs ministres, et, dans ce cas-là, le ministre de la Santé et Services
sociaux. On travaille ensemble pourquoi? Parce que c'est un enjeu qui est
prioritaire, qui est majeur puis on va y arriver ensemble. Je n'y arriverai pas
tout seul, M. le Président. Mais je peux vous garantir aujourd'hui, en voyant
mes collègues de l'opposition, j'ai un très bon feeling qu'on va arriver à le
faire ensemble pour le bien des familles qui ont de grandes attentes envers
nous. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à la députée Roberval.
• (10 h 30) •
Mme Guillemette : Merci.
Merci beaucoup...
10 h 30 (version non révisée)
M. Lafrenière : ...puis on
va y arriver ensemble. Je n'y arriverai pas tout seul, M. le Président, mais je
peux vous garantir aujourd'hui, en voyant mes collègues de l'opposition, j'ai
un très bon feeling qu'on va arriver à le faire ensemble pour le bien des
familles qui ont de grandes attentes envers nous. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole à la députée Roberval.
Mme Guillemette : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Tout d'abord je voudrais remercier M. le ministre
qui me permet ce matin, encore une fois, d'être ici et de discuter avec vous
d'un sujet qui est... qui me tient à coeur, qui est très important. Et
j'aimerais remercier les équipes qui l'accompagnent parce qu'on a rarement
l'occasion d'avoir deux cabinets avec nous. Donc, on a le cabinet des Affaires
autochtones et le cabinet de la Santé. Donc, c'est... Merci d'être ici. Une
salutation particulière à la collègue, cheffe du deuxième groupe d'opposition,
qui nous permet, encore une fois, de discuter d'enjeux très importants pour les
deux nations, pour nos deux nations, et aux collègues également, député de
Saint-Jean, députée d'Abitibi-Ouest, le collègue de Jacques-Cartier. Donc, ce
sera une belle expérience encore ce matin.
Vous savez, j'ai une prédilection pour la
santé mentale, mais je vous en parlerai dans un deuxième temps. Dans un premier
temps, je vais vous parler du plan de lutte à l'itinérance. Bien que régulièrement
on ait l'occasion de parler de plein de sujets, on a rarement l'occasion de
l'aborder dans le sens de la spécificité des services offerts aux autochtones.
Et je crois que c'est une belle opportunité qu'on a ce matin. Vous savez, M. le
Président, ma circonscription inclut la communauté de Mashteuiatsh avec
laquelle j'ai eu, depuis de nombreuses années, l'occasion de travailler sur
certains dossiers, notamment en santé.
J'en profite également ce matin pour
saluer le chef Cliff Moar et toute l'équipe des membres du conseil de bande.
Donc, je suis très au fait des dossiers et des enjeux autochtones, des peuples
autochtones, autant en santé et en services sociaux qu'en développements
territoriaux ou en développement économique. J'ai aussi eu l'opportunité
d'accompagner le Dr Philippe Gosselin, dentiste, et ce, pendant
15 ans à raison d'une semaine par mois dans la communauté d'Obedjiwan pour
dispenser des soins dentaires.
Donc, les enjeux, j'ai pu les constater de
visu sur le terrain, directement sur le terrain. Nous habitions dans la
réserve. Donc, ça a été vraiment pendant 15 ans une belle expérience. Et
si on se reporte, il y a 30 ans, donc, j'ai vu une évolution, de
30 ans à venir aujourd'hui, aux services qui sont offerts, autant en
communauté que chez nous à Roberval. Notre population, statistiquement, est
composée de 10 % d'autochtones. Donc, on a quand même une certaine
expertise à travailler avec les peuples autochtones dans notre service de
santé.
Donc, la commission Viens a mis de l'avant
différents appels à l'action en lien avec l'enjeu d'itinérance chez les peuples
autochtones, dont l'appel à l'action n° 47 qui
suggère de mettre en place un programme d'accompagnement...
Mme Guillemette : ...certaine
expertise à travailler avec les peuples autochtones dans notre service de
santé.
Donc, la commission Viens a mis de l'avant
différents appels à l'action en lien avec l'enjeu d'itinérance chez les peuples
autochtones, dont l'appel à l'action 47, qui suggère de mettre en place un
programme d'accompagnement à la justice et à l'intervention communautaire pour
les personnes vulnérables en situation d'itinérance ou à risque de le devenir,
l'appel à l'action 99, qui est de soutenir financièrement et de façon
pérenne les services offerts en milieu urbain aux clientèles itinérantes, et
aussi l'appel à l'action 100, qui est de soutenir financièrement la
création d'un centre d'hébergement exclusivement réservé à la clientèle
itinérante inuite de Montréal.
Donc, un soutien financier pour la mise en
place des services de santé a également été mentionné dans la politique de
lutte contre l'itinérance et dans le Plan d'action interministériel en
itinérance 2015‑2020 où il y a des particularités pour les peuples autochtones,
et les Premières Nations, et les Inuits. Donc, par ailleurs, en automne 2019,
le ministère Santé et Services sociaux a initié l'élaboration du prochain plan
d'action ministériel en itinérance, qui s'appuiera sur les orientations
politiques nationales du plan d'action 2015‑2020, et c'est dans ce cadre,
notamment, que le projet Résilience, à Montréal, est actuellement à l'étude.
En outre, récemment, l'Assemblée nationale
a adopté, comme le mentionnait la collègue tout à l'heure, le projet de loi n° 32, dont les mesures visent à mieux adapter le système
judiciaire aux clientèles vulnérables, à favoriser le recours aux nouvelles
technologies de l'information et à optimiser la justice pénale. La loi met en
place les dispositions nécessaires pour poursuivre l'adoption du système...
l'adaptation du système de justice aux clientèles présentant des situations
sociales particulières, comme les personnes vivant des problématiques de santé
mentale ou de toxicomanie.
Le plus beau dans tout cela, c'est que
nous ne comptons pas nous arrêter là. Nous allons continuer à travailler fort
dans ce dossier, et ce, en collaboration et en partenariat avec les Premières
Nations. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de
l'opposition officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley
: Merci, M.
le Président. Je veux commencer avec une citation de Carol Dubé : «Le
28 septembre 2020, ma femme, la mère de mes enfants, nous a été arrachée
dans des circonstances inhumaines dont nous avons tous été
témoins. La mort de Joyce a été une terrible tragédie pour nos enfants et moi.
Je souhaite que les gouvernements du Québec et du Canada adoptent le Principe
de Joyce afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain, que sa
voix sonne le début de réels changements pour tous les autochtones afin que
plus jamais personne ne soit victime de racisme systémique.»
Ça, c'est la citation au
début du Principe de Joyce...
M. Kelley
: ...pas
survenu en vain, que sa voix sonne le début de réels changements pour tous les autochtones,
afin que plus jamais personne ne soit victime de racisme systémique.» Ça, c'est
la citation au début du Principe de Joyce. Et, oui, je veux parler de racisme
systémique, parce qu'on peut blâmer la Loi sur les Indiens et le niveau
fédéral, mais nous, comme une société, à faire des choix comme une province. Et
juste pour notre histoire, on peut regarder sur le plafond, la peinture ici. On
a des hommes blancs qui arrivent, et l'autochtone sur ses genoux. C'est partie
de notre histoire, malheureusement. Mais on a aussi pris des décisions, comme
un gouvernement, comme un État, d'avoir un ministre responsable pour la
Colonisation et Occupation des régions. Les régions étaient déjà occupées. Par
les autochtones.
Si on veut comprendre pourquoi, à Joliette...
Et avec Manawan, il y a des frictions, des fois, des fois, qui sont basées par
les décisions prises par les institutions du Québec, c'est parce qu'on a formé
une occupation des régions où les Attikameks étaient déjà là, et il y a une
longue histoire, et la communauté de Manawan connaît leur histoire très bien,
et quand même, l'État du Québec connaît ça très, très bien. Parce que, si on
regarde dans le rapport de la commission Viens, on a un bon exemple où la
décision, M. le Président, d'un gouvernement du Québec a forcé des Attikameks
de changer leurs habitudes et à punir des gens à faire la chasse de l'orignal,
qui était partie de leurs traditions, mais aussi de la façon qu'ils nourrissent
leurs familles.
Et c'est bien écrit dans une histoire,
ici, d'un Marcel Pitikwe, de Wemotaci... alors, je vais prendre une autre
communauté attikamek... qui a eu des gardes-chasses qui sont venus dans sa
maison, à saisir toute la nourriture, toute la chasse qui a été faite pour sa
famille pour l'hiver. Ils ont mis lui en prison. Alors, ils ont enlevé le père
d'une famille. Mis en prison, enlevé toute la viande, l'orignal qui... orignaux
qu'il a chassés pendant la saison de chasse, puis la famille était maintenant
obligée de trouver des autres moyens de survivre tout un hiver. Ça, c'est juste
une histoire dans le rapport de la commission Viens, mais c'était multiplié
partout au Québec, puis on peut répéter cette histoire aussi partout au Canada,
quand même, dans l'Amérique du Nord, en général.
Ce ministère-là a éventuellement été
séparé dans les Ressources naturelles, et tout ça, mais à la base, c'était une
institution créée par le gouvernement du Québec, qui a eu une intention de
changer l'habitude des peuples autochtones, qui a eu les habitudes de mettre
les autochtones dans les coins, les parties, les terres qui étaient moins
intéressantes, moins de ressources naturelles, moins de priorités pour le
gouvernement d'exploiter. Et ça, c'est juste... c'est une réalité. Ça, c'est
une décision et des décisions du gouvernement du Québec.
Mais je reviens au Principe de Joyce,
parce qu'on n'a pas beaucoup de temps. Et il y a plusieurs...
M. Kelley
: ...les
terres qui étaient moins intéressantes, moins de ressources naturelles, moins
de priorités pour le gouvernement d'exploiter et ça, c'est une réalité. Ça,
c'est une décision et des décisions du gouvernement du Québec.
Mais je reviens au Principe de Joyce, parce
qu'on n'a pas beaucoup de temps et il y a plusieurs solutions qui sont dedans,
mais une que je trouve que c'est intéressant, c'est dans la commission... des
appels à l'action de la commission Viens, c'est ce mécanisme de suivi. Et je
trouve l'idée d'un ombudsman bien... fort intéressante pour les peuples
autochtones. Si c'est dans le système ou des services sociaux, ou quelque chose
plus global, je pense qu'il y a une bonne idée là. C'est quelque chose qui
n'existe pas dans les autres provinces. Si on faire ça, on va être à l'avance
des autres provinces, avec une idée qui vient de la communauté, oui, des Attikameks,
mais je pense, il y a plusieursautres nations l'idée bien intéressante.
• (10 h 40) •
Alors, moi, je veux entendre le ministre
peut-être expliquer un petit plus, parce que dans son point de presse mardi, il
a dit : Oui, on est ouverts à cette idée-là. On trouve ça intéressant, on
a eu des discussions avec le ministre de la Santé, mais le ministre de la Santé
n'est pas ici pour nous de le questionner, lui. Alors, je veux juste entendre
le ministre des Affaires autochtones, élaborer un petit peu c'est quoi, les
discussions qu'il a eues avec le ministre, mais aussi avec des nations
autochtones.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je vais maintenant
recéder la parole à M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour les points de mon collègue de Jacques-Cartier
et prendre la balle au bond dans ce qu'il a mentionné. Il est revenu sur
l'histoire, notre histoire récente et beaucoup moins récente aussi et je l'ai déjà
dit : Vous savez, M. le Président, on ne pourra pas corriger près de 400
ans d'histoire par magie, comme ça. Ça va prendre beaucoup de temps, d'énergie
puis c'est le même engagement que j'ai pris, en passant, avec les chefs et les
grands chefs, en disant : Écoutez, on doit travailler ensemble, mais il y
a beaucoup de travail à faire.
Principe de Joyce, je veux revenir là-dessus,
parce que c'est très important et je me rappelle très bien de la déclaration de
M. Dubé, le conjoint de Joyce Echaquan. C'est un message qui m'avait beaucoup
marqué et, vous savez, on ne peut pas donner une explication à un décès comme
ça puis on ne peut pas dire que son décès est en vain, parce que c'est une
perte qui est terrible pour la famille, pour les enfants. Cependant,
rappelez-vous que depuis ce jour-là, ça a vraiment été un électrochoc au Québec
et à chaque semaine, il y a une action qui a été mise en place.
Pourquoi? Parce que je pense que ça a été
un réveil collectif et je dois vous dire, M. le Président, quand j'ai vu les
images et que j'ai réagi, il y a de mes collègues, des amis des Premières
Nations qui m'ont contacté, en disant : Tu es choqué parce que tu le vois,
mais nous, ça fait longtemps qu'on le vit. On l'a dit, mais là, vous l'avez en
plein visage puis vous réagissez.
M. le Président, je vais vous dire que
oui, ça a été un réveil brutal pour plusieurs Québécois et c'est pour ça qu'on
est dans l'action depuis ce jour-là. Qu'est-ce qu'on a fait, et mon collègue me
demandait pour... mon collègue ministre de la Santé. Depuis ce jour-là, on sait
que le premier ministre a rencontré la nation attikamek et on s'est engagés
dans une rencontre hebdomadaire. Donc, à chaque semaine, il y avait des
rencontres avec les dirigeants de la nation attikamek pour faire un suivi. Je
pense qu'on ne peut pas aller avec un suivi plus proche que ça. Ça a commencé
avec le premier ministre, et par la suite mon collègue ministre de la Santé
était présent avec moi dans nos rencontres hebdomadaires.
Et d'ailleurs, pas plus tard que ce matin,
j'étais avec le grand chef et les chefs de la nation attikamek en rencontre
pour faire notre suivi...
M. Lafrenière : ...j'avais des
rencontres avec les dirigeants de la nation attikamek pour faire un suivi. Je
pense qu'on ne peut pas aller avec un suivi plus proche que ça. Ça a commencé
avec le premier ministre, et par la suite mon collègue ministre de la Santé
était présent avec moi dans nos rencontres hebdomadaires. Et d'ailleurs, pas
plus tard que ce matin, j'étais avec le grand chef et les chefs de la nation
attikamek en rencontre pour faire notre suivi. C'est ce qu'on a établi
ensemble : à chaque semaine, on se rencontre, on fait le suivi des
différents dossiers. Et, bien entendu, en toute transparence pour le collègue,
mes amis de la nation attikamek m'ont ramené ce matin le fait que le Principe
de Joyce était très important pour eux, très, très important pour eux, et, sans
aucune surprise, je leur ai dit que depuis le jour un j'ai toujours été
transparent avec eux et qu'il y a une chose sur laquelle on ne s'entendait pas,
c'était le terme de «racisme systémique».
Cependant, quand on me demande ce qu'on va
faire avec le Principe de Joyce, qui est si important, et des informations qui
sont très pertinentes pour nous qu'on va mettre en oeuvre et quand on parle
d'ombudsman, nous, on le regarde, on trouve ça fort intéressant aussi, mais je
vais pousser la réflexion avec mon collègue. Quand j'ai rencontré les membres
des Premières Nations, on a eu beaucoup de discussions sur des systèmes. On
peut penser aux CAVAC, par exemple, d'autres grands systèmes comme ça, et les
gens me disaient souvent : C'est loin de nous. On n'a pas le réflexe
d'aller vers des grands systèmes comme ça, nous, on a un réflexe de proximité,
on veut faire confiance à quelqu'un yeux dans les yeux. Je ne vous dis pas
qu'on est contre. Ce que je vous dis, c'est que c'est fort intéressant, mais on
a quand même décidé sur le terrain d'avoir ce que je disais plus tôt, des
navigateurs, des agents de liaison. Et on peut continuer, on a d'autres possibilités
qu'on regarde : d'inclure les communautés sur les comités d'usagers pour vraiment
avoir une relation directe puis de partager, vous savez, les... Ce que je fais présentement
de façon hebdomadaire avec la nation attikamek, on aimerait que ça se fasse
dans le réseau de la santé avec des institutions comme un hôpital, comme un
centre de soins. Alors, ça, on le regarde aussi. Un processus de plainte
interne qui serait facile et qui serait plus proche des Premières Nations,
c'est ce qu'on regarde aussi. Alors, oui, collègue, la notion d'ombudsman est
fort intéressante, mais ce n'est pas la seule chose qu'il y a à faire là-dedans,
et c'est pour ça que, lorsque je suis sorti mardi en point de presse, ce que
j'ai dit, c'est que le Principe de Joyce, on l'appréciait beaucoup. Comme je
l'ai dit plus tôt, avec des consultations, avec du travail qui était vraiment
réfléchi, ça nous aide. Il y a un seul point sur lequel on n'est pas en accord,
mais je vous confirme, M. le Président, que ça ne nous empêchera pas de
combattre le racisme, on va continuer comme ça.
L'autre point qu'il est important pour moi
à mentionner au collègue... Tantôt, je disais qu'on travaillait en équipe. Je
peux vous dire que, dès le début de mon arrivée, on a créé un caucus autochtone
au sein même du gouvernement. Pourquoi? Parce que j'ai besoin de cette information-là
qui vient des différentes communautés. Alors, tous mes collègues députés et ministres
qui ont une communauté autochtone sur leur territoire, on se réunit une fois
par semaine pour avoir l'information du terrain, parce que je veux prendre des
décisions rapides, je veux prendre des décisions qui sont basées sur des faits
qui arrivent du terrain, et c'est pour ça que j'ai tendu la main à plusieurs
reprises à mes collègues de l'opposition pour qu'on travaille bien ensemble
pour avoir cette information-là et réagir en temps réel, parce que, je l'ai dit
plus tôt, je vous le redis encore une fois, tout le monde a soif d'action, les
gens veulent qu'on agisse. On a parlé beaucoup, mais on doit être dans
l'action, et c'est ce qu'on fait, M. le... Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant céder la parole à la
députée d'Abitibi-Ouest...
M. Lafrenière : ...de l'opposition,
puis on travaille bien ensemble pour avoir cette information-là et réagir en
temps réel. Parce que je l'ai dit plus tôt, je vous le redis encore une fois, tout
le monde a soif d'action, les gens veulent qu'on agisse. On a parlé beaucoup,
mais on doit être dans l'action, et c'est qu'on fait, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je vais maintenant
céder la parole à la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
Merci, M. le Président. Avant toute chose, M. le Président, j'aimerais saluer
les gens de la communauté de Pikogan. Kwe... (S'exprime dans une langue
étrangère).
En tant que députée de la circonscription
d'Abitibi-Ouest, je considère qu'il est primordial de souligner la présence et
l'apport de la nation abitibiwinni à la vie économique culturelle de notre coin
de pays.
Depuis le tout début de mon engagement
politique, j'ai toujours considéré les gens de cette communauté comme des
partenaires, des gens pour qui j'ai un profond respect et une amitié sincère.
Un peuple avec l'histoire à la fois riche et tragique, mais qui porte sur le
monde le regard empreint de la résilience de ceux qui ont survécu à de dures
épreuves. C'est d'ailleurs parce que ces liens d'amitié me sont chers que le
sujet d'aujourd'hui me tient à coeur.
L'accès aux soins de la santé des
populations autochtones, les difficultés auxquelles ces communautés font face,
j'y ai été témoin lorsque j'étais infirmière auxiliaire à l'Hôpital Hôtel-Dieu
d'Amos, à quelques kilomètres de la communauté de Pikogan. M. le Président,
j'aimerais prendre un moment pour nous transporter il y a 40 ans et vous
inviter à inverser les rôles. Imaginons que ce soient nous qui devons consulter
un médecin issu d'une communauté et d'une culture qui n'est pas la nôtre, qui
ne parle pas la même langue, qui n'a pas les mêmes coutumes. Avant même le
diagnostic, le niveau d'anxiété monte déjà d'un cran.
Si vous permettez, j'aimerais partager
avec vous un des plus beaux moments de ma carrière en soins hospitaliers. Une
dame âgée avait été admise lorsqu'elle a été retrouvée au bord du chemin du
secteur de Matagami, soit deux heures au nord d'Amos. Elle n'avait pas de pièce
d'identité, elle ne savait pas sa date de naissance et elle avait de sérieux
problèmes de mobilisation, incapable de communiquer avec nous, car elle parlait
d'anciens dialectes et ne connaissait pas le français. Imaginez l'angoisse que
vivait cette dame, M. le Président. Bien qu'une interprète était présente sur
notre territoire, deux de mes collègues et moi-même avons suivi une formation
pour apprendre les rudiments de sa langue. Nous l'avons fait parce que nous
avions l'intime conviction que cela nous permettrait de mieux la soigner et de
lui offrir un peu de réconfort...
Mme Blais (Abitibi-Ouest) :
...deux de mes collègues et moi-même avons suivi une formation pour apprendre
les rudiments de sa langue. Nous l'avons fait parce que nous avions eu l'intime
conviction que cela nous permettrait de mieux la soigner et de lui offrir un
peu de réconfort. Les mots ont des effets thérapeutiques, j'en suis convaincue.
Pour elle, j'étais devenue sa... (s'exprime dans une langue autochtone), celle
qui donne des soins. Un matin que je m'occupais d'elle, elle a pris ma main et
a déposé un bisou en signe de gratitude. Jamais je n'oublierai ce moment et
cette marque de confiance.
Si je vous parle de tout ça, M. le
Président, c'est pour vous montrer que c'est par l'ouverture aux langues et aux
cultures autochtones du Québec que passera l'amélioration des soins offerts à
ces communautés. Pour cela, il faut s'assurer que l'ensemble des cohortes
d'étudiants en médecine soit formé sur la réalité autochtone et inuite du Québec.
De cette façon, ils développeront les compétences nécessaires à ce domaine
social, médical bien précis. Cependant, pour assurer la réussite de cette
approche, il faut favoriser la présence du personnel autochtone dans le milieu
de la santé. C'est pourquoi chaque année un nombre de places est réservé pour
l'admission des étudiants autochtones, inuits au doctorat médecine à travers le
Québec.
• (10 h 50) •
M. le Président, j'ai confiance qu'avec
les actions prises par notre gouvernement et avec l'implication nouvelle du député
de Vachon à titre de ministre responsable des Affaires autochtones nous
débuterons une ère de réconciliation, d'amitié, de respect mutuel avec les autochtones
et les Inuits du Québec. «Meegwetch», merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je cède maintenant la
parole à la cheffe du deuxième groupe d'opposition. À vous la parole, madame.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Dans ce deuxième bloc... C'est parce que j'entendais la collègue
parler des langues, il y a des appels à l'action de la commission Viens qui
sont très spécifiques sur la question des langues, tant au niveau des banques
de traducteurs, traductrices, ce qui est fondamental, qu'aussi ne serait-ce que
d'envoyer un signal que, dans le système de santé et d'hébergement, les autochtones
peuvent utiliser leur langue maternelle. Je ne me souviens plus du numéro, là,
c'est ça que je cherchais avant d'être surprise, mais j'ai confiance que votre
équipe va mettre le doigt dessus facilement.
Dans ce deuxième cinq minutes, en fait, je
voulais parler d'une vérité de La Palice, c'est-à-dire les 12 travaux d'Astérix
pour avoir... quand tu es autochtone, avoir accès aux soins de santé. C'est une
complexité de système. Ça dépend où tu habites. Es-tu conventionné? Pas
conventionné? Tu habites en milieu urbain ou sur ta communauté? Est-ce que ta
communauté est considérée comme isolée ou pas isolée? Elle est-u proche d'un
grand centre? Bref, casse-tête terrible. D'ailleurs...
Mme Massé : ...avoir accès
aux soins de santé. C'est une complexité de système. Ça dépend où tu habites.
Es-tu conventionné? Pas conventionné? Tu habites en milieu urbain ou sur ta communauté?
Est-ce que ta communauté est considérée comme isolée ou pas isolée? Elle est-u
proche d'un grand centre? Bref, casse-tête terrible. D'ailleurs, si j'avais eu
plus de temps, je vous aurais lu un petit extrait du rapport de la Commission
de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec Labrador parce
que ça fait vraiment, quand j'ai lu ça, là, 12 travaux d'Astérix. Ça a des
référents pour nous. Et dans ce sens-là, bien, je pense que vous voyez d'entrée
de jeu d'une façon impressionniste ce avec quoi je vais aborder, c'est la question
des compétences.
Je pense qu'une des solutions pour mettre
fin à cette... Je ne vous parlerai pas d'indépendance du Québec. Moi, j'y
crois. Je sais que vous n'êtes pas là, mais il faut absolument que le gouvernement
du Québec assume sa pleine responsabilité en matière de responsabilité populationnelle.
Et ça, c'est pleinement de nos compétences. C'est sûr que ça va vouloir dire qu'il
y a des appels à l'action. Là, je pense autour des 80, 82, 83 qui dit qu'il
faut que le gouvernement du Québec initie ces négociations-là avec le gouvernement
fédéral et les gouvernements autochtones, justement, pour être en mesure de
signer des ententes tripartites qui vont, disons, guider le phare pour faire en
sorte que les 12 travaux d'Astérix deviennent un peu moins compliqués puisque
le Québec a la responsabilité populationnelle dans sa loi sur les santés et les
services sociaux.
Je veux identifier un autre problème,
c'est la question du financement par projet pilote. Et là, on l'a vu par le
passé, il y a des projets comme par exemple la Clinique Minowé dans, je pense,
votre circonscription ou juste à côté. Je pense aussi au programme Wigobisan à
Lac-Simon, je pense à la clinique, justement, nouvellement financée. Bien, je
sais que vous avez financé le béton, mais je ne sais pas qu'est-ce qu'il va
avoir comme services dans la clinique. J'attends toujours des nouvelles de ça.
Bref, ce soit, ici, le centre d'amitié autochtone Mamuk à Québec.
Bref, il y a quelque chose de particulier
de l'ensemble de ces projets-là, c'est qu'ils sont issus d'autochtones hors
communauté souvent, sauf Lac-Simon, dans ce que j'ai nommé, qui ont des
initiatives locales qui sont le fruit et qui... d'initiatives locales qui,
malheureusement, n'ont pas un financement... que le financement périn...
pérenne, pérenne, pardon, n'est pas assuré. Alors donc, financement par projet.
Et vous voyez, voilà une autre raison pour laquelle, lorsqu'on reconnaît le
racisme systémique, M. le ministre, c'est qu'on est capable de poser des gestes
qu'on sait que le gouvernement d'après ne va pas défaire puisqu'on agit dans le
système et non pas comme des initiatives fort intéressantes comme les
navigateurs, les agents de liaison. Ce n'est pas mauvais en soi, sauf...
Mme Massé : ...pour laquelle,
lorsqu'on reconnaît le racisme systémique, M. le ministre, c'est qu'on est
capable de poser des gestes qu'on sait que le gouvernement d'après ne va pas
défaire, puisqu'on agit dans le système et non pas comme des initiatives fort
intéressantes comme les navigateurs, les agents de liaison. Ce n'est pas
mauvais en soi, sauf que ça ne change pas profondément la loi. Donc, après ça,
bien, facile de mettre la hache là-dedans puis changer ça. Bref, c'est ça.
Donc, la question du financement est
fondamentale. Pourquoi? Bien, parce que, justement, parce que les compétences
sont en jeu, justement parce qu'il y a eu du racisme systémique depuis des
décennies, voire des siècles, ça fait en sorte que la reconnaissance du rôle et
de la capacité des Premières Nations de gérer leurs services de santé ou leurs initiatives
de santé dans leurs approches à eux, bien, ferait en sorte qu'il faut qu'il y
ait des ententes pour que l'argent soit au rendez-vous. On ne peut pas voir des
pinottes quand ça va mal puis après ça se retrouver à quêter l'argent au gouvernement.
Donc, les solutions sont sur la table.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre, je vous cède la parole.
M. Lafrenière : Merci, M. le
Président. Merci, collègues de l'opposition. Encore une fois, ça nous permet
d'avoir de bonnes discussions. Et j'ai bien aimé quand on a parlé des soins de
santé et de voir de quelle façon aussi on peut s'assurer d'un financement qui
est pérein. Donc, à chaque année, les gens ne se demandent pas : Est-ce
que ça va revenir? Est-ce que je suis dans une insécurité? Notre plan d'action
prévoit un financement sur cinq ans. Quand on dépose notre plan d'action, notre
plan d'action du 200 millions, tout ce qu'on annonce jusqu'à présent c'est
sur un horizon de cinq ans.
Et je dois vous dire aussi, M. le
Président, que les actions qu'on annonce dans les dernières semaines, dans les
prochaines semaines aussi, c'est inspiré d'un plan d'action gouvernemental pour
le développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits. Et ça,
je dois saluer le précédent gouvernement qui avait commencé le travail en cette
matière. Ça fait que vous voyez qu'on réussit à bien s'entendre, puis ma
grand-mère va être fière, je ne mets pas ça sur le dos des autres, on est
capables de bien travailler ensemble. Et c'est quelque chose qui avait débuté
sous l'ancien gouvernement, puis on a repris ses actions, puis on les met de
l'avant.
Tout à l'heure, on parlait de sécurisation
culturelle aussi et difficultés des langues, j'en suis. Et quand on parlait de
navigateurs, un des points importants des navigateurs, c'est d'être capable
d'accueillir les gens dans leur langue. Et c'est pour ça qu'on n'est pas arrivé
avec une mesure que j'appellerais du mur-à-mur, en disant : Voici comment
on va fonctionner. Puis ce serait simple, en passant, M. le Président, hein, de
dire : Voyez, on va embaucher tant de fonctionnaires mur-à-mur, voici ce
qu'on va faire. Ce n'est pas ce qui est préconisé du tout. C'est vraiment une
approche qui va être régionale. Alors, pour exemple, quand on parlait du centre
hospitalier de Joliette, bien, avec la nation attikamek, on va le développer
ensemble et s'assurer que nos navigateurs ont une connaissance de cette
réalité-là. Et on va le développer ensemble, même pour la formation. La
formation, il y a un tronc commun, mais ça va être ajusté avec chacune des
communautés, parce qu'on ne veut pas tomber dans du mur-à-mur, on veut vraiment
s'ajuster. Alors, ça, c'était la première des choses que je voulais dire.
Tout à l'heure, ma collègue m'a fait
sourire aussi, quand elle parlait d'indépendance, puis je n'embarquerai pas
longtemps sur ce sujet-là, mais étant donné qu'elle a ouvert la porte, je pense
qu'elle va bien comprendre notre point aussi quand on parlait de déclaration
des Nations unies. On est en accord avec...
M. Lafrenière : ...on veut vraiment
s'ajuster. Alors, ça, c'était la première des choses que je voulais dire.
Tout à l'heure, ma collègue m'a fait
sourire aussi, quand elle parlait d'indépendance. Je n'embarquerai pas longtemps
sur ce sujet-là. Mais, étant donné qu'elle a ouvert la porte, je pense qu'elle
va bien comprendre notre point aussi, quand on parlait de déclaration des
Nations unies, on est en accord avec le principe. Encore là, on trouve ça fort intéressant.
La raison pour laquelle nous, comme sept autres collègues de sept autres
provinces, on réagit, c'est qu'on se le fait imposer, et là c'est une attaque
directe en notre pouvoir de gouvernance ici. Il y a plusieurs provinces qui
lèvent la main en disant : On est tous d'accord avec le principe qui est
fort intéressant. Puis je reviens avec le Principe de Joyce, c'est la même
chose, on est d'accord.
Alors, ne jetons pas tout ça, on est d'accord
avec la majorité. Il y a des points sur lesquels on ne s'entend pas. Alors, je
suis persuadé que ma collègue tient à ce que le Québec reste fort dans tout ça
et fasse respecter ses droits, et c'est pour qu'on est en accord avec le
principe. C'est dans l'application, dans la façon que ça a été fait, du
fédéral, qu'on réagit en disant : Il faut le faire correctement, il faut
bien l'attacher, parce qu'au final, quand ça va s'appliquer sur le terrain,
bien, il faut que ça soit bien fait. Alors, ça, c'est un autre exemple, M. le
Président.
Depuis tout à l'heure, on parle beaucoup
de santé, je m'en voudrais de ne pas mentionner des choses qui... ce que
j'appelle des bons coups, parce qu'il y a des choses qui se passent bien, qui
se font bien. Puis c'est normal, dans les médias, on va parler plus de l'avion
qui s'écrase que celle qui atterrit, mais laissez-moi vous parler de quelques
avions qui ont atterri correctement récemment. Pourquoi? Parce que vous savez,
les employés dans le monde de la santé, dans le milieu de la santé, font un
très bon travail. Il y en a certains qui font un moins bon travail, puis dans
ce temps-là on le corrige, mais je vais vous donner un exemple avec Manawan.
Manawan, il y a de cela une semaine et
demie, le chef Ottawa me contacte, il me dit deux choses. Un, au niveau de la
santé mentale, il sent que sa communauté est vraiment vulnérable. Deux, il
dit : Mes gens qui donnent des soins sont épuisés, on n'y arrive pas. Ça,
je l'appelle un jeudi. Je contacte mes deux collègues, parce que j'ai dit tout
à l'heure qu'entre ministres on travaille bien ensemble dans ce dossier-là,
donc mes deux collègues à la Santé, et le lendemain on confirme au chef Ottawa
qu'il va avoir de l'aide. Non seulement il a eu de l'aide, il y a eu des
équipes qui ont remplacé les équipes médicales sur le terrain pendant le
week-end, mais il y a une équipe du CIUSSS aussi qui a été déployée pour aider
en matière de santé mentale.
Et je parlais la semaine dernière avec le
chef Ottawa, il me disait : Tu sais, Ian, ça n'a pas été facile au début,
parce que les gens de la santé, quand ils ont appris qu'ils s'en venaient chez
nous, il y en a qui avaient des craintes. Vous savez, plus tôt, je vous parlais
d'apprendre à se connaître, du vivre-ensemble, bien, le monde de la santé, les
gens avaient des craintes, en disant : Comment on va être reçus sur place?
Puis il dit : Ian, je suis heureux de te dire aujourd'hui que non
seulement ils ont été bien reçus, puis ils ont très bien mangé pendant le
week-end avec nous, on les a bien acceptés, ça a bien été, mais, pour lui,
c'était un petit pas de gagné avec les gens du milieu de la santé. Parce que,
quand ils retournent dans leur centre hospitalier, ils vont raconter comment
ils ont été bien reçus et comment ça s'est bien passé.
Puis moi, je vais tabler là-dessus, M. le
Président. Parce que, oui, on peut corriger ce qui ne va pas bien, mais on peut
rappeler qu'il y a des choses qui se font très, très bien, il y a un beau
travail. Puis je veux saluer les gens du milieu de la santé, qui font un
travail remarquable. Puis quand ce n'est pas bien fait, on va le corriger, M.
le Président, on n'a pas peur de ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jean.
• (11 heures) •
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président, et je vous promets de ne pas faire comme la dernière fois et
m'adresser directement à mes collègues...
11 h (version non révisée)
M. Lafrenière : ...il y a un
beau travail. Puis je veux saluer les gens du milieu de la santé, qui font un
travail remarquable, puis quand ce n'est pas bien fait, on va le corriger, M.
le Président, on n'a pas peur de ça. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président. Et je vous promets de ne pas faire comme la dernière fois et de
m'adresser directement à mes collègues, que je salue, d'ailleurs, mais de
passer par vous.
Nous arrivons ici avec ce que nous sommes
et ce que nous avons été. Petit détour pour vous dire que j'ai eu la chance
d'aller travailler comme journaliste en territoire autochtone à peu près
partout, dans le Moyen Nord du Québec, mais dans l'ouest aussi, où j'ai passé
10 ans, et dans le Nord, le Nord dans l'Ouest. Et je voulais qu'on fasse, pas
une parenthèse, mais je voulais qu'on regarde ce dont on parle aujourd'hui, les
soins de santé et de services sociaux pour les autochtones et les Premières
Nations dans le Grand Nord. Le contexte est important ici aussi, il fait foi de
tout — c'est une marotte de ma part de toujours parler du
contexte — mais je commence en disant, pour faire court, qu'il faut
arrêter de regarder le nord avec nos yeux et surtout nos lunettes fumées du
sud.
Donc, le nord, le Grand Nord, l'Arctique,
déjà, si je parle de Nunavik, Nunavut, on vient de perdre la moitié du monde
qui ne savent pas lequel est lequel, en partant. Wikipedia, c'est facile, on
l'a sur nos téléphones, nos tablettes. Quelques mots vite fait : «Durant
la guerre froide, le monde commence à s'intéresser à l'Arctique, bla, bla,
bla... Ce n'est qu'à partir des années 60 que le gouvernement du Québec
commence à jouer son rôle sur cette portion de son territoire, acquise 50 ans
plus tôt. Dans l'élan de Révolution tranquille, Québec reprendra
progressivement le contrôle, bla, bla, bla...» Bref, si on s'intéresse au
sujet, il faut voir le contexte, être plus large, et savoir de quoi et de qui
on parle.
Il y a aussi, quand je parlais du
contexte, ce que l'actualité nous dit et nous fait penser. L'actualité, si je
me reporte à mes bonnes années, à mes belles années, il y a à peu près 20 ans
dans les médias, avant que les drogues dures fassent leurs ravages dans le
nord, c'était la colle et l'essence. Les plus jeunes ne sauront pas de quoi je
parle, mais souvenez-vous, vous allez tout de suite voir des images. Je me
souviens des reportages de mes collègues de l'époque qui nous scandalisaient
littéralement, en nous montrant des images des groupes de jeunes autochtones
qui s'intoxiquaient en respirant des vapeurs d'essence. Il y en a, avant,
plusieurs années avant, que c'était de la colle.
Plus récemment, les vagues de suicides, et
là encore, les images de ce que les journalistes qui sont allés là-bas, parce
que c'est loin. On y va avec nos yeux du sud, on arrive dans le nord et tout
nous surprend, tout nous dérange, tout nous frappe. Bref, les vagues de
suicides, jusqu'à en parler presque de suicides à la chaîne, faisaient aussi
les manchettes récemment.
Parlons-en, parce que c'est au coeur du
sujet dont on parle, parce que c'est encore, malgré que ce soit encore un peu
tabou, c'est toujours un énorme problème, particulièrement chez les jeunes. Et
j'essayerais presque de dire que ceux qui y survivent doivent composer avec des
problèmes de violence systématique, mais ça, c'est une autre histoire.
Donc, en consultant le rapport de gestion
2019‑2020, déposé cet été par le RRSSSN...
M. Lemieux : ...encore un peu
tabou. C'est toujours un énorme problème, particulièrement chez les jeunes. Et
j'essayerais presque de dire que ceux qui y survivent doivent composer avec des
problèmes de violence systématique, mais ça, c'est une autre histoire.
Donc, en consultant le rapport de gestion 2019‑2020
déposé cet été par le RRSSSN... Oui, je sais, c'est des acronymes qui se
compliquent plus on... Mais appelons-le, pour les intimes, le RR triple S N, en
réalité, c'est la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik.
Ceux qui n'avait pas compris, le Nunavut, c'est dans l'ouest, le Nunavik, c'est
au Québec. Bon, si on regarde ce rapport-là, il est fabuleusement intéressant.
Et je vais faire vite sans trop le citer parce que ce que j'en retiens, c'est
qu'on a trouvé les moyens... D'ailleurs, il y a du financement, là, il y a
75 millions qui ont été débloqués pour les prochaines années à partir
desquelles on va pouvoir financer ce dont je vais vous parler. On a demandé aux
Inuits de créer, imaginer, travailler un programme de prévention du suicide par
et pour eux. Et ça fait toute la différence.
Il y a donc maintenant une stratégie
régionale en prévention du suicide. Il y a maintenant des solutions, des façons
d'essayer d'intervenir qui leur appartiennent. Le ministère de la Santé et des
Services sociaux, pour parler d'argent, parce que c'est dramatique quand, nous,
on en parle ou quand on en parle dans le Sud, on pense en termes d'argent,
combien ça coûte, puis en réalité il faut penser en termes de vie et de suicide.
Le ministère de la Santé, donc, a donné au RRSSSN 118 millions pour 2020.
Ça constitue une partie de son budget, parce qu'il y a aussi du fédéral
là-dedans. Et au final, ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a maintenant une
stratégie qui est financée. À partir du 1er octobre dernier, on pouvait
déjà embaucher du monde pour essayer de faire ce qu'ils ont constaté qu'il
fallait faire, qu'ils avaient besoin de faire, et dans une grande marge aussi,
le faire eux-mêmes, par eux, pour eux. En ce qui me concerne, c'est une énorme
partie de la solution. Et quand on ne met pas nos lunettes fumées du Sud et
qu'on regarde la réalité terrain dans l'Arctique, ça change tout.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Je cède maintenant la parole au député de
l'opposition officielle, le député de Jacques-Cartier. À vous.
M. Kelley
: Merci,
M. le Président. Le 25 novembre, nous avons souligné la Journée nationale
de commémoration des actions contre la violence faite aux femmes. Je pense,
c'est important juste de rappeler qu'on a eu le rapport... Bien l'enquête
nationale sur les filles autochtones disparues et assassinées, mais c'est
toujours important juste de rappeler les faits que les femmes autochtones sont
3,5 fois plus... Excusez-moi, 3,5 fois plus susceptibles des actes de
violence conjugale. Une femme autochtone est 12 fois plus... 12 fois
plus susceptible d'être assassinée, quand on regarde les chiffres envers les
peuples non autochtones. Alors, c'est des chiffres qui sont vraiment tristes,
mais c'est une réalité.
But I did want to just
take the point that, this week...
M. Kelley
: ...une femme
autochtone est 12 fois plus susceptible d'être assassinée quand on regarde
les chiffres envers les peuples non autochtones. Alors, c'est des chiffres qui
sont vraiment tristes, mais c'est une réalité.
But I did want to just
take the point that, this week, there was a report that was released by The
Native Women's Association of Canada just to highlight that the
215 indigenous women that they follow on this question have said that, during COVID and during the measures put in place to confine people, at least in
these cases it's 251, and they… results that they are experiencing more
violence at home. It's extremely important to remember that. C'est la
même chose pour toute la société des femmes qui sont victimes de violence. La COVID
a vraiment mis eux autres dans la situation où ils sont plus vulnérables puis à
risque, mais la réalité est plus pire aussi pour les femmes autochtones du
Québec, mais aussi du Canada.
Alors, pourquoi je fais ça? Je porte le
ruban blanc cette semaine, comme mes collègues, mais je veux juste poser la
question au ministre, peut-être, de nous juste donner une mise à jour sur les
actions que le gouvernement a pris dans les derniers deux ans sur… pour mieux
protéger ces femmes-là, mais aussi quelles initiatives est-ce que le ministre
des Services sociaux a prises pour aussi aider les femmes autochtones. Parce
qu'on peut regarder… oui, des gens habitent sur des réserves ou sur leur
territoire, mais aussi, je pense à des femmes qui, peut-être, résident en
ville, comme à Montréal. Il y a des femmes qui sont à risque là aussi. Alors,
c'est un enjeu important, je pense, pour toute notre société.
Puis je veux encore juste revenir un petit
peu à une suggestion. Parce que, de faire un vrai changement au sein du système
de santé, ça va prendre pas juste un comité des ministres, mais il y a quelque
chose qui existe pour les anglophones, qui est l'accès à des services en santé
et des services sociaux en langue anglaise. C'est un comité qui est encadré par
une loi, qui oblige chaque CISSS et CIUSSS de livrer des rapports de services
qui sont offerts à la communauté, mais aussi il y a des lacunes. Il y a des
représentants dans les différentes régions du Québec, des anglophones qui
viennent de l'Estrie, l'Outaouais, quand même, de la Côte-Nord,
Bas-Saint-Laurent, on peut regarder tout le territoire du Québec. Il y a des
gens qui viennent de la communauté qui siègent sur un comité au sein du
ministère de la Santé pour s'assurer que les services sont là. Et des fois, ils
vont bien expliquer au ministère que: Aïe, ça ne va pas bien, ici. Il y a une
lacune ici, il faut régler le problème, là. Alors, je pose ça aussi, un petit
peu, comme peut-être une option pour le ministre des Affaires autochtones puis
aussi le ministre des Services de santé de regarder cet exemple qui existe pour
les anglophones et de peut-être former quelque chose qui est similaire avec les
autres nations autochtones du Québec. Parce que, comme je dis, il y a des
fonctionnaires du gouvernement du Québec qui siègent sur ce comité-là avec la
communauté. Et des fois, ça marche bien. Quand il y a une volonté que ça marche
bien, quand la loi est bien encadrée, ça peut marcher bien. Et je dis que c'est
quelque chose qui a été mis en place...
M. Kelley
: ...parce que,
comme je dis, il y a des fonctionnaires du gouvernement du Québec qui siègent
sur ce comité-là avec la communauté. Et des fois, ça marche bien. Quand il y a
une volonté que ça marche bien, quand la loi est bien encadrée, ça peut marcher
bien.
Et je dis que c'est quelque chose qui a
été mis en place pendant les discussions autour de la Charte de la langue
française dans les années 70. La communauté a travaillé avec le gouvernement,
le Parti québécois, à l'époque, de M. Lévesque, pour s'assurer que les
anglophones étaient bien représentés au sein du système de santé. Alors,
peut-être, un modèle comme ça peut fonctionner pour le ministère de la Santé
aussi. Et sinon, au minimum, on va avoir des rapports qui sortent qui
disent : Bien, regarde, sur tout le territoire du Québec, il manque ça,
ça, ici, et ici, et là.
• (11 h 10) •
Parce qu'on a vu encore... je reviens des
appels d'actions dans le rapport de la commission Viens... c'est la récolte des
données qui est difficile au Québec puis au Canada en termes de qu'est-ce qui
se passe avec les peuples autochtones. Et c'est bien noté quand ils ont essayé,
la commission Viens, de faire le résumé de la situation des autochtones. Ils
ont dit : Des fois, c'est très difficile de trouver l'information. Les
chiffres n'existent pas.
Alors, je lance ces deux éléments-là au
ministre puis j'attends d'entendre ses réponses. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le ministre.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Avant de répondre à la question du collègue, je veux
répondre à la question de la collègue cheffe de la deuxième opposition. C'est à
partir des articles 12, tantôt, quand on parlait de la langue, et il y en a
plusieurs qui font référence à la langue, alors c'est important. Puis en même
temps, ça me permet de répondre à mon collègue de Jacques-Cartier sur
l'importance de la langue dans les services. Et c'est pour ça que je reviens
encore une fois avec les navigateurs qui vont être dans les centres
hospitaliers, qui vont avoir cette capacité-là d'échanger avec la clientèle
dans la langue... dans leur langue maternelle. C'est important. Vous avez parlé
de l'anglais aussi, puis je comprends cette importance-là avec certaines
communautés aussi.
D'ailleurs, j'aimerais vous souligner, M.
le Président, qu'il y a présentement un comité triparti qui existe, avec le
fédéral, nous et l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador,
qu'on appelle entre nous l'APNQL. Alors, il y a un comité triparti qui existe
déjà pour voir, au niveau de la santé, qu'est-ce qu'on peut faire, qu'est-ce
qu'on peut faire pour améliorer les soins et comment on peut donner les soins
directs.
M. le Président, je m'en voudrais, quand
mon collègue de Jacques-Cartier parle de violence faite aux femmes, de ne pas
embarquer sur un sujet qui est très cher pour moi. Vous savez, j'ai eu
l'honneur et le plaisir de présider une commission spéciale importante pour
nous, la Commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs. Quand on
parle de jeunes femmes qui sont vulnérables, quand on parle de jeunes femmes
qui avaient besoin d'aide, et surtout, que le gouvernement agisse, c'est un
exemple qui est très concret. Et d'ailleurs dans cette commission, M. le
Président, on a... on s'est déplacés à Val-d'Or pour rencontrer les membres des
Premières Nations, pour entendre ce qu'ils avaient à nous dire.
Parce qu'effectivement, comme mon collègue
de Saint-Jean disait tout à l'heure, on ne peut pas faire du mur-à-mur, on ne
peut pas se servir des mêmes services, si vous voulez, qu'on a dans le Sud, en
disant «ça va s'adapter». Bref, comme il l'a si bien dit tout à l'heure,
on ne peut pas regarder ça avec nos yeux du Sud. Il faut s'adapter, il faut
regarder, dans les communautés, quels sont les besoins.
Sans parler des résultats de cette
commission spéciale, je peux vous dire cependant qu'en se déplaçant, pour nous
c'était important d'avoir la vision du terrain...
M. Lafrenière : ...services, si
vous voulez, qu'on a dans le sud en disant : Ça va s'adapter. Bref, comme
il l'a si bien dit tout à l'heure, on ne peut pas regarder ça avec nos yeux du
sud, il faut s'adapter, il faut regarder dans les communautés quels sont les
besoins. Sans parler des résultats de cette commission spéciale, je peux vous
dire cependant qu'en se déplaçant, pour nous, c'était important d'avoir la
vision du terrain, voir comment on pouvait répondre à leurs besoins
spécifiques.
Quand on parle des clientèles vulnérables,
M. le Président, c'est une clientèle qui est très vulnérable. Je vais en
profiter, parce que notre temps est compté — on passe du temps de
qualité ensemble, mais notre temps est compté — pour vous parler
d'une autre clientèle vulnérable, et je parle de la Protection de la jeunesse
aussi, M. le Président. Quand on parle de femmes, souvent, on va parler de
protection de nos enfants aussi, et je vais prendre un exemple concret qui est
arrivé, et je suis persuadé que dans mon prochain bloc je vais avoir la chance
de reparler de la Protection de la jeunesse, parce que c'est important pour
tout le monde ici.
Récemment, on a vécu un cas à Mani-Utenam.
Et, encore là, quand je vous parle de notre nouvelle approche dans notre
disponibilité, dans notre proximité, le chef m'a contacté en disant qu'il y
avait eu un événement à Mani-Utenam, et ça n'allait pas bien. Ce qui s'est
passé, on a appliqué les processus standards. Dans le fond, on n'a pas fait ce
que le collègue de Saint-Jean a dit tout à l'heure, on ne s'est pas adaptés,
avec nos lunettes locales, en disant : Comment on peut le faire dans cette
communauté? Est-ce qu'on ne devrait pas parler aux autorités locales? Comment
on pourrait faire mieux? Alors, entre vous et moi, M. le Président, ça aurait
pu être fait très différemment, puis ça n'a pas été le cas.
Est-ce qu'on peut corriger le passé? Non,
mais on peut améliorer le futur. Qu'est-ce qui a été fait par la suite? Avec
mon collègue ministre délégué à la Santé, c'est de regarder, premièrement, à
très courte échéance... Parce qu'on peut parler de changements législatifs, M.
le Président, mais ça n'arrive pas demain. Donc, à courte échéance, comment la
Protection de la jeunesse va mieux travailler avec les organisations locales?
Ça, dans la semaine, ça s'est réglé. Par la suite, qu'est-ce qu'on a dit aussi?
Regardons comment déléguer certains pouvoirs en matière de protection de la
jeunesse. Et ça, M. le Président, ça se fait ailleurs. Je peux vous donner des
beaux exemples. Lac-Simon, pas plus tard que la semaine dernière, j'ai signé ce
protocole justement pour leur donner des pouvoirs en vertu de l'article 37.5
pour qu'ils appliquent eux-mêmes la protection de la jeunesse. La communauté
attikamek a déjà ce modèle-là.
Alors, quand on parle de partager,
justement, et d'ajuster notre façon de faire... Protection de la jeunesse, vous
savez, suite aux événements tragiques de Granby, il y a plusieurs changements
qui ont été faits; on a la commission Laurent qui va nous rendre ses
recommandations, il y a déjà un volet autochtone qui est important pour nous.
Mais, en attendant, quand on a des demandes avec les différentes
communautés — parce qu'il ne faut pas voir les peuples autochtones
comme un bloc monolithique, hein, ce n'est pas tout le monde qui a les mêmes
besoins — on s'adapte, et, dans le cas des Attikameks, dans le cas
des Algonquins à Lac-Simon, on s'est bien adaptés; Val-d'Or, c'est la même
chose, il y a une entente qui existe à Val-d'Or aussi pour l'application de la
protection de la jeunesse. Alors, c'est vraiment ça quand on parle d'un
partenariat, c'est de s'ajuster, de donner les bons outils et après ça, bien,
les assister dans leur travail au quotidien, et ça fonctionne, M. le Président.
Ce n'est pas parfait. Le système, il n'est
pas parfait. Mais tantôt, je vous parlais de bons coups. Moi, c'est des bons coups
que je voulais souligner aujourd'hui, parce que le système sait s'adapter, on a
des gens de coeur qui sont sur le terrain, et ça nous a démontré que c'étaient
des beaux résultats pour le bien de la communauté et les gens qui sont
vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je vais maintenant redonner la parole à la
députée de Roberval. À vous.
Mme Guillemette : Merci
beaucoup, M. le Président...
M. Lafrenière : ...les bons
coups je voulais souligner aujourd'hui, parce que le système sait s'adapter, on
a des gens de coeur qui sont sur le terrain, et ça nous a démontré que
c'étaient de beaux résultats pour le bien de la communauté et des gens qui sont
vulnérables. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Je vais maintenant
redonner la parole à la députée de Roberval. À vous.
Mme Guillemette : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, pour ce deuxième tour de parole, j'aimerais
prendre un moment pour vous entretenir de santé mentale. Vous ne serez pas
surpris. En cette période de crise sanitaire, c'est un sujet auquel on donne beaucoup
de place. On parle beaucoup ces temps-ci de l'importance de la santé mentale,
et c'est un facteur important qu'on doit aussi prendre en considération
lorsqu'on pense aux enjeux de la santé des peuples autochtones du Québec.
Malheureusement, notre capacité à estimer
les besoins des Premières Nations et des Inuits en matière de santé mentale est
affectée par l'absence de données spécifiques sur les peuples autochtones. Par
exemple, nos données statistiques sur la dépression ne peuvent être ventilées
selon l'identité autochtone. Comme cette information ne fait pas partie des
instruments de collecte des données et que les régions majoritairement peuplées
d'autochtones ont parfois décliné la participation à certaines enquêtes, il va
de même pour les données sur le taux de suicide, qui ne peuvent être déterminées
à partir des données des enquêtes québécoises. Cette situation est vraiment
problématique parce qu'elle nous empêche de mettre à profit et de mesurer le
défi auquel nous devons faire face afin d'assurer un soutien adéquat aux
peuples autochtones.
Afin d'inclure les groupes autochtones
dans les enquêtes du Québec, des travaux sont en cours présentement pour
explorer la possibilité de prendre en compte l'identité autochtone dans une
perspective globale au sein du MSSS, notamment avec la mesure 4.2.6 du
Plan d'action gouvernemental pour le développement social et culturel des
Premières Nations et des Inuits 2017‑2022.
L'inclusion des peuples autochtones dans
les enquêtes du Québec a comme finalité de permettre au MSSS de rehausser la
surveillance ainsi que d'améliorer la compréhension du contexte de la
dépression, de l'alcoolisme et du décès par suicide au Québec, incluant celle
des peuples autochtones. Ces travaux permettront de produire des informations
pertinentes de qualité et disponibles en temps opportun aux différents acteurs
de la santé publique afin de mieux soutenir et d'adapter adéquatement les
politiques et les programmes de prévention existants. Mon collègue de
Saint-Jean, tout à l'heure, a fait mention d'une belle collaboration qui a été mise
à profit pour mieux soutenir, dans la réalité des peuples autochtones, une
communauté.
Il y a certains liens qui sont faits déjà
entre santé mentale et sentiment d'appartenance. Vous savez, une bonne santé
mentale, c'est nourri par un sentiment d'appartenance fort, une inclusion
sociale, une confiance en ses moyens et en ses aptitudes. Ça peut aussi
s'appuyer sur un sentiment de compétence, sur la spiritualité, mais surtout sur
le soutien affectif qu'on reçoit.
On sait que la mise en valeur de la culture
passée et présente est quelque chose de nécessaire pour que le...
Mme Guillemette :
...confiance en ses moyens et en ses aptitudes. Ça peut aussi s'appuyer sur un
sentiment de compétence, sur la spiritualité, mais surtout sur le soutien
affectif qu'on reçoit.
On sait que la mise en valeur de la
culture passée et présente est quelque chose de nécessaire pour que leur rôle
sur leur territoire québécois soit reconnu de tous, pour qu'on évite de tomber
dans le piège de la représentation anecdotique de l'histoire dans nos
institutions, les institutions culturelles, éducatives
Cet été, M. le Président, j'ai eu la
chance d'aller visiter le musée amérindien et d'aller participer à des fouilles
archéologiques. Et lorsque la situation le permettra j'invite M. le ministre à
venir visiter ce magnifique musée autochtone. Donc, en attendant d'avoir des
données empiriques pour diriger plus spécifiquement notre action aux besoins
des peuples autochtones, il est important qu'on agisse maintenant pour
favoriser une bonne santé mentale dans les communautés. Certaines pistes de
solution sont déjà bien connues par notre gouvernement et seront explorées. Je
sais déjà que le ministre a ce dossier-là très à coeur.
Nous continuerons d'agir en collaboration
avec les Premières Nations. Et je ferais un petit clin d'oeil, M. le ministre.
Hier, on a eu la nomination de Mme Marie-Andrée Gill, on parle de culture,
donc Mme Marie-Andrée Gill, une écrivaine originaire de Mashteuiatsh, a
reçu du CALQ, du Conseil des arts et des lettres du Québec, en collaboration
avec Culture Saguenay—Lac-Saint-Jean, le prix de l'artiste de l'année. Donc,
félicitations, Mme Gill. Et on a plusieurs beaux exemples de Mashteuiatsh
ou de d'autres communautés, si on ne pense qu'à Michel Jeanqui a reçu le Prix
littéraire France-Québec. Donc, la richesse de la culture autochtone, on doit
se l'approprier aussi... Pour contrer la stigmatisation, il n'y a rien de mieux
que de bien connaître nos deux peuples, pour pouvoir collaborer pour le
meilleur pour l'avenir. Donc, je vous remercie, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député du
troisième groupe d'opposition, le député de René-Lévesque. À vous, monsieur.
M. Ouellet : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, à mon tour de saluer le ministre et les collègues ce
matin pour cette interpellation. Avant de faire cette interpellation, j'ai
parcouru une vaste revue de presse. Mais j'aimerais juste attirer l'attention
sur trois articles qui, aujourd'hui, vont faire partie assurément du plaidoyer
que nous allons faire pour améliorer les services de santé pour les Premières
Nations.
Le 19 novembre 2020, Espaces autochtones,
pour Radio-Canada : Les communautés autochtones du Québec rattrapées
par la deuxième vague. Un peu plus de 150 cas confirmés, dont au moins 81
depuis la première vague. ICI Radio-Canada Côte-Nord, le 20 novembre :
Retour des points de contrôles aux entrées de Uashat. 22 août 2020, sur
Espaces autochtones, encore, sur Radio-Canada: Le prudent déconfinement des
Mohawks de Kahnawake.
C'était écrit dans le ciel, M. le
ministre, les communautés autochtones étaient parmi les populations les plus à
risque pendant cette pandémie, et avec raison...
M. Ouellet : ...le 20
novembre, retour des points de contrôle aux entrées d'Uashat. 22 août 2020, sur
Espaces autochtones, encore, sur Radio-Canada, Le prudent déconfinement des
Mohawks de Kahnawake.
C'était écrit dans le ciel, M. le
ministre, les communautés autochtones étaient parmi les populations les plus à
risque pendant cette pandémie, et avec raison. Il fallait tout faire pour les
outiller, pour les protéger, pour éviter, autant que possible, que le virus
entre dans les communautés. Elles ont tenu le fort, elles ont paré la menace,
et c'est parce qu'elles étaient organisées, et elles l'ont fait spontanément.
Elles ont limité l'accès à leurs points d'entrée, elles ont... elles se sont
déconfinées moins rapidement que le reste du Québec. Certaines ont reporté le
début des classes, d'autres ont établi des zones de transition.
Il faut rappeler que chez les autochtones,
les aînés sont extrêmement respectés. C'est peut-être sur la base de cette
valeur humaniste que les communautés ont si bien résisté. Je relisais
d'ailleurs un article qui cite un jeune Mohawk de 10 ans, en parlant de
l'importance de tout faire pour protéger les aînés pendant cette
pandémie : «Les aînés, pour nous, c'est comme un arbre. Ils font partie de
l'arbre.»
Ce que j'essaie de démontrer, c'est que,
grâce à leurs valeurs de solidarité et de respect, grâce à leur leadership, à
leur cohérence, les communautés autochtones ont fait face à la première vague
et ont, depuis le début de la deuxième vague, fait face avec courage et
efficacité. Elles se sont débrouillées, malgré le fait que les services de
santé dispensés par l'État étaient déficients dans certains cas. Elles se
retrouvent dans des services trop souvent discriminatoires dispensés par l'État
québécois.
D'ailleurs, je vous rappelle que ma
collègue députée de Joliette a déposé une motion pour enchâsser le concept de
sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services sociaux. Le
plus important, c'est que cette motion a été adoptée à l'unanimité. Donc, comme
parlementaires, nous avons l'obligation morale d'agir en ce sens. On a annoncé
de la formation, c'est bien, M. le ministre, mais pour se donner tous les
moyens de ne jamais reculer, ça prend un outil législatif.
Pendant la pandémie, M. le ministre, les
élus de ma région, de la Côte-Nord, avec les élus des Premières Nations, on a
tenu plusieurs rencontres téléphoniques. Parce que, vous le savez, sur la
Côte-Nord, ce n'est pas un système de santé comme on connaît ailleurs dans la
métropole et dans la capitale, et dans certains cas, on peut même le qualifier
de médecine de brousse. Donc, les gens de la communauté d'Essipit, de Pessamit,
de Uashat mak Mani-Utenam, d'Ekuanitshit, de Nutashkuan, d'Unamen Shipu, de
Pakuashipi, de Matimekosh—Lac John ont, à chaque semaine, expliqué leurs
craintes, leurs peurs face à cette pandémie, et on discutait avec les élus et
la Santé publique des meilleures façons de mettre des pratiques pour sauver
leurs communautés, protéger leurs communautés. Et, vous savez, M. le ministre,
les communautés des Premières Nations, ce sont des communautés tissées serrées.
Dans les logements — et il y a beaucoup de
surpopulation — on voit plusieurs familles partager les mêmes pieds
carrés, et cette promiscuité amenait évidemment tout un défi si la COVID-19
allait se présenter à l'intérieur même des communautés.
Donc, tout ça pour dire qu'aujourd'hui on
ne peut pas faillir, et j'aurais des questions pour le gouvernement faire
encore mieux dans cette pandémie et aider encore nos communautés, notamment
celles de la Côte-Nord, mais toutes les communautés des Premières Nations sur
l'ensemble du territoire.
On apprenait ce matin qu'Ottawa ne digère
tout simplement pas que votre gouvernement...
M. Ouellet : ...donc, tout ça
pour dire qu'aujourd'hui, on ne peut pas faillir et j'aurais des questions pour
le gouvernement, pour faire encore mieux dans cette pandémie et aider encore
nos communautés, notamment celles de la Côte-Nord, mais toutes les communautés
des Premières Nations sur l'ensemble du territoire.
On apprenait ce matin qu'Ottawa ne digère tout
simplement pas que votre gouvernement a mis de côté 1,2 million de tests
de dépistage rapide de la COVID-19 qui ne sont tout simplement pas déployés.
Donc, pour nous, on croit que ces tests rapides devraient être utilisés pour
aider les Premières Nations à diagnostiquer rapidement la présence de la COVID
pour assurer de limiter la propagation. Donc, où en est le déploiement du gouvernement
pour les tests rapides? Est-ce que votre gouvernement aussi envisage un plan
d'évacuation aérien d'urgence pour évacuer des membres des communautés
éloignées malades de la COVID? Et, en terminant, est-ce que le gouvernement est
ouvert à déployer aussi temporairement et rapidement des soins ambulatoires
directement dans les communautés pour éviter au maximum les déplacements des
gens vers les hôpitaux où ils risquent de contracter la COVID et de les ramener
dans leur communauté?
Bref, le ministre de la Santé nous dit
qu'il en fait beaucoup. J'aimerais aujourd'hui entendre du ministre des
Affaires autochtones avec son arrivée quel est le leadership qu'il attend
occuper pour ce qui est de la limitation de la propagation de la COVID-19 à
l'intérieur des communautés des Premières Nations. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député. Alors, M. le ministre, je
vous recède la parole.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à mon collègue de René-Lévesque pour sa
question qui me permet de parler justement de cette pandémie qui frappe
effectivement très fort dans les communautés. Puis on comprend, hein, avec la
promiscuité, avec un problème de logis, avec des gens... plusieurs personnes,
plusieurs familles dans la même unité d'habitation, on comprend la sensibilité
de tout ça.
Et c'est pour ça que nous sommes en lien,
je vous dirais, quotidiennement avec les communautés, puis je peux vous donner
des exemples. Tantôt j'ai parlé de Manawan, je vais y revenir. Mais Wemotaci
l'a vécu aussi, Wemotaci a des cas confirmés positifs dans la communauté. Lac
Barrière, même chose, un cas qui a été déclaré. Mais rapidement les gens de la communauté
s'inquiètent. Pourquoi? Parce que leur crainte, c'est que ça se propage
rapidement.
Dans le cas de Manawan, quand on a su
justement qu'il y avait une hausse des cas, quand on a su par le chef Ottawa
qu'il y avait une problématique, on a agi, on a agi rapidement. Et vous savez,
on pourrait dire que les soins de santé, c'est de compétence fédérale dans une
communauté, mais on a agi. On a agi avec le CIUSSS. Ça, c'est un geste concret,
une équipe qui... des équipes, pardon, qui ce sont déplacées pendant le
week-end pour aller sur place pour justement faire en sorte de calmer
l'éclosion qu'il y avait là et surtout de soutenir le personnel médical qui
était, bien honnêtement, brûlé complètement du travail qu'il faisait là. Alors,
ça a été fait, ça a été fait rapidement, puis on n'a pas attendu d'avoir des
grands principes, on l'a fait rapidement sur la demande qu'ils ont...
Pour ce qui est de barrer l'accès à
certaines communautés, c'est un réflexe qui était approprié. Et je dois vous
avouer, M. le Président, depuis mon arrivée en poste, j'aurais aimé faire la
tournée des communautés pour rencontrer les gens, mais c'est la dernière chose
à faire présentement. Dernière chose à faire, moi, qui arrive dans une zone en
Montérégie, zone rouge, zone à risque, d'aller dans des communautés comme ça et
de risquer de propager la COVID. Alors, on le fait par téléphone, mais on est
en lien, je veux vous rassurer, on est en lien. Mais il y a une très grande
sensibilité des communautés des Premières Nations à la visite, d'avoir de la
visite sur leur territoire, ils tiennent...
M. Lafrenière : …chose à faire,
moi, qui arrive d'une zone en Montérégie, zone rouge, zone à risque, d'aller
dans des communautés comme ça et de risquer de propager la COVID, alors on le
fait par téléphone, mais on est en lien, je veux vous rassurer, on est en lien.
Mais il y a une très grande sensibilité des communautés, des premières nations
à la visite, à avoir de la visite sur leur territoire, ils ne tiennent pas à
ça, mais pas du tout, pour les raisons que vous avez évoquées tantôt. Alors,
oui, on y travaille.
En toute transparence, vous avez parlé des
tests rapides, je vais faire des vérifications, je ne vous dirai pas n'importe
quoi, mais je ne le sais pas, je ne le sais pas, mais je vais faire des vérifications
avec ce que vous m'avez apporté. Je peux vous dire a contrario que, dans la
région de l'Abitibi, une communauté qui m'avait interpellé, ils disaient qu'il
manquait de «testing kit», des trousses de test, et on a fait l'appel avec nos
collègues du fédéral, puis ça s'est réglé rapidement. Alors, on le fait, ça,
c'est le genre de chose qu'on fait au quotidien, je dis souvent que, dans notre
secrétariat, on est des facilitateurs, on est impliqués dans la majorité des
dossiers, mais avec d'autres ministères. Et vous avez demandé quel genre de
leadership on a, mais c'est très collaboratif, on travaille avec tous les
ministères, on a des résultats qui sont probants, qui sont rapides.
La santé, c'est tellement important pour
nous, M. le Président, que nos… pas une, mais les deux premières annonces qu'on
a faites, dans le plan J'ai espoir, touchaient la santé. On a parlé tout à
l'heure de la sécurisation culturelle qui est si importante. Et la deuxième
annonce, par la suite, c'était le Centre d'amitié autochtone de Lanaudière. Et
vous allez me demander pourquoi la santé, parce que, souvent, les gens quand
ils vont recevoir des soins, vont aller se loger, vont rester sur place, et ça
va être à proximité, c'est même un terrain, on a pu obtenir la proximité
d'hôpital, pour permettre justement d'avoir des soins. Parce que vous l'avez
dit tout à l'heure, vous avez parlé de médecine de brousse, et il y a des gens
qui doivent se placer au quotidien puis, oui, des communautés, mais même des gens,
des fois, de régions plus éloignées qui doivent se déplacer.
Hier, je parlais à un chef, M. le
Président, qui, lui, doit se déplacer avec son épouse, de venir jusqu'à Québec
pour avoir des soins de dialyse. Il est heureux de savoir qu'ici, à Québec, on
a un centre d'hébergement où ils peuvent rester sur place. Mais, oui, c'est un
enjeu, c'est un enjeu qu'on vit avec certaines régions, on en est conscients,
M. le Président, et non, ça ne s'est pas réglé du jour au lendemain, on a
encore beaucoup de travail à faire là-dedans.
Ceci étant dit, il y a des belles
avancées, j'en ai parlé tout à l'heure, je vais continuer de parler de
certaines avancées qui ont été faites pour les personnes vulnérables.
Récemment, on a réussi à embaucher des ressources, au niveau de la DPJ, pour le
Grand Nord. C'était un défi, M. le Président, on ne réussissait pas à avoir des
ressources qui restaient sur place, on a réussi à en embaucher, à avoir le
personnel nécessaire. Et, en ajout à ça, on a, avec la communauté crie et inuite,
développé des logements qui vont être bâtis pour le personnel. C'est un autre
des enjeux qu'on vit dans certaines communautés, comment avoir de l'attraction
pour le personnel et comment le garder sur place. Alors, oui, il y a du logis
qui va être bâti. Ça, encore là, c'est un exemple qui est très pragmatique sur
comment donner les bons soins. Vous allez me dire, ce n'est pas le logis pour
l'infirmière ou le médecin qui donne les meilleurs soins, mais d'avoir un
médecin ou une infirmière sur place, qui peut loger sur place, ça contribue
grandement à avoir des soins.
Alors, on est dans cette approche-là. Je
le disais, encore une fois, on est très ouverts, très ouverts aux commentaires
qu'on reçoit. Et, cher collègue, je peux vous confirmer que je vais vérifier
pour les tests rapides, puis je vous reviendrai, parce que c'est important pour
moi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La parole maintenant va revenir au
député de Saint-Jean.
• (11 h 30) •
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président…
11 h 30 (version non révisée)
M. Lafrenière : ...contribue
grandement à avoir des soins. Alors, on est dans cette approche-là. Je le dis encore
une fois, on est très ouverts, très ouverts aux commentaires qu'on reçoit. Et,
cher collègue, je peux vous confirmer, je vais vérifier pour les tests rapides
puis je vous reviendrai parce que c'est important pour moi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, M. le ministre. La parole, maintenant,
va revenir au député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci beaucoup, M.
le Président. J'écoutais le débat hier aux motions sans préavis en hommage à
Max Gros-Louis et, entre autres, l'intervention du collègue de René-Lévesque,
et vous allez voir pourquoi ça m'a frappé. Je me suis souvenu que c'est
vraiment le premier autochtone que j'ai vu en vrai, comme on disait dans le
temps, là, aujourd'hui on dit en présentiel. Il faut dire que j'étais très
jeune, c'était au Colisée de Québec, M. le député de René-Lévesque, pour le
tournoi pee-wee. Et que Max Gros-Louis, je m'en souviens encore, je le vois,
battait la mesure dans le colisée et soulevait tout le monde avec son tambour
pour appuyer son équipe, le petit bonhomme que j'étais n'était pas peu
impressionné par le tambour puis par ses couettes. J'étais impressionnée aussi,
et il faut que je fasse vite parce que j'ai pris toutes sortes de notes
auxquelles je veux venir, mais, en 1979, à Regina, quand le jeune journaliste
que j'étais s'est retrouvé dans un «friendship centre», puis après quand il
s'est retrouvé dans les Territoires du Nord-Ouest pendant deux semaines pour la
venue du pape Jean-Paul II à l'époque à Fort Simpson où il n'est pas venu la
première puis il est revenu l'année d'après, ça fait déjà trop longtemps de ça.
Il y en a qui se demande de qui je parle quand je parle de Jean-Paul II,
c'était le pape à l'époque.
Tout ça pour dire que ces impressions-là
sont importantes. Puis ces impressions-là font en sorte qu'on vient conforter
cette espèce de vision que j'essayais d'énoncer tout à l'heure qui est
importante parce qu'il faut voir les choses comme elles le sont sur leur
terrain qui n'est pas le nôtre. Ce n'est pas eux et nous, mais en même temps
c'est chez eux et il faut respecter ça. Je ne raconte pas ça pour rien parce
qu'on arrive ici avec ce que nous sommes, comme je disais tantôt, et le
contexte fait foi de tout. Donc, c'est important de le voir. Quand je parlais
du Grand Nord, quand je parle maintenant du Moyen Nord, il y a plein de choses
dans ce que les peuples des Premières Nations nous demandent qu'on ne comprend
pas parce que, sauf erreur, on n'est pas capables de même l'imaginer dans
certains cas.
Et, là encore, ce que le député de
René-Lévesque vient de nous dire au sujet de la pandémie, effectivement, on a
vu ça passer, mais jusqu'à quel point les personnes âgées sont importantes pour
les Indiens, jusqu'à quel point on a des arguments légitimes pour faire ce
qu'on a fait... D'ailleurs, les arguments, M. le Président, du député de
René-Lévesque par rapport aux tests sont plus que légitimes. Content d'entendre
le ministre des Affaires autochtones dire qu'il va faire des vérifications.
Moi, ma compréhension, c'est qu'on voulait les envoyer et on se prépare pour
les envoyer, une fois qu'on va valider tout ce qu'il faut, vers les régions
éloignées. Et il n'y a pas juste Sept-Îles puis les Îles-de-la-Madeleine qui
sont des régions éloignées...
M. Lemieux : ...du député de René-Lévesque
par rapport aux tests sont plus que légitimes. Content d'entendre le ministre des
Affaires autochtones dire qu'il va faire des vérifications. Moi, ma
compréhension, c'est qu'on voulait les envoyer et on se préparer pour les
envoyer, une fois qu'on va valider tout ce qu'il faut, vers les régions
éloignées. Et il n'y a pas juste Sept-Îles puis les Îles-de-la-Madeleine qui
sont des zones éloignées au Québec. Et là on aurait une bonne place où les
envoyer.
La sécurisation culturelle dont a parlé la
cocheffe du deuxième parti d'opposition m'a vraiment accroché au début. J'ai vraiment
dit : Bien oui, il faut... encore là, il faut se remettre à leur place. Et
vous le disiez, Mme la députée d'Abitibi-Ouest, c'est tellement important de
voir la situation dans leurs yeux, dans leurs langues. Mais moi, en tout cas,
les navigateurs du ministre des Affaires autochtones, je trouve ça pragmatique,
je trouve ça pratico-pratique, je trouve ça réaliste. C'est, jusqu'à preuve du
contraire, quelque chose d'immédiat ou de presque immédiat, et c'est tant
mieux.
Le député de Jacques-Cartier a émis une...
«and you were so bang on, my friend», quand vous parliez des agences qui sont
obligées de considérer la partie anglophone de la clientèle. Vous venez de
donner une très bonne piste à notre ministre des Affaires autochtones, et je
suis certain qu'il va accrocher là-dessus bien avant l'ombudsman. Je ne sais
pas lui, mais moi, l'ombudsman, à quelque part, il me semble que, dans le
service de santé, au-delà des comités des usagers, il y a tellement de couches
et de labyrinthes que, si on peut aller directement à ceux qui en ont de
besoin, on va faire la job, comme on dit.
Et la responsabilité populationnelle, Mme
la cocheffe du deuxième groupe d'opposition, bien là, vous m'avez. Je vais vraiment,
moi aussi, y penser beaucoup. Pas la partie indépendantiste de l'affaire, mais
la partie constitutionnelle de l'affaire. La partie représentation à Ottawa.
Parce qu'au final quand on parle de soins de santé, comme de n'importe quoi des
Premières Nations, il y a toujours une espèce de triangle qui est loin d'être
amoureux. La bonne nouvelle, là-dedans, c'est que j'ai fait des vérifications
et, encore récemment, on m'a dit que les relations entre le monde de la santé
du Québec et Ottawa étaient aussi bonnes qu'elles pouvaient l'être dans les
circonstances, même en pandémie.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous allons terminer le bloc d'intervention. Et je
cède la parole au député de l'opposition officielle, le député de
Jacques-Cartier.
M. Kelley
: Merci, M.
le Président. Je suis content que la députée de Roberval a parlé de la santé
mentale parce que, quand on a eu l'annonce du 100 millions de dollars,
c'est une bonne chose, mais j'ai dit que c'était important qu'on va trouver
qu'il y a de l'argent disponible pour les peuples autochtones du Québec.
Malheureusement, pendant la crise et très récemment, la nation naskapie a vécu
un suicide d'une très, très jeune membre de la communauté. Ça arrive trop
souvent et c'est triste, alors j'espère que dans un temps qui n'est pas...
difficile pour plusieurs Québécois, on n'oublie pas que cet argent, on va
trouver des parties pour les différentes communautés autochtones. Parce que ce
n'est pas facile, quand même, les Cris ont fermé leur frontière pour s'assurer
tout le monde reste chez eux, parce qu'eux autres… ma collègue, la cheffe de
la...
M. Kelley
: …que dans un
temps qui n'est pas difficile pour plusieurs Québécois, on n'oublie pas que cet
argent, on va trouver des parties pour les différentes communautés autochtones.
Parce que ce n'est pas facile, quand même, les Cris ont fermé leur frontière
pour s'assurer que tout le monde reste chez eux, parce qu'eux autres… ma
collègue, la cheffe de la deuxième opposition officielle a parlé du fait du
logement, et c'est une vraie crise, mais quand on pense qu'il y a trois
familles dans le même logement. Puis si jamais il y a une vraie éclosion dans
une communauté crie, on va avoir plusieurs problèmes pour, oui, des personnes
plus aînées en sécurité, mais les personnes à risque. Alors, la prévention est très,
très, très importante.
Et, en même temps, les tests rapides est important,
mais aussi je veux s'assurer qu'il y a des discussions avec le gouvernement
fédéral, parce qu'ils ont dépensé beaucoup d'argent partout au Canada. Pour
protéger le Manitoba, on comprend, présentement, il y a une crise là, mais
j'espère qu'on va avoir notre… pas notre juste part, mais le gouvernement
fédéral a un rôle à jouer aussi pour s'assurer qu'il y a un financement adéquat
pour la prévention et la bataille contre le COVID pour les peuples autochtones
du Québec.
Et, M. le Président, je veux juste parler
un petit peu, tout le monde ici connaît mon père, plusieurs personnes, sur leur
côté, à la fonction publique, ont travaillé avec mon père, mais tout ce dossier
de la santé mentale, c'est important. Parce que mon oncle a marié une femme autochtone
, trois heures, Nord de Whitehorse, Lowes, qui est allée à une école
résidentielle. Alors, mes cousins sont autochtones. Pelly Crossing, c'est une
ville de 300 personnes, puis je vous dirais que, pour mes cousins, oui, il y a
une mine pas loin, mais mes cousins étaient comme : À chaque fois qu'on
travaille dans une mine, on pense, des fois, juste parce qu'il y a un job dans
le coin, s'il y a un «fit», c'est parfait.
Mais ce n'est pas la réalité pour mes
cousins qui ont trouvé ça difficile de faire le mélange de leur culture, leur
condition puis la réalité d'une moderne planète, si je peux dire ça comme ça.
Ce n'était pas facile pour eux autres non plus d'aller vers le Sud, à
Vancouver, pour étudier. Ce choc d'aller à une communauté de 300, à une grosse
ville métropolitaine, pas facile. Et c'était difficile pour leur santé mentale,
c'est quoi, notre avenir, on en est où et…
Alors, quand on parle de santé mentale et
quand on voit des cas, c'est vrai, et ce n'est pas facile, je vous dirais, ce
n'est pas facile. Quand même, mon oncle, c'est un avocat qui travaille pour
protéger les droits des autochtones, il peut dire que ce n'est pas facile pour
les gens de Pelly Crossing, dans cette petite communauté qui est loin des
ressources et des institutions. Alors, quand on parle de tout ça, ce n'est pas
juste de faire un débat, mais on parle des vraies personnes qui sont dans des situations
très, très vulnérables.
Je suis content de l'échange que nous
avons eu ici. Moi, je pense qu'avec plusieurs des éléments qui existent des
différents rapports qui ont été mis sur la table, à un certain moment, c'est probablement
une bonne idée de déposer un projet de loi qui est plus large, où on peut
travailler ensemble, puis on peut avoir la représentation des peuples autochtones
ici pour peut-être modifier plusieurs lois du Québec. Ça, c'est un énorme
travail, parce que, comme…
M. Kelley
: ...sur
la table à un certain moment, c'est probablement une bonne idée de déposer un projet
de loi qui est plus large, où on peut travailler ensemble, qui on peut avoir la
représentation des peuples autochtones, ici, pour peut-être modifier plusieurs
lois du Québec.
• (11 h 40) •
Ça, c'est un énorme travail parce que,
comme on a discuté, ce n'est pas juste le ministre des Affaires autochtones qui
va changer tout. Ça prend un changement dans plusieurs différents ministères.
Ça prend une action concrète du gouvernement. Moi, je pense, quand on regarde
des appels à l'action. Ce n'est pas une critique envers les fonctionnaires du
SAA, mais j'imagine qu'eux autres veulent plus de ressources aussi.
Alors, mais peut-être c'est le temps
maintenant de créer un ministère qui est responsable pour, et pas juste un
secrétariat. Et encore, ce n'est pas un reproche vers un secrétariat, mais
peut-être c'est le temps de donner plus de ressources, plus de fonctionnaires
et un plus grand budget qui est dédié aux peuples autochtones du Québec. Puis,
je pense, ça, ce n'est pas une mauvaise chose. Ça, c'est quelque chose que je
pense que tout le monde, ici, sur ce côté de la Chambre, est probablement prêt
à discuter parce que c'est écrit dans le rapport. Et moi, je trouve que c'est
aussi quelque chose de très, très intéressant. Et peut-être que ça peut aider,
peut-être non, mais je pense qu'il y a un débat à avoir là-dessus.
Alors, je veux juste remercier le ministre
puis aussi tous ses collègues pour les interventions d'aujourd'hui. Encore, je
répète, je pense que c'était une bonne discussion, dans la bonne direction.
Mais c'est sûr qu'il y a beaucoup de choses qu'il reste à faire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Nous en sommes aux dernières interventions.
M. le ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Lafrenière : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, chose promise, chose due, collègue de
René-Lévesque. L'information que j'ai reçue, c'est qu'on est en attente de
validation des tests, de voir de quelle façon ça va s'appliquer. Alors, je vais
vous revenir avec plus de précision, mais c'est la première réponse que j'ai
eue. Et pour moi cet exercice-là, aujourd'hui, bien, ça me permet, justement,
de parler de l'exercice qu'on vient d'avoir ensemble. Je ne le disais même pas
à la blague quand je disais qu'on était pour avoir deux heures de temps de
qualité ensemble. J'apprécie beaucoup la façon que s'est déroulée l'échange. Et
je peux vous dire, j'ai pris plusieurs pages de notes parce que c'est ensemble,
je pense, qu'on va arriver à un meilleur résultat. Puis ça a été très positif
ce matin.
Puis je suis heureux de voir aussi mon
collègue de Jacques-Cartier qui nous dit qu'il va nous appuyer dans nos
demandes avec le fédéral pour s'assurer qu'on a les bonnes ressources, les
ressources financières aussi, pour le système de santé dans les communautés. Et
je salue son approche ce matin.
On a parlé de beaucoup de choses
aujourd'hui, M. le Président. Et je vais tenter en quelques minutes de faire une
conclusion de tout ça, mais je veux régler... Bien, je veux régler? Je veux
parler de l'aspect santé et santé mentale. Mon collègue de Jacques-Cartier en a
parlé, puis c'est effectivement extrêmement important. Mon collègue, ministre
délégué à la Santé, en a déjà parlé, il y a des listes d'attente pour les
psychologues, il y a des listes d'attente pour les psychiatres. Il fallait
trouver des solutions rapides pour les gens qui ont besoin d'un service. Hein,
quand on est en situation de détresse, on ne peut pas attendre des mois, même
pas des semaines.
Alors, on a augmenté les services sur le
881. Il y a le programme québécois pour les gens qui ont besoin de... de soins
de santé, pardon, mentale sans passer par un médecin de famille, ça, c'est
bien. Et ce matin, par un pour hasard, je voyais l'Association québécoise de
prévention du suicide, qui a lancé un site Web fort intéressant qui s'appelle
Suicide.ca. Il y a une application qui s'appelle Mes outils. Et je l'ai testé
ce matin, M. le Président. Et rapidement...
M. Lafrenière : ...de soins de santé
mentale sans passer par un médecin de famille, ça, c'est bien. Et ce matin, par
un pur hasard, je voyais l'Association québécoise de prévention du suicide qui
a lancé un site Web fort intéressant, qui s'appelle Suicide.ca. Il y a une application
qui s'appelle Mes outils, et je l'ai testée ce matin, M. le Président. Et rapidement,
quand on va sur cette plateforme, on nous demande si on veut avoir de l'information
ou de l'aide, et il y a quelqu'un qui peut dialoguer avec nous en direct.
Je vous parle de ça, M. le Président, parce
que vous savez, des fois, la réponse peut venir de plusieurs groupes. Et, dans
ce cas-là, c'est une association qui a décidé de faire sa contribution, puis je
voulais les saluer aujourd'hui. Je veux saluer le travail qu'ils ont fait.
Je vais vous dire qu'il y a plusieurs
ressources qui ont été ajoutées dans le système, mais ce n'est pas terminé,
pour la santé mentale, on a ça à l'oeil. Et d'ailleurs, mon collègue ministre
délégué à la Santé me disait qu'il avait fait une approche avec nos collègues
de l'opposition pour le plan 2021‑2026, une approche non partisane avec des
consultations pour voir de quelle façon on peut améliorer les services qu'on
donne. Et mon collègue de Jacques-Cartier a amené un point intéressant pour les
communautés des Premières Nations et inuites, de quelle façon on peut améliorer
ces soins-là, puis je suis persuadé que c'est des commentaires qui vont
remonter dans cette approche qui est non partisane.
Depuis notre arrivée en poste, M. le
Président, depuis mon arrivée en poste, ce que j'ai tenté de faire, c'est des
annonces concrètes. Je vous l'ai dit tout à l'heure, les gens ont réagi
beaucoup à ce qui est arrivé à Joyce Echaquan, mais c'est une réalité qui était
là, on l'a eu au visage, les gens ont réagi, c'est un électrochoc. Et je veux
m'adresser à Carol Dubé, au conjoint de Joyce Echaquan, en lui disant que, dès
le lendemain, les Québécois ont réagi rapidement, nous ont demandé de faire des
actions, puis c'est ce qu'on a commencé à faire.
Alors, le Principe de Joyce, M. le
Président, on l'a. Pour nous, c'est un principe qui est fort important, fort
important. Et le ministre de la Santé m'a déjà dit qu'il regardait dans ce
principe-là de quelle façon on pourrait l'appliquer pour que ce soit bien, bien
concret. Parce que, oui, c'est intéressant, et les consultations qui ont mené à
ça sont une démarche qui est fort complète.
De notre côté, depuis... je vous disais,
depuis mon arrivée, j'ai le plan... j'ai espoir où à chaque semaine on fait des
annonces concrètes pour amener des changements mais des réponses aussi. Tout à
l'heure, il y a un collègue qui faisait mention à l'ENFFADA. On peut faire
mention aussi au rapport Viens. On répond à des appels à l'action qui étaient
là, qui étaient déjà couchés sur papier, il fallait juste provoquer des choses,
et là on est dans la livraison.
Alors, M. le Président, on est rendus à la
quatrième semaine, quatrième annonce qui va avoir lieu dans pas tant de temps que
ça, dans quelques minutes. Alors, j'invite les gens dans cette salle à regarder
cette annonce et les gens à la maison qui sont nombreux à nous écouter à nous
entendre en direct tout à l'heure, à 13 h 30, parce que c'est une
autre annonce qui répond à des appels à l'action.
Première annonce est importante pour la
sécurisation culturelle dans le monde hospitalier. Mon collègue ministre de la
Santé a décidé d'élargir cette annonce-là et de s'assurer que tous les employés
et non pas seulement le personnel soignant, tous les employés étaient pour être
impliqués, et pas juste le centre de santé de Joliette mais vraiment
l'ensemble. C'est la sécurisation culturelle, donc, qui est annoncée dans la
première... l'annonce n° 1.
Annonce n° 2,
c'est le Centre d'amitié autochtone de Lanaudière et encore là pour permettre à
des...
M. Lafrenière : ...seulement le
personnel soignant, tous les employés étaient pour être impliqués, et pas juste
le centre de santé de Joliette, mais vraiment l'ensemble. C'est la sécurisation
culturelle, donc, qui était annoncée dans la première... l'annonce n° 1.
Annonce n° 2,
c'est le Centre d'amitié autochtone de Lanaudière, et encore là, pour permettre
à des gens qui ont des traitements à recevoir, qui ont des soins de santé à
recevoir, de pouvoir être hébergés et d'avoir une approche qui est adaptée
aussi. Alors, ça, ça a été notre deuxième annonce.
Par la suite, une annonce qu'on n'a pas eu
le temps de parler beaucoup aujourd'hui, c'est cette table ronde, cette table
commune avec l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, et ce
qui va nous permettre... Tout à l'heure, quelqu'un demandait : Comment
vous allez faire le suivi de tout ça? Comment vous allez regarder ce que vous
avec annoncé et voir comment ça percole dans le système? Et quelle est la
réaction des communautés? Et on espère, avec cette table commune, qui va être
coprésidée par moi et le chef Picard, d'être capables de remonter ces grands
enjeux puis de trouver des solutions, des solutions qui sont... oui, qui sont
pragmatiques, mais qu'on peut appliquer très bientôt. Alors, ça, c'est la
troisième annonce. Puis la quatrième, bien, vous allez l'avoir tout à l'heure.
Parallèlement à ça, il y a beaucoup de
discussions avec les communautés. Quand on parle des Premières Nations, quand
on parle des Inuits, c'est 55 communautés au Québec. Et souvent, on a
tendance à tout rassembler ça dans un groupe, mais ils ont des besoins bien
différents. Puis je vais me permettre, dans les minutes qui nous restent, de
parler de certains enjeux. Entre autres, dans la région d'Abitibi, on a connu
un enjeu avec la chasse à l'orignal, et j'ai eu la chance, lundi passé, de
confirmer le début des négociations. Alors, on a un négociateur, la nation algonquine
ont leur représentant, qu'on va financer, qu'on va aider, pour dialoguer
ensemble, pour trouver une solution. Et ce que je veux, c'est une solution qui
est permanente. Et j'ai un maire de la région qui me dit : Pourquoi vous
ne nommez pas un négociateur permanent pour trouver une solution temporaire?
J'ai dit : Je vais faire l'inverse. Je vais mettre un négociateur
temporaire pour trouver une solution permanente parce que ça fait des années
que ça revient. Et il y a quelque chose qui est clair, je pense que ce n'est
pas juste la chasse à l'orignal, c'est bien plus profond.
Alors, M. le Président, en même temps
qu'on fait cette table technique sur la chasse à l'orignal, puis je ne suis
vraiment pas un spécialiste de chasse à l'orignal, on va avoir une table
politique aussi, avec la nation algonquine, de nation à nation, pour parler des
enjeux, ce qu'on peut améliorer dans cette région, dans ces communautés-là,
pour faire en sorte que ça ne revienne pas comme ça. Parce que, quand ça
arrive, on l'a vu, ce qui est arrivé, bien, il y a quelque chose de plus
profond puis on va le régler ensemble.
On va continuer nos actions, M. le
Président, ce n'est pas terminé. On a un premier bloc jusqu'à Noël. Et par la
suite, comme je vous ai déjà dit, on va avoir des annonces qui vont être
adaptées avec les communautés. Et je l'ai dit tout à l'heure, mais je vais le
répéter devant mes collègues aussi, il y a plusieurs de nos actions qui
découlent de la mise en oeuvre du Plan d'action gouvernemental pour le
développement social et culturel des Premières Nations et des Inuits, et ça, ça
avait été lancé par le précédent gouvernement, M. le Président, et je veux le
saluer. Je veux saluer le travail qui avait été fait à cette époque-là, puis
nous, on continue dans cette voie. Et il faut le reconnaître, quand il y a des
choses qui sont bien faites, et c'est ça qui s'appelle faire de la politique
non partisane.
M. le Président, tout à l'heure, je vous
ai parlé du grand chef Constant Awashish, qui m'avait confié qu'un jour une
jeune enfant lui avait dit qu'elle craignait pour l'avenir, et je vous le dis
encore une fois, pour moi, ça m'a brisé le coeur, ça m'a fendu le coeur. Mes
filles ne m'ont jamais sorti un commentaire de ce type-là. Et je...
M. Lafrenière : ...et c'est ça
qui s'appelle faire de la politique non partisane.
M. le Président, tout à l'heure, je vous
ai parlé du grand chef Constant Awashish, qui m'avait confié qu'un jour une
jeune enfant lui avait dit qu'elle craignait pour l'avenir, et je vous le dis encore
une fois, pour moi, ça m'a brisé le coeur, ça m'a fendu le coeur. Mes filles ne
m'ont jamais sorti un commentaire de ce type-là. Et c'était bien senti, c'était
profond. Et c'est pour ça que j'ai appelé mon plan J'ai espoir, parce que moi,
j'ai espoir de changer les choses. J'ai espoir que cette jeune fille là, dans
quelques années, va aller voir le grand chef Awashish et lui dire : Tu
sais quoi? Moi aussi, j'ai espoir. Je pense qu'on va réussir à changer les
choses. Ce ne sera pas rapide, ce ne sera pas du jour au lendemain, M. le
Président, mais je veux lui donner de l'espoir.
Et avec ce que j'ai entendu aujourd'hui,
avec les échanges qu'on a eus dans cette Assemblée, des échanges qui étaient
riches... comme je vous dis, j'ai pris plusieurs pages de notes pour amener des
changements... et moi, ça me confirme notre volonté de travailler ensemble.
Alors, j'ai encore plus d'espoir aujourd'hui, M. le Président, d'arriver à
livrer quelque chose d'intéressant.
Tout à l'heure, on parlait d'emploi aussi.
C'est bien de donner les soins, mais il faut aussi donner de l'espoir avec de
l'emploi. Et quand on a parlé de développement, moi, j'ai toujours parlé de
développement en trois phases, donc le développement culturel, très important,
développement économique, avec des emplois de choix, et non pas par manque de
choix, en disant «c'est là que tu vas aller travailler».
Et le développement touristique, M. le
Président. Et j'en parle encore une fois parce que je suis persuadé que, dans
les prochains mois ou prochaines années, les Québécois vont chercher une offre
touristique locale, et quelle belle occasion pour faire connaître les
différentes nations, quelle belle occasion pour voyager au Québec, aller
rencontrer nos frères et nos soeurs de différentes nations, de découvrir leur
quotidien. Et je pense que ça va faciliter le vivre-ensemble, M. le Président.
Moi, j'y crois vraiment. Et la preuve, c'est qu'on a un organisme incroyable,
qui s'appelle Tourisme autochtone Québec, qui travaille, qui milite avec nous
pour, justement, développer cette offre touristique là.
• (11 h 50) •
Et ça... Je terminerais avec un principe
que j'aime beaucoup des Premières Nations, qui s'appelle le principe des «sept
générations». Ce qu'on fait aujourd'hui ensemble va avoir des répercussions sur
les sept prochaines générations. Alors, on n'a pas le choix, M. le Président,
il faut réussir, il faut réussir à tabler... à faire des annonces, de faire des
gestes importants aujourd'hui, qui vont avoir un impact sur nos enfants, nos
petits-enfants. Et ça, c'est pour sept générations.
Alors, c'est un petit peu le contrat que
je nous lance ensemble, avec les oppositions, travaillons ensemble. Parfois, on
ne sera pas en accord, mais il y a une chose qui est claire, on a le même but,
la même visée, c'est d'aider... d'améliorer les relations avec les Premières
Nations. Et ça, je suis persuadé de ça, M. le Président. Je regarde mes
collègues ici. Je suis persuadé qu'on veut tous la même chose.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. La conclusion appartient maintenant
à la cheffe du deuxième groupe d'opposition, pour une période de 10 minutes.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Effectivement, on a eu plusieurs éléments. C'est rare qu'on a
l'opportunité d'avoir, comme ça, un temps réservé pour parler de nos relations
avec les premiers peuples, et c'est appréciable. Faciliter le vivre-ensemble,
je pense que tout le monde en est. D'ailleurs, c'est la première étape du
principe de sécurisation culturelle. Cette première étape là parle de
conscientisation, d'être conscient qu'il y a des cultures millénaires...
Mme Massé : ...je pense que tout
le monde en est. D'ailleurs, c'est la première étape du principe de
sécurisation culturelle. Cette première étape là parle de conscientisation,
d'être conscient qu'il y a des cultures millénaires qui sont extraordinairement
riches. Mais ce n'est que la première étape. La deuxième étape, c'est il faut
avoir une sensibilité, apprendre la langue, deux mots, trois mots, quatre mots,
ça change tout. Mais ce n'est pas ça, la sécurisation culturelle. La troisième
étape, c'est de développer des compétences culturelles. Ish! Ça commence à être
un peu plus dur, parce que, là, il faut s'engager, il faut faire quelque chose,
il faut bouger quelque chose. Et finalement, bien, tout ça est au «je», hein?
Les trois premières étapes, c'est je, moi, personne. Quatrième étape,
sécurisation culturelle, là, c'est le «nous», qui rentre, et c'est le nous dans
des actions structurelles, structurantes. Pas des initiatives, des éléments
structurants.
Et c'est ça, M. le ministre, que moi, j'ai
de la difficulté à comprendre. Pourquoi, quand on parle de la nécessité d'avoir
des choses structurantes, comme, par exemple, inclure dans une loi, c'est
structurant... Bien sûr, les navigateurs, je vous le disais un peu plus tôt,
c'est une initiative, en fait, c'est tellement simple, ça fait tellement
longtemps qu'on le sait qu'on se demande donc comment ça se fait que ce n'est
pas fait encore. Mais changer fondamentalement les choses, structurellement les
choses, bien, c'est d'agir dans la sécurisation culturelle pour ces gens qui
nous ont accueillis il y a 400 ans.
Alors donc, c'est sûr que moi, quand j'ai
vu les communautés attikameks arriver avec le Principe de Joyce, ce qui est
devenu... Pour moi, je me suis dit, bon, bien, ça va être adopté facilement,
puisque, déjà, on avait adopté ici les principes qui guident la déclaration des
Nations unies sur les droits des peuples autochtones. C'est du copier-coller
sur les principes de cette déclaration-là. Bien, je me suis dit : Voyons,
tu sais, comment ça se fait qu'on n'est pas capable... Oui, bien sûr, d'agir,
et ça, c'est nécessaire, il était grandement temps, mais ceci étant dit, comment
se fait-il qu'on n'est pas capable d'envoyer un message clair? Pas juste aux
gens des Attikameks. Rappelons-nous, là, le Principe de Joyce, là, c'est la
majorité des nations qui se sont prononcées en faveur, qui sont derrières les
Attikameks pour ce Principe de Joyce là, et plus que ça, leur organisation
politique, qui est l'APNQL, a aussi clairement...
Mme Massé : ...message clair
pas juste aux gens des Attikameks. Rappelons-nous, là, le Principe de Joyce,
là, c'est la majorité des nations qui se sont prononcées en faveur, qui sont
derrières les Attikameks pour ce Principe de Joyce là, et plus que ça, leur organisation
politique qui est APNQL a aussi clairement signifié que ce qu'ils veulent, ce
qu'ils souhaitent, pas qu'on juge s'ils ont raison ou tort, c'est qu'on les
écoute.
Les écouter, je vous entends, M. le
ministre, vous allez... vous jasez avec plein de monde. Moi aussi, je jase avec
plein de monde. Et c'est fou parce que ces gens-là... Moi, là, je jase avec des
aînés, des gens issus... des artistes issus de différentes communautés, puis ce
qu'ils me disent, c'est... je les entends dire clairement : Bien, il faut,
il faut, Manon, il faut — moi — que vous reconnaissiez la
discrimination systémique. Pourquoi? Bien, parce que c'est ça qu'on vit, nous.
On ne vous demande pas si on a raison ou tort, on vous dit : C'est ça
qu'on vit.
Alors, j'entends le ministre qui
dit : Bien, regardez, on a fait ceci, on a fait cela. Puis, tu sais, c'est
clair que, tout au long de notre échange, autant avec les oppositions que je
remercie d'avoir été présentes aussi, on a parlé de problèmes systémiques en
santé et services sociaux. Je n'ai pas abordé la question de la DPJ pour une
seule raison, c'est que je sais qu'on va avoir d'autres moments pour le faire
et je sais qu'il y a du travail de fond qui est en train de se faire. C'est
juste pour ça que je ne l'ai pas abordé. Mais ceci étant dit, on a échangé sur
des problèmes systémiques vécus par nos frères et soeurs autochtones. Bien,
c'est sûr que pour moi je m'attends aussi à des solutions systémiques.
Et ça, par exemple, ça n'oppose pas
d'inscrire dans la loi de la santé et des services sociaux la responsabilité
populationnelle qui est déjà la nôtre, d'inscrire la question de la
sécurisation culturelle. Ça n'oppose pas avec des actions concrètes ici et
maintenant, un n'oppose pas l'autre. La seule différence, c'est, quand tu agis
au niveau du système, bien, tu t'assures que ça va être pas mal plus dur à
défaire s'il y a quelqu'un d'autre qui arrive après toi.
Et moi, je pense que le Québec, on est
rendus là. Regardez les sondages qui sont sortis au mois d'août où les gens
disaient... les Québécois et Québécoises disaient oui à 90 «ish» %,
je ne m'en souviens plus, je n'ai pas de mémoire, disaient... les Québécois et
Québécoises de toutes origines disaient : Oui, le gouvernement du Québec,
le gouvernement, l'État a un rôle à jouer pour éliminer la discrimination
systémique vécue par nos frères et soeurs.
Ça fait que moi, c'est à ça que j'appelle.
Puis, dans le fond, quand je regarde ça, je me dis : Qu'est-ce le Principe
de Joyce a de différent de ce qu'on a adopté ici, collectivement, tout le
monde? Puis il y a une chose, c'est la reconnaissance du racisme systémique
vécu...
Mme Massé : ...c'est à ça que
j'appelle puis, dans le fond, quand je regarde ça, je me dis : Qu'est-ce
le principe de Joyce a de différent de ce qu'on a adopté ici, collectivement, tout
le monde puis il y a une chose, c'est la reconnaissance du racisme systémique
vécu par nos frères et soeurs autochtones. Puis je me dis : Ce n'est pas
juste parce qu'ils sont entêtés, là, tu sais ou c'est qu'ils ont une fixation.
Non, non, c'est parce que c'est ça qu'ils et elles vivent.
D'ailleurs, qu'ils et elles vivent, peu
importe leur âge, peu importe leur nation d'origine, peu importe s'ils vivent
en ou hors communauté, moindrement qu'ils prononcent leur nom de famille ou
leur plaque... que leur plaque de voiture est plaquée à Mashteuiatsh, ah! c'est
drôle, ils se font coller plus que les autres. Ça existe, ils nous le
racontent, ils nous le disent. Et on en a des tonnes d'histoires comme ça.
Alors, si tel est le cas, je ne comprends
pas pourquoi la CAQ actuellement, puis vous pouvez dire que j'en fais une
fixation, mais c'est juste que je ne comprends pas... Ce n'est pas une question
de mots, c'est ça qu'ils vivent. Je suis qui, moi, blanche de 57 ans, pour dire
que ce n'est pas ça qu'ils vivent? Ils me le disent que c'est ça qu'ils vivent.
Ça, c'est le bout que je ne comprends pas et je ne comprends toujours pas à la
fin de notre échange.
Alors, oui, M. le ministre, j'entends
votre programme J'ai espoir. Vous ne pouvez pas imaginer lorsque j'étais la
seule dans ce parlement, la seule... j'en ai déjà parlé avec mon collègue,
d'ailleurs, de Jacques-Cartier, qui osait parler de racisme systémique, parce
qu'il n'y a personne, aucun autre parti qui voulait mettre ces deux mots-là
ensemble. Je me rappelle comment ce n'était pas simple, mais on y est arrivés.
Pourquoi? Bien, parce qu'on a tendu l'oreille puis on a écouté les gens qui
vivent la situation.
Alors, je veux laisser le mot de la fin à,
moi aussi, Carol Dubé, le conjoint de Joyce, qui nous dit : «Je souhaite
que les gouvernements du Québec et le gouvernement d'Ottawa adoptent le
principe de Joyce afin que ce terrible événement ne soit pas survenu en vain,
que sa voix sonne le début de réels changements pour tous les autochtones, afin
que jamais plus personne ne soit victime de racisme systémique.»
• (12 heures) •
M. le Président, je trouve que les
autochtones ont fait leur bout de chemin. Ils nous tendent la main. Le
gouvernement dit, le ministre le dit, que le racisme systémique divise. Bien,
peut-être. Mais de refuser de reconnaître la réalité vécue...
12 h (version non révisée)
Mme Massé : ... M. le Président,
je trouve que les autochtones ont fait leur bout de chemin. Ils nous tendent la
main. Le gouvernement dit, le ministre le dit, que le racisme systémique
divise. Bien, peut-être. Mais de refuser de reconnaître la réalité vécue par
les autochtones, ça divise, ça aussi, puis ça divise, sinon plus, ça creuse le
fossé entre nous, Blancs, francophones, machin truc, et eux, premiers peuples.
Et ça, pour moi, en mémoire de Joyce, c'est inacceptable.
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Mme la députée. Je vous
remercie pour la qualité de vos interventions démontrant vos préoccupations
pour les peuples autochtones du Québec. ...je lève la séance, et la commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup à tous.
(Fin de la séance à 12 h 1)