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Conférence de presse de M. Christos Sirros, député de Laurier-Dorion

Stratégie de lutte contre la pauvreté et l'exclusion

Version finale

Le mercredi 12 juin 2002, 12 h 33

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Douze heures trente-trois minutes)

M. Sirros: Alors, je ne serai pas très long dans la déclaration et je pense que tout le monde commence peut-être à avoir faim. Et, d'ailleurs, c'est peut-être comme ça que je commencerais. Quand on regarde ce qui a été annoncé aujourd'hui, on reste sur notre faim.

On reste effectivement sur notre faim, parce que nous sommes dans un dossier qui a pris énormément de retard. Il y a deux ans maintenant, on avait demandé de procéder à l'adoption d'un projet de loi, on avait demandé la consultation publique pour qu'on puisse effectivement examiner la pertinence et on avait surtout demandé qu'on prenne des mesures immédiates, concrètes, et urgentes au moins sur certains items qui font un consensus très large. Et, quand on regarde ce qui nous est donné aujourd'hui, il s'agit d'un emballage, du ruban pour emballer la boîte, d'un petit chou pour mettre par-dessus. Mais vraiment au niveau des mesures concrètes, il n'y a absolument rien qui a été annoncé, si ce n'est que se donner un mandat légal pour agir, peut-être, dans un an.

Alors, légalement, quand vous lisez l'article 12, et la ministre l'a repris tantôt, le plan d'action n'entrera pas en vigueur que deux mois après l'adoption du projet de loi. Donc, de façon concrète, ça veut dire qu'il n'y aura absolument rien qui va changer avant, minimalement, le printemps prochain. Ni le revenu de solidarité entrera en ligne de compte, ni quelque mesure que ce soit. Donc, c'est du marketing politique, honnêtement, là, sur le dos d'un dossier où, effectivement, il y a un impératif moral – je pense que ce sont les mots de la ministre – d'agir, d'agir, pas de parler mais d'agir. Et ce n'est pas d'hier qu'on parle de la pauvreté au Québec.

Le bilan net de la session, cette semaine, va être quoi? Ça va être l'adoption de mesures qui vont taxer davantage les plus pauvres, je pense à l'assurance médicaments, pendant qu'on dépose un projet de loi qui donne au gouvernement un mandat légal de repousser à un an quelque action concrète que ce soit. L'écart entre le discours et les gestes, il est énorme puis il grandit. Moi, je ne peux qu'attribuer au fait que le Parti québécois, effectivement, a besoin de trouver une stratégie de marketing électorale, en fonction, effectivement, de leurs besoins électoraux qu'ils mettent en place un processus qui va faire coïncider une campagne électorale avec une discussion sur la pauvreté. On est prêts à la faire, cette discussion, en campagne électorale. Ça fait longtemps qu'on réclame des mesures concrètes pour commencer. L'approche par loi, elle est effectivement quelque chose qu'on a demandé à l'Assemblée nationale, il y a deux ans, que ce soit adopté. Alors, nous sommes deux ans plus tard, nous avons passé une consultation que beaucoup ont qualifié de bidon, peut-être que le gouvernement vient de donner raison à tout ce monde-là parce qu'ils entreprennent une autre consultation pour embarquer dans un processus qui va nous mettre à un an d'ici quant à des gestes concrets.

Alors, l'essentiel de la critique aujourd'hui – parce que vous comprendrez que ça ne fait qu'à peu près une heure qu'on a eu les documents en question – c'est que nous avons un projet de loi qui, effectivement, met de l'avant des principes et des objectifs qui sont partagés largement par la société québécoise. Il n'y a personne qui est contre le fait qu'il faut lutter contre la pauvreté, il n'y a personne qui trouve que ce n'est pas un impératif moral, mais franchement, entre ce genre de discours puis la réalité criante des gens, pourquoi on n'a pas procédé aujourd'hui à la réintroduction de la gratuité sur les médicaments? Pourquoi, au lieu de ça, on va continuer à faire payer les gens et les forcer à choisir entre manger et se soigner puis en plus on va augmenter les coûts pour d'autres personnes dans la catégorie des pauvres? C'est le bilan net de la session. Alors, on a beau venir en grand nombre annoncer des beaux discours, mais, dans la réalité des choses, on est loin de ce qu'on s'attendait à voir.

Quant à la création de structures – parce que le net, c'est qu'il y a aussi deux nouvelles structures qui seront créées – parfait, ce n'est pas mauvais d'avoir un comité consultatif pour impliquer les gens du milieu, ce n'est pas mauvais d'avoir un observatoire. On aurait pu peut-être penser à rendre l'observatoire à l'intérieur des structures existantes, le Conseil du bien-être et de la santé aurait pu aussi avoir un mandat d'observation sur le phénomène de la pauvreté sans créer d'autres structures, mais ça, c'est des détails qu'on examinera en commission parlementaire éventuellement. Nous suivrons de très près, de façon pointue, les consultations particulières, on continuera à pousser le gouvernement à agir concrètement pour améliorer le sort des personnes les plus démunies, tout en tenant compte du fait qu'il faut agir dans un contexte global, effectivement, où toute la société doit se sentir comme participant à ça et que personne ne sente qu'on appauvrit les uns pour enrichir les autres.

Alors, je prendrai peut-être des questions.

M. Hébert (Michel): On va aller assez vite parce que je vous rappelle que le lobby de la pauvreté nous attend au complexe G.

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Hébert (Michel): Alors, question en français, Dominique Poirier.

Mme Poirier (Dominique): Le principe du revenu de solidarité, vous adhérez à ça, vous souscrivez à ce type de hausse de revenu, en fait, pour la sécurité...

M. Sirros: Nous, on a mis de l'avant l'idée que, tout de suite, il faudrait établir, au niveau des barèmes actuels minimalement, pour les inaptes en particulier – parce que vous savez qu'on peut les couper davantage à partir de ce qu'ils sont – nous voulons que ça au moins, on le décrète comme un barème plancher et qu'on mette sur pied des mesures réelles pour permettre à ces gens-là de s'insérer et d'augmenter leurs revenus en visant effectivement un seuil qui est convenu et convenable pour tout le monde.

Une voix: ...

M. Sirros: ...se peut pas parce que je ne sais pas encore qu'est-ce que ça va être. L'idée générale, oui. Dans un an, on verra. Mais, comme je vous le dis, les coupures sur les personnes inaptes persisteront. La coupe des médicaments persistera. Donc, comment on peut parler d'un revenu acceptable quand il y a encore ces choses qui existent?

M. Hébert (Michel): Katia Gagnon.

Mme Gagnon (Katia): ...du marketing politique, M. Sirros, mais je veux dire, dans un an, il y a quand même des gens qui vont avoir plus d'argent dans leurs poches, là. Ce n'est pas négligeable, ça.

M. Sirros: Non. Mais je veux dire, je parle de maintenant. C'est un geste... Nous sommes déjà deux ans en retard. On aurait pu annoncer des choses concrètes. Si on veut être crus quand on parle de la détermination de faire la lutte à la pauvreté, j'aurais minimalement voulu voir aujourd'hui la réintroduction de la gratuité de médicaments. Au lieu de ça, comme je vous le dis, on a un projet de loi. Le bilan de la session, c'est que, au net-net, il va y avoir une augmentation des coûts pour les pauvres de la société. Ça, c'est le net-net aujourd'hui. Donc, aujourd'hui, c'est du marketing politique, une stratégie pour la promotion. Dans un an, on verra qu'est-ce qu'il y aura là-dedans. Mais je pense qu'on peut pas prler aujourd'hui de grandes annonces.

M. Hébert (Michel): Valérie Lesage.

Mme Lesage (Valérie): ...le principe même d'une loi comme outil pour lutter contre la pauvreté, vous en pensez quoi?

M. Sirros: Moi, je suis favorable à cette approche-là. Même, je trouve que la loi est... par exemple, un des éléments qu'on aimerait voir dans une loi, ce serait l'introduction de ce qu'on peut appeler un «closed impact», forcer chaque ministère à analyser les amendements législatifs qu'il proposera dans tous les domaines, quant à l'impact qu'ils ont sur les plus démunis, quant à l'impact qu'ils ont sur l'écart entre les riches et les pauvres, etc. On ne le retrouve pas dans la loi.

Ce n'est pas une loi qui oblige le gouvernement à quelque résultats que ce soient. C'est une loi qui guidera le gouvernement dans ses actions. Tant mieux! Mais je veux dire... Puis si on veut... En tout cas. C'est loin de ce qu'on aurait pu avoir. Il y aura des consultations parlementaires, il y aura d'autres discussions, il y aura des études article par article. On reviendra.

M. Hébert (Michel): Une dernière en français, Francis Labbé.

M. Labbé (Francis): Donc, si jamais il y a une élection à l'automne, vous changez quoi là-dedans?

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Sirros: Eh bien, on mettra de l'avant à ce moment-là des choses précises. Comme, par exemple, nous sommes sur le chemin de prendre le programme APPORT qui est cité comme quelque chose qui a été au coeur de la lutte à la pauvreté, de l'élargir, de le moderniser, de le simplifier, de le rendre accessible aux travailleurs à faibles revenus afin de supplémenter leurs revenus de travail. Et, dans ce sens-là, c'est le gouvernement qui rejoint, par l'introduction de leur programme proposé de revenu de solidarité, avec un nouveau titre, ce que nous avons mis de l'avant il y a maintenant, quoi, 12, 13 ans.

M. Lessard (Denis): Est-ce que vous trouvez que ça tarde trop? Est-ce que vous êtes prêts à adopter ce projet de loi tôt à l'automne ou la semaine prochaine ou... Est-ce que...

M. Sirros: Nous sommes... Écoutez...

M. Lessard (Denis): ...sur décembre, ça va être adopté en décembre, deux mois plus tard, on va avoir l'effet...

M. Sirros: Écoutez, la consultation va commencer au mois d'octobre. Si c'est une consultation qui veut dire quelque chose, ça va durer un certain temps. Il va falloir réfléchir à tout ça après. Il va falloir revenir avec des amendements, une étude article par article. Ça, ça va prendre un certain temps. Honnêtement, là, connaissant un peu comment ça fonctionne, je ne peux pas voir que ça peut être adopté avant le mois de décembre, fin novembre au plus vite, si vous voulez. Et là, deux mois après, le plan d'action entrera en vigueur. Pas au moment de l'adoption de la loi, au moment, si vous lisez le dernier article, au moment où le gouvernement décidera. Alors, ça aussi, ça peut...

Regardez la politique jeunesse. On a déposé une politique jeunesse où on disait: Il va y avoir un plan d'action. On l'attend encore, le plan d'action. La politique jeunesse a été déposée il y a un an. Le plan d'action, bien, toujours pas déposé.

Alors, il n'y a rien de concret, de substantiel dans ce que nous avons ici aujourd'hui. C'est effectivement une manoeuvre de marketing, réussi ou pas, je n'en sais rien, mais on verra.

Une voix: En anglais. John Grant.

M. Grant (John): Would you have preferred... Une voix: It's just that the're better doors than windows.

M. Grant (John): Would you prefer the Government go ahead right now without referring to the National Assembly, without parliamentary committee, without...

M. Sirros: No. I wanted to see the adoption of certain specific measures that don't require the adoption of a law. For instance, they could have reintroduced the free medication for the people that are presently on welfare or older citizens that are receiving the income supplement. They're forced right now in a situation where they sometimes have to choose between eating or taking their medication. You can't talk about the willingness to combat poverty and let things like that continue, especially when – what we're really doing today, this week, in the National Assembly, in concrete terms – the Government is adopting a bill by closure, trough closure, that is gonna increase the costs for low-income people, in the Drug Insurance Plan.

So, how can you come and tell me that you want to deal with poverty in a global manner, which is fine, but at least, if you wanna a minimum of credibility, do something concrete. There is absolutely nothing concrete here, and nothing concrete can happen for at least a year because that's... You know, it's two months after the adoption of this Bill that the first action plan will be tabled. That brings us immediately into February and gee, doesn't it coincide a little bit with the possibility of an election?

So, I think the first motivation here is electoral strategy. Certainly poverty and the fight against poverty is an issue that is of concern to everybody. No one disputes that, no one disputes the objectives that are put forward over here. But clearly, there's nothing concrete that's put forward, and we are two years late in this dossier.

M. Hébert (Michel): Thank you.

M. Sirros: Thank you.

(Fin à 12 h 46)

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