(Treize heures vingt-neuf minutes)
M. Couillard (Philippe) :
Alors, bonjour, tout le monde. Je voudrais d’abord vous présenter avec plaisir
les députés qui m’accompagnent : M. Marc Tanguay, député de LaFontaine,
qui était le coprésident de notre comité de travail sur l’identité; Mme
Kathleen Weil, députée de Notre-Dame-de-Grâce; et Mme Christine St-Pierre, députée
de l’Acadie, toutes deux membres également du même comité.
On est ici aujourd’hui pour dévoiler notre
vision de l’identité québécoise, qui rallie tous les Québécois et Québécoises.
J’en ferai une brève présentation avant de répondre à vos questions et je vous
signale qu’il y a un texte plus détaillé qui est également disponible pour
vous.
Cette vision, bien sûr , mais c’est important de le dire , correspond à mes convictions les plus
profondes. On le sait, le gouvernement du Québec a un devoir historique unique,
celui d’assumer la responsabilité de la pérennité du fait français, de
promouvoir notre langue et notre culture. C’est une responsabilité dont s’est toujours
acquitté le Parti libéral du Québec et c’est, bien sûr, la position que je
défendrais en tant que chef du parti.
Depuis plusieurs mois, je parcours les
régions pour écouter les Québécois. Ils souhaitent avant tout que leur gouvernement
s’occupe d’emploi et de leur qualité de vie, mais ils souhaitent aussi qu’il
fasse la promotion d’une culture commune forte basée sur le français comme
langue publique commune. Ils souhaitent également un gouvernement qui favorise
l’adhésion de tous à des valeurs communes qui définissent la société. Ces
valeurs, ce sont, bien sûr, premièrement, l’égalité entre les femmes et les
hommes, la neutralité religieuse des institutions de l’État, le français langue
commune dans nos espaces publics, le respect des droits individuels dans une
société inclusive, tolérante et ouverte sur le monde. L’adhésion à ces valeurs
fait largement consensus au Québec. C’est la position que nous adoptons, c’est
la position qu’adoptera un gouvernement du Parti libéral du Québec. Au Québec,
les femmes et les hommes, peu importe leur statut social, leur degré de
scolarité ou leur origine, ont des droits égaux. Cette égalité est un pilier de
notre société et elle est non négociable.
Dans les faits, notre vision de l’identité québécoise
se traduira par l’adoption de trois mesures concrètes. Ces mesures sont les
suivantes. Premièrement, fidèle à ses valeurs et à son histoire, un gouvernement
libéral affirmera le choix de l’interculturalisme comme modèle québécois
d’accueil et de vie commune. Une politique gouvernementale sera déposée à cet
effet, suivie de consultations.
Deuxièmement, un gouvernement libéral
proposera que soit inscrit à la charte québécoise des droits et libertés le
principe de neutralité religieuse des institutions de l’État.
Troisièmement, un gouvernement libéral
proposera un projet de loi complété par un guide d’application pour encadrer
les accommodements. Aucun accommodement ne pourra contrevenir au principe fondamental
de l’égalité entre les femmes et les hommes.
Ces mesures en faveur de l’adhésion aux
valeurs québécoises communes s’inscrivent en droite ligne avec le rapport de la
commission Bouchard-Taylor et les nombreuses recommandations adoptées par le
précédent gouvernement libéral. J’aimerais en souhaiter quelques-unes :
l’inclusion de l’égalité des femmes et des hommes à la charte québécoise des
droits et libertés en 2008, la connaissance et le respect de nos valeurs par
les candidats à l’immigration au moyen d’un engagement signé, l’adoption d’une politique
gouvernementale et d’un plan d’action visant notamment l’intégration des
personnes nouvellement arrivées, la francisation et la gestion de la diversité.
L’interculturalisme québécois est notre
modèle d’intégration et de gestion de la diversité. Il diffère du
multiculturalisme et constitue, à notre avis, une part importante de notre
caractère distinct au Canada. Il cherche à concilier la protection des droits individuels
et le respect de la diversité avec le maintien et la promotion d’une culture et
d’une langue commune forte. C’est le modèle de vie commune auquel adhère la majorité
des Québécois. Depuis Robert Bourassa en 1971, plusieurs gouvernements
successifs l’ont affirmé, et, aujourd’hui encore, nous répétons que cette façon
de voir notre société correspond à la situation unique du Québec, foyer d’une
majorité francophone accueillante et confiante en son avenir.
Nous proposons aussi l’inscription du
principe de neutralité religieuse à la charte québécoise des droits et libertés.
Ce principe, pendant à la liberté religieuse, signifie que l’État ne favorise
ni ne défavorise aucune religion ou encore l’absence de religion. C’est très
important de faire une distinction entre la neutralité des institutions et celle
des individus, é galement important de ne pas établir
de hiérarchie des droits. Un droit est-il supérieur à un autre? La neutralité
religieuse des institutions de l’État, elle fait écho à l’intégrité morale et
l’égalité morale des individus et au respect des libertés de conscience. Le
respect des droits individuels comprend la liberté religieuse. L’expression de
la spiritualité, du sentiment religieux ou son absence, c’est une manifestation
profonde de notre caractère humain. La laïcité des institutions ne signifie pas
la négation ou la dissimulation du sentiment religieux des individus. Notre
choix, c’est celui de la laïcité ouverte.
L’inscription du
principe de neutralité des institutions à la charte permettrait par ailleurs
aux éléments architecturaux, décoratifs, de même qu’aux dénominations de
certains établissements présents lors de son entrée en vigueur de demeurer en
place.
En voulant
interdire le port de signes religieux dans la fonction publique ou
parapublique, le gouvernement du Parti québécois met en cause les libertés des Québécois.
Il s’empêtre déjà dans ses contradictions, et cela ne fait que commencer. Nous
redisons notre désir d’encadrer le port du voile facial, comme indiqué à
l’intérieur du projet de loi n° 94, il faut le rappeler, bloqué à l’époque par
le Parti québécois. Nous le réaffirmons, la prestation et la réception des
services publics doivent se faire, au Québec, à visage découvert pour des
raisons d’identification, de communication et de sécurité.
Sur la base de
nos principes de respect des droits de la personne, et à l’exception de l’encadrement
du port du voile facial, nous nous opposerons fermement à toute limitation des
libertés individuelles des femmes et des hommes oeuvrant dans des organisations
publiques, quelles que soient leurs fonctions.
On le sait, sur
la question des accommodements, les Québécoises et Québécois trouvent, dans la
réalité des choses, les solutions sur le terrain aux rares situations
problématiques. Plusieurs organismes, on le sait, ont publié des guides de
grande qualité. Il nous faut aussi affirmer le fait que nous n’acceptons pas et
n’accepterons jamais qu’un accommodement remette en question l’égalité des
hommes et des femmes.
Un cadre législatif
apparaît nécessaire afin d’éclairer les décideurs. Nous proposerons donc l’adoption
d’une loi qui précisera les critères d’analyse pour les gestionnaires, définira
l’accommodement et les critères d’application, donc créera des balises
et rappellera de la nécessité que les services publics, encore une fois, soient
donnés et reçus à visage découvert. La loi proposée serait suivie de la
publication d’un guide à l’attention de tous les décideurs et permettrait aussi
de bonifier le service-conseil déjà mis en place à la Commission des droits de
la personne et des droits de la jeunesse.
Notre position sur
l’identité québécoise est à la fois juste, réaliste et pratique. Le Québec d’aujourd’hui
et de demain doit réunir plutôt que de diviser, inclure plutôt qu’exclure,
additionner plutôt que soustraire et présenter au reste du Canada et au monde
le meilleur de nous-mêmes. Une société forte, confiante et ouverte, dans le
respect de ce que nous sommes, dans le respect de notre différence, voilà le Québec
que nous voulons construire avec tous les Québécois. Quand nous avons des
consensus dans une société civile bâtie sur la neutralité de l’État, la laïcité
ouverte, les chartes des droits et des libertés, ainsi que la Charte de la
langue française, nous sommes plus forts et plus unis.
Enfin, je déplore à
nouveau que le gouvernement du Parti québécois ait décidé de traiter de ces
enjeux fondamentaux en cherchant à diviser les Québécois plutôt qu’à les unir
autour de valeurs communes, notamment celle de l’égalité des hommes et des
femmes. L’essentiel, ce n’est pas pour l’État de se mêler de la façon dont les
gens s’habillent, mais plutôt de préciser comment nous proposons de gérer la
diversité, qui est un des grands atouts de notre société.
En terminant, je tiens
à remercier Marc Tanguay, Christine St-Pierre et Kathleen Weil ainsi que tous
nos militants qui ont contribué à cette réflexion. Merci.
Le Modérateur : Nous allons
passer à la période de questions destinée aux membres des médias. On va commencer
par le micro de gauche… à ma gauche, oui.
M. Laforest (Alain) : Alain
Laforest, TVA. Bonjour.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour.
M. Laforest (Alain) : M.
Couillard, je n’ai pas l’impression qu’il y a de quoi de nouveau sur la
position traditionnelle du Parti libéral concernant les accommodements
raisonnables.
M. Couillard (Philippe) : C’est-à-dire
qu’on a établi trois propositions et, de façon très, je crois, prononcée, on
réaffirme le choix de l’interculturalisme. La gestion de la diversité, c’est le
centre de la question, mais on…
M. Laforest (Alain) :
…traditionnel du parti, qu’est-ce qu’il y a de nouveau là-dedans?
M. Couillard (Philippe) : On
annonce le dépôt d’une politique gouvernementale, bien sûr, s’il y a la
formation d’un gouvernement libéral. On annonce également et on propose
l’inscription du principe de neutralité des institutions de l’État à la charte ; ce n’est pas le cas actuellement . On annonce le dépôt d’une loi établissant des
balises pour les accommodements, suivie d’un guide ; il
n’en existe pas actuellement. Donc, ce sont l’essentiel des propositions que
nous mettons de l’avant, qui visent à être applicables.
Et je ne crois pas que la position, du moins, de ce qui a coulé de la
position du gouvernement, soit ni réaliste, ni applicable, ni même légale.
M. Laforest
(Alain) : Vous vous dirigez avec un affrontement, sur le Parti
québécois entre autres, pour les signes religieux apparents.
M. Couillard
(Philippe) : Notre position… Mais,
vous savez, quelle est la position du Parti québécois, on ne le sait pas, hein?
J’en profite pour vous le signaler. On a eu une succession de fuites plus ou
moins calculées sur la question. On aura, je suppose, un jour, la présentation
de leur position.
Il est certain que, sur
cette question du port des signes religieux, nous réaffirmons notre choix de la
laïcité ouverte, ce qui est compatible avec les signes religieux portés par les
individus.
Le Modérateur : On va passer au
micro de droite.
M. Lessard (Denis) : Oui.
Denis Lessard, La Presse. Vous avez dit… mentionné que vous étiez
près des propositions de Bouchard-Taylor ou qu’une partie de votre proposition
s’en inspirait. Vous prônez la laïcité de l’État, mais, en même temps, on vous
rappelle que Bouchard-Taylor rappelait que les gens qui représentent l’État,
qui représentent l’autorité de l’État, devaient s’abstenir de porter des signes
ostentatoires.
Qu’est-ce qui vous fait dire que là, sur
cette portion-là, Bouchard-Taylor, après des mois de réflexion, une réflexion
assez neutre ou équitable — personne
n’a mis en doute leur impartialité — après
des mois de réflexion, ils se sont trompés sur cet aspect-là, les gens qui
représentent l’État doivent être neutres?
M. Couillard (Philippe) : D’abord,
prenons les choses dans l’ordre. Beaucoup des recommandations, comme l’absence
de l’affirmation de principe sur la question de la neutralité de l’État,
l’interculturalisme, faisaient partie également du texte de la commission. Je
pense que vous devez le reconnaître également.
Maintenant, sur la question des agents de
l’État, je veux juste corriger, parce que j’ai moi-même dû faire cette
correction au début de ma réflexion, la commission Bouchard-Taylor ne parle pas
des agents qui ont l’autorité de l’État. Elle parle des agents qui ont une
fonction de coercition et plus spécifiquement un petit nombre de fonctions,
parmi lesquels les policiers, les juges.
Alors, à l’examen et après de longues
consultations et une longue réflexion, nous ne croyons pas non plus que
l’extension de cette interdiction à ces fonctions-là se tienne, pour des
raisons de cohérence, mais également pour des questions légales. Ce serait
probablement la différence entre ce qu’il resterait à appliquer de la commission
et notre position.
Journaliste : Bonjour,
M. Couillard.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour.
Journaliste : Vous avez semblé
dire qu’aucun accommodement religieux ne devait être accordé si ça mettait en
doute le principe d’égalité hommes-femmes, puis, en même temps, je crois que
vous avez dit qu’il n’y a pas de hiérarchie dans les droits. Pouvez-vous
préciser? Ce n’est pas contradictoire?
M. Couillard (Philippe) :
Non, pas du tout. D’abord, je suis content que vous ameniez cette question, parce
que la question essentielle, dans les cas qui ont véritablement été vus comme
problématiques par l’opinion publique, était des cas où cette question de
l’égalité des hommes et des femmes était celle qui était fondamentalement mise
en cause, que ce soient les gens qui veulent voir une femme plutôt qu’un homme
ou un homme plutôt qu’une femme pour des services publics ou d’autres exemples
semblables.
Sur la question des droits, je rappelle
l’inscription de l’égalité des hommes et des femmes, en 2008, à la Charte des
droits. Beaucoup s’entendent sur le fait qu’il peut être très risqué d’établir
un niveau d’importance relative d’un droit par rapport à un autre. Je
retrouvais une déclaration du Barreau, je crois, d’il y a quelque temps, qui
mentionnait qu’il faut voir ces droits comme une chaîne dont chacun des
maillons est important, et donner plus d’importance à un maillon par rapport
aux autres peut débalancer l’ensemble de l’équilibre. Alors, ce sont des droits.
Comme on dit en français et en anglais : un droit est un droit est un
droit; «a right is a right is a right». Un droit fondamental appliqué dans la
charte, c’est un droit de plus haut niveau.
Journaliste : Maintenant, vous
dites souvent, depuis que vous êtes élu chef, que votre priorité, c’est
vraiment la création d’emplois, c’est l’économie. Or, vous parlez souvent,
depuis quelques semaines, des questions identitaires, de la langue, de la
charte des valeurs et tout ça comme aujourd’hui. Vous n’avez pas l’impression
de jouer un peu le jeu du gouvernement qui, lui, parle beaucoup de ces choses-là
puis vous entraîne, au lieu de parler d’économie?
M. Couillard (Philippe) :
Alors, je l’ai dit encore une fois aujourd’hui que, sur le terrain, les Québécois
et les Québécoises m’ont parlé d’emploi. Ils m’ont parlé de qualité de vie. Ils
m’ont parlé de leurs régions, du développement dans leurs régions. C’est de ça
dont les gens se préoccupent. C’est un des immenses découplages entre les préoccupations
du gouvernement et la réalité, et on va le répéter, surtout ces jours-ci où on
voit que l’équilibre budgétaire est remis en question, où, franchement, la question
de la taxe scolaire tourne à la confusion la plus totale, de même que les autres
questions sur les finances publiques.
Mais c’est également le rôle d’un parti
politique qui aspire à former le gouvernement d’avoir une réflexion et se prononcer
sur les questions de vie commune. Nous nous concentrons toujours sur les questions
de prospérité, de qualité de vie, d’emploi, parce que ce sont les questions qui
d’abord importent aux Québécois, mais qui également sont les garants de notre
liberté de choix comme société. Mais nous pouvons également, et nous le ferons,
bien sûr, traiter d’autres sujets en rappelant toujours la primauté, pour nous,
de l’économie et de l’emploi.
Journaliste : Bonjour,
mesdames. M. Tanguay, M. Couillard, bonjour.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour.
Journaliste : Si on va dans le
sens de votre proposition, si un juge, un procureur de la couronne ou un
policier porte des signes religieux de façon ostentatoire, quel message ça
envoie, selon vous, relativement à la laïcité ou à la neutralité de l’État?
M. Couillard (Philippe) : O.K.
J’ai beaucoup réfléchi à cette question qui est loin d’être banale, puis on y a
réfléchi ensemble, avec les gens qu’on a consultés également. D’abord, il
existe des précédents. Il existe, ailleurs, des juges, en Grande-Bretagne notamment,
qui portent des signes d’identification comme ceux que vous mentionnez. Je vous
mets en garde contre l’utilisation du mot «ostentatoire», parce que c’est très
subjectif qu’est-ce qui est ostentatoire, qu’est-ce qui l’est moins. Voilà une question,
en soi, qui mérite un débat.
Maintenant, est-ce que véritablement cette
question est liée à l’impartialité du juge qui est devant nous ou à la
perception de partialité de la personne qui est devant les tribunaux? C’est ça,
la réflexion essentielle. Et il ne me semble pas y avoir d’argument sérieux et
profond pour dire qu’il y ait une relation. Exemple : je peux être devant
un juge qui est un chrétien fondamentaliste très, très près des positions très
anciennes de l’Église sur certaines questions sociales. Je ne le sais pas. Je
le regarde, et ça ne paraît pas. Cette personne peut être habitée d’une partialité
importante qui ne m’apparaît pas à première vue. Autre exemple : une
personne est accusée d’un crime en vertu… qui a un caractère racial ou raciste.
Devrait-elle refuser d’être entendue par un juge de race noire? Alors, il y a
là un élastique qui est beaucoup plus fragile que ce qu’il paraît à première
vue.
Lorsqu’on étudie cette question de façon
approfondie, on constate que ces questions-là sont loin d’être aussi simples
que ce qu’on tente de dire , je ne dis pas que
vous le faites , mais ce qu’on tente de dire en
général. On constate également que, dans d’autres pays comme la
Grande-Bretagne, il y a des juges qui portent ces signes, et que
personne ne remet en cause leur partialité ou leur impartialité. Voilà donc le
type de réflexion.
Je voudrais vous faire
part également de la profondeur des réflexions qu’on a eues sur cette question-là.
Parce que rapidement on peut dire : Bien sûr, c’est évident. Mais rien ne
m’effraie plus que l’évidence, je dirais, comme un de nos philosophes célèbres.
Quand quelque chose est trop évident, il faut fouiller encore plus profondément
et voir vraiment si on est sur un terrain solide.
Journaliste : Justement, vous
parlez de la profondeur du débat, vous êtes justement en processus de renouveau
de votre parti. Dans quelle mesure votre parti, vos membres ont été consultés
pour élaborer cette position quand même assez apparemment complète?
M. Couillard (Philippe) :
Oui. Alors, d’abord, je vous rappelle qu’en mai, moins de deux mois après la
course à la direction, la fin de la course à la direction, on a annoncé la mise
sur pied de comités de travail sur différents enjeux, souvenez-vous, dont un
était le comité sur l’identité, sur la base duquel nous basons cette
communication aujourd’hui. À l’intérieur de ce comité, il y avait des
militants, il y avait des gens de la commission politique, de la commission
jeunesse. On a consulté largement notre commission des communautés culturelles.
On a, bien sûr, parlé aux députés du caucus, et je peux vous dire qu’il y a un
consensus très large et très profond sur cette position-là parce qu’elle
correspond fondamentalement à nos valeurs profondes.
M. Pépin (Michel) : …pas de
division au sein de votre parti sur cette question-là?
M. Couillard (Philippe) : On
est vraiment enlignés vraiment sur cette question-là parce qu’encore une fois il
s’agit de nos valeurs profondes, les libertés. Il ne faut pas minimiser cette question-là,
M. Pépin, là. Les libertés, ici … puis je
suis certain que vous ne le faites pas, là, je ne dis pas ça pour ça . Mais l’approche d’interdiction de port de
signes religieux est une menace assez sérieuse aux libertés individuelles,
alors assurons-nous de la baser sur un problème réel.
Alors, par exemple, on
fait état, du côté du gouvernement, d’inquiétude quant à une crise appréhendée,
disons-le, sur la question des accommodements. Alors, moi, je demande au gouvernement :
Montrez-nous les études sur lesquelles vous vous basez pour dire qu’il y a un
état… une perte de contrôle ou un état de crise appréhendée sur le terrain.
C’est plutôt le contraire. J’écoutais, pas plus tard que ce matin, l’entrevue à
la radio d’une présidente de commission scolaire, Marguerite-Bourgeoys, dans la
région de Montréal, qui disait franchement pouvoir régler tous ces problèmes
localement très bien avec les enseignants, avec les étudiants.
Alors, il y a, sur le terrain, la capacité
des Québécois et des Québécoises de trouver des véritables solutions. Il ne
faut pas ignorer ça non plus. La tentation, là, de créer une atmosphère de
crise appréhendée, moi, je la regrette profondément, de même que je regrette la
façon désordonnée dont s’est faite jusqu’à maintenant la communication du gouvernement
sur un enjeu aussi important.
Journaliste : Bonjour, M.
Couillard. Est-ce qu’il n’y a pas tout de même des députés chez vous qui
étaient enclins à aller jusqu’à penser qu’il fallait interdire le port de
signes religieux chez ceux qui incarnent les fonctions de coercition? Est-ce
qu’il n’y a pas quand même des députés qui avaient envie d’aller là?
M. Couillard (Philippe) : On
a eu une discussion sur cette question-là puis on a présenté les arguments
qu’on vient d’expliquer à votre collègue. Lorsqu’on a eu cette discussion-là, et,
sur la base de ces arguments-là, il est devenu apparent pour la totalité des
gens — parce que je ne me souviens
pas d’une intervention différente, là — que,
véritablement, on était sur le véritable niveau de profondeur des enjeux.
La question des juges
et des policiers, elle est loin d’être si simple que ce qu’on dit. Comment
définit-on également une fonction coercitive de l’État? On va tout de suite
penser aux juges, aux policiers, aux gardiens de prison, mais un gardien de
sécurité d’hôpital, un gardien de la faune, les multiples commissaires chargés
de pouvoirs d’enquête par les différentes lois du gouvernement… Alors, dès
qu’on y pense, la liste s’allonge continuellement, et je trouve que c’est un
raccourci facile de faire un lien entre l’impartialité ou la perception de
partialité d’un juge, par exemple, et le fait qu’il ou elle porte un signe
religieux.
Journaliste : Vous avez fait
référence à l’interculturalisme et au multiculturalisme. Quelle est la
définition que vous donnez à l’interculturalisme? Ce sont des notions quand
même…
M. Couillard (Philippe) :
Oui, c’est un peu… Merci de me donner la…
Journaliste : Oui, mais, ici,
j’aimerais vous entendre là-dessus, sur l’interculturalisme, donc.
M. Couillard (Philippe) :
Merci de me donner l’occasion d’en parler parce que je crois qu’en fait c’est
un des points particulièrement importants de cette communication.
Lorsque je dis que c’est ce qui
caractérise notre caractère distinct au Canada, je m’appuie sur l’histoire et
la réalité des choses. J’ai relu récemment la lettre que Robert Bourassa a
envoyée à M. Trudeau en 1971 sur la question du multiculturalisme et qui
reprend exactement les mêmes arguments que ceux que j’ai brièvement exposés
dans mon texte. C’est que la situation du Québec est unique en Amérique du Nord,
parce que le Québec comporte une majorité francophone dont le foyer est l’État
du Québec, et le gouvernement du Québec a donc un devoir unique.
Alors, si je vais dans
l’explication un peu simplifiée de la différence entre l’interculturalisme et
le multiculturalisme, je dirais la chose suivante : Le multiculturalisme,
c’est un peu comme une forêt d’arbres isolés les uns par rapport aux autres. La
vision de l’interculturalisme, c’est de voir notre société comme un arbre
unique, très vigoureux, un tronc qui est constitué des valeurs communes
auxquelles viennent… sur lequel viennent converger et se rallier les diverses
communautés qui construisent notre diversité. Ça, c’est la différence.
Le multiculturalisme, tel
qu’on l’entend classiquement, ne prend pas en compte l’existence d’une majorité
spécifique au Québec et son devoir historique unique. Ce n’est pas simple comme
concept, mais j’ai essayé, avec la forêt et l’arbre, d’en faire une
démonstration plus simple.
Le Modérateur : On va passer
au micro de droite.
Journaliste : Bonjour, M.
Couillard. Vous avez donné quelques exemples précis sur le port de signes
religieux par des fonctionnaires de l’État, notamment les juges. J’aimerais que
vous nous donniez des exemples précis aussi pour les cas d’accommodements, les
demandes d’accommodements. Je vois que vous proposez, là, d’adopter un guide
qui contiendrait des balises claires. Ça me semble un peu vague comme concept.
Qu’est-ce que ça veut
dire pour des accommodements dont on entend parler, comme des heures de piscine
différentes pour les hommes et les femmes, déplacer des interdictions de
stationner pour certaines fêtes, octroyer des congés spéciaux, par exemple, à
des fonctionnaires pour des fêtes religieuses?
M. Couillard (Philippe) :
Bien, d’abord, brièvement, la question du stationnement, là, c’est le pire
exemple à utiliser pour discuter de cette question-là. C’est une fabrication
presque totale, qui a créé de l’inquiétude, alors qu’il n’y avait aucun lieu de
s’inquiéter pour la population. Dans le texte plus long, que je vous ai
mentionné, vous allez trouver plus de discussions.
Ce qui est certain que ce que Gérard
Bouchard et ses collègues ont dit, c’est que ce n’est pas le cas par cas qui
fait problème, parce que, je l’ai dit tantôt, les cas par cas, ils se font sur
le terrain, puis, en pratique, là, il n’y en a pas beaucoup de problèmes, notamment
à Montréal. C’est l’absence de guides et de balises sur lesquels tout le monde
peut se rallier. Alors, on en trouve plusieurs, bien, les chartes des libertés,
des chartes, bien sûr, également la notion de contrainte excessive. Puis là je
ne veux pas embarquer là-dedans parce que ça devient très compliqué.
Journaliste : Êtes-vous en
mesure de donner des exemples pratiques?
M. Couillard (Philippe) : Je
ne veux pas renter dans le cas par cas puis je ferai exprès de ne pas le faire,
parce que ce qu’on veut donner, ce sont des guides généraux d’application. La
pire chose qu’on peut faire, c’est dicter à distance le détail de cas que les
gens règlent sur le terrain. Moi, je suis impressionné par la qualité des
guides qui ont été publiés, notamment par la ville de Montréal, par les organisations
scolaires. Cette présidente de commission scolaire dont je parlais tantôt était
même surprise de la question du journaliste. Elle a une des commissions
scolaires les plus multiethniques à Montréal puis elle disait : Il n’y en
a pas de problème. On les règle, les cas. On les règle très bien entre nous.
Alors, on ne veut pas non plus participer
à la création d’un climat de crise et d’inquiétude, mais on croit également qu’il
y a un besoin de repaires sur lesquels les gens s’entendent. Et, quant à l’application
au cas par cas, c’est sur le terrain que ça doit se faire.
Journaliste : J’aimerais vous
entendre aussi sur les détails de l’entente entre Hydro-Québec et Pétrolia qui
ont été dévoilés ce matin. On apprend que…
M. Couillard (Philippe) : On
change de sujet, là.
Journaliste : Oui, tout à fait.
Les droits, donc, ont été cédés, je pense, contre un dollar , mais une redevance prioritaire qui atteint un maximum de
3 %. Vous ne pensez pas qu’Hydro-Québec s’est un peu fait avoir dans cette
affaire-là?
M. Couillard
(Philippe) : Écoutez, on ne parlera
pas des détails de l’entente. Ce que j’en sais et ce que je connais des
principes de l’entente me semble correspondre à la question suivante : Premièrement,
ce n’est pas aux contribuables d’assumer les risques liés à l’exploration. Je
pense qu’on doit… on peut s’entendre là-dessus.
Deuxièmement, le fait qu’Hydro-Québec ait reçu droit à une redevance
prioritaire est une bonne mesure. N’oubliez pas également que cette redevance
prioritaire s’ajoute aux redevances gouvernementales. Et j’en profitais pour
rappeler que, lors du dépôt du dernier budget de Raymond Bachand, il y avait la
proposition d’un niveau variable de redevances pour les hydrocarbures selon le
niveau de productivité des puits. Ça a été tassé du revers de la main par le gouvernement
actuel.
Alors, d’avoir un système de redevances qui s’applique au-dessus des
redevances perçues par l’État nous place dans une situation, selon moi, à la
hauteur où j’observe cette entente — puis, bien sûr je ne suis pas un
juriste corporatif, là, il faudra voir les minuties et les détails — mais
où le risque me semble avoir été bien transféré entre le partenaire privé et Hydro-Québec.
Journaliste :
Donc, c’était une bonne entente?
M. Couillard
(Philippe) : Globalement, sur ces
principes-là, je crois que c’était bien pour le contribuable et pour Hydro-Québec.
Maintenant, écoutez, je pense que ça a à peu près 1 000 pages, cette
affaire-là, là, on va avoir le temps de le regarder de façon plus détaillée. Mais
je suis rassuré de voir qu’il y avait une redevance prioritaire pour l’Hydro et
que ça s’ajoute, encore une fois, aux redevances de l’État. Puis j’enjoins le gouvernement
de bouger, là. On avait, nous, proposé un niveau de redevances pour les
hydrocarbures. Il faut que ce soit fait.
Le Modérateur : On va passer
au micro de gauche.
Journaliste : Bonjour.
Bonjour, M. Couilllard.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour, madame.
Journaliste : J’aimerais ça
revenir sur votre projet.
M. Couillard (Philippe) :
Merci.
Des voix :Ha, ha, ha!
Journaliste : Le gouvernement,
quand il a présenté son projet de charte, a dit qu’il y avait des zones grises,
qu’il fallait avoir des balises plus claires. On a même utilisé le mot «crise»
dans le cas de Montréal.
M. Couillard (Philippe) :
Oui, ce que je regrette.
Journaliste : Vous, vous avez
dit, pas plus tard que jeudi, que la loi n° 94 faisait le travail, Mme
St-Pierre, qui a enchâssé, dans le préambule de la charte, l’égalité
hommes-femmes, que les balises étaient là, sur place. On se retrouve une
semaine plus tard et on sent que, là, vous voulez arriver avec votre propre proposition.
Est-ce qu’on est dans une situation de crise? Qu’est-ce qui vous motive, à ce
moment-ci, avec ce projet-là?
M. Couillard (Philippe) :
D’abord, un, il n’y en a pas, de crise, O.K., dans la réalité des choses. Deuxièmement,
vous dites : Le projet de charte que le gouvernement a présenté. En tout
respect, le gouvernement n’a présenté aucun projet. Le gouvernement a fait, par
l’intermédiaire des médias, une succession de fuites, là. On ne sait pas qui a
fait quoi, qui a parlé à qui...
Une voix : Mais on a une idée.
M. Couillard (Philippe) :
Mais on a une idée, d’accord, on va s’entendre là-dessus. Alors, le projet de
loi n° 94, il n’a pas été adopté. En passant, le Parti québécois a bloqué
ce projet de loi là à l’époque. Vous pouvez vous référer aux travaux parlementaires.
Donc, il demeure d’actualité. Même si les gens ont, sur le terrain, des règlements
qui se font très bien, d’avoir des repères communs va faciliter les choses.
Puis j’ajouterais également une autre
mesure qui avait été mise en place et qu’on veut bonifier, c’est le
service-conseil mis en place à la commission de protection des droits de la personne
et de la jeunesse, qui fonctionne, me dit-on, sur le terrain, de façon
correcte, mais qu’on pourrait bonifier davantage pour étudier les cas précis,
les cas particuliers, s’assurer qu’on répand les meilleures pratiques partout
au Québec et lui donner encore plus d’importance par rapport également... en
lien avec la commission des droits.
Alors, si le projet de loi avait été adopté,
madame, je dirais qu’on n’en serait peut-être pas là, là.
Journaliste : Mais ce n’est
pas le projet de loi que vous proposez. Vous allez beaucoup plus loin.
M. Couillard (Philippe) : C’est
essentiellement la même chose, parce que... de façon plus détaillée, d’accord?
Mais le projet de loi n° 94 établissait le concept d’accommodement,
définissait les balises, établissait également le concept de la prestation et
de la réception des services publics à visage découvert pour certains critères
dont on pourra reparler.
Donc, l’essentiel y est. Je pense qu’on
peut aller un peu plus loin dans les balises et les règles générales et on peut
également se servir de ça pour bonifier ce service-conseil dont je vous parlais
tantôt, de façon à ce que tous et toutes puissent y avoir recours.
Journaliste : Je vais prendre
le risque de vous décevoir en vous demandant votre opinion sur l’augmentation
des taxes scolaires. La CAQ a demandé au gouvernement de rembourser les
contribuables. Qu’est-ce que vous en pensez?
M. Couillard (Philippe) :
Bien, moi, je parlerais plutôt de l’indécision puis des changements successifs
d’opinion du gouvernement dans cette question-là. Au début, bien, on a entendu
la ministre de l’Éducation, qui disait : Bien, j’ouvre le champ de
taxation aux commissions scolaires. Allez-y. Pas plus tard qu’il y a quelques
heures, la première ministre dit... blâme les commissions scolaires. C’est
curieux. Je rappelle qu’il existait un régime de péréquation, que le gouvernement
précédent avait mis en place, qui a été enlevé. Alors, qui sème le vent récolte
la tempête, là.
Alors, bien sûr, c’est toujours
plus facile de blâmer les autres, c’est la faute des commissions scolaires. Le ministre
des Finances qui dit qu’il n’est pas content parce que les Québécois ne
dépensent pas assez; bien, qu’il s’occupe de développer une économie qui crée
des jobs, puis, les Québécois, ils vont être très contents de dépenser l’argent
qu’ils vont gagner.
Alors, c’est ce genre
de comportement là qui m’attriste beaucoup, là. Pour la question des taxes
scolaires, encore une fois, c’était possible de le prévenir. On ne l’a pas fait
et maintenant on est devant les résultats.
Le Modérateur : On va prendre
une question du micro de droite.
Journaliste : Bonjour, M.
Couillard.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour, monsieur.
Journaliste : À partir du
moment où il n’y a pas de hiérarchie dans les droits, j’imagine que les situations
hypothétiques, là, de quelqu’un, par exemple, qui refuse de se faire traiter
par une femme — il y a plein de situations
imaginables, là — est-ce que…
j’imagine que ces cas-là tombent dans la catégorie des accommodements
raisonnables que vous allez…
M. Couillard (Philippe) :
Non. Un accommodement ne peut être accepté s’il met en cause le principe d’égalité
des hommes et des femmes. Disons-le de façon claire. La hiérarchie des droits,
c’est autre chose. Est-ce que, parmi tous les droits fondamentaux qui nous sont
garantis par les chartes, on va décider qu’un a une valeur supérieure à un
autre? Ça paraît intéressant lorsqu’on est sur un sujet qui touche un droit
particulier aujourd’hui, mais, lorsqu’on regarde l’équilibre de la charte, ce n’est
pas aussi évident. Si vous parliez…
M. Lavoie (Gilbert)
: …
M. Couillard (Philippe) :
Juste un instant, monsieur. Je m’excuse, M.Lavoie. Dans le cas que vous citez,
si je ne m’abuse, c’était la Société de l’assurance automobile du Québec, où quelqu’un
avait demandé d’être vu par un préposé de sexe masculin. Ça a été réglé sur
place par la SAAQ. La personne, elle va retourner au bout de la file jusqu’à
temps qu’éventuellement quelqu’un soit disponible, et ce n’est pas à l’État de
fournir ça. Donc, encore une fois, même pour ça, les situations se règlent.
Journaliste : Ça, je
comprends. Mais est-ce que… Je ne propose pas de hiérarchie, là, mais est-ce
que le fait qu’il n’y ait pas de hiérarchie ne risque pas d’amener certains cas
devant les tribunaux?
M. Couillard (Philippe) : Non,
oarce qu’un droit est un droit est un droit, «a right is a right is a right». Le
droit est là dans la charte. Ça n’empêche pas quiconque, bien sûr, de faire
appel aux tribunaux pour s’en réclamer. Et souvenez-vous encore, je le répète,
de ce facteur-là. Aujourd’hui, nous parlons du droit à l’égalité des hommes et
des femmes, fondamental — inscrit d’ailleurs
par Mme St-Pierre à la charte en 2008 — parce
que nous sommes sur un sujet où cette question est absolument fondamentale.
Demain, si nous sommes sur un autre sujet, sur l’interdiction de discrimination
raciale, par exemple, est-ce qu’on dira que l’égalité et la prévention de la
discrimination raciale, maintenant, deviennent plus importantes? Vous voyez le
genre de situation dans laquelle ça nous entraîne.
Et je répète encore une
fois cette citation , que j’ai trouvée très
belle, du bâtonnier du Québec — pas
l’actuel, mais, je pense, un des précédents — qui disait qu’il faut
voir ces droits fondamentaux comme une chaîne dont chaque maillon est important,
et la tentation d’augmenter ou de diminuer le poids relatif de chaque maillon
peut fragiliser la scène… la chaîne, pardon.
Journaliste :
Bonjour.
M. Couillard
(Philippe) : Bonjour.
Journaliste : Je reviens un
peu sur le thème de ma collègue, un peu avant. Vous dites, d’un côté :
Bien, il n’y en a pas, de problème, puis les gens sont capables de régler la situation
sur le terrain, de façon locale. Et, de l’autre côté, vous nous dites :
Bien, ça nous prend quand même un certain nombre de balises.
Donc, elle se situe où, la ligne? J’ai de
la difficulté à comprendre le raisonnement derrière ça. S’il n’y en a pas de problème,
pourquoi on a besoin d’encadrement? Et si on a besoin d’encadrement, vous
donnez donc raison au Parti québécois de dire : Bien, il y a... il faut
éviter un certain nombre de problèmes dans l’avenir.
M. Couillard (Philippe) :
Non. C’est qu’encore une fois, ce dont nous parlons, ce sont des balises
générales. La pire chose à faire, ce serait d’écrire dans un projet de loi :
Bien, si quelqu’un se présente à tel endroit et demande telle chose, on fait
ceci ou cela. Ce n’est pas comme ça qu’on va régler ces situations-là. Elles
vont se régler sur le terrain.
Mais autant Gérard
Bouchard que d’autres ont dit que ce n’est pas un problème. On est contents que
ce soit comme ça, que le cas par cas fonctionne, mais on a quand même besoin
d’un repère général, des critères qui seront généraux, par définition, parce
qu’ils sont situés à un niveau gouvernemental élevé, loin du terrain où les
choses se règlent. Je pense qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux. On
peut s’en servir pour fournir un guide également et bonifier, comme je le
disais, le service-conseil à la Commission des droits.
Journaliste : Donc, si vous
arrivez à cette position-là aujourd’hui, qu’on a besoin d’un certain nombre
d’encadrements, c’est donc que vous donnez raison au Parti québécois de dire...
M. Couillard (Philippe) :
Non. Non, pas du tout.
Journaliste : ...il y a quand
même un certain nombre de problèmes à éviter pour le futur.
M. Couillard (Philippe) :
Non. Si on avait adopté le projet de loi n° 94 à l’époque, nous n’en serions
pas là.
Journaliste : Mais il n’a pas
été adopté. Aujourd’hui, on est rendus ailleurs.
M. Couillard (Philippe) :
Mais bonne question à poser : Pourquoi n’a-t-il pas été adopté?
Journaliste : Sur un autre
sujet, vous avez dit souvent aussi... vous avez déploré le fait que le PQ ne
présente pas cette charte-là, ne le fasse que par fuites. Vous présentez aujourd’hui
vos propositions avant que le PQ ait dévoilé ses propres orientations. Pourquoi
avez-vous décidé de le faire aujourd’hui, alors que, depuis des semaines, vous
nous dites : On va commencer par attendre de voir ce que le gouvernement
va présenter?
M. Couillard (Philippe) :
Bien, vous conviendrez avec moi, madame, qu’ils ont eu amplement le temps de le
présenter, là. Ces fuites-là ont commencé il y a trois semaines. Ce n’est pas
responsable. Ce n’est pas sérieux. C’est de l’amateurisme gouvernemental. Sur
un sujet de cette importance-là, on ne procède pas comme ça, en tout respect
pour les citoyens et, je dirais même, pour les médias. On n’utilise pas le
conduit médiatique pour tester les enjeux sur un sujet d’une aussi grande
importance. Je blâme le gouvernement pour ça. C’est un comportement qui montre
une certaine incompétence et, encore une fois, l’amateurisme et
l’improvisation.
Alors, ça ne nous empêche pas, nous, comme
parti politique, de présenter notre position selon nos convictions, et on va
poursuivre le débat, par ailleurs.
Maintenant, ça va être intéressant, là, de
voir la mouture finale de ce que le gouvernement va présenter par rapport à la
succession de ballons d’essai qui ont été envoyés au cours des dernières
semaines.
Journaliste : ...un peu d’eau
dans votre vin?
M. Couillard (Philippe) : Sur
la question des droits fondamentaux et des libertés, non. Un droit est un droit
est un droit. Les libertés individuelles, pour nous, sont absolument
essentielles. On ne se rendra pas complices d’une atteinte aux libertés
individuelles, au Québec.
Le Modérateur : On va passer à
droite, en questions en anglais.
Journaliste : Hello, Mr. Couillard.
M. Couillard
(Philippe) : Hello.
Journaliste :
First, can you explain interculturalism? And then, you say that there is no
crisis, yet you’re giving this a lot of importance. So, are you just playing in
the PQ’s game here?
M. Couillard
(Philippe) : OK. So, let’s start with the interculturalism, I would say, versus
multiculturalism. It’s a long standing discussion, as you know, between Québec and Canada . I was reading, a few days ago, a letter that M. Bourassa sent to
M. Trudeau in 1971 precisely on that question. If I want to use a very
simplistic almost, way of explaining the difference, multiculturalism, both are
ways to manage diversity, we agree on that, but you can see multiculturalism as
picturing our society as a
forest of independent trees while you need... sorry... interculturalism speaks
of our society as a tree, with
a trunk which consist of the basic values on which all the community of our society converge. It allows us to make «live
together» the fact that we have a French-speaking majority in Québec and total respect of the diversity
and individual freedoms of citizens.
So
that’s always been our position. We are going to repeat it again. And if… given
the trust of the citizens, we’ll table a policy, a government policy on this question because it can apply to a variety of other situation s. And, if someone has to pinpoint what makes Québec distinct, I would say that’s a very
important element of that.
Journaliste : Can you address the second part of my question?
M. Couillard
(Philippe) : Oh! Sorry. The «playing in the
PQ’s game», well, of course, our priority always will be the economy, jobs and
prosperity, and the quality of life of our fellow Quebeckers. This being said,
it’s totally normal for a political party to express itself on issues like
this, of how we live together in society. So that’s something that we are doing
today.
The PQ
decided two or three weeks ago, to start sending political balloons left and
right and see what could float, what can not float. We didn’t do this. We are
presenting today the result of a long standing work done by our committee, with
our members, with experts also that we consulted. There were no leak, there
were no trial balloon before. Here is what we think, what we want to do. We are
not going to be silent on that question, but we are still going to tell Government :
Instead of doing this, instead of getting active in how people dress, can’t you
take care of the real issues : economy, jobs and prosperity?
Journaliste :
...from that topic, can I ask you about zero deficit and what we’ve been
hearing from ministers and from the Premier. Do you think that it’s important
that the Government achieve zero deficit in the spring? Is it feasible, what do
you make of it all?
M. Couillard
(Philippe) : It is important for many reasons,
including the credibility of Québec on the financial markets, by the way, which
is very important for us collectively. Remember, a couple of weeks ago, we said
that the Government will fall short of at least $1 billion in revenue. We
were cast aside by the minister of Finances. Figures are back, they are exactly
on target… It’s actually more than a billion dollars.
So the
reason for their problem is that they can not generate incomes. Why can’t they
generate income? Because they can not have a coherent policy of economic
development, and job creation, and attract investment in Québec. So it’s a typical, I would say, demonstration of amateurism and
improvisation by a very disappointing government.
Le Modérateur :
Avant de poursuivre en anglais, on va juste prendre une dernière question en français…
Journaliste : Bonjour, M.
Couillard.
M. Couillard (Philippe) :
Bonjour, madame.
Journaliste : Vous avez dit à
plusieurs reprises dans ce débat-là : Le parti libéral, c’est l’endroit
par excellence pour faire le débat sur l’identité puisqu’on est plus…
M. Couillard (Philippe) : Le
reflet.
Journaliste : …représentatifs,
le reflet de la société québécoise. Vous arrivez avec votre projet. Comment
expliquez-vous que la majorité de la population appuie ce qu’on sait de la
charte du Parti québécois?
M. Couillard (Philippe) :
Bien, la clé de votre question, c’est la fin : Appuie ce qu’on sait de. On
ne sait pas beaucoup, hein? On sait que ce n’est pas la même chose, mais c’est
quoi en précision, on verra dans quelques jours. Moi, je crois que, sur des questions
aussi fondamentales, la pire chose, c’est de gouverner au gré des sondages. Si
on n’est pas capables d’exprimer quels sont nos principes fondamentaux, de
déposer des politiques gouvernementales qui s’appuient sur ces principes-là, à
mon avis, on ne mérite pas de gouverner.
Ce que je vous dis aujourd’hui,
c’est qu’on est fondamentalement ancrés dans, bien sûr, notre culture
francophone majoritaire au Québec mais également dans l’inclusion et le respect
des libertés individuelles. Et, là-dessus, on ne fera pas de compromis. Alors, quel
que soit ce que les sondages, qui varient tout le temps d’ailleurs, montrent,
on reste ancrés là-dedans.
Je vous ferai remarquer
d’ailleurs, si vous voulez rester sur le thème des sondages, qu’à l’époque où
mes collègues avaient présenté le projet de loi n° 94, si je me souviens
bien, c’était plus de 90 % de soutien dans la
population. Or, il n’a pas été accepté. Alors, vous voyez le danger de se fier
sur les sondages pour gouverner, en général, là, mais particulièrement sur un
enjeu comme ça, parce que ce qui est bon aujourd’hui sur les sondages,
laissez-moi vous dire que, demain, il peut être pas aussi bon. Ce qu’il faut
qui soit continu là, c’est en quoi on croit puis ce qu’on veut accomplir.
Journaliste :
Juste peut-être revenir sur ce que Mme Marois a dit hier. Elle a ouvert la possibilité
de reporter l’échéancier pour le déficit zéro. Est-ce que vous êtes d’avis,
comme elle, que, si les revenus ne sont vraiment pas au rendez-vous, est-ce
qu’il y aura peut-être des décisions plus intelligentes à prendre et de
reporter peut-être?
M. Couillard
(Philippe) : Je vais reporter le
débat à un niveau antérieur. Pourquoi sommes-nous devant cette situation?
Pourquoi, dans le reste de l’Amérique du Nord et ailleurs, l’économie reprend
puis pas au Québec? Pourquoi on a perdu 40 000 jobs, il s’en est créé
80 000 ailleurs? Pourquoi les investissements privés sont-ils en chute de
façon importante, la construction domiciliaire? La raison est simple :
nous avons un gouvernement que l’économie n’intéresse pas, que le développement
économique semble peu préoccuper et qui n’a pas de proposition cohérente à
faire pour cette véritable priorité des Québécois.
Alors, on peut bien dire : On est bien malheureux, on n’arrivera
pas à l’équilibre, donc on va faire un déficit. Mais pourquoi est-on en
déficit? Parce qu’on n’est pas capables de générer des revenus, parce qu’on
n’est pas capables de faire croître l’économie. C’est toujours bien surprenant
de constater qu’en pleine crise financière Jean Charest, Raymond Bachand et le
reste du gouvernement ont réussi à faire croître l’économie du Québec, alors
qu’en période de récupération économique ce gouvernement réussit l’exploit de
faire détériorer l’économie par rapport au reste du continent. Il y a quelque
chose à demander ici, des comptes à demander. On va demander des comptes au gouvernement
là-dessus.
Le Modérateur : On va passer
en anglais à votre droite.
Journaliste : Mr.
Couillard, if you could, for me, outline the differences, just very briefly,
between the plan you’re putting out today and what we’re expecting in the PQ’s
charter sometime next weekend. And specifically, if we’re looking for religious
neutrality in the civil service, in the public service, why not simply go ahead
and ban all religious symbols from being worn by those employees?
M. Couillard
(Philippe) : Because it would be, for us, an
unacceptable attack on our individual freedoms, and we will never tolerate it.
Does the fact that someone wears a cross, or a kippa, or a turban make that
person not competent to work? It’s a very strange strategy, by the way, that in
order to achieve emancipation of Muslim women, you bar them from working. Isn’t
that curious? I find it extremely objectionable.
So, of course, we are
opposed to that, because all the other solutions put the Government in a total
mess in terms of contradictions and an attack on individual freedoms. So we are
opposed to any limitation on that ground.
Journaliste : Can you also outline just the basic differences between what you’re
proposing and the PQ?
M. Couillard (Philippe) : Well, this is the main difference. From what we know… I don’t know
what the policy of the Government is. They haven’t tabled yet their supposedly
charter. We haven’t seen it. We only see what we read in the papers because
that minister or that minister decided today to send a balloon. But from what I
can read, they want to ban all civil servants, including municipalities,
hospitals everywhere from wearing any religious sign. Do I need to say more?
We’re totally opposed to that.
Journaliste : And I have just a question for Mme Weil. It’s something we’ve
spoken about in the past. When it comes to the civil service, for you, what are
the dangers for the employees of the civil service? What would happen to them
if the PQ’s vision of religious neutrality were implemented?
Mme Weil : Well, I guess they’d have to be fired. And I get a lot of call, I’m
getting a lot of calls actually from women, both who work or have worked in the
civil service or people in the community. They’re very, very upset, and I think,
when we talk about responsible government, and this is the message of M.
Couillard, it’s to act responsibly if you’re coming out with a position, to be
clear from the outset, have a debate and reassure them. And I spent a lot of
time reassuring them that we live in a liberal democracy, with a strong
opposition and a Charter of Rights, and we have courts.
So that would mean, and I’ve said it many times but I feel it so
deeply… When I was Minister of Justice and when I was Minister of Immigration,
on two occasions, I needed some work with my computer. And so the person came
in, she was wearing a hidjab, and I didn’t, you know, really frankly notice it
but I obviously did notice it because I retained that; extremely
competent, fixed my problem, wonderful service, wonderful service. And I just
felt very proud, as a minister of the Québec Government, I just felt… you know,
you just feel proud that that diversity… because a
number of years ago, we were at 2% diversity in the Québec
Government . We moved it up to 7% and we did it because
we worked hard at ensuring that the people we were going to go get to be hired
by the civil service would be from different corners of the earth.
And as
Minister of Immigration, I had the same experience. And I’m going to tell you a
little story. Once, they were decorating a Christmas tree. It was at the
Ministry of Immigration, and there were actually women wearing the head scarf
with other people decorating the Christmas tree. And again I just felt this
real pride that we could celebrate who we are as Quebecker s, our culture, with people joining in. And I think, when we talk
about interculturalism, that’s kind of what it’s all about, it’s this
invitation to join our society with these values of inclusion and equality.
So I
think the right, the obligation… First of all, work and working in the civil
service, it is fundamental human dignity to have a job, and to have a job with
the Québec Government , the
pride that these people feel, you can just imagine how they feel. They are very
proud to be working for the Québec Government , and that the Québec Government has been opened to this diversity.
Le Modérateur : On va passer au micro de gauche.
Journaliste : Yes. Mr. Couillard, much has been said about the poles that
seem to favor…
M. Couillard
(Philippe) : We don’t comment poles, as you
know.
Journaliste : Well, you don’t, no. But what I find very interesting is that most
of the... very rare is there a commentator, and I can think of Martineau as
one, who is in favor of the Charter, and then you see in La Presse , people like Yves Boisvert,
you see, just in the Francophone press, you see even Michel David in Le Devoir , you see Lise Ravary,
Denise Bombardier, Josée Legault, Francine Pelletier, lot of people who think
about things say this is a really bad idea.
Do you think the Government should be listening to these
kinds of comments rather than poles that... I don’t know what they mean.
Anyway.
M. Couillard
(Philippe) : The Government should think, first, and look more medium and long-term than short-term.
It’s very easy to say that you’re going to kindle that fire so that will give
you vote and maybe you can win an election on that. That’s not the kind of
politics I want to do. I want to tell people today : This is what I
believe in. You may agree or not agree, that’s fine, but this is what I believe
in and I will never change for that. That’s important.
On the question of
rights, I’m deeply preoccupied by the total silence of the Minister of Justice.
Knowing how government works,
there must be a certain degree of agitation out there, I can tell you, because
even for Bill 94, there were some very serious discussions about
constitutional issues. So we’re now talking about removing freedoms for a vast
segment of the population , so
his silence is, I would say, at the least, worrisome.
Journaliste : You wanted to amend… the Human rights charter is a fundamental
document, and it’s something that you don’t want to amend all the time.
M. Couillard (Philippe) : No. You’re right.
Journaliste : Why amend it to say the State is neutral? And is there any question that the State is not neutral? Is
it an Anglican State that we have here? Is it a Catholic State? You know, why
we a…
M. Couillard (Philippe) : No, we don’t have…
Journaliste : Why do you have to put it in the Charter? It’s true, it’s evidence,
no?
M. Couillard
(Philippe) : I think it’s a message that has
to be formalized. People say what you say. You know, for
example , the Preamble of the Canadian
Constitution, if I’m not mistaken, talks about God. OK. But, we still have, in
the optic of the majority of citizens, a neutral State. A lot of people say: That’s
fine, but it should be also formalized in our Charter of Rights.
Now,
it’s also an occasion to define what it means. It means, again, as I said in
the little text before, that the State does not favor or disfavor one religion
compared to another one, nor the decision of some citizen not to have any
religion. It means that the State is not neutral towards religion, but has to
be neutral between religions. That’s the fundamental concept here and that’s
what will have to be discussed. That’s why we intend to put this through a bill
in the National Assembly. There will be parliamentary hearings and a debate
about that exactly defining what we need, and that, I think, is a salutary
exercise for society. Thank you.
Le Modérateur :
On va prendre une dernière question, à votre gauche, en anglais.
Journaliste :
Just very quickly, on the economy and this idea that maybe we might not achieve
a balanced budget. What do you think the Government should be doing right now,
if we’re not bringing in the revenues that we need?
M. Couillard
(Philippe) : Create jobs. I mean, I was in the
regions, and the unemployment rate has increased by at least 2% in the majority
of our regions that exploit natural resources. The forestry has been severely
damaged, the forestry sector, by the cuts in the forest amenagement projects,
and people are losing their jobs all around.
If
they what to have revenues, they must have people working, paying taxes. It’s a
very simple principle. So, if you don’t attract investment, if you don’t create
jobs, you don’t grow the economy, you’re not going to have enough revenues to
balance your budget. So what are the solutions? You cut services. And
basically, again, the PQ, speaking so much about sociodemocratic principles in
the Opposition, is now putting cuts everywhere in the public sectors. Or you do
services, or you make people pay for more services, like in the pharmacy
sector, or you decide: Well, OK, fine, we’re going to have a deficit.
Now,
each time we have one, it goes on the debt, and it adds to our problem, and it
affects our credibility on the international markets, because, when you are in
the middle of a financial crisis, a global financial crisis, people will accept
the fact that, as other economies, you have to sometime have a deficit to help
the economy move forward. But, when the other economies are going up and yours
is going down, your numbers are going down, and the other numbers are going up,
then, you have a big problem. So it should not be trivialized. What I see now
is an operation by the Government and the Premier to basically trivialize the
issue; it’s OK, we’ll have a deficit.
Journaliste :
How important an issue do you think that this might be having a balanced budget
or not being able to?
M. Couillard
(Philippe) : Well, from what we saw a few
weeks ago, basically, we communicated the numbers as we saw them, and they’ve
been confirmed although we were casted aside by the Minister at that time. So,
time is running short. They have to tell us, once they stop mingling in how
people dress, they have to tell us how they are going to create jobs, and grow
the economy, and bring money in the coffers of the State. That’s their
fundamental duty. So, when they have time and they have done that, then they
can talk about the dress code. Thank you. Merci.
(Fin à 14 h 19)