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Conférence de presse de M. Paul Bégin, député de Louis-Hébert et ministre de la Justice

Annonce de sa démission comme ministre de la Justice, Procureur général et responsable de l'application des lois professionnelles

Version finale

Le lundi 28 octobre 2002, 10 h 09

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Dix heures neuf minutes)

M. Bégin: Alors, bonjour tout le monde. Je vous informe que je démissionne de mon poste de ministre de la Justice, Procureur général et ministre responsable de l'application des lois professionnelles.

Depuis le début de mon implication dans la vie politique, il y a 40 ans, nos actions ont eu pour but de faire du Québec un pays. C'est un objectif que je partage d'ailleurs avec tous les militants du Parti québécois. La tâche n'est pas facile, vous en conviendrez. En janvier 2001, le premier ministre Lucien Bouchard annonçait sa démission en avouant son incapacité à convaincre les Québécoises et les Québécois de la nécessité de réaliser la souveraineté du Québec, déclarant à la même occasion qu'il laissait la place à quelqu'un d'autre dans l'espoir qu'il réussisse là où il avait échoué. Vous vous souviendrez que j'avais demandé à l'époque aux candidats potentiels qu'ils prennent l'engagement de tenir un référendum sur la souveraineté avant la fin du présent mandat. Personne n'a eu à prendre cet engagement puisqu'il n'y a pas eu de débat sur quoi que ce soit, un seul candidat s'étant officiellement présenté. Mais le changement de garde permettait d'espérer que le nouveau premier ministre ferait les choses différemment de façon à éviter un nouvel échec. Je croyais alors et je crois toujours que l'atteinte de notre objectif ne sera possible que si nous provoquons et saisissons toutes les occasions pouvant se présenter pour faire progresser notre option politique auprès des citoyens du Québec. Une occasion manquée, souvent, plus jamais ne revient.

Par ailleurs, je suis très conscient que, pour faire la souveraineté, le Parti québécois doit être au pouvoir. Au mois d'août dernier, le gouvernement du Parti québécois a dévoilé la thématique Horizon 2005: plein emploi et souveraineté . À ce moment, le premier ministre se donnait comme objectif la souveraineté d'ici 1 000 jours. Il allait de soi, à mon humble avis, que cela signifiait la tenue d'un référendum sur la souveraineté à l'intérieur de ce délai. J'ai d'ailleurs fait une déclaration publique en ce sens, mais, à ma grande surprise, le premier ministre a rejeté cette idée dans les heures qui ont suivi. Voilà une occasion manquée, l'occasion de faire comprendre aux gens qu'on tient toujours à notre objectif, qu'il sera l'enjeu de la prochaine élection et que cela implique la tenue d'un référendum si nous sommes reportés au pouvoir.

Cette occasion a été de nouveau manquée à Gatineau où le Conseil national a donné lieu à une valse-hésitation, où, encore une fois, le gouvernement, avec l'appui des militants du parti, a décidé d'éviter le débat. Quelle perception veut-on laisser aux gens lorsqu'on déclare avoir un objectif et qu'en même temps on refuse de dire qu'on prendra les moyens nécessaires pour y arriver? Belle façon de tuer l'idée qu'on dit vouloir vendre.

Dans le même ordre d'idées, une commission d'enquête nous a remis un rapport qui conclut à un déséquilibre fiscal entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. Ce déséquilibre est tel que nous frôlerons bientôt la faillite si rien n'est fait rapidement pour le corriger. La perspective d'un Québec étranglé financièrement nous guette d'ici quelques mois, à moins qu'une solution radicale nous permette de régler le problème de la santé: impôt spécial, création d'un déficit, coupures draconiennes dans les ministères, réduction des services, etc. Le problème est le même pour toutes les provinces du Canada. Pendant ce temps, le fédéral nage dans les surplus.

Cette nécessité de rétablir l'équilibre fiscal devrait être martelée sans relâche en y consacrant toutes nos énergies. Pourtant, nous laissons à d'autres la chance d'avancer des solutions illusoires, prétendues nouvelles, au problème de financement des services de santé alors que la meilleure façon de corriger le déséquilibre fiscal et le sous-financement des services de santé, c'est la souveraineté du Québec. Voilà comment le gouvernement du Québec ou du Parti québécois pourrait orienter le débat, vers les vraies questions au lieu de laisser à d'autres l'initiative de vendre leur programme sur les principales préoccupations de la population. C'est ça, une occasion manquée. Bref, je ne vois pas, dans les déclarations, dans les décisions de ce gouvernement, la volonté de saisir toutes les occasions. Ceux qui conseillent de ne prendre aucun risque à l'approche d'une élection devraient en tirer des leçons.

Que reste-t-il à Paul Bégin, ministre du gouvernement du Québec, mais d'abord et avant tout militant souverainiste, pour continuer à travailler au sein de ce gouvernement? Quelles motivations pourrais-je avoir à être membre du Conseil des ministres? Comme ministre de la Justice, j'ai toujours travaillé en fonction de mes convictions profondes de ce que je crois être la justice. Cela a pu vouloir dire, à l'occasion, d'avoir à affronter des intérêts corporatistes, mais sans baisser les bras. J'ai vécu des désaccords avec des groupes, mais jamais je n'ai accepté de voir l'intérêt de la justice battu en brèche devant la puissance d'un groupe organisé. Ce qui ne veut pas dire que j'ai toujours eu raison envers et contre tous. Il m'est arrivé de réaliser, après débat et discussion, que je faisais fausse route et qu'alors il fallait réajuster le tir. En tant que député, ministre du gouvernement tant à la Justice qu'à l'Environnement ou au Revenu et à la Capitale nationale, je me suis toujours fait un point d'honneur de respecter ma parole et je me suis toujours battu pour défendre mes dossiers.

Dans le dossier des substituts du Procureur général, je demeure profondément convaincu que ce qui avait été déposé, le règlement et le projet de loi, reflétait intégralement l'entente de 2001. Je n'entrerai pas dans les détails, mais je crois évocateur le fait qu'on ait décidé de nommer un médiateur dans le dossier au moment où je subissais une intervention chirurgicale et alors que j'avais déjà dit qu'il était inconcevable de nommer un médiateur tandis que les négociations n'avaient pas encore débuté. Cette décision illustre une profonde divergence de vues entre le premier ministre et moi, qui ne peut être interprétée autrement que comme un manque de confiance à mon égard. De plus, la résultante de ce choix risque de mettre en péril la politique gouvernementale en matière de négociations collectives. Pour toutes ces raisons, je démissionne en tant que ministre. Je quitte également le caucus du Parti québécois. Je vous informe cependant que je demeure député de Louis-Hébert et que je continuerai à siéger à l'Assemblée nationale jusqu'à la fin de mon mandat. Compte tenu de ce que j'ai déclaré précédemment sur mes convictions souverainistes, il aurait été incongru que je demeure au sein du caucus, me plaçant ainsi dans une situation où je n'aurais pas pu jouir de la plus entière liberté de parole. Je reprends cette liberté afin de recommencer à mieux promouvoir la souveraineté du Québec.

En terminant, je tiens à remercier tous les militants péquistes et les citoyens du comté de Louis-Hébert pour la confiance dont ils m'ont fait preuve durant ces années. Je remercie également mon épouse Louise; mes enfants, Jean-François, Louis et Yves – Louis et Yves sont ici présents; Jean-François est à Londres – ainsi que les membres de mon cabinet pour l'appui indéfectible qu'ils m'ont donné au cours des années passées en politique. Merci.

M. Plouffe (Robert): Questions, M. Bégin.

M. Bégin: Oui.

M. Plouffe (Robert): Dominique Poirier.

Mme Poirier (Dominique): M. Bégin, vous semblez en avoir très, très, très lourd sur le coeur, très gros...

M. Bégin: Excusez, pouvez-vous parler plus fort, je vous entends mal.

Mme Poirier (Dominique): Vous semblez en avoir gros sur le coeur par rapport au gouvernement, par rapport aux décisions récentes, aussi, qui ont été prises. Qu'est-ce qui se passe au sein du gouvernement Landry, selon vous? Est-ce qu'on a jeté la serviette?

M. Bégin: Je ne parlerai pas pour les autres, mais je vais vous parler pour moi. J'ai pris la peine de remonter à 2001 parce que c'est à ce moment-là que M. Bouchard a déclaré que, malgré le mandat que nous avions eu en 1998, il n'arrivait pas à réveiller chez la population québécoise un sentiment de nécessité de la souveraineté et qu'il passait le relais à quelqu'un d'autre pour qu'il le fasse. J'avais dès ce moment-là écrit à tous les prétendants potentiels que si on voulait avoir mon appui, il fallait qu'on me dise qu'on allait faire la promotion de la souveraineté ou tenir un référendum sur la question avant la fin du mandat. Il n'y a pas eu de course à la chefferie, il n'y a pas eu d'engagement, mais la condition restait là. Il n'y a pas eu non plus, entre-temps, d'autres affirmations de ce genre.

Il y a eu, je vous le rappelle, ça fait à peine deux mois, en août, un Conseil des ministres spécial à La Malbaie où on avait ce slogan et où on avait, il me semble, en toute logique, la nécessité de dire aux gens: Nous aurons la souveraineté en 2005 et, mathématiquement, ça obligeait la tenue d'un référendum durant le prochain mandat, pour le faire. Je l'ai dit. Et vous remarquez que ça ne m'est pas arrivé souvent de ne pas dire exactement la ligne du parti. Et on m'a rabroué immédiatement en disant: On ne prend pas cet engagement-là.

À Gatineau, je croyais que nous le prendrions. Après des hésitations, on a dit: On n'en parle pas. Je suis en politique, je l'ai dit, pour faire la souveraineté du Québec et, bien sûr, j'accepte qu'en prenant le mandat de ministre, il faut faire son travail, et je crois humblement l'avoir fait correctement comme ministre. Mais définitivement, je constate que nous ne faisons plus, nous ne faisons pas la promotion de la souveraineté, comme il se doit.

S'ajoute l'événement qui s'est produit la semaine dernière. Je le déplore. J'avais pensé que je pourrais terminer peut-être en travaillant au niveau de la justice, mais là, quand on n'a plus la confiance, je ne crois pas qu'on doive continuer. Et c'est ce que j'ai dit le plus sereinement possible parce que je crois beaucoup à la souveraineté et je pense qu'en sortant du gouvernement, je serai en mesure de dire ce que je pense sur la question sans être lié par la ligne de solidarité ministérielle, la ligne de parti.

Mme Poirier (Dominique): Mais est-ce que vous croyez, dans votre réflexion, M. Bégin, que M. Landry devrait démissionner tout de suite?

M. Bégin: Je ne porte pas de jugement sur ce que les autres devraient faire. J'explique ce pourquoi je pose un geste qu'on doit certainement qualifier d'exceptionnel. J'ai été ministre pendant huit ans, j'ai occupé le poste de ministre de la Justice pendant quatre ans et demi. C'est, après Bernard Landry, le seul ministre qui a occupé aussi longtemps un même fauteuil. Je trouve ça majeur comme rôle, et je l'ai dit – plusieurs me l'ont soutiré – j'aimais beaucoup ce travail. Mais je n'étais pas là pour être ministre de la Justice, j'étais là d'abord pour faire la promotion de la souveraineté et je n'ai plus le sentiment que je suis utile à l'intérieur du gouvernement où j'étais.

M. Plouffe (Robert): Claude Brunet.

M. Brunet (Claude): M. Landry, pardon, M. Bégin...

Des voix: Ha, ha, ha!

M. Bégin: Je ne suis pas candidat.

M. Brunet (Claude): Excusez-moi. Je crois comprendre dans ce que vous dites qu'il y a eu des occasions ratées, notamment par le premier ministre Bernard Landry. Je poserais la question autrement: Est-ce que M. Landry est toujours le leader dont le Parti québécois a besoin?

M. Bégin: Je laisse ça à d'autres de décider. Ce n'est pas à moi de porter un jugement sur le leadership de M. Landry, mais, moi, personnellement, je tire les conséquences de ce qui s'est passé et j'ai agi en conséquence.

M. Brunet (Claude): Mais quel est votre point de vue là-dessus? Je ne vous demande de...

M. Bégin: Non, je ne donnerai pas de point de vue là-dessus. Je suis ici pour vous dire ce pourquoi j'agis et je pose un geste aussi exceptionnel. Je crois que c'est suffisant de porter cette décision-là sans porter un jugement sur tout ce que les autres font ou ne font pas.

M. Plouffe (Robert): Francis Labbé.

M. Labbé (Francis): M. le ministre, si on comprend bien, on dirait que vous...

M. Bégin: Je vous ferais remarquer que je ne suis plus ministre.

M. Labbé (Francis): Oui. M. Bégin, vous laissez entendre dans votre discours qu'on aurait pu profiter de votre absence temporaire pour régler sur votre dos le dossier des procureurs. C'est ce qu'on comprend?

M. Bégin: J'ai dit qu'au moment où la décision a été prise de nommer un médiateur, j'étais à l'hôpital pour recevoir une opération chirurgicale. C'est tout.

M. Labbé (Francis): Vous pensez qu'ils ont profité de l'occasion?

M. Bégin: Pensez ce que vous voulez, je fais juste mettre les faits devant vous.

M. Plouffe (Robert): Denis Lessard.

M. Lessard (Denis): Mon impression, c'est justement ce secret-là de la semaine passée qui a déclenché tout ça. Tout ce que vous nous dites sur la souveraineté, vous étiez prêt à vivre avec, si on veut, jusqu'à la fin du mandat sans en parler. Est-ce que ça ne vient pas un peu discréditer votre intervention d'aujourd'hui que vous quittiez sur un mouvement de colère?

M. Bégin: Pardon?

M. Lessard (Denis): Vous quittez sur un moment de colère sur ce qui s'est passé sur...

M. Bégin: Oh! pas du tout. Je suis très serein et une réflexion comme celle-là ne vient pas toute seule. Je quittais ce matin la maison et mon épouse me disait: Pas trop nerveux? Non. Elle dit comme ça: Tu tournes la page? J'ai dit: Oui, c'est ça que je fais, mais ça faisait longtemps que je jouais avec la page.

M. Lessard (Denis): Est-ce que vous en avez parlé tout le long avec M. Landry de ça?

M. Bégin: J'ai exprimé... je suis vraiment un homme de parti. J'ai utilisé les forums que sont le Conseil des ministres, le caucus pour exprimer ce que j'avais là-dessus. Et je peux vous dire une chose que, depuis les sept derniers mois, inlassablement, au Conseil des ministres, j'ai plaidé ce que je vous dis ici.

M. Plouffe (Robert): Martin. M. Ouellet (Martin): M. Bégin, pour en revenir à M. Landry, bon, vous dites que vous ne voulez pas commenter pour les autres, mais c'est quand même celui qui doit mener les troupes péquistes, c'est lui qui doit vendre la souveraineté à la population. Est-ce qu'il n'y a pas tout de même des conclusions à tirer pour les péquistes à la suite de votre geste?

M. Bégin: Ce que je conclus, c'est que, avec les orientations qui sont présentement mises de l'avant, et je réfère à la dernière décision au Conseil national, je ne crois pas que nous réussirons à rallier les gens à nous. Et là, je vais parler comme ancien militant du Parti québécois. Il faut, pour faire la souveraineté, que le Parti québécois, qui est porteur de ce dossier, soit au pouvoir. Et, actuellement, le fait de ne pas faire la promotion de la souveraineté et de convaincre les souverainistes, qui sont encore à hauteur de 40 %, alors que la popularité du parti et du gouvernement a chuté, donc de les convaincre que nous maintenons toujours le cap et que nous voulons le faire, et que nous défendrons ce point de vue là durant la campagne électorale qui viendra pour éventuellement tenir un référendum si nous sommes élus.

Si nous ne tenons pas ce discours-là, il est évident que nous nous en allons dans un échec. Nous aurions traversé un mandat où nous avions le mandat de faire la souveraineté, on l'avait obtenu en 1998; on ferait une autre élection sans avoir d'engagement à cet égard; et, si jamais, par hypothèse, on voulait le faire à l'époque, on nous dirait: Vous n'avez pas eu de mandat. Rappelez-vous tout ce qui s'est dit depuis 20 ans sur la capacité de tenir un référendum, de ne pas avoir des astuces de dernière minute; ça repose sur le fait qu'on dit, durant la campagne électorale, que nous allons tenir un référendum si nous avons le pouvoir pour que les gens sachent qu'en nous élisant ils ne votent pas nécessairement pour la souveraineté, mais ils votent pour un parti qui va tenir un référendum sur la souveraineté. C'est une condition sine qua non. Si nous ne faisons pas ça, nous nous illusionnons. Et, à mon point de vue, nous illusionnons la population, si ça peut se dire.

M. Plouffe (Robert): Je vais être contraint de prendre deux dernières questions en français puis de passer en anglais, s'il vous plaît.

M. Ouellet (Martin): J'aimerais savoir qu'est-ce qui a été le facteur déterminant. Est-ce que ça a été l'absence d'engagement référendaire ou la nomination du médiateur?

M. Bégin: C'est tout ça. C'est tout ça, parce que le cheminement que je fais sur le plan de la souveraineté n'est pas spontané, n'est pas un geste de dernière seconde. J'ai continué à espérer. Et, vous savez, je ne peux pas parler sur certaines choses. Mais je peux vous dire que j'ai tout fait, jusqu'à tout à fait récemment, pour faire en sorte qu'on prenne ces engagements-là. Et c'est après le mois d'août 2002 – si ça, c'est lointain, ça nous ramène au mois de septembre, et on est en octobre – alors j'ai tout fait ce qui était légalement et correctement possible de faire pour convaincre le gouvernement d'aller dans ce sens-là. On ne l'a pas fait.

Sur cette semaine, il est arrivé cette circonstance qui, à mon point de vue, est grave, puisqu'on vient de donner un signal terrible à toutes les personnes qui auront à négocier avec le gouvernement du Québec dans les prochains mois. C'est déjà commencé. Le message est clair: Faites beaucoup de bruit, même dans l'illégalité la plus totale, et vous obtiendrez ce que vous voulez. Alors que, normalement, vous ne devriez pas l'avoir.

M. Plouffe (Robert): Gérard Deltell.

M. Deltell (Gérard): M. Bégin, vous avez remis copie de la lettre que vous avez envoyée au premier ministre. Quelques phrases à peine. Avez-vous parlé au premier ministre, et quelle a été la teneur de votre conversation, et quand? M. Bégin: Je lui ai parlé quelques minutes avant d'entrer ici. Nous avions eu une conversation la semaine dernière où il s'informait de mon état de santé et où il faisait mention de ce qui avait été fait. J'ai exprimé mon désaccord et j'ai dit que je déciderais ce que j'avais à faire. Et j'ai pris le temps de réfléchir, et je l'ai informé tout à l'heure que j'avais pris cette décision.

M. Deltell (Gérard): Qu'est-ce qu'il vous a dit?

M. Bégin: Vous demanderez à M. Landry ce qu'il veut dire. Moi, je mentionne ce que j'ai à dire.

M. Plouffe (Robert): Une dernière question en français.

M. Boivin (Mathieu): M. Bégin, est-ce que les souverainistes devraient continuer à voter pour le PQ compte tenu de ce vous dites là ou est-ce qu'il n'y a pas de la fausse représentation?

M. Bégin: Dans la mesure où le Parti québécois fait la promotion intensive directe en s'engageant à tenir un référendum lors de la prochaine campagne électorale s'ils sont portés au pouvoir, ça sera certainement une chose à faire.

M. Boivin (Mathieu): ...au moment où vous posez votre démission...

M. Bégin: Ah bien, là, évidemment, il est trop tôt, là. Moi, aujourd'hui, je porte un jugement sur ce que je vois aujourd'hui et ce que j'ai vu dans le passé. L'avenir, je n'en suis pas maître, mais, moi, personnellement, je vais certainement travailler très fort à faire en sorte que ce projet de souveraineté soit présent à tous les jours, pas seulement dans ma bouche, mais dans l'esprit des Québécois.

M. Boivin (Mathieu): Au moment où on parle, est-ce que les souverainistes sont, entre guillemets, trompés par un gouvernement qui se prétend plus souverainiste qu'il l'est?

M. Bégin: «Trompés» est un mot qui implique une intention, et je ne porterai pas ce jugement-là. Mais je crois que beaucoup de souverainistes, dans les 40 % qui se disent encore et qui ne votent pas souverainistes, je suis persuadé que beaucoup d'entre eux ou d'entre elles croient que le parti ne fait pas suffisamment la promotion de l'idée et qu'en conséquence ils sont libres d'aller folâtrer ailleurs pour voir s'il n'y aurait pas d'autre chose intéressante à faire.

M. Plouffe (Robert): John.

M. Grant (John): Mr. Bégin, I'm trying to understand the relationship between the government's lack in promoting sovereignty as you see and the decision to name the mediator in the Crown prosecutors dispute. What's the relationship between those two elements? In your mind, what's more important?

M. Bégin: As I have said, for many months, let say two years at last, I have asked the Government to decide, to make the promotion of the sovereignty and to take the engagement for the next election to tell the population that, if we are reelected, we should have a referendum on the sovereignty of Québec. I have seen that I was not followed on this question. And it was... de plus en plus...

M. Grant (John): More and more.

M. Bégin: ...more and more difficult for me to accept that. And, last week, a big decision was made by the Prime Minister about «les substituts du Procureur général», and I disagree totally with the decision he has taken. Three other solutions were possible but they didn't want to use it. He preferred to what should not done and I have said so before the decision was taken because it what talked about it and I said that I could not accept that. So, the two situations are related in the time but it obliges me to take a decision that all.

M. Grant (John): Do you feel betrayed by the Premier?

M. Bégin: Betrayed is a big word. If you say that, you have the possibility to talk and many people take a decision. If you loose, it's not – la raison, on dit c'est that a...

M. Grant (John): It's not a reason to...

M. Bégin: Yes. So, the result of that is that it was impossible for me to continue because I was... I may.. maybe alone but not enough to win the decision on the decisions on those questions.

M. Plouffe (Robert): Rosemary.

Mme Barton (Rosemary): M. Bégin, I'm just trying to understand how sad a day this must be for you as someone that struggled for so many years to achieve sovereignty and now you're in some ways having to give up that dream. Is that how you're seeing it as well?

M. Bégin: No. I want to see that dream arrived. It's the reason why I would be in the Assembly as an independent because I want to talk about it. I want to say to the people that it's necessary.

Look at the situation in wich we are financially. We cannot have the answers from the Federal Government. They won't give us the money and we need absolutely this money if we want to give services in health. If we don't do that, what can we do? Only new taxes to paid that, those services. Cut in services, give a minister away every six or eight weeks. Because last week have said we are loosing 15 millions a week. After six weeks, it's 300 millions. It's about what Justice has as budget. It's about the same for Environment. So every six weeks, we should put away a minister to have the money to put it in the Health. Do you... What do you do? We have to decide that; not in three years, not in two years, now. And we don't propose the solution. And there should be a solution. We will have to decide it if we want to give services to the population. If we don't do that, we will have to cut somewhere, or we will have to put taxes, or to give away some ministers. It's impossible to go outside those directions. But we have to decide which one we take. And I think that the sovereignty is the only way to solve this problem.

Mme Barton (Rosemary): In your mind, does have the Parti québécois lost sight of its primary mandate of sovereignty?

M. Bégin: I think that we don't do what we should do. And it's, at least partially, the reason that we have problem with the population actually. They say: We are still sovereignist, but as you don't seem to have this... to considerate it very important, we are looking away because some ideas are maybe preferable to those that you are promoting.

M. Plouffe (Robert): Kevin.

M. Dougherty (Kevin): Mr. Bégin, first of all, you talked about your health; is health not al all related to your decision today? First.

M. Bégin: No. No, my health is very good. Let's say, it's very important because – many times I have talked about it – five years ago, I had the right eye perfect, 100 %, and this one, the left one, could see two inches in front of me; that's all. I had a problem, «décollement de la rétine», with my good eye. And it felt at about 60 %. It was then 62 % for the two eyes. One year later, this left eye was operated. And the next day, it was 100 %. So I was better after two operations than it was before; 100 and 40 % instead of 100 and 2 %. And I had a problem last week, suddenly, and my «vue», my sight is 20 on 20. But, something is going – how do you say that? Pardon?

Une voix: Detaching.

M. Bégin: Detaching. And if it was not operated urgently in a few days or a week or two, I should have lost my eye. So it was very important, but the doctor told me that I should see exactly as before. So there is no problem at this moment. But I have begun to see – he had told me – after four days or five days – and I know it's true because it was the same five years ago – you will stop to see. And this morning and yesterday, I could see. It's vague because I have products in the eyes, but it's coming. And I think and I hope that, in a few days, it will be perfect. So it's not the reason of my...

M. Dougherty (Kevin): Speaking of vision, are there other people who've left – I can think of Lucien Bouchard left Ottawa, René Lévesque who left here – who had an idea? Is it possible that Paul Bégin could form a new party or be the center of a new movement towards... to achieve sovereignty?

M. Bégin: No. I will work until the end of this mandate to make the promotion of the sovereignty. I will do it actively, but I won't go in a new party and I won't do that.

M. Dougherty (Kevin): Why not?

M. Bégin: Why yes?

M. Dougherty (Kevin): But you believe in something. If you believe in something...

M. Bégin: I believe in something. I have given 40 years of my life on that question. and when I say that I have given 40 years of my life, it's true. It's for many years, before being elected, 40 and 50 hours a week after working as a lawyer in a big cabinet. So I knew what it means and I have done it, and I was happy and I'm still happy to have done it because I believe profoundly in that, but I am 59, I have done a lot. And other people can do it if they see older persons still believing in what they have sent... No – how do you say that, «plaider»? – pleat for many years.

M. Plouffe (Robert): Je vais prendre une dernière question en anglais. Panetta.

M. Panetta (Alexander): ...promoting sovereignty today. We talked a lot about promoting sovereignty today. The Premier, in just about every day, talks about other fiscal imbalances, explains the need to leave Confederation, to get the money the Quebeckers need for health care and education, and he talks about it just about every day, he said a 1 000-day target for independence. So I'm just wondering: What more can you do?

M. Bégin: Si vous me permettez, je vais vous répondre, à votre question, en français parce que je veux être bien compris.

Nous parlons de la souveraineté depuis quelques années exactement de la même manière qu'un notaire met des clauses de style dans certains contrats. C'est que nous avons les mots, nous avons la foi, mais nous n'avons pas les oeuvres. En fait, il n'y a pas un discours où on ne dit pas: «Je crois à ci, je crois à ça» et, en conséquence, on passe à la gouvernance.

Nous sommes devenus d'excellents gouvernants. Je crois que le Parti québécois a été et est encore un bon gouvernement, mais ce n'est pas un gouvernement qui fait la promotion de la souveraineté parce que les moyens de le faire, ce n'est pas juste dire: «Nous y croyons puis en 2005 on l'aura.» Ça, là, je ne crois pas à ça et je ne pense pas qu'on va convaincre personne parce que la promotion, c'est décider qu'on va la faire et on prend les moyens et notre plan de match est d'abord orienté là-dessus et aussi, parallèlement, un autre plan gouvernemental.

Actuellement, nous avons les paroles, mais nous n'avons pas l'action et c'est ça qui manque et ce qui fait que les gens croient encore à la souveraineté, mais ne croient plus en nous. Excusez-moi de l'avoir dit comme cela, mais c'était pour moi plus facile.

Mme Ormaechea (Maité): Do you still think that Bernard Landry is a committed sovereignist?

M. Bégin: Excuse me?

Mme Ormaechea (Maité): Do you still think... How much do you still think that Bernard Landry is a committed sovereignist in that case?

M. Bégin: I think that Bernard Landry is profoundly sovereignist. Merci.

(Fin à 10 h 41)

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