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Point de presse de M. Philippe Couillard, chef de l'opposition officielle, et de M. David Heurtel, député de Viau

Version finale

Le mercredi 18 décembre 2013, 11 h 30

Hall du 1er étage, hôtel du Parlement

(Onze heures treize minutes)

M. Cloutier (Daniel) : Mesdames messieurs, distingués invités, bienvenue à la cérémonie d'assermentation du chef de l'opposition officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard, et du député de Viau, M. David Heurtel. Je vous prie d'accueillir le chef de l'opposition officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard, et le député de Viau, M. David Heurtel, accompagnés du secrétaire général de l'Assemblée nationale, M. Michel Bonsaint.

(Applaudissements)

M. Cloutier (Daniel) : Sans plus tarder, j'invite le secrétaire général de l'Assemblée nationale, M. Michel Bonsaint, à prendre la parole.

M. Bonsaint (Michel) : Merci. Alors, M. Philippe Couillard, député d'Outremont et chef de l'opposition officielle; M. David Heurtel, député de Viau; M. le premier ministre, Daniel Johnson; Mmes, MM. les députés et Mmes, MM. les anciens députés; membres de la famille de M. Couillard membres de la famille de M. Heurtel, distingués invités, mesdames, messieurs.

Alors, M. Couillard, je m'adresse d'abord à vous. Je tiens à vous féliciter pour votre élection dans Outremont et je vous souhaite la bienvenue à nouveau à l'Assemblée nationale du Québec, dans votre grande maison. Vous êtes maintenant le chef de l'opposition officielle. Il s'agit d'une fonction fondamentale et absolument importante dans notre système de gouvernance. Donc, c'est un grand rôle à jouer dans notre Parlement.

M. Heurtel, je vous félicite également pour votre élection dans Viau et je vous souhaite la bienvenue également à l'Assemblée nationale du Québec.

Vous allez vivre aujourd'hui un moment extrêmement important dans la vie d'un député, soit la prestation des serments. Je dis «des serments» parce qu'il y en a deux. Le premier est prêté en vertu de la Loi constitutionnelle de 1867, et il s'agit d'un serment d'allégeance à l'égard de Sa Majesté la Reine Elizabeht II. Le deuxième serment est prêté en vertu de la Loi sur l'Assemblée nationale, et il s'agit d'un sentiment… d'un serment, pardon, de loyauté à l'égard du peuple du Québec. Ces deux serments vous ouvriront toutes grandes les portes des salles de délibérations parlementaires, donc la salle de l'Assemblée nationale et la salle des commissions parlementaires, dans lesquelles vous allez jouer votre rôle de député, soit légiférer, contrôler les activités du gouvernement et prendre part à tout débat concernant les grandes questions d'intérêt public au Québec. Et, dans le cadre de ces débats, vous allez jouir du privilège parlementaire de la liberté de parole, privilège en vertu duquel un député ne peut être gêné, entravé ou menacé de quelque façon que ce soit dans l'exercice de ses fonctions parlementaires. Il s'agit d'un outil essentiel dans un Parlement démocratique comme le nôtre.

Alors, M. Couillard, je vous invite au lutrin pour la prestation de vos serments.

M. Couillard : Merci. Je, Philippe Couillard, jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II.  Je, Philippe Couillard, déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec…

M. Couillard : ...et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec.

M. Cloutier (Daniel) : Je demande maintenant au député de Viau à venir rejoindre le secrétaire général et le chef de l'opposition officielle et député d'Outremont.

M. Heurtel : Je, David Heurtel, jure que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. Je, David Heurtel, déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec.

M. Cloutier (Daniel) : Mesdames, messieurs, voici vos deux nouveaux députés, vous pouvez les accueillir chaleureusement. J'invite maintenant le chef de l'opposition officielle et député d'Outremont, M. Philippe Couillard, à prendre la parole. M. Couillard.

M. Couillard : Bonjour à tous, merci d'être là. M. le secrétaire général de l'Assemblée nationale, chers collègues députés libéraux, M. le premier ministre Johnson, chers amis, mesdames, messieurs, je voudrais d'abord saluer la présence, encore une fois, à mes côtés de mon épouse, Suzanne, merci encore. Et puis aussi de mes enfants, présents pour l'occasion. Très émouvant de vous revoir, quelques années plus tard, au même endroit. J'ai une pensée pour mon fils Mathieu et son épouse Élodie, tous deux en mission avec les Forces armées canadiennes. Ayons une pensée pour eux et pour leurs camarades, car ils et elles servent en notre nom. Deux autres de nos enfants, Philippe et Alexis, sont aussi avec nous en pensée, puisqu'ils sont retenus par diverses obligations. Je souligne également la présence de ma mère Hélène, de mon frère, de ma soeur, ainsi que de plusieurs membres de famille, oncles, tantes, cousins, cousines. Quel bonheur de vous revoir aujourd'hui! J'ai eu quelques chances dans ma vie, dont celle d'être entourée d'une famille exceptionnelle qui m'a fait le plus beau cadeau, celui de l'éducation. Merci. Puis une épouse également exceptionnelle qui embarque une autre fois dans le trajet de la politique. Merci encore à vous tous d'être ici.

Je ne suis pas seul aujourd'hui à faire mon entrée à l'Assemblée. Durant sa campagne, David nous a dit qu'il voulait prendre position. Je me suis permis de répéter ses paroles souvent…

M. Couillard : ...dans le trajet de la politique. Merci encore à vous tous d'être ici.

Je ne suis pas seul aujourd'hui à faire mon entrée à l'Assemblée. Durant sa campagne, David nous a dit qu'il voulait prendre position — je me suis permis de répéter ses paroles souvent — cesser d'être sur les lignes de côté. David, c'est le début d'une grande aventure; M. le député de Viau, bienvenue à l'Assemblée nationale du Québec.

David, tu rejoins ta famille politique une formidable équipe de députés, pleine de talent et d'ambition pour le Québec. Et aujourd'hui je reprends le témoin des mains de Jean-Marc Fournier, qui a admirablement guidé notre équipe comme chef de l'opposition officielle depuis la dernière élection. Jean-Marc, je te remercie sincèrement. Je suis bien conscient que je ne serais pas ici aujourd'hui sans l'aide d'une formidable équipe de bénévoles dynamiques et dévoués. Il y en a plusieurs dans la salle aujourd'hui. Merci encore à chacun d'entre vous, parce que, sans vous, rien n'aurait été possible.

Je succède également à Raymond Bachand, ancien ministre des Finances du Québec, qui a fait grand honneur au comté d'Outremont. Je tiens à souligner son apport exceptionnel au développement social, économique et culturel du Québec. Merci, Raymond.

Aux gens d'Outremont, le quartier de ma jeunesse, qui m'ont accordé leur confiance, je dis que c'est avec une grande fierté que le représenterai à l'Assemblée nationale du Québec. Et il y a également Saint-Félicien, le Lac-Saint-Jean, qui sont maintenant mon chez-nous. Merci à la famille libérale de la région du comté de Roberval de se joindre à nous, Gaston Blackburn, également tous nos amis de la région. Merci de vous être déplacés.

Chers amis, il y a un peu plus d'un an j'ai pris la décision de revenir en politique pour faire avancer le Québec, pour bâtir un Québec plus juste parce que plus prospère. Durant les derniers mois, je suis allé à la rencontre des Québécois pour entendre leurs préoccupations. Des Îles-de-la-Madeleine au nord de l'Outaouais, de l'Abitibi à l'Estrie en passant par la Beauce, vous avez été des milliers à partager avec moi vos craintes, vos espoirs et surtout vos ambitions pour le Québec. Nous voulons faire du Québec un endroit où il fait bon vivre et travailler, élever une famille, faire des affaires, avoir des emplois de qualité, vivre en santé, être mieux soigné, développer sa communauté, sa ville, sa région, avoir du succès dans les études et le travail, contribuer à la promotion d'une culture unique qui fait l'envie de plusieurs, parce que nous pensons que la réussite du Québec, c'est la somme des réussites personnelles de millions de Québécois. Et l'un des rôles du gouvernement, c'est de créer des environnements propices qui permettent aux gens de chez nous de mieux...

M. Couillard : ...qui fait l'envie de plusieurs, parce que nous pensons que la réussite du Québec, c'est la somme des réussites personnelles de millions de Québécois, et l'un des rôles du gouvernement, c'est de créer des environnements propices qui permettent aux gens de chez nous de mieux réussir leurs projets, d'aller au bout de leurs ambitions. Nous voulons aussi un discours politique qui respecte l'intelligence des gens, un discours politique qui respecte les idées, les personnes et les adversaires tout en menant des débats vigoureux. C'est le style que j'entends adopter. Vous me connaissez — je crois que vous me connaîtrez mieux — je parle franchement, je dis ce que je pense. Ça ne changera pas.

J'ai rencontré des milliers de personnes venues d'ici et d'ailleurs qui partagent tous et toutes la même fierté, la nôtre, celle d'être des Québécois. Notre histoire, elle s'écrit depuis plus de 400 ans. Celle de ma famille a débuté par l'arrivée en Nouvelle-France de Guillaume Couillard en 1613. Mais rappelons-nous aujourd'hui une évidence : après les premières nations, nous sommes tous des gens venus d'ailleurs. Si la date de l'arrivée varie, il n'y a qu'un seul niveau de citoyenneté pour tous et chacun.

Le devoir de défendre et de promouvoir les intérêts du Québec est une responsabilité que tous les chefs libéraux ont assumée depuis la fondation de notre parti en 1867. Je l'assumerai avec passion, force et conviction comme chef du Parti libéral du Québec et de l'opposition officielle, une fonction essentielle dans notre démocratie, on l'a entendu tantôt. Nous serons une opposition ferme qui talonnera sans relâche ce gouvernement, une opposition qui ne laissera rien passer, une opposition qui sera à nouveau à la hauteur des attentes des Québécois et qui proposera, comme nous l'avons fait d'ailleurs au cours des derniers mois avec des propositions pour relancer l'économie à court terme, sur la question de l'identité, les régimes de retraite, la forêt, l'immigration, la prévention de la maltraitance de nos aînés, la promotion des vins québécois, même.

Le Parti libéral du Québec, redisons-le haut et fort, est la seule alternative crédible pour remplacer ce gouvernement qui nuit au Québec. Pour nous, être libéral, c'est croire que le moyen le plus puissant d'assurer la réalisation de nos projets collectifs, c'est le développement économique, c'est croire que la prospérité du Québec nous permet de bâtir une société plus juste et équitable envers les générations. Ce matin encore, on nous apprend que le revenu disponible des Québécois est inférieur à celui des autres Canadiens malgré tous nos atouts, tous nos avantages. Ce n'est pas acceptable. Il faut combattre la pauvreté, les amis, mais pas notre enrichissement. Être libéral, c'est croire que c'est par l'effort et le travail que chaque Québécois peut se réaliser. Le gouvernement, lui, pour sa part, a la responsabilité de favoriser l'égalité des chances pour tous et toutes. Être libéral, c'est également...

M. Couillard : ...être libéral, c'est croire que c'est par l'effort et le travail que chaque Québécois peut se réaliser. Le gouvernement, lui, pour sa part, a la responsabilité de favoriser l'égalité des chances pour tous et toutes.

Être libéral, c'est également exprimer notre fierté et notre profond attachement pour le Québec, notre Québec, celui qui appartient à tous les Québécois, peu importe notre opinion sur l'avenir de notre peuple. Le drapeau du Québec appartient à tous les Québécois, aucun parti n'a le monopole de cette fierté, de cet attachement. La responsabilité de faire rayonner notre nation au sein de la fédération canadienne et dans le monde, c'est notre responsabilité commune. Défendre les intérêts du Québec et protéger notre identité, c'est une mission que nous partageons tous et toutes, peu importe notre rôle dans la société. Nous le faisons sur la scène politique, mais, comme citoyens, citoyennes, nous le faisons tous chaque jour. Notre identité se définit par la langue et la culture, certainement, mais elle s'accomplit par une économie forte qui nous permet individuellement de prospérer tout en réalisant nos ambitions collectives. Être libéral, c'est vouloir combiner le progrès de l'individu et celui de la société.

Des voix : ...

M. Couillard : Sans prospérité, sans des finances publiques saines, nous abandonnons notre liberté de choisir et d'agir. Comme libéraux, nous croyons au progrès du Québec au sein de la fédération canadienne, une fédération dans laquelle le Québec joue un rôle de leader et non de spectateur comme c'est le cas malheureusement avec le gouvernement actuel.

Au cours de notre histoire, ce sont des gouvernements libéraux qui ont réussi à faire progresser le Canada dans le sens des intérêts du Québec. Et, pour nous, il n'a jamais été question de choisir entre l'un ou l'autre. Nous réclamons tout notre héritage, toute notre histoire. Nous sommes québécois et canadiens, notre patrie est notre pays.

Des voix : ...

M. Couillard : Être libéral, c'est être de ceux et de celles qui, comme Wilfrid Laurier, pensent que, partout, dans les choses humaines, il y a des abus à réformer, de nouveaux horizons à ouvrir, de nouvelles forces à développer. C'est croire au respect des libertés individuelles en lien direct avec l'adoption unanime, unanime, sous le leadership de Robert Bourassa, de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne en 1975. Être libéral, c'est être ouvert sur le monde. C'est tout ça, être libéral.

Dans le mot libéral, il y a un autre mot qu'on aime, il y a le mot «liberté». Le gouvernement du Parti québécois a choisi par pure démagogie de s'attaquer à nos libertés. On ne peut marchander les libertés ou les échanger pour des votes à contresens de nos traditions d'ouverture et d'inclusion. La charte proposée par le Parti québécois est une ombre sur cette tradition. Un acte politique particulièrement cynique, puisqu'il...

M. Couillard : …ou les échanger pour des votes à contresens de nos traditions d'ouverture et d'inclusion. La charte proposée par le Parti québécois est une ombre sur cette tradition, un acte politique particulièrement cynique puisqu'il est posé dans le but de faire diversion, d'inventer une crise de toutes pièces afin de proposer encore une fois une fausse solution pour un faux problème. Dans la réalité quotidienne, les Québécois de toutes origines vivent bien leurs différences.

10 fois, notre collègue Jean-Marc Fournier a demandé, en Chambre, des preuves, des études qui justifient ce que notre commission des droits a qualifié, je les cite : «D'attaque la plus sérieuse des dernières années contre nos libertés.» Aucune réponse n'est venue parce que la réponse n'existe pas. Sur un sujet aussi sensible que celui des libertés, le Parti québécois a décidé de renier sa responsabilité d'État au profit de gains politiques à court terme au risque de créer parmi nous une fracture sociale qui, je le crains, nous le craignons, mettra longtemps à guérir. Pourtant, on pourrait s'entendre sur ce qui fait consensus : pas de visage voilé donc des visages à découvert dans les services publics; l'encadrement des accommodements, la neutralité religieuse des institutions de l'État.

Pire encore, la charte présentée par le PQ passe complètement à côté du véritable enjeu, de la véritable préoccupation de la population, la menace que représentent, chez nous, l'extrémisme et tous les intégrismes religieux. À ceux qui viennent chez nous pour profiter de nos libertés et de notre démocratie pour ensuite s'y attaquer et ultimement les détruire, nous disons haut et fort : Vous n'êtes pas les bienvenus chez nous, nous vous combattrons, nous vous poursuivrons sans relâche. Nos députés, nos militants sont déjà au travail, et nous proposerons bientôt des moyens efficaces pour lutter contre cette menace qui, elle, est bien réelle.

Avec sa charte, le gouvernement nous dit que la discrimination à l'emploi est une valeur québécoise. Là encore, nous disons que c'est faux. La solution proposée par ce gouvernement est inapplicable, illégale et inconstitutionnelle. Les principales instances visées par cette charte sont contre son application, pensons à la ville de Montréal, aux institutions d'enseignement, aux établissements du réseau de la santé, même les syndicats ont des réserves. Hier encore, l'Université Concordia a dit : Non merci. Est-ce que ce n'est pas significatif que les élus et les grandes institutions de notre métropole, là, où se vit la diversité, rejettent cette mauvaise politique? Un gouvernement à l'écoute, à la recherche du consensus aurait déjà dû en tirer les conséquences.

Sur la question de l'égalité relativement récente, donc encore fragile, entre les hommes et les femmes, notre formation politique a été au coeur de l'avancement du droit des femmes depuis des décennies : droit de vote, équité salariale, parité aux conseils d'administration des sociétés d'État…

M. Couillard : ...sur la question de l'égalité relativement récente, donc encore fragile, entre les hommes et les femmes, notre formation politique a été au coeur de l'avancement du droit des femmes depuis des décennies : droit de vote, équité salariale, parité aux conseils d'administration des sociétés d'État, ajout, en 2008, de la primauté de l'égalité des hommes et des femmes à notre charte des droits, autant de gestes importants qui portent notre signature.

La vision proposée par le Parti québécois n'est pas celle que nous voulons pour le Québec, celle qui tente de convaincre les Québécois qu'ils sont faibles, assiégés, menacés, que les difficultés viennent toujours des autres. Au contraire, nous sommes un peuple fort, confiant et fier de ses racines. Et plutôt que le multiculturalisme classique, qui, malgré ses qualités, a un problème parce qu'il ne reconnaît pas l'existence unique, en Amérique du Nord, d'une majorité francophone, nous choisissons plutôt l'interculturalisme comme modèle d'accueil et de vie commune, le ralliement de tous les Québécois et des Québécoises autour de ce qui fait véritablement et concrètement notre caractère spécifique, le français langue commune de nos espaces publics, notre culture si forte, si vivante, notre régime de droit civil.

Ceux et celles qui se réclament de l'interculturalisme pour retirer des libertés, institutionnaliser la discrimination, se trompent lourdement. Il ne faut pas confondre ce qui fait le caractère unique du Québec avec des débats politiques qui sont communs à toutes les sociétés démocratiques. Partout, on a ces débats, en France comme ailleurs.

Notre caractère, notre société différente, confère au gouvernement du Québec une responsabilité unique devant le Québec, le Canada et le monde. J'aimerais rappeler les mots de Robert Bourassa en 1971. Je le cite : «Le Québec se doit d'assumer le rôle de premier responsable, sur son territoire, de la permanence de la langue et de la culture françaises. Le gouvernement du Québec se sent donc une responsabilité particulière pour assurer le rayonnement de la culture française dans le contexte nord-américain. Il entend continuer de le faire par tous les moyens à sa disposition. Ceci ne signifie pas qu'il puisse y avoir la moindre discrimination envers les autres cultures.» Quarante ans plus tard, je me réclame, nous nous réclamons fièrement de cet héritage libéral et aujourd'hui, je vais le répéter, nous ne marchanderons pas nos libertés, nous ne les échangerons pas contre des votes. Nous les protégerons de toutes nos forces, car nous savons le prix qui fut payé pour les conquérir.

And let me reiterate my commitment. We will not barter our liberties. We will not trade them off for votes or political calculations. We will protect our freedoms...

M. Couillard : …and let me reiterate my commitment. We will not barter our liberties. We will not trade them off for votes or political calculations. We will protect our freedoms with all our might because we know the price that was paid to obtain them.

Cette charte a été bien sûr créée dans le but de faire oublier une des performances économiques les plus médiocres d'un gouvernement québécois. Depuis plusieurs mois, nous répétons sans cesse que l'état des finances publiques est préoccupant, que l'économie est en panne. Malheureusement, nos pires craintes se concrétisent. Par sa propre gouverne, par sa propre incompétence, le PQ nous a placés dans une situation budgétaire intenable. Depuis l'élection de ce gouvernement, les investissements ont reculé. Le gouvernement a nui à la capacité de l'État de générer des revenus supplémentaires. Pendant que partout en Amérique du Nord, l'économie avance, celle du Québec fait du sur-place. Alors que mon prédécesseur Jean Charest a ouvert de nouveaux espaces pour les Québécois avec le Plan Nord et le libre-échange avec l'Europe, le Parti québécois mise encore une fois sur le repli sur soi. Imaginez : le Québec se portait mieux en situation de crise économique sous un gouvernement libéral qu'en temps de reprise avec un gouvernement péquiste. Il faut le faire. Et, dernièrement, l'agence de notation Fitch a changé sa perspective pour la cote de crédit du Québec en la faisant passer de stable à négative. Mais on nous dit que cette situation n'est pas préoccupante. Devant un bilan économique désastreux, devant l'admission d'échec que constituait l'abandon de l'équilibre budgétaire, la première ministre a eu cette réponse surprenante : Nous n'avons pas le contrôle sur les revenus. Vraiment? Quand on traite les investisseurs et les entreprises minières comme des indésirables, quand on coupe dans les infrastructures et qu'on fait du Plan Nord un plan mort, quand on coupe dans l'aménagement forestier et qu'on fait exploser les taxes scolaires, quand on mène une politique d'exclusion qui nuit à la réputation du Québec, on ne peut pas arriver ensuite et dire qu'on n'a pas de contrôle sur les revenus. Parce que la réalité, c'est que depuis son élection, ce gouvernement a tout fait pour décourager ceux et celles qui veulent investir au Québec. Ce gouvernement est nuisible, nuisible aux affaires, à l'entrepreneuriat, aux emplois.

Bientôt, ce gouvernement devra être remplacé, mais bientôt également nous devrons mériter la confiance des Québécoises et des Québécois. Depuis des mois, nos députés ainsi que les militants de notre parti, guidés par la commission politique, travaillent à l'élaboration d'un plan de gouvernement, et ici, les mots prennent tout leur sens. Ce n'est pas un plan pour 33 ou 35 jours de campagne. C'est un plan pour quatre ans de gouvernement. On se prépare à relancer l'économie avec des projets d'infrastructure, avec des mesures énergiques pour stimuler l'investissement, démarrer des entreprises, appuyer nos entrepreneurs. On se prépare à faire le contraire de ce que fait le gouvernement en place. Nous allons mettre en place un environnement qui va rendre l'investissement…

M. Couillard : ...relancer l'économie avec des projets d'infrastructures, avec des mesures énergiques pour cibler l'investissement, démarrer les entreprises, appuyer nos entrepreneurs. On se préparer à faire le contraire de ce que fait le gouvernement en place. Nous allons mettre en place un environnement qui va rendre l'investissement profitable pour tous, qui va encourager les entreprises à participer à la création de notre prospérité. On se prépare à réformer notre fiscalité afin de récompenser l'effort, la création d'emplois, réviser les politiques d'aide aux entreprises. On se prépare à rétablir l'équilibre budgétaire en contrôlant les dépenses, en diminuant la paperasse et la bureaucratie, en évaluant rigoureusement chaque programme gouvernemental.

On se préparer à donner à Montréal les outils qui lui permettront de devenir ce qu'elle doit être : une grande métropole internationale du savoir, de l'innovation et de la culture, à continuer le développement de notre capitale nationale, ville innovante et de haut savoir. On se prépare à relancer un nouveau Plan Nord, qui va maximiser les retombées dans toutes les régions du Québec. On se prépare à mettre en oeuvre une politique maritime pour que toutes nos régions côtières participent pleinement à notre prospérité. On se prépare à aider les familles, les jeunes familles à accéder à la propriété pour améliorer leur qualité de vie et leur sécurité financière. On se préparer à refonder le partenariat entre le gouvernement du Québec et les régions à travers, notamment, un partage des redevances issu de l'exploitation de nos ressources naturelles. On prépare un plan de gouvernement sérieux, crédible et chiffré pour restaurer la santé financière du Québec et protéger les prochaines générations. On se prépare à offrir aux Québécois un gouvernement ouvert et transparent, et le travail se poursuit avec les militants et les députés de toutes les régions.

C'est avec une grande humilité que je reprends le flambeau de mes prédécesseurs. C'est debout, sur les épaules des géants qui nous ont précédés, que nous pouvons mieux voir l'horizon et la destination. Chers amis, j'aimerais conclure en vous disant que cette cérémonie nous place résolument sur les blocs de départ pour reconquérir la confiance des Québécois et Québécoises et former le prochain gouvernement du Québec. Mes amis, on a une grande tâche à accomplir puis des grands défis à relever, mais, voyez-vous,  on a aussi une grande tradition pour nous soutenir, les principes profonds.

Aujourd'hui, j'ai voulu vous dire simplement ce en quoi je...


M. Couillard : …Mes amis, on a une grande tâche à accomplir puis des grands défis à relever, mais, voyez-vous, on a aussi une grande tradition pour nous soutenir, des principes profonds. Aujourd'hui, j'ai voulu vous dire simplement ce en quoi je crois, ce en quoi nous croyons, c'est, je crois, ce que les Québécois et les Québécoises veulent entendre de ceux et de celles qui aspirent à les gouverner. Nous croyons à un Québec prospère et juste, à un Québec attaché aux libertés, qui combat l'injustice et l'oppression. Voilà ce que c'est, être libéral, trois mots : prospérité, fierté, liberté.

Vous le savez, on le sait tous et toutes, rien ne se fait sans travail, sans effort et sans difficulté. Pour y arriver, j'ai besoin de chacun et chacune d'entre vous. Notre équipe a le talent, l'expérience et la compétence pour réussir. Et ce qui me donne encore plus d'espoir, c'est la qualité et la compétence de mes collègues de l'équipe parlementaire, celle du Parti libéral, de ceux et de celles qui nous appuient ici, à l'Assemblée, dans les bureaux de circonscriptions, dans notre grand parti aussi qui se transforme, avec plus de 50 000 membres. Des hommes, des femmes, des jeunes, des gens d'expérience, des régions, des villes, des francophones, des anglophones, issus de quelque 60 communautés culturelles. Notre parti, c'est le reflet du Québec d'aujourd'hui et de demain, et nous allons réussir.

Je l'ai déjà dit il y a quelques mois, ce siècle est taillé sur mesure pour nous, les Québécois et les Québécoises. Notre peuple est encore bien debout après 400 ans, a relevé bien des défis au cours de sa jeune histoire et saura faire face à ceux de notre temps. Je ne suis pas de l'école du déclin, je suis fier d'être Québécois et je sais que nous réussirons. Mes chers amis, mettons-nous au travail. On va remettre le Québec sur ses rails, sur le chemin du développement économique, de la prospérité et de l'égalité des chances, et c'est tous ensemble que nous allons réussir. Merci…

(Applaudissements)

M. Cloutier (Daniel) : Je vous remercie, M. Couillard. Alors, ceci met fin à la cérémonie d'assermentation. Je vous remercie.

Voilà. Donc, on est hors ondes, mais je vous invite à rester à vos places. Nous allons refaire le devant de la scène pour préparer pour la photo de groupe. Vous nous donnez quelques secondes.

(Fin à 11 h 49)

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