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Point de presse de M. Yves Bolduc, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport

Version finale

Le mardi 8 juillet 2014, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures sept minutes)

M. Bolduc (Jean-Talon) : Merci d'être présents. Bonjour à tous. Aujourd'hui, je tiens à faire le point sur les détails entourant la demande de vérification formulée hier à la Régie de l'assurance maladie du Québec.

Tout d'abord, je tiens à rappeler que, lorsque j'étais député de l'opposition et que j'avais la volonté de servir la population comme médecin de famille tout en étant un dévoué député de la circonscription de Jean-Talon, j'ai demandé un avis au Commissaire à l'éthique et à la déontologie. L'avis que j'ai reçu par écrit stipule que, suite à l'analyse de ma situation, l'exercice de la fonction de médecin de famille au sein de l'équipe de La Cité médicale n'était pas incompatible avec ma charge de député et que la rémunération que je recevrais de la Régie de l'assurance maladie du Québec dans le cadre de ma pratique médicale est conforme aux règles prescrites par les articles 11 et 21 du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale.

Je tiens à souligner que ma première priorité a toujours été ma fonction de député de Jean-Talon. D'ailleurs, mon assiduité et ma présence aux travaux de l'Assemblée nationale sont exemplaires. Jamais, comme député, je ne me suis absenté d'une séance d'une commission parlementaire, d'une période de questions ou d'un caucus, en plus d'être toujours disponible pour répondre aux questions des médias.

Si j'ai décidé de retourner à la pratique de la médecine en même temps qu'en exerçant mes fonctions de député, c'est que je voulais servir la population et dans un contexte où des Québécois et des Québécoises cherchent désespérément un médecin de famille. Au moment où je me suis engagé envers les patients dont j'étais en charge, je l'ai fait dans une perspective à long terme. Nul ne pouvait prédire l'avenir. J'avais non seulement la volonté de prendre des patients en charge, mais je savais pertinemment que j'avais l'énergie et le temps pour m'acquitter de ces deux fonctions, en même temps, tout en rassurant, dans les deux cas, une bonne qualité de travail.

Maintenant, je tiens à rappeler qu'hier j'ai demandé à la Régie de l'assurance maladie du Québec de procéder aux vérifications habituelles concernant ma pratique médicale et ma rémunération, et ce, de manière exceptionnellement rapide. Comme je l'ai dit hier, je m'engage à rendre publics les résultats de cette vérification et à procéder rapidement, le cas échéant, aux ajustements qui pourraient être requis, notamment si un éventuel remboursement m'était demandé. J'ai toujours agi de bonne foi et je continuerai à servir la population et le réseau de l'éducation au meilleur de mes capacités, avec rigueur et transparence.

Le message que je voudrais faire également, si je suis retourné en pratique, c'est parce que ma passion, c'est la médecine. J'ai toujours dit que, si j'avais la possibilité, oui, je referais de la pratique, ce que j'ai fait. J'ai travaillé très fort les fins de semaine, je faisais des soirs. Ça, les gens sont témoins. Il y a même une entrevue... qui sont venus m'interviewer les fins de semaine. Et puis je dois vous avouer que, pour moi, la première considération, c'était d'abord les soins aux patients. Maintenant, je vais prendre les questions.

M. Boivin (Simon) : M. Bolduc, avez-vous souvenir d'avoir pris, au cours des 12 derniers mois avant votre retour en politique, un certain nombre de patients? Est-ce que vous avez pris en charge, dans les 12 derniers mois avant votre retour en politique, un certain nombre de patients, à votre souvenir?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Avant... Là, je ne comprends pas la question. Avant le retour en politique...

M. Boivin (Simon) : Est-ce que, dans la période de 12 mois qui précède votre retour en politique, vous avez pris en charge des patients.

M. Bolduc (Jean-Talon) : J'ai toujours demeuré en politique.

M. Boivin (Simon) : Au cabinet, je voulais dire.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Au retour comme ministre, oui, j'ai pris des patients dans les 12 derniers mois. Et puis, souvent, savez-vous comment ça se passe? Puis là les patients peuvent témoigner. C'est qu'ils rentrent dans le bureau puis ils demandent : Est-ce que tu pourrais prendre ma soeur parce qu'elle a besoin urgent d'un médecin? Ou encore c'est le CLSC, ou le CSSS, ou les infirmières de la clinique qui me disaient : Il n'y a personne qui peut prendre ce patient-là, est-ce que tu pourrais le prendre en charge? Et là je les prenais en charge. Et, quand on les prend en charge, bien, il faut qu'on ait l'autorisation puis, avec ça, vient une facturation.

M. Boivin (Simon) : Mais là, pour ces patients-là, vous allez devoir rembourser la moitié, là.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui. Ça, de toute façon, quel que soit... quand tu arrêtes ta pratique, il y a toujours, à un moment donné, un montant que tu dois rembourser, tout simplement parce que des ententes sont faites, que, si tu ne prends pas... si tu ne suis pas ton patient pendant un certain temps, il y a une partie de remboursement qui est faite. Puis ça je m'attends à le faire. Il va y avoir un remboursement par rapport à ça, qui, en passant, est tout à fait normal.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est la majorité des patients, des 1 500 patients que vous avez pris au cours des 12 derniers mois précédant votre...

M. Bolduc (Jean-Talon) : Non, c'est... je les ai pris… la majorité ont été faits au début de la pratique, parce que, quand tu commences ta pratique, la première journée, c'est tous des nouveaux patients. Donc, au cours des six mois, des six premiers mois, une bonne... la majorité des personnes que j'ai eu qui sont des nouveaux patients, c'est vraiment au cours des six premiers mois que je les ai eus. Donc, la majorité des patients ont eu un suivi d'au moins une année.

Par contre, quand on a vu que les élections s'en venaient, je ne prenais plus de nouveaux patients parce que je disais aux gens : Je ne sais pas qu'est-ce qu'il va se passer. Mais on continuait à prendre des patients à l'occasion, à la demande du CSSS et à la demande des infirmières, parce que dans la clinique, quand on avait un nouveau cas, un patient qui était très malade, bien, ça prenait un médecin pour s'en occuper, puis j'étais à peu près le seul qui prenait des nouveaux patients. Donc, c'est pour ça.

M. Robillard (Alexandre) : Combien de patients, en tout, vous aviez? 1 500 orphelins, mais, en tout, vous en aviez combien?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Je ne peux pas vous le dire, mais ça devait être autour de ça, à peu près 1 500, 1 600, tout compris, là.

M. Robillard (Alexandre) : Donc, c'étaient juste des patients orphelins que vous aviez pris?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, non, il y a des patients aussi que j'ai pris qui n'étaient pas nécessairement des orphelins. Eux autres, je les inscrivais différemment, parce qu'il faut toujours que les patients soient inscrits à un médecin de famille. Mais il y a des patients qui n'étaient pas... que je n'ai jamais chargés ou...

M. Robillard (Alexandre) : Mais pas plus que 1 600.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, je ne peux pas vous dire les chiffres, là, je ne regarde pas...

M. Robillard (Alexandre) : Ça représentait... Là, qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur votre emploi du temps, la fréquence de votre travail, juste pour que la population en général, qui se demande comment un médecin de famille peut traiter, à temps partiel, 1 500 patients en 19 mois... Comment c'est possible, ça? Expliquez-nous.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bon. La majorité des patients... Pour commencer, moi, je fonctionnais avec le principe, ce qu'on appelle l'«advance access». Donc, les gens avaient des rendez-vous à court terme, donc la majorité des patients étaient capables d'avoir des rendez-vous la semaine ou les deux semaines qui suivaient, puis ça, ça a été presque toujours comme ça, le temps de ma pratique. Également, moi, je travaillais toujours les samedis et les dimanches. Ça fait que tous les samedis, tous les dimanches, j'étais à la clinique et également souvent...

M. Robillard (Alexandre) : C'est combien d'heures, ça, les fins de semaine?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, les fins de semaine, ça peut représenter cinq heures, parce que là on...

M. Robillard (Alexandre) : Cinq heures?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Cinq à six heures, parce qu'on commence à 9 heures le matin.

M. Robillard (Alexandre) : Au total ou par jour?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Non, non, c'est par jour. En plus de ça, il est arrivé des lundis que je travaillais comme de 8 heures le matin jusqu'à 9 heures le soir.

M. Robillard (Alexandre) : Ça fait que ça faisait combien d'heures par semaine en moyenne?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, en moyenne, je devais faire à peu près 20 à 25, 27 heures par semaine, là. Ça pouvait jouer entre 20 et 30 heures par semaine. Il y a des périodes, comme l'été, où là j'en faisais plus, tout simplement parce qu'on ne siège pas.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que vous pouvez comprendre pourquoi, dans les yeux de la population, votre situation, elle pose problème compte tenu que l'objectif de l'incitatif, c'était un engagement à long terme?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, l'engagement qui était à long terme, c'est qu'on prend les patients en charge sur le moment, on fait des suivis au cours des prochaines semaines, parce que souvent j'avais des patients qui étaient plus malades, mais surtout, ce qu'il faut comprendre, ces gens-là avaient besoin de soins et ces gens-là n'avaient pas de médecin de famille. Puis je vous donne un exemple. À chaque semaine, je faisais du sans rendez-vous. Quand je fais du sans rendez-vous, le patient arrivait puis il disait : J'ai besoin d'un docteur. Il venait pour ça. Moi, je les prenais en charge.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, pour un politicien qui adhère aux valeurs de l'Assemblée nationale, est-ce que c'est responsable de profiter d'un incitatif comme ça puis ensuite d'abandonner des patients?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, premièrement, là... Premièrement, tu es médecin. Moi, avant d'être politicien, je suis médecin, et je m'en suis occupé, des patients, puis quand je fais...

M. Robillard (Alexandre) : On parle de fonds publics, M. Bolduc.

M. Bolduc (Jean-Talon) : On ne parle pas de fonds publics, on parle que, quand tu vois un patient... Je n'étais toujours bien pas pour dire : Je ne charge rien, juste pour faire de la médecine. J'avais le droit de charger et je le faisais. L'important : est-ce que je faisais la même chose que les autres médecins? La réponse, c'est oui. Est-ce que je...

M. Robillard (Alexandre) : Mais pourquoi ne pas rembourser...

M. Bolduc (Jean-Talon) : Juste pour terminer... Premièrement. Deuxièmement, c'est que je le faisais comme il faut, O.K., et puis j'avais le droit à cette rémunération-là parce que je m'en occupais du patient. Juste pour vous dire, la majorité des patients, je ne les voyais pas une fois, c'étaient des patients...

M. Robillard (Alexandre) : Mais, M. Bolduc, êtes-vous d'accord pour dire...

M. Bolduc (Jean-Talon) : Juste pour finir, j'étais... la plupart des...

M. Robillard (Alexandre) : ...êtes-vous d'accord pour dire que c'était un incitatif pour un engagement à long terme?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, à long terme, la plupart des médecins, quand ils les prennent, ils les prennent pour au moins une année. C'est ça l'entente, c'est ça qui est dit. Et il y a des médecins également qui, au cours des deux, trois prochaines années, qui, après avoir commencé la pratique et à pratiquer, ils vont changer de pratique. Il y en a qui vont faire de l'urgence. Dans ma clinique, il y en a qui sont allés faire de l'urgence, il y en a qui ont changé. Moi, je suis resté à la clinique pendant les 18 mois, j'ai pris en charge les patients et je reconnais que je ne pouvais pas prévoir qu'il y aurait des élections à si court terme puis si… à l'avoir su, peut-être que je n'aurais pas pris les mêmes décisions, mais...

M. Boivin (Simon) : Que feriez-vous dans les mêmes circonstances? Le referiez-vous?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Dans les mêmes circonstances, là, si je savais que c'est à peu près sûr que j'aurais des élections dans 18 mois, j'aurais été plus prudent sur le nombre de patients que j'ai pris. Excepté que les élections sont arrivées de façon assez abrupte, et puis, une fois qu'on est allés en élection, bien, je suis allé en élection.

Puis je l'ai toujours dit à mes patients : Oui, je suis encore en politique et, oui, je me représente à la prochaine élection, mais je ne le sais pas quand elle va avoir lieu. Le patient avait-u le choix... Je vous le dis, les patients rentrent dans le bureau et ils veulent avoir un docteur de famille. Qu'est-ce qu'ils vous disent, les autres médecins en général? Je ne te prends pas. Bien, moi, je disais toujours oui. Dans la majorité du temps, je disais oui. Pourquoi? Parce que, comme médecin, là, ce n'est pas compliqué, tout le monde va vous le dire, j'ai un grand coeur. Puis comme... Puis, en plus d'avoir un grand coeur, j'ai une grande capacité de travail. Partout où est-ce que je suis allé, je faisais des 16 heures, je faisais des 18 heures puis j'ai toujours été quelqu'un qui travaillait sept jours par semaine. Allez voir à Alma, j'ai fait Charlevoix puis, quand les gens avaient besoin d'un service, je rendais toujours le service.

M. Robitaille (Antoine) : Mais Claude Castonguay dit que vous avez profité des connaissances que vous aviez de ce système-là à votre avantage. Qu'est-ce que vous lui répondez?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, tout le monde... Bien, 4 000 docteurs le connaissent, le système. Donnez-moi un docteur au Québec qui ne sait pas que, lorsqu'un patient est vulnérable, qu'il est inscrit au guichet, qu'on peut le prendre, comme médecin de famille? Nommez-moi-z-en un, au Québec, qui ne le connaît pas. Tout le monde sait ça.

Moi, j'ai juste fait la même chose que tous les médecins. Puis je suis un médecin consciencieux. Puis demandez aux patients, la majorité des patients que j'ai suivis étaient contents que je les aie comme patients.

M. Robitaille (Antoine) : Mais vous étiez dans les seuls, là… il y en a... il y a un trio, là, qui en a pris énormément, là.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, moi, je suis arrivé en pratique puis, je vous le dis, j'ai une grande capacité de travail. D'ailleurs, les gens, là, à Alma, je faisais des 16 heures, puis les gens… à un moment donné, quand j'étais un petit peu plus jeune, je faisais des 24 heures, puis tout le monde disait : Yves, comment il fait? Bien, j'ai toujours travaillé comme ça.

Juste pour vous dire, là, j'ai toujours travaillé sept jours-semaine. Allez voir, allez vérifier à Alma à l'urgence, allez leur demander. Je faisais des fois quatre 16 heures en ligne puis trois 16 heures en ligne. Ce n'est pas...

Mme Prince (Véronique) : Mais il y a certains de vos collègues aussi qui font des 70 heures par semaine puis qui nous disent : Voyons! Comment il a pu prendre autant de... C'est irréaliste, d'après eux.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, premièrement, c'est qu'avant ça, aussi, je faisais du bureau. Quand j'ai quitté la pratique à Alma, j'avais 1 400 patients. Je faisais de l'urgence à temps partiel, j'étais coroner. En plus de ça, j'étais directeur des services professionnels de l'hôpital puis je faisais souvent des mandats dans la province, puis je donnais de la formation. Juste pour vous dire, quand les gens avaient besoin d'améliorer leurs performances, ils venaient me voir.

Dossier informatique, écoutez, personne ne procédait comme moi quand j'ai commencé la pratique ici, puis on sauve au moins 30 % à 40 % du temps quand tu utilises ton dossier informatique. Ça fait que, quand vous regardez ma méthode de travail... Juste pour vous dire, quand je travaille, je commence, mettons, à 8 heures... Un, la première chose, je me lève à 5 heures le matin puis je regarde tous mes résultats de laboratoire. Ça prend à peu près une demi-heure. À 8 heures, quand je rentre au bureau, je vais travailler jusqu'à 12 h 45 puis, demandez aux gens de La Cité, je prenais 15 minutes pour dîner, je revenais à 13 heures puis je travaillais jusqu'à 21 heures, 21 h 30, puis je n'allais pas souper. Bien, ça en voit des patients.

Là, vous allez me dire : Oui, mais comment il faisait? Bien, je n'étais même pas fatigué à la fin de la journée. Je suis comme ça, je suis fait comme ça.

M. Lecavalier (Charles) : C'est quoi, pour vous, un engagement à long terme…

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, un engagement à long terme, c'est... La première chose, là, à court terme, quand un patient rentre dans ton bureau, puis tu lui découvres un diabète, il faut que t'en occupes. Bien, moi, je m'en occupais, puis je le suivais, puis je ne le savais si, un jour, j'allais retourner en politique ou pas comme ministre, je ne savais pas. Donc, je m'en occupais de ce patient-là. Puis demandez à mes patients comment j'ai diagnostiqué de cancers l'année passée, comment j'ai découvert de diabètes. Puis, en plus de ça, c'est les infirmières de la clinique et du CLSC qui me référaient des patients parce que j'étais un des seuls qui en prenait. Des schizophrènes qui sortaient de l'hôpital, c'est à moi qu'on les envoyait. Qu'est-ce que…

M. Robitaille (Antoine) : Est-ce que Claude Castonguay est allé trop loin en demandant votre démission?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, M. Castonguay, il a porté un jugement, là. Moi, je vous explique aujourd'hui c'est quoi que je faisais comme pratique puis, en premier, j'étais un médecin. Avant d'être en politique, je faisais de la médecine. J'en ai fait beaucoup de la médecine et je vais en refaire encore beaucoup. Moi, j'ai dit : Je vais travailler jusqu'à 75, 80 ans, si la santé me le permet. J'aime ça, j'aime ça voir des patients, puis les patients, je pense, m'aiment aussi. Aujourd'hui, je me retrouve devant une situation parce que j'ai aidé les gens. On pense que je suis coupable. Mais non, ce n'est pas vrai, j'ai aidé les gens.

M. Robitaille (Antoine) : Mais à quel moment, M. Bolduc, à quel moment vous avez…

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, la prime, pour répondre à ça, la prime, là, tous les médecins au Québec qui inscrivent des patients puis qui suivent des patients, ils la prennent, la prime. Pourquoi, moi…

M. Robitaille (Antoine) : Vous êtes considéré comme un des plus gourmands, c'est pour ça.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Ce n'est pas gourmand, je suis un des plus travaillants. La différence, là, c'est que, quand tu travailles, je charge pour ce que je fais, comme tous les docteurs au Québec, mais moi, j'en faisais avec des 14 puis 15 heures par jour. En trouvez-vous beaucoup des docteurs ont travaillé toutes les fins de semaine ou à peu près toutes les fins de semaine au cours de 18 derniers mois? Il n'y en a pas un seul au Québec. Puis, en passant, les patients, je les voyais le jour puis je les voyais le soir. La fin de semaine, quand je travaillais, juste pour vous donner un exemple, en termes de rémunération, quand on voit les patients en fin de semaine, ce n'est pas de ma faute, c'est 30 % de plus parce que les docteurs ne travaillent pas la fin de semaine. Pourquoi est-ce que moi, je ne chargerais pas ce que les autres font? C'est une question d'équité aussi. Il faut avoir un respect des gens, puis je les ai suivis, les patients, puis je m'en suis occupé. Puis demandez aux patients, voir si… dans mon bureau, comment c'était. Je suis un de ceux qui tenaient le mieux les notes. Juste pour vous donner un exemple, quand j'inscrivais le patient, il n'y a pas un patient que je n'avais pas les antécédents familiaux, que je ne faisais pas les antécédents personnels. Puis demandez aux patients, je faisais toujours la même chose : Ton père, il est-u vivant ou pas vivant? Ta mère, tes frères et soeurs? Mes 1 500 patients, ils ont tous ça.

M. Robillard (Alexandre) : À quel moment, M. Bolduc, vous avez été informé de l'existence de l'incitatif pour les patients orphelins?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, je le savais… Bien, tout le monde la savait. Honnêtement, là, quand on me dit que les gens ne savent pas, là, l'incitatif a été mis en place pour que les gens inscrivent des patients, puis on a inscrit beaucoup de patients.

M. Robillard (Alexandre) : Mais vous le saviez depuis quand que ça existait, ca?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, depuis que ça a été mis en place, en 2010. Puis l'autre élément, dans l'incitatif, les gens ont tendance… c'est de l'argent supplémentaire. C'est que les médecins… puis le Dr Louis Godin l'a très bien expliqué, plutôt que d'augmenter la tarification de chacun des actes, on a dit, à un moment donné : Les docteurs ne prennent pas assez de patients. Qu'est-ce qu'on veut? Bien, on veut qu'ils prennent des patients. On a diminué leur augmentation, donc il y a un montant qui a été réservé, et on l'a mis en disant : Si vous prenez des nouveaux patients, vous allez avoir le droit à cet incitatif-là, et c'est la FMOQ qui a demandé à avoir ces incitatifs-là.

M. Robitaille (Antoine) : Mais M. Barrette dit que ce n'est pas efficace comme système, qu'il va falloir réviser ça.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Écoutez, on a inscrit 750 000 patients avec ça. Ça vaut quand même la peine.

M. Robitaille (Antoine) : Donc, vous n'êtes pas d'accord avec M. Barrette qui veut réviser ça?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien là, peut-être que ça vaut la peine de le réviser, mais, à un moment donné, quand on l'a mis en place, c'était une demande de la FMOQ — vérifiez au niveau de Louis Godin — tout simplement parce qu'on voulait inscrire plus de patients, parce qu'on pense que les patients, ils pouvaient en prendre plus. En passant, ça a été pris à partir de leur propre rémunération à eux autres, ça n'a pas coûté plus cher au gouvernement.

La question, c'est que : quand tu inscris un patient, si tu as le droit, pourquoi tu ne le prends pas? J'ai juste fait la même pratique que tous les docteurs au Québec, sauf que je reconnais, je suis travaillant, j'en fais beaucoup puis je suis capable de travailler 14 heures en ligne. Puis demandez aux patients, je les voyais à 20 h 45, c'est comme quand je les voyais à 8 heures le matin.

M. Robitaille (Antoine) : Trouvez-vous que les médecins, au Québec, ne sont pas assez productifs?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Là, on ne fera pas ce débat-là aujourd'hui. Ce qu'on discute aujourd'hui, là, c'est : Est-ce que, quand j'ai travaillé, je voyais bien les patients? La réponse, c'est oui. Puis, si je l'ai fait, là, je tiens à le dire aux patients, là… parce que, moi, je les aime les patients puis j'aime ça m'en occuper. Puis demandez aux infirmiers puis aux infirmières qui m'appelaient, j'étais un des seuls qui en prenait des nouveaux patients, en passant, dans toute la ville de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : C'est quoi, pour vous, une perspective à long terme? Puis, quand vous avez pris ces patients-là pour toucher à la prime…

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, pour un patient, la perspective à long terme, c'est que, quand il est malade, je m'en occupe tout de suite. Il s'attend que, si je fais passer des tests, que je vais le rappeler, puis que je vais le revoir dans six mois, puis que je vais le revoir dans neuf mois, et c'est… juste pour vous dire, quand un patient rentre dans ton bureau puis que tu lui découvres son cancer, là, tu ne penses pas à long terme, tu penses au patient, qu'est-ce que tu fais aujourd'hui. D'ailleurs, vous êtes toujours dans cette mentalité-là, mais moi, je suis dans un bureau, puis je vois des patients, puis je m'en suis occupé des patients.

M. Robillard (Alexandre) : Trouvez-vous ça logique que le délai soit de seulement 12 mois?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, écoutez, toi, tu es dans l'administratif, là; moi, je suis avec des patients puis je m'en occupais. Puis, quand le patient rentrait, là, bien, moi, j'essaie…

M. Robillard (Alexandre) : Mais je vous pose la question à titre d'ancien ministre de la Santé puis de médecin, médecin de famille.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien moi, je vais te répondre, là, je vais te répondre comme je dois répondre, là : Quand je suis dans mon bureau, je voyais des patients puis, quand je faisais de la politique, je faisais de la politique. Puis juste pour vous dire, là…

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que vous trouvez qu'elle est bien conçue?

M. Bolduc (Jean-Talon) : L'entente, là, elle n'était pas si mal conçue que ça. Pourquoi? Parce que, si les docteurs voyaient ça trop loin, ils n'auraient pas pris les patients. C'est pour ça que l'entente a été... Puis pourquoi l'entente a été signée pour un an? Quand tu t'occupes d'un patient pendant un an, ça veut dire que tu l'as bien pris en charge. Après ça, ce que le médecin fait, bien, il y en a qui prennent…

La Modératrice : On va passer en anglais. On va passer en anglais.

M. Bolduc (Jean-Talon) : En passant, les coûts, ça coûte… En passant, ça ne coûte pas plus cher parce qu'à la…

M. Robillard (Alexandre) : …215 000 $.

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien non... Mais je te l'explique, là. Ça ne coûte pas plus cher parce que c'est pris à partir de la rémunération globale. Ça fait que, quand vous connaissez le principe de rémunération, c'est les docteurs qui ont accepté d'être payés différemment pour qu'on favorise à ce qu'ils prennent des patients. Puis, je vous le rappellerai, cette entente…

M. Robillard (Alexandre) : …votre rémunération comme médecin, c'était combien incluant la…

M. Bolduc (Jean-Talon) : …cette entente-là, là, c'est 750 000 patients qu'ils ont eus. Ça fait qu'imaginez 750 000 patients qui ont été pris en charge par des médecins de famille parce qu'on a signé cette entente-là, puis vous me dites que c'est une mauvaise entente. Peut-être qu'elle a besoin d'être ajustée, mais on en a quand même inscrit trois quarts de million depuis ce temps-là.

La Modératrice : On va passer en anglais. En anglais, s'il vous plaît. En anglais, s'il vous plaît.

Mme Prince (Véronique) : ...vous vous attendez à devoir rembourser?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, écoutez, si, au cours des… puis c'est normal qu'on rembourse pour commencer, tout simplement, parce que tout médecin qui quitte la pratique, à un moment donné, il y a un réajustement qui est fait par la Régie de l'assurance maladie du Québec.

Mme Prince (Véronique) : Mais, dans votre cas, ça pourrait être combien?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, ça pourrait représenter, là, je ne sais pas, je pourrais vous dire, là, peut-être entre 40 000 $ ou 60 000 $, sur mon montant total, tout simplement parce que j'en ai inscrit beaucoup moins au cours de la dernière année que j'en avais inscrit au début. Et je tiens à vous le rappeler, là, celui qui a pris en charge les patients, c'est moi, je m'en suis occupé, puis j'étais très content de faire de la médecine, puis je suis très fier d'être médecin. Puis, quand je suis venu en politique, c'est pour aider les gens comme… pour aider le citoyen, mais ça prend des connaissances aussi pour faire certaines choses en politique dont, entre autres, moi, ma connaissance, c'est le domaine de la santé. L'éducation, je connais bien ça, j'étais professeur. Donc, moi, ma notion, ma première notion, c'est que, quand j'ai arrêté d'être ministre, j'étais content de retourner voir des patients puis j'étais fier de retourner voir des patients, puis les patients appréciaient ça.

La Modératrice : En anglais, s'il vous plaît. En anglais…

M. Robillard (Alexandre) : Puis pourquoi la RAMQ devrait vous réserver un traitement exceptionnel?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, le traitement exceptionnel, là, ce n'est pas un privilège, là. Je demande juste à ce qu'on étudie maintenant ce qu'ils vont étudier dans six mois.

M. Robillard (Alexandre) : Mais qu'est-ce qui fait que vous êtes différents des autres 20 omnipraticiens?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Tout simplement parce que, compte tenu que je suis dans les médias, les gens veulent avoir des réponses, puis je veux leur donner des réponses le plus rapidement possible, et la RAMQ, elle peut le faire. Juste pour vous dire, ce réajustement-là se fait généralement dans les six à 12 mois qui suivent. Bien, je trouve que j'aimerais ça, moi, qu'on le dise maintenant puis qu'on dise à la population : Oui, il y a eu un ajustement. Par contre, la majorité des patients qu'il a inscrits, il les a suivis pendant au moins un an…

M. Robillard (Alexandre) : …de 40 000 $ à 60 000 $?

M. Bolduc (Jean-Talon) : …et la majorité des patients qu'il a inscrits, là, il s'en est occupé, puis les patients ne venaient pas une fois dans mon bureau.

M. Robillard (Alexandre) : Le 40 000 $ à 60 000 $, vous le tirez d'où, ce chiffre-là?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, c'est à peu près le nombre de patients que j'ai dû voir… bien, peut-être un 300 à 400 patients que j'ai inscrits…

M. Lecavalier (Charles) : Avez-vous pensé à démissionner, comme…

M. Bolduc (Jean-Talon) : Non. La question de la démission, là… Quelqu'un qui fait bien son travail, aller aux deux niveaux, puis que tu décides de… toi, ta décision à toi, c'est de travailler 80 heures par semaine, puis, pendant qu'il y en a qui vont faire du ski le samedi, puis le dimanche, puis leurs jours fériés, moi, là — puis les gens sont témoins — je travaillais sept jours par semaine. Quand je n'étais pas à l'Assemblée, c'est vrai que je faisais du bureau, puis le mercredi soir, là, pendant qu'il y en a qui allaient souper, moi, à 6 h 30 à 9 h 30, j'allais voir des patients, puis j'avais le courage de le faire, puis j'aimais ça.

Donc, à un moment donné, il faut arrêter de charrier, là. Je m'en suis occupé des patients. Les patients vont témoigner, puis il y en a peut-être quelques-uns qui ont des insatisfactions, pas parce que je m'en suis occupé, parce que j'ai dû quitter la pratique. Ça, je m'excuse au niveau des patients. Moi, je suis triste, moi aussi, d'avoir quitté la pratique, mais ma job de ministre ne me permet pas… je n'ai pas le droit de faire de pratique. Point à la ligne. Merci beaucoup.

M. Lecavalier (Charles) : …votre grand coeur, M. le ministre?

M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui. La réponse est oui.

Journaliste : Could I get you in English?

Une voix : Thanks, guys.

(Fin à 11 h 26)

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