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Point de presse de M. André Villeneuve, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation

Version finale

Le vendredi 31 octobre 2014, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente-trois minutes)

M. Villeneuve : Alors, bonjour à tous. Bonjour aux médias, bonjour aux gens qui nous écoutent.

Des fonds d'investissement privés s'intéressent de plus en plus aux terres agricoles du Québec, que l'on pense, notamment, à la firme Pangea, menée par Charles Sirois, homme d'affaires bien connu et cofondateur de la CAQ avec François Legault, qui convoite les terres agricoles dans plusieurs régions du Québec.

Des jeunes agriculteurs, notre relève agricole, s'inquiètent de l'accaparement de ces terres agricoles. Ce sont les terres dont ils ont besoin pour assurer l'avenir de l'agriculture québécoise. De plus, cette spéculation crée une pression à la hausse sur la valeur desdites terres, rendant l'accès à celles-ci encore plus difficile pour la relève agricole.

Comme vous savez déjà, des cas bien précis ont été relevés par certains médias, entre autres un producteur du Lac-Saint-Jean, qui voulait assurer à sa fille l'espace nécessaire pour prendre la relève, a eu une mauvaise surprise en voyant son offre d'achat rejetée, et ce, à la faveur de celle de Pangea. C'est là un exemple parfait où une firme d'investissement s'empare de terres qui auraient pu appartenir à une jeune agricultrice de la relève.

Un autre cas tout aussi parlant au Bas-Saint-Laurent, où Pangea aurait acquis 465 acres de terres agricoles à 2 000 $ l'acre, soit le double du prix du marché, semant l'inquiétude, pour ne pas dire la consternation, parmi les jeunes agriculteurs de la région. De telles manoeuvres financières font exploser la valeur des terres agricoles.

Une des questions qui se posent maintenant, c'est la suivante : Comment les jeunes agriculteurs peuvent-ils penser assurer leur avenir alors qu'acquérir des terres ne peut se faire qu'à un prix dépassant largement leurs moyens? Payer jusqu'au double du prix pour acheter une terre, c'est autant d'argent qui ne sera pas disponible pour investir dans des équipements permettant de moderniser la ferme ou tout simplement pour assurer le montage financier permettant l'acquisition de ladite ferme, sans compter que ces argents non disponibles sont souvent nécessaires… seraient souvent nécessaires pour assurer le fonctionnement même des affaires courantes d'une entreprise agricole.

Maintenant, la relève se mobilise. Nous avons appris, ce matin, qu'une pétition a été lancée par la Fédération de la relève agricole du Québec, une pétition, évidemment, demandant d'agir dans le dossier. En fait, c'est tout le monde agricole qui se mobilise : la relève, bien sûr, mais aussi, évidemment, l'ensemble des agriculteurs du Québec. En fait, on assiste à un enjeu, bien sûr, du monde agricole, mais je crois, et je suis assuré que c'est aussi un enjeu de société auquel nous sommes confrontés aujourd'hui.

Les jeunes agriculteurs veulent des solutions pour assurer l'avenir de l'agriculture québécoise et ils sont prêts à y travailler. Le ministre Pierre Paradis, lui, il reste les bras croisés, attendant une catastrophe avant d'agir. Il a déclaré, et je cite, qu'«une intervention de l'État serait justifiée en cas de situation catastrophique». Le gouvernement doit agir dès maintenant pour éviter que la situation ne s'aggrave.

La propriété des terres par ceux qui la cultivent, c'est une des grandes forces du Québec en agriculture. Il faut se rappeler qu'au Québec les producteurs sont propriétaires à plus de 80 % des terres qu'ils exploitent. Ça m'amène à rappeler à ceux qui nous écoutent que l'ONU, le rapporteur de l'ONU a précisé dernièrement que les États devaient absolument intervenir pour, justement, freiner, freiner cette tendance, donc, d'accaparement des terres. L'avenir de notre agriculture ne doit pas être dicté par la spéculation financière, mais bien par l'atteinte d'objectifs que nous nous aurons fixés comme société. À ce titre, la Politique de souveraineté alimentaire est un exemple parfait. On le sait, la politique, lorsqu'elle a été déposée par mon collègue François Gendron, a été accueillie très favorablement par les acteurs du milieu agricole et l'ensemble, je vous dirais, de la société.

Ce taux — et je reviens au taux de propriétaires de leurs terres — donc, ce taux s'élève à environ à 60 % pour le reste du Canada et les États-Unis et descend, par exemple, à seulement 20 % pour la France. Est-ce que c'est un autre domaine où Philippe Couilard veut nous ramener à la moyenne canadienne?

En plus de l'inaction des libéraux, on a pire encore : la CAQ de François Legault, qui encourage la dépossession des terres des agriculteurs par les fonds d'investissement. M. Legault, en mars dernier, se réjouissait des manoeuvres financières de son ami Charles Sirois sur les terres agricoles. Il déclarait : «Honnêtement, entre aller emprunter de l'argent à la banque et rembourser son hypothèque chaque mois, ou payer un loyer à un financier, ce qui importe, c'est que le loyer soit à un prix raisonnable.» Pour François Legault, ça n'a aucune importance qu'un producteur possède la terre qu'il cultive. Demain, Charles Sirois est l'invité de son ami M. Legault au congrès de la CAQ, où il donnera une conférence. Au lieu de l'inviter à son congrès, François Legault devrait dénoncer la participation de Charles Sirois à la dépossession des terres des producteurs.

Considérant l'importance de cet enjeu pour assurer une agriculture de propriétaires au Québec, j'ai demandé à la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles de se réunir pour se donner un mandat d'initiative afin d'étudier la question en profondeur. La balle est maintenant dans le camp du Parti libéral et de la CAQ. Accepteront-ils de se pencher sur la question et de travailler avec les agriculteurs afin de trouver des solutions durables à un problème qui ne cesse de prendre de l'ampleur et qui est une menace plus sérieuse qui pèse présentement sur nos jeunes, et la relève agricole, et sur toute l'agriculture en général? Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 39)

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