(Quinze heures trente-deux minutes)
M. Couillard : Bonjour, mesdames,
messieurs. Je suis heureux d'être avec vous en compagnie de mes collègues : Stéphane
Billette, Nicole Ménard, Jean-Marc Fournier. On vient de terminer un très bon
caucus, très studieux, des députés de notre équipe de toutes les régions qui
ont travaillé de façon très assidue à dégager les pistes de priorité qui
étaient déjà en place, mais qui se poursuivent à la prochaine session.
Si j'avais une expression pour définir
d'avance cette session budgétaire qui commence dans quelques jours, je dirais
avec fierté que ce sera la session du retour à l'équilibre budgétaire après six
déficits consécutifs, le retour à l'équilibre budgétaire qui ouvre la porte
vers les conséquences favorables, les récompenses de cet effort collectif qui
nous amène à l'équilibre budgétaire, la reprise de contrôle de nos finances
publiques et, pour employer mon discours médical antérieur, l'hémorragie enfin
contrôlée.
Ça veut dire quoi? Ça veut dire que c'est
une bonne nouvelle pour la prochaine génération, les prochaines générations, parce
qu'on n'empilera pas un autre déficit sur la dette et ça ouvre également la
porte vers l'autre bénéfice de l'équilibre qui est la diminution du fardeau
fiscal des Québécois. Et, au-dessus de tout, ça nous met encore une fois dans
une trajectoire de relance économique et d'emploi qui est notre préoccupation
quotidienne à tous et à toutes dans l'équipe du gouvernement libéral. Déjà,
même si les résultats sont insuffisants, soyons clairs, on voit que la tendance
sur l'emploi s'est inversée à partir du début de l'année qui vient de
s'écouler.
Il y aura, bien sûr, les mêmes axes
d'intervention. D'abord, les PME, il y aura de nouvelles actions qui vont être
annoncées sur nos PME, notamment les PME manufacturières, mais pas uniquement
les manufacturières. On a parlé stratégie maritime, les travaux avancent très
bien. C'est un travail formidable de conciliation, de convergence, dans un
domaine que vous allez voir être extrêmement stratégique pour le Québec. D'ailleurs,
on apprenait il y a très peu de temps que la compagnie CSX va investir 115 millions
au port de Valleyfield. Les gens se demandent c'est quoi, le port de
Valleyfield, la stratégie maritime. Le port de Valleyfield, c'est l'endroit où
les voies ferrées chargent les bateaux qui montent vers le nord. Alors, Plan
Nord, stratégie maritime, souvent en lien. On parlera bien sûr, encore une
fois, du Plan Nord, du tourisme. Le plan de développement de l'industrie, que
Nicole avait fort bien mené à terme dans son mandat de ministre du Tourisme, va
être précisé, poursuivi, amélioré au cours des semaines qui viennent.
Au cours, je dirais même des prochains
jours, des prochaines semaines, on va parler, en région, d'aluminium, de forêt
de façon très concrète. Il s'agit pour nous de tirer avantage des vents
économiques qui, pour une fois, depuis quelque temps, soufflent favorablement
pour le Québec. Que ce soit la baisse des prix du pétrole, la baisse du dollar
canadien qui favorise nos exportateurs, on a un contexte qui devrait favoriser
la reprise, la relance au Québec et la création d'emplois. On veut que, cette
relance économique, elle soit perceptible partout, bien sûr dans nos grandes
villes, mais également dans chacune de nos régions, dans chacune de nos régions
où il y a des municipalités en grand nombre, et notre collègue le ministre des
Affaires municipales et les collègues du caucus sont, bien sûr, sur le travail
de reformulation de la relation entre les municipalités du Québec et le gouvernement.
C'est en cours et ça progresse déjà. Ça a commencé déjà, ces conversations, de
même que les statuts particuliers à accorder à notre métropole et à notre
capitale nationale.
Il y aura un très grand dossier au cours
du début de l'année 2015, un dossier très structurel pour la croissance économique
du Québec, qui fait partie de nos défis, souvent mentionné depuis des années,
mais sur lequel on n'a jamais réussi à avoir une action intégrée et cohérente.
Il s'agit du défi de l'adéquation de la formation et l'emploi. Vous savez qu'il
y aura un grand nombre d'emplois disponibles au cours des prochaines années. On
a une population active qui ne croît pas, malheureusement, qui est au même
niveau depuis quelque temps. Il est donc critique de s'assurer que les gens,
les jeunes particulièrement et également les travailleurs plus âgés, aient la
formation nécessaire pour occuper ces emplois. Il s'agit d'un travail
considérable qui sera annoncé dans la première moitié de l'année 2015 et qui
comporte des actions excessivement structurantes, notamment autour de la
fameuse loi du 1 % qui, de l'avis de plusieurs, a besoin d'être renouvelée
et modernisée.
Je termine en faisant état d'un sombre
anniversaire aujourd'hui. On l'a souligné par communiqué, aujourd'hui est le
70e anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz. Je le
dis parce que ce souvenir tragique ne doit jamais s'effacer de nos mémoires. Je
le dis également parce que Montréal, notre métropole, il faut le rappeler, a
été le troisième lieu de rassemblement des survivants de l'Holocauste après la
Deuxième Guerre mondiale, après Israël elle-même et la ville de New York.
Alors, il y a, chez nous, parmi nous, des Québécois et des Québécoises pour
lesquels cette tragédie épouvantable, ce n'est pas une théorie, ce n'est pas un
livre d'histoire, c'est du vécu profond et absolument tragique. Je leur
transmets, au nom du gouvernement et de tous les Québécois, notre solidarité.
Merci.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions destinées aux médias. On va prendre
des questions du micro de droite pour commencer, une question et une
sous-question peut-être. Veuillez vous identifier ainsi que le média que vous
représentez.
Mme Dufresne (Julie)
:
Julie Dufresne, Radio-Canada. Bonjour, messieurs dames.
J'aimerais savoir, M. Couillard, si vous
avez soumis des propositions concrètes à votre caucus quant aux compressions à
venir? Il y a encore 1 milliard de dollars à trouver. Est-ce qu'il y a eu
des propositions?
M. Couillard : Vous
comprendrez, bien sûr, que, si j'ai pris le soin de vous indiquer que ce sera
la session du retour à l'équilibre budgétaire, c'est que ce chemin est déjà
largement dégagé. Les solutions sont connues, elles sont connues de l'ensemble
de l'équipe, soutenues d'ailleurs par le caucus, mais également l'ensemble de
la population, la majorité de la population, je dirais, qui est consciente du
fait qu'on ne peut pas repousser plus longtemps le retour à l'équilibre
budgétaire. Et c'est une grande fierté pour l'ensemble de l'équipe. C'est un
effort important, mais un effort de tous et de toutes, et, encore une fois, la
récompense est à nos portes.
Mme Dufresne (Julie)
:
Mais est-ce qu'il y a eu des propositions?
M. Couillard : C'est en
place. Les choses sont en place.
Mme Dufresne (Julie)
:
Donc, il n'y a rien de nouveau qui sera annoncé, il n'y aura pas de tarif
augmenté, il n'y aura pas de coupes…
M. Couillard : J'avais déjà
dit que le chemin qui restait à parcourir ne serait pas fait aux dépens des
poches des contribuables. Je l'avais déjà dit. Ça ne change pas.
Mme Dufresne (Julie)
:
…deuxième question, si vous permettez. Les syndicats ont promis un printemps
chaud, des manifestations pour dénoncer ce que vous avez déjà annoncé. Comment,
vous, vous vous préparez pour le printemps?
M. Couillard : Je répète que,
moi, je lance un appel aux syndicats pour qu'on ait une conversation profonde
sur ces négociations. Si on y réussit, on fera peut-être un peu mieux, mais on
ne fera pas beaucoup mieux. Les demandes qui nous sont formulées par le
mouvement syndical sont totalement irréalistes, à des distances presque
sidérales, là, de la capacité de payer des Québécois, et non seulement ça nous
ramènerait en déficit, mais ça ferait exploser le déficit, littéralement, pour
les prochaines années. Il n'en est pas question. On va atteindre et maintenir l'équilibre
budgétaire et on n'augmentera pas le fardeau fiscal des Québécois, on veut même
le diminuer. La conversation, elle doit se tenir sur le rapport entre le nombre
de personnes, la taille de la fonction publique qu'on paie, le montant qui leur
est donné. On est ouverts à avoir des conversations sur cette question.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
Mme Prince (Véronique)
:
M. Couillard, est-ce que vous avez l'impression que les Québécois, jusqu'à
maintenant, ont compris où vous vouliez en arriver? Parce qu'avant Noël vous
avez dit, bon : S'il y avait peut-être quelque chose que j'aurais pu faire
mieux, c'est peut-être dans la livraison du message. Est-ce que c'est ce que
vous allez tenter de faire cette session-ci?
M. Couillard : Bien, il est
clair que, Mme Prince, on était réellement concentrés sur ce que j'appellerais
la mécanique, là, du retour à l'équilibre, confrontés avec un défi de 7
milliards. Ça a demandé beaucoup d'énergie, et, à la fin de l'année, vous avez
remarqué que j'ai fait plusieurs interventions médiatiques, que je vais
poursuivre, et également de présences un peu partout au Québec où je rappelle
la raison pour laquelle on fait tout ça, pour laquelle on revient à l'équilibre
budgétaire. C'est, bien sûr, dicté par l'état de notre dette, le devoir qu'on a
envers la prochaine génération et la capacité qu'on se donne non seulement de
faire nos choix, mais de réduire le fardeau fiscal des Québécois et des
Québécoises. Je suis très ferme là-dessus. Je le dis parce que la rançon
positive de l'atteinte de l'équilibre, c'est qu'il y aura éventuellement des
surplus. Les surplus ne sont pas disponibles pour des projets de dépenses, ils
sont disponibles pour remettre l'argent dans la poche des Québécois qui paient
pour les services publics.
Mme Prince (Véronique)
:
Alors, est-ce que vous annoncez possiblement des hausses... des retours
d'impôt, dans le fond? C'est ça que vous annoncez, possiblement?
M. Couillard : Ce qu'on s'est
engagés à faire, c'est de revenir à l'équilibre — on y
arrive — et que le produit du retour à l'équilibre soit utilisé pour
deux fins : le contrôle de la dette et la diminution du fardeau fiscal, en
priorisant la taxe santé. C'est ce que nous ferons.
Mme Prince (Véronique)
:
Une deuxième question, parce que j'ai besoin d'une précision, je vous avoue que
ce n'est pas clair. Je voudrais connaître exactement votre échéancier quant au projet
de loi sur la neutralité, le plan d'action, la politique d'immigration.
M. Couillard : Oui. Alors,
tout ça fait partie d'un grand plan d'ensemble. Vous me permettez de le
rappeler, là. Je trouve qu'on fait une erreur en accordant beaucoup d'attention
à un aspect parmi d'autres et qu'ils sont tous complémentaires. Je répète la
même chose que je vous ai dite hier : Il n'est pas exclu du tout que le
projet sur la neutralité de l'État soit déposé au cours de la session qui
vient. Le travail de Mme Weil et de ses collègues avec les communautés pour
l'intervention de détection et de prévention est en cours. J'ai bon espoir également
qu'on puisse le présenter dans le même horizon. Mais n'oublions jamais notre
grande priorité à travers ces événements tragiques qu'on a vus dans le monde
entier, c'est la sécurité des Québécois. C'est ça, la vraie priorité. Les
autres éléments sont là pour des actions de prévention, de mobilisation,
d'intégration, notamment des immigrants, surtout qu'on a besoin d'immigrants au
Québec, mais le souci primordial et notre devoir primordial comme gouvernement,
c'est d'assurer la sécurité des Québécois.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
Journaliste
: Bonjour,
messieurs, madame, M. Couillard. M. le premier ministre, vous vous rappelez
certainement d'une des premières conférences de presse que vous avez faites
quand vous avez été élu, vous aviez fait un parallèle avec les programmes avec
le reste du Canada et les programmes luxueux au Québec. J'aimerais savoir si
vous estimez que le programme d'assurance médicaments est un programme luxueux.
M. Couillard : C'est un
programme nécessaire, programme coûteux, mais nécessaire. Ça fait partie des
soins de santé. Moi, je l'ai toujours dit, du temps où j'étais ministre de la
Santé et maintenant, c'est la continuation, c'est le prolongement des soins de
santé. On va donc protéger et garder ce programme-là, mais, comme dans tous les
programmes, en s'assurant qu'on le garde le plus efficient possible,
c'est-à-dire d'avoir les meilleurs résultats possible au plus bas coût
possible. Ça demeurera toujours un programme coûteux, mais la conséquence de ne
pas l'avoir est beaucoup plus coûteuse, on en est tous conscients.
Journaliste
: Est-ce
que, dans l'objectif d'aller chercher le dernier milliard, là, pour vous rendre
à l'équilibre budgétaire, il est possible que vous deviez procéder à une
réforme du programme d'assurance médicaments?
M. Couillard : Pas autre
chose que la revue continuelle qui se fait, de toute façon, chaque année de ce
programme sur l'inscription des médicaments, sur les négociations. Vous savez qu'on
a adhéré à un mécanisme d'achats collectifs avec le reste du pays. Je pense
qu'également, ça, c'est au bénéfice des Québécois. Alors, c'est un travail
normal de révision annuelle qui se fond un peu dans la révision de programmes.
Mais je veux rassurer tout le monde, je crois profondément à l'utilité de ce
programme-là, et il va être préservé.
Journaliste
: Alors, est-ce
que, le dernier milliard, vous irez le chercher dans une réforme des différents
programmes du gouvernement, si vous n'allez pas le chercher dans les
augmentations de tarifs?
M. Couillard : Alors, je
répète que, le dernier milliard, il est quasi totalement identifié, sinon je ne
serais pas devant vous à vous dire qu'on est à la porte de l'équilibre
budgétaire. Ça se fait très bien, ça se fait parce qu'on se rend compte qu'au
Québec on est capables de faire aussi bien, même mieux, de plusieurs façons, et
on va continuer à le démontrer, et c'est pour moi… Encore une fois, je veux
dire combien je suis fier de l'équipe qui m'entoure, qu'on atteigne cet
objectif, franchement, entre nous, dont beaucoup doutaient à notre arrivée au
gouvernement et devant l'ampleur du défi qu'on a trouvé. Mais on va y arriver
et, je le répète, avec la destination de la dette sous contrôle pour la
prochaine génération et de la diminution du fardeau fiscal des Québécois.
Le Modérateur
: Micro
de gauche.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour. Michel Pépin, Radio-Canada. Madame, messieurs. M. le premier ministre,
vous dites : Ça va bien, hein? Vous parlez… vous venez de le dire à
l'instant, votre programme pour la recherche de l'équilibre budgétaire, mais,
en même temps, bon, il y a des réformes en santé. On entend beaucoup de
médecins, hein, un mécontentement. En éducation aussi, on entend du
mécontentement. Les employés municipaux, ça n'a pas été... ce n'est pas évident
de ce côté-là, et là les négociations commencent. On pourrait parler des négos
dans le secteur public que vous avez évoquées entre autres choses, parce que
vous êtes un gouvernement passablement actif, il faut le reconnaître.
M. Couillard : Vous l'avez
remarqué?
M. Pépin (Michel)
: Et
cela dit, est-ce que, compte tenu de tout ça, est-ce qu'il y a des raisons… Est-ce
que vous craignez ou est-ce que vous voyez des raisons de craindre une
détérioration du climat social dans ce contexte-là?
M. Couillard : J'espère que
non, mais je crains surtout une détérioration presque irréversible du Québec si
on laisse aller les finances publiques comme elles étaient, si on ne met pas
notre dette sous contrôle, et je parle des prochaines générations, pas
uniquement de la génération qui actuellement occupe le gouvernement. Il y aura
un transfert de génération au cours des prochaines années. C'est hors de question,
je l'ai dit, qu'on leur laisse le Québec dans l'état financier et économique
dans lequel il est. On va l'améliorer de façon significative et l'améliorer de
façon durable.
Maintenant, je vais répéter que, le droit
de manifester, il fait partie de nos libertés fondamentales, et je le respecte
au plus haut point, mais j'entends également ceux et celles qui ne manifestent
pas, ceux qui, tous les jours, travaillent et paient de l'impôt pour ces
services publics, nous demandent d'en avoir plus pour leur argent et qu'il leur
en reste plus dans les poches, et, ça aussi, je l'entends.
M. Pépin (Michel)
:
Vous avez mentionné le fait que l'intégrisme est un choix religieux, est un
choix personnel. Est-ce que ça signifie que l'État québécois n'entend pas
intervenir sur la question de l'intégrisme?
M. Couillard : Bien, bien sûr
que non, M. Pépin. Ce que ça veut dire, c'est qu'il faut faire une distinction,
et je remarque la confusion totale, particulièrement au Parti québécois, sur
ces concepts-là. Je l'ai dit en langue anglaise hier, vous me permettrez de le
répéter en français, ce parti politique vient de démontrer, particulièrement au
cours des prochains jours et des derniers mois de son passage au gouvernement,
sa totale incompétence en la matière, le danger social même que ça représente
pour le Québec. On a vu des tensions sociales que leur tentative malheureuse a
provoquées.
Maintenant, l'intégrisme, qui est la
pratique rigoureuse d'une religion, il y a une limite à ça. Tant que ça ne met
pas en cause nos droits et nos libertés et les valeurs fondamentales comme
l'égalité des hommes et des femmes, c'est là qu'est la limite. Et il n'y a pas
que les musulmans. On parle toujours des musulmans, là, c'est à la mode de
parler tous les jours de nos compatriotes musulmans, il y a des intégristes
dans les autres religions également, dont la religion majoritaire. Alors, il
faut faire la distinction entre les concepts et rappeler avant tout que, si on
veut nous protéger le plus possible de ces tragédies qu'on a vues en Europe et
chez nous avec deux attaques, c'est la sécurité avant tout qui est la priorité.
M. Pépin (Michel)
:
Mais en matière d'intégrisme, je me permets d'insister...
M. Couillard : Oui, il y aura
des...
M. Pépin (Michel)
:
...simplement l'égalité hommes-femmes, c'est, pour l'essentiel...
M. Couillard : Non, il y aura
également les droits. On aura des gestes, je l'ai dit hier, dans tout ce qui
touche le Code civil en ce qui a trait à la jeunesse, d'autres éléments, parce
que le Code criminel déjà répond beaucoup à ces questions-là, mais on peut y
ajouter du côté du Code civil et on le fera.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
Journaliste
: Bonjour,
M. Couillard. Au cours des derniers jours, il y a beaucoup de gens qui ont posé
des questions, se sont questionnés sur la raison de votre séjour en Arabie
saoudite entre 1992 et 1996, compte tenu que c'est un pays où les droits
humains ne sont pas respectés, où on pratique la torture, la charia, etc. Vous
connaissez le pays mieux que moi.
Pourquoi au juste à l'époque est-ce que
vous aviez décidé, sachant la situation de ce pays-là, l'état de la démocratie
dans ce pays-là, pourquoi est-ce que vous aviez décidé à l'époque de vous
rendre travailler dans ce pays-là?
M. Couillard : Je vais vous
le dire très clairement. D'ailleurs, d'abord, vous pourriez poser la même
question aux milliers de Québécois et de Canadiens qui le font depuis des
années. Je vais vous dire ce que ça m'a appris, et c'est important dans le
débat en cours. Ça m'a appris, moi, ce que ça veut dire être l'étranger. Ça m'a
appris ce que ça veut dire avoir la couleur de la peau différente de la
majorité. Ça m'a appris ce que ça veut dire se faire dire que ta religion ne
peut être montrée ou pratiquée. Ça m'a appris la valeur de nos libertés. Mais
j'ai également rencontré des gens qui sont aussi éclairés que nous dans cette
salle, qui souhaitent que leur pays évolue.
Et ce que j'ai dit hier, c'est que ce sont
les contacts avec ce pays et d'autres, parce qu'il n'y a pas que ce pays, qui
vont permettre enfin à leurs façons de faire de se moderniser, certainement pas
le fait de les garder dans l'isolement. Et je souhaite que nos Québécois et nos
Québécoises aient accès à une expérience internationale. Il n'y a rien de plus
formateur dans la vie, surtout quand on a l'occasion de séjourner dans des
cultures aussi différentes. Mais je trouve totalement déplacé, et je voudrais
juste le répéter, là, et inacceptable les déclarations de certains membres du
Parti québécois, ce qui montre leur immaturité, leur ignorance et leur
incompétence sur la question de la vie et de la coexistence des communautés.
Journaliste
: Mais,
quand vous avez constaté, sur le terrain, l'état, justement… en fait, la
situation des femmes, par exemple, là-bas, la situation des droits de l'homme,
vous l'avez vue, vous avez travaillé là-bas, vous avez… Quelle réaction ça a
suscité en vous? Est-ce que le fait d'avoir travaillé là-bas, ce n'était pas un
peu, jusqu'à un certain point, endosser ce qui se passait là-bas?
M. Couillard : Non. Ça, c'est
de la foutaise, je me permettrai de vous le dire. Je ne vous le dis pas
personnellement, là. Le président…
Journaliste
: Non, mais
c'est parce qu'il y a un paquet de gens qui pensent ça, M. Couillard.
M. Couillard : Oui, mais le président
Obama vient de vérifier… de visiter Riyad. Est-ce que vous pensez que ça
signifie qu'il endosse les pratiques de ce pays? Ayons une vision un peu large.
Vous savez, dans le monde d'aujourd'hui, là, il y a très peu de place pour les
nuances, malheureusement. Tout n'est pas noir et blanc dans la vie, il y a des nuances.
Maintenant, où il n'y a pas de nuance, c'est
le fait que les pratiques notamment la question des femmes, la question des
châtiments, là, dont on a l'exemple avec M. Badawi, pour nous, est totalement
inacceptable. Mais, je répète, là-bas, il y a des gens qui pensent comme vous.
Je le sais que vous pensez comme moi que c'est inacceptable. Il y a des gens
qui pensent exactement la même chose là-bas, des citoyens de ce pays et qui ont
besoin d'être soutenus et non pas isolés par rapport au reste du monde.
Journaliste
: Alors, je
reviens à ma question juste en terminant. Je reviens à ma question. Vous avez
réagi comment sur le terrain là-bas? Quand vous étiez là-bas à l'époque et que
vous avez constaté ça, quel est le sentiment que ça a suscité en vous?
M. Couillard : J'ai réalisé,
puis je souhaite que ce soit le cas chez nous, à quel point j'ai de la chance,
à quel point j'ai de la chance d'être né dans ce côté-là de la planète, dans un
pays ou l'État de droit existe, où la démocratie existe, où les libertés sont
garanties. Puis encore une fois je répète, j'ai constaté ce que ça veut dire
être l'étranger, et ça, ça colore une vie. Ça fait de soi une meilleure
personne, si on est capable de faire la distinction entre les aspects du pays
qu'on visite.
Le Modérateur
: Micro
de gauche.
Journaliste
: M. le
premier ministre, madame, messieurs. J'aimerais revenir sur le projet de loi
sur la laïcité, M. Couillard…
M. Couillard : Neutralité de
l'État.
Journaliste
:
…neutralité, si vous voulez, bon, oui, M. Fournier nous disait hier que le projet
de loi serait largement inspiré du projet de loi n° 94 qui a été déposé il
y a cinq ans. Alors, si le projet de loi est partiellement écrit, peut-être
plus que partiellement, comment se fait-il que vous ayez besoin de tant de
temps pour le déposer?
M. Couillard : Parce qu'on
veut qu'il soit encore mieux écrit et on veut y ajouter des aspects, par
exemple, les dispositions reliées aux manifestations non acceptables de
l'intégrisme qui n'étaient pas dans le projet de loi n° 94. Il faut faire
de la recherche juridique, il faut faire de la consultation sur ces
questions-là, et le projet de loi sera un projet de loi de qualité, et il sera
présenté à l'Assemblée nationale.
Je veux juste rappeler là-dessus que le
Parti québécois, qui nous donne des leçons — il donne des leçons à la
société entière, en passant, là, ces temps-ci, sur la question des
communautés — s'ils n'avaient pas bloqué le projet de loi n° 94
à l'époque, on aurait, dans le cadre législatif québécois, les limites pour les
accommodements raisonnables, et la question du visage découvert, ce serait là.
On pourrait débattre la nécessité d'aller plus loin…
Journaliste
: Vous
étiez majoritaires, M. Couillard.
M. Couillard : Oui, mais,
vous savez, un débat démocratique, on espère qu'il va se conclure de façon
correcte, et ce que je retiens, moi, de cet épisode, c'est qu'il y a eu
clairement une obstruction qui a empêché l'adoption de ce projet de loi qui
ferait en sorte… vous savez, même majoritaire, si un parti d'opposition décide
de passer beaucoup de temps sur chaque article, le projet de loi n'est jamais
adopté. Et la conséquence de ça, c'est qu'on s'est privé d'un outil juridique
qui existerait aujourd'hui et qui, ma foi, aurait été fort utile.
Journaliste
: Le chef
de la Coalition avenir Québec vient de vous reprocher de faire le mauvais choix
dans les négociations avec les employés de l'État. Il dit : C'est un mauvais
choix de geler les salaires. On a besoin d'expertise au gouvernement et, plutôt
que d'aller chercher l'expertise, on éloigne les gens en gelant les salaires.
Est-ce qu'il n'y a pas une erreur, est-ce
qu'il n'y a pas un réajustement de tir à faire M. Couillard pour… vous dites
vous-même : L'État a besoin d'expertise. Votre ministre des Affaires
municipales nous disait hier : Il a fallu engager un contractuel pour
aller chercher l'expertise dont son ministère a besoin pour faire adopter une
loi. N'avez-vous pas besoin d'attirer du personnel compétent avec des salaires
qui seraient majorés et non pas gelés?
M. Couillard : Oui, écoutez,
c'est la nature de la conversation qu'on est prêts à avoir en autant qu'on
arrive au résultat budgétaire demandé. Ce que je remarque de la part de M.
Legault, puis ça lui a été souligné à l'Assemblée, c'est qu'en
théorie — il aime parler de théorie M. Legault — en
théorie, il est pour l'équilibre budgétaire, mais il est contre toutes les
mesures qui permettent d'y arriver et il présente des mesures qui retardent
l'équilibre budgétaire. Alors, lui, il parle de congédier… si ma mémoire est
exacte, il a parlé de congédier 22 000 personnes de la fonction publique.
Alors, je suis assez perplexe devant ses propos.
Journaliste
: C'est
irréaliste?
M. Couillard : Bien, écoutez,
22 000, là, je lui ai dit : Nommez-les-moi, dites-moi qui ils sont, on
va les informer.
Journaliste
: Mais il y
a des gens qui sont à temps partiel, qui sont précaires, beaucoup au
gouvernement…
M. Couillard : Et on veut
faire le relevé de ça. D'ailleurs, le projet de loi qui a été adopté nous
permet de compter le nombre d'occasionnels, le nombre de contrats de
consultants qui sont présents dans la fonction publique et d'autres enjeux
semblables qui vont nous permettre de bien contrôler les effectifs. Alors, oui,
on veut garder, attirer et retenir l'expertise, mais il faut que ce soit dans
le contexte qui nous apparaît le meilleur pour arriver à l'équilibre budgétaire,
parce que, si on retarde ça, on va nuire à l'objectif même de soutenir nos
services publics.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
M. Bergeron (Patrice)
:
Bonjour, madame, messieurs. Patrice Bergeron, de La Presse canadienne.
Le quotidien Le Soleil nous annonçait aujourd'hui qu'il y aura un
train de mesures qui vont être mises en place dans le domaine de l'aide sociale
qui vont être annoncées par la Gazette officielle. D'abord, je vous
demanderais de les confirmer. Et puis il s'agit bel et bien d'économies de 14
millions, si je comprends bien, qui vont être allées chercher par...
M. Couillard : Bien, d'abord,
l'aide sociale, comme les autres programmes du gouvernement, est sujette à la
révision, et il y aura des décisions qui vont être annoncées. Je ne confirmerai
pas les montants, mais, pour moi, c'est au-delà d'une question de montants,
c'est une question d'équité. C'est une question d'équité entre les prestataires
de diverses catégories et une question d'équité entre les prestataires d'aide
sociale et les gens qui occupent des emplois à salaire minimum, les travailleurs
pauvres, comme on dit en français, «working poor», l'expression en anglais est
consacrée maintenant.
Alors, il faut qu'il y ait tout le temps
un incitatif pour aller au travail, même au salaire minimum, et il faut qu'il y
ait une équité entre les catégories de prestataires, surtout à une époque où le
nombre d'emplois à remplir est considérable au cours des prochaines années et à
l'époque où on va, comme je l'ai dit au début, aborder de façon très sérieuse
et très profonde la question de l'adéquation formation-emploi et notamment de
la formation à donner, particulièrement aux jeunes. Alors, c'est quelque chose
qui doit être fait, bon, pour des raisons budgétaires peut-être, mais, au-delà
de ça, pour la nécessité de nous adresser aux problèmes structurels de l'économie
du Québec.
M. Bergeron (Patrice)
:
Donc, il y a des mesures actuellement ou il y a des... oui, il y a des mesures
dans le programme d'aide sociale actuellement qui sont, selon vous,
inéquitables et qui sont trop généreuses à l'égard des assistés sociaux?
M. Couillard : Je ne
l'exprime pas comme ça. Elles peuvent nuire à l'idée d'équité entre les
prestataires et elles peuvent surtout rendre non attrayant... Ça devrait
toujours être attrayant de passer de l'état de prestataire de l'aide sociale à
un travailleur, même au salaire minimum, qui va être augmenté d'ailleurs, vous
le savez, le 1er mai.
Alors, c'est ce qu'on poursuit. Pourquoi?
Parce qu'on a besoin de plus de 600 000 emplois d'ici 2017, 700 000
même, je crois. Avec une population active qui est ce qu'elle est, hein, qui ne
croît plus, on ne peut pas se permettre d'avoir des gens, surtout les jeunes,
qui sont à l'écart du marché du travail. Il faut tout faire pour les réinsérer.
Ce n'est pas à eux uniquement que revient la responsabilité. C'est pour ça
qu'on veut mettre sur pied et accentuer nos efforts de formation.
M. Bergeron (Patrice)
:
...vos collègues ont évoqué, donc, une embellie économique, des chiffres
encourageants qui avaient été évoqués en caucus. Hier, M. Barrette a été assez
prodigue là-dessus. Est-ce qu'on peut en savoir plus? Quels sont ces chiffres
si encourageants que ça, là?
M. Couillard : Bien, d'abord,
ce qui est clair, c'est qu'évidemment tout n'est pas rose puis tout pourrait
être mieux. Mais, comme on dit souvent, quand on se compare, on se console.
C'est que, moi, j'arrive d'Europe. Je peux vous dire que la morosité là-bas est
très, très prononcée.
Ce qu'on observe, c'est une accélération
de la croissance économique. Ce qu'on observe, c'est une inversion de la
tendance de l'emploi, qui n'est pas encore au niveau où je souhaite qu'elle
soit, mais qui s'est nécessairement et nettement transformée depuis quelques
mois. Ce qu'on observe, c'est le contexte économique également de baisse des
prix du pétrole et de baisse du dollar canadien qui devraient, d'une part,
favoriser nos exportateurs et qui met beaucoup de liquidité disponible dans la
poche des gens, des citoyens.
Alors, c'est un ensemble de circonstances
qui, pour une fois, joue en notre faveur, parce que l'opposé que sont les prix
du pétrole élevés et un dollar canadien haut, bien, c'est plus difficile pour
nos exportateurs et nos consommateurs.
Le Modérateur
: Micro
de gauche, s'il vous plaît.
Journaliste
: …investissement
privé, par exemple?
M. Couillard : Alors, on voit
déjà qu'ils reprennent, les livraisons reprennent également, et on veut
justement favoriser l'investissement. Et le message qu'on donne, que je viens
de donner en Europe et que je vais donner partout, c'est que, le Québec, c'est
une belle terre d'investissement. C'est une société qui est bien sûr
imparfaite, comme toutes les sociétés, mais qui a beaucoup de qualités et
d'avantages : un immense territoire, une population bien formée. Venez
investir chez nous, venez participer avec nous au progrès du Québec, et je peux
vous dire que ce message est très, très bien reçu.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche.
Journaliste
: Bonjour,
messieurs dames. Bonjour, M. Couillard. Mme Weil, qui est responsable du plan
d'action, de définir le plan d'action sur la lutte à l'intégrisme, a mis en
garde les Québécois...
M. Couillard : La lutte à la
radicalisation, hein...
Journaliste
: La
radicalisation, on a changé de mot. Ah bon!
M. Couillard : Oui. Je suis
comme un professeur, je vérifie chaque mot,
parce que je vous connais maintenant.
Journaliste
: Non, les
mots ont de l'importance.
M. Couillard : Je vous
connais maintenant.
Journaliste
: C'est ça,
elle a mis en garde les Québécois contre les dangers de l'islamophobie. Qu'est-ce
qui est le danger réel, à l'heure actuelle? Est-ce que c'est l'intolérance
d'une partie de la population à l'égard de l'islam par exemple ou bien c'est le
problème de la radicalisation de l'intégrisme?
M. Couillard : Oui, c'est ça.
Alors, il faut, encore une fois, séparer les enjeux, là. La radicalisation des
jeunes puis la menace de la violence terroriste, c'est un enjeu qui est
distinct en lui-même et qui a ses propres dynamiques, mais toute exclusion,
volontaire ou non, ou discours d'exclusion d'une population comporte de grands
risques pour notre tissu social, de grands risques pour notre capacité
d'accueillir et d'attirer des gens d'ailleurs pour venir chez nous. Ce n'est
pas bien vu, je peux vous le dire par conversation directe, quand on est perçu
comme ayant de la difficulté à gérer la diversité dans un État. Il n'y a pas
que la communauté musulmane, parce que, vous remarquez, on en revient toujours
à la communauté musulmane. Tout discours d'exclusion envers une communauté ou
une autre est mauvais, puis je dirais que, dans le cas de la communauté
musulmane, les radicaux violents se nourrissent de ce discours d'islamophobie
ou d'exclusion pour faire des recrues.
Journaliste
: Mais donc
vous avez peur que, justement, le contexte, encouragé par le PQ, etc., a nui
finalement à recruter des gens, des immigrants à l'extérieur du pays?
M. Couillard : Encore une
fois, c'est… les deux extrêmes se nourrissent l'un, l'autre, et l'extrémisme
radical, l'extrémisme violent se nourrit de manifestations — selon
eux, parfois, ils exagèrent, mais, selon eux, parfois malheureusement,
elles sont réelles — se nourrit de ces manifestations d'intolérance.
Journaliste
: M.
Drainville, ce matin, a parlé de… a dit, bon : Il faut lutter contre
l'intégrisme. Il vous a critiqué parce que vous ne le faisiez pas suffisamment
selon lui et il définissait l'intégrisme pas simplement comme quelque chose de
violent ou quelque chose relié au terrorisme nécessairement, mais il
définissait l'intégrisme comme un effort de changer les normes sociales par des
accommodements, des choses comme ça, et c'est sur quoi il voulait lutter, lui. Qu'est-ce
que vous pensez de cette approche-là?
M. Couillard : Bien,
malheureusement, je suis obligé de dire que c'est une grande glissade négative
pour le Parti québécois, qui a été historiquement un parti d'ouverture, un
parti de dialogue, et de les voir avec ce discours-là maintenant, ça m'attriste
beaucoup. C'est effectivement une distinction nette à faire, puis changeons
donc de religion pour deux instants.
Si un praticien de la religion catholique
décide qu'il faut aller à la messe deux fois par jour, que, la fin de semaine,
on va porter un cilice, lui-même, pas les autres, lui-même, qui va respecter
scrupuleusement toutes les prescriptions des Écritures, cette personne pratique
l'intégrisme, l'intégrisme catholique ou chrétien, pas musulman. Tant que cette
pratique ne met pas en jeu les droits des autres, la sécurité des autres, les
principes de société fondamentaux comme l'égalité hommes-femmes, cette
pratique-là, à ce que je sache, personne ne songe à l'interdire, et ça existe
dans toutes les religions; une minorité, mais ça existe.
Alors, il faut faire une distinction très
nette entre la question de l'intégrisme de pratique religieuse qui glisse
au-delà de nos droits, de nos libertés, de nos valeurs et qui, là, devient de
l'extrémisme qui peut mener parfois, malheureusement, à la violence. Alors,
c'est ça la distinction qu'il faut faire et il faut être très, très sérieux
quand on parle de ces questions, éviter les amalgames et les associations trop
faciles parfois.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
Journaliste
: Bonjour,
messieurs. Bonjour, M. Couillard. Sur les négociations avec les employés des
secteurs public et parapublic : zéro, zéro, zéro, un, un, c'est les
chiffres globaux. Est-ce que…
M. Couillard : Vous avez
oublié un un : zéro, zéro, un, un, un.
Journaliste
: Pardon,
excusez-moi. Est-ce que vous avez suggéré tout à l'heure que, là-dedans, il
pourrait y avoir des modulations d'augmentation selon les catégories d'emploi?
M. Couillard : Ce que j'ai
dit, c'est qu'on est ouverts à discuter avec les syndicats de façons de faire
mieux, mais avec aucun retrait quant à notre intention d'atteindre l'équilibre
budgétaire, ni augmentations d'impôts ou de taxes pour les Québécois.
Journaliste
: Mais il
pourrait y avoir des modulations selon les fonctions des uns et des autres, si
le plafond global est respecté?
M. Couillard : Mais la
conséquence logique de ce que vous dites, c'est que, si on fait une avancée
d'un côté, il faut changer de l'autre côté, et on est prêt à avoir cette
conversation-là, et moi, je souhaite que ça se passe bien.
Journaliste
: Vendredi,
à Ottawa, il y a une réunion du Conseil de la fédération. M. Harper n'y sera
pas. Est-ce qu'il a tort de ne pas se joindre aux premiers ministres des
provinces pour discuter d'économie?
M. Couillard : Bien, je pense
qu'il est toujours bon d'avoir une rencontre entre le premier ministre du Canada
puis ses homologues des provinces et les territoires. Moi, je pense que c'est
une bonne pratique. Ce n'est pas à moi de commenter les choix d'agenda de M.
Harper. Ce que je peux vous dire, c'est que vendredi, à Ottawa, on va
poursuivre nos conversations de l'été dernier sur des enjeux très importants
comme la stratégie de l'énergie, le marché intérieur canadien et les autres
enjeux, les infrastructures, qui ont été soulevés l'été dernier.
Journaliste
: Mais de
votre point de vue, ce n'est pas un rendez-vous raté de sa part, le fait de ne
pas assister...
M. Couillard : Bien, je pense
qu'on fait entendre notre voix de toute façon, hein, et il y a des choses sur
lesquelles on revient régulièrement et qui vont faire partie, de toute façon,
de l'espace politique, je crois, au cours des prochains mois.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche, en anglais.
M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. How are you going to decide when to table
religious neutrality legislation?
M. Couillard : When the Minister of Justice is entirely satisfied with her bill.
M. Hicks (Ryan) : And how is she coming up with that?
M. Couillard : Oh! she is working very hard, as you can imagine, consulting legal
experts, because let me tell you very clearly that, contrary to what the PQ
did, our bill will be legal and constitutional and will not, in any way, lead
to any discrimination in our society. We'll incorporate as well some measures
again certain practices in our society that we want to control, and that's why
it needs time to be well done, but that's not, you know, the urgency.
There's a lot of false
urgencies mentioned by the PQ in particular, and others as well. The true
priority, the true urgency is make sure that Quebecker's security is protected as much as possible at all time, which we are
doing with our colleagues in the rest of North America, and the rest of Canada, and the rest of the world. That's
the true priority. We will legislate on religious neutrality of the State in
the line of what you saw before with Bill 94 and what was in our electoral
platform.
M. Hicks (Ryan) : And what cuts are you looking at making? That's left to cut in
order to get to that balanced budget?
M. Couillard : I will just say again, as I said in my introductory statement, that
this coming session will be the session of return to budgetary balance. So we
know we are there. So I would say that the quasi totality of the work is done.
M. Hicks (Ryan) : And what's the rest of the quasi totality?
M. Couillard : Very small.
M. Hicks (Ryan) : And in what areas is that in?
M. Couillard : Everywhere, we look everywhere. There's no stone that we don't…
that we leave unturned. We look everywhere for saving, not only savings, but
opportunities to do better.
I'll give you one
example, what we did with the day-care program. Actually, it's a better program
today than what it was before because it's more equitable. There's more social
justice in the way we transform it to what it was before. So that's the kind of
things we want to do and not only cut mindly, this is not a good thing to do,
but go at the structural issues which explain why, in Québec, we always have a slower economic growth than elsewhere. I was
talking about the adequacy of training for our workforce, that's an example,
day-care is another example. Whenever possible, we go at the root of issues and
we go at structural problems, a structural reform.
Le Modérateur
: Micro de droite.
Journaliste
: Premier, can I just clarify something with you? You've talked about
the Liberals inability to pass Bill 94 on secularism. This time around, are you
going to be looking for unanimity to pass a bill on religious neutrality?
M. Couillard : I have no illusion on unanimity in a subject of that kind. Judging
by the behavior of some members of the Opposition parties, I find it very hard
to believe realistically that we could be unanimous on this matter, but I want
the matter to be… I wouldn't say so, but that our mark on the matter will be
done. You know, again, as I've said in French earlier, if the Opposition, then,
had been more responsible, today we would have in our laws rules for
accommodations to questions of covered and uncovered faces in public services.
All this will be there, and it's too bad that we couldn't do it, but we will do
it. We need to do this and we will do it, but we will have, I will say it
again, a legal and constitutional bill that will respect people's freedom.
Journaliste
: You would have like to unanimity back then, and now it's not
necessary…
M. Couillard : You know, again, you know, in such a sensitive issue, let's be
realistic, it's hard to envisage that we could be unanimous. So I will… You
know what? We'll use our common sense and we will express our values. That's
what I want to do.
Journaliste
: And just on jobs, if I can hear you on jobs, as more Quebeckers are using food banks and there is
a rise in the numbers of young adults on welfare, jobs are being lost in Québec, so what will you do to help Quebeckers find jobs?
M. Couillard : First, I will point you to the number that show that, in the second
half of the year that is just ended, we actually inverted the trend. This is minus
300,000 for the first half and roughly plus 15,000 for the second half, so the
curve is going up, not fast enough, but the trend has been changed. We also
know that we have less people today on welfare that we
had a few years ago, much less. We also know that the economic winds are much
more favorable than they used to be. For example, the price of oil going down,
which puts money in people's pockets, and the Canadian dollar going down which
helps our SMEs particularly and other businesses that export. So I'm quite
optimistic, but again nothing is done without effort, and we will put all the
effort that is needed to accelerate growth and job creation.
Journaliste
: But how will cutting welfare help?
M. Couillard : We're trying to make it better, more equitable horizontally between
different people on welfare, and also, and this is
critical, vertically, if I could say so, between the
people who are on welfare and the people who work at minimum wage. It has to be
attractive to move from welfare, even to a minimum-wage job. And our duty here
was to provide opportunities and training for people, which we will do, because
one of the major projects of this coming session is to work on the issue of
adequacy of training and jobs.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: Bonjour, monsieur. There are teachers and nurses today
demonstrating in Montréal against your Government's so-called austerity
measures, as what they say. I wondered if you could describe what you said in
French about your message to unionized workers in the next few months as you
move into contract negotiations.
M. Couillard : Well, my message to them, first, is the same message that I give to
all Quebeckers, because they're
also, of course, citizens like you and me. They will as well benefit from
better finances in Québec, a
debt that is brought under control and more economic activity.
Now, I'm hoping to having
conversations with the unions as long as we stay with the objective of reaching
and keeping budgetary balance, how to do better. I'm very open to this kind of
conversation and I frankly hope that we will have a good result. But, you know,
I do listen to people who demonstrate, it's their right to do so, and we are
lucky to live in a society where the rule of law exists and we can demonstrate,
but I also listen to the silence of people not demonstrating, going out to work
every day, paying their taxes for public services, that say : Hey! maybe we
could get more in our pockets and also we need more services for the money
we give you. So that's also something that is very present in my mind.
Journaliste
: And, in terms of the training, what is the demographic challenge
that Québec faces?
M. Couillard : Well, I'll give you a very precise example. If you look at the
projection of our active population, i.e. people between the ages of 16 and 64, between now and 2030,
if the current trend is not changed, we would lose roughly 4% of that category of the population, which is critical. In
contrast, Ontario's active population is projected to grow by 9% in the same
period. So, on their side, it's almost... I wouldn't say a guarantee, but a
good basis for solid economic growth; on our side, it's a difficult situation,
because you would have to compensate by so much productivity, and it's very
hard to go against it.
This means what? First,
we need more people in Québec. That's why immigration is critical. That's why
we have to compete to draw the best talents in the world to Québec. That's why
we have to show that we're an open and inclusive society. All this is linked.
Journaliste
:
…you caught me up. I was wondering : What, specifically, can you do in terms of getting people to fill those 600,000 jobs?
M. Couillard : OK. So, you know, you will... Excuse me for not being too specific now, because it's a project that is coming, but I will
give you just one example. There's a law in Québec whereby people having a payroll of over $1 million have to give 1% of the payroll for training purposes. Nobody's sure that this
money is well utilised, well used. We could do much better with that type of money,
that amount of money. So we're working on this and other methods, again, to
increase the adequacy, improve the adequacy between training and jobs
available. I will remind you that, between now and 2017, we will need 725,000
people in the workforce. So that's the big paradox : we have people, you
know, not working, still, but we have companies all over, looking for employees
with the right qualifications. And this is the structural issue we're going to
go after.
Le Modérateur
:
Dernière question, micro de droite.
Journaliste
:
Good afternoon, sir. As someone who's paid to listen and analyse your words,
I'm curious...
M. Couillard : That's a tough one.
Journaliste
:
Yes, I know, and there are a lot of them. But since you've come back from
Europe, you have been using the word «security» a lot, more
and more. So you used it twice yesterday and again… Did what you saw there,
when you were there, was it… it somehow, shake you up? Did it… Because you've
just… With all respect, sir, you've just adjusted some of your language and
you're using that word more. Is there something that we should read into this?
M. Couillard : You know, I know I'm giving you more work by saying this, but I
constantly think about myself, how I do my job, how I do meet the challenges
that are ahead of Québec, with my team. So it's always there. So, when I
visited Europe, I saw, and we had seen it here as well, the tragedy, and the
focus that the leaders there are putting on security, which is the right focus
and the right priority. How do we think that, by firing a teacher because she's
wearing a scarf, we're going to prevent any form of radicalisation and
violence? It's so nonsense, that, you know, someone has to bring priorities in
the right order. That's why I do this, I will keep repeating that security is
by far the true priority.
Journaliste
: And in your past past, your time in Saudi Arabia, you were saying
in French that this was a good thing, for you. It opened your eyes to the
world. Can you expand on that?
M. Couillard : Yes. Because it allowed me to feel what it means to be the foreigner,
to feel what it means not to have the same color of skin than the majority, to
feel what it means to have you own religion being rejected or not looked at
very favorably, should I say. It made me recognize that, in this country, even
if we don't agree at all with many of the way they do things, there are people
there who wish for progress, who wish for modernizing their country. And, by
keeping them isolated, we're making the situations worse.
So this is why this
contact, this type of contact is beneficial, but again, coming back at the
start of your question, I do believe that it made me a better person because I
came back knowing how it feels to be in this type of environment. Merci.
(Fin à 16 h 15)