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Point de presse de M. Philippe Couillard, premier ministre, Mme Caroline Simard, adjointe parlementaire du premier ministre (volets jeunesse et petite enfance et lutte contre l’intimidation), M. Sylvain Rochon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de lutte contre l'intimidation, Mme Lise Lavallée, porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour la famille et lutte contre l'intimidation, Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, et Mme Francine Charbonneau, ministre de la Famille

Version finale

Le mercredi 18 novembre 2015, 14 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures vingt-huit minutes)

M. Couillard : Alors, bonjour à tous. Merci d'être ici. Je vais saluer, bien sûr, ma consoeur Mme Charbonneau, Mme Simard, mes collègues du Conseil des ministres, M. Kelley, participant particulièrement à cette annonce étant donné la question des Premières Nations, mais surtout également saluer mes collègues des oppositions : M. Rochon, de l'opposition officielle; Mme Lavallée, deuxième groupe d'opposition; et Mme Massé de Québec solidaire. Il s'agit de ces rares moments, Mmes et MM. les journalistes, que vous voyez des gens de diverses formations politiques représentées ici s'unir autour d'un thème qui touche tout le monde, qui touche tous les Québécois et toutes les familles en particulier. Je voudrais également saluer tous les partenaires du milieu qui sont derrière moi également dans cette salle.

On est très heureux, je suis très heureux d'être avec vous aujourd'hui pour cette annonce importante pour le Québec d'aujourd'hui, bien sûr, mais surtout et également pour le Québec de demain. Ça témoigne de notre détermination à bâtir ensemble une société plus juste et équitable, une société où l'intimidation n'a pas sa place. Je tiens à remercier encore une fois tous les partenaires ainsi que les partis d'opposition qui ont collaboré à ce travail depuis la tenue du forum sur l'intimidation jusqu'à la construction du plan d'action qui est annoncé aujourd'hui, car l'intimidation, c'est une atteinte à la dignité humaine. Elle fragilise notamment l'exercice du droit à la protection, à l'épanouissement et à l'égalité. L'intimidation est un sujet qui nous touche toutes et tous, qu'on soit à l'école, dans notre milieu de travail, dans notre vie quotidienne, sur Internet. Personne n'est à l'abri de l'intimidation, et ses effets néfastes ne doivent pas rester ignorés.

Je l'ai souvent mentionné, comme père de famille, comme citoyen, je trouve, nous trouvons... je suis sûr que tout geste d'intimidation est inacceptable peu importe la forme qu'il peut prendre ou le contexte dans lequel la situation se déroule, c'est-à-dire en face-à-face ou même dans le cyberespace. Nous sommes tous interpellés, rappelons-le, parce que nous en sommes parfois témoins, parce que celles et ceux que nous aimons en sont parfois la cible et parfois l'auteur, parce que chaque personne qui en est victime est une victime de trop. Elle nous touche parce que personne ne mérite d'être humilié, diminué ou exclu.

C'est pourquoi nous avons choisi de conjuguer nos efforts afin d'être tous ensemble contre l'intimidation. C'est pourquoi nous avons nommé, pour la première fois dans l'histoire du Québec, une ministre qui a cette responsabilité particulière et spécifique de la lutte contre l'intimidation. C'est pourquoi nous avions pris l'engagement de tenir un forum qui a eu lieu en octobre 2014. Il y a eu plus de 200 représentants des différents secteurs de la société, et, un an plus tard, je suis très fier de présenter le résultat de ce forum, les suites du forum, le plan d'action concerté pour prévenir et contrer l'intimidation Ensemble contre l'intimidation, une responsabilité partagée.

Ce plan d'action concrétise l'engagement du gouvernement du Québec, bien sûr, mais au-delà de la société du Québec, de prévenir et de contrer l'intimidation à tous les âges et dans tous les milieux, y compris les milieux du cyberespace encore une fois. Déjà, dans le budget 2015‑2016, nous avions réservé la somme de 4,4 millions de dollars pour la mise en oeuvre du plan d'action. À ce montant doit s'ajouter la participation des 16 ministères et organismes qui contribuent au plan d'action, qui investissent ensemble environ 22,5 millions de dollars à même leur budget régulier pour participer à cet effort. Donc, c'est un effort collectif, collectif du gouvernement, mais, à travers le gouvernement, collectif des citoyens du Québec. C'est un investissement total de 26,9 millions de dollars pour trois ans.

Le plan d'action comprend 53 orientations qui se déclinent en cinq mesures : un, des milieux de vie inclusifs, des rapports égalitaires et des comportements empreints de civisme parce qu'il faut agir en amont des gestes d'intimidation par la promotion d'un comportement qui favorise l'interaction sociale et surtout le mieux-vivre ensemble;

Deuxièmement, une population sensibilisée et engagée parce que... pour que nos concitoyennes et nos concitoyens sachent comment agir devant les gestes d'intimidation et que les témoins soient conscients qu'ils ou qu'elles peuvent faire une différence;

Troisièmement, des intervenantes et intervenants formés et outillés parce que, peu importe le domaine dans lequel les personnes oeuvrent, elles doivent pouvoir reconnaître les gestes d'intimidation et réagir adéquatement;

Quatrièmement, des personnes victimes, des témoins, des auteurs même mieux soutenus et mieux outillés pour réduire les conséquences de l'intimidation chez les personnes victimes et leur entourage, pour inciter les témoins à agir et pour enseigner les comportements de remplacement aux auteurs de gestes d'intimidation;

Cinquièmement, comme ça devrait souvent être le cas dans les politiques publiques, des interventions appuyées sur des données probantes parce que la recherche nous permettra de déployer les actions les plus pertinentes et celles qui auront les meilleures retombées.

Parmi les mesures déployées, j'aimerais attirer votre attention sur les mesures suivantes. D'abord, le prix Ensemble contre l'intimidation que j'ai eu l'honneur de décerner pour une première fois le 1er octobre dernier à M. Mathieu Savoie et une organisation, Interface, dont une représentante est avec nous aujourd'hui, de même qu'une personne également qui a été titulaire ou finaliste, je crois, du prix également lors de cette belle journée.

Deuxièmement, une campagne de sensibilisation qui portera une attention particulière au rôle des témoins; des actions variées favorisant l'esprit sportif et les valeurs positives du sport en choisissant, par exemple, un ambassadeur ou une ambassadrice de l'esprit sportif; une stratégie pour la sensibilisation et l'information de la population sur l'intimidation articulée notamment autour du site Web sur le site intimidation.gouv.qc.ca; une formation sur le Web adaptée aux besoins des divers intervenants; un soutien financier pour des projets dans différents milieux qui oeuvrent auprès des jeunes, des familles et des aînés visant à prévenir et contrer l'intimidation; et, bien sûr, le soutien à différentes initiatives permettant de bonifier l'action dans les écoles par des formations régionales, du soutien et de l'accompagnement des commissions scolaires et des écoles.

Le plan comporte également des mesures spécifiques autochtones, qui ont bénéficié également d'une consultation spécifique à leurs besoins, et leurs réalités sont spécifiques : l'enrichissement du site Web du Secrétariat aux affaires autochtones, la bonification des outils de communication existants afin d'informer les Premières Nations et les Inuits des différentes initiatives; le soutien des initiatives visant l'adaptation aux réalités des Premières Nations et des Inuits selon les besoins d'outils de prévention, d'intervention, de soutien en matière d'intimidation; le soutien offert aux écoles en milieu autochtone afin de mettre en oeuvre des projets pour favoriser un climat scolaire positif et bienveillant; le partage des connaissances et des expériences du ministère de l'Éducation avec les commissions scolaires crie et Kativik, les organisations autochtones qui offrent des services, bien sûr, en éducation.

À travers ces actions, notre objectif à tous et à toutes est de bâtir une société respectueuse et sécuritaire, une société qui prend soin des personnes en situation de vulnérabilité, une société pour tous les âges, ouverte à la différence et riche de sa diversité. On veut susciter la mobilisation, encourager une variété d'initiatives pour que de plus en plus de Québécoises et de Québécois, jeunes et moins jeunes, agissent pour favoriser la création et le maintien d'environnements sains et sécuritaires où, bien sûr, l'intimidation n'a pas sa place.

Voilà le Québec que nous voulons construire ensemble. On fera en sorte que toutes et tous puissent y vivre et s'épanouir dans la dignité. J'invite chacun et chacune d'entre nous à participer à ce grand projet pour notre société du Québec. Merci.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. J'inviterais maintenant la ministre responsable des Aînés et ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, Mme Francine Charbonneau, à prendre la parole.

Mme Charbonneau : Merci. M. le premier ministre, très chers collègues, il y a des jours où ce mot prend tout son sens. Si jamais il est à l'arrière, puisque je n'ai pas eu l'opportunité, mais je l'ai invité, j'aimerais saluer tout particulièrement Mathieu Traversy qui a participé aux travaux avec nous et qui dernièrement a changé de rôle, mais je ne peux que souligner l'engagement qu'il a eu à ce moment-ci.

Chers partenaires — je ne vais pas me retourner pour vous saluer, mais sachez que vous l'êtes bien sincèrement — mesdames et messieurs des médias, gens du personnel du ministère de la Famille, qui avez été dévoués d'une façon exceptionnelle, et gens du cabinet, comme vous le savez, l'intimidation est un phénomène qui peut être présent dans tous les milieux de vie : dans le milieu scolaire, au travail, en milieu d'hébergement, dans notre voisinage, dans les milieux sportifs, chez les aînés, et j'en passe. Le comportement d'intimidation s'étend également au cyberespace, à nos relations sociales qui s'y prolongent de cette façon désormais. Ainsi, le phénomène de l'intimidation met en interaction trois individus : la personne ciblée, celle qui intimide et, enfin, celle qui peut apporter son aide, soit un témoin, un intervenant, même un proche. Comme l'intimidation concerne tout le monde, c'est collectivement que nous avons cherché des solutions.

D'une part, le présent plan s'inspire de nombreuses consultations : le forum de la lutte sur l'intimidation, les consultations ciblées auprès des jeunes et auprès des personnes aînées, la journée de réflexion avec les représentants d'organismes autochtones, la consultation en ligne — plus de 65 mémoires reçus, les rencontres avec des chercheurs et des partenaires ainsi que les travaux du comité d'experts sur la cyberintimidation. La généreuse contribution d'organismes, de spécialistes, de citoyennes et de citoyens aura permis de faire de ce plan d'action un projet véritablement concerté.

D'autre part, nous sommes fiers d'avoir élaboré ce plan dans un esprit non partisan. En effet, l'opposition officielle, les deux groupes de l'opposition et Québec solidaire ont été consultés à toutes les étapes de la démarche. Je tiens à les remercier chaleureusement pour leur précieuse collaboration depuis le premier jour des travaux. C'est excessivement précieux, je vous le dis.

Par ailleurs, ce plan d'action concerté a été rédigé par un comité de travail interministériel regroupant 16 ministères et organismes gouvernementaux. Cette composition reflète toute l'importance que notre gouvernement accorde à ce dossier. Forts de nos échanges, nous avons élaboré un plan d'action qui s'appuie sur cinq orientations et autant de principes que voici.

La prévention de l'intimidation et de sa diminution sont une responsabilité partagée. Tous doivent adopter des comportements respectueux et agir dès les premiers signes qu'ils peuvent voir.

Deuxièmement, une approche inclusive. Le plan d'action rejoint l'ensemble de la population. Les actions mises de l'avant dans le plan d'action ont donc été élaborées de manière à ce qu'elles aient une portée transversale et puissent répondre, à travers la réalité, aux situations.

Troisièmement, une approche positive et éducative. Au Québec, l'intervention auprès des jeunes mise notamment sur une approche préventive, sur le comportement de remplacement, sur une justice réparatrice. Nous avons poursuivi dans cette veine en axant nos interventions sur la promotion des comportements à adopter.

Quatrièmement, une approche multifactorielle et interdisciplinaire. Afin de prendre en compte les situations dans leur ensemble et de miser sur la complémentarité des interventions.

Finalement, des interventions complémentaires aux actions existantes. Le plan s'inscrit en amont et en appui à une multitude d'actions qui sont déjà menées sur le terrain par le gouvernement et ses différents partenaires. Il faut souligner ici le travail colossal qui se fait déjà dans le milieu scolaire depuis plusieurs années.

De plus, l'intimidation est aussi souvent intimement liée à d'autres phénomènes sur lesquels le gouvernement et ses partenaires interviennent déjà et continueront d'agir, par exemple, la violence conjugale, l'homophobie, le racisme pour n'en nommer que quelques-uns.

Voici des exemples de mesures que l'on trouve dans ce plan : une trousse d'information pour soutenir les médias — eh oui, on a pensé à vous aussi — inspirée de la trousse réalisée par l'institution nationale de la santé du Québec pour les agressions sexuelles et la violence conjugale; le déploiement du projet Excellence en arbitrage pour améliorer les connaissances relatives aux règles du jeu chez les parents et promouvoir et reconnaître le rôle des arbitres; un apport accru des municipalités et des conseils de bande qui seront invités à sensibiliser les membres de leur communauté autochtone à l'importance de prévenir et contrer l'intimidation; des initiatives de formation ciblées, par exemple sur les relations saines et positives en milieu scolaire et sur la médiation sociale pour travailleurs de rue; un jeu-questionnaire pour les aînés sur un site Internet pour s'assurer qu'on peut les sensibiliser aux pièges qui leurs sont réservés; une augmentation des travailleurs dans le milieu, qui interviendront auprès des personnes aînées.

En ce qui concerne la petite enfance, il va de soi qu'à cet âge il ne saurait être question d'intimidation, les tout-petits étant encore en apprentissage dans leurs relations interpersonnelles. Il est néanmoins possible d'intervenir auprès d'eux de manière préventive en leur apprenant à interagir adéquatement avec les uns et les autres et à valoriser les différences. C'est ce que visent deux mesures du plan d'action, soit l'enrichissement du programme éducatif du Québec Accueillir la petite enfance, qui sera notamment complété dans un cadre de référence sur le développement social et affectif des jeunes enfants ainsi que la poursuite de la campagne sociétale Naître et grandir, menée par la Fondation Lucie-et-André-Chagnon, qui contribuera au plan d'action en mettant l'accent sur le développement des habiletés sociales des tout-petits.

Ce projet est ambitieux et n'en est qu'à ses débuts. Nous souhaitons que ces mesures fassent boule de neige et qu'elles inspireront des personnes de tous âges, les organisations et les milieux de vie pour en agir. Je convie donc chacune et chacun à prendre part à cette démarche collective pour continuer à bâtir un Québec plus sécuritaire, plus inclusif et sans intimidation. C'est en agissant ensemble que nous pourrons ensemble prévenir et contrer l'intimidation. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. J'inviterais maintenant la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, Mme Caroline Simard, à prendre la parole.

Mme Simard : M. le premier ministre, Mme la ministre de la Famille, ministre responsable des Aînés et ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, autres collègues députés et ministres derrière moi, distingués invités, partenaires médias et représentants de la communauté, bonjour. C'est un grand honneur pour moi d'être ici aujourd'hui parmi vous à titre d'adjointe parlementaire du premier ministre pour les volets jeunesse, petite enfance et lutte contre l'intimidation. Je suis très heureuse d'être associée aux travaux qui ont été menés à la réalisation de ce plan d'action concerté visant à prévenir et à contrer l'intimidation.

Puisque l'intimidation peut survenir à tous les âges et dans tous les milieux, j'aimerais souligner le caractère inclusif du plan d'action que lance notre gouvernement. Ce plan déploie un ensemble de mesures qui auront des retombées dans les différents milieux de vie et chez différents groupes, notamment la petite enfance et les jeunes, tel qu'annoncé par la ministre précédemment. Les jeunes d'âge scolaire, quant à eux, bénéficient, depuis plusieurs années, des actions du réseau de l'éducation pour prévenir et réduire la violence et l'intimidation dans les milieux scolaires.

Avec ce plan concerté, de nouvelles initiatives s'ajoutent dans le réseau de l'éducation, par exemple : la sensibilisation des protecteurs de l'école au phénomène de l'intimidation, la prévention de l'intimidation dans les milieux collégial et universitaire, une collaboration accrue entre les milieux scolaire et policier, des formations régionales par les intervenants.

De plus, les jeunes pourront profiter des nouvelles initiatives mises de l'avant dans d'autres sphères de leur vie, comme le secteur des sports, où de nouveaux efforts sont consentis pour promouvoir l'esprit sportif, notamment par l'intégration d'activités de sensibilisation à l'esprit sportif au cours d'éducation physique, par une meilleure sensibilisation aux règles du jeu dans les différents sports et une reconnaissance accrue du travail des arbitres.

L'école secondaire est un terreau encore fertile pour l'intimidation à caractère homophobe ou transphobe. J'espère que les mesures déployées viseront à susciter davantage de respect et d'ouverture et trouveront rapidement un écho auprès des jeunes. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. J'inviterais maintenant le député de Richelieu, M. Sylvain Rochon.

M. Rochon : Merci. M. le premier ministre, Mme la ministre, collègues députés et ministres, mesdames messieurs, gens des médias, il y a heureusement, heureusement des combats, des causes, des idéaux pour lesquels nous sommes unis, pour lesquels nous sommes résolument unis. Je me réjouis bien sincèrement de nous voir toutes et tous réunis cet après-midi autour de ce plan pour lutter contre l'intimidation, plan sans doute imparfait — parce qu'il n'y a rien de parfait, là — plan sans doute incomplet, mais fruit d'un réel désir de faire les choses ensemble, d'une réelle volonté de faire les choses ensemble avec celles et ceux que ce phénomène touche, interpelle, mobilise.

L'intimidation, elle a déjà brisé trop d'enfances, elle a déjà anéanti trop d'adolescences. S'attaquer à l'intimidation, ce n'est pas une mince tâche, évidemment. C'est un phénomène subtil, l'intimidation, subjectif, qui sévit souvent derrière des portes closes.

Au cours du forum sur l'intimidation, les intervenants et les spécialistes nous ont dit que c'est avec la sensibilisation, avec l'éducation, avec la pédagogie pas avec la répression que nous viendrons le mieux à bout de l'intimidation. Ce plan d'action, il est, croyons-nous, la preuve que nous les avons écoutés.

Alors, maintenant que l'Assemblée nationale, que les ministères concernés se mobilisent pour lutter contre l'intimidation, le succès de ce plan, le succès de ce plan, il va dépendre des efforts consentis par l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Ce sera aux enseignants, aux enseignantes, aux travailleurs sociaux, aux travailleuses sociales, aux parents, aux capitaines d'équipes de hockey, aux infirmiers, aux infirmières, aux leaders naturels, aux politiciennes, aux politiciens de s'attaquer au phénomène, de le dénoncer, de le repousser. Alors, c'est à nous tous et nous toutes qu'il appartient de lutter contre l'intimidation dans notre milieu de travail, dans notre milieu de vie et sur les réseaux sociaux. C'est notre devoir pour un Québec meilleur. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. J'inviterais maintenant la députée de Repentigny, Mme Lise Lavallée, à prendre la parole.

Mme Lavallée : M. le premier ministre, Mme la ministre, collègues et ministres députés, membres des médias, bonjour à toutes et à tous. Il me fait plaisir, au nom de ma formation politique, la Coalition avenir Québec, de me joindre à vous aujourd'hui afin de présenter le plan d'action de la lutte à l'intimidation au Québec.

Il y a maintenant un peu plus d'un an que le gouvernement et les partis d'opposition décidaient de travailler en concertation, sans partisanerie, pour s'attaquer au problème de l'intimidation. Lors du forum sur la question tenu en octobre 2014, la Coalition avenir Québec fut proactive et avait déposé un mémoire et émis une série de recommandations pour contribuer efficacement à enrayer ce fléau dans notre société.

Nous sommes heureux de constater que certaines des idées de la CAQ ont été retenues par le gouvernement, soit l'intervention auprès des enfants dès leur passage dans les services de garde, la formation universitaire des enseignants afin qu'ils puissent être en mesure de prévenir et réduire la violence et l'intimidation dont ils auront à faire face, soutenir des projets visant à prévenir l'intimidation dès le jeune âge jusqu'aux aînés, qui, trop souvent, subissent plusieurs formes d'intimidation alors qu'ils se retrouvent parfois en situation de vulnérabilité, et enfin s'assurer d'un arrimage des actions avec le milieu policier.

Le plan qui est présenté aujourd'hui constitue un premier pas dans la bonne direction. Nous saluons cette première initiative et souhaitons que ce ne soit que le début, car la question de la lutte à l'intimidation est trop importante. Nous allons demeurer vigilants dans son application et nous serons proactifs pour s'assurer que le plan puisse avoir des résultats concrets sur le terrain. Nous avons le devoir de surveiller son efficacité, nous avons le devoir de réussir ensemble, ceci en va du développement harmonieux de la société québécoise. Aujourd'hui, nous avons tous le devoir de lutter contre l'intimidation — élèves, parents, grands-parents, enseignants, directeurs d'école ou personnes en autorité — c'est, maintenant et pour toujours, l'affaire de tous.

J'aimerais conclure en soulignant que cette harmonie dont les députés de toutes les formations politiques ont fait preuve au cours de la dernière année, nous la souhaitons à nouveau. M. le premier ministre a indiqué, dans son discours inaugural, son intention d'étudier, voire même adopter les propositions de l'opposition. Et j'aimerais profiter de ce moment pour souligner que, oui, c'est possible de travailler en ce sens à l'Assemblée nationale — le point de presse d'aujourd'hui en est la preuve — et nous sommes impatients de voir de futures collaborations se concrétiser.

Le Modérateur : Merci. J'inviterais enfin la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme Manon Massé.

Mme Massé : Merci. M. le premier ministre, messieurs dames, mes collègues députés et partenaires…

(Interruption)

Mme Massé : Je vais parler par-dessus la cloche, si ça ne vous dérange pas.

Écoutez, peut-être que certains et certaines d'entre vous, vous vous demandez : Qu'est-ce que tu fais là, Manon? L'année passée, il me semble que tu n'y étais pas. Eh bien, c'est aussi notre façon de travailler à Québec solidaire : notre capacité de dire les choses, de les nommer, mais, quand le devoir d'État nous appelle, on est au rendez-vous. Et c'est la collaboration que j'ai assurée durant toute l'année pour faire en sorte que les préoccupations que j'ai entendues lors du forum ou lors des forums se retrouvent au sein de ce travail. Et je lève aussi mon chapeau à l'équipe du ministère qui a travaillé sur le dossier pour accoucher de ce premier plan de lutte à l'intimidation.

Je voulais vous dire que lutter contre l'intimidation, c'est profondément prendre conscience que nous avons un rôle à jouer dans cette culture de la paix dans laquelle nous aspirons tous et toutes. L'intimidation est une arme qui est utilisée à chaque jour dans nos milieux, et tous les milieux, pour faire taire des gens, pour faire faire des choses à des gens, pour faire en sorte que des gens aillent dans le sens que nous croyons être le bon. Et, en ce sens, je pense que le comité d'experts et l'ensemble des gens qui ont été consultés ont contribué pour qu'on puisse, comme le disait la ministre, accoucher de ce premier plan d'action, qui en verra d'autres naître, je l'espère, plan d'action qui vient compléter des plans d'action qui existent déjà et qui ont tous aussi leur importance parce que l'intimidation, c'est un des leviers, un des moyens utilisés pour faire en sorte d'intimider — excusez-moi le pléonasme — les gens, de faire en sorte d'atteindre nos objectifs.

Et je pense que la communauté gaie, lesbienne, trans et bisexuelle va se reconnaître dans ce plan-là et va continuer à être vigilante, bien sûr, cette communauté, pour s'assurer qu'on ne sera pas oubliés ou, malheureusement, que les défis qui sont propres à cette communauté ne sont pas mis de côté.

Je terminerais en vous disant que je suis très fière de ce résultat, que c'est un premier pas, qu'il reste encore des pas à faire, et je pense notamment à mes frères et soeurs autochtones qui sont victimes de racisme et de discrimination depuis des centaines d'années, à cause de lois canadiennes, québécoises qui ont été mises en place, qui ont fait qu'aujourd'hui on les considère comme — qu'on le veuille ou non — des gens de seconde zone, et ça a comme un impact de nous légitimer d'utiliser parfois des gestes, des paroles qui peuvent avoir des impacts extrêmement désastreux sur ces personnes.

Alors, c'est un premier pas. Il y en a... il y en aura d'autres, la ministre et le premier ministre m'en ont assuré, et, dans ce sens, je serai à leurs côtés pour continuer à faire d'un Québec une culture de la paix. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Nous procéderons maintenant à la période de questions pour les représentants des médias, en commençant avec les questions portant spécifiquement sur le sujet de l'annonce aujourd'hui. Et je préciserais également que, si vous souhaitez poser des questions à nos partenaires, certains seront disponibles pour des entrevues individuelles par la suite.

Alors, je vous demanderais de vous identifier, en commençant par le micro de droite.

M. Couillard : Chicanez-vous pas, là.

Mme Biron (Martine) : J'en ai une sur le sujet.

Le Modérateur : Martine Biron.

Mme Biron (Martine) : Bonjour, tout le monde. Bonjour, les ministres, les députés, M. le premier ministre. Je regarde quand même assez rapidement, là, vous comprendrez. Je remarque que ça s'adresse à beaucoup, beaucoup de gens, là. Ça va... Les personnes qui sont visées : les organismes à but non lucratif, les Premières Nations, les corps de police, personnes handicapées, milieux sportifs, athlètes. C'est rejoindre beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens. Je ne sais pas comment vous avez l'intention d'atteindre autant de gens dans différents milieux. Qu'est-ce que c'est, votre plan pour y arriver?

M. Couillard : Bon, d'abord, c'est un problème qui traverse la société, donc c'est tout... et tous les âges, de tous les milieux, que ce soient les milieux de travail, les milieux de vie, les milieux familiaux, milieux scolaires, bien sûr, le problème spécifique des communautés des Premières Nations, donc c'est tout à fait correct que ce soit le cas, puis il y a des ressources, comme vous l'avez entendu, qui sont spécifiquement dédiées. Beaucoup de ce travail est un travail de communication, de sensibilisation soit par les médias sociaux, le Web, soit par les moyens traditionnels pour agir en amont. Alors, je crois qu'il aurait été incomplet s'il n'avait pas adressé l'ensemble du problème.

Comme a dit mon collègue tantôt très justement, on ne prétend pas avoir trouvé les solutions à tous les problèmes aujourd'hui, mais on va admettre ensemble que c'est un très beau premier pas où la société nomme d'abord l'enjeu comme un enjeu prioritaire. Et j'ai voulu personnellement marquer ça en étant présent à toutes les étapes, à partir du forum jusqu'à l'annonce du plan aujourd'hui. Et je pense que c'est un bon début et même un très bon début.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que vous allez investir, bon, une enveloppe? Est-ce que vous allez passer des lois? Est-ce que vous allez, à travers le processus, d'ici 2018, agir de façon législative ou par règlement?

M. Couillard : Bien, les lois et règlements ne sont pas toujours les solutions à tous les problèmes, et je pense qu'il faut rappeler ça. On a tendance, trop souvent, au Québec, à dire : Bien, problème égale loi, problème égale règlement. De bonnes politiques, de bonnes façons d'agir, de communiquer font partie aussi de la situation, de la solution.

(Interruption)

M. Couillard : C'est Pepper qui nous visite, je crois, et il devient un participant à l'événement.

Et donc, oui, il y a des pans qui restent à préciser, par exemple, comme Mme Massé l'a dit, toute la question du racisme et de la discrimination envers les Premières Nations demeure à explorer. Il y a de multiples forums qui s'ouvrent actuellement pour ça, et on va certainement y revenir.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche, Alain Laforest.

Mme Biron (Martine) : J'ai d'autres questions, mais je pense qu'Alain Laforest va être fâché si je prends sa place.

Le Modérateur : Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le sujet?

Journaliste : Oui... sur le sujet aussi, je me disais, 4,4 millions pour 16 ministères et organismes, est-ce qu'il n'y a pas un danger de saupoudrage, finalement, que chacun de ces organismes-là va recevoir...

M. Couillard : Bien là, relisez, là, on parle de 26 millions, là.

Journaliste : Ah! excusez-moi, dans le communiqué de presse, j'avais vu 4,4 millions.

M. Couillard : 4 millions, c'est ce qui avait été annoncé au budget l'an dernier pour commencer le travail et certaines mesures, mais ça s'étend à d'ensembles... beaucoup plus d'organismes et ministères, ça finit par faire 26 millions. Merci.

Journaliste : Parfait, très bien. Sur un sujet bien à peu près semblable, Mme Maltais, ce matin, a accusé des députés libéraux d'être intolérants envers des personnes homosexuelles lorsque le nom Dany Turcotte a été mentionné comme défenseur des CPE. J'aimerais avoir votre avis sur la question.

M. Couillard : Un seul commentaire, c'est que moi, je n'ai rien vu ni entendu qui correspond à ça. C'est tout.

Journaliste : Est-ce que vous trouvez que c'est une drôle de coïncidence juste avant un point de presse sur l'intolérance?

M. Couillard : Je vous laisse en faire l'analyse. Merci.

M. Laforest (Alain) : M. Couillard, bonjour, bonjour à vous tous. Ce matin, M. Legault vous a demandé, là, d'agir un peu plus promptement contre les mosquées. Vous avez laissé entendre qu'il pourrait y avoir des ajustements. Est-ce que vous craignez, justement...

M. Couillard : Je veux juste... Excusez-moi, M. Laforest. Si mes collègues de l'opposition sont mal à l'aise, vous êtes corrects d'être ici, ça ne me dérange pas, mais c'est à vous de le décider si vous voulez. On ne veut pas vous l'imposer. Parce qu'on espérait concentrer les questions sur le sujet, mais allons-y, allons-y. Donc, vous parliez de M. Legault et des mosquées.

M. Laforest (Alain) : Je trouve que c'est parallèle un peu au sujet. Mais est-ce que vous craignez, justement, qu'il y ait de l'intimidation à l'endroit de certaines communautés?

M. Couillard : Bien, c'est déjà le cas, et, chaque fois qu'on éveille la tension entre les communautés — on l'a vu à l'époque de la charte, on le voit encore actuellement — les premières personnes à souffrir sont les personnes les plus vulnérables, et c'est totalement regrettable, et, comme je l'ai dit souvent, on n'est pas la seule société à faire face à cela.

Maintenant, on nous fait des suggestions de... pour bonifier, notamment, le projet de loi n° 59. Tant mieux, allons en commission parlementaire pour en débattre. Mais le repère qui ne changera pas, c'est le repère de nos lois, et notamment des chartes des droits et libertés des gens, parce que c'est ce que les barbares ont voulu détruire et c'est ce qu'on doit préserver. Maintenant, il y a déjà beaucoup de choses, dans le projet de loi, qui ont été ajoutées, même. On veut avoir un travail constructif en commission.

M. Laforest (Alain) : Il y a 10 jeunes Québécois qui sont partis combattre avec les Kurdes. Vous vous inquiétez?

M. Couillard : Oui, je suis toujours inquiet quand je vois ces phénomènes-là, qui, encore une fois, vous le voyez tragiquement, se déroulent ailleurs aussi. Il faut se poser la question : Qu'est-ce qui peut amener un jeune qui a passé sa vie, sa jeunesse, sa scolarité chez nous à devenir la proie soit des mouvements extrémistes ou à penser qu'il va trouver son salut ou un sens à la vie en allant combattre pour une cause, franchement, qui nous dépasse par son horreur? Et c'est cette question qu'il faut poser. Regardez en Europe ce qui arrive, actuellement. On fait face à des jeunes qui ont grandi, ont été scolarisés en Europe, dans le berceau même des libertés, de la tolérance et de la civilisation. Alors, je pense qu'il y a un sérieux problème ici et une sérieuse question à poser, bien sûr les questions de sécurité passant au premier rang actuellement.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

Mme Biron (Martine) : Rebonjour, M. le premier ministre. J'ai deux questions. D'abord, sur les négociations dans le secteur public, vous avez certainement vu la contre-offre présentée par les syndicats. Le président du Conseil du trésor a dit que les parties étaient à des années-lumière. Est-ce que vous pensez que vous vous rapprochez... que vous devrez recourir à une loi spéciale?

M. Couillard : Il n'est pas question de ça actuellement. Moi, je travaille pour avoir une entente négociée. Bon, d'abord, je dirais que le fait que les syndicats veuillent engager une conversation avec une contre-offre et s'asseoir à la table, en soi, c'est bien, mais il faut qu'on reste dans les paramètres qui mènent à une entente. Actuellement, comme M. Coiteux l'a dit, j'ai de la difficulté à voir la voie vers une entente négociée à partir de ce qui a été déposé. Mais restons-en là pour aujourd'hui, ayons les conversations autour des tables, et je crois qu'on pourrait probablement réussir si chacun y met du sien.

Mme Biron (Martine) : Deuxième question concerne l'entente transpacifique. Le gouvernement Trudeau a dit... en fait, le premier ministre a dit qu'il ne se sentait pas lié par l'entente de compensation de 4,3 milliards aux agriculteurs, en fait, que M. Harper avait mis sur la table. Est-ce que, pour vous, c'est une bonne nouvelle?

M. Couillard : Bien, ça dépend de ce que ça veut dire. Si on dit : On veut regarder, comme on s'y était engagé, d'ailleurs, en campagne, présenter l'entente aux Canadiens pour avoir un débat, c'est tout à fait légitime de le faire, on en a parlé pendant la campagne fédérale. Mais cependant soyons bien clairs : pour nous — pas uniquement pour nous, pour nos collègues de l'Ontario et également des Maritimes — l'encoche qui est donnée par l'entente transpacifique, même si elle est, finalement, heureusement, plus réduite que ce qu'on craignait, doit s'accompagner, d'une part, de mesures de compensation, d'autre part, de travail sur ce qu'on appelle la réciprocité des normes, c'est-à-dire que les normes que nos exploitants agricoles ont à respecter les placent sur un terrain d'égalité avec leurs concurrents, et ça, là-dessus, on ne baissera pas la garde, non plus sur le contrôle des frontières pour certains produits dérivés du lait. Alors, je ne décode pas encore qu'on veuille tourner le dos à une compensation, mais c'est clair que, si l'entente transpacifique est ratifiée et que l'encoche des quotas d'importation se confirme, il faut qu'il y ait une compensation, c'est clair.

Mme Biron (Martine) : Peut-être qu'elle pourrait être plus élevée, peut-être que le gouvernement...

M. Couillard : Bien, voilà. Quand on parle de révision, ça peut aller dans toutes les directions, mais je vais laisser au gouvernement fédéral le soin de préciser ses intentions. Merci.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui, bonjour, M. le premier ministre. Dites-moi si j'ai tort, votre gouvernement avait pris l'engagement en septembre d'accueillir 3 650 réfugiés syriens au Québec d'ici la fin de l'année, c'est exact?

M. Couillard : Oui.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que vous allez remplir cet engagement-là?

M. Couillard : Fort probablement, oui, parce qu'on voit que les... déjà les Syriens qui sont rentrés chez nous sont déjà en grand nombre. Il y a déjà des familles. En passant, là, la plus belle nouvelle de la journée, là, de la semaine même, c'est la photo de cette famille de Syriens en première page d'un des quotidiens, ce matin. Quel rappel à la réalité de qui sont ces gens qui veulent vivre parmi nous!

Maintenant, sur le premier contingent, nous, on n'a aucun doute parce qu'on a les moyens financiers, les mécanismes, le Québec est bien connu quant à sa capacité de faire ça. La question qui reste à éclaircir, c'est la mise en place du plan fédéral, plus large. On sait que M. Trudeau a parlé de 25 000 accueils duquel bien sûr le Québec devrait prendre sa part avec les ressources, bien sûr, qui viendraient du gouvernement fédéral.

Alors, sur la première tranche, je n'ai aucun doute. Sur la tranche supplémentaire qui va dépendre de l'annonce du fédéral, bien, ça dépendra notamment des ressources disponibles et de la façon dont on peut ensemble travailler. Mais je pense qu'il faut maintenir, encore une fois, dans notre discours, une fois placées bien comme il faut les questions de sécurité, notre caractère ouvert, notre caractère accueillant, notre caractère humain, au Québec, et ça, ça doit passer au-dessus de bien des choses.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Justement, pour préserver ce caractère accueillant, ce caractère humain, est-ce que vous déplorez certains dérapages peut-être comme celui du maire de Québec, M. Labeaume, qui a dit : Oui, on doit accueillir, bon, tout d'abord des orphelins, ensuite des familles avec deux enfants, et, bon, les jeunes hommes dans la vingtaine, un peu frustrés, ceux-là, on n'en veut pas. Qu'est-ce que vous dites...

M. Couillard : Je ne commenterai pas ces propos-là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Pourquoi? Vous reprochez beaucoup des amalgames des partis d'opposition. Pourquoi ne pas reprocher...

M. Couillard : Oui, mais je veux parler à M. Labeaume. Il va préciser ses propos, certainement. Il faut savoir que, déjà, dans la politique du Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, il y a un processus d'établissement de priorités qui s'adresse d'abord et avant tout aux minorités religieuses persécutées, par exemple, ou aux personnes dans une situation de vulnérabilité particulière. Donc, il y a déjà, dans le processus de classification et d'attribution de statut de réfugié, un mécanisme de ce type-là. Mais je n'irai pas plus loin pour l'instant, ça ne m'apparaît pas nécessaire.

Le Modérateur : Merci. On va prendre une dernière question, micro de droite.

Journaliste : Bonjour, M. le premier ministre. Tout à l'heure, votre ministre Pierre Moreau nous a dit qu'il n'était pas en mesure de garantir que le Québec allait atteindre son objectif d'accueillir 3 650 réfugiés d'ici la fin de l'année. Là, vous nous dites que ça va fort probablement être le cas.

M. Couillard : On est très optimistes.

Journaliste : Pourquoi n'êtes-vous pas sur la même longueur d'onde que votre ministre, là? Ça fait deux fois en deux jours que vous...

M. Couillard : Non, on est sur la même longueur d'onde, on vient d'en parler, lui et moi, avec tous les collègues. On est très, très, très confiants d'atteindre la cible du premier contingent. Encore une fois, cette chose-là est en marche, hein? Il y a déjà, depuis septembre, plusieurs familles qui ont parcouru le processus, il y en a déjà qui sont chez nous et, régulièrement, il y en a qui arrivent. On me disait qu'aujourd'hui il y a 90 personnes qui arrivent par les vols commerciaux. Alors, ça, de ce côté-là, je ne suis pas très inquiet.

La question qui doit être éclaircie rapidement — et je vois M. Trudeau la semaine prochaine — c'est cette question du contingent supplémentaire, et de la part que le Québec va avoir à jouer, et des ressources qui sont nécessaires pour qu'on le fasse correctement ensemble. Alors, on entend... on veut entendre où est-ce que ces personnes vont être dirigées d'abord, comment on va coordonner, par exemple, les vérifications de santé, assumant que celles de sécurité sont déjà faites, comment est-ce qu'on va les transférer dans les communautés, et ça, on va pouvoir vous le préciser dès qu'on aura devant nous le plan du gouvernement fédéral.

Mais je dois vous dire qu'autant en privé qu'en public il semble très, très ferme, le gouvernement fédéral, dans leur intention de remplir cet engagement de 25 000 arrivées d'ici le 1er janvier.

Journaliste : Vous avez parlé tout à l'heure de l'opposition dans le débat sur les réfugiés. Il y a le maire de Québec, le maire de Montréal qui ont tous deux remis en question l'échéancier fixé par Ottawa, il y a cette pétition qui circule et cet homme qui a été arrêté pour avoir proféré des menaces. Trouvez-vous que le contexte social est propice à l'accueil et à l'intégration réussie de ces réfugiés syriens?

M. Couillard : Bon, d'abord, je veux faire une nette démarcation... je suis certain que ce n'était pas l'objet de votre question, mais une nette démarcation entre les préoccupations des maires quant à leur capacité d'agir et les comportements sociaux inacceptables que vous décrivez, autant cette pétition regrettable que cet homme qui a été arrêté — tant mieux! — par les forces policières, là.

Mais je vais rappeler quand même que, s'il y a eu une bannière du rejet à Québec, il y a aussi eu des bannières d'accueil, et je pense que le message dominant du Québec et de Québec, ça demeure l'accueil.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Couillard : Au revoir.

Le Modérateur : Merci, ça mettre fin au point de presse.

Journaliste : S'il vous plaît, j'aurais une petite question, s'il vous plaît, rapidement. À la suite des attentats terroristes survenus à Paris, est-ce que ça va vous amener à revoir et renforcer le plan d'action contre la radicalisation que vous avez adopté en juin? Et, si oui, de quelle manière?

M. Couillard : Bon, d'abord, une grande partie des réactions sont du domaine des forces policières, des forces de l'ordre, des services de renseignement. Ça ne touche pas le plan de radicalisation, qui, en passant, fonctionne. Vous avez vu récemment que ce centre de radicalisation à Montréal, qui est financé à la fois par la ville de Montréal et notre gouvernement, reçoit des appels, est capable d'agir, d'intervenir auprès des gens. Alors, il y a plusieurs éléments de ce plan d'action là qui sont... ce que tout le monde doit faire, qui doivent être faits. La menace en tant que telle ne change pas ça. Ce que la menace fait, c'est qu'elle change le niveau de sécurité et de préoccupation de précautions sécuritaires. Mais je crois que le plan d'action, il était bien pensé, la loi n° 59 va y ajouter, et je crois qu'on doit continuer à travailler dans ce sens-là, tout faire en même temps, mais d'abord parler de sécurité, bien sûr. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Merci.

Journaliste : ...

Le Modérateur : Merci. Ça va être la... Alain, merci.

M. Couillard : ...de la réponse, parce que vous transmettez l'inquiétude des gens, que je comprends. Comment pouvons-nous ne pas être inquiets devant des événements comme ceux de Paris? J'espère que personne au Québec ne pense qu'on n'est pas potentiellement, nous aussi, des cibles du terrorisme, car nous le sommes. Peut-être de façon moins aiguë que nos gens... nos amis d'Europe, mais nous le sommes aussi. Alors, c'est tout à fait correct d'être inquiets. C'est pour ça que les mécanismes de sécurité et de renseignements, les actions militaires de toutes sortes sont absolument nécessaires. Mais ça ne doit jamais, jamais, jamais nous faire dévier de nos principes fondamentaux, qu'on est une société d'accueil, une société ouverte, une société généreuse, et on le sera encore une fois, de ne pas perdre de vue nos libertés fondamentales ni ce qui fait notre force. Et c'est ce que les barbares ont voulu détruire : notre société de droit, et nos libertés, et nos droits. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup, ça met fin au point de presse.

(Fin à 15 h 8)