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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Le jeudi 11 février 2016, 11 h 34

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-quatre minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là. En fait, je tenais à vous rencontrer ce matin parce que j'ai été plutôt dérangée par ce que j'ai vu et entendu en Chambre concernant la question d'Anticosti. En fait, le mot qui me vient, c'est vraiment un échange où les gens qui sont en intervention posent des questions alors que, dans les faits, ce qu'on veut, la seule chose qu'ils veulent, c'est embarrasser. Je trouve ça hypocrite parce que, dans les faits, si on veut parler — et ce matin, là, c'était beaucoup l'enjeu à la période de questions — d'Anticosti sur une base de l'économie comme l'ont fait les chefs d'opposition, c'est de ne pas reconnaître d'entrée de jeu ce que les recherches et/ou les chercheurs nous ont dit en matière de potentiel de développement économique d'Anticosti, qui est, dans les faits, de l'argent public qu'on investit à travers Investissement Québec, mais qu'on va continuer d'investir, qu'on va investir et que ça va être sans fond. Pourquoi? Parce que, s'il y avait une cent à faire à Anticosti, ça ferait longtemps que Suncor serait au rendez-vous, que Shell serait au rendez-vous.

Alors, je suis sidérée de voir, premièrement, que la dimension environnementale n'est pas plus au coeur des préoccupations des partis d'opposition. C'est rare que l'opposition est moins écologiste que le gouvernement en cause, mais, quand on l'aborde du point de vue économique, je suis surprise d'entendre ces oppositions-là ne pas soulever la question : Comment ça se fait qu'on n'investit pas dans nos entreprises à Saint-Eustache, à La Pocatière, dans la région de Québec, ces industries-là qui font du transport collectif? Parce que, si on est préoccupés d'économie, on peut dès maintenant — et c'est ce que Paris nous a enseigné — s'enclencher dans une économie de transition énergétique, mais une transition énergétique qui amènera la transition écologique nécessaire pour atteindre le défi collectif qui est le nôtre, c'est-à-dire ne pas réchauffer la planète plus de 1,5 degré.

Ceci étant dit, je n'entends pas ni les Martine Ouellet, sur la question d'Anticosti, ni les Mathieu Traversy, Sylvain Gaudreault, historiquement, ou Mathieu...

Une voix : Lemay.

Mme Massé : ... — Lemay, merci — Mathieu Lemay de la CAQ. Comment ça se fait que le dossier d'Anticosti, tout d'un coup, n'est qu'une question économique, alors que, dans les faits, si le gouvernement du Québec... Et c'est pour ça, hier, que j'ai dit que, si le gouvernement Couillard est sérieux, qu'il arrête dès maintenant et qu'il n'y ait pas de forage cet été, qu'on règle cette question-là et que notre argent collectif, on l'investisse dans ce qu'on sait qui va relancer l'économie dans les trois régions dont je vous ai parlé, notamment, et qui va permettre, là, une réelle... une incidence sur l'environnement, donc sur les changements climatiques.

Alors, «hypocrisie» serait mon mot de la journée, et j'en suis fort déçue.

M. Vigneault (Nicolas) : Ce qui vous chicote, j'imagine, c'est surtout quand on dit que Québec solidaire est aux côtés du Parti libéral dans ce dossier-là?

Mme Massé : En fait, moi, je ne suis pas chicotée de ça. Ce que je dis, c'est : Il faut que le premier ministre... Parce qu'hier je le disais clairement : Si le premier ministre est sincère, il va dans le sens de ce que je dis depuis le début par rapport à Anticosti, il faut qu'il arrête. Mais, pour le moment, moi, je n'ai pas les préoccupations des autres, je n'ai pas encore l'assurance qu'il n'y aura pas de forages cet été. Je n'ai pas cette assurance-là. Tant que je ne l'aurai pas, je ne donnerai pas la tape dans le dos nécessaire, mais soyez assurés que, si effectivement il le fait, c'est ce qu'on dit depuis le début.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Couillard n'a pas été suffisamment clair au cours des dernières semaines sur la poursuite de l'exploration à Anticosti et notamment les travaux de forage qui nécessiteront de la fracturation hydraulique cet été? Vous estimez qu'il y a encore des doutes sur ces travaux-là?

Mme Massé : Oui. Oui, absolument, des doutes sur la poursuite, quand il dit : On ne déchirera pas le contrat. Le contrat prévoit des forages d'exploration cet été... d'exploitation, cet été. Alors, si on ne le déchire pas, là il y a quelque chose qui ne marche pas, là. Donc, il faut que ce soit clair parce que... Et c'est pour ça que je ramène en disant que la dimension écologique ne peut pas être évacuée de ce débat-là. Bien sûr, il y a la question économique, je vous ai fait part de la nécessité, si on veut agir économiquement, de le faire non plus dans des industries fossiles comme le pétrole de schiste, le gaz de schiste, mais comme le gaz naturel aussi. Si on veut enclencher une transition énergétique et écologique, ça ne peut pas passer par l'industrie de l'hydrocarbure. Assez, le soutien financé aux hydrocarbures!

M. Bélair-Cirino (Marco) : Donc, vous demandez que le gouvernement rompe aujourd'hui le contrat qui le lie à des investisseurs privés comme Pétrolia, Corridor Resources , mais à quel prix? Parce que, bon, il y a les permis qui semblent avoir une valeur totale de 200 millions de dollars. L'État s'est engagé à investir 57 millions de dollars dans l'exploration, il va nécessairement y avoir des dédommagements à verser aux entreprises. Donc...

Mme Massé : Oui, alors, dans ce sens-là, je pense que c'est important... Là, pour le moment, tout le monde vit sur l'idée de : Oh! mais il doit y avoir des grosses pénalités dans ce contrat-là. Mais, moi, depuis le mois de novembre... j'étais à Paris et je répétais : Bien, qu'il nous le montre, le contrat. C'est de l'investissement public, qu'il le montre. S'il ne veut pas tout le montrer, qu'il montre la clause des pénalités, qu'on sache dans quoi on s'embarque.

Mais, ce que je dis aussi, et c'est ça qu'il faut retenir, c'est qu'au niveau d'Anticosti, c'est un puits sans fond. On va mettre de l'argent pour peut-être aller voir s'il y a du potentiel là alors que, déjà, les études au niveau économique contestent comment on va faire énormément d'argent là-dedans. Et après ça, pour toute la réhabilitation du territoire, parce qu'on va l'avoir magané, ça va encore nous coûter de l'argent public. Alors, nous, on dit : Regardez, arrêtez ça là, là, puis montrez-nous-les, les chiffres, puis je suis convaincue que l'impact à long terme versus ce qu'on à assumer là comme... on va être regagnants sur les fonds publics dépensés dans cette expérience-là.

M. Authier (Philip) : Souvent, dévoiler des chapitres sur des pénalités est interdit. C'est ça, un contrat. C'est rare qu'un gouvernement va révéler ces chiffres-là. Ce n'est pas un peu pas trop réaliste, demander ça?

Mme Massé : Bien, écoutez, je comprends votre question...

M. Authier (Philip) : C'est parce que c'est très rare que ça arrive, ça.

Mme Massé : Dans ce cas-là, qu'il nous dise le chiffre. S'il ne veut pas le dévoiler, le contrat, qu'il nous dise le chiffre, on va lui faire confiance, qu'il nous dise le chiffre. J'imagine qu'il ne mettrait pas les deniers publics... qu'il ne nous dirait pas un chiffre plus élevé que le chiffre qu'il y a dans le contrat. Mais, ce que je veux qu'on arrête, c'est de faire des suppositions.

Tu sais, quand j'entendais ce matin, le chef de la CAQ dire que le contrat d'Anticosti est le plus prometteur en matière de développement économique, bien, un, ce n'est pas du tout ça qu'on a jusqu'à date comme information, et, deux, qu'il me dise à moi que le transport collectif, ce n'est pas prometteur pour Bombardier Transport à La Pocatière, pour Novabus à Saint-Eustache ou bien pour Prévost dans la région de Québec. Tu sais, arrêtons, on a des moyens d'agir dans la transition écologique, et ça passe notamment — et ça, on le sait parce qu'on l'a entendu en commission parlementaire, on l'a entendu aussi à Paris — par le développement du transport collectif et — je vais faire un clin d'oeil à M. Legault — c'est une façon aussi de diminuer la balance commerciale qui le préoccupe tant au niveau du pétrole, mais au niveau aussi de la création d'emplois.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Ça ne vous choque pas un peu de voir le premier ministre dire que l'étude qu'il attend, l'étude hydrogéologique, que les conclusions de ce document-là sauront assurément mettre le clou dans le cercueil de ce projet d'exploration, d'exploitation des hydrocarbures à Anticosti, qu'il détermine un peu les conclusions d'avance, alors que des fonctionnaires, des experts, supposément indépendants, vont devoir se pencher là-dessus? Ça ne vous embête pas? Vous ne voyez pas d'intrusion? Vous appuyez ça, vous aussi? Les conclusions sont déjà déterminées d'avance.

Mme Massé : Non, dans le sens où ce n'est pas déterminé d'avance, mais, déjà, il y a des chercheurs qui ont émis des recherches. Allez voir les documents qui ont été déposés cet automne, déjà on a déjà des indications. Il y a notamment Marc Durand et ses collègues chercheurs qui ont démontré que l'étude... que le rapport qui parle de développement économique s'appuie sur des données faussées.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Sur la qualité de l'eau, les impacts de la fracturation.

Mme Massé : Sur la qualité de l'eau et le potentiel aussi de... Alors, bon, il y a cette dimension-là, mais ces rapports-là vont nous parler d'une dimension, qui est le sous-sol. Après ça, il y a... O.K., mais comment... On le sait que la fracturation, pour pouvoir la réaliser, ça demande beaucoup en énergie au niveau de l'eau, que ça rejette beaucoup de contaminants. Ça, ça se calcule, ça, quand tu le perçois dans la perspective de l'intérêt collectif, quand tu le mets dans la perspective de l'environnement, ça a un coût, ça. Ça, il faut que ce soit tenu en compte.

Ensuite, ce qu'on sait, depuis le début : sortir… Tu sais, même s'il y avait beaucoup, beaucoup, beaucoup de potentiel, sortir ça d'Anticosti… c'est une île, et c'est là que les dangers augmentent de façon importante.

Alors donc, est-ce que le premier ministre est en train de donner… Le premier ministre, nous, ce qu'on veut, c'est qu'il donne une orientation politique. Et d'ailleurs peut-être qu'une des façons de le faire, ça serait de faire d'Anticosti une aire protégée.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on peut croire que les experts puissent donner leur aval à la fracturation de trois puits cet été, à la fracturation hydraulique et dans le forage de trois puits cet été? Est-ce que vous envisagez ça?

Mme Massé : Nous, depuis le début, à Québec solidaire, on dit la même chose que les experts internationaux — là, on n'est plus dans le local, là — …

M. Bélair-Cirino (Marco) : …ça serait hautement improbable?

Mme Massé : …qui disent : Le pétrole, le gaz naturel, en fait, tout ce qui est hydrocarbures doit rester dans le sous-sol, à tout le moins le deux tiers de ce qu'on connaît. Alors, imaginez-vous si on ne le connaît pas. C'est mieux de rester là. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 46)

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