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Point de presse de M. Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle et M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Le mercredi 24 février 2016, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures sept minutes)

M. Poirier (Jean) : Bonjour, tout le monde. Premièrement, merci d'être là. Merci de vous voir. Merci qu'on puisse continuer à délivrer notre message.

Écoutez, je suis très fier aujourd'hui d'être très bien entouré autour de moi. Écoutez, j'ai une personne, présentement, en M. Pierre Karl, qui a une formation en juriste, il connaît très bien les lois. Je pense qu'il a très bien parlé à l'Assemblée nationale concernant les lois. Puis j'ai un ancien président d'Air Transat, je pense qu'il connaît très bien la maintenance. Ça fait que, pour ça, je pense que c'est d'une équipe du tonnerre qu'on parle.

Ici, qu'est-ce que vous voyez? Vous voyez des travailleurs qui viennent d'un centre de révision. Qu'on arrête de parler d'un centre d'excellence, on a des gens qui travaillaient aux composantes d'Air Canada qui, aujourd'hui, n'ont aucune garantie d'emploi pour demain. On a des gens qui viennent de la division Moteurs, qui n'ont aucune garantie d'emploi pour demain. C'était ça, un centre de révision. Moi, je venais du garage. Ça fait qu'aujourd'hui, là, vous avez une représentation de ça.

Ces gens-là, hier, ont bâti une nouvelle association qui s'appelle l'Association des anciens travailleurs des centres de révision d'Air Canada. Et aujourd'hui, avant de commencer à parler de qu'est-ce qu'il va se passer à l'Assemblée nationale puis pourquoi qu'on est là, j'appelle un appel public à toutes les firmes d'avocats du Québec qui auraient le goût de nous accompagner dans cette cause-là. Moi, j'ai déjà mon avocat qui travaille sur le dossier, mais on veut une armée parce qu'on va devoir se battre contre le gouvernement provincial, fédéral et Air Canada, qui ne veut pas faire appliquer une loi aujourd'hui. Ça fait que notre message est très clair : Envoyez-nous vos soumissions, on va retenir les cinq premiers. On ne vous rappellera pas tous. Ça fait que les meilleures soumissions, c'est avec vous qu'on va faire affaire. Ça, ça vient de l'association et non de moi.

Et pourquoi qu'on est ici aujourd'hui, pourquoi qu'on est à l'Assemblée nationale aujourd'hui? C'est pour livrer trois messages. On demande aujourd'hui que M. Philippe Couillard et son gouvernement reculent, on lui demande clairement de continuer le processus concernant les centres de révision d'Air Canada. On parle de 400 avions à l'extérieur... on enlève les 45 avions de Trois-Rivières, là, mais c'est 400 avions d'Air Canada, aujourd'hui, qui sont envoyés à l'extérieur de Montréal. La loi dit qu'il faut qu'il y ait un centre de révision à Montréal. Quand qu'on parle d'un centre de révision, on parle de la division Moteurs, les composantes et les garages. Ça fait que la loi soit appliquée, ça, c'est le premier point pour M. Couillard.

Le deuxième point qu'on lui demande, c'est de rentrer en communication avec son homologue fédéral, M. Justin Trudeau, pour s'assurer qu'aucune modification législative ne soit prise au niveau de la loi, sa participation publique au capital d'Air Canada au niveau des centres de révision. Voici notre deuxième demande.

Et notre dernière demande... Écoutez, vous avez vu le gros show, là, qui se passe, là, depuis le début, là, Bombardier, le deal qui... on voit que tout le monde est mêlé là-dedans, on parle de Daniel Johnson. Moi, j'avais de la misère avec Pierre Marc Johnson en 2012. Écoutez, là, moi, là, j'aimerais ça avoir une commission parlementaire de l'Assemblée nationale afin d'éclaircir qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui s'est fait dans ce deal-là, pourquoi, aujourd'hui, on abandonne 3 000 emplois. Parce que 400 avions, moi, excusez-moi, là, je peux vous figurer à peu près 3 000 emplois, là, à travers le pays, puis on va s'assurer qu'il y ait le maximum au Québec. C'est ça qu'on a à faire comme travail.

Ça fait que merci beaucoup. Je laisse la parole à l'équipe du tonnerre, on va l'appeler comme ça. Merci.

La Modératrice : On va laisser la parole à M. Péladeau d'abord.

M. Péladeau : Merci. Merci beaucoup, Jean.

Alors, écoutez, je pense que les choses sont dorénavant extrêmement claires, elles sont extrêmement claires, le premier ministre Couillard a abandonné les 1 800 ex-employés d'Aveos dans un marchandage odieux, un marchandage qu'on n'aura pas vu depuis les dernières décennies. Il avait des munitions en or, des munitions pour se donner des outils pour négocier, un jugement de la Cour supérieure du Québec, un jugement rendu à l'unanimité du banc de la Cour d'appel du Québec, le plus haut tribunal, et il a plié l'échine. Il a donné ouverture au chantage d'Air Canada d'abandonner 1 800 employés en contrepartie d'achat d'avions de la série C. On ne peut faire autrement que de réitérer : un chantage et un marchandage odieux et scandaleux.

Je remercie Jean Poirier de nous avoir invités pour dénoncer cette situation, pour dénoncer ce marchandage, pour dénoncer l'abandon des droits des travailleurs. Au Parti québécois, nous avons toujours défendu les travailleurs... et nous assurer du respect des droits de chacun des contribuables et des citoyens. Je suis heureux d'être ici en compagnie du chef de la seconde opposition parce que, tous les deux, nous croyons intimement au respect des droits et au respect du développement économique. Le Parti québécois s'est engagé dans cette direction, c'est pour soutenir les 1 800 ex-employés d'Aveos, les 1 800 familles qui ne souhaitaient rien d'autre que de participer au développement économique du Québec, qui ont été abandonnées, purement et simplement, par le gouvernement de Philippe Couillard. Merci.

M. Legault : Bien, écoutez, d'abord, je veux remercier Jean Poirier puis, comme il le disait, les anciens employés d'Air Canada, finalement, pour l'invitation de ce matin. Écoutez, je pense qu'au-delà de la couleur des partis, c'est tellement grave ce qui se passe, actuellement, que ça vaut la peine de travailler ensemble sur le dossier.

Évidemment, comme le disait Jean Poirier, ça me rappelle des souvenirs, d'être avec des mécaniciens. Je peux vous dire qu'Air Canada, lorsque j'étais dans l'aviation, était réputée pour être une des meilleures compagnies aériennes en termes d'entretien. Partout dans le monde, là, où je suis allé pour négocier des contrats d'entretien, Air Canada était réputée pour avoir le meilleur département d'entretien dans le monde.

D'ailleurs, petite anecdote, quand on a démarré Air Transat, les deux premiers avions, les deux premiers Lockheed 1011, on a magasiné un petit peu partout dans le monde, mais on tenait, quitte à payer plus cher — puis on a payé plus cher — à avoir des anciens avions d'Air Canada parce qu'on savait que les Lockheed 1011, dont on a fait usage ensuite pendant plusieurs années, c'étaient des avions qui avaient été bien entretenus par les gens d'Air Canada. Et, vous savez, je disais des gens d'Air Canada, il y a... Jean Poirier le disait, là, plus de 3 000 personnes qui travaillent sur l'entretien des 400 avions, qui travaillaient sur l'entretien lourd des 400 avions d'Air Canada.

Ce qui est arrivé, là, dans le fond, c'est qu'Air Canada a créé une filiale, qu'ils ont appelé Aveos. Ensuite, la filiale a été vendue puis on s'est retrouvés avec une compagnie, puis on le sait, en affaires, quand on a une compagnie qui a un gros client, bien, il est à la merci du gros client. Puis la compagnie a fermé ses portes, et les emplois ont été transférés à l'étranger. Actuellement, là, quand Philippe Couillard nous dit : C'est cruel de laisser entendre à ces gens-là qu'ils pourraient retrouver leurs emplois, je ne comprends pas qu'il dise ça. Ils existent, ces emplois-là. Ces emplois-là, actuellement, sont à Hong-Kong, sont à Singapour, sont à Tel-Aviv et au Minnesota. Donc, pourquoi ne pas travailler à les rapatrier au Québec? Ce sont des emplois de qualité.

Et Philippe Couillard semble vouloir nous faire choisir entre la construction d'avions et l'entretien lourd des avions. Pourquoi choisir entre les deux? Je vous donne un exemple : l'Allemagne. En Allemagne, là, vous le savez, je suis allé l'été passé puis j'ai rencontré des gens qui sont dans le département d'aéronautique, là. L'aéronautique, en Allemagne, c'est deux grandes composantes : la fabrication d'avions... parce que vous savez que l'Allemagne est partie de la compagnie Airbus, mais aussi une compagnie qui s'appelle Lufthansa Technik, qui est une compagnie différente de Lufthansa. Or, en Allemagne, il y a plus d'employés chez Lufthansa Technik que chez Airbus. Vous irez voir à Hambourg, là, c'est comme un village complet — avec des restaurants — qui travaille sur Lufthansa Technik. Et, comme ils me disaient, quand on fait, là, ce qu'on appelle un «D check», là... les gens de chez Lufthansa, ils me disaient : On construit plus d'avions qu'Airbus, nous autres.

Bien, c'est la même chose. Les gens d'Air Canada, là, sont aussi importants que les fabricants d'avions. Pourquoi on sacrifierait l'entretien lourd, des emplois payants? On se retrouve dans une situation, actuellement, où Philippe Couillard a fait une entente à quatre, là, hein : le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec, Bombardier puis Air Canada. Philippe Couillard, là, la partie qu'il fallait qu'il livre, c'est de retirer sa poursuite pour qu'on puisse garder les 1 800 emplois. Pourtant, ces gens-là avaient attendu, avaient gagné en Cour d'appel.

Moi, je trouve ça incroyable, là, incroyable. Si j'étais un député libéral, aujourd'hui je serais gêné. Puis je sais qu'il y en a qui habitent dans l'ouest de l'île de Montréal, là où habitent plusieurs mécaniciens d'Air Canada. Les politiciens, là, ont le devoir d'être debout, pas être à genoux. Il faut se battre, se battre pour les travailleurs, se battre pour leurs familles, se battre aussi pour les jeunes qui, après ces gens-là, vont vouloir avoir une bonne job chez Air Canada dans l'entretien lourd.

Donc, je demande encore, en terminant, à Philippe Couillard, d'abord de dire clairement au gouvernement fédéral qu'il ne faut pas amender la loi de 1988, deuxièmement de ne pas retirer sa poursuite et, si c'est nécessaire, d'aller en Cour suprême, on a gagné jusqu'à présent. Puis moi, je veux aussi vous dire, aux gens de chez Aveos ou d'Air Canada, qu'on va être avec vous, que la CAQ va se battre avec vous pour qu'on retrouve ces emplois de qualité. Merci.

M. Poirier (Jean) : Merci, François.

La Modératrice : Bon, on va commencer la période de questions. M. Alexandre Robillard, de LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : Bonjour. Donc, on constate que, la semaine dernière, le Procureur général du Québec puis Air Canada se sont entendus pour suspendre les procédures jusqu'à l'été prochain devant la Cour suprême. Pourtant, depuis la semaine dernière, M. Couillard répète qu'il ne cessera pas ses recours juridiques tant qu'Air Canada ne se sera pas engagé clairement concernant le centre d'excellence. Donc, j'aimerais ça savoir : Est-ce que vous voyez une contradiction entre le fait de cette entente en Cour suprême et les déclarations de M. Couillard?

M. Legault : Bien, je peux peut-être commencer. Écoutez, actuellement, là, c'est du vent, le centre d'excellence parce que, quand on dit qu'il y a 408 avions chez Air Canada qui sont entretenus à l'étranger, je ferais peut-être une petite précision : sauf 45 Embraer, qui sont entretenus à Trois-Rivières. Donc, ce qu'on va faire, c'est de remplacer les 45 Embraer par 45 avions de la CSeries, donc ça veut dire zéro emploi créé. Puis en plus, ces emplois-là seraient créés en 2025, puis on parle d'à peu près 200 emplois, qui sont à Trois-Rivières, sur ces avions-là.

Donc, le centre d'excellence, là, il va prendre ses emplois où? Là, on nous dit : Il va aller demander à d'autres compagnies aériennes de faire l'entretien de la CSeries au Québec. Je parlais tantôt de Lufthansa Technik. Moi, quand je les ai vus, ils m'ont dit : Nous autres aussi, on veut un centre d'excellence sur la CSeries. Donc, ils vont être en compétition. Ça se peut qu'il y ait zéro emploi. Pourquoi sacrifier 1 800 emplois de qualité, avec un jugement clair, pour du vent, pour du vent? Donc, moi, je comprends ces gens-là, là, d'être en colère contre Philippe Couillard, actuellement.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est une contradiction? C'était ça, la question.

M. Legault : Bien oui, c'est une contradiction.

M. Poirier (Jean) : Bien, absolument, là. Écoutez, vous avez vu le même texte que moi, comme quoi qu'ils ont arrêté, qu'ils suspendent les procédures jusqu'au mois de juillet. Puis M. Couillard dit que non, on n'arrête pas les procédures, on est encore en train de regarder ça. Pour moi, c'est de la contradiction totalement, oui. Écoutez…

M. Péladeau : Et je dirais également que c'est la démonstration, une fois de plus, et nous l'avons tellement vu depuis... donc, que le gouvernement libéral prouve son absence de politique économique, là. Mais il ne sait pas négocier, il ne sait pas négocier. Vous n'abandonnez pas une permission d'appeler, vous n'abandonnez pas des munitions qui vont justement vous amener à la table de négociation avec davantage de leviers. Il fait la démonstration, ça fait 10, 15, 20 fois, qu'ils n'y connaissent rien. Ce n'est pas pour rien qu'il a démantelé son trio économique. Là, aujourd'hui, la ministre de l'Économie, qu'est-ce qu'elle a comme expérience, qu'est-ce qu'elle a négocié, dans sa vie, comme deal, là? Zéro puis une barre. Alors, nous avons la démonstration, hors de tout doute, que ce sont des pee-wee en matière de négociation. Et j'ai bien aimé la formule que le chef de la seconde opposition a utilisée à l'Assemblée nationale au salon bleu : Ils se font rouler dans la farine.

M. Robillard (Alexandre) : Sans vouloir vous manquer de respect, M. Poirier, vous comprendrez qu'une question sur le contexte de la présence des deux chefs s'impose. Donc, j'aimerais ça savoir pourquoi vous vous alliez aujourd'hui? Qu'est-ce qui fait que c'est si important? Puis est-ce qu'on peut s'attendre à d'autres alliances de votre part sur d'autres sujets, éventuellement?

M. Legault : Écoutez, d'abord c'est à la demande de Jean Poirier du syndicat d'Aveos. C'est grave, 1 800 emplois à 35 $ de l'heure, ça n'arrive pas à tous les jours, hein? Je ne pense pas que ça va arriver demain matin ou la semaine prochaine, mais, sur ce dossier-là, on est d'accord puis on appuie les gens d'Aveos. Donc, non, je n'anticipe pas qu'il y ait d'autres occasions comme ça.

M. Péladeau : Bien, moi, je dirais qu'il y a quelque chose qui nous tient profondément en commun, c'est l'avenir du Québec et de son développement économique. Et aujourd'hui, avec Jean Poirier, je réitère ce que disait mon collègue le député de L'Assomption et chef de la seconde opposition, c'est que nous sommes ici à son invitation pour mettre en valeur l'expertise, la volonté et, surtout et avant tout, la détermination de prendre les mesures appropriées pour s'assurer un développement économique, un enrichissement collectif. Or, il se trouve que le gouvernement libéral va à l'encontre de cette politique et de cette stratégie.

La Modératrice : Merci beaucoup. Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.

M. Gagnon (Marc-André) : Pour continuer un peu dans le même sens, est-ce que c'est votre passé, donc, d'hommes d'affaires, d'entrepreneurs qui fait en sorte que vous avez une vision à peu près similaire dans ce dossier-là, MM. Péladeau, Legault?

M. Legault : Écoutez, pour moi, là, c'est comme une évidence. Moi, je pense, c'est surtout un problème du côté de Philippe Couillard. Je pense que Philippe Couillard ne comprend pas le dossier. Je pense que Philippe Couillard ne comprend pas qu'on peut et aider Bombardier à construire des avions et garder des emplois d'entretien lourd chez Air Canada. Les deux dossiers, là, il ne faut pas les mélanger, on peut garder les deux.

Donc, moi, je pense, là, qu'il y a comme une évidence. Vous l'avez vu, d'ailleurs, il n'y a pas juste le chef du PQ puis moi, il y a à peu près tous les analystes qui le disent depuis une semaine que Philippe Couillard, là, ce n'est pas sa matière forte, l'économie. Donc, il faut, à un moment donné, lui dire, là, parce qu'il défend… et, en tout cas, jusqu'en 2018, c'est lui qui est notre représentant, donc il faut lui dire clairement : Vous êtes en train de faire une erreur.

M. Poirier (Jean) : J'aurais juste un point à amener là-dessus. Excusez-moi, M. Péladeau.

M. Péladeau : Allez-y.

M. Poirier (Jean) : Mais vous avez trois négociateurs aguerris, présentement. Ça fait que je propose, présentement, au gouvernement Couillard de... peut-être que M. Legault, moi et M. Péladeau, on peut aller s'asseoir pour régler ce problème-là puis négocier ce deal-là. Qu'est-ce que vous en pensez?

M. Legault : Je suis ouvert.

Une voix : M. Péladeau, je pense que vous avez quelque chose à ajouter.

M. Péladeau : Écoutez, je ne peux pas faire autrement, effectivement, que de souligner le parallèle que vous avez mentionné. Oui, nous avons eu une vie antérieure dans le monde des affaires. Nous nous sommes engagés pour le développement économique, nous souhaitions et nous avions la responsabilité de faire en sorte de créer de la valeur ajoutée. Nous avons cette expérience appropriée pour, justement, nous engager — et je suis certain, comme François Legault, que son engagement en politique, c'est pour poursuivre au niveau national ce qu'il avait entrepris, en tout cas, en ce qui me concerne, c'est mon cas — de créer de la valeur plus uniquement pour les actionnaires, mais pour l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec.

M. Legault : Écoutez, je veux juste ajouter une chose, moi, j'ai été estomaqué, hier, d'entendre, en Chambre, Philippe Couillard dire : Voyons donc! On ne peut pas demander un plancher d'emploi à une entreprise. Je pourrais vous donner des centaines de cas... Bien oui! Quand on donne 1,3 milliard à une entreprise... même l'entreprise devait être surprise qu'il n'y ait pas de demande en échange. Donc, oui, ça se demande. Quand on donne de l'argent à une entreprise, on a le droit d'exiger quelque chose en retour.

M. Péladeau : Et je me permets d'ajouter, parce que je suis certain que François et Jean le connaissent bien : Et le président d'Air Canada, Calin Rovinescu, bien, c'est un habile négociateur, ça fait 30 ans qu'il est dans ce métier-là. Moi-même, j'ai eu à négocier avec lui dans une transaction. Alors, en face de lui, qui a-t-il? Des gens sans expérience. On ne peut pas, tu sais, condamner Calin Rovinescu de défendre les intérêts de ses actionnaires, c'est à nous de condamner l'absence de stratégie, l'incompétence et l'incohérence du gouvernement de Philippe Couillard et de son équipe.

M. Gagnon (Marc-André) : J'allais vous demander... Donc, ce dossier-là est lié de près à Bombardier. On apprend ce matin que les réunions du conseil d'administration auront maintenant lieu du côté de Londres. Alors, j'aimerais vous voir réagir là-dessus.

M. Legault : Bien, encore là, comment se fait-il qu'on n'ait pas d'exigences? On n'a même pas d'exigences sur le siège social, encore moins sur les réunions, puis encore moins sur la langue des réunions. Bien, moi, je souhaite, là, qu'on préserve ce beau siège social qu'est Bombardier à Montréal et je ne comprends pas, là, pourquoi on accepte ces transferts à Londres.

La Modératrice : M. Péladeau, M. Poirier, avez-vous quelque chose à ajouter?

M. Poirier (Jean) : Bien, pour Bombardier, moi, je ne commenterai pas.

M. Péladeau : Bien, écoutez, ce qu'on comprend — mais on fera les vérifications appropriées, là — il s'agit, donc, d'un déménagement qui pourrait avoir lieu du siège social de Berlin, qui, antérieurement, donc, comme vous l'avez probablement lu... Parce que Bombardier a fait une très, très importante transaction, il y a déjà plus d'une décennie, Adtranz. Alors, c'est, je dirais, donc, dans le cours normal des affaires. Il va falloir avoir plus de détails, là. J'ai rapidement vu la manchette ce matin.

La Modératrice : Hugo Lavallée, Radio-Canada.

M. Lavallée (Hugo) : Bonjour, messieurs. Vous semblez présenter cette union comme étant très ponctuelle, liée vraiment au dossier d'Aveos, mais on a vu quand même un certain nombre de convergences dans les arguments que vous soulevez en Chambre ces derniers temps, entre autres sur Pétrolia, sur Anticosti, vous prônez tous deux le maintien du contrat. Vous critiquez l'octroi de la subvention de 1,3 milliard, aussi, à Bombardier, la façon dont ça s'est fait. Il semble qu'objectivement il y a une convergence de vos visions économiques jusqu'à un certain point, si on ajoute aussi le dossier Aveos. Est-ce que ce n'est pas l'illustration, justement, du fait que vous ne devriez pas exclure davantage de...

M. Legault : Bien, il y a peut-être une convergence sur l'économie, il n'y a pas de convergence sur l'article 1 de notre programme.

Mais, écoutez, le problème, actuellement, là, c'est que Philippe Couillard est en train de faire consensus contre lui parce qu'il ne connaît pas l'économie, il ne sait pas ce que ça veut dire, respecter un contrat, dans le dossier d'Anticosti, mais, de l'autre côté, il ne respecte pas le contrat d'Air Canada de garder son centre d'entretien à Montréal. Il est difficile à suivre, actuellement, puis il est en train de faire consensus contre lui. Puis il est en train de démontrer que c'est un homme intelligent, c'est un bon médecin, mais, en affaires, ce n'est pas sa force.

La Modératrice : M. Péladeau.

M. Péladeau : Tout à fait d'accord avec les propos de François. Oui, il y a cette convergence économique et, oui, il y a cette différence au niveau de nos options constitutionnelles et politiques, mais il y a cet ensemble commun qui est un ensemble commun très fort, celui de notre développement économique, de notre enrichissement collectif. Et, à chaque fois que des gestes vont être posés pour défendre nos intérêts avec quelque formation politique, avec quelque groupe de la société civile, nous allons être présents parce que le Parti québécois, historiquement, s'est engagé dans cette direction et d'aucune façon il n'est question, justement, de faire en sorte de nier cette volonté, cette détermination et cette mission historique.

M. Lavallée (Hugo) : Merci.

La Modératrice : Marie-Laurence Delainey, TVA.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Bonjour. M. Péladeau, vous avez envoyé une mise en demeure, il y a eu une demande de médiation qui a été faite à M. Legault concernant les propos de ce dernier sur l'institut de la souveraineté. Vous en êtes où là-dedans?

M. Péladeau : J'ai tourné la page. Voilà.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Ah? Mais encore, pourquoi vous avez tourné la page?

M. Péladeau : J'ai tourné la page.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : M. Legault, qu'est-ce que vous pensez de ce tournement de page là?

M. Legault : Content de ça.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Vous avez... C'est tout, hein, il n'y a pas plus de... Bien, je vais y aller avec une autre question, alors, qui vous concerne quand même les deux. Au caucus de la CAQ, M. Legault a dit qu'il y avait des gens du Parti québécois qui pourraient être des transfuges. Qu'est-ce que, justement, cette conférence de presse là de vous deux nous dit? Est-ce qu'on peut avoir votre réaction — d'abord M. Péladeau — là-dessus, sur des possibles transfuges du...

M. Legault : Je ne pense pas que ce soit le sujet de la conférence de presse d'aujourd'hui. On parle d'Aveos, là, puis on a des travailleurs d'Aveos puis d'Air Canada. Vous reposerez...

Journaliste : ...

M. Legault : Oui, oui, mais vous pourrez les poser cet après-midi, ça va me faire plaisir.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Est-ce que vous avez tourné la page là-dessus aussi ou...

M. Legault : Je vais vous répondre cet après-midi. Pour l'instant, là, on travaille ensemble sur un dossier qui s'appelle Aveos.

La Modératrice : Merci beaucoup. Louis Lacroix, Cogeco.

M. Lacroix (Louis) : Oui, bonjour... Ah non! C'est parce que j'essaie de formuler ma question comme il faut, là, mais... Qu'est-ce que M. Couillard devrait faire, à votre avis? Est-ce qu'il devrait revoir complètement cette entente-là, aller appeler directement chez Air Canada maintenant et essayer de remettre le dentifrice dans le tube, comme on dit? Est-ce que c'est ça, la solution que vous préconisez?

M. Poirier (Jean) : Tout simplement différencier les choses, O.K.? Air Canada est une chose — Air Canada, il y a une loi pour Air Canada — on parle de milliers d'emplois au Québec de ce côté-là, et Bombardier, c'est d'autre chose. Écoutez, ces travailleurs-là n'iront pas travailler chez Bombardier, là, ils n'ont jamais travaillé là. AJ Walter Aviation sait que, cette personne-là, il n'y aura pas d'ouvrage chez Bombardier pour lui, là. Il faut différencier les choses, il faut vraiment faire la chose, là... que M. Couillard, là, regarde ces dossiers-là différemment, qu'il fasse un bon deal pour Bombardier, je pense qu'ils ont eu des avions à rabais, Air Canada, ils avaient déjà un bon deal.

Puis la meilleure lettre d'entente, il ne faut pas l'oublier, hein, c'est entaché dans une loi, ça fait que qu'est-ce qui dit qu'Air Canada, aujourd'hui, va arriver puis va respecter une lettre d'entente quand ils n'ont même pas respecté une loi qui a été établie en 1988 lors de la privatisation? Ça fait que... qu'on différencie les choses, tout simplement.

M. Lacroix (Louis) : ...a dit que, quand on parle de cette façon-là, on nuit à l'industrie aéronautique et on nuit au Québec, c'est ce qu'il a répété au moins quatre fois hier en Chambre. Est-ce que...

M. Poirier (Jean) : Bien, je vais vous répondre là-dessus. Demain matin, là, la loi est respectée, on ramène des milliers d'emplois aujourd'hui. On s'en va avec le deal de M. Couillard, on ramène des emplois dans 10 ans, c'est tout simplement ça. On appelle-tu ça un bon marché, un bon deal économique? Moi, je n'y crois pas puis, je pense, j'ai deux experts à côté de moi qui vont vous dire... qui vont dire exactement la même chose, là.

M. Legault : Bon, regardez, là, on va revenir sur le deal de M. Couillard : il échange 1 800 emplois qui sont là pour toujours contre la construction de 45 avions. Je le disais hier, là, c'est comme échanger P.K. Subban contre un choix de troisième ronde, là. Dans la balance, là, ce n'est pas équivalent. Donc, si Air Canada a besoin d'une compensation pour s'obliger à acheter 45 avions de la CSeries, qu'il négocie une compensation, mais 1 800 emplois à 35 $ de l'heure, là, c'est beaucoup, beaucoup trop cher payé.

La Modératrice : M. Péladeau, vous voulez ajouter quelque chose?

M. Péladeau : Bien, il y a d'autres éléments. Le premier, M. Lacroix, c'est de dire : Il doit respecter la loi. Un gouvernement, surtout son premier ministre, a un rôle suffisamment important et symbolique de respecter la loi. Or, il est le premier à vouloir s'en soustraire, comme, d'ailleurs, également sur Anticosti, où il souhaite déchirer le contrat.

Le deuxième, c'est parce qu'il n'a rien obtenu dans cette négociation-là, il a tout donné à Air Canada. Il donne tous les éléments qui sont susceptibles de pouvoir lui procurer, à son gouvernement et au Québec, les sources de l'enrichissement. Alors, lorsque vous avez des munitions à une table de négo, vous les utilisez. Bien là, il s'est aplati purement et simplement, et ça, je ne peux faire autrement que de qualifier ça d'attitude odieuse.

M. Lacroix (Louis) : Parce que M. Couillard a dit hier que le... en fait, ce qui était primordial, c'est de sauver Bombardier, c'est de sauver Bombardier et la Cseries, c'est ça qui est important.

M. Péladeau : Oui, mais j'ai également demandé au premier ministre d'être transparent, de donner accès aux ententes qu'il a signées. C'est lui qui s'est prétendu être le champion de l'intégrité et de la transparence. Voyez ce qu'il a répondu, encore une fois, il a botté en touche, il ne répond pas aux questions. Pourtant, on ne parle pas de sommes qui ne sont pas importantes, bien au contraire. Il ne veut pas procurer ces ententes, et là, pour l'instant, tout comme vous, nous sommes obligés de spéculer, mais entre-temps les 1 800 emplois des ex-employés d'Aveos, bien, eux, ils ne sont pas revenus.

M. Legault : Quand Philippe Couillard dit : 45 avions de la CSeries, là, ça vient régler tous les problèmes de Bombardier, là, à mon avis, c'est exagéré, parce qu'actuellement Bombardier se bat avec deux géants : le Boeing 737 puis l'Airbus 319. Or, le Boeing 737 puis l'Airbus 319, là, ils ont des commandes de 3 000, 4 000 avions. Du côté de Bombardier, ils ont une commande, je pense, de... ils ont 230 commandes. Est-ce que 45 de plus, ça va vraiment changer le portrait complet chez Bombardier? Je ne crois pas.

Donc, quand M. Couillard nous accuse de vouloir démolir le secteur de l'aéronautique au Québec, je m'excuse, là, mais ce n'est pas suffisant, ce qui va se passer, il y a encore des gros points d'interrogation du côté de la CSeries. Puis surtout, surtout, pourquoi détruire l'entretien lourd, qui est aussi important? Il n'y en a pas 50, là — chez Air Transat, on avait une vingtaine d'avions — il y en a 408, avions chez Air Canada. On n'a pas d'autres chances de faire de l'entretien lourd que d'exiger qu'Air Canada ramène des emplois de Singapour, de Hong Kong, du Minnesota puis de Tel-Aviv ici, c'est le seul choix qu'on a pour faire vivre cette industrie importante de l'entretien lourd. Puis je vous le dis, là, moi, je suis fier de ce qu'on a bâti au Québec autour de l'entretien lourd. On a des compétences en aviation. Ce n'est pas pour rien, là, ce n'est pas un hasard si on a le siège social d'Air Canada, qu'on a eu Quebecair, qu'on a eu Nordair, qu'on a maintenant Air Transat, on est bons dans l'aviation au Québec. Puis, l'aviation, c'est où, les jobs payantes? Dans l'entretien lourd. Pourquoi sacrifier ça?

La Modératrice : Merci. Simon Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, messieurs. M. Legault, j'essaie juste de bien comprendre ce que vous avez dit un peu plus tôt dans le deal à quatre. Vous, vous dites : Le gouvernement Couillard devrait retirer sa monnaie d'échange que sont les employés d'Aveos, et, si Air Canada a besoin d'aide pour acheter la CSeries, bien, qu'ils se négocient une compensation avec le gouvernement. On vient de donner 1,3 milliard à Bombardier pour construire la CSeries, et là vous proposez de donner de l'argent à Air Canada pour qu'ils en achètent. Est-ce que c'est...

M. Legault : ...en échange, on va demander des garanties d'emploi à Bombardier, puis on va...

M. Boivin (Simon) : ...

M. Legault : Non, non, mais, écoutez... bien, actuellement, là, il y a 17 000 emplois chez Bombardier au Québec. Là, ils ont annoncé, la semaine passée, qu'ils en coupaient 2 400. Déjà là, moi, je me dis, là : Un instant, là, est-ce que la comptabilité on peut la garder ici? Est-ce que les tests sur la CSeries, on peut les garder ici? Est-ce qu'il y a des compromis à faire? Bombardier a 70 000 emplois dans le monde, donc on doit être capables de dire : On peut-u garder un plancher? Je ne le sais pas, là, on est rendus à 15 000, peut-être autour de 15 000. Qu'est-ce qu'on donne en échange? Soyons transparents. Si on dit : On donne 1,3 milliard, puis qu'il faut en ajouter, disons-le de façon transparente, ne venons pas faire un petit deal par en arrière en sacrifiant 1 800 travailleurs et leurs familles, là. Soyons transparents.

M. Boivin (Simon) : ...à votre avis, pour aider Air Canada à acheter des CSeries.

M. Legault : Bien, ça dépend des garanties qu'on a en échange puis ça dépend quelle forme ça prend. Écoutez, vous avez raison, 1,3 milliard, là, c'est la moitié de la valeur de tout Bombardier, puis là, pour l'instant, on n'a aucune garantie dans la division qui est la plus importante, à mon avis, là, qui est le transport. Les wagons de métro, les locomotives, là, ça, ça a de l'avenir, ça va développer le transport en commun partout dans le monde. Donc, comment ça se fait qu'on ne fait pas un deal là-dessus, dire : O.K., on va aider Air Canada à vous acheter 45 avions, mais on peut-u avoir un deal pour les 17 000 emplois de Bombardier au Québec, puis idéalement que les prochaines usines soient ouvertes au Québec, pas à l'étranger? Il me semble que ça, là, c'est juste d'être un bon négociateur. M. Couillard, il dit : Ça ne se fait pas, demander ça. Bien, voyons donc! Moi, ça m'inquiète de voir que Philippe Couillard dise : Moi, je peux donner de l'argent à une compagnie, mais je ne peux pas rien demander en échange. Je n'ai jamais vu ça, moi. J'ai été ministre d'Industrie et Commerce, là, puis à peu près à toutes les semaines, on faisait des ententes où on disait aux entreprises : Je vais mettre tant d'argent chez vous, mais en échange vous allez vous engager à créer tant d'emplois. Je veux dire, toutes les compagnies s'attendent à ça, mais là M. Couillard, il ne le demande pas, il ne le demande pas. C'est inquiétant, c'est lui qui est en charge.

M. Boivin (Simon) : J'ai une petite question pour M. Poirier — puis vous excuserez mon ignorance du dossier — mais est-ce qu'il n'y a pas moyen, pour les gens d'Aveos, de poursuivre la cause contre Air Canada sans le gouvernement?

M. Poirier (Jean) : C'est qu'est-ce qu'on est en train de faire parce qu'on n'attend plus après personne, nous autres, là, hein? On fait des demandes, mais on... j'ai fait des demandes à M. Coderre, puis il est en train de faire le même langage que notre ami Philippe Couillard ainsi que M. Justin Trudeau. Ça fait que nous autres, on n'attend plus, c'est pour ça que j'ai fait une demande... J'ai un avocat, présentement, qui s'occupe du dossier, qui est en train de monter tout qu'est-ce qui s'en vient comme procédure légale, mais on veut une armée. Ça fait que c'est pour ça qu'aujourd'hui j'ai fait une demande à toutes les firmes d'avocat du Québec qui ont le goût d'embarquer dans ce dossier-là : Amenez-moi vos soumissions, puis on va rentrer en communication avec les cinq qu'on va décider.

M. Boivin (Simon) : Juste une petite dernière pour bien comprendre. Pourquoi, à partir d'un certain moment, Air Canada s'est mise à donner des contrats d'entretien à Lufthansa plutôt qu'à Aveos? Est-ce qu'il est possible qu'en cours de route...

M. Poirier (Jean) : Ce n'est pas vrai, ça. Nous, là, quand ça a fermé en 2012, là, les hangars, les garages, là, étaient pleins. Dans leur centre, eux autres, de composantes et de moteurs, là, ils faisaient même des contrats de l'extérieur, O.K.? On avait de l'ouvrage à n'en plus finir puis on envoyait de la sous-traitance parce que c'était plein. Puis nous autres, on ne s'est jamais... on n'a jamais dit à Air Canada : Écoute, là, engage pour un mois, puis sinon on va te faire des griefs. On n'a jamais embarqué dans cette game-là. Les avions... il y a toujours eu des avions à l'extérieur pareil quand les garages étaient pleins. Ça fait que, quand ça a fermé, là, ils ont vidé les garages.

M. Boivin (Simon) : Mais, est-ce qu'il y a pu se produire qu'à un certain moment, disons, le syndicat des gens d'Aveos, sachant qu'il était inscrit dans la loi qu'Air Canada devait faire son entretien à Montréal, que les syndicats ont pu pousser la note un peu fort pour...

M. Poirier (Jean) : Le syndicat international, dans ce temps-là, là — moi, je travaillais avec les travailleurs d'un bord pendant que le syndicat international travaillait de l'autre bord — ont signé une transition puis ils n'ont pas voulu aller se battre sur la loi, O.K., puis ils sont allés perdre à Toronto. C'est ça qui s'est passé réellement dans le temps, le jugement Newbell. C'est pour ça que nous et notre groupe, dans ce temps-là, on allait voir les paliers gouvernementaux, on voyait qu'est-ce qui se passait puis c'est là qu'on a eu une motion unanime à l'Assemblée nationale pour aller débattre juridiquement là-dessus. Mais je suis absolument d'accord avec l'affirmation que vous venez de faire là.

M. Péladeau : Si vous permettez, rapidement... Donc, il y a un autre élément de négociation que le premier ministre Couillard détient, et je l'ai invité la semaine dernière à prendre le téléphone et à appeler son homologue au Canada : vous savez que c'est une industrie réglementée, l'aviation, donc vous savez qu'il y a des créneaux qui sont offerts dans les différents aéroports. Ça, là, c'est très important. Moi, j'ai eu à gérer une entreprise dans le domaine de la télévision, et c'est une entreprise réglementée, assujettie à une autorité réglementaire. Vous êtes mieux de ne pas contrarier trop longtemps l'autorité réglementaire parce que c'est elle qui vous permet d'exister. Alors, comment se fait-il que nous n'utilisons pas ce levier-là?

Et là vous avez vu hier, Marc Garneau a dit : Bien, on va protéger les emplois, qui sont issus de la même loi, pour Winnipeg, mais on ne protégera ceux de Montréal. Pourquoi deux poids, deux mesures?

M. Poirier (Jean) : Moi, je veux juste rajouter là-dessus, M. Garneau aussi a le privilège aujourd'hui, là... concernant les routes d'Air Canada, M. Garneau a le privilège de dire à Air Canada : Écoute, là, là tu vas respecter la loi, là. Tu veux être un mauvais citoyen corporatif, là? On va t'enlever tes routes puis on va les donner à l'ancienne compagnie de M. Legault, là, Air Transat. Il a le moyen de faire ça. Ça, c'est un pouvoir de négociation à une table, hein? Tu veux être un mauvais citoyen? On va négocier comme ça.

Est-ce qu'il se sert de ces moyens-là? Non. Moi, je pense qu'il y avait quatre personnes assises autour d'une table, un représentant du gouvernement fédéral, provincial, on avait Bombardier puis Air Canada, puis on a dit : On va faire une belle image d'un centre d'excellence. Ça passe bien, ça, dans le public, hein? Excellence, le mot «excellence», ça passe très bien. Dans la loi, ce n'est pas un centre d'excellence, c'est un centre de révision qui est là.

M. Legault : J'allais juste ajouter une chose. Actuellement, il y a plusieurs avions d'Air Canada où l'entretien lourd est fait au Minnesota. Le Minnesota, là, c'est les États-Unis. Est-ce que quelqu'un va me faire croire que les États-Unis sont capables de faire des choses à des prix qu'on n'est pas capables de faire ici, à Montréal, au Québec? Non. Non. Moi, je pense que les emplois qui sont au Minnesota pour entretenir les avions d'Air Canada pourraient très bien être rapatriés à Montréal.

La Modératrice : Une dernière question en français. Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. M. Poirier, juste un suivi à la question que vient de vous poser mon collègue. Là, vous envisagez donc de relancer le litige, là, qui semble en voie d'être abandonné par le gouvernement. Qui envisagez-vous de poursuivre exactement? Et envisagez-vous de poursuivre le gouvernement du Québec également?

M. Poirier (Jean) : Écoutez, tout est sur la table aujourd'hui. Ils ont eu leur première rencontre hier, l'exécutif, dont je ne fais pas partie; moi, présentement, je travaille vraiment pour eux autres, c'est ça que je fais, puis c'est eux autres qui prennent ces décisions-là, puis on a eu une commande ferme d'avoir la meilleure firme au Québec afin de s'occuper de notre dossier, la meilleure firme privée. Et on va-tu poursuivre le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada, Air Canada, l'ancien syndicat qui a signé une transition? Tout est sur la table, mais je ne peux pas vous dire aujourd'hui où qu'on va aller.

M. Croteau (Martin) : Mais estimez-vous que le comportement du gouvernement du Québec et celui du gouvernement du Canada les expose à des poursuites, selon vous?

M. Poirier (Jean) : Moi, oui, mais peut-être, M. Péladeau, en tant que...

M. Croteau (Martin) : Pourquoi?

M. Poirier (Jean) : Pourquoi?

M. Croteau (Martin) : Pourquoi? Qu'est-ce qui fait en sorte, dans leur comportement, qui, selon vous, pourrait... les gouvernements du Québec et du Canada pourraient s'exposer à des poursuites?

M. Poirier (Jean) : Écoutez, depuis 2012, le gouvernement du Québec était correct, continuait les procédures. Aujourd'hui, on nous échange contre rien, parce que, écoutez, là, nous autres, là, on n'a pas rapport avec Bombardier, c'est des emplois d'Air Canada, des emplois de maintenance, puis c'est eux qui prennent cette décision-là d'abandonner la cause. Moi, personnellement, je crois qu'il y aurait intérêt à poursuivre contre, mais je vais parler avec des légaux au... de ce côté-là. Je ne peux pas vous répondre sur ça, là, je ne connais pas le...

M. Croteau (Martin) : MM. Péladeau et Legault, considérez-vous que le gouvernement du Québec s'expose à des poursuites par son comportement dans le dossier Aveos?

M. Péladeau : Moi, mon sentiment, c'est que, si, effectivement, il y a une nouvelle instance judiciaire, une instance, essentiellement, pour venir endosser les déclarations et les conclusions et de la Cour d'appel et de la Cour supérieure, bien, éventuellement, bien, le gouvernement va être appelé à témoigner devant les tribunaux pour connaître le marchandage qui a eu lieu sur Bombardier et sur Aveos. Nous verrons bien qu'est-ce qui va se produire.

Mais, chose certaine, moi, si j'étais avocat, je le mettrais dans la boîte. Je le mettrais dans la boîte et je l'interrogerais pour savoir quelle est la teneur de ce marchandage et pour prouver la mauvaise foi qui fait en sorte qu'on ne respecte pas la loi. C'est grave, de ne pas respecter la loi.

M. Croteau (Martin) : Mais, en clair, considérez-vous que les travailleurs d'Aveos auraient une cause s'ils devaient poursuivre le gouvernement du Québec?

M. Péladeau : C'est le gouvernement fédéral qui, donc, a édicté la loi. Je pense que tous les intérêts qui sont susceptibles d'être identifiés vont devenir des intérêts, donc, judiciaires. Certainement, ma conviction, c'est que les ex-employés ont cet intérêt judiciaire.

Est-ce que le gouvernement du Québec serait poursuivi? Honnêtement, à première vue, là, mais je ne veux pas trop m'avancer, le recours éventuel contre le gouvernement du Québec serait inexistant. Par contre, c'est l'initiateur du processus judiciaire parce que c'est lui, à titre de Procureur général, qui doit entamer les poursuites et/ou, éventuellement, les abandonner. Alors, ça prend une analyse approfondie avant de déterminer de façon définitive, effectivement, cette position-là.

M. Legault : Oui, bien, écoutez, la clé, c'est la loi fédérale de 1988, hein? Puis l'inquiétude que j'ai, à court terme, là, c'est de s'assurer que Marc Garneau puis le gouvernement de M. Trudeau n'amendent pas cette loi-là. Parce que cette loi-là, clairement, dans le jugement qu'ils ont obtenu, c'est clair, là, c'est limpide : Air Canada n'a pas respecté cette loi-là jusqu'à aujourd'hui, donc il y a matière à poursuite sûrement jusqu'aujourd'hui.

Maintenant, si le gouvernement fédéral amende la loi, pour l'avenir, ça peut rendre plus difficile les poursuites. C'est pour ça que Philippe Couillard, s'il se tenait debout le moindrement, il aurait accepté notre motion hier puis il dirait à Justin Trudeau : N'amendez pas la loi, n'amendez pas la loi. C'est ça, la clé, là, c'est la loi de 1988. Puis la loi de 1988 a été respectée pendant plusieurs années par Air Canada. Pourquoi on ne continuerait pas de le faire?

M. Croteau (Martin) : Puis je ne peux pas m'empêcher de vous demander, M. Péladeau : Quelles mesures avez-vous prises pour vous assurer que l'institut de la souveraineté va respecter les lois qui concernent le financement politique?

M. Péladeau : L'institut va prendre toutes les mesures appropriées pour respecter les lois du Québec.

M. Croteau (Martin) : Quelles exigences avez-vous faites à cet égard?

M. Péladeau : L'institut va faire les déclarations appropriées au moment opportun, au moment de sa création, je vous l'ai dit à plusieurs reprises. L'institut est indépendant du Parti québécois et l'institut va annoncer lui-même sa création.

La Modératrice : Merci.

M. Croteau (Martin) : M. Legault, vous êtes à l'aise avec ça?

M. Legault : Je réponds juste aux questions, ce matin, sur Aveos, mais ça va me faire plaisir de répondre à vos autres questions cet après-midi.

La Modératrice : Merci. On va passer aux questions en anglais. Caroline Plante, Montreal Gazette.

Mme Plante (Caroline) : Good morning. Caroline Plante, Montreal Gazette.

M. Poirier (Jean) : Just a minute. I just present you Mr. Mario Longo, he knows about this file and… for the questions in English.

Mme Plante (Caroline) : O.K., but... So, Mr. Poirier, you said this morning : Come on, guys, we are three experienced negotiators, let's offer to sit down and renegotiate this deal with Bombardier, Air Canada. I'm just wondering how much work are you willing to do together and what's the next step for this coalition. So, the question is for everyone here.

M. Legault : First, we have to remember, everybody, that a lot of work has been done in the past. These guys, they've won, they've won twice and they have a clear judgment that the action of Air Canada was illegal. So, right now, it's unacceptable, totally unacceptable to see Mr. Couillard wanting to release, to not keep on the Supreme Court. Right now, we're talking about 1 800 people having good jobs at $35 an hour, so why don't we insist? Why do we give this gift to Air Canada?

Mme Plante (Caroline) : What I want to know from each of you : How much work are you willing to put into, you know, working on this file together, as a coalition?

M. Poirier (Jean) : Now, what we want, là, it's… we want…

Des voix :

M. Poirier (Jean) : Yes, yes, yes, OK. Now, what we want, we want Mr. Péladeau, we want Mr. Legault in the Chamber, OK, for make sure to push the pressure on the Couillard Government for respecting the law and continue the file on the court. And the second thing is about the commission. We want a commission, we want pushing for a commission, we want to sit Mr. Rovinescu in this commission, we want to sit Mr. Couillard in this commission. Who's dealt this deal with Bombardier and Air Canada? Why we do that? It's what we want. And, if Mr. Couillard wants three good negotiators, we are three people for doing this job.

Sorry for my English. I do my best, OK?

Mme Plante (Caroline) : Mr. Péladeau, you're comfortable continuing this work?

M. Péladeau : There is no such thing like a coalition, and, if there's a coalition, that this coalition is to fight for the Québec economical interests and to fight for the employees… the ex-employees of Aveos. You know, we lost 1 800 jobs, 1 800 jobs in one of the most important industries in Montréal and in Québec. Aerospace is a business of the future, we know all that. So, we will continue in this direction, to make sure... And we will refuse that the Government Couillard is hijacking, hijacking 1 800 employees for a deal that doesn't make sense.

Mme Plante (Caroline) : Just so it's extra clear : Is this a coalition or not?

M. Poirier (Jean) : About Aveos?

Mme Plante (Caroline) : Yes, right now, what we're seeing?

M. Poirier (Jean) : A coalition about Aveos?

Mme Plante (Caroline) : Are you working together as a group, as a coalition?

M. Legault : Right now, we are asking, this morning, Mr. Couillard to not give up, to keep our rights, to make sure that these people, that they recuperate their jobs. That's why we are together this morning.

Mme Plante (Caroline) : Mr. Péladeau, do you still want the sovereignty think tank to have the charitable donations status?

M. Péladeau : Well, when the institute will be announced, they will answer your questions.

La Modératrice : Merci. Ryan Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : The Government… in logic, in all of this, is that there will be a centre of excellence or a maintenance centre that will have jobs for people, and then, when that happens, Air Canada will be respecting the 1988 law, and that is why they're dropping… they will drop the lawsuit once this centre is established. Why do you have a different… Why aren't you OK with that? There's going to be… The Government says there's going to be jobs once it's established, though…

M. Péladeau : I'll tell you : this is a phony-baloney argument. You know, we've been hearing so many things from «le gouvernement Couillard» which are not completed, are not realized. He talks, but it doesn't deliver… (panne de son). What we have right now is the law in favor of those employees. He should negotiate a decent deal; not, you know, something, you know, in the air. Because he doesn't know anything about business, he's not using the proper tools to negotiate the best deal. He's got the capacity to do it; unfortunately… I don't know if he's not able to do it because he doesn't know it or he doesn't want to do it.

M. Legault : We have to be clear, là. Mr. Couillard admitted yesterday that he has no guarantee for any job in the center of excellence. We also have to remember that the 45 aircrafts of the CSeries will replace 45 Embraer that are already maintained in Trois-Rivières with 200 employees. So, we do not create jobs, any one job, with those 45 aircrafts. Mr. Couillard is saying : I would like maybe that this center gets some contracts with other airlines like Delta. He has no guarantee at all. So it's win. He has no commitment at all, so he is exchanging P.K. Subban against a third choice, it doesn't make sense.

M. Hicks (Ryan) :Can you say your first and last name, please?

M. Longo (Mario) : My name is Mario Longo, and I have been a former Air Canada Aveos employee for approximately 20 years, and I have worked there as an inspector. And I think what worries me is that the public is being ill-informed about the actual details of what is going on, because the Air Canada Act from 1988 clearly stipulates that heavy maintenance has to be done in three cities and three provinces, but now Mr. Couillard is talking about the maintenance of 45 aircrafts, maybe in 2025, and that does not make any sense, 2025, and just for 45 aircrafts. By 2019, they'll probably get one or two aircrafts, then, few years later, they'll be coming a couple a year. So, by the time they actually do heavy maintenance, it could be even past 2025. And these jobs… these centers of maintenance… I have heard that Mr. Justin Trudeau and Mr. Couillard clearly stated that Air Canada will set up a center of revision, but the president of Air Canada did say, last week, that another company will be doing the work. So, they do not know how much actual jobs will be created. So, there is a contradiction there, see, so you have provincial, federal Government saying Air Canada will maintain a service center of excellence for the CSeries, but the president of Air Canada, last weekend, said another company is going to do it. So, it does not make… and there is more misinformation going on.

M. Péladeau : I am sorry, gentlemen, ladies, we… Question period for us right now.

La Modératrice : Merci. Oui, c'est ca, les gens sont attendus en période de questions. Je suis vraiment désolée. Merci beaucoup.

M. Poirier (Jean) : Merci, tout le monde, hein, merci d'être là.

(Fin à 9 h 57)

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