(Quinze heures dix-neuf minutes)
Mme Roy
(Montarville)
:
Bonjour, tout le monde. Ce rapport-là, qu'on a eu, mais que la ministre avait
entre les mains depuis jeudi dernier, d'ailleurs, a été remis aux journalistes
avec deux minutes de préavis, je pense. Alors, on l'a lu. Ce qui est troublant là-dedans,
c'est que finalement tout va bien, tout va bien, les protocoles ont été suivis,
il n'y a pratiquement pas de problèmes.
Le vérificateur nous dit même que, bien,
le Centre jeunesse de Laval, ce n'est pas une passoire. Bien, ça, c'est prendre
les parents pour des nouilles. Il y a des parents qui nous disaient... même,
ils avaient fait des reportages à cet effet, une maman dont la jeune fille de
14 ans a fugué, elle était au Centre jeunesse de Laval, et cette maman-là
nous dit : Ma fille n'a pas besoin d'un vérificateur, elle a besoin de
soins psychologiques.
Alors, ce que les parents ont besoin, c'est
de ressources et pas de rapports, un rapport qui encense le travail qui a été
fait ou qui se fait au centre jeunesse. Et on comprend... et cette maman-là l'avait
dit d'ailleurs, les intervenants au centre jeunesse font bien leur travail. Il
n'est pas là, le problème. Et le rapport nous apprend que la plupart des jeunes
filles qui fuguent et qui s'en vont justement sous le joug des gangs de rue,
bien, ces jeunes filles là le font à des périodes où elles ont la permission
d'être à l'extérieur, donc pas à l'intérieur des murs, qu'elles fuguent, elles
fuguent lorsqu'elles sont à l'extérieur, parce qu'elles ont le droit d'être à
l'extérieur.
Donc, c'est toute la problématique qui
entoure comment faire en sorte que ces jeunes filles ne tombent pas sous le
joug des gangs de rue, des proxénètes et de la traite de personnes. Et on est
déçus parce que, dans ce rapport-là, nous, nous voulions qu'il soit plus large,
nous voulions que le vérificateur nous parle de la traite de personnes. Comment
se fait-il que ce soit les jeunes filles du Québec qui sont envoyées dans les
autres provinces du Canada en plus grand nombre que partout ailleurs? Ça, c'est
une problématique à laquelle on n'a pas répondu. Comment se fait-il que ces
gangs de rue réussissent tout de même à mettre la patte sur ces jeunes filles?
Donc, ce rapport du vérificateur, pour
nous, c'est décevant dans la mesure où ça ne répond pas du tout aux attentes
des parents. Les parents n'ont pas besoin de rapports, ils ont besoin de
ressources pour aider leurs enfants, ces jeunes filles qui sont notre avenir.
Il faut faire quelque chose et surtout au niveau de la sécurité. Pour en parler
davantage à cet égard, et là je parle de sécurité publique, j'ai à mes côtés
André Spénard, qui est responsable... porte-parole de la sécurité publique. Je
vais lui céder le micro.
M.
Spénard
:
Alors, merci, Mme la députée. Alors, évidemment, être parent d'un enfant qui
serait au centre jeunesse, que ce soit Laval ou autre, je me poserais beaucoup
de questions en ce qui concerne sa sécurité. Comme tel, moi, je suis resté un
peu surpris lorsque Mme Charlebois a ouvert son discours ce matin en disant :
Je peux vous rassurer, les protocoles ont été respectés. Bien, ça, ça me dit
beaucoup sur l'état d'esprit des membres de ce gouvernement en ce qui
concerne... pourvu que les protocoles soient respectés. Alors, les actions qui
s'ensuivent, ça n'a pas d'importance, alors que ça devrait être le contraire. On
devrait vérifier si les protocoles sont encore valables suite aux conséquences
des gestes des jeunes qui ont fugué.
Et, quand on regarde les recommandations,
et c'est ça qui est aberrant, on ne parle pas de gangs de rue, alors qu'on sait
très bien que le centre d'information sur les gangs de rue est aboli depuis
deux ans... pas aboli, mais il est fini depuis deux ans, et que ça, on n'a pas
de nouvelle là-dedans. Et on regarde ça puis on dit : Les principales
recommandations... écoutez, là, moi, être parent... puis je me dirais... Coordonner
et animer une réflexion ciblée sur la façon d'établir une transition entre le
recours à l'encadrement intensif et le recours aux unités de vie; coordonner et
animer, à partir des travaux existants, une réflexion sur les ajustements. On parle
de réfléchir encore puis on parle de coordonner des réflexions, mais, dans ce
temps-là, bien, les jeunes fuguent, les gangs de rue sont à la porte, puis on
n'améliore pas la sécurité, d'aucune façon, de nos jeunes dans les centres
jeunesse.
Alors, moi, ce qui est désolant dans ce
rapport-là, c'est qu'il y a beaucoup de bonne volonté, mais il n'y a aucun
moyen tangible d'établi pour essayer de mettre fin le plus rapidement possible
à la traite des personnes, comme Nathalie le disait, ou à l'exploitation
sexuelle des mineurs qui sont en centre jeunesse. Merci.
Mme Roy
(Montarville)
:
Oui, j'aimerais passer la parole à mon collègue Sébastien Schneeberger.
M.
Schneeberger
:
Alors, bonjour. Moi, je voudrais peut-être juste souligner quelques passages au
niveau du rapport. Quand on a... notez que 60 % des jeunes qui fuguent ne
le font qu'une seule fois. La fugue fait partie d'un processus de réadaptation
et peut même contribuer à la progression d'un jeune dans sa recherche
d'autonomie. Moi, je vois ça, puis ce n'est rien pour rassurer les parents,
parce que moi, j'aimerais mieux qu'on travaille en amont avant que la fugue ne
survienne. Alors, ça, je trouve que c'est un peu de dire : Bien, finalement,
c'est normal, la fugue est normale.
Un autre point aussi, ça, c'est un rapport
plus global, un état plus global, où est-ce qu'on estime... ça, c'est une
estimation, environ 4 000 filles et garçons, âgés entre 12 et 25 ans,
seraient engagés dans des activités sexuelles commerciales à Montréal seulement.
Les filles victimes d'exploitation en centre jeunesse ne sont donc pas la
pointe de l'iceberg, c'est-à-dire que... bien oui, tu sais, ça se passe comme
ça, puis finalement, en centre jeunesse, ce n'est pas pire que ça. C'est à peu
près ça, ce qu'on nous dit.
Alors, il n'y a rien là-dedans qui rassure
les parents, et moi, je trouve ça très problématique qu'on nous donne un
rapport comme ça. Moi, j'aurais aimé que la ministre nous dise : Regardez,
on a eu le rapport. Selon nous, par contre, il y a des manquements là-dedans,
et on va intervenir possiblement. Alors, j'aimerais ça que la ministre, dans
les prochains jours, nous arrive avec de quoi de plus concret au lieu d'être
devant un état de fait. Merci.
La Modératrice
:
Questions?
Journaliste
: En
anglais?
M. Robillard (Alexandre) :
Bien, moi, j'aurais peut-être une question en français sur la proposition de M.
Legault concernant le vote aux deux tiers pour la hausse des seuils de l'immigration.
Je voudrais vous entendre là-dessus, étant donné que vous êtes porte-parole en
matière d'immigration. Donc, est-ce que vous pensez que le gouvernement manque
de légitimité parce que, donc, il n'a eu que 41 % des suffrages aux
dernières élections?
Mme Roy
(Montarville)
:
Quand on parle d'immigration, puis de hausser le seuil d'immigration, puis de
recevoir chez nous ces immigrants, ces nouveaux arrivants, pour les intégrer à
la société québécoise, c'est un projet de société et ce n'est pas le projet du
Parti libéral. Et nous, ce qu'on se dit, c'est que, non, il n'est pas légitimé
de faire ça seul, de décider du seuil d'admission des immigrants seul, parce
que ça lui tente que ce soit 10 000 de plus, que ce soit 20 % de
plus, parce que, selon lui, ça ferait son affaire et ce serait bon.
Au contraire, c'est un débat de société
que nous devrions tous avoir, et nous croyons que tous les députés à
l'Assemblée nationale, qui représentent l'ensemble de la population du Québec,
devraient avoir leur mot à dire. Et, si on y va aux deux tiers pour ce qui est
de déterminer un seuil d'admission qui soit acceptable pour tous, ce plan
d'intégration puis d'immigration sera d'autant plus légitimé.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais, s'ils étaient élus avec 50 % plus un, donc, ça, ça serait suffisant
ou...
Mme Roy
(Montarville)
:
Bien, la majorité, c'est 50 plus un... la majorité, on s'entend tous, là. Cependant,
c'est l'idée qui est derrière ça, de dire qu'il faudrait que ce soit tous les
députés de l'Assemblée nationale, qui représentent les différents partis
politiques et les différentes circonscriptions, qui puissent avoir leur mot à
dire au niveau des seuils d'immigration. Parce que n'oubliez pas une chose,
dans le projet de loi n° 77 qu'on étudie actuellement, un des pans de ce projet
de loi, c'est qu'il y ait davantage d'immigration en région, ce qui est une
bonne chose, ce qui est une excellente chose pour justement faire en sorte de
donner un peu d'air parce qu'il y a une concentration à Montréal alors que le
Québec a besoin d'immigration partout. On a des besoins un peu partout, et ça
crée justement cette diversité de cultures qui fait en sorte qu'on évolue puis
que... Vous voyez où je m'en vais.
Donc, pour répondre à votre question, il
serait important que tous les députés de toutes les circonscriptions et de tous
les partis puissent avoir un mot à dire sur un seuil d'acceptabilité de
haussement ou de... s'il n'y a pas de haussement, un seuil de stabilité
d'immigration, mais qu'on s'entende tous ensemble parce que c'est un projet de
société. Ce n'est pas uniquement le projet du Parti libéral.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Legault a dit... bon, il a demandé à M. Couillard qu'est-ce que c'était
son objectif. Qu'est-ce que c'est l'objectif que vous craignez de la part du
gouvernement avec cette hausse-là?
Mme Roy
(Montarville)
:
Bien, le 60 000... enfin, il l'a dit, même si là il recule puis, non, non,
nous allons suivre le processus. Mais il a déjà dit que, pour lui, 60 000,
ce serait bon, donc c'est 20 % de plus qu'actuellement. Nous recevons
50 000 immigrants, et il a décidé que c'était 60 000 alors avant
même qu'il y ait ;es consultations sur le plan pluriannuel.
J'ai demandé ce matin à la ministre,
j'étais en commission parlementaire : Ces fameuses consultations là sur
les seuils d'admissibilité et d'admission se feront quand? Elle m'a dit au
printemps, probablement d'ici quelques semaines, si ce n'est pas quelque mois.
Mais M. Couillard nous a bien fait comprendre, par son langage corporel, quand
je posais la question, puis il me faisait un grand oui, que c'était 10 000
de plus. Il n'y a aucune caméra qui ne l'a capté, là, mais son idée est faite,
alors que je trouve très triste, déplorable que son idée soit faite avant même
qu'on ait entendu les spécialistes nous en parler.
Et ce qui est important, j'écoutais lundi
midi au Match des élus, mais c'était la période des questions,
M. Pierre Fortin qui en a parlé pendant 20 minutes, avec son oeil
d'économiste, de l'impact de l'immigration, du nombre d'immigrants, et ce n'est
pas exact que de dire que c'est la clé pour relancer l'économie. C'est une clé,
mais ce n'est pas que la clé, et il faut que ça se fasse de façon intelligente.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, dans ce cas-là, selon vous, qu'est-ce que c'est, l'objectif qui est
poursuivi par le gouvernement?
Mme Roy
(Montarville)
:
Augmenter le nombre d'immigrants pour son plus grand plaisir.
M. Robillard (Alexandre) :
Pourquoi?
Mme Roy
(Montarville)
:
Son plus grand plaisir.
M. Robillard (Alexandre) :
Qu'est-ce que vous voulez dire par là?
Mme Roy
(Montarville)
:
Bien, force est de constater que les immigrants votent la plupart du temps,
souvent, pour le Parti libéral, beaucoup alors... parce qu'ils sont accueillis
ici lorsque c'est le Parti libéral qui est au pouvoir et puis c'est comme une
tradition probablement. Mais il faut leur faire comprendre qu'ils peuvent voter
pour tous les partis, pour n'importe quel parti. Ici, on a la liberté d'expression
et la liberté de choix.
M. Robillard (Alexandre) : Je
veux juste être sûr de bien comprendre. Vous dites qu'il y a des intérêts
partisans derrière cette intention?
Mme Roy
(Montarville)
:
Il pourrait, il pourrait. Vous savez, ici, on n'a pas le droit d'imputer des
motifs aux gens, mais il pourrait fortement y avoir des intérêts électoralistes
derrière le fait de vouloir augmenter le nombre d'immigrants au Québec de façon
si importante. On peut se poser la question. On peut se poser la question, mais
je dois rester polie.
M. Robillard (Alexandre) :
Merci.
La Modératrice
: Ça
vous convient? In English?
Mme Fletcher (Raquel) : Yes.
What do you make of this report that's coming out today?
Mme Roy
(Montarville)
:
Qu'est-ce qu'on en pense? It's really…
M.
Spénard
: …je
n'ai pas entendu la question.
Mme Roy
(Montarville)
:
Bien, reposez-la.
Mme Fletcher
(Raquel) : What do you make of this report?
What is your criticism of this report and…
Mme Roy
(Montarville)
:
Well, it's thin and it's really «décevant»… Excusez-moi, je vais vous… Bon,
alors je recommence, vous permettez? Je ne me suis pas préparée. Alors, it's
thin, and you read that, and it seems that everything is OK, but it's really «décevant».
M.
Spénard
:
Disappointing. We are very disappointed…
Mme Roy
(Montarville)
:
Yes. We are disappointed because… I think at all those parents, and the parents
said : We don't need another report, we need resources. And a mother said :
My daughter «a fugué» from…
Une voix
:
Ran away.
Mme Roy
(Montarville)
:
Doux Jésus, là, j'ai besoin de pratique. Alors, yes, my daughter just ran away
from Laval, the Centre jeunesse de Laval, and what she needed was psychiatric
help, not a «vérificateur» and another report. And she said… and I read it, she
said : They won't find anything because the people, the staff in the
Centre jeunesse de Laval, they do their job. But the thing is that we don't have
enough resources. That's the problem.
And there's nothing to
comfort parents when you read that, because they say : Oh! yes, it's true,
it's a problem. Those young who ran away, it's a real problem, it's even a
problem who is increasing in Québec, not only in Laval, but in Québec in
general, so please do something. And the government… What does the government
do? Well, he's going to think about something. We'll see. But it received that
report… the Minister received that report Tuesday, and we are Thursday? And
nothing has been done yet.
So, it's really deceiving
for the parents and for us, because we think that we should do something. And
we should do something with the police because, mostly, the problem is that
those girls who ran away, they ran when they had the right to be outside. So they say they go to school and they don't come back, so the «centre jeunesse» cannot do anything about
that. And that's where we need policemen. We need to fight those gangs, we need
to fight what we call «la traite des personnes». It's awful. We have to address
those problems. If there is something good about that is they are telling us
that there are more and more youngsters who ran away. But we have to do
something, please. Please, do something. And the
Government do nothing right now. So it's sad for the
parents, and we urge the Government to do something.
Mme Johnson (Maya) : Just tell me... the immigration issue, are you suggesting... On the
immigration issue, just following up on Mr. Robillard's question, are you
suggesting that there could be some partisan motivation for increasing the
numbers?
Mme Roy
(Montarville)
:
It's a possibility. It's a possibility. I would prefer that it would not be the
case, but why that hurry to raise the number of immigrants from 50,000 to
60,000 like that, and nobody has a word to say? Even if now, the Prime Minister
said today : We're going to listen to the people and… But he already took
his decision. We heard him last week. So what's the hurry and why? Because it's
a lot…
Everybody here is for
immigration, but we have a duty, and the duty is to help those immigrants to learn
French and to integrate the society. But right now, the numbers show us that
it's not done well. It's not well done. So we have an obligation to succeed,
but, please, if we have to succeed, don't increase the number right now
because, right now, we are not able to do that. If we want an immigration, we
have to succeed. It's really important.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 15 h 35)