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Point de presse de Mme Nathalie Roy, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'intégrité, M. André Spénard, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de sécurité publique, et M. Sébastien Schneeberger, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de protection de la jeunesse

Version finale

Le mercredi 16 mars 2016, 9 h 51

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures cinquante-deux minutes)

Mme Roy (Montarville) : Bonjour, tout le monde. Merci d'être ici ce matin. Vous voyez que je suis accompagnée d'un homme que vous connaissez peut-être déjà. On est ici pour parler du fameux rapport sur les centres jeunesse qui a été rendu public hier, quoique la ministre Charlebois l'avait entre ses mains depuis jeudi dernier. Et on est très déçus, déçus du contenu parce que, pour les parents, c'est extrêmement décevant, il n'y a pas de moyen concret. Les parents n'ont pas besoin d'un rapport, mais ils ont besoin d'action et de moyens.

Donc, sans plus tarder, je vais vous présenter cet homme qui est à mes côtés, qui est un papa, un père de famille d'une jeune de 16 ans, qui a déjà fugué et que, Dieu soit loué, elle a été retrouvée, votre fille, retrouvée à Toronto. Alors, c'est M. Éric Hauptman. Vous l'avez probablement vu hier dans les reportages des grandes chaînes du Québec, Radio-Canada, TVA, LCN, RDI. M. Hauptman et d'autres parents ont parlé, ils sont déçus. M. Hauptman, il s'est levé très tôt ce matin, il a quitté Montréal à 5 h 30 pour être ici pour vous parler.

M. Hauptman, vous êtes un citoyen, vous êtes dans la maison des citoyens, au Parlement. Alors, je vous cède la parole. Parlez au gouvernement Couillard, on vous écoute, parce que vous avez des pistes de solution à coût nul pour aider les enfants. Alors, on vous écoute.

M. Hauptman (Éric) : Merci. Alors, bonjour. Aujourd'hui, je vous parle en tant que père de famille. Comme vous le savez, on a vécu un épisode très traumatisant début février, que ma fille, elle a fait une fugue. Et on a eu vent qu'il allait y avoir un vérificateur qui devait se présenter au centre jeunesse pour élaborer un rapport. Hier, on a été mis au courant du rapport et, en tant que parents, on est très inquiets et déçus de ce rapport-là, on pense que... bien, moi, je pense, parce que je parle pour moi, que c'est un show, un coup de vent. Il n'y a rien qui est concret dans ce rapport-là. Nous, on aurait aimé voir des actions concrètes, des choses qui soient mises en place immédiatement pour sauver nos enfants.

Puis je l'ai répété hier, puis je le répète aujourd'hui, moi, je fais ça pour ma fille puis pour vos enfants parce que vos enfants sont dans le même bateau que ma fille. Ça fait que les trois points que j'aurais aimé voir hier dans le rapport, c'est de maintenir les portes barrées. Puis je précise, quand je dis des portes barrées, je ne veux pas transformer le centre jeunesse en une prison. Je comprends qu'il y a des filles qui doivent aller à l'école, elles ont des activités, des choses comme ça. Tout ce que je demande, c'est qu'il y ait des mises en place contrôlées, les portes soient barrées puis qu'on mette un mécanisme pour assurer que le va-et-vient dans les centres jeunesse n'est pas aléatoire et qu'il y a quelqu'un qui est là pour surveiller les allées et venues de nos jeunes.

Deuxième point que j'aurais aimé voir dans le rapport, il faut comprendre que nos enfants sont en détresse quand ils vont au centre jeunesse. Moi, je n'ai pas mis ma fille au monde pour la mettre au centre jeunesse. Malheureusement, je ne pouvais pas assurer sa sécurité. Elle a des besoins psychologiques, psychiatriques. On a eu une ordonnance du juge au mois de novembre, il n'y avait rien qui avait bougé. Grâce à vous, les médias et le public, il y a eu des choses qui ont bougé au centre jeunesse, elle a eu des soins récemment. Mais ce n'est pas normal, dans une société, que nos enfants qui sont dans les centres jeunesse n'aient pas les soins adéquats immédiatement.

L'autre point que je voulais parler, c'est lors du triage. Il faut s'assurer que, quand les enfants, ils arrivent au centre jeunesse, qu'il y ait une évaluation qui soit faite puis de déterminer dans quelle unité qu'on va les mettre. Exemple, si ta fille a un problème de comportement, il ne faut pas les mettre avec des réseaux de prostitution, des prostituées, parce qu'il y a certaines filles là-dedans qui sont des proxénètes. Puis il faut comprendre une chose : ma fille, elle a été retrouvée à Toronto. J'ai passé à un poil de cheveu de perdre ma fille à tout jamais.

Alors, c'est pour ça que je suis ici aujourd'hui. Il faut arrêter de dire qu'on va se pencher, puis qu'on va réfléchir, puis qu'on va changer nos façons de faire. C'est que... ça a été dit dans le rapport. Moi, je m'aurais attendu que la ministre nous arrive avec un plan d'action concret, qui ne coûte rien, parce que les portes étaient déjà barrées depuis un mois. Là, on parle de peut-être qu'on va les débarrer. Psychologues, psychiatres, je comprends que ça peut engendrer des coûts, mais il faut mettre quelque chose en place. Ils les ont, les services, déjà, dans les centres jeunesse. Le triage, ils en font déjà, du triage, quand nos enfants arrivent au centre jeunesse. Ça ne coûte rien.

Ça fait qu'à un moment donné, là, dans la société, là, il faut enlever nos lunettes roses, là, puis arrêter de dire que tout va bien. Il faut agir puis aujourd'hui. C'est ça que je demande au ministre puis au gouvernement Couillard, de prendre des actions concrètes, de se parler, de se parler à travers tous les partis politiques, de trouver des solutions pour sauver nos enfants.

Le dernier point que je voulais parler aujourd'hui, là, je vais faire ça rapidement, c'est les proxénètes. Je demande au ministre de la Justice de peut-être concerter le ministre fédéral puis les autres partis pour trouver des solutions. Il y a Mme Mourani qui a déposé un projet de loi il y a deux ans, ça ne bouge pas. Les proxénètes, là, ils ont une tape sur la main, O.K., il n'y a pas de loi sévère pour eux autres. Puis il faut comprendre qu'ils abusent de nos enfants, ils mettent la vie de nos enfants en danger. Comme je l'ai dit tantôt, j'ai passé à un poil de perdre ma fille à tout jamais. Ça fait que je suis ici aujourd'hui pour me battre puis demander au gouvernement, c'est un cri du coeur, qu'il y ait des changements qui se produisent immédiatement. Merci.

Mme Roy (Montarville) : Vous avez entendu M. Hauptman, c'est assez clair. Pour nous, d'un point de vue politique, la ministre Charlebois, bien, ce qu'elle a fait hier, c'est qu'elle s'est cachée derrière le fait que ce rapport dit que les protocoles ont été suivis, les protocoles ont été respectés, mais la résultante, c'est qu'il y a toujours un nombre effarant de jeunes filles qui fuguent. C'est un problème, nous dit-on dans ce rapport, qui n'est pas qu'à Laval, mais partout au Québec. Alors, que le protocole ait été suivi, c'est une chose, mais quand le résultat n'est pas bon, peut-être qu'il faut changer le protocole.

Alors, nous, ce que nous demandons et à la lumière des entrevues que nous avons vues, des parents à qui nous avons parlé, on voit très, très bien que les parents du Québec n'ont plus confiance en la ministre Charlebois et nous demandons au premier ministre Couillard de retirer le dossier des centres jeunesse des mains de la ministre Charlebois. Les parents et nous, à la Coalition avenir Québec, nous n'avons plus confiance en elle dans la gestion de ce délicat dossier. Je vous rappelle, ce dossier et ce rapport nous disent carrément qu'il y a des lacunes, que de l'argent est manquant, qu'il y a eu des compressions qui ont touché les services.

M. Hauptman nous arrive avec des solutions. Certaines solutions comme le triage, vraiment ne pas mêler ensemble des filles qui pourraient ne pas aider à leur situation, ça ne coûte rien, mais ce sont les ressources qui sont là qui doivent le faire. Cela dit, sur un point de vue politique, ce que nous venons dire, c'est que nous demandons de retirer le dossier des mains de Mme Charlebois et de le mettre dans les mains de M. Coiteux.

Et je vous réitère la demande que nous faisions pour ce qui est de la lutte aux gangs de rue, de la lutte aux proxénètes, de la traite de personnes. Il y avait un projet qui existait, qui fonctionnait, mobiliste. Ça n'existe plus depuis deux ans, et il faut y voir, il faut que nos représentants policiers aient les moyens d'intervenir pour contrer ce phénomène, et c'est la raison pour laquelle on souhaite que le dossier soit transféré des mains de Mme Charlebois aux mains de M. Coiteux.

Alors, voilà. C'était notre présentation. Si vous avez des questions...

M. Chouinard (Tommy) : En quoi M. Coiteux est l'homme de la situation, selon vous? Pourquoi vous accordez votre confiance à M. Coiteux pour ce dossier-là?

Mme Roy (Montarville) : Parce que M. Coiteux est responsable de la sécurité publique, et on se rend bien compte qu'à la lecture du rapport plusieurs de ces jeunes filles... il y a des situations qui se passent lorsqu'elles sont à l'extérieur, mais même la ministre Charlebois, elle-même, l'avait dit : Les gangs de rue, les gangs criminels ont infiltré les centres jeunesse. Et vous lisez le rapport qui nous dit que la problématique, ce n'est pas juste à Laval, c'est partout. Bien, je pense que là on est rendus à une problématique criminelle, de prostitution. La fille de M. Hauptman, bien, c'étaient des gangs de rue, là, qui avaient mis le grappin sur elle, qui l'avaient amenée à Toronto pour la séduire. Puis ils étaient en train, là, de la convaincre, là, de se joindre à eux, et d'ailleurs elle était déjà partie. Mais qu'est-ce qui aurait pu survenir de ça par la suite?

Donc, on est rendus à un niveau où la sécurité publique doit faire plus attention à nos jeunes filles. Les policiers doivent avoir les moyens d'intervenir, et ce sont... C'est la traite de personnes, et je le disais hier : Comment se fait-il que c'est au Québec qu'il y a le plus de jeunes filles qui partent, qui sont envoyées dans les autres provinces? Il y a un problème réel.

Donc, oui, M. Coiteux serait, pour nous, l'homme de la situation parce que Mme Charlebois, visiblement, n'a pas la confiance des parents, puis on n'arrive pas avec des solutions concrètes pour protéger ces filles-là. Il n'y en a pas encore, là, de solution concrète, là. Puis ça fait un bout qu'on l'a, ce rapport-là, puis rappelez-vous que l'année dernière le rapport était sur le bureau et de Mme Maltais, juste avant les élections du Parti québécois, puis par la suite dans le bureau du Parti libéral, puis ça a pris de vos reportages pour qu'on voie qu'il y a une problématique de fugues pour faire bouger un petit peu la ministre qui a fait un rapport.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Hauptman, peut-être, qu'est-ce que vous répondez à la ministre qui dit : On ne peut pas encadrer ou emprisonner nos jeunes parce qu'après ça ils doivent affronter la société?

M. Hauptman (Éric) : Bien, je suis d'accord dans un certain sens. Moi, comme j'ai dit tout à l'heure, je ne veux pas emprisonner nos jeunes, mais je veux qu'il y ait un mécanisme sécuritaire qui soit mis en place. On l'a déjà fait, là, début février, ils ont enlevé le piton vert, là, puis ils ont mis le mécanisme qu'ils doivent descendre avec le carton vert, et la réceptionniste ou la personne en charge de la sécurité doit peser sur le bouton pour ouvrir la porte. On l'a déjà mis en place, mais là on dit : Bien là, ça va dépendre des centres jeunesse, qu'est-ce qu'ils vont décider, puis on va... que ce n'est pas bon pour les jeunes. Ceux qui ont le droit de sortir, ils peuvent sortir, je n'ai pas de problème avec ça, mais ceux qui n'ont pas le droit de sortir, peut-on mettre quelque chose en place pour les sécuriser? Encore, je le redis, c'est la protection de nos jeunes qui est la question aujourd'hui.

Ça fait que c'est pour ça que je réitère que c'est important qu'il y ait au moins la porte d'en avant qui soit barrée.

Journaliste : So is the Coalition avenir Québec calling for the Minister to step down or just to have this file taking off of her plate?

Mme Roy (Montarville) : Just to have this file taking off her hands, because obviously, the Minister Charlebois is not able to take care of those young girls. And we ask Mr. Coiteux to take that file because we need action right now and we don't have it, and the parents are really scared about it.

M. Hicks (Ryan) : Mr. Hauptman, what did your daughter tell you about the way things were run in the group home, the way things were handled?

M. Hauptman (Éric) : Well, obviously, she wasn't happy to be there. You know, she felt like she was controlled and every thing, but a normal day for her, she got used to it, you know, because when you get there it's like a shock. You're at home, you do what you want, and you get there, they tell you what to do, what time to eat, what time to get a shower, this and that. She never had a problem in the youth center with the counselors or anything. She always had a good relation with everybody.

What I'm talking about today is there is girls that have done prostitution and that have other issues, they are mixed with my daughter. Because when my daughter went to the youth center, she never spoke about prostitution or anything. But she's speaking to those girls, so those girls are saying : Well, I know this guy, he's a nice guy, he's going to take care of you. That's putting our children in danger, OK?

And I know that we can't be a hundred percent, but what I'm asking is : Can we separate the girls that have the similar problems and concentrate on their needs? This is what I'm asking today.

M. Hicks (Ryan) : Just one more question because, in the report, the auditor said that there should be a kind of transition unit. If you're going from a locked unit instead of going straight to an open unit, there should be something in between.

M. Hauptman (Éric) : I agree. I agree because now, what happens, she was not in a locked unit before, there wasn't any major issue, but now she's in total lockdown. So I think it would be safer to maybe have a transition. That, I agree with, but, once again, there is no date, there is no specification. We just spotted the problem and we're going to talk about it in maybe six months, three months. Nothing is clear in that report.

Mme Plante (Caroline) : There was a reference in the report about funding. André Lebon said… you know, deplored that there have been cuts, that the funding was running away, as he put it. Are you asking for more funding and more means?

M. Hauptman (Éric) : I'm saying yes to that question, but to invest the money in the right place, where really we need it, OK? Because, like we mentioned before, there are stuff that we're asking to be put in place that don't cost anything today. But yes, there's some funding that should be injected into that, but for now, all I'm asking : Can we put a time of action in place with short, medium and long-term actions that have to take place to protect our children? And funding, I think, is an issue in that.

Le Modérateur : Pour des raisons d'heure, peut-être une dernière question, s'il vous plaît.

Mme Fletcher (Raquel) : There were a lot of recommendations in that report yesterday, and, when the Government spoke about the recommendations, they kind of listed them off… a list, but that list wasn't prioritized. From your perspective and what you've lived through, if you could tell the Government, you know, your main priority, I mean, out of that report, what is it?

M. Hauptman (Éric) : I said my main priorities today because that list, I said it yesterday, it's not clear. It's stuff that we have to talk about, think about. I ask for three specific things that I mentioned today : doors that are locked; when our daughters get to the youth center, that they're put with the girls that are in similar situations with them; and health, mental health, psychologists, psychiatrists.

Le Modérateur : Dernière question, Maya.

Mme Johnson (Maya) :O.K. Mr. Hauptman, why do you have to turn here, to the National Assembly, to align yourself with the CAQ on this issue, versus, let's say, staying in Montréal and just speaking to the media that way?

M. Hauptman (Éric) : I just want to specify today I didn't align myself to any political party. They got in touch with me, they told me what kind of concerns they had, and I had the same concerns as them. And today I'm coming as a father to speak about my daughter and our children, because I'm not the only one who has teenagers in the province of Québec, and I'm willing to fight... that the laws are going to change and that our children are going to be safe. This is the main goal why I'm here and, if I have to go to Ottawa to do it, I'll do it.

Des voix : Merci.

(Fin à 10 h 7)