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Point de presse de M. Pierre Karl Péladeau, chef de l'opposition officielle, M. Nicolas Marceau, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances et revenu, et Mme Agnès Maltais, leader parlementaire adjointe de l'opposition officielle

Version finale

Le mercredi 6 avril 2016, 13 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures dix-sept minutes)

M. Péladeau : Bonjour à tous et à toutes. Merci d'être avec nous cet après-midi.

Le premier ministre Philippe Couillard s'est fait élire il y a deux ans promettant essentiellement deux choses : être le gouvernement de l'économie, et changer le Parti libéral, et former un gouvernement le plus transparent de l'histoire et surtout respectueux de l'éthique. Or, nous sommes obligés de conclure que le Parti libéral est devenu le parti de l'échec, autant au niveau économique qu'à celui de l'éthique.

En économie, ils n'ont pas livré la moitié des emplois qu'ils avaient promis. Il ne s'est pas créé un job au Québec depuis les 10 derniers mois, et nous avons zéro dollar en investissement. Les entreprises nous quittent, les sièges sociaux déménagent, et le premier ministre ne fait rien. Il nous dit même que c'est une bonne nouvelle lorsque RONA est vendue à une entreprise américaine.

Sur le plan de l'éthique, les deux dernières semaines parlent par elles-mêmes : accusations de Marc-Yvan Côté et de Nathalie Normandeau, complot, fraude, abus de confiance et corruption. Et la gestion de l'affaire Hamad des derniers jours démontre que le premier ministre a décidé de défendre le Parti libéral du Québec, il a décidé de défendre sa formation politique plutôt que de défendre les intérêts des citoyens et des citoyennes du Québec. Le premier ministre démontre qu'il n'a pas de jugement.

Nous devons dire également que le Parti libéral du Québec a fait reculer la qualité de vie des familles. 1 500 $ de plus, une hausse de leur fardeau fiscal, une augmentation des tarifs de garderie jusqu'à 20 $ et un rapport d'impôt de plus en plus compliqué, qui se termine souvent avec une facture imprévue de plus de 1 000 $. Un gouvernement dirigé par des médecins dont la dernière préoccupation est l'accessibilité et un gouvernement qui s'est rendu compte que les coupes en éducation, il en avait abusé.

Alors, le 7 avril 2014, le Parti libéral de Philippe Couillard a été élu ayant promis 250 000 emplois, de réduire le fardeau fiscal de la classe moyenne et des familles et d'être le gouvernement le plus transparent de l'histoire. Deux ans plus tard, les Québécois et les Québécoises sont en colère. Le gouvernement apparaît complètement désorganisé et déconnecté, complètement déconnecté de la population. Les promesses brisées, les gestes d'incompétence et les cafouillages se sont accumulés, et nous constatons que le Parti libéral du Québec, eh bien, il n'a pas changé. Devant l'insensibilité du gouvernement quant aux effets des coupes et de l'abandon des régions, devant l'incompétence... pardon, l'incohérence des hausses de salaire faramineuses accordées aux médecins alors que les familles, eux... et elles, plutôt, payent toujours plus, devant l'acharnement à défendre l'indéfendable dans les dossiers d'éthique et devant l'incompétence économique de ce gouvernement, nous demandons : Où est le premier ministre?

Où est le premier ministre quand vient le temps de défendre les familles, les travailleurs et les régions? Où est le premier ministre lorsqu'il faut agir pour conserver nos entreprises, nos sièges sociaux et nos emplois? Où est le premier ministre qui avait affirmé que l'éducation était une de ses priorités? Où est le premier ministre qui avait promis de créer 250 000 emplois? Où est son fameux trio économique? Nous concluons, et nous ne sommes évidemment pas les seuls, que l'économie stagne et les finances publiques continuent de se détériorer. Nous attendions l'effet libéral, nous avons plutôt une perte de 20 000 emplois. Nous avons assisté à la vente de nos fleurons et au départ de nos sièges sociaux d'importance sans que le gouvernement fasse quoi que ce soit pour les retenir et sans qu'il exige quelque garantie que ce soit pour le maintien des emplois. St-Hubert, RONA, le Cirque du Soleil, ces fleurons du Québec inc. ne sont plus contrôlés par des Québécois, avec pour conséquence que les milliers de travailleurs et autant de familles sont plongés dans l'incertitude.

J'ai une petite anecdote. Je suis allé dîner dimanche dernier avec ma fille... vendredi, chez Robin des Bois, sur le boulevard Saint-Laurent. Qui était là? Bien, il y avait une dizaine de personnes qui travaillaient au siège social, à Boucherville, de RONA. Mais je peux vous dire quelque chose, ils étaient victimes d'une très grande incertitude. Philippe Couillard avait promis de limiter les hausses de tarifs de garderies à l'indexation. Or, ils ont augmenté jusqu'à 174 %, provoquant le démantèlement du réseau public des services de garde, une institution québécoise dont l'excellence et la pertinence a été reconnue maintes fois partout dans le monde, et ce, il l'a fait au profit des garderies privées et commerciales. Ces augmentations s'ajoutent aux 1 479 $ supplémentaires en hausses de taxes et de frais qui seront pigés dans la poche de nos familles.

Philippe Couillard avait également promis d'augmenter le budget en éducation. Deux ans plus tard, trois ministres et des coupes de centaines de millions, c'est un constat d'échec. Le gouvernement a coupé plus de 250 postes de professionnels qui aident les élèves en difficulté. Les coupes ont touché directement des organismes-phares de la lutte contre le décrochage scolaire, et le manque à gagner dans le réseau atteint maintenant 2,26 milliards de dollars en trois ans.

En santé, c'est tout aux médecins et rien aux patients. Ce sont les médecins qui sortent grands gagnants de la réforme du Dr Barrette, avec une augmentation faramineuse de leur rémunération, 148 millions par l'entente sur l'étalement, 800 millions versés en trop, selon le Vérificateur général, et 50 millions refilés aux Québécois et aux Québécoises à travers la légalisation des frais accessoires. Mais ce sont les personnes les plus vulnérables qui paient le prix d'un gouvernement de médecins : fermeture des centres de désintoxication, coupures dans les soins à domicile et fermeture de résidences pour personnes handicapées.

Nous avons aussi constaté que, devant l'incapacité du fédéralisme à servir les intérêts du Québec, le premier ministre Philippe Couillard se range systématiquement du côté d'Ottawa. Nous avons eu un premier ministre qui a accepté de signer l'entente de la Stratégie canadienne de l'énergie, 

une stratégie basée sur l'exploitation du pétrole des sables bitumineux, qui va à l'encontre de nos choix, ceux-ci étant centrés sur les énergies renouvelables, les technologies vertes et l'électrification des transports. Nous envoyons plus de 50 milliards de dollars à Ottawa et nous n'en avons pas pour notre argent. Nous n'avons rien obtenu pour l'industrie forestière, ni pour Bombardier, alors que le fédéral continue d'investir des millions de dollars dans l'industrie automobile en Ontario et des centaines de millions de dollars dans l'industrie pétrolière des sables bitumineux.

Le premier ministre pourrait-il nous dire comment cette position est conciliable avec son virage vert qui est advenu après son pèlerinage à Paris, à la conférence sur les changements climatiques? Nous n'avons aucune entente pour annuler la réduction des transferts fédéraux en santé, une réduction qui nous coûte cher et qui, je le rappelle, est causée par le refus d'Ottawa de considérer les spécificités démographiques du Québec. Nous attendons toujours une entente pour le versement en bloc et, sans aucune condition, des fonds de Chantiers Canada dédiés aux infrastructures locales. Ces fonds représentent des emplois précieux, notamment pour nos régions. Et le désengagement du gouvernement fédéral dans l'entretien des ports se poursuit. Les ports sont en mauvais état, le fleuve et le golfe du Saint-Laurent ne nous appartiennent pas, et nous ne contrôlons pas nos eaux côtières. Alors, comment le premier ministre peut-il concevoir sa stratégie maritime dans ces conditions?

Philippe Couillard avait aussi promis d'être le premier ministre de tous les Québécois. Malgré cette promesse, Philippe Couillard ne défend pas la langue de la majorité. Les Québécois s'attendent du premier ministre du Québec qu'il protège la langue française, qu'il en fasse la promotion et qu'il offre aux nouveaux arrivants les moyens requis pour assurer leur francisation. Au contraire, aujourd'hui, il banalise l'anglicisation de Montréal, réduit les moyens financiers des outils de francisation et souhaite augmenter le seuil du nombre de ceux et celles qui veulent venir s'installer ici, au Québec, ce seuil, à 60 000, alors que ce sont ces citoyens qui souffrent le plus de ce mal endémique du chômage.

En campagne électorale, Philippe Couillard avait promis un nouveau Parti libéral, mais le Parti libéral du Québec n'a pas changé. C'est toujours le même parti déconnecté de la population, le même Parti libéral du Québec qui aime le pouvoir, mais qui ne gouverne pas pour le vrai monde.

Nous demandons au premier ministre d'écouter la population, de défendre les intérêts des Québécois et des Québécoises, des familles, des travailleurs, des entreprises et des régions. Et, en matière d'éthique, nous demandons à Philippe Couillard de faire preuve de jugement, de transparence, de faire le ménage, une fois pour toutes, au Parti libéral qu'il dirige et d'agir comme il se doit pour redonner confiance aux Québécois et aux Québécoises.

Le premier ministre Philippe Couillard porte le lourd héritage du Parti libéral ainsi que de son prédécesseur, un boulet qui l'empêche de gouverner. Nous demandons au premier ministre de faire la lumière sur les objectifs de financement de 100 000 $ pour les membres de son Conseil des ministres, objectifs qui avaient été fixés par son prédécesseur et objectifs auxquels il était lui-même assujetti.

deux ans de stagnation économique et remettre le Québec sur la voie de la croissance. Il y a véritablement urgence. Ainsi, aujourd'hui, nous demandons à Philippe Couillard de gouverner pour tous les Québécois et les Québécoises. Merci. Je vais maintenant passer la parole à mon collègue le député de Rousseau, Nicolas Marceau.

M. Marceau : Oui, merci, Pierre Karl. Peut-être un petit mot de plus sur la situation économique. Vous savez qu'on nous a fait, donc, des promesses, on a fait miroiter de très belles choses pour l'économie du Québec en campagne électorale, et Pierre Karl a rappelé à quel point ces promesses n'ont pas été respectées, elles ont été violées. C'est vrai en termes de croissance économique, en termes d'emplois, en termes d'investissements.

Maintenant, en plus de nous avoir fait des promesses en campagne électorale, on nous fait également, à chaque année, des promesses dans le cadre du budget. On nous dit : Cette année a été difficile, l'année prochaine sera meilleure, l'année qui vient sera meilleure. Mais malheureusement, parce qu'il n'y a pas de vision, il n'y a pas de véritable plan économique, de plan de développement de notre économie, parce que c'est le règne du laisser-faire, bien, la situation ne s'améliore pas.

Et je vous donne un exemple, ça va être très court, exemple de promesse annuelle qui n'est jamais satisfaite, je vais vous parler de l'investissement des entreprises, le coeur de la croissance économique. En juin 2014, premier budget Leitão, on nous dit : La situation de l'investissement n'a pas été satisfaisante, mais cette année, grâce à notre action, il va y avoir une reprise des investissements. On nous prévoit 4,1 % de croissance des investissements en 2014. Le résultat des courses, ça a été moins 11 %. On nous avait prévu 4 %, le résultat, ça a été moins 11 %.

En 2015, l'histoire se répète. On nous dit : 2014, ça a été une année difficile, mais cette année, nous prévoyons un redressement. Alors, en 2014, on prévoyait une reprise de l'investissement. En 2015, on nous dit : Ça va être un redressement de l'investissement, et on prévoit une croissance, pour 2015, de l'investissement de 2,8 %. Eh bien, le résultat des courses, en 2015, ça a été moins 4,7 %.

Et cette année, en mars 2016, après l'hypothétique reprise de 2014, l'hypothétique redressement de 2015, en mars 2016, cette fois-ci, on nous dit : Ça n'a pas été bon l'année passée, mais cette année, on va avoir un rebond. Alors donc, ça a été reprise, redressement, rebond. Et qu'est-ce qu'on nous prévoit cette année comme croissance de l'investissement? 0 %. Alors, quand on nous a prévu du 4 % puis du 2 %, puis que ça finit en négatif, alors imaginez ce que ça va être quand on ne nous prévoit rien pour cette année, 0 % de croissance.

Alors, c'était un exemple, mais je veux juste qu'on se rappelle que ce viol, ce non-respect des promesses électorales, c'est aussi quelque chose qui se répète année après année au plan économique parce qu'il n'y a pas de vision économique. Oui, j'invite ma collègue Agnès Maltais maintenant.

Mme Maltais : Quelques mots simplement, puisqu'on en a beaucoup parlé depuis deux semaines et que notre chef, M. Péladeau, vient d'en parler. Nous avons un gouvernement qui avait promis d'être le gouvernement de la transparence et d'être d'une éthique irréprochable. Ces deux dernières années, je vais vous le dire honnêtement, je suis sûre que vous avez la même impression, je revis les pires années du gouvernement Charest à l'Assemblée nationale. Et je pense que c'est dû à l'attitude du premier ministre qui accumule hésitations, gestes prouvant une incompétence aussitôt qu'il s'agit des questions d'éthique du Parti libéral du Québec.

Je suis un peu... À part les applaudissements, là, pour moi, c'est le jour de la Marmotte, quand on demandait à tous les jours une enquête publique sur la corruption. Toute notre attention actuellement est tournée vers les ministres à 100 000 $, les arrestations de l'UPAC, enfin l'insouciance avec laquelle, à prime abord, et le ministre Sam Hamad et le premier ministre ont traité l'histoire des courriels qui nous ont dévoilé la proximité de Marc-Yvan Côté avec M. Hamad. Donc, il nous faut régler cette question.

Cette question, c'est une question de confiance envers le premier ministre, de confiance envers le gouvernement. Comment pourrons-nous faire confiance à la gestion quotidienne des dossiers, au suivi des dossiers, à leur analyse, si nous n'avons pas réglé cette question de la manière dont le gouvernement traite l'éthique? Et je pense qu'on va pouvoir revenir aux affaires quotidiennes quand nous serons rassurés à l'effet qu'un minimum d'éthique sera respecté par le Parti libéral. Merci.

Le Modérateur : Merci beaucoup, Mme Maltais, MM. Péladeau et Marceau. Pour la période de questions, micro de gauche, M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Bonjour. On regarde vos chiffres, 1 479 $, la CAQ qui parle de 1 500 $, soit que vous aviez le même comptable, vous en venez à la même conclusion sur l'effet libéral. C'est un peu ça?

M. Péladeau : Exactement. Bon, c'est sûr que ce n'est pas une méthode... même la comptabilité, certains prétendent, vont dire que c'est une science exacte, mais on essaie de faire l'exercice le plus rigoureusement possible, et, vous voyez, les postes de dépenses, ils sont bien détaillés. Alors, ça peut varier d'une famille à l'autre, là, évidemment, tout dépendant du revenu, mais c'est un portrait, je pense, tout à fait honnête.

M. Vigneault (Nicolas) : Puis, pour vous, c'est une des pires choses qu'a faites le gouvernement, en plus de l'éthique, là, on le comprend?

M. Péladeau : Bien, écoutez, tu sais, il s'était fait élire en disant qu'il allait relancer l'économie et d'aucune façon il a mentionné qu'il allait justement changer ce qui était prévu pour les CPE. Donc, on avait prévu l'indexation, et là, bien, ce sont des hausses qui se traduisent justement par tous les éléments qui sont ici rémunérés.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur l'éthique, le premier ministre a finalement reconnu qu'il semblait y avoir eu un manque de prudence de la part de Sam Hamad. Est-ce que ça vous a surpris? Est-ce que cette admission-là vient un peu trop tard? Comment...

M. Péladeau : Bien, la problématique, vous savez, avec le premier ministre, là, bon, premièrement, quand il fait des annonces, c'est toujours géré par des relations publiques. Alors, on se pose la question : Est-il capable de faire état de son propre jugement ou est-il systématiquement à la remorque de ses conseillers en matière de relations publiques? Il a bien vu que les Québécois, là, et les Québécoises, dans ce qui s'est passé avec le député de Louis-Hébert, Sam Hamad, qui se pousse en Floride, bien, c'est ignoble. Ils ont trouvé ça absolument invraisemblable, ils ne le croient pas. Ils se posent encore la question : Comment se fait-il... Je suis convaincu, M. Vigneault, que vous vous êtes fait accrocher, comme moi, dans la rue, par des dizaines et des dizaines de citoyens qui n'en reviennent purement et simplement pas.

Comment le premier ministre a-t-il pu laisser une chose semblable se produire? Et là maintenant, donc, il est à reculons. Il est à reculons de l'opinion publique et là il commence à avouer ce qu'il aurait dû avouer dès le départ. Mais il n'est pas allé au bout de l'exercice, là. Il a laissé, encore aujourd'hui, tous les privilèges qui sont liés à l'existence et au statut de ministre. Alors, il a sa limousine, il a son garde du corps, il a sa prime de près de 70 000 $. Mais que gère-t-il? Il est le ministre de rien.

Alors, quelle est la différence entre le député de Louis-Hébert, qui reçoit toutes ses rémunérations additionnelles et ses privilèges, avec le député de Marguerite-Bourgeoys, Robert Poëti, qui a été expulsé du Conseil des ministres; Guy Ouellette, le député de Chomedey; Nicole Ménard, la députée de Laporte? Comment se fait-il qu'il y a un traitement particulier pour lui et un traitement particulier pour les autres? Bien, poser la question, c'est y répondre, puisque nous le savons fort bien. Sam Hamad a été son directeur de campagne à la direction du leadership. Je l'ai mentionné dans ma présentation, il préfère protéger les intérêts du Parti libéral du Québec que plutôt protéger les intérêts des citoyens et des citoyennes du Québec.

M. Vigneault (Nicolas) : Donc, il a bougé un peu, mais, pour vous, il n'est pas allé suffisamment loin? Il aurait dû, dès aujourd'hui, éliminer toutes les primes?

M. Péladeau : Vous savez, demain, là, dans 24 heures, ça va faire une semaine que les révélations sont sorties. Moi, je serais intéressé de savoir s'il a reçu, oui ou non, les courriels, si le député de Louis-Hébert les a reçus, les courriels et quand le député de Louis-Hébert a informé le premier ministre de cette situation.

Alors, c'est pour ça, quand je vous dis qu'il est déconnecté de la réalité, lui a probablement considéré qu'il n'y avait rien là, pour employer l'expression. Vous allez voir, ça va se tasser. Il ne saisit pas ce que les citoyens et les citoyennes du Québec, eux, apprécient. Et les exemples sont là, sont trop nombreux. Ça lui prend toujours 48 heures pour réagir. Il réagit uniquement et en fonction de l'opinion publique qui s'est soulevée, qui a trouvé ignoble la façon dont on agit.

Le Modérateur : M. Caron, micro de droite.

M. Caron (Régys) : Rebonjour, M. Péladeau, Mme Maltais, M. Marceau. Les faits reprochés au gouvernement présentement remontent au gouvernement Charest. Comment le gouvernement Couillard peut-il nettoyer quelque chose qui était du ressort d'un autre gouvernement?

M. Péladeau : Eh bien, écoutez, vous avez eu les révélations, donc, de l'émission Enquête à Radio-Canada. Je comprends que ça s'est produit dans un autre gouvernement, mais vous vous souviendrez également que le premier ministre Couillard a dit qu'il allait être le champion de l'intégrité et de la transparence. Il a dit qu'il allait faire passer ses ministres au confessionnal.

Alors, l'a-t-il fait ou non? Parce que la révélation dont nous avons pris connaissance par le biais de l'émission Enquête, va-t-il y en avoir d'autres qui pourraient éventuellement aussi avoir comme conséquence de continuer à mettre le gouvernement dans l'embarras et de l'empêcher de gouverner? Ce que les Québécois et les Québécoises souhaitent, M. Caron, c'est simple, c'est de travailler, c'est d'avoir des emplois, c'est que le gouvernement ait une stratégie, une véritable stratégie économique. Mais là, empêtrés dans l'embarras suscité, justement, par leur passé, parce qu'ils sont encore là, là… Ils sont combien de membres du Conseil des ministres qui ont participé au Conseil des ministres de Jean Charest, qui sont des anciens collègues de l'ancien ministre de la Santé Philippe Couillard? Comment se fait-il qu'il n'a pas fait le travail? C'est ça, la question que les Québécois et les Québécoises se posent.

M. Caron (Régys) : Mais quel travail...

M. Péladeau : Et c'est son obligation, justement, de faire en sorte que les révélations qui sont advenues, bien, ne se produisent pas pour les autres ministres. Et on sait tous que ces ministres-là avaient des objectifs de 100 000 $. Ce n'est pas une pratique qui est susceptible, justement, de faire en sorte de travailler dans la meilleure et dans la plus grande des intégrités. Et c'est la raison pour laquelle…

J'ai vu notre ami le leader du gouvernement ce matin, en Chambre, utiliser une formule latine : audi alteram partem. Mais moi, je lui dirais au premier ministre : caveat emptor, que l'acheteur se méfie. C'est une expression qui dit et qui veut dire qu'il doit faire le nécessaire pour que les vérifications soient faites, parce qu'il est très conscient du passé de ses ministres et il est très conscient également de la présence de Marc-Yvan Côté comme collecteur de fonds du parti dont il a la direction.

M. Caron (Régys) : Comment le gouvernement devra-t-il faire pour durer encore deux ans avec le passé d'un gouvernement précédent dont il doit répondre aujourd'hui?

M. Péladeau : Oui, il doit répondre…

M. Caron (Régys) : Non, mais qu'est-ce qu'il va devoir faire, M. Péladeau?

M. Péladeau : Bien, moi, je l'ai dit à plusieurs reprises, M. Caron, qu'il fasse toute la lumière sur le financement de son parti. Il doit le faire pour justement s'assurer que la démocratie ici, au Québec, soit forte et qu'il pose les gestes afin d'éloigner le cynisme ambiant, qui est dorénavant répandu dans toute la population. Vous les avez vus, les sondages, autant que moi. Que fait-il, le premier ministre? C'est lui qui a la responsabilité de chasser le cynisme, mais il ne pose aucun geste à cet effet. Au contraire, il continue de promouvoir uniquement les intérêts de sa formation politique. Ce n'est plus un premier ministre que nous avons, c'est uniquement le chef du Parti libéral du Québec.

Le Modérateur : Merci. En anglais, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Mr. Péladeau, what do you think the Sam Hamad affair demonstrates about Premier Couillard's leadership?

M. Péladeau : Well, certainly, you know, we're forced to answer that he's lacking judgement. He's lacking judgement because he's basically, you know, doing the same thing that the… Do we say «MP» here?

Mme Johnson (Maya) : MNA.

M. Péladeau : MNA, sorry. MNA. MP is being in Ottawa. So the MNA de Louis-Hébert, he left Québec during, you know, one of most important crisis taking place. And Premier took 48 hours, 48 hours to answer something that was raised by the entire population. The entire population consider that leaving the country, escaping his responsibility, not being here at «le salon bleu», when he is supposed to do his job as an MNA, when he is still receiving a compensation that he's not allowed to, I mean, people are disgusted by that.

Mme Johnson (Maya) : What kind of action do you expect the Premier to take?

M. Péladeau : He needs to make the real thing, he needs to explain to the citizens of Québec how the financial works at «le Parti libéral du Québec». He's the leader of this party. It's too easy for him, you know, to say : Well, I'm getting rid of what happened before.

He cannot do this, because part of his cabinet, 12 ministers that were previously under the Charest Government, he's not realizing that there is a high probability or there certainly, you know, a possibility that what happened with Sam Hamad could also take place with other ministers. Is this what he wants?

He said that he will make a due diligence on each of his ministers. Did he do it? He never said. But, what we know now, is that, you know, we've been seeing an implosion taking place since last Thursday, after the revelations that took place at Radio-Canada. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 45)