(Onze heures trente-deux minutes)
Mme Vallée
: Donc,
merci d'être présents. On voulait simplement réagir au dépôt, par le gouvernement
fédéral, des amendements au Code criminel qui visent à encadrer l'aide médicale
à mourir telle qu'on la connaît. Ici, au Québec, on a pris les devants. Je
pense que le Québec a été précurseur en adoptant la loi sur l'aide médicale à
mourir, sur les soins de fin de vie, parce qu'évidemment la loi, qui a été
adoptée en mai 2014, c'est une loi qui ne prévoit pas qu'une législation
sur l'aide médicale à mourir, mais qui encadre aussi toute la question des
soins de fin de vie.
Le projet de loi, tel qu'on le voit, là, à
sa face même, encadre puis s'inspire bien clairement — puis, je pense,
c'est très clair — des travaux qui ont été menés par le Québec. Je
dois vous dire que tant mon collègue Gaétan Barrette que moi-même avons
collaboré avec nos homologues fédéraux pour les alimenter de l'esprit de tout
le travail qui a été fait, autant au ministère de la Santé qu'avec les juristes
de la Direction des affaires juridiques du ministère de la Justice, pour
permettre aussi de comprendre le processus qui nous avait amenés ici, à Québec,
à encadrer l'aide médicale à mourir, les choix qui avaient été faits également.
Parce qu'il faut se rappeler que le projet de loi avait été précédé par une commission
parlementaire qui avait émis des recommandations, et c'est dans l'esprit de ces
recommandations-là que le projet de loi a été rédigé.
Donc, le projet de loi tel qu'on le lit actuellement,
c'est un projet de loi qui reconnaît le droit pour une personne en fin de vie
qui est... c'est exprimé en des mots, des termes un peu différents, le droit
pour une personne de demander l'aide médicale à mourir. Il y a également, dans
la définition d'«aide médicale à mourir», une ouverture — une petite
distinction avec notre loi — vers le suicide assisté. Alors, ça,
c'est une distinction puis, selon moi, c'est suite, évidemment, à la décision
de la Cour suprême dans l'affaire Carter, qui élargissait les paramètres de l'aide
médicale à mourir, donc on l'encadre. On encadre également les responsabilités
du pharmacien, du médecin, de l'infirmière praticienne et de l'équipe soignante
autour de ceux et celles qui pourront solliciter de se voir administrer ou de
s'administrer l'aide médicale à mourir.
Alors, somme toute, évidemment, il y aura
une analyse plus poussée, là, du projet de loi. Vous comprendrez qu'on l'a reçu
en période de questions, alors Gaétan et moi, on en a pris connaissance sur le
fait. Mais, somme toute, c'est un projet de loi qui s'inspire beaucoup de
l'esprit du projet de loi qui a été adopté ici, à Québec, que ce soit dans l'encadrement
de l'acte, c'est-à-dire la façon, le processus dans lequel le patient pourra
faire cette demande, formuler cette demande-là et les différents paramètres,
les différentes exigences mises de l'avant.
Puis on constate également qu'on s'inspire
du projet de loi québécois, parce qu'évidemment seul un patient qui peut
recevoir des soins de santé au Canada, donc, ici, au Québec, c'est... seul un
patient qui est admissible aux soins de santé, qui détient sa carte-soleil,
finalement, peut demander l'aide médicale à mourir. Bien, on retrouve cette
exigence-là dans le projet de loi fédéral.
M. Barrette : Si je peux
compléter. Évidemment, Stéphanie...
Mme Vallée
: Je ne
voudrais pas te...
M. Barrette : Mais non,
mais... Évidemment, c'est utile parce que, quand on regarde le débat qui a eu
lieu précédemment... Il y a eu un débat qui a été perçu comme étant un débat
sur le suicide, alors qu'on voit, dans le projet de loi fédéral, que c'est
littéralement une transposition au fédéral de la loi québécoise, avec quelque
ajustements, mais fondamentalement — et d'ailleurs vous le voyez dans
le projet de loi fédéral — l'aide à mourir, le suicide assisté est
interdit, sauf exception, et les exceptions sont clairement toutes liées à un
problème de santé.
Alors, quand on regarde le projet de loi,
là, il est très clair que les exceptions au fait que l'aide à mourir serait
criminelle, il y a des exceptions et elles sont liées à un problème de santé,
d'où le lien à faire avec la loi québécoise, qui est une loi purement de soins
de fin de vie. Alors, ils ont fait, à toutes fins... de toute évidence, comme
disait Stéphanie, ils se sont inspirés largement de ce que le Québec a fait et
ils ont essentiellement prévu d'étendre la période durant laquelle on peut
avoir accès à l'aide médicale à mourir.
Je m'explique. Dans notre loi, c'est une
loi de soins de fin de vie, mais de fin, fin de vie, là, alors que, quand on
regarde l'article 240.2, qui est l'article auquel je pense que vous devez
porter beaucoup d'attention parce que les conditions critiques sont là, oui, on
peut s'adresser à l'aide médicale à mourir qui va s'apparenter à un suicide
médicalement assisté dans un contexte de maladie grave qui s'est détériorée, mais...
je reprends le texte, là, mais pour laquelle une «mort naturelle» est «devenue
raisonnablement prévisible». Alors, le «raisonnablement prévisible», évidemment,
induit qu'on n'est pas nécessairement à deux jours de notre fin de vie, là.
Alors là, il y a ça. Alors, je pense que
ce qu'il faut retenir, et c'est ce que nous retenons à cette étape-ci, c'est
que l'ajustement du gouvernement fédéral fait une duplication du Québec dans le
Canada, mais garde l'esprit du Québec en ce sens que c'est une loi qui
s'adresse à des conditions qui ont un lien en santé, médical.
M. Chouinard (Tommy) : Mais,
M. Barrette, donc, cette précision-là sur la mort naturelle
raisonnablement prévisible, est-ce que ça vient élargir le bassin de patients
pouvant peut-être demander l'aide médicale à mourir maintenant?
M. Barrette : La réponse est
oui a ça parce que cet article-là, dans ma lecture — et là je ne veux
pas usurper les compétences de ma collègue — dans ma lecture... Hier,
il y a eu un reportage à Radio-Canada sur un patient de Sherbrooke.
Manifestement, cette loi-là lui aurait permis de ne pas faire de grève de la
faim, par exemple.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.
Donc, vous estimez qu'il y a plus de patients qui...
M. Barrette : Ce n'est pas
le... La réponse est oui pour le nombre de patients, mais le nombre de patients
va être plus grand pas parce qu'il y a plus de personnes, c'est parce que le
délai précédant la mort est étendu, manifestement, par le libellé de cette
loi-là... le libellé actuel.
Alors, par rapport à notre loi, ça
augmente non pas par le nombre de maladies, mais par le délai qui est étendu.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
la loi fédérale va-t-elle avoir préséance sur la loi québécoise?
M. Barrette : Là, je ne veux
pas présumer, là.
Mme Vallée
: On a... C'est
certain que la loi québécoise, par contre, s'inscrit à l'intérieur de nos
compétences en matière de santé, donc, nos compétences de légiférer en matière
de santé. Il y aura... Puis on verra, là, entre le moment où loi est déposée aujourd'hui
et la forme que prendra le texte final, dans un premier temps, on va voir ce
qui en est. C'est certain que le Code criminel vient criminaliser, alors... En
fait, la loi québécoise, elle est plus restrictive que le Code criminel, puisqu'elle
ne permet pas l'aide médicale à mourir sous la forme de suicide assisté. Alors,
notre loi, elle est légèrement plus restrictive que le projet de loi actuel,
mais le projet de loi actuel, quand même, dans son esprit, dans la façon dont
il est rédigé, dans la façon dont l'encadrement est fait, s'apparente beaucoup
à notre texte.
Maintenant, pour...
M. Chouinard (Tommy) : Je
comprends qu'il n'y aura pas deux régimes. Si le Code criminel est modifié, ça
s'applique au Québec. Le Code criminel...
Mme Vallée
: Bien,
c'est certain. Le Code criminel s'applique au Québec.
M. Barrette : C'est ça. Mais
moi, M. Chouinard, je vous le placerais dans l'angle suivant : dans
un continuum de lois, là, on n'est pas avec une loi différente du Québec au
fédéral, là. Alors, la loi fédérale est un petit peu plus étendue que le
Québec, là. Son esprit et ses paramètres sont extrêmement similaires à ceux du
Québec, et, s'il y avait un ajustement à faire, c'est, justement, un
ajustement, là.
Mme Vallée
: C'est des
modifications marginales.
M. Barrette : Ce qui est dans
la loi fédérale, ça ne demande pas de refondre la loi du Québec, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais vous prévoyez, à ce moment-ci, des ajustements législatifs?
Mme Vallée
: Bien, il
faudra voir le texte final. Je pense que c'est la première chose. Il ne faut
pas devancer, il faudra... On va continuer de faire le suivi, évidemment, de
tout ce qui se dira, parce qu'il y aura des échanges. La ministre... Mon
homologue fédérale était en point de presse il y a quelques minutes puis elle
disait qu'elle demeurait à l'écoute, compte tenu de la sensibilité de l'enjeu
que soulève ce projet de loi là, surtout dans le Canada anglais. Donc, il y
aura des échanges. Est-ce le projet de loi adopté au final sera exactement le
projet de loi que nous avons devant nous aujourd'hui? Je pense qu'il est un
petit peu trop tôt pour en conclure. Mais moi, je vous dis qu'actuellement,
s'il devait y avoir des modifications à la loi québécoise, elles seraient
marginales, puisque l'esprit, la façon, le processus, la façon de faire est, à
quelques mots près, similaire à ce que le gouvernement fédéral nous a présenté
aujourd'hui.
M. Lavoie (Gilbert) :
Qu'est-ce qui va... Qu'est-ce qui se passe... Excusez ma méconnaissance, là, du
sujet, là, mais, je prends un exemple. Qu'est-ce qui se passe... la personne
très âgée qui n'est pas en train de mourir, là, mais qui est en perte
d'autonomie à peu près totale, qui ne peut plus subvenir à ses besoins? Elle se
retrouve devant quelles possibilités avec ces changements-là?
Mme Vallée
: Il y a
actuellement, dans le projet de loi, cette importance accordée à la personne
majeure qui est capable d'exprimer son consentement. Donc, manifestement, par
exemple, si on prend les cas de gens souffrant de la maladie d'Alzheimer qui
sont dans les derniers milles de la maladie, on ne prévoit pas, dans la forme
actuelle, une possibilité, comme l'avait suggéré le comité, de devancer,
c'est-à-dire par le biais de directives médicales anticipées, de demander à ce
que l'aide médicale à mourir puisse être administrée advenant qu'une personne
soit en perte d'autonomie et que ses capacités et ses facultés soient
atteintes.
M. Lavoie (Gilbert) : Mais,
si on laisse tomber de côté le cas d'un alzheimer très avancé, là, mais d'une
personne âgée qui a toute sa tête, mais qui n'a plus de corps, à toutes fins
utiles, là, mais qui n'est pas prête à mourir dans deux semaines?
M. Barrette : Bien, moi, je…
La réponse à cette question-là va se trouver dans le débat qui va suivre le
dépôt de ce projet de loi. Parce que votre question est très pertinente. Ce
qu'il n'y avait pas dans la loi du Québec, c'est deux choses : il n'y
avait évidemment pas de suicide médicalement assisté, on a eu ce débat-là, et
il n'y avait pas non plus la décision médicale... la décision anticipée, les
directives médicales anticipées, il n'y avait pas ça. Il n'y a pas ça dans
cette loi non plus. Il n'y a pas de directives médicales anticipées dans cette
loi-là, il n'y a même pas une allusion à ça.
Alors, l'élément auquel vous faites
référence, qui est tout à fait pertinent, bien, la réponse à ça va venir du
débat qu'il y aura sur 242.2, parce que 242.2, là, c'est tout ou rien. Et les
éléments qui sont là, bien, comment on les qualifie, comment on les quantifie?
Je vous donne un exemple — on dit ici que vous pouvez… vous devez, pour
y avoir accès, si c'est tout 242.2, là, tous les paragraphes : vous êtes
tétraplégique, vous êtes tanné d'être tétraplégique, ça fait 35 ans que
vous êtes dans cette condition-là, et votre condition est relativement stable.
Est-ce que vous pouvez avoir l'accès à l'aide médicale à mourir? Bien,
techniquement, en regardant le texte qui est là, la réponse, c'est non. Si je
fais la transposition avec la situation que vous venez de décrire,
techniquement, la réponse, c'est non.
Il y a des questions auxquelles il va
falloir répondre. Est-ce que c'est tout 242.2? On pense que oui, c'est ce qu'il
veut dire. Mais, quand on dit, là, par exemple, à d : «une mort naturelle
est devenue raisonnablement prévisible», il y a un flou, là, temporel,
circonstanciel. Alors, quand on prend l'ensemble de ça, aujourd'hui, à la
question que vous posez, je pense que ce n'est pas possible.
M. Lavoie (Gilbert) : Sauf si
j'ai un cancer du pancréas, par exemple, avancé, là...
M. Barrette : Oui. La réponse
à ça, c'est oui.
Mme Vallée
: Le problème
de santé grave est présent. Mais, sans problème de santé grave, je ne crois pas
qu'on pourrait se qualifier en fonction de la loi.
M. Lavoie (Gilbert) : Bref, si
j'ai 105 ans puis je ne suis plus capable de sortir de mon lit pour qu'on
m'administre les soins nécessaires, il faut que j'aie un cancer en phase
terminale en plus.
M. Barrette : Bien, en phase
terminale... parce que ça va être ça, la question. L'exemple que vous donnez,
ça va être un peu ça, la question, le «raisonnablement prévisible». Vous prenez
l'exemple spectaculaire de 105 ans, cancer du pancréas. Il est
raisonnablement prévisible que la personne décède avant 110 ans, encore
plus avec un cancer du pancréas.
Alors, maintenant, je vous donne le
contre-exemple, là. J'ai 55 ans et j'ai eu un accident de moto, je suis
tétraplégique depuis l'âge de 18 ans. Là, c'est exactement l'inverse, là.
Alors, le... manifestement, on va entrer, au fédéral, dans un débat qui va
ressembler à celui du Québec, mais qui va durer quelques mois ou quelques semaines
plutôt que quelques années.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais qu'est-ce que vous en pensez, vous? Est-ce qu'Ottawa a trouvé le juste
équilibre ou...
M. Barrette : Je pense
qu'Ottawa a trouvé le juste équilibre pour Ottawa.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Et
pour le Québec? Parce que le Québec fait partie du Canada, là.
M. Barrette : Bien, le Québec,
pour nous autres... Cette loi-là, là, elle ne nous affecte, essentiellement,
que très peu. Tant sur le plan législatif que sur le plan de la santé, cette
loi-là ne vient, à toutes fins utiles, là... qui a changé le délai temporel
entre ce que nous avions prévu dans notre loi et ce qu'eux souhaitent. Alors,
ici, comme je le disais tantôt...
M. Chouinard (Tommy) : ...de
quelque chose?
M. Barrette : Oui, c'est
quelque chose, là.
M. Chouinard (Tommy) : ...pour
un médecin, pour évaluer la situation...
M. Barrette : Mais ce que je
vous dis, simplement, c'est que, si la loi était arrivée en disant : Le
suicide, maintenant, médicalement assisté est permis en toutes circonstances,
méchant changement! Et il y a des gens qui voulaient ça; pas nous, là, mais il
y a des gens qui voulaient ça. Si la loi était arrivée en disant : Nous
permettons les directives médicalement anticipées, exemple, si je suis un jour
alzheimer couché dans un lit, je veux qu'on m'administre l'aide médicale à
mourir, je peux vous dire qu'il y a bien des gens au Québec qui le veulent, ça,
mais ce n'est pas là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous,
est-ce que vous le souhaitiez, ça?
M. Barrette : Moi, je fais partie
d'un gouvernement qui a la responsabilité de faire des lois qui sont en
synchronisme avec l'état de la pensée de la société. C'est là où on est.
Actuellement, si des gens veulent partir ce débat-là, on peut le faire, là...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, les recommandations du comité spécial mixte étaient trop audacieuses,
n'étaient pas en... étaient en marge de l'opinion publique?
M. Barrette : Vous parlez du
comité fédéral?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui,
donc, ouvrir un peu l'aide médicale à mourir aux personnes qui ont des troubles
psychiatriques, aux mineurs.
M. Barrette : Bien, moi, je
peux vous dire... Je ne veux pas... Je vais vous donner ma position
personnelle, là, pas gouvernementale, mais je pense que mes collègues
penseraient de même. Je peux vous dire qu'avoir donné l'aide médicale à mourir
à des mineurs, je ne suis pas sûr que ça aurait passé notre caucus, là, ou
donner l'aide médicale à mourir à des patients atteints de problèmes de santé
mentale, je ne pense pas que ça aurait passé notre caucus.
Mme Vallée
: Et ça
avait fait l'objet, d'ailleurs, d'une étude par la commission spéciale. La
commission spéciale avait clairement indiqué qu'il fallait, dans un premier
temps, commencer, introduire le concept, permettre à la société de se
familiariser avec le concept de l'aide médicale à mourir parce que c'est quand
même un changement important. Puis c'est certain qu'ici, au Québec, on en jase
depuis plusieurs années, mais ça vient toucher chacun d'entre nous dans ce
qu'on a de plus personnel. Et donc, dans ce contexte-là, le choix a été fait
d'y aller et d'encadrer l'aide médicale à mourir et de la permettre dans des
cas très spécifiques et de permettre à des adultes capables d'exprimer
clairement leur volonté de demander... de faire la demande d'aide médicale à
mourir. Et par la suite on a également mis sur pied, à l'intérieur de la loi,
la Commission sur les soins de fin de vie, qui va veiller à émettre des
recommandations au gouvernement, qui va analyser l'ensemble et qui pourra
peut-être un jour dire : Le Québec en est rendu là. Et, pour le moment,
comme il s'agit d'un changement législatif majeur, il était important d'y aller
tranquillement parce que c'est quand même la vie humaine dont il a été
question.
M. Barrette : Alors, je pense
qu'on va prendre le reste de la journée pour regarder en détail le projet de
loi, là.
M. Chouinard (Tommy) : Juste pour
bien comprendre, là, si... advenant le cas où le projet de loi est exactement
celui qui a été adopté au fédéral, là, celui qui a été déposé est adopté, donc
est-ce que c'est ça qui a préséance? Est-ce que, donc, maintenant, le suicide
assisté, on va dire : Bien, au Québec, là, ça fonctionne?
Mme Vallée
: Bien, c'est
certain que le Code criminel a préséance quant au niveau de ce qui est légal,
ce qui est permis, ce qui n'est pas permis, donc le Code criminel vient
modifier. Mais, nous, de notre côté, c'est que nous sommes plus restrictifs
dans le sens que, si le Québec... Là où il y aurait vraiment un problème
important, c'est si le Québec était beaucoup plus permissif que le fédéral, et
que, là, le fédéral venait fermer la porte. Là, on aura une question... Suivant
l'adoption du projet de loi, on verra l'opportunité, à court terme ou moyen
terme, d'adapter la Loi sur les soins de fin de vie. Mais le Québec n'est pas
plus permissif qu'Ottawa, et donc, compte tenu de ça, il n'y a pas d'enjeu. C'est
certain que ce qu'Ottawa fait, c'est qu'il ouvre la porte au suicide assisté.
Maintenant, dans le projet de loi, avant de dire qu'on va amender la loi, on va
d'abord voir un peu comment vont se poursuivre les travaux et le cheminement du
projet de loi qui est devant nous.
M. Barrette : Mais, insistons
sur un point, là, comme ma collègue Stéphanie vous dit, ça ouvre la porte au
suicide assisté dans un contexte qui est le même que celui de notre loi. C'est
pour ça que, s'il y a des ajustements à faire, là, on n'est pas dans des grands
enjeux, là, au Québec. C'est la loi québécoise, à toutes fins utiles, avec un
délai temporel qui est étendu. C'est comme ça qu'il faut le lire, là. C'est la
loi québécoise dans un délai temporel plus étendu.
Mme Vallée
: Mais on
est en matière de soins de santé, alors il y a le Code criminel qui entre en
ligne de compte pour tout ce qui n'est pas prévu par la loi, la loi provinciale.
D'une certaine façon, là où le fédéral a un peu adopté la pensée suivante,
c'est-à-dire que tout ce qui ne cadre pas, qui n'est pas prévu précisément,
là — ici, on est dans notre loi provinciale — relève quand
même du Code criminel. Donc, quelqu'un qui administrerait l'aide médicale à
mourir ou qui administrait l'euthanasie dans un autre contexte qui n'est pas un
médecin, qui n'est pas un professionnel désigné par le code, qui n'est pas
sujet aussi à des règles de code d'éthique, de déontologie se verrait
susceptible, passible d'une condamnation parce que...
La Modératrice
: Peut-être
prendre une question en anglais.
M. Hicks
(Ryan) : How would the federal bill that has
been tabled… how would it have helped that Sherbrooke man who had undertaken a
hunger strike in order to get access to medically-assisted death?
M. Barrette : Well, in my personal view… that's a personal view because the only
clinical information that I have about that patient is what I've seen on TV,
right? But, from what I've seen, this bill, the way it is designed, would have
allowed him to have access to assisted suicide. That's my interpretation, not
of the bill, but of the clinical situation of that person, and again, on the
basis of facts that I have seen on TV, period.
Mme Johnson (Maya) : So, what is your general view of what you have seen this far? I
mean, I know you need more time to look at it...
M. Barrette : Yes, well, OK, but, at first read, the first reading of the law makes me conclude that, basically, the
federal proposed bill is basically an extension of the Québec's
law roughly in two ways. First of all, for all the aspects of our Québec's law
about end-of-life care, everything that we have in Québec is transposed,
translated into the federal bill. They are going a bit further than we are in a
way that they are allowing access to assisted suicide, but in any situation… in
specific situations that are related to health problems. Not only do they have
to be related to health problems, they are specifically the same as those that
we are addressing in our Québec's bill. So, basically, what this proposition is
today, at first read, is that it's an extension in time of our bill. It's the
same context, same circumstances. It has to be linked to a health problem,
significant health problem to which there is deterioration or a foreseeable
death, not necessarily a precise foreseeable death, but it is related to
health.
So, basically, if you
compare what is written today, that we've read for the first time a few minutes
ago, it's our bill, but not an end-of-life bill, but a
prior-to-end-of-life bill, but «prior» being not necessarily day 1. There
has to be… to have been some evolution in the clinical situation of a given person.
So, in other words, this
bill, in my reading, and I think my colleague would agree with me on this, it's
not opening any door to assisted suicide in any circumstances not related to
health problems. So, basically, as I said, it's an extension in time of our
bill, so it doesn't pose as much problems in this
province.
Mme Fletcher (Raquel) : Are you disappointed at how long it took the federal Government to
make a decision?
Mme Vallée
:
Actually, the federal Government was in a situation where the decision was
rendered last year by the Supreme Court. For all kinds of circumstances, the previous
Government did not go forward with the presentation of a piece of legislation.
But, right now, we have a piece of legislation. I think the important aspect of
it all is to make sure that it goes forward with the process and eventually
respects the provisions and the directives given by the Supreme Court.
M. Barrette :
I think that what you will see is a different reaction across the country. I
believe that, outside Québec, people might say that it maybe goes… maybe a bit
too far, but they will probably not criticize the bill. And, in Québec, you
will hear some people saying : Well, it is not addressing the advanced
medical directives at all. So…
Mme Vallée
:
And we have to remember that we have our bill. So, for Québec, it's not really
a problem, because we have our bill. We were… It's been in force since
December 10th, and we are actually going forward. And the debate was also
made here. So, for us, this bill does not make a big difference in our
situation, here in Québec.
Mme Johnson (Maya) : So will the federal regulation take precedence over Québec?
Mme Vallée
:
This is the Criminal Code, but, as I said to your colleague in French, the
problem… It would be a problem, should the Criminal Code be more restrictive
than the Québec law, but it's not. And there might… We'll see how the bill ends
up, what it will look like once it has gone through the process, in the
legislative process. But the impact… There are a few differences. We will be
looking at it more closely in the days to come, but there are a few
differences, but it's not major. It doesn't… it's not
going to affect in a major way the law that was passed here, in Québec, for most of the principles you will
find in the law, addressed in maybe a different wording, but the spirit of the
law, the importance given to protecting those that are
more vulnerable, you'll find it in the proposed bill.
Mme Johnson (Maya) : And on a final note, for me anyway, is there a sense of pride that
Québec has been leading the way on this very delicate issue?
Mme Vallée
:
I think, for Québec, yes there's a sense of pride and I think there's a sense
of pride for our Government. Because we have to remind you that this bill was
presented under another government, but because of this importance it has for
Quebeckers, we decided to go forward and to continue the important work that
was done, and I think, in a way of addressing politics in a different way, this
is a nice example of it all.
Mme Fletcher (Raquel) :
One more thing. With any medical procedure, we often
talk about access or wait-list. Can you comment about whether there's a concern
that people wanting access to this bill will have to sit on a wait-list?
M. Barrette :
Well, I can comment, from the current history that we have regarding our
Québec's bill that has been implemented in December, there is no access problem
in any way. Thank you.
(Fin à 11 h 56)