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Point de presse de Mme Lise Thériault, ministre responsable des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Allègement réglementaire et du Développement économique régional, et ministre responsable de la Condition féminine, et Mme Nicole Ménard, membre du Comité ministériel de l'économie, de la création d'emplois et du développement durable

Version finale

Le mardi 19 avril 2016, 10 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures dix-sept minutes)

Mme Thériault : Bonjour. Vous allez d'abord me permettre de vous présenter les collègues qui m'accompagnent : Nicole Ménard, la députée de Laporte et présidente du caucus du gouvernement; Stéphane Billette, député de Huntingdon et whip en chef du gouvernement; Marie-Claude Nichols, députée de Vaudreuil et whip adjointe du gouvernement; Caroline Simard, députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré; mon collègue Marc H. Plante, député de Maskinongé; ainsi que Véronyque Tremblay, la députée de Chauveau, qui est par ici; et Patrick Huot, qui est député de Vanier-Les Rivières et whip adjoint du gouvernement.

Nous sommes réunis ce matin parce que nous estimons que cette fois la députée d'Hochelaga-Maisonneuve a vraiment dépassé les bornes. À titre de vice-première ministre surtout, mais comme ministre également responsable de la Condition féminine, je tiens à rappeler que l'ensemble des enjeux qui concernent les femmes sont beaucoup trop importants pour qu'on laisse des considérations partisanes teinter nos débats.

En tant que parlementaires, nous avons le devoir d'élever nos débats au-dessus de la partisanerie. Et, en tenant des propos d'une telle gravité, sans le moindre fondement, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve banalise la véritable violence que subissent les femmes et détourne l'attention des véritables enjeux.

Donc, le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est vraiment très regrettable, les propos qu'elle a tenus. Donc, si vous me permettez, je vais passer la parole maintenant à ma collègue Nicole Ménard, qui était présente lors de l'étude des crédits.

Mme Ménard : Merci. Merci beaucoup. Alors, comme vous le savez, vendredi dernier, lors de l'étude des crédits budgétaires attribués à la Condition féminine, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole de l'opposition officielle en matière de Condition féminine a déclaré que : «...depuis deux ans, [le] gouvernement s'emploie à mettre en oeuvre des actes de violence et de discrimination sexiste qui peuvent être physiques, psychologiques, verbaux, économiques, sexuels, sociaux et politiques».

Nous sommes donc réunis ici ce matin car nous estimons que Mme Poirier a franchi le point de non-retour et que nous souhaitons exprimer, d'une seule et même voix, de notre profonde indignation devant la démagogie excessive et malveillante dont a fait preuve la députée du Parti québécois.

Notons au passage qu'à deux reprises Mme Poirier a eu l'occasion de clarifier sa pensée, soit à la suite de l'intervention de ma collègue députée de Vaudreuil en commission parlementaire et lors de la mêlée de presse qui a fait suite à l'étude des crédits budgétaires dévolus à la Condition féminine. À ces deux occasions, au lieu de faire amende honorable en s'excusant et en retirant ses propos, Mme Poirier s'est plutôt entêtée à les répéter. En accusant ainsi, sans le moindre fondement, le gouvernement du Québec de s'en prendre à l'intégrité physique, psychologique et sexuelle des Québécoises, Mme Poirier a dépassé les bornes.

En tant qu'élus, que nous soyons des femmes ou des hommes, nous ne pouvons pas accepter que de telles accusations soient proférées à l'encontre du gouvernement du Québec. Il s'agit pour nous d'une question de respect des institutions démocratiques et de l'esprit du parlementarisme. Nous reconnaissons à Mme Poirier le droit d'avoir des opinions contraires à celles qui sont exprimées par notre gouvernement. Nous lui reconnaissons la même liberté d'expression que celle qui est reconnue à toutes les citoyennes et les citoyens du Québec, mais nous refusons de nous taire devant l'injustice que constituent les accusations absurdes et sans fondement qu'elle a proféré vendredi dernier à l'encontre de notre gouvernement.

Les débats d'idées et les divergences d'opinions sont non seulement sains et utiles, ils sont essentiels au bon fonctionnement de notre démocratie. Mais il y a une ligne qui ne peut être franchie, celle du respect de nos institutions, et cette ligne, Mme Poirier l'a clairement franchie.

Le Québec est une démocratie exemplaire à bien des égards, et le Parlement au sein duquel nous nous trouvons présentement est le plus grand symbole de cette démocratie. Depuis 2008, le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes est inscrit au préambule de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Il s'agit d'une valeur fondamentale de notre société et il est malhonnête d'oser prétendre que des élus du peuple s'en prennent volontairement à l'intégrité physique, psychologique et sexuelle des Québécoises.

Dans les circonstances, nous n'avons d'autre choix que d'exiger de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve qu'elle retire ses propos et qu'elle présente des excuses officielles à toutes celles et ceux qui auraient pu en être offensés ou, à défaut, qu'elle démissionne de ses fonctions à titre de porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine.

Pour paraphraser le chef de l'opposition officielle, les accusations injustifiées et mensongères lancées par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve vont à l'encontre du respect élémentaire auquel ont droit tous les élus de l'Assemblée nationale. Nous en appelons donc à son sens civique ainsi qu'à sa considération pour nos institutions et la démocratie parlementaire. Un chef de parti ne peut tolérer qu'un membre de notre Parlement adopte une telle attitude. Au nom des principes qu'il a lui-même invoqués à de multiples reprises au cours des derniers mois, M. Péladeau doit impérativement se dissocier des propos tenus par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et présenter des excuses à la population et au gouvernement du Québec au nom du Parti québécois. Merci.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Thériault, vendredi dernier, après l'étude des crédits, on vous a questionnée, on vous a demandé de commenter les propos de Mme Poirier. Vous avez dit qu'ils étaient sans doute exagérés, mais vous n'en avez pas fait de cas puis ensuite vous avez émis une série de communiqués où le ton était beaucoup plus, disons, sévère. Pourquoi, aujourd'hui, vous décidez de réagir aussi fortement et plusieurs jours après l'événement?

Mme Thériault : Je vais vous faire remarquer que, pour commencer, mes collègues ont réagi très fortement aux paroles de Mme Poirier. Elle a réitéré ses propos suite à l'intervention de ma collègue. Après mon point de presse, elle l'a réitéré encore une fois... pas une fois, pas deux fois, trois fois elle l'a dit, trois fois elle a dit que notre gouvernement s'affairait, depuis deux ans, à mettre en place des politiques qui faisaient de la violence aux femmes.

Ce matin, elle a dit quoi? Qu'elle a utilisé une métaphore. La définition d'une métaphore, c'est un procédé d'expression qui consiste à donner à un mot la valeur d'un autre, style : la pomme est tombée pas loin de l'arbre. Ce n'est pas tout à fait ce qu'elle a fait. Honnêtement, là, elle a répété ses paroles et elle a même dit : Ne jouons pas sur les mots. Elle l'a écrit, son discours, elle l'a pensé, elle l'a dit. Elle a répété ses paroles après l'intervention de ma collègue et en point de presse. Et ce matin, elle parle de métaphore. Honnêtement, ce n'est pas ce que je m'attends d'une parlementaire, là. Honnêtement, pas du tout.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que vous avez l'indignation à retardement? C'est que ça fait trois jours, Mme Thériault. Et vendredi, on vous a questionnée là-dessus. Moi, je vous ai demandé si c'était un dérapage, puis vous avez évité la question.

Mme Thériault : Je vous ai laissée poser vous-même le constat. Aujourd'hui, force est de constater, à la mesure de tout ce que j'ai entendu et pour avoir discuté avec beaucoup de mes collègues aussi… Vous savez, souvent, des choses qui vont se passer en commission, les gens vont réagir en commission…

Mme Richer (Jocelyne) : …vous, ça ne vous a pas choquée. Pourquoi, trois jours après, ça vous choque?

Mme Thériault : Non, ça m'a choquée sur le coup, mais mes collègues ont fait des interventions, puis après ça, l'étude des crédits, il faut qu'elle se continue. En point de presse, je l'ai dit, et elle en a rajouté. Et ce matin, elle dit qu'elle utilise une métaphore. Honnêtement, ce n'est pas une métaphore qu'elle a utilisée, et chaque mot qu'elle a dit, elle l'a pensé. Et jamais elle n'a pensé s'excuser.

Moi, j'exige que la députée s'excuse. Il y a des propos qu'on ne doit pas tenir dans un parlement, et, de la manière dont elle parle, honnêtement… puis qu'elle dit : Ne jouons pas sur les mots, et qu'on s'emploie, nous, depuis deux ans, à faire des actes de violence contre les femmes, je m'excuse, là, mais, par respect pour les électeurs que nous représentons, par respect pour les membres du Parlement que nous sommes…

Nous, notre gouvernement, on prend des décisions qui sont courageuses. On a le devoir de céder un Québec aux générations qui vont nous suivre où la maison va être en ordre. Bien, ça, c'est pour les filles aussi qui vont nous suivre, pour nos enfants puis nos petits-enfants.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais vous dites qu'il faut s'élever au-dessus de la partisanerie. Si on parle des vrais enjeux, est-ce que, vous, vous êtes prête à admettre qu'après deux ans de coupures, de compressions, de mesures d'austérité, que tout ça a pu avoir un impact pour accentuer la précarité des femmes, des conditions de vie des femmes?

Mme Thériault : Est-ce que vous voulez voir la liste de mesures qu'on a faites? Le bouclier fiscal, c'est nous. Écoutez, là, j'ai je ne sais pas trop combien de pages ici de tout ce qu'on a pu faire de mesures pour les femmes. Les budgets de la Condition féminine n'ont pas été coupés cette année. On a même une légère augmentation. Les sommes sont au rendez-vous pour les plans d'action. Il y a zéro coupure, moi, dans les crédits que j'ai défendus vendredi. Et pourquoi elle arrive avec ça? Honnêtement, là, elles sont toutes là, les mesures. Elles sont toutes là.

Elle, là, quand le gouvernement du Parti québécois, là, a coupé de 20 % les salaires, ça, ça a fait mal au monde, pas rien qu'à peu près. Mais ce qu'elle a dit, il n'y a aucune espèce commune de mesure avec tout ce qu'on a pu entendre dans ce Parlement-ci au cours des derniers mois puis des dernières semaines, aucune.

Mme Dufresne (Julie) : Mais, Mme Thériault, si ce sont des propos, comme le disait Mme Ménard, qui sont démagogiques, pourquoi leur accorder une telle importance en faisant une sortie aussi grande avec tous les députés pour les mettre en lumière et en parler encore?

Mme Thériault : Parce qu'on veut qu'elle s'excuse, parce qu'on veut que le ton change, parce qu'on veut qu'on dise les bons mots. Qu'il y ait des débats au Parlement, c'est sain. Elle l'a dit, ma collègue. Il n'y a pas de problème, on est prêtes à débattre. Mais de là à nous accuser de tous les maux puis de dire que notre gouvernement s'emploie à faire des gestes de violence envers les femmes du Québec, c'est...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais c'est le concept de violence économique qui a été...

Mme Thériault : Bien, le concept de violence économique...

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...qui a été mis de l'avant. Est-ce que vous demandez à Manon Massé, qui a aussi dit que votre gouvernement perpétrait des actes de violence économique, de s'excuser...

Mme Thériault : Physiques. Bien oui. Regardez...

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que vous demandez à la Fédération des femmes du Québec puis au R des centres des femmes de s'excuser également?

Mme Thériault : La vraie déclaration : «Ne jouons pas sur les mots, depuis deux ans, ce gouvernement s'emploie à mettre en oeuvre des actes — on s'emploie, nous, à mettre en oeuvre — des actes de violence et de discrimination sexiste qui peuvent être physiques, psychologiques, verbaux, économiques, sexuels, sociaux et politiques.»

Pensez-vous vraiment qu'il y a un député de l'aile parlementaire libérale qui va être en accord avec ces paroles-là? Jamais. Jamais.

Nous, là, on gouverne pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Il y a des choix déchirants à faire, c'est vrai qu'on les fait. Par contre, on prend quand même le soin d'avoir des mesures pour les plus démunis, y compris les femmes. Ça fait que jamais je ne vais accepter qu'on traite un gouvernement de la manière dont elle l'a fait. Elle dépasse clairement les bornes. Oui.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Mme Poirier dit elle-même qu'elle est très militante, qu'elle est très engagée auprès des organismes envers les femmes. Est-ce que ça peut expliquer son... si on se dit très féministe, ça pourrait expliquer qu'on puisse s'emporter quand il y a une question qui touche les femmes? Est-ce que Mme Poirier est plus féministe que vous?

Mme Thériault : Non. Je m'excuse, là, Mme Poirier est certainement pas mal plus démagogique que moi. Puis ça, ça, je prends ça vraiment comme de la démagogie, braiment comme de la démagogie. C'est de la démagogie, et elle doit s'excuser, et le chef doit la relever de ses fonctions.

Mme Delainey (Marie-Laurence) : Elle a déjà dit qu'elle n'allait pas s'excuser, qu'elle avait mal utilisé les mots.

Mme Thériault : Honnêtement, elle n'a pas mal utilisé les mots, et ce qu'elle a dit, c'est qu'elle a utilisé une métaphore. Je vous relis : «Procédé d'expression qui consiste à donner à un mot la valeur d'un autre.» Et, quand je lis sa déclaration, ce n'est exactement pas ce qu'elle a fait. Ce n'est pas une métaphore.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que c'est le premier dérapage verbal de Carole Poirier?

Mme Thériault : Je vous dirais que celui-là a dépassé toutes les limites. Honnêtement, il a dépassé toutes les limites.

Et, quand on veut parler des questions de condition féminine, il faut qu'il y ait des circonstances propices, hein? Ça prend un préalable. Il faut avoir une ouverture, il faut être capable de ne pas être démagogique et partisane comme ça. Ça n'a pas de bon sens.

Comment pensez-vous... N'importe quelle action politique ou geste que je pourrais poser pour améliorer le sort des femmes, comment voulez-vous qu'elle dise que c'est quelque chose de bon que j'ai fait? Elle n'a même pas été capable de reconnaître ça.

Le Modérateur : En anglais, peut-être.

Mme Fletcher (Raquel) : Do we have evidence or statistics that she's wrong? Do you have any statistics that would prove that your austerity measures haven't increase the rate of sexual violence or domestic violence?

Mme Thériault : In the budget? We add the amount of money for make the politic and the action plan. So it's not true. If I look here, I know we add a lot of things. We do, like… sorry, it's in French...

Mme Fletcher (Raquel) : I'm just wondering, do we know for certain that the rate of sexual violence has not increased after the austerity plan?

Mme Thériault : They had no... no statistics on it, no. No, no, not on it.

Mme Fletcher (Raquel) : OK. And you don't have any statistics either to prove that what she said was statistically wrong.

Mme Thériault : The only thing we have is all the action about our government, and we know we don't... it's not logical. But did she say it's not logical and no statistics about that?

Mme Plante (Caroline) : This isn't the first war of words that we hear at the National Assembly. There have been several in the past few months. Do you worry that they will affect, increase the population's cynicism?

Mme Thériault : Yes, it should. It should but, when she said that word, how do you think all the people, the citizens had... Did you see Facebook and Twitter this weekend? I looked at it, and the people said : My God, it's not logical. Why she says that? She doesn't have anything to say something like that, and we're supposed to have a debate, a good debate, not that kind of debate. And she had two times to say : No, it's not necessarily what I wanted to say, but she repeated and she said : I don't play with the words, and she writes the words, so... And this morning she said it's a metaphor and she doesn't say sorry.

Mme Plante (Caroline) : What is the most hurtful thing about those words?

Mme Thériault : Sorry?

Mme Plante (Caroline) : What's the most hurtful thing about those words?

Mme Thériault : All the words. All the words. It's not true. My Government, for two years ago, we don't do that. Why she says that? It's not cool, it's not fair, and I don't accept that.

Mme Johnson (Maya) : Mme Thériault, can we just have one more question please, Mme Thériault? Why today? Why now and why not Friday?

Mme Thériault : Because this morning she said it's a metaphor and it's not a metaphor.

(Fin à 10 h 33)

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