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Conférence de presse de M. François Gendron, chef du deuxième groupe d'opposition, et de Mme Diane Lemieux, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition

Conférence de presse du deuxième groupe d'opposition et de la leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Le jeudi 21 juin 2007, 15 h 31

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Quinze heures trente et une minutes)

M. Gendron: Alors, mesdames, messieurs, bonjour. Alors, tout simplement... Je sais depuis quelle heure que vous êtes ici avec le point de presse du premier ministre et celui du chef de l'opposition officielle. On va essayer de faire ça assez court. Moi, je veux attirer votre attention sur trois éléments d'entrée et, après ça, on sera disponibles pour vos questions.
Essentiellement, moi, je pense qu'un des éléments clés qui est toujours un élément majeur d'un gouvernement qu'il soit minoritaire ou majoritaire, c'est la présentation de son budget. Je n'ai pas beaucoup à dire sur le contenu même de leur budget, mais j'en ai beaucoup à dire sur la satisfaction pour notre groupe parlementaire d'avoir réussi à modifier le budget de ce gouvernement-là sans le défaire pour une raison très simple: c'est que les priorités sur lesquelles on a marqué l'insistance, c'étaient les bonnes. J'en suis convaincu par une espèce de retour du point de vue des électeurs et des électrices qui m'ont signifié à plusieurs reprises qu'on avait fait un excellent travail. On avait martelé les bons sujets et, encore là, contrairement à ce que j'ai lu, c'était significatif, compte tenu de l'entêtement du premier ministre de ne pas bouger, d'aller chercher les sommes que nous sommes allés chercher, de vrai argent, sur les éléments clés qui étaient nos priorités, à savoir santé, soins à domicile, élèves en difficulté d'apprentissage parce que c'est majeur et on le voit par toutes sortes d'autres articles, et même certains ont essayé d'atténuer notre 21 millions sur les régions ressources y compris des conseillers de l'ADQ, des très hauts conseillers de l'ADQ.
Moi, je vous rappelle, parce que souvent ce n'est pas traité comme tel pour toutes sortes de raisons que j'ignore, mais ce qu'on a réobtenu, c'est le 21 millions tel qu'il était avant l'abolition, et ça permet aussi de constater notre prétention dans des questions qu'on avait posées avant quand le ministre du Développement économique patinait, à savoir que, nous, on ne savait pas lire, puis c'est nous qui étions dans l'erreur.
Alors, il y a eu une restauration du congé fiscal à la hauteur de 75 % et il va demeurer comme instrument budgétaire le même outil qu'avant, et non pas distribué dans les CRE, je ne sais trop pourquoi, parce qu'il y a eu effectivement beaucoup d'inquiétudes. J'ai à répondre encore à des gens de ce milieu-là. Moi, je ne veux pas être plus long, mais, sur le budget, je pense qu'on a fait un excellent travail. Je suis fier de l'équipe et je suis fier du travail qu'on a réussi à marquer dans l'opinion publique.
Le deuxième élément qui a caractérisé cette session-ci, dans une session quand même courte puis assez intense, là, mais très courte, c'est le glissement un peu sans précédent au niveau de la détérioration de la santé, et il y a eu une multiplication de faits concrets qui illustrent ce propos-là - parce qu'il ne faut pas toujours verser dans l'appréciation politique, il faut verser puis rester concentré sur des faits - et il me semble qu'il y a assez d'éléments pour dire que la santé a occupé une place majeure, mais sûrement pas en termes de solution, sûrement pas en termes de nouvelles avancées. Et un peu en contrepartie à la multiplication des problèmes dans la santé, ce qu'on a eu droit, c'est à l'espèce d'inaction totale du ministre, sinon son discours jovialiste qu'on est habitués, qu'on connaît très bien, qui disait; Mais non, ça va mieux, puis ça va s'améliorer, puis on est très performant; mais ce n'est pas ce qu'on sent sur le terrain. Donc, nous croyons qu'il était de notre responsabilité d'en parler et d'accompagner ce dossier-là, qui a été très bien accompagné par le groupe parlementaire du Parti québécois.
Le troisième élément majeur, moi, de cette session-là - puis je le dis, là - très ouvertement comme je suis, là, c'est la place qu'on a jouée et le rôle que l'équipe du Parti québécois a joué dans cette Assemblée. Écoutez, avant d'entrer, on n'avait même pas de place pour nous, là, on était pas là, on était au bunker, et on était la troisième avec énormément d'espèce d'aspect négatif, comme si on ne pouvait pas, là, jouer un rôle majeur, et rapidement on s'est rendus compte qu'on était vraiment bien positionnés dans chacune des périodes de questions, l'équipe aguerrie a fait un travail de professionnel, que ce soit dans l'étude des crédits, que ce soit dans le rôle parlementaire, même si ça a été court. Alors, moi, je voulais signaler ce fait-là comme étant un fait marquant de la session. Et ça fait le tour.
Le discours inaugural, vous allez dire: Tu l'oublies. Je ne l'oublie pas, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup, ce que j'appelle, de prospectives là-dedans; on a eu l'occasion de le commenter. M. Charest a mis ça sur le fait qu'il lisait bien la situation: je n'ai pas senti ça, là, constamment, qu'il lisait bien la situation politique, surtout lors de l'étude des crédits que j'ai faite avec lui. Mais je ne veux pas m'éparpiller; moi, ça m'apparaît les trois éléments centraux qui ont caractérisé cette session-là, et c'est dans ce sens-là que je voulais ouvrir. Diane aura l'occasion d'illustrer davantage avec quelques exemples liés à vos questions, parce qu'on convenait, là, que c'était suffisant comme entrée, à moins que tu veuilles ajouter.

Mme Lemieux: Je voudrais ajouter quelques petits éléments. Alors, bonjour. Du point de vue parlementaire, nous sommes partis d'une situation, vous la connaissez, où il y avait deux éléments qui se démarquaient par rapport à la situation que l'on connaît depuis des décennies: le fait qu'on était dans une situation de gouvernement minoritaire et en présence de trois groupes parlementaires de taille à peu près équivalente. On a donc travaillé dans le neuf.
Il y a eu des éléments, en termes de droit parlementaire, qui ont été nouveaux. Nous avons réussi à obtenir des gains réels quant au fonctionnement du parlement, pour mieux tenir compte de cette réalité politique. Par exemple, le fait que nous ayons insisté pour que le gouvernement soit minoritaire dans les commissions parlementaires, ça a nécessité d'ailleurs un changement au règlement de l'Assemblée; nous avons fait évidemment beaucoup de travail pour faire en sorte que notre droit de parole soit correctement reconnu, notamment au niveau de la période de questions. Donc, au niveau mécanique, je pense qu'il y a eu des gains importants, ça commence à prendre forme. Il y a évidemment place à amélioration. Je pense qu'il faudra plus de fluidité, une meilleure préparation notamment dans le travail des leaders, et notamment du leader du gouvernement, avant que les enjeux atterrissent sur le parquet de l'Assemblée. Je pense que ça, c'est un élément qui reste à améliorer.

Évidemment, le moment clé du budget, cette session, tout le monde l'a souligné, c'était vraiment révélateur de cette nouvelle dynamique à trois. Je veux signaler la contribution des députés du Parti québécois et leur expérience, notamment dans cette opération très minutieuse de l'étude des crédits où on épluche les dépenses du gouvernement, et je pense qu'on a eu des contributions qui ont été importantes. On a été capables, par exemple, d'identifier toute la problématique budgétaire autour du projet des CHUM, le manque d'argent dans le postsecondaire, l'UQAM, toute la question de la privatisation de certaines fonctions de l'État, notamment l'équipement roulant, c'est des éléments qu'on a ressortis, c'est notre équipe parlementaire qui a ressorti ces éléments à l'occasion de l'étude des crédits.
Je note également cinq motions unanimes adoptées à l'Assemblée nationale dont la plupart ont été initiées par le Parti québécois, une concernait la représentativité des députés à la Chambre des communes avec les changements anticipés à la carte électorale fédérale; une autre à la suite du rapport du Commissaire aux langues officielles quant à l'utilisation du français dans les services fédéraux; une troisième au sujet du financement des festivals et des retards dans la programmation fédérale à ce niveau; une autre au sujet de - je le savais - l'insaisissabilité des REER. Il y a eu des modifications, il y a des modifications anticipées par le gouvernement fédéral quant à la Loi fédérale des faillites, et il y avait des enjeux, puisque le Code civil du Québec est très clair sur la question de la saisissabilité des REER et sur le 25e anniversaire du rapatriement de la Constitution canadienne, du rapatriement unilatéral. Ça a pris du temps, mais on a fini par avoir cette motion unanime qui rappelait ce triste anniversaire. Donc, ce sont toutes des motions qui confirment que le fédéralisme d'ouverture, dont on a beaucoup parlé, est peut-être en train de se fermer à la vitesse grand V.
Par ailleurs, je note également qu'aujourd'hui nous avons voté les crédits supplémentaires qui ont été obtenus à l'occasion de la négociation sur le budget. Et je tiens à noter que l'Action démocratique du Québec a voté contre ces crédits supplémentaires, donc contre ces fonds nouveaux pour permettre plus de soins à domicile, contre ces sommes d'argent nouvelles pour permettre plus d'aide aux enfants en difficulté dans nos écoles et contre les crédits d'impôt destinés aux régions ressources. Et je pense que c'est une belle occasion qui a été ratée de leur part.
Du point de vue de la législation, le Parti québécois, dès la première occasion, a déposé un projet de loi qui visait l'abrogation du projet de loi concernant le parc du Mont-Orford. Et je pense qu'on a assisté aujourd'hui à un dénouement qui est heureux où le gouvernement a consenti à retirer tous les aspects de la vente du parc du Mont-Orford dans la loi qui a été adoptée aujourd'hui. Le menu législatif du gouvernement était évidemment très mince. Les risques de faire des erreurs n'étaient pas donc élevés. Je note tout de même des projets de loi qui traînent, qui sont au menu législatif depuis un bon moment, et je n'arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles on n'a pas été saisis de ça, je pense notamment à la loi qui vise la disposition des produits de la criminalité et à la Loi modifiant le Code des professions et la Loi sur les pharmacies, qui visait à encadrer les pratiques commerciales entre les médecins et les pharmaciens. Je ne comprends pas pourquoi ce projet de loi n'a pas été appelé par le gouvernement. Il traîne dans le paysage depuis longtemps, on aurait été tout à fait disposés à l'étudier.
Dernier élément que j'ajoute. Aujourd'hui, le bilan donc législatif du gouvernement, il est mince, il n'était pas trop controversé, il n'avait pas trop de risques d'erreurs. Mais aujourd'hui, à mon avis, le gouvernement libéral, en déposant son projet de loi au sujet du Conseil d'agglomération de Montréal, a commis sa plus grande erreur des derniers jours de cette session. Et vous avez tous, comme moi, entendu le maire Tremblay... Et je suis une députée de Montréal, je ne comprends pas et c'est inadmissible que le gouvernement n'ait pas saisi le consensus qui s'est dégagé au Conseil de ville de Montréal, le parti au pouvoir et l'opposition de la ville de Montréal, et qu'il n'ait pas essayé de régler les situations problématiques qui se vivent au conseil d'agglomération à partir de ce consensus. Et c'est inadmissible que la base de travail que Nathalie Normandeau a proposée aujourd'hui en déposant ce projet de loi soit une base à partir d'à peu près 13 % de la population alors qu'il y a des élus qui en représentent 87 % avaient une solution sur laquelle ils s'étaient entendus, et ça, ça jette de l'ombre considérablement au menu législatif du gouvernement.

M. Gendron: On est disponibles pour vos questions.

M. Boivin (Simon): Nous commencerons donc avec Gérard Deltell, TQS.

M. Deltell (Gérard): M. Gendron, dans votre bilan curieusement vous avez oublié de... Je comprends que vous faites le bilan du gouvernement, mais vous n'avez pas mentionné l'élément majeur pour votre parti politique, le départ d'André Boisclair. Ça a commencé douloureusement cette session pour vous. M. Boisclair n'a pas remis les pieds à l'Assemblée nationale depuis les événements. J'aimerais savoir, dans un premier temps, si vous avez pris contact avec M. Boisclair, est-ce que vous savez vers quoi on se dirige par rapport à ça? Et par la suite, j'aurais une autre question pour Mme Marois, mais tout d'abord, M. Boisclair, faire le point là-dessus.

M. Gendron: Oui, très simplement puis c'est parce que j'ai eu l'occasion de le faire à plusieurs reprises. Oui, ça a été difficile pour nous. Il n'y a pas de cachette, on l'avait dit. Ça a été d'abord une surprise d'entrer en début de session puis de perdre le chef parlementaire du Parti québécois. Mais je me rappelle d'avoir dit devant vous - je vous revois encore quand mon équipe m'a indiqué qu'elle souhaiterait que j'assume cette responsabilité d'une façon intérimaire - j'avais dit: C'est une décision difficile, courageuse, mais appropriée dans les circonstances, et on avait salué toute la dignité comment M. Boisclair l'a fait.
Lui-même m'a indiqué à trois, quatre reprises dans des conversations que j'ai eues qu'il souhaitait se donner un certain temps. Je sais qu'il a eu régulièrement des déplacements et du travail de fait à Pointe-aux-Trembles dans sa circonscription et j'ai assez d'expérience pour voir qu'il y a tellement d'autres cas où on n'a pas questionné cette normalité de prendre quelques mois d'analyse, de réflexion pour la suite des choses. Ça le regarde et par respect, moi, je voulais lui laisser le temps qu'il lui appartenait de prendre une décision qui le concerne. Voilà.

M. Deltell (Gérard): Le temps commence à passer pas mal. Est-ce que d'après vous, il serait temps qu'il prenne une décision?

M. Gendron: Moi, je prétends qu'encore là quand je compare... On a eu un certain député du Lac-Mégantic qui a été quatre ans indépendant puis on ne l'a pas vu une fois, je pense, ou une demi-fois puis ça n'a pas eu l'air à déranger bien, bien la presse. Je n'ai pas eu beaucoup de questionnement, mais j'ai trouvé ça complètement abusif et inqualifiable sur le plan de l'éthique, et je pourrais en nommer d'autres. Non, moi, je pense que, regardez, ça a été une courte session. On se rappelle qu'elle a commencé le 7 ou 8 mai.

Une voix: 8 mai.

M. Gendron: 8 mai. On est rendu au 20 juin, donc il y a six semaines. Alors, moi, je n'ai pas de problème avec ce que je vis présentement au niveau de la situation de M. Boisclair.

M. Boivin (Simon): Alexis Deschênes, TVA.

M. Deschênes (Alexis): Dans la même lignée, M. Gendron avec le recul, comment évaluez-vous, aujourd'hui, l'impact qu'a eu, sur votre équipe, le départ M. Boisclair?

M. Gendron: Bien, à partir du moment où tout le monde a été vraiment sous le choc, mais, moi, je connais cette équipe-là avec ses forces et ses faiblesses, elle a toujours le don de vous surprendre et de nous surprendre nous-mêmes souvent, là, en termes de ressort, et rapidement, nous, on a dit: Regardez, là, on a un travail parlementaire à faire. Dans l'équipe, il y a 11 nouvelles belles et très intéressantes acquisitions, mais il y a une équipe aguerrie qui voulait rapidement être à la tâche dédiée par l'électorat, et, la tache dédiée par l'électorat, qu'on l'aime ou pas, c'était que ce Parlement-là fonctionne. Alors, qu'est-ce que vous pensez qui est arrivé? On l'a fait fonctionner, on a été très contributifs. Je me rappelle les propos du premier ministre à deux trois reprises: M. Gendron, vos exigences sont précises, elles sont bien ciblées, et elles correspondent à coup sûr à des réalités québécoises que j'ai observées durant toute la campagne. Et, en conséquence, ça a rapidement solidifié l'équipe, puis, c'est drôle, depuis deux mois, deux mois et demi, là, il n'y a pas eu beaucoup d'écarts par rapport à des déclarations difficiles qui auraient créé des distractions.
On n'a pas beaucoup de distractions externes, on s'en est tenu à l'essentiel et à notre rôle parlementaire, et ça, ça m'a plu, mais l'équipe a senti ça aussi, là, qu'on était vraiment dévolus à nos responsabilités. Puis, au net, là, moi, je l'ai dit tantôt, puis on le dit dans le communiqué, et ça, je trouve qu'on pourrait le développer davantage: Je suis très fier du travail que l'équipe parlementaire du Parti québécois a fait. Et, écoutez, là, il y a même des adversaires, là... J'en ai une, ici, la députée de Lotbinière, là, qui je cite: «Le Parti québécois a agi comme s'il était l'opposition officielle». Sylvie Roy, député adéquiste de Lotbinière.

M. Deschênes (Alexis): Diriez-vous que le départ de M. Boisclair donc aura été bénéfique?

M. Gendron: Moi, je ne fais pas de conclusion, là. Écoutez, moi, tout ce que je dis, c'est qu'il arrive dans la vie, là, quand... Bon. Vous connaissez le résultat électoral. C'est exact qu'on avait eu vraiment, là, une campagne très difficile en termes de résultat. Et, là, je l'avais dit à M. André Boisclair, je le dis publiquement: Il était incorrect de lui faire porter toute la responsabilité de la campagne, il y a moult facteurs qui ont joué, puis là, je ne veux pas refaire d'autres fines analyses du résultat de la campagne. Et quand on est secoué comme on l'a été et qu'on a la chance d'avoir des gens aguerris dans l'équipe, bien, on s'en sert, puis c'est ce qui est arrivé, puis c'est ce qui a fait qu'on a fait une bonne performance. Alors, c'est plus ça que je dis.

Mme Lemieux: Si vous me permettez, moi, je dirais... parce que j'ai vécu, comme leader, deux départs de chefs, M. Landry, M. Boisclair, et une équipe de députés, c'est avant tout un groupe humain qui réagit exactement comme n'importe quel groupe humain qui fait face à une secousse, pour reprendre l'expression de M. Gendron. On s'est serré les coudes, on s'est tourné vers l'objectif, on s'est tourné vers la tâche, et c'est une réaction d'un groupe humain qui vit un deuil, un choc, de la colère, tout ce que vous voulez. Au bout de quelques heures, ce groupe humain, s'il veut survivre, il se tourne vers la tâche et on s'est tournés vers la tâche.

M. Boivin (Simon): Malorie Beauchemin, La Presse.

Mme Beauchemin (Malorie): Oui, je voudrais revenir sur la question du budget. Votre groupe parlementaire a fait des gains, certes, mais il y a aussi des demandes claires du Parti québécois que l'argent soit pris spécialement dans les baisses d'impôt promises. Est-ce qu'il y a là un constat d'échec de votre part?

M. Gendron: Pas du tout. Moi, quand je suis branché sur l'électorat, ça fait plusieurs fois que je le répète, mais c'est important de toujours revenir là-dessus, je ne vois pas comment qu'on peut appeler ça un constat d'échec quand 77 % de la population disait à M. Charest: Tu dois modifier ton budget. Les suggestions qu'on t'a faites pour le modifier sont agréées par l'électorat, puis lui a fait le choix de ne pas bouger. Alors, moi, selon moi, l'échec est dans le verdict populaire pour M. Charest. Il a continué à démontrer... puis là ça prouve une autre de mes thèses que j'ai déployées lors de l'étude des crédits qui n'a pas sorti à mon goût, l'écart entre le discours de ce gouvernement-là et la pratique, c'est toujours un fossé qui s'élargit constamment, et ça a toujours été le style de M. Charest.
Alors, M. Charest a décidé de rester sur ses positions quelle que soit la direction que l'opinion publique lui demandait de prendre, mais il a fait ça pendant quatre ans, et ce n'est pas pour rien qu'il a été sanctionné si sévèrement par l'électorat, parce qu'une des raisons du glissement électoral c'est un rejet sans précédent d'un gouvernement libéral puis en même temps dire: Bien, regarde, là, il y a une espèce de discours très intéressant dans l'opinion publique porté par une équipe aguerrie, puis on va regarder ça, et c'est ce qui est arrivé, mais, moi, je ne pense pas que c'est un échec pour nous. Écoutez, quand l'opinion publique t'appuie puis te dit: Tu as raison, puis que le premier ministre décide de ne pas bouger, il doit vivre avec ses décisions et il subira la sanction démocratique une deuxième fois si c'est ce qu'il souhaite avoir.

Mme Beauchemin (Malorie): Vous pensez que son refus de bouger sur les baisses d'impôt, ça pourrait lui nuire lors d'une prochaine campagne électorale.

M. Gendron: J'en suis convaincu. Le peuple ne se trompe pas. Il arrive qu'on trompe le peuple, mais le peuple ne se trompe pas.

M. Boivin (Simon): Robert Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert): Oui. Est-ce que le Parti québécois, deuxième groupe d'opposition, peut se passer de la présence de son chef, Pauline Marois, lors de la prochaine session, là, à l'automne?

M. Gendron: Moi, je connais ce qu'on a discuté entre nous. On souhaite que Mme Marois soit des nôtres à la prochaine session. Il lui appartient d'apprécier ça davantage. Là, on va attendre de vivre les événements qu'on a devant nous, là, tu sais, veux dire, dans pas grand temps, là... c'est parce que, moi, j'avais dit que je resterais neutre et là on peut bien dire: Écoutez, tout est canné, réglé, bien, oui, en apparence, mais c'est la semaine prochaine que le délai ultime se termine, et, la semaine prochaine, Mme Marois, on va souligner son arrivée à titre de chef du Parti québécois, mais elle ne sera pas chef parlementaire. Mais elle avait dit publiquement... Nous, entre nous au caucus, on a laissé voir qu'on souhaiterait que Mme Marois soit des nôtres à la session automnale. Et si les éléments de conjoncture font que ça puisse... parce que je ne suis pas le seul acteur qui peut jouer pour que notre échéancier se réalise, il y a d'autres acteurs, il y a d'autres réalités et, dans ce sens-là, j'aime mieux, là, laisser le temps au temps de faire son oeuvre.

M. Boivin (Simon): Gilbert Lavoie, Le Soleil.

M. Lavoie (Gilbert): M. Gendron, vous avez vécu plus que quelques années, vous avez parlé de la santé, tout à l'heure. Vous vous souvenez quand Pauline Marois alors ministre de la Santé a dû revenir précipitamment de vacances en janvier 2000 pour des raisons d'urgence dans les hôpitaux, en juin 2000, Jean Charest demandait à Lucien Bouchard de la limoger, elle était questionnée à tous les jours à l'Assemblée nationale sur des problèmes dans la santé. François Legault a dû faire revenir l'Assemblée nationale, à l'été 2002, encore pour des problèmes de santé et, en décembre de la même année, il a menacé les médecins spécialistes d'une loi spéciale pour les ramener au travail. Quelle différence voyez-vous entre Philippe Couillard, François Legault, Pauline Marois? Je ne vous parlerai pas de Rémi Trudel.

M. Gendron: Oui, je sais. D'abord, un, vous avez fait une bonne recherche sur les faits, félicitations. Non, non, elle est facile mais elle est bonne quand même, parce que sur le plan historique, il n'y a pas... c'est exactement, puis je ne veux pas nier les faits. Non, je ne pourrais pas, dans un clip là à M. Dumont ou autrement, résumer succinctement les différences.
Mais, moi, je prétends que c'est plus sur des sensibilités et des réalités où on nous a toujours accusés d'être davantage un gouvernement interventionniste qui a toujours tenté d'être proche d'une réalité. La preuve, vous dites: Écoutez, convoquer pour une séance spéciale. Il y avait un problème, puis on voulait le régler.
Là, je n'ai pas eu aucun geste de même apparence de la part de M. Couillard si ce n'est: Vous êtes trop critiques. Ce n'est pas vrai que la situation s'est envenimée. On a modifié les calculs. On a fait toutes sortes d'opérations pour toujours tenter de calmer le jeu. Et c'est pour ça que je parlais très sobrement selon moi. Mais, M. Couillard a présenté une situation plutôt jovialiste de la situation, et ce n'est pas parce que je me réjouis de cette réalité-là qu'en santé, il a éclaté, il y a eu une multiplication réelle de problèmes: C. difficile, et on pourrait les additionner, là. Les démissions... quand... Écoutez, ça c'est concret, là. Un soir, en période de questions, M. Couillard avait eu quatre questions, puis il répond que, celui qui... je pense que c'était le directeur des services hospitaliers d'Olivier-Boucher... je l'entends le soir, Pierre-Boucher, plutôt, puis je l'entends le soir, là, moi, dans mon salon, là, puis il dit: Ça ne va pas bien, puis les problèmes se multiplient. Puis pourtant, j'avais entendu le ministre dire que ce n'est pas ça, la réalité. Il y a un problème d'adéquation sur une lecture correcte de la situation factuelle. Dans ce sens-là, moi, c'est drôle, je suis porté à vous dire... Puis c'est sûr qu'il y a un peu d'éléments de partisanerie à coup sûr, là, mais j'aime mieux la lecture faite par Mme Marois et M. Legault de la réalité en santé que celle par M. Couillard.

M. Boivin (Simon): Régys Caron, MédiaMatin.

M. Caron (Régys): M. Gendron, vous aurez votre nouveau chef dans quelques jours. Est-ce que, qu'elle soit élue, Mme Marois, ou non à l'Assemblée nationale au cours de l'été, est-ce que ça va accroître les possibilités que votre groupe parlementaire fasse tomber le gouvernement à l'automne?

M. Gendron: Moi, sincèrement, avec les éléments que je connais de la conjoncture, là, d'aujourd'hui - parce que c'est aujourd'hui qu'il y a une conférence de presse bilan, là - je n'ai aucune espèce d'indication que l'électorat souhaiterait une élection à l'automne, je n'ai aucune espèce d'indication à ce moment-ci.
Mais, par définition, je sais c'est quoi, un gouvernement minoritaire, et la politique... Vous vous rappelez, là, on disait jadis, quand j'étais plus jeune, qu'une couple de semaines, c'était une éternité. Mais là, nous autres, on a changé la donne, là, puis c'est rendu des fois qu'une journée peut paraître une éternité avec ce qu'on a vécu puis tout ça.
Donc, je ne peux pas décider le futur, je dis juste que ce n'est pas dans le plan de match du parlementaire aguerri que je pense être. Je n'ai pas entendu beaucoup de discussions avec l'équipe que je connais bien à ce sujet en disant: Bien, regarde, on peut-u travailler, là, sur quelques scénarios qui nous permettraient d'envisager... Puis, de toute façon, là, moi, là, mon guide, ce sera toujours le même: lorsque je sentirai que l'électorat nous laisse voir qu'on a une responsabilité à assumer, comme gouvernement... c'est-à-dire comme membres dans un gouvernement minoritaire, de dire: C'est suffisant, ce n'est plus endurable, il faut aller à l'électorat, ça va me tenter de l'apprécier par rapport aux signes que l'électorat m'enverra.
Mais ça ne peut pas être juste des stratégies de partis à l'automne, parce que là on est encore trop proches de la fenêtre que ce monde-là m'a indiquée d'une façon très claire il n'y a pas longtemps: Y a-t'y moyen que vous fonctionniez un petit bout, comme on souhaite? Et, en passant, ça peut n'être pas mauvais pour la démocratie.

M. Caron (Régys): Merci.

M. Boivin (Simon): Yves Chartrand, Journal de Montréal.

M. Chartrand (Yves): Vous souhaitez la venue de Mme Marois rapidement, idéalement à l'automne. Mais comment on peut faire ça? Est-ce que ça veut dire qu'il va y avoir quelqu'un du PQ qui lui laisserait son siège?

M. Gendron: Bien, il y a une chose qui est sûre, il n'y a pas de possibilité pour Mme Marois d'être chef parlementaire si elle n'est pas sanctionnée par un comté puis l'électorat en quelque part. Donc, ça, c'est des réalités que vous connaissez autant que moi. Est-ce qu'aujourd'hui j'ai les éléments pour dire: Bien, je sais exactement dans quel corridor ou par quel corridor ça va s'actualiser... Parce qu'il y a aussi un premier ministre qui est dans le coup, là, par rapport à une partielle, éventuellement. Mais, moi, je fais confiance aux événements, je fais confiance à la situation très volontaire du parti qui dit: Oui, on voudrait que Mme Marois assume la responsabilité lors de la session automnale, et je vais regarder s'il y a moyen que ça se joue comme ça. Et je mets ça au pire, ce n'est pas un scénario que je suis en train de dessiner, on va s'adapter, on va s'adapter aux réalités qui seront les nôtres en respectant l'électorat, si ce n'est pas le cas.

M. Chartrand (Yves): Ce que vous me répondez, c'est qu'il pourrait y avoir quelqu'un qui pourrait lui céder son siège. C'est ce que vous me répondez, là?

M. Gendron: Bien, moi, pour le moment, il n'y a pas personne, et je ne crois pas que je rendrais public à ce moment-ci, tant qu'elle ne sera pas rendue à l'autre étape que vous connaissez, que c'est la semaine prochaine. Et là, quand elle sera rendue, dès la semaine prochaine, consacrée chef, il se peut qu'il s'ouvre des perspectives que je ne connais pas à ce moment-ci.

M. Boivin (Simon): On va passer en anglais. Caroline Plante, Global.

Mme Plante (Caroline): Mme Lemieux, two questions for you. First, how have things changed since Mr. Boisclair's departure?

Mme Lemieux: You know, when we started this session, it was a very different situation, if we compare with the last session. So, you know, we are very sad, it's very sad events, but, you know, we are like a human group and we decided to work. And, you know, we can have emotions in this kind of job, so we made our job, and we are very proud about what we made in this session, parliamentary session.

Mme Plante (Caroline): And this morning you expressed concern over the high number of non-qualified teachers. Can you talk a bit about that and your reaction to the Minister's response.

Mme Lemieux: Yes. We are very surprised, because right now we observe that many teachers don't have a license, a legal paper to make their job. We are very surprised, because the Government knew this situation, and they knew that... For example, the Government decided to put more hours in the scholarly week, but they know that they don't have a lot of teachers. So, we asked what kind of plan they have to correct this situation. You know, it's not normal that we have many teachers who don't have their legal papers.

Mme Plante (Caroline): If I'm not mistaken, the Minister sounded pretty optimistic that she would sort of solve the problem...

Mme Lemieux: But it's not enough. It's not enough. She need to make a decision. She need to have a plan about this, because, you know, if the cheek the situation last year and this year, it's more difficult this year. And the last Education Minister said, last year... he said: No problem. Sorry, when we see the situation, the problem is more important right now.

M. Boivin (Simon): Merci beaucoup.

M. Gendron: Merci beaucoup, bonnes vacances. Merci.

(Fin à 16 h 1)

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