(Quatorze heures neuf minutes)
M. Kelley
: Alors,
est-ce que je peux commencer? Alors, avec ma collègue Stéphanie Vallée, nous
sommes très contents d'être ici aujourd'hui pour annoncer que le gouvernement
du Québec a posé un geste formel pour assurer notre pleine et entière collaboration
dans l'enquête nationale sur les femmes assassinées et disparues autochtones.
Ça, c'est l'annonce que Mme Bennett, la ministre fédérale, a faite à Ottawa
le 3 août. Alors, elle a indiqué les provinces et les territoires de poser un
geste — alors, dans notre cas, c'est un décret — qui va
assurer que les commissaires qui font partie de la commission peuvent avoir
accès aux témoins, aux renseignements des instances du gouvernement du Québec.
Ma collègue peut expliquer la façon technique de la démarche, mais c'est... vraiment,
on veut assurer que les sujets qui ont été soulevés, notamment dans l'histoire
de Val-d'Or, par exemple, les commissaires auront le pouvoir de regarder ces
enjeux et aller au fond de ces questions. Et moi, je pense que c'est très important
dans l'optique d'une vue d'ensemble de la vie des femmes en question. Peut-être,
elles se lèvent le matin dans leur communauté, peut-être, elles travaillent à
l'extérieur de leur communauté, peut-être, elles ont besoin des services du gouvernement
du Québec au niveau de santé et des services sociaux et elles reviennent le
soir dans leur communauté qui est sous la juridiction du gouvernement fédéral
et le conseil de bande. Alors, plutôt que d'avoir multiples enquêtes sur le
vécu de ces femmes, moi, je pense que c'est très important d'avoir une vue
d'ensemble.
Et moi, je pense, en faisant la démarche
qu'on a faite aujourd'hui, ça va nous permettre vraiment que ces femmes... on
peut regarder... dans l'optique... parce que je pense que l'objectif pour la commission
est vraiment à deux niveaux. Il faut regarder qu'est-ce qu'il s'est passé. Je
pense que ça, c'est quelque chose qui est très important. On peut regarder
toutes les politiques, toutes les pratiques des instances du gouvernement du Québec,
soit les corps de police, soit le réseau de la protection de jeunesse, soit l'institution...
l'éducation et également la santé, mais le but ultime demeure la prévention.
1 200 femmes autochtones assassinées et disparues, c'est un chiffre qui est
beaucoup trop gros. Et qu'est-ce qu'on peut faire pour mieux protéger les
femmes autochtones de notre société? Qu'est-ce qu'on peut faire pour prévenir
ces genres de gestes? Je pense que ça, c'est l'objectif ultime.
Alors, d'avoir... tout le monde travaille ensemble,
à la fois le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec. Il y a des responsabilités
dans les communautés aussi, le leadership des communautés autochtones.
Qu'est-ce qu'on peut faire pour réduire le nombre de femmes qui sont dans les
situations de vulnérabilité? Je pense que c'est très, très important. Alors, le
geste qu'on va poser aujourd'hui va donner des outils nécessaires aux cinq
commissaires d'aller au fond de l'affaire et assurer, comme j'ai dit, la pleine
et entière collaboration du gouvernement du Québec dans la démarche. Merci
beaucoup.
Mme Vallée
: Alors,
comme l'expliquait mon collègue, c'est vraiment un geste... C'est un geste
positif, c'est un geste qui se veut de collaboration avec le gouvernement
fédéral que de nommer... d'adopter ce décret qui permet et qui donnera les
pouvoirs aux commissaires qui ont été nommés par Ottawa d'agir et d'intervenir
en vertu de notre propre Loi sur les commissions d'enquête.
Pour faire le parallèle, les commissaires
ont les mêmes pouvoirs qu'avaient les commissaires de la commission
Charbonneau. Alors, ils auront le pouvoir d'écouter les témoins, de poser des questions,
de s'interroger, d'émettre des recommandations aussi aux gouvernements, aux
différentes instances quant aux méthodes à corriger, les corrections qui
doivent être apportées, parce que le nombre... La violence envers les femmes et
les filles autochtones, elle est là, elle est présente, on ne peut pas le nier,
et il est important de voir si des moyens doivent... nos façons de faire
doivent être modifiées, et les pouvoirs qui sont donnés en vertu du décret vont
permettre aux commissaires de regarder les instances de juridiction québécoise.
Alors, c'est l'objectif.
L'objectif était de permettre aux
commissaires... de donner les coudées franches aux commissaires, de leur
permettre de se pencher également sur la réalité des institutions québécoises.
Et vous direz : Pourquoi ne pas avoir une commission en parallèle? Pensons
à ces femmes, pensons à ces victimes. Est-ce qu'on veut vraiment leur demander
à deux reprises de venir partager leur vécu avec nous? Je pense qu'on doit
avoir en tête le meilleur intérêt de celles pour qui cette commission a été
mise en place, et ça permettra d'avoir un travail beaucoup plus élaboré, beaucoup
plus étoffé, parce que, comme mon collègue, comme Geoff le mentionnait, la
réalité des femmes autochtones au Québec, c'est d'interagir au quotidien avec
des instances relevant du gouvernement fédéral, avec des instances relevant du gouvernement
du Québec. À Kitigan Zibi par exemple, les femmes ont accès aux soins de
services donnés par le centre hospitalier qui est situé à Maniwaki et qui
relève du gouvernement du Québec.
Donc, l'objectif est vraiment de donner
les coudées franches, de permettre d'avoir une véritable commission d'enquête
qui ira en profondeur, et le décret donne particulièrement le mandat
d'intervenir auprès, comme on le mentionnait, des corps policiers, des institutions
d'enseignement, les écoles, les institutions de santé, les centres jeunesse, parce
qu'on sait que les centres jeunesse interviennent aussi auprès des communautés
autochtones. Alors, c'est cette volonté qui nous a animés que d'aider des
femmes et des filles qui ont été placées dans des situations parfois très
difficiles, et c'est pour elles, aujourd'hui, et pour leurs familles que nous
sommes ici pour vous communiquer cette bonne nouvelle.
La Modératrice
: Merci.
Nous allons maintenant passer à la période des questions. Nous allons commencer
avec les questions en français, ensuite en anglais. Je vous inviterais à vous
présenter, ainsi que votre média, même si on vous connaît bien.
Mme Biron (Martine) : Oui,
bonjour. Martine Biron, de Radio-Canada. Est-ce que ce décret-là, là, tire un
trait sur l'idée et la demande du milieu, notamment à Val-d'Or, de la tenue
d'une enquête publique québécoise sur ce qui s'est passé à Val-d'Or?
M. Kelley
: Oui, parce
que moi, je suis confiant. Il y avait certains questionnements le 3 août, parce
qu'on a parlé de toutes les politiques, toutes les pratiques des organismes et
on n'a pas nommé la police. Alors, la question de la police est nommée dans le
décret que nous avons adopté.
Alors, moi, je pense que ça va nous
permettre... Comme je dis, c'est la vue d'ensemble, parce que le problème,
peut-être, c'est à Val-d'Or, ou à Sept-Îles, ou à Montréal, mais ça commence
dans les communautés aussi, et j'insiste beaucoup sur la notion d'une vue
d'ensemble dans la vie de ces femmes. Alors, oui, on peut regarder qu'est-ce
qu'il s'est passé à Val-d'Or uniquement. Il y a toujours les enquêtes
criminelles qui sont en cours avec ça, mais, moi, pour avoir... Surtout dans
l'optique de prévention pour l'avenir, moi, je pense que c'est très, très
important d'avoir cette vue d'ensemble.
Moi, je suis convaincu que les
commissaires ont suivi ça de près, notamment Michèle Audette, qui a déjà
commenté l'affaire à Val-d'Or. Alors, ils ont également le pouvoir de nommer
les comités aviseurs qui vont permettre à la commission d'avoir une
connaissance des enjeux dits régionaux, alors, les enjeux très importants au
Québec. Alors, moi, je suis confiant que ce véhicule va nous permettre de
comprendre qu'est-ce qu'il s'est passé, de regarder attentivement les
politiques et les pratiques des corps de police, entre autres la Sûreté du
Québec en question, mais des autres corps de police aussi qui sont interpellés
par ces questions.
Mme Biron (Martine) : Est-ce
que je comprends que vous pensez qu'une enquête québécoise dédoublerait le
travail qui se fait à Ottawa ou que ça serait inutile? Est-ce que c'est...
M. Kelley
: Moi, je
pense, entre autres, comme Stéphanie a dit, on va plus ou moins faire témoigner
les mêmes organismes sur les questions qui sont au moins similaires, si pas
identiques. Et moi, je pense que... Une autre chose, j'étais au Yukon avec le
premier ministre au mois de juillet et j'ai parlé avec Perry Bellegarde, il
dit : C'est une très bonne démarche, toute cette question d'une enquête
publique, mais ça ne peut pas empêcher les gouvernements d'agir en attendant.
Alors, moi, je pense que ça va nous permettre
de regarder les choses, que je n'ai pas besoin d'attendre deux ans avant les
recommandations, qu'on peut regarder dès maintenant qu'est-ce qu'on peut faire,
entre autres pour le bien-être des enfants et sécuriser les femmes en situation
de vulnérabilité dans notre société.
Mme Vallée
: Et, lorsqu'on
parle de violence, parce que c'est vraiment... la commission d'enquête se
penche sur les violences systémiques envers les femmes et les filles
autochtones, ce serait difficile de parler de cet enjeu-là sans justement aller
voir ce qui se passe dans les cours d'école, aller voir ce qui se passe dans
les centres jeunesse, aller voir ce qui se passe... Alors, si on veut et si on
souhaite vraiment que la commission d'enquête du fédéral puisse donner les résultats
qui sont espérés, arriver avec des réponses, arriver avec des pistes de
solution, on doit participer à cet exercice-là, et on doit le faire, et on a
considéré que... de donner aux commissaires les pouvoirs en vertu de la loi québécoise.
Alors, ils sont habilités à... Ils ont les mêmes pouvoirs que tous les
commissaires qui ont été nommés dans d'autres dossiers en vertu de cette
loi-là, mais ça permettra de faire un travail beaucoup plus complet que si nous
avions compté exclusivement sur un rapport fédéral et, en parallèle, un rapport
provincial. Là, on aura quelque chose de global, et il faut toujours avoir à
coeur et en tête le meilleur intérêt de ces femmes-là parce que, dans
certains... certaines institutions relèvent du gouvernement provincial, mais
d'autres institutions relèvent de la compétence du gouvernement fédéral.
Alors, si on veut vraiment bien faire les
choses, puis on a... Dans le passé, dans les années passées, le gouvernement du
Québec, le premier ministre et mon collègue, on s'est levés et on demandé la
mise en place de cette commission d'enquête là pour les femmes autochtones et
les filles autochtones, alors soyons conséquents et assurons-nous que les
commissaires nommés vont avoir tous les pouvoirs de faire un travail complet et
se pencheront justement sur des... Ils se pourront se pencher sur l'ensemble de
l'oeuvre, parce que des situations de violence, de discrimination, malheureusement,
qui peuvent peut-être... La violence peut découler d'une certaine forme de discrimination.
Elles ont des racines, et il faut s'attaquer à ces racines-là comme... Et on
doit travailler vraiment de façon proactive et préventive.
M. Caron (Régys) : Une question
technique, Mme Vallée. Est-ce que cette commission-là va faire le travail demandé
par le fédéral ou s'il y aura deux commissions qui vont jumeler leurs efforts
au Québec?
Mme Vallée
: C'est une commission.
Alors, les commissaires nommés par le gouvernement fédéral sont nommés par le
décret en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête. Alors, on ne dédouble
pas, on a une instance qui viendra ici, au Québec, émettre... faire son
travail, faire ses enquêtes et ses recherches. Et, par contre...
(Interruption)
M. Caron (Régys) : Je vous
entends très bien, Mme Vallée.
Mme Vallée
: Oui, une
petite pitchounette qui n'est pas contente! Par contre, ici, au Québec, la
particularité, c'est que nous avons clairement désigné les institutions qui
seront touchées, pour lesquelles nous avons une sensibilité particulière, et
nous avons également cette condition que la Charte de la langue française doit
être respectée. Alors, ça aussi, c'est un enjeu ici, au Québec. Nous avons
notre Charte de la langue française, alors les commissaires doivent faire leur
travail dans le respect de la Charte de la langue française.
M. Caron (Régys) : Au sujet
des Affaires autochtones, M. Kelley, je viens de parler avec le président de
l'Assemblée des Premières Nations qui vient d'envoyer une lettre au premier
ministre se plaignant de ne pas avoir été appelé ni consulté au sujet du projet
de loi n° 106. M. Picard est assez dur dans sa lettre et il reproche à
votre gouvernement d'oublier ses obligations envers les nations autochtones
quant à son — pardonnez la redondance — à son obligation de
consulter pour des dossiers névralgiques, notamment les ressources naturelles.
M. Kelley
: Moi, je
dois nuancer ça, parce que, quand monsieur... mon collègue Pierre Arcand a fait
les consultations sur la politique énergétique, alors on était au mois de
novembre 2015 à Montréal, on a passé une journée avec le leadership autochtone,
il y avait une trentaine de chefs et des leaders qui étaient là, qui nous a
amenés à l'adoption de la politique énergétique.
Comme vous savez, dans nos façons de
faire, nous devrons préparer un projet de loi, c'est quelque chose qui est
confidentiel, on ne peut pas consulter des personnes avant le dépôt d'un projet
de loi que le ministre a fait au mois de juin, de mémoire. Nous sommes
maintenant en consultation, et la porte est grande ouverte au chef Picard et à
d'autres chefs s'il y a des modifications, s'il y a des choses que nous devrons
faire. Je constate à regret que l'Assemblée des Premières Nations n'a pas
déposé un mémoire dans le cadre des audiences sur le projet de loi n° 106,
mais, avec M. Arcand, on est toujours prêts à s'asseoir avec les communautés
autochtones pour bonifier le projet de loi.
Toutes les obligations qui découlent des
décisions de la Cour suprême au niveau de consultation, au niveau
d'accommodements sont toujours respectées. Et c'est notre obligation de fond.
Dans le projet de loi, de mémoire, il y a un comité aviseur qu'on veut discuter
avec les Premières Nations pour s'assurer qu'ils ont un mot à dire sur nos
politiques énergétiques, sur nos projets. Notre but ultime, c'est toujours les
partenariats dans les ressources naturelles.
Alors, j'étais un peu surpris par la
sortie du chef Picard, mais je veux juste assurer que la porte... assurer tout
le monde que la porte demeure grande ouverte. On veut des partenariats, il y a
des projets déjà en marche qui sont intéressants et on veut juste les peaufiner
et travailler ensemble pour que ces projets peuvent être gagnants pour
l'ensemble de la population québécoise, y compris les Premières Nations.
M. Caron (Régys) : Quand M.
Picard dit qu'ils ont été les derniers informés de l'ouverture de la commission
parlementaire sur le projet de loi n° 106, vous, vous dites : On les
a informés, ils le savaient. C'est ça que vous me dites?
M. Kelley
: Oui. Bon, parce
que nous avons déposé un projet de loi et je pense que ça, c'est quelque chose...
Et préalablement, comme je dis, nous avons passé une journée ensemble au mois
de novembre, et l'échéancier était dévoilé qu'on va adopter une politique,
quelque chose qui découle de la politique. Il faut un projet de loi pour les
mettre en place. Ça fait que tous ces renseignements ont été donnés au mois de
novembre passé.
La Modératrice
: Nous
allons maintenant passer aux questions en anglais sur le sujet du jour.
M. Caron (Régys) : J'aurais
une question supplémentaire, s'il vous plaît, pour Mme la ministre sur un autre
sujet. Êtes-vous à l'aise, Mme Vallée, avec le port du burkini chez les femmes
qui sont de religion musulmane?
Mme Vallée
: Vous
savez, on a toujours mentionné ici que chaque personne avait le droit de se
vêtir de la façon qu'il ou elle le souhaitait. Alors, on a eu de longs débats
sur la tenue vestimentaire ici, en cette Assemblée, dans le temps de la charte,
je pense. Et j'ai déposé le projet de loi n° 62 sur la neutralité
religieuse de l'État. Les gens ont droit à leurs croyances, ont le droit de se
vêtir, et c'est comme si vous... et ça amène toute la question du vêtement. Ici...
C'est un débat qui est de l'autre côté de l'océan, on va le laisser de l'autre
côté de l'océan.
M. Caron (Régys) : Ça
pourrait gagner le Québec, vous ne craignez pas?
Mme Vallée
: Je ne
pense pas qu'on ait vu beaucoup de burkinis. Il y en a quelques-unes, mais je
pense que, si une femme... Une femme a le droit de se vêtir comme elle le
souhaite, les femmes qui sont vêtues de façon un peu plus choquante aussi par
moments.
La Modératrice
: Merci. Maya.
Mme Johnson
(Maya) : Mr. Kelley, can you just explain what
the advantage is to participating in the federal inquiry versus Québec having
an inquiry of its own, giving the particular issues we have seen here?
M. Kelley
:
Well, my exchange was with Carolyn Bennett, who's the federal Minister of
Indigenous Affairs. She made a nuance that I thought was very important, that
instead of a federal inquiry, she was hoping for a national inquiry. First, I
said: What's the difference? Because it will allow us to look, as I say, at the
whole life of the women in question. Because a woman might wake up in the
morning in her community, so she is under the jurisdiction of her band council
and, to an extent, the federal Government. Maybe she works outside the
community or maybe she needs hospital services outside of the community; those
are provincial responsibilities. If she is in a moment of crisis or she needs
help from social services because she might have a violent husband or something
like this… So, there are all these cross-jurisdictional questions. So, to have
one inquiry where we can look at the whole life of these women living in
situations of difficulty, I think is far more effective than multiplying the
investigations. If you look at the federal mandate, they already say… I think
it's something like eight other inquiries have already been done into these
questions, and, as my colleague Stéphanie Vallée said: Put yourself in the
shoes of these victims. If we have two commissions, the same families that were
victims, who have lost a mother, a sister, daughter, an aunt, would have to
testify twice. Having gone to the two round tables on missing and murdered
indigenous women, one in Ottawa and one in Winnipeg... These are very heavy,
very emotional situations, and these families have gone through hell. And to
ask them to go through hell twice because we want an investigation… To me, it's
much more important to bring everything together. I think it's more respectful
of the families.
A near neighbor of
Stéphanie's is Laurie Odjick, who's the mother of Maisy Odjick, whose daughter
disappeared eight years ago, and she is someone who has found the courage to
defend other victims, to try to make changes so that what her family went
through, other families won't have to go through. So, I think, out of respect
for people like her, to have her come and testify once on a very painful… You
know that, as a parent, I can't even imagine… because, you know, lose a
daughter like that, and no news, eight years later, it's just an enormous
tragedy.
So, I think, out of
respect, let's look at the whole situation. Because, you know, I spend half of
my time: Is it a federal responsibility? Is it a provincial responsibility? But
everyone shares the same goal. There are too many vulnerable Native women in
our society. What can we do, working together with Native leadership, with the
federal Government, with the Québec Government to protect those women as best
we can?
Mme Johnson
(Maya) : Mme Vallée, can you expand on that,
about the human element of this and what these families have to go through in
trying to get to the bottom of this?
Mme Vallée
:
Very difficult for me to explain what these families have gone through, because
I haven't gone through it, and, as I just said, I just can't imagine how it is
to lose sight of your daughter. But I think it was important for us to give
full power to the commissioners, through the Québec legislation, to look at the
cause of violence and the systemic violence that occurs against women and
girls, aboriginal women and girls. It was important to have a global initiative
because the recommendations will be global. Some recommendations will probably
be aiming provincial institutions. Others will be aiming federal institutions.
And, as a whole, we'll have a better look at the reality of these women and of
the cause of the violence.
I can't imagine how it is
when you call the police to say that your daughter has disappeared, and no one
reacts, there's no reaction because they think: Oh! She will come back. It's
not normal. It's not normal that we have such a high number of victims among
young aboriginal women, among aboriginal girls. So, we
really have to look at it. We've been asking for this inquiry. It was not a
political show. We really wanted to look and to find the cause of that
violence, and today what we are doing is saying: OK, we have requested it, the federal Government put it forward on the 3rd
of August, we are jumping in the train. We will be there, we will… Québec will participate. We will give the
powers to the commissioners to act, and to intervene, and to look at what is going
on here, in Québec, because we
do have aboriginal women and girls that have disappeared here, in Québec, our neighbours, and I can assure
you, and we have to… we have a responsibility toward these women.
Mme Johnson
(Maya) : One final question, Mr. Kelley. Mme Vallée just said this is not a political show.
What is your sense on the ground, as you are visiting these communities, of how
effective they think this may be? Because, of course, one of the issues is
distrust, for example, between some of these communities and, let's say, police
forces. Do you think that they have a feeling that this might just be a
political show or do they really have faith that this will actually get
something done?
M. Kelley
: Well, I think the announcement that was done by the federal Government was very well received,
as a general rule. As I say, the one caution that Perry Bellegarde, who is the
national head of the Assembly of First Nations… is the Government should not stop putting forward measures. You will find in the
press kits the things we have done in Val-d'Or since last October, so a number
of concrete measures. I was there for the opening of Chez Willy, which was a
day center for homeless people in Val-d'Or. There are other projects at low
cost, housing projects for Native families in Val-d'Or. So, you'll see there
are a number of measures, and we have to continue doing that. But I think these
are questions, these are doubts that have existed for a long time.
I remember, when I spoke
and met Laurie Odjick for the first time, just the confusion: Stéphanie will correct
me, but one of the girls lived in Maniwaki and one of the girls lived in
Kitigan Zibi. So, there were two police inquiries. Well, they left together. Because
one of them was on one police force, and the two inquiries didn't talk to each
other, and… You know, this is the story that Laurie Odjick just told me. So, I
think there are things like that that we can learn from, just so that we can
try to… You know, as I said, prevention to afford the best protection possible.
There will always be sad incidents in our society, but, if we can reduce them,
if we can look at that there are services provided by women's shelters... Are
there enough of them? Do we need more of them? Do we need more of them in our
urban areas? Do we need more of them on reserves? Are there other policies or
programs we can put in place to prevent sexual aggression? I know that our Government is looking at renewing those
action plans on violence and sexual aggression, and then these are things that
are very important.
So, I think there are
lots of things that still need to be done, but my impression was that Minister Bennett's
announcement was well received, and I think it's going to be an occasion to
look at what happened, and that's very important, but I think the second part is more important, which is the prevention: How can we do things differently in the
future in an area where there are so many jurisdictions and crossovers and
everything else? If we can try to simplify that, we will have made progress.
Journaliste
:
Thank you.
La Modératrice
: Une
dernière question, de l'APTN.
M. Fennario
(Tom) : Hi! Tom Fennario, APTN National News.
You mentioned before...
You talked about this a bit in French, but I'd like to hear it in English if
you don't mind: the idea of there's lots of talk about police forces in Québec, the idea of how will the Québec Government compel police forces to
collaborate, as you will, with regards to preventative measures.
M. Kelley
: Well, I mean, this is something… Any public inquiry has a great
moral authority. You know, they
are going to do two years of very serious work. They have an interesting
research budget. With what we're announcing today, they'll have access to the
various Government agencies at the provincial level as well as the federal
level. So, I imagine, when they publish their recommendations, it will be up to Native communities, it will be up to the general
population, it will be up to
the media to make sure that we follow those recommendations. We'll look at them
very seriously. I mean… People asked me last week to comment on what we're
going to do with the recommendations and the commission hasn't even started. I mean, we have to do things in order, but I
look at my colleagues who are more directly involved in the follow-up to the
Charbonneau Commission, and the
Premier has a checklist: Now, where we are? There are 49 recommendations, and
how many are in place? How many are in process of being put into place? So, a
public inquiry has a great moral authority, and when they come with their
recommendations in a couple of years, the pressure will be on the Government of
the day to follow.
M. Fennario
(Tom) : Why aren't there any representatives
from aboriginal communities here today like Mr. Ghislain Picard? Have you run
these by him yet or has he been…
M. Kelley
: We… I advised them all yesterday we were doing this. He was in
Winneway, which is in Western Québec, so… But, as I say, what we're doing today is really answering the
call from the federal Government because when Minister Bennett announced this
two weeks ago, she called upon the provinces and territories to, as Stéphanie
said, get on the train, to embark on the process. So, we really are… our
response. A lot of the consultation on the mandate was done by the three federal ministers, who crossed
the country extensively from the end of 2015 up until June. So, I think it
follows in that and I think we will have answered… There was criticism that the
federal mandate, for example, didn't specify police forces. You will find in
our… police forces, social services, education, health care. So, I think, some of those concerns that it wasn't
inclusive enough… we think it's a very large mandate, but a couple of those
additions were made just to make things even more clear.
M. Fennario
(Tom) : OK. Thank you.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Une voix
: Thank you.
Mme Vallée
: Merci.
(Fin à 14 h 36)