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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Le lundi 19 septembre 2016, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures trois minutes)

Mme David (Gouin) : Merci beaucoup. Bonjour, très heureuse de retrouver tout le monde à la veille de la rentrée, avec un bruit de fond formidable qui va nous accompagner tout au long de la session.

Écoutez, à Québec solidaire, on est vraiment prêts pour notre rentrée parlementaire. Trois grands thèmes vont nous habiter cet automne : l'économie et les conditions de travail, l'écologie et l'inclusion. Alors, j'explique brièvement chacun des thèmes, et après, bien sûr, on est disponibles pour une période d'échange.

Économie, lutte aux inégalités, conditions de travail, écoutez, les inégalités augmentent, la pauvreté est importante au Québec, les travailleurs et travailleuses ont des difficultés. On pense aux gens d'Uber... pas aux gens d'Uber, on pense aux chauffeurs de taxi, pardon, qui font face à Uber. Le salaire minimum est dérisoire, donc les gens sont pauvres même une fois qu'ils ont travaillé 40 heures-semaine au salaire minimum. Vous savez donc qu'on participe à une grande campagne pour la hausse la plus rapide possible du salaire minimum. Et, bien sûr, je ne peux passer sous silence la menace de bâillon qui est faite au projet de loi n° 70, projet de loi qui, s'il est adopté en l'état, risque d'appauvrir des milliers de personnes déjà très, très pauvres à l'aide sociale. Donc, cet automne, sur tous ces sujets, nous allons être très proactifs.

Écologie, environnement, le projet de loi n° 106 est sur la table, alors, à l'instar de nombreux groupes, nous demandons qu'il soit scindé. On ne peut pas prétendre, d'un côté, mettre en oeuvre tout un programme, un projet de transition énergétique et, de l'autre côté, avoir une loi qui encadre la question des hydrocarbures, loi digne du XIXe siècle, qui ne respecte pas les pouvoirs des municipalités et qui nous fait reculer loin en arrière. Donc, ma collègue Manon Massé travaille très fort sur ce dossier, et nous allons continuer de le faire. Bien sûr, tout le dossier Énergie Est, le pipeline, nous continuons de nous opposer à l'instar de dizaines et de dizaines de comités citoyens à travers le Québec. Les Québécois et Québécoises maintenant sont majoritairement opposés à ce pipeline, et nous n'accepterons pas là-dessus que le gouvernement fédéral décide à la place des Québécois. La souveraineté, d'ailleurs, ça servirait aussi, si nous pouvons y arriver rapidement, à avoir nos propres pouvoirs de décision sur les sujets qui nous intéressent.

Finalement, la question de l'inclusion, elle est sur toutes les lèvres depuis plusieurs semaines. Ça prend toutes sortes de formes. La population québécoise s'inquiète de la radicalisation de certains jeunes, s'inquiète lorsqu'il y a des attentats à l'étranger et s'inquiète aussi, depuis de nombreuses années, on le sait, de tout ce qui s'appelle le vivre-ensemble au Québec. À Québec solidaire, ça fait des années qu'on intervient sur cette question, donc ce n'est pas la première fois qu'on s'en préoccupe. On a même déposé, en 2013, une charte de la laïcité, j'insiste, de la laïcité, pas seulement de la neutralité religieuse de l'État comme le fait le Parti libéral.

Donc, nous pensons qu'il faut nous occuper de la question de l'inclusion avec différents volets : la lutte au racisme systémique, la lutte contre toutes les formes de discrimination, par exemple, à l'embauche, ça, c'est une chose; bien sûr, améliorer tous les processus d'intégration des personnes immigrantes, mais aussi, oui, débattre de laïcité, débattre d'accommodements raisonnables, débattre de toutes ces questions, le faire avec calme, avec sérénité. Ce sont des sujets délicats et explosifs. J'espère que le gouvernement libéral mettra sur la table le projet de loi n° 62 qu'il a déposé il y a déjà plus de 15 mois. J'espère là-dessus que nous pourrons aller en commission parlementaire et analyser ce projet de loi comme il faut, et Québec solidaire aura certainement des amendements à apporter à ce projet de loi qui est insuffisant en rapport avec l'atteinte de la laïcité de l'État.

Alors, voilà, ce sont les trois objectifs qui vont nous occuper pas mal au cours de l'automne. Nous espérons qu'il y aura, du côté du gouvernement libéral, sur l'ensemble de ces questions, des changements d'attitude importants, mais nous espérons aussi que le gouvernement libéral fera le ménage dans ses rangs, dans son équipe de députés, dans le fonctionnement du Parti libéral. Nous sommes loin d'être certains qu'on a fait complètement le ménage en ce qui a trait à la corruption et à la collusion dans ce parti politique. Et nous souhaitons aussi que le gouvernement libéral remplace les menaces de bâillon par la négociation, qu'il ait une attitude d'ouverture et de travail en collaboration avec les membres des oppositions. Voilà.

La Modératrice : Pour la période des questions, on va s'en tenir à une question, une sous-question, s'il vous plaît, puisqu'on est en plein caucus. M. Bergeron.

M. Bergeron (Patrice) : Mon collègue peut y aller avant.

La Modératrice : M. Bélair.

Mme David (Gouin) : Chicanez-vous pas, là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bonjour, Mme David. Vous avez évoqué que le projet de loi n° 62 est, aux yeux du caucus de Québec solidaire, insuffisant pour atteindre le concept de neutralité religieuse de l'État et de laïcité. En quoi est-il insuffisant et quels amendements entendez-vous proposer?

Mme David (Gouin) : Je vous rappelle que nous avons donc déposé un projet de loi, en 2013, sur cette question. Nous l'avons appelé Charte de la laïcité de l'État québécois. Premièrement, on suggère au gouvernement libéral d'appeler un chat, un chat. C'est la laïcité qu'on veut, ça inclut la neutralité religieuse de l'État, mais ça inclut aussi la séparation entière des pouvoirs entre le pouvoir religieux et le pouvoir étatique. Ce n'est qu'un seul exemple. Donc, appelez un chat, un chat. Ça s'appelle un projet de loi, ça devrait s'appeler sur la laïcité.

Ensuite, à Québec solidaire, dans notre projet de loi, nous proposions des modifications au préambule et à l'article 3 de la Charte des droits et libertés pour que la question de la laïcité soit incluse dans la Charte des droits et libertés de la personne, ce qui donne à la question de la laïcité un caractère vraiment solennel. Ça, ça nous apparaît important.

Ensuite, on doit parler de signes religieux, bien sûr, et je vous soumets que là-dessus le gouvernement libéral va encore moins loin que le rapport Bouchard-Taylor. Nous, nous souscrivons aux conclusions du rapport Bouchard-Taylor et donc que les personnes, non seulement en situation d'autorité, mais en situation de coercition au nom de l'État, juges, policiers, procureurs de la couronne, ne puissent pas porter de signes religieux. Nous voulons interdire toute récitation de texte à caractère religieux, que ce soit dans n'importe quelle instance, au niveau des assemblées municipales ou lors des travaux de l'Assemblée nationale; que le président et le vice-président de l'Assemblée nationale ne portent pas de signe religieux; que le crucifix au salon bleu soit déplacé vers une pièce où il pourra tout à fait être montré au public, mais ça n'a pas sa place, dans un régime laïque, au-dessus du fauteuil du président de l'Assemblée nationale.

Alors, voyez-vous, il y a différents points sur lesquels nous allons plus loin que le Parti libéral, tout en convenant que, dans le projet de loi n° 62, il y a quand même un bon début, il y a matière à réflexion. Il faut aller plus loin.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Justement, M. Fournier, le leader parlementaire du gouvernement, appelait ce matin les partis d'opposition à voter sur un consensus, c'est-à-dire le visage découvert et, bon, par la suite, peut-être aller plus loin si un gouvernement péquiste, caquiste ou solidaire est élu. Est-ce que vous entendez son appel? Puis, puisque c'est ma dernière sous-question, j'aimerais aussi savoir qu'est-ce que vous pensez de la tournure du débat sur cette question-là au sein du Parti québécois.

Mme David (Gouin) : Alors, deux choses pas trop compliquées. La première, franchement, on ne fera pas d'histoire, personne, pour la question de recevoir et donner des services à visage découvert. Ça fait plusieurs années que tout le Québec s'entend là-dessus. Là, on est en bas d'un consensus québécois. Moi, je pense qu'on peut facilement atteindre un consensus québécois si on y ajoute, sur cette seule question, là, les personnes en situation d'autorité coercitive. Donc, M. Fournier doit quand même faire un pas de plus.

Sur l'autre question, je vais répéter ce que j'ai dit à certains de vos collègues ce matin. Moi, je pense que, lorsqu'on aspire à devenir chef d'un parti ou éventuellement premier ou première ministre du Québec, il y a trois grandes qualités qui doivent nous habiter : avoir un bon jugement, être sensible aux préoccupations de la population et avoir un grand sens des responsabilités. Et cela veut dire que, lorsqu'on s'attaque à des débats difficiles, émotifs, voire parfois explosifs, on doit redoubler de calme, de sérénité, de jugement et de sens des responsabilités. C'est ce que j'ai à dire là-dessus.

La Modératrice : Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous tous. J'aimerais vous entendre de nouveau sur l'inclusion. Vous avez parlé tout à l'heure, dans votre préambule, notamment de racisme systémique, et j'aimerais aussi faire un lien avec tout le débat qu'il y a eu cet été à propos du burkini, où, dans votre formation, on a parlé aussi de la sexualisation des femmes et des bikinis.

Alors, j'aimerais ça que vous clarifiiez un peu votre proposition, donc à savoir est-ce qu'il y a vraiment racisme systémique au Québec. Et par ailleurs, sur la question du fameux burkini, est-ce que c'est à mettre, selon vous, sur le même pied que les bikinis ou la sexualisation des femmes? Mais puisqu'on a le droit à juste deux questions, vous comprenez que je ramasse tout, là, ensemble.

Mme David (Gouin) : Oui, oui. Vous ramassez pas mal. C'était quoi, déjà, la première? Excusez-moi, là, je suis restée sur la deuxième.

M. Bergeron (Patrice) : Bien, le racisme systémique.

Mme David (Gouin) : Ah! le racisme systémique, oui. Bien, oui, il y a du racisme systémique au Québec, mais comme il y en a dans toutes les sociétés du monde. Le Québec n'est pas sous une cloche de verre. Oui, il y a des problèmes de racisme systémique, et ce qui est intéressant quand on parle de racisme systémique, c'est comme quand j'étais dans le mouvement des femmes et qu'on parlait de sexisme systémique. On n'était pas en train de dire : tous les hommes sont des méchants, comme là on ne dira pas : tous les Québécois sont individuellement des méchants.

On parle d'un système. Il y a un système, encore aujourd'hui d'ailleurs, qui fait des femmes à certains moments des citoyennes de seconde zone. On pourrait parler d'équité salariale ou d'iniquité salariale. De la même façon, il y a des biais systémiques qui font, par exemple, que beaucoup de personnes immigrantes sont discriminées à l'embauche parce que, par exemple, on ne reconnaît pas correctement leurs acquis et leurs compétences professionnelles.

Donc, l'idée, c'est, oui, d'avoir une commission qui pourrait se pencher sur cette question-là pour essayer de comprendre comment il s'exerce, ce racisme systémique au Québec, comment prendre ça en main, quelle solution trouver, et on est tous et toutes partie prenante des solutions. Quant à la question du burkini, ça fait bien des années que moi, je répète la même phrase. Je vais la répéter encore. Pendant que les religieux veulent à tout prix habiller les femmes, les marchands veulent les déshabiller. Mais quoi qu'il en soit, on dirait que, dans de nombreux pays du monde ou peut-être dans tous les pays du monde, les femmes ne se sentent jamais complètement libres d'être ce qu'elles veulent, comme elles le veulent et de s'habiller comme elles le veulent. En ce sens-là, oui, il y a un parallèle à faire.

Maintenant, je sais fort bien que plusieurs lient la question du burkini à toute la question beaucoup plus large de l'habillement des femmes dans une religion qui s'appelle l'islam et où les franges les plus conservatrices, effectivement, discriminent davantage les femmes. Vous savez, dans l'Église catholique, les femmes ne peuvent pas non plus être prêtres, hein, puis les homosexuels ne peuvent pas communier. Alors, les Églises et surtout leurs franges les plus conservatrices discriminent clairement les femmes. Je n'ai aucun problème à dire ça, mais je rappellerai quand même que les marchands et les publicitaires utilisent abondamment le corps des femmes pour vendre à peu près n'importe quoi, et je connais de nombreuses femmes qui en ont vraiment assez de ça aussi.

M. Bergeron (Patrice) :  Là, j'ai droit à une sous-question, hein? Bon, vous avez parlé tout à l'heure qu'il y avait encore un ménage à faire au Parti libéral. Alors, de qui on doit se débarrasser et de quoi, au juste?

Mme David (Gouin) : Oh! vous savez, mon propos aujourd'hui, ça n'est pas de cibler une personne en particulier, mais je pense qu'il y a eu tellement de cas dans les derniers mois qu'il faut inviter M. Couillard à faire un ménage sérieux.

Il y a une chose aussi qu'il pourrait faire, M. Couillard, c'est de s'assurer que toutes les sommes acquises illégalement par le Parti libéral soient remboursées. Je vous rappelle que là, on s'en va vers quatre élections partielles et que le Parti libéral dispose de sommes considérables d'argent, dont on sait qu'une partie, au moins, a été illégalement acquise. Alors, il y a des gestes à poser, là.

M. Khadir : Si je peux me permettre, le Parti libéral continue de vivre aujourd'hui sur l'argent de la corruption, continue de gagner des élections sur l'argent de la corruption. Tant et aussi longtemps que M. Couillard n'aura pas remboursé cet argent mal acquis frauduleusement, ça veut dire que M. Couillard gagne ses élections et continue de gouverner avec l'argent de la corruption.

La Modératrice : David Rémillard, Le Soleil.

M. Rémillard (David) : Bonjour. Bonjour, tout le monde. J'aurais une question sur le salaire minimum à 15 $. On parle d'une hausse la plus rapide possible. Donc, ça signifie, je présume, que vous jugez que présentement on a suffisamment d'information pour dire que c'est la voie à suivre, finalement?

Mme Massé : Oui, je peux y aller. Alors, effectivement, ce qu'on se rend compte sur la question du salaire minimum, c'est que là où ces pas-là significatifs ont été faits, les impacts appréhendés qui ne cessent de nous être répétés : de l'inflation, pertes d'emploi, augmentation importante des coûts dans différents commerces et etc., ce n'est pas ça qui arrive. Allez voir en Allemagne, allez voir... Et une des choses qui m'a frappée dernièrement, c'est de voir le gouvernement albertain, qui n'est pas... l'Alberta n'est pas considérée comme étant une des provinces les plus progressistes au Québec. Ce gouvernement-là en a convenu que, pour passer au travers la crise économique qu'ils vivent actuellement, la façon d'y arriver, c'est de répartir la richesse par le bas et non pas constamment par le haut, comme toujours.

Alors, dans ce sens-là, les études qui sont là, les faits, la réalité des faits nous parle, c'est que lorsqu'un dollar de plus est dans ta poche quand tu gagnes le salaire minimum, c'est un dollar de plus que tu investis dans ton économie locale et non pas en paradis fiscaux ou en évitement fiscal.

M. Rémillard (David) : Maintenant, en sous-question, pourquoi 15 $? Pourquoi ça ne pourrait pas être autre chose? Pourquoi on ne l'adapterait pas autrement?

Mme Massé : Bien, écoutez, vous savez comme moi, c'est une vaste campagne qui traverse l'Amérique du Nord. Et ici, au Québec, pour nous, là où ça fait du sens, c'est que, lorsqu'on regarde, pour qu'une personne puisse atteindre le niveau, disons, de seuil de pauvreté... et je vous jure que, quand vous êtes au seuil de pauvreté, là, vous n'êtes pas en train de sortir la tête de l'eau, vous êtes au seuil de pauvreté. On parle d'un salaire qui, actuellement, tout dépendamment des régions du Québec, mais si on faisait une moyenne, est autour de 13 $ quelques.

Ceci étant dit, entre gagner assez d'argent pour atteindre le seuil de pauvreté et vivre dignement, c'est-à-dire de pouvoir acheter le panier d'épicerie pour nourrir ta famille, pour pouvoir payer les hausses sans cesse d'électricité d'Hydro-Québec, etc., un salaire de 15 $ l'heure nous apparaît être un salaire viable actuellement au Québec.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. Pour des collègues à Montréal, rapidement vous entendre sur les circonstances qui entouraient l'abolition des frais accessoires. Bon, LaPresse révélait ce matin qu'il y avait... Bon, disons que M. Barrette s'est peut-être fait tordre les bras par Ottawa. Je voulais savoir, est-ce que vous y voyez là une ingérence, disons, acceptable, dans ces circonstances, d'Ottawa?

M. Khadir : Moi, j'y vois surtout une honte pour le gouvernement libéral, une honte pour les différents ministres qui se sont succédé, je parle de M. Couillard, M. Bolduc et maintenant M. Barrette, qui ont refusé de reconnaître que c'est un problème, qui ont voulu faire comme si de rien n'était, qui ont voulu faire croire à la population que c'était normal, alors qu'on paie de l'impôt pour un régime d'assurance santé universel, gratuit, auquel tiennent autant les Québécois que les Canadiens, qu'il ne fallait pas payer d'autre chose. C'est une honte et c'est une honte supplémentaire que maintenant Barrette perde la face, être obligé de faire ça parce que c'est Ottawa qui le menace.

C'est sûr que ça, c'est le propre d'un gouvernement, comme les libéraux, qui sont inféodés, qui sont en quelque sorte, comment je pourrais dire... ils n'ont aucune volonté pour assurer d'abord de respecter la volonté de la population puis ensuite ils attendent que ce soit le fédéral qui décide pour eux. Un gouvernement Québec solidaire, ça fait longtemps qu'on aurait aboli les frais accessoires, on aurait exercé la souveraineté du gouvernement du Québec pour s'assurer que les médecins, une minorité de médecins qui veulent abuser des patients puis qui sont intéressés par encore plus d'argent, se le tiennent pour dit, le régime d'assurance santé universel du Canada, ça veut dire personne ne doit payer de sa poche, c'est la carte d'assurance maladie qui paie.

La Modératrice : Merci. Caroline Plante, The Gazette.

Mme Plante (Caroline) : Mrs. David, will you vote yes to Bill 62? And do you think that the debate that they will trigger will be a constructive one?

Mme David (Gouin) : Avec votre permission et de façon exceptionnelle, je vais vous répondre en français parce que le sujet est tellement difficile, délicat, et je le sais, que je ne voudrais pas commettre d'erreur et, comme le français est ma langue maternelle, je vais répondre en français.

Mme Plante (Caroline) : Alors, croyez-vous que le débat va être un débat constructif cet automne?

Mme David (Gouin) : Bien, je dirais deux choses : qu'on ne passera pas à côté du débat, le débat doit se faire... en fait doit se faire, le débat est commencé depuis 2007. Au début, ça a été... on a eu des heures de plaisir à débattre sur la question des accommodements. Il y a eu toute la commission Bouchard-Taylor. Ensuite, on a un peu bifurqué sur la question du voile, de la laïcité et, suite à ça, la charte des valeurs péquiste, et, oui, il y a eu des dérapages, ça, c'est clair, c'est absolument clair, contre lesquels on s'est élevés tout au long. Je pense que les gens qui nous observent le savent, on n'a, nous, jamais accepté de tomber dans des dérapages populistes, intolérants et parfois xénophobes. Jamais.

Alors, certains pourraient dire : Enterrons le débat, n'en parlons plus. Non, parce que le débat est là. Il y a tout le temps des braises et il s'agit juste d'un attentat quelque part, hein, il s'agit d'un incident en matière d'accommodements pour que tout de suite on s'aperçoive que le débat est resoulevé. Tant qu'à y être, faisons-le. Faisons-le. Le gouvernement a un projet de loi, projet de loi n° 62, il y a là quand même des éléments intéressants. C'est une base de discussion acceptable.

Le seul problème, c'est que ça ne va vraiment pas trop loin... pardon, ça ne va pas assez loin et qu'il va falloir, comme je le disais tout à l'heure, appeler un chat, un chat. Ce dont le Québec a besoin, c'est d'une charte de la laïcité, c'est-à-dire d'une loi fondatrice en matière de séparation des pouvoirs entre l'Église et l'État et assurant un vivre-ensemble raisonnable autour d'un tronc commun de valeurs communes, d'une culture, d'une histoire. Vous irez regarder, donc, dans le projet de loi de Québec solidaire à l'époque, on définit ce que sont ces valeurs communes, leur inscription dans une histoire, dans une culture. Ça, c'est important l'affirmer aussi, mais toute la reconnaissance de la richesse de la diversité au Québec. Alors, je ne peux qu'espérer que le débat soit constructif et je vous promets que nous allons y participer de façon constructive.

Mme Plante (Caroline) : Est-ce que vous vous attendez à ce que les oppositions se rangent derrière le 62?

Mme David (Gouin) : Je m'attends... En fait, ma réponse, c'est non. Je m'attends à ce que les autres oppositions veuillent aller beaucoup plus loin. Mais plus loin dans quel sens? Dans le sens de ne plus laisser aucune place aux personnes des minorités? Dans le sens, par exemple, de vouloir interdire les signes religieux très, très largement pour toutes les personnes travaillant de près ou de loin avec l'État? Ça, nous allons nous y objecter.

Par contre, nous, ce que nous proposons, c'est que les personnes en situation d'autorité coercitive ne puissent pas porter de signe religieux. Bon, ça finit, c'est sûr, par être un débat qui peut ressembler à la date du référendum, c'est-à-dire que les uns disant ceci et les autres cela, les autres au milieu, mais il y a quand même des principes sous-jacents tout ça, qui sont très importants, qu'il va falloir réaffirmer : la laïcité de l'État et de ses institutions, en même temps que le respect de la capacité pour les citoyennes et les citoyens d'exprimer leurs convictions religieuses, quelles qu'elles soient.

La Modératrice : S'il n'y a plus... Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : I just have a question on Bill 70. The Government is trying to invoke closure. You guys have long since been against this bill. Where do you stand on this debate?

Mme David (Gouin) : This morning some communitary groups made a proposal to the Government. They asked to have a meeting with Minister Blais. I don't know what is the answer of the Minister. I hope he will meet them because they try to find a compromise, you know, and…

Mme Fletcher (Raquel) : The minister said that...

Mme David (Gouin) : …tomorrow morning, I will answer all questions on this proposal because I had no time to study it entirely because we are in caucus. But tomorrow morning, I will have a lot of answers to you.

Mme Fletcher (Raquel) : The Minister has a bit... He doesn't agree with the proposal that it doesn't go far enough to change the status quo. Is that an issue for you?

Mme David (Gouin) : Perhaps it is just the beginning of something. We will see. We will see. I hope the Minister will have a more open mind and I hope he will understand that, for the groups, the grassroots groups, it's not easy to propose something different than what exist today. So I think they made proposals who merit some attention and I hope the Minister will have this attention. We will see that tomorrow.

Des voix : Thank you.

(Fin à 14 h 27)

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