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Conférence de presse de Mme Claire Samson, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de culture et de communications et pour la protection et la promotion de la langue française

Publication du rapport intitulé "Une langue commune à tous et pour tous"

Version finale

Le jeudi 10 novembre 2016, 13 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures vingt-neuf minutes)

Mme Samson : Merci beaucoup. Bonjour. Merci d'être là. Mon nom est Claire Samson. Je suis députée du comté d'Iberville pour la Coalition avenir Québec, responsable des dossiers de la culture, communications, de la promotion et de la protection de la langue française. Je suis accompagnée de M. Jean-Benoît Ratté, qui est recherchiste, et on a travaillé en équipe ensemble.

Alors, je suis contente que vous soyez là. J'ai eu l'opportunité de préparer, depuis le printemps dernier, à travailler sur un rapport sur l'état de la francisation des immigrants au Québec. C'est un sujet d'actualité certainement depuis la publication du rapport Ferretti en janvier dernier, et il y a eu beaucoup d'intérêt dans les médias pour la question de la francisation et de l'accueil aux immigrants. Et, après discussion avec M. François Legault, le chef du parti, j'ai décidé de faire une enquête vraiment sur le terrain, qui, comme je vous le disais, a commencé au printemps dernier et que j'ai terminée à la toute fin de l'été. J'ai donc voulu inclure, dans un rapport, le fruit de mes observations et certainement quelques recommandations que nous proposons ou, enfin, la façon dont nous croyons que le dossier devrait être abordé par le gouvernement.

Premièrement, la CAQ se donne l'objectif de franciser 100 % des immigrants et elle entend le faire en mettant en place un parcours de francisation personnalisé et en les rendant obligatoires pour tous les membres d'une famille, parce que force est de constater que, lorsqu'une famille arrive au Québec, les enfants vont se joindre à l'école française, francophone. Parfois, le mari, le père, va prendre des cours de francisation, je dis bien parfois, à temps partiel ou à temps plein, mais, règle générale et trop souvent, les femmes ne prennent pas de cours de francisation, ce qui fait que, pour ces femmes-là, c'est une marginalisation d'emblée, puisqu'elles ne pourront pas ni participer au parcours scolaire de leur enfant, leur contact avec la communauté québécoise se limitera forcément aux gens de même origine, et, en même temps, on mine ses capacités d'accéder au marché de l'emploi si c'est ce qu'elle souhaite. Donc, tous les membres de la famille seront francisés.

Il y a aujourd'hui environ 200 000 néo-Québécois qui ne parlent pas du tout français et une majorité d'entre eux ne prennent aucun cours de français. Alors là, il faut se poser la question. Est-ce que c'est normal? Et je vous dirais que j'ai… Et d'ailleurs, vous allez voir, dans le rapport, la liste de tous les organismes qui j'ai rencontrés pour discuter du sujet, à l'exception des citoyens qui bénéficient de services de francisation. Mais souvent la première génération qui arrive ici se qualifie eux-mêmes de génération sacrifiée parce qu'il n'y a pas en place ce qu'il faut pour les franciser d'une façon adéquate. D'abord, on observe qu'il y a beaucoup de ministères qui sont impliqués dans les programmes de francisation, il y en a quatre en fait, et les efforts sont un peu éparpillés, et il n'y a vraiment d'imputabilité dans un ministère pour assurer que la francisation est un processus efficace.

Alors, première recommandation, c'est de changer le nom du ministère de l'Immigration pour en faire le ministère de l'Immigration et de la Francisation, ministère duquel relèverait l'Office québécois de la langue française chargé de déployer, d'assurer et de coordonner toutes les activités de francisation, avec des critères de qualité que tout le monde pourra reconnaître que l'OQLF est capable d'offrir à sa clientèle. Ça, c'est la première responsabilité.

De plus, au fil des ans, le nombre d'immigrants a continuellement augmenté au Québec, mais les ressources octroyées par le gouvernement n'ont cessé de décroître. Alors, il faut remettre les ressources à niveau, offrir des ressources adéquates. Et souvent le gouvernement s'est délesté de sa responsabilité en laissant au bon vouloir des organismes communautaires le soin de franciser les immigrants. Or, les organismes communautaires n'ont pas été accrédités, ne sont pas encadrés et ne sont surtout pas financés pour assurer une francisation adéquate pour les immigrants.

Et je pense sincèrement que c'est la responsabilité du gouvernement d'assurer que les ressources soient là. C'est une responsabilité du gouvernement d'intégrer, de la façon la plus appropriée, les nouveaux Québécois, les néo-Québécois, et c'est leur droit de le revendiquer. Apprendre le français quand on vit au Québec, ça ne doit pas être perçu comme une punition, mais plutôt comme une opportunité pour les immigrants. Donc, les ressources appropriées, un support adéquat aux organismes communautaires qui font un travail formidable dans bien des cas, mais c'est trop peu encore. Il faudra améliorer tout ça.

Ensuite, une autre des recommandations que vous allez trouver dans le rapport, c'est la création d'un commissaire à la langue française, une personne qui sera nommée par l'Assemblée nationale, apolitique, qui pourrait être interpellée par tout parti politique qui siège à l'Assemblée ou tout député qui siège à l'Assemblée nationale. Le bureau du commissaire sera chargé d'effectuer les recherches, de ramasser les données nécessaires pour faire un suivi de la situation des immigrants et de leur francisation. Le commissaire pourrait être consulté, comme je disais, par n'importe quel député ou parti politique à l'Assemblée nationale. Il fera des recommandations au gouvernement quant aux moyens dont on doit disposer pour assurer un travail adéquat et optimal et il aura les ressources appropriées pour ce faire. Il pourra se faire conseiller par un conseil supérieur de la langue française ou par d'autres expertises dans le domaine.

J'ai également ajouté une recommandation dans mon rapport, qui est la francisation dans les milieux de travail. On demandera à l'Office québécois de la langue française, qui sera sous la responsabilité du ministère de l'Immigration, de développer des formations, des cours de francisation clés en main, mais on va le faire de façon ordonnée. Donc, à titre d'exemple, une année, on pourrait choisir : Bon, bien, en 2017, on va franciser en milieu de travail les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration ou le secteur du vêtement, et il y aura un effort concerté et vraiment ciblé pour franciser les travailleurs. Et on sait dans quel domaine industriel ou manufacturier on retrouve la plus grande conservation des travailleurs.

D'ailleurs, on propose, dans le rapport, si vous allez dans le détail, que les entreprises doivent s'assurer, avant d'utiliser le fonds de la formation pour la main-d'oeuvre, là, le fameux fonds du 1 % pour la formation continue en entreprise, que la francisation est bien enclenchée dans l'entreprise avant de permettre d'autres dépenses de formation du personnel. Il faut que le message soit envoyé d'une façon forte, que la pérennité du français doit être assurée au Québec, en Amérique du Nord, et, si ce n'est pas le Québec qui le fait, il n'y a personne d'autre qui va le faire parce qu'on est tout seul. Donc, il faut envoyer un signal très fort.

Donc, la formation en milieu de travail doit être un objectif prioritaire. Ça se fera par secteur, manufacturier ou industriel, de façon à justement offrir une formation bien organisée, bien ciblée pour des travailleurs x, y, z dans tel département et rendre ça... Et il y aura aussi, naturellement, pour les entreprises, un accès à un crédit d'impôt qui va permettre de défrayer une partie du salaire des gens qui sont en formation pendant leur temps de travail ou sur le milieu... le marché du travail. Donc, il y a des activités vraiment concrètes et porteuses qui peuvent être faites en milieu de travail.

Vous remarquerez aussi dans le rapport que nous proposons d'augmenter d'une façon assez importante les allocations versées aux immigrants qui vont adopter une trajectoire de francisation. À l'heure actuelle, je pense, c'est 120 $ par semaine qu'ils peuvent recevoir de dédommagement. On va monter cette somme-là à 200 $, de façon à leur permettre de vivre adéquatement. Il n'y a pas de raison qu'on maintienne ces gens-là dans la misère, et, de fait, ce qui arrive souvent... Il faut savoir que les immigrants, là, qu'on reçoit au Québec sont souvent très scolarisés, plus que la moyenne des Québécois qui, je vous le rappelle, à 50 quelque pour cent, sont illettrés fonctionnels, là. Ils sont souvent très scolarisés et ils ont besoin d'un appui puis d'un appoint de francisation dans leur secteur professionnel.

Nous, on rajoute une session de francisation spécialisée dans leur champ de travail. Donc, si c'est une infirmière, un infirmier, ou un comptable, ou un médecin, il y aura une formation un peu plus pointue et complémentaire pour ces personnes-là dans leur domaine de travail. Et on augmente leur compensation pour la francisation pour une raison très simple : souvent, les gens arrivent au Québec, ils ont déjà une bonne scolarité, ce qu'on leur donne pour survivre est nettement insuffisant, et ces gens-là veulent vivre dans... ils veulent faire vivre leus famille et souvent ils vont accepter un emploi de plongeur ou de concierge la nuit pour essayer de mieux faire vivre leur famille au Québec, et on les brime d'exercer pleinement leurs talents et d'exercer leurs compétences au Québec.

Donc, en les supportant, ça nous permettra de favoriser que leur formation soit optimale et qu'ils puissent ultimement se trouver un travail dans leur champ d'expertise.

La Modératrice : Merci beaucoup. Alors, on va passer à la période de questions en français puis en anglais ensuite. Est-ce qu'il y a une première question? Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Oui. Bonjour, Mme Samson.

Mme Samson : Bonjour, M. Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert) : Sur la question de la langue de travail, là, et des entreprises de 26 à 49 employés, il y avait déjà eu une proposition du Parti québécois, avec le projet de loi n° 14, d'étendre les dispositions plus légères de la loi 101 à ces entreprises-là pour qu'on travaille en français dans ces entreprises-là, qu'elles se francisent. Là, vous limitez finalement ce programme-là, c'est-à-dire cet effort-là serait limité à la grande région de Montréal.

Mme Samson : Au Montréal métropolitain.

M. Dutrisac (Robert) : Montréal métropolitain, mais j'aimerais savoir quel genre d'exigences serait fait aux entreprises. Un peu ce qu'on avait envisagé avant ou...

Mme Samson : Non. On ne leur demandera... et on le limite à la région du Montréal métropolitain parce qu'il est temps qu'on mette nos efforts là où les problématiques existent réellement, là. Je ne pense pas qu'il y a beaucoup d'entreprises à Rouyn-Noranda ou à Gaspé de 25 entreprises et plus qui a un problème de français, là. Donc, on n'ira pas ajouter un fardeau à des entreprises dans des régions où la problématique ne se pose pas.

On sait qu'à Montréal, dans le Montréal métropolitain, la problématique est plus grande, mais ça sera quelque chose… On ne demandera pas à ces plus petites entreprises là de créer un comité de francisation. Il y aura des agents de l'Office québécois de la langue française qui se chargeront de développer, pour ces entreprises-là, des programmes appropriés à leur secteur d'activité et au profil de leurs travailleurs aussi.

M. Dutrisac (Robert) : O.K. Donc, ce serait des agents de l'office qui prendraient en charge, finalement, les efforts puis fourniraient du matériel puis…

Mme Samson : Du matériel didactique ou le matériel… tout le matériel nécessaire et approprié.

M. Dutrisac (Robert) : Est-ce qu'il y aurait une forme de coercition? Ce que je veux dire, c'est, si l'entreprise refuse de faire entrer des agents ou refuse de se franciser tout simplement, qu'est-ce qu'on fait, là? Qu'est-ce qui est prévu?

Mme Samson : Bien, écoutez, moi, je pense que si… et on a rencontré des organisations, et j'en ai rencontré, et il n'y a personne qui a une résistance. Avec les entreprises avec qui j'ai parlé, et j'ai parlé au maire de Montréal, à M. Coderre, de cet aspect-là particulier de mon rapport, puisque ça ne touche que le Montréal métropolitain, je n'ai pas senti de réticence de la part de personne.

Et d'ailleurs, il y a même des entreprises qui ont eu des problèmes l'an passé. Je me rappelle de Peerless, qui est un cas où les paramètres des fonds de formation du 1 % ont changé, ils ont perdu leur cours de francisation en entreprise. Donc, on veut s'assurer que ce genre de chose là n'arrive pas.

Ça se veut un modèle flexible et attirant. On veut que ça marche pour les nouveaux Québécois, je pense que c'est ça qu'il faut retenir ultimement, qu'il n'y ait plus cette génération gaspillée qui est la première génération qui arrive. On veut que ça se fasse harmonieusement pour l'ensemble des membres de la famille, et il faut… Pour que ce soit un succès, il faut que le gouvernement se démène un peu et fasse des efforts. Alors…

M. Dutrisac (Robert) : Ce serait des incitatifs, là.

Mme Samson : Ce serait des incitatifs, et, comme je vous dis, à partir du moment où une entreprise a des besoins de francisation... et les entreprises qui ont 32 employés aujourd'hui, elles veulent toutes ultimement arriver à en avoir 65 puis faire des affaires en or au Québec. Donc, il n'y a pas de… et je n'ai pas senti de résistance à cette invitation-là nulle part où je suis allée. Honnêtement, je ne l'ai pas senti. Si c'est bien fait, si c'est orienté vers leurs besoins et que c'est concret dans leur vie d'entreprise, moi, je pense que ça va être populaire.

M. Dutrisac (Robert) : Sur le 200 $ par semaine, 120 $ à 200 $ par semaine, est-ce que... là, on ne sait pas quel est le montant supplémentaire que ça prendrait, là, ça dépend du nombre.

Mme Samson : Bien, je vais vous dire, nous, les calculs qu'on a faits, là, à partir du moment où on dit qu'on prend les ressources actuelles du ministère, qu'on réduit le nombre de nouveaux arrivants à 40 000, mais que nos énergies sont mieux... on va tirer sur les meilleures cibles, moi, je pense... et qu'on ramène un financement plus traditionnel à ce ministère-là, moi, je pense qu'au maximum, là, quand on aura remis 175 millions de plus, ça va être amplement suffisant.

M. Dutrisac (Robert) : Pour toutes les mesures.

Mme Samson : Pour toutes les mesures.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, mais 200 $ par semaine, est-ce que c'est suffisant, là, finalement? Parce que vous me dites... c'est sûr que 120 $, on ne boucle pas un budget avec 120 $ par semaine, mais 200 $...

Mme Samson : Bien, écoutez, si vous prenez un couple, un couple, ça leur fait quand même 400 $ par semaine. De plus, dans le rapport, on dit qu'on devra s'organiser pour que les femmes puissent aller en francisation, qu'il y ait des places de garderie qui soient prévues pour elles, ainsi que le remboursement des transports en commun, pour qu'ils puissent accéder, avoir accès. Il faut rendre ça plus attrayant un peu et un peu plus motivant pour les immigrants de se franciser et il faut les traiter avec respect.

On se plaint souvent que... puis il y a plusieurs autres aspects qu'il faut regarder. Souvent, on se plaint que certains sont sélectionnés ici pour leur scolarité et leur expertise. Ils arrivent ici, ils ont de la difficulté à se trouver du travail puis ils s'en vont en Ontario. Il y a un problème là aussi, là, qu'il faudra regarder. Probablement qu'il faudrait préparer mieux, en amont, leur arrivée au Québec. Quand on sait qu'on a un docteur qui va arriver dans cinq mois ou dans six mois, qu'on propose déjà, avec les officiers puis les gens du service d'immigration, son parcours de francisation, possiblement un stage, une formation plus pointue en santé.

Puis je vais vous donner un exemple : une infirmière qui arrive au Québec et qui est correcte en français pour dire : Assoyez-vous, debout, minimalement, là... mais quand on est infirmière, là, c'est un travail humain, les soins de santé. C'est beau que l'infirmière ait toutes les capacités pour installer ou poser une sonde à quelqu'un, mais encore faut-il qu'elle  soit assez à l'aise pour lui expliquer ce que ça fait, combien de temps ils vont laisser ça là, puis pourquoi, puis etc. C'est ça, le travail d'une infirmière, puis, en plus, il faut qu'elle soit capable d'obtenir le respect de ses collègues de travail aussi. Donc, il faut mettre toutes les chances de son côté pour que, lorsqu'elle arrive au troisième plancher du CHUM, là, qu'elle soit acceptée et qu'elle soit tout à fait à l'aise d'oeuvrer dans son milieu d'expertise.

Mme Crête (Mylène) : Comment vous vous y prendriez pour avoir un programme obligatoire, là, puis vous assurer que tous les membres de la famille le suivent?

Mme Samson : Bien, un, il faut, premièrement, mieux préparer les gens avant qu'ils arrivent. Il faut leur expliquer que le Québec, ce n'est pas nécessairement comme leur pays. Et d'ailleurs, dans notre formation en francisation, on veut qu'ils apprennent aussi comment fonctionnent nos organisations, nos lois. C'est important, ça fait partie du processus d'apprentissage.

Donc, je pense qu'en amont il y a un travail important à faire avant qu'ils arrivent. Et, vous savez, lorsque les néo-Québécois arrivent ici, ils signent déjà — moi, j'ai le formulaire de 2015, là — une déclaration sur les valeurs communes de la société québécoise, qu'ils signent ainsi que leurs conjoints, et qui déclare «vouloir vivre au Québec dans le cadre et le respect de ses valeurs communes et vouloir apprendre le français, si je ne le parle pas déjà.»

Donc là, on parle d'un... Naturellement, on ne parle pas des néo-Québécois qui maîtrisent le français parfaitement et dont l'intégration va se faire... Il y en a des histoires qui sont correctes, là, mais il y en a où on peut faire mieux.

Mme Crête (Mylène) : Mais donc, vous avez parlé de carotte, là, d'incitatif, d'augmenter l'allocation. Est-ce qu'il y a un bâton pour...

Mme Samson : Bien, ils vont être pris en charge dès leur arrivée. Ils auront été préparés en amont, donc ils sauront à quoi s'attendre et, dès qu'ils vont arriver, ils vont être pris en charge par le ministère, leurs inscriptions seront faites. Les groupes communautaires peuvent jouer un rôle très important si on leur donne les ressources. C'est souvent les groupes communautaires qui leur apprennent comment aller faire l'épicerie, comment aller se procurer une carte bancaire. Le gouvernement s'occupe de leur donner leur carte d'assurance maladie et tout ça. Mais leur inscription serait faite dans les milieux de francisation près de chez eux. Il faut qu'ils soient pris en charge et il faut le faire le plus rapidement possible à leur arrivée, pas les laisser pendant quatre mois ou six mois.

Puis là on va s'entendre, là, les immigrants, là, il y a des cas distincts, là. Il y a une distinction entre quelqu'un qui choisit de venir au Québec parce qu'il a des amis ou de la famille ou qu'il est déjà venu puis qu'il veut vivre ici et quelqu'un qui est un réfugié, qui songe particulièrement à mettre un toit au-dessus des têtes de sa famille puis de manger, là. Donc, il ne faut pas les prendre de la même place puis nécessairement leur donner un parcours identique parce qu'il y a trop de cas de figure.

Mme Crête (Mylène) : Les femmes que vous dites, là, qui souvent vont...

Mme Samson : Bien, j'ai une préoccupation, puis je l'ai vue, puis ça m'a secouée un peu à quel point souvent les femmes étaient isolées du processus d'intégration au Québec, comme si ce n'était pas important. Elle, elle peut rester à la maison puis elle va... Mais moi, je me dis : Aïe! C'est la couper, cette femme-là, là, puis c'est la couper de la vie de ses enfants, là. Ces enfants vont aller à l'école en français. Quand les enfants vont arriver à 13 ans puis ils vont jaser dans le salon avec leurs petits amis francophones des mauvais coups qu'ils vont faire en fin de semaine, là, elle, elle est déconnectée, là. Elle ne comprend pas, là, elle ne peut pas suivre. Elle ne pourra jamais accompagner son enfant dans son processus scolaire.

Mme Crête (Mylène) : Qu'est-ce que vous feriez pour vous assurer qu'elle puisse suivre les cours de français puis que...

Mme Samson : On va s'assurer qu'il y ait des places en garderie pour elle, les allocations vont être disponibles aux femmes au même titre qu'au pourvoyeur de la maisonnée, donc qu'à son mari, et on va s'assurer qu'elle aura les mêmes chances que tout le monde de s'intégrer puis de vivre pleinement sa vie au Québec.

La Modératrice : Êtes-vous prête pour des questions en anglais?

Mme Samson : Of course.

La Modératrice : OK. Ryan Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : I'm just going to follow-up on that, because you said that some women are found isolated, because they're not involved in the integration process, and so you said that you would provide daycare allocation and that kind of thing. But how still does that guarantee that that woman gets to the French course? Because, if you're saying they are already isolated, how can you guarantee that that will happen?

Mme Samson : Well, as I said, for every new Quebecker, there will be somebody, a team assigned to following their evolution. And, if there is a problem in acquiring the French language, there is no need to wait three years before we intervene and say : Well, this method is not working for them, what should we do, and so on, and so forth? And there is no reason, if it's well done, if it's user friendly, that somebody would reject the idea of integrating the country they've picked to live in at the end of the day.

M. Hicks (Ryan) : In here, you talk about an increasing use of English among Allophones when they're going to public service… to get public services. So, if the requirement will be that they speak French from the moment they come in contact with those services and they don't speak French, will you provide interpreters in their mother tongue which may be Arabic, or Chinese, or another language?

Mme Samson : That is the case right now, and I don't see why it should not continue. But, by definition, the Government should address its citizen in French unless they request it in writing to the Minister because they are traditional Anglophone population of Québec, which we have no intention of changing that at all.

M. Hicks (Ryan) : In the name of the Ministry, it says Ministry of Francisation… Immigration and Francisation. So, right now, the name of the Ministry is Immigration, Diversity and Inclusion. Why don't you keep the words «Diversity and Inclusion» in the name of that ministry?

Mme Samson : Just for practical reasons. First, it's important for me that we send out a signal that francisation is a key priority for us, so it puts an emphasis on that aspect of immigration and it's important. And, if you speak the language of Québec, which is French, your integration and your… will come naturally. So, just for simple reasons, I didn't want to have a title that long and printed business cards that are is this big, but it's also to underline the priority for francisation.

M. Hicks (Ryan) : Do you worry that maybe, in underlining that which is completely legitimate, maybe some people are going to say, well, they don't value the values of diversity and inclusion as much by removing that from the name.

Mme Samson : I don't think so, but, first of all, by welcoming strangers, people from other countries into Québec shows the fact that we agree with diversity. We know the population of Québec is getting older, we're not making that many babies. We do need immigration. We know we'll have a workforce demand in years to come that we should have to supply if we want to be successful as an economy. So we welcome people from other countries in our regions. And so, just that by definition is a sign of an open society which we are, which we are, and so I don't think it's…

It's like if you call the… if you're talking about the Ministry of Culture, you're not going to say the Ministry of Culture, the like of culture, the diversity of culture. If you have a cultural policy, you have a cultural policy, and it applies to everybody. So I don't think that we need, in the name of the ministry, to define that we are open. We have proved that we are an open society. My concern is that we could do better, we could have better results, and the fact that we recommended to lower the level of newcomers is… In my book, I would prefer a success at 40,000 immigrants a year than a failure at 50,000. And right now we're not showing success signs, we're showing it's time we stop, adjust the machine and make sure we meet our responsibility. Those people that we welcome here, they have a right to expect that we do are best so that their decision is successful for their family.

But I understand that there will always be special issues and special cases. One day during the summer, I went with one group who had… they were six or seven, they decided to go and visit Montréal because my riding is in Iberville, so you don't go to Montréal every week. So they had decided to go visit Place des Arts and take a walk into Chinatown and then into the Gay Village, right? And so we did that, we went to Place des Arts, we went to Chinatown, and they asked me : Can they leave the doors on Saint-Laurent street, the Chinese people, or are they confined to living between the two doors on Saint-Laurent street? For them, it was… they had no idea, they thought they were like prisoners of Chinatown, you know. I said : Well, no, of course not. And then we walked through the Gay Village, and, for some of them, to see two men or two women holding hands was like impossible in their country. It's a death penalty sometimes.

So, they have to get used to those, and it's a clash of values, we have to understand that, but we have to make sure that we give them the tools to adjust to that, and, you know, some Quebeckers don't agree with same sex marriage and maybe some newcomers will not, but, at the end of the day, these are the choices that our society made, but we have to explain those things.

La Modératrice : Raquel Fletcher de Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. How can you make this program mandatory for newcomers on only $200 a week, which is less than minimum wage? Shouldn't they, at least, be getting paid minimum wage if they're taking classes full time?

Mme Samson : Well, they have other revenues with Government that could be added to that, it's not their only income. Some of them work part time. Actually, what they want to do, usually, is find a job, because they're proud people, they're skilled people, and their main goal is to supply for their family.

So, they want to work, sometimes they work part time, but every case is different, and we should not… but 120 $, some have 30 $ a week, it depends how they schedule their schooling. But we say 200 $ a week plus whatever allocation they have from Government when they arrive should be OK. At least, we're not… the idea is not to import misery and keep people in misery. And, as I said before, the francisation process could last from anything from 30 weeks to 72 weeks, depending on their skills and their capacity. But the allocation will be there from 30 to 72 weeks and, if, after 30 weeks, somebody can find a job and continue his francisation part time, the allocation will be adjusted to the part time side of the francisation. We're not just going to quit on them before we feel that they can pass the certification for French and, if we're going to welcome people in Québec, we have to do it right.

Mme Fletcher (Raquel) : Do you have any idea how much this plan will cost?

Mme Samson : This whole plan? If we take a 40,000 immigrants target every year, we would have to add about $175 million to the machine.

Mme Fletcher (Raquel) : So $175 millions on top of what we're already spending?

Mme Samson : On top of what is there.

Mme Fletcher (Raquel) : This seems a bit complicated. Is there any way that the QuébecGovernment can negotiate with the Government of Canada to say : Can you guys give us more immigrants who are French-speaking or have a general knowledge of French?

Mme Samson : Well, there is already an agreement between Québec and Ottawa for the selection of immigrants. Québec tends to, of course, favor French-speaking immigrants, but sometime, you know, one officer could evaluate somebody's French in one way and somebody else would evaluate in another way. There needs to be an evaluation that is realistic at the beginning. And sometimes, you know, I don't think… if somebody can say allo, bonsoir, bonne nuit, à demain, to me, that's not speaking French.

So there has to be an evaluation that's realistic of the person's capacity to work in French, to socialize in French, but I haven't seen… there is no real resistance. Who would even imagine establishing themselves in Brazil or in Portugal, if you don't speak Portuguese? You wouldn't even think of it.

Mme Plante (Caroline) : I have a few questions. Do you think that mandatory French classes would make immigrating to Québec less appealing for someone who is abroad, who is trying to choose a destination? Would that person choose Québec given that extra constraint or would they… they might prefer Toronto, or Edmonton, or Vancouver?

Mme Samson : Well, they might prefer Toronto, that's all the freedom that one person gets, but, at least, you know that, if you pick Québec or if you ask to move to Québec, it's our responsibility to tell them : Well, in Québec, we speak French, we socialize in French, and we deal in French, and we have to speak French.

Mme Plante (Caroline) : So would Québec become less attractive, less appealing to immigrants? Would Québec lose immigrants?

Mme Samson : No, I don't think so.

Mme Plante (Caroline) : You say in your report that funds for the integration of immigrants and francisation have consistently been decreased or cut, but the Minister says that there has actually been a 25% increase in spending on integrating immigrants since 2008. How come those figures are so different? They say they're investing.

Mme Samson : Well, first of all, there are many ministries that are implied in the francisation process. That's why one of my recommendations is to centralize it at one place so we can track the money. And we get transfers from Ottawa every year for immigration. How much of that is dealt, is going to the ministry of Immigration and how much of that has gone to the consolidated fund? It's very hard to keep track of the money, because there is some money at Education, some at Immigration, some at Culture. So it's…

Mme Plante (Caroline) : How do you know that funds are decreasing when the Minister says they're increasing?

Mme Samson : Well, because we took the different funds from the different ministries over the years. It may have increased in one place. You know, you can add $10 million in one place, but, if you decrease 15 in the three other places, you're still short $5 million.

Mme Plante (Caroline) : Is it possible to measure or calculate the impact of extra francisation on our economy? Would that result in an increased productivity? Can we calculate that?

Mme Samson : I haven't tried. No, I have not tried, the principle being that I started with the fact that I believe, if our generation of politicians do not ensure perennity of the French language in Québec, in 15 years it will be too late.

Mme Plante (Caroline) : And, on page 1 of your report, you said that one of your missions was to break the silence. Why do you say that?

Mme Samson : Well, I think that, you know, culture and language is not a subject that is addressed very often at the National Assembly, although it's a very important subject. And of course the community groups that I've met have already seen their financing reduced dramatically in the last years. They're not going to complain because they're going to lose the little whatever left they have, which is not enough to do the job.

So they're being very cautious, but, if you go and see what happens, you know. You know that some of those French classes are given in buildings that are not suited for a learning process. They have no equipment, they have no computers. They make miracles. They bring their own dictionaries to class. And so we have to break the silence and we have to realize that, if we are going to welcome, we suggest, 40,000 new immigrants every year, we have to take our responsibilities. Maybe eventually we'll go back to 50,000, or 60,000, or whatever, but once we are insured that we can do the job. But right now we're not doing the best job that could be done.

Mme Plante (Caroline) : You say it's very hard for them to complain about it, these groups?

Mme Samson : Well, the community organizations, they don't want to talk because… I'll give you an example. Two weeks ago, one community group had eight immigrants who wanted to take French classes. Near my riding, there's the military college of Saint-Jean, alright? 18 students from the military college asked to sign up for French lessons, so the organization was so happy, they said : We have a group of 26, we'll start a new group of francization. They asked, they called whatever office they have to call, and the answers they received was : Well, the people from the army are not eligible, let the federal Government do what it has to do.

And so now your group is only eight, eight is not enough, we need at least 17, so you're not going to have any budgets for francization. But we dropped eight citizens that… we said to them : No, no matter what you would like, how much you would like to learn French, we have no money. And we told 18 students from the military college no, although the military from the college, they live in Saint-Jean, they interact with people from Saint-Jean d'Iberville, and I think I'm probably the person who speaks the best English in Saint-Jean d'Iberville. So it's sad because it's like turning down opportunities to value the French language in Québec.

Mme Plante (Caroline) : I have one last question. Did you have access to all the Government's documents that you wanted for this report and all the groups that you wanted to interview for this report?

Mme Samson : We got all, pretty much, yes. Well, we met everybody we felt we should meet. That was just a matter of… that's why it took the spring and the summer. As far as the documents are concerned, we asked a few, but we worked with whatever was available. You just have to really sit down and try to understand how it works. And, no, we got a good collaboration, no…

Mme Plante (Caroline) : You got no major obstacles?

Mme Samson : No, no major obstacles. Thank you.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 14 h 12)

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