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Point de presse de M. Éric Laporte, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'enseignement supérieur

Version finale

Le mercredi 4 juin 2008, 12 h 43

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-trois minutes)

M. Laporte: Oui, bonjour. Comme on le sait, aujourd'hui, c'est une surprise pour nous de voir que le Vérificateur général met le blâme sur, entre autres, le ministère de l'Éducation. Donc, tout ce qu'on nous avait dit précédemment, de la part du ministère, c'est que, non, ils ne voulaient pas avouer leur responsabilité dans le rôle du fiasco de l'UQAM. Donc, aujourd'hui, le Vérificateur général nous dit exactement le contraire. En période de questions, je me suis basé, entre autres, sur deux paragraphes qui sont extrêmement clairs dans l'implication du ministère de l'Éducation dans le dossier, entre autres le paragraphe 308, où est-ce qu'on parle de notes internes, des notes qui datent du 13 mai et du 22 juin 2005. On sait que le ministère de l'Éducation nous disait ne pas avoir eu l'information avant le mois d'octobre 2006 environ. Donc, ici, clairement, on peut déterminer que, oui, le ministère avait l'information en main en 2005, juin 2005, c'est assez clair. Comme j'ai cité tantôt en période de questions, à un endroit on peut lire: «On peut donc en conclure que l'UQAM se place en situation de risque très élevé par rapport au marché privé et paie possiblement trop cher pour les actifs qu'elle veut acquérir.» Ça, c'est le genre de citations qu'on peut lire dans les notes que le Vérificateur général... sur lesquelles il a mis la main.
On a vu, en période de questions, la ministre essayer de se déprendre de toutes les façons possibles en disant que ces notes-là n'étaient pas des notes réelles mais que c'étaient des ouï-dire, des rumeurs, ce qui est complètement absurde parce qu'on sait très bien que le Vérificateur général ne se fie pas sur des rumeurs pour faire un rapport qui blâme en plus un ministère.
Donc, je crois que c'est assez clair aussi, entre autres, avec le paragraphe 210, que j'ai cité également en Chambre, où est-ce qu'on dit clairement que, si le ministère avait fait un travail plus rigoureux, bien on aurait pu éviter tout ce fiasco-là. Le Vérificateur général l'a dit tantôt, le ministère aurait pu servir de pare-feu. Donc, on aurait pu vraiment éviter tout ce fiasco-là si le ministère avait pris ses responsabilités. C'est tellement clair, c'est tellement net que je ne comprends pas que la ministre s'obstine encore à nier sa responsabilité. Elle nie la responsabilité de son ministère dans cet événement-là. Donc, je pense, c'est important que, premièrement, la ministre sorte de cette attitude-là, de nier la responsabilité, parce que, si on veut que les choses bougent, si on veut que les choses avancent, il va falloir que la ministre commence par admettre qu'elle a une responsabilité importante. Elle a dit, pendant ma deuxième question... ce qu'elle a répondu, entre autres... elle a recommencé à faire comme elle a déjà fait avec son attitude, son ancienne attitude, là, dans le temps.Ce qu'elle disait, c'est que c'est la faute au recteur, c'est la faute aux gens de l'UQAM. Elle remettait le blâme, là, sur tous les intervenants, sauf sur elle-même. Par contre, elle est responsable. C'est clair. Puis ce n'est pas la première. Selon le Vérificateur général, il y a quand même une hiérarchie dans la part de responsabilité des différents intervenants impliqués. Mais par contre, comme je le disais, qu'elle soit en tête de liste ou qu'elle soit la troisième responsable, il n'en demeure pas moins qu'elle est responsable.
Donc, c'est clair et net, la ministre a une part de responsabilité dans tout ce dossier-là puis elle ne peut pas continuer de refuser de l'admettre. Il va falloir qu'elle finisse par passer aux aveux.
Est-ce qu'il y a des questions?

M. Chartrand (Yves): Donc, vous dites que M. Fournier, qui était ministre de l'Éducation dans le temps, a été incompétent dans ce dossier-là?

M. Laporte: Je dirais même... J'irais même à dire que ce n'est même pas moi qui le dis, c'est le Vérificateur général. Donc...

M. Chartrand (Yves): ...le dites-vous, vous aussi?

M. Laporte: Oui, il a fait preuve de laxisme. Absolument. Pourquoi qu'il a fait ça? Est-ce que c'est pour remettre ça à plus tard, après des élections possibles qu'on voyait venir, peut-être en 2006, mais effectivement le ministère... M. Fournier a lui aussi sa part de responsabilité, a lui aussi manqué dans sa responsabilité d'être transparent puis de prendre ses responsabilités pour faire face à la musique, autrement dit. Donc, je ne sais pas s'il pensait pouvoir faire ça longtemps, de mettre ça sur le dos de tous les différents intervenants, mais là il ne peut plus le faire. Là, ils sont obligés d'avouer qu'ils sont responsables. Donc, effectivement, il a ses torts.

M. Chartrand (Yves): Quelle est, selon vous... quelle ampleur il faut donner à ce dossier-là? Est-ce que c'est de l'ampleur, bon, des choses qui sont arrivées à la Caisse de dépôt ou est-ce que c'est... Quelle ampleur vous lui donnez?

M. Laporte: C'est une bonne question. C'est dur à quantifier. Mais c'est très important, parce que l'UQAM, on sait, on connaît la place de l'UQAM dans le réseau de l'éducation au Québec, on connaît les effets négatifs que ça pourrait avoir sur le réseau des universités du Québec et l'ensemble des universités. C'est la réputation au complet des établissements universitaires qui est touchée. Donc, c'est très important, d'où l'importance d'arrêter, là, de nier les faits puis de s'attaquer au problème, avec des faits véridiques, comme le VG les a établis aujourd'hui. Et c'est très important, effectivement.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Il y a trois gestionnaires qui sont principalement identifiés par le Vérificateur général. Ils ont quitté. Est-ce que selon vous ces départs-là suffisent ou s'il devrait y avoir d'autres gestes, des enquêtes policières par exemple?

M. Laporte: C'est une bonne question. Pour l'instant, je ne suis pas prêt à dire que ça prendrait une enquête policière. Peut-être plus tard. On verra. Je pense qu'il faut continuer à pousser la question, clarifier certains points.

Mme Brassard (Marie-Andrée): ...par exemple, qu'on ait caché des informations au conseil d'administration et qu'on ait même fourni des informations qu'on savait inexactes. Est-ce que selon vous il y a là un geste assez grave pour aller plus loin au niveau criminel?

M. Laporte: Ça, je vais pousser la question parce que le Vérificateur général n'a pas voulu, comme vous le savez, aller aussi loin. Donc, je vais commencer par éclaircir certains points. Mais effectivement c'est une option qu'on pourrait envisager, parce que, si, dans nos rencontres et dans nos prochaines démarches, on se rend compte qu'effectivement il faut aller là, on va y aller. On va mettre tous les moyens à notre disposition pour aller au fond des choses. S'il y a d'autres coupables, on va les trouver. Donc, effectivement, c'est une option qui pourrait être intéressante.

M. Dougherty (Kevin): L'ADQ prône l'autonomie, n'est-ce pas? Là, vous avez un cas où les universités sont autonomes, mais là vous voyez la responsabilité au moins du ministère. Est-ce que vous croyez que, dans ce cas, peut-être il serait mieux de ne pas être plus autonomes?

M. Laporte: L'autonomie des universités, d'après moi, il ne faut pas toucher à ça. Il faut laisser les universités le plus autonomes possible. On sait très bien que ce qui est arrivé à l'UQAM, ça aurait pu être évité avec les lois qu'on a présentement en place. Le ministère avait tout ce qu'il fallait pour intervenir et ne l'a pas fait. Donc, est-ce qu'il faut retirer l'autonomie des autres universités pour un fiasco qui s'est passé à l'UQAM? Je pense que non. Je pense que c'est juste que chacun des intervenants aurait dû faire son travail comme il aurait dû, entre autres le ministère de l'Éducation.

M. Bovet (Sébastien): ...possible que les universités sont autonomes, elles ont droit de faire ce qu'elles veulent, non? Pourquoi le ministère devrait intervenir à ce moment-là?

M. Laporte: Le ministère doit être un accompagnateur. Le Vérificateur général l'a dit très bien. Dans certains cas, le ministère pourrait accompagner l'université dans ses démarches en immobilisations, entre autres, pour ses emprunts. Vous savez, entre autres...

M. Bovet (Sébastien): C'est sur l'autonomie.

M. Laporte: Ça fait partie de l'autonomie d'être un accompagnateur. Le ministère va être un accompagnateur. Il n'aura pas d'ingérence. Il va l'aider. Si c'est un outil, il n'y a pas de problème. Les universités n'auront pas une autonomie qui va être brimée par ça.

M. Chartrand (Yves): Mais quand même, M. Laporte, à ma connaissance, le conseil d'administration qui était là au moment de ces boulettes-là, il n'y avait aucun représentant du gouvernement sur le conseil d'administration, enfin une douzaine, je pense. Ce n'est pas quelque chose quand même qu'au moins le gouvernement ait un représentant sur le conseil d'administration. Il me semble que ça ne remet pas en question l'autonomie, ça, non?

M. Laporte: On peut pousser la question, plus loin, de la gouvernance des universités, comme le Vérificateur remettait en question certaines choses, dont les membres du conseil d'administration qui ne sont pas nécessairement des gens qui ont les connaissances, c'est des gens qui sont sur le terrain. Donc, le Vérificateur général remettait en causes certaines choses...

M. Chartrand (Yves): Mais, vous, là, est-ce que vous croyez le gouvernement du Québec devrait avoir un représentant sur le conseil d'administration de l'université pour savoir ce qui se passe au moins, non?

M. Laporte: C'est une bonne question. Mais ça ne réglerait pas le problème, parce que tout était déjà en place pour prévenir le problème. Vous savez, il y avait un comité de vérification qui ne s'était même pas réuni. Le C.A. avait demandé au comité de vérification de prendre la question, en main, de l'îlot Voyageur, le comité ne s'est même pas réuni une seule fois. Donc, ce n'est pas de mettre un représentant du gouvernement sur le C.A. qui va changer les choses, c'est d'appliquer correctement ce qui existe déjà. Donc, c'est clair du Vérificateur, qu'il y a eu un manque à plusieurs endroits, mais tout était en place déjà pour éviter ça. Donc, de changer, de mettre un responsable, un représentant du gouvernement en place, est-ce que ça aurait changé, oui ou non? Je suis loin d'être convaincu.

M. Bovet (Sébastien): Est-ce que les correctifs apportés par le gouvernement sont suffisants, ce qui a été fait, le projet de règlement, là, qui est dans la Gazette, entre autres, là?

M. Laporte: Je ne suis pas convaincu que ça va être quelque chose. Il va falloir que je pousse un peu plus loin. Mais, le problème, je pense que ce n'est pas dans une modification de la loi, ce n'est pas en adoptant un nouveau règlement, en modifiant un nouveau règlement, c'est de faire son travail comme il le faut, puis ce ministère ne l'a pas fait. Donc, le problème qu'on a là, en face de nous, ce n'est pas parce qu'il nous manquait une loi ou peu importe, c'est parce qu'ils n'ont pas fait leur travail comme il faut. Puis, si on part de là, si, à partir de maintenant, ils commencent à travailler comme il se doit, il ne devrait plus y avoir de problème comme ça. Donc, c'est vraiment une question de responsabilité de chacun des intervenants. Du moment où est-ce que chacun des intervenants va reconnaître sa part de responsabilité, ça va mieux travailler par la suite. Donc, je pense que la balle est dans le camp de la ministre. Il va falloir qu'elle commence, premièrement, par reconnaître ses responsabilités, son implication dans le dossier avant de commencer à vouloir changer les lois.

M. Deschênes (Alexis): Qu'est-ce qu'elle fait exactement, la ministre de l'Éducation? Il y avait des signaux, mais, si vous dites: Il faut aussi respecter l'autonomie des universités, le recteur avait l'air de fonctionner et faire pas mal à sa tête.

M. Laporte: Oui, mais, quand le ministère a vu, a très bien vu que l'UQAM s'en allait dans un mur, il n'a rien fait, il n'a pas demandé de ralentir, il n'a pas demandé de changer de direction, il n'a pas demandé de revenir sur sa décision. C'est effectivement l'autonomie du recteur, il faisait à sa tête. Par contre, s'il n'y a personne qui a commencé à l'avertir, lui, à le conseiller, à l'accompagner, c'est là le manquement du ministère dans ce dossier-là. Donc, effectivement, le recteur, je pense que le Vérificateur général est clair, là, il a une grande part de la responsabilité, c'est même lui le premier responsable, mais les autres qui ne l'ont pas empêché de foncer dans le mur sont aussi responsables. Merci.

(Fin à 12 h 54)

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