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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle

Version finale

Le vendredi 13 janvier 2017, 15 h 30

Hall du 1er étage, hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt-trois minutes)

M. Lisée : Bien, écoutez, aujourd'hui, c'est une belle journée, à chaque fois qu'on reçoit des nouveaux députés. Et, pour moi, c'est une première fois. C'est la première fois que, comme chef de parti, j'ai le plaisir de recevoir deux nouveaux députés que je pense avoir légèrement aidé à faire élire. En tout cas, je pense que je n'ai pas beaucoup nui. Je ne sais pas, vous me le direz, en quoi… Peut-être qu'ils ne me le diront pas, là, mais on a beaucoup travaillé en équipe, l'ensemble du caucus, l'ensemble des militants, des attachés politiques et des agents de liaison, qui sont aussi des militants du Parti québécois, hein, qui ont donné du temps, de l'énergie pour faire en sorte que les citoyens de Saint-Jérôme et de Marie-Victorin puissent choisir, avec des majorités très confortables, deux nouveaux membres de l'aile parlementaire du Parti québécois.

Catherine Fournier, plus jeune députée de l'histoire de l'Assemblée nationale, plus jeune députée femme. Nous avons aussi, dans notre histoire, le plus jeune député homme, c'était Léo Bureau-Blouin, et, avant ça, le plus jeune qui était Claude Charron. Donc, nous sommes le parti qui fait repousser les frontières, le parti inclusif. Et, avec Catherine, lorsqu'on a discuté de ses intérêts, elle qui est économiste de formation, qui était très présente dans la communauté à Marie-Victorin, qu'est-ce qui serait le plus porteur... et moi, j'ai toujours cru que la cause des consommateurs est une cause pour laquelle il faut se battre tous les jours. Et c'est le Parti québécois qui a adopté la Loi de protection du consommateur, et nous la défendions encore contre le gouvernement Trudeau il y a quelques semaines, avec succès, et je dis : Catherine, je veux que tu portes la voix des consommateurs tous les jours à l'Assemblée nationale et du dossier de l'habitation qui est critique pour énormément de Québécois.

Marc, les relations de travail... et je vois que ton attaché politique est l'ancien directeur général de la chambre de commerce. Bon, alors, c'est quelqu'un qui s'y connaît en relations de travail. Nous avons, et tu lui diras, et il le sait puisqu'il est du Parti québécois, un préjugé favorable envers les travailleurs, mais nous avons aussi un préjugé favorable envers les PME. Donc, c'est l'équilibre. Donc, tu devras représenter cet équilibre, mais aussi tu te souviens que le gouvernement Marois avait proposé un plan d'un demi-milliard de dollars pour propulser l'électrification des transports au Québec qui a été réduite considérablement par le Parti libéral. Nous voulons préparer avec toi le plan du Parti québécois pour l'électrification des transports à partir d'octobre 2018. Saint-Jérôme est un lieu où ça se fait énormément.

Maintenant, j'ai l'impression que certains d'entre vous voudraient me parler du salaire des attachés politiques et des agents de liaison. Si ce n'est pas le cas, corrigez-moi, on va passer à autre chose, mais je vous vois opiner de la tête.

Écoutez, moi, j'adore le cinéma. Et aujourd'hui, je pensais que j'étais dans Casablanca, le grand classique américain où il y a une scène célèbre où quelqu'un dit : Je suis choqué, scandalisé de voir que des gens jouent au poker dans ce café, alors que lui-même est un joueur de poker régulier dans ce café. Eh bien, aujourd'hui, on était dans Casablanca. Alors, on a vu la CAQ découvrir que des attachés politiques et des agents de liaison étaient payés par l'Assemblée nationale et faisaient de la politique et de la liaison. Et d'ailleurs j'ai vu un extrait du point de presse de la CAQ. C'était assez amusant quand un des deux porte-parole, dont le nom m'échappe, ne savait même pas que c'était dans le règlement de l'Assemblée nationale qu'il y avait des agents de liaison payés par l'Assemblée. Je pense que vous lui avez appris ça. Bon, bien, très bien, merci d'informer le public, y compris des députés de la CAQ, qui sont membres du public. Et là ce qui a été encore plus drôle, c'est quand le représentant du Parti libéral a fait semblant de découvrir qu'il y a des militants de parti qui sont embauchés dans des cabinets de whip, de ministre et qui font de l'activité politique. C'était du grand théâtre. C'est du grand théâtre.

Alors, écoutez, c'est clair, dans leur grande sagesse, tous les partis représentés à l'Assemblée nationale ont voté un règlement dans lequel il est écrit que l'Assemblée nationale paie pour des attachés politiques, pas des attachés législatifs, pas des attachés parlementaires, des attachés politiques et des agents de liaison qui font la liaison avec des gens qui n'habitent pas dans l'Assemblée nationale, des gens qui habitent à l'extérieur, parfois très loin et donc qui ont pour rôle d'aller à la rencontre des électeurs, y compris dans des régions où nous n'avons pas de député. Alors, moi, si on m'avait appris... si Carole avait eu le culot de me dire que les agents de liaison étaient en permanence dans son bureau, ça se serait très mal passé, parce que leur job, c'est d'être sur le terrain.

Et là je vais vous dire une autre chose. Là, il y a des gens... J'ai entendu Éric Caire dire : Bon, bien, c'est vrai que le lundi matin, des fois, en tant que député, je fais des appels partisans. Ça ne me scandalise pas. Moi, je suis payé par l'Assemblée nationale, et je vais vous faire un aveu, et j'espère que le Commissaire à l'éthique écoute : il m'arrive, dans mon bureau de l'Assemblée nationale, de prendre le téléphone et de parler de questions qui concernent le Parti québécois. C'est comme ça que ça fonctionne.

Alors, nous, on a constamment des conversations avec le secrétariat non partisan de l'Assemblée nationale pour vérifier : On peut-u faire ci? On peut-u faire ça? On peut-u dire ça? Puis ils nous le disent, parce qu'effectivement, comme vous l'avez noté dans la conférence de presse, il y a des zones grises. Alors, quand c'est gris, on appelle. C'est-u gris pâle? C'est-u gris foncé? Ils nous le disent, et on se conforme toujours à ce que dit l'Assemblée. Et puis il y a une chose qui est claire : jamais de financement sur les heures de bureau avec du matériel de l'Assemblée nationale. Ça, c'est une règle qui est extraordinairement claire. Ce matin, j'ai entendu le contraire de la CAQ. Bon.

Alors, on se conforme aux règles. Si des gens veulent faire des enquêtes... puis on a vu, ils ont demandé une enquête ce matin puis il y a déjà, au sujet de la CAQ, des éléments nouveaux qui ont été diffusés sur les radios cet après-midi. Puis je vous prédis, là, que d'ici deux semaines vous allez en trouver plein sur la CAQ, sur les libéraux, sur le PQ. Ce sont des attachés politiques. Mon collègue de la CAQ disait ce matin : Tous nos attachés sont des militants de la CAQ. Bien, très bien, mais j'espère que les attachés politiques de la CAQ sont militants de la CAQ. Bon, pour l'instant, peut-être que... bon, en tout cas, pour l'instant, ce sont des militants de la CAQ.

Bon, bien oui, et donc ce sont des gens qui font du travail de soutien aux députés, du travail de soutien au parti, à l'aile parlementaire dans des régions où il n'y a pas de député et qui sont aussi des militants, donc qui font de l'action politique. Puis s'il y a quelqu'un qui essaie de vous faire croire qu'il y a un «punch clock» dans un bureau de la CAQ ou du Parti libéral, où là il punche, puis il a travaillé cinq minutes dans les cas de comté, puis là il punche parce que, là, il travaille cinq minutes pour organiser la tournée du député, ou il va rencontrer la chambre de commerce, mais juste après il va rencontrer des militants de Gaspésie, puis qu'il a une feuille de temps comme un avocat, ne le croyez pas, ça n'existe pas et, à mon avis, ça ne peut pas exister.

Alors, je suis très heureux de répondre à vos questions.

Le Modérateur : Merci beaucoup, M. Lisée. On va y aller d'abord en français, pour les journalistes de la Tribune de la presse. Merci de vous réserver à une question et une sous-question. On va y aller par le micro de droite. M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Alain Laforest, TVA. Bonjour à vous tous. M. Lisée, on comprend que vous rejetez du revers de la main les allégations des autres partis de détournement de fonds.

M. Lisée : Nous sommes à la veille d'un conseil national. À la veille d'un conseil national, c'est la règle d'envoyer une tuile dans le camp du parti qui a un conseil national. Ça fait partie de la chorégraphie. J'aurais été déçu s'il n'y en avait pas eu et je m'attends à ce qu'il y en ait une demain matin. Malheureusement, la tuile qu'on a tenté de nous envoyer, elle est en forme de boomerang, puis je pense qu'elle va faire mal. Alors, ils veulent des enquêtes? On est prêts à participer à toutes les enquêtes, dans la mesure où elles s'appliquent à la CAQ, à QS et au Parti libéral.

Pourquoi pensez-vous qu'il y a moins d'attachés politiques au Parti libéral à l'Assemblée nationale que pour le Parti québécois? C'est parce qu'ils sont au pouvoir. Les attachés politiques sont dans les cabinets de ministre. Les agents de liaison sont dans les cabinets de ministre. Ils sont payés par le Conseil exécutif. Est-ce un détournement de fonds? Non, c'est la pratique légale admise de la politique au Québec.

M. Laforest (Alain) : Je comprends que vous allez participer à l'enquête que les autres partis ont... ou du bureau de l'Assemblée nationale.

M. Lisée : Bien sûr. Bien sûr, et les autres aussi.

Le Modérateur : Merci. On y va au micro de gauche. M. Bovet, Radio-Canada.

M. Bovet (Sébastien) : M. Lisée, bonjour. Mme Fournier, M. Bourcier, bienvenue à l'Assemblée nationale. Mme Poirier, bonne année.

M. Lisée : C'est le plus poli des journalistes à l'Assemblée, je tiens à vous le dire.

M. Bovet (Sébastien) : Je veux faire plaisir à ma mère. Merci.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Bovet (Sébastien) : M. Lisée, je vous soumets respectueusement que, dans une situation un peu identique, Gilles Duceppe et Thomas Mulcair ont tenu sensiblement le même discours que vous en se défendant d'avoir mal utilisé l'argent de la Chambre des communes à l'époque et que le Bureau de la régie interne les a un peu écorchés par la suite. Cette parenthèse étant faite...

M. Lisée : Non. Rappelez-moi exactement quelle était la décision du bureau au sujet de M. Duceppe.

M. Bovet (Sébastien) : M. Duceppe, c'était d'avoir payé à même les fonds de la Chambre des communes...

M. Lisée : Non, mais la décision, la décision du bureau.

M. Bovet (Sébastien) : La décision du bureau, c'était de ne pas porter de blâme, mais de dire que l'utilisation avait été inappropriée, et que les règles étaient floues...

M. Lisée : ...et de changer les règles pour la suite.

M. Bovet (Sébastien) : C'est ça, exactement.

M. Lisée : C'est une excellente question parce que...

M. Bovet (Sébastien) : Je n'ai pas posé de question encore.

M. Lisée : Ah! mais elle était bonne jusque-là. J'espère que la suite va être encore meilleure.

M. Bovet (Sébastien) : Une question et une sous-question, je vais essayer de poser ma question. Est-ce qu'un employé de l'aile parlementaire du Parti québécois qui travaille à même la permanence du Parti québécois, respecte la règle d'agent de liaison ou la réglementation d'embauche et de rémunération du personnel politique rémunéré par les fonds de l'Assemblée nationale?

M. Lisée : Absolument. Il faut qu'il travaille quelque part, O.K.? Nous, par exemple, nous n'avons pas de député à Laval en ce moment. Nous travaillons très fort à rectifier cette situation. Alors, notre agent de liaison pour Laval, il a le choix de travailler dans son sous-sol, ou dans le bureau du député de Rosemont, ou à la Place Ville-Marie, où on a les bureaux du chef de l'opposition, ou à la permanence. On dit : Viens donc à la permanence, on ne te chargera pas de loyer.

Alors, oui, l'important, c'est son travail. Son port d'attache, c'est l'Assemblée nationale, donc techniquement, c'est un bureau ou son extension, mais rien ne lui interdit de travailler chez lui, du Tim Hortons ou à la permanence du Parti québécois.

M. Bovet (Sébastien) : Alors, je vous soumets respectueusement que l'article 4 de cette réglementation dit que «la nomination d'un membre du personnel d'un [cabinet] doit être faite par écrit et mentionner son port d'attache — son port d'attache — soit l'un des édifices occupés [ou loués] par l'Assemblée nationale, soit le bureau de la circonscription électorale du député». Il n'est pas ici, je m'excuse, question de la permanence d'un parti politique.

M. Lisée : Bien, ce n'est pas question du Tim Hortons non plus ni de son sous-sol. Alors, son port d'attache, c'est l'Assemblée nationale, c'est le bureau de la whip.

M. Bovet (Sébastien) : Qu'est-ce que vous entendez par port d'attache?

M. Lisée : Bien, c'est-à-dire que, si... bien, on va aller au sens littéral du terme «port». Si, moi, je possédais une flotte de vaisseaux dont le port d'attache est le port de Montréal, je voudrais les voir le moins possible à leur port d'attache.

M. Bovet (Sébastien) : Mais il faudrait qu'ils y reviennent de temps en temps, quand même. 

M. Lisée : Je voudrais qu'ils y reviennent de temps en temps. C'est pourquoi ils sont tous liés à la whip, et je veux les voir à leur port d'attache le moins souvent possible.

Le Modérateur : Merci, M. Bovet. M. Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert) : Oui. Bonjour, mesdames, messieurs. À la veille de ce conseil national, votre premier, M. Lisée, j'aimerais revenir sur le thème des nouvelles chicanes.

M. Lisée : Vous l'avez aimée, celle-là.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, oui. Je l'ai trouvée savoureuse parce que, bon, votre proposition sur la langue a été… Disons, les réactions préliminaires ont été mal reçues par certains souverainistes, indépendantistes…

M. Lisée : Et bien par d'autres.

M. Dutrisac (Robert) : Pardon?

M. Lisée : Et bien par d'autres.

M. Dutrisac (Robert) : Et probablement bien par d'autres.

M. Lisée : Non, mais je vous dis, je les ai écoutés hier… Bien, je vous invite à écouter…

M. Dutrisac (Robert) : Mais ceux que j'ai entendus jusqu'ici, comme Mario Beaulieu et Jacques…

M. Lisée : Je vous invite à écouter Louise Beaudoin qui a été interviewée hier, l'ancienne ministre de la langue. Elle était très positive.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, mais ces nouvelles chicanes dont vous avez parlé, est-ce que ça ne ressemble pas aux anciennes chicanes, dans le sens où on critique le fait… On vous traite de bonne ententiste, on critique le fait qu'on ne s'attaque pas à la question du cégep anglais, on rappelle votre discours du Centaur, en tout cas. Est-ce que ce n'est pas essentiellement les mêmes ornières pour le PQ?

M. Lisée : Bien, moi, j'essaie d'en sortir, et il y a une question d'attitude qui est très importante. On peut proposer des mesures extraordinairement structurantes pour la francisation du Québec, et c'est ce qu'on fait. Moi, l'exécutif du Parti québécois, la commission politique du Parti québécois unanimement proposons aux membres d'aller dans cette direction, et c'était d'ailleurs mon programme pendant la course au leadership. Et on peut faire ça tout en étant zen, tout en n'étant pas chicanier, tout en étant décomplexé.

Alors, je remercie Mario Beaulieu, mon ami, d'être sorti de son devoir de réserve de président du bloc, pour montrer le contraste entre une attitude chicanière et une attitude plus ouverte, plus décomplexée. Et moi, j'ai bon espoir et j'ai la conviction que l'immense majorité des membres du Parti québécois veulent passer à autre chose et veulent faire les choses autrement. Je trouve tout à fait normal que des gens comme Mario, qui ont une autre vision des choses, trouvent la transition difficile, mais j'ai bon espoir qu'il va finir par se rendre à destination.

M. Dutrisac (Robert) : Mais vous ne risquez pas qu'au congrès vous ayez à affronter justement des débats sur des amendements à votre proposition sur la langue, notamment en matière de cégeps ou en matière de municipalités?

M. Lisée : M. Dutrisac, si vous voulez éviter le risque dans votre vie, ne vous présentez pas en politique. O.K.? Ce n'est pas un risque qu'il y ait des amendements, c'est une certitude, O.K.? Nous proposons un changement de cap, un changement d'attitude. Tout changement nécessite une transition. Dans tout changement, il y a une résistance et ensuite il y a un gain.

Alors, moi, je suis déterminé à ce que le Parti québécois fasse ce changement. J'ai été élu chef pour opérer ce changement. Il ne se fera pas en un jour, il va se faire en un an peut-être. Il y aura toujours des gens qui seront contre jusqu'à la fin, puis même après, même une fois que ça aura marché, O.K.? C'est ça, la démocratie. Alors, je suis très confiant.

Le Modérateur : Merci. On y va, micro de gauche. Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Sur l'enjeu qui a retenu l'attention aujourd'hui, sur les agents de liaison et tout ça, est-ce que vous avez très clairement tracé une ligne entre ce qui est partisan et ce qui est du travail parlementaire? Et, étant donné le flou dans lequel on nage aujourd'hui, notamment sur la question du port d'attache, est-ce que les règles devraient être plus claires?

M. Lisée : Moi, je suis toujours pour des règles plus claires. Et je mène un combat, vous me connaissez, depuis que je suis chef et même avant, je suis contre l'hypocrisie et l'arbitraire, et aujourd'hui on était vraiment dans un bal des hypocrites, là, extraordinaire.

Mais vous avez dit «le travail parlementaire»; les attachés politiques ne sont pas tous des attachés parlementaires. Dans leur grande sagesse, les partis qui ont écrit le règlement de l'Assemblée nationale et qui l'ont voté à l'unanimité, ont dit : Bien, on fait de la politique, et il n'y a aucune façon d'enlever la politique du travail politique des militants qui sont attachés politiques des députés. Il y a une mayonnaise là qui fait partie de la vie politique. On peut essayer de l'encadrer, on peut essayer de la contenir, mais une fois que la mayonnaise est faite, on ne peut pas la défaire.

Je pense qu'il y a cette idée qu'il faut enlever la politique de la politique. Ce n'est pas possible d'enlever la politique de la politique. On peut la réglementer puis l'encadrer, mais moi, je vous dis, là, il serait illusoire de dire : À partir de demain, les militants qui sont attachés politiques de la CAQ vont arrêter complètement, entre 9 heures le matin et 16 heures le soir, de faire quelque activité partisane pour la CAQ que ce soit. C'est illusoire.

Alors, on crée... on dit, puis c'est vrai, que, bien, tout le monde travaille 70 heures par semaine, donc le deuxième 35 heures, c'est du bénévolat. On va dire ça. That's going to be our story, O.K.? Non, mais ce n'est pas vrai que c'est 35 heures là puis pas 35 heures là. L'important, c'est que le travail parlementaire, législatif, les cas de comté soient assumés, et ces gens-là, bien sûr, font du travail politique.

M. Dion (Michel) : On est vendredi. Dimanche, qu'est-ce que vous souhaitez que les gens retiennent de votre conseil national?

M. Lisée : Il se passe vraiment quelque chose au Parti québécois. Il se passe vraiment quelque chose de neuf au Parti québécois. Ça brasse. Ça a toujours brassé, mais ça brasse dans le bon sens. Il y a un cap qui est clair. Ils savent où ils s'en vont pour 2018 puis pour 2022, puis ils ont pris un virage vert qui est clair, puis Énergie Est, c'est non dans tous les cas de figure. Puis ils ont décidé qu'ils étaient contre les baisses d'impôt, mais ils veulent mettre plus d'argent dans la poche des familles puis de ceux qui en ont besoin. Puis, sur l'identité, ils sont clairs, ils savent ce qu'ils ont à proposer.

Ça fait longtemps qu'on n'a pas été aussi clairs, puis ils nous envoient des signaux : redécouvrez-nous, venez voir ce qu'on a à dire, on est importants dans vos vies, puis on veut l'être encore plus, puis on veut le faire avec vous. Si c'est ça, je vais être content.

Le Modérateur : Merci. M. Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon) : Messieurs, dames, bonjour. M. Lisée, vous aimez bien attaquer le gouvernement, le Parti libéral, sur le terrain de l'éthique. Est-ce qu'en forçant le DGEQ à vous poursuivre en justice pour le remboursement de dons que cette institution juge que vous avez obtenu illégalement, est-ce que vous ne prêtez pas flanc à des critiques de gens qui pourraient dire : Bien, M. Lisée, c'est du faites ce que je dis, pas ce que je fais?

M. Lisée : Je pense que les critiques sont déjà là. Les critiques sont partisanes et sont claires, puis je comprends tout à fait que la question est posée.

Moi, j'ai une formation en droit, et avec les avocats du Parti québécois, j'ai dit : Bien, quelle est la qualité de la preuve? Elle dit : Pour 90 000 $, la preuve, elle est bonne. C'est vrai que cet argent-là, il y a eu des remboursements des compagnies d'ingénierie. Nous, on ne le savait pas, on ne l'a pas demandé, mais ça a été fait, donc on signe le chèque. On signe le chèque.

Et pour les autres? Bien, pour les autres, ils font des projections, ils font des déductions, ils disent : Si c'est le cas pour 2006, ça doit être le cas pour 2005. Un peu s'ils vous disaient : M. Boivin, le radar vous a pris à rouler à 140 aujourd'hui, donc vous avez une contravention. Mais, comme on sait que vous passez toujours par cette route-là tous les jours, on vous met des contraventions pour les 10 derniers jours. Vous dites : Un instant, là, c'est vrai peut-être que je suis passé plusieurs fois là, mais je n'ai pas fait 140 tous les jours. Ah! bien, nous autres, on pense que oui. Moi, en tant que juriste puis journaliste, je trouve que cette preuve est faible.

Nous sommes les champions de ramasser 100 $ par 100 $ à nos militants. Le financement populaire au Québec de loin, on bat les libéraux, on bat la CAQ, on bat QS. Et, si on me demande de faire un chèque de 159 000 $ de ces 100 $ là, alors que je n'ai pas la preuve qu'il y a 10 ans une infraction a été commise, je ne le signerai pas. Mais j'ai décidé, j'ai dit : Écoutez, on met 159 000 $ dans un compte en fidéicommis, on va faire ça dans les plus brefs délais et puis on va à la cause. Nous, on pense qu'on va la gagner. Mais disons que le juge dise : Bien, il y en a 30 000 $, en fait, que la preuve est bonne, bien, on donnera 30 000 $ puis on reprendra le reste.

M. Boivin (Simon) : Ma deuxième question va être sur un autre sujet. Vous nous avez déjà dit que vous jugez que Martine Ouellet ferait une bonne chef du Bloc québécois, mais je ne suis pas certain qu'on vous ait entendu sur cette éventualité où Mme Ouellet serait chef du Bloc à Ottawa et, en même temps, députée à Québec. M. Gilles Duceppe nous a déjà dit que, lui, il jugeait que ça n'avait aucun sens. Mme Ouellet dit qu'il n'y a aucun problème là. Où vous vous positionnez sur cette question?

M. Lisée : Vous avez raison, vous ne m'avez pas entendu là-dessus.

M. Boivin (Simon) : Mais pourquoi vous ne voulez pas répondre?

M. Lisée : Ah! excusez-moi. O.K. Non, mais la situation, elle est hypothétique. Alors, tant que Martine n'a pas annoncé qu'elle y va ou qu'elle n'y va pas... si elle n'y va pas, c'est une hypothèse qui ne se réalisera pas. Tant que la situation est hypothétique, j'ai choisi de ne pas commenter.

Le Modérateur : Merci. On va continuer en français, Mme Lajoie, micro de droite.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour, messieurs dames. Je vais un petit peu aller sur le sujet du jour. Outre les agents de liaison, M. Lisée, il y a des gens à votre bureau… la CAQ a soulevé quelques questions sur des gens qui sont donc payés à votre cabinet et qui font du travail partisan. Je voulais savoir, par exemple, que fait Jean-Sébastien Houle à votre bureau?

M. Lisée : Bien, je vais demander à Carole.

Mme Lajoie (Geneviève) : C'est à votre bureau à vous.

Une voix :

M. Lisée : Il a quitté. Il a quitté.

Mme Lajoie (Geneviève) : Ah! O.K. Sur le cas de Mme Abitbol, par exemple.

M. Lisée : Ah! Je suis tellement content que vous me posiez la question de Mme Abitbol, tellement content.

Mme Lajoie (Geneviève) : Oui, je m'en doute.

M. Lisée : Alors, oui, son mandat de conseillère spéciale à la diversité pour le chef de l'opposition, c'est de faire des liens entre moi, chef de l'opposition, du Parti québécois, et les communautés culturelles, et la communauté anglophone. Mais savez-vous quoi? C'est une militante péquiste de longue date. Alors, oui, elle va essayer de recruter des gens pour le Parti québécois. À quelle heure? Je ne sais pas, mais elle va faire son travail de conseillère spéciale pour le chef de l'opposition, puis oui, j'espère qu'elle va aussi recruter des gens au Parti québécois.

Mme Lajoie (Geneviève) : Donc, vous ne voyez pas de problème dans cette pratique-là.

M. Lisée : Je pourrais vous nommer tous les attachés politiques du Parti libéral et vous poser la même question. C'est du théâtre. C'est le bal des hypocrites. C'est comme ça qu'on a constitué, depuis des décennies, la façon dont les attachés politiques et les agents de liaison fonctionnent. Tous les trois ans, à peu près, un journaliste ou une journaliste décide de regarder ça. Vous l'avez fait. Vous avez fait votre travail. Il y a trois ans, c'était M. Lessard qui avait fait l'enquête, je me souviens. Et là c'est : Quoi? De l'argent public pour des attachés politiques? Bien oui. C'est ce que dit le règlement. On peut trouver ça contre et dire : Bien, il faut arrêter ça tout de suite.

Moi, je vous dis que ça serait extrêmement difficile. Et je reviens à ce genre de propension d'être tellement anti politique qu'on ne veut plus qu'il y ait de politique en politique. Il faut arrêter ça. René Lévesque disait : Avec tous leurs défauts, il n'y a quand même rien de mieux qu'un parti politique pour faire des changements. Alors, il faut que le parti politique vive. Il y a des députés qui font du Parlement et du politique et des attachés qui font du Parlement et du politique.

Mme Lajoie (Geneviève) : Sur un autre sujet, vous avez dit que vous vouliez vous soumettre au vote de confiance au prochain congrès. Est-ce que, selon vous, il faut absolument que vous obteniez au moins la même chose que Mme Marois, 93 %?

M. Lisée : C'est beaucoup. Je trouve ça beaucoup.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que vous vous êtes fixé un plancher, un plafond?

M. Lisée : Oui, un plancher, 51 %. 51 % et puis, ensuite, la meilleure note possible au-dessus de 51 %.

Le Modérateur : Merci, Mme Lajoie. Dernière en français, M. Chouinard, La Presse.

M. Chouinard (Tommy) : Oui, bonjour. Juste ici.

M. Lisée : Ah! J'ai très hâte de vous...

M. Chouinard (Tommy) : Vous avez glissé un mot sur Énergie Est, puis effectivement la... Bon.

M. Lisée : Ah! Tommy, vous l'avez torturé, là, Sylvain. Vous l'avez vraiment torturé.

M. Chouinard (Tommy) : Bon, mais est-ce qu'effectivement, si TransCanada modifie le projet d'Énergie Est et que ça permettait également d'alimenter les raffineries québécoises, est-ce que ça serait plus acceptable à vos yeux?

M. Lisée : Non, et j'ai été très clair pendant la campagne et j'en ai discuté avec Sylvain aujourd'hui, qui vous a trouvé très, très bon. Il dit : Il a réussi à me faire dire quelque chose que je ne voulais pas dire. Bien, j'ai dit : Regarde, on ne le répétera pas. Il dit : Très bien. Alors, j'ai dit, dans la campagne, pourquoi... Pardon?

Une voix : C'était du Quik pur.

M. Lisée : Bien oui, il avait trop bu de Quik aux fraises. Non et non. Non, parce qu'il y a un pipeline qui traverse 860 de nos cours d'eau et dont on n'a pas besoin pour nous alimenter en pétrole. On ne manque pas de pétrole au Québec. Et non, parce que ce pétrole-là est parmi les plus polluants au monde et participer à faire brûler ce pétrole-là, c'est participer à ce que le réchauffement climatique devienne irréversible. Il n'est pas question d'y participer pour exportation, pour importation ou pour quoi que ce soit.

M. Chouinard (Tommy) : D'accord. Donc, dans le cas de la compagnie Enbridge, pour l'inversement du pipeline qui permettait l'alimentation des raffineries de l'est de Montréal, je comprends qu'à ce moment-là le gouvernement Marois avait dit qu'il était favorable à ce moment-là. Est-ce qu'il n'y a pas un peu une contradiction dans les positions du Parti québécois une fois qu'il est au gouvernement et une fois qu'il est dans l'opposition?

M. Lisée : Il y a une très nette évolution. Il y a un nouveau chef, les quatre candidats au leadership avaient une position environnementaliste très marquée, une de plus marquées de l'histoire du Parti québécois, et, oui, il y a un vrai virage vert au Parti québécois de Jean-François Lisée, de Sylvain Gaudreault et des autres.

M. Chouinard (Tommy) : Et une précision sur Énergie Est, je veux bien comprendre. Quand je vous ai parlé d'Énergie Est, j'évoquais l'hypothèse qu'il y ait donc un changement, n'est-ce pas, au projet. C'était une hypothèse. Pourquoi ne pas se prononcer sur l'hypothèse que Mme Ouellet puisse devenir à la fois chef du Bloc à Ottawa et députée, en même temps aussi, à l'Assemblée nationale.

M. Lisée : Parce que, comme je suis à ce podium, je choisis les hypothèses auxquelles je décide de répondre et de ne pas répondre.

M. Chouinard (Tommy) : Mais est-ce que ce n'est pas l'illustration parfaite du malaise dans lequel cette situation-là vous place?

M. Lisée : C'est mon choix.

Le Modérateur : On va y aller en anglais. Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Happy New Year everyone.

M. Lisée : Happy New Year to you.

Mme Fletcher (Raquel) : So my question is that there are these five employees who are employed by Mme Poirier's office, the office of the whip, who are the supposed liaison agents — I think that's the correct translation — who have apparently never set foot in the National Assembly. How do you justify that?

M. Lisée : You know, I was listening to these accusations today and I thought I was in Casablanca, you know, when the guy said : I'm shocked. I'm shocked to see there is gambling, when he is the gambler, you know.

This is how the National Assembly rules are set. You have political aids and liaison agents that do not work in the National Assembly. They have to work with the people, they have to go in the regions, they have to help the party connect with citizens. I don't want to see them in the National Assembly. There are other attachés in National Assembly to do the parliamentary work.

And the Liberals have these attachés in the cabinet of their ministers. They are all there, they all do that. The CAQ has admitted today that everyone of their attachés were militants of the CAQ. I surely hope so, they are political attachés. Well, for now, they are in the CAQ, maybe tomorrow they will be elsewhere, but, for now, I mean, they are in the CAQ.

And so that is how the rule is set. If they want to study it, I'm going to be part at full speed of every inquiry because that's how the rules are set. And, if people find this shocking, well, it is the law as it stands. We can change the law, we can better regulate the fact, but you cannot take politics out of political parties. It's just a figment of your imagination, and today, the CAQ, and the Liberals, and QS made us believe that they believed that when certainly they don't.

Mme Fletcher (Raquel) : Both the Liberals and the CAQ are calling on the Ethics Commissioner as well as Mr. Jacques Chagnon to have an investigation into this. Do you support that type of investigation and would you be willing to reimburse employees salaries if that investigation found any wrongdoing?

M. Lisée : We'll participate fully, but Mr. Legault and Mr. Couillard have thrown today the biggest political boomerang of their careers. Already, a few hours later, news that a CAQ employee was paid for doing things that are not parliamentary has come out today. Tomorrow, the next day, I mean, tales of Liberals attachés will flood your pages and your stories. I mean, that's the way the thing works. And so let's look at it, let's change it, let's make it better, but…

Mme Fletcher (Raquel) : But you're not willing to reimburse the public money for those employees' salaries

M. Lisée : We apply the rules and we constantly verify. Weekly, we verify points that are grey areas with the National Assembly, civil servants who say : Well, should we do that? Should we do that? So we've always been completely compliant and this is political theater on the eve of an important PQ event. That's par for the course, that's normal politics.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good afternoon, Mr. Lisée. Can you explain why it appears that the PQ is interpreting the rules differently than all of the other parties? How can you explain that?

M. Lisée : Because the other parties today are trying to make a political point before the «conseil national» when they have been applying these same rules exactly the same way for decades. And so this is all for show, this is all political theater. And it was funny listening to the Liberal spokesman saying : Well we don't have as many attachés for the National Assembly as the Opposition. How is that? Well, as you very well know, your political attachés are in the cabinets of the ministers. They are all there, all very good, loyal, Liberal members and militants who work politically for you and are paid by the Government. And when you're in the Opposition, they are paid by the National Assembly and that's how the thing works.

So, you know, today, I mean, we had a… you know, it was a great act. We call it in French «le bal des hypocrites». They all pretended to be offended at seeing something they'd been doing for years, according to the rules.

Mme Johnson (Maya) : You tweeted earlier that the PQ has the wind in its sails and you're a leader to this, just now that this is somewhat predictable on the eve of a major event. So why do you say that the PQ has the wind in its sails and how do you see the party in terms of public reception right now?

M. Lisée : Well, we ended the year in four ridings, four by-elections, by hiking our vote by 6% when the Liberals dropped by 9% and the other parties were flat on the four by-elections. That's a very good sign. The two polls that are seen the incredible, the Léger polls, both show that, if there were an election today, we would form the Government. And we're only getting started.

Le Modérateur : Merci. Dernière question, M. Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Good afternoon. Are you concerned about these remarks Mr. Beaulieu is making about your language proposals, seeming to accuse you if not be wanting to defend French? And so I'm giving you a chance to respond to what he is saying. He seems to be the first person to be criticizing the plan that you're working on.

M. Lisée : It's entirely predictable. When you want to change attitudes, when you want to reach a goal with more productive ways, more fruitful ways, there are people who will hold on to the past ways of doing things. And that's their legitimate, you know, position to take. But the contrast is there.

If you wanted to know : Will there be a real change with this new leader and this new team?, well, Mario is saying in his own way, why it's a big change. I listened to Louise Beaudoin yesterday, at Radio-Canada, saying that she supported the…

M. Authier (Philip) :She's a former Language Minister.

M. Lisée : Former Language Minister and former frequent… made again frequent appearances in Aislin's cartoons, as you well know. And she said that, you know, that's not the way she would have handled it, but she was very positive on the proposals.

M. Authier (Philip) : Do you think Mr. Beaulieu's well-known past… He was the President of the SSJB, has always been a language hardliner on… and do you think he's having trouble letting go of that old role? A few minutes ago, you said that he has exercised his… not exercising his «droit de réserve» very much as a Bloc MP.

M. Lisée : I said he chose to get out of this «devoir de réserve» to make sure that we saw the contrast and I thank him for that. And the contrast is there. But, you know, I'm always optimistic and I think he will come around eventually, saying that, well, we have real results. 100% francisation is pretty high as a goal that we have, and some of the… well, Marc Laviolette said this morning that these are the side dishes. That Marc Laviolette is really willing to say : Well, that's not the core of the issue. The core of the issue is what we are proposing today, so…

Journaliste : So, Mr. Beaulieu is living in the past?

M. Lisée : Times they are changing.

Le Modérateur : Merci beaucoup, mesdames et messieurs. On se revoit au conseil national demain.

(Fin à 15 h 59)

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