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Point de presse de M. Mario Dumont, chef de l'opposition officielle , et de M. Gilles Taillon, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances

Version finale

Le mardi 7 octobre 2008, 13 h 12

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures douze minutes)

M. Dumont: Alors, bon après-midi à tout le monde. On est en caucus aujourd'hui. Vous comprendrez que le thème de l'économie, qui est une préoccupation pour nous qui a été, depuis plusieurs mois, véhiculée, on a réclamé plus qu'une fois de la part du gouvernement qu'on porte une attention au secteur manufacturier mais à l'ensemble des secteurs économiques au niveau rythme de création de la richesse au Québec en comparaison de nos voisins, mais vous comprendrez que le thème de l'économie, lorsqu'on fait un tour de table avec nos députés aujourd'hui, le thème de l'économie s'invite assez vite à la table et que c'est ce dont nos députés entendent beaucoup parler. Alors, je vais laisser M. Taillon, dans un premier temps, vous faire un peu un topo de situation puis réagir à ce que... vision de certains ministres puis je vous reparlerez ensuite.

M. Taillon: Alors, merci beaucoup, M. Dumont. Alors, écoutez, effectivement, on a entendu les propos du ministre du Développement économique, M. Bachand, on l'a lu aussi, à l'effet que l'économie du Québec se portait bien, etc. Je vous dirais là-dessus, nous, qu'on a une vision un peu différente. Je pense que M. Bachand a mis ses lunettes roses et qu'il ne regarde pas la réalité en face.
On regarde actuellement les chiffres, les indicateurs de croissance économique qui sont anémiques, hein? Les économistes du secteur privé parlent d'une croissance qui est autour de 0,5 % comme prévision pour 2008. Vous vous rappelez que Mme Forget avait prévu 1,5 %, ça vous donne une idée un peu de la baisse, du ralentissement économique que l'on subit. Il y a d'autres statistiques très, très inquiétantes au niveau de la crise financière qui frappe le Québec, qui touchent la Caisse de dépôt, Caisse de dépôt dont l'aventure dans les papiers commerciaux va coûter très, très cher, et ça, on sait ce que ça veut dire pour les tarifications à la SAAQ, à la CSST. Puis finalement une statistique qui ne trompe pas sur toute la question de la consommation des ménages, c'est les prévisions récentes de ventes au détail où il y avait une provision... une prévision de 3,5 % d'augmentation des ventes au détail en 2008 qui vient d'être ramenée par les chercheurs des HEC à 0 % d'augmentation des ventes de détail. Donc, ça veut dire que la consommation des ménages est stagnante, et ça, ça a un effet direct sur la croissance économique donc qui tire à la baisse les indicateurs dont je viens de vous parler.
Alors, voilà une situation qui commande, là, d'enlever les lunettes roses, de regarder la situation telle qu'elle se présente et d'apporter des correctifs à une situation comme celle-là, et le gouvernement a l'obligation de le faire. Et, nous, on a l'intention - M. Dumont va vous en parler - on a l'intention de faire des suggestions au gouvernement là-dessus. M. Bachand, en plus, qui est ministre du Tourisme, vient d'échapper le Grand Prix de Montréal, c'est un autre symptôme des malaises qui frappent notre économie, et je pense qu'il faut regarder ça en face plutôt que de se cacher la vérité ou d'essayer de faire de l'autodéfense pour justifier qu'on est bons, alors que finalement ça va mal. Merci.

M. Dumont: Alors, ce qui ressort, je vous dirais, l'état d'esprit, d'abord, au niveau des députés, on entend clairement un message, que ce soit de la part des PME, des propriétaires de petites et moyennes entreprises, les retraités, la classe moyenne, les familles, des questionnements importants pour les citoyens par rapport à leur pouvoir d'achat, leur pouvoir d'achat à court et à moyen terme, comment il va se maintenir à l'intérieur de tout ça. Évidemment, pour les régions, les régions manufacturières, il y a plusieurs inquiétudes. Ceux qui exportent assez massivement vers les États-Unis voient ce qui se passe de l'autre côté de la frontière, se demandent de quoi l'avenir va être fait.
Alors, tout ça pour dire que les députés adéquistes se présentent, à la prochaine rentrée parlementaire, avec l'idée et le sentiment profond qu'il faut se retrousser les manches, il faut se mettre au travail, au-delà de la partisanerie, se mettre au travail pour voir tout ce qu'il est possible de faire pour enlever les bâtons dans les roues à des projets qu'ont des entreprises, à la réalisation de projets économiques. Il faut être au rendez-vous pour tout faire ce qu'il est possible de faire pour amenuiser les impacts d'un ralentissement sur la vie de nos citoyens et de nos entreprises.
Et, plus tard dans la semaine, je vais avoir l'occasion de rencontrer le premier ministre, j'arriverai avec certaines suggestions. Mais, je dirais, de façon générale, le voeu de la population, je dirais, l'attente de la population, c'est qu'au 21 octobre, lorsque les travaux de l'Assemblée nationale vont reprendre, le gouvernement nous arrive avec un plan, qu'en vue de la session parlementaire de l'automne, qui devrait être une session largement économique, le gouvernement soit capable, là, au jour un, de nous déposer une vision, de nous présenter un plan. Et, nous, on arrive dans un état d'esprit qu'on veut y collaborer, on arrive dans un état d'esprit qu'on veut participer à la mise en place de ces mesures. Il n'est certainement pas de notre intention de retarder ou de compliquer l'adoption - comprenez-moi bien, là - l'adoption de projets qui, sur le plan de l'économie, sur le plan de l'accélération de certains investissements, pourraient avoir un impact qui soit positif, là, pourraient avoir un impact qui soit de nature à réduire, pour les familles, pour la classe moyenne, pour les retraités, réduire les impacts de la crise actuelle.
Alors, c'est véritablement l'état d'esprit de nos gens, le message reçu. Et, je vais vous dire, l'écart... et je n'exagère pas en disant que l'écart est abyssal, entre le son de cloche des 41 députés adéquistes issus de différentes régions, de leurs tournées de comté, de leurs visites au bureau de comté, et le ton et le discours que tenait Raymond Bachand hier. Et je comprends bien, on n'est pas... on le sait, on n'est pas inconscients, que le gouvernement a un rôle, là, de ne pas alarmer démesurément les gens, mais il me paraît que le point de départ d'un leader ou d'un ministre qui est rassurant, c'est un diagnostic, une lecture collée sur la réalité, c'est-à-dire que, pour se faire rassurant, il faut d'abord que les gens qui nous écoutent puissent sentir qu'il y a une lecture réelle, une lecture connectée de la situation. Et là-dessus je pense que le premier ministre, que je vais rencontrer cette semaine, certainement qu'il doit être sensible à la façon, par exemple, dont son ministre du Développement économique parle de ces choses-là, parce que la vision jovialiste, déconnectée du réel, déconnectée de ce que les gens ont comme portrait devant eux, je pense que c'est plus de nature à faire sentir aux gens que le gouvernement ne sait pas ce qui se passe, c'est plus de nature à faire sentir aux gens que le gouvernement, ne sachant pas ce qui se passe, ne s'en occupera pas, n'arrivera pas avec un plan qui est valable. Ce n'est pas ce que la population du Québec attend de nous tous aujourd'hui. Alors, là-dessus, je vais répondre à vos questions.

Le Modérateur: M. Dussault.

M. Dussault (Jean): M. Dumont, d'abord, j'aimerais savoir qu'est-ce que vous voulez exactement dans ce plan. Vous parlez d'éliminer ces embûches, là, à l'investissement, ces freins à l'investissement. Quels sont-ils?

M. Dumont: Bien, ils sont de plusieurs natures. En fait, quand on parle de freins à l'investissement ou d'embûches, je suis dans le très concret. On a fait des tournées des régions, visité beaucoup de comtés, j'ai visité beaucoup de PME ces derniers mois. En fait, il n'y a pas une région, il n'y a pas une MRC, il n'y a pas une municipalité où on va où on ne se fait pas dire, là, qu'il y a un projet qui est en attente, il y a quelque chose qui est sur le point de se réaliser, les gens... J'en ai vu dans le dossier de la canneberge, dans une variété de domaines, des choses qui créent quelques emplois, qui sont retardées. Puis là le vocabulaire des gens: Ah bien, ça a l'air que c'est sur le bureau du ministre, ça a l'air que c'est sur le bureau de la ministre; on attend une signature, on attend un permis, on attend une décision. Alors, dans une période économique où ce n'est pas facile, il ne faut surtout pas... et surtout dans un contexte - je pense que M. Taillon l'a bien décrit - où le gouvernement, au niveau de ses marges de manoeuvre financières, personne ne s'attend à ce qu'il ait la capacité financière de poser des gestes infiniment spectaculaires, le minimum, c'est de ne pas retarder, c'est de ne pas mettre d'embûches, c'est de voir comment on peut faciliter la vie à ceux qui ont des choses à faire sur le plan économique.
Maintenant, pour le reste, je pense que les Québécois s'attendent à ce que leur gouvernement leur dépose, là, au cours des prochaines semaines... Puis la rentrée parlementaire, le 21 octobre, si on dit: On va avoir une session à saveur économique, bien les gens s'attendent qu'au point de départ le premier ministre, le gouvernement arrive avec un certain nombre de visions, d'éléments qu'il veut mettre en place, puis, nous, on est prêts à collaborer à ça.

M. Dussault (Jean): Vous reprochez à M. Bachand de porter des lunettes roses parce qu'il dit que l'économie québécoise s'en tire quand même pas trop mal. Au niveau fédéral, M. Harper tient exactement le même discours au sujet de l'économie canadienne. Porte-t-il, lui aussi, des lunettes roses?

M. Dumont: Bien, il y a une campagne électorale au fédéral, chacun a l'occasion de présenter ses points de vue. Mais la contribution potentielle du gouvernement fédéral - parce que le gouvernement fédéral a certainement, lui aussi, un rôle à jouer dans l'économie - c'est un des sujets que je vais aborder avec le premier ministre jeudi. Tout le monde doit se mettre au rendez-vous là-dessus.
Maintenant, hier, le ministre Bachand, là, je le lisais, je l'écoutais, surtout qu'il était à quelques heures, je présume qu'il le savait... je ne sais pas ce qu'il a fait dans ce dossier-là, mais il était à quelques heures, comme ministre de Montréal, ministre du Tourisme, ministre du Développement économique, d'échapper le Grand Prix, un des événements les plus payants et les plus prestigieux pour Montréal. Il me semble que les Québécois s'attendent à une prise en main, une lecture puis une prise en main de la réalité un petit peu plus musclées que ça. Et, nous, comme...

Journaliste: Mais c'est ce qu'on reproche à M. Harper de ne pas faire justement une lecture. Qu'est-ce que vous en pensez, vous, de M. Harper, exactement, là-dessus?

M. Dumont: Et, nous, comme opposition à Québec, ce qu'on vient dire aux Québécois, c'est qu'on se présente ici, le 21 octobre, là, convaincus que le travail qui est attendu de nous, hein, ce qui est attendu des élus, tous partis confondus, c'est de se serrer les coudes pour travailler à l'économie du Québec. La lecture que font... À l'heure actuelle la scène politique fédérale est en élection, alors chacun des partis présente sa vision de l'économie et ses solutions, puis les électeurs auront le dernier mot la semaine prochaine.

Journaliste: Mais, vous, vous n'avez pas d'avis sur la lecture que fait M. Harper? Parce que vous prenez quasiment le même discours que M. Bachand, finalement.

M. Dumont: Bien, moi, j'ai regardé les discours de M. Bachand hier, ils me sont apparus particulièrement déconnectés du réel de ce qu'on a devant nous. Ça étant dit, je vais avoir l'occasion de... J'ai demandé cette rencontre-là, je vais avoir l'occasion de rencontrer le premier ministre du Québec cette semaine et certainement souhaiter qu'on interpelle ensemble le gouvernement fédéral, quel qu'il soit. Parce que, là, il y aura un nouveau gouvernement élu, au lendemain de l'élection, un nouveau Conseil des ministres etc. Alors, je pense que rapidement le Québec va devoir interpeller ce nouveau gouvernement là. Le gouvernement fédéral fait partie de la solution.

Journaliste: Pardon. Je ne vous demanderai pas ce que vous pensez des propos de M. Harper, de toute évidence ça ne vous tente pas de nous le dire, mais, lui, il a dit hier qu'un premier ministre et un gouvernement responsable ne peut pas annoncer une récession quand elle n'est pas arrivée. Pourquoi ça, c'est... Et vous opinez du bonnet. Et pourquoi vous qualifiez M. Bachand de jovialiste quand il dit: Regarde, on n'est pas en récession?

M. Dumont: Bien, il ne s'agit pas d'annoncer une récession, c'est la dernière chose qu'on veut. Il faut quand même constater, je pense qu'il faut prendre acte, les chiffres que M. Taillon a mentionnés tout à l'heure sur... Il y avait des prévisions dans le dernier budget. M. Taillon a mentionné celles pour l'année 2008, on sait déjà qu'elles ne se réaliseront pas, même pas... on ne sera même pas proches. On peut déjà imaginer les premiers trimestres de l'année 2009, donc les chiffres qu'il y a dans le même budget de Mme Jérôme-Forget de l'année dernière pour l'année 2009, à moins d'un revirement vraiment spectaculaire, on peut déjà commencer à se questionner sur la probabilité qu'ils se réalisent.
Les citoyens du Québec, aujourd'hui, les familles, les gens de la classe moyenne, les retraités se posent des questions réelles sur leur pouvoir d'achat. Alors, je pense qu'il faut regarder les citoyens du Québec, aujourd'hui, leur dire: Bon, il y a une réalité qui est là, évidemment qu'il ne faut pas la dramatiser puis évidemment qu'il faut garder les yeux rivés sur l'optimisme, sur nos forces, sur ce qu'on peut faire. C'est parce que, nous, on est optimistes, puis on pense qu'il y a des choses à faire, puis on peut faire des choses... Puis je vous parlais de projets qui ne se réalisent pas. Bien ça, c'est des entrepreneurs puis du monde du Québec qui en ont, des idées, puis qui en ont, des projets, puis... Ça, il faut donner de l'allant à ça.
Alors, nous, on se présente ici, à l'Assemblée nationale, le 21 octobre, avec une réelle volonté, de dire: On va se serrer les coudes puis, au-dessus de la partisanerie, on va collaborer à des mesures, à une action qui vont dans le sens de réduire au minimum les impacts et d'éviter un ralentissement qui soit trop lourd ou qui soit plus qu'un ralentissement, qui soit une récession.

M. Taillon: Alors, je pense que la crise financière, là, elle est là, elle, puis le ralentissement économique est évident. Je vous ai cité les chiffres de croissance économique. Nous, on dit: Il faut agir quand c'est le temps. Ce n'est pas nécessaire d'attendre une récession pour agir. On dit: Le laisser-faire, c'est le plus mauvais geste que peut poser un gouvernement dans le contexte de la crise financière vécue au Québec et du ralentissement économique qui est très évident. Et, je vous dis, devant une perspective de consommation des ménages à la baisse, il y a du travail à faire puis il y a moyen d'aider les consommateurs à préserver leur pouvoir d'achat. Et le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral seront interpellés par nos suggestions jeudi.

Journaliste: Une dernière question, M. Dumont. Vous dites souhaiter que la prochaine session soit à saveur économique. Tant qu'à y être, pourquoi ne pas demander une élection où les Québécois pourraient décider lequel des plans économiques est le meilleur?

M. Dumont: Bien, d'abord, ce qu'il faut souhaiter, c'est que le gouvernement en ait un, plan économique, dès... C'est ce qu'on lui demande, aujourd'hui, au gouvernement, de déposer un plan économique, de nous le suggérer dès la rentrée, le 21 octobre. En situation de crise, on a vu ça plus qu'une fois que les partis, au-delà de la partisanerie - ça s'est produit d'ailleurs, finalement, après moult hésitations, ça s'est produit aux Etats-Unis - que les partis puissent travailler ensemble sur le même plan, ce qui arrive dans un monde idéal. Et je vous dirais que je ne suis pas certain qu'en période de turbulences économiques les gens attendent, là, que les gens attendent que leur premier ministre s'enlève les yeux des chiffres de l'économie pour se mettre les yeux sur les chiffres des sondages. Je ne suis pas certain que les gens s'attendent que leur premier ministre s'enlève du volant de l'économie pour se mettre au volant d'un autobus de tournée électorale.
Moi, ce n'est pas ce que j'entends sur le terrain, à ce moment-ci. J'entends beaucoup plus une volonté de la population de dire: Écoutez, là, on est inquiets, on est inquiets pour notre pouvoir d'achat; nous, de la classe moyenne, on se pose des questions réelles sur ce qui nous attend dans les prochains mois. J'entends les retraités, j'entends les familles. Alors, ces gens-là, ils sont pas mal plus dans l'état d'esprit de mettre la partisanerie de côté pour quelques semaines ou quelques mois puis travailler ensemble pour que le Québec passe à travers ça en ayant le moins de conséquences possible pour son économie que de vivre une campagne qui a l'effet exactement inverse, qui exacerbe la partisanerie dans sa nature même, là, à ses plus hauts niveaux. C'est ce que je sens.
Maintenant, je vous le dis comme ça, aujourd'hui. Puis je vous dis: Nous, nos députés, ce qu'ils reçoivent comme message qu'ils nous ramènent en caucus, c'est: Travaillez, retroussez-vous les manches, là, puis allez travailler, puis regardez avec le gouvernement ce qui peut être fait parce que, nous autres, comme citoyens, on veut que ceux qu'on a élus, là, travaillent ensemble pour nous empêcher de s'engouffrer dans des problèmes économiques qui vont nous faire souffrir encore plus.

Journaliste: M. Dumont, vous avez souvent dit, dans le passé... en tout cas, à tout le moins, depuis les dernières élections, que le gouvernement vous piquait régulièrement des idées. Mais, en allant rencontrer le premier ministre, jeudi, est-ce que vous ne vous exposez pas à ce qu'il arrive exactement la même chose, c'est-à-dire qu'il récupère le meilleur de vos idées et puis qu'il en prenne le crédit?

M. Dumont: Je l'ai souvent dit, je ne pense pas qu'on s'en soit plaint. Quand le gouvernement fait des choses que les adéquistes mettent de l'avant, ce qui est arrivé effectivement à plusieurs reprises, on peut le constater, on ne s'en plaint pas parce qu'on pense que ça doit être fait pour le Québec.
Il y a des occasions où on s'en plaint puis ça nous choque. Je vous donne un exemple bien précis, c'est les bulletins scolaires chiffrés. Pourquoi ça nous choque? Parce que c'est fait tout croche. Tu sais, quand on prend la lettre B puis qu'on la traduit en 84 ou en 87, puis, tu sais, qu'on ne fait pas une évaluation différente puis on ne repense pas l'évaluation. On prend, pour une simple raison... Pour dire qu'on fait ce que l'ADQ a proposé ou ce que les parents souhaitent, on prend la lettre avec la même méthode, puis on la traduit en chiffres. Franchement, ça nous choque parce qu'effectivement ça mêle le monde, ça fait dire à une partie de la population: Oui, ça, ils l'ont fait, alors que dans la réalité on sait très bien que c'est une espèce de passe-passe pour arriver à une fin sans passer par l'exercice nécessaire d'une révision de l'évaluation. Mais pour le reste, que nos suggestions soient retenues pour le bien de l'économie du Québec, on va être les premiers à applaudir.

Journaliste: De crainte que le gouvernement ne se fourvoie encore dans l'application de vos prétendues bonnes solutions, pourquoi ne pas solliciter un mandat de gouvernement pour l'appliquer au meilleur de vos connaissances?

Une voix: C'est vous qui...

Journaliste: Bien oui, c'est moi qui...

M. Dumont: Bien, en fait, je viens de vous répondre. Comme je vous dis, on est en situation de Parlement minoritaire. À tout moment, puis ça a été dit puis ça a été regardé, à tout moment, le déclenchement d'une élection est possible. À tout moment, on peut se retrouver dans ce que j'appellerais un noeud parlementaire, là, qui est impossible à défaire, là, puis où les partis n'arrivent pas à s'entendre, puis où l'élection est la seule façon de défaire le noeud. Bon. À tout moment, ça peut arriver.
Présentement, vous écoutez parler le monde, vous écoutez parler les Québécois, les familles, les gens de la classe moyenne, qui s'inquiètent de la réalité de leur économie, qui s'inquiètent de la réalité de leur pouvoir d'achat. Allez leur demander: Est-ce que vous voulez, là, qu'au Québec les prochaines semaines, les prochains mois soient marqués par moins de partisanerie puis plus de collaboration pour l'économie ou vous souhaitez que les prochaines semaines, les prochains mois soient marqués par le summum de la partisanerie qui est une campagne électorale? Je pense que vous savez la réponse que vous allez obtenir. Instinctivement, vous savez très bien la réponse que vous allez obtenir. Les gens souhaitent qu'on puisse peut-être faire, au moins pour les débats économiques, là, certaines trêves de partisanerie puis essayer d'abord d'arriver à une lecture conjointe, hein, pas trop pessimiste mais pas jovialiste non plus, une lecture conjointe de la réalité de ce que vit notre peuple puis de ce que vit notre classe moyenne, de ce que vivent nos familles, puis de voir qu'est-ce qu'il y a, des choses, des solutions qui peuvent...
Puis là, je veux dire, quand on dit qu'on demande un plan d'action au gouvernement, faites le tour de la planète, là, tu sais, les États-Unis, Sarkozy, les différents pays européens, partout, aujourd'hui, il y a un sentiment général que, pour protéger le pouvoir d'achat des citoyens, pour soutenir des secteurs économiques fragilisés, etc., il y a... Et un peu partout, je vous dirais, d'ailleurs, la partisanerie, on y fait le plus attention possible. Il y a un besoin de se serrer les coudes par rapport à une situation dont on ne connaît pas encore toute l'amplitude mais dont on sait déjà qu'elle va avoir un coût réel dans la vie de notre population, dans la réalité de notre population, dans le moment de prise de retraite de certains de nos citoyens, dans la... je dirais, le confort de la retraite de certains autres de nos citoyens, dans les fins de mois de plusieurs de nos familles. C'est ça, la réalité.

Journaliste: Donc, ce n'est pas le temps d'aller en élection parce que les gens vous disent: Ce n'est pas le temps d'aller en élection.

M. Dumont: Je dirais que c'est... Les gens, ils nous disent plus que ça. Ils nous disent dans le fond...

M. Taillon: Trouvez les solutions.

M. Dumont: Trouvez les solutions, là. On comprend que vous êtes tous de partis politiques différents mais la crise économique, elle, elle n'a pas de...
Ce n'est pas une crise économique libérale, ce n'est pas une crise économique adéquiste, ce n'est pas une crise économique péquiste, là. C'est une situation économique inquiétante qui frappe, puis les gens souhaitent que les partis soient capables de mettre de côté leur partisanerie le plus possible pour s'entendre sur un plan de travail, sur des solutions. Et c'est pour ça que je dis... Je souhaite rencontrer le premier ministre cette semaine, on va se voir jeudi, puis je souhaite qu'à la rentrée il puisse nous arriver avec un plan, il puisse nous arriver avec sa vision. Des suggestions, on va en faire. Je présume qu'au ministère des Finances puis dans le gouvernement il doit y avoir du monde qui travaille là-dessus puis qui regarde les chiffres. Je me croise les doigts pour que ce soit le cas. Alors, nous, on va être très attentifs à ça, très ouverts d'esprit à voir comment on peut, nous, comme opposition, collaborer, accélérer, aider la réalisation de projets économiques qui vont améliorer le sort des Québécois.

M. Taillon: On comprend que vous avez le goût plus de prendre l'autobus que nous.

M. Dumont: Ce n'est pas sûr. Ce n'est pas sûr.

Des voix: Ha, ha, ha!

Journaliste: M. Dumont, vous semblez dire deux choses, là. Premièrement, vous parlez d'investissements, de projets, de diminuer les entraves réglementaires, etc., donc finalement soutenir l'emploi. Et, de l'autre côté, vous nous parlez de consolider le pouvoir d'achat - ce qui est une chose tout à fait différente - des Québécois qui travaillent, là. J'aimerais vous entendre là-dessus, parce que généralement, lorsqu'on dit «consolider le pouvoir d'achat des Québécois», ça veut dire prendre des mesures, par exemple, de nature fiscale pour les aider. Est-ce que vous croyez, par exemple, qu'il faille alléger la fiscalité de la classe moyenne pour les aider à conserver leur pouvoir d'achat?

M. Dumont: Vous avez raison de dire que c'est deux choses différentes; je vous dirais, deux choses différentes, deux choses utiles en temps de difficultés économiques. Et, quand je parle de réaliser des projets, vous comprenez que, dans un ralentissement qui frappe comme celui présentement, on ne parle pas de réformes réglementaires qui prennent trois ans de commission d'étude, là. C'est beaucoup plus, je vous dirais, là, du cas-par-cas, du projet-par-projet, des choses... et ça doit être lu dans la réalité du Québec. Une PME, au Québec, là... Je vais dire une chose, parlez à un député qui a aidé une PME une fois à faire un agrandissement. C'est lourd, le Québec, là. Avoir ces permis, avoir ces autorisations, avoir ces réponses du gouvernement, avoir... Je ne peux pas croire que, dans une période où on a tellement besoin d'investissements, d'accélération, on ne soit pas capable faire sauter, de donner un mot d'ordre général d'un gouvernement de faire sauter un peu plus vite ces cadenas-là puis que les choses ne restent pas trop longtemps sur les bureaux des ministres à attendre une signature ou une autorisation, etc. Ça, c'est l'état d'esprit.
Le pouvoir d'achat, c'est plus large, mais on doit regarder ça... C'est-à-dire que, nous, on ne se fait pas d'illusion. Vous vous souvenez des commentaires de M. Taillon sur le dernier budget de Mme Jérôme-Forget, des marges de manoeuvre très, très, très limitées. Il n'y a personne qui va dire... il n'y a personne qui s'attend à ce que le gouvernement, là... Ça fait partie, à moyen et long terme, ça fait partie d'une réflexion sur le Québec, sur la taille de notre bureaucratie, sur la taille de notre gouvernement. Comment ça se fait qu'après 15 ans de croissance on ne s'est pas dégagé une marge de manoeuvre? On la pose, la question. Mais, une fois qu'on l'a posée, je veux dire, on ne dégagera pas cette marge de manoeuvre là par miracle dans le prochain trimestre.
Donc, il faut être conscients de... une volonté d'action. Il y a des outils que le gouvernement a entre les mains, mais l'idée de solutions, là, qui seraient à partir de génération spontanée de milliards de marge de manoeuvre du gouvernement, ce n'est pas vrai, ça, ça n'existe pas, ça.

Journaliste: Non, mais est-ce que vous croyez, par exemple, que, pour justement stimuler la consommation, le gouvernement devrait faire un déficit, comme ça peut se voir en période de récession?

M. Dumont: Bien, je pense qu'il y a peut-être un certain effort à faire pour des dépenses improductives de notre gouvernement qu'on n'a pas le luxe de se payer, encore moins en période difficile. Mais les déficits, l'endettement, là, ce n'est pas dans l'école de pensée de notre formation. En théorie, hein, on rêverait d'un Québec qui serait un petit peu plus en santé économiquement et où la chose normale se produirait. Puis la chose normale, là, c'est que, si on vivait selon nos moyens, si on avait un gouvernement qui n'était pas surbureaucratisé... Ça fait depuis 1993 qu'il n'y a pas eu de ralentissement. Tu sais, on serait supposé... en 2008, on serait supposé avoir des marges de manoeuvre. Ça, c'est le Québec, je dirais, normal, sain, plus riche, que, moi, j'ai à l'esprit. Tu sais, quand tu as 15 ans sans te faire ramasser par un ralentissement, tu devrais avoir des marges de manoeuvre qui, là, deviennent utiles, qui deviennent rassurantes pour traverser des turbulences. Maintenant, aujourd'hui, là, je suis chef de l'ADQ, je suis chef de l'opposition, je ne peux pas réécrire les 15 dernières années, je peux juste dire au gouvernement: Avec les moyens disponibles aujourd'hui, soyons diligents, soyons imaginatifs, soyons en action, ayons une lecture valide de la réalité telle qu'elle existe, puis, nous, on va collaborer à trouver des solutions.

Journaliste: Mais quel genre de solutions pour préserver spécifiquement le pouvoir d'achat, là? Qu'est-ce que vous envisagez?

M. Dumont: Bien, comme je vous dis, nous, on va arriver avec des suggestions, cette semaine, au premier ministre. Je ne les formulerai pas... je ne les lancerai pas à tout vent avant de les avoir formulées directement à lui. Mais le pouvoir d'achat, c'est beaucoup de choses, là. C'est les revenus de retraite, c'est les revenus de travail des gens, c'est la tarification que les gens... Il y a ce qui rentre en revenus dans le compte de banque; il y a ce qui ressort aussi. Alors, sur l'ensemble de ces variables-là, je pense qu'il faut regarder, là, la réalité du pouvoir d'achat de nos gens.

Journaliste: M. Dumont, c'est la première réunion de vos députés depuis l'élection complémentaire de Jean-Talon. J'imagine qu'il en a été question un peu ce matin. Êtes-vous en mesure de nous soumettre une analyse un peu plus élaborée, là, des résultats de votre parti dans cette élection-là?

M. Dumont: Bien, une analyse élaborée... Je veux dire, ce que vous voyez, c'est ça. Tu sais, je veux dire, une analyse élaborée... Ça été une élection...

Journaliste: On a constaté un recul par rapport à la dernière élection générale.

M. Dumont: Ça a été une élection partielle difficile. Je ne vous ferai pas une thèse de philosophie là-dessus. Et nos députés...

Journaliste: Mais comment vous comprenez la réaction de l'opinion publique là-dessus?

M. Dumont: Bien, ce que je comprends de l'opinion publique, là, c'est que les gens, dans cette élection partielle, face à un ministre qui était déjà nommé par le gouvernement, dans un comté qui a toujours été libéral, les gens massivement ont appuyé l'entrée au Parlement du ministre de la Santé. Je veux dire, je suis obligé de constater ça, que, sur le plan électoral, nous, ça nous a coûté cher, dans une période qui, de façon plus générale, n'est pas toute rose.
Alors, nos gens ont une lecture bien lucide des événements. En même temps, ils sont au travail pour les Québécois. Ils travaillent très, très fort dans leurs comtés et ils sont toujours aussi convaincus que, face à la situation économique actuelle comme face à l'ensemble des défis du Québec au niveau des écoles, au niveau de la santé, que des solutions nouvelles, qu'un peu plus de courage, le Québec va devoir passer à travers ça. Maintenant, je vous dirais qu'aujourd'hui, entre cette date d'élection dans Jean-Talon et aujourd'hui, les chiffres que les députés se sont faits raconter par la population, c'est plus des chiffres économiques que des chiffres de résultats électoraux. Je veux dire, les gens, là, ils voient ça tous les jours aux nouvelles, ils voient ça dans leur rapport dans leurs REER, ça, c'est ce qui les touche aujourd'hui.

Journaliste: Mais en même temps, on pourra opposer, là, que votre contact avec la population, là, parce que vous revendiquez beaucoup le fait que les gens se préoccupent plus d'économie que d'élection, là, mais quand on regarde les résultats, on pourrait soulever la question justement de votre perception juste des préoccupations de la société quand on voit, là, le recul dans Jean-Talon.

M. Dumont: Ah, ça, il faut toujours être bien prudent avec ça. On est 41 députés, tout le monde a fait du terrain. On peut présumer que collectivement on est tous à côté de la trac puis on a tous une mauvaise oreille de l'opinion du Québec, mais, moi, je travaille avec l'idée que ce monde-là sont sur le terrain. Et il faut se méfier, je veux dire, il faut se méfier d'une élection partielle, je peux vous en... Je pourrais vous faire un assez long discours sur des élections partielles qui vous montent au ciel quelques semaines ou quelques mois avant une élection puis une élection générale différente après. J'ai vécu l'inverse aussi, je l'ai vécu dans toutes les directions, assez pour savoir que, le lendemain matin d'une élection partielle, tu tournes la page et que ce sur quoi tu dois travailler, sur les défis qui confrontent la population aujourd'hui, et...
On est 41, là, à avoir la certitude que, quand on se présente, le 21 octobre, ici, à l'Assemblée nationale du Québec, avec en tête la volonté de travailler, de collaborer, d'être positifs à la mise en place de solutions pour que les familles, pour que la classe moyenne, pour que les retraités souffrent le moins possible d'un ralentissement économique, on a le sentiment qu'on fait notre travail, qu'on répond au mandat que le peuple nous a donné puis qu'on répond à ce que les gens attendent de nous. Puis, quand j'ajoute qu'on veut le faire avec le moins de partisanerie possible, ça aussi, je pense que ça répond à ce que les gens attendent de nous.

Journaliste: Mais comment est le moral dans votre caucus, là? Est-ce que vous avez dû faire un «pep talk» un peu à vos députés, aujourd'hui?

M. Dumont: Ce n'est pas une question... Le chef, au début d'un caucus, c'est toujours un «pep talk», c'est la nature même de la bête. S'il y en a d'entre vous qui ont déjà... n'ont probablement jamais assisté à un caucus, mais c'est toujours le cas. En même temps, les gens qui siègent à ce causus, il n'y en a pas beaucoup là-dedans dont le vécu personnel, là, en est un d'opportunisme. C'est-à-dire qu'il n'y a pas beaucoup de monde qui ont sauté dans un train en disant: Moi, j'embarque dans ce train-là parce que je sais que ça va être facile, je suis dans un comté sûr, ça va bien aller, tout va venir tout seul, l'argent est déjà dans le compte de banque. Vous avez affaire à un caucus de gens dont la nature profonde, c'est de se battre. Ce qui semble, c'est que ça va rester le cas, puis c'est correct. M. Boivin.

Journaliste: M. Taillon, j'aimerais savoir au juste quelle part de responsabilité vous imputez au ministre Bachand dans la perte du Grand Prix de Montréal?

M. Taillon: Bien, écoutez, je me questionne, là, qu'il n'ait pas réagi plus vite. C'est le ministre du Développement économique et du Tourisme, moi, je pense...

M. Dumont: Et de Montréal.

M. Taillon: Et de Montréal. Moi, je dis: Comment se fait-il qu'il n'a pas réagi plus vite, qu'il a semblé être pris au dépourvu là-dessus? Je ne lui impute pas la responsabilité de l'avoir perdu, je lui impute la responsabilité de ne pas avoir travaillé à le garder.

Journaliste: Il aurait dû rencontre les gens de la F1...

M. Taillon: Bien, il aurait dû en tout cas être au fait de la situation.

Journaliste: On parle beaucoup d'élection, je veux... dans l'air, les rumeurs, et tout ça. Vous, M. Taillon, est-ce que c'est toujours Chauveau advenant le cas où on repart?

M. Taillon: On n'est pas en période électorale, on décidera ça... On traversera le pont quand on sera rendus à la rivière.

Journaliste: ...si, vous, c'est Chauveau...

M. Taillon: On traversera le pont quand on sera rendus à la rivière.

M. Dumont: En français, encore, oui.

Journaliste: Oui, M. Dumont.

M. Dumont: Je voyais M. Grant s'avancer d'un pas, je ne vous avais pas vu.

Journaliste: O.K. M. Bachand, vous dites, est jovialiste, vous dites qu'il a des lunettes roses, et je regardais ce qu'il disait... Tu sais, si on s'entend sur la situation économique, il y a un ralentissement, mais on n'est pas en récession. M. Bachand dit: L'économie du Québec, même si ce ne sera pas une croissance fulgurante, elle tient le coup. Alors, expliquez-moi un peu en quel... Comment est-ce que vous justifiez ces attaques envers M. Bachand?

M. Taillon: Bien, écoutez, nous, là, on prétend qu'actuellement la situation économique du Québec, les Québécois le sentent et le disent, là, ils le voient, en doublant la crise financière de la situation économique où il y a un ralentissement, c'est préoccupant. On doit au moins admettre cela plutôt que d'essayer de dire: Tout va bien, il y a des secteurs qui sont forts, etc. Il y a une situation, il y a une préoccupation, et on pense qu'il est temps d'agir. Ce qu'on reproche à M. Bachand, c'est de tenter plutôt de plaider le laisser-faire: Ça va bien, on ne s'en mêle pas, on laisse aller. Il ne faut pas attendre qu'il soit trop tard. Nous, on dit: Il faut agir maintenant plutôt que d'attendre que la situation se détériore parce que les prévisions de croissance, par exemple, des ventes au détail sont très, très anémiques.

Journaliste: M. Dumont, d'après vous, un dossier qui se retrouve au bureau d'un ministre ou au ministère, c'est pour quelle raison?

M. Dumont: Je ne suis pas sûr de saisir.

Journaliste: Vous dites qu'il y a beaucoup de dossiers qui traînent...

M. Dumont: Ah! O.K., dans ce... Bien, il peut y avoir une multitude de raisons. Parfois, les gens attendent... Parfois, exemple, il faut avoir un décret ou une autorisation parce qu'il y a une réglementation en place à cause d'un article de loi... empêche la réalisation d'un projet. Si on attend six mois avant d'avoir une réponse, bien, tu sais, c'est un projet qui flotte, qu'on ne sait pas trop, qu'on attend.
C'est frappant. Je veux dire, moi... Bien, ça m'a toujours frappé, en fait. J'ai déjà dit: C'est comme si, au Québec, on se comporte un peu comme si on était dans un boum économique, c'est-à-dire qu'il y avait tellement de projets, tellement d'investissements, tellement de volonté de développement puis d'usines, là, que, là, on essaie de mettre un frein à tout ça, alors que la réalité, c'est que, depuis plusieurs années, le Québec obtient moins que sa part d'investissement. Ne serait-ce que le niveau d'agressivité. Je me souviens de... Tu sais, souvenez-vous de la légende 1 800 McKenna. Mais ça, ça raconte le niveau d'agressivité, les gouverneurs des États américains... Et je rencontrais une PME, c'était dans les Cantons-de-l'Est. Ils ont vu passer un projet, la possibilité que ça s'installe dans... C'était dans la région du Lac-Mégantic, bon, je l'ai, la région du Lac-Mégantic. Le gouverneur de l'autre État qui compétitionnait, il appelait directement l'entrepreneur.
Il y a, au Québec, une attitude générale comme si on était au-dessus de nos affaires au niveau économique. Et ça, ça ne coûte rien, c'est une question d'attitude. C'est une question de dire: Quand il y a des projets économiques, c'est une priorité, on veut que ça se réalise, on ne veut pas que les gens... Bon, si c'est pour ne pas se réaliser parce que, exemple, c'est très polluant puis ça ne se fera jamais, c'est correct, qu'on le dise, qu'on dise non.

Journaliste: Justement, moi, je voulais revenir là-dessus, M. Dumont.

M. Dumont: Non, mais, je veux dire, qu'on dise non, qu'on dise non. Mais ce que je veux dire...

Journaliste: Justement, les dossiers, M. Dumont...

M. Dumont: ...c'est qu'il y a un paquet de gens qui attendent dans des petits projets dans les municipalités, qui attendent des mois pour des affaires qui devraient prendre des semaines, qui attendent des semaines pour des affaires qui devraient prendre des jours. Il y a un coût, il y a un coût économique qui est particulièrement donc, je dirais, senti ou triste dans une période où on a besoin d'action, on a besoin de résultats.

Journaliste: Mais, moi, j'ai l'impression que ce que vous dites, c'est: Les analyses qui se font dans les bureaux des ministères pour voir si un projet soit est rentable, soit nécessite des subventions ou soit va respecter l'environnement, tout ça, c'est du temps perdu, il faudrait y aller, il faudrait avancer puis il faudrait foncer.

M. Dumont: Non, non. Il y a des procédures. Je veux dire, tout le monde sait, là, exemple, qu'un grand projet, en 2008, il doit passer par le BAPE. Il n'y a personne qui remet ça en cause. Personne ne va remettre en cause des processus qui sont là. Par contre, il y a une grosse coche plus loin que ça, où, dans le cas du Québec... Comme je vous dis, c'est comme si on était au-dessus de nos affaires. Les gens attendent puis...
Faites l'exercice, allez voir des maires de municipalité, là, c'est frappant. On fait une tournée de régions, on fait deux, trois jours, différentes municipalités, on revient, là, puis on est frappés par le nombre de PME qui ont... en fait, le nombre de personnes qui te disent: Hé! il ne nous manquerait pas grand-chose, une petite affaire - puis souvent c'est même des choses qui ne coûtent rien, ce n'est même pas de l'argent du gouvernement - ah, mais là c'est bloqué, puis là on attend une réponse. Puis ça fait combien de temps? Ah, ça fait quasiment un an. Alors, ça, c'est une attitude générale...
Si on arrivait en Chambre et puis que le premier ministre faisait juste dire à tous les députés: On met un «fast track» sur tout ce qui peut se réaliser puis qui ne coûte pas cher; les députés, là, amenez-nous vos projets puis ceux de vos entrepreneurs, puis on va faire un chemin plus vite pour contourner des éléments bureaucratiques abusifs, peut-être qu'on pourrait, juste avec ça, faire des petits miracles qui ne coûteraient pas cher. Alors, c'est ce genre d'attitude là. Dans une période où l'économie n'est pas facile, allons-y, il faut être plus agressif puis il faut avoir une vision de l'économie par des projets qui doivent se réaliser à la base partout dans les régions. En anglais.

Journaliste: Mr. Dumont, if you and Pauline Marois are both willing to cooperate with the Premier to help with the economy, what does that do to his ability to justify a Fall election?

M. Dumont: Frankly, you justify an election with one of two reasons: if, as a government, you really, really want to implement a huge policy, a big policy, a piece of policy and you can't; or if, generally speaking, the institutions, the various committees of the House, nothing works. It's one of two things. If you ask me today if one of those hypotheses is just about to happen in the very first day of the Parliamentary session, I don't see it. Frankly, I just don't see it.
But, at this point, in this specific case of the economy, it's broader than that, it's not just that the people... An electoral campaign is where the party lines are there and the ability to work together above party discipline... electoral campaign is where it's at its maximum. I would say that now, looking at their purchasing power, looking at the economic reality of their regions, families, middle-class people, retired people are asking more the opposite. They want to see political parties putting aside their difference to come together on that specific issue with solutions, with hard work, and trying to make... And we cannot change the order of the planet, but we can work together to make the impacts on the life of our people as little... minimize it, make it as little as possible, and that's what the people want to see.

Journaliste: What do you make of the fact that Stephen Harper says: I don't need a plan; I came into power two and a half years ago with a plan that's still good? Times have changed. Does Stephen Harper...

M. Dumont: He is presenting his plan today, and the federal election is coming to its end, the people will have the final word next week about the various plans presented by the various parties.

Journaliste: ...about the Grand Prix. What is your take about the fact that Montréal might lose the Grand Prix?

M. Dumont: That's very sad. F1 Grand Prix is probably the most prestigious, one of the most financially beneficial to Montréal events. We don't know yet all of the elements that are behind that decision, but I hardly can imagine that, yesterday, the Minister of Economic Development was before the public, telling the people everything is fine. He is the Minister responsible for Tourism, for Montréal, for Economic development. In all of his three responsibilities, this event was important, this lost is sad. I hope that still something is possible. I hope that the Government will give it a last try, meet these people. But today it's another bad news for Montréal.
Merci. Bonne fin de journée.

M. Taillon: Merci. Bonne fin de journée.

(Fin à 13 h 52)

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