(Huit heures quatre minutes)
M. Lisée
: Alors, aujourd'hui,
il va y avoir un vote après la période de questions, à savoir si les élus de l'Assemblée
nationale pourraient discuter du plus grand projet d'investissement, au Québec,
du siècle, c'est-à-dire 5,5 milliards de dollars pour le réseau électrique
métropolitain de la Caisse de dépôt. Il va y avoir un vote si une commission
parlementaire pouvait entendre la caisse, pouvait entendre les experts, pouvait
discuter de cette dépense considérable, et ça va être battu. Ça va être battu
parce que le gouvernement libéral ne veut pas, ne veut pas une commission
parlementaire sur le plus gros investissement, du Québec, du siècle. C'est
quand même extraordinaire. Et on sait pourquoi ils ne veulent pas de commission
parlementaire, c'est qu'ils essaient de cacher le fait que ce projet va coûter
extrêmement cher aux contribuables.
Il y a trois étages à ce gâteau. Premier
étage, c'est qu'Hydro-Québec va contribuer pour 300 millions. Ça, ça veut
dire que tous les utilisateurs d'Hydro-Québec, qu'ils soient au Saguenay, en
Abitibi, où que ce soit, vont contribuer, par leurs tarifs d'électricité, au
REM de la caisse, premièrement.
Deuxièmement, il y a 32 millions de
dollars qui vont être assumés chaque année par les gens des couronnes nord et sud.
Ça, c'est la nouvelle taxe 450 libérale. Ça veut dire 30 $ par année par
habitant à Laval, 66 $ à Chambly, 71 $ à Châteauguay pour financer le
REM.
Et là il y a un troisième étage à ce
gâteau, qui est à peu près 200 millions que les villes vont se partager
pour subventionner le REM, et tout ça pour assurer que la Caisse de dépôt va
avoir un rendement adéquat. Est-ce que c'est une bonne affaire pour la caisse?
C'est certain que c'est une bonne affaire pour la caisse. Mais le gouvernement
avait dit qu'il n'y aurait aucune subvention, que le projet était autoporteur.
Bien là, ce n'est pas autoporteur quand tout le monde doit porter le rendement
de la caisse.
Alors, est-ce que c'est une bonne idée
d'investir 5 milliards dans le transport en commun à Montréal? Évidemment
que c'est une bonne idée. Est-ce que les libéraux font une bonne gestion
financière de ce projet? Bien, ce n'est pas clair. Et d'ailleurs le ministre
Leitão, pour expliquer pourquoi il ne fallait pas poser de questions, déclarait
hier : Le cadre financier du projet sont des évaluations très préliminaires.
Mais il a dit : Le REM bénéficiera du finalement adéquat du gouvernement
provincial et fédéral. Oui, on voit bien, on voit bien que le gouvernement du
Québec va s'assurer que tout le monde paie pour le REM alors qu'il s'était
engagé à ce qu'il n'y ait aucune subvention.
Alors, le déni de démocratie... Ce
gouvernement qui a déjà refusé qu'il y ait une commission parlementaire sur
l'accord de commerce entre le Canada et l'Europe, ils ne veulent pas qu'on en
débatte, maintenant ne veulent pas qu'on débatte du principal investissement
québécois en transport en commun du siècle. C'est vraiment le gouvernement
opaque. C'est le gouvernement de la cachotterie. C'est le gouvernement qui
refuse le débat.
Et ce n'est pas comme si on avait du temps.
Ils vont commencer à construire cet été. Ils sont en processus d'appel
d'offres. Et là ils vont nous dire après, quand les calculs ne seront plus
préliminaires : Ah, bien là c'est trop tard, la pépine est là.
Alors donc, on appelle le gouvernement à
se ressaisir et à admettre qu'il y a une chose qui s'appelle l'Assemblée
nationale, et des députés qui ont le droit de poser des questions, et des
journalistes qui ont le droit de regarder ce qui se passe et d'avoir des
réponses, et qu'il y a des citoyens à Montréal, sur les couronnes et partout au
Québec qui se demandent pourquoi ils vont payer plus cher leur électricité ou
leurs taxes pour un projet auquel ils n'auront presque pas accès. Je vous
remercie.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Lisée. On y va aux questions en français. Merci d'avoir une
question, une sous-question. On y va avec M. Boivin, micro de gauche.
M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée,
comment est-ce qu'il faudrait financer ça si ce n'est pas, d'une façon ou d'une
autre, par de l'argent public?
M. Lisée
: Bien,
la question, c'est... Le ministre des Finances nous a dit : Voilà un excellent
projet financé par la caisse pour lequel il n'y aura aucune subvention.
Intéressant. Et là on s'aperçoit qu'il y a trois étages, un gâteau à trois
étages de subventions. Alors, soit ce qu'il a dit avant est vrai, soit ce qu'il
dit maintenant est vrai. Ça ne peut pas être les deux. Et, avant de signer, les
contribuables québécois et les élus doivent savoir exactement quelle est la
facture.
M. Boivin (Mathieu) :
Est-ce que la Caisse de dépôt devrait assumer une part plus importante du
financement pour que les contribuables, d'une façon ou d'une autre, soient
moins sollicités?
M. Lisée
: Nous,
on veut voir les hypothèses. Là, on nous a dit : Voici la meilleure
hypothèse. Et là on se rend compte que c'est une hypothèse avec une taxe à
trois étages pour les Québécois. On devrait savoir : Est-ce qu'il y en a
d'autres? Est-ce que tout le monde est satisfait de ça? Je ne pense pas. Et
qu'on voit le montage financier.
Le Modérateur
: Merci.
On va aller avec M. Laforest, s'il vous plaît, micro de droite.
M. Laforest (Alain) : M. Lisée,
M. Sklavounos va faire une déclaration à 10 h 30 ce matin. Vous vous
êtes déjà exprimé sur le sujet. Il semble qu'il ne fera pas de mea culpa. Quel
est le message que vous attendez de lui ce matin?
M. Lisée
:
Écoutez, on aura l'occasion d'en parler après. Mais moi, j'ai entendu un
message ce matin qui m'a un peu troublé. M. François Legault, interrogé par
Paul Arcand, a dit : Écoutez, la solution à ce problème, là, c'est qu'il y
ait deux hommes qui soient dans la même pièce, Gerry Sklavounos et Philippe
Couillard, et que Philippe Couillard demande à Gerry : Dis-moi que tu n'as
rien fait de pas correct. Puis, s'il dit oui, c'est correct, selon François
Legault, Sklavounos peut être réintégré dans le caucus du Parti libéral et être
un fier représentant de la démocratie. Franchement, je trouve ça un peu léger,
compte tenu de l'ensemble des allégations qui ont été portées sur le
comportement inapproprié de M. Sklavounos.
Et que M. Sklavounos dise que oui ou non,
il confirme ou il affirme que ça ne s'est pas produit, le fait est que vous
êtes tous au courant des allégations, vous les avez tous rapportées et que le
jugement, il est porté, et le jugement politique, il est porté. Et ce n'est pas
en faisant en sorte que deux hommes se rencontrent dans une pièce que ça va
régler la question. Ça, c'est la méthode François Legault, d'après ce que je
comprends. Moi, je pense que la population québécoise, les femmes du Québec en
particulier, convient que Gerry Sklavounos n'est pas un exemple à donner à la
société et donc ne devrait pas être dans le caucus d'un grand parti.
M. Laforest (Alain) :
Même s'il n'y a pas eu d'accusations?
M. Lisée
: Exact.
Le Modérateur
: Merci,
M. Laforest. M. Vigneault, micro de gauche.
M. Vigneault (Nicolas) :
Vous dites que le jugement est fait pour vous. Si je comprends bien, peu
importe la déclaration, peu importe le mea culpa, c'est clair, la question est
réglée dans votre tête.
M. Lisée
: Tant
mieux s'il admet ses erreurs. Tant mieux s'il veut faire mieux dans l'avenir, mais
le rôle de député à l'Assemblée nationale, ce n'est pas un rôle anodin.
L'exigence est plus élevée. Et je pense que, par son comportement et par la
totalité des témoignages que vous avez rapportés dans les médias, il est clair
qu'il n'a pas été à la hauteur. Et il peut très bien se réhabiliter et avoir
une autre carrière après. L'Assemblée nationale n'est pas le seul lieu où il
peut avoir une vie couronnée de succès. Moi, je pense que, politiquement, M. Sklavounos
n'est pas un exemple qui vaut d'être dans le caucus d'un grand parti.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur PSPP, notamment, il est entré au caucus hier, comment ça s'est déroulé?
Est-ce que c'était un peu froid comme ambiance, compte tenu du rapport qu'il a
livré?
M. Lisée
: C'était
très chaud. C'était très chaud. Bon, les discussions du caucus sont à huis
clos. Il y a eu une discussion franche, ouverte, des questions, des réponses,
un échange très constructif.
Le Modérateur
: Merci. Il
y a d'autres questions en français? M. Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) :
Alors, justement, sur le même sujet, 24 heures plus tard, comment vous
voyez l'impact qu'a eu ce rapport-là? Est-ce que ce n'est pas une étiquette qui
est un peu négative pour votre parti?
M. Lisée
: Bien,
j'ai regardé les reportages, j'ai vu les entrevues et je pense qu'il y a deux
messages. Évidemment, il y a l'étiquette, mais ça, les gens le pensaient déjà. Finalement,
ils ont dit : Bien oui, c'est ce qu'on pense, c'est ce qu'on dit. Puis il
y a eu le message de dire : Wow! Le Parti québécois est en train de se
regarder dans le miroir, de faire face à la musique puis de vouloir se
transformer, et c'est quelque chose d'extraordinaire. Et moi, je pense que ce
qui ressort de ces 24 heures, c'est un parti qui veut se reconnecter, et
qui n'a pas peur de se poser des questions, et qui va dans la bonne direction.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
ne craignez pas qu'il y ait des gens dans la population qui, au contraire,
étaient convaincus que le Parti québécois était jeune et vivant, qui se disent :
Ah, bien oui, finalement c'est un parti vieillissant, déconnecté?
M. Lisée
: Bien,
si vous les connaissez, vous me les enverrez.
M. Gagnon (Marc-André) :
Vous croyez que ça n'existe pas. Tout le monde était au courant des constats qui
ont été faits dans ce rapport-là? Parce que, visiblement, dans votre caucus, il
y a des gens qui ne semblent pas nécessairement d'accord avec ça ou qui n'ont
pas apprécié.
M. Lisée
: Bien, c'est-à-dire
qu'il est sûr qu'on a demandé aux gens qui se sont détournés de nous ou qui
n'ont pas voulu venir vers nous : Quelle est votre perception? Et ils ont
cette perception-là qui, pour nous, est largement fausse. On n'est pas un club
social, on est un parti de discussions, de débats, on est dynamique, on a plus
de jeunes dans notre parti que dans n'importe quel autre parti au Québec. Mais
c'est une perception. Alors, si cette perception existe, il faut l'entendre et il
faut la dissiper. Et c'est ça, l'enjeu.
Et là je pense qu'il y a un certain nombre
de gens qui savent qu'on est un parti dynamique. Eux autres, ils disent :
Bien là, peu importe ce qu'il y a dans le rapport, c'est un parti dynamique.
Puis des gens qui ont cette fausse perception du PQ, ils ont dit : Bien
là, ils ont l'air à s'en rendre compte puis ils vont faire quelque chose pour
changer. Donc, moi, je pense qu'au global c'est positif.
M. Gagnon (Marc-André) :
Merci.
Le Modérateur
: Merci.
On va y aller en anglais. Merci d'avoir une question, une sous-question aussi.
M. Robillard (Alexandre) :
J'en ai juste une toute petite.
Le Modérateur
: Ah! M.
Robillard, désolé.
M. Robillard (Alexandre) :
Comme solution de compromis sur les signes religieux, est-ce que le fait de
légiférer pour interdire aux fonctionnaires avec pouvoir de coercition, avec
uniforme, ce serait acceptable ou si vous exigez absolument que les juges
soient soumis à cette interdiction-là?
M. Lisée
: Bon, il
y a la décision politique de dire : Bien, il faut faire les trois, il faut
faire Bouchard-Taylor sur la coercition, y compris les juges; le vrai visage
découvert, sans des grosses exceptions; baliser les accommodements raisonnables
avec des guides pour l'éducation, la santé et que ça s'applique au municipal.
Ça, c'est pour l'ensemble.
Ensuite, on sait très bien qu'il y a des
juristes qui travaillent à différentes formules de mettre ça en application, y
compris pour les juges. Il y a même des pistes pour les juges, qui sont
indépendants, mais il y a une façon de faire en sorte que, dans le respect de
leur indépendance, ils prennent cette décision-là.On va attendre les libellés. On ne va pas faire les
compromis ou on ne va pas dire : On baisse la garde, etc. Non. Nous, on
veut ça. La population veut ça. Les quatre partis pourraient voter ça. Ensuite,
sur les libellés, qu'ils nous présentent des libellés, on va en discuter, on va
les améliorer.
M. Robillard (Alexandre) :
Et donc l'exigence que les juges soient soumis à l'interdiction de port de
signes religieux, pour vous, c'est un incontournable.
M. Lisée
: Bien,
c'est incontournable qu'on se rende là. Maintenant, de quelle façon? On est
ouvert sur les processus. Mais, sur la volonté, oui, la volonté est ferme.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. Merci d'avoir une question, une sous-question. M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. Just picking up on that, what did you think about
what was reported in La Presse that said that the Couillard Government
is possibly looking at going a little bit more in the direction of
Bouchard-Taylor?
M. Lisée
:
Well, it's encouraging, it's encouraging. We've been in a constructive mood for
many months now, saying that it's not all or nothing. We don't ask for the
whole PQ program in this bill. We're glad that the CAQ, this week, came to our
conclusion, saying : Well, we don't want the whole CAQ program in the
bill. We were distressed that the Premier didn't seem to want to move towards a
compromise. What is reported today is that there is work being done that could
lead to a Liberal compromise and we're going to wait and see, but these are
good signs.
M. Hicks (Ryan) : On Gerry Sklavounos, is there anything that he could say today that
would change your opinion about whether he should be allowed back in the
National Assembly or back into the Liberal caucus?
M. Lisée
:
I don't think so because the harm is done, you know. When you choose an MNA to
be a candidate for your party, you want to show someone that is exemplary in
some form. And certainly someone who has been dabbling in inappropriate
behavior repetitively, he can be contrite, he can rehabilitate, but a caucus of
a great party is not rehabilitation chamber, you know. He can do this in civil
life. And I think he missed the mark and it's a political decision. We may find
this harsh but politics is harsh and cynicism is already so great that, you
know, we have to be very strict in our political decisions on ethical grounds
and on these issues of behavior, and that's the line that I want to hold. Let's
see what Mr. Couillard does.
Le Modérateur
:
Merci. On va y aller avec Mme Johnson, M. Hicks.
M. Hicks (Ryan) : So, his political life is over.
M. Lisée
:
That's my understanding.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : I suppose the issue for some people is that these are rumors,
essentially. We've heard a lot of them but no one, aside from Alice Paquet, has
put a name to these allegations. So, in that case, is it fair to continue to
judge Mr. Sklavounos based on what essentially amounts to hearsay?
M. Lisée
:
Well, it's hearsay by journalists. Many of you have reported of first-hand
witnesses saying : This happened, this happened, this happened. If there were one or two, I would say : Well, it may be
misunderstandings, fabrications, but there are so many. And plus, that's what
you heard personally, Maya, in these corridors, that you know of, that is not
registered anywhere, and we know that.
And so politics is not fair, politics is not a place where every call is
based on a burden of proof, a burden of criminal proof. We have the duty to
lead the nation and lead the nation by a moral code. And clearly, for me,
Mr. Sklavounous does not need that moral code. It will be better if we had
an orderly process where these women would have come, even anonymously, and a
third party would have said : Well, listen, there is so much evidence. I
would love this process and I wish that, in the future, our policies in the
Assembly be expanded and open to that. But we have the cards that we have now,
and that's the conclusion I draw from our knowledge of the situation.
Mme Johnson (Maya) : As for the light rail project, what is the issue that you are
taking with the Liberal Government's approach to the way it's being financed
right now?
M. Lisée
: Well, it's a great thing that we invest $5 billion in a light rail
project in Montréal, but the Government told us that there wouldn't be
any grants to support it, that it was self-sufficient. Well, now we have
three-layered cake of taxes : $300 million by Hydro-Québec, everyone will pay for that, a
second layer of $32 million per year for people in the suburbs of Montréal and a third layer of $200 million,
we don't know how it's going to affect people, but it's going to be a Liberal
tax on people. So, I say : Listen, let's have a parliamentary commission and get to the bottom of that. We
want the light rail, but is the cost skyrocketing? Is there any handle of these
costs? Let's tell the truth and let the Government tell the truth to the people of the Montréal area : You will pay for that in some form, even if don't use
it.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Fletcher, ça va? Parfait. Bonne journée, messieurs dames.
M. Lisée
: Merci. Au
revoir.
(Fin à 8 h 21)