(Onze heures cinquante minutes)
M. Lisée
:
D'abord, quelques mots pour nos concitoyens des Îles-de-la-Madeleine, qui ont
des problèmes d'approvisionnement en eau. On est avec vous, on espère que tout
est mis en oeuvre pour faire en sorte que vous traversiez ces difficultés. On a
toujours une pensée pour nos concitoyens là-bas. Alors, tenez bon. Et, si vous
considérez que l'aide gouvernementale est insuffisante, vous savez qui appeler.
On est à votre service.
Aujourd'hui, on est très nombreux parce
qu'on est très nombreux à être très fâchés. Il y a un projet, un beau projet de
développement du transport électrique à Montréal, et lorsque le premier
ministre Philippe Couillard l'a annoncé, lorsque le ministre des Finances M. Leitão
l'a annoncé, ils ont dit : Ça va être autofinancé. C'est la meilleure idée
depuis le pain tranché. La Caisse de dépôt va investir et il n'y aura pas de
subvention gouvernementale ou municipale. Ils ont été très précis, là. Pas de
subvention gouvernementale ou municipale.
Alors, on apprend que c'est faux dans les
deux cas. D'abord, tous les utilisateurs d'Hydro-Québec, c'est-à-dire tous les
Québécois vont investir entre 100 et 300 millions, vont faire un cadeau de
100 à 300 millions pour raccorder le train. D'habitude, c'est
l'utilisateur-payeur, c'est-à-dire que, si on raccorde une aluminerie ou une
grande entreprise, c'est l'utilisateur qui paie. Mais là ça va être le
producteur-payeur, pour la première fois, sans rien en retour. Donc, ça, c'est
une première fausseté, une première promesse brisée.
Et la deuxième promesse, c'est que non
seulement c'est faux de dire qu'il n'y aura pas de subvention municipale, mais
on apprend que la rentabilité du projet repose essentiellement sur une
subvention municipale d'au moins 200 millions qui va être perçue sur les
80 municipalités qui forment la communauté métropolitaine, c'est-à-dire la
couronne nord, la couronne sud, l'île de Montréal. Alors, nous avons eu accès à
ces informations qui ne sont pas contredites par le ministre des Finances. Il
dit simplement que ce sont des calculs préliminaires. Il a bien raison de le
dire parce que ça peut être nettement plus que 200 millions par année.
Alors, nous, on a fait simplement le calcul en le répartissant de la manière
dont ces sommes-là sont réparties pour le transport en commun dans la région
métropolitaine et on arrive avec des hausses de taxes, pour une famille type,
de 195 $ par année à Montréal, 124 $ par année en moyenne dans la
couronne sud, 338 $ par année en moyenne à Longueuil, 308 $ en
moyenne par année à Laval et 99 $ en moyenne par année sur la couronne
nord. Et ça, c'est des moyennes; parfois, c'est bien pire.
Et je vais demander à mes collègues députés
de Montréal, de la couronne nord de vous donner quelques-uns des exemples
ahurissants qui s'en viennent si le gouvernement persiste à vouloir briser sa
promesse de ne pas taxer pour le REM. On commence avec toi, Alain?
M.
Therrien
:
Oui. Alors, écoutez, on entend souvent dire que c'est normal de faire des
déficits d'exploitation quand on parle de transport en commun, sauf que, si on
voulait un point de comparaison, le métro de Montréal dans son ensemble, son
déficit d'opération, ça tourne autour de 50, 55 millions. Et là on parle d'au
moins 200 millions pour quelque chose qui va toucher à beaucoup moins de
consommateurs. Alors, on peut se poser des questions. On peut se demander
pourquoi le gouvernement libéral... Si c'est une si bonne idée, parce qu'ils
disent que c'est une excellente idée, pourquoi on ne va pas en commission
parlementaire pour, justement, en discuter, pour essayer de trouver des
réponses à nos questions? Et nos questions sont nombreuses. On a entre autres,
là, ici, les résultats d'une analyse, et ça, c'est un minimum, c'est des
chiffres qui sont des minimums qu'on aura à payer pour chaque famille dans la
région. Alors, moi, je pense qu'une commission parlementaire va de soi, il faut
absolument aller au fond des choses. C'est 6 milliards au minimum
d'investissement, et moi, je pense que les Québécois ont le droit de savoir
comment sera dépensé... et pourquoi ça sera dépensé, et si c'est une bonne idée
en bout de piste, s'il n'y a pas d'autres façons de dépenser ça à l'intérieur
d'un réseau de transport en commun plus efficace.
Juste faire du pouce sur ce que M. Lisée
a dit : Châteauguay, chaque famille, ça sera 393 $ supplémentaires
par année qu'ils devront payer; La Prairie, 265 $ par famille par
année; Sainte-Catherine, 294 $ par famille. Et ça, ce n'est qu'un début.
Alors, ça veut dire que ça pourrait augmenter passablement, et là on ne rajoute
pas l'idée qu'il pourrait y avoir une explosion des coûts, qu'on dépasse
largement le 6 milliards initial. Voilà, je laisse la parole à d'autres
collègues.
Mme Fournier : Oui, pour
donner d'autres exemples de familles qui vont devoir payer plus en taxes dans
différentes villes, à Beloeil, c'est 54 $ par famille et à Chambly,
360 $.
M. Lisée
: Stéphane.
M.
Bergeron
:
Alors, pour la circonscription que je représente, simplement quelques exemples :
à Sainte-Julie, ça va être 294 $ de plus par famille; à Contrecoeur,
156 $ de plus par famille; à Verchères, 131 $; et à Varennes,
118 $.
M. Lisée
: Diane.
Mme Lamarre : Pour l'agglomération
de Longueil, 338 $ de plus à payer par famille.
M. Leclair : Bien, pour
la ville de Beauharnois, 54 $; pour la ville de Saint-Lazare, 241 $;
la Terrasse-Vaudreuil, 80 $ par famille; Vaudreuil-Dorion, 128 $;
Vaudreuil-sur-le-Lac, 116 $.
M. Lisée
: Carole.
Mme Poirier
:
Est-ce que les familles de Montréal ont les moyens de payer 195 $ de plus?
C'est ça, la question.
M. Lisée
: Quelqu'un
d'autre? Ça va? Oui, Nicolas.
M. Marceau
: Oui,
sur la couronne nord aussi, il y a des impacts. À L'Assomption, 141 $; à
Repentigny, 279 $, montants considérables.
M. Lisée
: Bien
voilà, c'est la facture. Quand on parle de taxe libérale 450 pour le REM, c'est
de ça qu'on parle, c'est un minimum.
Aujourd'hui, on met le gouvernement
libéral devant la réalité des chiffres et on leur demande de respecter leur
promesse qu'il n'y ait pas de subvention municipale, qu'il n'y ait pas de
hausse de taxes. Si le REM est un bon projet — et nous, on n'est pas
contre le projet, c'est ce qu'ils ont dit la semaine dernière, si on pose des
questions, on est contre... non, on n'est pas contre, on est pour le respect
des promesses — qu'ils s'organisent pour que le REM soit autofinancé
comme ils l'avaient promis, et qu'ils nous disent pourquoi ils échouent, et
qu'ils arrêtent de dire qu'il n'y aura pas de hausse de taxes. La balle est
dans leur camp.
Le Modérateur
: Merci,
Mmes et MM. les députés. Merci, M. Lisée. On va y aller avec la période de
questions en français. Merci d'avoir une question et une sous-question. Micro
de droite, M. Salvet, Le Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour. Je n'ai pas de question sur le REM. Je ne sais pas si c'est le cas de
collègues. M. Charles Taylor a publié une tribune ce matin. Est-ce que ça
fournit de nouveaux arguments à M. Couillard et est-ce que, par le fait
même, ça vous en retire?
M. Lisée
: Bien,
moi, je savais que M. Taylor était frileux sur cette question depuis très longtemps,
donc je ne suis absolument pas surpris. Je savais que Philippe Couillard le
savait aussi. Et d'ailleurs Fatima Houda-Pepin a révélé aujourd'hui que cet
argument lui avait été servi il y a plus d'un an et demi. Alors, pour nous, ça
ne change rien parce que... Et même j'ai beaucoup de respect pour le grand
sociologue qu'est Charles Taylor, mais l'argument qu'il apporte, c'est de dire :
Si on agit, ça va libérer la parole de gens extrémistes, et ça, on ne veut pas
faire ça. C'est comme si le débat démocratique était pris en otage par nos
citoyens les moins raisonnables. Bien, des propos malheureux dans le débat sur
le mariage homosexuel, il y en a eu beaucoup. Est-ce qu'il fallait ne pas agir?
Dans le débat linguistique, il y en a eu beaucoup; dans le débat sur l'indépendance
du Québec, il y en a eu beaucoup; dans le débat sur le vote des femmes, il y en
a eu beaucoup. Il ne faut pas que nos débats pacifiques soient pris en otage
par nos citoyens les moins raisonnables. Alors, je pense que l'argument de M. Taylor,
il ne tient pas. En fait, il est même une inhibition à la saine démocratie.
Évidemment, ça apporte de l'eau au moulin
de M. Couillard à l'intérieur d'un débat qui a cours au sein du Parti
libéral. L'enjeu, là, c'est de savoir si on va avoir une entente historique sur
la laïcité d'ici juin, et tout le débat se fait à l'intérieur du caucus libéral
et du Conseil des ministres libéral. Certains d'entre vous avez eu des fuites
sur des avenues qui sont étudiées pour essayer de faire des pas vers le
compromis. M. Couillard, chaque fois qu'il vous parle, il dit : Il
n'est pas question, mais on sent bien que, derrière lui, il y a des députés, il
y a des ministres qui sont branchés sur le réel, branchés sur la volonté
consensuelle des Québécois. Et nous, on continue à avoir espoir que les
libéraux branchés sur le réel vont avoir gain de cause face à l'intransigeance
de M. Couillard.
M. Salvet (Jean-Marc) :
J'entends bien votre espoir. En même temps, j'ai entendu M. Couillard plus
d'une fois, et encore donc très fermement tout à l'heure, dire que ce sera le
projet de loi n° 62 tel que présenté avec la clarification que vous savez.
Dans ces circonstances, est-ce que vous allez l'appuyer en vous disant : C'est
un minimum et on reportera le débat à la prochaine élection ou vous voterez
contre?
M. Lisée
: Je sais
que vous êtes pressé d'avoir une réponse à cette question, mais il y a cette
semaine, il y a la semaine prochaine. On n'a même pas vu les libellés. Alors, que
M. Couillard donne les libellés, mais d'abord qu'il convainque son caucus
que ce sont les bons libellés, puis je pense qu'ils ont un gros débat à avoir
entre eux. Et la question qui est posée, puis c'est ce que Gérard Bouchard a
dit, c'est : Si M. Couillard ne veut pas se rendre au consensus général,
il s'isole, il s'isole politiquement et il y aura un prix politique à payer de
son côté. Alors, moi, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de libéraux qui ne
veulent pas cet isolement et je les appelle, les militants libéraux, les
électeurs libéraux : Appelez votre premier ministre, écrivez-lui, dites-lui :
On a besoin d'un consensus, rendez-vous à l'opinion très majoritaire, et à ce
moment-là on fera quelque chose, on fera une bonne action collective.
Le Modérateur
: Merci.
On y va avec M. Boivin, micro de gauche. Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée,
un des éléments que M. Taylor identifie comme ayant peut-être le plus
contribué au malaise, c'est la charte des valeurs. Est-ce que le chapeau fait
au PQ que d'avoir été un agent presque direct dans un quelconque malaise
identitaire?
M. Lisée
: Bien,
M. Taylor était contre la charte avant la charte, il était contre pendant,
puis il est contre après. Alors, je ne vois pas de changement.
M. Boivin (Mathieu) :
Vous avez dit hier qu'adopter les prescriptions de Bouchard-Taylor réglerait,
solutionnerait un malaise. Lui, dit : Au contraire, ça va l'empirer. Qui
croire?
M. Lisée
: Il
était contre avant, il est contre pendant, il est contre après. Alors, pour
moi, ce n'est pas une nouvelle. Il présente une position qui est respectable,
mais avec laquelle je suis en désaccord.
Le Modérateur
: Merci.
On va avec M. Robillard, micro de droite.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour, M. Lisée. Est-ce que vous êtes d'accord avec la suspension du
processus de délimitation des circonscriptions?
M. Lisée
: Bon,
alors on pense qu'il y a un déni de démocratie qui a été fait pour
Sainte-Marie—Saint-Jacques parce que l'hypothèse qu'avance la commission de
réforme n'a jamais été soumise au débat. Elle contrevient à une réelle
communauté qui existe au sein de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Et, pour préserver
des communautés dont la commission reconnaît l'existence à Outremont puis à
ville Mont-Royal, ils détruisent, disons, une unité politique pour une autre
communauté. Alors, on est d'accord avec nos amis de Québec solidaire pour dire :
Il faut une nouvelle consultation. Cette décision-là sur l'île de Montréal,
elle n'est pas la bonne. C'est encore le temps de la modifier. Moi, j'aurais
beaucoup moins de difficulté à revenir à la proposition précédente de fusion
d'Outremont et de ville Mont-Royal, un lieu que je connais très bien, et je
pense qu'il y a beaucoup plus de communauté de vues, d'action, de réalité entre
ces deux circonscriptions-là que dans la nouvelle circonscription qui est créée.
Et donc on nous avise que Québec solidaire va demander par motion aujourd'hui
de ne pas clore le débat aujourd'hui. Nous allons les appuyer là-dedans. Ils
sont en train de préparer un projet de loi. On va attendre de voir le libellé
pour la suite des choses, mais certainement je ne veux pas qu'aujourd'hui sonne
le glas d'une circonscription de l'île de Montréal dont le caractère
représentatif me semble satisfaisant et qui serait une réelle perte.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais est-ce que vous voulez des consultations publiques?
M. Lisée
: Bien, dans
la mesure où le temps le permet d'ici l'élection de 2018, il faut demander à la
commission si c'est possible. Si la commission nous dit : C'est
impossible, bien, on lui dit : Pour l'île de Montréal, revenez à votre proposition
précédente.
Le Modérateur
: Merci. On
y va avec M. Boissonneault, au micro de gauche, s'il vous plaît.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais donc... Je ne comprends pas bien la réponse, s'il vous plaît.
Le Modérateur
: M. Boissonneault,
s'il vous plaît.
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais je ne comprends pas bien la réponse. Je veux juste être bien certain
de comprendre.
Le Modérateur
:
M. Robillard...
M. Lisée
: Compte
tenu du temps, moi, on m'a demandé, compte tenu du temps que...
M. Robillard (Alexandre) :
Parce que je veux juste savoir... Non, mais le DGE... Non, mais le DGE... S'il
vous plaît, s'il vous plaît, j'aimerais ça juste avoir une petite précision sur
la réponse de M. Lisée.
M. Lisée
: ...
M. Robillard (Alexandre) :
M. Lisée, le DGE dit qu'il est prêt à faire des consultations publiques
sur sa deuxième mouture de la carte électorale à la condition que les
parlementaires modifient la loi. Donc, moi, je veux savoir, ça, est-ce que vous
êtes ouvert à ce que le DGE demande?
M. Lisée
: Je n'ai
pas vu le libellé de sa demande, mais je vous fais confiance que vous la
décrivez bien. Alors, bien sûr, dans la mesure où il nous dit que ça ne met pas
en péril l'application de la nouvelle carte, et évidemment, s'il veut tenir des
consultations et si on a une modification législative à faire pour lui
permettre de le faire dans le respect de son calendrier, c'est une bonne
nouvelle.
M. Robillard (Alexandre) :
C'est une réponse tout à fait précise, merci.
Le Modérateur
: Merci,
M. Robillard. M. Boissonneault, micro de gauche.
M. Boissonneault (Alex) :
M. Lisée, le premier ministre avait parlé d'un changement de ton nécessaire.
Alors là, non seulement il ne vous rejoint pas sur le projet de loi n° 62,
mais il dit que votre position est une position discriminatoire vestimentaire.
Qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Lisée
: Bien,
je lui demande d'être cohérent avec lui-même parce que le projet de loi
n° 62 interdit un vêtement. Sa proposition interdit un vêtement. Alors, il
nous dit : Moi, Philippe Couillard, je peux interdire un vêtement, mais
Gérard Bouchard ne peut pas en interdire d'autres. Vous voyez que ça ne
tient pas. Ça ne tient pas.
M. Boissonneault (Alex) :
Est-ce que vous sentez que le changement de ton qui était demandé est en train
de s'effriter?
M. Lisée
: Bien,
moi, je suis très heureux qu'aujourd'hui le premier ministre, après trois ans
de pouvoir, décide d'agir pour l'intégration des Québécois d'origines diverses
en emploi. Mieux vaut tard que jamais. On salue cette proposition-là. Elle ne
va pas assez loin, à notre avis. On a déposé, la semaine dernière, une
vingtaine de propositions qui sont très actives, qui feraient en sorte
d'interdire, par exemple, la condition d'une expérience de travail canadienne
avant l'emploi, qui imposerait des sanctions pour la discrimination à
l'embauche et au logement. On trouve que les mesures annoncées aujourd'hui sont
bienvenues mais timides. Et on lui a écrit, Carole Poirier a écrit à
Mme Weil pour qu'on crée un comité de travail, le gouvernement,
l'opposition officielle, pour proposer et adopter d'ici juin des mesures
beaucoup plus actives pour aller dans ce sens-là. Alors, ça, c'est le ton que
j'aime. Maintenant, si M. Couillard décide de s'isoler dans sa position et
dans l'intransigeance, bien, ce sera à lui de le faire, mais, encore une fois,
je sais qu'autour de lui et au sein de son caucus il y a des gens qui ne sont
pas d'accord avec lui. Je vais les laisser débattre.
Le Modérateur
: Merci,
M. Boissonneault. M. Laforest, micro de droite.
M. Laforest (Alain) :
Précision : intransigeance?
M. Lisée
:
Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans l'intransigeance du premier ministre?
M. Laforest (Alain) :
Pouvez-vous aller plus loin?
M. Lisée
: Non,
moi, je vois bien que M. Couillard a campé une position qui est assez
rigide. François Legault, devant vous, ici, la semaine dernière, a modifié sa
position pour se rendre à un consensus. Moi, je l'ai fait l'automne dernier. La
seule personne qui refuse de mettre de l'eau dans son vin, c'est Philippe
Couillard. Alors, la balle est dans son camp, et je pense que ce n'est pas
l'heure de l'intransigeance sur ces questions, c'est l'heure de la convergence,
pour utiliser un mot à la mode.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce que M. Taylor vient de donner une bénédiction à M. Couillard
ce matin?
M. Lisée
: Évidemment,
M. Couillard est très content qu'il le dise publiquement, mais il l'avait
dit privément depuis plus d'un an et demi. M. Taylor s'était rendu à un
consensus dans sa commission, maintenant il brise le consensus. Alors, ça lui
appartient, mais ça n'empêche pas que le bien est fait. M. Taylor et M. Bouchard
ont réussi à convaincre plus de 80 % des Québécois de la justesse de leur
proposition, et je pense que M. Taylor débarque d'un train qui est parti
depuis très longtemps.
Le Modérateur
:
Dernière, M. Laforest, s'il vous plaît.
M. Laforest (Alain) : Ma
deuxième question, parce que tantôt c'était une précision.
M. Lisée
: Vous
savez qu'il faut que j'aille au caucus après, hein?
Le Modérateur
: Allez-y,
il faut aller au caucus.
M. Laforest (Alain) : Ça
va être très rapide. Je suis sûr que votre réponse va être rapide. M. Sklavounos
a exprimé le désir d'être là aujourd'hui. Il est possible qu'il soit là à 14 heures.
Vous en pensez quoi? Vous allez vous sentir comment?
M. Lisée
: Bien,
il a été élu, il peut siéger jusqu'en octobre 2018. Moi, je suis satisfait que
le premier ministre Couillard se soit rendu à nos arguments ou soit arrivé au
même résultat que ce n'était pas la place de M. Sklavounos d'être dans un
caucus d'un grand parti. Maintenant, l'examen de conscience, il appartient à M. Sklavounos.
Est-ce qu'il devrait se retirer? Est-ce qu'il considère que les gens de
Laurier-Dorion sont bien représentés par quelqu'un qui a eu des comportements
qui sont contestables, mais que M. Sklavounos ne reconnaît même pas? Il
n'en reconnaît même pas l'existence. Alors donc, tout repose sur l'examen de
conscience que M. Sklavounos veut ou ne veut pas faire, et là ça lui
appartient.
Le Modérateur
: Merci.
Vous me permettrez d'excuser les membres de la députation qui ont dû quitter.
Ils ont dû aller pour le caucus, notamment à une formation liée à la politique
sur le harcèlement. Donc, j'en profite pour saluer M. Lavallée et lui
céder la parole.
M. Lavallée (Jean-Luc) :
Merci. Bonjour, M. Lisée. Vous avez peut-être lu le papier de mon collègue
Charles Lecavalier ce matin au sujet d'un militant libéral, Jean Masson, qui a
payé de sa poche une étude afin de fournir des arguments juridiques pour
préserver certaines circonscriptions comme Mont-Royal et Outremont. Il dit
qu'il a agi de façon personnelle, indépendante, à titre citoyen. Est-ce que
vous le croyez?
M. Lisée
: Écoutez,
je ne mets pas en doute sa parole. Ce que je sais, par contre, c'est que le Parti
libéral déploie énormément d'efforts dans le processus de révision de la carte
électorale parce que sa capacité financière est beaucoup plus grande que celle
des autres partis politiques. Et ça, ça m'inquiète un peu. Ce n'est pas leur
faute, hein? Ils le font. Nous, on s'est posé la question depuis que je suis
chef, mais j'ai dit : Qu'est-ce qu'on a fait? Bien, on n'avait pas la
capacité financière d'être aussi présents que le Parti libéral là-dedans. Moi,
ça me gêne un peu. Alors, on va se poser les questions pour égaliser les
plateaux d'équilibre par la suite, mais je n'ai pas à mettre en cause la parole
de M. Masson.
Le Modérateur
: Merci.
On y va en anglais. M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Hello. Now that Mr. Taylor has renounced his position in that Bouchard-Taylor
report, doesn't that mean that a significant part of your argument to implement
the recommendation of the Bouchard-Taylor report has now become weakened?
M. Lisée
:
No, I don't think so. While there was a consensus amongst the people at the
commission, Mr. Taylor decided to get out of the consensus. But, in the
meantime, more than 80% of Quebeckers thought that was a good idea. And I have
a lot of respect for Mr. Taylor. I read his letter carefully this morning and
his argument is basically that, if you want to implement a change that would
bring some people, narrow-minded people to express themselves, you should not
go ahead. Well, that means that we wouldn't have legalized gay marriage, that
means that we wouldn't have acted on language, that means that we wouldn't have
even given the right to vote to women because a lot of narrow-minded men at the
time were extremely dissatisfied and vocal against women at that time. So, I
think this is a very weak argument and even an argument against a peaceful
deliberation for the next stages.
What I know now is that
every party in this Assembly is willing to make compromises to come to a common
bill this spring, except for Mr. Couillard. And we know that within
Mr. Couillard's Cabinet and caucus, there are lot of people who are
pushing him not to stay isolated and to make a compromise on this part. So, I
will leave the Liberals to go on and debate amongst
themselves.
M. Hicks (Ryan) : What about his argument… because you brought up the fact that 80%
of Quebeckers, at a certain
time, supported this recommendation. But what Mr. Taylor says is that the context now is
different, that 80% was also years ago, and now we are in 2017. So, do you
understand that a context can change, and so maybe his recommendation
also can change as well?
M. Lisée
:
I'm confident that this level of support holds now, and if your media wants to
check it through a poll, you're welcome to it. But, basically, the other
argument of Mr. Couillard is that you shouldn't intervene in vestments. Well,
he does. I mean, his bill would impede persons from having a certain type of
vestment covering the face. So, he has already crossed that line. So, once he
crossed that line, he cannot say : We shouldn't cross this line. So, I think
his argument is very weak.
Le Modérateur
: Merci. Mme Plante.
Mme Plante (Caroline) : Hello, Mr. Lisée. The Premier, this morning, said that the
Québec City mosque shootings have spurred his Government into action, and he
talked, among other things, of Bill 98 and a swift adoption of this bill.
So, do you support Bill 98?
M. Lisée
: Bill 98 being?
Mme Plante (Caroline) : The professional orders.
M. Lisée
: Oh! OK. Well, I
think we have to revisit it in the light of the extremely... well, I won't say «extremely», in the light of hurdles that are put
in the way of recognition of skills and professional help. I'm glad that, after
three years of basic inaction from the Liberal Government on the field of integration of Quebeckers from abroad, they start moving
today. We have tabled 20 recommendations last week, some of which go far beyond
what is proposed today. We're asking the Premier to convene a task force with
his representatives and our representatives so that we can act on this issue of
professions, but also on other issues within the current session. We're still
waiting for a response. I think we can do much more in the next few months than
just what Mr. Couillard announced today.
Mme Plante (Caroline) : But you support it and would possibly be in favor of the bill?
You'd like to improve it, but you support it?
M. Lisée
: Well, action is needed to lift the hurdles in the professional
corporations towards a better recognition of skills, yes.
Mme Plante (Caroline) : How do you feel about Gerry Sklavounos returning to the National Assembly?
M. Lisée
: I mean, once the Premier has come to the same conclusion as we did,
that there was no place for him in the caucus of an important party, now it's left to the conscience of Mr. Sklavounos. Of
course, it's problematic that he does not acknowledge that he has done anything
wrong. I mean, we're not talking of the criminal accusations but just his
behaviour. So, if he does not believe that he did something wrong, he feels he
should be here, but I think it's up to him. If we were at the beginning of a
mandate, I would more strongly recommend that he leaves, but since we're pretty
much in the last year, if he's there, it's his decision.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Lisée. I just wanted you to elaborate on that
because right after Mr. Sklavounos made his public statement last week, we
heard from Mireille Jean and Carole Poirier and they said they were very disappointed
because it didn't really sound like an actual apology. And so, you agree? What did
you make of his statement?
M. Lisée
:
Well, of course I agree. I mean his statement was that he did nothing wrong,
and if women felt that something wrong had happened, it's because they
misunderstood his personality. Of course, you know, it's not satisfactory. Now
he's out of the caucus of the Liberal Party, that's fine. He has the right to
sit here. I'm dissatisfied with his statement and positions, but there's
nothing we can do.
Mme
Johnson (Maya) : Merci.
M. Lisée
: Merci
beaucoup. Bonne journée.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, tout le monde. À plus tard.
(Fin à 12 h 17)