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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 21 février 2017, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-deux minutes)

M. Khadir : J'ai examiné l'annonce qui a été faite par le premier ministre Couillard sur ce qu'il compte faire pour soi-disant retenir les entreprises. Je rappelle que ça fait 30 ans, ça fait 30 ans, ce n'est pas nouveau, là, ça fait 30 ans que les gouvernements font des courbettes devant les plus nantis qui sont capables de faire du chantage. Alors, on comprend, on dit : Ces gens-là peuvent aller — c'est ce qu'a dit le premier ministre — peuvent aller déclarer leur impôt en Ontario ou ailleurs. Alors, la seule solution, c'est de faire une génuflexion, de faire une courbette, bon, et de leur offrir tout ce qu'ils demandent. On a tellement fait ça que Montréal, je vous l'annonce, si ça vous a échappé, le classement KPMG pour 2016, là, Montréal vient en troisième rang international parmi les 10 pays à l'étude et 100 villes étudiées dans 10 pays en termes de classement des coûts de l'entreprise-attractivité. C'est-u pas assez beau? Déjà, on ne leur offre pas déjà assez. On devance Toronto. On devance Vancouver. On devance tout ce que vous pourriez imaginer, là.

Alors moi, je dis au gouvernement que c'est inacceptable. Ce n'est pas le genre de politique dont on a besoin, surtout de la part d'un gouvernement <qui vient tout juste, hein, on le sait...

M. Khadir : ...pas assez beau, déjà... on ne leur offre pas déjà assez? On devance Toronto, on devance Vancouver, on devance tout ce que vous pouvez imaginer, là. Alors, moi, je dis au gouvernement que c'est inacceptable, ce n'est pas le genre de politique dont on a besoin, surtout de la part d'un gouvernement >qui vient tout juste, hein, on le sait... les crédits d'impôt auxquels avaient droit des dizaines de milliers de retraités vont leur être graduellement coupés. On augmente l'âge auquel les gens peuvent avoir droit à ce crédit d'impôt. C'est 77 millions que le gouvernement va chercher dans la poche des citoyens les plus vulnérables de notre société, à qui notre société doit tant, est redevable. Ce sont nos aînés qui ont construit ce pays, qui en ont fait la prospérité. Pourquoi? Bien, pour donner, de l'autre main, 50 millions de cadeau fiscal à des gens qui n'en ont probablement pas besoin. Il y a des petites mesures, mais l'essentiel de ces mesures-là ne touchera pas, là, le fermier qui va léguer, donner en héritage ou va vouloir transférer sa ferme ou son entreprise familiale à ses enfants. Non, ce n'est pas ça, c'est des crédits d'impôt qui sont donnés à des personnes qui investissent dans des marchés, qui investissent dans des entreprises, qui sont déjà riches à craquer.

Moi, je pense que c'est une orientation, malheureusement, qui démontre à quel point ce gouvernement-là est tout à fait insensible à la réalité des gens et travaille, dans le fond, pour une petite minorité de gens excessivement fortunés. Ça ne me surprend pas, ils viennent de ces milieux-là. Ça ne me surprend pas, leur parti est soutenu par des copains et des copines qui sont dans la finance, qui sont dans la business, qui sont dans les investissements. Et c'est malheureux, mais ce n'est pas le gouvernement dont le Québec a besoin. Le gouvernement... a besoin d'un gouvernement qui est responsable devant tout le monde, qui pense autant à ses aînés qu'à ses capitalistes.

M. Salvet (Jean-Marc) : Est-ce qu'il n'y a pas un bénéfice collectif si les gens qui déclarent leurs revenus en Ontario les déclarent au Québec? Est-ce qu'il n'y a pas un bénéfice collectif dont vont profiter les moins nantis de la société?

M. Khadir : M. Salvet, c'est exactement ce qu'on entendait il y a 30 ans, quand ce genre de mesures, où on fait des courbettes, où on leur donne des crédits d'impôt, on baisse leurs taxes, a commencé, là. C'est toujours, toujours la même rengaine. Et où est-ce que ça nous a menés? À une dette colossale. À une augmentation des inégalités. Si ça devait servir la société, aujourd'hui, l'ensemble du Québec s'en porterait mieux, on aurait de meilleures infrastructures, on n'aurait pas un système d'éducation publique abandonné, on aurait des hôpitaux et un accès aux services mieux, avantageux, on aurait moins de gens dans les files d'attente dans les soupes populaires.

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais est-ce que...

M. Khadir : Donc, regardez, M. Salvet, la base, la prémisse de ça... vous avez raison, mais, hein, c'est le principe, depuis 30 ans, de ce genre d'orientations, qui disent : Donnons des avantages aux autres, comme la coupe de champagne — vous vous rappelez, le «dripping down», hein, l'expression en anglais — donnons des avantages aux plus riches, l'ensemble de la société va en bénéficier. C'est exactement... Vous faites bien de me poser la question, parce que c'est le genre d'argument sur lequel reposent les vieilles idées dépassées de M. Leitão. S'il y a 30 ans, on pouvait, je dirais, raisonnablement et de manière sincère, croire à ce qui était déjà <des balivernes...

M. Khadir : ...en bénéficier. C'est exactement... Vous faites bien de me poser la question parce que c'est le genre d'argument sur lequel reposent les vieilles idées dépassées de M. Leitão. S'il y a 30 ans on pouvait, je dirais, raisonnablement et de manière sincère, croire à ce qui étaient >des balivernes, aujourd'hui personne ne peut ignorer que c'est des balivernes. Ça n'a pas donné le résultat escompté. Nos sociétés sont de plus en plus endettées, les foyers, les ménages sont de plus en plus endettés, nos services publics sont démembrés, les inégalités — ça, peut-on le nier, M. Salvet? — les inégalités se sont accrues, donc il n'y a aucun bénéfice. Donc...

M. Vigneault (Nicolas) : Mais, quand même, M. Khadir, vous dites : troisième ville en importance ou en termes d'activités pour la ville de Montréal. Est-ce que ce n'est pas une bonne nouvelle en soi?

M. Khadir : Non, ce n'est pas... C'est une bonne nouvelle pour les investisseurs. Mais vous voyez ce que ça veut dire, cette réalité? Mettons, quand on est le troisième pays le plus attractif pour les filous qui cherchent à échapper à leurs responsabilités sociales, mettons, là, c'était le classement des entreprises polluantes où est-ce que c'est le plus attractif pour aller installer leur entreprise polluante, est-ce que vous diriez que, parce qu'on figure en troisième place, c'est bon pour nous? Non. C'est bon pour les entreprises polluantes.

Les entreprises qui cherchent à payer moins en impôts, en salaires, en coûts, pour eux, c'est très bon, mais en salaires, en impôts, en coûts, ça veut dire qu'on a déjà donné... on donne déjà trop d'avantages. On se fait déjà avoir. On est la troisième ville déjà le plus haut placé qui se fait avoir, c'est-à-dire qui veut aller chercher des entreprises qui sont tout à fait irresponsables, qui ne veulent pas payer de bons salaires, qui ne veulent pas avoir des responsabilités. Donc, ce n'est pas à notre avantage de jouer encore dans ce film-là. Si c'était si bon que ça, ce qu'on a fait, aujourd'hui, notre infrastructure à Montréal serait en meilleur état, n'est-ce pas? Nos routes, nos infrastructures publiques seraient en meilleur état. Est-ce qu'on peut dire que ça a donné de bons résultats? Est-ce qu'on peut accepter l'argument que sert M. Couillard à M. Salvet qui me pose la question ici? Non. On l'a déjà démontré depuis 30 ans.

M. Boivin (Mathieu) : M. Khadir, est-ce que le premier ministre Couillard, avec cette mesure spécifique là, est en train de faire un paradis fiscal du Québec?

M. Khadir : Si. C'est le genre, je dirais, de briques que mettent en place des gouvernements qui jouent dans une course entre gouvernements pour attendre le moins possible, en termes fiscaux, de gens qui font du commerce et des capitalistes. O.K.?

À une plus petite échelle, le rapport Charbonneau, je vous en parle parce que c'est pertinent, le rapport Charbonneau avait dit aux villes : Ne faites pas ça. Ne faites pas ça, ça ouvre la voie à toutes sortes d'aberrations, et ça encourage la collusion et la corruption, et surtout ça donne des avantages indus à nos villes quand chacun tire la couverte de son bord, chaque ville, pour donner des avantages à des entreprises de toutes sortes de manières : dans les contrats, dans les taxations foncières, etc.

À une autre échelle, le gouvernement du Québec est en train de faire, à l'échelle du Québec, ce que la commission Charbonneau dit à ces villes de ne pas faire. Toute la lutte qu'on est en train de mener, la commission qu'on a sur la fiscalité, sur les paradis fiscaux, on est en train de travailler sur le rapport, l'esprit de ça, c'est d'aller ailleurs, c'est de resserrer les mesures, d'arrêter de jouer les... de faire les courbettes, de se mettre à <genoux...

M. Khadir : ...la commission CharbonneauT dit à ces villes de ne pas faire. Toute la lutte qu'on est en train de mener, la commission qu'on a sur la fiscalité, sur les paradis fiscaux, on est en train de travailler sur le rapport, l'esprit de ça, c'est d'aller ailleurs, c'est de resserrer les mesures, d'arrêter de jouer, de faire les courbettes, de se mettre à >genoux, et le gouvernement Couillard avec un banquier au ministère des Finances vient de faire exactement le contraire.

Le Modérateur : D'autres questions sur ce sujet? Merci.

M. Khadir : Je voudrais juste vous dire, au cas où vous... on vient de m'annoncer, il y a 10 minutes, que Mme Azizi, la réfugiée iranienne pour laquelle la ministre ici, la ministre de l'Immigration, a déjà contacté son contrepartie pour dire : Écoutez, c'est un cas humanitaire, on ne peut pas la renvoyer en Iran, elle a été arrêtée par les services frontaliers lors d'une entrevue administrative, enfin une convocation administrative qu'elle avait à Montréal. Nous sommes renversés parce que tout indiquait que c'est clair pour tout le monde qu'il y a eu une erreur qui a été commise. Or, le service frontalier canadien, je dirais, en tout sens des responsabilités politiques dans un dossier qui est un dossier politique qui doit se régler par le ministre, a décidé de l'arrêter et de l'envoyer en Iran.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Et qu'est-ce que ça signifie Montréal ville sanctuaire avec un cas comme celui-là?

M. Khadir : Bien, justement, c'est ça.

M. Bélair-Cirino (Marco) : C'est du pipeau, ça, les propos de M. Coderre?

M. Khadir : Les propos de M. Coderre appartiennent à M. Coderre. Là, on parle des services frontaliers canadiens. Ça, ça veut dire que le gouvernement canadien, le service frontalier canadien est complètement absent de ce genre de considérations. C'est sûr que ce cas-là ne concerne pas un cas de réfugié qui nous vient des États-Unis, fuyant, si vous voulez, les propos et les menaces représentées par Trump et son gouvernement. Mais, dans le contexte... d'ailleurs, c'est la prochaine étape, c'est ce que je devais faire tout de suite après notre point de presse, je vais appeler Denis, je vais appeler M. Coderre pour l'appeler à agir auprès de ses amis au gouvernement fédéral parce que c'est inacceptable au moment même où on est en train de réfléchir au fait que le Canada... au moment même où le premier ministre du Canada Justin Trudeau va partout pour répéter, et moi je suis prêt à accepter sa parole, que le Canada veut être une terre de refuge, une terre d'accueil, une terre avec des bras ouverts, mais je pense que c'est tout à fait incohérent de retourner une femme qui a fait quatre ans de prison sous le régime Khomeini, dont le mari a été exécuté par le régime de Khomeini, qui a eu des activités ici pour dénoncer justement les exécutions sommaires en Iran, et qu'on s'apprête à retourner en Iran, le même pays où Mme Hoodfar a été détenue sans justification, où Zhara Kazemi est morte il y a 12, 13 ans dans les circonstances que l'on sait.

M. Boivin (Mathieu) : Est-ce que le Canada est en train de l'envoyer à la mort?

M. Khadir : Si le Canada fait l'erreur de renvoyer Mme Kazemi en... je dis Mme Kazemi... Mme Azizi en Iran, le Canada pourra avoir de la torture et du sang sur les mains.

Le Modérateur : Merci.

(Fin à 13 h 42)

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