(Huit heures trois minutes)
M. Lisée
: La
semaine dernière, le premier ministre, vous vous en souvenez, a déclaré que
tous ceux qui étaient en accord avec la proposition de Bouchard-Taylor, c'est-à-dire
d'interdire les signes religieux pour les juges, les gardiens de prison et les
policiers, étaient aux prises avec une dérive néfaste et qu'ils banalisaient le
discours xénophobe. Et ensuite il a dit : Je suis sûr que la majorité des Québécois
sont d'accord avec moi. Ça nous a beaucoup surpris, au Parti québécois, parce
que ce n'est pas ce qu'on entend sur le terrain, alors on s'est dit :
Bien, on va aller vérifier.
Et donc, au cours des derniers jours, on a
sondé 750 Québécois, avec la firme Repère Communication, pour demander :
Bien, est-ce que le premier ministre a raison de penser que vous êtes tous en
accord avec lui et pas en accord avec la proposition de Bouchard-Taylor? Et on
se rend compte que le niveau de déconnexion du premier ministre est quand même
considérable. Près des deux tiers des Québécois sont d'accord avec la proposition
sur les signes religieux pour les personnes en autorité et de coercition. Mais
ce qui est encore plus intéressant, c'est que la majorité des électeurs
libéraux, la base politique du premier ministre, de ses ministres, de ses
députés, à la majorité disent : Nous, on pense que la recommandation de Bouchard-Taylor,
c'est une bonne recommandation.
Et donc on est en situation... Et j'ai
demandé au premier ministre la semaine dernière, je dis : Est-ce que vous
avez réalisé la portée de vos paroles, le manque de respect dont vous avez fait
preuve envers tous ceux qui sont en désaccord avec vous? Et là je lui ai dit :
Bien, savez-vous que vous avez manqué de respect envers 51,6 % des
électeurs libéraux? Est-ce que 51 % des électeurs libéraux sont aux prises
avec une dérive néfaste? Est-ce qu'ils banalisent le discours de la xénophobie?
Et est-ce que le premier ministre va continuer à leur manquer de respect?
Alors, c'est une des questions qui se posent aujourd'hui. Maintenant qu'il est
mieux informé de la réalité de l'opinion publique et de sa base politique,
va-t-il faire preuve d'un peu d'humilité et de respect pour ceux qui sont en
désaccord avec lui?
Ce qui est intéressant dans le sondage
aussi, c'est comment l'ensemble des soutiens des partis politiques font partie
de cette majorité. Donc, pour le PLQ, on l'a dit; au Parti québécois, 70 %;
à la CAQ, 75 %; à Québec solidaire, 74 %, 74 % des électeurs de
Québec solidaire qui sont d'accord avec ça, donc ne pensent pas que c'est un
dossier sans importance, au contraire ils ont une position extrêmement tranchée.
Et il y a des mythes qui sont un peu propagés par les opposants sur les
différences régionales ou sur les âges, et le sondage fait éclater ces mythes.
Je vais demander à Agnès de vous en parler. Agnès.
Mme
Maltais
:
Merci. Alors, semble-t-il que, dans ce dossier, il n'y a qu'un seul Québec. Si
vous regardez les régions du Québec, Montréal, Québec et autres régions, ça se
situe autour de 63 %, 61 %, 64 %. C'est statistiquement à peu
près la même chose, le même état de figure partout sur le territoire québécois,
la même compréhension de l'enjeu, la même opinion.
Sur la langue, les francophones sont aux
deux tiers, 68 %, bien sûr, mais les allophones, ceux qu'on appelle les
communautés culturelles, c'est une majorité, 50,3 %. Donc, il s'agit là d'un
véritable débat mais qui rallie une grande partie, même une majorité des
allophones, donc des communautés culturelles.
Quant aux jeunes, aux jeunes, c'est assez
impressionnant. Les plus jeunes se rallient en majorité solide autour de cette
idée. De 18 à 24 ans, 25 à 34 ans et en montant, comme ça, ça va en
montant, mais les plus jeunes sont avec la proposition Bouchard-Taylor.
M. Lisée
: Et,
même chose, Québec, les régions, Montréal, ce sont des majorités fortes
partout. Donc, le consensus, il est massif. Il est massif à travers les partis,
c'est massif à travers les âges, les régions, les groupes de revenu familial.
Alors, ça, c'est important. Alors, là-dessus, c'est ce qu'on voulait vous
communiquer aujourd'hui. Maintenant, les libéraux sont mieux informés. J'espère
qu'ils vont se gouverner en conséquence.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Mme Maltais, M. Lisée. On va y aller aux questions. Merci
d'avoir une question, une sous-question. On commence avec le micro de droite.
M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Merci. M. Lisée, qu'est-ce que vous pensez du reportage de l'émission J.E.
hier et du fait que la police de Montréal ait demandé à la Sûreté du Québec
d'enquêter sur les allégations? Est-ce que c'est suffisant pour vous?
M. Lisée
: Bon,
d'abord, le reportage est très troublant, et ça ajoute à un certain nombre de
faits troublants qu'on a appris au cours des dernières années. Et il est clair
que, là, si on veut utiliser le mot «systémique», je pense qu'il y a un
problème systémique dans l'organisation interne du SPVM qui mérite un examen
indépendant. Et ce qui s'est produit hier, et mon collègue Pascal Bérubé,
responsable de la sécurité publique pour le Parti québécois, a été très clair,
on ne peut pas avoir un système où un chef de police appelle un autre chef de
police puis lui dit : Peux-tu venir enquêter?, et que le ministre de la
Sécurité publique est comme un spectateur, à l'extérieur de cette dynamique.
Nous, au Parti québécois, lorsqu'on était
au pouvoir, on a créé le Bureau des enquêtes indépendantes, qui a le pouvoir,
si le ministre le lui demande, d'enquêter sur tous les sujets qui l'intéressent.
La Loi sur la police l'article 289.6 : «Le bureau a pour mission de
mener toute enquête dont il est chargé par le ministre...» Et nous, on veut
s'éloigner le plus possible des situations où les policiers enquêtent sur les
policiers. On ne remet pas en cause leur compétence ou leur capacité de le
faire, mais ça paraît mal. Les Québécois voient toutes ces affaires à
l'intérieur de la SQ, à l'intérieur du SVPM, ils se disent : Quoi, c'est
des policiers qui vont enquêter sur des policiers? Non, en justice, il est important
que justice soit rendue et qu'apparence de justice soit rendue. Et là on a trop
de cas pour faire en sorte de ne pas utiliser l'outil que le gouvernement du Parti
québécois a créé, le Bureau des enquêtes indépendantes. Et le ministre Martin
Coiteux, ça aurait dû être la première chose qu'il aurait fait, de dire :
Bien, écoutez, là, arrêtez de vous parler, là, je ne vous ai pas donné ce
mandat-là, et ça va être gens indépendants, dont des civils, qui vont faire
cette enquête-là.
M. Laforest (Alain) : Ce
qu'on laisse entendre, c'est que le Bureau des enquêtes indépendantes enquête
sur des bavures policières commises à l'endroit d'individus et non pas d'enquêtes
sur des polices concernant des bavures policières. Je ne sais pas si... M. Bérubé,
je pense, vous étiez là à l'époque.
M.
Bérubé
:
Bien, d'abord, la Loi sur la police est assez claire, mais il y a plusieurs options
qui s'offrent au ministre. D'abord, d'intervenir dans le dossier. Là, de
laisser aller les deux chefs de police, la police qui enquête sur la police, ce
n'est pas souhaitable. Ça pourrait être un tiers indépendant. C'était le cas
dans les évasions d'Orsainville, notamment.
Alors, chose certaine, le SPVM, ce n'est
pas déconnecté du Québec et aussi du gouvernement du Québec parce que c'est le Conseil
des ministres qui entérine la nomination du directeur, en l'occurrence M. Pichet.
Ce qu'on souhaite, c'est aller au fond des choses. C'est quand même assez
grave, c'est des allégations de commission d'actes criminels, de fabrication de
preuves qui vont détruire des réputations et des individus. On a trois
personnes, trois ex-policiers qui, à visage découvert, hier, ont été très
clairs sur ce qu'ils ont vécu. Ils ont des choses à dire.
Il m'apparaît que c'est un peu court que
le patron du SPVM appelle celui de la Sûreté du Québec une fois l'émission
terminée en disant : Voulez-vous venir enquêter chez nous? Et la réponse,
c'est oui. Moi, je n'ai pas vu de mandat, il n'y a pas de durée. Ça va
impliquer quoi, quelles ressources? Et le ministre semble satisfait. Dès hier
soir, je lui ai évoqué que le Bureau des enquêtes indépendantes pourrait jouer
un rôle. La Loi sur la police est claire sur les mandats qui peuvent lui être
confiés. Avec de la volonté politique, on peut faire beaucoup de choses.
Et je veux terminer en disant que,
lorsqu'on va avoir pleine confiance dans nos institutions lorsqu'il y a
allégations, on pose des gestes. Je vous annonce qu'aujourd'hui, après la
période des questions, il y aura une séance de la Commission des institutions,
et on aura à décider si le Commissaire à l'UPAC va venir à l'Assemblée
nationale répondre à des questions et à des allégations importantes aussi qui
avaient été faites à l'émission Les francs-tireurs avec Benoît Dutrizac,
ça implique Lino Zambito, Ken Pereira et Annie Trudel. Alors, ce matin, on va
voter là-dessus.
Est-ce que les députés du Parti libéral
vont accepter notre proposition d'accueillir M. Lafrenière pour répondre à
des allégations qui minent la confiance du public à l'égard de cette institution
ou est-ce que le ministre a seulement une volonté de dire : Bien là, dans
le cas du SPVM, on va aller au fond des choses, mais pas dans le cas
d'allégations qui ont été faites sur les liens potentiels entre le pouvoir politique
et une institution qui s'appelle l'UPAC ou la Sûreté du Québec?
M. Laforest (Alain) :
Est-ce que vous avez encore pleine confiance en M. Pichet, M. Lisée?
M. Lisée
: Écoutez,
lors de la discussion autour des écoutes de journalistes, on avait demandé son
retrait. Le ministre de la Sécurité publique, qui a la capacité de le faire
parce que c'est le gouvernement qui, sur recommandation, nomme ou peut
suspendre et dénommer... On avait demandé qu'il soit suspendu le temps de
l'enquête. Écoutez, dans ce cas-ci, on a encore une preuve du fait qu'il n'est
pas la meilleure personne dans la situation.
Mais clairement le geste que l'on demande
aujourd'hui au gouvernement, c'est d'arrêter de bouder le Bureau des enquêtes
indépendantes. On dirait que les libéraux ne veulent pas l'utiliser. Ils ont
plein pouvoir pour le faire, ils peuvent donner... Cet article-là a été écrit
par le gouvernement du Parti québécois justement pour des cas comme celui-là.
On pensait à l'affaire Davidson, justement, qui est un peu similaire à celle
qui est là aujourd'hui.
Alors, pourquoi est-ce que les libéraux
veulent, insistent pour que des policiers enquêtent sur des polices? Je ne sais
pas. Il y a un instrument nouveau, indépendant, qu'on l'utilise.
Le Modérateur
: Merci.
On y va avec M. Lachance, Journal de Québec.
M. Lachance (Nicolas) :
Une réaction aux allégations de Luigi Coretti concernant Pietro Perrino?
M. Lisée
: Bien,
nous, on est contents que M. Perrino soit assigné à comparaître. On va
être très attentifs à l'interrogatoire et au contre-interrogatoire. Et, s'il y
a des éléments qui ont contrevenu à la loi dans son comportement, bien, qu'il
en paie les conséquences, mais nous ne serons pas juge et partie dans ce
cas-là. Mais nous savons qu'il y a des questions qui sont sans réponse. On
espère avoir des réponses.
M. Lachance (Nicolas) :
Quel genre de questions vous aimeriez lui poser?
M. Lisée
: On va
laisser les avocats des deux parties faire leur travail.
Le Modérateur
: Merci. M. Dion,
Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Sur
le sondage, pouvez-vous nous expliquer un peu la méthodologie? Est-ce que c'est
comme par Internet? Oui, il y a 750 répondants, mais jusqu'à quel point
vous êtes sûrs de la fiabilité de ce sondage-là?
M. Lisée
: Alors,
Repère Communication est une maison de sondage reconnue de la région de Québec
qui fait des sondages depuis des années. 750 répondants, marge d'erreur de
2 % à 3 %, 19 fois sur 20.
M. Dion (Mathieu) : O.K.
Juste pour revenir, est-ce qu'il doit démissionner, M. Pichet?
M. Lisée
: Nous,
on a demandé sa suspension pendant l'enquête précédente. On maintient cette
demande.
M. Dion (Mathieu) : Vous
n'allez pas plus loin que ça?
M. Lisée
: Non.
Non, parce qu'encore une fois on ne veut pas être juge et partie. Mais c'est
clair que, pendant qu'il y a une enquête qui pose des questions sur sa gestion
des choses, il ne devrait pas être aux commandes pendant l'enquête. Ensuite, si
l'enquête démontre qu'il a très bien géré les choses, bien, très bien, il est
réintroduit.
M. Dion (Mathieu) : Mais
est-ce qu'il est encore l'homme de la situation, selon vous, présentement, là?
Est-ce que c'est encore l'homme de la situation?
M. Lisée
: Pas
pendant l'enquête.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée,
qu'est-ce qu'on craint, exactement, qui est en train de se passer au SPVM?
Quelles sont les allégations? Résumez-nous pour qu'on comprenne bien quel est
le problème auquel on peut potentiellement faire face au SPVM.
M. Lisée
: Bien,
il y a un certain nombre d'allégations. Et, encore une fois, les journalistes
ont fait leur travail admirablement. Il y a des témoins qui ont dit des choses
qui semblent vraisemblables. Elles peuvent être contredites dans le courant de
l'enquête, mais certainement arrivent à répétition des allégations troublantes
sur le comportement du SPVM, de ses cadres et de guerres intestines qui minent
la confiance du public dans le SPVM. Et on doit avoir des situations où les
corps policiers, les procureurs et les tribunaux ont la confiance du public parce
que tout repose là-dessus, notre État de droit repose là-dessus. Alors, quels
sont les mesures, les remèdes pour rétablir la confiance du public? Ce n'est
pas de faire en sorte que la police enquête sur la police.
M. Boivin (Mathieu) :
Mme Maltais, je vais m'adresser à vous. Il y a une poursuite en
diffamation qui a été intentée par des ex-employés du PQ. On apprend que votre
parti et vous sollicitez le défraiement de vos frais de défense par l'Assemblée
nationale. Des gens disent que ce n'est pas au trésor public à payer pour une
bourde de votre part. Réagissez, s'il vous plaît.
Mme
Maltais
:
La CAQ dit cela. Comme Fatima Houda-Pepin, actuellement, est défendue par l'Assemblée
nationale alors qu'elle avait eu des commentaires dans une campagne électorale,
je serai défendue par l'Assemblée nationale. Cela a été validé par le
jurisconsulte. Pour les détails, ça me fera plaisir de vous donner des détails si
vous le voulez, j'aurai d'autres informations pour vous.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, M. Bérubé et M. Lisée, sur la question du commissaire à l'UPAC,
vous avez mentionné aujourd'hui que la Commission des institutions va se
pencher sur la possibilité qu'il soit entendu en commission parlementaire.
M.
Bérubé
:
Absolument.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais est-ce que je comprends qu'il ne mérite pas votre confiance à l'heure
actuelle?
M.
Bérubé
:
Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas ça. D'abord, il faut savoir qu'on vous
l'apprend pourquoi? Parce que ce n'est ni filmé ni enregistré puis les médias
n'y ont pas accès, c'est en huis clos. Alors, si vous saviez les arguments
qu'on nous sert du côté gouvernemental pour ne pas entendre le DPCP — parce
qu'ils ont refusé il y a quelques semaines — et l'UPAC, où, de façon
prévisible, là... Vous pouvez les questionner, entre autres le député de
La Prairie, pourquoi lui, il ne voudra pas ça. Il y a eu une entrevue aux Francs-tireurs
l'automne dernier : Annie Trudel, Ken Pereira, Lino Zambito, des
allégations extrêmement précises à l'égard de discussions, d'échanges qui
auraient eu lieu entre le bureau du premier ministre et l'Unité permanente
anticorruption. Ça, c'est les allégations de ces trois personnes, dont une a
été mandatée au ministère des Transports pour faire la lumière, nommée par le
gouvernement. À partir de ces allégations sérieuses, on a demandé rapidement à
la Commission des institutions un mandat pour entendre à l'Assemblée nationale,
comme c'est déjà arrivé en 2015, le commissaire de l'Unité permanente
anticorruption pour qu'il puisse répondre aux parlementaires et nous assurer
qu'il a, lui, pour le protéger lui, la totale indépendance par rapport au
gouvernement du Québec. On veut lui poser la question : Est-ce qu'il vous
appelle? Est-ce qu'il essaie de vous influencer d'une quelconque façon?
Dites-nous-le, s'il vous plaît, puis, si c'est le cas, on va prendre les
mesures qui s'imposent. Alors, c'est ça qu'on veut lui poser.
Mais les députés libéraux, ils ne veulent
pas qu'on pose ces questions-là. Puis je vous rappellerais une chose :
plusieurs d'entre vous étaient à un conseil général du Parti libéral du Québec
et vous avez été témoins que la présidente du caucus du Parti libéral a dit :
C'est drôle, il y a des coïncidences; pendant le budget, à d'autres moments, on
dirait que l'UPAC s'arrime sur l'agenda gouvernemental. Bien, c'est notamment pour
des questionnements comme ceux de la présidente du caucus du Parti libéral que
je pense qu'on doit poser les questions qui s'imposent au commissaire de l'Unité
permanente anticorruption qui a été nommé, qui a notre confiance, comme cette institution,
mais on veut s'assurer qu'il n'y a pas d'influence extérieure qui l'empêche de
bien faire son travail parce qu'on a beaucoup d'attentes quant aux résultats de
l'UPAC pour les prochains moins.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
M. Lisée, hier vous avez peut-être entendu la ministre responsable des Institutions
démocratiques, Rita de Santis, lancer un appel à la population... bien, à
tous ceux qui sont prêts à servir l'État, de poser leur candidature pour le
poste de Commissaire à l'éthique et à la déontologie. Comment expliquer que ce
poste-là n'est toujours pas comblé, qu'on n'a toujours pas trouvé de successeur
à M. Saint-Laurent?
M. Lisée
: Vous
savez, dans ces cas-là, c'est le gouvernement qui propose. Alors, nous, on est
un peu médusés par la difficulté qu'a le gouvernement à trouver quelqu'un qu'il
considère éthique. Et la dernière personne qu'ils ont trouvée avait fait une
contribution de 100 $ au Parti libéral en 2016. Nous, ça ne nous dérange
pas, là, qu'en 1992 ou il y a 15 ans une petite contribution ait été
faite, mais l'année dernière... et Mme de Santis s'est exprimée hier en disant
qu'elle n'avait pas de difficulté à ce qu'un donateur récent à son propre parti
soit proposé comme Commissaire à l'éthique. Ensuite, elle s'est excusée en
disant que, dans le tourbillon, elle avait mal réagi.
Moi, je ne demande pas au premier ministre
de retirer Rita de Santis de son poste de ministre des Institutions
démocratiques parce qu'elle représente très bien l'absence de sens éthique de
ce gouvernement. Elle donne dans la transparence, elle est candide, elle est le
juste reflet du déficit éthique de ce gouvernement. Alors, je pense qu'elle
devrait rester là jusqu'aux élections de 2018.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bien, je comprends que sa présence est bénéfique pour votre formation politique,
là, mais est-ce qu'elle est bénéfique pour le Québec, si vous dites qu'elle
représente, elle incarne le manque d'intégrité, d'éthique du gouvernement?
Le Modérateur
: On va y
aller avec M. Robillard après.
M. Lisée
: Bien, non,
non, mais c'est une bonne question.
Le Modérateur
: Oui,
oui, mais après, après, après. Allez-y, M. Lisée.
M. Lisée
: Oui,
oui, c'est une bonne question. Même si on n'est pas sur ledevoir.com en direct,
je vais y répondre. Là, on est dans la dernière année de ce gouvernement. On
n'attend plus rien de ce gouvernement, alors qu'il montre la vraie marchandise.
Rita de Santis est le choix du premier ministre pour être sa vitrine
éthique. Elle représente très bien le déficit éthique de ce gouvernement.
Qu'elle continue à nous rappeler leurs manquements éthiques jusqu'au jour de
l'élection.
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard.
M. Robillard (Alexandre) :
Vous trouvez qu'elle représente bien le manque d'éthique du gouvernement, mais
pour quelle raison, je veux dire, sa déclaration d'hier?
M. Lisée
: Oui, sa
déclaration d'hier lorsqu'elle a dit que le... Alors, que tous les partis politiques
veulent améliorer le mode de scrutin pour le rendre plus proche de la volonté
démocratique, ce qui était dans le programme du Parti libéral de M. Charest,
elle a dit : Le système électoral nous sert bien. Et tout le monde a
compris qu'il servait bien le Parti libéral du Québec. Donc, elle est candide.
C'est normal qu'un donateur soit Commissaire à l'éthique…
M.
Bérubé
:
100 000 $, c'est des pinottes.
M. Lisée
: ...100 000 $,
c'est des pinottes pour le Parti libéral. Je veux dire, elle dit…
Mme
Maltais
:
Les gens devraient être jetés, brûlés.
M. Lisée
: Oui,
bien, elle dit les choses telles que le gouvernement de M. Couillard les
pense. Alors donc, c'est une fenêtre, Mme de Santis est une fenêtre sur le
vrai code d'éthique des libéraux. Alors, on aime la transparence, on aime cette
fenêtre.
M. Robillard (Alexandre) :
Êtes-vous à l'aise avec la perspective que le port de signes religieux soit un
enjeu de la prochaine campagne électorale?
M. Lisée
:
Écoutez, nous, le drame, c'est que, n'eût été de l'intransigeance et de
l'irrespect de M. Couillard face à des opinions contraires, nous étions à quelques
pouces de l'unanimité sur un socle commun sur les signes religieux. Et il a
décidé de rompre, d'empêcher ce consensus. Il a décidé de tourner le dos à la
majorité des Québécois et la majorité de ses propres électeurs. Alors, lorsque
la campagne va arriver, ce sera un travail qui n'aura pas été accompli. Et donc
il est certain que nous, on va se présenter en disant : Bien, nous, on va
l'accomplir, ce travail-là. Et, dans les deux premières années d'un gouvernement
du Parti québécois, on va à la fois et d'abord agir pour l'intégration à
l'emploi, et faire reculer le racisme et la discrimination, et pour régler le
problème des signes religieux et des règles du vivre ensemble. Nous, on va le
régler. Ça fait 10 ans que ça traîne. Il faut passer à autre chose, et ce
n'est pas apaisant pour personne de rester dans l'incertitude.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K. Donc, je comprends que, contrairement à 2014, où la charte n'avait pas
occupé une grande place dans la campagne, dans votre prochaine campagne de
2018, ces questions-là vont occuper une portion congrue.
M. Lisée
:
Congrue?
M. Robillard (Alexandre) :
Oui.
M. Lisée
: Je ne
sais pas quelle portion ça va occuper. C'est trop tôt pour le dire. On a des
choses à dire en santé, en éducation, en économie, en région, en matière
d'identité, et ça, ça va être un des éléments de notre programme. Qu'est-ce qui
sera principal ou secondaire? C'est trop tôt pour le dire. On va voir comment
les choses évoluent jusque-là, mais c'est certain que ça fait partie de notre
programme. On va le présenter avec fierté puis on va dire : Nous, on va
faire ça, là où M. Couillard a échoué.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Robillard (Alexandre) :
Peut-être juste une petite dernière précision, Mme Maltais. Est-ce que
vous pouvez nous dire, à ce stade-ci, c'est quoi, le montant total des frais
qui ont été engagés dans votre dossier qui vous oppose à la CAQ?
Mme
Maltais
:
Engagés? 0 $.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais donc…
Le Modérateur
: Merci.
Mme
Maltais
:
Je serai à vous tantôt, si vous voulez.
Le Modérateur
: On y va
en anglais. Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. First of all, can you just tell us a
little bit about this poll that you commissioned?
M. Lisée
:
Yes. Well, the Premier last week said that everyone who disagreed with him, were caught in a negative… «dérive néfaste», comment vous
diriez ça, Maya?
Mme Johnson (Maya) : I'm not sure, to be honest. I don't know how to translate that.
M. Lisée
:OK. So, the
Premier, last week, said that everyone who disagreed with him, were kind of
normalizing xenophobia, his words. And he said : I'm sure a majority of Quebeckers agree with me, meaning him. So, we
said : Well, that's not what we see and what we hear. And so we asked, in
a scientific poll, what were the positions on
Bouchard-Taylor. So, we have 64% of all Quebeckers in favor, but the find is
that a majority of PQ voters agree with the proposal that Mr. Couillard
rejects in a very irrespectful way.
And when we look at the
regions, it's a majority; in Montréal, in the regions, in Québec City, it's a
majority of the youth 18 to 24, middle-aged, elder people, it's a majority of
Francophones; within Anglophones, there are 40% in favor, 60% against; among
non-Francophones, the half of non-Francophones approve of that. So, it's a very
wide consensus within Québec society. And when Mr. Couillard disrespects this
position, he disrespects a majority of Quebeckers, a slight majority of
non-Francophones and a majority of his own voters. So, we are asking him to be
more respectful of him own base.
Mme Johnson (Maya) : But didn't Charles Taylor's backtracking on his original positions
bolster the Premier's assessment that there is no longer a consensus on the issue?
M. Lisée
: That's why we asked the question after, after Charles Taylor, after
the Premier said what he said. So, fully cognizant of Mr. Taylor's
position, a majority of Liberal voters say, notwithstanding what Charles Taylor
or Philippe Couillard say :
We support these measures. And a majority of Quebeckers and half non-Francophones, 40% of Anglophones say, notwithstanding :
we think this is a good position. Alright? Merci
beaucoup. Ah?
Mme Johnson (Maya) : Mr. Lisée, actually, just one more question.
Maybe it's…
Le Modérateur
: Ensuite, on va aller à M. Authier, ensuite.
M. Lisée
: Maya? Maya, donnez-lui une question.
Le Modérateur
: Allez-y, Mme Johnson.
Mme Johnson
(Maya) :OK. Thank you. I just wanted to ask a question about the police
investigating the police. This is an issue that you flagged before, and I
wonder if the Bureau d'enquêtes indépendantes should have a larger mandate that would allow them to investigate
the Montréal police, for example, in this case, as opposed to the
SQ?
M. Lisée
: Well, the Parti québécois created the Bureau d'enquêtes
indépendantes, and when we created it, we put a clause
that enables the Minister to ask the bureau to make any
inquiry it deems necessary. So, that applies to the situation now, and we think
we should we move away from police investigating police. We should move away
from police investigating police, and that's what the bureau is there for. It
seems that the Liberals don't want to use it. And yesterday to have the chief
of police of Montréal simply call the chief of police of the Sûreté and say :
Hey! Why don't you come? That's not the way it should work, no, that's not
independence. So, we're asking for the bureau to be used in this case and other
cases because the faith of the public into police investigating police is very
low, and that's not what we want.
Mme Johnson (Maya) : Merci.
M. Authier (Philip)
:
That was my question, but...
M. Lisée
:
But nice to see you!
M. Authier (Philip)
:
Whistleblowers are already a rare thing in society and it must create a
climate, a difficult climate for people to come forward and reveal things, such
allegations.
M. Lisée
:
Yes, I agree with you.
Mme Fletcher (Raquel) : Can you just comment more in English, you touched on it in French,
but just the gravity of these allegations that we're hearing over the last day
and a half, I guess?
M. Lisée
:
Well, you know, if we want to have… The basic issue is trust. We have to trust
our police force, we have to trust our attorneys, we have to trust the
tribunals. And these things should work properly, and they don't work properly
now. And for the Montréal police, you know, every two months, there's something
up, there's something fishy about what's going on within the police force, and
certainly the way to re-establish trust is not to have police investigating
police. Alright?
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, tout le monde.
(Fin à 8 h 29)